Berrahal
Berrahal
Berrahal
Ministère de la Santé
ﻭﺯﺍﺭﺓ ﺍﻟﺼﺤﺔ
Institut National
d’Administration Sanitaire ﺍﻟﻤﻌﻬﺩ ﺍﻟﻭﻁﻨﻲ
ﻟﻺﺩﺍﺭﺓ ﺍﻟﺼﺤﻴﺔ
PROMOTION (2010-2012)
Juillet 2012
I
INAS, Rue Lamfadel Cherkaoui, Madinat Al Irfane, Rabat
Veuillez trouvez ici l’expression de notre grande admiration, et notre sincère reconnaissance.
Au Dr A. Essolbi
Vous êtes l’inspirateur de ce travail, vous avez fait preuve d’une patience et d’une gentillesse
sans limites. Qu’il nous soit permis de dire combien notre admiration pour vous est grande et
de vous remercier pour vos conseils judicieux et de l’accueil amical et chaleureux que vous
nous avez toujours réservé.
Vous avez fait preuve de bonne volonté et de beaucoup de sacrifices pour nous assurer un
enseignement précieux et une solide Formation.
Pour vos qualités humaines et votre collaboration soutenue tout au long de notre formation
Que les liens d’amitié et de fraternité tissés entre nous durant ces deux agréables années
soient éternels.
A tous ceux et celles qui ont accepté de répondre au questionnaire et qui ont participé aux
entretiens ;
II
DEDICACES
Aux deux personnes que j'ai tant aimé qu'elles assistent à ma soutenance : les regrettés mon
cher père et ma chère mère : ce mémoire vous est dédié en souvenir de ce que vous avez fait
et de ce que vous avez été pour moi durant votre existence. Que Dieu vous élève au rang de
vos illustres Amis.
A mon épouse Naima pour ton soutien et ta patience inépuisable durant cette formation, que
ce modeste travail, puisse vous exprimer notre profonde affection et notre reconnaissance.
A nos adorables enfants Sara et Walid, pour tous les désagréments que mon absence, durant
cette formation a pu vous causer, je vous présente toutes mes excuses. Que dieu vous bénisse
et qu’il me donne la force de vous assurer une meilleure éducation.
Mes sincères remerciements à tous mes proches et amis, qui m’ont toujours soutenue et
encouragée au cours de la réalisation de ce mémoire.
III
Résumé
Objectifs : L’objectif de cette étude est de décrire les conditions de travail au sein du CHR de
BM et de déterminer leurs répercussions sur l’état de santé et de satisfaction du personnel de
santé de la dite structure.
Méthodes : Cette recherche est, une étude mixte, descriptive et exploratoire. La population de
l’étude a été sélectionnée à travers un échantillonnage aléatoire stratifié. Elle comprend d’une
part les professionnels de santé travaillant dans les services des urgences, de la maternité et de
médecine A, et d’autre part les gestionnaires de la direction régionale de la santé, de la
délégation de la santé, du CHR, le médecin de travail, les majors et chefs de services et les
partenaires sociaux.
Résultats : Les résultats ont montré un vieillissement des professionnels (45% ont plus de 51
ans). La majorité de ces professionnels a la perception de travailler dans des conditions
inacceptables: charge de travail excessive (90,6%) , sous effectif du personnel (92,6%),
matériel souvent en panne (78%), fréquence de violences verbales (65%), rythme de travail
imposé par les usagers (82%), salaire non satisfaisant (87,5%), pas d’information sur la
sécurité et les risques de santé encourue par le travail (89%). L’étude a également montré que
les conditions de travail retentissent sur la santé des professionnels (98% des enquêtés). Ce
retentissement est représenté par le stress, la fatigue, l’insomnie et les troubles musculo-
squelettiques en sont les premières conséquences. 78% des interviewés ne sont pas satisfaits
de leur condition de travail.
Conclusion : Au total, les professionnels du CHR de Béni Mellal, ont une perception négative
sur leurs conditions de travail. Celles-ci influencent négativement leur état de santé et leur
satisfaction au travail.
IV
Table de matières
V
LISTE DES TABLEAUX
Tableau VII : Répartition des professionnels enquêtés en fonction de leurs réponses sur la
Tableau VIII : Répartition des professionnels enquêtés en fonction de leurs réponses sur la
VI
LISTE DES FIGURES
VII
LISTE DES ABREVIATIONS
AT : Accident de travail
BM : Béni Mellal
VIII
1. Introduction
Actuellement, l’hôpital est considéré comme une organisation complexe en pleine évolution
(2). C’est l'un des établissements étatiques les plus tournés vers le public et, de ce fait, exposé
aux problèmes économiques, à l’agitation sociale et aux incertitudes budgétaires. Le
personnel hospitalier exerce dans un environnement marqué par des contraintes budgétaires et
sécuritaires, mais aussi procédurières, avec la nécessité de prendre en compte les droits des
patients et la qualité des soins. Dans ce contexte, les conditions de travail représentent l’une
des grandes préoccupations du personnel hospitalier. Il est en effet clairement établi
aujourd’hui que les conditions de travail retentissent significativement sur la fidélisation, la
motivation ainsi que le bien-être du personnel. L’étude PRESST-NEXT menée en 2003
auprès de dix pays européens, montre que les conditions de travail agissent directement sur la
satisfaction des agents et sur leurs relations professionnelles, éléments fondamentaux de la
qualité de prise en charge des malades. (6, 11, 14, 17, 22, 23). Malgré tout ces constats, il est
cependant, actuellement, souvent rapporté que, au sein de l’hôpital, ces conditions de travail
échappent souvent à la vigilance du manager (15).
Le concept des conditions de travail correspond à des réalités diverses dans le temps et
l’espace : dans un même site, les conditions vécues par l'employé peuvent varier : celles
d’aujourd’hui ne sont pas celles de demain; celles d’ailleurs sont bien différentes des nôtres.
Au-delà de cette diversité situationnelle, les mécanismes de construction de cette réalité
montrent que les conditions de travail sont le résultat d’une acceptation sociale plus ou moins
grande de la souffrance au travail (2, 23).
Les conditions de travail retenues dans la littérature désignent d'une manière générale
l'environnement dans lequel les employés vivent sur leur lieu de travail. Cet environnement
comporte entre autre l’ambiance du travail, la santé et la sécurité au travail, les relations
interhumaines, le temps de travail et la reconnaissance et le soutien au travail (24, 25).
Les conditions de travail influencent fortement la santé et la satisfaction des salariés, et ainsi
retentissent sur la qualité de leurs prestations. (14, 21). L’amélioration de ces conditions
constitue un avantage aussi bien social qu’économique, un garant pour plus de rationalité, de
performance et de qualité, et par conséquent un levier puissant pour relever les multiples défis
auxquels l’hôpital doit faire face : transition démographique et épidémiologique, mutations
sociales et institutionnelles, pénurie en ressources humaines. (5, 14, 18).
1
Au CHR de Béni Mellal, comme partout à travers le royaume, les conditions de travail font,
de plus en plus, l’objet de revendications importantes, aussi bien par le personnel de santé que
par les représentants syndicaux. Ces derniers déplorent le manque de communication avec la
hiérarchie et différents autres éléments en rapport avec leur environnement de travail, qui
exacerbent encore leurs tensions.
Une étude menée en 2004 au CHR de B M, par H. Belarif avait montré, que 65% des
infirmiers souffraient de stress, le facteur principal étant les mauvaises conditions de travail
dans 99% des cas (4). Aujourd’hui encore, cet aspect continue à alimenter les revendications
des partenaires sociaux et des usagers des services.
La présente étude s’inscrit dans ce contexte. Elle se propose de décrire les conditions de
travail au CHR de Béni Mellal, leurs répercussions sur la satisfaction et l’état de santé du
personnel hospitalier, et de faire des propositions d’amélioration.
2. Méthode
Cette recherche est une étude descriptive et exploratoire, menée au CHR de BM entre Fin
décembre 2011 et début juin 2012. La population cible est représentée par le personnel de
santé du CHR de Béni Mellal et les gestionnaires régionaux, provinciaux, hospitaliers, les
responsables des services hospitaliers, le médecin de travail et les partenaires sociaux.
La sélection des variables à inclure dans l’étude a tenu compte des résultats de la revue de
littérature. Nous avons ainsi déterminé des variables indépendantes rassemblées en 5
domaines regroupant chacune plusieurs questions (Ambiance du travail, santé et sécurité au
travail, reconnaissance et soutien au travail, temps du travail, relation avec la hiérarchie, les
collègues et le public) et des variables dépendantes rassemblées en deux domaines regroupant
2
chacune plusieurs questions (Influence des conditions de travail sur la satisfaction et l’état de
santé des professionnels de santé).
Pour la collecte de données nous avons utilisé deux principaux outils, l’un d’ordre quantitatif :
le questionnaire et l’autre qualitatif : l’entretien.
Le questionnaire a été élaboré en s’inspirant de la littérature (5, 17, 18, 27, 30, 31), Il
comporte 3 parties : la première a exploré les 5 domaines des conditions de travail, la
deuxième a étudié l’influence des conditions de travail sur la santé et la satisfaction du
personnel concerné et la troisième est réservée aux informations administratives et
personnelles de l’intéressé. La faisabilité, la pertinence et la compréhension du questionnaire
ont été pré-testées auprès de 25 personnes du CHR Mohamed V de SAFI. Plusieurs questions
ont pu ainsi être améliorées.
L’entretien a été choisi pour compléter l’enquête par questionnaire en recueillant les
impressions des gestionnaires de l’hôpital et des chefs des services concernés. Les entretiens
ont eu lieux durant le temps où le responsable était disponible pour ne pas perturber ses
activités administratives. Chaque interviewé a été rencontré individuellement dans son bureau
en l’absence de tiers personnes et pour des raisons d’éthique, l’autorisation d’enregistrement a
été préalablement demandée auprès des intéressés.
Les données quantitatives ont été saisies et traitées à partir du logiciel Epi Info version 2000.
A cet effet, nous avons procédé à une description de la population enquêtée à travers la
détermination selon le type de variables des fréquences et des moyennes.
Les données qualitatives ont été transcrites puis synthétisées. Ensuite, les informations ont été
regroupées selon des thèmes définis à partir du cadre d’analyse. Les contenus des discours ont
été analysés en examinant la concordance ou la discordance des informations à l’intérieur des
thèmes et entre les thèmes.
3
3. Planification opérationnelle
1. Déroulement de l’enquête
Avec l’appui du délégué de la santé à la province de Béni Mellal, ainsi que du directeur du
CHR, nous avons tout d’abord arrêté par tirage au sort la liste des trois services à inclure dans
l’étude. Après avoir présenté aux médecins-chefs des services concernés l’objectif de
l’enquête et obtenu leur adhésion, nous avons organisé, par groupes restreints, des rencontres
de sensibilisation, puis d’accompagnement, auprès des professionnels de soins, afin de
permettre une meilleure compréhension des thèmes abordés et de garantir un taux de
participation satisfaisant.
1.1 L’entretien
Nous avons effectué, sur rendez-vous convenu à l’avance, des entretiens semi-structurés
auprès de 18 responsables impliqués dans la gestion des services de santé et des ressources
humaines. La durée moyenne des entretiens a varié de 20 à 30 minutes. Quatre se sont
déroulés en dehors de l’hôpital pour des raisons de disponibilité des personnes interviewées.
1.2 Le questionnaire
La collecte des données a duré vingt jours (du 11 au 30 avril 2012), au terme desquels le taux
de participation a atteint 98,5%. Parmi les 66 questionnaires retournés, deux se sont
néanmoins révélés inexploitables, ce qui a ramené le nombre de questionnaires valides à 64.
4. Résultats
4
professionnels enquêtés sont âgés de plus de 51ans, 59% font parti du cadre infirmier. 85,8%
des médecins ont un âge compris entre 31 et 50 ans, et 14,2 % ont plus de 51 ans. 71,5 % du
personnel administratif sont âgés de 31 à 50 ans et 14,3 % sont âgés de plus de 51 ans (Tab.
III). A partir de 41 ans, la population d’étude est à prédominance masculine, en dessous de 41
ans, la prédominance est féminine (Figure 3). Les mariés dans la population étudiée
représentent 82,5 % et les célibataires représentent 17,5 %, avec un ratio d’un célibataire pour
4,7 mariés (Tableau IV). 70 % des enquêtés ont une ancienneté de plus de 10 ans dans leurs
postes actuel, 19 % ont une ancienneté de 5 à 10 ans et 11 % ont moins de 5ans dans le poste
qu’ils occupent (Fig. 4). Concernant l’ancienneté dans le travail au CHR, 64 % des sondés
travaillent depuis plus de 16 ans à l’hôpital, et 03,1 % ont moins d’un an mais plus de six
mois (Fig.5). Plus de la moitié de la population étudiée (51,6%), a travaillé pendant plus de 21
ans dans les services de la santé, 32,8% ont travaillé entre 11 et 20 ans et 11,6% ont travaillé
entre 1 an et 10 ans (Fig.6).
89% des enquêtés attestent qu’ils effectuent des déplacements longs et fréquents au cours de
leur travail. La charge quotidienne de travail n’est pas acceptable pour 90% des sondés, alors
que 92% soulignent l’insuffisance de l’effectif du personnel au niveau des services.
L’existence d’inconvénients dans les locaux de travail tels que saletés, mauvaises odeurs,
5
absence ou mauvais état des locaux sanitaires a été rapporté par 78% des répondants.
L’aération et l’éclairage des lieux de travail ne sont pas satisfaisants pour 81% des
professionnels enquêtés. 78% des professionnels estiment que le matériel médico-technique
n’est pas adéquat et parfois non disponible aux services. Concernant la possibilité de faire le
même travail jusqu'à l’âge de 60 ans, 75% du personnel attestent qu’ils ne s’y sentent pas
capables. Quand aux risques des agressions par les usagers et les accompagnateurs, plus de
65% des répondants, disent qu’ils sont exposés à des agressions verbales et 25 % à des
agressions physiques au cours de leur travail (Tab. V).
Il apparait d’après les résultats que 60,9% du personnel enquêté attestent que la hiérarchie ne
facilite pas les relations au travail, alors que 31% pensent le contraire, au moment où 7,8% ne
se sont pas prononcés. Nous remarquons aussi que 60,9% des répondants pensent que la
hiérarchie de l’établissement n’est pas attentive à leurs besoins alors que 28,2% pensent le
contraire et 10,9% sont sans avis. Concernant les difficultés rencontrées au cours du travail,
89% des professionnels enquêtés préfèrent en discuter avec leurs collègues, alors que 57,8%
6
des répondants ne préfèrent pas en parler avec la hiérarchie. A la question : «avez-vous en
général des informations claires et suffisantes, pour effectuer correctement votre travail? »
Plus de 85% ont répondu négativement, contre 14% qui ont affirmé avoir des informations
claires pour effectuer leur travail. 79,7% des enquêtés ont affirmé que leurs services ne
disposaient pas des moyens matériels adaptés et suffisants pour répondre aux besoins des
usagers de service, contre 20,3% qui ont trouvé que le matériel est disponible. Les
professionnels enquêtés attestent dans 85,9% être en contact direct avec le public. 81% des
répondants pensent, que la direction n’accorde pas de l’importance à la formation continue du
personnel du CHR, 14% trouvent que la hiérarchie s’intéresse à la formation continue, et 4%
sont sans avis (Tab. VI).
Au CHR de BM, 72% du personnel enquêté affirment qu’ils travaillent en équipes (travail
posté), 71,8% travaillent occasionnellement la nuit, et environ 67% travaillent le Samedi et /
ou le dimanche et parfois les jours fériés. Le travail supplémentaire sans compensation a été
rapporté par 71% des professionnels alors que 28,6% travaillent la durée réglementaire.
Concernant les astreintes, 27% des personnes enquêtées ont rapporté qu’elles effectuent des
astreintes dans le cadre de leur travail. 82,5% des répondants attestent que leur rythme de
travail est imposé par les usagers de service et leurs accompagnateurs. Plus de 93% des
7
enquêtés affirment devoir se dépêcher pour faire leur travail, et 32% déclarent qu’ils doivent
interrompre une tache pour faire une autre (Tab. VII).
40,6% des enquêtés estiment qu’ils bénéficient du respect de leur hiérarchie, mais 53%
signalent ne pas bénéficier des encouragements de la hiérarchie après un travail bien fait.
Quand au soutien dans les situations difficiles, plus de 76% des professionnels déclarent ne
recevoir aucun soutien. De même, plus de 54% du personnel affirment être traités injustement
dans leurs services (Tab. VIII). Concernant les perspectives de promotion, 65% des
répondants n’en sont pas satisfaits, et 87% attestent que leur salaire n’est pas satisfaisant.
Quand à l’appréciation du travail produit par le personnel de l’établissement, 50% des
professionnels estiment qu’il n’est pas reconnu à sa juste valeur ni par la hiérarchie ni par les
usagers de services, alors que plus des deux tiers des répondants soit 68,8%, estiment que leur
travail est bien apprécié par les collègues (Tab. VIII).
8
Questions Oui Non NSP
% % %
Information du personnel sur la sécurité et les risques de santé au travail 10,9 89,1
formation du personnel sur la sécurité par l’hôpital 04,7 95,3
comité d’Hygiène Sécurité et conditions de travail et médecin de travail 18,8 64,1 17,2
de l’établissement
Antécédents d’accident de travail 56,3 43,8 --
Accident de travail ayant nécessité un arrêt de travail 44,4 55,6 --
Signalement de l’accident de travail à l’organisation 27,8 68,2 --
Reconnaissance et indemnisation de l’AT 2,8 5,6 14
Tableau IX : Répartition des professionnels enquêtés en fonction de leurs réponses sur la SST
Globalement 89% du personnel estiment qu’ils n’ont pas reçu d’information sur la sécurité et
les risques de santé encourus par le travail, et 95% n’ont jamais bénéficié de formation sur la
sécurité à l’hôpital. De même 64,1% des enquêtés notent l’absence d’un médecin de travail et
de l’unité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail. Quand aux accidents de travail,
56,3% des répondants attestent avoir eu au moins un accident de travail, et 44,4% des
professionnels rapportent que leur accident de travail a nécessité un arrêt de travail. 27,8% des
répondants ont déclaré officiellement leur accident de travail à l’administration et seul 2,8%
des professionnels attestent que leur accident a été reconnu et indemnisé (Tab. IX).
L’état de santé actuel des professionnels enquêtés est jugé moyen chez 39,7% d’entre eux,
bon chez 36,5%, et très bon chez 3,2%, alors que plus de 12% des répondants attestent que
leur état de santé est mauvais et chez plus de 7 % il est très mauvais (Fig. 7). Quand à l’avis
des enquêtés sur l’existence d’une influence des conditions de travail sur leur état de santé,
98% des enquêtées l’ont affirmé, et un seul répondant pensait que les conditions de travail
n’ont pas d’influence sur la santé (Fig. 8). En effet les enquêtés rattachent le stress, l’anxiété,
la fatigue, l’insomnie, l’irritabilité, les maux de tête, des genoux, du dos, des muscles des MS
et des MI à leurs conditions de travail. Cependant ils écartent la liaison des problèmes de
l’estomac, de la vision, de l’audition, de la peau et de la respiration avec les conditions de
travail Fig. 9, Tab. X).
9
4.1.8 Influence des conditions de travail sur la satisfaction des professionnels de santé
29 professionnels enquêtés (45,3%), sont très insatisfaits des conditions de travail au CHR de
Béni Mellal et 21 sont insatisfaits (32,8%), les ni satisfaits ni insatisfaits représentent 17,2 %,
alors que les satisfaits ne dépassent pas 3 sur 64 (4,7%) (Fig. 10, Tab. XI). Concernant la
satisfaction des personnels du CHR par leurs relations avec les supérieurs hiérarchiques, plus
de 30 % en sont satisfaits et 26,6 % ne sont ni satisfaits ni insatisfaits. Les insatisfaits et très
insatisfaits par cette relation représentent respectivement 20 % et 22% (Fig. 11, Tab. XI).
Quand à la relation avec les collègues, la majorité des répondants 37 (58%) en sont satisfaits
et 7 (11%) en sont très satisfaits, contre 3 (4,7%) qui en sont insatisfaits et 01 très insatisfait.
Ceux qui ne sont ni satisfaits ni insatisfaits sont au nombre de 16 soit 25% (Fig.12).
Concernant la relation avec les usagers de service 44,4% des répondants en sont satisfaits et
3,2% en sont même très satisfaits, contre 20,6% des insatisfaits et 07% de très insatisfaits. Un
cinquième des enquêtés ne sont ni satisfaits ni insatisfaits de cette relation (Fig. 13).
Concernant les possibilités d’avancement des professionnels, les enquêtés ont des avis
partagés, il y a autant de satisfaits que d’insatisfaits (29,7%). Les très insatisfaits représentent
17,6% et les très satisfaits 3,1% (Fig.14). Pour la possibilité de faire des choses différentes de
temps à autres, les avis sont partagés entre un tiers des répondants qui ne sont ni satisfaits ni
insatisfaits, Un tiers des satisfaits et l’autre tiers est représenté par les insatisfaits (Fig. 15).
Quand à la possibilité de faire des choses non contraire à la conscience, les répondants
s’estiment être satisfaits dans 40% des cas, insatisfaits dans 24% des cas, alors que les ni
satisfaits ni insatisfaits représentent 36% (Fig.16, Tab. XI). La question de la stabilité de
l’emploi, satisfait plus du tiers des enquêtés (39,5%), et insatisfait 29,7% des enquêtés, les ni
satisfaits ni insatisfaits représentent le un cinquième des répondants (Fig.17). Globalement
33,4% des personnels enquêtés rapportent qu’ils sont insatisfaits et 34,9% sont très insatisfaits
de la manière dont sont appliquées les règles et les procédures internes de l'établissement, les
ni satisfaits ni insatisfaits représentent environ le un quart des répondants (Fig.18). La
satisfaction du personnel par leur salaire a été rapportée par 6,3% des sondés, 53,1% des
enquêtés en sont insatisfaits, et 29,7% en sont très insatisfaits (Fig.19). Pour la possibilité de
prendre des initiatives dans le travail, il y a autant de personnel enquêté satisfaits que de
personnel insatisfaits. Les professionnels qui n’en sont ni satisfaits ni insatisfaits représentent
environ le un quart de la population d’étude (Fig. 20, Tab. XI). Concernant la satisfaction des
professionnels à l’égard du sentiment d’accomplissement au travail, 37,5% des répondants
10
sont satisfaits, 34,5% sont insatisfaits et 28% ne sont ni satisfaits ni insatisfaits (Fig. 21,
Tab.XI).
Le concept des conditions de travail des professionnels de santé a été bien défini par
l’ensemble des interviewés. Ils ont manifesté un grand intérêt à participer et à suivre cette
étude, pour pouvoir cibler les actions à entreprendre, afin d’améliorer les conditions de travail
au CHR et répondre aux attentes des professionnels dans la mesure du possible.
16 interviewés ont rapportés que les conditions de travail au CHR de BM sont très difficiles.
Les 2 autres, représentent la direction du CHR ; ont ajoutés qu’elles sont difficiles, mais
qu’elles restent meilleures par rapport à d’autres hôpitaux et même par rapport à certaines
cliniques privées. Ils ont aussi précisés que les professionnels de la santé sont devenus très
exigeants « un professionnel nous a demandé que pour faire correctement, son travail il lui
faut une secrétaire au service, pour remplir les ordonnances, les papiers administratifs et les
imprimés d’hospitalisation».
Les interviewés ont affirmé l’existence d’un dysfonctionnement dans l’organisation des soins,
dans l’accueil et l’orientation des usagers vers les services hospitaliers. Ils ont signalé que la
charge de travail est devenue insupportable surtout avec le manque accru en personnel au
niveau de tous les services du CHR. Concernant les locaux, l’ensemble des interviewés ont
attesté que, globalement, ils sont convenables; leurs aération et éclairage sont satisfaisants et
le matériel qu’il soit médico-technique ou bureautique est disponible. Cependant 9
interviewés, ont précisé que les locaux de certains services (maternité) sont vétustes et
présentent des odeurs nauséabondes, des saletés et des bruits causés par le tapage des portes
des services, les vas et viens et les cris des patientes. Ces locaux nécessitent un
réaménagement, voire même une reconstruction. Quand à la qualité de l’éclairage durant la
nuit, elle ne permet pas une bonne vision. Un interviewé a ainsi déclaré à ce propos: « en plus
de la charge de mon travail, je dois aussi vérifier si les ampoules sont fonctionnelles ou non.
Ce n’est pas mon affaire, c’est celle de l’équipe d’entretien qui doit faire son travail ». Un
interviewé a rétorqué : « A ouah, y a–t-il un hôpital qui fonctionne depuis 1939?, même si on
le maquille, la vétusté des locaux se sentira toujours ».
11
Les pannes de l’ascenseur ont été signalé 11 fois par les interviewés, alors que pour le
matériel médico-techniques bien qu’il soit disponible, plusieurs appareils connaissent des
pannes itératives. Un interviewé a ainsi souligné : « pour ne donner que l’exemple de la plus
récente panne du seul automate du CHR qui fait la NFS, qui est hors usage depuis
pratiquement plus de trois mois, comment voulez-vous hospitaliser un Ramédiste et lui
demander de faire la NFS au privé, alors que sa prise en charge à l’hôpital est sensée être
totale. De telle demandes sont à l’origine de certaines formes de violences de la part des
familles des malades hospitalisés ». 3 interviewés ont signalé que la fréquence des pannes
reste cependant acceptable. Des contrats de maintenances et d’entretien, existent et il suffit
d’aviser la société pour obtenir les réparations. 2 Interviewés ont rapporté que, d’après
quelques sociétés de maintenance, certaines pannes du matériel médico-technique sont
provoquées volontairement par certains utilisateurs : « lors de la vérification et contrôle du
matériel en panne, le technicien détecte dés fois un fil coupé ou un fusible retiré de sa
place…. Dans le but d’arrêter volontairement l’appareil… »
11 interviewés ont rapporté que la hiérarchie ne facilite pas les relations au travail. 3
personnes ont confirmé que le personnel n’est pas impliqué dans les réunions et ne se sent
pas de ce fait, concerné par ce qui se passe au sein de l’hôpital. 4 autres interviewés ont attesté
que la direction n’implique pas le personnel dans la gestion du CHR et ne facilite pas les
relations avec le personnel par sa gestion non participative. Quand à la reconnaissance et à la
valorisation du personnel, quatre interviewés qui sont des responsables hiérarchiques, ont
précisé que la hiérarchie fait le nécessaire pour reconnaitre, féliciter et valoriser les agents de
santé : «d’ailleurs on vient d’organiser une cérémonie pour féliciter et offrir des attestations
de remerciements avec des souvenirs pour l’ensemble du personnel qui est parti cette année
en retraite», « les chefs de service n’ont pas cette culture de reconnaitre et valoriser le travail
des membres de leurs équipes », d’ailleurs un interviewé a signalé que : « Les professionnels
veulent que leurs efforts, leurs réalisations soient reconnus, on n’est pas juste des exécutants,
ça m’encourage de savoir ce que mon chef pense de mon travail… qu’il sache là où on s’est
beaucoup donné et des fois qu’il nous le dise….».
12
Pour la formation continue, les interviewés ont confirmé que la majorité du personnel
n’expriment pas leurs besoins, et seule une minorité participe aux séances de formation
continues organisées.
Concernant la relation entre les collègues, 11 participants ont signalé que les relations entre
les collègues sont en général bonnes. 8 ont rapportés qu’au niveau de certains services la
communication interpersonnelle fait défaut et empêche la tenue des réunions de
coordinations. En outre, la relation avec le public, a été jugée conflictuelle par 10 interviewés
dont l’un a même confirmé que la relation avec les usagers est en souffrance : « depuis le
printemps arabe, il suffit de donner un rendez vous ou de refuser l’entrée aux visiteurs au
service avant l’heure de la visite des malades hospitalisés, pour être harcelé et insulté…».
Pour 8 autres interviewés, la relation avec le public est généralement satisfaisante sauf au
niveau des services qui connaissent des urgences ou les usagers sont souvent sous le choc et
pressés de bénéficier des soins en urgence.
Les interviewés ont attesté que l’unité de médecine de travail n’est pas opérationnelle, alors
que le CHR dispose d’une cellule active de lutte contre les infections nosocomiales.
04 interviewés ont rapportés que le CHR de BM a organisé des séances d’information sur la
sécurité au travail et des simulations sur l’évacuation urgente des services, mais la présence a
été très limitée, le personnel ne s’y est pas intéressé.
Concernant la collecte des déchets tous les interviewés ont rapporté qu’elle est assurée par
une société privée. 8 d’entre eux ont précisé que le triage et le stockage dans les services ne se
faisaient pas dans les normes et comportent plusieurs risques.
Quand au dossier des accidents de travail (AT), 8 interviewés ont affirmés que si on déclare
l’AT dans les délais et on élabore le dossier complet (certificat médical, écrit des témoins,
validation du chef de service) l’AT sera reconnue et indemnisé. 10 interviewés on attesté que
la majorité du professionnel n’a jamais été informée sur la conduite à suivre en cas d’un
accident de travail ce qui expliquerait la sous déclaration des AT.
13
Salaire et primes
13 interviewés ont indiqué que le salaire n’est pas satisfaisant vue la charge de travail et ne
répond pas aux attentes du personnel. 5 questionnés ont rapporté qu’avec les dernières
augmentations, le salaire des professionnels de santé a été cependant relativement amélioré.
Quand aux primes, 14 interviewés ont signalé que les primes de garde ou d’astreinte ne sont
pas du tout motivantes : « wach tu assures la garde durant les week end, les jours fériés, la
nuit et le jour dans un hôpital régional, tu gères une équipe dépassée par une population
exigeante qui, devant la moindre défaillance n’hésite pas à porter plainte auprès du parquet,
et tous cela pour une misère en fin du trimestre ». Le reste des interviewés ont affirmé que les
primes ont certes connu une augmentation ce qui en soit est déjà mieux que rien.
L’ensemble des interviewés ont confirmé que les conditions de travail influencent
négativement l’état de santé du personnel de santé. Elles sont à l’origine des troubles
musculo-squelettiques, du stress, de l’épuisement et de plusieurs autres conséquences sur la
santé des professionnels. Un interviewé a déclaré : "Je pense que je ne peux pas continuer à
faire ce travail durant les 10 ans qui me restent. Je bénéficierais de ma retraite
proportionnelle, pour quitter ce travail qui commence à m'atteindre physiquement et
psychologiquement".
L’ensemble des interviewés ont indiqué qu’il existe une relation très étroite entre les
conditions de travail et la satisfaction du personnel. 11 interviewés ont rapporté que la
majorité des professionnels du CHR ne sont pas satisfaits de leurs conditions de travail,
puisqu’ils sont constamment stressés. Leur travail est devenu plus exigeant et exposé aux
risques, aux perturbations dues aux efforts physiques, à l'augmentation des tâches
administratives et à l’insuffisance des ressources humaines.
Un interviewé à précisé : « de quelles conditions on parle, déjà souvent nous avons un
problème pour rentrer à l’hôpital : le portail est souvent bloqué, quand tu y entres c’est
difficile de trouver ou garer la voiture, pour aller au service, l’ascenseur est en panne, et
monter en escalier c’est se confronter avec une population souvent désorientée, déchainée et
prête à l’agression. Arrivé au service, la porte est souvent fermée, et une fois qu’elle est
14
ouverte les visiteurs manifestent leurs mécontentements et se bousculent pour rentrer rendre
visite aux malades même en dehors des horaires réservés pour cet usage ».
5. Discussion
Selon 81% des enquêtés, l’éclairage et l’aération des locaux sont insatisfaisants. Pour 78% des
sondés, ces locaux présentent certains inconvénients comme des mauvaises odeurs, des saletés
et du bruit. Le matériel médico-technique n’est pas adéquat et il est indisponible selon 78%
des personnels. Ces résultats vont cependant à l’encontre de ce qui a été rapporté par les
interviewés. Cette discordance trouve probablement son explication dans le fait que l’hôpital
comprend deux bâtiments : un nouveau bâtiment ou les locaux sont bien éclairés et bien aérés
et ne présentent pas d’inconvénients, sauf pour le service des urgences situé au sous sol, et un
ancien bâtiment construit depuis 1936 où les locaux sont vétustes et dont certains sont
abandonnés pour servir de débarrât, comme c’est le cas du service de psychiatrie situé juste à
proximité de la maternité, et qui est devenu un lieu de stockage d’objets inutilisé sources de
saleté et de mauvaises odeurs. L’inadéquation et l’indisponibilité du matériel médico–
technique est confirmée par les interviewés.
Concernant l’environnement du travail humain, 61% des enquêtés trouvent que la hiérarchie
ne facilite pas les relations au travail et n’est pas attentive à leurs besoins. Selon 85% des
professionnels, elle ne leur donne pas d’informations claires pour effectuer leur travail, et
selon 81% des sondés, la direction n’accorde pas d’importance à la formation continue. Les
professionnels approuvent un sentiment d’être abandonnés à leur sort : 76,6% ne se sentent
pas soutenus dans les situations difficiles, 53% ne reçoivent pas le respect qu’ils méritent, leur
travail n’est pas apprécié à sa juste valeur et ils ont le sentiment d’être traitée injustement. Ces
résultats, confirmés par les interviewés, peuvent paraitre décevants pour un établissement de
santé ayant bénéficié, dans le cadre du PFGSS, d’un accompagnement dans la gestion des
ressources humaines. Cette situation pourrait être éventuellement expliquée par l’instabilité du
directeur du CHR. En effet, en l’espace d’une année, 3 directeurs ont été nommés
simultanément, pour n’assurer que l’intérim de la direction. Cet état provisoire perdure
16
jusqu’au moment présent. A cet effet, il y a lieu de signaler les propos d’un interviewé : « il
n’y a presque aucun contact avec l’administration du CHR, absence de réunions avec celle-
ci, en plus de l’inexistence d’informations et des supervisions de sa part, on a l’impression
qu’elle n’existe pas, vue le désordre qui règne à l’hôpital, ce qui retentit sur nous personnels
de la santé et sur nos prestations ». La relation entre les collègues a été jugée satisfaisante par
89% des enquêtés et confirmée par les entretiens. Ces derniers ont aussi soulevés cependant
l’existence de certains conflits interpersonnels, déclenchés par de multiples circonstances. Ces
circonstances peuvent être représentées, comme il a été exprimé par certains interviewés : «
Conflit d’intérêt entre les professionnels qui travaillent au privé qui s’absentent parfois et
arrivent en retard et ceux qui n’y travaillent pas, car la moindre absence provoque des
difficultés d’organisation et de prise en charge des patients de service». Quand à la relation
avec le public, 65% des enquêtés disent être exposés aux agressions verbales et 25% aux
agressions physiques. Ces agressions sont souvent le résultat d’un conflit avec les
accompagnateurs et les visiteurs, à cause du non respect de l’horaire des visites, du manque de
moyens matériels, de l’impossibilité de prendre en charge tous les patients en même temps, et
des exigences diverses. Les résultats des questionnaires sont soutenus par les interviewés, et
comparables à ceux rapportés par l’étude DREES en 2003 et Belarif en 2004, mais, opposés à
ceux de Djimé, qui a indiqué que les relations entre le public et les professionnels du CHP Ibn
Zohr sont satisfaisantes à 100%. (3, 5, 19, 20, 21).
Selon 82,5% des enquêtés, l’organisation du rythme de travail du personnel du CHR de BM,
semble être imposée par les usagers. 93,7% d’entre eux, estiment devoir se dépêcher pour
accomplir leur travail et un tiers des répondants estiment qu’ils sont parfois obligés
d’interrompre une activité pour en faire une autre afin de répondre aux attentes des usagers et
éviter leurs violences. Les résultats de l’étude DREES en 2003 corroborent les nôtres et
confirment que le rythme imposé au travail est un aspect essentiel de la charge mentale (6, 7,
17).
Les perspectives de promotion ainsi que le salaire sont mal appréciés par les personnels
puisque 65% des enquêtés sont insatisfaits des perspectives de leur carrière et 87,5% trouvent
que leurs salaires est insuffisant. Ces résultats appuyés par les interviewés, peuvent être
expliqués par l’insuffisance du salaire par rapport à l’importance du travail effectué, à la
gravité des risques encourues et par rapport aux salaires et primes des fonctionnaires
similaires au niveau des autres secteurs.
17
La notion de sécurité est très vaste. Lors des entretiens, chacun l’identifiait en fonction de sa
fonction et de son environnement : sécurité des professionnels, des malades, sécurité des lieux
ou du matériel. Globalement la santé et sécurité au travail sont mal appréciées par les
enquêtés, puisque 90 % d’entre eux ont affirmé qu’ils n’ont jamais été formé ou informé sur
les risques de sécurité et de santé encourus par le travail. Les interviewés ont confirmé ces
résultats, en précisant que l’hôpital dispose d’un CLIN mais pas de cellule de médecine de
travail. Quand aux accidents de travail (AT) on constate que sur 10 AT signalés, un seul a été
reconnu à cause d’un manque d’information sur la procédure à suivre pour déclarer son AT.
Le retentissement des conditions de travail sur la santé des professionnels a été confirmé par
98,4% des enquêtés. Les atteintes les plus fréquemment rapportées lors du sondage sont : le
stress (93,7%) et troubles psychologiques (76%). Elles s’expliquent par la charge mentale et
physique du travail et par la confrontation quotidienne à la souffrance, à la mort, à l’angoisse
des malades et de leurs familles et, à une ambiance difficile dans les services. Elles sont
suivies par les troubles musculo-squelettiques (71%) secondaire à des sollicitations ou des
contraintes articulaires et posturales inconfortables prolongées; et en dernier lieu viennent les
autres affections physiques qui regroupent les blessures (38%), les maladies professionnelles
et tous les aspects liés aux interactions entre le travail et la santé (6, 16, 16). Les entrevus
consolident nos résultats qui sont comparables à ceux rapportés dans la littérature (3, 6, 17).
Un interviewé nous a signalé : "Je pense que je ne peux pas continuer à faire ce travail durant
les 10 ans qui me restent. Je bénéficierais de ma retraite proportionnelle, pour quitter ce
travail qui commence à m'atteindre physiquement et psychologiquement".
6. Recommandations
A la lumière des résultats de cette étude, il y a lieu de proposer des recommandations qui
peuvent être menées pour l’amélioration des conditions de travail du personnel de santé en
milieu hospitalier, en effet plusieurs recommandations sont possibles mais nous nous limitons
à celles que nous avons estimés prioritaires, pratiques et faisables, en l’occurrence :
C’est deux dernières années le CHR fût dirigé par 4 directeurs nommés successivement pour
assurer l’intérim. Cette instabilité du responsable de l’établissement, peut expliquer la
désorganisation et la dégradation des conditions de travail. L’absence d’un leadership qui se
répercute sur l’élaboration d’un projet d’établissement hospitalier avec une vision partagée
pour la structure et des objectifs bien établis. Tout cela a des conséquences négatives sur
l’ensemble de l’organisation de l’hôpital et de l’offre de soins et de ce fait accentue les
mauvaises conditions de travail et les répercussions sur les ressources humaines.
Pour remédier à cette situation, la nomination officielle d’un responsable du CHR sera bien
appréciée par le personnel et les usagers de service. Nous proposons pour une meilleure
organisation du CHR, de procéder dans une démarche participative, à l’application du RIH et
l’élaboration en concertation avec le personnel du CHR, d’un PEH avec ses différents plans.
Le développement particulier d’un plan de communication, va permettre d’entrer et
d’améliorer la relation avec les professionnels de santé et les usagers, récupérer leurs
confiances et rénover l’image de marque du CHR.
La conciliation entre travail et vie privée est une condition essentielle pour la motivation du
personnel. Nous proposons l’organisation des réunions dédiées aux personnels du CHR pour
qu’ils puissent exprimer leurs attentes par rapport aux horaires de travail, aux congés et aux
19
procédures de permutations ou de remplacements au sein des équipes pour éviter les absences
et les impliquer dans la prise de décision pour l’organisation du travail.
Afin de déterminer les écarts que connait cette fonction, et les attentes des professionnels,
une analyse de la situation de la GRH au CHR serait importante. Les résultats obtenus
faciliteraient la restructuration et le développement de la G.R.H et le déploiement de
nouveaux outils de gestion (la description de postes, tableau de bord des ressources humaines,
plan d’effectif, GPEC, programme des reconnaissances, valorisation du personnel et de
l’établissement, optimisation des conditions de travail…).
La mise en place d’une politique de gestion des incidents de violence intra hospitalière à
l’encontre des professionnels, y compris en ce qui concerne la dénonciation et le suivi serait
également judicieuse pour mieux comprendre cette problématique et définir les actions à
entreprendre.
L’infrastructure et la conception des locaux sont le plus fréquemment citées par les
professionnels comme étant à l’origine de mauvaises conditions de travail. La mise en place
par le manager d’une démarche de réflexion participative pour l’aménagement des locaux, en
collaboration avec le personnel des services encadrés par le médecin du travail et les
représentants des partenaires sociaux, permettra d’avoir des lieux de travail adaptés aux
besoins du personnel. Ainsi pour répondre aux doléances du personnel, l’aménagement d’un
20
local dédié aux repas des personnels travaillant en équipe et d’un espace réservé aux réunions
vont faciliter la communication au sein de l’équipe et améliorer leur bien être. De même
l’aménagement d’un poste « accueil » clairement identifié à l’entrée des services de soins et
tenu par une personne destinée à accueillir, renseigner, informer et orienter les usagers de
service et les visiteurs, pourrait éviter les interruptions de travail du personnel du service et
ainsi diminuer leur charge de travail.
La santé et sécurité au travail ont été largement soulevées par le personnel comme éléments
de mauvaises conditions de travail. Pour remédier à cette situation, la création d’une unité de
santé sécurité au travail (USST), assurant un suivi médical régulier du personnel hospitalier
pourrait être une des solutions à préconiser. Cette USST va encourager les déclarations des
accidents et maladies contractés au cours du travail, et elle permettra d’améliorer la prise en
charge du personnel victime d’un AT et de contribuer à leurs indemnisations. En outre, nous
recommandons l’élaboration des affiches et des dépliants ciblés par catégorie du personnel et
la production et diffusion d’un guide sur les accidents de travail à l’ensemble du personnel.
Enfin, une évaluation régulière des risques professionnels au niveau du CHR doit être
programmée avec des recherches sur les risques les plus fréquemment rencontrés, en
impliquant les décideurs, les responsables des USST et ceux qui sont exposés aux risques.
En Conclusion
L’entente, la confiance et le soutien du personnel sont des facteurs importants pour leur bien-
être au travail. La direction, en collaboration avec les personnels, devrait pour répondre à cela,
entamer une réflexion profonde sur les conditions nécessaires à la construction d’un collectif
de travail. Elle devra traduire concrètement cette réflexion en décisions d’action.
L’organisation régulière d’une réunion d’équipe, l’évaluation continue des conditions de
travail et la mise en place d’un relais des informations vers la direction et les autres instances
concernées pourraient favoriser l’installation d’une boucle d’écoute et de négociation sur les
conditions de travail à la fois physiques et psychiques.
21
7. Bibliographie
1. ABORD DE CHATILLON, Emmanuel, et autres. Conditions de travail et nouvelles
pathologies : des contingences sectorielles et personnelles, Revue Management & Avenir,
n°10, Avril 2006, p. 101-114
4. BELARIF, E (2004). Facteurs lies au stress professionnel en milieu hospitalier (cas des
infirmiers du centre hospitalier provincial de Béni Mellal), Mémoire pour l’obtention de
diplôme de l’INAS, Rabat.
5. DJIME, S (2010). L’enjeu des conditions de travail sur la satisfaction des professionnels de la
santé : Cas du CHP Ibn Zohr de Marrakech, Mémoire pour l’obtention de diplôme de
l’INAS, Rabat.
7. GOLAC, Michel, et Damien CARTON. Intensité des conditions de travail, Revue Centre
d’études de l’emploi, n° 58, Juillet 2003, p 1–4.
9. GOLAC, Michel, et Serge VOLKOF. Mesurer le travail : une contribution à l’histoire des
enquêtes françaises dans ce domaine, Revue centre d’étude d’emploi, n° 127, Juillet 2010, p 1-
17.
10. GORIS, Anne Marie, la santé et la satisfaction des soignants, Etude PRESST-NEXT, Revue
travail et sécurité. 9/2005
11. GRUENAIS, Marc-Eric, et coll, Une approche qualitative de la notion de la démotivation des
personnels de la santé . Rabat, INAS, 2008
12. MACH, Jacqueline et Anne Claire Rae, Etude sur les conditions de travail du personnel
soignant, Revue Recherche en soins infirmiers, N° 41, Juin 1995.
13. Martozy, Bernard, et Daniel Crozet. Gestion des ressources humaines, 3éme édition
NATHAN. 1988, p 167-185
22
14. POTTIEZ – MAYEUX, Marie, Contribution de l’infirmière générale dans la conception et la
rénovation des locaux, mémoire de fin d’étude de l’école nationale de la santé publique,
Rennes, 2001
15. ROCHEFORT, Thierry. Manager les conditions de travail, Revue de la qualité de vie au
travail, N°320, Juillet/AOUT 2008, p 1-3
17. Romuald Le Lan, DOMINIQUE Baubeau : Les conditions de travail perçues par les
professionnels des établissements de santé, Etudes et résultats, DREES, N° 335, Aout 2004,
P2 -- 11
18. ROVALLEK, Céline et autres, personnel soignants en milieu hospitalier : des performances
sous perfusion, Revue Travail et sécurité, Mars 2009, p24-39
19. VALEYRE, Antoine. Les conditions de travail des salariés dans l’Union européenne à quinze
selon les formes d’organisation, Revue Travail et Emploi, n° 112, Octobre-décembre 2007, p
35-47
20. VALEYRE, Antoine. Conditions de travail et santé au travail des salariés de l’Union
Européenne : des situations contrastées, centre d’étude de l’emploi N° 73, Novembre 2006.
P1-48
22. Bermudez Alex, 2002, Créer un climat de travail qui motive le travail et améliore les
performances : http://erc.msh.org/TheManager/French/V11_N3_Fr_Issue.pdf
23. ESTRYN BEHAR, Madeleine, 2005, Comportement de santé des personnels soignants,
www.presst-next.com
24. http://fr.vikidia.org/wiki/Conditions_de_travail
25. http://fr.wikipedia.org/wiki/Conditions_de_travail
23
8. ANNEXES
8.1/ Tableaux
Infirmier 06 19 21 46
Administratif 03
-- 04 07
28
Total 13 31 72
24
Tableau III : Répartition de la population par tranches d’âge selon le
cadre du personnel
25
Tableau X : Conséquence de l’influence des conditions de travail
sur la santé
Oui Non
Retentissement
Nombre % Nombre %
Audition 12 19 51 81
Vision 24 38,1 39 61,9
Peau 14 22,2 49 77,8
Dos 38 60,3 25 39,7
Tête 47 74,6 16 25,4
Estomac 17 27 46 73
Muscles du MS 44 69,8 19 30,2
Muscles des 45 71,4 18 28,6
MI
Epaules 43 68,3 20 31,7
Genoux 40 63,5 23 36,5
Cœur 49 77,8 14 22,2
Respiration 06 09,5 57 90,5
Insomnie 35 55,6 28 44,4
Fatigue 49 77,8 14 22,2
Stress 59 93,7 04 06,3
Anxiété 48 76,2 15 23,8
Irritabilité 34 54 29 46
Traumatisme 15 23,8 48 76,2
Allergie 22 34,9 41 65,1
Blessures 24 38,1 39 61,9
26
Tableau XI : Influence des conditions de travail sur la satisfaction des
professionnels de santé
De vos relations avec les supérieurs 21,9 20,3 26,6 29,7 01,6
hiérarchiques ?
De vos relations avec vos collègues ? 01,6 04,7 25 57,8 10,9
De vos relations avec les usagers du service ? 11,1 20,6 20,6 44,4 O3,2
Des possibilités de faire des choses différentes 4,8 28,6 34,9 30,2 01,6
de temps en temps ?
Des possibilités de faire des choses qui ne sont 03,2 21 35,5 40,3 00
pas contraires à votre conscience ?
De la stabilité de votre emploi ? 06,3 29,7 20,3 35,9 07,8
De la manière dont les règles et les procédures 34,9 33,3 23,8 06,3 01,6
internes de l'entreprise sont mises en
application ?
De votre salaire par rapport à l'importance du 29,7 53,1 09,4 06,3 01,6
travail que vous faites ?
Des possibilités de prendre des décisions de 07,8 31,3 23,4 34,4 03,1
votre propre initiative ?
Du sentiment d'accomplissement que vous 09,5 25,4 33,3 28,6 09,5
retirez de votre travail ?
27
8. 2/ Figures
Figure 1 : Répartition de la population d’étude selon le genre et le cadre
28
Ancienneté dans le poste actuel
Ancienneté au CHR
29
L’état actuel de la santé des professionnels enquêtés
Figure 8, Avis des professionnels sur l’influence des conditions de travail sur leur santé
30
Figure 9, Conséquences des conditions de travail sur la santé des professionnels
Figure 10, Etat de satisfaction des personnels vis-à-vis de leurs conditions de travail
31
Figure 11, Etat de satisfaction des personnels vis-à-vis des relations avec les supérieurs
Figure 12, Etat de satisfaction des personnels vis-à-vis des relations avec les collègues
Figure 13, Etat de satisfaction des personnels vis-à-vis des relations avec les usagers
32
Possibilités d’avancements
Possibilité de faire des choses qui ne sont pas contraire à votre conscience
33
Figure 16, Satisfaction de faire des choses non contraire à la conscience
34
Etat de satisfaction des professionnels vis-à-vis de leur salaire
L’étude sera menée par : Khalid Ben Rahal, étudiant à l’INAS / Rabat
1. Objectifs de l’étude
Cette étude vise à décrire les conditions de travail selon les perceptions des
professionnels de santé et proposer des mesures appropriées qui peuvent servir
de pistes d’amélioration des conditions de travail des professionnels de santé au
CHR de Béni Mellal.
2. Participation volontaire
La participation à cette recherche est entièrement volontaire. Chaque participant
est libre de se retirer sans préjudice et en tout temps, sans devoir justifier sa
décision. Vous pourrez choisir de ne pas répondre à l’une ou l’autre des
questions.
3. Avantages et inconvénients
Cette étude ne comporte ni inconvénient ni bénéfice personnel pour les
participants.
4. Caractère confidentiel ou public des informations
Le questionnaire est anonyme. Les renseignements que vous nous donnerez
demeureront confidentiels. Aucune information permettant de vous identifier
d’une façon ou d’une autre ne sera publiée.
Consentement
Je, …..(nom et prénom en lettres moulées du participant)…………déclare avoir
pris connaissance des informations ci-dessus,
Après réflexion, je consens librement à prendre part à cette étude. Je sais que je
peux me retirer en tout temps sans préjudice.
Signature du
participant………………………………………….Date………………………
………
Signature du responsable de
l’étude………………………..Date………………………………
36
8.4. Questionnaire
NOTE DE PRESENTATION
37
QUESTIONNAIRE
AMBIANCE DE TRAVAIL
Oui NO Ne
QUESTIONS N sais
pas
L’exécution de votre travail vous impose-t-elle d’effectuer des déplacements à
pied, longs ou fréquents ?
La charge quotidienne de travail est elle acceptable ?
Les supérieurs hiérarchiques sont ils très attentifs aux besoins des
personnels ?
Quand vous rencontrez une difficulté pour faire votre travail correctement,
pouvez-vous en discuter avec vos supérieurs hiérarchiques ?
Quand vous rencontrez une difficulté pour faire votre travail correctement,
pouvez-vous en discuter avec vos collègues ?
Pour effectuer correctement votre travail, avez-vous en général des
informations claires et suffisantes ?
Pour effectuer correctement votre travail, avez-vous en général des moyens
matériels adaptés et suffisants ?
Etes-vous en contact direct avec le public (usagers, patients) ?
La direction accorde t elle une importance à la formation continue ?
Le temps de travail
Travaillez-vous en équipes (travail posté) ?
Vos horaires sont-ils les mêmes tous les jours (ou à peu près) ?
38
Vous arrive-t-il de travailler certains jours ou certaines semaines plus
longtemps que l'horaire officiellement prévu sans compensation ?
Devez-vous effectuer des astreintes dans le cadre de votre travail ?
Votre rythme de travail vous est-il imposé par les usagers de services?
Devez-vous fréquemment interrompre une tâche que vous êtes en train de faire
pour en effectuer une autre non prévue?
Vues tous vos efforts vos perspectives de promotion sont elles satisfaisantes ?
Vues tous vos efforts recevez vous le respect et l’estime que vous méritez ?
Votre travail est il apprécié à sa juste valeur par des tiers (patients, usagers) ?
39
Influence des conditions de travail sur la santé
Dans l’ensemble comment estimez-vous votre état de santé ?
mauvais
mauvais
moyen
Bon
Très
Très
B
Pensez vous que vos conditions de travail influencent votre santé ? Oui Non Ne
sais
pas
Si oui, en quoi affecte-il votre santé
Problème d’audition Oui NON Problème de vue oui NON
Problème de peau Oui Non Problème de dos Oui Non
Maux de tête OU Non Problème d’estomac Oui Non
I
Douleurs musculaires des membres Oui Non Douleurs musculaire des Oui Non
supérieurs épaules
Douleurs musculaires des membres Oui Non Douleurs musculaires des Oui Non
inférieurs genoux
Maladies du cœur Oui Non Maladies respiratoires Oui Non
Problème d’insomnie Oui Non Fatigue générale Oui Non
Stress Oui Non Anxiété Oui Non
Irritabilité Oui Non Traumatisme Oui Non
Allergies Oui Non Blessures Oui Non
Satisfait (e)
insatisfait(e)
satisfait(e)
satisfait(e
Très
Très
Ni
Dans votre emploi actuel, êtes-vous satisfait(e) ?
ni
41
Identification du profil socio professionnel du participant
Sexe :
M F
Age :
Situation familiale :
Fonction actuelle :
42
8.5. La grille d’entretien
1- Prendre un rendez vous avec le responsable en vue de faire un entretien
43
Le personnel dispose de toutes les informations qui lui sont utiles
Reconnaissance et valorisation des personnels est assurée par la hiérarchie
Relation entre les collègues de service.
Relation avec le public, les usagers et les collègues de travail
46