Musique Et Diversite Culturelle

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MUSIQUE ET DIVERSITE CULTURELLE

Licence 2 Musique et Musicologie

Professeur : Dr KOUROUMA

INTRODUCTION

La culture se définit comme cette totalité complexe qui comprend les connaissances, les
croyances, les arts, les lois, la morale, la coutume, et toute autre capacité ou habitude acquises par
l´homme en tant que membre d'une société. Pratiquée à titre ludique ou rattachée à une fonction,
la musique est un fait de culture et tout comme les langues, elle permet de penser l'humanité dans
sa diversité. Cependant, au mépris de ce relativisme culturel, les peuples entrent de plus en plus
dans un processus conflictuel qui justifie l'autarcie et tous les dangers qui lui sont corrélés.

I- Le postulat ethnocentriste

L'humanité est divisée en races biologiques, sans frontières définies, elles-mêmes


subdivisées en groupes ethniques, géographiques, nationaux, possédant des civilisations
différentes, encore subdivisées en communautés qui se distinguent les unes des autres par la
parenté, la résidence, les rituels, les croyances. Les êtres humains sont naturellement doués de
parole, mais ils ne parlent pas tous la même langue. Leurs inégalités natives et culturelles
entraînent entre eux de considérables différences.

Les membres de chacun de ces groupes s'identifient les uns aux autres et à la collectivité à
laquelle ils appartiennent. L'adhésion aux normes du groupe, même si elle n'est jamais parfaite,
est ce qui en assure la cohésion. Les réfractaires sont considérés comme déviants. Une société qui
ne parviendrait pas à assurer un minimum de consensus entre ses membres ne pourrait se
reproduire.

Corrélativement, entre sociétés distinctes, identification et solidarité n'ont rien


d'automatique. La solidarité interspécifique n'est pas inhérente à l'espèce humaine. Mal tolérée,
la différence sociale et culturelle est un fréquent prétexte de conflits. Les groupes rivaux ne
regardent pas comme humains leurs adversaires, traités d'animaux de brousse, de sous-hommes,
de barbares, d'étrangers. Il devient possible, et même louable, de commettre envers eux ce qu'il
est interdit de pratiquer sur les membres de son groupe en raison du lien de solidarité : lynchage,
torture, mise à mort, dévoration, réduction en esclavage, génocide, « purification ethnique »

Ces attitudes ne sont que le revers de l'identification normale à la société d'appartenance et


de la valorisation par chacun de sa propre culture, que l'on peut appeler patriotisme ou plus
techniquement ethnocentrisme, notion que nous devons au sociologue américain William
Summer. Sous peine de se marginaliser, tout individu est, et doit être à quelque degré, atteint
d´ethnocentrisme. Sous ce rapport, il n'y a, a priori, pas de danger à préférer la musique de son
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groupe social à celle des autres groupes auxquels elle s'oppose par la langue et l'esthétique.
Cependant, aucune culture n'étant isolée, il reste à considérer que la dynamique culturelle
procède non pas de développements endogènes mais d'une permanente communication entre
sociétés.

II- Les phénomènes de contacts culturels

La rencontre des cultures se réalise selon des modalités très variées et elle aboutit à des
résultats extrêmement contrastés selon les situations de contact. Regroupés sous le terme
générique de phénomènes d'acculturation, la communication intersociétale se réalise selon des
modalités dont les plus courantes sont : amical/hostile, dominant/dominé, proche/lointain,
séculaire/récent, etc. Quels qu'en soient les fondements, les contacts culturels aboutissent à l'une
des situations ci-après :

1. L'emprunt culturel

Il repose sur le principe de sélection, c'est-à-dire la possibilité d'emprunter un trait culturel


par la culture receveuse, les autres aspects étant éliminés de l'emprunt. Il s'agit alors d'une
réinterprétation partielle.

2. La réinterprétation

Ce terme correspond au remodelage des éléments d'une autre culture selon les modalités de
la culture emprunteuse. C'est le processus par lequel d'anciennes significations sont attribuées à
des éléments nouveaux ou par lequel de nouvelles valeurs changent la signification culturelle de
formes anciennes.

3. Le syncrétisme

C'est une forme de réinterprétation. Le syncrétisme est une culture originale formée à partir
d'éléments empruntés à différentes cultures. Les syncrétismes sont particulièrement fréquents
dans le domaine religieux, le syncrétisme le plus célèbre étant sans doute le vaudou, rencontre de
cultes traditionnels africains et du christianisme occidental.

4. L'assimilation

C'est la disparition d'une culture qui accepte intégralement les valeurs d'une autre culture.
Elle débouche en un sens sur l'intégration, dans la mesure où le groupe acculturé s'identifie à la
culture dominante et aux activités de cette société.
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III- Interpénétrations culturelles et identité

Mettant en relation des populations diverses (riches/pauvres, majorité/minorité,


autochtones/allogènes, etc.), les phénomènes de contacts culturels ont rarement des impacts
unilatéraux. Passant allègrement d'une communauté à l'autre, les codes culturels sont
réinterprétés pour la constitution de l'identité, entendue comme le sentiment d'appartenance à
un groupe et fidélité aux valeurs qui en émanent.

Comme toutes les autres constructions symboliques qui forment la culture (langue, religion,
système de dévolution des biens, parenté, etc.), la musique est inscrite dans une histoire. Elle est
soumise de ce fait à une dynamique du dedans, qui lui vaut une certaine autonomie, et à une
dynamique du dehors aux termes desquelles elle opère des emprunts parfois majeurs (ainsi du
tohourou chez les Bété, dont l'origine est Wê) tout en se réaménageant pour leur faire place. Ainsi,
la culture est capable de redéfinition et ses mutations ou orientations successives, loin d'en altérer
la profondeur, participent de son dynamisme et de sa capacité d'adaptation à l'environnement
social, politique, économique et culturel.

Sans ces " fluctuations", la culture se maintiendrait dans une rigidité qui, si elle contribue
au renforcement du sentiment d'appartenance sociale, ne laisse guère de place qu'à l'anomie en
cas de crise. L'élan qui porte la culture à entrer en communication avec l'extérieur, élan vital s'il
en est, justifie quelquefois les emprunts culturels. De la sorte, si le contact des cultures se présente
d'abord comme une épreuve de l'identité, il sert dans certains cas à combler un vide culturel sans
lequel la société ne saurait exister et se reproduire. Sous ce rapport, le contact culturel est un fait
social total.

IV- Problématiques contemporaines de l’identité culturelle

Les contacts culturels fructueux ne doivent pas occulter que la survie d'une société tient en
partie à la capacité de sélection des apports extérieurs. En effet, rognant les barrières linguistiques
et culturelles, la mondialisation offre aujourd'hui des "kits culturels" auxquels l'individu n'a
aucune part mais qu'il se doit d'ingérer s'il veut vivre en phase avec son temps.

De tels constats justifient que l'ethnocentrisme soit tenu pour un phénomène pleinement
normal, constitutif de toute collectivité ethnique en tant que telle, assurant une fonction positive
de préservation de son existence même, fonctionnant comme un mécanisme de défense du groupe
vis-à-vis de l'extérieur. Un certain degré d'ethnocentrisme est, en ce sens, nécessaire à la survie
de toute collectivité ethnique, puisqu'il apparaît qu'elle ne peut que se désagréger et disparaître,
sans le sentiment largement partagé par les individus qui la constituent de l'excellence et de la
supériorité de sa langue, de ses mœurs, de ses valeurs et de sa religion. La perte de tout
ethnocentrisme conduit à l'assimilation par adoption de la langue, de la culture, des valeurs d'une
collectivité considérée comme supérieure.
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CONCLUSION

Le concept de culture conserve aujourd’hui toute son utilité pour les sciences sociales. La
déconstruction de l’idée de culture sous-jacente aux premiers usages du concept, marquée par un
certain essentialisme et par le mythe des origines supposées pures de toute culture, a été une étape
nécessaire et a permis une avancée épistémologique. La dimension relationnelle de toutes les
cultures a pu ainsi être mise en évidence.

Cependant, prendre en compte la situation relationnelle dans laquelle s’élabore une culture
ne doit pas conduire à négliger de s’intéresser au contenu de cette culture, à ce qu’elle signifie en
elle-même. Reconnaître que toute culture est plus ou moins l’enjeu de luttes sociales ne doit pas
nous amener à étudier que les luttes sociales. Au contraire, tout en se présentant comme une
sécrétion propre à chaque communauté, la culture ne fait aucun mystère sur les parts d’ici et
d’ailleurs qui la composent.

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