Bioremediation

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Suivi de la biodégradation des hydrocarbures par le

couplage des mesures géophysiques électriques du sol


(polarisation provoquée) et des analyses des gaz
(concentration du CO 2 et isotopie du carbone)
Cécile Noel

To cite this version:


Cécile Noel. Suivi de la biodégradation des hydrocarbures par le couplage des mesures géophysiques
électriques du sol (polarisation provoquée) et des analyses des gaz (concentration du CO 2 et isotopie
du carbone). Autre. Université d’Orléans, 2014. Français. �NNT : 2014ORLE2041�. �tel-01145264�

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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
UNIVERSITÉ D’ORLÉANS

ÉCOLE DOCTORALE
ENERGIE, MATERIAUX, SCIENCES DE LA TERRE ET DE L’UNIVERS
Laboratoire de Physique et Chimie de l’Environnement et de l’Espace (CNRS) –
Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGM)

THÈSE présentée par :

Cécile Noel

soutenue le : 10 décembre 2014

pour obtenir le grade de : Docteur de l’Université d’Orléans


Discipline/ Spécialité : Sciences de la Terre et de l’Atmosphère

Suivi de la biodégradation des hydrocarbures par le


couplage des mesures géophysiques électriques du
sol (polarisation provoquée) et des analyses des gaz
(concentration du CO2 et isotopie du carbone)

THÈSE codirigée par :


Christophe Guimbaud Professeur, Université d’Orléans
Ioannis Ignatiadis Dr d’État ès Sciences Physiques, BRGM, Orléans

RAPPORTEURS :
Olivier Kaufmann Professeur, Université de Mons, Belgique
Michel Chouteau Professeur, École Polytechnique de Montréal, Canada

JURY :
Olivier Atteia Professeur, ENSEGID, Institut Polytechnique de
Bordeaux, Président du jury
Éric van Hullebusch Maître de conférences, UPEM Université Paris-Est
Alexis Maineult Chargé de recherche CNRS, UPMC Université Paris 6

INVITES :
Sébastien Dehez Total, Exploration Production, Pau
Antoine Joubert Serpol, Vénissieux
Jean-Christophe Gourry BRGM, Orléans
REMERCIEMENTS
Dans ce paragraphe, je voudrais exprimer ma gratitude à toutes les personnes qui ont contribué à l’aboutissement
de ces trois années de travail. La principale difficulté étant de n’oublier personne, je remercie par avance tous
ceux dont le nom n’apparaîtra pas mais qui m’ont soutenue, de près ou de loin.

En premier lieu, j’adresse mes plus sincères remerciements à mes deux directeurs de thèse, Ioannis Ignatiadis
pour avoir cru en moi et soutenu ma candidature et Christophe Guimbaud pour m’avoir fait confiance malgré les
connaissances plutôt légères que j’avais en octobre 2011 en géochimie isotopique. Ils ont toujours montré de
l'intérêt pour mes travaux et répondu à mes sollicitations lorsque le besoin s'en faisait sentir.

Je tiens également à remercier les initiateurs du projet ANR BIOPHY, en particulier Jean-Christophe Gourry,
pour avoir créé un cadre de recherche intéressant et m’avoir alloué des moyens expérimentaux importants.

Je remercie Olivier Kaufmann et Michel Chouteau de m'avoir fait l'honneur d'être les rapporteurs de cette thèse,
ainsi que Olivier Atteia, Eric van Hullebusch et Alexis Maineult d’avoir accepté de faire partie de mon jury.
Merci pour le regard critique et avisé qu’ils porteront sur ce travail.

Je remercie aussi tous les autres encadrants qui ont été indispensables à la progression de ce travail
multidisciplinaire. Je pense ici à Jean-Christophe Gourry, Véronique Naudet remplacée par Jacques Deparis,
pour leur soutien très pédagogique en géophysique.

Merci à Mickaëla Blessing, Christine Flehoc, Éric Proust et Patrick Albéric pour l’intérêt qu’ils ont porté à mon
travail et pour leur implication dans les analyses isotopiques.

Merci aussi à Marie-Christine Dictor, Caroline Michel, Fabienne Battaglia-Brunet et Catherine Joulian, l’équipe
des « bios » qui a bien évolué au cours de cette thèse, pour leurs contributions respectives et leurs suggestions
pertinentes.

Je remercie ici l’IFP-EN qui nous a fourni gracieusement les souches de Rhodococcus wratislaviensis.

Pour leurs encouragements et leur assistance aussi bien matérielle que morale, je remercie également Frédéric
Garnier, Stéphanie Betelu (indissociable de Ioannis) et Monsieur Bizi pour cet aparté sur le potentiel zêta.

J’exprime toute ma reconnaissance à « l’équipe du G1» pour leur accueil, leur soutien et leur bonne humeur
pendant deux ans de manips à la Halle. Pierrot pour son appui technique sur le montage des colonnes, Noémie,
Mickaël et tous ceux que j’ai pu embêter avec l’autoclave, Dominique, Mickaël, Pascal, Gina, Catherine, Benoît
(SOS dépannage µGC)…

Je tiens également à remercier les deux stagiaires avec qui j’ai eu le plaisir de travailler sur BIOPHY : Jordan
Bureau et Paul Gaudry. Merci aussi à Sarah Williams que j’aurai peu vue, mais qui a beaucoup participé au
travail de terrain BIOPHY sur SPIRIT. Et un grand merci aux stagiaires que j’ai côtoyés à la Halle et qui ont su
égayer le labo d’avril à septembre 2012, 2013 et 2014 !

Enfin, merci au personnel des différents services du BRGM, DRP, D3E et LAB, dans lesquels j’ai pu évoluer et
qui n’a pas pu être cité ici.

Côté LPC2E, je remercie particulièrement Claude Robert pour la conception du SPIRIT. Merci aussi à Stéphane,
Gilles et Thierry pour avoir fait les navettes BRGM-LPC2E pour transporter l’engin.

Merci à ma commission des thèses, Jean-Mathias Griessmeier et Xavier Vallières, pour leur suivi régulier. A
Michel Tagger, directeur du LPC2E, pour son soutien à l’AGU à San Francisco, juste avant mon oral. Et à tout le
personnel du labo, même si j’ai eu peu l’occasion de le côtoyer.

3
J’exprime ma profonde gratitude à toutes les personnes que j’ai sollicitées pour obtenir des infos et partager leur
compétence pour la réalisation de ce travail : Alexis Maineult et Thomas Kremer pour ces électrodes « qui
marchent », Samia et Elicia pour leur travail de thèse, les organisateurs et participants du 3rd IP workshop
d’avril 2014 sur l’île d’Oléron. Rencontrer des chercheurs (jeunes et moins jeunes) qui travaillent sur des sujets
analogues (et qui rencontrent les mêmes difficultés) redonne de la motivation pour continuer.

Cela va de soi, je remercie évidemment ma famille et mes amis pour leur soutien inconditionnel. Merci à
l’ADSO (membres passés et présents), NoNo et Clément, Benjamin, Antonine,... Merci à mes parents qui m’ont
permis de réaliser de si longues études. Un grand merci à Wilfrid qui a dû partager mon quotidien, ainsi qu’à sa
famille qui, avec cette question récurrente « quand est-ce que tu soutiens ta thèse ? », bien qu’angoissante en
période fréquente de doutes, m’a permis de ne pas dévier de mon objectif final !

Merci à tous !

4
TABLE DES MATIÈRES

Remerciements ___________________________________________________________________________ 3
Table des matières _________________________________________________________________________ 5
Liste des figures _________________________________________________________________________ 10
Glossaire _______________________________________________________________________________ 16
A. Géophysique _____________________________________________________________________ 16
B. Géochimie _______________________________________________________________________ 17
C. Microbiologie _____________________________________________________________________ 18
D. Sites et sols pollués ________________________________________________________________ 19
E. Autres ___________________________________________________________________________ 19
I. Introduction _________________________________________________________________________ 21
A. La problématique des sols pollués et leur dépollution ______________________________________ 21
1. Réhabilitation des sols et des eaux souterraines : la réglementation et le marché français de la
dépollution__________________________________________________________________________ 21
2. Les techniques de dépollution ______________________________________________________ 22
B. Besoin de nouvelles techniques de surveillance in situ _____________________________________ 23
C. Le projet BIOPHY _________________________________________________________________ 24
D. Structure du manuscrit ______________________________________________________________ 25
Partie 1 : Etat de l’Art _____________________________________________________________________ 27
II. Biodégradation ______________________________________________________________________ 29
A. Contexte _________________________________________________________________________ 29
1. Les hydrocarbures pétroliers _______________________________________________________ 29
2. Distribution des microorganismes dans le sol __________________________________________ 29
B. Les bactéries______________________________________________________________________ 30
1. Structure ______________________________________________________________________ 30
2. Biofilms _______________________________________________________________________ 31
3. Métabolismes et biodégradation ____________________________________________________ 33
C. Techniques de monitoring ___________________________________________________________ 34
1. Utilisation de puits de surveillance __________________________________________________ 34
2. Utilisation des méthodes électriques en géophysique environnementale _____________________ 34
3. Potentiel du suivi de l’isotopie du CO2 comme outil de monitoring _________________________ 35
III. Polarisation provoquée ______________________________________________________________ 37
A. Historique________________________________________________________________________ 37
B. Rappels sur les mesures de résistivité électrique __________________________________________ 38
1. Définitions _____________________________________________________________________ 38
2. Dépendance de la résistivité électrique à certains paramètres ______________________________ 39

5
3. Dispositifs de mesure _____________________________________________________________ 41
4. Concept d’inversion ______________________________________________________________ 42
C. Polarisation provoquée ______________________________________________________________ 43
1. Concept de polarisation et de déplacement diélectrique __________________________________ 43
2. La double couche électrique _______________________________________________________ 46
3. Mécanismes de la polarisation dans un milieu poreux ___________________________________ 47
4. Techniques de mesure et paramètres de la polarisation provoquée __________________________ 49
5. Distribution des charges électriques en présence de bactéries ______________________________ 52
D. Utilisation de la PP pour l’étude de la biodégradation ______________________________________ 55
1. La PP appliquée à la détection de contaminants organiques et au suivi de l’activité bactérienne ___ 55
2. Dispositifs de mesure PP utilisés sur le terrain _________________________________________ 57
3. Dispositifs de mesure en laboratoire _________________________________________________ 58
E. Conclusion _______________________________________________________________________ 59
IV. Analyse du CO2 : Flux et Isotopie du carbone ____________________________________________ 61
A. Emissions de CO2 et variations de l’isotopie du carbone ____________________________________ 61
B. Mesure des émissions de CO2 et du rapport isotopique du carbone par spectroscopie Infra-rouge ____ 64
1. Principe de la spectroscopie Infra-Rouge (IR)__________________________________________ 64
2. Isotopie du carbone : IRIS (Isotope Ratio Infrared Spectrometry) vs IRMS (Isotope Ratio Mass
Spectrometry) _______________________________________________________________________ 65
C. Utilisation de l’isotopie du carbone pour le suivi de la biodégradation _________________________ 65
1. Analyse des polluants résiduels _____________________________________________________ 65
2. Analyse du CO2 _________________________________________________________________ 66
3. Conclusion _____________________________________________________________________ 68
Partie 2 : Matériel et méthodes ______________________________________________________________ 69
V. Matériel et méthodes – Expériences en colonnes ____________________________________________ 71
A. Vue d’ensemble du montage expérimental ______________________________________________ 71
1. Structure et dimensionnement des colonnes ___________________________________________ 71
2. Système de circulation des fluides ___________________________________________________ 73
3. Détermination de la porosité _______________________________________________________ 75
4. Les bactéries et leur milieu de culture ________________________________________________ 76
5. Potentiel zêta des bactéries ________________________________________________________ 77
B. Mesure de la résistivité complexe _____________________________________________________ 79
1. Appareils de mesure _____________________________________________________________ 79
2. Electrodes de potentiel ____________________________________________________________ 80
3. Détermination des facteurs géométriques _____________________________________________ 81
4. Détermination du facteur de formation _______________________________________________ 82
5. Calculs d’erreur _________________________________________________________________ 83
C. Analyse du CO2 par spectroscopie laser Infra Rouge _______________________________________ 83
1. Le SPectromètre Infra-Rouge In situ Troposphérique (SPIRIT, du LPC2E) __________________ 83

6
2. Méthode des ajouts dosés _________________________________________________________ 87
3. Calcul de la concentration en CO2 de la colonne ________________________________________ 89
4. Détermination du rapport isotopique - Méthode du Keeling plot ___________________________ 90
5. Analyses isotopiques complémentaires _______________________________________________ 90
D. Analyses géochimiques et microbiologiques _____________________________________________ 91
1. Dosage du toluène _______________________________________________________________ 91
2. Dosage de l’alcalinité ____________________________________________________________ 93
3. Comptages bactériens ____________________________________________________________ 93
4. Mesure des paramètres physico-chimiques ____________________________________________ 95
E. Expériences ______________________________________________________________________ 96
1. Stérilisation et remplissage des colonnes ______________________________________________ 96
2. Ensemencement des bactéries ______________________________________________________ 97
3. Calendrier des expériences ________________________________________________________ 97
VI. Matériel et méthodes – Application sur site pilote _________________________________________ 99
A. Présentation du site pilote ___________________________________________________________ 99
1. Historique connu du site (établi par SERPOL en mai 2012) _______________________________ 99
2. Caractérisation hydrogéologique du site (d’après les données du projet ATTENA, Brgm et
Ademe, 2012) ______________________________________________________________________ 100
3. Diagnostic chimique préliminaire __________________________________________________ 100
4. Analyses microbiologiques _______________________________________________________ 102
5. Campagne géophysique préliminaire________________________________________________ 103
6. Analyses de gaz préliminaires _____________________________________________________ 103
7. Stratégie de traitement ___________________________________________________________ 105
B. Monitoring de la biodépollution______________________________________________________ 105
1. Suivi électrique ________________________________________________________________ 105
2. SPIRIT _______________________________________________________________________ 106
3. Suivi physico-chimique en forages _________________________________________________ 106
4. Suivi microbiologique ___________________________________________________________ 107
Partie 3 : Résultats_______________________________________________________________________ 109
VII. Résultats – Expériences en colonnes __________________________________________________ 111
A. Validation du dispositif de mesures électriques __________________________________________ 111
1. Mesures sur un circuit R(RC) _____________________________________________________ 111
2. Mesures sur de l’eau salée ________________________________________________________ 112
3. Mesures sur du sable saturé _______________________________________________________ 114
B. Validation des mesures du SPIRIT ___________________________________________________ 115
1. Mesures sur bouteilles d’air standard _______________________________________________ 115
2. Comparaison SPIRIT et GC-IRMS (Gas Bench) ______________________________________ 115
C. Résultats expérimentaux ___________________________________________________________ 116
1. Evolution de la population bactérienne ______________________________________________ 116

7
2. Potentiel zêta des bactéries _______________________________________________________ 118
3. Evolution de la teneur en toluène __________________________________________________ 119
4. Analyse du Carbone_____________________________________________________________ 120
5. Mesures électriques _____________________________________________________________ 128
D. Conclusion ______________________________________________________________________ 137
VIII. Résultats– Application sur site pilote __________________________________________________ 139
A. Résultats de la campagne préliminaire _________________________________________________ 139
1. Géophysique __________________________________________________________________ 139
2. Analyses du CO2 _______________________________________________________________ 140
3. Conclusion ____________________________________________________________________ 141
B. Début du suivi de la biodégradation___________________________________________________ 141
1. Géophysique __________________________________________________________________ 141
2. Analyses du CO2 _______________________________________________________________ 145
D. Conclusion ______________________________________________________________________ 150
IX. Conclusion générale et perspectives __________________________________________________ 151
Références _____________________________________________________________________________ 153
Annexes_______________________________________________________________________________ 167
Annexe 1 : Chimie de surface, échange ionique et double couche électrique __________________________ 169
A. Importance des processus de surface __________________________________________________ 169
B. Nature de la surface des oxydes ______________________________________________________ 169
C. Point de charge nulle ______________________________________________________________ 169
D. Double couche électrique ___________________________________________________________ 170
E. Echange d’ions ___________________________________________________________________ 171
F. Le cas des bactéries _______________________________________________________________ 171
G. Potentiel zêta des bactéries _________________________________________________________ 171
Annexe 2 : Modélisation de la réponse PP d’un milieu granulaire __________________________________ 173
A. Modélisation phénoménologique de la réponse PP d’un milieu granulaire : Le modèle de type
Cole-Cole généralisé ___________________________________________________________________ 173
B. Modèles mécanistiques de la réponse PP d’un mélange sable et argiles : de Waxman et Smits (1968)
à Révil et al. (2013)____________________________________________________________________ 174
C. Modèles mécanistiques de la réponse PP d’un milieu granulaire partiellement saturé en huile : de
Vinegar et Waxman (1984) à Schmutz et al. (2010) ___________________________________________ 176
Annexe 3 : Revue bibliographique des mesures électriques sur colonnes pour l’étude de l’activité
bactérienne ____________________________________________________________________________ 179
A. Résumés et principaux résultats ______________________________________________________ 179
B. Matériel ________________________________________________________________________ 186
C. Conditions géochimiques et biologiques _______________________________________________ 196
D. Mesures réalisées _________________________________________________________________ 209
Annexe 4 : Sable de Fontainebleau (Sibelco, France) ____________________________________________ 221

8
Annexe 5 : milieu de culture des bactéries ____________________________________________________ 223
Annexe 6 : Protocole d’utilisation du GDP 32II (24 bits) pour les mesures de laboratoire BIOPHY _______ 225
A. Description du GDP-32II et de ses accessoires __________________________________________ 225
1. GDP 32II _____________________________________________________________________ 225
2. LDT-10 ______________________________________________________________________ 227
3. ISO-1B _______________________________________________________________________ 227
B. Démarrer l’appareil _______________________________________________________________ 227
C. Calibration ______________________________________________________________________ 228
D. Mesures ________________________________________________________________________ 229
E. Sauvegarde des données____________________________________________________________ 230
F. Transfert des données sur le PC ______________________________________________________ 230
Annexe 7 : Electrodes de potentiel Cu/CuSO4 _________________________________________________ 231
A. Fabrication de deux types d’électrodes Cu/CuSO4 _______________________________________ 231
1. Electrode type tube _____________________________________________________________ 231
2. Electrode type cône _____________________________________________________________ 231
B. Test de stabilité des électrodes : mesure de différence de potentiel (ddp) ______________________ 232
C. Test des électrodes sur colonnes d’eau : mesures PP ______________________________________ 235
1. Comparaison des deux types d’électrodes ____________________________________________ 235
2. Influence de la position des électrodes sur la colonne ___________________________________ 236
3. Comparaison des appareils de mesure _______________________________________________ 237
4. Evolution dans le temps __________________________________________________________ 239
D. Test des électrodes sur colonnes de sable saturé : mesures PP ______________________________ 243
1. Comparaison des types d’électrodes ________________________________________________ 243
2. Influence de la position des électrodes sur la colonne ___________________________________ 243
3. Evolution dans le temps __________________________________________________________ 244
E. amplitude de la résistivité complexe __________________________________________________ 247
F. Conclusion ______________________________________________________________________ 249
Annexe 8 : Dimensions des colonnes BIOPHY comparées au porte échantillon défini par Zimmermann et al.
(2010). ________________________________________________________________________________ 251
Annexe 9 : Profils de diversité des colonnes inoculées par méthode CE-SSCP ________________________ 253
A. Description de la méthode __________________________________________________________ 253
B. Application aux colonnes inoculées BIOPHY C1 et C2 (Mars 2014) _________________________ 253

9
LISTE DES FIGURES
Figure II-1 : Structure de la paroi des bactéries Gram+ et Gram- : Les bactéries à Gram+ possèdent une paroi
constituée d’une épaisse couche de peptidoglicane, alors que les bactéries à Gram- présentent une fine couche de
peptidoglicane localisée dans le périplasme entre la membrane cytoplasmique et la membrane externe. D’après
Lebleu, 2007. .................................................................................................................................................................. 31
Figure II-2 : Les différentes étapes de la formation d’un biofilm (D’après Ploux et al., 2007). ................................... 32
Figure II-3 : Schéma simplifié illustrant le mouvement des électrons à travers une chaîne de bactéries reliées par
des nanowires (D’après Revil et al., 2012). ................................................................................................................... 32
Figure III-1 : Exemple de configuration d’un dispositif électrique. A et B sont les électrodes d’injection
(de courant) et M et N sont les électrodes de mesure (de potentiel). ............................................................................. 41
Figure III-2 : Dispositifs d’acquisition électrique les plus répandus............................................................................. 42
Figure III-3 : Manifestation de l’effet PP au niveau de la tension mesurée V MN lorsque le courant injecté IAB est
intérrompu...................................................................................................................................................................... 43
Figure III-4 : a) Modèle de la triple couche électrique et Mécanismes de la polarisation b) de la couche de
Stern, c) de la couche diffuse et d) de membrane. Modifié d’après Slater et al., 2005 ; Titov et al., 2004 ;
Vaudelet et al., 2011. ..................................................................................................................................................... 48
Figure III-5 : Principe de mesure de la polarisation provoquée en domaine temporel. Un courant en créneaux
d’intensité I0 est injecté. Le milieu se charge JUSQU’A une différence de potentiel V 0. Lorsque le courant est
coupé, Le voltage observé immédiatement après la coupure est noté V P. Le potentiel V(t) décroit jusqu’à
prendre une valeur nulle. L’intégration de la courbe de décroissance de V(t) entre deux temps donnés t i et ti+1
permet de calculer la chargeabilité M. .......................................................................................................................... 49
Figure III-6 : Principe de mesure de la polarisation provoquée spectrale. Un déphasage ϕ est mesuré entre La
différence de potentiel (trait pointillé rouge) qui est en retard par rapport au courant injecté (trait continu noir)
et une différence d’amplitude |ρ*| entre les deux signaux. ............................................................................................ 50
Figure III-7 : Schéma illustrant la répartition des charges autours d’une bactérie et l’influence des bactéries
dans le milieu granulaire : a) Surface bactérienne chargée négativement et entourée d’une couche de contre-
ions ; b) Polarisation de la couche de contre-ions sous l’influence d’un champ électrique externe, c) Modification
des propriétés électriques du milieu granulaire en présence de bactéries : changement de la surface spécifique du
grain grâce aux bactéries adsorbées à la surface minérale et modification de la structure de la double couche
électrique (DCE) du grain. Inspiré de Abdel Aal et al., (2006) et Revil et al. (2012). ................................................... 53
Figure III-8 : Diagramme représentant l’influence de la croissance des bactéries sur les propriétés physico-
chimiques et géophysiques du milieu poreux. D’après Atekwana et Atekwana (2010).................................................. 57
Figure IV-1 : Exemples de signature isotopiques du C du CO2 pour différentes sources de CO2, D’après
[Aggarwal and Hinchee, 1991 ; Boutton, 1991]. ........................................................................................................... 62
Figure IV-2 : a) Equilibres CO2 aqueux et CO2 gaz et Précipitation/Dissolution des carbonates ; B)
Fractionnements isotopiques associés au passage des différentes phases (d’après Mook and Tan, 1991). .................. 63
Figure IV-3 : Répartition des espèces carbonatées en solution en fonction du pH à 25°C (D’après Stumm and
Morgan, 2012). .............................................................................................................................................................. 63
Figure IV-4 : Représentation du spectre de la lumière. Y sont identifiés les régions du spectre en fonction de la
longueur d’onde λ, ainsi que les différents niveaux d’énergie fournis par chaque domaine. ........................................ 64
Figure V-1 : Photo annotée d’une colonne BIOPHY. A gauche, on retrouve l’équipement nécessaire aux
mesures de résistivité électrique complexe : deux électrodes d’injection (A et B) sont situées à chaque extrémité
de la colonne ; six électrodes de potentiel sont réparties sur la hauteur de la colonne. En haut de la
colonne, un robinet permet de prélever du gaz en tête de colonne afin de pouvoir analyser la quantité de CO 2
ainsi que sa signature isotopique. Sur la droite, il y a trois robinets (S1, S2 et S3) pour des prélèvements de
fluide en vue d’analyses chimiques et microbiologiques complémentaires. .................................................................. 72
Figure V-2 : A/ Photographie de Deux colonnes BIOPHY et leur alimentation placées dans une enceinte thermique
aero-régulée à 25°C. B/ Schéma du circuit hydraulique : 1/ le circuit commence à l’alimentation, composée de
milieu de culture avec ou sans toluène ; 2/ le fluide est entrainé par une pompe péristaltique vers l’entrée des
colonnes ; 3/ le fluide d’alimenation ainsi que de l’H2O2 diluée entre en bas de la colonne et monte par percolation ;
4/ le fluide sort par débordement, 5 cm avant le sommet de la colonne ; 5/ le fluide de sortie passe par un porte-
sondes : le pH, le potentiel redox, la température, la conductivité et l’oxygène dissous sont mesurés. Enfin, 6a/

10
le fluide retourne dans l’alimentation et repart dans le circuit (circuit fermé) ou 6b/ le fluide sort du circuit
(boucle ouverte). ............................................................................................................................................................ 74
Figure V-3 : Traçage du passage d’une solution de KCl 0,1 M, à débit constant Q = 500 mL/h, à travers une
colonne de sable saturé en eau distillée. En haut : suivi géophysique : évolution de la résitivité électrique au
cours du temps à 5 niveaux de la colonne ; en bas : suivi par sonde conductimétrique : evolution de la
conductivité du fluide en sortie de colonne. ................................................................................................................... 76
Figure V-4 : Images de Rhodococcus wratislaviensis. 1/ image au microscope optique de bactéries
planctoniques ; 2/ image au microscope optique de bactéries en biofilm ; 3/ Bactéries imagées par AFM
(microscopie à force atomique) [Dhahri, 2013] ; 4/ Liens entre bactéries imagés par AFM [Dhahri, 2013]. ............. 77
Figure V-5 : a) Représentation schématique du potentiel zêta d’une bactérie ; b) Evolution du potentiel
electrostatique en fonction de la distance par rapport a la surface chargée de la bactérie [Ruiz, 2009]. .................... 78
Figure V-6 : Aperçu des appareils utilisés au laboratoire pour les mesures électriques : A/ Syscal R1 pour la
mesure de résistivité classique ; B/ GDP 32II pour les mesures SIP et C/ Potentiostat-galvanostat (modèle
273A de PAR) et analyseur de la réponse en fréquence (5210 de par) pour la spectroscopie d’impédance. ................ 79
Figure V-7 : Photo des deux types d’électrodes de potentiel utilisées pendant les expérineces BIOPHY. a)
Electrodes Ag/AgCl du commerce (Warner Instruments, Hamden, USA) ; b) Electrodes Cu/CuSO4 réalisées à
partir du modèle de Maineult (2004). ............................................................................................................................ 80
Figure V-8 : Schéma d’une colonne BIOPHY où figurent les distances entre électrodes. ............................................ 81
Figure V-9 : Calcul du facteur de formation F du sable de Fontainebleau. .................................................................. 83
Figure V-10 : Schéma de la structure du SPIRIT : le chemin parcouru par le laser est représenté par le trait
rouge. d’après [Guimbaud et al., 2011]. ....................................................................................................................... 85
Figure V-11 : Spectre de transmission du CO2 avec le laser de SPIRIT (2310,4 → 2309,7 cm-1) obtenu d’après
la base de données HITRAN 2004 [Rothman et al., 2005]. Les raies d’absorption du CO2 sont visibles à
2310.0025 cm-1, 2310.2056 cm-1 et 2310.3470 cm-1 pour 12C16O2, 12C18O2 et 13C16O2 respectivement. ......................... 85
Figure V-12 : A/ Photographie du SPIRIT au laboratoire. On identifie le SPIRIT avec son banc optique relié à la
chambre d’accumulation des gaz par une pompe à vide. B/ Schéma représentant les différentes étapes de l’analyse
des gaz. Une fois injecté (1), l’échantillon de gaz est emmené par une pompe à vide vers le banc optique (2), où
il est analysé (3). Il est ensuite réintroduit dans la chambre d’accumulation (boucle fermée) (4). ............................... 87
Figure V-13 : Evolution de la concentration en CO2 (haut) et du δ13C(CO2) (bas) en fonction du temps, après 4
injections de gaz provenant d’une colonne BIOPHY, et après calibration à l’aide d’une bouteille de gaz étalon
([CO2] = 380 ppmV, δ13C(CO2) = -40,5 ‰) en fin de mesure. ..................................................................................... 88
Figure V-14 : Principe du Keeling plot. A/ Détermination de la concentration en CO 2 ; B/ Détermination du
rapport isotopique de ce CO2. ........................................................................................................................................ 90
Figure V-15 : Différentes étapes réalisées pour le dosage du toluène par µGC. .......................................................... 92
Figure V-16 : Schéma d’une cellule de Thoma .............................................................................................................. 94
Figure V-17 : Photographie prise au microscope optique, grossissement x 1000, après coloration LIVE/DEAD
d’un échantillon d’une colonne BIOPHY (Juillet 2012). Les bactéries vivantes sont colorées en vert, alors que les
bactéries mortes sont colorées en rouge. ....................................................................................................................... 95
Figure V-18 : Acquisition des paramètres physico-chimiques. ...................................................................................... 95
Figure V-19 : Photographie de la dameuse manuelle : une masse mobile de 500 g est écartée de 20 cm du socle
posé sur le sable, puis lâchée. L’opération est répétée trois fois à trois hauteurs de la colonne pour tasser le
sable. .............................................................................................................................................................................. 96
Figure V-20 : Présentation d’une expérience BIOPHY complète à quatre colonnes : deux inoculées identiques
(C1 et C2) pour un duplicat des mesures. Et deux non-inoculées, une avec (C3) et une sans (C4) toluène, comme
témoins. .......................................................................................................................................................................... 97
Figure V-21 : Diférents types d’essais menés pendant la thèse : A/ Colonnes non-inoculées en boucle fermée ;
B/ Colonnes Inoculées en boucle fermée et C/ Colonnes inoculées en boucle ouverte. ................................................. 98
Figure VI-1 : Diagramme donnant la section géologique du terrain d’étude.............................................................. 100
Figure VI-2 : Cartes des concentrations en BTEX mesurées dans les puits de surveillance (Septembre 2013) :
A/ Benzène, B/ Toluène, C/ Ethyle-benzène et D/ Xylènes. L’ancien parc à cuves correspond à la zone source de
la pollution, et la flèche indique le flux de direction Nord-Ouest de la nappe............................................................. 101

11
Figure VI-3 : Cartes des concentrations en accepteurs d’électrons dans les puits de surveillance (Septembre
2013) : A/ sulfates et B/ nitrates. L’ancien parc à cuves correspond à la zone source de la pollution, et la flèche
indique le flux de direction Nord-Ouest de la nappe . ................................................................................................. 102
Figure VI-4 : Cartes de l’emplacement A/ des 4 profils électriques et B/ des 21 embases utilisées pour poser la
chambre du SPIRIT, pour la campagne de mesures préliminaires (géophysique : mai 2012, Gaz : Septembre
2013). ........................................................................................................................................................................... 104
Figure VI-5 : Configuration dipôle-dipôle du profil permanent : une flute d’électrodes est utilisée pour
l’injection de courant, et une autre flûte pour la mesure du potentiel. ........................................................................ 106
Figure VI-6 : Cartes de l’emplacement A/ Des puits de surveillance, de la barrière réactive, et des puits de
pompage et injection de la barrière ; B/ des profils électriques : un permanent perpendiculaire à la barrière
P1 (une mesure tous les deux jours), un temporaire parralèle à la barrière P2 (1 mesure par mois) ; et C/ des
21 embases utilisées pour poser la chambre du SPIRIT. ............................................................................................. 108
Figure VII-1 : A/ circuit R(RC) connu et Mesures de la répoNse électrique complexe du circuit obtenues sur B/
le GDP 32II (Zonge), sur C/ un Potentiostat/Galvanostat récent (PAR nouveau) et sur D/ un Potentiostat/
Galvanostat ancien (PAR ancien), comparées au modèle théorique. .......................................................................... 112
Figure VII-2 : Phase de la résistivité complexe d’une colonne d’eau salée (σ = 2050 µS/cm), mesurée sur trois
couples d’électrodes Cu/CuSO4, B/ avec le GDP 32II, C/ avec le PAR récent et D/ avec le Par ancien. .................. 113
Figure VII-3 : Amplitude de la résistivité complexe d’une colonne d’EAU salée (σ = 2050 µS/cm), mesurée sur
trois couples d’électrodes Cu/CuSO4, B/ avec le GDP 32II, C/ avec le PAR récent et D/ avec le Par ancien. ........... 114
Figure VII-4 : Phase de la résistivité complexe d’une colonne de sable saturé d’eau salée (σ = 1858 µS/cm),
mesurée sur trois couples d’électrodes Cu/CuSO4, avec le GDP 32II, et sur un couple avec le PAR récent. ............. 115
Figure VII-5 : Evolution de la population bactérienne dans les colonnes inoculées C1 et C2, à gauche, et pour
les colonnes non inoculées C3 et C4, à droite. Pour les colonnes C1 et C2, en circuit ouvert, la flêche bleue
indique l’ouverture du circuit après une période d’inoculation en circuit fermé. ....................................................... 117
Figure VII-6 : Photographie prise au microscope optique du biofilm bactérien détaché d’un échantillon de
sable, prélevé en tête de colonne C1 (jour 22). Le Biofilm semble inclure une gouttelette de toluène. ....................... 117
Figure VII-7 : Graphique des quantités cumulées de toluène perdues dans la colonne non-inoculée C3 (ronds
noirs) et dans les colonnes inoculées C1 et C2 (carrés oranges et triangles bleus respectivement). La flèche noire
indique l’injection de toluène dans la colonne C3 ; les flèches bleues indiquent la première injection de toluène
dans les colonnes C1 et C2, et le moment où la concentration de toluène a été multipliée par deux. ......................... 119
Figure VII-8 : Evolution de la concentration en CO2, du δ13C(CO2) et δ13C(toluène) en S3 dans les colonnes
inoculées C1 et C2, à gauche, et Evolution de la concentration en CO 2 et δ13C(toluène) en S3 pour les colonnes
non inoculées C3 et C4, à droite. Pour les colonnes C1 et C2, en circuit ouvert, la première flêche bleue indique
l’ouverture du circuit après une période d’inoculation en circuit fermé et le premier ajout de toluène, la
deuxième flèche indique le moment où la concentration en toluène a été multipliée par deux. ................................... 121
Figure VII-9 : Evolution de la concentration en toluène dans l’alimentation, en S1 et S3, et evolution du
δ13C(CO2) en fonction du volume d’eau déplacé dans la colonne pour les colonnes inoculées C1 et C2. Les
triangles rouges figurent les ajouts de toluène dans la bonbonne d’alimentation. ...................................................... 122
Figure VII-10 : Evolution de la concentration en CO2, du δ13C(CO2) et δ13C(toluène) en S3 dans les colonnes
inoculées C1_bis et C2_bis. ......................................................................................................................................... 123
Figure VII-11 : Evolution de δ13C(toluène) en S1 et S3 en fonction du temps pour les deux colonnes inoculées
C1 et C2. ...................................................................................................................................................................... 123
Figure VII-12 : Evolution de δ13C(toluène) en S1 et S3 (en haut) et de δ13C(CO2) (en bas), en fonction de la
concentration en toluène et en CO2 respectivement, pour les deux colonnes inoculées C1 et C2. .............................. 124
Figure VII-13 : Evolution de δ13C(DIC) en S1, S3 et en sortie en fonction du temps pour les deux colonnes
inoculées C1 et C2. ...................................................................................................................................................... 125
Figure VII-14 : Evolution de δ13C(DOC) dans l’alimentation, en S1, S3 et en sortie en fonction du temps pour
les deux colonnes inoculées C1 et C2. ......................................................................................................................... 125
Figure VII-15 : Evolution de l’alcalinité du fluide à differents niveaux des colonnes C1 et C2 (alimentation,
S1 et S3), et évolution du pH au cours du temps. ......................................................................................................... 126

12
Figure VII-16 : A/ Répartition des espèces carbonatées en solution en fonction du pH à 25°C (D’après
Stumm et Morgan, 2012). B/ Fractionnement isotopique au moment des changements de phase entre les
différentes espèces carbonatées [Mook and Tan, 1991]. ............................................................................................. 127
Figure VII-17 : Résultats de l’essai inoculé C1_ter : A/ Evolution de la phase et de l’amplitude de la résistivité
complexe à 0.5 Hz mesurée en E2E5 (milieu de colonne) par le GDP 32II. B/ Evolution de la population
bactérienne en S2 (milieu de colonne) et de la concentration en toluène en S2. ......................................................... 128
Figure VII-18 : Evolution de la résistivité complexe (phase et amplitude) a 0.5 Hz, mesurée avec le GDP 32II,
pour trois couples de mesure des deux colonnes inoculées : E1E4, E2E5 et E3E6. .................................................... 130
Figure VII-19 : Evolution de la résistivité complexe (phase et amplitude) a 0.5 Hz, mesurée avec le GDP 32II,
pour trois autres couples de mesure des deux colonnes inoculées : E1E2, E3E4 et E5E6. ......................................... 131
Figure VII-20 : Evolution de la résistivité complexe (phase et amplitude) a 0.5 Hz, mesurée avec le GDP 32II,
pour trois couples de mesure des deux colonnes témoins : E1E4, E2E5 et E3E6........................................................ 132
Figure VII-21 : A/ Evolution de la phase et de l’amplitude de la résistivité complexe à 0.5 Hz mesurée en E2E5
(milieu de colonne) par le GDP 32II, de la concentration en CO 2 et de la population bactérienne en S2 (milieu de
colonne) sur les 15 premiers jours de l’essai C1. B/ Spectres de la phase de la résistivité complexe mesurée en
E2E5 (milieu de colonne) par le GDP 32II. ................................................................................................................. 133
Figure VII-22 : A/ Evolution de la phase et de l’amplitude de la résistivité complexe à 0.5 Hz mesurée en E2E5
(milieu de colonne) par le PAR ancien, de la concentration en CO 2 et de la population bactérienne en S2 (milieu
de colonne) sur les 15 premiers jours de l’essai C1. B/ Spectres de la phase de la résistivité complexe mesurée en
E2E5 (milieu de colonne) par le PAR ancien. .............................................................................................................. 134
Figure VII-23 : Spectres de la phase de la résistivité complexe mesurés avec le GDP 32II sur trois couples
d’électrodes, pour l’état zéro des colonnes C1 et C2, et pour les mêmes colonnes remplies de sable saturé d’eau
du robinet à la fin de l’essai de 58 jours. ..................................................................................................................... 135
Figure VII-24 : Evolution de la phase et de l’amplitude de la résistivité complexe à 0,5 Hz, mesurée en E2E5
(milieu de colonne) par le GDP 32II, de la concentration en CO 2 et de la population bactérienne en S2 (milieu de
colonne), pour l’essai C1. ............................................................................................................................................ 137
Figure VIII-1 : coupes de résistivité électrique (en haut) et de la chargeabilité normalisée (en bas) des profils
P1 et P3, transverses au panache de pollution. ........................................................................................................... 139
Figure VIII-2 : Carte de la chargeabilité normalisée à 2,5 m de profondeur pour la campagne de géophysique
préliminaire (mai 2012). .............................................................................................................................................. 140
Figure VIII-3 : Cartes A/ des flux de CO2 en surface et B/ des rapports isotopiques du carbone du CO 2 pour la
campagne d’analyse des gaz préliminaire (septembre 2013). ..................................................................................... 141
Figure VIII-4 : Coupes de résistivité électrique (en haut) et de chargeabilité normalisée (en bas) du profil
Permanent P1, mesurés en février (etat zéro), Mai et août 2014. ................................................................................ 143
Figure VIII-5 : Coupes de résistivité électrique (en haut) et de la chargeabilité normalisée (en bas) du profil
ponctuel P2, mesurés en février (etat zéro), Mai et août 2014. ................................................................................... 144
Figure VIII-6 : Cartes des flux de CO2 mesurés en février 2014 (état zéro), et après l’activation de la barrière
réactive en Avril 2014 (Avril à Aout 2014). ................................................................................................................. 147
Figure VIII-7 : Cartes des δ13C(CO2) mesurés en février 2014 (état zéro), et après l’activation de la barrière
réactive en Avril 2014 (Avril à Aout 2014). ................................................................................................................. 148
Figure VIII-8 : Cartes des flux de CO2 corrigés du biais induit par la météo, par rapport à l’embase de référence
n°7, pour Avril 2014 à Aout 2014. ............................................................................................................................... 149
Figure 0-1 : trois modèle de la double couche électrique. De Gauche à droite : modèle de Helmholtz, modèle de
Gouy Chapman et modèle de la triple couche de Stern. .............................................................................................. 170
Figure 0-1 : Influence des paramètres Cole-Cole sur les spectres de la phase (en haut) et de l’amplitude (en bas)
de la résistivité complexe. ............................................................................................................................................ 174
Figure 0-1 : Schéma descriptif des différentes parties du GDP 32II. .......................................................................... 225
Figure 0-2 : Schéma descriptif du couvercle du GDP 32II. ........................................................................................ 226
Figure 0-3 : Schéma descriptif du tableau de bord du GDP 32II. ............................................................................... 226
Figure 0-4 : Photo du LDT-10. .................................................................................................................................... 227
Figure 0-5 : Ecran du mode CR. .................................................................................................................................. 228
Figure 0-6 : Schéma du dispositif de calibration du GDP-32. .................................................................................... 228
Figure 0-7 : Ecran du mode Calibration ..................................................................................................................... 229

13
Figure 0-8 : Schéma de montage du GDP pour effectuer une mesure. ........................................................................ 230
Figure 0-1 : a) Electrode Cu/CuSO4 de type tube sur le modèle de l’IPGP ; b) Zoom sur le filtre en bout
d’électrode ; c) Remplissage du filtre par une pompe à vide : l’extrémité de l’électrode est plongée dans la
solution de CuSO4 et le gel est aspiré à l’intérieur du tube ; d) Gel de CuSO4. .......................................................... 231
Figure 0-2 : a) Electrode Cu/CuSO4 de type cône ; b) Mise en place du bouchon de l’électrode ; c) Trois
électrodes dans le bain à ultrasons ; d) Zoom sur le frité Vycor en bout d’électrode. ................................................ 232
Figure 0-3 : Test de la stabilité de deux types d’électrodes Cu/CuSO4 : 4 électrodes sont plongées dans une
cellule électrochimique remplie d’une solution de KCl. la ddp (mV) de chacune des électrode est mesurée par
rapport à une électrodes de référence ECS. ................................................................................................................. 233
Figure 0-4 : Evolution de la différence de potentiel de quatre électrodes Cu/CuSO 4 de type cône par rapport à
une électrode de référence ECS, dans une solution de KCl, au cours du temps. Une fois l’électrode de référence
régénérée (t=24h), la ddp des quatre électrodes Cu/CuSO4 est stable. ....................................................................... 234
Figure 0-5 : Evolution de la différence de potentiel de quatre électrodes Cu/CuSO 4 de type tube par rapport à
une électrode de référence ECS, dans une solution de KCl, au cours du temps. A 24h, l’électrode de référence a été
régénérée ce qui explique le « saut » des ddp. ............................................................................................................. 234
Figure 0-6 : Electrodes Cu/CuSO4 placées sur les colonnes remplies d’une solution de KCl : type cône à gauche,
type tube à droite. Injection de courant en haut et en bas de la colonne (électrodes A et B) et mesure de potentiel
le long de la colonne (électrodes Cu/CuSO4, E1 à E6). ............................................................................................... 235
Figure 0-7 : Phase de la résistivité complexe d’une colonne d’eau salée, mesurée par le GDP 32 en mode 16 bits,
pour le couple E2E5, sur les électrodes de type cône (ronds pleins) et de type tube (losanges vides). Les barres
d’erreur correspondent à un écart type calculé sur 6 mesures par fréquence. ............................................................ 236
Figure 0-8: Phase de la résistivité complexe mesurée sur différents couples d’électrodes de mesures, avec le
GDP 32 en mode 16 bits, pour les électrodes de type cône. Des fluctuations de la phase sont observées
lorsqu’une ou les deux électrodes de mesure sont trop proches des électrodes d’injection. ....................................... 237
Figure 0-9 : Phase de la résistivité complexe mesurée avec différents appareils (GDP 32 en modes 16 et 24 bits,
et les deux Princeton, l’ancien et le nouveau) pour les électrodes de type cône, pour le couple E2E5. ...................... 238
Figure 0-10 : Phase de la résistivité complexe mesurée avec différents appareils (GDP 32 en modes 16 et 24 bits,
et les deux appareils PAR, l’ancien et le nouveau) pour les électrodes de type tube, pour le couple E2E5. ............... 238
Figure 0-11 : Phase de la résistivité complexe mesurée le 28/10 (jour 1 après immersion), le 30/10 (jour 3) et
le 4/11 (jour 8) avec le GDP en mode 16 bits, pour les électrodes de type cône, pour le couple E2E5. ..................... 240
Figure 0-12 : Phase de la résistivité complexe mesurée le 28/10 (jour 1 après immersion), le 30/10 (jour 3) et
le 4/11 (jour 8) avec le GDP en mode 16 bits, pour les électrodes de type tube, pour le couple E2E5. ...................... 240
Figure 0-13 : Phase de la résistivité complexe mesurée une fois par jour avec les appareils PAR, pour les
électrodes de type tube, pour le couple E2E5. ............................................................................................................. 241
Figure 0-14 : Phase de la résistivité complexe mesurée une fois par jour avec les appareils PAR, pour les
électrodes de type cône, pour le couple E2E5.............................................................................................................. 242
Figure 0-15 : Phase de la résistivité complexe d’une colonne de sable saturé, mesurée par le GDP 32 en mode
16 bits, pour le couple E2E5, sur les électrodes de type cône (ronds pleins) et de type tube (losanges vides).
Les barres d’erreur correspondent un écart type calculé sur 6 mesures par fréquence. ............................................. 243
Figure 0-16 : Phase de la résistivité complexe mesurée sur une colonne de sable saturé, sur différents couples
d’électrodes de mesures, avec le GDP 32 en mode 16 bits, pour les électrodes de type cône. .................................... 244
Figure 0-17 : Phase de la résistivité complexe mesurée le 05/11 (jour 1 après immersion) et le 12/11 (jour 8)
avec le GDP en mode 16 bits, pour les électrodes de type cône, pour le couple E2E5, sur une colonne de sable
saturé............................................................................................................................................................................ 245
Figure 0-18 : Phase de la résistivité complexe mesurée le 05/11 (jour 1 après immersion) et le 12/11 (jour 8)
avec le GDP en mode 16 bits, pour les électrodes de type tube, pour le couple E2E5, sur une colonne de sable
saturé............................................................................................................................................................................ 246
Figure 0-19 : Phase de la résistivité complexe mesurée une fois par jour avec les appareils PAR, pour les
électrodes de type tube, pour le couple E2E5, pour une colonne de sable saturé. ...................................................... 246
Figure 0-20 : Phase de la résistivité complexe mesurée une fois par jour avec les appareils PAR, pour les
électrodes de type cône, pour le couple E2E5, pour une colonne de sable saturé. ...................................................... 247

14
Figure 0-21 : Amplitude de la résistivité complexe d’une colonne d’eau salée, mesurée par le GDP 32 en mode
16 bits, pour le couple E2E5, sur les électrodes de type cône (ronds pleins) et de type tube (losanges vides).
Les barres d’erreur correspondent un écart type calculé sur 6 mesures par fréquence. ............................................. 248
Figure 0-22 : Amplitude de la résistivité complexe d’une colonne de sable saturé, mesurée par le GDP 32 en
mode 16 bits, pour le couple E2E5, sur les électrodes de type cône (ronds pleins) et de type tube (losanges vides).
Les barres d’erreur correspondent un écart type calculé sur 6 mesures par fréquence. ............................................. 248
Figure 0-1 : Profils CE-SSCP établis pour les Colonnes C1 (en haut) et C2 (en bas), à différentes hauteurs
(S1, S2 et S3), à T final................................................................................................................................................. 254
Figure 0-2 : Comparaison des Profils CE-SSCP C1_S1 et C2_S1 (en haut) et C1_S2 et C2_S2 (en bas), à T final. . 254
Figure 0-3 : Evolution au cours du temps des Profils CE-SSCP de la colonne C2. .................................................... 255

15
GLOSSAIRE
Liste des termes, variables, abréviations utilisés dans ce document.

A. GÉOPHYSIQUE

a: constante dépendant de la lithologie (loi d’Archie)

CR : Complex Resistivity, méthode de résistivité complexe (= SIP)

I [A] : intensité du courant électrique

IP : Induced polarization (= PP)

D [C.m-2] : induction électrique

DCE : Double Couche Électrique

ddp : différence de potentiel (= ΔV)

ΔV [V] : différence de potentiel électrique (= ddp)

E [V.m-1] : champ électrique

EM : électromagnétique

ER : Electric resistivity

ε [F/m] : permittivité diélectrique

ε0 [F/m] : permittivité diélectrique du vide

ε* [F/m] : permittivité diélectrique complexe (sous-entendue ε*eff, la permittivité diélectrique effective


complexe)

f [Hz] : fréquence

F: facteur de formation (loi d’Archie)

GPR : Ground Penetrating Radar

J [A.m-2] : densité de courant totale

Jc [A.m-2] : densité de courant de conduction

Jd [A.m-2] : densité de courant de déplacement

k [m] : facteur géométrique (passage de la résistance à la résistivité électriques)

Keff : permittivité relative effective (permittivité électrique du milieu ramenée à celle du vide Keff =
ε*/ε0)

m: facteur de cimentation (loi d’Archie)

M [mV/V] : Chargeabilité

Ma [mV/V] : Chargeabilité apparente définie par Seigel (1959)

16
Mn [µS/m] : Chargeabilité normalisée définie par Slater et Lesmes, 2002. Chargeabilité divisée par la
résistivité.

ω [rad.s-1] : pulsation (= 2πf)

P [C.m-2] : polarisation

PP : Polarisation Provoquée (= IP)

Φ [%] : porosité

ϕ [rad] : phase, déphasage de la résistivité complexe (<0) ou de la conductivité complexe (>0).

R [Ω] : résistance électrique

ρ [Ω.m] : résistivité électrique (= résistivité DC)

ρ* [Ω.m] : résistivité électrique complexe (sous-entendue ρ*eff, la résistivité électrique effective


complexe), avec ρ’ et ρ’’ les parties réelles et imaginaires respectivement, et |ρ*| son amplitude.

ρa [Ω.m] : résistivité apparente. Pondération de toutes les valeurs de résistivité vraie pour chaque
composante du milieu.

ρw [Ω.m] : résistivité de l’eau d’imbibition

SIP : Spectral Induced Polarization, Polarisation provoquée en domaine temporel (= CR)

Sw : saturation en eau

σ [S/m] : conductivité électrique

σ* [S/m] : conductivité électrique complexe (sous-entendue σ*eff, la conductivité électrique effective


complexe), avec σ’ et σ’’ les parties réelles et imaginaires respectivement, et |σ*| son
amplitude.

σsurf [S/m] : conductivité dite de surface

σel [S/m] : conductivité de l’électrolyte, dite de volume

σw [S/m] : conductivité du fluide

TDIP : Time Domain Induced Polarization, Polarisation provoquée en domaine temporel

Z* [Ω] : impédance complexe

B. GÉOCHIMIE

A: absorbance de la lumière

αB/A : facteur de fractionnement isotopique ou coefficient de fractionnement entre les phases A et B

CO2 : Dioxyde de carbone

CSIA : Coumpound-specific Stable Isotope Analysis

DIC : Dissolved Inorganic Carbon, carbone inorganique total

17
DOC : Dissolved Organic Carbon, carbone organique dissous

δ13C [‰] : écart isotopique du carbone

ΔB-A : fractionnement isotopique entre deux phase A et B

Eh [mV] : potentiel redox

ε [‰] : facteur d’enrichissement isotopique ( = (α-1)*1000).

GC : Gas Chromatography

GES : Gaz à Effet de Serre

H 2O 2 Eau oxygénée

IRIS : Isotope Ratio Infrared Spectrometry

IRMS : Isotope Ratio Mass Spectroscopy

λ [m] : longueur d’onde

NPOC : Non Purgeable Organic Carbon

O2 : oxygène

pH : potentiel hydrogène

ppb : Partie par milliard

ppm : Partie par million

ppmV : Partie par million par volume

QCL : Lasers à cascades quantiques

R: rapport isotopique, rapport de l’isotope lourd et rare sur l’isotope léger et abondant

SPIRIT : SPectromètre Infra-Rouge In situ Troposphérique

T: transmission de la lumière

%T [%] : pourcentage de transmission ou transmittance

VPDB Vienna Pee Dee Belmnite (référence internationale pour le calcul du δ13C)

C. MICROBIOLOGIE

AFM : microscopie à force atomique

Cellule de cellule de comptage des bactéries au MO


Thoma :

DO 600 : Densité Optique à 600 nm

Formaldéhyde : inhibiteur de la respiration bactérienne

18
MO : Microscope Optique

Planctonique Libre, dans le fluide (≠ Sessile)

Sessile Fixé sur le substrat (≠ Planctonique)

R. w. : Rhodococcus wratislaviensis

D. SITES ET SOLS POLLUÉS

ADEME : Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie.

Aérobie : En présence d’oxygène (≠ Anaérobie)

Anaérobie : En l’absence d’oxygène (≠ Aérobie)

Atténuation Procédé de traitement des sites et sols pollués qui regroupe tous les processus faisant intervenir
naturelle : des phénomènes de dispersion, dilution, adsorption, dégradation chimique ou biologique ayant
pour effet de réduire la masse, le volume, la concentration, la disponibilité ou la toxicité d’une
pollution.

BASIAS : Banque de données gérée par le BRGM qui garde en mémoire l’ensemble des sites ayant
connu une pollution d’origine industrielle.

BASOL : Base de données du Ministère de l’Environnement qui recense l’ensemble des sites pollués
français

Biodégradation Désigne le processus de dégradation de substances organiques par l'action de micro-


organismes aérobies ou anaérobies.

BTEX Benzène, Toluène, Ethyle-benzène, Xylènes

DNAPL : Dense Non-Aqueous Phase Liquids (≠ LNAPL)

LNAPL : Light Non-Aqueous Phase Liquids (≠ DNAPL)

PCE : perchloroéthylène

E. AUTRES

ANR : Agence Nationale pour la Recherche

BIOPHY : Optimisation de procédés de BIOdépollution des eaux souterraines contaminées par des
hydrocarbures par un monitoring géoPHYsique et analyse de gaz en ligne. Projet ANR
ECOTECH 2010.

BRGM : Bureau de Recherche Géologique et Minière

CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique

GEIS : Galvanostatic Electrochemical Impedance Spectroscopy

IFP-EN : Institut Français du Pétrole – Energies Nouvelles

ISTO : Institut des Sciences de la Terre d’Orléans (CNRS, Orléans)

19
LPC2E Laboratoire de Physique et de Chimie de l’Environnement et de l’Espace (CNRS, Orléans)

MP35N : alliage inoxydable à base de nickel/cobalt

PAR : Princeton Applied Research

PVDF : PolyViniliDene Fluoride, Polyfluorure de vinylidène ou Kynar®

SIE : Spectroscopie d’Impédance Electrochimique

ζ [V] : Potentiel zêta

20
I. INTRODUCTION
La France compte aujourd’hui 5775 sites industriels dont le sous-sol est pollué par des métaux lourds ou des
hydrocarbures, qui présentent un risque pour la santé ou l’environnement et nécessitent la mise en œuvre de
travaux de réhabilitation [BASOL - Ministère de l'Écologie, 2014].

Des traitements in situ comme la biodégradation, basée sur la dégradation des contaminants organiques par des
micro-organismes, peuvent être envisagés dans le cadre de la dépollution. Il s’agit de techniques prometteuses
mais qui nécessitent d’améliorer les outils de suivi de l’évolution de la décontamination. Actuellement, la
surveillance se fait principalement à l’aide d’analyses d’échantillons prélevés dans des forages. Ces analyses
permettent de déterminer avec précision le niveau de contamination. Cependant, les informations obtenues sont
ponctuelles et leur représentativité à l’échelle de la zone étudiée est souvent difficile à déterminer. En outre, pour
des raisons principalement économiques, le nombre de forages et d’analyses est souvent limité.

Dans le but de pallier le manque d’informations entre les forages et de proposer un suivi plus léger et à moindre
coût, il serait avantageux d’utiliser des techniques non-destructrices et rapides qui permettent d’obtenir des
données sur de larges surfaces. Les méthodes géophysiques, qui possèdent un caractère intégrateur, répondent à
ces contraintes et offrent la possibilité de mesurer différents paramètres susceptibles d’être influencés par la
variation des propriétés physico-chimiques du sous-sol. De ce fait, après avoir été largement utilisées en
prospection pétrolière ou minière par exemple, elles sont de plus en plus mises en œuvre sur des sites pollués
afin de délimiter les zones contaminées et de suivre leur dépollution.

De plus, les approches classiques basées sur le suivi de la concentration des polluants sont parfois insuffisantes
pour démontrer formellement la biodégradation des polluants. En effet, cette diminution peut être due à des
effets de sorption, de dilution, de dégazage… Seule la dégradation provoque une perte nette des polluants et la
réduction durable de la pollution. Une approche isotopique, comme l’analyse de l’isotopie du carbone du CO2
provenant de la biodégradation d’hydrocarbures, permettrait d’obtenir les informations nécessaires pour estimer
l’efficacité des processus de dégradation.

Ce chapitre introductif détaille la problématique des sols pollués en France (réglementation, marché, techniques
de dépollution), ainsi que le besoin de nouvelles techniques de surveillance. Il présente l’intérêt de la mise en
place du couplage de deux méthodes non-destructrices, les méthodes géophysiques électriques et les analyses de
gaz en surface, pour améliorer le suivi d’une biodégradation d’hydrocarbures.

A. LA PROBLÉMATIQUE DES SOLS POLLUÉS ET LEUR DÉPOLLUTION


Les sols pollués sont, le plus souvent, la conséquence d’activités industrielles plus ou moins récentes. La
pollution anthropogénique est liée à l'énergie consommée (hydrocarbures) et aux divers procédés de
transformation et de fabrication (par exemple, récupération métallurgique, traitement des métaux, fabrication de
peinture,…). Les polluants se concentrent dans le sol, par infiltration, suite à des déversements ou à des fuites
accidentelles de produits toxiques. Ce n'est pas uniquement la présence de polluants dans le sol qui pose un
problème, mais le fait qu'ils puissent être mobiles, partiellement ou totalement solubles, et puissent atteindre sous
forme de panache de pollution les eaux souterraines, voire les captages d’alimentation en eau potable (AEP) avec
tous les risques que cela implique sur la faune, la flore et la santé des populations locales.

1. RÉHABILITATION DES SOLS ET DES EAUX SOUTERRAINES : LA RÉGLEMENTATION ET


LE MARCHÉ FRANÇAIS DE LA DÉPOLLUTION

L’ensemble des sites pollués français est inscrit dans la base de données BASOL du Ministère de
l’Environnement, créée dans les années 1990 (Arrêté du 17 octobre 1994 - JO n° 254 du 1er novembre 1994).
Cette inscription peut survenir lors d’une inspection des services de l’Etat, au moment d’une cessation d’activité
ou à l’initiative des exploitants en cas de pollution accidentelle.

21
En France, la grande majorité de ces sites se trouvent dans des anciennes régions minières ou les régions les plus
urbanisées comme l’Ile-de-France, le Nord-Pas-de-Calais ou la région Rhône-Alpes. Les polluants les plus
souvent retrouvés dans les nappes phréatiques contaminées sont les hydrocarbures (25 % des sites contaminés
recensés), dont les hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP (11 % des sites), les solvants halogénés
(9,5%), et les métaux lourds (plomb 12 %, chrome 9,5 %, cuivre 9,5 %, arsenic 9 %, nickel 6,5 %, mercure
3,5 %) [BASOL - Ministère de l'Écologie, 2014].

Un peu plus de 11 % des 5775 sites recensés en 2014 ont été dépollués et entièrement banalisés. Une fois les
sites nettoyés, ils sont supprimés de l’inventaire BASOL et rejoignent une autre banque de données, gérée par le
BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), qui garde en mémoire l’ensemble des endroits ayant
connu une pollution d’origine industrielle (BASIAS - Arrêté du 10 décembre 1998 - J.O. Numéro 89 du 16 avril
1999).

Après le recensement des sites qui permet d’identifier la nature des contaminants, des chantiers de réhabilitation
peuvent être enclenchés. Théoriquement, c’est à l’exploitant responsable de la pollution ou, à défaut, le
propriétaire du terrain, de procéder à la dépollution de la zone (Directive Européenne 2004/35/CE du 21 avril
2004). Mais, il arrive que les propriétaires restent introuvables. Ces sites, appelés « sites à propriétaires
défaillants ou sites orphelins » sont de la responsabilité de la collectivité, et ils sont gérés par l’ADEME.

La politique de réhabilitation et de traitement des sites est une politique de gestion des risques en fonction de
l’usage : le traitement d’un site doit être fait en fonction de son impact sur l’environnement et de l’usage auquel
il est destiné. Ainsi, la circulaire du 10 décembre 1999 relative aux sites et sols pollués et aux principes de
fixation des objectifs de réhabilitation, donne les outils pour le diagnostic approfondi et l’évaluation détaillée des
risques (EDR). Cette politique fixe les usages des sols compatibles avec les pollutions résiduelles après
traitement du site et elle instaure des actions de prévention et de surveillance de l’environnement autour des
installations classées [Ministère de l'Ecologie].

Le chiffre d’affaires du marché de la dépollution des sols a été estimé à plus de 325 millions d’euros pour
l’année 2010 [ADEME, 2012]. La demande était répartie comme suit : environ 70 % des terres polluées traitées
provenaient de chantiers pour des clients industriels ; environ 30 % des terres polluées provenaient de chantiers
d’aménagement : 17 % pour des aménageurs privés et 13 % pour des aménageurs publics. En ce qui concerne les
chantiers de dépollution des eaux souterraines, 99% de la demande émanait des industriels.

Indépendamment de la réglementation française qui pousse les industriels à traiter les pollutions, la demande du
secteur immobilier est un autre facteur important de ce secteur d’activités. En effet, en 2010, le nombre des
permis de construire a augmenté de 14 % par rapport à 2009, ce qui reflète cette demande. En outre, la tendance
actuelle en faveur du développement durable vise à limiter l’étalement urbain et favorise la réhabilitation de sites
plutôt que l’aménagement de nouveaux sites naturels.

2. LES TECHNIQUES DE DÉPOLLUTION

Il existe plusieurs méthodes de dépollution pour traiter les sols et les nappes d’eaux souterraines contaminés.
Elles se distinguent par leur mode de mise en œuvre : techniques hors site, sur site et in situ [Lecomte, 1998].

Les traitements hors site et sur site consistent à excaver les terres et/ou à pomper les eaux polluées pour, soit les
acheminer vers un centre de dépollution (hors site), soit les traiter sur place grâce à une installation de
dépollution temporaire (sur site). Les traitements in situ se réalisent directement dans le milieu pollué, sans
bouger les terres contaminées.

La dépollution peut se faire par :

· Des traitements physico-chimiques, où les polluants sont dissous à l'aide de solvants pour les extraire ;
· Des traitements chimiques, qui consistent à injecter un réactif dans le sol qui entrera directement en contact
avec le polluant pour le détruire ou le solubiliser et ainsi le transformer en un composé moins toxique ;

22
· Des traitements thermiques, où le principe est de porter le matériel pollué à haute température pour le
détruire, le volatiliser, le solubiliser, l’extraire, l’immobiliser ;
· Confinement (piégeage) des eaux et terres polluées pour éviter la migration des polluants ;
· Des traitements biologiques, qui s’appuient sur le métabolisme et l’activité des êtres vivants (bactéries,
champignons, plantes) pour dégrader les polluants : la biodégradation. Parmi les méthodes de
biodégradation in situ, la bio-stimulation et la bio-augmentation consistent à dégrader les polluants par des
microorganismes endogènes (présents naturellement dans le milieu) ou exogènes (étrangers au milieu, que
l’on injecte) que l’on stimule par l’apport de nutriments et d’oxygène (bactéries aérobies) ou d’hydrogène
(bactéries anaérobies). Une autre technique consiste à extraire les polluants du sol via des végétaux : la
phyto-extraction. Cette technique est principalement appliquée aux pollutions par des métaux.

Le choix des techniques est guidé par un compromis technico-économique. Il dépend de la taille du chantier, du
type de pollution, de la nature du sol, des délais de décontamination, des risques pour les opérateurs et des coûts
des traitements. De plus, les textes réglementaires du 8 février 2007, dans une logique de développement
durable, privilégient les traitements in situ plutôt que l’excavation et l’élimination hors site [ADEME, 2012].

L’étude qui suit concernera plus particulièrement les processus de bio-remédiation in situ : bio-stimulation et
bio-augmentation aérobie.

B. BESOIN DE NOUVELLES TECHNIQUES DE SURVEILLANCE IN SITU


Les processus de biodégradation sont efficaces - les microflores de l’environnement ont des capacités élevées de
dégradation de l’essence (plus de 85 %) [Majone et al., 2014 ; Solano-Serena et al., 2001] - et très compétitifs en
termes de coûts, même si les durées de traitement (cinétiques des processus) sont généralement plus longues que
dans le cas des techniques sur site ou hors site. Certains systèmes bactériens sont capables de rejeter uniquement
des produits inoffensifs tels que l’eau et le dioxyde de carbone. Il y a donc un minimum d'impact sur
l’écosystème et pas, ou peu, de production de déchets après traitement.

Le principal inconvénient de cette catégorie des techniques est le fait qu’elle nécessite la présence de bactéries
compétentes, la survie et la croissance de ces bactéries. De plus, l’efficacité de la biodégradation est aussi liée à
la disponibilité d’accepteurs et de donneurs d’électrons, de nutriments minéraux (riches en N, P, K, …) et d’un
pH adéquat au métabolisme bactérien.

Des variations de pH ou de température peuvent entraver la croissance bactérienne et diminuer les rendements de
dépollution. Par conséquent, la biodégradation nécessite un monitoring approprié pour pouvoir ajuster les
différents paramètres pour obtenir les meilleurs rendements de dépollution.

Les hétérogénéités de répartition de la pollution dans le sous-sol constituent également des freins à l’atteinte des
objectifs de dépollution. En effet, la dispersion des polluants n’est pas homogène et il existe plusieurs zones
sources disséminées dans le milieu (dites « pool » en anglais), ainsi que des zones de résurgences (« back-
diffusion ») après une dépollution [Carey et al., 2014] . Cette répartition irrégulière complexifie encore plus la
dépollution.

La maîtrise de ces paramètres est primordiale pour l’émergence de ces techniques. En effet, ils posent des
difficultés de pronostic des durées de traitement, de démonstration des atteintes des objectifs de dépollution et de
coûts. Actuellement, une bio-dépollution est menée en grande partie en aveugle, excepté sur quelques forages de
contrôle du site.

23
C. LE PROJET BIOPHY
Le projet ANR BIOPHY (Optimisation de procédés de BIOdépollution des eaux souterraines contaminées par
des hydrocarbures par un monitoring géoPHYsique et analyse de gaz en ligne) a été rédigé et proposé au
financement de l’ANR en 2010 pour répondre au manque d’outils de suivi de la biodégradation de nappes d’eau
souterraines contaminées par des mélanges de composés organiques d’origine pétrolière.

L’objectif du projet est le développement d’une nouvelle méthodologie de surveillance d’une bio-dépollution à
l’aide de méthodes non destructives. Il s’agit d’optimiser le traitement grâce à un suivi continu dans le temps de
l’activité bactérienne et des produits injectés (O2, nutriments,…) et à un criblage haute résolution du terrain
dépollué.

Cette nouvelle méthodologie est basée sur un couplage de techniques géophysiques (variation de la conductivité
électrique des eaux souterraines et effet de polarisation provoquée liée à l’activité bactérienne) et d’analyse de
CO2 (quantification de la respiration bactérienne par analyse de la teneur en CO2 et du ratio isotopique 12C/13C de
son carbone). Ces outils doivent apporter des informations manquantes aux procédés de traitement in situ, sur le
lieu où la biodégradation se produit et sur son efficacité.

En effet, la biodégradation peut conduire à la minéralisation totale du carbone, c’est-à-dire à la transformation


des composés organiques en eau et en CO2. De plus, lors des processus de transformations biologiques naturels,
les deux isotopes stables du carbone (12C et 13C) participent aux réactions, mais les liaisons entre les atomes
légers seront plus rapidement dissociées [Meckenstock et al., 2004]. Les molécules qui comprennent des isotopes
12
C vont donc réagir préférentiellement et le CO2 produit sera appauvri en 13C.

En outre, l’activité bactérienne modifie les propriétés physico-chimiques et électriques du milieu et elle peut être
détectée par des méthodes géo-électriques. La réponse géophysique dépend de la nature du contaminant, de sa
concentration, de son degré de dégradation (atténuation naturelle ou biostimulation) et du type de milieu affecté
par la contamination. Malgré la diversité des réponses, de nombreuses expériences en laboratoire et sur le terrain
ont montré que les sols pollués par des hydrocarbures matures (plus dégradés) étaient caractérisés par une plus
forte conductivité électrique alors que les hydrocarbures sont électriquement résistifs, ainsi que par des effets de
polarisation provoquée (phénomènes d’interactions aux interfaces) [Atekwana and Atekwana, 2010 ; Che-Alota
et al., 2009 ; Davis et al., 2006 ; Abdel Aal et al., 2006 ; Atekwana et al., 2004 ; Sauck, 2000]. Néanmoins, les
paramètres géophysiques mesurés (résistivité électrique, chargeabilité,…) ne peuvent pas être directement reliés
aux paramètres chimiques (concentration en polluants). Ainsi, les méthodes géophysiques doivent
s’accompagner d’autres mesures, comme l’outil isotopique, afin d’optimiser la qualité des diagnostics.

L’amélioration des outils de surveillance de l’activité de biodégradation doit amener un gain sur le coût et la
durée de la décontamination. De plus, cela permettra de gagner en confiance sur les performances du traitement,
et par conséquent favoriser l’acceptabilité de la technique par les prestataires de la dépollution.

Le projet rassemble plusieurs partenaires, universitaires et industriels :

· Le BRGM (Bureau de Recherche Géologique et minière) à Orléans, coordinateur du projet. Le BRGM


travaille depuis plusieurs années dans le domaine du comportement des polluants organiques, du traitement
des eaux et des sols pollués, ainsi que dans le développement de méthodologies de diagnostic et / ou de
monitoring de sites pollués, couplant la géophysique, la chimie et les mesures in situ.
· Le LPC2E (Laboratoire de Physique et Chimie de l’Environnement et de l’Espace) à Orléans est une unité
mixte de recherche (UMR 7328) qui dépend de l'Université d'Orléans et du Centre National de Recherche
Scientifique (CNRS). Le LPC2E s’est intégré dans ce projet dans le but de mieux comprendre les
mécanismes de production de gaz aux cours des processus de dépollution et de développer un capteur de gaz
spécifique à l’analyse des flux de CO2 et du rapport isotopique du carbone à l’interface sol-atmosphère, le
SPIRIT (SPectromètre Infra-Rouge In situ Troposphérique).
· TOTAL Exploration Production, Pôle d’Etude et de Recherche de Lacq (PERL), France. Le projet BIOPHY
s’inscrit pleinement dans les activités du pôle R&D puisqu’il s’agit de développer et d’évaluer de nouveaux

24
outils de surveillance des traitements in situ des nappes d’eau souterraine qui pourront être mis au profit des
sites TOTAL.
· SERPOL, entreprise de dépollution, situé à Vénissieux, France. Dans le projet BIOPHY, SERPOL est
l'industriel chargé de la mise en œuvre des procédés de dépollution sur site, et de leur utilisation future.
· Géosciences Montpellier (UMR 5243 de l’Université de Montpellier II). Ce laboratoire a été intégré à
BIOPHY car un projet en cours portait sur l’étude des processus microbiens aux interfaces roches-fluides
par des mesures électriques au niveau local (à l’échelle micrométrique).

Les travaux sont répartis en sept tâches et sur trois échelles. Outre la tâche 1 dont l’objectif est la coordination du
projet, les actions entreprises visent, dans un premier temps, à développer et tester les nouveaux outils de
monitoring à l’échelle du laboratoire au sein de trois tâches distinctes constituant la phase de recherche
fondamentale :

· la tâche 2 était dédiée au développement du capteur de gaz spécifique à l’analyse des flux de CO 2 et du
rapport isotopique du carbone du LPC2E, le SPIRIT (tâche terminée en janvier 2013) ;
· la tâche 3 visait l’étude des propriétés électriques de surface des bactéries à l’échelle microscopique, afin de
déterminer l’origine des phénomènes observés aux grandes échelles (tâche en partie réalisée par la thèse de
S. Dhahri à Géosciences Montpellier, soutenue en septembre 2013 [Dhahri, 2013]) ;
· la tâche 4 doit permettre de tester sur une même colonne de sol, à l’échelle du laboratoire, le couplage des
deux techniques de monitoring pour le pilotage de tests de biodégradation aérobie d’hydrocarbures.

Dans un second temps, ces outils sont mis en œuvre sur un site expérimental en cours de dépollution. Cette phase
de recherche technologique et appliquée est elle-même séparée en trois tâches distinctes :

· la tâche 5 vise au test à l’échelle du terrain du système de monitoring au cours d’une opération de
dépollution avec pour objectif de permettre l’optimisation du procédé grâce au système de surveillance en
ligne ;
· la tâche 6 est dédiée à l’étude des performances d’un bio-traitement par modélisation hydro-bio-
géochimique et analyse isotopique, avec pour objectif de prédire l’efficacité du traitement en temps réel ;
· la tâche 7 aura pour objectif l’étude socio-économique de la filière développée couplant bio-traitement et
surveillance en ligne.

Le projet BIOPHY vise à essayer de déplacer le marché de la dépollution vers des procédés efficaces pour
l’amélioration de la qualité des eaux souterraines, à un coût financier raisonnable et dont l’efficacité pourrait être
garantie par le prestataire.

D. STRUCTURE DU MANUSCRIT
Le travail présenté dans ce manuscrit de thèse correspond à la tâche 4 et à une partie de la tâche 5 du projet
BIOPHY brièvement présenté préalablement :

· Tâche 4 : Monitoring géophysique et analyse de gaz sur colonne.


L’objectif de cette tâche est de comparer, à l’échelle du laboratoire, les indicateurs indirects de biodégradation
développés dans le projet (analyse de gaz, propriétés électriques) à des indicateurs directs de biodégradation
(comptage bactérien, isotopie du carbone, analyse de la concentration en hydrocarbure). La première étape a
consisté à élaborer des colonnes remplies de sable avec circulation du fluide de percolation (recirculation ou
circuit ouvert), sur lesquelles il a fallu installer à la fois des électrodes de mesure de la résistivité complexe, un
système de prélèvement des gaz en tête de colonne pour une analyse en ligne et une batterie de capteurs en sortie
de colonne pour une analyse en continu. Ces colonnes sont également équipées de points de prélèvement
d’échantillons de fluide et de sol afin de pouvoir faire des comptages bactériens et des analyses physico-
chimiques et isotopiques du carbone. Les expériences menées sur ces colonnes ont permis l’étude de la
biodégradation aérobie du toluène par une souche bactérienne connue.

25
· Tâche 5 : test de surveillance de la biodégradation sur site pilote.
L’objectif de cette tâche est de valider sur un site réel en cours de dépollution l’aptitude du système de
monitoring proposé à i) enregistrer en temps réel la dégradation des hydrocarbures in situ et ii) apporter à
l’opérateur de la dépollution des informations lui permettant d’optimiser le procédé en particulier par la détection
de zones où la dégradation ne semble pas efficace.

Ce travail est divisé en trois parties et neuf sous-chapitres. L’introduction du contexte et de la problématique, la
description des objectifs et la structure de ce travail ont été développées dans ce premier chapitre (I).

Partie 1 : Etat de l’art, chapitres II à IV


Le second chapitre donne une description plus précise de la biodégradation, des processus bactériens mis en
œuvre et des différentes techniques de suivi que l’on peut mettre en place. Le troisième chapitre introduit la
méthode de résistivité complexe, les principes généraux et son application dans le domaine de la géophysique
environnementale. L’intérêt d’utiliser cette méthode pour la surveillance de la biodégradation y sera démontré.
Le quatrième chapitre concerne l’analyse du CO2 et l’utilisation du rapport isotopique du carbone, 13C/12C dans
le CO2, comme indicateur de la biodégradation. Très utilisé sur les polluants résiduels, le potentiel de l’outil
isotopie sur les gaz émis sera illustré.

Partie 2 : Matériel et méthodes, chapitres V et VI


Le cinquième chapitre correspond à la mise en place de la tâche 4 du projet BIOPHY. Il est dédié à la description
des méthodes expérimentales utilisées en laboratoire. Il s’agit de décrire les dispositifs de mesures et les
protocoles utilisés pour les expériences en colonnes. Le sixième chapitre introduit le dispositif mis en place sur
un site pilote, une station-service en cours de dépollution, afin de répondre aux objectifs de la tâche 5.

Partie 3 : Résultats, discussions, conclusions et perspectives, chapitres VII à IX


Dans les deux chapitres suivants sont présentés les résultats obtenus en laboratoire (chapitre VII), puis sur le
terrain (chapitre VIII). La validation du dispositif de mesure et la qualité des données obtenues seront traitées
avec une grande attention et précaution. La faisabilité de la méthode en laboratoire et les premiers résultats
encourageants obtenus sur le site y seront montrés. La conclusion générale (chapitre IX) tentera de faire le lien
entre les mesures faites à l’échelle du laboratoire et celles obtenues sur site. Elle synthétise l’avancée du projet et
met en avant les perspectives pour de futurs travaux.

Suivent les références bibliographiques consultées pour rendre cette étude plus pertinente. Et finalement, sont
données les annexes qui présentent les rappels les plus importants ou les résultats d’études complémentaires qui
sont nécessaires pour approfondir certains chapitres.

26
PARTIE 1 : ÉTAT DE L’ART

27
II. BIODÉGRADATION
La biodégradation correspond à la décomposition de polluants organiques par des micro-organismes (bactéries,
champignons ou algues). Les polluants sont alors convertis en dioxyde de carbone (lorsque la biodégradation est
totale), en eau et en énergie pour constituer de la biomasse.

Les hydrocarbures pétroliers sont des polluants organiques qui sont soumis à la biodégradation dès que les
micro-organismes capables de les utiliser se sont développés.

A. CONTEXTE
Les sols sont le déversoir de substances polluantes liées à l’activité industrielle. Par infiltration, ces pollutions,
accidentelles ou consécutives à des mauvaises pratiques environnementales, peuvent atteindre les nappes
phréatiques et menacent les écosystèmes et la santé des populations. Il est donc nécessaire de mettre en place des
moyens afin de traiter ces zones dangereuses.

1. LES HYDROCARBURES PÉTROLIERS

Les hydrocarbures sont un mélange complexe de plusieurs composés. Plusieurs types de molécules se
différencient par leur nombre d’atomes de carbone, le nombre et le type de liaisons entre atomes de carbone, le
nombre d’hétéroatomes (O, N, S,…), et par leur géométrie spatiale : les hydrocarbures aliphatiques à chaînes
ouvertes (molécules linéaires ou ramifiées en longues chaînes), les hydrocarbures aromatiques (constitués de
cycles benzéniques) et les hydrocarbures hétérocycliques (cycles complexes renfermant des atomes autres que
C).

Leur transfert à la nappe dépend en particulier de leur masse molaire et de leur solubilité dans l’eau. Deux
catégories de composés peuvent être distinguées : les composés lourds (fuels lourds) qui ont une densité
supérieure à celle de l’eau et qui vont s’accumuler au substratum de la nappe phréatique (les DNAPL, pour
Dense Non Aqueous Phase Liquids) ; et les composés légers (essences), moins denses que l’eau, qui restent à la
surface de la nappe. Ce sont des LNAPL (Light Non Aqueous Phase Liquids). Le travail présenté ici considère
plutôt le cas des LNAPL. Les hydrocarbures les plus hydrosolubles sont les BTEX (benzène, toluène, éthyle-
benzène, xylènes), composés mono-aromatiques très volatils, présents notamment dans les essences sans plomb
de type 95 et 98.

Ce sont des produits organiques biodégradables. Certains micro-organismes les utilisent en tant que donneurs
d’électrons et contribuent ainsi à leur dégradation.

2. DISTRIBUTION DES MICROORGANISMES DANS LE SOL

La distribution des microorganismes dans le sol varie et elle est étroitement liée à la présence d’eau, d’un
substrat (substance sur laquelle les cellules microbiennes vivent et se développent) et de nutriments (substance
que l’organisme utilise dans son métabolisme pour produire de l’énergie). Dans les systèmes naturels, le substrat
le plus utilisé par les microorganismes est la matière organique.

La matière organique du sol est principalement produite par la dégradation des plantes de la surface. Sous le sol,
elle peut être transportée plus profondément, mais sa concentration diminue en général avec la profondeur (sauf
dans les réservoirs diagénétiques de gaz et de pétrole). La population microbienne diminue avec la profondeur en
corrélation avec la décroissance de matière organique.

Le sol peut être délimité en deux parties sur la base de son niveau de saturation en eau. La zone non saturée
(ZNS), comprise entre la surface du sol et le toit de la nappe phréatique, se distingue de la zone saturée (ZS) qui
correspond à la nappe d’eau libre située sous la ZNS. Du fait de la faible concentration en carbone organique
dans la partie basse de la ZNS et dans la ZS, la plupart des bactéries sont dormantes, mais viables. L’infiltration

29
de polluants comme les LNAPL, vient amener ces éléments dans la ZNS. Or, une introduction de carbone
organique et de nutriments peut permettre de lancer l’activité bactérienne et d’augmenter la population de
microorganismes. Des micro-organismes capables d’utiliser les hydrocarbures pétroliers au cours de leur
métabolisme apparaissent donc dès que la pollution est introduite dans le milieu.

Un sol qui contient des hydrocarbures va modifier l’activité des microorganismes. La pollution exerce une
pression sélective sur la capacité des bactéries à dégrader les hydrocarbures : elles doivent adapter leur activité
enzymatique afin de pouvoir s’y attaquer. Cela engendre des modifications des capacités métaboliques. Une
augmentation de la population des organismes capables de transformer les composants présents est aussi
observée [Leahy and Colwell, 1990].

L’activité humaine, au travers des multiples sources de pollution, favorise l’apparition de nouvelles souches
aptes à la dégradation des hydrocarbures [van der Meer et al., 1992]. La plupart des bactéries impliquées dans la
dégradation des hydrocarbures font partie des genres Pseudomonas, Acinetobacter, Flavobacterium,
Rhodococcus, Arthrobacter, Micrococcus et Nocardia. Et les champignons les plus actifs dans la dégradation
appartiennent aux genres Aspergillus, Penicillium, Acremonium, Trichoderma, Gongronella et Fusarium [Cao et
al., 2009; Chaîneau et al., 1995; Leahy and Colwell, 1990].

B. LES BACTÉRIES
La réussite des traitements par biodégradation repose sur la présence de bactéries capables de biodégrader les
polluants présents.

1. STRUCTURE
Les bactéries sont des micro-organismes unicellulaires [UMVF, 2014]. Elles sont composées d’un cytoplasme
entouré par une membrane plasmique et une paroi cellulaire. Ce sont des procaryotes, car elles ne possèdent pas
de noyau ni d’organites. L’ADN (acide désoxyribonucléique) forme un chromosome circulaire unique. La
plupart des bactéries sont des cellules de forme ovoïde ou en bâtonnet (bacille), d'une taille allant de 1 à 10
microns (µm) [Lebleu, 2007]. Elles se reproduisent par des divisions cellulaires et sont capables de croître
rapidement. La division donne deux cellules-filles identiques qui peuvent se séparer ou rester attachées pour
former une chaîne ou un filament.

Grâce à la coloration de Gram (1884), les bactéries peuvent être réparties en deux groupes : les bactéries dites à
Gram positif et les bactéries à Gram négatif (Figure II-1). Cette diversité est le fait d’une différence de la
structure et de la composition chimique de la paroi cellulaire [Costerton and Cheng, 1975]. En effet, les bactéries
à Gram positif possèdent à l’extérieur de la membrane plasmique une paroi constituée d’une épaisse couche de
peptidoglycane (ou muréine), traversée par des acides teichoïques. Ce peptidoglycane épais peut représenter
jusqu'à 90 % des constituants de la paroi bactérienne [Lambert, 2002]. Les acides teichoïques sont riches en
groupements phosphates. Ils permettent la fixation du peptidoglycane sur la membrane plasmique des bactéries.

Les bactéries Gram négatives [Lugtenberg and Van Alphen, 1983] ont un peptidoglycane très fin : il n'y a qu'une
seule ou au plus deux couches de peptidoglycane qui ne représentent que 5 à 20 % des constituants de la paroi
bactérienne. Mais, elles possèdent une membrane externe qui est constituée d'une double couche de
phospholipides associés à des molécules de lipopolysaccharides (LPS ou endotoxines) sur la couche externe. La
partie la plus externe des LPS (la chaîne O) est riche en groupes phosphates et carboxyles. La membrane externe
et la membrane plasmique sont imperméables et elles délimitent l’espace périplasmique (ou periplasme), qui
contient de nombreuses enzymes.

D’autres structures externes peuvent être présentes chez certaines bactéries, par exemple, les cils ou flagelles. Ce
sont des appendices filamenteux, composés entièrement de protéines, de 6 à 15 μm de long [UMVF, 2014]. Ils
constituent les organes de locomotion pour les bactéries qui en possèdent.

Les bactéries possèdent des dispositifs d'adhésion sous la forme de protéines ligands, les adhésines, et des
appendices cellulaires, des pilis ou des fimbriae. Ce sont des structures protéiques filamenteuses, de 2 à 3 μm de
long, disposées régulièrement à la surface de la bactérie [UPMC].

30
Le glycocalyx lui, est un feutrage de substances extra polymériques (EPS en anglais pour extra-cellular
polymeric substances) présent à la surface des bactéries dans leur milieu naturel. Chez certaines espèces
bactériennes, des quantités importantes d’EPS sont synthétisées et engluent les cellules bactériennes et favorisent
leur adhésion.

FIGURE II-1 : STRUCTURE DE LA PAROI DES BACTÉRIES GRAM+ ET GRAM- : LES BACTÉRIES À GRAM+
POSSÈDENT UNE PAROI CONSTITUÉE D’UNE ÉPAISSE COUCHE DE PEPTIDOGLICANE, ALORS QUE LES BACTÉRIES
À GRAM- PRÉSENTENT UNE FINE COUCHE DE PEPTIDOGLICANE LOCALISÉE DANS LE PÉRIPLASME ENTRE LA
MEMBRANE CYTOPLASMIQUE ET LA MEMBRANE EXTERNE. D’APRÈS LEBLEU, 2007.

2. BIOFILMS

Dans la nature, les bactéries sont souvent organisées sous la forme de colonies, appelées biofilms. Grâce à la
synthèse des EPS qui forment une matrice qui englobe leurs cellules, la communauté est adsorbée sur un substrat
et se protège des conditions de stress extérieures. Les bactéries peuvent être 500 fois plus résistantes aux agents
antibactériens sous forme de biofilms que les bactéries planctoniques [Costerton et al., 1995]. Des
communications sont échangées entre les cellules du biofilm afin de coordonner leur développement et d’assurer
leur défense.

Pour qu'un biofilm se développe, il faut d'abord qu'un microorganisme se fixe sur le substrat (Figure II-2), grâce
aux adhésines et à des appendices cellulaires, des pilis ou des flagelles [Monds and O’Toole, 2009; Ploux et al.,
2007]. Plusieurs bactéries adhèrent ainsi au substrat ou s’accrochent aux autres bactéries. Lorsqu'un nombre
significatif d'organismes sont solidement fixés, la sécrétion du biofilm commence, c'est-à-dire la fabrication des
EPS, dans lesquelles les bactéries fixées vont se reproduire et former des colonies imbriquées [Flemming et al.,
2007 ; Evans, 2003]. À mesure que le biofilm s'épaissit et vieillit, certaines parties sont dispersées dans le milieu
liquide. Des bactéries redeviennent planctoniques avant de s'installer ailleurs ou de disparaître.

31
Les bactéries du biofilm sont capables de communiquer entre-elles. Le mécanisme de « quorum sensing » (QS) a
été découvert dans les années 1960. Il ne nécessite pas de contact physique entre les bactéries et il repose sur la
synthèse d’inducteurs chimiques [Javid and Derbyshire, 2011].

FIGURE II-2 : LES DIFFÉRENTES ÉTAPES DE LA FORMATION D’UN BIOFILM (D’APRÈS PLOUX ET AL., 2007).

Une forme de communication par contact direct a été découverte en 2011 [Dubey and Ben-Yehuda, 2011]. C’est
une forme de communication par transfert de cytoplasme via des nanotubes, qui sont des sortes de ponts
microscopiques qui relient deux bactéries [Abounit and Zurzolo, 2012; Javid and Derbyshire, 2011].

FIGURE II-3 : SCHÉMA SIMPLIFIÉ ILLUSTRANT LE MOUVEMENT DES ÉLECTRONS À TRAVERS UNE CHAÎNE DE
BACTÉRIES RELIÉES PAR DES NANOWIRES (D’APRÈS REVIL ET AL., 2012).

32
Des transferts d’électrons peuvent également avoir lieu dans d’autres « ponts » intercellulaires, les nano-
filaments (nanowires en anglais) [Reguera et al., 2005]. Ces nano-filaments peuvent s’accrocher à un accepteur
d’électrons, du Fe(III) par exemple, et y décharger des électrons (Figure II-3). Le fer est alors réduit. Cela
signifie qu’il y a une circulation d’électrons, donc création d’un courant électrique. De plus, les bactéries ne
s’accrochent pas seulement aux roches, elles peuvent aussi se connecter électriquement entre-elles [Nielsen et
al., 2010 ; Nealson, 2010 ; Ball, 2007 ; Hill et al., 2007 ; Ntarlagiannis et al., 2007].

La fixation à la surface minérale des bactéries et la formation d’un réseau relié par des filaments a tendance à
réduire la taille des pores et augmenter la cimentation des grains. Il a été montré que la croissance de biofilms
réduisait significativement la porosité et la perméabilité du milieu poreux [Dunsmore et al., 2004].

3. MÉTABOLISMES ET BIODÉGRADATION

Le métabolisme des bactéries est l’ensemble des réactions chimiques qui leur permettent de produire de l’énergie
et de la biomasse. Les réactions du catabolisme (dégradation des molécules) s’accompagnent de la libération
d’ATP (Adénosine Tri Phosphate), qui est la forme de stockage de l’énergie dans la cellule. Les réactions
d’anabolisme (biosynthèse de molécules) consomment cet ATP et des nutriments externes (riches en N, P, K, …)
pour la production de polymères ou de macromolécules.

Pendant la biodégradation, les micro-organismes vont utiliser les polluants pour produire cette énergie. Les
polluants sont catabolisés : il y a une oxydation d’un donneur d’électrons (les hydrocarbures) et une réduction
d’un oxydant ou accepteur d’électrons (composés oxydants tels que l’oxygène, les nitrates, les sulfates…). En
général, la quantité d’accepteurs d’électrons est le facteur limitant pour la biodégradation.

La disponibilité de l’azote (N) et du phosphore (P) est aussi un facteur limitant de la dégradation des
hydrocarbures. La fuite d’hydrocarbures dans un milieu qui contient de faibles concentrations en nutriments
inorganiques peut engendrer de forts rapports C/N ou C/P, qui ne sont pas favorables à la croissance bactérienne.
Les nutriments peuvent être ajoutés sous forme de fertilisants (NH 4NO3, KH2PO4…) pour stimuler la
biodégradation [Leahy and Colwell, 1990].

Deux sortes de dégradations biologiques se distinguent suivant le type d’accepteur d’électrons :

· Les dégradations aérobies : l’accepteur final d’électrons est l’oxygène (respiration),


· Les dégradations anaérobies : l’accepteur final d’électrons est un composé autre que l’oxygène : nitrates
(dénitrification), manganèse (réduction du manganèse), fer ferrique (réduction du fer), sulfate (réduction des
sulfates ou sulfatoréduction), dioxyde de carbone (méthanogénèse).

La première phase de dégradation des hydrocarbures par des bactéries ou des champignons implique l’oxydation
des molécules par des oxygénases, ce qui nécessite de l’oxygène comme accepteur d’électrons [Cao et al., 2009;
Leahy and Colwell, 1990]. Par exemple, la ring dioxygénase, la méthyl monooxygénase ou la ring
monoxygénase responsables du clivage du toluène chez différentes bactéries [Morasch et al., 2002]. Des
conditions aérobies sont donc indispensables à l’oxydation des hydrocarbures dans l’environnement.

L’oxydation produit de l’acétyl-CoA [Sabirova et al., 2006]. Ce dernier est alors transformé en énergie et en
carbone dans le cycle de Krebs (cycle permettant la transformation de l’acétyl-CoA en carbone et ATP).

La biodégradation complète d’un hydrocarbure en CO2 et H2O est possible, mais souvent une souche bactérienne
possède les enzymes nécessaires à quelques étapes de dégradation du composé, mais pas toutes les enzymes
requises. Il peut donc y avoir accumulation de métabolites. En revanche, au sein d'une communauté microbienne,
il peut y avoir une succession de microorganismes qui vont intervenir pour dégrader la molécule de départ
jusqu'en CO2 et H2O. La réaction peut se résumer comme suit : 2HC + 5O2 → 2CO2 + H2O + énergie.

33
C. TECHNIQUES DE MONITORING

1. UTILISATION DE PUITS DE SURVEILLANCE

Jusqu’à présent, les méthodes de surveillance de la biodégradation sont basées sur la mise en place de puits
d’observation. A travers ces puits, plus ou moins nombreux et répartis sur tout le site, la lithologie du sous-sol au
moment du forage peut être caractérisée, et la concentration des contaminants ou le taux d’oxygène dissous, par
exemple, peuvent être mesurés directement à partir d’échantillons d’eau. Ces points de mesure sont discrets. Des
cartes d’interpolation des données peuvent néanmoins être construites pour caractériser l’ensemble de
l’aquifère : identifier la zone source de la pollution, délimiter le panache et les zones en cours de biodégradation.
La résolution de ces interpolations dépend évidemment du nombre de forages, de leur distribution et du nombre
d’échantillons analysés, ce qui multiplie d’autant les coûts.

La forte hétérogénéité des aquifères rend ce genre de monitoring inadéquat. Il y a souvent des effets pépites
(singularités locales), ce qui augmente l’incertitude des interpolations. De plus, les échantillons souterrains sont
mis en contact direct avec l’atmosphère, ce qui peut biaiser les résultats.

Certaines technologies essayent de pallier ces problèmes. Des capteurs comme les PID (détecteurs à photo
ionisation) mesurent les composés organiques volatils (COV) et autres gaz directement sur le terrain. Les
méthodes « passe-direct » ou Direct-Push en anglais [ITRC, 2006] peuvent aussi être mentionnées ici. Des barres
en acier sont équipées avec les électrodes de surveillance et sont directement plantées dans le sol meuble, évitant
ainsi le forage de puits traditionnel qu’on doit tuber avant d’y insérer les sondes. La qualité des données est
comparable à celle obtenue dans des puits classiques. Cependant, ces méthodes ne sont pas applicables sur tous
les sites et cela reste couteux car le maillage doit couvrir une surface assez importante.

Des modèles hydrogéologiques de l’aquifère réalisés à partir des données de puits peuvent permettre d’améliorer
le suivi de la dépollution. Mais, faute de disposer d’informations suffisantes sur l’hétérogénéité et pour éviter de
manipuler des modèles 3D souvent lourds, les modèles 2D de la dispersion du polluant sont limités.

Ainsi, les procédés biologiques mis en œuvre actuellement s’appuient plus sur le retour d’expériences des
industriels, qui reste difficilement transposable d’un site à l’autre, que sur des données mesurées.

2. UTILISATION DES MÉTHODES ÉLECTRIQUES EN GÉOPHYSIQUE ENVIRONNEMENTALE

Une autre approche de la surveillance de la biodégradation est basée sur les méthodes géophysiques. Elles
permettent de mesurer des propriétés physiques du sol (mécanique, électrique, magnétique…) ; elles sont non
destructrices et elles peuvent être appliquées à grande échelle, sur de larges surfaces. Les méthodes électriques
(tomographie de la résistivité électrique ERT, mesure du potentiel spontané PS, polarisation provoquée PP) sont
les plus souvent utilisées en géophysique environnementale et elles peuvent être combinées à d’autres
techniques pour augmenter le nombre d’informations obtenues et leur fiabilité : sismique, radar (Ground
Penetrating Radar GPR) par exemple. A partir de ces mesures, les propriétés hydrologiques de l’aquifère
(porosité, perméabilité, saturation en eau, conductivité de l’eau…) peuvent être déterminées [Ogilvy et al., 2009 ;
Garambois et al., 2002 ; Slater and Reeve, 2002] ; un panache de pollution aux hydrocarbures peut être localisé
[Flores Orozco et al., 2012 ; Lago et al., 2009 ; Sogade et al., 2006 ; Vanhala, 1997 ; Olhoeft, 1986 ; Towle et
al., 1985] ; une biodégradation d’hydrocarbures peut être suivie [Arato et al., 2013 ; Forté and Bentley, 2013 ;
Chambers et al., 2010 ; Wilkinson et al., 2010 ; Che-Alota et al., 2009 ; Lane et al., 2006 ; Atekwana et al., 2004
; Sauck, 2000] ou encore, la recirculation de lixiviats dans une décharge peut être surveillée [Hubé et al., 2010 ;
Grellier et al., 2008 ; Arora et al., 2007 ; Bernstone et al., 2000 ; Carpenter et al., 1991] .

34
La méthode électrique de polarisation provoquée en particulier a été très étudiée en laboratoire et sur le terrain et
elle a montré son efficacité pour le suivi de milieux affectés par une activité bactérienne. Le métabolisme des
microorganismes induit des modifications des propriétés physico-chimiques du sol (chimie des eaux, potentiel
redox, porosité et perméabilité,..), ce qui entraine des changements des propriétés électriques du milieu
(résistivité, polarisation aux interfaces…) [Abdel Aal and Atekwana, 2014 ; Mewafy et al., 2013 ; Atekwana and
Atekwana, 2010 ; Abdel Aal et al., 2006, 2004].

3. POTENTIEL DU SUIVI DE L’ISOTOPIE DU CO2 COMME OUTIL DE MONITORING

Aujourd’hui, la biodégradation est contrôlée par le suivi de la décroissance de la concentration en polluant.


Cependant, la diminution de la concentration d’une espèce dans le sol peut être due à plusieurs causes : la
dilution, la volatilisation, l’absorption ou la biodégradation. Il n’y a que cette dernière qui conduit à une
réduction durable de la quantité de pollution [Richnow et al., 2002].

L’analyse de la composition isotopique de chaque polluant organique (Compound-Specific Isotope Analysis


CSIA) représente une méthode novatrice pour obtenir des indications supplémentaires et tangibles sur des
processus de dégradation in situ. Les composés organiques ont généralement des compositions isotopiques en
carbone (δ13C) et hydrogène (δ2D) caractéristiques de leurs sources d’émission. Il a été montré que les BTEX
[Dempster et al., 1997] et les solvants chlorés [Beneteau et al., 1999] de différentes origines pouvaient être
discriminés sur la base de leurs δ13C. L’analyse isotopique s’avère être également un outil d’identification et de
quantification des processus de la biodégradation. En effet, les microorganismes dégradent préférentiellement les
molécules les plus légères d’un même composé au détriment des fractions lourdes. Les fractions résiduelles
s’enrichissent donc progressivement en fractions lourdes, c’est-à-dire les molécules possédant les isotopes les
plus lourds. Les études de fractionnement isotopique concernent essentiellement les couples 13C/12C, 18O/16O de
l’eau, des composés hydrocarbonés et des produits de dégradation (métabolites, CH4, CO, CO2, etc.). Ce
fractionnement isotopique a été clairement démontré par de nombreux auteurs [Morasch et al., 2011 ; Elsner,
2010 ; Meckenstock et al., 2004 ; Numata et al., 2002 ; Hunkeler et al., 2001, 1999 ; Bloom et al., 2000 ;
Sherwood Lollar et al., 1999]. Le fractionnement isotopique a été observé en conditions aérobies et anaérobies.
Dans le cas des processus de dilution ou d’absorption, le fractionnement n’est pas significatif [Richnow et al.,
2002].

La plupart des articles publiés à ce jour concernent l’étude des polluants résiduels dans les eaux. Cependant,
certaines études traitent des analyses sur les gaz émis pendant la biodégradation, ce qui permettrait de
s’affranchir de puits de prélèvement [Bugna et al., 2004 ; Hall et al., 1999; Jackson and Pardue, 1999 ;
Aggarwal et al., 1997 ; Aggarwal and Hinchee, 1991].

35
III. POLARISATION PROVOQUÉE
La polarisation provoquée est une méthode géophysique qui s’intéresse aux mécanismes de polarisation basse-
fréquence dans les matériaux terrestres associés au stockage réversible de charges électriques [Revil et al., 2012].
Le termes de « Polarisation Provoquée » (PP) en français est la traduction de « Induced Polarization » (IP)
utilisé en anglais. L’expression « Polarisation Induite » peut aussi être trouvée. Lorsque la méthode est utilisée
dans le domaine fréquentiel, elle est appelée « Polarisation Induite Spectrale » ou « Spectral Induced
Polarization » (SIP). Cela correspond à la méthode de « Résistivité Complexe » qui est retrouvée en
électrochimie sous le nom de « Spectroscopie d’Impédance Electrochimique (SIE) » [Barsoukov and
Macdonald, 2005].

A. HISTORIQUE 1
Conrad Schlumberger a probablement été le premier à parler du phénomène de « polarisation provoquée » (PP)
après des observations de terrain faites sur un site minier en France en 1913 [Seigel et al., 2007]. Alors qu’il
réalisait des mesures de résistivité électrique sur un gisement métallifère très conducteur, il a remarqué que la
différence de potentiel, mesurée entre deux électrodes, ne revenait pas toujours instantanément à zéro lorsque le
courant était coupé. Le potentiel décroissait progressivement vers zéro, en un certain laps de temps.
Schlumberger a attribué ce phénomène à une polarisation du sous-sol : certaines couches dans le sol peuvent être
polarisées, formant des condensateurs électriques énergisés par le passage d’un courant électrique. Une fois que
le courant est coupé, le sol se décharge progressivement de toute l’énergie qui a été stockée.

Schlumberger a introduit cette technique en URSS en 1929, pour la recherche pétrolière en puits. Elle a ensuite
intéressé les Américains pour détecter les mines enterrées sur les plages du Débarquement en 1942 [Reynolds,
1997]. Les connaissances ainsi développées dans le domaine militaire ont été utilisées après-guerre pour
l’exploration minière aux Etats-Unis.

Bleil (1953) a fait des travaux de laboratoire qui expliquent l’origine physique des phénomènes observés sur les
sites miniers. Un potentiel de polarisation peut être mesuré à la surface d’un objet métallique ou de particules
métalliques disséminées plongés dans un électrolyte. En effet, au niveau de la frontière électrolyte/particule
métallique, il y a un changement dans le mode de conduction du courant (ionique vers électronique). Les ions
sont bloqués à la surface de la particule métallique ce qui provoque une accumulation de charges électriques à
l’interface. Elle se relaxe lorsque le courant est arrêté. Il en a déduit que la meilleure application de la méthode
était la prospection de minerais.

La polarisation induite a donc été utilisée très tôt pour la détection des gisements métallifères dans le sous-sol,
mais aussi pour la prospection d’eau souterraine [Vacquier et al., 1957]. Une deuxième origine du phénomène a
ainsi été mise en évidence : une polarisation peut être mesurée en présence d’argiles. Les argiles sont comparées
à des membranes utilisées en électrodialyse (transfert d’ions à travers une membrane qui leur est perméable sous
l’effet d’un champ électrique). En effet, les argiles chargées négativement attirent les ions positifs, produisant un
nuage de charges positives autour de la particule d’argile. Quand un courant est appliqué, les charges positives
peuvent bouger entre ces nuages de charges positives mais les charges négatives sont bloquées, ce qui entraîne
un gradient de concentration en ions.

Jusqu’en 1950, toutes les mesures PP concernent le domaine temporel. En 1950, Seigel montre que la résistivité
d’un échantillon de roche contenant des sulfures diminue lorsque la fréquence augmente. La méthode en
domaine fréquentiel a été étudiée théoriquement par Wait (1959), mais pas expérimentalement car l’équipement
disponible à l’époque n’était pas encore adapté [Okay, 2011 ; Ghorbani, 2007].

1
L’historique présenté dans cette section est largement inspiré de la thèse de Okay, G. (2011), Caractérisation
des hétérogénéités texturales et hydriques des géomatériaux argileux par la méthode de Polarisation Provoquée :
Application à l’EDZ de la station expérimentale de Tournemire, Université Pierre et Marie Curie (Paris 6).

37
Marshall et Madden (1959) proposent les premiers modèles sur les deux origines de la polarisation provoquée :
la polarisation d’électrode liée à la présence de minerais métalliques disséminés, et la polarisation de membrane
liée à la présence d’argiles. La dépendance en fréquence de la conductivité électrique a aussi été décrite sous la
forme de circuits équivalents de type RC [Keevil and Ward, 1962], avec l’introduction de notions
électrochimiques comme l’impédance de Warburg [Angoran and Madden, 1977 ; Madden and Cantwell, 1967].

Dans les années 1970-80, il y a eu des avancées dans l’instrumentation [Zonge and Hughes, 1980 ; Van Voorhis
et al., 1973 ; Zonge et al., 1972] et dans l’interprétation des données, en particulier sur la question du couplage
électromagnétique dans le domaine fréquentiel [Pelton et al., 1978 ; Wynn and Zonge, 1975]. Wong (1979)
propose un modèle électrochimique pour expliquer la polarisation des sulfures disséminés.

Les domaines d’application de la PP s’étendent à la prospection pétrolière et à des applications


environnementales [Vinegar and Waxman, 1982]. La détection des hydrocarbures par résistivité complexe est
abordée par Olhoeft (1986) et des études de sites contaminés apparaissent [Sauck, 2000 ; Vanhala, 1997 ;
Vanhala et al., 1992]. D’autres domaines d’applications concernent l’hydrogéologie [Weller and Börner, 1996],
la géothermie [Ward and Sill, 1982; Zohdy et al., 1973] et l’archéologie [Schleifer et al., 2002; Weller et al.,
2000].

B. RAPPELS SUR LES MESURES DE RÉSISTIVITÉ ÉLECTRIQUE


Les mesures de résistivité complexe sont faites à partir des mêmes dispositifs que ceux utilisés pour les mesures
de résistivité classique.

1. DÉFINITIONS

La résistance électrique ܴ est définie par la loi d’Ohm en mesurant la différence de potentiel οܸ induite entre
deux points d’un matériau par la circulation d’un courant électrique d’intensité ‫ ܫ‬entre ces deux points :

οܸ
ܴൌ ÉQUATION III-1
‫ܫ‬

La résistance est exprimée en ohms [Ω], l’intensité du courant électrique en ampères [A] et la différence de
potentiel en volts [V].

La résistivité électrique ߩ [Ω.m] d’une roche est la propriété physique intrinsèque qui détermine la capacité de
cette roche à s’opposer au passage d’un courant électrique. La résistivité d’un cylindre isotrope et homogène, de
longueur et de section unitaire, est donné par :

ோ஺
ߩൌ ÉQUATION III-2

A est l’aire de la section transversale [m2] et L est la distance de séparation entre ces deux sections [m]. La
résistivité électrique est une propriété intrinsèque du matériau et elle ne dépend donc pas de la dimension des
sections et de leur distance de séparation.

La conductivité électrique ߪ [S/m] est l’inverse de la résistivité.

De toutes les propriétés physiques des roches, la résistivité électrique est celle qui présente les plus grandes
variations. En effet, la résistivité varie entre 10-5 Ω.m pour des sulfures métalliques et 108 Ω.m pour certains
marbres [Reynolds, 1997]. Pour des sédiments non consolidés comme les sables et graviers, la résistivité varie
entre 20 et 500 Ω.m.

38
Les matériaux isotropes possèdent la même résistivité électrique dans toutes les directions. Mais en général le
matériau est hétérogène et anisotrope, le termes de résistivité apparente ߩ௔ est alors employé. Il s’agit d’une
pondération de toutes les valeurs de résistivité vraie pour chaque composante du milieu.

2. DÉPENDANCE DE LA RÉSISTIVITÉ ÉLECTRIQUE À CERTAINS PARAMÈTRES

Le sol est constitué de plusieurs phases : la phase minérale et l’espace poral où circule des fluides ou du gaz. La
plupart des minéraux sont des isolants (excepté les minéraux métalliques) et ont une résistivité très élevée. La
résistivité du sol est donc due en grande partie à la porosité, au degré de saturation de cette porosité et à la
conductivité du fluide poral. Mais aussi, à la température, à la granulométrie et à la présence d’argiles.

a) C ONDUCTIVITÉ DE L ’ EAU INTERSTITIELLE ET TRANSPORT DE CHARGES


L’eau interstitielle du milieu poreux est salée et capable de conduire le courant électrique. Les ions sont des
porteurs de charge et permettent la conduction électrolytique. Ils se déplacent sous l’effet d’un champ électrique,
ce qui crée un courant électrique. Plus il y a d’ions présents en solution dans les pores, plus grande sera la charge
électrique.

La conductivité électrique d’un électrolyte dépend non seulement de la quantité d’ions présents dans l’eau, mais
également de la viscosité de l’eau qui affecte la vitesse de déplacement des ions dans l’eau. La mobilité ionique
μi représente la capacité de l’ion à se mettre en mouvement lorsque l’on applique un champ électrique E :

‫ݒ‬௜ ൌ ߤ௜ ‫ܧ‬ ÉQUATION III-3

avec vi la vitesse [m.s-1], E [V.m-1] et μi [m2. μi .V-1.s-1].

La conductivité de l’eau interstitielle est la somme de la contribution de chaque ion (loi de Kohlrausch) :

ߪ௪ ൌ ‫ ܨ‬෍ ‫ܥ‬௜ ȁ݊௜ ȁߤ௜ ÉQUATION III-4


avec Ci, la concentration de l’ion i [mol.m-3], ni sa charge et μi sa mobilité. F est la constante de Faraday (F
=9.65.104 C.mol-1).

b) T EMPÉRATURE
La résistivité électrique du sol dépend aussi de la température qui contrôle la mobilité ionique :

ߩଵ଼
ߩ௧ ൌ ÉQUATION III-5
ͳ ൅ ͲǤͲʹͷሺ‫ ݐ‬െ ͳͺሻ

avec ρt la résistivité à une température t donnée [°C], soit une diminution de 2,5 % par degré Celsius [Grellier et
al., 2006].

La dépendance de la résistivité électrique d’un matériau avec la température diffère selon que les températures se
situent au-dessus ou en dessous du point de congélation. Pour les températures au-dessus du point de
congélation, la résistivité électrique varie en fonction de la conductivité électrique de l’électrolyte qui dépend de
la température et de la viscosité de l’eau. En général, sous le point de congélation, l’eau interstitielle passe à
l’état solide et se transforme en glace. Cependant, en fonction du type de sédiment, ce n’est pas toute l’eau
interstitielle qui devient de la glace sous 0°C. Un certain pourcentage plus ou moins important peut demeurer
sous la forme liquide. La glace peut être considérée comme un isolant puisque sa résistivité électrique est très
élevée. La formation de la glace dans les pores diminue leur volume, réduit la teneur en eau non gelée et la
conductivité électrolytique.

39
Ainsi, le gel augmente la résistivité des roches : une roche gelée est infiniment résistante. Dans les pays de
permafrost, il est donc impossible de mettre en œuvre les méthodes de résistivité. C’est pourquoi les méthodes
électromagnétiques (EM) ont été développées comme alternative dans ces régions.

c) S ATURATION EN EAU
Un aquifère est composé d’une zone saturée (ZS), c’est-à-dire où tous les pores sont remplis d’eau et, au-dessus,
d’une zone non-saturée (ZNS) ou zone vadose. Dans la ZNS, les pores sont remplis par de l’eau ou de l’air. La
quantité d’eau est mesurée par la saturation Sw définie par le rapport entre le volume d’eau Sw et le volume des
pores Vp :

ܸ௪
ܵ௪ ൌ ÉQUATION III-6
ܸ௣

La circulation du courant s’effectue au travers de l’électrolyte plus ou moins conducteur qui est présent dans les
pores. Il ne peut pas circuler dans les particules isolantes du matériau. Par conséquent, plus le contenu en eau est
élevé, plus les ions peuvent circuler facilement dans le milieu et plus la résistivité électrique est faible.

d) P OROSITÉ
La porosité, Φ, est définie comme le rapport du volume des vides VP sur le volume total VT :

ܸ௉
Ȱ ൌ ÉQUATION III-7
்ܸ

Elle dépend de la forme, de l’agencement des grains, de leur degré de classement, de compaction, de cimentation
et de la fracturation.

Dans les sédiments mal classés, l’espace entre les grains de grand diamètre est rempli de grains plus petits qui
diminuent ainsi la porosité. Par exemple, la porosité des argiles (50-70 %) est plus élevée que la porosité du
sable (20-40 %). De même, les sables (gros grains) qui contiennent une faible teneur en argile (petits grains)
voient leur porosité diminuer.

La fracturation et l’altération par dissolution des niveaux rocheux peuvent être des facteurs favorables au
développement de la porosité.

La résistivité électrique augmente avec la diminution de la porosité. En effet, lorsque la porosité diminue, la
taille des grains du matériau ainsi que la taille des pores diminuent aussi et la longueur des capillaires qui relient
les pores augmente. La longueur effective L du trajet parcouru par le courant électrique est ainsi augmentée et la
section transversale effective A est diminuée, puisque les pores sont d’une taille plus petite. D’après l’Équation
III-2, puisque la résistance électrique est directement proportionnelle à la longueur du trajet suivi par le courant
et inversement proportionnelle à la section transversale à la circulation du courant, la diminution de la porosité
augmente donc la résistance et la résistivité électriques.

e) L A LOI D ’A RCHIE
Dans le cas d'une roche saturée en eau, Archie (1942) a établi une relation expérimentale liant la résistivité de la
roche à la porosité et à la résistivité de l'eau d'imbibition et à son mode de distribution:

ߩ௥ ൌ ߩ௪ ܽȰି௠ ÉQUATION III-8

avec ρw la résistivité de l’eau d’imbibition, Ȱ la porosité, a un facteur qui dépend de la lithologie et qui varie
entre 0,6 et 2 (a < 1 pour les roches à porosité intergranulaire et a > 1 pour les roches à porosité de fracture) et m
le facteur de cimentation (il dépend de la forme des pores, de la compaction et varie entre 1,3 pour les sables non
consolidés et 2,2 pour les calcaires cimentés).

Les paramètres a et m peuvent être déterminés précisément en laboratoire.

40
On a l'habitude de regrouper les paramètres liés à la roche sous le terme de facteur de formation F :

‫ ܨ‬ൌ ܽFି௠ ÉQUATION III-9

La loi d’Archie est généralisée en milieu non saturé en eau. La saturation en eau Sw est ainsi introduite :

ߩ ൌ ߩ௪ Fି௠ ܵ௪ି௡ ÉQUATION III-10

avec m Î [1,3 ; 2,2] (exposant de cimentation) et n Î [1,7 ; 2,2] (exposant de saturation).

f) P RÉSENCE D ’ ARGILES
Lorsque de l’argile est présente dans un matériau, la loi empirique d’Archie (Équation III-10) ne s’applique plus.
En effet, en plus de la conduction électrolytique, il y a de la conductivité électrique dite colloïdale. L’argile
possède une structure composée de feuillets microscopiques. Cette structure présente des imperfections et la
surface des feuillets est ainsi chargée négativement. Des cations peuvent alors être adsorbés sur les faces des
feuillets d’argile, bien qu’ils soient peu liés et libres de se déplacer. Lorsque l’argile se retrouve en présence
d’eau, les ions qui sont contenus dans l’eau peuvent être échangés avec les cations peu liés à l’argile. Le courant
électrique peut donc passer librement à la surface de l’argile et la résistivité électrique est alors très faible. Par
ailleurs, une argile complètement sèche possède une faible conductivité électrique car les échanges ioniques sont
presque impossibles en absence d’eau. Tous les matériaux qui contiennent une certaine quantité d’argile
possèdent une conductivité électrique plus élevée qu’en son absence [Vinegar and Waxman, 1984 ; Waxman and
Smits, 1968] (cf. Annexe 2).

3. DISPOSITIFS DE MESURE

Les méthodes de résistivité électrique consistent à faire circuler un courant électrique dans le sol entre deux
électrodes de courant et de mesurer la différence de potentiel induite entre deux autres électrodes, appelées
électrodes de potentiel (Figure III-1). Puisque l’intensité du courant est connue et que la différence de potentiel
est mesurée, il est alors possible de déterminer quelle est la résistivité apparente du sol étudié. Cette résistivité
électrique apparente dépend de la configuration des électrodes de courant et de potentiel. La résistivité apparente
ρa peut être exprimée en fonction de la différence de potentiel et de l’intensité du courant :

οܸ
ߩ௔ ൌ ݇ ÉQUATION III-11
‫ܫ‬

où k est appelé le facteur géométrique qui dépend de la configuration des électrodes.

FIGURE III-1 : EXEMPLE DE CONFIGURATION D’UN DISPOSITIF ÉLECTRIQUE. A ET B SONT LES ÉLECTRODES
D’INJECTION (DE COURANT) ET M ET N SONT LES ÉLECTRODES DE MESURE (DE POTENTIEL).

Si A et B sont les électrodes de courant et M et N les électrodes de potentiel, posées à la surface du sol, alors k
peut être calculé en fonction des distances entre électrodes :

ʹߨ
݇ൌ
ͳ ͳ ͳ ͳ ÉQUATION III-12
െ െ ൅
‫ܰܤ ܯܤ ܰܣ ܯܣ‬

41
La tomographie de résistivité électrique consiste à déterminer les variations de résistivité verticales et
horizontales d’un milieu. En maintenant constante la configuration des électrodes et en la déplaçant le long d’une
ligne, il est possible de déterminer la résistivité apparente à une profondeur donnée en fonction de la distance
parcourue le long de cette ligne.

La profondeur d’investigation du sondage dépend de l’écartement des électrodes : plus elles sont éloignées, plus
les lignes de courant pénètreront profondément. Inversement, la résolution diminuera avec l’écartement des
électrodes.

Les données sont représentées à l’aide d’un graphique des lignes d’iso-résistivité électrique apparente en
fonction de la distance le long de la ligne et de la longueur totale de la configuration. Ce graphique est appelé
pseudo-section de résistivité apparente. Les pseudo-sections conduisent à une représentation en coupe simplifiée
des mesures directes de résistivité électrique du milieu étudié. Il est, par conséquent, nécessaire de procéder à
l’inversion des pseudo-sections pour obtenir un modèle synthétique de résistivité électrique vraie ou inversée.

FIGURE III-2 : DISPOSITIFS D’ACQUISITION ÉLECTRIQUE LES PLUS RÉPANDUS.

Les dispositifs d’acquisition comptent un grand nombre d’électrodes qui sont tour à tour des électrodes
d’injection ou de courant, selon les besoin de l’acquisition [Ward and Sill, 1982]. Les combinaisons Wenner-
Schlumberger et Dipôle-Dipôle sont les plus populaires (Figure III-2).

4. CONCEPT D ’INVERSION

Lorsque le milieu est homogène, la résistivité électrique mesurée est la résistivité vraie et elle peut être
interprétée directement. Par contre, ce type de milieu est plutôt rare dans la nature. La pseudo-section ne peut
donc pas être interprétée directement. De plus, elle dépend de la configuration des électrodes. A partir de la
pseudo-section, seules des interprétations qualitatives peuvent être effectuées. Pour obtenir une mesure
quantitative, il est nécessaire de procéder à une inversion.

42
Il est possible d’estimer d’avance quels résultats peuvent être attendus d’une tomographie électrique si la
stratigraphie et les propriétés physiques du milieu sont connus. Cependant, lorsqu’un levé de résistivité est
réalisé, le but consiste plutôt à obtenir le modèle synthétique de résistivité vraie étudié à partir de la pseudo-
section de résistivité apparente. Ce processus s’appelle l’inversion.

L’inversion est une méthode itérative qui peut fournir un modèle de la résistivité vraie afin de placer les
structures à une profondeur adéquate. Par contre, la solution mathématique de l’inversion n’est pas unique. Le
modèle qui correspond le mieux n’est donc pas forcément le bon. Il est nécessaire de bien connaître le milieu
étudié pour être en mesure d’optimiser le processus d’inversion en choisissant pertinemment les paramètres
d’inversion. La présence de bruit dans le signal peut également influencer les résultats d’une inversion.

C. POLARISATION PROVOQUÉE
La polarisation provoquée (PP) est un phénomène qui se produit en présence de certains types de minéraux
(principalement métalliques, mais aussi argileux) ou de contaminants organiques comme les hydrocarbures, et au
cours de processus biochimiques. Elle est équivalente au comportement de charge et de décharge de
condensateurs lorsqu’un courant est injecté puis interrompu. Lorsque les effets PP se manifestent, une
décroissance du potentiel peut être observée au niveau des électrodes de réception MN (relaxation du potentiel),
lorsque le courant est coupé (Figure III-3). Si on impose un courant sinusoïdal, un retard de phase est alors
observé entre le potentiel en MN et le courant.

FIGURE III-3 : MANIFESTATION DE L’EFFET PP AU NIVEAU DE LA TENSION MESURÉE VMN LORSQUE LE COURANT
INJECTÉ IAB EST INTÉRROMPU.

1. CONCEPT DE POLARISATION ET DE DÉPLACEMENT DIÉLECTRIQUE

a) M OUVEMENTS DE CHARGES : CONDUCTION ET POLARISATION


Les propriétés électriques et diélectriques décrivent la capacité des charges à se déplacer dans un milieu
lorsqu’un champ électrique externe est appliqué. Deux types de mouvement sont distingués : celui des charges
libres (conductivité électrique, électromigration) et celui des charges liées (permittivité diélectrique, mouvements
de charges de petite amplitude) qui caractérise l’interaction d’isolants électriques avec un champ électrique.

43
Dans la plupart des roches, la conduction est essentiellement électrolytique comme cela a été présenté dans la
partie III-B-2 de ce manuscrit. Elle dépend principalement de la quantité et de la salinité du fluide contenu dans
le réseau poreux.

Un matériau se polarise sous l’effet d’un champ électrique externe si les charges liées (celles qui ne peuvent pas
se déplacer librement dans la roche) se déplacent sur de courtes distances ou se réorientent [Comparon, 2005].

b) E QUATIONS GÉNÉRALES
Différentes propriétés électriques, souvent liées les unes aux autres, sont introduites ici [d’après Ruffet, 1993].

Tout milieu est à la fois conducteur et diélectrique. C’est ce que traduit l’équation de Maxwell, où la densité de
courant J [A/m2] parcourant le milieu est la somme des deux contributions :

ࡶ ൌ ࡶ ௖ ൅ ࡶௗ ÉQUATION III-13

Avec :

· Jc la densité de courant de conduction, directement reliée par la loi d’Ohm au champ électrique E [V/m]
(en régime linéaire) :

ࡶ௖ ൌ ߪ௖‫ࡱ כ‬ ÉQUATION III-14

avec σc* la conductivité électrique [S/m]. Elle est généralement complexe :

ߪ௖‫ כ‬ൌ ߪ௖ᇱ ൅ ݅ߪ௖ᇱᇱ ÉQUATION III-15

σc’ représente la conductivité ohmique et σc’’ la dissipation due à la vitesse finie de déplacement des
porteurs de charges et aux différentes pertes par dispersion (réactions chimiques ou pertes thermiques).

· Jd la densité de courant de déplacement, qui est la dérivée de l’induction électrique D [C/m2] (équation
de Maxwell). Dans le domaine temporel, elle s’écrit :

݀ࡰ
ࡶௗ ൌ ÉQUATION III-16
݀‫ݐ‬

Et dans le domaine fréquentiel,

ࡶௗ ൌ ݅߱ࡰ ÉQUATION III-17

L’induction électrique est proportionnelle au champ électrique E via la relation constitutive suivante :

ࡰ ൌ ߝௗ‫ ࡱ כ‬ൌ ߝ଴ ࡱ ൅ ࡼ ÉQUATION III-18

avec εd* la permittivité diélectrique [F/m], P la polarisation du milieu (moment dipolaire par unité de
volume [C/m2]) et ε0 la permittivité diélectrique du vide. D’où,

ࡶௗ ൌ ݅߱ߝௗ‫ࡱ כ‬ ÉQUATION III-19

La permittivité diélectrique εd* est également une grandeur complexe :

ߝௗ‫ כ‬ൌ ߝௗᇱ െ ݅ߝௗᇱᇱ ÉQUATION III-20

εd’ représente le transfert d’énergie par les courants de déplacement et εd’’ la perte d’énergie due au
retard de la polarisation.

44
Finalement, comme la densité de courant totale J est la somme de la densité de courant de conduction et de la
densité de courant de déplacement :

ࡶ ൌ ሺߪ௖‫ כ‬൅ ݅߱ߝௗ‫ כ‬ሻࡱ ൌ  ሾሺߪ௖ᇱ ൅ ݅ߪ௖ᇱᇱ ሻ ൅ ݅߱ሺߝௗᇱ െ ݅ߝௗᇱᇱ ሻሿࡱ


ÉQUATION III-21
ߪ௖ᇱᇱ
ࡶ ൌ ൤ሺߪ௖ᇱ ൅ ߱ߝௗᇱᇱ ሻ ൅ ݅߱ሺߝௗᇱ ൅ ሻ൨ ࡱ
߱

En pratique, on mesure les parties réelles et imaginaires de la densité totale de courant. On introduit une
conductivité électrique réelle effective et une permittivité diélectrique réelle effective qui permettent d’exprimer
ces grandeurs :


ߪ௘௙௙ ൌ ߪ௖ᇱ ൅ ߱ߝௗᇱᇱ  ÉQUATION III-22


ߪ௖ᇱᇱ
ߝ௘௙௙ ൌ  ߝௗᇱ ൅ ÉQUATION III-23
߱

La conductivité électrique réelle effective σeff’ permet d’exprimer la partie de la densité de courant totale mesurée
en phase avec le champ électrique E, et la permittivité diélectrique réelle εeff’ celle en quadrature avec le champ
E.

Dans le cas de la mesure de densité de courant complexe, on définit un coefficient complexe unique qui qualifie
la relation de proportionnalité de J et E. Selon la convention adoptée, on peut parler en termes de conductivité
effective complexe ou de permittivité diélectrique effective complexe :

‫כ‬ ᇱ ᇱ
ߪ௖ᇱᇱ
ߪ௘௙௙ ൌ ߪ௘௙௙ ൅ ݅߱ߝ௘௙௙ ൌ ൤ሺߪ௖ᇱ ൅ ߱ߝௗᇱᇱ ሻ ൅ ݅߱ሺߝௗᇱ ൅ ሻ൨ ÉQUATION III-24
߱

‫כ‬ ‫כ‬ ᇱ
ߪ௘௙௙
ߝ௘௙௙ ൌ ݅߱ߪ௘௙௙ ൌ ߝ௘௙௙ െ݅ ÉQUATION III-25
߱

Remarque : En continu, la conductivité effective σeff* se réduit à la conductivité vraie σc* (DC conductivity en
anglais).

La densité de courant total peut s’exprime alors par :

‫כ‬ ‫כ‬
ࡶ ൌ ߪ௘௙௙ ࡱ ൌ ݅߱ߝ௘௙௙ ࡱ ÉQUATION III-26

La conductivité électrique effective complexe et la permittivité diélectrique effective complexe dépendent de la


fréquence. En fonction de la gamme de fréquences employée, l’un ou l’autre de ces paramètres sont utilisés : aux
basses fréquences, on utilise souvent la conductivité électrique effective complexe (ou la résistivité électrique
effective complexe), et aux hautes fréquences, on préfère la permittivité diélectrique effective complexe
[Kessouri, 2012].

Finalement, on mesure les parties réelle et imaginaire de la densité totale de courant J pour retrouver les quatre
paramètres intrinsèques caractérisant le milieu étudié : σc’, σc’’, εd’ et εd’’. En général, il n’est pas possible de
séparer σc’ et εd’’ d’un côté et εc’ et σd’’ de l’autre.

Remarque : Par la suite, le termes « effectif » sera seulement sous-entendu. Comme l’étude développée dans ce
manuscrit est consacrée aux phénomènes basses fréquences, on parlera de la conductivité (effective) électrique
complexe ou la résistivité électrique (effective) complexe, notées plus simplement σ* et ρ*, respectivement.

45
c) D ÉPENDANCE EN FRÉQUENCE
La polarisation totale est la contribution de plusieurs mécanismes distincts. Chaque phénomène physique ou
chimique intervient dans une certaine gamme de fréquences et l’on peut faire des mesures de résistivité
électrique sur un large spectre afin de retrouver ces phénomènes [Olhoeft, 1985].

Les différents types de déplacement de charges et la gamme de fréquences associée ont été répertoriés par
Gueguen et Palciauskas (1992), dans le domaine de fréquences 10 3 à 1015 Hz :

· Pour les fréquences supérieures à 4.1014 Hz, la polarisation est électronique. Elle correspond à la distorsion
des couches électroniques d’un atome. Les électrons ont une masse très faible, ils peuvent donc osciller
jusqu’à des fréquences très élevées.
· Entre 4.1011 et 4.1014 Hz, s’ajoute la polarisation atomique. Ce processus est lié au déplacement relatif des
atomes d’une molécule les uns par rapport aux autres. La masse des atomes étant supérieure à celles des
électrons, c’est un phénomène plus basse fréquence que la polarisation électronique.
· Entre 108 et 4.1011 Hz, intervient la polarisation dipolaire. Les molécules dipolaires, c’est-à-dire porteuses
d’un moment électrique permanent (qui possèdent deux pôles, un positif, l’autre négatif, comme l’eau), vont
s’orienter dans le sens du champ électrique appliqué. L’agitation thermique tendant à maintenir les
molécules dans un état d’orientation aléatoire, ce processus est très dépendant de la température [Comparon,
2005].
· Aux fréquences inférieures à 105, apparait la polarisation d’interface (ou de Maxwell-Wagner), qui
correspond à l’accumulation de charge aux interfaces. Elle a lieu lorsque des porteurs de charges migrent
sous l’effet d’un champ électrique et se retrouvent piégés, ou limités dans leur mouvement. Si un milieu
poreux est placé dans un champ électrique, les ions de charges contraires se déplacent dans des directions
opposées et s’accumulent aux interfaces grains/fluide où ils restent bloqués.

Les processus de polarisation d’interface et de polarisation dipolaire sont des phénomènes de relaxation
(existence d’un délai de réponse pour un système soumis à une excitation extérieure). Les processus de
polarisation atomique et électronique sont plutôt des phénomènes de résonance [Comparon, 2005].

Remarque : D’autres types de polarisation existent qui ne sont pas liées à l’application d’un champ électrique
extérieur dont :

· Les réactions d’oxydo-réduction provoquent un transfert de charges entre les ions d’une solution et un
métal ;
· Le potentiel électrocinétique dû au mouvement des fluides dans les pores sous l’effet d’un gradient de
pression ;
· Le potentiel thermoélectrique généré par la diffusion plus rapide des charges depuis une zone froide vers
une zone plus chaude en présence d’un gradient thermique ;
· Le potentiel de diffusion entre deux zones de concentrations ioniques différentes.

2. LA DOUBLE COUCHE ÉLECTRIQUE

En plus de la matrice rocheuse et de l’eau contenue dans les pores, les interfaces entre la phase solide et la phase
liquide peuvent contribuer fortement aux propriétés électriques du milieu poreux. Les effets d’interface
dépendent des propriétés physiques et chimiques de surface et des caractéristiques de la double couche électrique
à l’interface solide/liquide (voir Annexe 1).

Les surfaces minérales sont généralement chargées. A cause de défauts de surface de leur structure cristalline, il
y a souvent des excès de charges négatives à la surface des grains. Quand il y a contact entre un électrolyte et
une surface minérale, il y a création d’une zone proche de la surface où la concentration en ions compensateurs
est supérieure à leur concentration dans l’électrolyte, loin de l’interface. Ainsi, des cations sont adsorbés sur la
surface minérale pour assurer l’électroneutralité. Cette zone est appelée double couche électrique (DCE).

46
Différents modèles ont été développés pour décrire le gradient de concentration au voisinage de l’interface
(Helmholtz, Gouy Chapman et triple couche de Stern, voir Annexe 1). Les paragraphes suivants se focaliseront
sur le modèle le plus complet, celui de la triple couche de Stern.

La DCE est composée de deux couches séparées par un plan de cisaillement. La couche de Stern contient les
ions compensateurs adsorbés et capables de se mouvoir tangentiellement le long de la surface minérale. Et la
couche diffuse est un volume d’électrolyte contenant des ions positifs et négatifs, mobiles et attirés à la surface
minérale par interaction électrostatique. Plus loin, il y a l’électrolyte dit « libre », non affecté par l’interface
[Schmutz et al., 2010 ; Ghorbani, 2007] (Figure III-4-a).

3. MÉCANISMES DE LA POLARISATION DANS UN MILIEU POREUX

Deux mécanismes distincts seraient responsables de la polarisation dans un milieu poreux (en l’absence de
particules métalliques) [Revil et al., 2012]. La polarisation à basse fréquence est liée à la présence de la DCE,
alors qu’à plus haute fréquence (> 100 Hz), la polarisation est la polarisation de Maxwell-Wagner. Comme ce
sont les phénomènes apparaissant à basse fréquence qui intéressent cette étude, la polarisation de la DCE sera
plus développée. C’est la somme de trois contributions : la polarisation de la couche de Stern, la polarisation de
la couche diffuse et la polarisation de membrane [Vaudelet et al., 2011].

a) P OLARISATION DE LA COUCHE DE S TERN


Le mécanisme principal responsable de la polarisation est associé à la polarisation de la couche de Stern
[Schmutz et al., 2010]. S’ils sont mobiles, les cations de la couche de Stern bougent dans la direction du champ
électrique. Parce qu’ils ne peuvent pas quitter la couche de Stern (le processus de sorption-désorption entre la
couche de Stern et la couche diffuse est trop lent), ils migrent tangentiellement à la surface du grain dans la
direction du champ électrique et ils s’accumulent sur un des côté de la particule [Vaudelet et al., 2011 ; Leroy et
al., 2008] (Figure III-4-b).

b) P OLARISATION DE LA COUCHE DIFFUSE


Cette polarisation est due à la relaxation de la couche diffuse autour des grains du milieu poreux. Sous
l’influence d’un champ électrique externe, la couche diffuse entourant les grains se déforme, puis revient à sa
position d’équilibre quand le champ est coupé [Lesmes and Morgan, 2001] (Figure III-4-c).

c) P OLARISATION DE MEMBRANE
Lorsque les grains sont proches, les couches diffuses des grains contigus se chevauchent. Lorsqu’un courant
électrique est appliqué, les cations migrent dans la couche diffuse, tandis que les anions, plus volumineux, ne
peuvent pas traverser les zones de chevauchement de la couche diffuse et vont s’y accumuler [Vaudelet et al.,
2011]. Il se crée alors un champ électrique associé à cette accumulation de charges. Lorsque le courant est arrêté,
ces charges se relaxent (Figure III-4-d).

Ce phénomène a tout d’abord été mis en évidence dans des milieux argileux [Vacquier et al., 1957], car la
porosité y est très faible.

Remarque : Leroy et al. (2008), puis Revil et Florsh (2010), supposent que le chevauchement des couches
diffuses au contact des grains empêcherait la polarisation de ces dernières. La déformation de la couche diffuse
étant faible, ce serait les effets de la polarisation de la couche de Stern qui seraient prépondérants.

47
FIGURE III-4 : a) MODÈLE DE LA TRIPLE COUCHE ÉLECTRIQUE ET MÉCANISMES DE LA POLARISATION b) DE LA
COUCHE DE STERN, c) DE LA COUCHE DIFFUSE ET d) DE MEMBRANE. MODIFIÉ D’APRÈS SLATER ET AL., 2005 ;
TITOV ET AL., 2004 ; VAUDELET ET AL., 2011.

48
4. TECHNIQUES DE MESURE ET PARAMÈTRES DE LA POLARISATION PROVOQUÉE

La méthode de polarisation provoquée peut être appliquée aussi bien en domaine temporel qu’en domaine
fréquentiel. L’étude de la courbe de décroissance du potentiel en fonction du temps correspond à la méthode de
polarisation provoquée en domaine temporel (TDIP en anglais pour Time Domain Induced Polarization). Mais
comme le temps de relaxation du potentiel est fini, il est évident que la résistivité apparente complexe doit varier
avec la fréquence, diminuant lorsque la fréquence augmente. Ainsi, les mesures de la résistivité à plusieurs
fréquences, généralement entre 1 mHz et 1 kHz, constituent une autre technique : c’est l’étude en domaine
fréquentiel (SIP en anglais pour Spectral Induced Polarization).

La méthode PP met en œuvre deux électrodes pour la mesure de la différence de potentiel (ddp) et deux autres
électrodes pour l’injection du courant : elle utilise donc les mêmes dispositifs d’électrodes utilisés pour la mesure
de la résistivité électrique. Cependant, il y a des différences à prendre en compte, notamment concernant le
rapport signal sur bruit, ainsi que les effets de couplages électromagnétiques [Pelton et al., 1978] ou de
polarisation d’électrodes [Dahlin, 2000].

a) E N DOMAINE TEMPOREL
Dans la méthode de PP dans le domaine temporel, un courant électrique d’intensité I0 est injecté, puis coupé. La
tension induite V(t) est mesurée après la coupure de courant. Cette tension est normalisée à la tension mesurée
lors de l’injection de courant V0 pour déterminer la chargeabilité intégrée Mint [mV/V] (Figure III-5) :

௧೔శభ
ͳ
‫ܯ‬௜௡௧ ൌ න ܸሺ‫ݐ‬ሻ݀‫ ݐ‬ ÉQUATION III-27
ܸ଴ ሺ‫ݐ‬௜ାଵ െ ‫ݐ‬௜ ሻ ௧೔

FIGURE III-5 : PRINCIPE DE MESURE DE LA POLARISATION PROVOQUÉE EN DOMAINE TEMPOREL. UN COURANT


EN CRÉNEAUX D’INTENSITÉ I0 EST INJECTÉ. LE MILIEU SE CHARGE JUSQU’A UNE DIFFÉRENCE DE POTENTIEL V0.
LORSQUE LE COURANT EST COUPÉ, LE VOLTAGE OBSERVÉ IMMÉDIATEMENT APRÈS LA COUPURE EST NOTÉ VP.
LE POTENTIEL V(t) DÉCROIT JUSQU’À PRENDRE UNE VALEUR NULLE. L’INTÉGRATION DE LA COURBE DE
DÉCROISSANCE DE V(t) ENTRE DEUX TEMPS DONNÉS ti ET ti+1 PERMET DE CALCULER LA CHARGEABILITÉ M.

49
La mesure du voltage VP observé immédiatement après que le courant soit coupé permet de calculer la
chargeabilité apparente Ma [mV/V] définie par Seigel (1959) :

ܸ௉
‫ܯ‬௔ ൌ ÉQUATION III-28
ܸ଴

Pelton et al. (1978) ont défini la chargeabilité comme étant la contribution de deux conductivités, la conductivité
’ ’
σ surf dite de surface, et la conductivité σ el de l’électrolyte, dite de volume. Dans le cas où la conductivité de
volume est beaucoup plus grande que la conductivité de surface, la chargeabilité est proportionnelle au rapport
de la conductivité de surface sur la conductivité de volume [Slater and Lesmes, 2002] :
ᇱ ᇱ
ߪ௦௨௥௙ ߪ௦௨௥௙
‫ן ܯ‬ ᇱ ᇱ ؆ ᇱ
ÉQUATION III-29
ߪ௘௟ ൅ ߪ௦௨௥௙ ߪ௘௟

Pour s’affranchir de la variation de résistivité électrique du milieu (pour rendre comparable les valeurs de
chargeabilité de roches ayant des résistivités différentes), la chargeabilité normalisée définie par Slater et Lesmes
(2002) est utilisée. Elle correspond à la chargeabilité divisée par la résistivité [Slater and Lesmes, 2002] :

‫ܯ‬
‫ܯ‬௡ ൌ ‫ߪ ן‬Ԣ‫݂ݎݑݏ‬ ÉQUATION III-30
ߩ


La chargeabilité dépend de la résistivité de la roche et de sa conductivité de surface ߪ௦௨௥௙ , alors que la
chargeabilité normalisée ne dépend que de la conductivité de surface. Or la conductivité de surface permet de
discriminer différents types de roches [Revil et al., 1998].

b) E N DOMAINE FRÉQUENTIEL
La polarisation provoquée peut aussi être utilisée en domaine fréquentiel, en injectant un courant alternatif de
fréquence variable. Les mesures de laboratoire se font en général dans une large bande de fréquences, allant de 1
mHz à 50 kHz. Sur le terrain, les mesures en domaine fréquentiel sont souvent limitées à 100 Hz. Au-delà de
cette fréquence, des effets d’induction électromagnétique dominent la réponse PP [Revil et al., 2012].

La technique consiste à injecter un courant alternatif de fréquence variable et de mesurer le potentiel induit dont
l’amplitude et la phase ont pu varier par rapport au signal de départ. Le rapport du potentiel induit sur le courant
entrant est la résistivité complexe du système (une fois corrigée par le facteur géométrique) (Figure III-6).

FIGURE III-6 : PRINCIPE DE MESURE DE LA POLARISATION PROVOQUÉE SPECTRALE. UN DÉPHASAGE ϕ EST


MESURÉ ENTRE LA DIFFÉRENCE DE POTENTIEL (TRAIT POINTILLÉ ROUGE) QUI EST EN RETARD PAR RAPPORT
AU COURANT INJECTÉ (TRAIT CONTINU NOIR) ET UNE DIFFÉRENCE D’AMPLITUDE |ρ*| ENTRE LES DEUX
SIGNAUX.

50
Les notations suivantes seront utilisées :

ܷ
ߩ‫ כ‬ሺ߱ሻ ൌ ߩᇱ ൅ ݅ߩᇱᇱ ൌ ܼ݇ ‫ כ‬ሺ߱ሻ ൌ ݇ ൌ ȁߩ‫ כ‬ሺ߱ሻȁ݁ ௜ఝሺఠሻ ÉQUATION III-31
‫ܫ‬

avec ݅ ൌ ξെͳ, ρ’ la partie réelle de la résistivité, ρ’’ la partie imaginaire, ȁߩ‫ כ‬ȁ ൌ ඥሺߩᇱଶ ൅ ߩᇱᇱଶ ሻl’amplitude de la
ߩᇱᇱ
résistivité [Ω.m] et ߮ ൌ –ƒିଵ ሺ ൗߩᇱ ሻla phase [rad].

En pratique, l’impédance ȁܼ ‫ כ‬ȁ et la phase ߮ sont mesurés. L’impédance est convertie en résistivité par la
multiplication par un facteur géométrique ݇ (voir partie III-B-3 p.41), alors que la phase ne dépend pas du
facteur géométrique.

L’amplitude de la résistivité ȁߩ‫ כ‬ሺ߱ሻȁreprésente la conduction ohmique (capacité à conduire le courant) et le


déphase ߮ décrit l’intensité de la polarisation (stockage de charges).

La conductivité complexe [S.m-1] est l’inverse de la résistivité :

ͳ
ߪ ‫ כ‬ሺ߱ሻ ൌ ൌ ݅߱ߝ ‫ כ‬ൌ ߪ ᇱ ൅ ݅ߪ ᇱᇱ ÉQUATION III-32
ߩ‫ כ‬ሺ߱ሻ

avec ߝ ‫ כ‬la permittivité diélectrique complexe [F.m-1] et ߱ ൌ ʹߨ݂ la pulsation [rad.s-1].

La partie réelle ߪԢ dépend principalement de la conductivité de l’électrolyte ߪ௘௟ dite de volume, mais également

de la conductivité de surface localisée à l’interface électrolyte/solide ߪ௦௨௥௙ . La partie imaginaire ߪԢԢ dépend
ᇱᇱ
surtout de la conductivité de surface ߪ௦௨௥௙ , donc de phénomènes de polarisation au niveau de l’interface [Slater
and Lesmes, 2002]. La relation suivante peut alors être écrite :

ᇱ ᇱᇱ
ߪ ‫ כ‬ሺ߱ሻ ൌ ቀߪ௘௟ᇱ ൅ ߪ௦௨௥௙ ሺ߱ሻቁ ൅ ݅ߪ௦௨௥௙ ሺ߱ሻ ÉQUATION III-33

La conductivité de surface ߪ௦௨௥௙ provient du déplacement des ions dans la double couche électrique et augmente
avec la surface spécifique des grains, avec la densité de charges et avec la mobilité ionique de surface [Slater
and Lesmes, 2002].

Afin de faire le parallèle avec la chargeabilité, on peut citer ici la formulation de la phase proposée dans l’article
de Slater et Lesmes (2002) :
ᇱᇱ ᇱᇱ
ߪ௦௨௥௙ ߪ௦௨௥௙
߮ൌ ᇱ ᇱ ؆ ᇱ
ÉQUATION III-34
ߪ௘௟ ൅ ߪ௦௨௥௙ ߪ௘௟

Et la partie imaginaire de la conductivité peut être définie comme un paramètre normalisé, au même titre que la
chargeabilité normalisée :

ߪ ᇱᇱ ൌ ߪ ᇱ –ƒሺ߮ሻ ؆ ߪ ᇱ ߮ ÉQUATION III-35

Remarque : Signe de la phase. Par définition (Équation III-31), la phase de la résistivité complexe est négative
(comme le voltage est en retard par rapport au courant). Si la phase est celle de la conductivité complexe (inverse
de la résistivité), elle est positive. Cependant les deux ont la même valeur absolue [Revil et al., 2012].

Les différents paramètres PP peuvent être modélisés pour des milieux granulaires, avec ou sans argiles, saturés
en eau ou partiellement saturés en huile. Des exemples de modèles sont présentés dans l’annexe 2.

51
5. DISTRIBUTION DES CHARGES ÉLECTRIQUES EN PRÉSENCE DE BACTÉRIES

Les hydrocarbures modifient la chimie de l’interface grain/fluide [Vanhala et al., 1992 ; Olhoeft, 1985]. Par
conséquent, les mesures PP sont sensibles à la pollution par des hydrocarbures, bien que cette signature dépende
aussi du type de contaminant, de sa mouillabilité et de son degré de saturation [Schmutz et al., 2012, 2010 ; Revil
et al., 2011 ; Cassiani et al., 2009], ainsi que de la lithologie du milieu pollué [Cassiani et al., 2014 ; Kemna et
al., 2004].

La présence de bactéries introduit de nouvelles interfaces (fluide/bactéries) et elles modifient aussi les propriétés
électriques du milieu granulaire. De plus, l’activité bactérienne influence les propriétés physico-chimiques du
milieu, et donc ses propriétés électriques [Atekwana and Atekwana, 2010].

a) S URFACE DES BACTÉRIES


Comme cela a été décrit précédemment, les bactéries sont classées en deux groupes en fonction de leur structure
membranaire. Mais, Gram + ou bien Gram -, cela ne renseigne pas sur la polarisation de la membrane. En effet,
dans les deux cas, la surface des bactéries, comme celle des minéraux, est chargée négativement [Revil et al.,
2012 ; Margo, 2009].

La paroi des bactéries Gram+ est chargée négativement parce que le peptidoglycane comprend beaucoup
d'acides téichoïques (donc beaucoup d'ions phosphate PO43-). La membrane externe des bactéries à Gram-
comprend une importante quantité de phospholipides (donc beaucoup d'ions phosphate aussi). La dissociation de
groupes acides au niveau de groupements carboxyle (R-COOH) et hydroxyle (R-OH) joue aussi en faveur d’une
charge nette négative (cf. Annexe 1). Le degré de dissociation de ces groupes chargeables est fonction du pH et
de l’activité de la solution électrolytique environnante.

Généralement, le point isoélectrique des bactéries est à pH 2 et leur surface est chargée négativement à pH 7.
Mais, cela est très variable selon les bactéries et les conditions environnementales [Li and McLandsborough,
1999] (cf. Annexe 1).

Cela entraîne que les ions positifs du milieu extracellulaire sont attirés à la surface des cellules, formant ainsi une
double couche, comme à la surface des minéraux. Pour les mesures électriques basse fréquence, la relaxation liée
à la diffusion des nuages de contre-ions présents à la périphérie des bactéries est dominante [Margo, 2009]
(Figure III-7-a et b).

Récemment, Zhang et al. (2013) ont montré que la signature électrique d’une suspension bactérienne évoluait au
cours de sa croissance. Les parties réelle et imaginaire de la conductivité complexe augmentent avec le nombre
de bactéries à basse fréquence (< 10 Hz). Cependant, la conductivité finit par diminuer à mesure que les
bactéries vieillissent. Les auteurs en concluent que la PP est un outil qui peut être utilisé pour surveiller la
biomasse et ses différents stades évolutifs.

b) I NFLUENCE SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECTRIQUES DU MILIEU GRANULAIRE


Les microorganismes ont une large surface spécifique [van der Wal et al., 1997a, 1997b]. Ainsi, les
microorganismes qui se développent en colonies peuvent augmenter la rugosité de la surface de sédiments lisses
et donc augmenter leur surface spécifique et leur conductivité électrique.

L’adhérence des bactéries chargées négativement sur des surfaces minérales chargées elles aussi négativement
provoquent des mouvements de charges de l’électrolyte. Les bactéries sont éloignées par interaction
électrostatique du minéral. La capacité d’échange cationique (CEC) est définie par la capacité d’échange de
cations entre le minéral et l’électrolyte. Les bactéries exploitent cette propriété pour se fixer aux minéraux. En
utilisant les cations fixés au minéral comme relais, les bactéries peuvent adhérer à la surface des minéraux et
ainsi indirectement modifier les propriétés électriques de la DCE [Atekwana et al., 2006] (Figure III-7-c).

52
FIGURE III-7 : SCHÉMA ILLUSTRANT LA RÉPARTITION DES CHARGES AUTOURS D’UNE BACTÉRIE ET
L’INFLUENCE DES BACTÉRIES DANS LE MILIEU GRANULAIRE : a) SURFACE BACTÉRIENNE CHARGÉE
NÉGATIVEMENT ET ENTOURÉE D’UNE COUCHE DE CONTRE-IONS ; b) POLARISATION DE LA COUCHE DE
CONTRE-IONS SOUS L’INFLUENCE D’UN CHAMP ÉLECTRIQUE EXTERNE, c) MODIFICATION DES PROPRIÉTÉS
ÉLECTRIQUES DU MILIEU GRANULAIRE EN PRÉSENCE DE BACTÉRIES : CHANGEMENT DE LA SURFACE
SPÉCIFIQUE DU GRAIN GRÂCE AUX BACTÉRIES ADSORBÉES À LA SURFACE MINÉRALE ET MODIFICATION DE LA
STRUCTURE DE LA DOUBLE COUCHE ÉLECTRIQUE (DCE) DU GRAIN. INSPIRÉ DE ABDEL AAL ET AL., (2006) ET
REVIL ET AL. (2012).

c) R ÉPONSE PP DE LA CROISSANCE BACTÉRIENNE DANS UN MILIEU POREUX : M ODÈLE DE


R ÉVIL ET AL . (2012)
Revil et al. (2012) ont développé un modèle quantitatif représentant la réponse PP en domaine fréquentiel i)
d’une suspension bactérienne et ii) de la croissance bactérienne dans un milieu poreux. Ils ont comparé les
bactéries à des minéraux argileux qui possèdent une double couche électrique, une forte surface spécifique et une
grande capacité d’échange cationique. En effet, les bactéries sont recouvertes d’un peigne de polymères chargés
négativement et qui attirent des contre-ions formant ainsi une couche de Stern, entourée par une couche diffuse.
Le phénomène de polarisation des bactéries est lié principalement à la mobilité des contre-ions de la couche de
Stern qui est très faible, ce qui se traduit par des fréquences de relaxation relativement basses (entre 0,1 et 5 Hz).

53
i) Modélisation de la polarisation d’une suspension bactérienne

Les auteurs ont proposé un modèle simple, basé sur la modélisation de la réponse de la couche de Stern. Ils ont
fait deux postulats : (1) la constante diélectrique des polymères entourant la bactérie est du même ordre de
grandeur que celle de l’électrolyte, et (2) la conductivité de la membrane bactérienne est nulle. La conductivité
d’une suspension bactérienne est alors contrôlée par la quantité de bactéries et la conductivité de surface du
peigne de polymères. Revil et al. (2012) utilisent un modèle de type Cole-Cole (cf. Annexe 2) pour décrire la
polarisation d’une suspension bactérienne :

‫ܯ‬
ߪ ‫ כ‬ሺ߱ሻ ൌ ߪஶ ൤ͳ െ ൨ ÉQUATION III-36
ͳ ൅ ሺ݅߱߬ሻ௖

avec ߬ la constante de temps [s], ߪλ la conductivité à haute fréquence de la suspension bactérienne, ‫ ܯ‬la
chargeabilité, ܿ l’exposant de Cole-Cole.

La chargeabilité normalisée est définie par :

‫ܯ‬௡ ൌ ‫ߪܯ‬ஶ ൌ ߪஶ െ ߪ଴ ÉQUATION III-37

avec ߪ଴ la conductivité à basse fréquence de la suspension bactérienne. Les termes ߪ଴ et ߪஶ sont définis par :

ͳ
ߪ଴ ൌ ߪ ÉQUATION III-38
‫ܨ‬஻ ௪

avec ߪ௪ la conductivité de l’électrolyte et ‫ܨ‬஻ le facteur de formation associé à la présence de bactéries ;

ͳ
ߪஶ ൌ ሺߪ ൅ ݉஻ ߚሺାሻ ܳ௏஻ ሻ ÉQUATION III-39
‫ܨ‬஻ ௪

avec ܳ௏஻ ൌ σே ஻ ஻
௜ୀଵ ‫ܥ‬௜ ‫ܥܧܥ‬௜ la charge par unité de volume d’une suspension colloïdale de bactéries [C.m ],
-3


‫ܥܧܥ‬௜ la capacité d’échange cationique de la bactérie de type ݅ [C.kg ], ܰ le nombre de types de bactéries
-1

présentes dans la suspension et ‫ܥ‬௜஻ la concentration bactérienne [kg.m-3].

Et avec ݉஻ le facteur de cimentation et ߚሺାሻ la mobilité des contre-ions dans la couche de Stern.

Ce qui conduit à l’expression de la chargeabilité normalisée suivante :

ͳ
‫ܯ‬௡ ൌ ݉ ߚ ‫ܥܧܥ ܥ‬஻ ÉQUATION III-40
‫ܨ‬஻ ஻ ሺାሻ ஻

La partie imaginaire de la conductivité électrique complexe peut être exprimée telle que :

̶
ߪ௘௙௙ ‫ߝ߱ ؠ‬଴ ‫ܭ‬௘௙௙ ൌ ߪ ̶ ൅ ߱ߝ ᇱ ÉQUATION III-41

avec ‫ܭ‬௘௙௙ la permittivité relative effective de la suspension (permittivité électrique du milieu ε* ramenée à celle
du vide ‫ܭ‬௘௙௙ ൌ ߝ ‫ כ‬Τߝ଴) :

ߨ
‫ܯ‬௡ ܿ‫ ݏ݋‬ቂ ሺͳ െ ܿሻቃ
‫ܭ‬௘௙௙ ᇱ
ൌ‫ ܭ‬൅൬ ൰ ʹ ÉQUATION III-42
ʹ߱ߝ଴ ܿ‫݄ݏ݋‬ሾ݈ܿ݊ሺ߱߬ሻሿ ൅ ‫ ݊݅ݏ‬ቂߨ ሺͳ െ ܿሻቃ
ʹ

54
D’après ce modèle (Équation III-41 et Équation III-42), la partie imaginaire de la conductivité électrique
complexe dépend linéairement de la densité bactérienne. Ainsi, une variation de la partie imaginaire devrait
correspondre à un changement de la concentration en bactéries.

ii) Modélisation de la polarisation de bactéries dans du sable

La modélisation a ensuite été étendue au cas de la croissance d’une population bactérienne dans un milieu
poreux où les bactéries sont principalement en contact avec la phase solide (adhésion). La concentration en
bactéries est maintenant définie par le nombre de bactéries par unité de volume തതത
‫ܥ‬஻ [m-3] :

തതത ܰ
‫ܥ‬஻ ൌ ஻൘ܸ
௣ ÉQUATION III-43

avec ܰ஻ le nombre de bactéries et ܸ௣ le volume de pores. Et par ‫ܥ‬஻ la densité bactérienne [kg.m-3] :

‫ܥ‬஻ ൌ തതത തതത


‫ܥ‬஻ ܸ ஻ ߩ஻ ÉQUATION III-44

avec തതത
ܸ஻ le volume d’une seule bactérie [m3] et ߩ஻ la masse volumique d’une bactérie [kg.m-3].

Revil et al. (2012) proposent alors les formulations suivantes pour la valeur maximale de la partie imaginaire de
la conductivité et pour la chargeabilité normalisée :

̶
ܿߨ
ߪ஻ǡ௠௔௫ ൎ െ‫ ݊ܽݐ‬ቂ ቃ ‫ܯ‬௡ ÉQUATION III-45
ʹ

ʹ ߔ
‫ܯ‬௡஻ ൌ ሺ ሻ݉ ሺߚሺାሻ തതത തതത
ܸ஻ ߩ஻ ‫ܥܧܥ‬஻ ሻ‫ܥ‬ ÉQUATION III-46
͵ ͳെߔ ஻ ஻

avec ߔ la porosité du milieu.

Le modèle relie donc directement la densité bactérienne du milieu poreux à la partie imaginaire de la
conductivité électrique complexe (Équation III-45 et Équation III-46).

D. UTILISATION DE LA PP POUR L’ÉTUDE DE LA BIODÉGRADATION


La présence des bactéries dans un milieu poreux et l’augmentation de la biomasse entraînent des modifications
des propriétés électriques du milieu poreux, surtout à basse fréquence. De plus, leur métabolisme modifie les
propriétés physico-chimiques du milieu, notamment les conditions redox. La PP, sensible aux propriétés
électriques dans le domaine fréquentiel, est un outil potentiellement intéressant pour l’étude de l’activité
bactérienne dans le cadre d’une biodégradation. De nombreuses études, sur le terrain et en laboratoire, ont utilisé
la PP dans ce but.

1. LA PP APPLIQUÉE À LA DÉTECTION DE CONTAMINANTS ORGANIQUES ET AU SUIVI DE


L’ACTIVITÉ BACTÉRIENNE

Le potentiel des méthodes géophysiques, et particulièrement des méthodes géo-électriques, pour la détection de
contaminants organiques a été montré dès les années 1990.

Par exemple, Schneider et Greenhouse (1992) ont suivi l’évolution de la résistivité électrique au cours d’un
relargage contrôlé de perchloroéthylène (PCE) dans un aquifère sablonneux. La forte résistivité du PCE a permis
de suivre le front du panache : des résistivités dix fois plus importantes que celles mesurées avant le relargage
ont pu être observées. DeRyck et al. (1993), eux, ont suivi une fuite contrôlée de kérosène. Les mesures de

55
permittivité diélectrique, de GPR (Ground Penetrating Radar) et de résistivité électrique ont vu la diminution du
contenu en eau, remplacé par le kérosène.

A travers la revue de différentes expériences, Monnier-Williams (1995) conclut que l’on peut détecter des fuites
de LNAPL (Light Non-Aqueous Phase Liquids) avec des méthodes électromagnétiques (induction EM) et des
mesures de résistivité et de GPR. La diminution de la conductivité électrique apparente ainsi que celle de la
permittivité diélectrique seraient associées à la diminution du contenu en eau lors de son remplacement par les
LNAPL en phase mouillante et au caractère isolant de ces polluants. Mais, dans cet article, des augmentations de
conductivité et de permittivité sont aussi mentionnées. Elles seraient dues à la formation d’émulsions du polluant
qui augmenteraient le contact entre la phase LNAPL et la phase aqueuse et/ou à l’augmentation de la
conductance de surface à l’interface des deux phases. Le processus d’imbibition pourrait aussi faire augmenter la
conductivité. L’auteur suggère de réaliser plus d’expérimentations pour quantifier les effets de tel ou tel
phénomène sur l’évolution de la résistivité.

Gajdoš et Kral (1995) vont aussi rapporter une augmentation de la conductivité électrique en présence
d’hydrocarbures. A travers leurs expériences en laboratoire et des observations sur le terrain, ils arrivent à la
conclusion que de petites quantités d’hydrocarbures provoquent une augmentation de la conductivité, alors que
de grandes quantités font diminuer la conductivité.

En 1998, Sauck et Atekwana réalisent une étude pionnière en biogéophysique qui va montrer une augmentation
de la conductivité électrique à l’aplomb d’un panache de LNAPL en cours de dégradation. Des polluants dits
« âgés » ou « matures » auraient une réponse contraire à celle des polluants dits « frais » à cause de l’activité
bactérienne qui a eu le temps de se mettre en place et qui modifie les signaux électriques.

Par la suite, de nombreuses autres études vont aller dans ce sens et montrer la faisabilité d’un suivi de la
biodégradation des polluants organiques par les méthodes géo-électriques.

Des études en laboratoire ont été entreprises afin de comprendre l’impact des interactions biologiques avec le
milieu géologique sur les propriétés géophysiques et plus particulièrement sur les propriétés électriques. Ces
mécanismes sont nombreux : (i) présence de forts gradients oxydo-réductifs liés à la présence de bactéries,
engendrant un transfert d’électrons [Naudet and Revil, 2005] ; (ii) altération minérale par les produits du
métabolisme microbien (production d’acides organiques) [Atekwana and Atekwana, 2010] ; (iii) formation de
biofilms et colmatage des pores [Albrecht et al., 2011 ; Ntarlagiannis and Ferguson, 2009 ; Davis et al., 2006] ;
(iv) biominéralisation induisant des précipitations de sels métalliques (sulfures, etc…) [Ntarlagiannis et al.,
2005] ; (v) présence de filaments protéiques extracellulaires de taille nanométrique (« nanowires ») à grande
conductivité électrique [Ntarlagiannis et al., 2007] .

Atekwana et Atekwana (2010) ont rédigé une revue très complète des principaux facteurs d’origine bactérienne
qui avaient une influence sur les propriétés physico-chimiques du sous-sol, et donc sur les propriétés
géophysiques (Figure III-8).

Les résultats de ces expériences sont caractérisés par une augmentation des parties réelles et imaginaires de la
conductivité électrique lorsque le traitement bactérien des sols augmente. En effet, la conductivité électrolytique
augmente, car il y a une augmentation de la concentration d’ions provenant de solides dissous (production
d’acides organiques et de biosurfactants responsables de la dissolution des minéraux). Cependant, les effets sont
plus visibles sur la partie imaginaire que sur la partie réelle. Les bactéries agrandissent les surfaces en contact
avec l’électrolyte, ce qui se traduit par une augmentation de la polarisabilité du milieu poreux, et donc par une
augmentation de la partie imaginaire de la conductivité complexe. Voir annexe 3 pour plus de détails.

56
FIGURE III-8 : DIAGRAMME REPRÉSENTANT L’INFLUENCE DE LA CROISSANCE DES BACTÉRIES SUR LES
PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES ET GÉOPHYSIQUES DU MILIEU POREUX. D’APRÈS ATEKWANA ET ATEKWANA
(2010).

2. DISPOSITIFS DE MESURE PP UTILISÉS SUR LE TERRAIN

Les mesures en domaine temporel sont classiquement privilégiées sur le terrain [Gazoty et al., 2012 ; Slater and
Lesmes, 2002 ; Slater and Reeve, 2002 ; Aristodemou and Thomas-Betts, 2000], bien que la méthode en domaine
fréquentiel soit de plus en plus appliquée dans le contexte de la dépollution [Schwartz et al., 2014 ; Flores
Orozco et al., 2012, 2011 ; Williams et al., 2009]. En outre, sachant l’utilité et l’importance de coupler
différentes méthodes, la méthode de résistivité est presque toujours associée aux mesures PP [Okay, 2011]. Cela
permet d’approfondir les interprétations.

Plusieurs paramètres d’acquisition sont à prendre en compte afin d’obtenir des mesures de qualité :

· L’intensité de l’injection : elle joue sur le rapport signal/bruit. L’intensité du courant doit être assez
importante car on mesure des effets PP très faibles.
· La durée d’injection : en domaine temporel, il faut choisir plusieurs temps d’injection pour étudier différents
phénomènes de polarisation. Plus la durée d’injection est longue, plus le milieu est chargé et quand
l’injection du courant est arrêtée, le signal associé aux phénomènes de polarisation est accentué
(classiquement t = 1 s, 2 s, ou 4 s) [Okay, 2011].
· La réponse des électrodes : le signal électrique reçu est un couplage de la réponse du milieu et du système de
mesure (électrodes + câbles), ainsi que du bruit aléatoire [Okay, 2011]. Pour pallier le problème, les
électrodes pour l’injection du courant et celles pour la mesure doivent être séparées [Dahlin et al., 2002], et
les électrodes de mesure peuvent être des électrodes dites impolarisables (type Petiau).

57
· La configuration des électrodes : les différentes configurations mentionnées pour la méthode de résistivité
électrique (cf. III-B-3) sont aussi utilisées. Cependant, certaines recommandations pour la méthode SIP
peuvent être ajoutées : la configuration dipôle-dipôle minimiserait la polarisation d’électrode [Kemna et al.,
2012] car la mesure de potentiel n’est pas située entre les électrodes d’injection, ce qui contribue aussi à
limiter la polarisation des électrodes de mesure. Ce n’est pas le cas d’un dispositif Wenner-Schlumberger
par exemple.

En ce qui concerne le choix de la méthode PP, TDIP vs SIP, la théorie dit que les deux domaines (temporel et
fréquentiel) mesurent le même phénomène et qu’ils doivent mener aux mêmes résultats. D’après les
mathématiques, les résultats d’un domaine sont la transformée de Fourier de l’autre. Il faut cependant des
mesures de bonne qualité pour pouvoir passer d’un domaine à l’autre, via une modélisation Cole-Cole par
exemple [Fiandaca et al., 2013]. Les données TDIP doivent être réalisées sur un nombre suffisant de fenêtres
temporelles afin de pouvoir reconstituer les phénomènes de polarisation [Kemna et al., 2012]. A l’inverse, il faut
que les mesures SIP soient réalisées sur un large spectre pour passer au domaine temporel.

Remarque : le couplage capacitif se distingue du couplage électromagnétique (EM) [Pelton et al., 1978]. Le
couplage capacitif peut se produire entre les électrodes d’injection et les câbles de potentiel, par exemple à la
suite d’une fuite de courant ou par déperdition entre les lignes de courant et de potentiel. Avec du matériel en
bon état, ce phénomène peut être négligé. Le couplage EM est dû au fait que, dans le sous-sol, l’induction EM
créé des différences de potentiel qui se superposent à celles dues aux effets de la polarisation provoquée. Il peut
devenir problématique lorsque les lignes de courant sont très longues ou que le sol est très conducteur. Il doit
être évalué afin de pouvoir estimer la réponse PP réelle. Ces effets sont sensibles à haute fréquence (ou pour des
temps d’injection très courts). Pour les minimiser, davantage de poids est donné aux mesures faites aux basses
fréquences (temps longs).

3. DISPOSITIFS DE MESURE EN LABORATOIRE

Les données de laboratoire sont indispensables pour améliorer la compréhension de l’influence des paramètres
physico-chimiques et microbiologiques qui contrôlent les phénomènes PP. En laboratoire, ce sont les mesures
SIP qui sont les plus répandues. Néanmoins, quelques exemples de mesures TDIP sont disponibles dans la
littérature [Etienne, 2014; Titov et al., 2004].

On retrouve les mêmes systèmes appliqués à plus petite échelle. Par conséquent, certains problèmes sont
atténués comme le couplage (câbles plus courts), l’intensité du courant d’injection est plus faible (moins de
milieu à sonder). Mais il faut faire face à d’autres difficultés : choix d’un porte-échantillon adapté, préparation
des échantillons, niveau de compaction… [Kemna et al., 2012].

Plusieurs expériences menées en laboratoire concernant le suivi de l’activité bactérienne ont été passées en
revue. Les types de dispositifs les plus souvent utilisés pour réaliser des mesures PP de qualité ont également été
analysés. Le paragraphe suivant en présente un résumé. Une analyse bibliographique plus complète des mesures
PP en colonnes est proposée en annexe 3.

Les mesures PP se font le plus souvent en colonnes avec des dispositifs de mesures à quatre électrodes (deux
électrodes d’injection et deux électrodes de mesure). Les diverses expériences que l’on peut trouver dans la
littérature diffèrent surtout par la disposition et la nature de ces électrodes, le dimensionnement des expériences
(taille et nombre de colonnes, durée des manipulations) et par les analyses complémentaires aux mesures
géophysiques qui peuvent apporter des informations sur le déroulement des réactions physico-chimiques et des
processus biologiques à l’intérieur des colonnes. Quelques idées importantes sont rapportées ici :

· Dimension : les dimensions des colonnes vont de 14x2,5 à 80x31 cm ;


· Nature de la matrice : le remplissage des colonnes est fait par du sable fin (environ 0,3 mm de diamètre,
composé de silice à plus de 98 %, avec une porosité autour de 40 %) ;

58
· Nombre d’électrodes : les mesures sont réalisées sur des dispositifs à quatre électrodes. En effet, les mesures
SIP faites avec un système à deux électrodes donnent des erreurs sur la polarisation trop importantes à basse
fréquence (< 1 kHz) [Kemna et al., 2012].
· Position des électrodes : les électrodes d’injection sont situées aux extrémités des colonnes, et les électrodes
de mesure au milieu. Il y a parfois plusieurs couples d’électrodes de mesure. Les électrodes de mesure sont
souvent mises en contact avec le milieu par l’intermédiaire d’un électrolyte, ou dans des chambres
positionnées sur le côté des colonnes [Slater et al., 2007; Williams et al., 2005]. En effet, si les électrodes de
potentiel se trouvent sur le chemin du passage du courant, cela peut induire des erreurs au niveau de la
mesure.
· Nature des électrodes : les électrodes de mesure sont presque toujours des électrodes ponctuelles
impolarisables Ag/AgCl et les électrodes d’injection sont soit des anneaux, soit des bobines de nature plus
variable (argent, or, acier…).
· La densité de courant utilisée doit être suffisamment faible pour rester en régime linéaire (et pouvoir utiliser
la loi d’Ohm). Cependant, des densités de courant assez fortes permettent d’améliorer le rapport signal /
bruit [Zimmermann et al., 2008]. Vanhala et Soininen (1995) puis Zimmermann et al. (2008) n’ont pas
observé de phénomènes non-linéaires pour des densités de courant comprises entre 10 -5 et 0,2 A/m2 et entre
0,01-2 A/m2 respectivement.
· Le conditionnement des échantillons non consolidés peut avoir un impact sur les mesures PP [Kemna et al.,
2012].
· Le travail avec les bactéries nécessite un protocole précis de stérilisation du matériel (autoclavage du sable,
désinfection du matériel avec de l’éthanol…).

E. CONCLUSION
La méthode de polarisation provoquée (PP) peut être mise en œuvre par deux méthodologies différentes, avec
des mesures qui s’effectuent dans le domaine temporel (chargeabilité) ou dans le domaine fréquentiel (résistivité
complexe).

La méthode de PP dans le domaine temporel utilise le même équipement que celui de la mesure de la résistivité
électrique classique. Les deux mesures peuvent donc être effectuées successivement. La mesure de la résistivité
permet d’interpréter la chargeabilité (chargeabilité normalisée).

Dans le domaine fréquentiel (basses fréquences, < 100 Hz), la résistivité complexe, dont la partie réelle est
sensible à la conduction électrolytique et la partie imaginaire plutôt à la conductivité de surface et aux
phénomènes de polarisation aux interfaces, peut être déterminée.

La PP est sensible à ce qui se passe au niveau de la double couche électrique (DCE), présente à la surface des
minéraux et des bactéries. Les propriétés de la DCE sont sensibles à l’adsorption de contaminants et à l’activité
bactérienne [Abdel Aal et al., 2006]. Par conséquent, la biodégradation des hydrocarbures dans le sous-sol doit
pouvoir être suivie par cette méthode.

Il est cependant à noter que cette méthode doit souvent être combinée à d’autres mesures pour être pleinement
effective : soit des mesures géophysiques de résistivité électrique qui permettent d’interpréter les mesures PP,
soit un suivi géochimique ou microbiologique du milieu qui puisse confirmer les évènements déduits des
mesures PP et lever certaines incertitudes.

Si l’intérêt principal d’utiliser des méthodes géophysiques dans le cas du monitoring de la biodégradation est le
fait qu’elles soient non intrusives, il faut que la méthode qui lui sera combinée le soit tout autant. C’est pourquoi,
des mesures d’émissions de biogaz faites en surface, sans l’intermédiaire de piézairs, ont été envisagées.

59
IV. ANALYSE DU CO2 : FLUX ET ISOTOPIE DU CARBONE
La minéralisation complète des molécules organiques, comme les BTEX, par le processus de la respiration
bactérienne produit du CO2 et de l’eau. L’augmentation de la concentration en CO 2 dans le milieu est donc un
indicateur de la biodégradation aérobie. Ce CO2 est émis par le sol et son flux peut être mesuré en surface.

De plus, pour chaque molécule organique, les isotopes stables du carbone se retrouvent dans une certaine
proportion (rapport 13C/12C), proportion caractéristique de l’origine de cette matière organique. Elle peut évoluer
au cours d’une modification physique et/ou chimique de la molécule. C’est ce que l’on appelle le fractionnement
isotopique. Certains processus de dégradation biologique sont accompagnés d’un fractionnement isotopique
significatif, qui en fait un marqueur de la biodégradation.

A. EMISSIONS DE CO2 ET VARIATIONS DE L ’ISOTOPIE DU CARBONE


L’élément carbone possède deux isotopes stables, le 13C et le 12C. Comme il est difficile de doser précisément les
abondances absolues, les isotopes sont alors comparés entre eux. Le rapport isotopique R du carbone dans un
échantillon est le rapport de l’isotope lourd et rare sur l’isotope léger et abondant : ܴ௘௖௛ ൌ ሺଵଷ ‫ܥ‬Ȁଵଶ ‫ܥ‬ሻ௘௖௛ . Les
abondances relatives dans un échantillon sont généralement comparées à celles dosées dans un standard
international, qui, pour le carbone, est la Vienna Pee Dee Belemnite (VPDB) avec ܴ‫ ݂݁ݎ‬ൌ ሺͳ͵ ‫ܥ‬Ȁͳʹ ‫ܥ‬ሻ‫= ݂݁ݎ‬
0.011237 [Craig, 1957]. Les compositions isotopiques sont généralement données en delta (noté δ), qui
correspond aux déviations (en ‰) par rapport à une valeur standard (ou signatures isotopiques ou écarts
isotopiques) :

ሺଵଷ ‫ܥ‬Ȁଵଶ ‫ܥ‬ሻ௘௖௛


ߜ ଵଷ ‫ܥ‬௘௖௛ ൌ ቈ െ ͳ቉ ‫ͲͲͲͳ כ‬ ÉQUATION IV-1
ሺଵଷ ‫ܥ‬Ȁଵଶ ‫ܥ‬ሻ௥௘௙

Cette grandeur permet d'apprécier de faibles différences de teneurs isotopiques. La grande majorité des sources
de carbone étant appauvries en 13C par rapport à la référence, des valeurs négatives de δ13C sont généralement
obtenues. A titre d’exemple, quelques valeurs isotopiques caractéristiques pour le carbone du CO 2 sont
présentées en Figure IV-1.

D’autres grandeurs permettent de quantifier la variation du δ au cours de processus réactifs, c’est-à-dire le


fractionnement isotopique. Deux principaux types de fractionnement sont distingués : i) le fractionnement à
l’équilibre, ou thermodynamique, lié à des réactions d’équilibres chimiques (A↔B) et ii) le fractionnement
cinétique lié à des différences de vitesses de réaction (A→B) [Aelion et al., 2009]. Ces deux types de
fractionnement sont explicités sommairement ci-dessous :

i) L’effet isotopique à l’équilibre entre deux phases A et B (par exemple, vapeur et liquide) est caractérisé par le
facteur de fractionnement ou coefficient de fractionnement α :

ܴ஻
ߙ஻Ȁ஺ ൌ ÉQUATION IV-2
ܴ஺

avec RA et RB les rapports isotopiques de la phase A et B respectivement ou du réactif A et du produit B


respectivement.

ii) Le fractionnement isotopique cinétique est dû à la différence d’énergie entre les molécules impliquant des
isotopes différents. Toutes réactions (bio)chimiques qui détruisent la molécule dans son ensemble mettent en jeu
ce type de fractionnement : les isotopes les plus légers sont plus facilement mobilisés et donc les liaisons entre
atomes légers seront plus rapidement dissociées [Blessing and Saada, 2013]. Le facteur de fractionnement est
définit comme dans l’Équation IV-2. Cependant, RB correspond alors au rapport isotopique du produit formé à
un moment donné (produit instantané).

61
Remarque : Le fractionnement isotopique Δ entre de deux phases A et B s’écrit comme la différence de deux δ :

ο஻ି஺ ൌ ߜ ଵଷ ‫ܥ‬஻ െ ߜ ଵଷ ‫ܥ‬஺ ÉQUATION IV-3

Par exemple, entre la phase aqueuse et dissoute du CO2 (attention à l’ordre des indices) :

ο஼ைଶ௔௤ିு஼ைଷష ൌ ߜ ଵଷ ‫ܥ‬஼ைଶ௔௤ െ ߜ ଵଷ ‫ܥ‬ு஼ைଷష ൎ െͳͲΩ

FIGURE IV-1 : EXEMPLES DE SIGNATURE ISOTOPIQUES DU C DU CO2 POUR DIFFÉRENTES SOURCES DE CO2,
D’APRÈS [AGGARWAL AND HINCHEE, 1991 ; BOUTTON, 1991].

Les définitions présentées ci-dessus sont valables pour des fractionnements entre deux phases. Dans les études
de suivi de la biodégradation, les définitions ne sont pas tout à fait les mêmes. En effet, l’étude porte sur une
seule phase (toluène par exemple), mais avec une notion de temps (toluène initial et toluène pendant la
biodégradation).

L’enrichissement en isotopes lourds dans la fraction de composé de départ peut être exprimé à l’aide de
l’équation de Rayleigh :

ܴ௧ ܿ
ൗܴ ൌ ሺ ௧ൗܿ଴ ሻሺఈିଵሻ ÉQUATION IV-4

Rt désigne la composition isotopique (13C/12C) du substrat restant, R0 désigne le rapport isotopique initial, ct/c0
désigne le ratio entre la concentration de substrat au début (c0) et à la fin (ct), et α représente le facteur de
fractionnement isotopique, également exprimé comme facteur d’enrichissement ε :

ߝ ൌ ሺߙ െ ͳሻ ‫ͲͲͲͳ כ‬ ÉQUATION IV-5

En pratique, α (ou ε) est obtenu en déterminant la pente de la droite de régression de ln(f) vs


ln(δ13Ct+1000+1)/ln(δ13C0+1000+1), avec f=ct/c0 la fraction de substrat restant [Aelion et al., 2009; Fischer et
al., 2008; Sherwood Lollar et al., 1999] :

ߜ ଵଷ ‫ܥ‬௧ ൅ ͳͲͲͲ
ሺߙ െ ͳሻ݈݂݊ ൌ ݈݊  ÉQUATION IV-6
ߜ ଵଷ ‫ܥ‬଴ ൅ ͳͲͲͲ

62
Dans l’étude de la composition isotopique du carbone (en contact, présent, dissous) dans l’eau, une complication
intervient du fait que le carbone inorganique total dissous se rapporte à plusieurs composés, avec de surcroît des
interactions avec le CO2 gaz et le carbonate de calcium solide. Ils peuvent être listés de la façon suivante :

· CO2 gaz avec une pression partielle PCO2


· CO2 dissous, noté CO2aq
· acide carbonique dissous, H2CO3
· bicarbonate dissous, HCO3-
· carbonate dissous, CO32-
· carbone inorganique total dissous, DIC = [H2CO3] + [CO2aq] + [HCO3-] + [CO32−]
· carbonate solide, CaCO3

Il existe un fractionnement isotopique thermo-dépendant au moment du dégazage du CO2 aqueux vers le CO2
gaz (ou inversement, de la dissolution du CO2 gaz vers le CO2 aqueux). Il y a aussi un fractionnement de
l’isotopie du carbone au moment de la précipitation (ou dissolution) de la calcite (Figure IV-2). La présence des
différentes espèces du CO2 en milieu aqueux (H2CO3, HCO3-, CO32-) dépend du pH (Figure IV-3) [IAEA, 2008].

FIGURE IV-2 : A) EQUILIBRES CO2 AQUEUX ET CO2 GAZ ET PRÉCIPITATION/DISSOLUTION DES CARBONATES ; B)
FRACTIONNEMENTS ISOTOPIQUES ASSOCIÉS AU PASSAGE DES DIFFÉRENTES PHASES (D’APRÈS MOOK AND TAN,
1991).

FIGURE IV-3 : RÉPARTITION DES ESPÈCES CARBONATÉES EN SOLUTION EN FONCTION DU PH À 25°C (D’APRÈS
STUMM AND MORGAN, 2012).

63
B. MESURE DES ÉMISSIONS DE CO2 ET DU RAPPORT ISOTOPIQUE DU
CARBONE PAR SPECTROSCOPIE INFRA-ROUGE

Les instruments d’analyse des molécules gazeuses utilisent des techniques optiques de spectroscopie
d’absorption (ultraviolet, visible, infrarouge).

1. PRINCIPE DE LA SPECTROSCOPIE INFRA -ROUGE (IR)

Les techniques spectroscopiques permettent de déterminer la structure de molécules. A part la spectrométrie de


masse, elles reposent sur l’interaction entre la matière et un rayonnement électromagnétique. La spectroscopie
infrarouge (IR) est basée sur l’interaction de la lumière IR avec le nuage électronique des liaisons chimiques.

La molécule, assemblage non rigide d’atomes, ressemble à un système de balles (les atomes), liées les unes aux
autres par des ressorts de constante de raideur plus ou moins grande (les liaisons) dont les vibrations apparaissent
à des fréquences déterminées.

Le rayonnement infrarouge (IR) est localisé entre la région du spectre visible et des ondes hertziennes (Figure
IV-4). Le domaine infrarouge s’étend de 0,8 μm à 1000 μm. Il est arbitrairement divisé en 3 catégories, le proche
infrarouge (0,8 à 2,5 μm, soit 12500-4000 cm-1), le moyen infrarouge (2,5 à 25 μm, soit 4000-400 cm-1) et le
lointain infrarouge (25 à 1000 μm, soit 400-10 cm-1).

Le domaine de l’infra-rouge moyen est préféré à celui du proche infra-rouge en raison du grand nombre
d’espèces d’intérêt absorbant dans ce domaine, des intensités des raies d’absorption beaucoup plus fortes (d’un
facteur 103) et de l’apparition récente de nouveaux lasers très performants (à cascades quantiques) dans l’infra-
rouge moyen.

L’énergie du rayonnement IR est suffisante pour produire des changements dans l’énergie de vibration des
molécules, mais elle ne peut pas provoquer des transitions électroniques (Figure IV-4). Plusieurs modes de
vibrations sont possibles pour un groupe d'atomes donné. A chacun correspond une fréquence caractéristique.
Quand un rayonnement infrarouge de l’une des fréquences de vibration de la molécule la frappe, il y a
résonance : l’amplitude de la vibration s’accroît et une partie de l’énergie est absorbée. Le spectre d’absorption
IR de la molécule comporte ainsi des bandes d’absorption, assez larges, qui correspondent aux transitions entre
les niveaux d’énergie vibrationnelle (et rotationnelle).

FIGURE IV-4 : REPRÉSENTATION DU SPECTRE DE LA LUMIÈRE. Y SONT IDENTIFIÉS LES RÉGIONS DU SPECTRE EN
FONCTION DE LA LONGUEUR D’ONDE λ, AINSI QUE LES DIFFÉRENTS NIVEAUX D’ÉNERGIE FOURNIS PAR CHAQUE
DOMAINE.

En pratique, un faisceau infrarouge passe à travers l’échantillon et l’énergie provenant de ce dernier est mesurée.
La transmission T est définie comme la fraction d’énergie lumineuse traversant l’échantillon. A l’entrée de
l’échantillon, l’intensité de la lumière est I0. Elle est égale à I de l’autre côté de ce même échantillon. On a donc
T = I/I0. Le pourcentage de transmission (transmittance) est défini par %T = 100(I/I0). L’absorbance est alors A
= log(I0/I).

64
Suite à la mesure enregistrée par le détecteur et après conversion de l’intensité par transformée de Fourier
inverse, le spectre est défini soit en transmittance % T, soit en absorbance A.

La loi de Beer-Lambert est vérifiée en infrarouge, ce qui en fait une méthode d'analyse quantitative :

‫ܫ‬ሺߥሻ
ܶሺߥሻ ൌ ൌ ݁ ିఙሺఔሻ௅஼ ÉQUATION IV-7
‫ܫ‬଴ ሺߥሻ

avec ܶ la transmission, ‫ܫ‬଴ l’intensité du rayon incident, ‫ ܫ‬l’intensité du rayon transmis, ߥ le nombre d’onde (ou
fréquence), ߪ [mol-1.cm-2] coefficient d’absorbance ou section efficace d’absorption, ‫[ ܮ‬cm] la distance que le
rayon a traversé à travers l’échantillon, ‫[ ܥ‬mol.cm-3] la concentration en gaz.

2. ISOTOPIE DU CARBONE : IRIS (ISOTOPE RATIO INFRARED SPECTROMETRY ) VS IRMS


(ISOTOPE RATIO M ASS SPECTROMETRY)

Les processus biogéochimiques et de transfert de matière entre les couches superficielles du système terrestre
(géosphère, hydrosphère, cryosphère et biosphère) et l’atmosphère s’accompagnent d’une discrimination ou d’un
fractionnement isotopique des isotopes stables de nombreux éléments (C, N, O, H, S, halogènes). Véritables
traceurs, les signatures isotopiques des gaz atmosphériques permettent de retracer et de quantifier leurs sources
en précisant aussi leurs origines biogéochimiques ou anthropiques.

Depuis l’apparition de la spectroscopie Laser IR haute résolution, l’IRIS, pour « Isotope Ratio Infrared
Spectrometry » en anglais, est devenue une technique très courante pour la mesure des isotopes stables de
molécules gazeuses atmosphériques. Les méthodes optiques permettent de disposer d’instruments relativement
compacts, facilement maniables pour des conditions de mesures in situ contrairement à l’IRMS (« Isotope Ratio
Mass Spectrometry ») dont la plupart des analyseurs restent peu adaptables à l’élaboration d’instruments de
terrain pour des mesures en temps réel.
13
Les précisions obtenues par IRIS sur les rapports isotopiques C/12C du CO2 sont proches de 0,1 ‰. Ces
performances sont comparables à celles de l’IRMS.

C. UTILISATION DE L’ISOTOPIE DU CARBONE POUR LE SUIVI DE LA


BIODÉGRADATION

Au cours de la biodégradation des polluants organiques, il y a production et émission de CO2 [Kaufmann et al.,
2004] et fractionnement isotopique du carbone : les bactéries privilégient les molécules contenant du 12C. En
effet, les réactions chimiques et biologiques des molécules contenant du 13C requièrent plus d’énergie, les
molécules qui comprennent des isotopes légers (12C) vont donc réagir préférentiellement [Meckenstock et al.,
2004]. Ainsi, les métabolites seront enrichis en 12C et avec un rapport 13C/12C plus faible qu’initialement, tandis
que la phase résiduelle de polluant sera appauvrie en 12C, et par conséquent avec un rapport 13C/12C plus grand
qu’initialement.

1. ANALYSE DES POLLUANTS RÉSIDUELS

Plusieurs auteurs ont étudié les processus de dégradation des hydrocarbures pétroliers (BTEX, n-alcanes,
naphtalène, et/ou et les éthers-oxydes MTBE, TBA, ETBE, TAME) par l’étude du fractionnement isotopique
associé [Elsner et al., 2012 ; Morasch et al., 2011 ; Elsner, 2010 ; Meckenstock et al., 2004 ; Hunkeler et al.,
2001]. Quelques résultats de laboratoire et d’études terrain seront cités ici.

En laboratoire, Hunkeler et al. (2001) ont montré que la biodégradation du benzène est accompagnée d’un
fractionnement isotopique de l’hydrogène et du carbone. Ils ont étudié deux souches de bactéries (Acinetobacter
sp. et Burkholderia sp.) et ils ont obtenu des facteurs d’enrichissement ε en 13C du benzène de -1,46 ± 0,06 ‰ et

65
-3,53 ± 0,26 ‰. Ces facteurs d’enrichissement du carbone sont similaires à ceux trouvés dans d’autres études
concernant la biodégradation des BTEX. Par exemple, Meckenstock et al. (1999) ont trouvé un facteur
d’enrichissement de -2,6 ± 0.0017 ‰ pour la dégradation aérobie du toluène avec une autre souche de bactérie
(Pseudomonas putida). D’autres valeurs de ε tirées de la littérature pour la biodégradation du toluène et du
benzène sont proposées dans le Tableau IV-1, pour différentes bactéries, dans des conditions aérobies et
anaérobies. Ainsi, l’analyse isotopique du carbone semble être prometteuse pour détecter la biodégradation des
BTEX, et l’on peut noter que le fractionnement dépend de la voie métabolique de la bactérie qui a dégradé le
polluant.

TABLEAU IV-1 : DONNÉES DE LA LITTÉRATURE SUR LES VALEURS DE ε POUR LA BIODÉGARADTION DES BTEX EN
FONCTION DES CONDITIONS (AÉROBIES OU ANAÉROBIES) ET DES BACTÉRIES DÉGRADANTES.

BTEX Conditions Espèces bactériennes Facteurs d’enrichissement du Références


dégradés carbone ε (‰)
Benzène aérobies Rhodococcus opacus -1.3 ± 0.2 [Fischer et al.,
Pseudomonas putida -0.7 ± 0.1 2008]
strain ML2
Ralstonia pickettii -1.7 ± 0.2
Cupriavidus necator -4.3 ± 0.4
Alicycliphilus -2.6 ± 0.8
denitrificans
Toluène aérobies Ralstonia pickettii -1.1 ± 0.2 [Morasch et al.,
Pseudomonas putida -0.4 ± 0.3 2002]
strain F1
Pseudomonas putida -3.3 ± 0.3
strain mt-2
anaérobies Thauera aromatica -1.7 ± 0.2 [Meckenstock et al.,
Geobacter -1.8 ± 0.3 1999]
metallireducens

Sur le terrain, Morash et al. (2011) ont utilisé le rapport isotopique du carbone des BTEX pour quantifier la
biodégradation des composés mono-aromatiques in situ. Le site d’étude était celui d’une ancienne usine à gaz
montrant, entre autre, de fortes pollutions par des hydrocarbures mono et poly aromatiques. Deux campagnes de
prélèvement d’eau de puits ont permis de mettre en évidence un enrichissement isotopique du carbone des
composés mono-aromatique entre les échantillons contaminés et les échantillons non contaminés. Les BTEX
résiduels deviennent enrichit en 13C à mesure que les échantillons entrent dans la zone contaminée en cours de
biodégradation (différence de δ13C mesurés par compound-specific stable isotope analysis (CSIA) de 3.8 ‰ pour
le benzène, 2,6 ‰ pour le toluène, 1,3 ‰ pour l’éthyle-benzène et 4,6 ‰ pour le m-xylène).

En comparaison, sur le site d’une autre usine à gaz, des différences de δ 13C de 3,3 et de 3,6 ‰ ont été mesurées
dans le cas de la biodégradation du benzène et du naphtalène respectivement (Griebler et al., 2004) [Griebler et
al., 2004].

2. ANALYSE DU CO2

Le suivi de l’efficacité d’une dépollution des sols ou des eaux peut aussi se faire par la mesure de flux
d’émissions en surface (avec variations spatiale et temporelle) de gaz traces tels que CO 2, CH4, N2O, et H2S,
issus des processus de dégradation dans les sols (rapport Brgm Stockinnov BRGM/RP-57407-FR). Cependant,
très peu d’études concernant l’analyse du CO2 au cours d’une biodégradation ont été recensées. Ce paragraphe
détaille donc les trois études principales.

Aggarwal et Hinchee (1991) ont étudié l’isotopie du carbone du CO2 pour le monitoring d’une biodégradation
aérobie d’hydrocarbures. L’étude porte sur trois sites aux Etats-Unis contaminés par des fuites de fuel depuis
plusieurs années. Les conditions climatiques y sont différentes :

66
· Hill : aride (précipitations 20 cm/an) ;
· Patuxent : tempéré ;
· Tyndall : subtropical (précipitations 100 cm/an).

Des mesures de δ13C du CO2 (Tableau IV-2) et de concentration du CO2 (Tableau IV-3) ont été réalisées à partir
d’échantillons d’air du sol pompés dans des sacs en plastique (Tedlar®).

TABLEAU IV-2 : RÉSULTATS D’AGGARWAL ET HINCHEE (1991) : COMPARAISON DES δ13C DU CO2 TROUVÉS POUR
LES TROIS SITES EXPÉRIMENTAUX, EN ZONE CONTAMINÉE ET NON CONTAMINÉE

δ13C du CO2 (‰) δ13C du CO2 (‰)


Sites
Non contaminé Contaminé
Hill -23,6 -28,4

Patuxent -24,5 -28,4

Tyndall -18,4 -23,3

TABLEAU IV-3 : RÉSULTATS D’AGGARWAL ET HINCHEE (1991) : COMPARAISON DES CONCENTRATIONS DE CO2
TROUVÉES EN ZONE CONTAMINÉE ET NON CONTAMINÉE.

[CO2] (%) Non contaminé [CO2] (%) Contaminé

0,2 à 2,2 0,6 à 13,6

On observe ici une augmentation de la concentration volumique en CO 2 ainsi qu’un appauvrissement de ce CO2
en 13C dans les zones polluées des différents sites expérimentaux. Les auteurs en ont conclu que ces variations
étaient dues à la biodégradation aérobie des hydrocarbures et que la technique de l’analyse isotopique du carbone
était efficace pour la détection de la biodégradation.

Pour le monitoring de la biodégradation (suivi dans le temps), des expériences en laboratoire ont été réalisées par
Jackson et Pardue (1999). Ils ont suivi la minéralisation (conversion en CO2 et H2O) de l’héxadécane par la
mesure de δ13C et de la concentration du CO2. Ils ont comparés le CO2 produit par les bactéries dans un milieu
non pollué (matière organique « normale » consommée) et celui produit dans un milieu pollué (matière
organique « normale » et polluant consommés). La production de CO2 est plus importante en milieu pollué car il
y a plus de source de carbone et la signature isotopique du CO 2 tend vers celle du polluant. Ils en ont conclu que
cette méthode est un moyen approprié pour suivre la minéralisation des polluants dans des environnements où il
existe des différences de rapport δ13C entre les polluants et la matière organique disponible pour les bactéries.

Hall et al. (1999) ont obtenu le même genre de résultats en laboratoire pour la dégradation du phénol avec deux
souches de bactéries aérobies. Ils ont montré un appauvrissement de 5,6 ‰ en 13C du CO2 produit pour la souche
Pseudomonas putida.

67
3. CONCLUSION

Il a été montré que la détection de la biodégradation des hydrocarbures pouvait se faire par des mesures de
concentration de CO2 et du δ13C de ce CO2. L’évolution de la signature isotopique du CO2 au cours de la
biodégradation a également été étudiée en laboratoire et s’est révélée efficace. Cependant, les articles étudiés ne
sont pas récents (années 90) et ils ne développent pas l’aspect monitoring (suivi dans le temps) de la
biodégradation sur le terrain.

Parallèlement, des articles portent sur le suivi d’une biodégradation des composés aromatiques par l’analyse
isotopique des polluants résiduels (Compound Specific Isotope Analysis, CSIA), en laboratoire et sur le terrain.
Ici, il a été montré que, dans l’hypothèse d’une bonne connaissance des paramètres de terrain, l’analyse
isotopique s’avère être un outil efficace de surveillance.

Il semble donc que si le suivi est possible sur les polluants résiduels, il l’est aussi sur le CO 2 produit. Des études
supplémentaires sont encore nécessaires à réaliser pour le prouver. De plus, il apparaît que les études portant sur
le suivi du CO2 datent des années 90 (remplacées ensuite par des études CSIA). Cela laisse à penser que le
simple suivi du CO2 et de son rapport isotopique peut servir comme un moyen de détection rapide pour obtenir
une première information directement en surface mais, pour certifier le processus de dégradation, d’autres
informations complémentaires seraient nécessaires.

68
PARTIE 2 : MATÉRIEL ET MÉTHODES

69
V. MATÉRIEL ET MÉTHODES – EXPÉRIENCES EN COLONNES
L’objectif principal de cette thèse était de développer des colonnes de percolation permettant de synthétiser une
pollution dans un aquifère en cours de biodégradation, dans des conditions maîtrisées, afin de tester la faisabilité
d’un suivi par la combinaison de deux méthodes non destructrices : la mesure de la résistivité complexe et
l’analyse du CO2 (sa concentration et la signature isotopique de son carbone). Cet objectif correspond à la tâche
4 du projet BIOPHY, monitoring géophysique et analyse de gaz sur colonne. L’objectif de cette tâche est de
comparer, à l’échelle du laboratoire, les indicateurs indirects de biodégradation développés dans le projet
(analyse de gaz, propriétés électriques) à des indicateurs directs de biodégradation (comptage bactérien, isotopie
du carbone, analyse de la concentration en hydrocarbure).

Dans ce chapitre, sera présentée la conception de colonnes de sable sur lesquelles il a fallu installer à la fois un
dispositif de mesure de la résistivité complexe et un système de prélèvement des gaz en tête de colonne pour une
analyse du CO2 (sa concentration et la signature isotopique de son carbone). Ces colonnes ont aussi été équipées
de points de prélèvement de fluide et de sol afin de pouvoir faire des comptages bactériens et des analyses
physico-chimiques et isotopiques, ainsi que d’un système de circulation du fluide et d’apport en oxygène afin
d’alimenter les bactéries.

Les conditions d’expérimentation ont été simplifiées au maximum : le sable de Fontainebleau a été choisi
comme matrice pour les colonnes. Principalement composé de silice (> 99%, cf. Annexe 4), il est inerte dans la
gamme de pH utilisé. La molécule d’hydrocarbure à dégrader était le toluène, un composant aromatique volatile
présent dans les essences sans plomb 95 et 98. La souche bactérienne utilisée était Rhodococcus wratislaviensis
IFP 2016, connue pour ses capacités de dégradation des BTEX (Benzène, Toluène, Ethyle-benzène, Xylènes) en
conditions aérobies [Auffret et al., 2009].

A. VUE D’ENSEMBLE DU MONTAGE EXPÉRIMENTAL

1. STRUCTURE ET DIMENSIONNEMENT DES COLONNES

D’après notre étude bibliographique (cf. Annexe 3), le volume des colonnes utilisées pour réaliser des mesures
de PP dans le cadre de l’étude de l’activité bactérienne est très variable d’une expérience à l’autre (de 0,1 à 60 L
pour les articles étudiés). Cependant, le rapport diamètre / hauteur des colonnes est plus constant et il se situe
autour de 0,2. Le dimensionnement des colonnes BIOPHY a tenu compte de plusieurs paramètres :

· Pour pouvoir installer plusieurs paires d’électrodes de potentiel le long de la colonne pour les mesures PP,
ainsi que pour laisser un espace gazeux en tête de colonne pour les émissions de CO 2, la hauteur de la
colonne devait être assez importante ;
· Un diamètre trop faible aurait entrainé des effets de paroi, susceptibles de modifier la configuration de
l’écoulement ;
· Il fallait également des dimensions assez grandes qui permettent un échantillonnage quotidien de liquide
assez conséquent (plusieurs mL à dizaines de mL).
· Cependant, le dimensionnement a été limité pour la facilité de mise en œuvre : plus la colonne est grande,
plus les quantités de liquide et de matrice de remplissage sont importantes et multiplient d’autant la durée
des différentes étapes de préparation. De plus, des dimensions très larges augmentent le risque d’anisotropie
de la matrice non consolidée [Kemna et al., 2012].

L’étude de la littérature rapporte que le matériau principalement utilisé dans les expériences est le PVC
(Polychlorure de vinyle). Cependant, le toluène utilisé dans les expérimentations altère le PVC. C’est pourquoi,
un matériau plus résistant a dû être choisi. Le choix s’est porté sur du PVDF (Polyfluorure de vinylidène ou en
anglais PolyVinyliDene Fluoride) de ARKEMA ou Kynar®. En effet, le PVDF est un polymère (du fluorure de
vinylidène) souvent utilisé pour des applications nécessitant une certaine résistance aux solvants [Schweitzer,
2004].

71
Finalement, les colonnes ont été construites à partir de tubes de 15 cm de diamètre et de 50 cm de long en PVDF.
Le rapport diamètre / hauteur est de 0,3 et le volume total d’une colonne est de 8,8 L.

Les colonnes sont remplies de sable jusqu’à 45 cm de hauteur, afin de laisser 5 cm libres pour le dégazage du
CO2 produit pendant la biodégradation. Le choix de la matrice de remplissage s’est porté sur le sable de
Fontainebleau (cf. Annexe 4), car il est constitué à 99,83% de silice, il est pur et il a des caractéristiques
granulométriques relativement homogènes. De plus, il constitue un matériau de base inaltérable jusqu’à pH 9,75
(dans le domaine 0 à 9,75 le quartz est très faiblement soluble) et, de ce fait, il est particulièrement intéressant
pour l’interprétation des analyses chimiques.

Les colonnes ont été équipées d’orifices de prélèvement ou de fixation d’électrodes pour pouvoir effectuer
différents types de mesure et ainsi réaliser un suivi complet de la biodégradation du toluène (Figure V-1). Les
premières installations ont permis de mettre en place les deux méthodes de suivi dont il fallait tester l’efficacité.

FIGURE V-1 : PHOTO ANNOTÉE D’UNE COLONNE BIOPHY. A GAUCHE, ON RETROUVE L’ÉQUIPEMENT
NÉCESSAIRE AUX MESURES DE RÉSISTIVITÉ ÉLECTRIQUE COMPLEXE : DEUX ÉLECTRODES D’INJECTION (A ET
B) SONT SITUÉES À CHAQUE EXTRÉMITÉ DE LA COLONNE ; SIX ÉLECTRODES DE POTENTIEL SONT RÉPARTIES
SUR LA HAUTEUR DE LA COLONNE. EN HAUT DE LA COLONNE, UN ROBINET PERMET DE PRÉLEVER DU GAZ EN
TÊTE DE COLONNE AFIN DE POUVOIR ANALYSER LA QUANTITÉ DE CO2 AINSI QUE SA SIGNATURE ISOTOPIQUE.
SUR LA DROITE, IL Y A TROIS ROBINETS (S1, S2 ET S3) POUR DES PRÉLÈVEMENTS DE FLUIDE EN VUE D’ANALYSES
CHIMIQUES ET MICROBIOLOGIQUES COMPLÉMENTAIRES.

Les mesures géophysiques sont rendues possibles par la présence de deux électrodes d’injection circulaires (A et
B), situées en haut et en bas de la colonne. Elles sont constituées d’un alliage inoxydable à base de
Nickel/Cobalt, référencé MP35N de Ropa Stahl GmbH (Schweigen, Allemagne). Les électrodes de potentiel
sont au nombre de 6 (E1, E2, E3, E4, E5 et E6). Elles sont réparties tout le long de la colonne afin de mesurer la
résistivité électrique DC ρ et la résistivité complexe ρ* du milieu à différents niveaux de la colonne. Ces
électrodes étaient initialement des électrodes Ag/AgCl du commerce (electrode disc 4.0 mm, Warner
Instruments, Hamden, USA). Leur stabilité n’étant pas assurée dans le temps au-delà de 10 jours de
fonctionnement, des électrodes Cu/CuSO4 ont été fabriquées à partir du modèle développé par Maineult (2004)
(cf. paragraphe B et Annexe 7 pour plus de détails).

72
Un robinet situé en tête de colonne permettait de prélever du gaz afin d’y mesurer la concentration en CO 2 au
cours du temps, ainsi que l’évolution du rapport isotopique du carbone de ce CO 2 (cf. paragraphe C).

De plus, afin de suivre les paramètres physico-chimiques et microbiologiques de la colonne, d’autres analyses
ont été rendues possibles grâce à trois orifices munis de robinets permettant le prélèvement de fluide en cours
d’expériences à trois niveaux différents, repartis sur la longueur de la colonne : S1 (bas), S2 (milieu) et S3
(haut). En effet, il est recommandé de réaliser les analyses physico-chimiques et les mesures PP sur les mêmes
colonnes afin d’éviter une incertitude liée à des différences entre colonnes [Kemna et al., 2012]
(conditionnement, évolution de la croissance des bactéries différente…).

Un dispositif de porte-sondes en sortie de colonne a pour vocation de mesurer en ligne et en continu l’évolution
des différents paramètres physico-chimiques (pH, Eh, température, conductivité et teneur en oxygène dissous) du
fluide de sortie au cours de l’expérience. Un système d’acquisition, composé de six transmetteurs M300 (Mettler
Toledo, Analyse industrielle, Paris) branchés sur une centrale d’acquisition multivoies (Modèle 2700 de Keithley
Instruments, Inc. Cleveland, Ohio, USA), permet la mesure en temps réel et l’archivage des données physico-
chimiques sur un ordinateur (qui gère via le logiciel Xlink de Keithley la centrale d’acquisition).

2. SYSTÈME DE CIRCULATION DES FLUIDES

La colonne fait partie d’un dispositif plus complet qui comprend aussi un flacon d’alimentation principal
contenant le milieu de culture des bactéries et le toluène à dégrader, une alimentation séparée d’H 2O2 diluée qui
approvisionne le milieu en oxygène afin de stimuler les processus aérobies, le porte-sondes et une pompe
péristaltique qui permet la circulation du fluide à un débit constant dans le système. Le dispositif est dédoublé
pour permettre de travailler avec deux colonnes en même temps (Figure V-2). L’ensemble est placé dans une
enceinte thermique aéro-régulée à 25°C (POL-ECO APARATURA, Wodzislow Slaski, Pologne). En effet, il est
important de garder le contrôle sur la température, car c’est un paramètre qui influence la résistivité électrique,
ainsi que le métabolisme des bactéries.

La saturation des colonnes est réalisée avec le contenu de la bonbonne d’alimentation de manière ascendante,
afin d’éviter au maximum la formation de cheminements préférentiels. La montée du front de saturation est
opérée à très faible débit et de manière progressive, afin d’assurer l’évacuation de l’air présent dans les pores
sans création d’anisotropie (décollement de la matrice, poches de phase liquide), ainsi que pour ne pas
déstructurer la matrice (entre 250 et 500 mL/h).

Deux types de circulation des fluides peuvent être utilisés (Figure V-2) :

· Circuit en boucle fermée : le fluide qui sort de la colonne repart dans l’alimentation ;
· Circuit en boucle ouverte : le fluide qui sort de la colonne est jeté et l’alimentation est renouvelée
régulièrement.

La première option a l’avantage de faciliter le maintien des conditions microbiologiques dans la colonne. En
effet, le fluide circulant est moins en contact avec l’extérieur et les contaminations accidentelles peuvent être
limitées.

Cependant, pour l’interprétation des analyses chimiques (bilans de masse), le premier système est plus
compliqué à appréhender. En effet, il faut tenir compte de ce que l’on injecte directement dans l’alimentation,
ainsi que tout ce qui est réinjecté à partir de la sortie de la colonne (toluène pas encore dégradé, bactéries
planctoniques…). De plus, pour se rapprocher des conditions de l’aquifère, la deuxième option, en circuit ouvert,
est plus correcte. En effet, il s’agit d’un système en flux continu dont les paramètres d’entrée sont contrôlés.
Dans le cadre des expérimentations de ce travail, les deux cas ont été testés (cf. paragraphe E).

73
FIGURE V-2 : A/ PHOTOGRAPHIE DE DEUX COLONNES BIOPHY ET LEUR ALIMENTATION PLACÉES DANS UNE
ENCEINTE THERMIQUE AERO-RÉGULÉE À 25°C. B/ SCHÉMA DU CIRCUIT HYDRAULIQUE : 1/ LE CIRCUIT
COMMENCE À L’ALIMENTATION, COMPOSÉE DE MILIEU DE CULTURE AVEC OU SANS TOLUÈNE ; 2/ LE FLUIDE
EST ENTRAINÉ PAR UNE POMPE PÉRISTALTIQUE VERS L’ENTRÉE DES COLONNES ; 3/ LE FLUIDE D’ALIMENATION
AINSI QUE DE L’H2O2 DILUÉE ENTRE EN BAS DE LA COLONNE ET MONTE PAR PERCOLATION ; 4/ LE FLUIDE SORT
PAR DÉBORDEMENT, 5 CM AVANT LE SOMMET DE LA COLONNE ; 5/ LE FLUIDE DE SORTIE PASSE PAR UN PORTE-
SONDES : LE PH, LE POTENTIEL REDOX, LA TEMPÉRATURE, LA CONDUCTIVITÉ ET L’OXYGÈNE DISSOUS SONT
MESURÉS. ENFIN, 6a/ LE FLUIDE RETOURNE DANS L’ALIMENTATION ET REPART DANS LE CIRCUIT (CIRCUIT
FERMÉ) OU 6b/ LE FLUIDE SORT DU CIRCUIT (BOUCLE OUVERTE).

74
3. DÉTERMINATION DE LA POROSITÉ

Avant d’entamer les séries d’expériences, la porosité du sable et l’écoulement dans la colonne ont été
caractérisés. Cette caractérisation a été effectuée par un traçage conductimétrique : la progression d’une solution
de KCl à 0,1 mol/L, injectée dans une colonne saturée en eau déminéralisée, est suivie par des mesures de
résistivité électrique menées sur 5 hauteurs de la colonne (couples de mesure E1-E2, E2-E3, E3-E4, E4-E5 et
E5-E6). De plus, l’arrivée en sortie de colonne de cette solution très conductrice est détectée par la sonde de
conductivité en sortie (une mesure toutes les 30 secondes). Pendant l’essai, le débit de la pompe péristaltique est
maintenu constant à 500 mL/h.

La courbe de l’évolution de la conductivité en fonction du temps permet alors d’identifier le régime


hydrodynamique et de déterminer la porosité dans la colonne (Figure V-3). Les résultats de géophysique obtenus
permettent de penser que la colonne est homogène. En effet, la progression du front de la solution de KCl est
constante en fonction de la hauteur de la colonne. Le suivi de conductivité en sortie donne, par lecture graphique,
un temps de rétention de l’eau dans la colonne de 8,50 heures, ce qui correspond à un volume d’eau de 4,25 L
pour un débit de 500 mL/h. A cela, il faut soustraire 90 mL de volumes « morts » (tuyaux et porte-sondes), ce
qui donne un volume poral de 3,35 L.

Par ailleurs, la valeur de la porosité a été évaluée par pesée : le poids de la colonne remplie de sable a été
déterminé à sec, puis après saturation avec de l’eau distillée. Le poids d’eau contenu dans la colonne est ainsi
obtenu. Connaissant le volume de la colonne ainsi que le volume de sable, une porosité Φ = 39 % en a été
déduite.

Remarque : détail du calcul de la porosité

Poids sable sec = 12,7149 kg ; Volume de sable = 8,6102 L

Poids eau distillée = poids sable mouillé - poids sable sec = 16,087 – 12,7149 = 3,3721 kg

ð Volume d’eau = 3,3721 L (à comparer aux 3,35 L trouvés par suivi conductimétrique)
ð Φ = (Volume d’eau distillée / Volume de sable)*100 = (3,3721/8,6102)*100 = 39,164%

75
FIGURE V-3 : TRAÇAGE DU PASSAGE D’UNE SOLUTION DE KCl 0,1 M, À DÉBIT CONSTANT Q = 500 mL/h, À TRAVERS
UNE COLONNE DE SABLE SATURÉ EN EAU DISTILLÉE. EN HAUT : SUIVI GÉOPHYSIQUE : ÉVOLUTION DE LA
RÉSITIVITÉ ÉLECTRIQUE AU COURS DU TEMPS À 5 NIVEAUX DE LA COLONNE ; EN BAS : SUIVI PAR SONDE
CONDUCTIMÉTRIQUE : EVOLUTION DE LA CONDUCTIVITÉ DU FLUIDE EN SORTIE DE COLONNE.

4. LES BACTÉRIES ET LEUR MILIEU DE CULTURE

La population bactérienne utilisée durant toutes les expérimentations est issue de la souche Rhodococcus
wratislavinesis IFP 2016 (R. w.), brevetée par l’IFP-EN (Institut Français du Pétrole – Energies Nouvelles) pour
son efficacité lors de la dégradation les BTEX (Benzène, Toluène, Ethyle-benzène, Xylènes) [Auffret et al.,
2009]. Les souches ont été gracieusement prêtées par l’IFP-EN pour des expérimentations dans le cadre du projet
BIOPHY.

C’est une bactérie de type Gram+ aérobie qui présente plusieurs types de morphologie en fonction de ses étapes
de croissance et du substrat sur lequel elle est cultivée. Sur du toluène, au bout de quelques jours de culture, des
bâtonnets qui peuvent former des chainettes sont observés (Figure V-4-1). Cette souche est capable de constituer
un biofilm (Figure V-4-2). Pendant sa thèse, Samia Dhahri (2013) a pu imager ces bactéries par microscopie à
force atomique et elle a pu observer des liens entre les cellules (Figure V-4-3 et 4).

76
FIGURE V-4 : IMAGES DE RHODOCOCCUS WRATISLAVIENSIS. 1/ IMAGE AU MICROSCOPE OPTIQUE DE BACTÉRIES
PLANCTONIQUES ; 2/ IMAGE AU MICROSCOPE OPTIQUE DE BACTÉRIES EN BIOFILM ; 3/ BACTÉRIES IMAGÉES
PAR AFM (MICROSCOPIE À FORCE ATOMIQUE) [DHAHRI, 2013] ; 4/ LIENS ENTRE BACTÉRIES IMAGÉS PAR AFM
[DHAHRI, 2013].

Le milieu minimum utilisé pour cultiver ces bactéries est riche en oligo-éléments, vitamines et sels minéraux
(MgSO4: 0,5 g.L-1 ; NH4NO3: 1,5 g.L-1 ; CaCl2: 0,04 g.L-1). Il est tamponné à pH 6,4 grâce à la solution tampon
dihydrogéno/monohydrogéno-phosphates de potassium (KH2PO4/K2HPO4) (cf. Annexe 5).

La seule source de carbone disponible pour les bactéries est le toluène, ajouté à raison de 1036 µL pour 4L
d’alimentation.

La source d’oxygène nécessaire au métabolisme aérobie de R. w. est assurée par l’ajout d’H2O2 diluée (10 mL
d’H2O2 à 30 % dans 1 L d’eau déminéralisée) [Tarasov et al., 2004], diffusée à faible débit via une bonbonne
d’alimentation et une pompe péristaltique séparées du circuit principal (Figure V-2).

5. POTENTIEL ZÊTA DES BACTÉRIES

Lorsqu’une particule se déplace, elle déplace avec elle sa couche de Stern et une partie de sa couche diffuse. Il
existe alors un plan de cisaillement situé entre la couche de Stern et la couche diffuse qui marque une différence
en termes de vitesse du fluide [Ruiz, 2009] (Figure V-5-a). Le fluide compris entre la surface de la particule et ce
plan de cisaillement possède une vitesse nulle (par rapport à la particule) tandis que le fluide situé au-delà de ce
plan possède une vitesse non nulle. La valeur moyennée du potentiel électrostatique au niveau de la surface du
plan de cisaillement est appelé potentiel zêta, noté ζ. Sa valeur est comprise entre le potentiel associé à la couche
de Stern et le potentiel de la couche diffuse ψd < ζ < ψS [Ruiz, 2009] (Figure V-5-b).

77
La position du plan de cisaillement pour une sphère ayant une surface lisse est proche du plan définissant la
couche de Stern, alors que pour une surface avec une structure polymérique, le plan de cisaillement se situe plus
loin et ζ << ψS [Ruiz, 2009]. Le potentiel zêta des bactéries permet néanmoins de caractériser la charge portée
par ces bactéries [Lebleu, 2007].

Le principe de la mesure repose sur l’évaluation de la mobilité électrophorétique ݉ா [m2.s-1.V-1] de la bactérie.


Sous l’action d’un champ électrique E, elle se déplace à la vitesse ‫[ ݒ‬m.s-1]. Sa mobilité correspond alors au
rapport entre la vitesse et la valeur du champ électrique :

‫ݒ‬
݉ா ൌ ÉQUATION V-1
ȁࡱȁ

avec |E| le module du champ électrique E [V.m-1].

Le potentiel zêta ζ [V] est défini comme le potentiel au plan de cisaillement :

ସగఎ௠ಶ
Ƀ ൌ ÉQUATION V-2

avec ݉ா la mobilité électrophorétique [m2.s-1.V-1], ߟ la viscosité du milieu et ߝ la constante diélectrique du


milieu.

FIGURE V-5 : a) REPRÉSENTATION SCHÉMATIQUE DU POTENTIEL ZÊTA D’UNE BACTÉRIE ; b) EVOLUTION DU


POTENTIEL ELECTROSTATIQUE EN FONCTION DE LA DISTANCE PAR RAPPORT A LA SURFACE CHARGÉE DE LA
BACTÉRIE [RUIZ, 2009].

Dans le cas des mesures du potentiel zêta effectuées sur des suspensions bactériennes, les caractéristiques de
l’électrolyte sont mesurées à part (mesure sur milieu de culture) puis, sur la suspension de bactéries dans le
même milieu de culture.

Au cours d’une des expérimentations, il a été possible de mesurer le potentiel zêta de la suspension bactérienne
d’une colonne BIOPHY inoculée par R. w. L’appareil utilisé est un NANO-ZS de chez Malvern Ltd
(Worcestershire, UK).

78
B. MESURE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE

1. APPAREILS DE MESURE

Différents appareils ont pu être utilisés au cours des différentes expérimentations. Tout d’abord, les mesures de
résistivités classiques réalisées pour la caractérisation du régime hydraulique de la colonne (cf. paragraphe A-1)
ont été faites à l’aide d’un Syscal R1 de chez Iris Instruments (Orléans, France), avec le logiciel d’acquisition
Comsys Sp.

Les mesures de résistivité complexe ont été réalisées principalement avec un GDP 32II de chez Zonge
International (Tucson, Arizona, USA). C’est un récepteur multifonctions, généralement utilisé pour des
acquisitions sur le terrain [Williams et al., 2009], mais rarement dans son mode Lab Roks pour des mesures SIP
de laboratoire. Un protocole d’utilisation a été adapté aux expérimentations de ce projet et est proposé en annexe
6.

Les mesures de résistivité avec le GDP ont pu être réalisées entre 125 mHz (voire 63 mHz) et 64 Hz (voire 128
Hz). Généralement, 9 fréquences fondamentales et leur deux premières harmoniques ont été prises en compte
pour réaliser les spectres de résistivité. Ce choix est un compromis entre le temps d’acquisition qui ne pouvait
être trop long (environ 1 heure par colonne) et la qualité du spectre.

Un potentiostat/galvanostat 273A (Princeton Applied Research, PAR), normalement utilisé en spectroscopie


d’impédance électrochimique (SIE ou en anglais EIS) en mode trois ou quatre électrodes, était également
disponible. Des mesures en mode GEIS (Galvanostatic Electrochemical Impedance Spectroscopy), avec quatre
électrodes, ont été testées. La gamme de fréquence utilisée était ici plus large, de 800 µHz à 100 kHz. Un autre
potentiostat/galvanostat, le 2273 de PAR, plus récent a également été utilisé.

FIGURE V-6 : APERÇU DES APPAREILS UTILISÉS AU LABORATOIRE POUR LES MESURES ÉLECTRIQUES : A/
SYSCAL R1 POUR LA MESURE DE RÉSISTIVITÉ CLASSIQUE ; B/ GDP 32II POUR LES MESURES SIP ET C/
POTENTIOSTAT-GALVANOSTAT (MODÈLE 273A DE PAR) ET ANALYSEUR DE LA RÉPONSE EN FRÉQUENCE (5210 DE
PAR) POUR LA SPECTROSCOPIE D’IMPÉDANCE.

79
2. ELECTRODES DE POTENTIEL

Un dispositif quatre électrodes comme présenté en A-1 a été utilisé. Le choix et la fabrication des électrodes de
mesures Cu/CuSO4 sur le modèle de Maineult (2004) seront développés ici.

Pour la mesure du potentiel, des électrodes dites non polarisables ont été choisies, c’est-à-dire que le courant
passe librement entre l’électrode et l’électrolyte et, a fortiori, entre deux électrodes de mesure. Elle se comporte
comme une résistance (une électrode polarisable se comporterait comme un condensateur). Cela se traduit par
une phase de la résistivité complexe nulle pour des mesures réalisées en milieu non polarisable (eau par
exemple). Ces électrodes ne sont pas strictement nécessaires, mais elles améliorent tout de même la précision sur
la mesure de la phase [Kemna et al., 2012].

La nature de l’électrode, ainsi que le contact avec le milieu d’étude est important [West et al., 2009]. La majorité
des études portant sur des mesures PP en laboratoire utilisent des électrodes de type Ag/AgCl. Cependant, leur
composition n’est pas souvent détaillée (électrodes totalement solides ou fil d’argent plongé dans une solution
saturée de KCl). Néanmoins, plusieurs articles parlent d’un contact assuré par un électrolyte ou par le biais de
filtres faisant l’intermédiaire entre l’électrode et le milieu [Slater et al., 2007; Williams et al., 2005]. En effet, un
contact direct entre l’électrode métal et le milieu pourrait générer des effets de phase de l’ordre de 10 mrad
[Kemna et al., 2012].

Les électrodes de mesures peuvent être ponctuelles ou circulaires. Dans le cas d’un milieu hétérogène, les
électrodes ponctuelles peuvent introduire un biais dans la mesure. Les électrodes circulaires intègrent le champ
électrique tout autour du milieu et gommeraient ce problème. Cependant, des erreurs de phase peuvent être
générées s’il existe un gradient de potentiel au niveau de l’anneau. Les électrodes ponctuelles seraient à
privilégier [discussion in Working Groups at the 3rd International Workshop on Induced Polarization, Oléron,
April 2014].

Plusieurs électrodes ponctuelles, réparties sur la hauteur de la colonne, ont été utilisées. Ce sont des électrodes de
type Cu/CuSO4 construites à partir du modèle développé par Maineult (2004) (Figure V-7). Elles sont
composées d’un fil de cuivre (non-vitrifié) qui est plongé dans une solution de sulfate de cuivre (CuSO 4). Le
contact entre l’électrode et le milieu de mesure est assuré par un frité poreux Vycor® (Princeton Applied
Research (PAR), Princeton, USA), utilisé dans la réalisation d’électrodes en électrochimie. Ce filtre est
suffisamment poreux pour assurer un contact électrique, mais ses pores sont petits pour éviter au maximum des
fuites d’électrolyte. De plus, la solution de CuSO4 est gélifiée pour limiter encore plus les fuites et permettre une
tenue dans le temps plus longue. La durée de vie des électrodes Cu/CuSO 4 a été estimée à 60 jours environ
(contre 10 jours pour les électrodes Ag/AgCl du commerce précédemment utilisées). Plus de détails sur la
caractérisation de ces électrodes sont disponibles dans l’annexe 7.

FIGURE V-7 : PHOTO DES DEUX TYPES D’ÉLECTRODES DE POTENTIEL UTILISÉES PENDANT LES EXPÉRINECES
BIOPHY. a) ELECTRODES Ag/AgCl DU COMMERCE (WARNER INSTRUMENTS, HAMDEN, USA) ; b) ELECTRODES
Cu/CuSO4 RÉALISÉES À PARTIR DU MODÈLE DE MAINEULT (2004).

80
Un autre point critique concerne le positionnement des électrodes de mesure les unes par rapport aux autres et
par rapport aux électrodes d’injection [Kemna et al., 2012; Zimmermann et al., 2008]. Une discussion
comparative avec l’article de Zimmermann et al. (2008) est proposée en annexe 8. La répartition des électrodes
sur les colonnes BIOPHY se fait comme suit, à partir du bas de la colonne (h = 0 cm) (Figure V-8) :

· Electrodes d’injection B à h = 3,5 cm ;


· Electrode de mesure E6 (h = 8,5 cm), puis E5 (h = 14,5 cm), E4 (h = 19,5 cm), E3 (h = 25,5 cm), E2 (h =
30,5 cm) et E1 (h = 36,5 cm). Les électrodes E1 et E6, E2 et E5, E3 et E4 sont symétriques par rapport aux
électrodes d’injection.
· Electrodes d’injection A à h = 41,5 cm

Remarque : Le niveau de débordement (le sommet de la zone saturée) est situé à h = 45 cm et le haut de la
colonne est à h = 50 cm, ce qui laisse 5 cm d’espace gazeux en tête de colonne.

FIGURE V-8 : SCHÉMA D’UNE COLONNE BIOPHY OÙ FIGURENT LES DISTANCES ENTRE ÉLECTRODES.

3. DÉTERMINATION DES FACTEURS GÉOMÉTRIQUES

Avant de pouvoir réaliser des mesures de résistivité, il faut connaître les facteurs géométriques k des différents
couples d’électrodes de mesure qui vont permettre de faire le lien entre la résistance mesurée et la résistivité
apparente du milieu.

Pour cela, des mesures électriques avec un Syscal R1 (Iris Instruments, Orléans, France) ont été réalisées sur
plusieurs combinaisons d’électrodes de mesure en remplissant la colonne d’une solution saline de conductivité
connue. Trois solutions différentes ont été utilisées afin de pouvoir calculer une moyenne et un écart type pour
chaque facteur géométrique : σ = 401, 691 et 1260 µS/cm. Les résultats obtenus sont affichés dans le Tableau
V-1.

81
TABLEAU V-1 : RÉSULTATS DU CALCUL DES FACTEURS GÉOMÉTRIQUES D’UNE COLONNE BIOPHY.

Moyenne du facteur géométrique Ecart type relatif

Couple de mesure sur 3 mesures (en m) du facteur géométrique (%)

E1-E2 0,2767 0,57

E1-E3 0,1512 0,68

E1-E4 0,09869 0,81

E1-E5 0,07629 0,88

E1-E6 0,05977 0,86

E2-E3 0,3325 0,88

E2-E4 0,1534 0,97

E2-E5 0,1052 1,01

E2-E6 0,07623 1,02

E3-E4 0,2865 1,06

E3-E5 0,1544 1,10

E3-E6 0,09932 1,06

E4-E5 0,3331 1,18

E4-E6 0,1517 1,11

E5-E6 0,2802 1,10

4. DÉTERMINATION DU FACTEUR DE FORMATION

Ensuite, le facteur de formation F du sable de Fontainebleau des colonnes a été déterminé. Pour cela, le sable a
été saturé avec des solutions salines de conductivité connue : σ = 12, 735, 918 et 1317 µS/cm. La résistivité a été
mesurée avec un Syscal R1 en utilisant les électrodes de mesure E2 et E5. En traçant la droite de la résistivité de
la colonne en fonction de la résistivité de la solution saline, on obtient le facteur de formation F qui correspond à
la pente de la droite (Figure V-9). Il a été trouvé égal à 3,9, ce qui est cohérent avec d’autres études de la
littérature [Guichet et al., 2003].

82
350

Résistivité apparente du
300

sable saturé (ohm.m)


250 y = 3.9032x - 0.1996
R² = 0.9999
200
150
100
50
0
0 20 40 60 80 100
Résistivité de la solution saturante (ohm.m)

FIGURE V-9 : CALCUL DU FACTEUR DE FORMATION F DU SABLE DE FONTAINEBLEAU.

5. CALCULS D ’ERREUR

Lors des expérimentations, les mesures de résistivités complexes ont été réalisées avec le GDP 32II (Zonge
International). Pour chaque fréquence, six mesures ont été effectuées (trois fois deux répétitions) à partir
desquelles une moyenne pour la phase et pour l’amplitude de la résistivité complexe ont pu être calculées.
L’écart type sur ces six points a donné l’erreur sur la mesure.

C. ANALYSE DU CO2 PAR SPECTROSCOPIE LASER INFRA ROUGE


Les processus de biodégradation en milieu aérobie rejettent du CO 2 dans l’atmosphère (respiration bactérienne).
Une augmentation des flux de CO2 est alors mesurable à l’interface sol-atmosphère. Afin de discriminer l’origine
du CO2 émis, l’étude de la proportion en isotopes stables du carbone, 12C et 13C, permet de différencier le CO2
produit par la dégradation du CO2 émis par d’autres processus géochimiques (précipitation de la calcite) ou
biologiques (respiration des plantes).

1. LE SPECTROMÈTRE INFRA-ROUGE IN SITU TROPOSPHÉRIQUE (SPIRIT, DU LPC2E)

Le LPC2E (Laboratoire de Physique et de Chimie de l’Environnement et de l’Espace) développe depuis la fin


des années 1980 des instruments dédiés à l’étude de la physico-chimie de l’atmosphère. Ces instruments de
mesure sont soit embarqués (ballon stratosphérique et avions pour l’étude de la stratosphère et de la
troposphère), soit portables pour l’étude des échanges gazeux aux interfaces géosphère-atmosphère.

Le laboratoire a développé une série de SPectromètres Infra-Rouge In situ Troposphérique (SPIRIT) à haute
résolution spectrale dans l’infrarouge moyen, portables, pouvant être exploités dans différentes versions : au sol,
sur avion et sous ballon.

a) D ÉVELOPPEMENT DU SPIRIT PAR LE LPC2E ET PERFORMANCES


Trois instruments SPIRIT sont opérationnels pour la mesure des émissions de gaz : l’un pour la mesure de gaz
traces dans la haute troposphère (embarqué sur avion) ; les deux autres pour la mesure des rapports de mélange
(concentration) de gaz à effet de serre (CH4, N2O) à l’interface sol-atmosphère (SPIRIT-SOL). Le premier
SPIRIT-SOL du LPC2E est disponible depuis 2009, et le second a été livré en 2011 à l’INRA.

Les deux appareils SPIRIT-SOL ont pour mission de caractériser les émissions de gaz à effet de serre (GES) des
milieux humides (tourbières), de lacs volcaniques et de sols agricoles. L’objectif est d’étudier l’impact des
activités anthropiques et des changements climatiques sur ces émissions. Ils sont équipés de lasers à cascades
quantiques (QCL) émettant sur la fenêtre spectrale 1261,5-1262,5 cm-1, pour la mesure simultanée des

83
concentrations de méthane (CH4), de protoxyde d’azote (N2O) et de l’eau (H2O) (détails dans Guimbaud et al.,
2011).

Dans le cadre du projet BIOPHY, un nouvel instrument SPIRIT a été redéveloppé à partir du premier SPIRIT-
SOL pour lui ajouter la mesure des flux de CO2 ainsi que du rapport isotopique δ13C(CO2). L’innovation
principale est l’installation d’une cellule à parcours multiple régulée en température (stabilité : < 0,02 °C) et
d’une électronique plus performante pour améliorer la précision sur le rapport de mélange mesuré du CO 2 à
partir de deux raies d’absorption du 13C et du 12C du CO2. Celle-ci doit être meilleure que 0,05 ‰ pour obtenir
une précision de SPIRIT pour le δ13C(CO2) de 0,1 ‰. La mesure du δ13C(CO2) s’effectue par une mesure du
rapport d’absorbance entre deux raies d’absorption, dont les forces de raies dépendent de la température.

Le SPIRIT peut mesurer les rapports isotopiques δ13C(CO2) et δ18O(CO2), bien qu’il ne soit actuellement calibré
que pour la mesure du δ13C(CO2) à partir de bouteilles certifiées. Les déviations isotopiques du CO 2 émis par le
sol vers l’atmosphère permettent de comprendre [Ghosh and Brand, 2003] :

· Les mécanismes qui régissent le cycle du carbone (qualification et quantification des sources et des puits) ;
· Les origines du CO2 respiré (autotrophe/hétérotrophe) ;
· Les mécanismes bactériens de dépollution des sols.

Pour atteindre ces objectifs, une précision pour le δ13C(CO2) de l’ordre de 0,1 ‰ est souvent nécessaire. La
performance du SPIRIT s’appuie sur :

· l’invention au LPC2E d’un nouveau type de cellule à réflexions multiples (Brevets France FR2889599 et
international WO 2007/017570 A1 [Robert, 2007]). Elle est caractérisée par une faible taille, une grande
stabilité optique et mécanique, une simplicité de réglage optique et une longueur du trajet optique aisément
variable ;
· l’apparition sur le marché des lasers à cascades quantiques (QCL) disponibles sur la gamme de longueur
d’onde de l’IR moyen. Par opposition aux diodes lasers classiques, les QCL fonctionnent à une température
proche de l’ambiante (refroidissement par module à effet Peltier ou effet thermoélectrique), ils émettent une
puissance lumineuse plus importante et ils sont utilisables sur une bande spectrale plus large.

La précision (ou sensibilité à la variation) sur la mesure du rapport isotopique δ13C est limitée par la stabilité en
température de chaque cellule (≈10 mK pour atteindre une précision sur δ13C de 10-4). Une cellule optique
régulée en température permet de bien stabiliser les températures sur toute la partie optique à plus de 0,02°C
près. La précision de SPIRIT pour le δ13C(CO2) est de 0,1 ‰, avec une exactitude de 0,3 ‰.

b) F ONCTIONNEMENT DU SPIRIT
La détermination des concentrations s’effectue en superposant le spectre synthétique, obtenu à partir de la base
de données HITRAN 2008 [Rothman et al., 2009] et au moyen d’un logiciel développé par le LPC2E
[Letenneur, 1998], avec le spectre de mesure normalisé. Pour chaque molécule, le spectre synthétique est
reconstitué à partir de la loi de Beer Lambert (Équation IV-7).

Un laser QCL est piloté en température et en courant pour émettre un faisceau laser. Le contrôle de la
température est réalisé grâce à un module à effet Peltier, ce qui permet à la diode de fonctionner sur la plage de
nombres d’ondes souhaitée (2309,7 à 2310,6 cm-1) en définissant une température (-16,7 °C) avec une stabilité
de 10-3 °C. C’est la rampe de courant qui permet le balayage en nombre d’onde sur environ 1 cm -1
(spectrophotomètre à balayage).

Le faisceau émis est séparé en deux, la voie de référence et la voie de mesure (Figure V-10) :

· La voie de référence permet la calibration en nombre d’onde qui se fait par interférométrie. La voie de
référence est composée d’une cellule de référence contenant des gaz étalons pour calibrer de manière
absolue l’échelle de longueur d’onde, et d’un interféromètre étalon Fabry-Pérot pour une calibration relative
sur l’ensemble du domaine spectral.

84
· La voie de mesure contient la cellule d’absorption à parcours multiples pour la mesure du rapport de
mélange de gaz étudiés. Une pompe maintient le gaz à une pression réduite (≈ 50 hPa) pour assurer une
bonne résolution des spectres et un débit régulier pour assurer le renouvellement du gaz (en environ 4 s).

FIGURE V-10 : SCHÉMA DE LA STRUCTURE DU SPIRIT : LE CHEMIN PARCOURU PAR LE LASER EST REPRÉSENTÉ
PAR LE TRAIT ROUGE. D’APRÈS [GUIMBAUD ET AL., 2011].

Une zone d’absorption en nombre d’onde (≈ 1 cm-1) est choisie faisant apparaître les isotopes voulus du CO 2
(Figure V-11). Afin d’optimiser la précision de la mesure d’un rapport isotopique, il faut trouver une zone
spectrale où il existe une raie d’absorption forte du 13C et une raie d’absorption faible du 12C pour avoir un
rapport d’intensités entre les deux raies proche de 1, sachant qu’il faut prendre en compte les différences de
concentrations entre les deux isotopes.

FIGURE V-11 : SPECTRE DE TRANSMISSION DU CO2 AVEC LE LASER DE SPIRIT (2310,4 → 2309,7 CM-1) OBTENU
D’APRÈS LA BASE DE DONNÉES HITRAN 2004 [ROTHMAN ET AL., 2005]. LES RAIES D’ABSORPTION DU CO2 SONT
VISIBLES À 2310.0025 CM-1, 2310.2056 CM-1 ET 2310.3470 CM-1 POUR 12C16O2, 12C18O2 ET 13C16O2 RESPECTIVEMENT.

TABLEAU V-2 : POSITION ET INTENSITÉ DES RAIES D’ABSORPTION DU CO2 POUR LE LASER DU SPIRIT (BASE
HITRAN 2004)

Isotopologue Centre de la bande d’absorption (cm-1) Intensité de la raie (cm.molécule-1)


12 16
C O2 2310,0025 4,664.10-21
12 18
C O2 2310,2056 4,637.10-21
13 16
C O2 2310,3470 6,447.10-21

85
c) C ALCUL DES CONCENTRATIONS
Dans le cas du SPIRIT, le calcul des concentrations est plus complexe qu’une simple application de la loi de
Beer-Lambert à un nombre d’onde défini. Ce calcul relève de la superposition d’un spectre de référence avec un
spectre de mesure, pour améliorer la précision de la valeur de la concentration calculée. Une amélioration
supplémentaire est apportée en superposant la dérivée seconde des deux spectres afin d’éliminer les bruits
fréquentiels présents dans le spectre de mesure [Guimbaud et al., 2011].

d) C ALCUL DU RAPPORT ISOTOPIQUE DE L ’ ÉCHANTILLON


La dérive en température de la partie optique de l’instrument est suffisamment faible, en mode opératoire
nominal (c’est –à-dire en dehors d’une forte variation de flux de chaleur apporté par un changement rapide de
vent ou d’ensoleillement) pour considérer que la température de mesure du gaz dans la cellule soit constante sur
une durée de prélèvement de l’ordre d’une quinzaine de minutes.

La déviation isotopique du carbone dans le CO2 est calculée à partir des concentrations des isotopes du carbone
du CO2 de l’échantillon et de la bouteille étalon. Les annotations suivantes sont utilisées :

· C13 : concentration en 13CO2 de l’échantillon


· C12 : concentration en 12CO2 de l’échantillon
· R : rapport isotopique 13C/12C du CO2 de l’échantillon

· c13 : concentration en 13CO2 de la référence absolue (VPDB)


· c12 : concentration en 12CO2 de la référence absolue (VPDB)
· r : rapport isotopique 13C/12C du CO2 de la référence absolue (VPDB)

· δ : déviation isotopique en 13C du CO2 de l’échantillon :


d = {(R – r) / r} . 1000 = {R/r – 1} . 1000 = { (C13/C12) / (c13/c12) – 1} . 1000

d = { (C13/C12).(c12/c13) – 1} . 1000 ÉQUATION V-3

· C013 : concentration en 13CO2 de la bouteille étalon


· C012 : concentration en 13CO2 de la bouteille étalon
· R0 : rapport isotopique 13C/12C du CO2 de la bouteille étalon

· d0 : déviation isotopique en 13C du CO2 de la bouteille étalon


d0 = {(R0 – r) / r} . 1000 = {R0/r – 1} . 1000 = { (C013/C012) / (c13/c12) – 1} . 1000

d0 = { (C013/C012).(c12/c13) – 1} . 1000 ÉQUATION V-4

En pratique, les concentrations c13 et c12 du CO2 de la référence absolue ne sont pas connues. On ne dispose que
des mesures des concentrations de la bouteille étalon dont on suppose connu l’écart isotopique (calibration par
IRMS au BRGM). La déviation isotopique δ du carbone dans le CO2 de l’échantillon est calculée comme suit :

On a d = { (C13/C12).(c12/c13) – 1} . 1000 (Équation V-3)

D’où d = { (C13/C12).(C012/ C013).(C013/ C012).(c12/c13) – 1} . 1000

Puis, en exprimant (C013/ C012) (c12/c13) à partir de l’Équation V-4, on obtient :

d = { (C13/C12). (C012/ C013) .(1 + d0 /1000) }. 1000 ÉQUATION V-5

86
2. MÉTHODE DES AJOUTS DOSÉS

Sur le terrain, le SPIRIT est relié à une chambre d’accumulation des gaz pour une mesure directe des flux de
CO2 émis par le sol (cette configuration sera plus développée dans la partie VI-B-2 de ce manuscrit, p. 106). En
laboratoire, il a fallu adapter le protocole de mesure aux colonnes. En effet, celles-ci étant mises en place dans
une armoire thermostatée exigüe et les quantités de gaz disponibles dans les colonnes étant faibles (V air en tête de
colonne ≈ 0,9 L), la méthode des ajouts dosés a été utilisée dans une petite chambre d’accumulation (Figure
V-12).

FIGURE V-12 : A/ PHOTOGRAPHIE DU SPIRIT AU LABORATOIRE. ON IDENTIFIE LE SPIRIT AVEC SON BANC
OPTIQUE RELIÉ À LA CHAMBRE D’ACCUMULATION DES GAZ PAR UNE POMPE À VIDE. B/ SCHÉMA
REPRÉSENTANT LES DIFFÉRENTES ÉTAPES DE L’ANALYSE DES GAZ. UNE FOIS INJECTÉ (1), L’ÉCHANTILLON DE
GAZ EST EMMENÉ PAR UNE POMPE À VIDE VERS LE BANC OPTIQUE (2), OÙ IL EST ANALYSÉ (3). IL EST ENSUITE
RÉINTRODUIT DANS LA CHAMBRE D’ACCUMULATION (BOUCLE FERMÉE) (4).

87
La méthode consiste à prélever une petite quantité de gaz (entre 2 et 5 mL suivant la concentration de CO 2 dans
la colonne) et à l’injecter dans la chambre du SPIRIT (étape 1 de la Figure V-12). La même quantité de gaz est
de nouveau prélevée puis injectée, et ainsi de suite toutes les trois minutes, cela entre 4 à 5 fois, afin d’atteindre
une concentration de CO2 de l’ordre de 800 ppmV (répétition de l’étape 1 de la Figure V-12).

Le gaz injecté s’accumule ainsi dans le circuit car il est en boucle fermée. Il circule grâce à une pompe à vide et
il passe par un banc optique pour être analysé (étape 3 de la Figure V-12). Avant chaque mesure, l’appareil est
calibré à l’aide d’une bouteille étalon (Air Liquide®) certifiée par IRMS (Isotope-Ratio Mass Spectroscopy). Au
cours des expériences du projet sur deux ans, deux bouteilles de calibration ont été utilisées : [CO2] = 380 ppmV,
δ13C(CO2) = -40,5 ‰ pour la première bouteille et [CO2]= 390 ppmV, δ13C(CO2) = -43,2 ‰ pour la deuxième.
Et après chaque mesure, une dérive éventuelle de l’appareil est évaluée en faisant une mesure sur l’air de la
bouteille.

On peut tracer l’évolution de la concentration en CO2 au cours du temps et l’on observe des paliers qui
correspondent aux différentes injections (Figure V-13). Les injections sont moins visibles sur le graphe du
rapport isotopique du carbone en fonction du temps, mais elles sont tout de même identifiables.

FIGURE V-13 : EVOLUTION DE LA CONCENTRATION EN CO2 (HAUT) ET DU δ13C(CO2) (BAS) EN FONCTION DU


TEMPS, APRÈS 4 INJECTIONS DE GAZ PROVENANT D’UNE COLONNE BIOPHY, ET APRÈS CALIBRATION À L’AIDE
D’UNE BOUTEILLE DE GAZ ÉTALON ([CO2] = 380 ppmV, δ13C(CO2) = -40,5 ‰) EN FIN DE MESURE.

88
3. CALCUL DE LA CONCENTRATION EN CO2 DE LA COLONNE

La détermination de la concentration se fait à partir d’un bilan de matière. Soit nx le nombre de moles de CO2
dans la boucle du SPIRIT après l’injection numéro x. Elle est égale au nombre de moles de CO2 présent avant les
injections, n0, plus le nombre de moles qui a été injecté jusque-là :

nx = n0 + x . ni

avec ni le nombre de moles contenu dans la seringue d’injection et x le nombre d’injections.

Comme la concentration est égale au nombre de moles multipliés par le volume, on obtient :

Cx . (Vb + xVi) = Co . Vb + x . Ci . Vi

avec Cx la concentration en CO2 dans la boucle après l’injection numéro x, Vb le volume de la boucle (cellule
optique et chambre d’accumulation), Vi, Ci, le volume d’injection et la concentration en CO2 contenu dans la
seringue et C0 la concentration en CO2 initialement présente dans la boucle. Ci représente la concentration en
CO2 en tête de colonne, c’est ce que l’on cherche. On obtient alors :

Cx = Co .Vb / (Vb + xVi) + xViCi / (Vb + xVi)


Cx = Co / (1+ xVi/Vb) + [1 / (1 + Vb / (xVi))] . Ci

Comme le volume dans la boucle de mesure Vb est largement supérieur au volume d’injection Vi, l’hypothèse
suivante peut être émise :

Vb >> xVi : 1 / (1+ xVi/Vb) → 1- xVi/Vb

d’où :

Cx = Co .(1- xVi/Vb) + x (Vi/Vb) . Ci


Cx = Co - x (Vi/Vb) Co + x (Vi/Vb) . Ci
Cx = Co + (Vi/Vb) (Ci – Co) x

En traçant les concentrations Cx de CO2 obtenues à chaque plateau en fonction du nombre d’injections x, il est
possible de déterminer [CO2] en tête de colonne Ci. En effet, la pente de la droite de régression y = ax+b donne
la concentration de CO2 dans la colonne (Figure V-14-A) :

Pente a = (Vi/Vb) (Ci – Co) d’où Ci = a.Vb/V1 + Co, avec : Co l’ordonnée à l’origine de la droite ; Vb = 634 mL ;
Vi = 2 à 5 mL. Comme C0 << Ci, le calcul de Ci est approximé :

Ci = a.Vb/Vi ÉQUATION V-6

Pour calculer l’erreur sur la mesure de la concentration en CO 2, il faut calculer l’erreur sur la pente de la droite
de régression, l’erreur sur la mesure de Vb et Vi et ajouter l’erreur systématique de l’appareil.

89
4. DÉTERMINATION DU RAPPORT ISOTOPIQUE - MÉTHODE DU KEELING PLOT

Pour déterminer le rapport isotopique δ13C(CO2), la méthode du Keeling plot est utilisée [Pataki et al., 2003]. Le
point de départ est encore le principe de conservation de la masse (pour les deux formes isotopiques, 13CO2 et
12
CO2) :

Cx = C0 + Ci

avec Cx la concentration de gaz dans le circuit du SPIRIT, C0 la concentration initiale avant injection, Ci la
concentration du CO2 injecté. Chaque composante du CO2 présente dans le circuit a sa signature isotopique δ13C
:

(δ13Cx).Cx = (δ13C0).C0 + (δ13Ci).Ci

Si les deux équations sont combinées, on obtient :

(δ13Cx).Cx= (δ13C0).C0 + (δ13Ci).(Cx – C0)

(δ13Cx)= 1/Cx.[(δ13C0).C0 – (δ13Ci).C0] + (δ13Ci) ÉQUATION V-7

La signature isotopique de la source de CO2, δ13Ci, est donc obtenue en traçant le graphe δ13Cx en fonction de
1/Cx. La signature isotopique de la source est donnée directement par l’ordonnée à l’origine de la droite de
régression (Figure V-14-B) et l’erreur sur la mesure correspond à l’erreur sur la détermination de l’ordonnée à
l’origine (généralement, entre 0,1 ‰ et 0,3 ‰ pour le labo, et autours de 0,3 ‰ pour le terrain) plus l’erreur
systématique de l’appareil (± 0,3 ‰).

FIGURE V-14 : PRINCIPE DU KEELING PLOT. A/ DÉTERMINATION DE LA CONCENTRATION EN CO2 ; B/


DÉTERMINATION DU RAPPORT ISOTOPIQUE DE CE CO2.

5. ANALYSES ISOTOPIQUES COMPLÉMENTAIRES

Afin d’interpréter correctement les valeurs de δ13C(CO2)gaz mesurées par SPIRIT, les δ13C des autres composés
carbonés de la colonne (exceptées les bactéries) étaient nécessaires, soit : le toluène et le CO2 dissous dans l’eau
(carbone inorganique total dissous, DIC = [H2CO3] + [CO2aq] + [HCO3-] + [CO32−]). Pour cela, le δ13C(toluène)
et le δ13C(DIC) ont pu être mesurés directement. Le δ13C(DOC), rapport isotopique du carbone organique
dissous, a permis de prendre en compte le carbone du toluène restant et des sécrétions organocarbonées
bactériennes.

90
a) I SOTOPIE DU CARBONE DU TOLUÈNE
L’isotopie du carbone du toluène a été mesurée par un couplage GC-IRMS (Chromatographie en phase gazeuse
et Isotope-Ratio Mass Spectroscopy).

Les constituants volatils sont d’abord séparés par chromatographie en phase gazeuse (GC). Chaque molécule est
ensuite oxydée par une étape de combustion à 940°C située en sortie de colonne GC. Il en résulte la formation
majoritaire de CO2 et d’H2O, chaque atome de carbone présent dans la molécule étant susceptible de produire
une molécule de CO2. Le CO2 produit dispose d’un rapport isotopique 13C/12C identique à la molécule de départ.
L’analyte passe ensuite par un four réducteur à 600 °C, appelé réacteur de réduction. Dans ce réacteur, les
oxydes d’azote sont réduits en azote (N2) et le surplus d’oxygène est éliminé. L’eau résiduelle est également
chassée. Le CO2 produit est alors introduit dans la source à impact électronique du spectromètre de masse afin
d’ioniser les molécules en ions 12C16O2+ et 13C16O2+ selon le rapport isotopique initial de la molécule.
L’étalonnage de l’appareil est effectué par l’introduction dans la source de quantités données de CO2 de
référence.

Les échantillons ont été prélevés à la seringue, via les robinets S1 et S3. Ils ont été conditionnés dans des flacons
de 1,5 mL conservés au réfrigérateur avant d’être directement analysés.

Ces mesures ont été réalisées dans le laboratoire d’analyse isotopique du BRGM (LAB/ISO).

b) I SOTOPIE DU DIC ET DU DOC


L’isotopie du DIC est réalisée par IRMS, en injectant l’échantillon directement en phase liquide, poussé par de
l’eau.

Les échantillons pour la mesure du DOC sont d’abord acidifiés (ajout d’acide phosphorique, pH=1-2) afin de
dégazer le CO2 présent. Il est aussi analysé par IRMS.

Les prélèvements ont été filtrés à 0,45 µm pour évacuer les bactéries. Une attention particulière a été apportée au
prélèvement des échantillons pour la mesure du DIC. En effet, ceux-ci ne doivent pas être mis en contact avec le
CO2 de l’air, car cela modifie instantanément la signature isotopique de l’échantillon. Les flacons de prélèvement
ont été remplis par débordement, en renouvelant le volume au moins trois fois, et en ne laissant aucune bulle
d’air dans le flacon.

Ces analyses ont été faites à l’ISTO (Institut des Sciences de la Terre d’Orléans, CNRS).

D. ANALYSES GÉOCHIMIQUES ET MICROBIOLOGIQUES


Afin de comprendre l’activité de biodégradation dans les colonnes, des mesures des paramètres physico-
chimiques et microbiologiques de la colonne ont été réalisées. Cela a ensuite permis d’interpréter les résultats de
géophysique et les analyses du CO2.

Des prélèvements de fluides des colonnes ont été effectués régulièrement pendant les expérimentations afin de
mesurer la quantité de toluène restant dans le milieu, l’alcalinité du fluide, et pour caractériser la population
bactérienne qui a pu se développer (comptage et analyses génétiques). De plus, les paramètres physico-
chimiques (pH, Eh, température, conductivité et O2 dissous) du fluide sont mesurés en sortie de colonne.

1. DOSAGE DU TOLUÈNE

Pour suivre l’évolution de la concentration en toluène dans les colonnes BIOPHY, l’outil analytique utilisé est un
micro chromatographe en phase gazeuse, le µGC Agilent 3000 (SRA Instruments, Marcy l’Etoile, France). C’est
un chromatographe compact qui met en œuvre des principes chimiques de séparation et de détection
parfaitement reconnus. Les principales étapes de l’analyse sont l’injection, la séparation, la détection,
l’identification des pics et leur intégration individuelle et finalement, par comparaison avec une courbe
d’étalonnage préalablement établie, la détermination de la teneur en toluène (Figure V-15).

91
L’échantillon gazeux pénètre dans le µGC par une introduction chauffée. Une fois l’injecteur franchi,
l’échantillon en phase gazeuse pénètre dans la colonne qui le sépare en ses constituants gazeux dans un temps-
type inférieur à 200 secondes.

Le principe de fonctionnement de la chromatographie en phase gazeuse repose sur le fait qu’une molécule
gazeuse donnée possède une affinité spécifique envers le support de la colonne chromatographique (présent sur
la paroi interne de la colonne) et le gaz vecteur. Les différences d’affinité permettent de séparer les différents
composés individuels (temps de rétention différents) et éventuellement de les détecter. Pour l'obtention d'une
bonne reproductibilité des temps de rétention des composés, la colonne utilise un dispositif de chauffage très
précis et parfaitement régulé. La colonne utilisée est une colonne capillaire Stabilwax®, de 10 m de longueur et
de 0,5 mm de diamètre interne, avec comme support une phase stationnaire de type polaire.

Après séparation dans la colonne, les constituants de l’échantillon gazeux traversent un détecteur à
thermoconductivité TCD ou catharomètre. Ce détecteur, sensible à l'élévation de la température, est constitué
d'un pont de Wheatstone. Une de ses branches est traversée en continu par le gaz vecteur, dit de référence.
L'autre branche est traversée par le gaz vecteur, dit d'analyse, et provenant de la colonne analytique. Le gaz
vecteur d'analyse peut être pur ou contenir des constituants de l’échantillon qui a été injecté dans l'analyseur.

Pour l’analyse de toluène, l’injecteur est chauffé à 90°C, la colonne en isotherme à 70°C. Avant chaque série de
mesure, des étalons de concentration connue sont passés dans l’appareil pour vérifier que la droite d’étalonnage
est toujours valable.

FIGURE V-15 : DIFFÉRENTES ÉTAPES RÉALISÉES POUR LE DOSAGE DU TOLUÈNE PAR µGC.

92
Chaque échantillon est placé dans des flacons en verre de 40 mL, remplis seulement à 30 mL pour laisser un
espace de tête gazeux. L’échantillon est ensuite chauffé à 80°C pendant 30 min pour faire passer les composés
d’intérêt en phase gazeuse. Le flacon est muni d’un septum au niveau du bouchon. Ce septum est piqué par
l’aiguille de l’injecteur (en prenant soin de rester dans la phase gazeuse) et le gaz est pompé. Le pompage dure
environ 10 secondes et l’analyse 200 secondes. Reste ensuite à multiplier la surface de pic par le coefficient de
dilution et à placer la surface trouvée sur la droite d’étalonnage pour obtenir la concentration finale (ici, en
toluène).

2. DOSAGE DE L’ALCALINITÉ

D’autres prélèvements en S1 et S3, mais aussi dans la bonbonne d’alimentation, ont été utilisés pour doser
l’alcalinité. Par définition, l’alcalinité d’une eau caractérise sa capacité à résorber les acides forts, du fait de la
présence d’espèces basiques susceptibles de réagir avec les protons [Garnier, 2012]. L’alcalinité des eaux
naturelles est principalement due à la présence des carbonates :

Alcalinité = [HCO3-] + 2[CO32-] + [OH-] – [H+]

Cependant, les phosphates contribuent aussi à l’alcalinité et ils sont très présents dans le fluide circulant dans les
colonnes (tampon mono- et di-hydrogéno-phosphates de potassium). Cela a rendu difficile l’interprétation des
données d’alcalinité.

L’alcalinité du fluide a été dosée par potentiométrie, c’est-à-dire que l’alcalinité est quantifiée par une titration à
l’acide chlorhydrique, jusqu’à atteindre un pH voisin de 4.

3. COMPTAGES BACTÉRIENS

La population bactérienne a aussi été suivie au cours du temps à partir d’échantillons de fluide (bactéries
planctoniques) et de quelques échantillons de sable (bactéries sessiles). Plusieurs méthodes de quantification ont
été testées sur les expériences, mais c’est la méthode de comptage sur cellule de Thoma qui est restée la plus
utilisée.

a) M ESURE DE DENSITÉ OPTIQUE DO 600


La mesure de la densité optique (DO) permet de mesurer indirectement la densité bactérienne. En effet, à l’aide
d’un spectromètre, l’absorbance à 600 nm (DO 600) est mesurée : le trouble de la solution augmente avec le
nombre de bactéries. Avant une mesure, il faut régler le zéro de l’appareil avec du milieu de culture sans
bactéries. Etant donné qu’il s’agit de matière en suspension, il faut homogénéiser l’échantillon et réaliser la
mesure rapidement sinon le résultat n'est pas représentatif.

De plus, il faut tenir compte du fait que la mesure de DO 600 est une mesure qui englobe les bactéries actives et
inactives, ainsi que tout autre matériel en suspension dans le fluide (particules de sable, bouts de membranes de
cellules lysées…).

A cause de ces inconvénients, il a été décidé d’abandonner cette technique de mesure au profit du comptage de
bactéries sur cellule de Thoma.

b) N UMÉRATION SUR C ELLULE DE T HOMA


Le comptage bactérien est la détermination directe du nombre de cellules contenues dans un volume précis de
liquide. Un nombre de cellules par litre est obtenu.

La numération cellulaire est réalisée directement par comptage au microscope, à l’aide d’une lame de comptage
spéciale (ou cellule de numération). Des cellules de Thoma ont été utilisées au cours des expérimentations
(Figure V-16). Elles sont composées de seize grands carrés (4x4), chacun composé de seize petits carrés.

93
FIGURE V-16 : SCHÉMA D’UNE CELLULE DE THOMA

Pour réaliser un comptage, l’échantillon est déposé sur la lame de Thoma qui est observée ensuite au microscope
optique avec un grossissement x400. Dix cases où sont comptées le nombre de bactéries présentes, n10carrés, sont
choisies arbitrairement et à l’avance. Le volume de liquide contenu dans un total de 10 carrés représentant
2,5.10-6 mL, il suffit ensuite de ramener au volume total pour connaitre le nombre de bactéries dans le milieu,
Nbac/mL. Si l’on détecte plus de 40 bactéries (pour dix carrés), il est plus judicieux de d’abord diluer son
échantillon. La formule mathématique qui permet de remonter du nombre de bactéries compté n10carrés à celui
présent dans le milieu Nbac/mL est :

݊ଵ଴௖௔௥௥±௦
ܰ௕௔௖௧Ȁ௠௅ ൌ ‫݊݋݅ݐݑ݈݅݀݁݀ݎݑ݁ݐ݂ܿܽ כ‬ ÉQUATION V-8
ʹǤͷǤ ͳͲି଺

Cette technique, contrairement à la DO 600, permet de distinguer les bactéries d’autres particules présentes dans
le milieu. On peut aussi, en se basant sur la morphologie des cellules, essayer de séparer les cellules étudiées (ici
R. w.) d’autres types de bactéries. Cependant, ce type de comptage ne permet pas de différencier les cellules
actives des cellules inactives.

c) C OLORATION L IVE AND D EAD


Afin de distinguer les bactéries mortes des bactéries vivantes au sein du biofilm, un kit LIVE/DEAD® peut être
utilisé. Ce kit contient deux marqueurs fluorescents SYTO 9 (vert) et iodure de propidium (PI) (violet).

Le SYTO 9 possède la capacité de diffuser dans les cellules, intègres ou non, et d'émettre de la fluorescence de
couleur verte une fois lié à l'ADN. Il permet donc de marquer la totalité les cellules d'un échantillon. Le PI ne
peut pénétrer dans les cellules que si les membranes sont altérées, donc seules les cellules mortes fluorescent en
rouge (vert + violet) (Figure V-17).

Ce protocole est très utile mais long à mettre en place à cause des différentes étapes de préparation. Il n’a donc
pas été retenu pour faire un suivi journalier de la population bactérienne à l’intérieur des colonnes BIOPHY.

94
FIGURE V-17 : PHOTOGRAPHIE PRISE AU MICROSCOPE OPTIQUE, GROSSISSEMENT X 1000, APRÈS COLORATION
LIVE/DEAD D’UN ÉCHANTILLON D’UNE COLONNE BIOPHY (JUILLET 2012). LES BACTÉRIES VIVANTES SONT
COLORÉES EN VERT, ALORS QUE LES BACTÉRIES MORTES SONT COLORÉES EN ROUGE.

4. MESURE DES PARAMÈTRES PHYSICO-CHIMIQUES

Les paramètres physico-chimiques non conservatifs (pH, Eh, conductivité, température, oxygène dissous) ont été
suivis en continu, en sortie de colonne, à l’aide d’un porte-sondes inséré en ligne dans le circuit. Trois sondes de
chez METTLER TOLEDO® ont été utilisées pour chacune des colonnes. La première est une électrode
combinée qui mesure le pH, le potentiel redox (avec comme électrode de référence commune, une Ag/AgCl,
EAg/AgCl= 197 mV / ENH) et la température ; une deuxième est une sonde électrochimique basée sur la méthode
de Clark (réduction de l’oxygène sur une électrode d’argent polarisée à -400 mV/ENH), qui mesure la quantité
d’O2 dissous ; et la dernière sonde mesure la conductivité et la température.

Les mesures sont récupérées sur un ordinateur via des transmetteurs (M300 de chez METTLER TOLEDO ®) et
une centrale d’acquisition multivoies Keithley Instruments, 2700 (Figure V-18). Les mesures ont été effectuées
toutes les demi-heures au cours des expériences BIOPHY.

FIGURE V-18 : ACQUISITION DES PARAMÈTRES PHYSICO-CHIMIQUES.

95
E. EXPÉRIENCES

1. STÉRILISATION ET REMPLISSAGE DES COLONNES

Afin de limiter au mieux la contamination des colonnes par d’autres souches bactériennes que R. w., un
protocole de stérilisation du matériel utilisé a été établi. Le sable de Fontainebleau a d’abord été tamisé puis lavé
à l’eau déminéralisée pour évacuer les petites particules et des éventuelles traces de matière organique. Juste
avant chaque expérimentation, le sable a été autoclavé 3 fois 1h à 120 °C à 24 heures d’intervalle afin de le
stériliser.

Les colonnes ont été désinfectées avant chaque essai. Un premier lavage a été effectué avec de l’eau de javel.
Puis, juste au moment du montage, les colonnes sont désinfectées avec de l’éthanol 90°C, puis rincées à l’eau
stérile, sous l’atmosphère de deux becs Bunsen.

Les colonnes ont pu alors être remplies avec le sable. Afin d’assurer la reproductibilité des essais, un protocole
de préparation des colonnes a été défini. En effet, le conditionnement est important pour obtenir des mesures PP
comparables [Kemna et al., 2012].

Une procédure de remplissage a été mise au point : le sable est introduit dans la colonne jusqu’à un premier
palier correspondant à la hauteur du robinet S1. Cette première strate est compactée à l’aide d’une dameuse
cylindrique de 500 g, mobile autour d’un axe (Figure V-19). Le compactage consiste à laisser tomber 3 fois de
suite la masse d’une hauteur fixe de 20 cm sur le sable. Ensuite, deux autres strates de sables sont ajoutées et
compactées successivement, aux hauteurs S2 et S3. Des colonnes remplies de 12,5 kg de sable sec sont ainsi
obtenues. Le remplissage s’effectue lui aussi sous deux becs Bunsen.

FIGURE V-19 : PHOTOGRAPHIE DE LA DAMEUSE MANUELLE : UNE MASSE MOBILE DE 500 g EST ÉCARTÉE DE 20 cm
DU SOCLE POSÉ SUR LE SABLE, PUIS LÂCHÉE. L’OPÉRATION EST RÉPÉTÉE TROIS FOIS À TROIS HAUTEURS DE LA
COLONNE POUR TASSER LE SABLE.

96
2. ENSEMENCEMENT DES BACTÉRIES

Après le montage des colonnes, chacune est installée dans la chambre thermostatée et raccordée à son circuit
hydraulique (Figure V-2). Elles sont mises en eau avec du milieu de culture stérile (précédemment autoclavé à
110°C pendant 1h). Une fois la colonne saturée, la bonbonne d’alimentation qui ne contenait que du milieu de
culture est remplacée par l’inoculum bactérien. Il s’agit de 4 L de milieu où l’on a rajouté 400 mL d’inoculum
incubé pendant quelques jours à 35 °C.

L’ensemencement de la colonne se fait pendant 48 à 72h, en circuit fermé, le temps que des bactéries puissent se
fixer sur le sable et que le milieu s’homogénéise et se stabilise.

3. CALENDRIER DES EXPÉRIENCES

Plusieurs essais ont été réalisés pendant deux ans. Dans un premier temps, il s’est agi de maitriser tous les
aspects des expériences : adapter tous les types de mesure sur une même colonne et assurer un suivi régulier.
Puis, le but a été de mettre en place une expérience complète qui mette en évidence la faisabilité du suivi de la
biodégradation du toluène par R. w. à l’aide d’un couplage de mesures géophysiques et d’analyses de gaz.

FIGURE V-20 : PRÉSENTATION D’UNE EXPÉRIENCE BIOPHY COMPLÈTE À QUATRE COLONNES : DEUX INOCULÉES
IDENTIQUES (C1 ET C2) POUR UN DUPLICAT DES MESURES. ET DEUX NON-INOCULÉES, UNE AVEC (C3) ET UNE
SANS (C4) TOLUÈNE, COMME TÉMOINS.

Pour cela, des essais sur quatre colonnes ont été réalisés, deux inoculées identiques pour un duplicat des
mesures ; et deux non-inoculées témoins, une avec et une sans toluène (Figure V-20). De nouveau, plusieurs
essais ont dû être réalisés, en circuit ouvert et en circuit fermé, afin d’obtenir des résultats de tous les types
d’analyses sur un même essai. Le Tableau V-3 et la Figure V-21 présentent le calendrier des différents essais
menés au cours de cette thèse.

Les résultats de deux essais principaux seront exploités : les colonnes non-inoculées témoins réalisées en
novembre 2013, ainsi que les colonnes inoculées réalisées entre janvier et mars 2014. Ce jeu complet de quatre
colonnes a donné des résultats exploitables pour tous les types de mesures. Cependant, les autres essais seront
analysés partiellement, car ils ont donné des résultats intéressants pour un ou plusieurs types d’analyses.

97
FIGURE V-21 : DIFÉRENTS TYPES D’ESSAIS MENÉS PENDANT LA THÈSE : A/ COLONNES NON-INOCULÉES EN
BOUCLE FERMÉE ; B/ COLONNES INOCULÉES EN BOUCLE FERMÉE ET C/ COLONNES INOCULÉES EN BOUCLE
OUVERTE.

TABLEAU V-3 : CALENDRIER DES DIFFÉRENTS ESSAIS BIOPHY.

Type Dates Nombre de Durée (j) Remarques


d’expérience colonnes
A/ Non- Février-Mars C3 et C4 45 Contamination des deux
inoculées 2013 colonnes : résultats non
Boucle fermée exploitables en géophysique et
en analyse de gaz
Novembre C3 et C4 15 Ajouts de formaldéhyde : pas
2013 de contamination des colonnes.
Résultats exploitables en
géophysique et en analyse de
gaz
B/ Inoculées Juillet 2012 C1 22 Alimentation trop forte en H2O2 :
Boucle fermée disparition de la population
bactérienne en quelques jours.
Pas de mesures exploitables.
Octobre 2012 C1 21 Mesures géophysiques
exploitables
Décembre 2012 C1 15 Problème d’électrodes de
mesure Ag/AgCl : pas de
mesures géophysiques
exploitables
Mars-Juin 2013 C1 et C2 109 Premières mesures avec le
SPIRIT exploitables mais
problème d’électrodes de
mesure Ag/AgCl
Mai-Juillet 2013 C1 et C2 46 Problème d’électrodes de
mesure Ag/AgCl mais mesures
avec SPIRIT exploitables
C/ Inoculées Janvier-Mars C1 et C2 58 Résultats exploitables en
Boucle ouverte 2014 géophysique et en analyse de
gaz

98
VI. MATÉRIEL ET MÉTHODES – APPLICATION SUR SITE PILOTE
La méthode de surveillance d’un biotraitement par mesures géophysiques et analyse de CO 2 a été mise en place
sur le terrain pollué d’une station-service (dont la localisation ne sera pas précisée pour des raisons de
confidentialité). Ce chapitre présente l’historique du site pollué, un diagnostic géochimique, géophysique et
microbiologique préliminaire, la stratégie de dépollution choisie pour ce site, et enfin, la méthodologie globale
appliquée pour surveiller la dépollution et démontrer sa faisabilité à l’échelle du terrain.

A. PRÉSENTATION DU SITE PILOTE

1. HISTORIQUE CONNU DU SITE (ÉTABLI PAR SERPOL EN MAI 2012)

La station-service étudiée a été créée en juillet 1967. Les produits pétroliers sont stockés en cuves semi-enterrées
et enterrées. Ils comprennent : du supercarburant (SC), du carburant auto (CA), du gazole (GO), de l’essence
(SP98) et du fioul domestique (FOD).
Entre juillet 1992 et décembre 1997, ont été recensés quatre déversements accidentels de GO provenant de
défauts sur des infrastructures : poste de distribution, collecteurs, canalisations. L’incident le plus important est
survenu en novembre 1996 suite au percement (probablement corrosion) de la canalisation GO d’alimentation
des postes de distribution. Les pertes ont été estimées entre 25 et 30 m3. Du fait de la faible perméabilité des
terrains encaissants, le produit a migré le long des réseaux enterrés. Le diagnostic réalisé en février 1997 montre
une accumulation des hydrocarbures en poches dû à la forte hétérogénéité des terrains rencontrés. Le produit a
ensuite été remobilisé par la nappe présente à environ 3 m de profondeur sur le site.
Afin de récupérer un maximum de produit, plusieurs opérations de pompage ont été réalisées de décembre 1996
à février 1997. Les quantités de produit récupérées par ces opérations sont de 10 m3.
En décembre 1997, le déversement d’hydrocarbures dans le ru rejoignant une rivière proche est constaté, corrélé
avec un écart de 9 m3 dans les stocks de GO de la station. Le curage du ru et un barrage flottant sur la rivière ont
immédiatement été mis en place. Puis, afin d’éviter tout épanchement futur, des travaux de modernisation de
l’ensemble des infrastructures pétrolières ont été engagés sur la station : l’ancien parc à cuves a été entièrement
démantelé, et un nouveau parc a été installé.
Les données historiques de déversements accidentels ne font état que de fuites de gazole. Cependant, les impacts
en hydrocarbures, mais surtout en BTEX, observés dans les sols et les eaux souterraines témoignent de
pollutions par des essences ou supercarburants non recensées. Par ailleurs, les différents diagnostics des sols et
des eaux souterraines réalisés montrent un impact important en hydrocarbures totaux et BTEX dans les sols et les
eaux au droit et en aval hydraulique de l’ancien parc à cuves démantelé en 1997.
L’évaluation simplifiée des risques réalisée en 2004, montre différentes voies de transfert potentiel au droit du
site : la nappe présente entre 2,5 et 4,5 m de profondeur est en relation hydraulique avec la nappe alluviale de la
rivière et avec la rivière. L’évaluation indique un site de classe 2 : site à surveiller pour les milieux « eaux
souterraines » (usage AEI) et « eaux superficielles » (usage récréatif).

99
2. CARACTÉRISATION HYDROGÉOLOGIQUE DU SITE (D’APRÈS LES DONNÉES DU PROJET
ATTENA, BRGM ET ADEME, 2012)

Plusieurs puits ont été forés pour caractériser le site. Les analyses ont montré que :
· Le sol est principalement composé de limons et d’argiles (Figure VI-1). De la surface vers les
profondeurs, on trouve :
o les limons des plateaux, qui renferment de nombreux débris de meulière. Leur épaisseur est
inférieure à 3 m ;
o les calcaires et argiles à meulières de Brie (Sannoisien), sur une épaisseur moyenne de 10 à 15
m. Le calcaire de Brie est jaunâtre, vacuolaire ou compact, granuleux ou bréchique, avec des
veines de calcite recristallisée. Au voisinage de la surface, il fait place à une argile
ferrugineuse à meulière caverneuse ou compacte, parfois épaisse de plusieurs mètres ;
o l’argile verte de Romainville (Sannoisien) d’une épaisseur de 3 à 5 m. Il s’agit d’une argile
verte à minces intercalations de calcaire gris vert ;
o les formations hétérogènes de l’Eocène supérieur, moyen et inférieur.
· Le sol a une faible perméabilité (entre 10-6 et 10-7 m/s) ;
· La direction du flux est Nord-Ouest ;
· Le sommet de la nappe phréatique se situe entre 2,5 et 4,5 m de profondeur ;
· La vitesse de la nappe est d’environ 17 m/an.

FIGURE VI-1 : DIAGRAMME DONNANT LA SECTION GÉOLOGIQUE DU TERRAIN D’ÉTUDE.

3. DIAGNOSTIC CHIMIQUE PRÉLIMINAIRE

Le site est contaminé par des hydrocarbures. La présence de BTEX (Benzène, Toluène, Ethyle-benzène,
Xylènes) a notamment été montrée dans la zone de l’ancien parc à cuves (entre 2 et 5 m de profondeur, Figure
VI-2), ainsi que l’existence d’un panache dissous partant de l’ancien parc à cuves et s’étendant jusqu’à 70 m en
aval du site.
Les résultats obtenus montrent que la zone la plus contaminée se situe au niveau de PZ2 avec une concentration
en BTEX de l'ordre de 10 mg/L.

Un processus de biodégradation des hydrocarbures et BTEX dissous dans les eaux est également mis en
évidence par la présence d’un appauvrissement en oxygène dissous, en nitrates et en sulfates (Figure VI-3), et à
contrario d’un enrichissement en ammonium, en fer et en manganèse au droit des zones impactées.

100
FIGURE VI-2 : CARTES DES CONCENTRATIONS EN BTEX MESURÉES DANS LES PUITS DE SURVEILLANCE
(SEPTEMBRE 2013) : A/ BENZÈNE, B/ TOLUÈNE, C/ ETHYLE-BENZÈNE ET D/ XYLÈNES. L’ANCIEN PARC À CUVES
CORRESPOND À LA ZONE SOURCE DE LA POLLUTION, ET LA FLÈCHE INDIQUE LE FLUX DE DIRECTION NORD-
OUEST DE LA NAPPE.

101
FIGURE VI-3 : CARTES DES CONCENTRATIONS EN ACCEPTEURS D’ÉLECTRONS DANS LES PUITS DE
SURVEILLANCE (SEPTEMBRE 2013) : A/ SULFATES ET B/ NITRATES. L’ANCIEN PARC À CUVES CORRESPOND À LA
ZONE SOURCE DE LA POLLUTION, ET LA FLÈCHE INDIQUE LE FLUX DE DIRECTION NORD-OUEST DE LA NAPPE .

4. ANALYSES MICROBIOLOGIQUES

Afin de réaliser une étude microbiologique sur le site pilote et de mettre en évidence un potentiel de
biodégradation des BTEX sur le site, des essais en laboratoire ont été réalisés en aérobie à partir des eaux des
piézomètres, avec dopage en toluène et suivi de la concentration en toluène au cours du temps. Un ajout d’H 2O2,
traitement potentiellement utilisable sur site pour stimuler l’activité microbienne de dégradation des BTEX, a
également été réalisé.

Les résultats obtenus montrent une légère dégradation du toluène avant ajout d’H 2O2. D’autres mesures
suggèrent que l’ajout d’H2O2 stimule de manière très significative l’activité de dégradation du toluène. Ces
travaux en laboratoire montrent donc qu’il y a bien une activité potentielle de biodégradation du toluène sur le
site pilote, et suggèrent qu’un traitement basé sur l’utilisation de l’H2O2 peut potentiellement conduire à une
stimulation de l’activité de dégradation des BTEX par la microflore endogène du site.

102
5. CAMPAGNE GÉOPHYSIQUE PRÉLIMINAIRE

Des mesures de résistivité électrique (ER) et de polarisation induite en domaine temporel (TDIP) ont été
réalisées en injectant dans le sol un courant électrique (I) entre deux électrodes émettrices et en mesurant le
potentiel induit (V) entre deux électrodes de réception. En comparant le signal envoyé et le signal reçu, la
réponse électrique du sol a été obtenue.

Pour les mesures ER, il s’agit de la résistivité (la capacité du sol à conduire le courant électrique), obtenue en
multipliant la résistance (V/I) par un facteur géométrique qui dépend du dispositif de mesure. Pour les mesures
TDIP, on mesure la courbe de décroissance du potentiel pendant son retour à zéro, après que l’injection de
courant I ai été coupée. Cela permet de calculer la chargeabilité (aire sous la courbe de décroissance du potentiel)
qui représente la capacité du milieu à stocker des charges (cf. Partie 1, chapitre III pour plus de détails).

Quatre tomographies ER et de TDIP ont été menées en mai 2012 (Figure VI-4-A). L’espacement entre électrodes
était de 1 m, la longueur des profils de 95 m (96 électrodes) ou 71 m (72 électrodes), sur une configuration en
dipôle-dipôle.

6. ANALYSES DE GAZ PRÉLIMINAIRES

La concentration de CO2 et le rapport isotopique δ13C(CO2) sont mesurés par spectroscopie laser infrarouge. Le
spectromètre utilisé, le SPIRIT (SPectromètre Infra-Rouge In Situ Troposphérique), est directement relié à une
chambre d’accumulation des gaz posée sur une embase fixée au sol. Le flux d’émissions de CO2 provenant de la
subsurface est mesuré en quelques minutes par la méthode de la chambre fermée (en mode dynamique par
recirculation de l’air après analyse). Par cette méthode, la mesure du rapport isotopique du carbone de la source
d’émission prend entre 5 min et 1h suivant l’intensité du flux : en laissant le CO2 s’accumuler de 400 ppm
jusqu’à 800 ppm au moins, la mesure obtenue par « Keeling plot » est suffisamment précise (à plus de 0,3 ‰
près).

Une campagne d’analyse de gaz a été menée en septembre 2013, sur 21 embases placées en aval de l’ancien parc
à cuves (Figure VI-4-B).

Il existe plusieurs méthodes de mesure de flux sur le terrain :

· Les méthodes de chambre au sol, appropriées pour les mesures à l’échelle locale et pour l’étude de la
diversité spatiale et
· Les méthodes micro météorologiques qui nécessitent l’emploi de tours à flux (≈1 m 50 de hauteur pour
couvrir un rayon de 200 m de parcelle) équipées d’une station météorologique associée à un traitement lourd
de données (anémomètre sonique 3D pour le calcul du vecteur vitesse du vent, capteurs de chaleur du sol,
capteurs de température et d’humidité du sol et de l’air pour le calcul des flux de chaleur…) [Hendriks et al.,
2010 ; Heinesch, 2007].

Les mesures par chambre au sol (échelle locale de 0,1 à 1 m2) permettent une étude détaillée des mécanismes
d’émissions (microbiologie, végétation, pédologie). Elles sont adaptées pour des terrains à forte variabilité
spatiale et temporelle des flux. Cependant, il faut faire attention à un changement de pression au moment de la
pose de la chambre sur son embase (observable et corrigeable lorsque la concentration est suivie en temps réel
comme dans le cas de SPIRIT).

Lorsque le circuit est ouvert (flux constant d’entrée d’air), le calcul de flux ‫[ ܨ‬mol.m-2.s-1] est calculé à partir de
l’enrichissement en gaz i dans la chambre :

ο‫ܥ‬௜ ൌ ‫ܥ‬௜௖௛௔௠௕௥௘ െ ‫ܥ‬௜௔௜௥ ÉQUATION VI-1

103
‫ܦ‬
‫ܨ‬ൌ Ǥ ο‫ܥ‬௜ ÉQUATION VI-2
ܵ

avec ‫ ܦ‬le débit volumique d’air circulant dans la chambre, ܵ la surface d’émission.

Lorsque le circuit est fermé (chambre d’accumulation), le flux s’obtient avec la formule suivante :

݀‫ܥ‬௜௖௛௔௠௕௥௘ൗ
‫ ܨ‬ൌ ݄Ǥ ݀‫ݐ‬
ÉQUATION VI-3

݀‫ܥ‬௜௖௛௔௠௕௥௘ൗ
avec ݀‫ ݐ‬le taux d’accumulation du gaz i dans la chambre et ݄ la hauteur effective ou volume du
circuit fermé sur la surface d’émission.

La première méthode est moins précise pour la mesure des petits flux quand ο‫ܥ‬௜ → 0, contrairement à la seconde
méthode dont la mesure de flux ne dépend pas de la concentration du gaz i de référence dans l’air ‫ܥ‬௜௔௜௥ . La
deuxième méthode est donc généralement préférée.

Remarque : les calculs du rapport isotopique δ13C(CO2) se font avec la méthode du Keeling plot [Pataki et al.,
2003] (plus de détails dans le chapitre V-C-4).

FIGURE VI-4 : CARTES DE L’EMPLACEMENT A/ DES 4 PROFILS ÉLECTRIQUES ET B/ DES 21 EMBASES UTILISÉES
POUR POSER LA CHAMBRE DU SPIRIT, POUR LA CAMPAGNE DE MESURES PRÉLIMINAIRES (GÉOPHYSIQUE : MAI
2012, GAZ : SEPTEMBRE 2013).

104
7. STRATÉGIE DE TRAITEMENT

Une atténuation naturelle est déjà en cours sur le site, mais elle est limitée par le manque d’oxygène (accepteur
d’électron nécessaire au métabolisme aérobie). C’est pourquoi un biotraitement par apport d’oxygène a été
décidé pour ce site.

Une barrière réactive de 4 m de profondeur a été creusée perpendiculairement à la progression de la pollution


pour réduire le panache en aval (Figure VI-6). Elle est équipée de deux puits de pompage et de trois puits de
réinjection. De l’H2O2 diluée est ajoutée à l’eau pompée dans la barrière, puis elle est réinjectée sous le niveau de
la nappe afin d’y apporter de l’oxygène et ainsi stimuler l’activité bactérienne.

B. MONITORING DE LA BIODÉPOLLUTION
La mise en place du dispositif de surveillance (profils électriques, embases pour les mesures de CO 2 en surface,
sondes physico-chimiques dans les forages, station météo) a été réalisée en septembre 2013. Après un retard de
plus d’un an par rapport au calendrier escompté initialement (difficultés administratives…), la barrière réactive a
été activée en avril 2014. La surveillance du biotraitement a commencé à partir de cette date.

1. SUIVI ÉLECTRIQUE

Le suivi géophysique est assuré suivant 2 profils (Figure VI-6-B) :

· Un profil P1 transverse au panache et perpendiculaire à la barrière.


o Une surveillance continue et automatique tous les 2 jours est assurée en ER et PP (4 fenêtres
temporelles) avec un Syscal R1plus, durée de créneau de 2s, en configuration dipôle-dipôle et
Wenner-Schlumberger.
o De plus, tous les mois, des mesures sont réalisées :
§ en mode TDIP avec un Elrec pro (mode fullwave2) et un VIP4000 comme émetteur,
en configuration dipôle-dipôle, afin de modéliser la courbe de décroissance avec un
modèle de type Cole-Cole [Fiandaca et al., 2013],
§ en mode SIP avec le GDP 32 II et un système de multiplexeurs (Zonge International,
Tucson, Arizona, USA).

La configuration utilisée pour les mesures de PP est un dipôle-dipôle, car c’est celui qui induit le moins d’effets
de couplage EM (la mesure du potentiel se fait en dehors du segment formé par les électrodes d’injection).

· Un profil P2 transverse au panache mais situé à 3 m de la barrière et parallèle à celle-ci. Des mesures
sont réalisées chaque mois avec un Syscal pro en ER et PP (20 fenêtres), durée de créneau de 2s, en
configuration dipôle-dipôle et Wenner-Schlumberger. Les 48 électrodes du profil, espacées d’1 m, sont
réinstallées à chaque campagne, et repositionnées aux mêmes points avec une erreur de 5 cm environ.
Deux bornes topographiques permanentes servent de repère aux deux extrémités.

Le profil P1est installé définitivement au fond d’une tranchée de 50 cm de profondeur qui a été remblayée après
installation des électrodes et des flûtes multibrins. Le dispositif est composé de 60 électrodes (30 d’injection et
30 de mesure), espacées de 2 m (Figure VI-5). Toutes les électrodes sont en inox, positionnées chacune dans un
trou rempli de bentonite afin d’assurer un bon contact électrique avec le sol. En accord avec les remarques faites
dans la partie 1, chapitre III-C-4, les tomographies ER et PP ont été réalisées à l’aide de câbles séparés pour
l’injection et la mesure pour le profil P1.

2
Enregistrement en continu du courant et des potentiels avec une fréquence d’échantillonnage de 100
Hz.

105
FIGURE VI-5 : CONFIGURATION DIPÔLE-DIPÔLE DU PROFIL PERMANENT : UNE FLUTE D’ÉLECTRODES EST
UTILISÉE POUR L’INJECTION DE COURANT, ET UNE AUTRE FLÛTE POUR LA MESURE DU POTENTIEL.

2. SPIRIT

Une surveillance par analyse de gaz est réalisée chaque mois à chaque 2 mois sur les 21 embases de la première
campagne de mesures (Figure VI-6-C). Quatre embases se trouvent sur la barrière. Il s’agit de la 4, la 11, la 15 et
la 18.

Le temps dédié aux mesures étant très court (2 jours par mois), la priorité est mise sur la mesure des flux de gaz
d’un grand nombre d’embases, puis à celle des rapports isotopiques du carbone sur les embases les plus
émettrices (donc plus fiables).

3. SUIVI PHYSICO -CHIMIQUE EN FORAGES

a) T YPE DE SONDES EN FORAGES


Les paramètres physico-chimiques dans la nappe sont également suivis en continu via certains forages. Les
sondes utilisées sont des sondes de conductivité, température, oxygène dissous et piézométrie de chez Campbell.
Elles sont placées dans les piézomètres suivants (Tableau VI-1) :

TABLEAU VI-1 : RÉPARTITION DES SONDES DE MESURE DES PARAMÈTRES PHYSICO-CHIMIQUES DANS
DIFFÉRENTS PUITS DE SURVEILLANCE DU SITE.

Forages Paramètres suivis


Pz28 Conductivité, O2 dissous, piézométrie
Pz2 Piézométrie, température
P4 Conductivité, température, O2 dissous, piézométrie
Pz24 Conductivité, température, O2 dissous
PP2 Piézométrie, température
P2 Température
Pz7 Conductivité, température, O2 dissous

106
b) P RÉLÈVEMENTS ET ANALYSES CHIMIQUES
Afin de confirmer les mesures de δ13C(CO2) réalisées avec le SPIRIT en surface, quelques campagnes de
mesures de l’isotopie du carbone dans les eaux ont été programmées, notamment la mesure des δ13C(BTEX).

Les échantillons seront prélevés sur différents piézomètres afin d’observer des variations spatiales des
δ13C(BTEX). En effet, plus on se situe en aval de la source de pollution, plus la biodégradation a été importante
et plus les δ13C(BTEX) ont pu évoluer par rapport à la zone source de pollution. Les échantillons seront aussi
prélevés à des périodes différentes (3 campagnes) : avril 2014 (état zéro), octobre 2014 et mars 2015, afin de
suivre l’évolution temporelle.

De plus, tous les mois, une campagne de prélèvements d’eau dans les forages permet de quantifier la
concentration en hydrocarbures (Hydrocarbures totaux HCT C5-C10 et C10-C4, BTEX), ainsi qu’en accepteurs
et donneurs d’électrons (nitrates, nitrites, ammonium, sulfates, manganèse, fer II, sulfures), et de mesurer
l’alcalinité des eaux.

4. SUIVI MICROBIOLOGIQUE

Un certain nombre de forages fera aussi l’objet de campagnes de prélèvements et d’analyses microbiologiques
(comptage et profils de diversité). Un état zéro a été réalisé en mars 2014, et une deuxième campagne est prévue
en 2015.

107
FIGURE VI-6 : CARTES DE L’EMPLACEMENT A/ DES PUITS DE SURVEILLANCE, DE LA BARRIÈRE RÉACTIVE, ET
DES PUITS DE POMPAGE ET INJECTION DE LA BARRIÈRE ; B/ DES PROFILS ÉLECTRIQUES : UN PERMANENT
PERPENDICULAIRE À LA BARRIÈRE P1 (UNE MESURE TOUS LES DEUX JOURS), UN TEMPORAIRE PARRALÈLE À LA
BARRIÈRE P2 (1 MESURE PAR MOIS) ; ET C/ DES 21 EMBASES UTILISÉES POUR POSER LA CHAMBRE DU SPIRIT.

108
PARTIE 3 : RÉSULTATS

109
VII. RÉSULTATS – EXPÉRIENCES EN COLONNES
Comme justifié dans la partie précédente, les résultats de quatre colonnes BIOPHY seront principalement traités
ici : deux colonnes inoculées, C1 et C2, réalisées entre janvier et mars 2014, et deux colonnes témoins non
inoculées, C3 et C4, réalisées en novembre 2013.

Tout d’abord, la qualité des mesures faites par les différents appareils à disposition sera abordée, avant d’exposer
puis d’interpréter les résultats obtenus pour ces quatre colonnes, ainsi que quelques résultats complémentaires
obtenus sur des précédents essais.

A. VALIDATION DU DISPOSITIF DE MESURES ÉLECTRIQUES


Avant de réaliser toutes les mesures géophysiques sur les colonnes BIOPHY, la validité des systèmes de mesure
PP a été vérifiée. Dans un premier temps, les trois appareils à disposition, le GDP 32II (Zonge) et deux
potentiostats/galvanostats (PAR nouveau et PAR ancien), ont été testés sur un circuit électrique dont la réponse
en phase et en amplitude était connue. Puis, le montage colonne + électrodes a été vérifié en réalisant des
mesures avec de l’eau salée et avec un sable saturé avec de l’eau. Ces deux derniers tests devaient donner une
phase sinon nulle, du moins constante.

C’est en réalisant ces tests qu’un problème de calibration sur le GDP 32II a pu être identifié. Il a tout d’abord été
pallié en réalisant une correction manuelle à chaque fréquence à partir des résultats obtenus sur circuit Randless
R(RC). Il s’est ensuite avéré qu’il y avait un problème de software et que la calibration automatique proposée par
le constructeur n’était pas effective.

C’est aussi grâce à ce genre de tests qu’il a été remarqué que les électrodes Ag/AgCl utilisées au début des
expérimentations avaient une durée de vie limitée. En effet, au-delà de 10 jours de fonctionnement, les mesures
en amplitude restaient correctes, tandis que celles en phase dérivaient dans de l’eau, qui est un milieu
impolarisable (à basse fréquence). C’est l’une des raison qui a retardé les expériences sur colonnes.

Les mesures présentées ci-dessous concernent les électrodes Cu/CuSO4 fabriquées et validées au laboratoire (cf.
Annexe 7), sur un GDP 32II possédant une calibration automatique opérationnelle…

1. MESURES SUR UN CIRCUIT R(RC)

Un circuit R1(R2C) ayant une réponse électrique complexe connue a été choisi. Pour pouvoir être le plus précis
possible, tous les éléments du circuit ont été caractérisés séparément : R1 = 10,1 Ω, R2 = 100,9 Ω et C = 105,8µF.

Des mesures avec le GDP 32II (Zonge) ont ensuite été réalisées, ainsi que des mesures avec deux
potentiostats/galvanostats de chez Princeton Applied Research (PAR). Les réponses en phase et en amplitude
comparées à la réponse théorique sont présentées en Figure VII-1. La précision sur la mesure a été calculée à
chaque fois. Pour le GDP, un point de mesure correspond à la moyenne sur six mesures (trois fois deux
répétitions), et la barre d’erreur correspond à l’écart type sur ces six mesures. Pour les PAR, dans le cas de ces
mesures sur circuit R1(R2C), dix mesures répétitives ont pu être réalisées. Les résultats présentés correspondent
aussi aux moyennes et écarts types calculés sur ces dix mesures.

Les mesures du GDP sont en adéquation avec la réponse théorique, surtout pour les basses fréquences (< 1000
Hz). En phase, les barres d’erreur sont inférieures à 0,5 mrad, et en amplitude, elles sont autours de 0,01 Ω. Le
PAR récent donne aussi des résultats satisfaisants, mais le PAR ancien semble moins performant pour les hautes
fréquences (> 10 kHz), où les mesures divergent par rapport au modèle. Cependant, les barres d’erreurs du PAR
récent sont importantes pour les fréquences autours de 100 Hz. Le problème serait dû à l’appareil et n’a pas pu
être résolu. En ce qui concerne les autres points, il y a jusqu’à 5 mrad d’erreur en phase et 0,5 Ω en amplitude
pour les deux PAR.

111
FIGURE VII-1 : A/ CIRCUIT R(RC) CONNU ET MESURES DE LA RÉPONSE ÉLECTRIQUE COMPLEXE DU CIRCUIT
OBTENUES SUR B/ LE GDP 32II (ZONGE), SUR C/ UN POTENTIOSTAT/GALVANOSTAT RÉCENT (PAR NOUVEAU) ET
SUR D/ UN POTENTIOSTAT/GALVANOSTAT ANCIEN (PAR ANCIEN), COMPARÉES AU MODÈLE THÉORIQUE.

2. MESURES SUR DE L ’EAU SALÉE

Afin de tester le système expérimental, appareil branché sur une colonne, des mesures sur un milieu
impolarisable, de l’eau salée (σ = 2050 µS/cm), ont été réalisées.

La colonne équipée des électrodes Cu/CuSO4 a été remplie d’eau et les mesures ont été faites avec les trois
appareils de mesure, le GDP et les deux PAR, sur trois couples d’électrodes de mesure : E1E4, E2E5 et E3E6
(Figure VII-2). Le GDP donne bien une phase stable, proche de zéro, entre 0,25 et 128 Hz. De faibles
fluctuations de la phase peuvent être observées lorsqu’une ou les deux électrodes de mesure sont trop proches
des électrodes d’injection (cf. Annexe 8). Les barres d’erreurs (écart type sur 6 mesures) restent faibles,
inférieures à 0,2 mrad, excepté pour la fréquence 0,125 Hz (et ses deux premières harmoniques).

Par contre, les mesures de phase avec le PAR récent (sur la même colonne, avec les mêmes électrodes de
mesure) sont moins stables. Elles restent cependant proches de zéro entre 0,1 et 50 Hz. Avec l’ancien PAR, les
mesures sont stables et proches de zéro entre 1 et 10 kHz.

112
La réponse en amplitude est présentée en Figure VII-3. De même que pour la phase, les mesures réalisées avec le
GDP sont plus stables, autours de 5,6 Ω.m, avec une erreur inférieure à 0,09 Ω.m. Le spectre en amplitude
obtenu avec le PAR récent présente un pic autours de 100 Hz, et les mesures du couple E3E6 montrent une
différence de résistivité de 3 Ω.m par rapport aux deux autres couples. Pour l’ancien PAR, le spectre présente un
saut à 10 Hz, défaut vraisemblablement dû à l’appareil, et le spectre dérive dans les basses fréquences (< 0,5 Hz).

FIGURE VII-2 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE D’UNE COLONNE D’EAU SALÉE (σ = 2050 µS/cm), MESURÉE
SUR TROIS COUPLES D’ÉLECTRODES Cu/CuSO4, B/ AVEC LE GDP 32II, C/ AVEC LE PAR RÉCENT ET D/ AVEC LE PAR
ANCIEN.

113
FIGURE VII-3 : AMPLITUDE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE D’UNE COLONNE D’EAU SALÉE (σ = 2050 µS/cm),
MESURÉE SUR TROIS COUPLES D’ÉLECTRODES Cu/CuSO4, B/ AVEC LE GDP 32II, C/ AVEC LE PAR RÉCENT ET D/
AVEC LE PAR ANCIEN.

3. MESURES SUR DU SABLE SATURÉ

Le test du dispositif expérimental a été affiné, pour se rapprocher des conditions de mesure des essais BIOPHY.
Le GDP et le PAR récent ont été testés pour des mesures sur du sable de Fontainebleau saturé avec de l’eau salée
(σ=1858 µS/cm) (Figure VII-4).

Ici, une moindre précision avec le PAR récent est de nouveau observée. Les mesures réalisées avec le GDP
montrent une phase quasi-nulle, très stable pour le couple de mesure E2E5. Les faibles fluctuations de la phase
sont de nouveau retrouvées pour les couples de mesure E1E4 et E3E6.

Le système de mesure a donc été validé, avec une préférence pour les mesures faites avec le GDP. Par la suite,
les fréquences utilisées seront comprises entre 0,25 Hz (voire 0,125 Hz) et 64 Hz (voire 128 Hz).

114
FIGURE VII-4 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE D’UNE COLONNE DE SABLE SATURÉ D’EAU SALÉE (σ = 1858
µS/cm), MESURÉE SUR TROIS COUPLES D’ÉLECTRODES Cu/CuSO4, AVEC LE GDP 32II, ET SUR UN COUPLE AVEC LE
PAR RÉCENT.

B. VALIDATION DES MESURES DU SPIRIT


De même que pour les mesures géophysiques, l’appareil d’analyse du CO 2, le SPIRIT, a été validé avant
d’entamer les expériences.

1. MESURES SUR BOUTEILLES D’AIR STANDARD

Au Brgm, deux bouteilles d’air de chez Air Liquide® ont été certifiées. Elles contiennent du CO2 à 380 ppmV et
390 ppmV respectivement, avec des signatures isotopiques à δ13C(CO2) = -40,5 ‰ et δ13C(CO2) = -43,2 ‰.

Une bouteille est utilisée avant chaque mesure pour calibrer l’appareil. De plus, avant et après chaque mesure,
une vérification est faite sur la bouteille d’air standard.

2. COMPARAISON SPIRIT ET GC-IRMS (GAS BENCH)

Des mesures comparatives ont été effectuées avec le SPIRIT et par Gas Bench (GC-IRMS, au Brgm, unité LAB)
sur une bouteille d’Air Liquide® à δ13C(CO2) = -43,2 ‰., et sur une bouteille d’air extérieur compressé autour
de δ13C(CO2) = -10 ‰. Les résultats obtenus avec les deux méthodes sont présentés dans le tableau suivant :

TABLEAU VII-1 : COMPARAISON DES RÉSULTAS OBTENUS PAR SPIRIT ET GAS BENCH SUR DEUX BOUTEILLES
D’AIR STANDARD.

SPIRIT IRIS GAS BENCH GC-IRMS


δ13C(CO2) [CO2] Incertitude Incertitude δ13C(CO2) Incertitude
(‰) (ppmV) δ13C(CO2) (‰) [CO2] (ppmV) (‰) δ13C(CO2) (‰)
Air
-43,319 389,861 0,530 0,634 -43,238 0,284
Liquide®
Air
-10,185 378,020 0,550 0,236 -10,250 0,071
comprimé

115
Ces résultats montrent que le SPIRIT donne des valeurs avec une incertitude autours de 0,5 ‰, très proches de
celles obtenues par GC-IRMS : il y a 0,081 ‰ de différence pour la bouteille d’Air Liquide® et 0,065 ‰ pour
l’air extérieur comprimé.

Cela a permis de valider le dispositif d’analyse du CO2. Plus de détails seront présentés dans l’article Guimbaud
et al. (in prep.).

C. RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX
Les résultats de quatre colonnes BIOPHY sont présentés ici : deux colonnes inoculées, C1 et C2, (janvier-mars
2014) ; et deux colonnes non inoculées, C3 (avec toluène) et C4 (sans toluène), témoins.

Les colonnes C1 et C2 étaient en boucle ouverte, pour se rapprocher au mieux des conditions de l’aquifère.
L’essai a duré 58 jours durant lesquels un biofilm bactérien a pu se mettre en place et la dégradation du toluène a
eu lieu. Les colonnes C3 et C4 ont dues être laissées en boucle fermée afin de préserver le plus longtemps
possible les conditions stériles des colonnes. Un inhibiteur, le formaldéhyde (sans incidence sur les mesures
géophysiques), a aussi été rajouté régulièrement pour limiter une contamination extérieure. Malgré toutes ces
précautions, l’essai n’a pu durer que 15 jours. C’est toutefois suffisant pour les comparer aux colonnes inoculées
C1 et C2.

1. ÉVOLUTION DE LA POPULATION BACTÉRIENNE

Au cours des expériences, la population bactérienne a été suivie, principalement dans le fluide prélevé à
différentes hauteurs de colonnes (alimentation, S1, S2, S3 et sortie) (Figure VII-5). Une fois par semaine, du
sable était aussi prélevé en tête des colonnes C1 et C2. Les échantillons ont été centrifugés pendant 5 minutes
dans une solution de NaCl à 9 g.L-1 pour détacher le biofilm. Les bactéries ont alors été comptées dans le
surnageant.

La concentration bactérienne est restée faible dans les colonnes non-inoculées (<106 bact/mL, limite de détection
du comptage sur cellule de Thoma), alors que, dans les colonnes inoculées, la concentration en cellules était forte
(jusqu’à 3.108 bact/mL) et une augmentation de la population des bactéries fixées sur le sable a été observée tout
au long de l’essai. Il est intéressant de noter ici une diminution de la population bactérienne planctonique au
moment de l’ouverture du circuit (jour 5) pour la colonne C1. Cependant, la population a crû régulièrement à
partir du jour 15 et il y a eu une formation de biofilm sur le sable (Figure VII-6).

Il est important de savoir que la population bactérienne présente dans les colonnes ne comprend pas uniquement
R. wratislaviensis, mais aussi d’autres espèces. Une monoculture n’était pas réalisable étant donné que les
colonnes étaient juste désinfectées, et non pas stérilisées. Cependant, les biofilms naturels sont composés de
communautés bactériennes complexes, et les essais C1 et C2 se rapprochent donc plus des systèmes d’aquifères
en cours de dépollution réels qu’un réacteur contenant une souche pure.

Il y a aussi une faible contamination bactérienne des colonnes C3 et C4. La plus forte concentration bactérienne
dans la colonne C4 par rapport à la colonne C3 est à noter ici.

A la fin des expériences, le sable des quatre colonnes a été prélevé aux trois niveaux (S1, S2, S3) pour réaliser
des comptages (Tableau VII-2) et des analyses ADN (profils de diversité, Annexe 9).

116
FIGURE VII-5 : EVOLUTION DE LA POPULATION BACTÉRIENNE DANS LES COLONNES INOCULÉES C1 ET C2, À
GAUCHE, ET POUR LES COLONNES NON INOCULÉES C3 ET C4, À DROITE. POUR LES COLONNES C1 ET C2, EN
CIRCUIT OUVERT, LA FLÊCHE BLEUE INDIQUE L’OUVERTURE DU CIRCUIT APRÈS UNE PÉRIODE D’INOCULATION
EN CIRCUIT FERMÉ.

FIGURE VII-6 : PHOTOGRAPHIE PRISE AU MICROSCOPE OPTIQUE DU BIOFILM BACTÉRIEN DÉTACHÉ D’UN
ÉCHANTILLON DE SABLE, PRÉLEVÉ EN TÊTE DE COLONNE C1 (JOUR 22). LE BIOFILM SEMBLE INCLURE UNE
GOUTTELETTE DE TOLUÈNE.

117
TABLEAU VII-2 : COMPTAGES BACTÉRIENS EFFECTUÉS SUR LE SABLE DES COLONNES C1 À C4, À TROIS
HAUTEURS DIFFÉRENTES (S1, S2 ET S3), AU MOMENT DU DÉMONTAGE DES COLONNES.

La population de bactéries fixées sur le sable sous forme de biofilm est là encore significativement plus
importante dans les colonnes C1 et C2 que dans les colonnes C3 et C4 (il y a au moins un facteur 102 de
différence).

Dans les colonnes inoculées, il semble y avoir une gradation dans la concentration en bactéries : il y a plus de
bactéries en bas de colonnes (C1-S1 et C2-S1), qu’au milieu (C1-S2 et C2-S2), puis qu’en haut (C1-S3 et C2-
S3). Cela peut être expliqué par le fait que le flux dans la colonne est ascendant, et que la partie inférieure de la
colonne a été la première à être colonisée, ces bactéries sont celles qui reçoivent en premier des nutriments, la
source de carbone organique (toluène) et l’oxygène. Cependant, concernant l’oxygène, le débit d’H 2O2 diluée a
été réglé de telle sorte que l’on retrouve un taux d’oxygène non nul en sortie, autours de 3 à 5 ppm.

Enfin, en comparant les colonnes C3 et C4, une concentration bactérienne sensiblement plus importante est de
nouveau à noter pour la colonne C4 (moins de 10 1 de différence).

2. POTENTIEL ZÊTA DES BACTÉRIES

Cinq mesures du potentiel Zêta ont été réalisées sur une suspension de R. wratislaviensis, prélevée dans une
colonne inoculée, à 25 °C. Le résultat obtenu correspond à la moyenne sur ces cinq mesures et il est de -9,3 mV±
0,9 mV.

Cette valeur indique que les bactéries sont faiblement chargées. Cependant, et en toute rigueur, cette valeur est
biaisée par l’équipement utilisé pour sa mesure. En effet, le modèle utilisé ne convient pas aux particules molles.
Le résultat est toutefois conforme aux données de la littérature [Gyurova et al., 2013; Lebleu, 2007].

118
3. EVOLUTION DE LA TENEUR EN TOLUÈNE

Les colonnes C1, C2 et C3 contenaient du toluène. Dans la colonne C3 témoin, il n’y a pas eu d’inoculation de
R. wratislaviensis, et donc, normalement, pas de dégradation du toluène. Dans les colonnes C1 et C2, le toluène
étant dégradé rapidement, il a fallu faire des injections régulièrement pour alimenter les bactéries (Tableau
VII-3).

TABLEAU VII-3 : DATES DES AJOUTS DE TOLUÈNE DANS LES COLONNES INOCULÉES C1 ET C2

Jour
5 7 9 13 14 16 21 23 28 30 33 35 37 40 41 42 44 47 50 54
d’injection
[toluène]
270 540
mg/L

La quantité de toluène injectée dans les colonnes C1 et C2 a été multipliée par deux à partir du jour 47. En effet,
le biofilm, de plus en plus développé, permettait une dégradation plus rapide et il a donc été décidé d’augmenter
la dose de toluène.

Au cours des essais, la concentration du toluène dans le fluide circulant dans les colonnes a été mesurée
quotidiennement, aux différents niveaux du circuit (alimentation, S1, S2, S3 et sortie). Ici, les quantités perdues
cumulées au cours du temps sont présentées, c’est-à-dire la somme des quantités mesurées en entrée moins les
quantités mesurées en sortie.

Le graphique présenté en Figure VII-7 montre l’évolution des quantités dégradées cumulées de toluène au cours
du temps, pour les trois colonnes. Une petite quantité de toluène a été perdue au cours de l’essai C3,
probablement à cause de dégazages car le toluène est un élément très volatil. Cependant, cela reste négligeable
comparé à tout le toluène dégradé dans les colonnes C1 et C2.

FIGURE VII-7 : GRAPHIQUE DES QUANTITÉS CUMULÉES DE TOLUÈNE PERDUES DANS LA COLONNE NON-
INOCULÉE C3 (RONDS NOIRS) ET DANS LES COLONNES INOCULÉES C1 ET C2 (CARRÉS ORANGES ET TRIANGLES
BLEUS RESPECTIVEMENT). LA FLÈCHE NOIRE INDIQUE L’INJECTION DE TOLUÈNE DANS LA COLONNE C3 ; LES
FLÈCHES BLEUES INDIQUENT LA PREMIÈRE INJECTION DE TOLUÈNE DANS LES COLONNES C1 ET C2, ET LE
MOMENT OÙ LA CONCENTRATION DE TOLUÈNE A ÉTÉ MULTIPLIÉE PAR DEUX.

119
4. ANALYSE DU CARBONE

Les données présentées dans ce paragraphe correspondent aux quatre colonnes C1 et C2 (inoculées, réalisées en
circuit ouvert en janvier-mars 2014) et C3 et C4 (non inoculées, réalisées en circuit fermé en novembre 2013),
ainsi qu’à deux autres colonnes inoculées montées en Mai 2013, réalisées en circuit fermé, notées ici C1_bis et
C2_bis.

a) A NALYSE DU CO 2
Les résultats des quatre colonnes C1 à C4 sont présentés sur la Figure VII-8. Ces résultats montrent que le
toluène a été biodégradé uniquement dans les colonnes inoculées. En effet, dans la colonne non inoculée
contenant du toluène (C3), les concentrations en CO2 restent proches de 500 ppmV, ce qui est la concentration
moyenne trouvée dans l’air ambiant. En ce qui concerne la colonne C4 (non inoculée, sans toluène), les
concentrations en CO2 sont un peu plus importantes, bien qu’il n’y ait pas de source de carbone organique
ajoutée dans le milieu de culture. Il est toutefois rappelé ici que la colonne C4 était plus contaminée que la
colonne C3, et que ces bactéries auraient pu dégrader le formaldéhyde utilisé pour inhiber la croissance
bactérienne, ou bien pratiquer l’autophagie, ce qui expliquerait cette faible production de CO2.

En revanche, pour les colonnes inoculées C1 et C2, la concentration en CO 2 suit une évolution en trois paliers.
Une première augmentation de la concentration, de 500 ppmV à 18000 ppmV pour C1 et à 24000 ppmV pour
C2, peut être observée sur les cinq premiers jours (période d’inoculation). Ensuite, après l’ouverture du circuit,
les concentrations en CO2 diminuent au moment où une forte quantité de bactéries planctoniques est perdue.
Puis, les concentrations remontent progressivement, jusqu’à 30000 ppmV, pendant la croissance du biofilm.

De plus, le rapport isotopique du carbone du CO2, δ13C(CO2), diminue de la valeur -9 ‰, ce qui est la signature
du CO2 de l’air ambiant, vers -31 ‰, qui est celle du toluène pur (δ13C(toluène source) = -30,9 ± 0,4 ‰,
déterminé par GC-C-IRMS: Gas Chromatography Combustion Isotope Ratio Mass Spectrometry). Cela
confirme que le CO2 produit provient bien de la dégradation du toluène.

Si les résultats en isotopie sont analysés plus finement, un fractionnement isotopique du carbone peut être détecté
pendant le processus de biodégradation, entre les jours 0 et 40. En effet, le δ13C(toluène) (prélevé en S3) a
augmenté de -30,5 ± 0,4 ‰ (jour 1) à -28,6 ± 0,4 ‰ (jour 34), alors que δ13C(CO2) a diminué de -13,6 ± 0,6
‰ (jour 1) à -33,3 ± 0,4 ‰ (jour 28).

A partir du 20e jour, les δ13C(CO2) continuent de diminuer vers des valeurs plus négatives que -31 ‰, alors que
celles du δ13C(toluène) n’augmentent plus. Les faibles signatures ne seraient donc pas dues à un fractionnement
isotopique du carbone. Lorsque la concentration en toluène est multipliée par deux, le δ13C(CO2) revient à des
valeurs autours de -31 ‰, et ce pour les deux colonnes C1 et C2. Ceci laisse à penser que les basses valeurs de
δ13C(CO2) aux jours 40 à 45 sont dues à un manque de toluène dans les colonnes et la mise en place d’un
nouveau métabolisme qui influence le δ13C(CO2) (autophagie, dénitrification…). L’interprétation sera poursuivie
dans le paragraphe suivant, avec les résultats des analyses isotopiques complémentaires (DIC et DOC).

120
FIGURE VII-8 : EVOLUTION DE LA CONCENTRATION EN CO2, DU δ13C(CO2) ET δ13C(TOLUÈNE) EN S3 DANS LES
COLONNES INOCULÉES C1 ET C2, À GAUCHE, ET EVOLUTION DE LA CONCENTRATION EN CO2 ET δ13C(TOLUÈNE)
EN S3 POUR LES COLONNES NON INOCULÉES C3 ET C4, À DROITE. POUR LES COLONNES C1 ET C2, EN CIRCUIT
OUVERT, LA PREMIÈRE FLÊCHE BLEUE INDIQUE L’OUVERTURE DU CIRCUIT APRÈS UNE PÉRIODE
D’INOCULATION EN CIRCUIT FERMÉ ET LE PREMIER AJOUT DE TOLUÈNE, LA DEUXIÈME FLÈCHE INDIQUE LE
MOMENT OÙ LA CONCENTRATION EN TOLUÈNE A ÉTÉ MULTIPLIÉE PAR DEUX.

Remarque : Tout au long de l’essai, des oscillations du δ13C(CO2) peuvent être observées pour les deux colonnes
C1 et C2. La période serait de 3 à 4 jours, ce qui correspond aux changements d’alimentation du circuit, et donc
à l’apport de toluène « frais ». La Figure VII-9 présente les ajouts de toluène dans la bonbonne d’alimentation et
l’évolution de la concentration en toluène dans l’alimentation, en S1 et S3 en fonction du volume d’eau déplacé
dans la colonne (en tenant compte du débit utilisé et des différences de hauteurs entre les différents points de
prélèvement). L’évolution du δ13C(CO2) est présentée sur le même graphique. Il y a bien une évolution cyclique
de la concentration en toluène dans la bonbonne d’alimentation due aux différents ajouts. Bien que ces cycles
semblent plus ou moins lissés au niveau des points de prélèvement S1 et S3, ils se retrouvent sur les mesures de
δ13C(CO2) (faites en sortie de colonne).

121
FIGURE VII-9 : EVOLUTION DE LA CONCENTRATION EN TOLUÈNE DANS L’ALIMENTATION, EN S1 ET S3, ET
EVOLUTION DU δ13C(CO2) EN FONCTION DU VOLUME D’EAU DÉPLACÉ DANS LA COLONNE POUR LES COLONNES
INOCULÉES C1 ET C2. LES TRIANGLES ROUGES FIGURENT LES AJOUTS DE TOLUÈNE DANS LA BONBONNE
D’ALIMENTATION.

Des résultats d’un essai précédent (mai-juillet 2013), constitué de deux colonnes inoculées en circuit fermé
C1_bis et C2_bis, sont présentés pour comparaison en Figure VII-10. Le nombre de bactéries dans les colonnes
est comparable (108 bact/mL), des quantités de toluène ont été rajoutées régulièrement comme précédemment.

De même que pour les colonnes C1 et C2, de fortes concentrations en CO 2 sont observables (jusqu’à 40000
ppmV dans C1_bis et 65000 pour C2_bis), avec une signature isotopique qui tend vers celle du toluène. Les
concentrations mesurées sont plus importantes que pour les colonnes C1 et C2, probablement parce que ce sont
des essais en circuit fermé et qu’il y a eu accumulation du gaz en tête de colonnes. Cependant, ici il n’y a pas
d’évolution de la concentration par paliers car le circuit reste fermé tout au long des 25 jours de l’essai, ni de
cycles visibles sur l’évolution du δ13C(CO2), car vraisemblablement lissés à cause de la recirculation, et il y a
moins de fractionnement isotopique du carbone (de -31 ‰ à -29,5 ‰, et donc seulement peu significatif). Cette
dernière observation peut aussi se justifier par le fait que les colonnes étaient en boucle fermée. En effet, la
cinétique de dégradation du toluène étant très rapide (1 à 2 jours) et les analyses de CO2 étant quotidiennes, voire
semi-quotidiennes, il est possible que le circuit fermé permette un équilibre à la surface du fluide (et l’effet de
fractionnement cinétique est caché ou superposé dans ce cas par l’ajout régulier de toluène « frais »).

122
FIGURE VII-10 : EVOLUTION DE LA CONCENTRATION EN CO2, DU δ13C(CO2) ET δ13C(TOLUÈNE) EN S3 DANS LES
COLONNES INOCULÉES C1_BIS ET C2_BIS.

b) A NALYSES ISOTOPIQUES COMPLÉMENTAIRES


Des analyses isotopiques du carbone supplémentaires ont été faites au cours des essais C1 et C2 : analyses du
carbone du toluène, du DIC et du DOC. De plus, un suivi quotidien de l’alcalinité a aussi été fait sur l’eau des
colonnes.

FIGURE VII-11 : EVOLUTION DE δ13C(TOLUÈNE) EN S1 ET S3 EN FONCTION DU TEMPS POUR LES DEUX COLONNES
INOCULÉES C1 ET C2.

123
FIGURE VII-12 : EVOLUTION DE δ13C(TOLUÈNE) EN S1 ET S3 (EN HAUT) ET DE δ13C(CO2) (EN BAS), EN FONCTION DE
LA CONCENTRATION EN TOLUÈNE ET EN CO2 RESPECTIVEMENT, POUR LES DEUX COLONNES INOCULÉES C1 ET
C2.

Un fractionnement isotopique de -30,5 ‰ à -27,5 ‰ est observé pour le toluène (Figure VII-11 et Figure VII-12-
A/). C’est un enrichissement faible (concordant avec les observations faites pour une ring di- ou une mono-
oxygénase [Morasch et al., 2002], mais qui met en évidence le fait que les microorganismes préfèrent le 12C pour
leur métabolisme (et donc le toluène restant devient plus enrichi en 13C). Il faut cependant faire attention au fait
que ce genre de raisonnement est réservé aux essais en batch (système fermé). Dans le cas des essais BIOPHY
C1 et C2 en circuit ouvert, il y aurait un facteur de dilution à prendre en compte.

Coté CO2, une évolution du rapport isotopique de -30,5 ‰ à -50 ‰ est observé avec l’augmentation de la
concentration en CO2 (Figure VII-12-B/). Le fractionnement observé pour le toluène ne peut pas expliquer les
très basses valeurs mesurées (-45-50 ‰) pour le CO2.

Le phénomène de diffusion/dilution qui a lieu dans les colonnes (circuit ouvert) va dans le sens d’un
appauvrissement en 13C (les molécules les plus légères montent plus vite). De plus, le phénomène cinétique
(ajouts de toluène + système ouvert) peut amplifier cet appauvrissement.

Remarque : Si l’on applique l’équation de Rayleigh (cf. Partie 1, chapitre IV-A), le facteur d’enrichissement ε du
toluène (toluène pur en forte concentration vers toluène dégradé en faible concentration) obtenu est de : -0,9 ‰
(avec un R2 = 0,89 pour la droite de régression) pour la colonne C1 ; et -0,4 ‰ (avec un R2 = 0,14) pour la
colonne C2.

124
Pour le CO2 (CO2 en début de biodégradation, en faible concentration, vers CO2 en fin de biodégradation, en
forte concentration) on obtient ε = -7,3 ‰ (avec un R2 = 0,5) pour la colonne C1 ; et -8,5 ‰ (avec un R2 = 0,68)
pour la colonne C2.

FIGURE VII-13 : EVOLUTION DE δ13C(DIC) EN S1, S3 ET EN SORTIE EN FONCTION DU TEMPS POUR LES DEUX
COLONNES INOCULÉES C1 ET C2.

Les mesures du δ13C(DIC) (Figure VII-13) et du δ13C(DIC) (Figure VII-13) sont cohérentes avec les mesures de
δ13C(CO2) et δ13C(toluène). En effet, le DIC (= CO2 dissous) est légèrement enrichi en 13C en sortie : le 12C serait
consommé pour la production d’énergie le long de la colonne : δ13C(DIC) en S1 < δ13C(DIC) en S3 < δ13C(DIC)
en sortie. De plus, des valeurs plus faibles en C2, j45 confirmeraient les faibles valeurs de δ13C (CO2) à la même
période.

FIGURE VII-14 : EVOLUTION DE δ13C(DOC) DANS L’ALIMENTATION, EN S1, S3 ET EN SORTIE EN FONCTION DU


TEMPS POUR LES DEUX COLONNES INOCULÉES C1 ET C2.

Les mesures de δ13C(DOC) diffèrent de celles de δ13C(toluène). En effet, le stripping à l’hélium (dégazage de 3
min) pratiqué sur les échantillons avant l’analyse du DOC provoque l’évacuation d’environ 80 % de toluène
(composé très volatil). Dans les échantillons provenant des bonbonnes d’alimentation, il reste un peu de toluène
(environ 80 % de la concentration initiale est perdue), mais il ne reste plus de toluène pour les échantillons

125
prélevés en S1, S3 et sortie. Ce sont donc des exsudats bactériens qui sont analysés, et le DOC correspond ici au
NPOC (Non Purgeable Organic Carbon).

Le δ13C(DOC) mesuré dans l’alimentation se situe donc près de -30,9 ‰ qui est la signature du toluène injecté.
Le toluène restant dans l’échantillon est cependant un peu enrichi en 13C à cause du stripping (effet forcé).

Le δ13C(DOC) mesuré en S1, S3 et sortie représente la signature isotopique des exsudats bactériens. Le
δ13C(DOC) est enrichi en sortie comme le δ13C(DOC) (la différence de 2 ‰ entre l’alimentation et la sortie est
significative). L’hypothèse qu’il ne reste plus que du 13C (12C consommé pour la production d’énergie) pour
fabriquer « ce qui constitue les bactéries » peut être envisagée.

c) A LCALINITÉ ET PH
L’alcalinité de l’eau a été mesurée tous les jours, en alimentation, S1 et S3, pour les quatre colonnes C1 à C4.
Les résultats présentés dans la Figure VII-15 ne concernent que les colonnes C1 et C2. En effet, les mesures
réalisées sur C3 et C4 étaient inférieures au seuil de détection de la méthode de dosage.

FIGURE VII-15 : EVOLUTION DE L’ALCALINITÉ DU FLUIDE À DIFFERENTS NIVEAUX DES COLONNES C1 ET C2


(ALIMENTATION, S1 ET S3), ET ÉVOLUTION DU PH AU COURS DU TEMPS.

Malheureusement, l’alcalinité mesurée correspond à l’alcalinité du tampon phosphates, et non pas à l’alcalinité
carbonatée ([HCO3-]). Cependant, une diminution de l’alcalinité dans la colonne (S1 et S3) peut être observée
par rapport à l’alimentation.

Une réaction du système est aussi visible au moment des changements d’alimentation : une variation de
l’alcalinité de l’alimentation est répercutée sur S1 et S3. Puis, un phénomène de diffusion/stabilisation atténue
ces variations.

Le pH est tamponné à 6,4. Une chute dans la colonne C1 au jour 51 pourrait être due à la production CO 2, mais
une augmentation du pH est observée au même moment dans la colonne C2. Ces variations inexpliquées de pH
ont apparemment lieu au moment d’un changement d’alimentation (chute de l’alcalinité dans les deux colonnes).

126
d) D ISCUSSION
Au cours de la biodégradation, le toluène est consommé par les bactéries comme :

· Source d’énergie : le 12C est consommé pour la production d’énergie, ce qui conduit à la production de CO 2
avec un δ13C qui diminue ;
· Source de carbone : le 13C restant est consommé pour la fabrication de la biomasse : le DOC a un δ13C qui
augmente.

Le δ13C(CO2) correspond à la synthèse de plusieurs fractionnements isotopiques ayant lieu au cours de la


dégradation du toluène en colonnes. Les faibles signatures de δ13C(CO2) mesurées entre les jours 40 et 50
(Figure VII-8) (exemple δ13C (CO2 gaz) = -51 ‰ j43, C2) ne sont pas expliquées par le seul fractionnement
isotopique du carbone du toluène, mais aussi par ceux dus aux phénomènes de diffusion et d’évaporation en
phase gazeuse.

La Figure VII-16 permet de faire le lien entre les valeurs de δ13C(DIC) et de δ13C (CO2).

FIGURE VII-16 : A/ RÉPARTITION DES ESPÈCES CARBONATÉES EN SOLUTION EN FONCTION DU pH À 25°C


(D’APRÈS STUMM ET MORGAN, 2012). B/ FRACTIONNEMENT ISOTOPIQUE AU MOMENT DES CHANGEMENTS DE
PHASE ENTRE LES DIFFÉRENTES ESPÈCES CARBONATÉES [MOOK AND TAN, 1991].

A un pH égal à 6,4, le DIC correspond à la présence de H2CO3 et HCO3- dans le fluide, dans une même
proportion (≈50/50) (Figure VII-16-A/). Il y a donc une contribution égale de δ13C(H2CO3) et de δ13C(HCO3-)
pour le δ13C(DIC).

Il y a un fractionnement isotopique au passage de HCO3- en H2CO3 (Figure VII-16-B/). A 25°C, ο஼ைଶ௔௤ିு஼ைଷష


= -9 ‰ - (+1 ‰) = -10 ‰.

On peut donc en déduire qu’un δ13C(DIC) = -38 ‰ (j48, C2S3) correspond à un δ13C(H2CO3) = -43 ‰ et un
δ13C(HCO3-) = -33 ‰.

De plus, il y a un fractionnement isotopique au moment des changements de phase CO2 gaz → CO2 aqueux (Figure
VII-16-B/). A 25°C, ο஼ைଶ௔௤ି஼ைଶ௚௔௭ = -10 ‰ – (-8 ‰) = +2 ‰.

Ce qui amène à calculer un δ13C (CO2 gaz) à -41 ‰.

A cela, il faut rajouter l’effet cinétique pour expliquer une mesure de δ13C (CO2 gaz) = -51 ‰ j43, C2.

127
5. MESURES ÉLECTRIQUES

a) O CTOBRE 2012 ( CIRCUIT FERMÉ )


Dans ce paragraphe, les résultats d’un essai précédent, réalisé sur une colonne inoculée notée ici C1_ter, en
octobre 2012 et en boucle fermée, sont présentés (Figure VII-17). Les conditions microbiologiques sont
comparables : même milieu de culture, même souche bactérienne, population bactérienne comparable (Figure
VII-17-B/). Cet essai a aussi été réalisé à température constante, à 25°C. Néanmoins, les électrodes utilisées
étaient des électrodes commerciales Ag/AgCl et les mesures ont été réalisées uniquement sur le couple E2E5.
L’essai est ici plus court (14 jours au lieu de 58).

Remarque : Le GDP 32II n’était pas calibré (défaut du software), mais il n’y avait pas d’ISO 1B (qui provoque
un fort déphasage) dans le montage (cf. Annexe 6). Il s’agit ici de regarder l’évolution des mesures par rapport à
un état initial plutôt que de tenir compte des valeurs absolues.

FIGURE VII-17 : RÉSULTATS DE L’ESSAI INOCULÉ C1_TER : A/ EVOLUTION DE LA PHASE ET DE L’AMPLITUDE DE


LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE À 0.5 Hz MESURÉE EN E2E5 (MILIEU DE COLONNE) PAR LE GDP 32II. B/ EVOLUTION
DE LA POPULATION BACTÉRIENNE EN S2 (MILIEU DE COLONNE) ET DE LA CONCENTRATION EN TOLUÈNE EN S2.

Un déphase à 0,5 Hz est observé, de 0 à -80 mrad. Le déphase a tendance à diminuer sur les derniers jours de
l’essai (augmentation de la phase vers -30 mrad).

L’amplitude de la résistivité commence par diminuer, de 11 à 8 ohm.m, puis elle augmente jusqu’à 16 ohm.m
sans atteindre de plateau.

Parallèlement, une diminution de la concentration en toluène dans la colonne est observée, ainsi qu’une
population bactérienne de l’ordre de 108 bact/mL. Cela confirme le fait que le déphasage de la résistivité
complexe a lieu pendant la biodégradation du toluène.

128
b) J ANVIER -M ARS 2014 ( CIRCUIT OUVERT )
Les résultats des mesures PP sont présentés sous la forme de graphiques de l’évolution de la phase et de
l’amplitude de la résistivité complexe en fonction du temps, pour la fréquence 0,5 Hz, pour les deux colonnes
inoculées (Figure VII-18 et Figure VII-19) et pour les deux colonnes témoins (Figure VII-20). La fréquence 0,5
Hz a été choisie, car les résultats à cette fréquence sont significatifs des phénomènes de polarisation et que
l’erreur sur la mesure est faible. Les autres fréquences suivent la même tendance.

Le déphasage est quasi nul pour la colonne témoin C3, avec toluène, et il reste faible pour la colonne C4 (qui a
subi une contamination bactérienne plus importante que la colonne C3 et montre une faible production de CO 2).

A l’inverse, dans les colonnes inoculées C1 et C2, un déphasage est observé pour les couples de mesure E1-E4,
E2-E5 et E3-E6. Pour ces trois couples, la valeur initiale de la phase est proche de 0 mrad. Durant la période
d’inoculation (jours 0 à 5), le déphasage atteint 15 à 17 mrad (sauf pour le couple C2_E3E6). Il s’atténue au
moment de l’ouverture du circuit (jour 5) et de la perte de bactéries planctoniques. L’évolution du déphasage
diffère ensuite en fonction des couples de mesure.

Comme il s’agit de phénomènes de polarisation, la phase doit être négative et devrait devenir de plus en plus
négative au cours de la biodégradation (augmentation du retard de phase). C’est le cas durant la période
d’inoculation (sauf pour le couple C2_E3E6) mais, pas pour le reste de l’essai. En effet, seuls les couples
C2_E1E4, C1_E2E5 et C1_E3E6 présentent une phase négative au cours des jours 5 à 58, sur la Figure VII-18.
Les autres couples présentent des phases positives (voire très positives pour C2_E2E5). Bien que les erreurs de
mesure soient faibles et que l’évolution des valeurs au cours du temps soit régulière, un défaut des électrodes a
été suspecté. C’est pourquoi, des mesures supplémentaires ont été réalisées à partir du jour 32 sur les couples E1-
E2, E3-E4 et E5-E6 (Figure VII-19).

Pour ces derniers couples, des phases négatives sont mesurées pour C2_E1E2, C1_E5E6 et C2_E5E6. Cela
suggère que les électrodes de mesures C1_E2, C1_E5 et C1_E6 et C2_E1, C2_E2, C2_E4 et C2_E6 sont valides.
La position des électrodes n’ayant pas évoluée entre la période d’inoculation (jours 0 à 5 où une phase négative
est mesurée) et les jours suivants, cette défaillance serait due à des fuites de gel CuSO 4, un colmatage du frité par
les bactéries… Mais cela n’a pu être démontré et ces valeurs positives de phases restent inexpliquées.

La réponse en amplitude de la résistivité est quasi stable pour les colonnes abiotiques C3 et C4 (moins cependant
pour la colonne C4 qui est la plus contaminée par des bactéries extérieures). Pour les colonnes C1 et C2, la
résistivité suit une évolution absolument identique pour les 2 colonnes et pour l’ensemble des couples
d’électrodes. La résistivité initiale des colonnes se situe autour de 12 ohm.m. Une augmentation brutale est
observée dès l’introduction du toluène au jour 5. Le pic de résistivité est atteint aux jours 8/9, puis une
décroissance rapide, puis progressive vers un plateau est observée jusqu’à la fin de l’expérience (Figure VII-18).
Entre les jours 20 à 58, elle varie autour de 10 ohm.m.

129
FIGURE VII-18 : EVOLUTION DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE (PHASE ET AMPLITUDE) A 0.5 Hz, MESURÉE AVEC LE
GDP 32II, POUR TROIS COUPLES DE MESURE DES DEUX COLONNES INOCULÉES : E1E4, E2E5 ET E3E6.

130
FIGURE VII-19 : EVOLUTION DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE (PHASE ET AMPLITUDE) A 0.5 Hz, MESURÉE AVEC LE
GDP 32II, POUR TROIS AUTRES COUPLES DE MESURE DES DEUX COLONNES INOCULÉES : E1E2, E3E4 ET E5E6.

131
FIGURE VII-20 : EVOLUTION DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE (PHASE ET AMPLITUDE) A 0.5 Hz, MESURÉE AVEC LE
GDP 32II, POUR TROIS COUPLES DE MESURE DES DEUX COLONNES TÉMOINS : E1E4, E2E5 ET E3E6.

132
c) Z OOM SUR LES PREMIERS JOURS
Dans ce paragraphe seront présentées les données du couple C1_E2E5, pour les 15 premiers jours de l’essai
(Figure VII-21).

FIGURE VII-21 : A/ EVOLUTION DE LA PHASE ET DE L’AMPLITUDE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE À 0.5 Hz


MESURÉE EN E2E5 (MILIEU DE COLONNE) PAR LE GDP 32II, DE LA CONCENTRATION EN CO2 ET DE LA
POPULATION BACTÉRIENNE EN S2 (MILIEU DE COLONNE) SUR LES 15 PREMIERS JOURS DE L’ESSAI C1. B/
SPECTRES DE LA PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE EN E2E5 (MILIEU DE COLONNE) PAR LE GDP
32II.

Le déphase à 0,5 Hz (Figure VII-21-A/) varie de 0 à -15 mrad pendant la période d’inoculation (jours 0 à 5).
Après l’ouverture du circuit, la perte de bactéries planctoniques et la diminution de la production en CO 2, la
phase remonte jusqu’à -2 mrad. Cette évolution est visible sur les spectres de phase, aux basses fréquences (< 10
Hz) (Figure VII-21-B/). En effet, le spectre de l’état zéro est quasiment plat (ronds violets), avec une phase à 0
mrad pour toutes les fréquences. Le spectre du premier jour de la période d’inoculation (triangles jaunes) est
identique. Il s’infléchit fortement à partir du 3e jour d’inoculation (carrés bleus). Les valeurs de phase atteignent -
76,9 mrad à 0,063 Hz. Deux jours après ouverture du circuit (jour 7, croix oranges), le spectre remonte vers des
valeurs moins négatives (-37,1 mrad à 0,063 Hz).

Remarque : Comparaison avec les mesures GEIS sur PAR ancien (Figure VII-22).
Les mesures de résistivité complexe réalisées avec le PAR ancien sur C1_E2E5 sont présentées sur la Figure
VII-22. Tout d’abord, il faut rappeler ici que les mesures du PAR ancien, bien que satisfaisantes sur circuit
R(RC) (Figure VII-1-D/), montraient un spectre de phase aux valeurs très négatives dans un milieu impolarisable
comme l’eau salée (Figure VII-2-D/). Cependant, il semble y avoir une même évolution des spectres entre ceux
du GDP 32II et du PAR pour les 7 premiers jours (Figure VII-21-A/ et Figure VII-22-A/). Le spectre de l’état
zéro ressemble à celui fait dans de l’eau salée. Ensuite, plus la période d’inoculation avance, plus les spectres
vont dans les valeurs négatives. Et après l’ouverture du circuit, le spectre remonte. Il est intéressant de noter ici
que les mesures du PAR permettent de faire des mesures à plus basses fréquences qu’avec le GDP 32II (jusqu’à
800 µHz). Un pic du spectre est observable à très basse fréquence : pic à 0.005 Hz pour l’état zéro, 0,004 Hz
pour j1, 0,002 Hz pour j3 et 0,01 pour j7.

133
FIGURE VII-22 : A/ EVOLUTION DE LA PHASE ET DE L’AMPLITUDE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE À 0.5 Hz
MESURÉE EN E2E5 (MILIEU DE COLONNE) PAR LE PAR ANCIEN, DE LA CONCENTRATION EN CO2 ET DE LA
POPULATION BACTÉRIENNE EN S2 (MILIEU DE COLONNE) SUR LES 15 PREMIERS JOURS DE L’ESSAI C1. B/
SPECTRES DE LA PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE EN E2E5 (MILIEU DE COLONNE) PAR LE PAR
ANCIEN.

d) C ONTRÔLE DU FACTEUR FORMATION EN FIN D ’ EXPÉRIENCE


Après les expériences de biodégradation et avant démontage des colonnes, le facteur de formation a été mesuré
sur la colonne C1 (voir chapitre V-B-4 décrivant la mesure du facteur de formation). Le facteur de formation
calculé à 4,6 a augmenté de manière significative par rapport à l’état initial (3,9).

e) V ÉRIFICATION DES ÉLECTRODES DE MESURE APRÈS DÉMONTAGE DE LA COLONNE


A la fin des essais inoculés (C1 et C2, durée de 58 jours), les électrodes Cu/CuSO4 ont été vérifiées. Des mesures
de déphasage de la résistivité complexe ont été réalisées sur les colonnes remplies de sable propre, saturé d’eau
du robinet. Ces mesures ont été comparées à l’état zéro des essais (sable propre saturé par le milieu de culture
des bactéries) (Figure VII-23). Une faible différence (< 3 mrad) est observée à 0,5 Hz pour tous les couples de
mesure.

Cela reste faible comparé au déphasage de 15 à 17 mrad observé pendant la période d’inoculation, et les
déphasages autour de 5 mrad pour les couples C2_E1E4, C1_E2E5 et C1_E3E6. Et cela ne va pas dans le sens
d’un défaut des électrodes des autres couples qui montraient des mesures de phases positives.

Ce test permet de mettre en évidence la durée de vie importante des électrodes Cu/CuSO4 fabriquées en
laboratoire et laisse penser que si certaines mesures n’ont pas été satisfaisantes, cela serait dû à l’évolution de la
structure de la colonne (biofilms au niveau des électrodes, bulles d’air…), et non pas à une détérioration des
électrodes de mesure.

134
FIGURE VII-23 : SPECTRES DE LA PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉS AVEC LE GDP 32II SUR TROIS
COUPLES D’ÉLECTRODES, POUR L’ÉTAT ZÉRO DES COLONNES C1 ET C2, ET POUR LES MÊMES COLONNES
REMPLIES DE SABLE SATURÉ D’EAU DU ROBINET À LA FIN DE L’ESSAI DE 58 JOURS.

135
f) D ISCUSSION
La discussion porte sur les résultats obtenus en circuit ouvert. Le suivi géochimique des colonnes C1 à C4,
principalement celui de la production de CO2 et du rapport isotopique δ13C(CO2), a montré que l’activité
bactérienne était significative dans les colonnes inoculées. Les analyses microbiologiques ont pu confirmer
qu’un biofilm s’était formé dans ces colonnes, et pas dans les colonnes témoins.

Un pic de l’amplitude de la résistivité a été observé sur tous les couples de mesure des deux colonnes C1 et C2
au début de l’essai (jours 7-8). Ustra et al. (2012) ont montré que l’effet du toluène sur la réponse PP était faible,
sauf au début de la pollution. Selon leur étude, l’amplitude de la résistivité serait sensible à la concentration en
toluène, car il est électriquement résistant et réduit la conduction électrolytique dans les pores. Cependant, il ne
modifierait pas significativement la chimie de l’interface minéral-fluide. Cette hypothèse est reprise dans
Schmutz et al. (2010), dans le cas où l’huile est la phase non mouillante. Ici, comme dans Ustra et al. (2012), le
toluène est supposé être la phase non-mouillante. De plus, aucune réponse significative de ȁߩ‫ כ‬ሺwሻȁ n’a été
observée pour les colonnes non inoculées.

Autre hypothèse : l’augmentation de résistivité peut être attribuée à une diminution de la concentration en ions et
au colmatage des pores par les bactéries [Abdel Aal et al., 2010]. En effet, une augmentation du facteur de
formation F a été mesurée entre l’état zéro de la colonne C1 (F = 3,9) et la fin de l’expérience où F était égal à
4,6. En supposant que le facteur de cimentation m reste constant, cette variation représente une diminution de la
porosité de l’ordre de 5 %. Cela est en accord avec l’hypothèse d’un colmatage des pores par le biofilm et une
augmentation de la résistivité électrique. Mais cela n’explique pas entièrement l’augmentation d’un facteur 2 de
la résistivité.

Par ailleurs, pendant le développement du biofilm, aucun sulfure métallique n’a pu être formé car les conditions
aérobies étaient maintenues.

Une autre hypothèse capable d’expliquer l’augmentation de résistivité serait la présence de CO2 à l’état gazeux,
hautement résistant, dans les pores. Mais c’est précisément au moment où la concentration en CO2 en tête de
colonne était au plus bas que le pic de résistivité a été mesuré (Figure VII-24).

Une dernière hypothèse : les variations de résistivité seraient liées à la simple présence des bactéries. En effet, le
pic de résistivité est synchrone de l’ouverture du circuit où le nombre de bactéries planctoniques diminue d’un
facteur 10. Puis, la diminution de la résistivité coïncide avec la ré-installation des bactéries dans le milieu et à la
production de métabolites électrolytiques (ions). De même que pour la phase, les bactéries auraient le même
effet que des argiles :

· forte conductivité de surface qui fait chuter la résistivité globale du milieu quand le nombre de bactéries
augmente,
· effet de phase ou de chargeabilité lié à la polarisation de la couche diffuse.

La réponse PP des colonnes inoculées est principalement visible sur les graphes de phase, pour les couples de
mesure C1_E2E5 et C2_E1E4.

L’évolution du déphasage du couple C1_E2E5 (Figure VII-24) montre une variation temporelle : il atteint un pic
à -15 mrad à 0,5 Hz, juste à la fin de la période d’inoculation. Ensuite, le déphasage diminue puis il augmente de
nouveau pendant la croissance du biofilm bactérien jusqu’à -10 mrad. Ces résultats sont en accord avec ceux de
Personna et al. (2013) qui ont étudié la biodégradation de l’éthanol en colonnes et qui ont observé une variation
temporelle du déphasage similaire. Ils ont observé un faible déphasage (de l’ordre de 1,5 mrad) après
l’inoculation des bactéries, puis une diminution du déphasage et enfin une forte augmentation atteignant un pic
de 9 mrad à 0,2 Hz. Selon les auteurs, l’évolution du déphasage reflète les changements qui ont lieu dans le
système, conséquences des processus de biodégradation. L’augmentation du déphasage après l’inoculation des
bactéries serait causée par la diminution de la concentration ionique pendant une période de respiration
bactérienne intense, ou par la modification de la porosité et de la tortuosité associée à une croissance bactérienne
rapide et à la formation d’un biofilm.

136
Dans les essais C1 et C2, le premier pic du déphasage serait aussi dû à la forte activité bactérienne pendant la
période d’inoculation, mis en évidence par une croissance de la population bactérienne et une forte production de
CO2. Il est suivi par une diminution du déphasage.

La croissance de la population bactérienne [Revil et al., 2012 ; Zhang et al., 2013], la formation du biofilm
[Davis et al., 2006] et son activité (production d’ions et d’acides organiques) ont pu induire ce déphasage
[Atekwana and Atekwana, 2010]. De plus, un potentiel zêta négatif (ζ = -9,3 mV± 0,9 mV) a pu être mesuré sur
une suspension de R. wratislaviensis à 25 °C. Cela confirme le fait que la croissance de la population bactérienne
augmente la surface de la double couche électrique dans la colonne, comme le ferait la présence d’argiles, et
induit un déphasage de la résistivité complexe [Revil et al., 2012].

FIGURE VII-24 : EVOLUTION DE LA PHASE ET DE L’AMPLITUDE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE À 0,5 Hz,


MESURÉE EN E2E5 (MILIEU DE COLONNE) PAR LE GDP 32II, DE LA CONCENTRATION EN CO2 ET DE LA
POPULATION BACTÉRIENNE EN S2 (MILIEU DE COLONNE), POUR L’ESSAI C1.

D. CONCLUSION
L’objectif de l’étude en laboratoire était de montrer la faisabilité d’une nouvelle méthodologie de suivi de la
biodégradation aérobie des hydrocarbures par la combinaison de deux méthodes non intrusives : le suivi de la
résistivité électrique complexe (méthode PP) et l’analyse du CO 2 émis (sa concentration et la signature
isotopique de son carbone).

Le système choisi pour cet objectif était un ensemble de quatre colonnes, C1 à C4, comprenant un duplicat de
colonnes expérimentales (C1 et C2) et deux colonnes témoins (C3 et C4). Elles ont été remplies de sable de
Fontainebleau (matrice de silice sous forme de quartz quasi pure), puis ce sable a été saturé d’un milieu de
culture (eau salée contenant des vitamines et des minéraux essentiels à la croissance bactérienne). Un inoculum
de la souche R. wratislaviensis, bactérie connue pour dégrader les BTEX, a été introduit dans les deux colonnes
C1 et C2. Le fluide de percolation contenait du toluène (polluant modèle) pour les deux colonnes inoculées (C1

137
et C2) et pour une des deux colonnes témoin (C3). Ces colonnes étaient équipées d’électrodes pour le suivi
électrique et d’un espace gazeux en tête de colonne permettant l’analyse des gaz. Le système permettait aussi de
réaliser des analyses microbiologiques et géochimiques complémentaires qui permettaient de confirmer que la
biodégradation du toluène avait bien lieu dans les colonnes.

Il a fallu plusieurs essais pour mettre au point le protocole expérimental (design du circuit) et le protocole de
mesure, qui ont permis d’aboutir à la dernière expérience présentée dans ce chapitre. En effet, plusieurs obstacles
ont dû être surmontés afin de i) valider/calibrer les différents appareils de mesure pas forcément adaptés à l’étude
en laboratoire, ii) trouver un système d’électrodes de mesure électrique capable de faire un suivi sur deux mois
sans dériver, iii) établir une procédure de suivi complet des conditions géophysiques, géochimiques et
microbiologiques réalisable au quotidien, iv) obtenir un jeu de deux colonnes non-inoculées qui restent stériles
assez longtemps pour être comparables aux colonnes inoculées, v) maintenir des conditions favorables à la
biodégradation aérobie dans les colonnes (quantité d’oxygène, de toluène…), vi) obtenir des résultats en
géophysique et géochimie exploitables sur une même colonne…

L’essai final, même s’il reste perfectible, est le fruit de 2 ans de travail. Il a pu mettre en évidence le lien entre
mesures géophysiques et l’activité de biodégradation des colonnes. En effet, la résistivité complexe et, en
particulier, le déphasage, suit l’évolution de la population bactérienne (perte de bactéries planctoniques, puis
croissance du biofilm) et l’activité de biodégradation du toluène associée, mise en évidence par une production
de CO2 ayant la signature isotopique du carbone du toluène source.

Dans le chapitre VIII suivant, cette méthodologie non invasive prometteuse a été adaptée à l’échelle du terrain,
sur un vrai site en cours de remédiation d’un panache de pollution par biostimulation aérobie.

138
VIII. RÉSULTATS– APPLICATION SUR SITE PILOTE
Une barrière réactive a été installée sur le site expérimental afin d’apporter de l’oxygène à la nappe phréatique et
ainsi stimuler la biodégradation des hydrocarbures. La méthode de suivi non destructrice a été mise en place et
des mesures vont être réalisées régulièrement pour suivre l’évolution de la dépollution.

A. RÉSULTATS DE LA CAMPAGNE PRÉLIMINAIRE

1. GÉOPHYSIQUE

Les données ER et IP de la campagne préliminaire ont été inversée avec le logiciel Res2DInv. Des coupes de
résistivité électrique et de chargeabilité normalisée (rapport de la chargeabilité brute sur la résistivité) ont été
obtenues. Celles correspondant au profil P3 (profil transverse au panache de pollution) sont montrées sur la
Figure VIII-1. Sur cette coupe, une résistivité constante de 0 à 6 m de profondeur peut être observée, avec un
horizon conducteur de moins d’un mètre d’épaisseur, à 2,5 m de profondeur. Ce même horizon apparaît
fortement chargeable entre 35 et 60 m. Cette zone correspond au sommet de la nappe, là où l’atténuation
naturelle par biodégradation produirait des métabolites conducteurs et où la concentration en bactéries
(chargeables) serait plus élevée.

FIGURE VIII-1 : COUPES DE RÉSISTIVITÉ ÉLECTRIQUE (EN HAUT) ET DE LA CHARGEABILITÉ NORMALISÉE (EN
BAS) DES PROFILS P1 ET P3, TRANSVERSES AU PANACHE DE POLLUTION.

139
Après interpolation des résultats en 3D et extraction de l’horizon situé à 2,5 m de profondeur, les données ont été
représentées sur une carte (Figure VIII-2). Il apparait que la zone de forte chargeabilité correspond à la zone
polluée définie par les analyses chimiques de forages, en aval de l’ancien parc à cuves.

FIGURE VIII-2 : CARTE DE LA CHARGEABILITÉ NORMALISÉE À 2,5 M DE PROFONDEUR POUR LA CAMPAGNE DE


GÉOPHYSIQUE PRÉLIMINAIRE (MAI 2012).

2. ANALYSES DU CO2

Les mesures réalisées avec le SPIRIT sur 21 embases réparties sur le site sont présentées sur les cartes de la
Figure VIII-3. Ces cartes montrent de forts flux de CO2 émis au-dessus de la zone polluée, accompagnés d’un
faible rapport δ13C(CO2) caractéristique d’une biodégradation des BTEX (autours de -29 ‰).

Remarque : Pour comparaison, les signatures isotopiques de sols non contaminés sont comprises entre -18 ‰ et -
25 ‰ [Aggarwal and Hinchee, 1991] ; -31 ‰ correspond à la signature isotopique du toluène.

140
FIGURE VIII-3 : CARTES A/ DES FLUX DE CO2 EN SURFACE ET B/ DES RAPPORTS ISOTOPIQUES DU CARBONE DU
CO2 POUR LA CAMPAGNE D’ANALYSE DES GAZ PRÉLIMINAIRE (SEPTEMBRE 2013).

3. CONCLUSION

Les résultats de cette campagne préliminaire ont identifié une zone chargeable et conductrice à 2,5 m de
profondeur (au toit de la nappe), au niveau du panache de BTEX identifié par les analyses de puits. De plus, cette
zone émet du CO2 avec δ13C(CO2) proche de celui des hydrocarbures et caractéristique d’une biodégradation.

B. DÉBUT DU SUIVI DE LA BIODÉGRADATION


La biostimulation par injection d’eau oxygénée dans la barrière a démarré fin mars 2014, c’est-à-dire 7 mois
avant la finalisation de ce mémoire. La mise en route d’un processus de biodégradation par stimulation aérobie
est lent et la perméabilité hydraulique du milieu est faible (de l’ordre de 10 -6 m/s), et les premiers résultats des
analyses chimiques sur les piézomètres proches de la barrière montrent une augmentation de la concentration en
toluène et benzène. Cette augmentation semble être due à la remobilisation de la pollution après la mise en place
de la barrière. Depuis juillet 2014, la concentration en toluène et benzène a tendance à diminuer. Les résultats qui
suivent sont le fruit d’observation avec peu de recul par rapport à la lenteur des processus de biodégradation. Les
modèles bio-hydro-géochimiques prédisent qu’un rabattement significatif de la pollution ne sera effectif que
début 2015 [communication personnelle Elicia VERARDO].

1. GÉOPHYSIQUE

Le suivi de géophysique est réalisé sur deux profils :

· un profil permanent perpendiculaire à la barrière, qui se superpose au profil P1 de Mai 2012,


· un profil ponctuel, parallèle à la barrière, qui est proche du profil P3 de Mai 2012.

141
Les abscisses des profils de Mai 2012 et ceux de la surveillance en cours ont été recalées afin de les comparer
facilement.

Quelques mesures faites entre février et août 2014 ont pu être traitées. Ces premiers résultats sont présentés sur
les Figure VIII-4 et Figure VIII-5.

L’inversion des données a été réalisée à l’aide de Res2DInv [Loke, 1994]. Les données ont été préalablement
filtrées (erreur RMS de répétitivité > 3 %, potentiel mesuré < 10 mV afin d’avoir un bon rapport signal/bruit
pour les mesures de chargeabilité), puis les pseudo-sections ont été inversées individuellement sans tenir compte
du suivi temporel (time-lapse).

La qualité des mesures du suivi continu est excellente. Il y a peu de mesures bruitées : 3 à 4 dépassent les critères
ci-dessus sur un ensemble de 750 mesures, pour chaque séquence de mesure. La convergence de l’inversion est
également excellente (inférieure à 1 %) et est comparable au niveau de bruit du résistivimètre (1 %, d’après le
constructeur Iris Instruments).

Sur le profil dit « perpendiculaire » ou permanent P1 (Figure VIII-4), la chargeabilité est très importante au-delà
de 6 m de profondeur. Cela confirme la présence d’argiles, très chargeables, à ces profondeurs.

Sur les premières images, les résultats confirment les mesures du diagnostic géophysique préliminaire réalisé en
mai 2012. En effet, une couche chargeable et conductrice est présente au niveau du panache de pollution, entre 2
et 3 m de profondeur :

- entre les points métriques 50 et 70 m, pour le profil perpendiculaire P1 (Figure VIII-4),


- entre les points métriques 15 et 25 m, pour le profil parallèle P2 (Figure VIII-5).

Les analyses chimiques en forages laissent à penser que la situation commence juste à se stabiliser après la phase
de travaux, et qu’un relargage de BTEX au niveau de la barrière empêcherait la diffusion de l’oxygène en aval (il
aurait été consommé très rapidement et les quantités d’H2O2 ne peuvent pas être augmentées pour ne pas stresser
les bactéries). De plus, la perméabilité du milieu étant très faible, la diffusion (et l’effet) de l’oxygène ne devrait
pas être visible avant quelques mois.

Depuis février 2014, la résistivité diminue et la chargeabilité normalisée augmente au cours du temps sur
l’ensemble des coupes tomographiques. La variation est surtout marquée en surface et plus particulièrement sur
le profil perpendiculaire. La chute de résistivité en proche surface (1 m de profondeur environ) est de 30% en
moyenne sur le profil perpendiculaire. La principale contribution à cette évolution est l’augmentation de la
température du sol qui passe de 5 °C en février à 17°C en août, à 50 cm de profondeur. Or, la résistivité et la
chargeabilité normalisée respectivement diminue et augmente de 2 % environ par degré Celsius. Donc, une
augmentation de 12 °C fera varier de 24 % environ la résistivité et la chargeabilité normalisée. Mais, il est
nécessaire de calibrer au mieux le paramètre de variation de la résistivité en fonction de la température.

Or, dans la nappe phréatique, la variation de température n’est plus que de 1°C, alors que les variations de
résistivité et de chargeabilité normalisée sont supérieures à 10 %. C’est donc que la conductivité du fluide a
augmenté et qu’un effet de polarisation du milieu a augmenté dans la nappe au cours du temps. Cet effet de
polarisation pourrait être dû au démarrage ou à l’accélération d’un processus de biodégradation et
l’augmentation de la concentration en bactéries dans la nappe. Le prochain comptage des bactéries aura lieu en
décembre prochain. Néanmoins, comme expliqué plus haut, les analyses chimiques laissent entrevoir un début de
biodégradation et les analyses de CO2 montrent une augmentation du flux de CO2 en surface (voir paragraphe
suivant).

L’étude sera poursuivie en 2015, en intégrant l’ensemble des analyses microbiologiques et géochimiques, qui
sont trop partielles actuellement pour conclure sur une réussite du monitoring géophysique.

142
FIGURE VIII-4 : COUPES DE RÉSISTIVITÉ ÉLECTRIQUE (EN HAUT) ET DE CHARGEABILITÉ NORMALISÉE (EN BAS)
DU PROFIL PERMANENT P1, MESURÉS EN FÉVRIER (ETAT ZÉRO), MAI ET AOÛT 2014.

143
FIGURE VIII-5 : COUPES DE RÉSISTIVITÉ ÉLECTRIQUE (EN HAUT) ET DE LA CHARGEABILITÉ NORMALISÉE (EN
BAS) DU PROFIL PONCTUEL P2, MESURÉS EN FÉVRIER (ETAT ZÉRO), MAI ET AOÛT 2014.

144
2. ANALYSES DU CO2

Les cartes de résultats entre février 2014 (état zéro) et août 2014 sont présentées sur les Figure VIII-6 (cartes des
flux de CO2) et Figure VIII-7 (cartes des δ13C(CO2)).

a) E VOLUTION DES FLUX


Globalement, tous les flux sont situés entre 0,1 ppm.s-1 pour les embases les moins émettrices et 3,5 ppm.s-1 pour
les plus émettrices. Les émissions les plus faibles sont enregistrées en février 2014. Les émissions augmentent
ensuite progressivement jusqu’au mois d’août 2014. Cela pourrait être dû à l’augmentation de l’activité
bactérienne, mais celle-ci serait vraisemblablement stimulée par l’augmentation de la température plutôt que par
l’apport d’oxygène qui ne s’est pas encore beaucoup diffusé dans la nappe. En effet, les résultats préliminaires
obtenus en septembre 2013 (été) montraient déjà de fortes émissions de CO2.

De plus, les conditions climatiques (humidité et température) influencent aussi les quantités de gaz émises par le
sol : plus le sol est humide et froid, moins les émissions sont rapides. Pour essayer de s’affranchir de ce
phénomène dans l’interprétation des résultats, une solution consisterait à choisir une embase de référence, dont
l’évolution de la quantité de flux serait due uniquement aux changements climatiques (et pas aux processus de
biodégradation) et de quantifier ainsi l’augmentation de la quantité de flux due à la chaleur. En considérant que
la nature du sous-sol est la même sur toute la surface d’étude, cette déviation serait ensuite retirée aux autres
embases.

Un début d’interprétation est proposé en ayant choisi l’embase n°7 comme référence (mesurée lors de toutes les
campagnes, et située en amont de la barrière réactive) (Figure VIII-8). Le Tableau VIII-1 récapitule les
corrections appliquées aux données d’avril à août 2014. La valeur du flux mesurée en février 2014 pour l’embase
7 a été retirée aux valeurs mesurées pour cette embase les mois suivants. On remarque que plus les mois sont
chauds, plus la correction apportée est importante.

TABLEAU VIII-1 : CORRECTIONS APPLIQUÉES AUX DONNÉES D’AVRIL À AOÛT 2014 (FÉVRIER 2014 ÉTANT L’ÉTAT
ZÉRO, NON CORRIGÉ) PAR RAPPORT À L’EMBASE N°7.

Avril Mai Juin Juillet Août


Corrections (ppb/s) -24 -56 -122 -315 -396

Après correction, les très fortes émissions semblent rester localisées au niveau de la barrière, et pour les embases
n°1, 12 et 16 situées en aval (Figure VIII-8).

b) E VOLUTION DE L ’ ISOTOPIE DU CARBONE


Les résultats montrent une signature isotopique du CO 2 émis comprise en moyenne entre -27 ‰ et -30 ‰ depuis
le début des mesures, en accord avec la signature isotopique des hydrocarbures présents dans la nappe (environ -
25 ‰ -26 ‰, rapport ATTENA) et présentant un faible fractionnement isotopique (de l’ordre de 1 à 3 ‰). Ces
résultats sont cohérents avec ceux obtenus en colonnes.

Les émissions de CO2 émanant directement d’un piézomètre (PS2) ont également été mesurées. Quatre réplicas
ont été réalisés (-30,0 ‰ ; -28,5 ‰ ; -28,8 ‰ ; -29,2 ‰ ; moyenne : -29,0 ‰) et montrent une moyenne des
émissions similaire au CO2 ayant traversé les couches de sol. Il n’y aurait donc pas ou peu de discrimination
isotopique au cours de la diffusion. Ceci confirme donc qu’un suivi du CO2 émis en surface se justifie pour
suivre la biodégradation aérobie du site pollué.

Néanmoins, il est important de remarquer ici que l’évolution d’un fractionnement isotopique du carbone au cours
de la biodégradation n’est pas seulement temporelle, mais aussi spatiale. En effet, plus on se dirige en aval de la
barrière réactive (dans le sens de l’écoulement de la nappe), plus les hydrocarbures sont biodégradés, et plus il y
existe une discrimination isotopique du carbone de ces polluants : leur carbone est enrichi en 13C, car le 12C est

145
consommé préférentiellement par les bactéries. Le CO2 émis en surface correspond aux polluants dégradés à
l’aplomb des embases. Par exemple, le CO2 émis à l’embase n°16 provient d’un polluant déjà plus enrichi en 13C
que celui émis au niveau de l’embase n°20. Il est donc ici plus pertinent de comparer les embases une à une dans
le temps, plutôt que de regarder l’évolution spatiale qui est biaisée par ce phénomène.

Les mesures faites avec le SPIRIT seront bien sûr à comparer avec les analyses des rapports isotopiques des
hydrocarbures dans les eaux réalisées en mars 2014, puis en 2015.

146
FIGURE VIII-6 : CARTES DES FLUX DE CO2 MESURÉS EN FÉVRIER 2014 (ÉTAT ZÉRO), ET APRÈS L’ACTIVATION DE LA BARRIÈRE RÉACTIVE EN AVRIL 2014 (AVRIL À AOUT 2014).

147
FIGURE VIII-7 : CARTES DES δ13C(CO2) MESURÉS EN FÉVRIER 2014 (ÉTAT ZÉRO), ET APRÈS L’ACTIVATION DE LA BARRIÈRE RÉACTIVE EN AVRIL 2014 (AVRIL À AOUT 2014).

148
FIGURE VIII-8 : CARTES DES FLUX DE CO2 CORRIGÉS DU BIAIS INDUIT PAR LA MÉTÉO, PAR RAPPORT À L’EMBASE DE RÉFÉRENCE N°7, POUR AVRIL 2014 À AOUT 2014.

149
D. CONCLUSION
Le suivi de la biostimulation des polluants de type BTEX sur le site pilote est assez récent et ce travail ne peut
présenter que des résultats préliminaires. Néanmoins, ceux-ci sont encourageants. En effet, la zone polluée
identifiée par les forages est une zone électriquement plus conductrice que la zone non polluée, et plus
chargeable (production de métabolites conducteurs et augmentation du nombre de bactéries chargeables au
cours de la biodégradation des hydrocarbures). Cette même zone émet beaucoup de CO 2 en surface, lequel a une
signature isotopique proche de celle des polluants, voire plus appauvrie en 13C (de l’ordre de 1 à 3 ‰).

Cette mise en évidence de la biodégradation naturelle (non stimulée) montre déjà l’intérêt de coupler les deux
méthodes qui donnent des résultats cohérents, en accord avec les analyses géochimiques de puits.

L’évolution due à la biostimulation par l’apport d’oxygène dans la barrière n’est pas encore visible sur les
profils géophysiques. Néanmoins, les émissions de CO2 semblent déjà augmenter au niveau de la barrière
réactive, une fois que les données ont été corrigées du biais induit pas les conditions climatiques.

La surveillance va se poursuivre fin 2014 et en 2015 pour pouvoir confirmer cette tendance. D’ores et déjà, il est
important de noter que les analyses de gaz en surface et les mesures géophysiques sont des mesures indirectes
de ce qui se passe dans le sous-sol pollué par des hydrocarbures en biodégradation naturelle ou stimulée. Cela
peut donc induire certains biais (influence de la météo par exemple). Ainsi, il est indispensable de combiner les
deux techniques pour confirmer les hypothèses déduites à partir d’une des méthodes, mais il est aussi préférable
de disposer de quelques mesures sur les eaux pour certifier ces données indirectes. La nouvelle méthodologie de
suivi proposée par ce travail de thèse constituera cependant une amélioration des méthodes de suivi actuelles,
car elle permet l’obtention d’un suivi plus large dans le temps et dans l’espace, et de plus, en réduisant les coûts
puisqu’elle en réduit le nombre de puits d’observation à réaliser (coûteux, et jamais suffisants pour un suivi
géochimique/analytique significatif et réaliste).

150
IX. CONCLUSION GÉNÉRALE ET PERSPECTIVES
La biodégradation est une méthode de dépollution in situ qui peut être envisagée pour dégrader un panache de
contaminants organiques. C’est une décontamination par voie biologique efficace, mais le suivi de ce type de
dépollution se fait actuellement en ayant recours à des forages coûteux, trop peu nombreux par rapport au
nombre nécessaire pour réaliser un suivi géochimique/analytique significatif et réaliste. L’objectif de ce travail
était de valider une nouvelle méthodologie couplant des méthodes géo-électriques (polarisation provoquée) et
des analyses de gaz en surface (flux de CO2 et isotopie de son carbone) afin d’améliorer le suivi des panaches de
pollution d’hydrocarbures en cours de biodégradation. Le travail de thèse a consisté à tester ces nouveaux outils
de monitoring à l’échelle du laboratoire, en colonnes, puis à les mettre en œuvre sur un véritable site pollué
pilote en cours de dépollution.

Le premier point important de cette thèse est d’être parvenu à la mise en place d’un dispositif de laboratoire
permettant de tester le couplage mesures électriques / analyses de gaz, tout en gardant le contrôle sur les
conditions physico-chimiques et microbiologiques du milieu d’étude. Ainsi, les mesures de polarisation
provoquée et les analyses de gaz ont été validées par un suivi microbiologique et géochimique complet dans le
milieu aqueux des colonnes : comptages bactériens, mesure de concentration en toluène résiduel, du pH, du
potentiel redox, de la conductivité, du taux d’oxygène dissous, de la température, du δ13C(toluène), du
δ13C(DIC) (Dissolved Inorganic Carbon), du δ13C(DOC) (Dissolved Organic Carbon) et de l’alcalinité.

Cette élaboration du dispositif expérimental a eu lieu en plusieurs étapes, en résolvant progressivement


différents problèmes d’ordre expérimental. Travailler avec du vivant impose d’appliquer un protocole complexe
de désinfection du matériel utilisé. Le sable a facilement pu être lavé et autoclavé à partir de protocoles
existants, ainsi que le milieu de culture des bactéries. Cependant, la stérilisation n’étant pas possible pour tous
les matériels utilisés (colonnes et tuyaux en plastique), certaines pièces ont juste été désinfectées et il a fallu
réfléchir à d’autres artifices pour limiter la contamination extérieure des colonnes, notamment des colonnes
témoins. Après plusieurs essais, la meilleure solution trouvée a été l’utilisation de formaldéhyde (inhibiteur
bactérien) dans les colonnes non inoculées gardées en circuit fermé, et une désinfection très poussée des
colonnes inoculées.

Concernant les mesures de polarisation provoquée spectrale (PPS), cette étude a permis d’adapter le protocole
d’utilisation de l’appareillage de terrain GDP 32II (Zonge) aux expérimentations en laboratoire. De plus, les
différentes étapes de validation du système de mesure ont mis en évidence une défaillance du système de
calibration de l’appareil. Un perfectionnement a dû être apporté aux électrodes de mesure du potentiel. Des
électrodes de laboratoire impolarisables Cu/CuSO4 ont été mises au point à partir du modèle proposé par
Maineult (2004). La solution électrolytique était stabilisée sous forme de gel et le contact avec le milieu d’étude
était assuré par un frité poreux Vycor® utilisé en électrochimie. Ces améliorations ont permis de limiter la
diffusion de l’électrolyte dans le milieu, ce qui a rendu possible l’acquisition sur de longues durées. Malgré
toutes ces améliorations, les derniers essais sur colonnes n’ont pas été parfaits. En effet, certains couples
d’électrodes de mesure ont enregistré des réponses PPS avec une phase positive, inattendue et inexpliquée dans
le contexte de cette étude. Néanmoins, des résultats exploitables et concluants ont pu être obtenus sur quelques
couples de mesure.

Au cours de ce travail, il y a également eu une tentative de comparaison entre la méthode géophysique de


polarisation provoquée spectrale et la méthode électrochimique de spectroscopie d’impédance. Les appareils
d’électrochimie, conçus pour des travaux sur cellule électrochimique à trois électrodes (référence, auxiliaire et
travail), ont difficilement pu être adaptés à l’échelle de la colonne en travaillant à quatre électrodes (référence,
sensing, auxiliaire et travail). Bien que ces appareils permettent une investigation sur un spectre plus large, des
problèmes de calibration du système ont limité leur utilisation optimale.

151
Du côté des analyses de gaz, d’autres analyses d’isotopie du carbone sur les eaux (toluène, puis DIC et DOC)
ont dues être rajoutées dans la liste des analyses à faire afin de valider les mesures sur le CO2. Les mesures
acquises et présentées ici ont également contribué à la validation du spectromètre prototype SPIRIT (article en
cours de rédaction).

Le travail en colonnes a montré que l’activité bactérienne est caractérisée par une production de CO2 ayant une
signature isotopique proche de celle du toluène (-31 ‰), voire plus négative (plus appauvri en 13C), et par une
évolution de la résistivité complexe en corrélation avec les analyses microbiologiques et géochimiques. En effet,
sur certains couples de mesure, le déphasage du potentiel par rapport au courant suit les variations temporelles
de l’activité bactérienne et atteint -15 mrad. En d’autres termes, quand le nombre de bactéries augmente dans la
colonne, la valeur absolue du déphasage croît également.

Ces études ont servi de support pour la mise en place de la démonstration sur site pilote. Sur ce site, où des
fuites de gasoil et d’essence ont eu lieu il y a une quinzaine d’années, des diagnostics géophysiques et
géochimiques ont permis de montrer une atténuation naturelle par biodégradation. En effet, les premiers
résultats montrent une zone plus conductrice et plus chargeable autour de 3 m de profondeur, ce qui correspond
à la zone polluée, définie par les analyses géochimiques en forages. De plus, au niveau de cette zone, de fortes
émissions de CO2 ont été mesurées avec une signature isotopique caractéristique d’une biodégradation
d’hydrocarbures. La tendance reste à confirmer en 2015.

Ces résultats montrent l’intérêt de combiner des méthodes géophysiques avec des analyses de gaz pour
surveiller des zones de biodégradation et vont permettre de valider une méthodologie originale de monitoring de
la dépollution in situ.

A l’avenir, des études nouvelles doivent approfondir les connaissances à l’échelle du laboratoire pour
appréhender l’effet de différents facteurs sur la réponse électrique du milieu. Ainsi, il serait intéressant de
réaliser des expérimentations avec d’autres polluants organiques que le toluène, à des concentrations de départ
plus variées. Il serait également utile de travailler avec le même polluant sur différentes matrices, plus ou moins
carbonatées ou plus ou moins argileuses. Les recherches peuvent aussi porter sur les bactéries. Ici, une seule
souche a pu être testée. Mais d’autres souches méritent d’être étudiées, seules ou en consortium.

Du côté terrain, les méthodes non intrusives comme la géophysique et les analyses de gaz en surface pourraient
être davantage utilisées à l’avenir pour l’étude des sites et sols pollués afin d’améliorer le suivi et de diminuer
ses coûts. Ces techniques efficaces doivent être testées sur un plus grand nombre de sites afin de gagner en
maturité et en crédibilité auprès des opérateurs de la dépollution.

152
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Technology, 19(10), 105603.

Zohdy, A., L. Anderson, and L. Muffler (1973), Resistivity, self-potential, and induced polarization surveys of a
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Zonge, K. L., and L. J. Hughes (1980), The complex resistivity method Rep., Zonge Engineering & Research
Organization, Inc.

Zonge, K. L., W. A. Sauck, and J. S. Sumner (1972), Comparison of time, frequency, ans phase measurements
in induced polarization, Geophysical Prospecting, 20(3), 626-648.

166
ANNEXES

167
ANNEXE 1 : CHIMIE DE SURFACE, ÉCHANGE IONIQUE ET DOUBLE
COUCHE ÉLECTRIQUE

A. IMPORTANCE DES PROCESSUS DE SURFACE


La chimie de surface est une composante importante de la géochimie car beaucoup de processus chimiques ont
lieu au niveau des interfaces électrolyte/minéral :

· Dissolution et précipitation
· Adsorption
· Echange ionique
· Echange isotopique
· Dissolution oxydative et réductive des minéraux (réactions redox)

Il y a plusieurs types de surfaces qui réagissent avec l’électrolyte, notamment :

· Colloïdes inorganiques
· Colloïdes organiques
· Microorganismes
· Surfaces minérales

B. NATURE DE LA SURFACE DES OXYDES


Les oxydes regroupent les minéraux dont le groupe anionique est constitué d’oxygène ou d’hydroxyle
(groupement -OH). Il comprend, par exemple, les minéraux silicatés.

La surface des oxydes peut être considérée comme une surface de groupes hydroxyles qui participent à des
réactions acido-basiques et à des échanges d’ions. Elle présente des « liaisons pendantes » si la surface coupe
une liaison chimique dans la structure cristalline du minéral. L’eau réagit avec cette surface, ajoutant des atomes
d’hydrogène aux atomes d’oxygène et des hydroxyles aux ions métalliques, créant ainsi une surface
d’hydroxydes métalliques et d’oxygènes pontés. Chacun de ces hydroxydes peut accepter ou donner un proton.
Par exemple, pour le quartz :

SiOH → SiO- + H+

SiOH + H+ → SiOH2+

Chacune de ces réaction est caractérisée par un équilibre :

ሾܱܵ݅ ି ሿ
‫ܭ‬଴ ൌ
ሾܱܵ݅‫ܪ‬ሿሾ‫ ܪ‬ା ሿ

où ‫ܭ‬଴ est la constante de dissociation (analogue du Ka utilisé pour les réactions acido-basiques).

C. POINT DE CHARGE NULLE


Le point de charge nulle (ou Zero Point of Charge, ZPC en anglais) est le point où la concentrations des sites
anioniques et égale à la concentration des sites cationiques :

ܼܲ‫ ܥ‬ൌ ‫ۃ‬ሾܱܵ݅‫ܪ‬ଶା ሿ ൌ ሾܱܵ݅ି ሿ‫ۄ‬

Pour des valeurs de pH située au-dessus du ZPC, la surface a une charge nette négative (ou anionique), et la
surface va attirer des cations. Au contraire, pour des pH en-dessous du ZPC, la surface a une charge nette
positive et elle va attirer des anions.

169
Voici quelques exemples de ZPC pour différents minéraux :

Minéral pHZPC
Silice (SiO2) 2.0
Feldspath 2-2.4
Kaolinite 4.6
Calcite 9.5

D. DOUBLE COUCHE ÉLECTRIQUE


La double couche électrique décrit la nature de la surface chargée des minéraux. Elle reflète la répartition
inégale des charges à l’interface fluide/minéral. Il existe trois modèles pour décrire cette couche, de plus en plus
complexe :

· Modèle de Helmholtz : il y a une simple interaction électrostatique à la surface : une couche unique d'ions
est absorbée à la surface minérale ;
· Modèle de la couche diffuse de Gouy Chapman : la charge de la surface minérale est compensée par une
zone diffuse de contre-ions ;
· Le modèle de la triple couche de Stern (ou modèle de Gouy-Chapman-Stern) : il combine les deux
premiers. La charge négative de la surface minérale est compensée par une couche de contre-ions adsorbés
à la surface (couche de Stern). Et cette couche de contre-ions est ensuite compensée par une couche diffuse
(couche de Gouy). Le potentiel ζ (zêta) est la différence de potentiel entre la couche dense de Stern et le
liquide. Il caractérise donc la répartition des charges électriques sur la surface.

FIGURE 0-1 : TROIS MODÈLE DE LA DOUBLE COUCHE ÉLECTRIQUE. DE GAUCHE À DROITE : MODÈLE DE
HELMHOLTZ, MODÈLE DE GOUY CHAPMAN ET MODÈLE DE LA TRIPLE COUCHE DE STERN.

170
E. ECHANGE D’IONS
Dans la double couche électrique, un type de contre-ion peut être échangé par un autre type du même signe.

La capacité d’échange cationique (CEC) peut être définie comme l’excès de contre-ions qui peuvent être
échangés avec d’autres cations. Les contre-ions de la couche diffuse de Gouy peuvent être échangés très vite.
Les ions de la couche de Stern sont adsorbés, donc ils bougent plus lentement.

F. LE CAS DES BACTÉRIES


Les bactéries possèdent une surface très réactive car elles possèdent des groupements fonctionnels actifs sur la
paroi cellulaire. A pH neutre, les bactéries ont une charge nette négative. Les composants de la paroi cellulaire :
le peptidoglycane (Gram +) et la membrane extérieure (Gram-) sont riches en groupements carboxyle (R-
COOH), hydroxyle (R-OH), phosphates (R-PO4) et amines.

Les groupements fonctionnels présents sur la paroi peuvent gagner ou perdre des protons, tout comme un acide
ou une base :
R-COOH0 ↔R-COO-+H+
R-PO4H0 ↔R-PO4-+H+
R-OH0 ↔R-O-+H+

Les bactéries présentent à leur surface des charges négatives dues à la présence à leur surface des molécules
COO- provenant notamment des groupes carboxyle à leur surface. Ces charges négatives repoussent bactéries
entre elles mais conduisent également à l'accumulation de cations autour des bactéries. Ce nuage de cations
devient solidaire de la bactérie. Le potentiel Zêta est la différence entre les charges électriques situées à la
surface des bactéries et celles du nuage externe.

Une particule chargée en solution va être entourée d’une couche d’ions du signe opposé, liée à la particule, la
couche de Stern [Carlsson, 2012]. De plus, une seconde couche d’ions entourent la particule, appelée couche
diffuse. Le potentiel zêta est une propriété physique d’une particule en suspension, et il est créé dans le plan de
cisaillement entre la couche de Stern et la couche diffuse. Le potentiel zêta peut indiquer le degré d’interaction
entre les particules dans une suspension et ainsi la stabilité de cette suspension. Une valeur de zêta plutôt neutre
(-10 à 10 mV) ou un zêta nul (point isoélectrique) indique une suspension instable, c’est-à-dire que les particules
vont floculer. Au contraire, un potentiel très négatif (< -30 mV) ou très négatif (> 30 mV) indiquent une
suspension stable : les particules vont se repousser entre-elles et rester en solution. Cela permet aussi d’étudier
la charge de surface de la particule car le potentiel zêta dépend de la charge de surface. Cependant, la valeur
absolue du potentiel zêta sera plus faible que la charge surfacique, à cause des ions de la double couche.

G. POTENTIEL ZÊTA DES BACTÉRIES


Toutes les souches d’E. coli testées par Li et McLandsborough (1999) étaient charges négativement dans un
tampon pH à 7.4. Les potentiels zêta mesurés allaient de -24.9 à -233.9 mV.

171
ANNEXE 2 : MODÉLISATION DE LA RÉPONSE PP D’UN MILIEU
GRANULAIRE

Le but de la modélisation est de calculer une réponse théorique la plus représentative possible de la réponse
expérimentale. Les différents paramètres utilisés pour la modélisation caractérisent donc le milieu étudié
(distribution de la taille des grains et des pores, conductivité hydraulique, polarisation du milieu…). Cependant,
il faut savoir que plusieurs modèles différents peuvent correspondre aux mêmes données expérimentales.

On distingue les modèles mécanistiques, qui permettent de caractériser un phénomène physique connu au
travers de mesures par une formulation théorique, des modèles phénoménologiques qui donnent un description
quantitative des mesures, basée sur des observations macroscopiques

A. MODÉLISATION PHÉNOMÉNOLOGIQUE DE LA RÉPONSE PP D’UN MILIEU


GRANULAIRE : LE MODÈLE DE TYPE COLE-COLE GÉNÉRALISÉ

Comparon (2005) a réalisé un inventaire des différents modèles de type Cole-Cole existant. Ce paragraphe est
très inspiré de son travail.

Le modèle de type Cole-Cole est un modèle empirique. On considère ici que la réponse PP du milieu poreux
correspond à celle d’un circuit électrique. La formule généralisée s’écrit de la manière suivante :

ͳ
ߩ‫ כ‬ሺ߱ሻ ൌ ߩ଴ ൤ͳ െ ݉ሺͳ െ ሻ൨ ÉQUATION 0-1
ሺͳ ൅ ሺ݅߱߬ሻ௖ ሻ௔

L’expression du modèle de Cole-Cole généralisé englobe plusieurs autres modèles plus simples [Okay, 2011 ;
Nordsiek and Weller, 2008].

Lorsque les paramètres a et c valent 1 dans l’ÉQUATION 0-1, on retrouve le modèle de Debye [Debye, 1929].
C’est le modèle mathématique le plus simple pour décrire la relaxation d’un milieu [Revil et al., 2012]. Ce
modèle est caractérisé par un seul temps de relaxation ߬ [s], la résistivité électrique en courant continu ߩ଴ [Ω.m]
et la chargeabilité ݉ (sans dimension).

La constante de temps ߬ donne une information sur la taille des grains et des pores du milieu étudié [Nordsiek
and Weller, 2008]. Il est aussi lié à la conductivité hydraulique [Slater and Lesmes, 2002]. Les valeurs de ߬
varient entre 0.01 s à 1000 s [Loke et al., 2006] et des valeurs élevées de ߬ indiquent une forte polarisation du
milieu.

La chargeabilité ݉ décrit l’amplitude de l’effet PP. Il varie entre 0 et 0.1 pour un milieu non métallique
[Ghorbani et al., 2007].

Dans un milieu réel, la polarisation est en fait la somme de plusieurs processus de relaxations caractérisés par
différents temps de relaxation (associé différentes tailles de grain, à la rugosité de la surface des grains, à des
dimensions caractéristiques de l’espace poral…). Par conséquent, le modèle de Cole-Cole traditionnel a été
développé en ajoutant l’exposant c (sans dimension) (a =1) [Cole and Cole, 1941]. L’augmentation de c joue sur
la concavité du spectre de phase et sur la pente du spectre d’amplitude [Ghorbani et al., 2007]. Il est lié à la
rugosité des grains et à la tortuosité du milieu poreux [Lesmes and Morgan, 2001].

173
FIGURE 0-1 : INFLUENCE DES PARAMÈTRES COLE-COLE SUR LES SPECTRES DE LA PHASE (EN HAUT) ET DE
L’AMPLITUDE (EN BAS) DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE.

Le paramètre a (sans dimension) est l’exposant du modèle Cole-Cole généralisé (ou constante de relaxation)
[Okay, 2011; Pelton et al., 1983].

Les modèles Cole-Cole sont déterminés par inversion, dans les domaines temporels et fréquentiels, à la fois par
méthode des moindres carrées et par l’approche bayésienne. Ces méthodes ont été adaptées à des applications
1D et 2D [Fiandaca et al., 2013, 2012].

B. MODÈLES MÉCANISTIQUES DE LA RÉPONSE PP D’UN MÉLANGE SABLE ET


ARGILES : DE WAXMAN ET SMITS (1968) À RÉVIL ET AL. (2013)

Le modèle de Waxman et Smits (1968) concerne la conductivité réelle de sables argileux. Il est fondé sur trois
hypothèses :

· La conductivité totale est la somme de deux contributions : une conductivité associée au fluide ߪ௘௟ et une
conductivité associée aux argiles ߪ௦ ayant une surface conductrice. La conductivité totale s’écrit alors :

ߪ ൌ ܺߪ௦ ൅ ܻߪ௘௟ ÉQUATION 0-2

· Le courant dû aux argiles et celui créé par les ions de l’électrolyte suivent la même chemin :

ܺ ൌ ܻ ൌ ͳൗ‫ ܨ‬ൌ ‫׎‬௠ ÉQUATION 0-3

On retrouve ici la loi d’Archie, avec ‫ ܨ‬le facteur de formation, ‫ ׎‬la porosité et ݉ le facteur de cimentation.

174
· ߪ௦ dépend de ߪ௘௟ . ߪ௦ est due à l’échange de cations à la surface des argiles , elle est donc proportionnelle à
la concentration en cations :

ߪ௦ ൌ ‫ܳܤ‬௩ ÉQUATION 0-4

où ‫ ܤ‬est un paramètre empirique qui représente la mobilité des cations échangeables et ܳ‫ ݒ‬est la capacité
d’échange cationique.

Le modèle de Waxman et Smits ne s’applique qu’à la partie réelle de la conductivité. D’autres modèles tiennent
compte de la variation fréquentielle. C’est le cas du modèle d’eau double [Clavier et al., 1977], qui prend en
compte deux types d’eaux : une eau libre dans les pores et une eau liée aux argiles ; du modèle de Bussian
(1983) puis de De Lima et Sharma (1990) qui prennent en comptent la distribution et la nature des argiles dans
la roche. Ensuite, le modèle de Revil et al. (1998) explicite séparément le comportement des cations de celui des
anions. Ces modèles ne seront pas davantage développés ici. Une description complète est proposée dans la
thèse de Comparon (2005).

Leroy et Revil (2009) et Revil et Florsh (2010) introduisent le nombre complexe de Dukhin ‫ כݑܦ‬:

ߪ௦‫כ‬
‫ כ ݑܦ‬ൌ ÉQUATION 0-5
ߪ௘௟

avec ߪ‫ ݏכ‬la conductivité de la phase solide et ߪ௘௟ la conductivité de l’électrolyte.

La polarisation de membrane intervient lorsque le nombre de Dukhin est élevé, c’est-à-dire en présence
d’argiles car la conductivité de la phase solide ߪ௦ est grande ; ou lorsque la salinité de l’électrolyte ߪ௘௟ est faible
[Revil et Florsh, 2010]. La DCE étant principalement constituée de contre-ions, la mobilité des ions y est
différente de celle de l’électrolyte : le transport des contre-ions est facilité, tandis que celui des co-ions est
limité. Des accumulations locales de charges se produisent et augmentent la concentration ionique.

La polarisation de la couche de Stern peut être décrite par l’équation suivante [Revil et al., 2013] :

ͳ
ߪ ‫ כ‬ൌ ߪ௘௟ ሺ ൅ ‫ כݑܦ‬ሻ ÉQUATION 0-6
‫ܨ‬

avec ߪ ‫ כ‬la conductivité complexe du milieu granulaire, ߪ௘௟ la conductivité de l’électrolyte et ‫ ܨ‬le facteur de
formation.

Le modèle de Leroy est Revil (2009) résulte de la combinaison de la modélisation des propriétés de surface de
minéraux argileux (kaolinite, illite, et smectite), de la modélisation de la polarisation de la couche de Stern et de
la contribution de la polarisation de Maxwel-Wagner.
‫כ‬
La conductivité de surface de la formation argileuse ߪ௔௥௚ est donnée par Leroy est Revil (2009) :

ͳ
‫כ‬
ߪ௔௥௚ ൌ ൣߪ ‫ כ‬൅ ሺ‫ܨ‬௔௥௚ െ ͳሻߪ௦‫ כ‬൧ ÉQUATION 0-7
‫ܨ‬௔௥௚ ௘௟

avec ‫ܨ‬௔௥௚ le facteur de formation de la formation argileuse, ߪ௘௟‫ כ‬la conductivité de l’électrolyte et ߪ௦‫ כ‬la
conductivité de surface du solide.

Et la conductivité complexe totale du milieu peut être exprimée par Leroy et Revil (2009) :

175
ͳ
ߪ ‫ כ‬ൌ ߪ௔௥௚
‫כ‬ ଶ
߮௔௥௚ ିଶ
൤߮௔௥௚ ‫ܦ‬௨‫ כ‬൅ ሺͳ െ ‫ כ ݑܦ‬ሻǤ ሺͳ െ ‫כ ݑܦ‬
ʹ ÉQUATION 0-8
൅ ටሺͳ െ ‫ כ ݑܦ‬ሻଶ ൅ Ͷ߮௔௥௚
ିଶ ‫ כ ݑܦ‬ሻ൨

avec ߮௔௥௚ le contenu en argiles.

C. MODÈLES MÉCANISTIQUES DE LA RÉPONSE PP D’UN MILIEU GRANULAIRE


PARTIELLEMENT SATURÉ EN HUILE : DE VINEGAR ET WAXMAN (1984) À
SCHMUTZ ET AL. (2010)
Le modèle de Vinagar et Wawman (1984, 1982) a été développé pour modéliser la conductivité complexe de
sables partiellement saturés en huile [Schmutz et al., 2010]. Il tient compte de deux mécanismes :

· Le déplacement des contre-ions le long de la couche de Stern ;


· Le blocage de ces ions au niveau des rétrécissements de la taille de spores (membranes).

Pour les sables saturés par un mélange huile plus eau, la conductivité complexe (partie réelle et partie
imaginaire) dépend de la saturation en eau via les relations suivantes :

ܵ௪௡  ܳ
ᇱᇱ ௩
ߪᇱ ൌ ሺߪ௪ ൅ ‫ܥ‬௧௛ ሻ ÉQUATION 0-9
‫ܨ‬ ܵ௪


ܵ௪ 
ߪ ᇱᇱ ൌ ܳ ߣ ÉQUATION 0-10
‫ ׎ܨ‬௩ ௔

avec ܵ௪ la saturation en eau, ܳ‫ ݒ‬la capacité d’échange cationique, ‫ ܨ‬le facteur de formation, ‫ ׎‬la porosité, ݊
et ‫ ݌‬les facteurs de saturation qui dépendent du type d’huile et tels que ‫ ݌‬ൌ ݊ െ ͳ.

Le modèle de Vinegar et Waxman (1984) a été étendu par Revil et Florsh 2010, puis complété par Schmutz et
al. 2010.

Dans le modèle de Vinegar et Waxman, la distribution des temps de relaxation est très large. Donc, pour une
large gamme de fréquences, les parties réelle est imaginaire de la conductivité complexe sont indépendantes de
la fréquence. Au contraire, dans le modèle de Schmutz et al., la distribution des temps de relaxation est prise en
compte via l’intégration de la probabilité de distribution du diamètre des grains.

A la fréquence de relaxation, la phase ߮଴ et les parties réelles et imaginaire de la conductivité complexe, ߪ଴ᇱ et
ߪ଴ᇱᇱ , peuvent être exprimées suivant les relations suivantes :

ߑ௦ ሺ‫ ܨ‬െ ͳሻ ఙෝమΤଶ ିଵ
߮଴ ൎ െʹ ݁ ܵ௪ ÉQUATION 0-11
ߪ௪ ‫ܦ‬ହ଴

ܵ௪௡
ߪ଴ᇱ ൎ ߪ ÉQUATION 0-12
‫ ܨ‬௪

176
ߑ௦ ሺ‫ ܨ‬െ ͳሻ ఙෝమΤଶ ௣
ߪ଴ᇱᇱ ൌ െ ݁ ܵ௪ ÉQUATION 0-13
‫ܦܨ‬ହ଴

avec ߑ௦ la conductivité spécifique de surface, ‫ ܨ‬le facteur de formation, ܵ௪ la saturation en eau, ‫ܦ‬ହ଴ la
distribution moyenne de la taille des grain, ݊ et ‫ ݌‬les facteurs de saturation de Vinegar et Waxman et ߪො l’écart
type de la distribution des temps de relaxation.

177
ANNEXE 3 : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE DES MESURES ÉLECTRIQUES SUR COLONNES POUR L’ÉTUDE DE
L’ACTIVITÉ BACTÉRIENNE

A. RÉSUMÉS ET PRINCIPAUX RÉSULTATS

Abdel Aal et al., 2004 Colonnes biotiques et abiotiques pour étudier l’effet des processus microbiens sur les propriétés électriques de
sédiments non consolidés.
Effects of microbial processes on electrolytic and
interfacial electrical properties of unconsolidated · La colonne biotique (nutriments + diesel + bactéries) montre :
sediments a) Augmentation de la partie réelle, imaginaire de la conductivité complexe et augmentation de la
conductivité de surface
b) Diminution du facteur de formation
· Les colonnes abiotiques (nutriments ; nutriments + diesel) ne montrent pas de changements significatifs.

L’augmentation de la population microbienne, la diminution de la source de carbone, de nitrate et de sulfate,


l’augmentation de carbone inorganique dissous et de la conductivité du fluide sont les preuves de l’activité
microbienne dans les colonnes biotiques.

Abdel Aal et al., 2009 Mesures électriques BF (0.1-1000 Hz) réalisées pour étudier l’effet de l’adsorption de Pseudomonas aeruginosa
sur du quartz pur et des grains de sable recouverts d’oxyde de fer .
Effect of bacterial adsorption on low frequency
electrical properties of clean quartz sands and iron- Résultats :
oxide coated sands · Quartz pur : augmentation graduelle de l’adsorption des bactéries sur les grains ó augmentation de 13%
de la partie imaginaire de la conductivité ;
· Grains couverts d’oxyde de fer : augmentation rapide de l’adsorption ó augmentation de 37% de la
partie imaginaire ;
· Pas de changements significatifs de la partie réelle dans les deux cas.

Les auteurs retrouvent une loi puissance entre le nombre de cellules adsorbées et la partie imaginaire de la
conductivité.

179
Hypothèse : la polarisation est due à l’augmentation de la rugosité des grains et de la surface spécifique due à la
sorption des bactéries.

Les bactéries chargées négativement aiment les surfaces couvertes d’oxydes de fer chargés positivement (plus de
charges négatives sur les grains de quartz pur, donc plus de répulsion et moins d’adsorption).

Abdel Aal et al., 2010a Des colonnes de sable inoculées par les bactéries Pseudomonas aeruginosa ont été utilisées pour étudier l’effet du
bioclogging sur la résistivité complexe et les propriétés de transport.
Effect of bioclogging in porous media on complex
conductivity signatures Le bioclogging est dû à l’augmentation de la concentration des cellules et à la production de substances exo-
polymériques (EPS). Cela a un impact sur la conductivité imaginaire σ’’, la conductivité hydraulique K, le débit
Q, la dispersivité D et la porosité Φ.

Les auteurs observent 3 stades de changements des propriétés électriques et de transport :


· Pas de changement significatif (jours 1-8) : fixation réversible et irréversible des cellules au sable ;
· Bioclogging dû à l’augmentation de la biomasse : diminution maximum de Q et K et augmentation
modérée de σ’’ (jour 9-16) ; production significative d’EPS et augmentation de l’épaisseur du biofilm =>
augmentation plus importante de σ’’ (jour 17-24)
· Etat quasi stationnaire de la croissance du biofilm => pas de changement significatif (jour 25-32)

Donc σ’’ peut fournir des informations complémentaires dans la caractérisation du bioclogging dans un
environnement poreux.

Abdel Aal et al., 2010b Etude de la sensibilité des mesures électriques BF (0.1-1000 Hz) à :
· La densité de cellules microbiennes
Sensitivity of geoelectrical measurements to the · La proportion des cellules vivantes et mortes
presence of bacteria in porous media · La fixation des cellules à la surface des grains de quartz pur et des grains recouverts d’oxydes de fer.

Trois souches de Pseudomonas aeruginosa avec des propriétés de mobilité et de fixation différentes ont été
utilisées.

180
Résultats :
· Variations de la concentration en cellules vivantes et mortes : pas d’effets sur la partie réelle de la
conductivité.
· La partie imaginaire de la conductivité augmente linéairement avec l’augmentation de concentration de
cellules vivantes dans les colonnes
· Loi puissance entre la partie imaginaire de la conductivité et le nombre de cellules adsorbées sur les
grains de sable (exposants de la loi plus importants pour une souche mutante de la bactérie par rapport à
la souche sauvage et exposants plus importants pour les grains de sable recouverts de fer que pour les
grains de quartz pur).
· Peu de changement de la partie réelle de la conductivité avec la fixation des bactéries aux grains.

Atekwana et al., 2004 Mesures de conductivité de sédiments pendant une minéralisation de diésel à l’échelle méso, dans des colonnes
biotiques contaminées et non contaminées.
Evidence for microbial enhanced electrical
conductivity in hydrocarbon contamined sediments Résultats :
· La population de microorganismes augmente en suivant un schéma dépendant de la hauteur dans les
colonnes contaminées et pas dans celles qui ne le sont pas. Plus de variation de la conductivité dans les
sédiments au-dessus de la nappe d’eau saturée de diesel.
· Une communauté microbienne spécialisée est observée dans la zone contaminée.
· Augmentation de la conductivité de volume dans les colonnes contaminées : la présence de carbone
inorganique dissous et de calcium suggèrent que la forte conductivité est due à une augmentation de la
dissolution du minéral (weathering) due à l’activité bactérienne.

Davis et al., 2006 Mesures de résistivité complexe (0.1-1000 Hz) obtenues à partir de colonnes remplies de sable et bio-stimulées
pour étudier l’effet de la croissance microbienne et la formation d’un biofilm sur les propriétés électriques du
Microbial growth and biofilm formation in geologic milieu poreux.
media is detected with complex conductivity
measurements Résultats :
· Des pics de la partie imaginaire de la conductivité dans les colonnes bio-stimulées coïncident avec des
pics de concentration de cellules extraites des sables.
181
· La partie réelle ne montre de pas de relation avec la concentration de cellules.

Hypothèse : les changements dynamiques observés pour la partie imaginaire sont dus à la croissance et à la
fixation des bactéries et des biofilms à la surface des grains de sable.

Ntarlagiannis et al., 2004 Expériences en laboratoire pour étudier l’utilisation de l’IP et de la conductivité électrique pour surveiller la
précipitation des sulfures en conditions anaérobies dans des colonnes remplies de sable.
Induced polarization response of microbial induced
sulfide precipitation Résultats :
· Le front de précipitation commence par se développer à côté du point d’injection, puis migre avec le flux
des nutriments
· Changement dans la réponse IP (déphasage de 14 mrad) qui coïncide avec le front de précipitation des
sulfures (respiration des cellules actives).
· Réponse IP en corrélation avec le gradient de concentration de lactate (mesure indirecte du métabolisme
des bactéries).

Ntarlagiannis et al., 2005a Mesures électriques sur sable et bactéries (différentes concentrations) :
· Exp 1 : Shewanella putrefaciens (biomasse 0-0.5 mg/L)
On the low-frequency electrical polarization of · Exp 2 : Escherichia coli (biomasse 0-42 mg/L)
bacterial cells in sands
Résultats :
· Mesures d’une polarisation BF (10Hz) dépendante de la biomasse.
· Densité de cellules < 12 mg/L : la polarisation diminue par rapport à la situation avant l’injection de
bactéries (diminution encore plus importante si l’affinité cellule-surface est améliorée par l’ajout de Fe).
On a donc une altération de l’interface minéral-fluide à cause des interactions minéral-cellules.
· Densité de cellules > 12 mg/L : la polarisation augmente à cause de la diminution de la mobilité ionique
et/ou du transfert d’électrons dû à l’accumulation des cellules dans les pores.

Ntarlagiannis et al., 2005b Sensibilité des mesures électrique BF à la précipitation des sulfures induite par des bactéries.
Résultats :

182
Low-frequency electrical response to microbial · Anomalies de polarisation (déphasage de 14 mrad) qui se développent à l’injection des bactéries et dans
induced sulfide precipitation les zones d’accumulation.
· Augmentation de la polarisation en corrélation avec la consommation de lactate.
· Variations temporelles de la polarisation et de la conduction en corrélation avec le réarrangement
géométrique des cellules recouvertes de minéraux métalliques.

Ntarlagiannis et al., 2007 Colonnes de sable saturées et inoculées par des bactéries réductrices de métal Shewanelle oneidensis MR-1 pour
montrer que les appendices électriquement conducteurs (nanowires) sont directement associés aux potentiels
Microbial nanowires : Is the subsurface électriques.
"hardwires"?
Résultats :
· Pas de potentiel électrique détectable dans les colonnes inoculées par des bactéries mutantes qui
produisent des appendices non conducteurs, réponse électrique pour les bactéries non mutantes
· La SEM montre un réseau de nanowires qui relie les cellules entre-elles et les cellules aux surfaces
minérales, tout le long de la colonne.

Hypothèse : les nanowires servent de conduits pour le transfert d’électrons depuis les bactéries qui se trouvent
dans la partie anaérobie jusqu’aux bactéries de la surface qui ont accès à l’oxygène.

Ntarlagiannis et Ferguson, 2009 Montrer et quantifier l’effet de l’accumulation d’un biofilm sur les signaux IP.

SIP response of artificial biofilms Création d’un biofilm artificiel introduit en différentes quantités dans plusieurs colonnes.

Résultats : La méthode IP est sensible à l’accumulation de biofilm à partir d’une certaine quantité.

Personna et al., 2008 Expériences en laboratoire sur des colonnes pour étudier la réponse géo-électrique (SIP, potentiel d’électrode)
pendant la réduction de sulfates.
Spectral induced polarization and electrodic
potential monitoring of microbially mediated iron Résultats :
· Les analyses géochimiques (dosage de sulfate, lactate, sulfure, acétate), l’observation des précipités et les

183
sulfide transformations potentiels d’électrode donnent un diagnostic des transitions induites entre la formation de sulfure de fer
en anaérobie et les conditions aérobies qui favorisent la dissolution des sulfures de fer.
· Données SIP : anomalies d’environ 10 mrad pendant la minéralisation des sulfures de fer (qui
accompagne l’activité microbienne en anaérobie).
· Les anomalies disparaissent pendant la dissolution des sulfures de fer (transition en aérobie).

Slater et al., 2005 Etude de la réponse électrique BF de barrières de fer réactives en faisant des mesures sur des colonnes de fer zéro-
valent sous différentes conditions :
Electrical properties of iron-sand columns: (1) Variation de la surface spécifique de Fe0 (0.1-100 %) ;
Implications for induced polarization investigation (2) Variation de l’activité électrolytique (0.01-1 mol/L) (solution monovalente et trivalente) ;
and performance monitoring of iron-wall barriers (3) Précipitation forcée d’hydroxydes de fer et de carbonates de fer sur les surfaces de Fe 0.

Résultats :
· L’amplitude de polarisation montre une relation linéaire avec la surface spécifique de Fe0, alors que
l’amplitude de la conduction n’est que faiblement dépendante de la concentration en Fe 0.
· L’amplitude de polarisation est reliée à l’activité électrolytique par une loi puissance (qui varie avec la
valence de la solution).
· Les paramètres de temps de relaxation dépendent de l’activité électrolytique et de la valence : ils
dépendent de la variation d’épaisseur de la double couche.
· Le pH a peu d’effet sur les paramètres électriques.
· L’amplitude de polarisation et le temps de relaxation augmentent à cause de la précipitation sur la surface
de Fe0.

Slater et al., 2007 Mesures SIP dans des colonnes de sable pendant :
(1) La bio-minéralisation du FeS produite par la bactérie sulfato-réductrice (D. vulgaris) en conditions
Pore-scale spectral induced polarization (SIP) anaérobies ;
signatures associated with FeS biomineral (2) Dissolution des bio-minéraux au moment du retour à la situation aérobie.
transformations
Résultats :
· Les relaxations BF peuvent être modélisées par une formulation Cole-Cole. L’évolution des paramètres
du modèle est en accord avec l’augmentation de la surface spécifique recouverte de FeS et la réduction de

184
la taille des pores avec la croissance des biominéraux.
· La modélisation est aussi en accord avec la diminution de surface recouverte de FeS et l’augmentation de
la taille des pores pendant la dissolution (aérobie).

La méthode SIP donne un diagnostic de l’évolution de la taille des pores.

Slater et al., 2009 Conductivité de volume mesurée sur des colonnes de sol pendant la réduction de sélénite par des bactéries.
Modélisation.
Geoelectrical measurement and modeling of
biogeochemical breakthrough behavior during
microbial activity

Williams et al., 2005 Utilisation de méthodes géophysiques non-invasives pour surveiller la bio-minéralisation à l’échelle du laboratoire
pendant une réduction stimulée des sulfates.
Geophysical Imaging of Stimulated Microbial
Biominéralization Résultats :
· Altérations des sédiments (précipitations de minéraux catalysées par les bactéries) concomitantes avec
des changements de conductivité complexe et de propagation d’ondes sismiques.
· La séquestration de zinc et de fer dans des sulfures insolubles conduit à des variations dans la capacité de
la solution porale à conduire les charges électriques et celle des sédiments à dissiper l’énergie acoustique.
· La SEM et le TEM confirment que les sulfures sont associés à la surface des cellules.
· Les anomalies des données géophysiques reflètent la distribution des précipitations minérales et de la
biomasse en fonction du temps et de l’espace. Les variations temporelles correspondent à des
changements dans l’état d’agrégation des nano cristaux de sulfures.

Wu et al., 2005 Expériences sur colonnes pour étudier l’application de méthodes électriques pour surveiller la précipitation dans
des colonnes de Fe0 en utilisant des solutions de Na2SO4 et Na2CO3.
Effect of Precipitation on Low Frequency Electrical
Properties of Zero valent Iron Columns Résultats :
· Augmentation de la conductivité complexe.

185
· SEM : altération de la surface minérale.
· Augmentation de la surface spécifique des minéraux de fer.

Changements électriques attribués à : (1) conductivité complexe plus importante à cause de l’augmentation de la
surface spécifique et à l’altération minérale et (2) augmentation de la conduction électronique due à
l’augmentation des transferts d’électrons entre l’interface fer-fluide.

Wu et al., 2008 Expériences sur colonnes pour étudier l’effet de la minéralogie sur la réponse électrique résultant de la corrosion
du fer et de la précipitation minérale dans des colonne de Fe0 en utilisant des solutions de (a) Na2SO4 et (b)
A comparison of the low frequency electrical NaHCO3 + CaCl2.
signatures of iron oxide versus calcite precipitation
in granular zero valent iron columns Résultats :
· Contraste des réponses dû aux différences de propriétés électriques des phases minérales formées.
· La précipitation d’oxydes de fer augmente la polarisation et la conductivité dans la colonne de sulfates.
· La précipitation de calcite non-polarisable et non-conductrice diminue ces deux paramètres dans la
colonne de bicarbonates.

Wu et al., 2009 Expériences en colonnes pour étudier la signature électrique résultant des précipitations compétitives de CaCO3 et
des oxydes de fer sous des conditions géochimiques stimulées.
Calcite precipitation dominates the electrical
signatures of zero valent iron columns under Résultats :
simulated field conditions · CaCO3 est une des espèce minérale majoritaire dans les colonnes.
· Diminution de la conductivité et de la polarisation : le caractère isolant de CaCO3 domine la réponse
électrique malgré la présence des oxydes de fer conducteurs.
· Images SEM/EDX : le signal électrique reflète la géométrie des phases minérales. CaCO3 forme des films
isolants sur les surfaces de fer et de magnétite, limitant les transferts d’électrons entre l’électrolyte et les
particules de fer.

B. MATÉRIEL

186
Colonnes Electrodes Schéma du dispositif

dimensions : nombre :
Abdel Aal et al., 2004
L=50 cm ; d=7.6 cm 2+2
matériau : type :
PVC injection : Ag
nombre : mesure : Ag/AgCl
3 colonnes : espacement / localisation:
1 biotique (nutriments + diesel + bactéries) injection : 20 cm d'espacement
1 abiotique (nutriments) mesure : à 6 cm des électrodes d’injection,
nombres de ports pour les mesures : espacées de 8cm
1 pour prélèvement de fluides
circulation des fluides :
pompe péristaltique

dimensions : nombre :
Abdel Aal et al., 2009 2+2
L=10 cm ; d=3.8 cm
type :
matériau :
Ag/AgCl
PVC espacement/localisation :
nombre : injection : 10 cm
6 colonnes remplies avec différents mesure : 3 cm
pourcentages de sable recouvert de fer (0, 20,
40, 60, 80 et 100%)
circulation des fluides :
pompe péristaltique

187
dimensions : nombre :
Abdel Aal et al., 2010a
L=40 cm ; d=3.8cm 2+ 2
matériau : type :
PVC Injection : bobines d’Ag/AgCl
nombre : Mesure: Ag/AgCl,
2+2 espacement / localisation:
2 expérimentales (sable + milieu de culture + dans chambres, en contact avec le sable
bactéries) Injection : 36 cm d'espacement
2 témoins (sable + milieu de culture) Mesure : 33cm d'espacement
circulation des fluides :
pompe péristaltique
dimensions : nombre :
Abdel Aal et al., 2010b
L=12 cm ; d=3.17 cm 2 +2
matériau : type :
Ag/AgCl
PVC
espacement / localisation:
nombre :
dans des chambres remplies d'électrolyte, 6cm
26 colonnes d’espacement
circulation des fluides : injection aux extrémités des colonnes
pompe péristaltique

dimensions : type :
Atekwana et al., 2004 L=80 cm ; d=31 cm
mesure : électrodes d'acier
matériau :
PVC espacement / localisation:
nombre : Wenner, 2 cm d'espacement
2 : polluée et non-polluée, toutes biotiques
zone saturée + zone de transition
+ zone vadose
niveau d'eau à 45-80 cm

188
phase résiduelle de diesel : 0-32 cm
phase libre : 32-45 cm
phase dissoute : sous 45 cm,
dans la zone saturée
dimensions : nombre :
Davis et al., 2006
L=30 cm ; d=3.2 cm 2+2
matériau : type :
PVC injection : Ag/AgCl
nombre : mesure : Ag/AgCl
(2x2) + 1 colonnes : espacement / localisation:
1 duplicat nutriments + fuel injection : 16 cm d'écart
1 duplicat nutriments + fuel + bactéries mesure : 9 cm
1 pour l'analyse en phase solide
nombres de ports pour les mesures :
un réservoir de fluides construit avec un tube
PVC de 7.6cm, installé au-dessus de chaque
colonne pour les prélèvements de fluides
circulation des fluides :
Circulation de fluides pendant 30min avant le
début de l'expérience avec une pompe
péristaltique
injection périodique de solution BH (jours 18
et 31) dans le réservoir pour maintenir le
volume de fluides

189
dimensions : nombre :
Ntarlagiannis et al.,
8+2
2004 L=30.5 cm ; d=5.08cm
type :
nombre :
mesure : Ag-AgCl
3
injection : or
1 : mesures électriques espacement / localisation:
1 : mesures géochimiques mesure : 3.5 cm d'écart, dans des chambres
injection aux extrémités
1 : contrôle (pas de bactéries)
nombres de ports pour les mesures :
colonne géochimie : 7 ports à 3.8 cm d'écart
à partir de la base de la colonne ; la position
des ports coïncide avec la position des
électrodes de la colonne des mesures
électriques
dimensions :
Ntarlagiannis et al., nombre :
L=11 cm ; d=5 cm
2005a 2+2
matériau :
PVC type :
nombre :
injection : acier
2x2 (2 par bactérie)
S.putrefaciens : mesure : Ag/AgCl
1 avec sable d'Ottawa (100% silice) espacement / localisation:
1 avec sable d'Ottawa recouvert de Fe
injection à chaque extrémité
E. coli :
électrodes de mesure placées au bord de la
1 avec sable d'Ottawa (100% silice)
colonne ; 3 cm d'espacement
1 témoin
circulation des fluides :
pompe péristaltique

190
dimensions : nombre :
Ntarlagiannis et al.,
L=30.5 cm ; d=5.08 cm 8+2
2005b
nombre : type :
3 mesure : Ag-AgCl
1 : mesures électriques injection : or
1 : mesures géochimiques espacement / localisation:
1 : contrôle (pas de bactéries) mesure : 3.5 cm d'écart, dans des chambres
nombres de ports pour les mesures : injection aux extrémités
colonne géochimie : 7 ports à 3.8 cm d'écart
à partir de la base de la colonne ; la position
des ports coïncide avec la position des
électrodes de la colonne de mesures
électriques
circulation des fluides :
pompe péristaltique
dimensions :
Ntarlagiannis et al., nombre :
d=5.08 cm
2007
matériau : 4 + 1 de référence
PVC
nombre : type :
4 Ag/AgCl
nombres de ports pour les mesures :
3 espacement / localisation:
circulation des fluides : à l'extérieur des colonnes, dans des chambres
pompe péristaltique remplies de fluide

3 cm d'espacement

191
dimensions : nombre :
Ntarlagiannis et 4+2
Ferguson, 2009 Cf. Personna et al., 2008
type :
nombre :
injection : Ag/AgCl
exp A : biofilm (alginate mix) + paire A
mesure : Ag/AgCl
exp B : biofilm (microbes mix) + paire A
espacement / localisation:
exp C : biofilm (microbes mix) + paire B injection aux extrémités
espacement paire A : 4 cm
espacement paire B : 8 cm

dimensions : nombre :
Personna et al., 2008
6+2
d=3.17 cm ; L=20.3 cm
type :
matériau :
Ag/AgCl
PVC espacement / localisation:
nombre : Mesure dans des ports remplis d'électrolyte,
2 cm d'espacement
2 expérimentales
Injection aux extrémités de la colonne
nombres de ports pour les mesures :

3 pour prélèvement de liquides

1 pour injection de bactéries (au milieu)

et 2 pour sortie des bactéries (aux extrémités)

circulation des fluides :


pompe péristaltique

192
dimensions : nombre :
Slater et al., 2005 2+2
L=14 cm, d=2.5 cm
matériau : type :
PVC Ag/AgCl
nombre : espacement / localisation:
activité de l'électrolyte : 5 colonnes identiques injection aux extrémités
avec des électrolytes différents : NaNO3, mesure : chambres, 4cm
NaCl, Cd(NO3)2, CaCl2 et AlCl3
pH : 5 valeurs de pH (3.0, 5.5, 7.0, 8.5 et
10.5)
variation [Fe0]
dimensions : nombre :
Slater et al., 2007 L=20.3 cm, d=3.17 cm
6+2
nombre :
1, horizontale type :
nombres de ports pour les mesures : Ag/AgCl
3
espacement / localisation:
circulation des fluides :
pompe péristaltique Mesure : dans des chambres
Injection : aux extrémités

193
dimensions : nombre :
Slater et al., 2009 L=30 cm ; d=5 cm 6+2
matériau : type :
PVC
Mesure : Ag/AgCl
nombre :
Injection : Bobines Ag/AgCl
2 colonnes :
espacement / localisation:
1 active (bactéries)
1 contrôle 3 cm
injection aux extrémités
mesures E1-E2, E2-E3, E3-E4, E4-E5 et
E5-E6

dimensions : nombre :
Williams et al., 2005
L=30.5 cm ; d=5.0 cm
8
matériau :
type :
polycarbonate
nombre : Mesure : Ag/AgCl
5 (1=échantillonnage du fluide ; 1=mesure Injection : or
de résistivité complexe ; 1=mesure de la
espacement / localisation:
propagation des ondes acoustiques ;
3.5 cm, tout le long de la colonne et
2=contrôles abiotiques)
électrodes d'injection à chaque extrémité
nombres de ports pour les mesures :
limiter les effets de polarisation : électrodes
plusieurs, situés à 3.8 cm d'intervalle ;
couplées électriquement aux parois de la
analyses à l'entrée et à la sortie
colonne par un gel électrolytique
circulation des fluides :
pompe péristaltique

194
dimensions : type :
Wu et al., 2005 L=16 cm ; d=3 cm injection : acier
matériau : mesure : Ag/AgCl
PVC
nombre :
2 colonnes + 1
(1) 0.01M Na2CO3
(2) 0.01M Na2SO4
(3) contrôle
dimensions : nombre :
Wu et al., 2008 L=25.5 cm ; d=4.8 cm 10+2
matériau :
type :
nombre :
Ag/AgCl
2 colonnes
espacement / localisation:
1.5 cm d'intervalle, avec la première et la
dernière à 6 cm des extrémités, dans des
chambres remplies d'électrolyte
dimensions :
Wu et al., 2009 nombre :
L=25.5 cm ; d=4.8 cm
matériau : 10+2
PVC transparent type :
nombre :
2 colonnes : Ag/AgCl
(1) simulation site de Helena espacement / localisation:
(2) simulation site de KC 1.5 cm d'intervalle, avec la première et la
dernière à 6 cm des extrémités, dans des
chambres remplies d’électrolyte

195
C. CONDITIONS GÉOCHIMIQUES ET BIOLOGIQUES
Bactéries Milieu

réveil des bactéries/croissance préalable : composition et granulométrie du sable :


Abdel Aal et al., 2004 Bactéries cultivées à partir de sédiments pollués au diesel grains fins (0.45-0.65 mm) (Michigan)
(même site que celui des sables) traitement du sable / stérilisation :
stérilisé par autoclavage (3 fois à 120°C pendant 30 min)
polluants / nutriments
diesel dissous (40mL de diesel + 1L d'eau déminéralisée,
mélangé à 23°C pendant 72h, le diesel non dissous a été retiré)
total BTEX dissous = 0.29 mg/L
Solution Bushnell Haas (BH ) à 25%
température
22-25 °C
espèce : composition et granulométrie du sable :
Abdel Aal et al., 2009 Pseudomonas aeruginosa
quartz ± recouvert de fer
réveil des bactéries/croissance préalable :
croissance dans une solution Bushnell Haas à 30%, (0.41 mM traitement du sable / stérilisation :
magnesium sulfate, 0.05 mM calcium chloride, 1.84 mM une fraction du sable a été mélangée à 2M de nitrate ferrique,
monopotassium phosphate, 1.89 mM diammonium hydrogen mélange placé dans un four à 110°C pendant 14h, puis lavé
phosphate, 2.47 mm potassium nitrate, 0.08 mM ferric plusieurs fois avec de l'eau déminéralisée, séchage au four à
chloride) + 30 mM glucose 105°C
colonnes, tubing et accessoires stérilisés avec de l'éthanol
50 ml de cellules incubées pendant 24 – 48 h à 37° C
plusieurs VP d'eau de nappe artificielle passés dans les colonnes
culture centrifugée à 2000 rpm pdt 50 min, suspension retirée
pour que le pH et la conductance de la solution en entrée et en
et cellules lavées avec de l'eau de nappe artificielle, remises
sortie soient les mêmes
en solution dans l'eau de nappe artificielle
débit d'alimentation :
0.5 ml/min
conductivité de la solution :
1000 μS/cm

196
polluants / nutriments
Eau de nappe artificielle (Mills et al. [1994])
KNO3, 0.75 mM;
MgSO4, 7.00 mM;
CaSO4, 5.10 mM;
NaCl, 1.70 mM;
NaHCO3, 7.00 mM.
espèce : composition et granulométrie du sable :
Abdel Aal et al., 2010a Pseudomonas aeruginosa wild type (PAO1 Gfp) Ottawa sands : 500-710 μm
réve l des bactéries/croissance préalable :
99.8% silicon dioxide
culture aérobie à 37°C dans une "batch shake flask"
contenant 25% de solution Bushnell Haas (50 mg/L de sulfate 0.02% iron oxide
de magnesium, 5 mg/L chloride de calcium, 250 mg/L 0.06% aluminium oxide
phosphate de monopotassium, 250 mg/L phosphate d'H
0.01% titanium oxide
diammonium, 250 mg/L de nitrates de potassium, 12.5% de
chloride ferrique) + 30 mM de glucose <0.01% calcium, magnesium, sodium, po assiumm oxides
cellules incubées pendant 24-48h, centrifugées, rincées et porosité : 40.11 ±0.04
remises en sol dans le milieu de croissance (solution BH 25% conductivité : 0.058 ± 0.001 cm/s
+ 30 mM glucose)
9 traitement du sable / stérilisation :
concentration cellules : 0.61 .10 CFU/mL
temps nécessaire pour s'attacher : colonnes + accessoires stérilisés à l'éthanol
sable lavé avec de l'acétate de sodium (pH5) pour enlever les
2 jours
carbonates, puis peroxyde d'hydrogène (6%) pour enlever la
MO, et mélange de citrate de sodium, bicarbonate de sodium et
hydrogénosulfure de sodium pour enlever les oxydes de fer
sable traité lavé plusieurs fois avec de l'eau déionisée, séché au
four à 105°C, autoclavé 3 fois à 120°C pendant 30min
débit d'alimentation :
0.25 mL/min

197
polluants / nutriments
Milieu de croissance = solution BH 25% + 30 mM glucose
pH : 7.01 ± 0.01
conductivité de la solution
0.098 ± 0.003 S/m
espèce : composition et granulométrie du sable :
Abdel Aal et al., 2010b P. aeruginosa wild type (PAO1), PAO1Ǧderived rhlA et pilA 99.8% de silice, 0.02% d'oxyde de fer, 0.06% d'oxyde
mutants. d'aluminium, 0.01% d'oxyde de titanium, <0.01% d'oxyde de
réveil des bactéries/croissance préalable : calcium, <0.01% d'oxyde de magnesium, <0.01% d'oxyde de
croissance à 37°C dans une solution BH à 30% (Bushnell Hass) sodium, <0.01% d'oxyde de potassium.
(50 mg/L magnesium sulfate, 5 mg/L calcium chloride, 250 diamètre des particules = 500 - 710 μm
mg/L monopotassium phosphate, 250 mg/L diammonium porosité = 0.42 ± 0.01
hydrogen hosphate, 250 mg/L potassium nitrate, and 12.5
mg/L ferric chloride) + 30 mmol de glucose utilisation de grains recouverts d'oxyde de fer
Cellules centrifugées (4000 rpm, 50 min) et rincées 2 fois avec traitement du sable / stérilisation :
de l'eau de nappe artificielle stérilisée (similaire à celle de Abdel colonnes + tubing + accessoires stérilisés avec de l'éthanol
Aal et al. [2009]) pour enlever toute trace de la solution BH. Sable préparé avec du péroxyde d'hydrogène (6%) pour enlever
Densité de cellules (vivantes/mortes) la MO, avec de l'acétate de de sodium (pH 5) pour enlever les
2 jeux de 10 flasques contenant les suspensions de cellules carbonates et avec un mélange de citrate de sodium, de
préparées avec 10 densités de cellules différentes : de 0.31 10 9 à bicarbonate de sodium et d'hydrogénosulfure de de sodium pour
5.0.109 CFU (colonyforming units)/ml. enlever les oxydes de fer ; rincé plusieurs fois avec de l'eau
1 des jeu de 10 flasques contient des suspensions de cellules déminéralisée, séché à 105°C, autoclavé 3 fois à 121°C pendant
vivantes et le 2e jeu contient des cellules mortes 30 min
Fixation microbienne Une partie du sable a été couvert d'oxyde de fer (Joshi and
utilisation de la souche sauvage de P. Aeruginosa et des 2 Chaudhuri [1996] et Abdel Aal et al. [2009])
souches mutantes débit d'alimentation :
Expériences avec les flasques avant injection dans les colonnes
Fixation microbienne : 0.5 ml/min
pour déterminer la capacité de fixation de chaque souche
180g de sable (quartz propre) + 100mL de bactéries en polluants / nutriments
suspension dans des flasques de 250mL 30 mmol de glucose
quantité injectée dans la colonne :

198
port d'injection au milieu de la colonne
En utilisant une seringue stérilisée, 1 VP a été extrait de
chaque flasque et injecté dans les colonnes via une valve

espèce : composition et granulométrie du sable :


Atekwana et al., 2004 Principalement Rhodococcus sp. sable (Carson city, Michigan), grains fins à moyens
réveil des bactéries/croissance préalable : majorité de quartz + feldspaths + carbonates
bactéries obtenues à partir de sables contaminés à Carson city échantillons de sédiments de 2.5cm de diamètre (= sable
mis dans un milieu à 25% de BH (Bushnell-Hass) compacté), aux extrémités de la colonne, à 17cm des électrodes
traitement du sable / stérilisation :
sable autoclavé
polluants / nutriments
nutriments = 25% BH
polluants = 4L de diesel
température
23-25°C
espèce : composition et granulométrie du sable :
Davis et al., 2006
souches de Variovorax et Stenotrophomonas sable siliceux (99.8% SiO2, 0.020% oxyde de fer, 0.06% oxyde
réveil des bactéries/croissance préalable : d'aluminium, 0.01% oxyde de titanium, <0.01% oxyde de
culture d'un mélange de bactéries à partir de sédiments collectés calcium, <0.01% oxyde de magnesium, <0.01% oxyde de
sur un site contaminé par des HC, Carson City, MI, USA. sodium, <0.01% oxyde de potassium
temps pour attachement traitement du sable / stérilisation :
30 min? sable lavé avec de l'eau déionisée et désinfecté par autoclavage
colonnes + tubing + accéssoires désinfectés par un rinçage à
l'éthanol 70%
polluants / nutriments
colonnes saturées avec une solution BH stérile à 25% : 50 mg/l
sulfate de Mg, 5 mg/l chloride de Ca, 250 mg/l phosphate
monopotassium, 250 mg/l phosphate diammoniumhydrogen, 250
mg/l nitrate de potassium, 12.5 mg/l chloride ferrique

199
diesel
espèce : composition et granulométrie du sable :
Ntarlagiannis et al., 2004 Desulfovibrio vulgaris silica sand (Ottawa, Il)
quantité injectée dans la colonne : 99.8% quartz
injection des bactéries avec une seringue, au point d'injection au 0.2% magnetite
milieu de la colonne : entre les électrodes 4 et 5 pour la colonne taille des grains : 600µm - 800µm
mesures électriques et proche du port de prélèvement 3 pour la aérobie/anaérobie
colonne géochimie
anaérobie
débit d'alimentation :
50 cm/jour
conductivité
1300µS/cm ±75 µS/cm
polluants / nutriments
2.8mM lactate
4.0mM sulfate
0.31mM soluble zinc
0.36mM soluble iron
espèces : composition et granulométrie du sable :
Ntarlagiannis et al., 2005a Shewanella putrefaciens 200 1 avec sable d'Ottawa (100% silice)
reduction du métal (anaérobie) 1 avec sable d'Ottawa recouvert de Fe (Fe utilisé pour altérer la
Escherichia coli chimie de surface des grains et améliorer les interactions cellule-
minéral (affinité de la bactérie oxyde de Fe)
réveil des bactéries/croissance préalable :
traitement du sable / stérilisation :
cellules maintenues dans du Tryptic Soy Agar
Fe-coating : ajout 10.36 g de Fe(NO3)3 pour tous les 101.16 g de
croissance dans du Tryptic Soy Broth pendant 18h à 32°C avant
sable dans 1L d'eau pure
l'expérience, enlevées du milieu nutritionnel par centrifugation
(8000 rpm, 30min) et rincées 5x avec une sol à 0.001 M NaNO 3 solution titrée avec NaOH (6.0 M) à pH 6
quantité injectée dans la colonne : sable rincé 5x avec de l'eau pure et séché à 60°C
reste des cellules en suspension dans la sol de 0.001 M NaNO 3 colonnes et accessoires stérilisés par un bain acide (10% HNO 3
sans ajout de nutriments, cellules ajoutées à la solution au moins pdt au moins 24h)
toutes les 48h pour être sûr d'avoir des cellules vivantes colonnes saturées par une sol à 0.001 M de NaNO3 (10 VP), puis

200
injection des bactéries
espèce : composition et granulométrie du sable :
Ntarlagiannis et al., 2005b Desulfovibrio vulgaris
silica sand (Ottawa, Il)
réveil des bactéries/croissance préalable :
99.8% quartz
croissance anaérobie dans un milieu Widdel-Pfennig (WP)
centrifugation (5000 g, 10 min, 5°C), lavées 2x dans une sol 0.2% magnetite
tampon stérile 50mM de phosphate (5.62g K2HPO4/L et taille des grains : 600µm - 800µm
2.13g KH2PO4/L, pH 7.0), remises en sol dans une version
traitement du sable / stérilisation :
sans lactate du milieu minimum
sable traité avec une sol de H2O2 pour enlever la MO, mélange
quantité injectée dans la colonne : de citrate de sodium, de bicarbonate de sodium, et
injection des bactéries avec une seringue, au point d'injection d'hydrogénosulfure de sodium utilisé pour enlever les oxydes de
au milieu de la colonne : entre les électrodes 4 et 5 pour la fer, lavé avec de l'eau désionnisée, autoclavé et séché à 105°C
colonne mesures électriques et proche du port de prélèvement Colonnes stérilisées avec de l'oxyde d'éthylène dans un stériliser
3 pour la colonne géochimie à gaz
aérobie/anaérobie
anaérobie
débit d'alimentation :
0.53 m/j.
conductivité
0.1300 S/m (±0.004 S/m).
polluants / nutriments
2.8mM lactate
3.93mM sulfate
0.306mM soluble zinc
0.36mM soluble iron
milieu nutritif de-airé en faisant bouillir puis refroidir dans une
atm de N2

201
espèce : composition et granulométrie du sable :
Ntarlagiannis et al., 2007 S. Oneidensis MR-1 (souche sauvage) et souche mutante sable quartzitique (SiO2 > 99.8%, porosité 37% ± 1%)
réveil des bactéries/croissance préalable : aérobie/anaérobie
cultivées en continu en utilisant un New Brunswick Scientific haut de la colonne perméable à l'air
BioFlo 110 fermentor jusqu'à atteindre un plateau débit d'alimentation :
saturation homogène : pompe au moins 10 VP du milieu inoculé
à travers les colonnes
après inoculation, aucun ajout ou retrait de sol des colonnes
tx de dilution : 0.05/h
pH maintenu à 7
DO à 2% de la saturation en air
polluants / nutriments
injection du milieu nutritif (sans bactéries) pdt 24h pour
permettre aux colonnes d'atteindre un état d'équilibre
[lactate] initiale = 10mM
température
contrôlée, 25°C
espèce : composition et granulométrie du sable :
Ntarlagiannis et Ferguson, 2009 Pseudomonas putida 9816/11 3-mm diameter silica beads (SiLibeads-Type M), porosité 0.38 ±
0.02, densité 2.5 Kg/m3
réveil des bactéries/croissance préalable :
SiO2 (66.7%), Na2O (14%), Ca0 (7.59%), Al2O3 (3.46%), B2O3
culture, croissance dans 100 mL de sol nutritive (Oxoid) à 37°C
(2.9%)
pdt 24h
cellules concentrées par centrifugation (10 000 rpm pdt 15min), biofilm artificiel :
lavées dans ddH2O, recentrifugées, mises en suspension dans 20 après chaque injection d'alginate, la colonne est rincée 10x avec
mL d'eau du robinet de l'eau du robinet
biofilm artificiel = matrice de gel alginate polluants / nutriments
quantité injectée dans la colonne : fluide saturant = eau du robinet
10mL de solution d'alginate avec seringue couverte d'un tubing
50 mmolL-1 CaCl2
en PVC (minimiser les interférences avec les mesures SIP)
espèce : composition et granulométrie du sable :
Personna et al., 2008

202
D. Vulgaris (réduction des sulfates) sable siliceux (99.8% SiO2, d50=0.3 mm, porosité moy = 37.2 ± 1
%)
réveil des bactéries/croissance préalable :
légères tapes pour limiter le tri des grains
capacité de D. Vulgaris à réduire les sulfates et produire
précipitation de sulfures de fer testée en injectant 1 à 2 mL d'une traitement du sable / stérilisation :
solution microbienne dans différents tubes contenant différentes traité pour enlever traces organiques et impuretés de fer en
dilutions (10-100%) d'une version enrichie d'un milieu de utilisant un mélange de citrate de sodium (44 g), de bicarbonate
croissance de sodium (42 g), de dithionite de sodium (20 g), 500 mL d'eau
déionisée et du chloride de sodium (ajouté jusqu'à saturation),
injection des bactéries au jour 5
rincé plusieurs fois avec eau déionisée, séché à 90°C, et autoclavé
temps nécessaire pour s'attacher :
injection de N2 stérile dans les colonnes pour enlever les bulles
flux de solution stoppé pdt 24h pour laisser le tps aux bactéries
d'air
de coloniser le milieu
tous le matériel est stérilisé, et parties PVC des colonnes (pas
autoclavables) stérilisées dans de l'éthanol (>95%)
aérobie/anaérobie
1) anaérobie (atmosphère de 95% de N2 et 5% H2) minéralisation
des sulfures de fer
solution rendue anoxique et stérile :
portée à ébullition puis refroidie avec gaz de N2, et autoclavée
2) aérobie, dissolution des sulfures de fer, ouverture de la
chambre anaérobie à l'air libre (à travers un filtre de 0.45 μm)
débit d'alimentation :
2 VP par jour (40 cm par jour), choisi pour imiter des flux
réalistes dans des aquifères non con olidés
polluants / nutriments
lactate : 4mM
sulfate : 4 mM (80% Na2SO4, 20% MgSO4)
FeSO4 : 125 μM (source de Fe(II))
anaérobie :
lactate = donneur d'e-
sulfate = accepteur d'e-

203
composition et granulométrie du sable :
Slater et al., 2005
sable Ottawa et volumes de Fe0 qui varient entre 0.1% et 100%
porosité : varie entre 0.35 et 0.38, augmente avec la
concentration en Fe0
polluants / nutriments
1L (≈38 VP) de 0.01 M de nitrate de sodium (NaNO3) passé à
travers chaque colonne
espèce : composition et granulométrie du sable :
Slater et al., 2007
Desulfovibrio vulgaris d50=0.3mm
quantité injectée dans la colonne : porosité = 37 ± 1 %
sable quartzitique
injection au milieu de la colonne avec une seringue, jour 5
traitement du sable / stérilisation :
sable traité pour retirer MO et oxydes de fer
aérobie/anaérobie
anaérobie : purge avec N2 pour éliminer les bulles d'air +
chambre anaérobie
retour à l'aérobie pour étudier la dissolution des précipités
(ouverture de la chambre anaérobi ) : exposition à l'air à travers
un filtre de 0.45μm
débit d'alimentation :
2 VP par jour = 0.4 m/jour
polluants / nutriments
lactate
sulfate
fer
minéraux
vitamines
espèce : composition et granulométrie du sable :
Slater et al., 2009 selenium-reducing bacteria Enterobacter cloacae échantillons de sol site pollué par "selenium-laden wastewater"
réveil des bactéries/croissance préalable : (Belews Lake, North Carolina), mélangé avec sable Ottawa

204
culture dans solution minimale (sels minéraux) 20% sol + 80% sable (99.8% qtz, 600-800μm)
porosité = 0.38
débit d'alimentation :
219 mL/jour = 1 VP/jour de solution minimale
polluants / nutriments
1mM selenite ou selenate incubé dans un shaker à 150 rpm à
30°C pdt 72h
température
22 ± 2°C
espèce : composition et granulométrie du sable :
Williams et al., 2005 Desulfovibrio vulgaris (sulfate-reducing) 99.8% quartz + 0.2% magnetite ; diamètre des particules entre
réveil des bactéries/croissance préalable : 600 et 800 μm
élevées dans une version enrichie (x10) de la solution nutritive, volume poral :
centrifugées, rincées 3x, réimplantées dans une solution plus porosité du sable : 0.37 ±0.01
pauvre en lactate volume poral = 229mL ± 6mL
quantité injectée dans la colonne : traitement du sable / stérilisation :
20mL dans chaque colonne avec une seringue, 13-16 cm sous le préparé avec H2O2 et un mélange de citrate de sodium, NaHCO3
sommet et Na2S2O4, pour enlever la MO et les oxydes de fer ; rincé,
temps nécessaire pour s'attacher : autoclavé et séché à 105°
colonnes stérilisées avec oxyde d'éthylène et sable ajouté en
4 jours avant de commencer la circulation de la solution
limitant le triage des grains
aérobie/anaérobie
chambre anaérobie maintenue dans une atmosphère de N2/H2
(95:5)
fluide rendu anoxique :
porté à ébullition, refroidi par vapeur de N2, chauffé et stérilisé
à 121° pendant 15min
débit d'alimentation :
flux continu advectif
1.75 volumes de pore par jour

205
vitesse = 0.53 m/jour
conductivité de la solution :
1300±40 μS/cm, stable pendant la durée de l'exp
Eh :
diminué jusqu'à valeur caractéristique de la réduction des
sulfates (-100mV) en ajoutant un mélange de sodium
thioglycollate et d'acide ascorbique
polluants / nutriments
élimination des bulles d'air : injection N2 stérile dans chaque
colonne, saturées avec 1Ox le VP avec une solution pauvre en
lactate. Concentrations :
lactate : 2.8 mM, SO42- : 3.93 mM, Zn2+ : 306 μM, Fe2+ : 360
μM.
température
contrôlée

Wu et al., 2005 composition et granulométrie du sable :


mélanges sable-Fe0 = 75% Fisher filings (environ 0.4 mm de
diamètre, densité 3.29 g/cm3, surface spécifique 2.84 m2/g)
25% de sable Ottawa (0.6-0.7mm de diamètre, densité 1.75
g/cm3, surface spécifique 0.05m2/g)
aérobie/anaérobie

(1) anaérobie (atm de N2)


(2) aérobie (exposition à l'air)
débit d'alimentation :
0.3 mL/min, équivalent à une vitesse de 0.61 m/jour, 20 V P/jour
et tps de résidence d'environ 180 min

polluants / nutriments

(1) 0.01M Na2CO3 sparged avec N2 (1 h par L de solution)

206
(2) 0.01 M Na2SO4 exposé à l'air
température

21 ± 0.5°C
composition et granulométrie du sable :
Wu et al., 2008 Pristine Peerless iron grains : 2.38–0.30 mm
surface spécifique : 1.5–2.5 m2/g
>90% Fe, 2.5% C, 2.0% Si et traces de Mn et Cr
8.25 premiers et derniers cm de la colonne remplis de sable
Ottawa (0.84–0.60 mm), fer dans les 9cm du milieu
porosité : 42% (1% d'incertitude)
aérobie/anaérobie
sulfate : exposition à l'air
débit d'alimentation :
sulfate : 5 mL/min (37 VP/jour), tps de résidence de 23min
dans la portion fer
colonne bicarbonate : 2 ml/min (15 VP/ jour) tps de résidence
57 min
polluants / nutriments
électrolytes très concentrés (0.05 M) pour forts taux de
réaction et précipitation.
Solution nutritive : (a) 0.05M Na2SO4 (b) 0.049M NaHCO3
plus 0.001 M CaCl2
pH 7.3

composition et granulométrie du sable :


Wu et al., 2009
Fer : Peerless (Detroit, MI) 90% F
composition et granulométrie du sable :
Fer : Peerless (Detroit, MI) 90% Fe, 2.5% C, 2.0% Si avec traces
de Mn et Cr

Les 8.25 premiers et derniers cm de chaque colonne ont

207
été remplis avec du sable Ottawa (pas de carbonates)
9 cm au milieu de la colonne= section Fe0
porosité = 45%
aérobie/anaérobie
anaérobie (injection N2)
débit d'alimentation :
5.3 L/jour (6.5 m/jour) pour Helena
3 L/jour (3.6 m/jour) pour KC
augmentation par rapport aux conditions
réelles pour expérience rapide
polluants / nutriments
eau de nappe d'Helena
en mM :
K2SO4(0.07), Na2SO4 (9),
NaHCO3 (4.4),
CaCl2·2H2O (1.6)
MgCl2·6H2O (0.6)
eau de nappe de KC :
NaHCO3 (5.7), CaCl2 (6.3),
MgCl2·6H2O (0.75),
MnCl2·4H2O (0.12)
Na2SO4 (0.52)
température
25±0.5 °C
pH
Helena : 7.25±0.2
KC : 6.7±0.2

208
D. MESURES RÉALISÉES
Géophysiques Chimiques et Microbiologiques

type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /


Abdel Aal et al., 2004 quand :
IP : phase et amplitude 45mL de fluides prélevés périodiquement + réinjection de
facteur de formation au début et à la fin de l'exp solution dans les colonnes pour maintenir
pas : la saturation
2x par semaine pdt les 20 premières semaines
1x par mois jusqu'à la fin de l'exp croissance de la pop microbienne : MPN (most probable number)
fréquences utilisées :
40 freq entre 0.1 et 1000 Hz conductivité du fluide et pH : microélectrodes
fréquences montrées :
1Hz BTEX : chromato gaz
durée de l'exp :
36 semaines ? nitrate, sulfate, calcium : chromato ionique

DIC : technique de Atekwana et Krishnamurthy, 1998


type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Abdel Aal et al., 2009 IP : |σ| et φ quand :
Mesures OD (optical density) : approximation du nombre de
cellules en sol avec un
pas :
Dilutions + comptage pour déterminer les CFU (colony forming
toutes les 30min unit)

fréquences utilisées : prélèvement de fluides à l'entrée et à la sortie de chaque colonne


0.1–1000 Hz toutes les 30 min
fréquences montrées :
10 Hz (erreur de mesure plus faible) nb de cellules adsorbées sur le minéral = nb de cellules initiales -
durée de l'exp : nb de cellules en solution au tps t

209
210 min?
conductivité du fluide, pH, température mesurés immédiatement
après prélèvement avec des
microélectrodes
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Abdel Aal et al., 2010a conductivité complexe :|σ| et Φ quand :
fréquences utilisées :
0.1-1000 Hz pression (2 capteurs à 33cm d'écart)
durée de l'exp : temperature
32 j? microbial cell counts
fluid conductivity
pH
OD (optical density) pour estimer le nb de cellules en sol ac un
spectrophotomètre (Aquamate, Thermo
Scientific)
flow rate (Q) tous les jours
conductivité hydraulique K, calculée par la loi de Darcy
pore velocity et coeff de dispersion estimés par tracer tests
(phenol red)

prélèvement de fluides tous les jours pdt les 14 premiers jours et


tous les 2-3 jours après

à la fin, triplicat d'échantillon (entrée, milieu, sortie) pour ESEM


(FEI Quanta 600 FEG)
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Abdel Aal et al., 2010b φ et |σ| quand :
fréquences utilisées : microbial cell density :
OD (optical density) : densité de cellules avec un
entre 0.1 et 1000 Hz sur 40 intervalles égaux
spectrophotomèytre à 600nm
précision des mesures (comment est-elle calculée?) :
EC, pH, T et densité pour les 2 jeux de flasques
Avant le début des exp, les 2 jeus de colonnes ont été

210
calibrées pour étudier l'effet du tassement du sable
sur les mesures élec. microbial attachment :
mesures reproductibles à moins de 2% Prélèvement de fluide et de sable tte les 10min pdt la 1ere heure
et tte les 20 min pour les 80 min
durée de l'exp : restantes.
microbial attachment : 140 min comptage de cellules
Echantillons fixés avec du 2.5% glutaraldehyde pour observation
au SEM ( FEI Quanta 600 field emission
gun integrated with electron backscattering diffraction system)
EC, pH, T et comptage de cellules
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Atekwana et al., 2004 quand :
conductivité de volume σb
nombre + structure de la population microbienne sur les
durée de l'exp : échantillons de sable compacté
janv 2002-mai 2003 prélèvement de sable tous les 5cm
nombre de bactéries déterminé par MPN (most probable number)
structure de la population microbienne déterminée par RISA
(ribosomal DNA intergenic space analysis)

75 mL de fluides extraits pour analyses chimiques avec une


seringue avec filtre 0.45μm aux
profondeurs 45, 50, 60 et 65 cm (rubber septum)
diminution du niveau d'eau jusqu'à 55cm => colonnes rechargées
avec la sol 25% BH (niveau à 45cm)
fluctuations d'eau (45-55cm) créent une smear zone

minéralisation du diesel estimée en mesurant le carbone


inorganique dissous (DIC)

mesure du Ca2+ dissous pour déterminer le weathering

211
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Davis et al., 2006 quand :
résistivité complexe :|σ| et φ
Conductivité du fluide (σw) et pH avec des microélectrodes
pas : immédiatement après le prélèvement
2x par semaine de fluides depuis le réservoir
fréquences utilisées :
0.1–1000 Hz prélèvement de sable dans la colonne prévue à cet effet
fréquences montrées : 1er prélèvement au jour 13, juste après le prélèvement des fluides
2 Hz (freq du terrain) extraction des bactéries pour comptage direct
précision des mesures (comment est-elle calculée?) : ESEM pour imager la surface des grains
erreur calculée en moyennant les données électriques rapport cellules mortes / vivantes avec un microscope
pour le duplicat de colonnes et calcul de la déviation épifluorescent
standard de la moyenne
durée de l'exp :
60 jours
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Ntarlagiannis et al., 2004 IP : |σ| et φ quand :
concentrations de sulfate, lactate et acetate par chromatographie
ionique
pas :
Fe et Zn avec ICP-AES
2 à 3 fois par semaine au début, moins après
les échantillons ont été prélevés sur la colonne géochimie (port +
fréquences montrées : sortie) ainsi que sur les colonnes
35 Hz mesure élec et contrôle à la sortie
durée de l'exp : prélèvements 2 à 3 fois par semaine au début de l'exp, moins
48 jours? souvent après
prélèvements / mesures élec sur les 2 colonnes le même jour ou le
jour d'après
à la fin de l'exp, prélèvement de solide pour SEM : densité de
cellules fixées au sediment et
étude de la relation spatiale entre les précipités de sulfures et les
microbes

212
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Ntarlagiannis et al., 2005a quand :
amplitude de l'impédance |σ| et phase Φ
pH, conductivité du fluide σw et la densité de cellules C mesurés à
calcul de σ' et σ" l'entrée et à la sortie
pas : Day 0 : mesures réalisées 3 jours avant l'injection des bactéries
triplicat tous les 1-2 jours
fréquences utilisées : biomasse déterminée en filtrant une quantité de cellules en
40 intervalles entre 0.1 et 1000 Hz suspension à travers des mb de 0.2μm,
précision des mesures (comment est-elle calculée?) : puis en séchant l'échantillon à 60°C et en déterminant le poids sec
Φ = 0.2mrad sous 100 Hz (Slater et Lesmes, 2002) densité de cellules déterminée par spectrophotométrie UV-VIS
reduit à 0.06 mrad à 10 Hz (mesures sur des solutions (ultraviolet-visible)
électrolytiques de σ* connue) en limitant la longueur
des fils, en étudiant les dimensions de la colonne, l'es
pacement des électrodes
durée de l'exp :
21 jours ? (durée max sur graphes)
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Ntarlagiannis et al., 2005b IP : |σ| et φ quand :
concentrations de sulfate, lactate et acetate par chromatographie
pas :
ionique
2 à 3 fois par semaine au début, moins après
Fe et Zn avec ICP-AES
fréquences utilisées :
les échantillons ont été prélevés sur la colonne géochimie (port +
40 intervales entre 0.1 and 1000 Hz sortie) ainsi que sur les colonnes
fréquences montrées : mesure élec et contrôle à la sortie
35 Hz (zone où la polarisation est la plus prononcée prélèvements 2 à 3 fois par semaine au début de l'exp, moins
et montre l'erreur en phase shift la plus faible souvent après
précision des mesures (comment est-elle calculée?) : prélèvements / mesures élec sur les 2 colonnes le même jour ou le
Entre 0.5 and 100 Hz, l'erreur de la mesure est de jour d'après
moins de 0.5 mrad pour la phase et 0.5% pour l'ampli à la fin de l'exp, prélèvement de solide pour SEM (au centre de la
colonne, à 4cm d'intervalle, à 2cm de
tude de la conductivité [Slater and Lesmes, 2002a]
zones de fortes réponse élec) : densité de cellules fixées au
Tests de mesure sur de l'eau comparés à des valeurs

213
théoriques sediment et étude de la relation
Tests supplémentaires pour vérifier que les mesures spatiale entre les précipités de sulfide et les microbes
ne sont pas affectées par la circulation des fluides
dans les colonnes
durée de l'exp :
70 jours
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Ntarlagiannis et al., 2007 mesures SP (plusieurs endroits de la colonne) quand :
DO, pH, agitation, température, sol acide (2M HCl) et sol de base
pas :
(2M NaOH), "antifoam addition" et
ttes les 15min
mélange de gaz (nitrogène vs air) monitorés en continu par AFS-
durée de l'exp : BioCommand Bioprocessing Software
400h en plus du contrôleur BioFlo 110

SEM
grains de sable et bactéries accrochées enlevés des colonnes et
transférées dans une solution fixative
contenant du glutaraldehyde à 2.5%. Les échantillons fixés sont
déshydratés (éthanol) et séchés, recouverts
de carbone évaporé
type :
Ntarlagiannis et Ferguson, 2009 SIP : |σ| et Φ mesurés, σ' et σ" calculés
pas :
en duplicat
fréquences utilisées :
0.01-100 Hz
fréquences montrées :
ttes
précision des mesures (comment est-elle calculée?) :
<0.1mrad (Ntarlagiannis et al., 2005b)

214
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Personna et al., 2008 mesures SIP (Φ et |ρ|), configuration à 4 électrodes quand :
mesures pour 3 paires d'électrodes de mesure : 1-2, extraction par seringues stériles
3-4, 5-6 tous les 1-2 jours après l'inoculation
mesures de potentiel électrodique avec un multimètre Eh, pH, conductivité du fluide, [lactate, sulfate, acetate, sulfide]
bench top conductivity (Orion 135A, 1μS/cm à 200 mS/cm avec
digital à haute impédance
une précision de ± 0.5%)
fréquences utilisées :
pH (Hamilton Slimtrode, 3points de calibration > 99%)
0.1-1000 Hz (40 intervales, échelle log)
Eh (MI-800_413, Eh de la solution standard quinhydrone : ± 20
précision des mesures (comment est-elle calculée?) : mV)
± 3 mV pour electrodic potential (variations max obsvé échantillons fitrés et congelés avant analyses IC (ion chromato)
sur 5 jours pour [lactate, acetate, sulfate], erreur
durée de l'exp : max de ± 3.5 ppm, déviation standard de mesures en triplicat)
1) transition anaérobie t=1-24 jours hydrogen sulfide test kit (HACH model HS-WR), précision de ±
2) phase anaérobie t=25-36 jours 10%,
3) transition aérobie t=37-55 jours
SEM sur EC2 (jour 21, fin de la transition anaérobie)
SEM sur EC1 à la fin de l'exp (jour 55) (energy dispersive X-ray
spectroscopy = EDX)
échantillons immergés tte la nuit dans du glutaraldehyde à 2.5%
et dans une sol tampon de phosphates,
rincés 4h avec la sol tampon, déshydratés (éthanol), séchés à l'air
ambiant
type :
Slater et al., 2005
amplitude de l'impédance et phase
pas :
fait une fois que l'équilibre dans la colonne est
atteint : même conductivité à l'entrée et à la sortie
fréquences utilisées :
40 intervalles, 0.1-1000 Hz
fréquences montrées :

215
1 Hz
précision des mesures (comment est-elle calculée?) :
tests de reproductibilité des résultats : moins de
0.5 mrad pour la phase et 0.5 % pour l'impédance
(Slater et Lesmes, 2002)
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Slater et al., 2007 quand :
|σ| et φ
prélèvements à la seringue à trois endroits le long de la colonne,
pas :
tous les 1-2 jours
aux paires 1-2, 3-4 et 5-6, tous les 1-3 jours
Eh, pH et conductivité (bench-top probes)
fréquences utilisées :
lactate acétate sulfate : chromatographie ionique
40 intervalles, 0.1-1000 Hz
H2S estimé avec un kit (HACH HS-WR) (produit de réaction)
fréquences montrées :
0.1-100 Hz
phase solide analysée à la fin de l'exp : SEM
précision des mesures (comment est-elle calculée?) :
|σ| = moins de 1% et φ = 0.1 mrad sous 100Hz
(Slater et Lesmes, 2002)
durée de l'exp :
55 jours
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Slater et al., 2009 quand :
conductivité de volume
pas : pH et conductivité du fluide avec "benchtop probes) 2x par jour
3-7 fois par jour
durée de l'exp : tous les jours, prélèvement de fluide à l'entrée et à la sortie de la
17j pour colonne active colonne active pour mesure de la
quantité de sélénium dissous avec ICP-OES (Inductively Coupled
10j pour colonne contrôle
Plasma Optical Emission Spectroscopy)
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Williams et al., 2005 conductivité : phase et amplitude quand :
[Zn et Fe] dissous par ICP-AES (inductively coupled plasma
ondes sismiques : vitesse +amplitude
atomic emission spectroscopy)
pas :

216
Mesures entre paire d'électrodes, pour toutes les [Lactate + acétate + sulfate]par IC (gradient elution ion
configurations possibles environ une fois par semaine chromatography)
fréquences utilisées : pH avec des sulfide-tolerant electrod
Concentration planctonique : coloration quantitative
0.1-1000 Hz
vivantes/mortes pour chaque lieu de prélèvement
fréquences montrées :
à 6 moments pendant l'exp (jours 2, 12, 19, 29, 53, 64)
phase en fonction du spectre (0.1-1000 Hz)
Ks(saturated hydraulic conductivity) pour une colonne inoculée
durée de l'exp : et une colonne témoin, 4 fois (jours 0,
78j 17, 20 et 53), constant head gradient method
Après les 78 jours d'exp :
concentration de phase solide de Zn et Fe par l'extraction d'1g
d'échantillon dans 5M d'HCl (collectés à 2
cm d'intervalle de chacune des trois colonne inoculées)
biomasse fixée aux grains par phospholipid fatty acid analysis
sur 5g d'échantillon (collectés à 3.5 cm
d'intervalle des trois colonnes inoculées)
échantillons pour SEM collectés à 4 cm d'intervalle le long de
chaque colonne, immergés pendant une
nuit dans une solution de glutaraldehyde à 2.5%, rinsés 3 fois
dans une sol tampon de phosphates,
deshydratés (éthanol), et séchés
phases solides pour analyse au TEM : immersion de 0.5g de
sédiments dans du glutaraldehyde à 2.5% et
légèrement secoués pour séparer les cellules et les précipités des
grains de sable. Le surnageant est
rincé dans une sol tampon de phosphates, déshydratation
(éthanol), mis sur une résine, échantillons
sectionnés au mirotome (70 nm d’épaisseur)
échantillons SEM etTEM préservés en anaérobie jusqu’à
analyses
type : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Wu et al., 2005 quand :

217
φ et |σ| pH, Eh, et conductivité, DO et concentration de fer dissous :
pas : pH et Eh : Corning 313 pH/temperature meter
tous les jours pendant les 5 premiers jours conductivité : conductivimètre Orion 135A
tous les 2-3 jours après DO : méthode Carmin Indigo
fréquences utilisées :
40 fréquences entre 0.1 et 1000 Hz mesures tous les 2-3 jours
précision des mesures (comment est-elle calculée?) :
Slater et Lesmes 2002 : moins de 0.5 mrad pour la SEM : LEO 1530 VP field emission scanning electron
phase et 0.5% pour l'amplitude de la conductivité microscope with an energy dispersive
durée de l'exp : X-ray (EDX) detector
25 jours ? 5 g d'échantillon provenant de l'entrée de chaque colonne
remarque : valves d'entrée et sortie fermées pour
arrêter la circulation des fluides pour atténuer la XRD : 10 g d'échantillon proches de l'entrée prélevés dans une
différence de pression entre l'entrée et la sortie chambre anaérobie
juste avant les mesures Philips PW3040 powder X-ray diffractometer
fréquences utilisées : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Wu et al., 2008 0.016–1000 Hz. quand :
fréquences montrées : Conductivité, pH, Eh, alcalinité (pour colonne bicarbonate), DO
ttes
précision des mesures (comment est-elle calculée?) : pH (±0.1) et Eh (±0.2 mV) : Oakton ion 510 series meter (Vernon
Hills, IL)
1% pour l'amplitude et 0.2mrad pour la phase

conductivité : Oakton pH/CON 300 Meter (±1%)

DO : méthode indigo carmin (0.4 ppm)

Alcalinité mesurée par titration (MDL=10 ppm)

Mesures tous les jours

218
Prélèvement d'échantillons solides en chambre anaérobie en fin
d'expérience
SEM et mesures de surface spécifique
la surface spécifique de chaque échantillon a été mesurée en
triplicat avec un
"five point Brunauer, Emmett and Teller (BET)"
incertitude sur les mesures : moins de 3%

XRD (X-ray diffractiometry) pour identifier la phase minérale :


Philips PW3040 powder
X-ray diffractometer
fréquences utilisées : paramètres mesurés / volume des échantillons prélevés /
Wu et al., 2009 0.01–1000 Hz quand :
fréquences montrées : Conductivité du f luide(σw), pH, Eh et fer dissous
fréquences utilisées : DO mesuré périodiquement : méthode Carmin Indigo ac tests
commerciaux (CHEMetrics, Calverton, VA)
0.01–1000 Hz
pH (±0.1) et Eh (±0.2 mV ) : Oakton ion 510 series meter
précision des mesures (comment est-elle calculée?) :
(Vernon Hills, IL)
misfit fitting procedure (Versteeg et al., 2006) :
conductivité : Oakton pH/CON 300 Meter (±1%)
1% pour |σ|, 0.2 mrad pour .
fer dissous : méthode de titration 1, 10-phenanthroline
durée de l'exp :
88 jours pour Helena Extraction d'échantillons en chambre anaérobie pour SEM et
80 jours pour KC XRD
précision des mesures (comment est-elle calculée?) :
misfit fitting procedure (Versteeg et al., 2006) :
1% pour |σ|, 0.2 mrad pour ϕ.
durée de l'exp :
88 jours pour Helena
80 jours pour KC

219
ANNEXE 4 : SABLE DE FONTAINEBLEAU (SIBELCO, FRANCE)

221
ANNEXE 5 : MILIEU DE CULTURE DES BACTÉRIES
Pour effectuer les cultures des différents consortia, un milieu minimum a été utilisé. Ce milieu minimum (MM)
a la composition suivante :

MgSO4, 7 H2O à 0,5 g.L-1 ; NH4NO3 à 1,5g.L-1 ; CaCl2, 2 H2O à 0,04 g.L-1, deux solutions d’oligo-éléments* à 1
mL.L-1

* Solution oligo-éléments 1 (conservation à 4°C à l’abri de la lumière) :

CoCl2, 6 H2O à 1 g.L-1, MnSO4, H2O à 1 g.L-1, ZnSO4, 7 H2O à 1 g.L-1, AlCl3, 6 H2 à 0,4 g/L-1, NiCl2, 6 H2O à
0,25 g.L-1, H3BO3 à 0,1 g.L-1, CuSO4, 5 H2O à 0,1 g.L-1 et eau déminéralisée, qsp 1L.

* Solution oligo-éléments 2 (conservation à 4°C et à l’abri de la lumière) :

NaMoO4, 2 H2O à 1 g.L-1, NaWO4, 2 H2O à 1 g.L-1 et eau déminéralisée qsp 1 L.

Ces solutions sont stérilisées par autoclavage à 121 °C pendant 20 min. Après refroidissement, les solutions
suivantes, stérilisées par filtration (0,22 %m), sont ajoutées : une solution de vitamines** (1 mL.L-1) et une
solution de phosphates*** (10 mL.L-1) (tampon pH).

** Solution de vitamines (conservation à -20°C et à l’abri de la lumière) :

Biotine à 200 mg.L-1, Riboflavine à 50 mg.L-1, Acide nicotinamique à 50 mg.L-1, Panthoténate de calcium à 50
mg.L-1, Acide p-aminobenzoïque à 50 mg.L-1, Acide folique à 20 mg.L-1, Thiamine à 15 mg.L-1,
Cyanocobalamine (vitamine B12) à 1,5 mg.L-1, eau déminéralisée.

*** Solution de phosphates : KH2PO4 à 140 g.L-1, K2HPO4 à 170 g.L-1 et eau déminéralisée.

223
ANNEXE 6 : PROTOCOLE D ’UTILISATION DU GDP 32II (24 BITS)
POUR LES MESURES DE LABORATOIRE BIOPHY

A. DESCRIPTION DU GDP-32II ET DE SES ACCESSOIRES


1. GDP 32II

Les Figure 0-1 à Figure 0-3 présentent les différentes parties du GDP 32II :

- L’intérieur du couvercle où l’on peut brancher les canaux 1 à 8,


- Le tableau de bord avec son écran de contrôle,
- Les deux panneaux de côté du GDP : à gauche, le panneau de contrôle (bouton ON/OFF, prise de
connexion Ethernet pour relier l’appareil à un PC, prise du chargeur…) ; à droite, le panneau des
connexions (branchement du câble connexion du couvercle, …)

FIGURE 0-1 : SCHÉMA DESCRIPTIF DES DIFFÉRENTES PARTIES DU GDP 32II.

225
FIGURE 0-2 : SCHÉMA DESCRIPTIF DU COUVERCLE DU GDP 32II.

FIGURE 0-3 : SCHÉMA DESCRIPTIF DU TABLEAU DE BORD DU GDP 32II.

Le GDP 32II du BRGM est un hybride qui contient à la fois des cartes d’acquisition 16 bits (6) et 24 bits (2).
Les cartes d’acquisitions 24 bits permettent l’enregistrement des Time series complètes. Cependant, seulement 2
voies de mesure sont disponibles (voies 7 et 8) et les 6 cartes 16 bits ont été également utilisées (voies 1 à 6) car
elles ont permis de multiplier les mesures simultanées sur les différents couples de mesure disponibles sur les
colonnes BIOPHY.

226
2. LDT-10

Le LDT-10 est l’appareil qui transmet le courant au GDP-32. L’intensité du courant peut être réglée grâce aux
deux curseurs RANGE et FINE ADJUSTMENT. Pour avoir la valeur du courant, l’ordre de grandeur donné par
RANGE en mA est multiplié par le chiffre donné par le curseur FINE ADJUSTMENT (chiffre avant la virgule
sur le cercle et chiffre après la virgule dans la petite fenêtre).

FIGURE 0-4 : PHOTO DU LDT-10.

3. ISO-1B

L’ISO 1B est un amplificateur utilisé pour protéger la voie de courant.

Remarque : l’ISO induit un déphasage : il est nécessaire de l’intégrer dans le circuit de calibration.

B. DÉMARRER L ’APPAREIL
- Appuyer sur le bouton « POWER ON/OFF » sur le panneau de contrôle, sur le côté gauche du
GDP-32 (Figure 0-2)
- Appuyer sur le bouton vert « POWER ON/OFF » sur le tableau de bord, sur le dessus de l’appareil
(Figure 0-3)
- Lorsque l’écran d’accueil est affiché, choisir le mode CR (bouton F3)
- L’écran du mode CR s’affiche alors (Figure 0-5). En utilisant les touches de sélection (« Select
Up » et « Select Down »), on peut faire défiler les différentes options pour chaque paramètre :
o GAIN : AUTO ; OFF ; MAN ; DONE
o NOTCH : OUT ; 50-3 ; 50-359 ; 50-59
o ARRAY : lab ; amt ; cont ; d-d ; p-d ; p-p ; sch ; grd ; d-h
- En utilisant les touches de fonction F1 à F6, on peut atteindre d’autres fonctions :
o ARCHIVE (F1) : permet d’archiver les données acquises dans un fichier .CAC
o CRES (F2) : si on appuie dessus, on atteint le menu RESULT
o RESULT (F2) : affiche les résultats de la dernière mesure et on atteint le menu CHAN
o OPERATION (F3) : menu pour définir les paramètres de l’expérience (TRANSMITTER
SETUP, GDP OPERATOR, SURVEY BY …)

227
FIGURE 0-5 : ECRAN DU MODE CR.

C. CALIBRATION
Il est conseillé de calibrer l’appareil une fois par jour avant de faire des mesures.
- Brancher le GDP-32 comme présenté sur le schéma suivant (Figure 0-6) :

FIGURE 0-6 : SCHÉMA DU DISPOSITIF DE CALIBRATION DU GDP-32.

- Lancer une calibration :


o Allumer le ISO-1B
o Appuyer sur le bouton « CAL/F9 » du GDP-32

228
FIGURE 0-7 : ECRAN DU MODE CALIBRATION

o Choisir la fréquence de début (ex : 1/8Hz), le nombre de cycles pour cette fréquence (8
cycles)
o choisir METH AUTO si l’on veut calibrer l’appareil pour toutes les fréquences depuis la
première choisie jusqu’à 64 Hz, ou 1SHOT pour calibrer pour une seule fréquence

D. MESURES
- Brancher le GDP-32 comme présenté sur le schéma suivant :
- Choisir la fréquence, le nombre de cycles (ex : 8 pour 0.125 Hz), le nombre de stacks (ex : 6)
- Notch OUT
- Gain AUTO
- ARRAY : Lab
- Appuyer sur « Continue » pour lancer la mesure. En bas de l’écran s’affiche « Taking data … ». Quand
c’est affiché « Take data », la mesure est terminée et on peut lancer la suivante.
- En haut à gauche de l’écran, il y a un chiffre qui indique à quelle mesure on est rendu dans la mémoire
du GDP (une fois les données sauvegardées dans un fichier .CAC, le compteur revient à zéro)

Remarque : Réglage de la résistance de shunt


Faire une mesure avec une résistance de shunt (ex : 200 Ω). Regarder si les résistances de la voie de courant et
de la voie de mesure sont du même ordre de grandeur. Sinon, changer la valeur de la résistance de shunt.

229
FIGURE 0-8 : SCHÉMA DE MONTAGE DU GDP POUR EFFECTUER UNE MESURE.

E. SAUVEGARDE DES DONNÉES


- Une fois les données acquises, appuyer sur « ARCHIVE » (F1)
- Le GDP propose un nom de fichier .CAC par défaut que l’on peut modifier en utilisant les flèches et le
clavier à droite de l’écran
- Pour sauvegarder les données dans le fichier, appuyer sur « Continue »
- Sortir du mode archive en appuyant sur « Escape »

F. TRANSFERT DES DONNÉES SUR LE PC


- Quitter le mode CR pour retourner sur l’écran d’accueil en appuyant sur « Exit » (F8)
- Choisir le mode «Net » (F9)
- Relier le PC et le GDP via un câble Ethernet branché sur la prise « PARALLEL » du côté gauche du
GDP
- Appuyer sur « Continue » pour connecter le GDP-32 au PC
- Sur le PC : Démarrer\Ordinateur\Connecter un lecteur réseau : (Z :) \\GDP32SN290
- Aller dans le fichier DATA du GDP et récupérer le ou les fichiers .CAC préalablement sauvegardés.

230
ANNEXE 7 : ELECTRODES DE POTENTIEL CU/CUSO4
A. FABRICATION DE DEUX TYPES D’ÉLECTRODES CU/CUSO4

1. ELECTRODE TYPE TUBE

Elle est fabriquée sur le modèle de Maineult (2004) (Figure 0-1). Elle est constituée :

- d’un tube en plastique (10 cm de long, diamètre intérieur de 5 mm, extérieur de 8 mm),
- d’une solution sursaturée en CuSO4 gélifiée (26 g pour 100 mL) et de gélatine alimentaire (2 feuilles
pour 100 mL). Le gel sert d’électrolyte,
- d’un fil de cuivre (câble coaxial dénudé, fil de cuivre poli au papier de verre pour enlever une
vitrification éventuelle et lavé à l’éthanol + eau),
- d’un filtre (acétate de cellulose ?) entouré d’une pièce cylindrique en plastique noir.

FIGURE 0-1 : A) ELECTRODE CU/CUSO4 DE TYPE TUBE SUR LE MODÈLE DE L’IPGP ; B) ZOOM SUR LE FILTRE EN
BOUT D’ÉLECTRODE ; C) REMPLISSAGE DU FILTRE PAR UNE POMPE À VIDE : L’EXTRÉMITÉ DE L’ÉLECTRODE
EST PLONGÉE DANS LA SOLUTION DE CUSO4 ET LE GEL EST ASPIRÉ À L’INTÉRIEUR DU TUBE ; D) GEL DE CUSO4.

Le filtre ferme une des extrémité de l’électrode. Il est imbibé par la solution de CuSO 4 grâce à une pompe à
vide : l’extrémité de l’électrode avec le filtre est plongée dans la solution de CuSO 4 et le gel est aspiré à
l’intérieur du tube. Le filtre est poreux et assure le contact électrique entre l’électrode et le milieu.

Le tube en plastique est rempli du gel de CuSO4. Il est introduit chaud (50-60°C environ) dans le tube et
l’électrode est laissée à refroidir 12h.

L’autre extrémité est refermée une fois que la solution de CuSO4 est refroidie et qu’il n’y a plus de bulle d’air
(niveau complété si besoin). Le bouchon est constitué de la gaine plastique du câble et de colle (appliquée avec
un pistolet à colle).

2. ELECTRODE TYPE CÔNE


231
Elle est fabriquée sur le même principe que l’électrode de type tube (Figure 0-2) :

- Le tube en plastique est remplacé par un cône de pipette (14 cm de long, diamètre maximum de 11.5
mm, minimum de 1.8 mm).
- On garde le même fil de cuivre.
- Le filtre de nature inconnue est remplacé par un frité Vycor (céramique), maintenu sur le cône par un
tube plastique thermo-rétractable.

FIGURE 0-2 : A) ELECTRODE CU/CUSO4 DE TYPE CÔNE ; B) MISE EN PLACE DU BOUCHON DE L’ÉLECTRODE ; C)
TROIS ÉLECTRODES DANS LE BAIN À ULTRASONS ; D) ZOOM SUR LE FRITÉ VYCOR EN BOUT D’ÉLECTRODE.

Le cône est aussi rempli d’un gel de CuSO4 chaud que l’on laisse refroidir. Il faut faire particulièrement
attention à l’extrémité de l’électrode avec le frité Vycor® : le diamètre étant petit, il y a facilement apparition de
bulles d’air.

L’autre extrémité est refermée par le même type de bouchon (gaine plastique du câble, ruban téflon et colle).

L’électrode est laissée à refroidir, la tête en bas. Le frité n’est pas laissé à l’air libre : l’extrémité de l’électrode
trempe dans une solution de CuSO4.

Après refroidissement, s’il y a des bulles d’air au niveau du frité, les électrodes sont placées dans un bain à
ultrasons, plongées dans une solution de CuSO4. Elles sont chauffées (60°C) et agitées aux ultrasons une
quinzaine de minutes (les bulles d’air remontent sur le haut de l’électrode).

B. TEST DE STABILITÉ DES ÉLECTRODES : MESURE DE DIFFÉRENCE DE


POTENTIEL (DDP)

Une fois les électrodes fabriquées, leur stabilité pour la mesure d’un potentiel électrique a été testée. Pour cela,
la différence de potentiel (ddp) a été mesurée entre les électrodes Cu/CuSO 4 et une électrode de référence.

Les électrodes de référence utilisées ici sont des électrodes au calomel saturé (ECS, Hg 2Cl2/Hg). Le potentiel de
ces électrodes par rapport à ENH est de 241 mV.

L’expérience a été menée dans deux cellules d’électrochimie remplies d’une solution de KCl et contenant
chacune 4 électrodes Cu/CuSO4 du même type et une électrode de référence (Figure 0-3).

Les électrodes sont reliées à une centrale d’acquisition Keithley et des mesures de ddp sont réalisées toutes les
minutes. L’acquisition a eu lieu pendant 30h.

232
Au bout de 24h de mesure, les deux électrodes de référence ECS ont été régénérées. Elles ont été re-remplies
d’une solution de KCl (3M) pour chasser l’air qui était présent.

En fin d’expérience, il a été observé que l’eau de la cellule électrochimique des électrodes tube était troublée par
l’apport de CuSO4. Les électrodes de type tube auraient plus tendance à fuir que les électrodes de types cône.
Cependant, l’apparition de bulles d’air dans les électrodes n’est pas observée, ce qui laisse à penser que les
fuites sont faibles.

FIGURE 0-3 : TEST DE LA STABILITÉ DE DEUX TYPES D’ÉLECTRODES CU/CUSO4 : 4 ÉLECTRODES SONT PLONGÉES
DANS UNE CELLULE ÉLECTROCHIMIQUE REMPLIE D’UNE SOLUTION DE KCL. LA DDP (MV) DE CHACUNE DES
ÉLECTRODE EST MESURÉE PAR RAPPORT À UNE ÉLECTRODES DE RÉFÉRENCE ECS.

La Figure 0-4 montre l’évolution de la ddp en fonction du temps des électrodes de type cône. Les premières
mesures sont très bruitées pour les quatre électrodes testées . Cependant, les électrodes donnent des mesures très
stables une fois que l’électrode de référence a été régénérée au bout de 24h.

Pour les électrodes de type tubes (Figure 0-5), des sauts de la ddp sont observés. Cependant, ces variations sont
les mêmes pour les quatre électrodes, ce qui laisse à penser que le problème vient de l’électrode de référence. En
effet, une fois que l’électrode de référence été a régénérée au bout de 24h, les mesures de ddp sont stables
également.

Conclusion :

Les deux types d’électrodes Cu/CuSO4 mesurent un potentiel de façon stable.

Remarque :

On observe que les électrodes de type tube ont plus tendance à fuir que les électrodes de types cône (l’eau des
cellules d’électrochimie est troublée et légèrement colorée par l’apport de CuSO4).

233
FIGURE 0-4 : EVOLUTION DE LA DIFFÉRENCE DE POTENTIEL DE QUATRE ÉLECTRODES CU/CUSO4 DE TYPE CÔNE
PAR RAPPORT À UNE ÉLECTRODE DE RÉFÉRENCE ECS, DANS UNE SOLUTION DE KCL, AU COURS DU TEMPS. UNE
FOIS L’ÉLECTRODE DE RÉFÉRENCE RÉGÉNÉRÉE (T=24H), LA DDP DES QUATRE ÉLECTRODES CU/CUSO4 EST
STABLE.

FIGURE 0-5 : EVOLUTION DE LA DIFFÉRENCE DE POTENTIEL DE QUATRE ÉLECTRODES CU/CUSO4 DE TYPE TUBE
PAR RAPPORT À UNE ÉLECTRODE DE RÉFÉRENCE ECS, DANS UNE SOLUTION DE KCL, AU COURS DU TEMPS. A
24H, L’ÉLECTRODE DE RÉFÉRENCE A ÉTÉ RÉGÉNÉRÉE CE QUI EXPLIQUE LE « SAUT » DES DDP.

234
C. TEST DES ÉLECTRODES SUR COLONNES D’EAU : MESURES PP
Les électrodes fabriquées doivent être impolarisables, c’est-à-dire que la phase de la résistivité complexe
mesurée doit être nulle dans un milieu non polarisable comme l’eau salée.

Sur les électrodes Cu/CuSO4, la partie métallique de l’électrode (le fil de cuivre), n’est pas en contact direct
avec le milieu, elle est protégée par l’électrolyte (le gel de CuSO4) qui assure le contact électrique entre le
milieu et le métal.

Des mesures de polarisation provoquée (PP) ont été faites sur 6 électrodes de chaque type mises en place sur 2
colonnes (Figure 0-6). Les colonnes ont été remplies d’une solution de KCl. Elles ont été placées dans une étuve
thermostatée à 25°C.

FIGURE 0-6 : ELECTRODES CU/CUSO4 PLACÉES SUR LES COLONNES REMPLIES D’UNE SOLUTION DE KCL : TYPE
CÔNE À GAUCHE, TYPE TUBE À DROITE. INJECTION DE COURANT EN HAUT ET EN BAS DE LA COLONNE
(ÉLECTRODES A ET B) ET MESURE DE POTENTIEL LE LONG DE LA COLONNE (ÉLECTRODES CU/CUSO4, E1 À E6).

Les conductivités de l’eau salée (KCl à 1g/L) mesurées au début de l’expérience sont :

- Pour la colonne des électrodes tubes : σtubes=1666 µS/cm,


- Pour la colonne des électrodes cônes : σcones=2050 µS/cm.

Les mesures ont été réalisées sur plusieurs appareils :

- Le GDP 32 en mode 16 bits et 24 bits (entre 63 mHz et 1.024 kHz) ;


- Les deux Princeton (appareils d’électrochimie) (entre 0,8 mHz et 100kHz).

Les tests sur eau salée ont duré 8 jours (du 28/10/13 au 4/11/13), avec des mesures réalisées les 28/10, 30/10 et
4/11 pour le GDP (couples E1E4, E2E5 et E3E6) et quasiment en continu pour les Princeton 273A (couple
E2E5, un appareil par colonne).

1. COMPARAISON DES DEUX TYPES D’ÉLECTRODES

Sur la Figure 0-7, la phase de la résistivité complexe est présentée en fonction de la fréquence, pour le couple de
mesure E2E5, pour les deux types d’électrodes. Les mesures ont été faites par le GDP 32, en mode 16bits, le
30/10/13 (deux jours après le début de l’immersion des électrodes dans les colonnes).

On peut voir que la phase est proche de 0 mrad pour les fréquences comprises entre 0,3 et 100 Hz. Avant et
après, la phase diverge.
235
L’amplitude de la résistivité complexe est présentée en annexe 2.

FIGURE 0-7 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE D’UNE COLONNE D’EAU SALÉE, MESURÉE PAR LE GDP 32 EN
MODE 16 BITS, POUR LE COUPLE E2E5, SUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE (RONDS PLEINS) ET DE TYPE TUBE
(LOSANGES VIDES). LES BARRES D’ERREUR CORRESPONDENT À UN ÉCART TYPE CALCULÉ SUR 6 MESURES PAR
FRÉQUENCE.

2. INFLUENCE DE LA POSITION DES ÉLECTRODES SUR LA COLONNE

La Figure 0-8 est réalisée à partir des mesures faites sur différents couples de mesure d’électrodes de type cône
(E1E4, E2E5, E3E6, E1E6 et E3E4), le 30/10/13, avec le GDP 32 (16 bits).

On remarque que la position des électrodes de mesure par rapport aux électrodes d’injection a une influence sur
la phase de la résistivité complexe. En effet, lorsque l’une ou les deux électrodes du couple de mesure sont à
proximité des électrodes d’injections (E1E6, E1E4 et E3E6), des fluctuations de la phase sont observées. Elles
ne sont plus présentes lorsque les électrodes de mesures sont assez éloignées des électrodes d’injection (E2E5 et
E3E4).

Ces problèmes ont été identifiés par Zimmermann et al. (2010). L’erreur sur la phase serait causée par une
anisotropie de la distribution du courant dans la colonne. Pour minimiser cette erreur, les auteurs préconisent un
ratio de la distance entre les électrodes de courant et les électrodes de mesure et la largeur de la colonne de 2:1
ou plus (Annexe 8).

236
FIGURE 0-8: PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE SUR DIFFÉRENTS COUPLES D’ÉLECTRODES DE
MESURES, AVEC LE GDP 32 EN MODE 16 BITS, POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE. DES FLUCTUATIONS DE LA
PHASE SONT OBSERVÉES LORSQU’UNE OU LES DEUX ÉLECTRODES DE MESURE SONT TROP PROCHES DES
ÉLECTRODES D’INJECTION.

3. COMPARAISON DES APPAREILS DE MESURE

Si l’on compare les mesures obtenues avec les différents appareils (Figure 0-9Figure 0-10), on remarque que les
mesures effectuées avec le GDP, que ce soit en mode 16 ou 24 bits, sont les plus stables. La phase est proche de
0 mrad entre 0,1 et 100 Hz.

L’appareil PAR 2273 le plus récent (Princeton_new) donne des mesures très correctes également, excepté
autours de 100 Hz où deux pics à +100 et -100 mrad apparaissent pour les électrodes cônes Figure 0-9 et un pic
à -100 mrad pour les tubes (Figure 0-10).

Pour l’ancien Princeton (Princeton_old), il y a un saut des mesures à 10 Hz (problème de l’appareil ?). Mais la
phase reste autour de 0 mrad entre 2 et 100 Hz.

237
FIGURE 0-9 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE AVEC DIFFÉRENTS APPAREILS (GDP 32 EN MODES
16 ET 24 BITS, ET LES DEUX PRINCETON, L’ANCIEN ET LE NOUVEAU) POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE,
POUR LE COUPLE E2E5.

FIGURE 0-10 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE AVEC DIFFÉRENTS APPAREILS (GDP 32 EN MODES
16 ET 24 BITS, ET LES DEUX APPAREILS PAR, L’ANCIEN ET LE NOUVEAU) POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE TUBE,
POUR LE COUPLE E2E5.

238
4. ÉVOLUTION DANS LE TEMPS

Les mesures dans l’eau salée ont été réalisées sur 8 jours, entre le 28/10/13 et le 04/11/13.

a) CONDUCTIVITÉ DU FLUIDE
Des mesures de la conductivité de l’eau ont été réalisées 4 fois au cours de l’expérience pour les deux colonnes
(Tableau 0-1) :

TABLEAU 0-1 : EVOLUTION DE LA CONDUCTIVITÉ DE LA SOLUTION DE KCL DANS LES DEUX COLONNES AU
COURS DU TEMPS.

Date Colonne électrodes tubes Colonne électrodes cônes


Conductivité (µS/cm) Evolution (%) Conductivité (µS/cm) Evolution (%)
28/10 1666 - 2050 -
30/10 1694 1.65 2100 2.38
31/10 1711 2.63 2130 3.75
04/11 1771 5.93 2210 7.24

On remarque que la conductivité a tendance à augmenter au cours du temps. On peut penser à des fuites de
CuSO4 au niveau des électrodes ; et peut être aussi à une évaporation de l’eau (le niveau d’eau dans les colonnes
a diminué de 2 cm environ en 8 jours, sans fuites apparentes). Cela peut être aussi un effet combiné des deux
phénomènes.

b) M ESURES PP
En ce qui concerne les mesures de la résistivité complexe, trois mesures ont été faites avec le GDP sur les trois
couples E1E4, E2E5 et E3E6. Et un suivi toutes les heures a été mis en place sur le couple E2E5 avec les deux
appareils PAR (un appareil par colonne).

Sur les Figure 0-11Figure 0-12 qui présentent les mesures de phase faites avec le GDP sur le couple E2E5, on
peut voir que les mesures effectuées le premier jour sont plus bruitées et moins stables que les deux autres
mesures, 3 et 8 jours après immersion des électrodes dans la colonne.

Les deux dernières séries de mesures effectuées avec le GDP sont stables et la phase est proche de 0 mrad entre
0,3 et 100 Hz pour les deux types d’électrodes.

239
FIGURE 0-11 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE LE 28/10 (JOUR 1 APRÈS IMMERSION), LE 30/10
(JOUR 3) ET LE 4/11 (JOUR 8) AVEC LE GDP EN MODE 16 BITS, POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE, POUR LE
COUPLE E2E5.

FIGURE 0-12 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE LE 28/10 (JOUR 1 APRÈS IMMERSION), LE 30/10
(JOUR 3) ET LE 4/11 (JOUR 8) AVEC LE GDP EN MODE 16 BITS, POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE TUBE, POUR LE
COUPLE E2E5.

240
Pour les mesures effectuées avec les appareils PAR (Figure 0-13Figure 0-14), on observe de nouveau le
problème à 100 Hz avec le nouveau Princeton 2273 (pics de la phase entre +100 et -100 mrad). Et un saut à 10
Hz avec l’ancien Princeton 273A.

Sinon, les mesures sont stables au cours du temps et proches de 0 mrad entre 0,1 et 1000 Hz pour le nouveau
Princeton, et entre 2 et 1000 Hz pour l’ancien.

FIGURE 0-13 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE UNE FOIS PAR JOUR AVEC LES APPAREILS PAR,
POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE TUBE, POUR LE COUPLE E2E5.

241
FIGURE 0-14 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE UNE FOIS PAR JOUR AVEC LES APPAREILS PAR,
POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE, POUR LE COUPLE E2E5.

Conclusion :

On peut supposer que les électrodes nécessitent un temps de stabilisation.

Elles restent stables sur une semaine de mesure au moins dans l’eau.

Remarque :

On observe quelques variations de phase dues aux appareils de mesures avec les appareils PAR (à 100 Hz avec
le nouveau et à 10 Hz avec l’ancien).

242
D. TEST DES ÉLECTRODES SUR COLONNES DE SABLE SATURÉ : MESURES PP
Après les tests dans l’eau salée, les colonnes ont été remplies de sable de Fontainebleau qui a été saturé une
solution de KCl (1g/L). L’expérience a duré 8 jours, du 05/11/13 au 12/11/13.

1. COMPARAISON DES TYPES D’ÉLECTRODES

Si l’on compare les deux types d’électrodes (Figure 0-15), on observe que la phase est nulle entre 0,3 et 70 Hz
pour les électrodes de type cône et entre 0,3 et 100 Hz pour les électrodes de type tubes.

FIGURE 0-15 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE D’UNE COLONNE DE SABLE SATURÉ, MESURÉE PAR LE GDP
32 EN MODE 16 BITS, POUR LE COUPLE E2E5, SUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE (RONDS PLEINS) ET DE TYPE
TUBE (LOSANGES VIDES). LES BARRES D’ERREUR CORRESPONDENT UN ÉCART TYPE CALCULÉ SUR 6 MESURES
PAR FRÉQUENCE.

Conclusion :

Les deux types d’électrodes sont impolarisables en basse fréquence. La phase est nulle sur la gamme de
fréquences entre 0,6 et 70 Hz.

2. INFLUENCE DE LA POSITION DES ÉLECTRODES SUR LA COLONNE

Les fluctuations de la phase de la résistivité complexe observées sur les couples E1E4 et E3E6 sur la colonne
d’eau (Figure 0-8) sont moins prononcées sur la colonne de sable saturé (Figure 0-16).

243
FIGURE 0-16 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE SUR UNE COLONNE DE SABLE SATURÉ, SUR
DIFFÉRENTS COUPLES D’ÉLECTRODES DE MESURES, AVEC LE GDP 32 EN MODE 16 BITS, POUR LES ÉLECTRODES
DE TYPE CÔNE.

3. EVOLUTION DANS LE TEMPS

Les mesures sur sable saturé ont été réalisées sur 8 jours, entre le 05/11/13 et le 12/11/13.

a) C ONDUCTIVITÉ DU FLUIDE
TABLEAU 0-2 : EVOLUTION DE LA CONDUCTIVITÉ DE LA SOLUTION DE KCL DANS LES DEUX COLONNES AU
COURS DU TEMPS.

Date Colonne électrodes tubes Colonne électrodes cônes


Conductivité (µS/cm) Evolution (%) Conductivité (µS/cm) Evolution (%)
05/11 1947 - 1858 -
12/11 1880 -3.5 1931 3.78

Dans le Tableau 0-2, qui présente l’évolution de la conductivité de la solution de KCl dans les deux colonnes au
cours du temps, on observe une légère augmentation de la conductivité du fluide en 8 jours pour la colonne
munie d’électrodes de type « cônes » et une légère diminution pour la colonne munie d’électrodes de type
« tubes ».

b) M ESURES PP
En ce qui concerne les mesures de la résistivité complexe, deux mesures ont été faites avec le GDP sur les trois
couples E1E4, E2E5 et E3E6. Et un suivi toutes les heures a été mis en place sur le couple E2E5 avec les deux
appareils PAR (un appareil par colonne).

Sur les Figure 0-17Figure 0-18, on observe les mesures de phase faites avec le GDP sur le couple E2E5. On peut
voir que les mesures sont stables dès le premier jour. La phase est proche de 0 mrad entre 0,3 et 100 Hz pour les
deux types d’électrodes.

244
Pour les mesures effectuées avec les appareils PAR (Figure 0-19Figure 0-20), on observe de nouveau le
problème à 100 Hz avec le nouvel appareil PAR et un saut à 10 Hz avec l’ancien appareil PAR.

Sinon, les mesures sont assez proches de 0 mrad entre 0.01 et 10 Hz pour le nouvel appareil PAR, et entre 10 et
1000 Hz pour l’ancien.

FIGURE 0-17 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE LE 05/11 (JOUR 1 APRÈS IMMERSION) ET LE 12/11
(JOUR 8) AVEC LE GDP EN MODE 16 BITS, POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE, POUR LE COUPLE E2E5, SUR
UNE COLONNE DE SABLE SATURÉ.

245
FIGURE 0-18 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE LE 05/11 (JOUR 1 APRÈS IMMERSION) ET LE 12/11
(JOUR 8) AVEC LE GDP EN MODE 16 BITS, POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE TUBE, POUR LE COUPLE E2E5, SUR
UNE COLONNE DE SABLE SATURÉ.

FIGURE 0-19 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE UNE FOIS PAR JOUR AVEC LES APPAREILS PAR,
POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE TUBE, POUR LE COUPLE E2E5, POUR UNE COLONNE DE SABLE SATURÉ.

246
FIGURE 0-20 : PHASE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE MESURÉE UNE FOIS PAR JOUR AVEC LES APPAREILS PAR,
POUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE, POUR LE COUPLE E2E5, POUR UNE COLONNE DE SABLE SATURÉ.

Conclusion :

Le GDP donne les mesures les plus stables, entre 0.3 et 70 Hz.

Cependant, les appareils PAR permettent un suivi plus régulier et ils peuvent être utilisés pour voir l’évolution
de la phase au cours du temps (variation relative).

Les deux types d’électrodes sont tout autant impolarisables à basse fréquence.

E. AMPLITUDE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE


La différence d’amplitude est due à la différence de conductivité du fluide.

Pour les colonnes d’eau (Figure 0-21), on a :

- σcônes = 2100 µS/cm (moins résistant)


- σtubes = 1694 µS/cm (plus résistant)

De même pour les colonnes de sable saturé (Figure 0-22) :

- σcônes = 1858 µS/cm (plus résistant)


- σtubes = 1947 µS/cm (moins résistant)

247
FIGURE 0-21 : AMPLITUDE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE D’UNE COLONNE D’EAU SALÉE, MESURÉE PAR LE GDP
32 EN MODE 16 BITS, POUR LE COUPLE E2E5, SUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE (RONDS PLEINS) ET DE TYPE
TUBE (LOSANGES VIDES). LES BARRES D’ERREUR CORRESPONDENT UN ÉCART TYPE CALCULÉ SUR 6 MESURES
PAR FRÉQUENCE.

FIGURE 0-22 : AMPLITUDE DE LA RÉSISTIVITÉ COMPLEXE D’UNE COLONNE DE SABLE SATURÉ, MESURÉE PAR LE
GDP 32 EN MODE 16 BITS, POUR LE COUPLE E2E5, SUR LES ÉLECTRODES DE TYPE CÔNE (RONDS PLEINS) ET DE
TYPE TUBE (LOSANGES VIDES). LES BARRES D’ERREUR CORRESPONDENT UN ÉCART TYPE CALCULÉ SUR 6
MESURES PAR FRÉQUENCE.

248
F. CONCLUSION
Plage de fréquences : de 0,3 Hz à 70Hz

ð Mesures avec le GDP entre 0,125 Hz (harmoniques : 0,125 ; 0,375 ; 0,625) et 64 Hz (harmoniques :
64 ; 192 ; 320).

Couples de mesure : E2E5 et E3E4 ou E1E4, E2E5 et E3E6

Durée de vie des électrodes : au moins 15 jours.

Variante d’électrode : cônes (moins de fuite et filtre connu). Mais les deux variantes d’électrodes Cu/CuSO 4
sont stables.

249
ANNEXE 8 : DIMENSIONS DES COLONNES BIOPHY COMPARÉES AU
PORTE ÉCHANTILLON DÉFINI PAR ZIMMERMANN ET AL . (2010).

Des sources d’erreur sur la mesure de la phase de la résistivité complexe ont été identifiées par Zimmermann et
al. (2010).

Une erreur sur la phase serait causée par une inhomogénéité de la distribution du courant dans la colonne. Pour
minimiser cette erreur, les auteurs préconisent un ratio de la distance entre les électrodes de courant et les
électrodes de mesure et la largeur de la colonne de 2:1 ou plus.

Sur les colonnes, la distance entre A et E1 et entre B et E6 sont les mêmes : dAE1=dBE6=5cm et le diamètre de la
colonne est dcolonne=15cm. D’où le ratio : dAE1/ dcolonne =5/15=0.3 <2.

Pour dAE2=dAE5=11cm et dAE3=dBE4=16cm , on a des ratios : dAE2/ dcolonne = 11/15=0.73 < 2 et dAE3/ dcolonne =
16/15 = 1.07 < 2.

Si aucun des cas de figure ne correspond aux distances idéales, les couples d’électrodes E2E5 et E3E4 sont
moins soumis aux problèmes de répartition de courant, car plus éloignés des électrodes A et B.

Idéalement, le diamètre de la colonne est de 1/6e de la distance entre les électrodes de courant pour minimiser
les effets de polarisation.

dcolonne = 15 cm et dAB = 38 cm, d’où dcolonne / dAB = 0.39 > 1/6 (0.17). On n’est pas non plus dans les meilleures
conditions.

Les électrodes de mesure doivent être positionnées symétriquement, à 33% et 66% de la longueur de la colonne.

Lcolonne=50 cm

Les électrodes de mesures E2E5 et E3E4 sont positionnées symétriquement.

dE2E5 = 16, dE2E5 / Lcolonne = 32%

dE3E4 = 6, dE3E4/ Lcolonne = 10%

Seule la position du couple E2E5 serait correcte pour minimiser les effets de polarisation.

De plus, pour augmenter le rapport signal sur bruit, il faut utiliser de fortes densités de courant (entre 10 -5 A/m2
et 0.2 A/m2).

Scolonne = π7.52 = 177 cm2 avec un courant de 70 µA, 70*10-6/177*10-4 = 0.004 = 4*10-3 A/m2

La densité de courant utilisée est correcte pour un bon rapport signal sur bruit.

E. Zimmermann, A. Kemna, J. Berwix, W. Glaas, H. M. Münch, J. A. Huisman, 2010. High accuracy


impedance spectrometer for measuring sediments with low polarizability.

251
ANNEXE 9 : PROFILS DE DIVERSITÉ DES COLONNES INOCULÉES PAR
MÉTHODE CE-SSCP

A. DESCRIPTION DE LA MÉTHODE
La méthode CE-SSCP (Capillary Electrophoresis – Single Strand Conformation Polymorphism ou
Electrophorèse Capillaire - Polymorphisme de conformation des simples brins d’ADN) est une technique
utilisée en microbiologie pour établir la diversité des communautés de bactéries dans un milieu. Elle est basée
sur le comportement électrophorétique d’un fragment d’ADN simple brin dans un gel et elle se divise en
plusieurs étapes :

· Extraction de l’ADN à partir d’échantillons ;


· Amplification génétique (Polymerase chain reaction, PCR) : amplification spécifique d’un segment
particulier d’ADN ;
· Migration des produits PCR par électrophorèse : séparation de fragments d’ADN sous l’effet d’un
champ électrique

Les profils obtenus permettent de suivre la répartition spatiale de communautés bactériennes : une position de
migration (pic sur le profil) correspond à une certaine conformation de l’ADN, et donc à une souche de
bactéries.

B. APPLICATION AUX COLONNES INOCULÉES BIOPHY C1 ET C2 (MARS


2014)
Les figures Figure 0-1 à Figure 0-3 montrent les profils de biodiversité des colonnes biotiques C1 et C2
démontées fin mars 2014.

Les profils de diversité sont faits ici sur un partie du gène qui code l’ARNr 16S, universel aux bactéries, donc la
communauté totale présente dans les colonnes est ciblée. L’axe des abscisses représente une position de
migration.

Malgré l’inoculation d’une culture de Rhodococcus wratislaviensis, la communauté bactérienne se diversifie


rapidement, dès le mois de janvier, comme le montre la Figure 0-3 pour la colonne C2 (les profils ne sont pas
disponibles à tous les temps de prélèvement pour la colonne C1).

La biodiversité est assez homogène sur la hauteur des colonnes (Figure 0-1), ainsi qu’entre les deux colonnes
(Figure 0-2). Il y a donc des bactéries qui colonisent spontanément le sable stérile introduit dans les colonnes, et
qui sont capables au moins de résister à la pression imposée par la présence de toluène, voire de dégrader ce
composé. Ces bactéries peuvent provenir des colonnes elles-mêmes, qui ne sont pas stérilisées au sens strict
entre deux expériences mais seulement désinfectées. Elles ont pu également s’introduire dans les colonnes au
moment de leur remplissage.

Il y avait également des échantillons des colonnes non inoculées C3 et C4, de novembre 2013. Aucun profil n’a
pu être obtenu pour ces échantillons car la PCR était négative, bien que des bactéries aient été observées en
faible concentration dans ces colonnes. Pour rappel, le développement des bactéries avait été inhibé par des
ajouts de formaldéhyde dans ces colonnes témoins.

253
FIGURE 0-1 : PROFILS CE-SSCP ÉTABLIS POUR LES COLONNES C1 (EN HAUT) ET C2 (EN BAS), À DIFFÉRENTES
HAUTEURS (S1, S2 ET S3), À T FINAL.

FIGURE 0-2 : COMPARAISON DES PROFILS CE-SSCP C1_S1 ET C2_S1 (EN HAUT) ET C1_S2 ET C2_S2 (EN BAS), À T
FINAL.

254
FIGURE 0-3 : EVOLUTION AU COURS DU TEMPS DES PROFILS CE-SSCP DE LA COLONNE C2.

Remarques :

Le profil de R. w. n’est pas connu (pas de données dans la littérature à ce jour). Des analyses SSCP
supplémentaires sur la souche pure de R. w. sont indispensables pour identifier le pic correspondant à
l’inoculum BIOPHY de départ.

La hauteur des pics n’est pas proportionnelle à la souche bactérienne correspondante. Cette méthode ne permet
donc pas de quantifier la proportion de R. w. par rapport aux autres souches de bactéries présentes dans les
colonnes. Elle est proportionnelle à une quantité de gène amplifié.

255
Cécile NOEL

Suivi de la biodégradation des hydrocarbures par le couplage des mesures géophysiques


électriques du sol (polarisation provoquée) et des analyses des gaz (concentration du CO 2
et isotopie du carbone)

La biodégradation stimulée est une méthode de dépollution in situ utilisée pour dégrader des hydrocarbures. Son suivi
se fait actuellement via des forages coûteux et trop peu nombreux. Ce travail de thèse propose d’améliorer le suivi
d’une biodégradation en combinant des méthodes géophysiques électriques (polarisation provoquée) et des analyses
de CO2 (flux en surface et isotopie du carbone). Ces outils ont été testés à l’échelle du laboratoire, puis mis en œuvre
sur un site pilote en cours de dépollution. La dégradation aérobie du toluène en colonnes par une souche bactérienne
connue (Rhodococcus wratislaviensis) a été caractérisée par une production de CO 2, un fractionnement isotopique du
carbone, et par une évolution de la résistivité électrique complexe du milieu poreux, en corrélation avec les analyses
microbiologiques et géochimiques. Ces résultats ont permis de mettre en place un suivi à l’échelle du terrain. Le site
est une station-service où des fuites d’essences et de gasoil ont eu lieu il y a une quinzaine d’années. Une tranchée
apporte de l’oxygène à la nappe pour stimuler les processus bactériens aérobies. Des campagnes géophysiques ainsi
que des analyses de CO2 ont été réalisées à partir de février 2014. Les premiers résultats montrent une zone plus
conductrice et plus chargeable qui correspond à la zone polluée définie par les analyses géochimiques en forages. De
plus, au niveau de cette zone, de fortes émissions de CO 2 ont été mesurées avec une signature isotopique
caractéristique d’une biodégradation d’hydrocarbures. Ces résultats montrent l’intérêt de combiner des méthodes
géophysiques avec des analyses de gaz pour surveiller des zones de biodégradation et, d’ores-et-déjà, permettent de
fournir une méthodologie non destructrice et originale de monitoring in situ.

Mots clés : biodégradation, hydrocarbures, surveillance, polarisation provoquée, fractionnement isotopique du


carbone

Hydrocarbon bioremediation monitoring by combining electrical geophysical


measurements (induced polarization) and gas analyses (CO2 concentration and carbon
isotopic ratio)
Stimulated biodegradation is a depollution technique used to degrade hydrocarbons. Its monitoring is currently done
thanks to very few expensive wells. This PhD research work proposes to improve bioremediation monitoring by
combining geophysical electrical methods (induced polarization) and CO 2 analyses (surface emissions and carbon
isotopic ratio). These tools were tested at laboratory scale and then implemented on a pilot site under
decontamination. Aerobic degradation of toluene in columns by a known bacterial strain (Rhodococcus
wratislaviensis) was characterized by CO2 production, carbon isotopic fractionation and by an evolution of electrical
complex resistivity of porous media, in correlation with microbiological and geochemical analyses. These results
allowed to implement a monitoring at the site scale. The site is a gas station where gasoline and diesel leaked fifteen
years ago. A trench supply oxygen to the water table in order to stimulate aerobic bacterial processes. Geophysical
campaigns and CO2 analyses have been carried out since February 2014. The first results show a more conductive
and chargeable area which corresponds to the contaminated zone defined by geochemical analyses in wells.
Moreover in this area CO2 emissions have been measured with an isotopic signature typical of hydrocarbon
biodegradation. These results show the interest of combining geophysical methods with gas analyses to monitor
biodegradation and they have already allowed to provide a non-destructive and new methodology for in situ
monitoring.

Keywords: biodegradation, hydrocarbons, monitoring, induced polarization, carbon isotopic fractionation

BRGM, 3 avenue Claude Guillemin, BP 36009, 45060 Orléans Cedex 2


LPC2E, 3 avenue de la recherche scientifique, 45071 Orléans Cedex 2

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