AcceptessT Œstrogenesetautomedication 2022 WEB

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ŒSTROGÈNES ET

AUTOMÉDICATION
on s’en parle ?

SOMMAIRE
Pourquoi cette brochure? ...................... 5

Automédication et suivi médical ......... 7

Effets et risques d’un


traitement hormonal ........................... 11

Choisir ton traitement hormonal ...... 17

Conseils pour l’auto-injection ........... 23

Remerciements ..................................... 34

Annexes .................................................. 35

Les assos trans en France .................... 36


1 Pourquoi cette brochure?
Dans cette brochure on va parler d’automédication.
L’automédication c’est quoi?

L’automédication existe depuis très longtemps ! Dans le cadre d’une


transition, on dit qu’on « s’automédique » quand on prend des
hormones sans avoir de suivi médical ou un suivi médical partiel.
On s’automédique quand on arrive à se procurer des hormones en
dehors de prescription médicale (partage avec des amis, achat sur
internet…) et qu’on les prend en autonomie.

Si l’automédication peut concerner tout type de médicament, cette


brochure parle plus spécifiquement des œstrogènes.
Écrite depuis l’association de santé communautaire Acceptess-T, elle
s’adresse en priorité aux femmes trans et aux personnes transféminines
mais peut intéresser n’importe quelle personne utilisant des
œstrogènes ou voulant se renseigner sur l’hormonothérapie.
La prise d’œstrogènes n’est pas du tout un passage obligé dans le
cadre d’une transition féminisante, et ce guide pourra aussi t’aider à
mieux comprendre si c’est quelque chose qui t’intéresse ou non.
Si tu cherches des infos spécifiques sur la progestérone ou les HORMONES ET AUTOMEDICATION - 5
anti-androgènes (souvent dits «bloqueurs de testostérone»), on te
conseille de consulter le site WikiTrans.com.

L’automédication s’explique pour différentes raisons.


Oui, on te voit, toi qui es mineur·e et ne peux pas avoir accès à un
traitement car tes parents ne te soutiennent pas.
On te voit, toi qui es isolé·e dans les campagnes et n’a pas de
médecin de confiance avec qui aborder le sujet de la transition.
On ne t’oublie pas, toi qui as fait face à tant de discriminations dans
le système médical et n’en peux plus de devoir te justifier.
On pense à toi, qui demandes depuis des mois à ta/ton médecin
d’adapter les dosages de ton traitement hormonal car tu n’es pas
satisfait·e des effets, mais que ta/ton médecin n’écoute pas.
On pense à vous tous·tes qui avez choisi de vivre votre transition
hormonale seul·e ou avec vos ami·e·s plutôt qu’avec les
professionnel·les de santé.
Vos raisons sont nombreuses et nous ne les remettons pas en
question.

Les pratiques d’automédication ne sont pas nouvelles. Depuis les


années 1950 au moins, de nombreux groupes et réseaux d’entraide
ont été créés en France et continuent à se multiplier. Ces espaces
numériques ou physiques nous outillent, nous permettent de porter
un regard plus critique sur les discriminations que l’on subit et nous
permettent de nous soutenir mutuellement.
Les savoirs développés au sein de nos communautés nous aident à
gagner en autonomie dans nos parcours de transition. Ils permettent
également de nous protéger des instances médicales qui peuvent
être discriminantes et du système hospitalier encore trop souvent
pathologisant et psychiatrisant.
Cependant, il ne faut pas oublier que les pratiques d’automédication
peuvent parfois comporter des risques.

Conçue pour nous permettre de partager des informations importantes


et de réduire les risques dans nos pratiques d’automédication, cette
brochure a été créée en croisant les regards de plusieurs personnes
trans ayant pratiqué ou pratiquant l’automédication et celui de
médecins alliées de nos luttes.
6 - HORMONES ET AUTOMEDICATION
2 Automédication et
suivi médical
Le titre de cette partie peut paraître contradictoire, mais même
quand on s’automédique, consulter un·e médecin généraliste
de confiance peut être utile pour adapter son traitement en se
faisant prescrire des prises de sang pour mesurer ses taux hormonaux
ou en discutant des effets ressentis.
Certains effets secondaires du traitement hormonal sont difficiles à
contrôler par soi-même (par exemple, ses impacts sur les reins ou sur
le foie) et un·e généraliste bienveillant·e pourra t’aider à prendre soin
de ta santé globale.
C’est aussi à travers ce·tte professionnel·le que l’on peut demander
une ALD 31 (Affection Longue Durée) pour être mieux remboursé·e,
ou obtenir des lettres de recommandation pour consulter des
spécialistes (orthophoniste, chirurgien.nes, préservation des gamètes
en CECOS, etc.) en étant remboursé·e si l’on bénéficie d’une
couverture sociale (carte vitale, attestation de droits, AME).

Évidemment, on est beaucoup à s’auto-médiquer justement pour


éviter d’avoir à consulter des médecins et de prendre le risque de
s’exposer à de la transphobie médicale.
HORMONES ET AUTOMEDICATION - 7
Pour commencer, on te rappelle que le refus de fournir un bien ou un
service sur le fondement de l’identité de genre est considéré comme
une discrimination et donc puni par la loi. Cela concerne en particulier
les refus de soin, considérés comme une faute déontologique mais
également une faute pénale s’ils se basent sur des motifs discriminatoires.
Les médecins ne peuvent pas non plus exiger une attestation de
psychiatre pour te prescrire des hormones, la transidentité n’étant
(enfin !) plus considérée comme une maladie psychiatrique dans les
textes de référence internationaux.

Tu peux retrouver tous les textes détaillés en Annexe (p.35).


Si tu subis de la transphobie médicale, il ne faut pas hésiter à contacter
les associations trans les plus proches de chez toi, même si elles ne
sont pas juste à côté. Tu trouveras une liste des associations membres
de la Fédération Trans et Intersexe en pages 36 et 37 de cette
brochure : elles pourront te réorienter vers d’autres professionnel·les,
voire t’aider à saisir le Défenseur des droits.

Il arrive aussi souvent que les médecins généralistes, sans


être ouvertement transphobes, manquent d’information pour
accompagner des personnes trans : iels n’y sont pas formé·es au
cours de leurs études et peuvent avoir peur de mal faire et de te
mettre en danger. Tu peux essayer de trouver un·e médecin informé·e
et bienveillant·e en demandant des recommandations à l’association
trans la plus proche de chez toi ou sur des groupes d’entraide en
ligne.

Il est quand même possible que tu ne trouves personne près de chez


toi, surtout si tu habites loin des grandes villes.
Si tu t’en sens capable et que ta ou ton médecin semble ouvert·e
à apprendre, n’hésite pas à lui proposer des ressources comme
le site WikiTrans.com, cette brochure ou celles de Chrysalide ou
d’OUTrans, des contacts d’associations ou des documents que ces
dernières pourraient te fournir (bilan sanguin type, formulaire de
demande d’ALD pré-rempli).
Certaines de ces associations proposent des formations médicales
en présentiel ou en virtuel, comme le ReST (Réseau Santé
Trans) au niveau national ou les associations Acceptess-T,
8 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

OUTrans et Espace Santé Trans en Île-de-France (si tu veux


plus d’informations sur ces associations, tu peux écrire à
[email protected]).

Rappelle-toi que, en tant que personne trans, tu as une expertise


sur ton propre parcours, et que ce sont souvent les médecins qui ont
besoin d’apprendre de nous !
3 Effets et risques d’un
traitement hormonal
Effets possibles du traitement hormonal

Quand on commence les hormones, les effets sur le corps peuvent


être source de curiosité, de crainte, d’impatience, et de beaucoup
d’autres émotions. Garde à l’esprit que ces effets dépendent des
personnes et qu’ils peuvent mettre quelques mois à apparaître, et
jusqu’à quelques années pour atteindre leur maximum.

La plupart de ces effets sont réversibles, c’est-à-dire qu’ils vont


disparaître progressivement si tu arrêtes la prise d’hormones (et
réapparaître si tu reprends).

Effets de la prise d’œstrogènes Début Maximum

Redistribution des graisses 3-6 mois 2-5 ans


Diminution de la masse/force musculaire 3-6 mois 1-2 ans
Adoucissement de la peau 3-6 mois Inconnu
Diminution du sébum
Diminution de la libido 1-3 mois Inconnu HORMONES ET AUTOMEDICATION - 11
Diminution des érections spontanées 1-3 mois 3-6 mois
Diminution des érections provoquées Variable Variable
Développement mammaire * 3-6 mois 2-5 ans
Diminution du volume testiculaire 3-6 mois Variable
Diminution de la production de sperme * Inconnu 2 ans
Prise de poids Variable Variable
Diminution relative de la pilosité 6-12 mois > 3 ans
Diminution de la perte de cheveux Variable Variable

Modification de la voix Aucun Aucun

* Effet possiblement irréversible en cas d’arrêt du traitement.


Les risques liés au traitement

La plupart du temps, la prise d’une hormonothérapie féminisante n’a


pas d’effets négatifs sur la santé des personnes, au contraire !
Mais parfois, elle peut entraîner des maladies et elle doit être utilisée
avec précaution si tu as des problèmes de santé. Compte-tenu de
l’existence de ces risques, un accompagnement médical est conseillé
afin de surveiller (et si besoin traiter) leur possible apparition.

Voici les maladies qui peuvent potentiellement être provoquées par


l’hormonothérapie :

Niveau de risque Type de risque

Risque très probablement accru Thromboembolie


par l’hormonothérapie veineuse

Risque très probablement accru Maladies


par l’hormonothérapie, cardiovasculaires
si présence d’autres facteurs de risque Calculs biliaires

Risque éventuellement accru


Hypertension
par l’hormonothérapie

Risque éventuellement accru Diabète de type 2


par l’hormonothérapie, Ostéoporose
si présence d’autres facteurs de risque Hyperprolactinémie
12 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

Pas d’augmentation des risques Cancer du sein


(ou résultats non concluants) Cancer de la prostate

Et si j’ai déjà des soucis de santé ?

Si toi ou ta famille proche (parents, frères, sœurs ou adelphes) avez


des antécédents médicaux, ils peuvent être aggravés par le traitement
hormonal.
On t’a détaillé plusieurs cas de figure dans un tableau situé pages
14 et 15.
Évidemment, cette augmentation des risques est à mettre en balance
avec les bénéfices attendus sur ton bien-être, et peut être discutée
avec ta/ton médecin.
Si jamais tu as zappé la partie 2 (Automédication et suivi
médical), on te propose d’y retourner pour savoir comment en parler
à ta/ton médecin.

Si tu veux aller plus loin, sache que la plupart des informations de


cette partie sont tirées de la Huitième édition des Standards of
Care de la WPATH.

HORMONES ET AUTOMEDICATION - 13
État de santé Précautions d’usage
et conseils

Certains traitements anti-rétroviraux


(ARV) peuvent diminuer l’efficacité des
œstrogènes ou faire fluctuer les taux.
En revanche, les œstrogènes n’ont pas
d’impact sur l’efficacité des ARV.

Personne vivant
Comme les ARV et les œstrogènes
avec le VIH
augmentent tous deux le risque de
maladie cardiovasculaire et hépatique, un
suivi médical est recommandé.
En plus, certains traitements du VIH vont
avoir moins d’interaction que d’autres
avec les œstrogènes, nous te conseillons
donc d’en discuter avec un·e médecin.

La prise d’œstrogène est possible par


Antécédents voie transcutanée (gel, patchs, injections).
Diabète équilibré
personnels L’utilisation de progestérone associée est
possible.

Si le taux de sucre est bien contrôlé, que


le diabète n’a pas abimé les organes (rein,
14 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

yeux, cœur, nerfs, vaisseaux) et que tu n’as


pas d’autres problèmes de santé pouvant
atteindre le cœur (tabac, tension artérielle,
migraines, infarctus, phlébite ou embolie
Diabète pulmonaire) la prise de comprimés
de type 1 d’œstrogènes est possible.

Cela peut parfois être difficile d’avoir


toutes ces informations : si tu as un
doute, nous te conseillons d’en discuter
avec un·e médecin avant d’utiliser les
œstrogènes en comprimés.
État de santé Précautions d’usage
et conseils

Hypertension
La prise d’œstrogène est possible
(tension artérielle)
par voie transcutanée (gel, patchs,
Dyslipidémie
injections). L’utilisation de progestérone
(cholestérol,
associée n’est pas recommandée.
triglycérides)

La prise d’œstrogène est possible


par voie transcutanée (gel, patchs,
Infarctus du injections). L’utilisation de progestérone
myocarde, Accident associée n’est pas recommandée.
vasculaire cérébral
Antécédents (AVC)
personnels Phlébite, Embolie En cas d’infarctus, d’AVC, de phlébite
pulmonaire ou d’embolie pulmonaire récents,
l’arrêt des hormones et un avis médical
spécialisé sont recommandés.

Le fait d’avoir (ou d’avoir eu dans le


Cancer du sein, passé) un cancer hormonodépendant
cancer de la (sein, prostate, testicule notamment)
prostate, cancer du nécessite un avis médical spécialisé
testicule (onco-gynécologue ou onco-urologue)
avant toute prise d’hormone.

HORMONES ET AUTOMEDICATION - 15

Infarctus du
La prise d’œstrogène est possible par
myocarde, Accident
voie transcutanée (gel, patchs) et par
vasculaire cérébral
injections. L’utilisation de progestérone
Antécédents Phlébite, Embolie
associée n’est pas recommandée.
familiaux pulmonaire
au 1er degré
(parent, fratrie)

Un avis onco-gynécologique est


Cancer du sein recommandé avant toute prise
d’hormones.
Préservation de la fertilité

Késako ?
L’impact du traitement hormonal sur la fertilité et son
caractère réversible ou irréversible sont encore mal connus.
Si un projet de parentalité biologique est envisageable, il
est recommandé de faire une préservation de la fertilité
avant de commencer les hormones. Cela consiste à
conserver des cellules reproductrices, ou gamètes (chez les
femmes trans, les spermatozoïdes) dans un CECOS (Centre
d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme). Le
recueil se fait sur un échantillon de sperme frais, avant le
début de l’hormonothérapie ou après une pause de trois
mois minimum suivie d’un test de fertilité (spermogramme).

Où le faire ?
En France, la préservation de la fertilité est prise en charge
par la sécurité sociale. Mais, en 2022, la loi ne permet pas
encore aux personnes trans d’utiliser leurs gamètes pour
une PMA (Procréation Médicalement Assistée) en France, ou
de les exporter à l’étranger. Seul le coût de la conservation
est à payer (40 à 50 euros/an). C’est donc un pari à faire sur
l’avenir de la législation sur la PMA.
16 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

Certains pays comme la Belgique ou l’Espagne peuvent


autoriser la préservation de la fertilité ainsi que l’utilisation
des gamètes pour une PMA ultérieure, y compris pour les
personnes trans. Le coût du recueil et de la préservation
n’est pas pris en charge, et peut monter jusqu’à 2.000
ou 3.000 euros, sans compter la procédure d’assistance
médicale à la procréation.
4 Choisir ton
traitement hormonal
L’hormonothérapie féminisante par œstrogène peut se faire par
plusieurs voies d’administration :
Transcutanée (gel, patchs), orale (comprimés), sous-cutanée ou
intramusculaire (injections).

Chaque méthode a des avantages et des inconvénients, et ce qui


est perçu comme positif ou négatif par une personne ne le sera pas
forcément par une autre.

La dose d’œstrogène nécessaire pour sentir une efficacité est très


variable d’une personne à l’autre. Certaines personnes ont besoin
d’une dose dix fois plus grande que d’autres pour obtenir les mêmes
effets !
Cela peut être stressant quand on compare la quantité d’œstrogène
qu’on prend à celle que prend une connaissance.

Souvent, on commence avec des petites doses pour voir comment


on se sent, si c’est suffisamment efficace, etc. :
2 à 3 pressions de gel par jour, ou 1 patch de 50 microgrammes
tous les 3 jours, ou 1 comprimé de 2 mg par jour, ou encore 1 mg
HORMONES ET AUTOMEDICATION - 17
d’œstradiol injectable par semaine.
Ensuite, si besoin, tu peux augmenter petit à petit, par exemple
toutes les 2-3 semaines.

Plus loin dans ce chapitre, à la section Trouver le bon dosage, tu


trouveras des outils pour évaluer si ton dosage te convient.

Et si j’ai choisi les injections ?

Les injections permettent d’obtenir plus facilement des dosages


considérés comme “hauts” (de 200 pg/mL à 300 pg/mL d’œstradiol
dans le sang ; soit 730 à 1100 pmol/L), qui sont généralement
suffisants pour arrêter la production de testostérone. Il n’est pas
nécessaire de viser de plus hauts dosages, car il n’y a pas de preuve
que cela accélère la féminisation et que cela augmente en revanche
les risques thrombotiques.

Les substances retrouvées le plus généralement sur les flacons


d’œstradiol sont les suivantes :
Substance active (concentration) Dose et fréquence
d’injection courantes

Une injection de 5 mg
Œstradiol Enanthate 50 mg/mL
(soit 0.1 mL) par semaine.

Deux injections de 2.5 mg


Œstradiol Valerate 40 mg/mL
(soit 0.06 mL) par semaine.

L’œstradiol énanthate est assimilé par le corps plus lentement,


et nécessite donc des prises plus espacées dans le temps, ce
que certaines personnes trouvent plus confortable. Au contraire,
l’œstradiol valérate entraîne des cycles hormonaux plus courts et
généralement des pics plus élevés : chacun·e ses préférences !

On retrouve d’autres ingrédients dans ces flacons : il peut être


important d’y prêter attention si tu es allergique à certains produits
ou si tu remarques des réaction cutanées quand tu t’injectes.

Voilà un tableau pour t’y retrouver :


18 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

Type d’ingrédient Quantité

Huile MCT, Huile de ricin (castor oil),


60 à 75% du volume total
Oléate d’éthyle

Benzoate de benzyle 25 à 40% du volume total

Alcool benzylique Autour de 2% du volume total

À noter que l’alcool benzylique, utilisé ici comme antiseptique, n’a


pas d’effet réactivateur d’alcoolo-dépendance.
INJECTIONS GEL/PATCHS/COMPRIMÉS

AVANTAGES
Pas de prise (pluri)quotidienne
Discrétion
Remboursé (intégralement si ALD ou
Permet de plus hauts dosages mutuelle)
Effet anti-androgène lié aux hauts Légal
dosages
Pas de difficultés d’approvisionnement
Évite les effets négatifs des sous- (sauf certaines marques de patchs)
dosages
Pas d’injections
Ne nécessite pas de prescription
médicale

INCONVÉNIENTS

Prise (pluri)quotidienne
Payant, non remboursé Nécessite une prescription médicale
Illégal Variabilité d’efficacité entre les
personnes (avec risque possible de
Pas de contrôle de la sécurité du
difficultés à obtenir un haut dosage, ou
produit
risques de sous-dosage)
Difficultés d’approvisionnement HORMONES ET AUTOMEDICATION - 19
Irritation cutanée/esthétique liée aux
Nécessite une connaissance du produit patchs
utilisé et de son dosage
Étalage et temps de séchage du gel
Risques liés à l’injection
Augmentation du risque de
(cf. partie 5)
thromboses (caillots de sang) avec les
Nécessite d’être à l’aise avec l’idée de comprimés
piqûres régulières
Peut nécessiter d’être associé avec un
bloqueur de testostérone
Trouver le bon dosage

Pour être sûr·e de choisir le dosage qui te convient, tu vas avoir


besoin de connaître la concentration d’œstradiol dans ton sang, à
l’aide des bilans hormonaux prescrits par ton/ta médecin.

Si tu t’injectes et que tu n’as pas la possibilité de faire des prises de


sang, un simulateur comme celui-ci peut te donner une indication
d’ensemble mais ne correspondra pas exactement à ta propre
réaction physiologique :
https://transfemscience.org/misc/injectable-e2-simulator/

Dans les jours qui suivent ton injection, tu devras ensuite guetter les
signes de sur-dosage ou de sous-dosage.

Signes de sur-dosage Signes de sous-dosage

Jambes lourdes Bouffées de chaleur


Anxiété Fatigue en fin de cycle
Gonflement ou douleur mammaire Déprime persistante
Déprime Hyperémotivité
20 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

Si tu as des effets de cycles (migraines, sautes d’humeur…), tu peux


essayer de diminuer l’intervalle de temps entre deux injections.

Il est important de trouver le bon dosage et le bon intervalle de


temps entre les injections.
En effet, en cas de sous-dosage, tu risques de te sentir moins bien
et de ne pas avoir de grandes modifications physiques. Au contraire,
en cas de surdosage, cela augmente le risque de maladies liées
aux œstrogènes (voir la partie 3), sans pour autant améliorer la
féminisation.
Si tu n’es pas sous-dosé·e, et que tu es tenté·e d’augmenter les
dosages parce que tu n’es pas satisfait·e des effets (pas assez de
féminisation ou persistance de trop d’effets de la testostérone), la
piste à explorer sera peut-être celle des anti-androgènes.

Tu peux te renseigner à leur sujet sur WikiTrans.com : cela te


permettra de savoir quels sont les différents anti-androgènes qui
existent.
Nous te recommandons d’en discuter ensuite avec ton/ta médecin.

Et après une opération génitale ?

En cas de chirurgie génitale comme une vaginoplastie,


ou une ablation des testicules, il faut ensuite poursuivre
les traitements hormonaux pour la vie : continuer la prise
d’œstrogènes (ou prendre de la testostérone si tu décides
d’arrêter le traitement féminisant).

Si tu avais trouvé un équilibre hormonal avec un dosage


avant l’opération, peut-être que ce dosage ne sera plus
le bon après ton opération, et qu’il faudra ajuster ton HORMONES ET AUTOMEDICATION - 21
traitement. Selon les personnes, il faudra augmenter
ou diminuer les œstrogènes. Par contre, ce qu’on peut
t’affirmer, c’est qu’après ce type d’opération tu n’auras plus
besoin de bloqueur de testostérone.
5 Conseils pour
l’auto-injection
... et signes auxquels faire attention.

Matériel
Pour t’injecter des hormones, tu auras besoin de :

◊ Désinfectant
◊ Compresses stériles
◊ Œstradiol injectable
◊ Aiguille pour le prélèvement : l’œstradiol injectable étant
très visqueux, nous te conseillons d’utiliser une aiguille de
prélèvement (pompeuse) un peu large et différente de l’aiguille
pour l’injection (verte 21G ou noire 22G)
◊ Aiguille pour l’injection : une aiguille plus fine
que l’aiguille de prélèvement (pour une injection
intramusculaire : orange 25G ou noire 22G ; pour une injection
sous-cutanée : orange 25G)
HORMONES ET AUTOMEDICATION - 23
◊ Seringue non-sertie de 1ml (par exemple, seringues insuliniques
ou seringues à tuberculine)
◊ Gants non stériles (si tu piques un·e ami·e)
◊ Solution hydro-alcoolique (ou eau et savon)
◊ Pansement (choisis celui qui te plait, un petit suffit)
◊ Boite à aiguille (la boite jaune, appelée boîte DASRI,
est gratuite en pharmacie sur demande, ou ici :
https://www.dastri.fr)
◊ Une poubelle
Choisir la bonne longueur d’aiguille

En plus de l’épaisseur de l’aiguille, indiquée par sa couleur et par un


numéro comme «22G» ou «25G», il faut également faire attention
à sa longueur.
La longueur de l’aiguille dépend de la zone où tu t’injectes ; du
type d’injection ; et de la masse graisseuse présente à la zone d’in-
jection (plus la masse graisseuse est importante, plus l’aiguille doit
être longue).

Injection intramusculaire

Site d’injection Longueur d’aiguille

L’épaule, deltoïde Entre 16mm et 40mm

Face extérieure de la cuisse Entre 25mm et 40mm

Muscle du grand fessier Entre 30mm et 55mm

Muscle fessier antérieur (au niveau


Entre 30mm et 40mm
de la hanche)

Injection sous-cutanée

Site d’injection Longueur d’aiguille

Gras du ventre Entre 12mm à 16mm


24 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

Gras du mou du bras Entre 12mm à 16mm

Où se procurer le matériel ?
Certaines association et collectifs trans et/ou de réduction des
risques proches de chez toi peuvent peut-être te fournir du
matériel d’injection gratuitement.
Tu peux aussi contacter l’association SAFE ([email protected].
fr) et commander gratuitement le matériel dont tu as besoin.
Il te sera envoyé par la poste à l’adresse de ton choix.
Tu peux acheter le matériel en pharmacie mais ce ne sera pas
forcément pris en charge. Tu peux également acheter en gros
sur internet, via des sites de matériel médical.
Où et comment piquer ?
a. Intramusculaire

Techninque
d’injection

Angle
de 90°

Peau

Tissu sous-cu-
tané

Muscle

Zone d’injection
- Fessier

Crête illiaque HORMONES ET AUTOMEDICATION - 25

Point
d’injection

Fémur
Zone d’injection
- Hanche

Crête illiaque

Muscle fessier
antérieur

Point
d’injection

Zone d’injection
- Cuisse

Fémur
26 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

Point
d’injection

Muscle
vaste
externe
b. Sous-cutané
Techninque
d’injection

Angle
de 45°

Peau

Tissu
sous-cutané

Muscle

Zone d’injection
- Épaule

Clavicule
HORMONES ET AUTOMEDICATION - 27
Point
d’injection

Muscle
deltoïde
Le déroulement de l’injection
L’injection d’œstradiol en intramusculaire ou en sous-cutanée n’est
pas très difficile mais pour le faire en toute sécurité, voici quelques
conseils :

1- Préparation du matériel

Le matériel d’injection doit être stérile et à usage unique.

Les flacons se conservent à température ambiante, à l’abri de la


lumière et pendant 1 an après la première utilisation.

Avant de commencer, sors tout ton matériel et n’oublie pas de te


laver les mains au savon ou avec du gel hydroalcoolique.
Avec le COVID, tu as vu partout les étapes à respecter pour bien se
laver les mains.

Pose le matériel que tu vas utiliser sur une surface propre. Lorsque
tu l’ouvres, l’important est de ne pas toucher la partie métallique de
l’aiguille ni son orifice.

Verse de l’antiseptique sur tes compresses.


28 - HORMONES ET AUTOMEDICATION
2- Préparation de l’injection

Prépare ta seringue en y attachant l’aiguille de prélèvement. Fais


bien attention à manipuler l’aiguille sans toucher la partie métallique
avec les doigts.

Désinfecte le dessus du flacon


avec une compresse imbibée
d’antiseptique.
Pour qu’un antiseptique soit
efficace, il faut respecter son
temps de séchage (de 30 sec à
1 min).

Prélève la quantité que tu


souhaites sans toucher la
partie en silicone du flacon
avec tes doigts (selon la HORMONES ET AUTOMEDICATION - 29
quantité prescrite si tu as une
prescription, ou selon ton
choix), puis remplace l’aiguille
de prélèvement par celle pour
l’injection.

Choisis le point d’injection (ou ta/ton ami·e choisit le sien). La


peau de la zone d’injection ne doit pas être lésée (pas de boutons,
blessures, etc.).
Désinfecte ensuite la zone d’injection un petit peu plus largement
autour de ce point.
L’utilité sanitaire de cette désinfection n’est pas sûre à 100%, mais
elle reste une étape utile dans un rituel d’injection, notamment pour
décompresser. Tu peux aussi essayer des exercices de respiration si
tu as besoin de retrouver du calme avant d’injecter.

Si tu as choisi une injection intramusculaire, commence par tendre


la peau entre tes doigts ou par la tirer légèrement avec la main que
tu n’utilises pas pour injecter.
Évite de toucher la zone où tu vas piquer et ne relâche pas tes doigts
ou ta main jusqu’à ce que tu aies complètement fini ton injection.
Quand tu es prêt·e, introduis l’aiguille perpendiculairement à la peau
(90°) d’un coup sec ou progressivement, selon ce qui te rassure le
plus, et jusqu’à la garde (la partie colorée de l’aiguille).
30 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

Injection intramusculaire dans la cuisse.


Injection intramusculaire dans la fesse

Certaines personnes commencent par faire un retour veineux.


Aujourd’hui, l’utilité sanitaire de cette étape est remise en question,
mais, si tu souhaites tout de même l’effectuer, voici comment ça HORMONES ET AUTOMEDICATION - 31
marche :
Commence par tirer un tout petit peu le piston vers
l’extérieur, comme tu as fait pour prélever ton produit : si
tu n’as pas de retour veineux, tu peux piquer à cet endroit.
Si un peu de sang rentre dans ta seringue ce n’est pas grave du tout :
tire un tout petit peu la seringue en dehors, refais un retour veineux,
et s’il n’y a pas de sang alors c’est bon, tu peux injecter là où tu es.

Injecte ensuite le produit doucement mais fermement.


Retire rapidement l’aiguille, relâche la peau et comprime avec une
compresse en massant légèrement pour diffuser le produit.
Si tu as choisi une injection sous-cutanée, le geste est un peu différent
: tu dois attraper la peau entre 2 doigts et piquer à 45° jusqu’à la
garde (partie coloré de l’aiguille).
Injecte le produit doucement mais fermement.
Tu dois maintenir la peau entre tes doigts jusqu’au retrait total de
l’aiguille.
Après avoir retiré l’aiguille, comprime avec une compresse et masse
légèrement.
32 - HORMONES ET AUTOMEDICATION

Injection sous-cutanée dans le gras du ventre.

Il arrive qu’une goutte de sang perle au moment de retirer l’aiguille.


Si cela arrive, tu peux simplement coller un pansement là où tu as
injecté.

4- Rangement du matériel

Pour finir, tu peux jeter toute aiguille utilisée dans la boite jaune
(boîte DASRI) et le reste dans une poubelle classique.
Après l’injection

Prête attention aux signes inhabituels après l’injection :


tu peux ressentir une légère douleur au point d’injection,
comme après un vaccin, mais celle-ci doit disparaître
rapidement, en moins d’une journée.

Si la douleur persiste ou qu’une rougeur, une chaleur, un


écoulement de pus ou un abcès (boule du pus blanche
ou rouge et chaude) apparaissent, si tu as de la fièvre ou
un ganglion (une boule sous la peau) sous l’aisselle ou au
plis de l’aine, selon l’endroit où tu réalises l’injection, on te
conseille de consulter ton/ta médecin.

Dans tous les cas, n’hésite pas à consulter si tu sens que


quelque chose est inhabituel, tu sais mieux que n’importe HORMONES ET AUTOMEDICATION - 33
qui si ton corps a un souci.
REMERCIEMENTS

Merci aux salarié.es et bénévoles de l’association


Acceptess-T qui ont participé à l’écriture de cette
brochure, ainsi qu’aux médecins, aux infirmiers
et au graphiste pour leurs conseils précieux.

Merci à toutes les personnes trans qui contribuent


à faire exister ces savoirs au sein de nos
communautés ;
à toutes les personnes trans qui luttent et ont
lutté pour notre autonomie médicale et sociale ;
aux médecins trans et allié·es ;
au ReST.
ANNEXES
Discriminations
Voir l’Article 225-1 du Code Pénal, modifié par la loi
n°2016-1547 du 18 novembre 2016 – article 86.
Ainsi que l’Article 225-2 du Code Pénal, modifié par la
loi n°2017-86 du 27 janvier 2017 – article 177.

Refus de soin
Article L1110-3 du Code de la Santé Publique, modifié
par la loi n°2018-1203 du 22 décembre 2018 – article
52 (V), et citant les motifs discriminatoire du Code Pénal
dont l’identité de genre.

Dépsychiatrisation
Dernière version de la Classification Internationale des
Maladies entrée en vigueur en janvier 2022, et huitième
édition des Standards de soin de la World Professionnal
Association for Transgender Health en cours de
finalisation à l’heure où nous écrivons cette brochure.
LES ASSOS TRANS
EN FRANCE

AMIENS Divergenre https://divergenre.fr/

GRENOBLE Rita https://assorita.org/

LILLE En Trans https://en-trans.fr/

LYON Chrysalide https://chrysalide-asso.fr/

MARSEILLE T-Time https://www.t-time.net/

https://www.facebook.com/
NANTES Trans Inter Action trans.inter.act/

https://reboo-t.wixsite.com/
NANTES Reboo-T reboo-t

PARIS Acceptess-T https://www.acceptess-t.com/

Espace Sante
PARIS Trans (EST)
https://espacesantetrans.fr/

PARIS OUTrans https://outrans.org/

https://www.instagram.com/
PARIS Front Transfem front_transfem/
LES ASSOS TRANS
EN FRANCE

NICE ATCA [email protected]

https://www.facebook.
REIMS TransMission com/TransMissionReims/

RENNES REsT https://reseausantetrans.fr/

https://ouesttrans.wixsite.
RENNES Ouest Trans com/ouesttrans

STRASBOURG ARCTS https://www.arcts.fr/

Trans-Mission https://www.facebook.
TOULON
Var com/transmission83/

https://www.facebook.
TOULOUSE Clar-T/I com/AssoClarT/

TOURS Trans Posé·e·s https://transposées.eu/


NOTES
NOTES
BROCHURE RÉALISÉE EN NOVEMBRE 2022 - GRAPHISME ET ILLUSTRATIONS : ARSÈNE MARQUIS
ACCEPTESS-T
Site : www.acceptess-t.com
Mail : [email protected]
Téléphone : +33 1 42 29 23 67

88 rue Philippe de Girard


75018 Paris

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