Chocs
Chocs
Chocs
Les chocs
Un choc est une interaction très brève entre deux systèmes. Les exemples sont courants tant au niveau
de la vie quotidienne qu’en physique en particulier dans les accélérateurs de particules où, fréquemment, les
particules sont accélérés dans le but de les soumettre à des chocs violents qui permettent de sonder leur structure
par exemple. Dans la vie quotidienne, le billard ou la pétanque en sont des exemples très parlants. Les chocs
s’étudient bien évidemment autant dans le cadre de la Mécanique classique que de la Mécanique relativiste.
D’ailleurs, pour les particules élémentaires utilisées dans les accélérateurs, compte tenu des vitesses atteintes
après accélération, c’est la Mécanique relativiste qui est adaptée. Pour le billard et la pétanque, on peut assez
facilement comprendre que l’on pratiquera la Mécanique classique.
d~p1
= F~1ext + F~1inertie + f~2→1
dt
On peut écrire la même relation pour le système Σ2 :
d~p2
= F~2ext + F~2inertie + f~1→2
dt
On s’intéresse maintenant au système Σ constitué par Σ1 et Σ2 . On obtient alors :
d(~
p1 + ~p2 )
= F~1ext + F~1inertie + F~2ext + F~2inertie + f~2→1 + f~1→2
dt
En vertu du principe des actions réciproques, nous savons que : f~2→1 + f~1→2 = ~0. On obtient alors :
d(~
p1 + p~2 )
= F~1ext + F~1inertie + F~2ext + F~2inertie
dt
À partir de cette équation, nous allons démontrer la première loi fondamentale des chocs. On intègre la loi
précédente sur l’intervalle de temps correspondant au choc :
Z ∆tchoc
∆ (~
p1 + ~p2 ) = F~1ext + F~1inertie + F~2ext + F~2inertie dt
0
On passe à la limite du choc très bref pour ∆tchoc → 0. On a donc :
Z ∆tchoc
∆ (~
p1 + p~2 )choc = lim F~1ext + F~1inertie + F~2ext + F~2inertie dt
∆tchoc →0 0
Il n’y a pas de raison physique pour que les forces figurant dans l’intégrale divergent, on a donc :
Z ∆tchoc
lim F~1ext + F~1inertie + F~2ext + F~2inertie dt = ~0
∆tchoc →0 0
On peut donc énoncer la loi fondamentale des chocs à savoir que la quantité de mouvement du système Σ se
conserve :
∆ (~pΣ )choc = ~0
La démarche que nous venons de voir se prolonge aussi pour le moment des forces et donc on conclure que
le moment de la quantité de mouvement, c’est-à-dire le moment cinétique est constant :
~Σ
∆ L = ~0
choc
~ Σ |avant = L
L ~ Σ |après
Le théorème de l’énergie cinétique pour le système σ fait intervenir la puissance des forces extérieures mais
aussi la puissance des forces intérieures. Pour rappel, cette puissance est non nul lorsque le système Σ se déforme.
On a :
dEc (Σ)
= Pext + Pint avec Pint 6= 0 si Σ déformable
dt
Comme dans le raisonnement sur la contribution des forces extérieures dans la relation de la Dynamique, la
brièveté du choc amène à ne pas prendre en compte de puissance des forces extérieures. Par contre pour les
forces intérieures, même si le choc est bref il peut être suffisant pour que le système Σ se soit déformé entre
t = 0 et t = δtchoc . Il n’est pas possible de ne pas prendre en compte le travail des forces intérieures qui a créé
la déformation. On peut donc rencontrer deux cas de figure. Tout d’abord, celui où il n’y a pas de déformation,
le choc est dit élastique et Wint = 0, il y a conservation de l’énergie cinétique. Si Wint 6= 0, on parle de choc
inélastique. On retiendra :
∆ Ec = 0 choc élastique
∆ Ec 6= 0 choc inélastique
On peut sans doute penser dans un premier temps que Ec, après < Ec, avant . C’est un cas très fréquent mais
ce n’est pas l’unique cas. Une désintégration d’un système peut voir un objet avec aucune énergie cinétique
au départ et avec de l’énergie cinétique après, donc dans un cas où Ec, après > Ec, avant . Cela se produit pour
les particules élémentaires dans les processus de désintégrations radioactives par exemple. Mais, plus souvent à
l’échelle macroscopique, l’explosion d’un système est équivalente à une désintégration sur le plan de la création
d’énergie cinétique. De l’énergie interne stockée dans le système est transformée en énergie cinétique, voir le
schéma de la figure 1. Dans l’exemple de cette figure, on a M V ~ + m~v = ~0 par conservation de la quantité de
mouvement.
Avant ~
V ~v
M +m Ec, avant = 0 Après M m Ec, après > 0
Repos
2.1 La situation
On étudie un choc sur un axe Ox entre une particule de masse m arrivant avec la vitesse ~v0 = v0~ex avec
v0 > 0 sur une particule de masse M au repos. On suppose que l’évolution des particules s’effectue uniquement
sur l’axe Ox. Voir le schéma de la figure 2.
~v0
m M Au repos
x
On note ~v = v~ex et V~ = V ~ex les vitesses de m et de M respectivement après le choc. On raisonnera avec v et
V algébriques.
mv0 = M V + mv
1 mv 2 = 1 M V 2 + 1 mv 2
2 0 2 2
M V 2 = m(v02 − v 2 )
M V = m(v0 − v)
Le rapport de ces dernières équations conduit à V = v0 + v. En utilisant cette relation dans l’expression de la
conservation de la quantité de mouvement, on peut déterminer les expressions des deux vitesses après le choc
en fonction de la vitesse initiale et des masses des deux objets :
m−M
v = m + M v0
2m
V =
v0
m+M
Nous allons analyser l’expression des vitesses obtenues. On peut voir que V > 0 dans tous les cas puisque l’on
avait v0 > 0. On pouvait quand même s’y attendre, on voit mal comment M ne pouvait pas être projetée vers
l’avant. . . En ce qui concerne v, le signe dépend de la comparaison des masses. Si m < M alors la masse m la
plus légère rebrousse chemin. Par contre, si le projectile est plus lourd que l’objet au repos (m > M ) alors les
deux projectiles possèdent une vitesse positive puisque l’on a v > 0 et V > 0 mais V > v puisque 2m > M − m.
La particule au repos part après le choc avec une vitesse plus importante que celle du projectile. La plus légère
est éjectée en quelque sorte.
Il n’est pas impossible qu’il existe des tricheurs à la pétanque comme dans tous les jeux, mais peut-
être un peu plus dans celui-là que dans les autres. . . C’est peut-être une question d’origine géographique, allez
savoir. . . Dans un jeu sans tricheur, les boules sont de même masse. On a donc m = M . On constate qu’après
le choc, les deux boules de pétanque ont échangé leur vitesse puisque V = v0 et v = 0. Si vous n’êtes pas
doué à ce jeu, vous avez peut-être atteint le cochonnet (ou le but, le nom dépend fortement de vos origines
géographiques. . . ). On se retrouve alors avec M ≪ m, le cochonnet est éjecté du jeu comme décrit dans le
paragraphe précédent.
Quand vous lancez un ballon de foot contre un mur, il vous revient. . . Évitez la porte de garage de vos
parents, elle se déforme plus facilement et le choc ne serait plus élastique. Si c’est votre habitude, il faut
vous reporter au prochain paragraphe. C’est un peu pareil si vous envoyez une boule de pétanque contre un
mur. . . Comment peut-on expliquer le constat que tout le monde peut faire ? En fait le mur fixé à la Terre peut-
m
être considéré comme un système de masse M très grande par rapport à la masse du projectile, on a → 0.
M
On peut donc en déduire que les rapports des masses évoluent selon :
m−M 2m
→ −1 et →0
m+M m+M
On peut donc en conclure que :
v ≃ −v0
V ≃0
En conclusion, le mur ne bouge pas et le projectile est renvoyé d’où il vient avec la même vitesse. Le vecteur
vitesse a donc changé de sens. La force moyenne intérieure au système Σ constitué du projectile de masse m
et du mur de masse M ≫ m est évaluable. La force exercée par le mur sur le projectile est responsable de la
variation de quantité de mouvement du projectile. On peut proposer :
On peut transposer ce résultat à un flux de photons qui se réfléchiraient sous incidence normale sur un miroir
h
parfait. La quantité de mouvement des photons est p = si h est la constante de Planck et λ la longueur de
λ
la lumière. Si le mur de masse M joue le rôle du miroir, on aurait :
dN 2h
hF~miroir→photons i = − ~ex
dt λ
dN
où est le nombre de photons qui arrivent sur le miroir par unité de temps. On peut relier ce nombre à la
dt
dN hc
puissance moyenne arrivant sur le miroir en écrivant hPi i = . Pour faire le lien avec le cours d’électroma-
dt λ x
gnétisme, cette puissance correspond au flux du vecteur de Poynting : hPi i = ~ · dS.
hΠi ~ On peut donc écrire
S
que la force exercée par le miroir sur les photons est :
x
!
2
hF~miroir→photons i = − ~ ~
hΠi · dS ~ex
c
S
Par le principe des actions réciproques, l’opposée de cette force correspond à la force exercée par les photons
sur le miroir. On peut signaler comme application la voile solaire qui équipe des satellites artificiels et permet
d’utiliser le Soleil et son rayonnement comme force de propulsion pour diriger le satellite.
1 mv 2 6= 1 M V 2 + 1 mv 2
2 0 2 2
Cette situation pose un problème de nombre d’inconnues. En effet, pour déterminer v et V , il faut deux équations
et il n’y a plus que la conservation de la quantité de mouvement. Il faut avoir des informations sur l’interaction
entre m et M . Ce n’est, en général, pas évident du tout. Il faut donner un modèle de déformation. Souvent, on se
contente d’un constat extérieur comme avec une balle rebondissante qui ne rebondit jamais jusqu’à la hauteur
d’où on l’a lâchée. On peut définir alors un coefficient de restitution de l’énergie cinétique comme le rapport
de l’énergie cinétique finale sur l’énergie cinétique initiale pour les situations où il y a diminution d’énergie
cinétique comme pour la balle précédente. Il arrive aussi que l’on définisse plutôt le coefficient de restitution
pour la norme de la vitesse normale à la surface de contact. Bref, sans apport d’information, on ne peut pas
caractériser l’après-choc. Voici pour terminer un exercice de balle qui rebondit avec perte d’énergie cinétique à
chaque choc.
Rebonds d’une balle
Une balle est lancée sur le sol sur lequel elle rebondit indéfiniment. Du fait des frottements et de la déformation
de la balle, sa vitesse diminue après chaque rebond d’un facteur ηx < 1 en ce qui concerne la vitesse horizontale
et ηy en ce qui concerne la vitesse verticale de la balle juste après le choc. Ainsi, la vitesse verticale de la balle
juste après le (n + 1)ème rebond est liée à celle juste après le nème par vy,n+1 = ηy vy,n (idem selon l’axe Ox).
Dans sa succession de rebonds, la balle franchit une distance totale L∗ , pendant une durée t∗ (ces grandeurs sont
mesurées entre le premier rebond, et le point où le rebond devient imperceptible, le nombre total de rebonds
est pour autant infini. Les rebonds sont représentés sur la figure 3.
rebonds 1 2 3 4 5 x
Figure 3 – Les rebonds d’une balle sur le sol