DOUIS Miloud Doctorat
DOUIS Miloud Doctorat
DOUIS Miloud Doctorat
La prise de notes
Optimiser son appropriation du discours universitaire :
les effets d’une approche métacognitive.
– Cas des étudiants de la 3e Année Licence LMD
de l’Université Kasdi Merbah Ouargla –
Présentée et soutenue publiquement à Ouargla, le : 00.00.2021 par
Miloud Douis
Directrice de thèse
Dr Senoussi Massika
Jury
Miloud Douis
Dédicace
À la mémoire de MES Parents…
Les « anti-sèche » sont de petits morceaux de papier sur lesquels les élèves, peu
scrupuleux, notent l’essentiel d’un cours qu’ils camouflent quelque part et qu’ils
consultent à l’abri des regards le jour des examens.
« un élève […] avait […] constitué son petit lot d’anti-sèche. Manque de
chance : le jour de l’examen, le professeur, qui se méfiait, le fait mettre au
premier rang et le surveille de près : impossible de les utiliser… […] Malgré
tout, pour “limiter les dégâts”, cet étudiant essaya de se rappeler ce qu’il avait
marqué sur les papiers. Et il eut l’agréable surprise de se rendre compte qu’il
s’en souvenait parfaitement ! Et il fit un excellent devoir ! » (Timbal-
Duclaux, 1988 : 19).
Cette histoire véridique est, nous semble-t-il, une bonne entrée en la matière
lorsqu’on aborde le thème de la prise de notes (dorénavant PDN). En effet, ce
comportement aussi répréhensible soit-il a le mérite de receler les fondements de la
PDN que nous expliciteront dans notre travail de recherche. Mais jetons d’abord
un regard sur le sens commun qu’on lui attribue.
1 Voir le concept d’« infobésité » développé par Dominique WOLTON dans son ouvrage Informer
n’est pas communiquer.
14
Introduction|
[…] est donc impérative et reste incontournable. Elle est d’ailleurs l’activité d’écriture
la plus importante » (Cordeil-Le Millin, 2013 : 11).
En Algérie, par contre, nous savons très peu de choses sur son statut à l’université
et son degré de maîtrise par les étudiants, c’est d’ailleurs ce qui a motivé notre
choix pour ce travail de recherche. Ce dernier a donc pour but d’étudier la PDN
en contexte universitaire algérien et son influence sur l’apprentissage.
Par ailleurs, lorsque l’étudiant suit un cours magistral, il est placé devant cette
situation inconfortable où il doit savoir gérer le flot d’informations transmis par
l’orateur. En effet, des études ont mis en évidence que « nous parlons à une vitesse
de 150 mots par minute alors que nous ne pouvons, dans le même temps, n’en écrire
que 27 » (Simonet, 2016 : 34). Une transcription quasi intégrale des propos de ce
dernier est une mission pratiquement impossible à réaliser, tenter de le faire nous
oblige à nous concentrer sur l’écriture au détriment de la compréhension. Aussi,
pour pouvoir résorber cet écart de cadence entre la production orale et celle plus
lente de l’écrit, le noteur devra, d’une part, avoir recours à des procédés
abréviatifs lui permettant de transcrire l’information afin d’en accélérer la saisie
graphique et, d’autre part, arriver à un travail de synthétisation du message, à un
« écrémage des idées à transcrire » (Simonet, 2016 : 34). Prendre des notes nécessite
15
Introduction|
donc de repérer au fur et à mesure l’essentiel des idées, cette activité constituant
une première étape vers leur compréhension et leur mémorisation. La situation de
PDN est ainsi caractérisée par les difficultés inhérentes à la gestion temporelle des
informations. Le noteur en activité subit dès lors une pression temporelle qui le
place, selon l’expression de Piolat, dans un contexte d’« écriture de l’urgence »
(2010).
Dans cette démarche de repérage des idées essentielles d’un discours oralisé, la
psychologie cognitive nous renseigne sur tout un processus complexe et intense
engagé par l’activité cérébrale du noteur ainsi que sur le rôle important joué par la
mémoire. En effet, cette branche de la psychologie nous apprend que « différents
processus complexes en jeu dans le traitement du langage sont simultanément activés
lors de la réalisation d’une prise de notes » (Piolat, 2010) tels que la compréhension,
la rédaction et l’apprentissage. Cette dernière apparaît donc comme un outil
cognitif efficace. Aussi, dans une récente étude menée sur des étudiants
particulièrement brillants d’une université sud-africaine, le chercheur Wendy Mc
Millan a mis en évidence que « le meilleur prédicteur de la réussite dans les études
supérieures était la qualité des stratégies cognitives d’apprentissage [permises, en
partie, par la pratique de la prise de notes] et le fait que ces stratégies soient rendues
explicites (grâce à la métacognition entre autres) » (Amaury, 2010).
Comme nous venons de le voir dans les paragraphes précédents, la PDN revêt une
importance particulière chez les étudiants, elle est une des « compétences
méthodologiques qu’[ils] doivent apprendre rapidement à développer lors de leur entrée
à l’université » (Houart, 2009) ; compétence leur permettant d’acquérir facilement
les savoirs dispensés et leur offrant, par- delà, des opportunités de réussite lors des
différentes évaluations sommatives. Certains enseignants universitaires vont
même jusqu’à affirmer que ne pas savoir prendre des notes à l’Université revient à
ne pas savoir lire en 6e.
Pour notre part, nous pensons que, dans leur grande majorité, les étudiants ne
prennent pas de notes en cours parce que tout simplement ils n’ont pas appris à le
faire. Les pratiques enseignantes observées en salles de classe telles que les dictées
de cours ou les distributions de polycopies se trouvent être autant d’obstacles à la
PDN. Nous estimons qu’une bonne maîtrise de cette technique synthétisante, à
travers un mini projet didactique consistant en l’ouverture d’un atelier de PDN,
rattaché au laboratoire LeFEU (Le Français des Écrits Universitaires), permettra
aux étudiants du département de français de maîtriser la PDN. Cet espace aura
pour tâche de les initier dès la première année aux différentes techniques de base.
Nous sommes convaincus qu’une telle structure favorisera une meilleure
assimilation et appropriation du discours universitaire par les étudiants et,
partant, une optimisation de leurs compétences scripturales.
La deuxième partie proposera une réflexion sur le lien existant entre la cognition
et l’activité de la PDN. Elle sera également l’occasion de nous approfondir sur le
caractère complexe de la tâche en y développant plusieurs activités inférées à la
PDN. Comme nous y développerons aussi les fondements théoriques, à savoir, le
concept de la métacognition ainsi que celui de la charge cognitive.
Enfin, pour finir, nous identifierons dans notre conclusion générale à la fois les
limites de l’étude ainsi que des pistes de recherches complémentaires.
CHAPITRE-I. La PDN : une activité
résumante complexe au
service d’un processus
d’acquisition des
connaissances
19
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances |
Introduction partielle
Il nous paraît important en tout début de notre travail de recherche d’aborder
quelques éléments définitoires relatifs à la PDN. Ces éléments nous permettront
de mieux cerner notre objet d’étude et d’en délimiter les contours. Ils nous per-
mettront aussi de dépasser le sens commun qu’on lui attribue et de scruter les dif-
férentes dimensions de cette pratique scripturale qu’est la PDN. D’autant plus
que, lors de la première séance d’initiation à la PDN, beaucoup d’entre les étu-
diants avaient une représentation on ne peut plus vague de la PDN. Ce chapitre
nous permettra également de faire un état des lieux de l’enseignement de la PDN
dans les programmes d’enseignement algériens.
Dans la vie quotidienne nous sommes de tout temps exposés à de nombreuses si-
tuations de transmission d’informations que nous devons gérer dans l’urgence.
Aussi, afin de lutter contre un éventuel oubli, il y a lieu de recourir à la PDN.
Rappelons d’ailleurs que les sociétés orales dont les traditions culturelles se
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 20
transmettent par le biais d’« une communication qui s’appuie sur le face à face sont
[exposées, faute de support matériel (mémoire externe) à] des changements de conte-
nus à cause de l’oubli ou de la transformation de ce qui ne paraît pas nécessaire ou
pertinent » (Senoussi, 2010).
la PDN comme « une compétence complexe » (Romainville & Noël, 2003 : 87) enga-
geant à la fois plusieurs activités cérébrales intenses.
afin de les consigner. Grâce à une écoute active, il devra donc être attentif à tous
les signaux émis par le conférencier, annonciateurs d’éléments essentiels à noter :
mots de liaisons, mots clés, redondances, structures de base thème / prédicat, marqueurs
prosodiques.
Un support adapté pour consigner les notes telles que les fiches préplanifiées peu-
vent également faciliter la hiérarchisation des informations. Enfin, pour soutenir
leur effort dans le traitement de l’information, les étudiants peuvent compter sur
une prédisposition naturelle puisque les neurosciences nous apprennent qu’une
région du cerveau, en l’occurrence, le cortex frontal intérieur droit, est respon-
sable du tri entre l’utile et l’inutile. En effet,
Une fois cet effort de tri et de synthèse accompli, le noteur passera à l’étape finale
de la transcription sur papier.
« un texte quatre fois plus court qu’un autre et mobilisant un lexique différent
pourrait vouloir dire la même chose en toute circonstance et à tout lecteur.
C’est tout une conception de la langue et du discours, ainsi que du texte, de sa
compréhension, qui se trouvent convoquée » (Bernier, 2015 : 86).
I.1.3.1.1. Définitions
Le résumé « ne [constituant] pas, en tant que tel, un objet théorique construit et défini
dans le champ de la linguistique » (Schnedecker, 1991 : 59), la littérature de re-
cherche est peu abondante hormis quelques ouvrages dispensant aux apprenants
des astuces pour la rédaction d’un bon résumé. Il n’en demeure pas moins qu’une
multiplicité de définitions du résumé a été tentée. Commençons par celle qu’en
donne Le Grand Robert (2005) : « Présentation abrégée de l’essentiel d’un texte, d’un
discours ». Avant de commenter cette définition dictionnairique nous souhaitons
apporter une précision de taille : notre travail de recherche se limite à la PDN à
partir d’un support oral en l’occurrence le cours magistral mais les processus co-
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 25
Le résumé4 consiste donc à réécrire un texte plus brièvement tout en retenant les
informations essentielles. Nous considérons cette définition quelque peu réductrice
dans la mesure où elle occulte, pour une grande partie, la réflexion de fond enga-
gée par les chercheurs. Nous lui préférons alors celle de Grize qui englobe les diffé-
rents aspects liés à la problématique du résumé. Selon lui la réalisation du résumé
d’un texte passe par plusieurs opérations cognitives et langagières :
lire,
comprendre,
effectuation de choix
et rédaction.
Notons au passage que ces opérations sont les mêmes que celles évoquées supra
dans « La PDN : une activité complexe », sauf que pour la PDN nous nous
sommes situés dans une situation d’oral (le CM) et qu’il ne s’agira plus de lecture
mais plutôt d’écoute active. Nous développerons ces activités dans notre deuxième
partie consacrée, entre autres, à la cognition.
titres, les sous-titres, tous les éléments clés qui structurent le document et lui donnent
son sens » (Giraudy & Guerin, 2008 : 55). Toujours dans le cadre de la découverte
du texte, cette lecture de survol sera suivie d’une autre, plus lente, au cours de
laquelle on peut surligner les références culturelles mentionnées qui permettent de
déterminer rapidement le domaine de connaissance dont relève le texte.
Enfin, une dernière tâche d’analyse s’effectue cette fois-ci au niveau de l’ensemble
du texte par le repérage des paragraphes d’introduction, de conclusion et de tran-
sition. On veillera à rassembler les paragraphes se rattachant à la même idée, à
titre d’exemple, un paragraphe contenant des exemples sera associé à l’idée que
ces derniers illustrent. Seulement, au moment de ce rapprochement entre les diffé-
rents paragraphes, le rédacteur devra être attentif aux effets de répétitions, de
digression et d’illustration.
I.1.3.2.1. Définition
Le mot synthèse vient du grec « sunthésis [qui signifie] acte de poser ensemble »
(Bouffartigue & Delrieu, 1996 : 161). La synthèse est donc, étymologiquement,
l’action de mettre ensemble, l’assemblage, la réunion. Par extension, et tel qu’on
la définit dans le cadre de l’apprentissage, la note de synthèse est une
Dans le monde du travail, nombreuses sont les situations où l’on doit soutenir un
projet professionnel. Dans ce cas on est amené à gérer des informations tirées de
documents professionnels, de la presse professionnelle, de textes législatifs, de cir-
culaires, etc. Certaines activités exigent donc un esprit de synthèse, une capacité à
rassembler des données éparses, à les appréhender d’un seul coup d’œil sous tous
leurs aspects pour en tirer profit et entreprendre à la suite une action ou prendre
une décision.
Tout au long de leur scolarité, les apprenants sont initiés à l’élaboration de fiches
de lecture afin de leur faciliter la révision lors des examens mais également pour
simple plaisir en ayant la possibilité de garder les traces d’un ouvrage particuliè-
rement apprécié.
Côté enseignants, la pratique de cet exercice scriptural permet d’évaluer les capa-
cités des élèves à synthétiser les informations et à les organiser. Comme il les aide
aussi à évaluer leur aptitude à faire preuve d’esprit critique.
Le lecteur effectuera une première lecture rapide au cours de laquelle il sera atten-
tif au quatrième de couverture qui présente sommairement l’ouvrage, le résume et
en donne l’idée globale. Cette première lecture survol sera l’occasion de repérer les
chapitres jugés les plus intéressants et de prendre notes, au fur et à mesure de sa
lecture, des points que l’on estime essentiels (titre, auteur, date de publication).
Le rédacteur pourra noter, sur un document provisoire, des informations concer-
nant les personnages, le style et le vocabulaire de l’auteur. Quelques citations ca-
ractéristiques de l’œuvre pourront également être retenues. Pour s’y retrouver le
lecteur pourra se doter de conventions en vue de repérer ce dont il pourrait avoir
besoin lors de la phase rédactionnelle :
Tableau 1 : Abréviation PDN pour fiche de lecture (Source : Apprendre à prendre des notes, J. Saltet, p. 76)
Ou encore :
Tableau 2 : Icônes PDN pour fiche de lecture (Source : Apprendre à prendre des notes, J. Saltet, p. 77)
Une deuxième phase de mise au point est à prévoir. Il s’agira d’une relecture plus
attentive de certains passages du livre. Entre temps, au cours de la lecture survol,
le lecteur aura pris le soin de relever les numéros des pages contenant les passages
qui lui ont semblé revêtir une importance particulière. Il les relira plus attentive-
ment en y ajoutant éventuellement un complément d’informations (d’où la néces-
sité de prévoir suffisamment de place pour compléter les notes prises lors de la première
lecture). Enfin, le troisième moment est la phase finale de rédaction de la fiche, le
liseur fera une synthèse des notes prises qu’il portera au propre sur le document
définitif en suivant un plan qu’il aura préalablement élaboré.
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 32
Le rédacteur devra consacrer aussi une partie de sa fiche à la présentation des per-
sonnages principaux et secondaires s’il s’agit d’un roman. Il décrira en quelques
lignes leur caractère, leur rôle, les sentiments qui les animent, ainsi que les rela-
tions qu’ils entretiennent entre eux. Des extraits relatifs à leur description phy-
sique et morale peuvent éventuellement être cités entre guillemets.
Pour clôturer sa fiche, le lecteur apportera une critique de l’œuvre. Sous forme
d’analyse, il fera part de ce qu’il en pense, de ce qu’elle lui a apporté, de ses li-
mites. Il pourra éventuellement établir des liens avec d’autres ouvrages traitant
de la même thématique.
En principe, la fiche de lecture ne doit pas dépasser la taille d’une page recto-
verso, afin de pouvoir l’insérer dans le livre ou la conserver dans un fichier. On
pourra alors la structurer de la manière suivante :
Tableau 3 : Modèle d’organisation d’une fiche de lecture (Source : Apprendre à prendre des notes, J. Saltet, p.
78)
REFERENCES SYNTHESE
Points-clés Notes concises et aérées Citations
Recto Verso
Les circonstances de PDN pendant l’acte de lecture, nous l’avons déjà dit, impo-
sent beaucoup moins de contraintes que celles rencontrées à la suite de l’audition
d’un cours magistral. Dans un contexte de réception de l’écrit l’étudiant a la pos-
sibilité de faire des feed-back, d’effacer ou de compléter sans limite de temps.
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 33
Par ailleurs, les activités résumantes que nous avons abordé dans cette section,
sont des techniques rédactionnelles faisant constamment appel à l’outil de travail
qu’est la PDN. Leur produit constitue une mémoire externe permettant de
« Dans le cadre des finalités de l’éducation définies dans le chapitre II, article
4 de la Loi d’orientation sur l’éducation nationale (n° 08-04 du 23 janvier
2008)), l’école algérienne a pour missions : — d’assurer aux élèves
l’acquisition de connaissances dans les différents champs disciplinaires et la
maîtrise des outils intellectuels et méthodologiques de la connaissance facili-
tant les apprentissages et préparant à la vie active ».
Plus bas, les concepteurs apportent les précisions suivantes :
Par ailleurs, nous avons également consulté les mêmes documents pour les autres
niveaux, mis à part une mention de la PDN en 3e année dans le domaine des com-
pétences à installer en écrit / production : « Prendre des notes et les organiser »,
nulle autre part il n’est fait allusion à la PDN. C’est donc dire que la pratique de
la PDN est totalement absente en tant que compétence à installer dans le Cycle
Moyen, ce que confirment d’ailleurs les réponses des étudiants à notre question-
naire. En effet, à la question n° 4 (— À quelle période de votre apprentissage avez-
vous commencé à prendre des notes en cours de français ?) sur 95 étudiants interrogés
09 seulement affirment avoir pris des notes au collège, ce qui correspond à 09,47
%.
V.1 La prise de notes - Prendre des notes sert à garder la trace écrite d’un
cours, d’une conférence, d’une lecture et pourquoi pas d’un film ou d’une
émission de télévision. La prise de notes a, en effet, un but pratique, utilitaire :
- elle permet de gagner du temps ;
- elle préserve l’essentiel de ce qu’on entend, lit ou voit en dégageant la
structure ;
- elle favorise la mémorisation (il est prouvé qu’on retient mieux ce que l’on
écrit) ;
- elle constitue un précieux fonds documentaire, indispensable pour réviser une
leçon, rédiger un devoir, constituer un dossier, préparer un examen écrit ou
oral.
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 36
Plus bas, quelques conseils pratiques sont donnés ainsi qu’un tableau
d’abréviations :
Pour ce qui est de la 2e AS, il est mentionné dans le guide pédagogique du manuel
destiné aux professeurs sous le titre « La technique d’expression » l’indication sui-
vante : « Le programme propose la maîtrise de six techniques d’expression : La prise
de notes à partir de l’écrit ou de l’oral, l’exposé oral, le compte rendu “objectif” ou cri-
tique, les représentations graphiques, le dossier documentaire et la fiche de lecture.
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 37
Chaque technique peut faire l’objet d’un apprentissage systématique intégré dans la
séquence et exploité dans le projet »9.
« Conseil pratique : — en même temps que l’on travaille sur les documents
en utilisant son propre codage : couleurs, cercles, numérotation…, on reporte
le plan d’ensemble et les notes que l’on prend sur une feuille annexe divisée en
autant de cases que l’on a de documents à travailler »11.
La pratique de la PDN est donc convoquée lorsque les étudiants sont appelés à
élaborer une synthèse de document, comme elle est tout aussi sollicitée pour la
rédaction d’un compte rendu critique : « — Prendre des notes à partir du texte, noter
les mots et idées suggérés par les champs lexicaux, les anaphoriques, le sémantisme des
articulateurs logiques et souligner les mots clés (qui devront être inclus dans le résu-
mé) »12.
Ces indications précitées sont en quelque sorte les grandes lignes du programme à
enseigner. Elles sont souples et non contraignantes pour les enseignants dans la
mesure où ils ont toute la latitude d’adapter son contenu en fonction du niveau et
du besoin de leur classe.
Dans les manuels scolaires que nous avons consultés, la PDN est effectivement
présente mais de façon disproportionnée d’un niveau à l’autre.
Dans le manuel de 1re AS, la PDN est proposée de façon laconique dans le Projet
1 : « Exposer pour donner des informations sur divers sujets [dont la vulgarisation
Dans le même ouvrage, une consigne de travail est donnée aux apprenants :
Plus loin, dans la Séquence 1 du Projet 3, des consignes pour préparer un compte
rendu critique relatif au débat d’idées sont listées. En dernière position on lit :
« Prendre des notes à partir du texte : noter les mots et idées suggérés par les champs
lexicaux, les anaphoriques, le sens des articulateurs logiques et soulignés les mots clés
(qui devront être inclus dans le résumé) »21.
La PDN servira donc comme outil à une autre activité résumante que nous avons
développée dans une autre section.
Comme nous pouvons l’observer, la présence de la PDN dans les programmes offi-
ciels est bien effective. Interrogés sur la PDN au secondaire, 38 étudiants sur 95
(soit 40 %) affirment l’avoir pratiquée. Mais son traitement au lycée reste tribu-
taire du bon vouloir de l’enseignant qui peut ou non la programmer dans sa pro-
17 Ibid., p. 38-39.
18 Ibid., p. 39.
19 Baroudi ZEGRAR, Op.cit., p. 39.
20 Fethi MAHBOUBI, Livre de français de 3e AS (toutes filières), ONPS, Alger, 2011-2012, p. 46.
21 Ibid., p. 124-125.
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 40
gression annuelle comme nous l’a affirmé Mme Boukerkeb inspectrice du secon-
daire au cours de notre entretien du 14 janvier 2019.
Nous pensons que pour concrétiser ces ambitions, il faudra s’assurer de la bonne
maîtrise de la PDN par les étudiants. Interrogeons-nous alors sur la place qui lui
est accordé dans le programme des enseignements. Le document consulté22 fixant
le programme des enseignements du Socle commun de licences du domaine « Lettres
et Langues Étrangères », faisant état du programme en vigueur dans les universités
algériennes, prévoit au premier semestre, dans le module intitulé « Techniques du
travail universitaire » un axe relatif à la prise de notes. Ce cours de méthodologie
tourne autour de deux chapitres mentionnés sans aucune autre précision :
Les enseignants ont donc toute la latitude pour transmettre cette notion mais
étant donnée son importance elle nécessite un apprentissage méthodique plus ap-
profondi et un entraînement régulier. Leur rôle et leur responsabilité sont essen-
tiels, ils doivent avoir conscience des difficultés inhérente à la pratique de PDN.
Par ailleurs, ils doivent interroger le contenu des programmes et les adapter aux
besoins réels de leurs étudiants.
Néanmoins, d’autres termes fréquemment utilisés à l’oral tels que toujours, beau-
coup, sont écourtés par le biais d’une variation de procédés de condensation (par
exemple : toujours= tjs ou tj / développement= dvt ou dvpt).
Traduite en termes de charge cognitive (théorie que nous développerons dans la deu-
xième partie de notre travail), cette méthode présente l’avantage de ne fournir au-
cun traitement cognitif coûteux car étant focalisé sur l’exhaustivité, l’étudiant ne
produit pas d’effort en vue de sélectionner les informations reçues. Cependant,
l’effort attentionnel qu’il fournit pour résorber l’écart entre son débit d’écriture
(mot pour mot) du cours et la cadence de parole, toujours plus rapide, du conféren-
cier est bien réel. Par ailleurs, l’importante fatigue physique (main, dos) entraîne
souvent des relâchements de l’attention qui peuvent faire perdre le fil du discours.
Dans cette pratique de PDN, la disposition spatiale des notes est donc fondamen-
tale dans la mesure où les différents outils utilisés dans l’organisation de l’espace
graphique « provoquent lors de [la relecture des notes] des effets de sens » (Piolat,
2006 : 55).
L’avantage de cette méthode est qu’elle rend l’étudiant actif car le cadre des titres
et sous-titres précédemment fournis lui permet d’évaluer la pertinence de
l’information et de décider ou pas de la noter. Ce cadre-là, par ailleurs, assure la
lisibilité des notes prises puisqu’elles deviennent ici plus aérées et structurées.
Leur relecture, lors des révisions n’en sera que plus aisée car le plan constituera à
lui seul un canevas « aide-mémoire » où pourront s’insérer toutes les informations
lesquelles demeureront accessibles à d’autres lecteurs.
Les manuels de méthodes proposent un grand nombre de matrices dont celle dite
en 7 points (Timbal-Duclos, 1988) : QQOQCCP. Cette structure favorise la catégo-
risation d’informations obtenues à partir des questions :
Qui ?
Quoi ?
Où ?
Quand ?
Comment ?
Combien
Pourquoi ?
L’avantage de cette méthode est qu’elle incite l’étudiant à ordonner ses notes et à
être en quête d’informations pendant et après la PDN, elle l’entraîne à les sérier et
à les synthétiser ce qui favorise la mémorisation. Toutefois, les champs proposés
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 46
dans ces grilles peuvent s’avérer trop restreints et constituer un obstacle à une
PDN efficace.
D’autre part, cette présentation arborescente des notes favorise la réflexion, c’est-
à-dire l’association d’idées en établissant des relations entre les éléments. On
pourra mettre par exemple l’idée principale dans les carrés, les idées secondaires
dans les cercles et des exemples dans des rectangles. La PDN devient alors un
agencement de carrés, de cercles ou de rectangles reliés par des flèches qui mon-
trent les relations dynamiques entre les idées à travers le sens des flèches.
Ce type de PDN est a été conçu principalement pour les personnes ayant une pré-
férence visuelle, qui aiment photographier ce qu’ils apprennent. Notons qu’au
cours de notre phase d’expérimentation un nombre important d’étudiants ont eu
recours à cette méthode. D’ailleurs, en abordant ce procédé en cours d’initiation à
la PDN, quelques-uns nous ont confié qu’ils pratiquaient déjà cette méthode mais
qu’il leur fallait d’abord, dans un premier temps, prendre des notes linéairement,
puis, à la maison, à tête reposée, traduire ces notes sous cette forme arborescente.
Pour conclure cette sous-section relative aux divers procédés de PDN, disons que
l’usage pertinent de ceux-ci est conditionné par les buts assignés à la PDN ainsi
que « les conditions de travail » (Piolat, 2006 : 101) telles que les supports utilisés.
Après avoir passé en revue les différentes mises en forme spatiale des notes prises
voyons donc à présent les différentes techniques dont disposent les étudiants afin
de pratiquer leur PDN.
intelligente sera celle qui nous permettra de « choisir ce que l’on doit écrire dans ce
que l’on entend. [En définitive], bien écrire c’est tout simplement bien penser »
(Cordeil-Le Millin, 2013 : 51).
Avec cette méthode, une série d’éléments que nous allons lister dans le tableau ci-
dessous, vont totalement disparaître :
Tableau 5 : Procédés de suppression de la méthode MERAS.
Le hiatus Idem
ex : Noël, aéroport…
Les consonnes consécutives Idem
ex : parle, brochure, classé, test, expliqué…
Des procédés abréviatifs sont aussi convoqués afin de remplacer des terminaisons
de mots comme nous pouvons le constater à travers le tableau suivant :
Tableau 7 : Resserrement de la lettre finale du mot (méthode MERAS).
En ce qui concerne les consonnes, elles restent à l’identique mis à part quelques-
unes couvrant certains sons phonétiques, d’autres connaissent un allègement et
d’autres sont carrément inutilisées comme indiqué dans le tableau ci-après :
Tableau 8 : Cas des abréviations consonantiques pour la méthode MERAS.
«c» [qu, k]
«f» Utilisé aussi pour [ph]
«g» [gu]
« gn » représenté par un « g non fermé» δ
«s» [ce ou ze]
«h» [ch]
« v » et « w » représenté par la même lettre « v »
«x» [cse] ou [cze]
«m» S’écrit avec un seul grand pont = Ղ
«t» Sans barre = ٨
«j» Sans point J
« k », « q », « w » Non utilisées
Cette liste d’abréviations proposée par les concepteurs de MERAS n’est pas
exhaustive et de nombreuses autres possibilités sont encore offertes. Comme nous
l’avons dit au début de ce chapitre, la PDN est avant tout un parcours individuel
au cours duquel le noteur a toute la latitude de créer de nouvelles abréviations en
fonction de ses propres besoins.
Zone 1
Cours : ________________________ Sujet : ________________________________
Date : ________________________ Page n° :__________sur__________
Zone 3 Zone 2
Mots clés / Questions de révision Notes prises en cours
Zone 4
Résumé
Le procédé Cornell propose donc aux étudiants de consigner leurs notes sur une
feuille segmentée en quatre zones afin de structurer leurs PDN. En haut de la
page, ils noteront tous les éléments leur permettant d’identifier leurs notes. Dans
la deuxième zone, à droite de la feuille, c’est la partie classique réservée à la PDN
proprement dite. La zone trois est consacrée aux questions qui pourraient être
envisagées lors d’un test de contrôle à partir de ces notes. Elle peut également
servir à « capturer » les mots-clés ou les idées importantes. Son objectif est d’aider
les étudiants à réactiver leurs connaissances.
Enfin, tout en bas de la feuille, une section est destinée au résumé structuré des
points importants du cours. Celle-ci devra être complétée immédiatement après la
PDN. L’objectif de cette rubrique est d’aider les étudiants à mémoriser l’ensemble
du cours.
tiples applications concrètes : la prise de notes, les supports de prises de parole en pu-
blic, le brainstorming, l’organisation d’un projet… » (Bellaiche, 2014).
Grâce à cette technique arborescente, le noteur peut constituer des schémas à par-
tir de mots clés lui permettant de mettre en exergue différentes idées et de les arti-
culer entre elles. De même, il lui est possible d’ajouter, d’apporter des correctifs,
de réfléchir et de reformuler l’information tout en apprenant.
Les idées doivent s’organiser en arborescence de plus en plus détaillée, les idées
secondaires venant se greffer aux sujets principaux par un trait, comme une
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 51
branche. Toute idée principale correspondra à une nouvelle branche et toute idée
secondaire précisant ou détaillant une idée principale correspondra à un nouveau
rameau d’une branche déjà existante. Toute nouvelle idée abordée devra trouver
sa place dans cette construction arborescente et se déployer autour du thème cen-
tral de réflexion.
Figure 1 : Modèle de carte heuristique (Source : DIONNE, Bernard. Pour réussir, 6e éd., Montréal, Chenelière Éduction
inc., 2013, 278 p.).
« le fait de condenser les mots en ne transcrivant pas toutes les lettres qui sont
utiles à leur prononciation rompt avec le fonctionnement de base de l’écriture
alphabétique. Selon le système alphabétique, les séquences de lettres sont sup-
posées, dans leur grande majorité, renvoyer à des séquences de sons, pourtant
la recherche de restrictions formelles remet largement en cause cette con-
trainte » (Piolat, 2006 : 62).
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 52
Connu pour être à la fois pratique, ludique et discret, le sms peut être défini
comme étant
Des travaux ont cependant montré que « les élèves qui ne maitrisent pas encore
l’orthographe conventionnelle ne recourent pas à ces simplifications ou inventions
d’écriture, tout simplement parce que les procédés utilisés s’élaborent à partir d’une
orthographe déjà construite » (David & Goncalves, 2007 : 45).
Abordons, en premier lieu, les néographies construites selon plusieurs procédés tels
que l’économie de caractères consistant en une sélection de graphies plus proches
du phonétisme comme dans ki = qui, bo = beau, ou encore le compactage qui abo-
lit carrément les frontières des mots : keske = qu’est-ce que. Citons aussi
l’invention de variantes graphiques purement ludiques renvoyant au parler des
jeunes : moa = moi , la réduction du mot à son initiale v = vais ou à son squelette
consonantique : tjrs = toujours (utilisée également pour la PDN).Toujours dans
les néographies, d’autres procédés sont utilisés : la combinaison de lettres et de
chiffres apparentée au rebus : 2m1 = demain, koi de 9 = quoi de neuf, et enfin la
création de sigles à la place d’énoncés tels que : mdr = mort de rire , lol = laughing
out loud (je rigole).
Bien que « cette écriture recèle tous les défauts et vices susceptibles d’indigner les dé-
fenseurs de la langue française » (David & Goncalves, 2007 :40), elle n’en demeure
pas moins
« une écriture plus accessible (car liée à un moindre contrôle), plus affective
(par l’expression des sentiments, des émotions, de la corporéité du langage),
plus inventive (par l’invention de néographies, de jeu de mots et de signes) et
plus socialisante (par la dominance de la fonction phatique liée à la multipli-
cation des messages et au partage de codes communs) » (David & Goncalves,
2007 : 40).
I.2.4. Le système de la sténographie
Lorsque nous avons défini la PDN, nous avons fait référence à sa définition dic-
tionnairique qui ne rendait pas tout à fait compte de la dimension complexe des
notes prises à l’occasion de l’écoute d’une conférence ou d’une lecture. Ces notes «
auraient donc pour fonction de “ramasser” l’information distribuée dans un cours,
dans un livre […] dont il conviendra de se souvenir » (Piolat, 2006 : 5). Sur le plan
formel, elles « seraient différentes de la transcription mot pour mot des propos de
l’orateur ou du texte lu » (Piolat, 2006 : 6). En effet, « fort rares […] sont les appre-
nants qui vont à leur cours, munis d’un bloc-notes […] afin d’y apposer des signes
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 55
I.2.4.1. Définition
Le mot sténographie vient du grec ancien « stenos » qui signifie « étroit, resserré »
(Bouffartigue & Delrieu, 1996 : 165) et « graphein » qui veut dire « écrire, tracer,
dessiner » (Bouffartigue & Delrieu, 1996 : 162). Le concept de la sténographie date
de l’Antiquité puisque « les premières transcriptions remonteraient à 405 avant J.-
C., […] on se servait de systèmes d’écriture rapide pour retranscrire les discours de
Socrate »23. Les grecs connaissaient donc la sténo, mais l’appelait takhugraphia,
écriture rapide de « takhus » (« rapide »). Par ailleurs, « les hiéroglyphes étaient
considérés comme une tachygraphie, car ils permettaient aux scribes d’écrire rapide-
ment dans le domaine de l’administration, pour des remboursements de dettes par
exemple, mais aussi dans la culture, lors de transcriptions de textes littéraires »24.
Notons également la règle relative aux mots joints par une apostrophe qui
s’écrivent en un seul sténogramme comme dans « c’est » qu’on écrit « sé ». Les
petits mots courants tels que « de ce que » ou « ce que nous » peuvent également
être liés. D’autres particularités de ce système d’écriture concernent la gestion des
lignes qui font partie intégrante du système. En effet,
« le premier signe consonne d’un mot se place toujours sur la ligne d’écriture,
les signes suivants ont donc une position indéterminée par rapport à la ligne
(par exemple : dans “étouffera”, c’est le “t” qui se trouve sur la ligne, et la po-
sition des autres signes est déterminée par celle du “t” : le “f” et le “r” se si-
tuent alors sous la ligne) »25.
Ajoutons enfin qu’il existe plusieurs systèmes de sténographie, parmi les plus
connus citons celui de Prévost-Delaunay (1878), de Duployé (1860) et d’Aimé Pa-
ris (1866), leur méthode pouvant permettre l’écriture de 100 mots en moyenne par
minute. Nous présentons ci-dessous les principaux signes utilisés en sténographie
(version française).
Selon une étude américaine réalisée par les chercheurs Pam Mueller et Daniel Op-
penheimer, publiée par la revue Psychological Science sous le titre « The Pen Is
Mightier Than the Keyboard : Advantages of Longhand over Laptop Note-
Taking » (Mueller & Oppenheimer, 2010), la PDN manuscrite permet de mieux
comprendre que la PDN sur ordinateur. Dans cette sous-section, nous allons voir
les avantages et les inconvénients de chacune d’elles.
Soixante-sept étudiants devaient écouter des conférences sur des sujets variés et
prendre notes avec les supports de leur choix. Une semaine plus tard, ils ont été
soumis à un test avec possibilité de consulter leurs notes entre temps. Les résul-
tats de la recherche montrent que les étudiants ayant opté pour la prise de notes
manuelle avaient certes saisi moins de notes mais faisaient preuve d’une meilleure
concentration et avaient mieux intégré les propos des conférenciers. Les notes
prises par ordinateur étaient plus précises contenant 14,6 % de mots prononcés
par les orateurs contre 8,8 % pour les notes prises au stylo. Autre constat impor-
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 58
tant, les performances aux questions factuelles sont identiques pour les deux
groupes, par contre celles relatives aux questions conceptuelles, c’est-à-dire qui
nécessitaient une compréhension plus globale de la conférence, sont significative-
ment moins bonnes pour les utilisateurs d’ordinateurs.
Les deux chercheurs américains en ont conclu « […] que la tendance des preneurs
de notes sur ordinateur à transcrire les verbatims plutôt qu’à assimiler l’information et
à reproduire avec leurs propres mots est préjudiciable à l’apprentissage » (Mueller &
Oppenheimer, 2010). Selon eux, l’ordinateur permet de prendre des notes rapide-
ment mais de façon moins intelligente comme l’explique Daniel Oppenheimer : «
Taper à la vitesse de la lumière encourage à transcrire ce que l’on entend, sans faire
vraiment attention à ce qui est dit » (Mueller & Oppenheimer, 2010).
Cependant, les conclusions auxquelles sont arrivés ces chercheurs ne doivent pas
occulter quelques atouts de taille que présente la PDN sur ordinateur. En effet,
celui-ci facilite la recherche d’informations et permet de prendre plus de notes en
cours et plus vite. « Les étudiants qui tapent les mots à l’ordinateur en saisissent en
moyenne 33 par minutes là où ceux qui écrivent n’en saisissent que 22 » (Lee Hotz,
2016).
Par ailleurs, la présence d’ordinateur pendant le cours permet de faire interagir les
étudiants en favorisant l’interaction entre professeur et étudiants, d’une part, et
entre étudiants d’autre part, assurant ainsi une participation active de ces der-
niers, et ce, dans un cadre de confrontation mutuelle.
Enfin avec l’ordinateur portable, le rangement des prises de notes est plus facile :
il suffit de nommer correctement le document du cours puis de classer ces diffé-
rents fichiers dans un dossier. L’étudiant pourra ainsi à tout moment retrouver
ses cours en quelques clics en tapant simplement le nom du cours dans la barre de
recherche de documents. Par mesure de sécurité, il pourra toujours les sauvegar-
der sur une clé USB ou encore sur un disque dur.
Conclusion partielle
Ce premier chapitre nous a permis d’élucider la notion de PDN et de dépasser le
discours ambiant tenu à son sujet. Nous avons tenté d’appréhender en quoi la
PDN était une pratique complexe et les différentes opérations mises en œuvre par
le noteur afin de consigner l’essentiel d’un message. Nous avons par ailleurs listé
les différents procédés abréviatifs et les différentes techniques dont il pouvait dis-
La PDN : une activité résumante complexe au service d’un processus d’acquisition des connaissances | 60
poser afin de pouvoir s’engager dans les diverses activités résumantes. Puisque
nous émettions l’hypothèse selon laquelle les étudiants de l’université de Ouargla
ne pratiquaient pas suffisamment la PDN, il nous fallait impérativement ques-
tionner les programmes scolaires et universitaires. Cet état des lieux, nous a per-
mis d’établir certains constats et d’envisager une alternative aux lacunes obser-
vées à travers l’élaboration d’un projet de didactisation de la PDN. Cette dimen-
sion didactique de la PDN prendra appui sur des fondements théoriques emprun-
tés à plusieurs disciplines que nous développerons dans le chapitre suivant.
CHAPITRE-II. PDN : les apports de la
psychologie cognitive et
des neurosciences
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 62
Introduction partielle
Dans ce deuxième chapitre, nous allons aborder l’aspect théorique qui sous-tend
notre travail de recherche. La PDN constitue « un outil cognitif de gestion des in-
formations » (Piolat, 2006 : 4) dont la mise en œuvre nécessite l’activation en pa-
rallèle de deux à trois activités langagières fondamentales. C’est pourquoi, nous
convoquerons tout au long de cette partie des concepts empruntés essentiellement
à la psychologie cognitive mais également aux neurosciences et à la psychopéda-
gogie.
Aujourd’hui, partout dans le monde, les systèmes éducatifs sont mobilisés et en-
gagés dans la lutte contre le phénomène de la déperdition scolaire. « [Le] phéno-
mène international de réformes des politiques scolaires » (Deschamps & Lorenzi-
Cioldi & Meyer, 1982 : 9) est une tentative de remédier à ce constat d’échec.
L’école, que « l’ennui a envahi […] » (Deschamps & Lorenzi-Cioldi & Meyer, 1982
: 11) est au banc des accusés. Les enseignants se voient souvent confrontés aux
difficultés d’apprentissage de cette nouvelle génération d’élèves née en totale im-
mersion dans l’ère de l’image instantanée et du numérique. D’où ces questions qui
« charpentent l’indispensable réflexion sur le processus d’apprentissage » (Alexandre,
2010 : 11) :
Qu’est-ce qu’apprendre ?
Comment apprend-t-on ?
L’information désigne quant à elle des faits, des commentaires dont on peut pren-
dre connaissance dans notre entourage par le biais des médias, d’une conférence,
d’une discussion ou d’une lecture. Elle est donc un objet extérieur qu’il est pos-
sible de stocker de différentes manières (y compris par le moyen de la PDN) et que
l’on peut redécouvrir identique plusieurs années après. Une fois que cette infor-
mation (impersonnelle dans un premier temps) est recueillie puis consignée, elle
devient une connaissance propre à l’individu. Ainsi, à titre d’exemple, un même
cours magistral, un même ouvrage, peuvent être perçus différemment selon les
étudiants. Nous avons pu d’ailleurs le constater à travers notre corpus de PDN ou
d’autres expériences réalisées et qui ont révélé que « la nature des informations
notées est très variée » (Piolat, 2006 : 13) d’un étudiant à l’autre.
« Les connaissances déclaratives sont celles qui s’expriment dans le langage naturel ou
un autre langage symbolique, et les connaissances procédurales dans l’activité finali-
sée » (Develay, 1992 : 36). Autrement dit, les connaissances déclaratives sont de
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 64
« […] une simple identification perceptive n’existe pas [dans la mesure où]
une information n’est identifiée que si elle est déjà, d’une certaine manière,
saisie dans un projet d’utilisation, intégrée dans la dynamique du sujet et que
c’est ce processus d’interaction entre l’identification et l’utilisation qui est gé-
nérateur de signification, c’est-à-dire de compréhension » (Meirieu, 1987 :
54).
Du coup, le véritable travail de l’enseignant est de susciter cette interaction elle-
même accessible et créatrice de sens pour l’apprenant.
L’apprenant n’est donc pas une table rase, un esprit vide, bien au contraire, il
possède des acquis qui ne sont pas nécessairement fiables mais le satisfont. Il ar-
rive souvent que l’enseignement formel heurte de plein fouet ces conceptions dont
il est parfois difficile de se débarrasser. « Elles font, [en effet], parties d’un système
de représentations qui a sa cohérence et ses fonctions d’explication du monde et se re-
constitue subrepticement, en dépit des démonstrations irréfutables et des démentis for-
mels apportés par le professeur » (Perrenoud, 2008 : 29). C’est pourquoi, il est judi-
cieux pour un enseignant de prendre appui sur ces bribes de savoir, avec leur part
de vérité ou d’erreur. Seulement, travailler à partir des connaissances antérieures
« des élèves ne consiste pas à les faire s’exprimer pour les dévaloriser immé-
diatement… [La meilleure posture consisterait donc à] leur donner réguliè-
rement le droit de citer dans la classe [en ouvrant un espace de parole, à] s’y
intéresser, [à] tenter de comprendre leurs racines et leur forme de cohérence,
[à] ne pas s’étonner qu’elles surgissent à nouveau alors qu’on les croyait dé-
passées » (Perrenoud, 2008 : 29-30).
Il convient donc de « travailler avec elles pour les faire évoluer, transformer les obs-
tacles en point d’appui [ce sont là] autant d’éléments de réflexion directement utiles
dans la pratique quotidienne de la classe » (Alexandre, 2010 : 16-17).
Pour notre part, concernant notre mini projet didactique relatif à l’apprentissage
de la PDN, nous voulions, avant de dispenser les cours, faire émerger les représen-
tations des étudiants concernant la PDN. L’objectif poursuivi étant d’ajuster
éventuellement la démarche pédagogique qui devra développer des moyens en vue
de les faire évoluer. Notre investigation s’est opérée à partir de deux questions
contenues dans un questionnaire (une relative aux différentes définitions données à
la PDN et l’autre à ce qui est le plus essentiel de noter [sens ou son]). Nous rendrons
compte de ces représentations dans le chapitre réservé à la partie expérimentale
de notre recherche.
forme antérieure d’équilibre, dont l’insuffisance est responsable du conflit auquel cette
équilibration provisoire a abouti, mais d’une amélioration de cette forme précédente »
(Piaget, 1975 : 18).
Vygotski, quant à lui, attribue l’origine des acquisitions cognitives à l’ordre social.
Le psychologue russe nous explique, en effet, qu’un individu ne peut comprendre
ses propres processus cognitifs qu’à travers une interaction avec son environne-
ment social. Le concept de zone proximale de développement (ZPD) est d’ailleurs
un concept majeur dans sa théorie. Pour lui, il s’agit de la distance qui sépare ce
que l’enfant sait faire quand il travaille seul, de ce qu’il est en mesure de réussir en
collaboration avec un adulte, un enseignant ou même un enfant plus expérimenté.
Et Vygotski d’ajouter : « Ce que l’enfant sait faire aujourd’hui en collaboration, il
saura le faire tout seul demain » (Astolfi, 1992 : 142). Cette confrontation entre
pairs devient dès lors source d’un développement cognitif à condition qu’elle sus-
cite des conflits sociocognitifs forçant l’apprenant à remettre en question ses
propres connaissances antérieures et éventuellement à les modifier.
Ainsi, dans sa classe, l’enseignant peut stimuler des situations de conflit socioco-
gnitif « génératrices de nouvelles connaissances et de nouvelles attitudes » (Houssay,
1996 : 249). Il devra cependant être vigilant car de telles situations « requièr[en]t
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 67
Dans la phase analytique de notre travail, nous rendrons compte des réponses
obtenues à ces questions.
par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs des troubles […] on connait
contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites » (Ba-
chelard, 1971 : 13-14). On ne peut donc prétendre connaître sans passer par une
phase de « faux savoir » (Meirieu, 1987 : 58).
Cette liste peut être complétée en distinguant avec Philippe Meirieu les erreurs
cognitives (d’ordre intellectuel) des erreurs de comportement (d’ordre affectif).
Il importe donc aux enseignants, « en amont, de s’intéresser aux erreurs, les accepter
comme des étapes estimables de l’effort de comprendre, s’efforcer, non de les corriger
[encore moins de les sanctionner par une note…], mais de donner à l’apprenant les
moyens d’en prendre conscience » (Perrenoud, 2008 : 34), d’en identifier l’origine
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 69
pour enfin les dépasser. « Se donner [ce] temps d’analyse, c’est exclure pour un temps
toute évaluation sommative » (Muller, 2012 : 343).
Par ailleurs, « plusieurs recherches ont tenté de montrer en quoi et comment la métaco-
gnition agit sur l’apprentissage, sur l’autonomie et sur la réussite scolaire » (Lafor-
tune & al, 2000 : 8). C’est une des tâches essentielles de la métacognition que l’on
peut définir comme étant un ensemble de « pratiques réflexives qui explicitent, en
miroir, le fonctionnement intellectuel de l’individu, en particulier en situation
d’apprentissage, et permettent ainsi au sujet de réguler cette activité dans ses diffé-
rentes composantes » (Cuq, 2003 : 164). Il est donc essentiel que le sujet puisse
prendre conscience des facteurs susceptibles d’affecter son projet d’apprendre.
Nous allons esquisser dans ce qui suit un bref aperçu des fondements théoriques
qui sous-tendent la métacognition.
Citons, pour exemple, Vygotsky qui attribue à ces dernières une origine sociale.
Le psychologue russe nous explique qu’un individu ne peut comprendre ses
propres processus cognitifs que par une interaction sociale, autrement dit, qu’à
travers la transmission culturelle dont le langage est le principal vecteur. La mé-
tacognition apparaît alors comme un moyen « d’effectuer un retour sur son propre
processus d’apprentissage et d’interroger, de l’extérieur […] la dynamique même du
transfert de connaissance » (Meirieu, 1996 : 103). Le concept de zone proximale de
développement (ZPD) est d’ailleurs un concept majeur dans la théorie vygots-
kienne qui suggère qu’un enfant apprend mieux lorsqu’il est en interaction avec
un adulte, un enseignant ou même un enfant plus expérimenté. Cette confronta-
tion entre pairs devient dès lors source d’un développement cognitif à condition
qu’elle suscite des conflits socio-cognitifs forçant l’apprenant à remettre en ques-
tion ses propres connaissances antérieures et éventuellement à les modifier.
« Ainsi, du fait qu’il est confronté à des conceptions différentes des siennes, le
sujet – surtout s’il est enclin à gommer les contradictions dans ses propres re-
présentations ou à rester figer dans ses perceptions initiales – se trouve forcé
d’admettre que certains de ses paires ne pensent pas comme lui à chaque ins-
tant et que d’autres n’utilisent pas les mêmes démarches, tout en atteignant des
buts identiques » (Grangeat, 1997 : 162-163).
C’est, comme l’affirme Bruner, un moyen de « penser notre pensée » (Bruner, 1995,
cité par Britt-Mari) et le point de départ pour la compréhension de sa pensée et
celle d’autrui.
« les connaissances sur soi ou les autres (par exemple, savoir que je ne suis
pas fort en mathématique, plus performant le matin que le soir, ou encore pen-
ser que Paul est meilleur que moi en mathématiques), les connaissances sur
les tâches ( par exemple, savoir qu’un problème de mathématiques ne se lit pas
de la même façon, qu’un texte narratif, les connaissances sur les stratégies (
ces connaissances portent sur les manières les plus efficaces de mener une ac-
tivité à son but ; par exemple savoir faire un bon résumé) » (Noël & Cartier,
2016 : 11).
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 72
La métacognition peut être suscitée chez la personne par le biais de deux procédés
de verbalisation à savoir l’énonciation et la décentralisation. À travers
l’énonciation, le sujet explicite ses processus ou ses états mentaux comme dans les
exemples suivants :
« Si Aïcha achète un livre à 648 da et qu’il lui reste 52 da, on peut penser que
c’est une soustraction mais quand on lit bien l’énoncé, on s’aperçoit en fait que
c’est une addition. »
Dans le deuxième cas, « le sujet précise clairement un lien avec une tâche semblable
rencontrée par ailleurs » (Grangeat, 1997 : 99) :
« Toi, tu as écrit une réponse plus longue que la mienne, mais ça veut dire la
même chose ; on a juste tous les deux. »
« C’est dans cette double acception qu’apparaît son intérêt pédagogique, en particulier
pour les élèves en difficulté scolaire puisqu’elle favorise à la fois la réussite et la
motivation » (Toupiol, 2006 : 83). Dans les années 1980, des expériences ont été
réalisées (Wong, 1985 ; Bouffard-Bouchard, 1994) sur des élèves en échec et
d’autres qui réussissent. Les différences de résultats obtenus montrent
« que les difficultés métacognitives des élèves en échec sont à comprendre par
rapport à un déficit d’ordre affectif, celui de la motivation ; les élèves en échec
n’ont pas un bon "concept de soi ", ils ne se connaissent pas et ne se font pas
confiance ; ils abandonnent très vite et sont dépendants d’une prise en charge
extérieure […] » (Noël & Cartier, 2016 : 13).
À l’inverse, les élèves qui réussissent sont, pour reprendre les termes de Bouffard
et Bouchard, « métacognitifs », « autorégulés », « transféreurs », « experts en
apprentissage » (Toupiol, 2006 : 95). Ils précisent, par ailleurs, que ces élèves « ont
des stratégies devant l’échec et sont persévérants, ce qui traduit la motivation »
(Toupiol, 2006 : 95).
Cela nous pousse à nous interroger sur l’essence de la motivation, la façon dont
elle se développe chez le sujet. Des réflexions de sociologues font apparaître que
les élèves qui réussissent sont ceux qui ont acquis des métaconnaissances – et qui
peuvent en faire état – sur leur rapport aux stratégies, aux savoirs, aux tâches. Ils
ont développé une attribution interne : ils savent que « leurs actions sont bien ce
qui est responsable de leur performance et de leur succès et que l’échec n’est jamais
inévitable et incontrôlable » (Paris et Winograd, 1990). Ils ont développé « une
perception de [leur] efficacité, du rapport entre l’action et la performance (Bouffard-
Bouchard, 1991b) et, par-là, une estime de soi » (Toupiol, 2006 : 96). Ces
compétences qui définissent la motivation s’apprennent et un enseignement à
teneur métacognitive consistera alors en la programmation de pauses
métacognitives où il sera question d’« orienter l’attention du sujet sur une ou
plusieurs dimensions de soi » (Noël & Cartier, 2016 : 81). Ces habiletés
métacognitives, comme nous l’avons dit, poussent l’apprenant à mieux gérer ses
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 75
processus mentaux « (qui est une habileté intellectuelle de haut niveau) » (Lafortune
& al., 2000 : 12), à mieux verbaliser ses démarches mentales afin de pouvoir les
discuter avec d’autres. C’est à ce prix qu’il en vient graduellement à gagner en
autonomie. Le développement de telles habiletés répond à un besoin pressant de
l’école dont le principal souci est de favoriser l’autonomie dans l’apprentissage.
Pourtant, on constate aujourd’hui
« que peu d’interventions explicites visent à développer ces habiletés chez les
élèves qui, souvent, éprouvent de la difficulté à verbaliser leur démarche cogni-
tive. [Par conséquent] sans verbalisation, les enseignants et enseignantes,
n’ont pas accès aux processus mentaux de leurs élèves et ne peuvent les aider à
améliorer leurs démarches par des suggestions adaptées à la gestion person-
nelle de leur activité mentale » (Lafortune & al. 2000 : 1).
II.1.2.5. PDN et connaissance métacognitive
Le caractère complexe des opérations cognitives et les savoirs en jeu dans la PDN
« impliquent que le noteur contrôle délibérément ce qu’il fait, et donc qu’il maîtrise
comment il fonctionne. Cette connaissance métacognitive lui permet de planifier son
activité, de l’autoévaluer et de la réguler » (Piolat & Boch, 2004 : 13).
D’autre part, comme le souligne Piolat, certains chercheurs « soutiennent l’idée que
les étudiants développeraient, peu à peu et au fur et à mesure de leurs études, une
“théorie consciente” de ce qu’est la PDN et de son utilité pour eux » (Piolat, 2006 : 8).
Néanmoins, Romainville et Noël ont conçu un questionnaire métacognitif dont
l’objectif est de les aider à conceptualiser leur activité en répondant à un ques-
tionnaire dont les réponses seront analysées entre pairs. Nous reproduisons ci-
dessus la totalité de ce questionnaire :
Pour notre part, dans le cadre de notre expérience, à l’issue des différents cours
magistraux présentés dont il fallait prendre notes, nous avons intégré dans notre
dispositif pédagogique une grille d’autoévaluation dont l’objectif est d’aider les
étudiants à expliciter une série de critères leur permettant d’évaluer leur travail
de PDN. Cette grille est d’autant plus importante que « l’autoévaluation est une
stratégie d’apprentissage privilégiée pour le développement de la métacognition
ainsi que du contrôle et de la régulation qui en sont la principale manifestation. »
(Lafortune & al. 2000 : 19) C’est d’ailleurs en ces termes que Veslin la décrit :
Ce qui fait de l’écoute une activité mentale spécifique, qui demande davantage de
concentration, c’est qu’elle se base sur un « substrat sonore […] éphémère » (Piolat,
2006 : 19), et ce, contrairement à l’écrit qui permet le feedback.
« Écouter, c’est non seulement percevoir correctement des sons, mais c’est aussi
et surtout faire un effort intellectuel pour comprendre, c’est-à-dire sélectionner,
organiser et intégrer l’information transmise par l’émetteur ou l’émettrice.
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 77
Dès lors, concernant notre expérience, notre corpus comprenant des PDN
d’étudiants en FLE serait un outil efficace pour évaluer la qualité de la communi-
cation pédagogique sachant toutefois « que rapidité du discours et déficiences lin-
guistiques de l’étudiant affectent les résultats de PDN » (Faraco & Tsu Kida, 2003 :
167).
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 79
Pour qu’il y ait une onde sonore il faut à l’origine un corps vibrant. Aussi, les pro-
priétés de l’onde sonore dépendent de la nature même du corps qui vibre.
Figure 4 : Représentation schématique du système auditif (Source : « Leçons de parole », Segui & Ferrand, p.
153)
Tout d’abord, l’onde sonore va affecter l’oreille externe et faire vibrer une mem-
brane très sensible appelée tympan. Cette vibration va provoquer le mouvement
d’une série d’osselets (le marteau, l’enclume et l’étrier) qui modifiera la pression
des liquides de l’oreille interne appelée aussi cochlée. Cette dernière est en forme
de tunnel à configuration spatiale possédant une membrane dite membrane basi-
laire qui est affectée par les modifications de pression des fluides de l’oreille. «
Compte tenu de l’organisation de cette membrane, l’importance de ses déplacements est
corrélée avec les différentes fréquences qui composent le signal. Il existe donc déjà à ce
niveau une première forme d’analyse fréquentielle de parole » (Segui & Ferrand, 1999
: 153).
Toujours au niveau de la cochlée sont disposées les cellules ciliées internes qui sont
de véritables cellules sensorielles. Leur rôle est, en effet, de capter la vibration
sonore et de les transformer en signal électrique transmis au cerveau par le biais
du nerf auditif.
Ferrand, 1999 : 175). Ajoutant par ailleurs, « qu’ils sont fréquemment “sourds” aux
propriétés de cette langue étrangère qui ne sont pas présentes dans leur langue » (Segui
& Ferrand, 1999 : 175). En 1930, cette tendance avait déjà été relevée par le lin-
guiste russe Eugénie Polivanov lorsqu’il avait remarqué que des locuteurs avaient
tendance « soit à ignorer les propriétés phonologiques de la langue étrangère soit à
“assimiler” celles-ci aux propriétés de leur propre langue » (Segui & Ferrand, 1999 :
176). On parle alors de « surdité phonologique » (Segui & Ferrand, 1999 : 176).
Cette tendance peut éventuellement être jointe à d’autres facteurs susceptibles
d’expliquer les difficultés rencontrées par bon nombre d’étudiants lors de l’écoute
d’un cours magistral et par-delà sa transcription sous forme de PDN.
Cette question nous mène à nous interroger sur le processus de reconnaissance des
mots.
Iln’estpasfaciledelireuntextesilesespacesentrelesmotssontsupprimés
C’est donc ici la fonction conative de la communication qui est convoquée. Par
souci de se faire entendre, dans un contexte amphithéâtral, cette « voix didactique
a une intensité généralement plus élevée que la voix d’expression simple » (Buekers &
Kingma, 1997). Par ailleurs, discourir avec cette intensité entraîne une augmenta-
tion de la fréquence fondamentale moyenne (0,2 à 0,5 demi-ton par dB, avec al-
lure exponentielle). Au niveau de la perception, ces éléments sont à prendre en
considération puisqu’ils impactent la qualité de l’écoute et la relation didactique.
En contexte de PDN, les étudiants ne doivent pas subir les cours magistraux mais
plutôt s’entraîner à une écoute active en développant au mieux une culture de
l’attention. C’est par cette dernière :
« qu’on mobilise l’esprit. Elle implique une tension vers un but : les organes
des sens sont en éveil, pas seulement l’ouïe. L’attention volontaire demande un
effort et dépend des motivations, elle produit de la concentration. Elle est diri-
gée : on est attentif quand on cherche quelque chose, des informations, des ex-
plications, du soutien, des conseils » (Bellenger & Couchaere, 2010 : 15).
Les noteurs devront savoir écouter au-delà des mots et pouvoir également décoder
le non verbal.
« Bras croisés, regard fuyant, jambes qui s’agitent, tics, silence, débit ra-
pide…Autant d’éléments qu’[ils doivent] apprendre à décoder afin de ressen-
tir l’état dans lequel se trouve [leur] interlocuteur, mais également comprendre
pleinement le message qu’il est entrain de [leur] livrer, avec toute la dimen-
sion émotionnelle qui l’accompagne » (Granger, 2018).
II.2.2. L’acte de lire
La lecture est un outil essentiel dans l’acquisition de connaissances nouvelles, elle
constitue une compétence transversale qui conditionne la réussite des études.
Dans un monde caractérisé par l’omniprésence des messages écrits, leur compré-
hension est devenue un préalable à l’adaptation sociale.
Concernant la PDN, lire est une opération mentale activée en parallèle d’autres
activités langagières. Au moment de la PDN, le noteur se doit, en effet,
d’effectuer également une tâche de « lecture, pour contrôler si ce qui est en train
d’être écrit est valide au regard de ce qui est dit et des objectifs de stockage des informa-
tions » (Piolat, 2006 : 18). Par conséquent, il nous paraît important de développer
ici cet acte de reconnaissance des mots écrits impliqué lors de la PDN.
Le premier niveau est le mot ou niveau lexical qui concerne le processus de recon-
naissance. « Il s’agit d’expliquer comment à partir des propriétés physiques du stimu-
lus imprimé, le lecteur construit une représentation visuelle du mot en extrayant ses
caractéristiques graphiques » (Baccino & Colé, 1995 : 5). C’est ce qu’on appelle
communément l’étape du décodage. À ce niveau, le lecteur accède à la significa-
tion du mot en recherchant dans son lexique mental.
« l’œil ne progresse pas de façon continue le long de la ligne d’un texte […]
mais se déplace par bonds, par sauts. Pendant un temps très court, l’œil est
immobile et fixe un ensemble de lettres ou de mots, puis il pivote en un temps
beaucoup plus court, puis fixe de nouveau un ensemble de lettres ou de mots et
ainsi de suite… » (Chevalier, 1992 : 40).
La succession rapide des bonds et des fixations ainsi que la persistance des images
rétiniennes crée l’illusion de continuité. Durant la mobilité des yeux, « la vision est
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 87
très amoindrie, sinon nulle […] Ainsi, l’œil ne perçoit qu’en état d’immobilité »
(Chevalier, 1992 : 40). De récentes recherches nous apprennent que les informa-
tions captées par l’œil au moment de la fixation sont dirigées vers la rétine. Or,
cette dernière ne possède pas la même faculté de discrimination dans toutes ses
parties. « Du centre de la rétine, la fovéa, à sa périphérie, l’acuité visuelle diminue. Il
existe donc une zone fovéale où les signes sont vus très nettement et une zone périphé-
rique où les signes sont plus flous » (Chevalier, 1992 : 41). Les visions fovéal et péri-
phérique se complètent l’une et l’autre. La vision périphérique renseigne principa-
lement sur la forme et la longueur des mots qui feront l’objet d’une prochaine
fixation. Elle permet de les entrevoir. Par contre, la vision fovéale, elle, les voit.
Ainsi, « le lecteur identifie d’autant plus aisément les informations qu’il les a prévues
(grâce à l’anticipation) et entrevues » (Chevalier, 1992 : 41).
« suppose que dans nos cerveaux a été stockée une représentation (un gabarit)
de chaque forme que nous pouvons reconnaître. Ainsi, nous reconnaissons la
lettre A en la comparant (l’appariant) avec un gabarit interne. Le gabarit
correspondant le mieux à la lettre perçue identifie la forme en question »
(Baccino & Colé, 1995 : 12).
Comme nous l’évoquions plus haut, la psychologie cognitive s’est beaucoup inspi-
rée dans ses travaux de la métaphore informatique. En effet, dans un système
informatique, l’appariement de gabarits fonctionne très bien puisque des pro-
grammes sont conçus pour reconnaître automatiquement les formes lettres et
leurs variations prédéfinies.
L’autre théorie convoquée pour l’identification des formes est celle dite de la dé-
tection des traits. Elle postule « qu’il existe des éléments communs dans toutes les
lettres (traits verticaux, horizontaux et lignes courbes) et que nous analysons ces élé-
ments de base de façon à reconnaître les formes » (Baccino & Colé, 1995 : 13). Si nous
prenons en exemple les lettres C et G ou O et Q, elles partagent entre elles un
grand nombre de traits communs. Ce qui distingue, en effet, la lettre O de la lettre
Q c’est uniquement la ligne oblique présente dans Q. Ce procédé de reconnaissance
« fonctionnerait d’une part en établissant la liste de tous les traits présents dans la
lettre, et cette liste serait ensuite comparée avec une autre liste stockée en mémoire »
(Baccino & Colé, 1995 : 13-14). Cette méthode est avantageuse par rapport à la
précédente dans la mesure où elle nécessite la mémorisation que d’un nombre res-
treint de traits communs à toutes les lettres, et ce, en dépit du caractère employé.
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 88
La troisième catégorie de mémoire est la mémoire dite à long terme. Elle stocke les
informations transférées par la mémoire à court terme et qui y resteront indéfini-
ment. « Sa capacité semble également sans limite, ce qui suppose qu’elle est très orga-
nisée » (Baccino & Colé, 1995 : 16). Il existe deux types de mémoire à long terme :
la mémoire épisodique et la mémoire sémantique.
La mémoire épisodique, appelée aussi mémoire des événements. Elle est connue pour
sa faculté à enregistrer des informations factuelles et contextuelles mais également
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 89
« cinq mots par seconde (Seidenberg et Mc Clelland, 1989 […]. [Aussi, elle]
exige que la forme lexicale particulière correspondant [au mot lu] soit distin-
guée de toutes les autres formes lexicales connues du lecteur et dont le nombre
est approximativement estimé entre 30 000 et 50 000 formes (Monsell, Doyle
et Haggard, 1989 » (Baccino & Colé, 1995 : 31).
Par ailleurs, la faculté de reconnaissance d’un mot écrit enclenche chez le lecteur
l’accès à d’autres informations relatives à ses propriétés orthographique, phonolo-
gique, syntaxique et sémantique qui seront réinvesties au cours du processus de
compréhension de phrases et de textes.
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 90
II.2.3. La compréhension
La PDN est « une activité d’apprentissage à l’interface de la compréhension et de la
production de texte » (Sebane, 2007-2008 : 143) qui nécessite l’activation simulta-
née de plusieurs processus liés à la compréhension, à la production et à la réécri-
ture. Selon certains chercheurs, les difficultés inhérentes à la PDN sont à recher-
cher au niveau du « manque de formation à la lecture et à la compréhension de textes
chez les étudiants avant l’entrée à l’université (Boch, 1998 & 2000 ; Romainville &
Noël, 1998) » (Sebane, 2007-2008 : 144). Nous allons étudier dans cette section en
quoi consiste cette compétence qu’est la compréhension.
P.
SN. SV.
Det. N. V. SP.
PP. SN.
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 91
Det. N.
[leur] donnent une visibilité particulière » (Piolat, 2006 : 55) et favorisent leur ré-
tention.
Quant au troisième niveau d’analyse d’une phrase, il permet d’inférer les inten-
tions du scripteur. Ce traitement d’ordre interprétatif « suppose la mise en œuvre
de processus qui mettent en relation la proposition élaborée au niveau du traitement
précédent avec un ensemble d’informations extralinguistiques et issues du contexte »
(Baccino & Colé, 1995 : 73). Ces processus permettent d’émettre des inductions
que l’on ne saurait dériver à partir de la seule proposition. Ainsi, dans l’exemple
suivant : « — Est-ce que tu peux me donner ce livre, Thibaud ? », nous pouvons
décider que cette phrase constitue une question polie ou bien un ordre.
« La procédure est vraiment très simple. D’abord, vous arrangez les choses en
plusieurs paquets. Bien sûr, un seul paquet pourrait être suffisant car cela
dépend de ce qu’il y a à faire. Si vous devez aller ailleurs à cause d’un manque
de commodités, vous passez à l’étape suivante, sinon vous êtes prêts à com-
mencer. Il est important de ne pas exagérer les choses. C’est-à-dire, c’est
mieux de faire peu de chose que d’en faire trop » (Baccino & Colé, 1995 :
94).
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 93
Il ne nous est pas difficile de comprendre chaque phrase prise séparément, seule-
ment le sens global du texte nous reste inconnu. Par contre, si nous étions infor-
més au préalable qu’il s’agit là d’une description sur la façon de faire la lessive, le
texte deviendrait alors plus explicite. La raison en est que sur les informations
données par le texte ont été greffées nos propres connaissances dans ce domaine-ci
(laver suppose du linge, de la lessive, une façon de procéder…). Autrement dit, le
texte a servi de structure sur laquelle a été projetée notre expérience du monde
réel, stockée en mémoire à long terme et qui refait surface le temps d’une lecture.
Cette expérience propre à chacun est constituée de plusieurs types de connais-
sances que l’on peut détailler comme suit :
Disons pour résumer que, dans le cadre de leur perspective de recherche, la com-
préhension d’un texte peut se définir comme « la construction progressive d’une
représentation contenant les principaux faits, événements et actions auxquels le texte
fait référence. La compréhension dépend donc à la fois d’un processus intégratif et
constructif (Garnham et Oakhill, 1993) » (Baccino & Colé, 1995 : 98).
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 94
Les informations linguistiques à elles seules ne suffisant pas pour saisir le sens
d’un énoncé, aussi, le recours à des connaissances conceptuelles s’avère donc in-
contournable. Les travaux sur la mémoire des textes ont montré que ces dernières
« sont stockées en mémoire sémantique (mémoire à long terme) et sont organisées sous
la forme de structures de données (schémas, scripts) » (Baccino & Colé, 1995 : 110).
C’est à partir de ces structures que le lecteur réalise des inférences pour récupérer
de l’information comme ce sont elles également qui assurent la cohérence globale
des textes.
psychologie cognitive mais aussi de l’intelligence artificielle qui a apporté des ou-
tils de stimulation dans le but de modéliser cette activité cognitive complexe. En
1983, dans un livre intitulé Les stratégies de compréhension du discours, le psy-
chologue Kintsch et le linguiste Van Dijk présentent une théorie de traitement de
textes. Ils envisagent la compréhension de textes comme une activité de construc-
tion de sens rejoignant ainsi le courant constructiviste. Selon ce modèle, la com-
préhension s’élabore à deux niveaux : la microstructure et la macrostructure.
II.2.3.3.1. La microstructure
La microstructure est le premier niveau du texte appelé aussi cohérence locale.
Pour la décrire, il faut passer par une analyse propositionnelle permettant de re-
trouver les constituants d’une proposition. Pour Kintsch et Van Dijk, la proposi-
tion est l’unité de traitement la plus à même de décrire le mécanisme de la com-
préhension de textes. Celle-ci est constituée d’un prédicat et d’un ou plusieurs ar-
guments. Un argument est une « entité référentielle pouvant correspondre à des êtres,
des objets, des idées, d'autres propositions... [Les prédicats quant à eux] assignent des
propriétés aux arguments, ou définissent les relations entre les arguments » (Coirier &
al, 1996 : 14).
II.2.3.3.2. La macrostructure
La macrostructure est le deuxième niveau pour le traitement d’un texte. Appelé
encore niveau global, il est chargé de la transformation des propositions issues du
traitement précédent (niveau local) en macropropositions par des opérations de
généralisation, de sélection ou de condensation de l’information. Pour ce faire, le
lecteur va être guidé, nous l’avons dit plus haut, par des macrorègles qui ont « à la
fois la propriété de réduire la microstructure (il y a perte d’information) et de
l’organiser (plusieurs micropropositions sont intégrées par une seule macroproposi-
tion) » (Coirier & al, 1996 : 18). Il en existe quatre types que nous allons dévelop-
per ci-après.
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 96
Par exemple : « Les enfants jouent. » – est une généralisation des microproposi-
tions : « Jean joue à la balle », « Marie berce sa poupée », « Pierre construit un
château ».
Ces propositions peuvent être regroupées ainsi : « Jacques lisait un livre policier. »
lire implique forcément de tourner les pages.
Ces macrorègles doivent souvent être appliquées de façon drastique lors des études
universitaire car les cours magistraux, les conférences ou les documents consultés
regorgent d’informations que l’étudiant doit pouvoir synthétiser et transcrire sous
forme de PDN. Pour ce faire, il devra s’appuyer sur sa capacité à juger de
l’importance d’une information, guidé en cela par les objectifs assignés à sa PDN.
C’est pourquoi les deux chercheurs vont combler cette lacune en ajoutant le con-
cept de modèle de situation.
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 97
Ces modèles de situation ont été élaborés à partir de différentes expériences, ils
représentent l’ensemble des connaissances stockées en mémoire à long terme con-
voquées au cours du traitement de l’information et implicitement évoquées par le
texte. La cohérence n’est donc plus calculée uniquement sur la base de l’ensemble
des propositions extraites du texte mais également au vu du modèle de situation
que le lecteur construit progressivement. L’exemple le plus cité pour illustrer la
notion de modèle de situation est celui du restaurant. Tout un chacun connaît les
différentes étapes d’un dîner au restaurant : demander une table, s’asseoir, lire le
menu, commander, etc. Un auteur décrivant une telle scène ne se verra pas con-
traint d’en évoquer toutes les étapes : le lecteur étant supposé combler lui-même les
non-dits et les ellipses par l’activité inférentielle. Par ailleurs, « Miller et Kints
(1981) montrent que les parties d’un texte qui sont prévisibles à partir des connais-
sances préalables sont lues plus vite que celles qui ne le sont pas » (Denhière & Bau-
det, 1992 : 147).
En bref, ce qu’il faut retenir, dans cette section, c’est que l’acte de comprendre un
message consiste à hiérarchiser les informations qu’il renferme afin de les conden-
ser pour en avoir une représentation cohérente et intégrable en mémoire à long
terme et que les connaissances du compreneur sont toutes aussi déterminantes
dans ce processus de compréhension. Par ailleurs, la compréhension d’un énoncé
se fait de façon séquentielle par cycles de traitement au cours desquels un segment
est traité puis mis en relation avec les informations analysées lors des cycles pré-
cédents. En définitive, la compréhension de texte est donc un processus cyclique
procédant par étapes et conduisant à l’élaboration de différents niveaux
d’interprétation.
Les chercheurs ayant travaillé sur l’écriture s’accordent à dire que, parmi toutes
les activités langagières, c’est la plus longue à acquérir puisqu’elle « représente en
moyenne une quinzaine d’années nécessaires dans le système scolaire (Van Galen,
1991) […] pour atteindre un niveau satisfaisant » (Piolat, 2004 : 126) et aussi la
plus difficile à maîtriser car son apprentissage « suppose l’acquisition d’un ensemble
variés de connaissances (linguistiques mais aussi métalinguistiques […]) » (Piolat,
2004 : 126-127).
Rédiger est donc une activité nécessitant des connaissances spécifiques à l’acte
d’écrire mais également l’activation de processus rédactionnels particuliers que
nous allons décrire dans la section ci-après.
scripteur doit prendre en considération les représentations culturelles ainsi que les
connaissances thématiques de la personne à qui le texte est destiné. En situation
de PDN, c’est le noteur lui-même qui est son propre destinataire sauf dans cer-
taines circonstances où il est amené à prendre des notes destinées à d’autres lec-
teurs auxquels il les ajuste (ex. Compte rendu d’une réunion pour un supérieur).
Notons également que, dans la même situation de PDN, le rédacteur est égale-
ment sous influence sociale du conférencier ou du document en cours de lecture au
fur et à mesure où il sélectionne l’information.
Ainsi, le plan affiché au tableau par l’enseignant peut compter parmi les environ-
nements textuels qui impactent sur la régulation de la PDN. Enfin, comme nous
l’évoquions dans la première partie de notre thèse, le support d’écriture, entendu
comme procédé de mise en forme permettant de distribuer spatialement les infor-
mations, peut lui aussi jouer un rôle essentiel lorsqu’il s’agira par la suite
d’intégrer les notes dans une production écrite.
Tout comme dans le processus de lecture, la mémoire à long terme est également
sollicitée dans l’acte d’écrire. C’est, en effet, à son niveau que sont stockés les
types de connaissances sociales, thématiques et linguistiques. Il s’agit de connais-
sances déclaratives et procédurales nécessairement activées lors de la production
écrite. S’agissant de la PDN, afin de parvenir à une pratique efficace, le noteur
doit se constituer ce type de connaissances comme par exemple connaître les diffé-
rents procédés abréviatifs, disposer d’un inventaire d’abréviations, etc.
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 102
Quant à la production de texte, « [c’] est la fonction qui utilise les représentations
préverbales élaborées par la réflexion pour les traduire en éléments verbaux écrits »
(Piolat, 2006 : 45). Autrement dit, à ce niveau du processus, le rédacteur mobilise
les compétences linguistiques dont il dispose pour traduire ses idées en langage
écrit. Rappelons que dans le cadre de la PDN, les procédés de traduction em-
ployés par le noteur diffèrent de ceux utilisés dans les opérations de mise en texte
classiques.
Enfin, la révision se définit comme l’ensemble des retouches apportées sur le texte
en cours. Elle permet un feed-back sur le texte incluant la relecture du produit, la
détection éventuelle d’insuffisances.
ressources et ne peut assurer ses fonctions. Ainsi, les deux fonctions de transmis-
sion et de traitement de la mémoire de travail se disputent le partage des res-
sources attentionnelles. La plus grande difficulté est donc de gérer de manière la
plus économique et la plus efficace possible la quantité de ressources disponibles.
C’est au psychologue australien John Sweller (2006) que l’on doit la théorie de la
charge cognitive (ou charge mentale) dont le modèle est une référence en psycho-
logie de l’apprentissage. C’est ainsi que la définissent Tricot et Chanquoy (1996) :
« La charge mentale […] mesure la quantité de ressources mentales mobilisées par le
sujet lors de la réalisation d’une tâche. Elle est donc fonction des difficultés de traite-
ment imposée par la tâche et des ressources mentales que le sujet alloue à la réalisation
de la tâche » (Chanquoy & al, 2007 : 31). Pour ces auteurs, la charge dépend donc à
la fois des caractéristiques de la tâche et des capacités propre à l’individu.
La théorie de Sweller s’appuie donc sur le fait que la mémoire de travail, cons-
tamment sollicitée lors des apprentissages, a une capacité limitée et que de ce fait,
l’apprentissage peut être entravé si les tâches demandées la sollicitent de manière
excessive. Autrement dit, pour qu’une tâche ait des chances d’être réalisée avec
succès, il est important que les informations utiles à son accomplissement puissent
rentrer dans les limites de la mémoire de travail. À l’inverse, si un trop grand
nombre d’informations demandent à être traitées conjointement, la charge cogni-
tive est alors trop élevée d’autant plus si « l’individu est cognitivement “éloigné” de
la tâche, autrement dit qu’il est peu familier, peu expert, peu confiant ou qu’il manque
de connaissances » (Chanquoy & al, 2007 : 31). Dans ces conditions, la mémoire de
travail est en surcharge et se traduit par un échec de la tâche.
Ajoutons, pour mieux expliciter ce phénomène de charge cognitive, que celle-ci est
sous l’influence de deux paramètres :
« - [le] coût attentionnel de la tâche, qui est d’autant plus faible que les trai-
tements qu’elle implique sont automatisés.
- [le] partage attentionnel, qui est d’autant plus important qu’il y a des inter-
férences avec la tâche principale, notamment si tâche principale et interfé-
rences sont coûteuses et proches par les traitements sensoriels et cognitifs
qu’elles impliquent » (Chanquoy & al, 2007 : 123).
Ce dernier aspect de la question nous conduit à distinguer les différents types de
charges. La théorie de la charge cognitive considère deux catégories de charge :
intrinsèque et extrinsèque (ou inutile).
multanément et, par conséquent, par les niveaux d’interactivité entre éléments,
où un élément est défini comme étant ce qui doit être appris » (Chanquoy &
al., 2007 : 163).
C’est le cas par exemple d’un apprenant qui doit apprendre une liste de mots dans
une langue seconde, chacun des éléments de cette liste peut être appris isolément,
autrement dit, apprendre un élément n’affecte pas l’apprentissage des autres élé-
ments. On postule alors que l’interactivité des éléments est faible puisque les élé-
ments à apprendre n’interagissent pas, en conséquent, la charge cognitive intrin-
sèque est également faible. Ce pourrait ne pas être le cas dans des situations
d’apprentissage comme en chimie par exemple, où certains contenus à apprendre
tels que les équations chimiques sont par essence constitués d’éléments qui intera-
gissent. Dans ce cas, « le traitement simultané d’un grand nombre d’éléments impose
une forte charge en MTD [mémoire de travail] et, par conséquent, une forte charge
cognitive intrinsèque » (Chanquoy & al., 2007 : 164).
La charge cognitive extrinsèque (ou utile), elle, relève de la présentation des in-
formations et dépend fortement du choix du concepteur pédagogique. Elle se ca-
ractérise par tout ce qui est susceptible de perturber l’apprentissage comme par
exemple les procédés d’enseignement inappropriés qui peuvent interférer avec
l’apprentissage. Ce type de charge est considéré comme étant inutile dans la me-
sure où l’enseignant peut en faire abstraction dans son processus d’apprentissage
sans impacter la compréhension de l’apprenant. Disons pour résumer que
En définitive, nous pouvons dire que la théorie de la charge cognitive recense plu-
sieurs effets ayant des implications pédagogiques : certains sont susceptibles
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 107
Par ailleurs, « la réalisation préalable d’un plan réduit ce coût et améliore la qualité
des productions » (Fayol, 2013 : 25). Il en va de même pour la PDN, où une infor-
mation préalable sur le sujet traité par le conférencier, permettra au noteur «
d’avoir dans l’esprit des points de repères [à même de l’aider] à assimiler le message et
à le percevoir dans sa globalité » (Simonet, 2016 : 42). Ainsi, cette imprégnation
anticipée, aidera le noteur à être plus réceptif aux propos entendus qu’il notera «
avec plus de rapidité et de concision » (Simonet, 2016 : 42).
« l’effort alloué à cette activité est nettement plus élevé que celui accordé à une
Copie, c’est-à dire à une simple inscription graphique des éléments verbaux
entendus. Outre les opérations de compréhension, les noteurs réalisent des opé-
rations de sélection et de reformulation d’informations (abréviations, style té-
légraphique, mise en forme matérielle du langage) qui nécessitent un effort co-
gnitif plus conséquent qu’une simple exécution séquentielle de graphies »
(Piolat, 2014 :10).
Ajoutons pour clore ce passage relatif à l’effort cognitif au cours de la PDN, qu’à
la suite de nombreuses expériences (Piolat, Roussey & Barbier, 2003 ; Piolat,
2004) il a été possible de mesurer le coût cognitif des différentes activités convo-
quées lors de la PDN et développées dans cette deuxième partie de notre travail
de recherche (apprendre, lire, noter, rédiger). Ces dernières ont révélé que
« la prise de notes est une activité plus coûteuse que la lecture ou encore que
l’apprentissage de listes de mots. Toutefois, elle s’avère moins exigeante en
ressources attentionnelles que la production écrite d’un texte. La mobilisation
des processus de planification et de révision contribue largement à la qualité
du texte produit (Olive & Piolat, 2004). Elle peut aussi provoquer la créativi-
té de ce qui est écrit par élaboration d’idées nouvelles et formulations inatten-
dues (Lubart, 2003) » (Piolat, 2004 : 71).
Néanmoins, les notes prises « présentent souvent des caractéristiques de contenu diffé-
rentes de ce qui a été entendu » (Piolat, 2010 : 10). En effet, lorsque les noteurs pro-
cèdent à un échange de notes entre eux, ils « peuvent avoir l’étrange impression à
leur lecture de ne pas reconnaître le contenu de la conférence à laquelle ils ont pourtant
assisté de conserve » (Piolat, 2006 : 16). Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce
phénomène tels que
« les différences d’objectifs des noteurs (se constituer une mémoire externe
complète ou saisir quelques idées jugées importantes, [les] différentes situa-
tions de PDN). [Aussi], compte tenu de leur mode de scolarisation, les no-
PDN : les apports de la psychologie cognitive et des neurosciences | 109
teurs possèdent des connaissances et des habilités très diversifiées qui contrai-
gnent leur PDN » (Piolat, 2006 : 16-17).
En raison de ces différents facteurs, « les noteurs ne peuvent, en conséquence,
aboutir à des “produits écrits” comparables » (Piolat, 2006 : 16-17). La métaco-
gnition est, dans ce contexte-ci, une approche toute indiquée en vue
d’accompagner les étudiants dans leur apprentissage de la PDN.
Conclusion partielle
Cette deuxième partie de notre travail relative aux fondements théoriques qui
sous-tendent notre recherche, nous a permis de mettre en évidence les activités
complexes engagées au cours de la PDN. La PDN étant un outil d’acquisition des
connaissances, il nous a donc fallu développer la notion de connaissance ainsi que
tous les processus activés par l’apprenant en vue de son acquisition, et ce, dans
une perspective constructiviste. Nous avons développé également de façon assez
exhaustive ces activités mentales sur lesquelles repose la pratique de la PDN.
Concernant l’activité de l’écoute, nous avons abordé les principales étapes de trai-
tement intervenant lors de la production et de la réception d’un énoncé oral en les
illustrant à partir d’un schéma.
L’acte de lire convoqué également en situation de PDN a fait l’objet d’une ana-
lyse étayée à travers l’étude du processus de lecture ainsi que des différentes
formes de mémoires sollicitées lors du traitement de l’information.
Enfin, la PDN étant caractérisée par sa complexité, nous avons aussi traité de la
notion de charge cognitive empruntée à Sweller ainsi que de la métacognition ou
réflexivité sur le propre processus cognitif, concepts au centre de l’apprentissage
de la PDN.
Une fois posé le cadre théorique de notre réflexion, l’expérimentation décrite ci-
après dans la troisième partie et menée dans le cadre d’un projet pédagogique,
devrait nous permettre de valider ou d’invalider les hypothèses de cette recherche-
action.
CHAPITRE-III. Expérimentation :
pratiques étudiantes de
la PDN
|112
Introduction partielle
Le travail de recherche dans lequel nous nous sommes engagés requiert une expé-
rimentation sur le terrain à travers un projet pédagogique. Il s’inscrit donc dans
une démarche empirique comprenant différentes étapes que nous allons verbaliser
dans cette troisième partie de notre thèse et au terme de laquelle nous vérifierons
nos hypothèses émises en tout début. Mais avant, il nous semble judicieux de
rappeler ici succinctement notre problématique et les hypothèses qui en décou-
lent.
III.1.2.1. Un questionnaire
Notre projet de recherche s’inscrit dans une démarche empirique, afin de
l’opérationnaliser, nous avons élaboré, en amont, un questionnaire destiné aux
étudiants concernés par notre expérimentation. Nous avons pris en considération
« les quatre grandes étapes » (Gautier, 2010 : 469) à respecter dans la réalisation de
tout questionnaire en l’occurrence : la sélection des concepts et indicateurs, la
formulation des questions, la mise en forme du questionnaire et enfin le pré-test.
Cette technique du questionnaire a été retenue en tant qu’instrument de mesure
permettant de confirmer ou d’infirmer une partie des hypothèses de recherche
avancées. Rappelons que celles-ci portent sur des éléments préalablement déter-
minés afin de les opérationnaliser et les mesurer à travers des « indicateurs perti-
nents qui déterminent les questions à poser » (Gautier, 2010 : 470) :
Une fois avoir déterminé avec exactitude les éléments pertinents à mesurer, nous
avons donc procédé à la préparation du questionnaire. Ce dernier comporte dix-
neuf questions, ce nombre est assez proche de la moyenne arrêtée pour
l’élaboration d’un questionnaire de recherche. De plus, il paraît suffisant pour
cerner les éléments que nous souhaitons mesurer. Quinze de ces questions sont
fermées et, puisque nous voulions donner la possibilité aux étudiants de verbaliser
en quelques lignes leur point de vue et leur expérience de la PDN, nous leur avons
proposé quatre questions ouvertes. D’autre part, comme dans tout outil
d’investigation, nous avons veillé à ce qu’il y ait une dimension d’ordre quantita-
tif et qualitatif. Par conséquent, nous avons choisi d’y introduire neuf questions
qualitatives et quatre quantitatives.
Quant aux autres questions, elles ont trait à des aspects définitoires ou empiriques
de la PDN. Dans l’ensemble, nous avons été aussi précis que possible dans la for-
mulation des questions en choisissant un vocabulaire à la portée des étudiants.
Comme nous avons veillé à ce que celles-ci soient pertinentes et puissent nous ai-
der à mesurer ce qu’on souhaite réellement mesurer, à savoir, le lien
qu’entretiennent les étudiants avec la PDN ainsi que la place accordée à la PDN
en milieu universitaire.
|114
Par ailleurs, une grande attention a été accordée à la mise en forme de notre ques-
tionnaire. Afin qu’il soit un outil de mesure valide, fidèle, cohérent et agréable à
remplir, nous avons considéré sa longueur, la gradation, la cohérence et
l’orientation de ses questions. Aussi, un petit texte introductif explique aux in-
formateurs ses objectifs et quelques consignes les orientent dans la manière d’y
répondre.
À l’université, il sera donc question pour l’étudiant de prendre des notes utiles,
utilisables, utilisées (opérationnelles).
La PDN linéaire ;
La PDN articulée ;
La PDN arborescente ;
La PDN systémique ;
La PDN compartimenté.
également en fonction « des types de cours » (Piolat, 2006 : 14). Nous présentons ci-
dessous les dates et l’intitulé des cours dispensés dans les deux modules :
Tableau 10 : Cours dispensés lors de la phase d’expérimentation (module : Introduction à la didactique).
Tableau 11 : Cours dispensés lors de la phase d’expérimentation (Étude des textes littéraires).
compte lors d’une PDN. Enfin, l’habileté abréviative permettant aux étudiants
de résorber l’écart de cadence entre l’oral et l’écrit et, par-delà, de saisir la totalité
des idées contenues dans le discours de l’enseignant devait également être appré-
ciée à travers notre grille.
Tableau 13 : Grille d’évaluation des PDN (corpus).
FREQUENCE D’UTILISATION
DESCRIPTEURS CARACTERISTIQUES
Nulle Peu Régul. Bcp
1) Distribution spatiale des informations :
A. Agencement du texte
– Présence de marqueurs de cohérence textuelle
(titres et sous-titres)
– Numérotation de parties
– Présence de paragraphes
– Présence de passages lacunaires
– Notes aérées
– Présence de marges
– Présence de tableaux, figures, illustrations
B. Marques sémio-graphiques
– Présence d’encadrés
– Présence de surlignement, soulignement
– Capitalisation de mots
– Utilisation de couleurs
– Présence de ponctuation
2) Procédés abréviatifs et substitutifs
– Utilisation d’abréviations conventionnelles
– Usage de la technique de troncation
– Emploi d’abréviations personnelles
– Présence d’icônes substitutives
– Présence de marques d’effet de liste
3) Justesse linguistique
– Présence de difficultés linguistiques
Ils sont dans leur grande majorité de sexe féminin. Le groupe compte en effet 87
étudiantes ce qui représente 92 % de l’effectif. Cette proportion de filles dans les
filières des langues étrangères est caractéristique à l’Algérie. Nous le constatons
d’ailleurs après l’université où les étudiantes se ruent vers la profession
d’enseignant de langues étrangères. De source officielle27, 85 % de l’effectif des
27 Cf. Bilan des effectifs du personnel pour le FLE, Direction de l’Éducation Nationale de la wilaya
de Ouargla, année scolaire 2015-2016.
|122
Nous avons émis dans notre problématique l’hypothèse selon laquelle la non maî-
trise de la PDN par les étudiants serait due, entre autres, au fait que leurs ensei-
gnants ne les « plaçaient » pas systématiquement dans des « situations de PDN ».
Deux enseignantes : Dr. H. B. (MCA) et Mme A. M. (MAA) ont donc bien voulu
contribuer à notre expérience. Les deux collaboratrices ont été respectivement
chargées d’enseigner le module de didactique et celui de littérature.
des étudiants. Celles-ci nous servent en effet de point d’appui afin de les rectifier
ou éventuellement de les faire évoluer et garantir ainsi une pratique efficiente de
la PDN.
Nous avons proposé dans la première question trois définitions de la PDN, les
trois sont justes mais une seule est complète et rend compte de la PDN dans toute
sa complexité :
Question 1
Parmi les définitions suivantes de la PDN, quelle est celle qui vous paraît la
plus proche de votre représentation ?
Tableau 16 : Résultats de la question 1.
Près de 57 % des interrogés ont choisi la réponse englobante donnée par les
spécialistes selon laquelle la PDN est « une activité cognitive réalisée pour stocker
par écrit des informations lues ou entendues jugées importantes ». Nous émettons
néanmoins l’hypothèse que le dernier fragment de la question « jugée importante »
les a décidés à opter pour ce choix. D’emblée, prendre des notes pour les étudiants,
serait donc noter ce qui est le plus important dans un cours.
Question 2
Selon vous, lorsqu’on prend des notes, l’essentiel est de noter du « son » ou du
« sens » ?
Tableau 17 : Résultats de la question 2.
Question 7
Cette partie de notre échantillon a-t-il été à ce point rétif aux questions ouvertes
comme c’est en général le risque dans ce genre de sondage ? – Signalons tout de
même que ce type de question était limité à deux (02) dans notre questionnaire.
Question 13
Pensez-vous qu’il existe des méthodes pour prendre des notes efficacement ?
Tableau 19 : Résultats de la question 13.
Toujours dans le cadre des représentations, nous voulions savoir si les interrogés
ont une idée préalable des méthodes efficaces pour la PDN. Ils sont près de 91 % à
penser qu’il existe bien des méthodes à même de les aider à prendre des notes
efficacement. Ce nombre très majoritaire nous permettra, sans nul doute,
d’aborder les cours d’initiation à la PDN avec entrain et sérénité puisqu’il est
également question d’y développer les principales techniques de PDN.
126
|
Question 3 : 3.a.
Question 3 : 3.b.
58 % des étudiants sondés affirment avoir pris des notes tout au long de leurs trois
années de licence. 15,79 % disent avoir pratiqué la PDN lors de leurs deux
dernières années de licence. D’autres, (13,68 %), situent leur première PDN à
l’université seulement en première année de licence tandis que 06,32 % l’ont
commencé en dernière année de licence. Dans l’ensemble, les étudiants
universitaires interrogés paraissent familiarisés avec la pratique de la PDN à en
croire les résultats du questionnaire.
Question 4
51,58 % précisent que c’est à l’université que leur expérience de la PDN en FLE a
commencé. Ajoutons à ce chiffre les 11,58 % et le 01,05 % d’interrogés qui évo-
quent le cycle universitaire mais accompagné d’un autre niveau. La très grande
majorité des personnes sondées reconnaissent donc avoir pratiqué la PDN au su-
périeur, ce qui semble infirmer notre hypothèse de départ. Seulement, nous au-
rions dû les interroger sur leur fréquence d’utilisation de la PDN, car en effet, «
avoir déjà pris des notes » ne signifie pas systématiquement être familier avec cet
outil méthodologique. Le lycée est le deuxième lieu d’apprentissage où la pratique
de la PDN est effective avec un score de 27,37 %. Le cycle moyen est le dernier
palier à être cité quant à l’initiation à la PDN avec 08,42 %.
|128
Question 11
Vous sentez-vous capables de prendre facilement des notes lors d’un cours ?
Tableau 23 : Facilité dans la PDN.
Dans notre analyse, nous avons procédé au recoupement entre les questions 04 et
11 ce qui nous a permis de faire le constat suivant : sur les 63 étudiants ayant
répondu se sentir capables de prendre facilement des notes lors d’un exposé oral,
33 ont affirmé avoir commencé à prendre des notes en FLE à l’université
seulement. Ils représentent donc 52,39 % à s’en sortir bien dans leur PDN sans
avoir eu besoin d’en acquérir l’apprentissage plutôt. Il reste bien sûr à nous
interroger sur la qualité de ces notes et leur efficacité. Néanmoins, sur ce nombre
ayant exprimé une aisance dans leur PDN, 07 (11,11 %) ont commencé leur
initiation dès le cycle Moyen et 17, à savoir 26,99 %, dans le secondaire. Un
apprentissage précoce de la PDN est donc à même de préparer efficacement les
futurs étudiants dans leur parcours universitaire.
|129
Question 5
Dans leur majorité (60%), les étudiants ont commencé à prendre des notes en
langue arabe au lycée. 35,79 % affirment avoir débuté la PDN en langue
nationale dans le cycle moyen alors que 03,16 % auraient apparemment oublié à
quel niveau d’apprentissage ils ont entamé la PDN et se sont donc abstenus de
répondre à la question. Notons que seul un (01) étudiant a mal compris la
question et a mentionné à la fois les deux niveaux.
Question 6
Est-il est plus facile pour vous de prendre des notes en arabe ou en FLE ?
Tableau 26 : Résultats de la question 6.
Ils considèrent pour 49,47 % qu’il leur est plus facile de prendre des notes en
arabe plutôt qu’en français (39 %). 10,53 % des étudiants interrogés affirment
être à l’aise pour leur PDN dans les deux langues alors que seul un étudiant n’a
pas donné de réponse. Lorsque nous leur avons demandé de justifier leur réponse,
54 % estiment prendre aisément des notes en arabe car c’est leur langue
maternelle, qu’ils la maîtrise beaucoup mieux. Par contre, 36 % de notre
échantillon est plus à l’aise en français argumentant que c’est leur langue de
130
|
Un croisement entre les questions 6 et 11 et nous révèle que bien qu’il soit plus
facile pour la majorité des interrogés (47) de prendre des notes en langue
maternelle, près de 21 (soit 65,63 % de l’ensemble des étudiants ayant témoigné
de leur malaise dans la prise de notes en cours) reconnaissent éprouver des
difficultés en français. Quant aux étudiants considérant pouvoir prendre des notes
plus commodément en français qu’en arabe (37) ; 31,25 % éprouvent quand même
des difficultés à transcrire des mots en langue étrangère.
Tableau 28 : Rapprochement entre les questions 06 et 17(a).
Nous avons également établi dans notre analyse des réponses au questionnaire un
rapprochement entre les questions 06 et 17(a). Ce parallèle nous a permis
d’observer que sur les 47 étudiants les plus à l’aise dans la PDN en langue arabe ;
45,31 % parviennent quand même à une relecture aisée de leurs notes en FLE. En
ce qui concerne les 37 ayant opté pour la PDN en FLE, nous constatons
néanmoins que 33,33 % éprouvent des difficultés à les relire.
|131
Nous voulions connaître à travers notre questionnaire les obstacles éventuels que
rencontrent les interrogés lorsqu’ils pratiquent la PDN. Nous avons proposé une
liste non exhaustive de trois obstacles pouvant entraver la PDN à savoir : la
vitesse du débit de la voix, l’existence de « bruit » dans la salle de cours, l’absence de
progression logique dans le cours et enfin une ligne à compléter pour mentionner
d’autres obstacles éventuels non évoqués dans la liste.
Il ressort des résultats obtenus que 47,37 % des questionnés affirment que le
principal obstacle à leur PDN est le fait que l’enseignant parle trop vite, suit la
présence de bruit dans l’amphi avec un taux de 29,47 % et enfin le manque de
progression logique dans le cours (18,95 %). D’autres entraves à la PDN ont été
évoquées mais par un nombre très limité de participants (04,21 %) et sont, à ce
titre, insignifiantes. Il s’agit en l’occurrence de problèmes personnels de
concentration, de cours incompris (mots difficiles à comprendre, voix basse de
l’enseignant), et de professeurs incapables de transmettre l’information.
132
|
Les réponses ainsi obtenues pourraient être exploitées et pris en compte dans
notre expérience. Des conseils tirés d’ouvrages spécialisés dans la PDN peuvent
être données aux étudiants en vue de pallier ces problèmes. Elles pourraient être
également le point de départ d’une réflexion pédagogique sur les pratiques
enseignantes à même de faciliter la tâche des noteurs.
Tableau 29 : Croisement des questions 08 et 12.
Obstacles à la Débit
PDN rap. Débit
Absence de Débit Abs. rap. Autres TOTAL
Bruit
Pratiques progression rapide de Bruit
enseignantes prog.
06 07 11 01
Communiquer 25
(33,33%) (25%) (24,44%) (100%)
01 03 07 01 01
Dicter 13
(05,56%) (10,72%) (15,56%) (50%) (100%)
11 18 27 01
Distribuer 57
(61,11%) (64,28%) (60%) (50%)
TOTAL 18 28 45 01 02 01 95
Dans cette thématique des obstacles à la PDN, nous avons également établi un
croisement entre les questions 08 et 12. À l’issu de ce croisement, nous avons été
surpris de constater que sur l’ensemble des étudiants qui ont pointé du doigt le
« débit verbal trop rapide du conférencier » comme principal obstacle à leur PDN
(47,36%), 60 % d’entre eux (la majorité) avaient au préalable considéré que la
distribution des polycopiés était une pratique fréquente chez les enseignants.
Le public d’enquête aurait-il traduit « débit verbal rapide » par lecture trop
rapide de l’enseignant ?
L’enseignant justifierait-il cette lecture rapide par le fait que ses étudiants ont
déjà le support textuel sous les yeux ?
Quoi qu’il en soit, cette pratique de la lecture littérale du polycopié, même si elle
est dominante dans le cercle des nouvelles jeunes recrues d’enseignants, elle est
néanmoins aux antipodes de la pédagogie universitaire innovante.
Le bruit en tant qu’obstacle à la PDN a été dénoncé dans notre sondage toujours
par ceux qui considèrent que la pratique enseignante la plus courante est la
distribution des polycopiés, et ce, avec 64,28 % des réponses exprimées.
Question 14
POSSESSION DES ETUDIANTS D’UNE STRATEGIE PARTICULIERE DE PDN NOMBRE (%) TOTAL
50
– Oui
(52,63%) 95
45 (100%)
– Non
(47,37%)
Par ailleurs, dans la plupart des études sur la question, « les chercheur-euse-s ont
déjà mis en évidence que le meilleur prédicteur de la réussite dans les études
supérieures était la qualité des stratégies cognitives d’apprentissage et le fait que ces
stratégies soient rendues explicites » (Mc Millan, 2010), grâce à la métacognition
entre autres.
Ils sont donc près de 52,63 % à reconnaître avoir une stratégie particulière de
PDN. La majorité nous cite comme stratégie la création d’abréviations
personnelles. Certains, malheureusement, n’apportent rien de nouveau et se
contentent de rappeler certains procédés abréviatifs conventionnels tels que
l’utilisation de schémas, de signes, de couleurs, de surlignements, le découpage de
la feuille en différentes parties, la troncation, la carte mentale. D’autres évoquent
la reformulation personnelle, ou encore la transcription des idées essentielles sans
plus de précisions. Un seul des interrogés nous confie qu’en plus de l’écoute et de
la reformulation il préconise la communication avec ses camarades, la démarche
en elle-même est intéressante du point de vu métacognitif mais reste insignifiante
puisque la pratique reste extrêmement limitée. Néanmoins, 47,37 % des
questionnés avouent ne pas détenir de stratégie particulière dans leur pratique de
PDN.
134
|
Question 15
Nous souhaitons rendre compte ici des résultats d’une association entre les ques-
tions 14 / 17(a) et 14 /15(a). À voir les résultats, les stratégies utilisées n’auraient
pas vraiment d’impact sur la lisibilité des notes puisque sur les 50 étudiants ayant
répondu avoir une stratégie particulière PDN, 15 reconnaissent avoir des difficul-
tés à relire leurs notes de cours, soit 50 %. Quant aux 45 ayant reconnu n’avoir
aucune stratégie, 30 affirment n’avoir aucun problème de lisibilité des notes
prises, soit 46,88 %. Il serait cependant hasardeux de confirmer cette hypothèse
dans la mesure où, comme nous l’expliquions plus haut, interrogés sur leur straté-
gie individuelle, la majorité s’est contentée de rappeler les techniques abréviatives
conventionnelles.
135
|
Par le biais de l’association entre les questions 14 et 15(a), nous souhaitions mesu-
rer la lisibilité des notes entre pairs, parmi le public sondé possédant une stratégie
singulière de PDN, 31 considèrent que leurs camarades ne sauraient exploiter faci-
lement leurs notes soit 72,10 %. Ce résultat est somme tout logique et prévisible
vu que la PDN, comme nous l’avions déjà expliqué, ne répond pas aux normes de
l’écriture conventionnelle, c’est une forme scripturale élaborée par les étudiants
eux-mêmes que certains spécialistes d’ailleurs n’hésitent pas à comparer à « un
puzzle indéchiffrable » (Simonet, 2016 : 41).
47,37 % relisent leurs notes une semaine après, 26,32 % procèdent à la relecture
un jour après et 10,53 % un mois après la PDN. Autres cas rencontrés : 5%
revoient leurs notes le jour-même, plus de 6 % de notre échantillon attend la veille
des examens pour jeter un coup d’œil sur leurs notes.
Interrogés sur leur capacité à relire aisément leur PDN, 67,37 % des étudiants
affirment parvenir à une relecture aisée de leurs notes contre 31,58 %. Un seul
étudiant (01,05 %) n’a pas répondu à la question.
Dans le cadre de notre travail, nous avons poussé l’analyse en opérant là encore
un croisement entre les questions 16 et 17(a). Nous souhaitions examiner dans une
perspective comparative l’impact du délai de révision des notes et l’aisance
ressentie par les étudiants lors de leur relecture. Les résultats montrent que parmi
les 06 étudiants qui reprennent leurs notes, juste avant les examens, 02 peinent à
les relire soit 07,40 % de l’ensemble des enquêtés ayant reconnu ressentir cette
difficulté. Nous nous attendions à un score plus élevé dans la mesure où, comme
nous l’avions déjà évoqué, pour qu’elles soient opérationnelles, les notes prises
doivent immédiatement être relues et complétées. Sur les 10 qui révisent leurs
copies un mois après, 4 parviennent difficilement à se relire, ils constituent 14,82
% de l’ensemble des enquêtés rencontrant ce même obstacle. Proportionnellement
parlant, ce taux tend vers la baisse lorsque le délai est plus court puisque sur les
45 qui revoient leurs cours une semaine après (47,36 % du public sondé), 31
parviennent à relire aisément leurs notes. Le taux est également plus bas pour les
étudiants repassant leurs PDN un jour après. En effet, sur 25, 18 n’ont pas de
problème dans la relecture de leur notation autrement dit un taux de 26,86 %.
Notons enfin, que ceux des étudiants qui revoient leurs fiches annotées le jour-
même (ils sont 5 sur 95), aucun ne rencontre de difficultés au cours de la révision.
Il y aura donc lieu, au cours de notre projet d’initiation à la PDN, ainsi que dans
le cadre de l’atelier de formation proposé au sein de notre laboratoire FEU, de les
sensibiliser au bon usage de ces supports de révision que sont les notes prises lors
du cours, en les incitant à les compléter éventuellement par la suite à travers la
lecture d’ouvrages de références, et ce, dans les délais les plus brefs.
|138
Pour les étudiants éprouvant des difficultés à relire leurs notes, il leur a été
demandé de choisir parmi une liste de stratégies celle qu’ils préconisent pour y
parvenir. 20% optent pour montrer leurs notes à un(e) camarade et entamer une
discussion dans le but de dissiper les points obscurs. C’est donc le champ de
l’interaction que la majorité a choisi d’opérer de son plein gré autrement dit la
confrontation avec leurs pairs. C’est une option louable car, comme nous l’avons
mentionné dans notre deuxième partie, lorsque nous avons développé le concept
de conflit sociocognitif, il est en effet important, pour garantir un apprentissage
rentable, que les apprenants échangent entre eux leurs PDN initiales afin de
vérifier et de valider les informations entendues et consignées pendant le cours.
Ajoutons encore que sur ces 31,58 % qui peinent à relire leurs notes, plus de 9,47
% envisagent de consulter des ouvrages proposés par l’enseignant en vue de se
rafraîchir la mémoire et compléter ainsi les parties manquantes de leurs PDN.
Précisons tout de même que la barre relative aux réponses vides (67,37 %) dans la
figure ci-dessus, correspond, bien entendu, à l’échantillon de notre publique qui
parvient à une relecture aisée de sa PDN et qui n’envisage, par conséquent,
aucune stratégie pour se relire.
Selon les interrogés, 60 % affirment qu’il est plus fréquent de voir les enseignants
distribuer des polycopiés du cours et expliquer linéairement, 26,32 % présentent
leurs cours magistralement autrement dit sous forme de communication et enfin
un peu moins de 13,68% nous révèlent que leurs enseignants procèdent à la dictée
du cours.
Avant d’analyser ces résultats, rappelons, comme nous l’avons évoqué plus haut,
que la transmission du savoir dans les universités algériennes se fait par cours
magistraux interposés. À ce titre, ils remplissent la fonction de déclencheurs de
l’acte de PDN. En effet, ce dernier ne prend tout son sens qu’à travers un
140
|
Quoi qu’il en soit, les résultats obtenus confirment bien notre hypothèse de départ
selon laquelle les enseignants ne « placent » pas systématiquement leurs
apprenants en situation de PDN, raison pour laquelle ces derniers ne sont pas
suffisamment entraînés à cette pratique scripturale, ce qui risquerait, par
conséquent, de compromettre, en partie, leur réussite académique.
Figure 18 : Ressenti des étudiants en termes de sécurité devant les pratiques enseignantes.
La deuxième réponse ayant trait au ressenti des étudiants par rapport à la posture
académique de leurs professeurs révèle que 45,26 % se sentent plus à l’aise lorsque
leur enseignant communique son cours contre 37,89 % qui ont une préférence
pour la distribution de polycopiés. Nous ne nous attendions pas à ce résultat
puisqu’il est communément admis que les étudiants sont plus rassurés devant un
polycopié. Il est encourageant pour notre projet de savoir qu’une majorité d’entre
eux optent pour l’écoute active d’un cours, condition très favorable, rappelons-le,
à la PDN. Nous pensons que nous pourrons donc entamer notre expérience avec
sérénité et enrichir par cette donnée des perspectives de recherches novatrices sur
les questions pédagogiques dans l’enseignement supérieur en Algérie.
|141
Question 10-a
UTILISATION PAR LES ENSEIGNANTS DES PROCEDES FACILITATEURS DE PDN NOMBRE (%) TOTAL
79
– Oui
(83,16%) 95
16 (100%)
– Non
(16,84%)
Question 18
Dans leur grande majorité (95,79 %) les étudiants sondés estiment qu’une
formation à la PDN pourrait leur permettre de réussir dans leur apprentissage. Ils
reconnaissent ainsi, d’une manière implicite, leur besoin en formation. Par contre,
04,21 % estiment qu’une telle formation n’impactera pas sur leur réussite
académique.
Par ailleurs, plus de 87,37 % de notre échantillon sont favorables à une formation
à la PDN. 11,58 % ne portent pas d’intérêt à un tel enseignement. Cet avis résulte
certainement de la frange d’étudiants qui s’est réellement appropriée la pratique
de PDN et qui la maîtrise parfaitement au point où elle n’aurait pas besoin de
formation. Un seul étudiant parmi les 95 que compte notre population d’enquêtés
n’a pas exprimé son avis.
Pour rappel, nous avions émis comme hypothèse qu’un atelier de PDN au sein de
notre université dans le cadre des activités du laboratoire de langue LEFEU (Fran-
çais des Écrits Universitaires) permettra aux étudiants de mieux maîtriser la PDN.
L’atelier en question devrait permettre de les initier à partir de la première année
licence à cette compétence méthodologique, comme il leur garantirait une meil-
leure appropriation du savoir dispensé et, par voie de conséquence, la réussite
académique.
Nous avons veillé à ce que ces critères puissent toucher la compétence de PDN
dans sa totalité, c’est pourquoi ils sont répartis en fonction des trois domaines qui
la composent :
Savoir ;
Savoir-faire ;
Savoir-être.
TOTAL
TOTAL
MODULE LITTERATURE (%) MODULE DIDACTIQUE (%)
100% 100%
NON OUI PARFOIS NON OUI PARFOIS
(95) (95)
Je ne mélange pas les notes 12,63% 80% 07,37% 100% 09,47% 83,16% 07,37% 100%
des différents cours. (12) (76) (07) (95) (09) (79) (07) (95)
J’identifie mes notes à l’aide de 06,32% 83,16% 10,52% 100% 08,42% 81,05% 10,53% 100%
références (titre, date) (06) (79) (10) (95) (08) (77) (10) (95)
J’utilise plusieurs formes
différentes de PDN (linéaire, 20% 48,42% 31,58% 100% 09,47% 48,42% 42,11% 100%
structurée, arborescente, (19) (46) (30) (95) (09) (46) (40) (95)
systémique…) selon le module.
J’écoute d’abord ce que dit le
06,32% 74,74% 18,94% 100% 07,37% 74,74% 17,89% 100%
professeur avant de le noter pour
(06) (71) (18) (95) (07) (71) (17) (95)
identifier les éléments importants.
Je repère et note les mots clés,
03,16% 71,58% 25,26% 100% 04,21% 67,37% 28,42% 100%
noms propres, dates données
(03) (68) (24) (95) (04) (64) (27) (95)
chiffrées…
38,95% 16,84% 44,21% 100% 42,11% 13,68% 44,21% 100%
Je ne fais pas de phrases.
(37) (16) (42) (95) (40) (13) (42) (95)
J’emploie des abréviations 13,68% 48,42% 37,90% 100% 10,53% 53,68% 35,79% 100%
conventionnelles et des symboles. (13) (46) (36) (95) (10) (51) (34) (95)
J’emploie des abréviations que 14,74% 53,68% 31,58% 100% 07,37% 64,21% 28,42% 100%
j’invente moi-même. (14) (51) (30) (95) (07) (61) (27) (95)
Le professeur m’aide en utilisant
des procédés qui facilitent mes 11,58% 61,05% 27,37% 100% 15,79% 53,68% 30,53% 100%
PDN (gestes, reformulation, (11) (58) (26) (95) (15) (51) (29) (95)
prosodie, plan au tableau, etc.)
J’essaie de ne pas trop condenser 14,74% 47,37% 37,89% 100% 17,89% 40% 42,11% 100%
mes notes, mais plutôt de les aérer. (14) (45) (36) (95) (17) (38) (40) (95)
Je surligne ou souligne les idées 09,47% 74,74% 15,79% 100% 07,37% 77,89% 14,74% 100%
principales. (09) (71) (15) (95) (07) (74) (14) (95)
32,63% 35,79% 31,58% 100% 35,79% 33,68% 30,53% 100%
Je pense à numéroter les pages.
(31) (34) (30) (95) (34) (32) (29) (95)
07,37% 68,42% 24,21% 100% 07,37% 64,21% 28,42% 100%
Mes PDN me paraissent lisibles.
(07) (65) (23) (95) (07) (61) (27) (95)
Je ne tarde pas à reprendre mes 12,63% 49,47% 37,90% 100% 13,68% 44,21% 42,11% 100%
notes et à les compléter. (12) (47) (36) (95) (13) (42) (40) (95)
Depuis que je prends des notes, je
+ + + + + + + +
m’aperçois que :
– Je participe en classe et 05,26% 49,47% 45,27% 100% 12,63% 48,42% 38,95% 100%
m’intéresse davantage : (05) (47) (43) (95) (12) (46) (37) (95)
– Je suis plus attentif (ve) 04,21% 81,05% 14,74% 100% 04,21% 80% 15,79% 100%
et plus concentré(e) : (04) (77) (14) (95) (04) (76) (15) (95)
– Je retiens plus facile- 04,21% 67,37% 28,42% 100% 11,58% 60% 28,42% 100%
ment : (04) (64) (27) (95) (11) (57) (27) (95)
02,11% 76,84% 21,05% 100% 01,05% 71,58% 27,37% 100%
– Je comprends mieux :
(02) (73) (20) (95) (01) (68) (26) (95)
– Le temps passe plus vite : 11,58% 53,68% 34,74% 100% 11,58% 53,68% 34,74% 100%
(11) (51) (33) (95) (11) (51) (33) (95)
PDN. Les critères dans le tableau ci-dessous ont trait à des savoirs proprement
dits.
Tableau 38 : Résultats du questionnaire d’auto-évaluation relatif au domaine du savoir.
L’écoute active est bien entendu très sollicitée au moment de la PDN, elle a fait
d’ailleurs l’objet d’un traitement attentif dans notre deuxième partie. Ainsi, plus
de 71 % de la population invitée à s’autoévaluer estiment avoir favorisé l’écoute
active en vue de pouvoir noter du sens et non des sons (mots). Cette prise de cons-
cience des étudiants est essentielle puisque nous sommes là au cœur même de la
PDN efficace qui consiste en la transcription d’« informations […] entendues
qu’ils jugent importantes et pertinentes » (Piolat, 2006 : 14).
Ils sont également majoritaires à reconnaître avoir repéré puis consigné mots clés,
noms propres et données chiffrées. 71,58 % en module de littérature et 67,37 % en
didactiques ont pu capter ces éléments importants dans un cours.
pour en tirer les éléments importants. À moins que la tournure négative proposée
« — Je ne fais pas de phrases » prête à confusion et que la réponse ici par la néga-
tive revient à acquiescer. En tout état de cause, bien qu’à priori sécurisant, ce
choix de la transcription linéaire par l’étudiant risque de lui faire perdre le fil du
cours et le contraindre à reporter la compréhension ultérieurement.
L’aération des pages dans lesquelles sont transcrites les notes revêt aussi une im-
portance, dans la mesure où, elle rend moins encombrante la reprise des notes
après le cours. En effet, la surcharge d’informations lors de la PDN rend la révi-
sion contraignante. Par ailleurs, en laissant des espaces entre les différents points
du cours, elle permet au noteur d’effectuer d’éventuels ajouts. En littérature,
47,37 % ont répondu avoir aérer leurs copies contre 42,11% en module de didac-
tique.
À en croire l’analyse des résultats de leur propre évaluation, les étudiants partici-
pants à l’expérience ont également accordé une importance au soulignement (ou le
surlignement à l’aide d’un crayon fluorescent). 74,74 % ont procédé au souligne-
ment de l’information en littérature contre 77,89 % en didactique. Ces souligne-
ments, rappelons-le, sont considérés comme des dispositions dites visuelles afin de
mettre en exergue une information.
Dans le but d’éviter une perte de temps et de retrouver facilement ses notes, il
convient de numéroter les pages contenant les notes prises. Visiblement peu
d’étudiants y ont songé. Seuls, 35,79 % l’ont fait systématiquement en module de
littérature et 31,58 % de temps à autre. Pour le deuxième module, nous avons le
même score respectif : 33,68 % et 30,53 %.
148
|
Il faut insister aussi sur le fait que les notes prise doivent pouvoir, par la suite être
exploitables et donc lisibles et compréhensives. Une fois devant leur fiche de
PDN, nombre de noteurs se plaignent de cette difficulté qu’ils ont de se relire ou
même de lire les notes de leurs paires dont les procédés abréviatifs ne sont pas
compris.
Pour ce qui est du ressenti du public étudiant envers leur expérience de la PDN, il
est pour nous satisfaisant d’enregistrer leur enthousiasme puisqu’à peu près 48 %
portent plus d’intérêt au cours, 45 % en module de littérature participent et
s’intéressent parfois contre 38 % en didactique. Ils sont plus de 80 % à se dire plus
attentifs et plus concentrés, ce sont là des prédispositions très favorables à une
PDN efficace. Cela nous réjouis d’autant que 67,37 % des participants sentent
|149
Enfin, il est à noter des différences dans le score entre les deux disciplines, cet
écart peut être expliqué par l’intervention de différents facteurs tels que la nature
de la discipline, le style du professeur ou encore l’horaire du cours mais nous y
reviendrons avec plus de détails lorsque nous analyserons notre corpus.
Quand bien même satisfaisant, cet outil n’est autre qu’un moyen d’auto-
évaluation destiné aux étudiants, les réponses peuvent ne pas refléter tout à fait
leur ressenti. C’est bien là la problématique de tout outil d’investigation dont la
finalité est de décrire une réalité mais qui ne peut que s’en rapprocher à cause de
facteurs qui font que l’objectivité est un idéal jamais atteint.
III.2.3.1. Organisation de l’espace graphique des notes prises par les étudiants
Nous avons procédé à l’analyse d’un corpus comprenant 190 fiches de PDN (pour
les deux modules confondus). Nous nous sommes attachés à mesurer dans un pre-
mier temps l’exploitation de l’espace graphique des notes consignées par les étu-
diants.
|150
Notre analyse fait apparaître la présence d’une inégale distribution spatiale des
informations sur les copies dans les deux modules. En effet, pour ce qui est de la
présence de marqueurs de cohérence textuelle, nous observons qu’en littérature,
66,32% des fiches consultés la présence de titres et de sous-titres est régulière alors
qu’en didactique le taux est de 16,84 %.
|151
Cette piste est d’autant plus probable que dans le questionnaire il ressort que
14,74% seulement des étudiants affirment que le procédé le plus souvent utilisé à
même de faciliter leur tâche de PDN est le fait de porter au tableau le plan du
cours.
Quoi qu’il en soit, comme le signale Piolat, « les titres courants, la numérotation des
pages, les titres et sous-titres et leurs indexations […] constituent des marques de la
spatialisation de l’information dans le texte. Le noteur prépare une relecture plus aisée
de ses notes lorsqu’il utilise ces marques particulièrement efficaces pour guider l’accès
aux significations » (2006 : 58). De fait, cette absence de hiérarchisation « laisse
peu de potentialité en termes de révision ultérieure » (Bouchet, 2018) et peut, de ce
fait, impacter la réussite académique des étudiants.
|152
Figure 23 : Paragraphes.
Figure 24 : Marges.
|153
Notre analyse montre également que les notes prises ne sont pas suffisamment
aérées. En effet, en didactique, 45,26 % des noteurs ont pensé à aérer la mise en
page de leurs notes. Le résultat chute à 21,05 % en littérature. La différence de
score est importante, elle s’expliquerait par la nature même de ces deux
disciplines, en littérature la linéarité du discours du conférencier s’impose aux
étudiants qui éprouveraient des difficultés à abandonner les pages « pleines de
mots », sans blancs, sans alinéas. « Mais [de l’avis des spécialistes], cette fonction
esthétisante peut avoir un impact sur la motivation d’un noteur à revoir ses notes »
(Piolat, 2006 : 59) en vue d’ajouts possibles.
|155
De même, il est à noter que seul 3,16 % des étudiants ont convoqué tableaux, il-
lustrations et figures pour organiser leurs notes en module de littérature. Le score
est bien plus élevé en didactique puisqu’il est de 28,42 %. On remarque donc que
pour cette discipline, dans l’ensemble, les noteurs se sont livrés à une mise en
forme matérielle linéaire de leurs notes. Soucieux de rester fidèles aux propos de
leur enseignant, ils ont opté pour la méthode linéaire, respectant ainsi l’ordre
chronologique des informations tel que présenté dans le discours écouté. Ceci
confirme d’une part l’aspect sécurisant de ce type de notes puisque n’oublions pas
que l’objet de la présente étude concerne la PDN en FLE (Français Langue Étran-
gère) avec tout ce que cela suppose comme contrainte tant au niveau de la com-
préhension que de la production. D’autre part, la nature même de la discipline
peut avoir une influence sur la forme que pourrait prendre la PDN c’est ce que
d’ailleurs mettent en évidence Van Meter, Yokoi et Pressley cités par Piolat lors-
qu’ils évoquent « les facteurs contextuels (style de l’enseignant et informations qu’il
signale, type de cours, etc.) » (Piolat, 2006 : 13-14) qui font varier la façon de noter.
En effet, en module de didactique, où le formatage par schématisation est bien
plus élevé par rapport à celui de la littérature (28,42 %) il s’agit dans la plupart
des cours de développer des concepts clés de la discipline, il est intéressant de no-
ter que cinq étudiants ont exploité l’espace de la feuille de façon arborescente, ce
qui nous paraît être un signe d’une certaine autonomie conquise pour certains de
ces étudiants.
III.2.3.2.3. Encadrés
Figure 30 : Encadrés.
Par contre, un résultat inattendu est celui de la mise en forme d’informations par
encadrés. En effet, le module de littérature enregistre, contre toute attente, un
taux plus élevé d’utilisation d’encadrés avec 18,95 % contre 12,63 % en
didactique. Vu les résultats précédents enregistrés par les deux modules en
fonction de leurs spécificités, nous nous attendions effectivement à voir plus
d’encadrés en didactique pour les raisons évoquées plus haut.
Les étudiants n’ont eu donc que partiellement recours à ces deux procédés
abréviatifs, pourtant, lors de la phase d’initiation à la PDN nous avons examiné
avec eux les différentes règles abréviatives et toute une liste des abréviations les
plus courantes leur a été distribuée. Cette observation laisse perplexe d’autant
plus que, comme nous l’évoquions précédemment, notre analyse a révélé que la
|159
quantité des passages lacunaires (en termes de complétude des notes) est
relativement faible.
N° 65 champ
Lors de l’analyse de notre corpus représenté par les PDN des étudiants de
l’enquête, nous avons découvert l’usage d’icônes de substitution. Là encore, nous
avons pu considérer le degré de créativité de certains étudiants ayant su convo-
quer des pictogrammes ou des émoticônes pertinents afin d’accélérer la transcrip-
tion des mots prononcés par le conférencier ainsi que le montre le tableau ci-
dessus. Leur nombre est certes encore très limité mais leur utilisation par les no-
teurs est devenue de plus en plus courante. Certains spécialistes comme le socio-
logue André Gunthert, chercheur en histoire culturelle et études visuelles avan-
cent qu’ils pourraient même remplacer les mots et constituer un langage à part
entière. Bien entendu, ce type de procédés sera pleinement abordé dans le cadre
du projet didactique conçu dans notre atelier de PDN à l’intention des étudiants.
Quant à l’usage de la technique de troncation, il n’a été effectif que dans 26,32 %
des copies pour les deux modules confondus. Par ailleurs, dans ce pourcentage, de
nombreux étudiants n’ont pas su respecter les règles de la troncation telles que
présentées en cours d’initiation.
Nous avons relevé qu’un même mot est tronqué différemment d’une copie à
l’autre ou parfois dans la même copie. Nous présentons dans le tableau ci-dessous
les troncations observées dans notre corpus :
|161
Tableau 44 : Troncations opérées en module de didactique.
Nous constatons donc à travers ces exemples que, pour les mots plurisyllabiques
tels que « enseignant » / « apprenant » / « individuel », la règle de la transcription
abrégée a été transgressée puisque si nous devions appliquer la règle formulée ain-
si : « Pour transcrire le mot, la consonne (ou le groupe consonantique) du début est
préservé. La présence de la consonne finale est facultative (première variante). Une
des consones d’une des syllabes intérieures est retenue (seconde variante) » (Piolat,
2006 : 67) nous devrions donc avoir ceci : « ensgnt » / « aprenat » / « indvl ». Par
ailleurs, il arrive souvent aux étudiants d’accroître la condensation sans respecter
le squelette consonantique comme on peut le voir pour « question » (qs), « travail »
(trl), « information » (inf), « figure » (f.) ou encore « conférence » (cofé). Ainsi, lors-
que « le raccourcissement est maximal, [préviennent les spécialistes], il devient dan-
gereux parce qu’ambigu » comme pour (trl) qui peut renvoyer à « triangle » (didac-
tique), (les élé pert) qui peut être compris « les éléments pertinents » ou encore
(foct°) pouvant renvoyé à « focalisation ».
|163
Un autre constat noté lors de l’analyse des corpus de notes concerne le mauvais
emploi de la troncature de la terminaison. En effet, certains étudiants utilisent à
tort la mise en exposant ° pour des mots qui ne le nécessitent nullement tel que
dans mathémat° ou didact°. Quoi qu’il en soit, même si « les procédés abréviatifs ne
sont pas appliqués de façon régulière [par tous les auteurs, leur connaissance et leur
maîtrise permet] d’éviter, d’une PDN à l’autre, un usage hétérogène de ces règles »
(Piolat, 2006 : 63) abréviatives.
Par ailleurs, Les tirets ont été régulièrement sollicités par les étudiants, « [leur]
usage […] peut servir de signal démarcatif pour provoquer un effet de liste » (Piolat,
2006 : 59). Leur utilisation dans les deux disciplines a dépassé la barre des 51 %
avec un avantage en didactique (56,84 %) ce qui est compréhensible eu égard à la
nature de cette discipline comme nous l’évoquions déjà plus haut.
Le recours à des logogrammes tels que la flèche et l’étoile a été minime puisqu’ ils
ont été utilisés dans 16,84 % des copies en didactique et 10,53 % en littérature, et
ce, pour servir également d’effet de liste.
Nous avons, dans notre partie théorique, développé une section consacrée à l’une
des activités complexes engagées lors de la PDN, en l’occurrence, l’écoute active.
Seulement, cette dernière pour être effective suppose des prérequis langagiers in-
contournables principalement pour les étudiants en FLE. « [Leur] niveau de maî-
trise de la langue revêt une importance capitale dans une situation aussi complexe
[que celui de la PDN] » (Barbier & Faraco& Piolat & Kida, 2003). Or, la non maî-
trise du système phonétique d’une langue constitue à coup sûr un facteur de blo-
cage pour prendre des notes efficaces et pouvoir les transcrire correctement. Cette
compétence phonologique n’est visiblement pas totalement installée chez les étu-
172
|
diants visés par l’enquête, puisqu’ils peinent encore à discriminer certains sons
comme on l’observe dans les tableaux ci-dessus.
Ceci dit, il reste que, dans l’ensemble, ces imperfections phonétiques n’impactent
pas le sens attribué aux termes notés, c’est ce qui nous a d’ailleurs permis de trou-
ver assez facilement le mot correspondant à la transcription correcte. Cependant,
le problème se pose quant au respect de la norme d’écriture d’une langue surtout
lorsqu’on se place dans le contexte scientifique universitaire qui est le nôtre. En
toute modestie, notre travail de repérage de ce type d’incorrections pourrait être
un levier intéressant pour d’autres études en didactique souhaitant recenser ces
insuffisances orthographiques en vue de planifier des programmes de remédiation
en FLE.
des étudiants ayant participé à notre expérience (voir tableau ci-dessous). Les ré-
sultats obtenus en module de didactique au 6e semestre, autrement dit après
l’initiation à la PDN, sont nettement meilleures qu’à ceux du 5e semestre. Au
cours de celui-ci, seul 17 étudiants avaient dépassé le seuil de la moyenne contre
82 au 6e semestre, soit une augmentation de 68,42 %. Les écarts de notes sont très
importants puisque pour 24 étudiants ils varient de 7 à 10 et plus. Par ailleurs, 30
d’entre eux ont vu leur moyenne augmenter de 3 à 5 points et 15 autres ont aug-
menté leur résultat de 0,5 à 2,75 points.
En module de littérature, même si les résultats étaient déjà élevés l’avant dernier
semestre avec un taux de réussite de 86,31 %, nous enregistrons tout de même une
légère progression dans les résultats avec 87 étudiants ayant dépassé la moyenne
(91,57 %) soit une amélioration de 5,26 %. Les écarts quant à eux sont nettement
inférieurs comme le montre le tableau et cela est vraisemblablement dû à la spéci-
ficité des deux modules retenus pour l’expérimentation. Les questions posées au
dernier examen de l’année pour le module de didactique étaient plus accès sur la
restitution et à la manipulation de concepts alors que les questions ayant trait à la
littérature demandaient plus de réflexion comme nous le montrent les sujets que
nous avons également pu obtenir de l’administration et que nous présentons dans
le tableau suivant :
Tableau 53 : Sujets d’examens semestriels.
Pour Nawal, cet apprentissage de la PDN, lui a appris à être plus attentive à
l’organisation de ses notes. Auparavant, confie-t-elle : « — J’écrivais tout et
n’importe quoi, l’important était d’écrire. Ça me rassurait. » Pour Sonia, la PDN
n’est pas nouvelle, elle la pratiquait depuis longtemps. Malgré tout, nous avoue-t-
elle : « — Je manque toujours de concentration. »
L’étudiante Roumaïssa nous avoue qu’elle traîne toujours ce réflexe qui consiste à
vouloir tout noter. Mais elle est consciente de la nécessité de changer de cap et
qu’elle aura tout à y gagner.
Ahlam opte pour la méthode linéaire consistant à noter les propos du conférencier
comme tels. Selon elle, il est important de « prendre le maximum d’informations. »
Seulement, une fois chez elle, elle prend le temps de donner à sa PDN une autre
configuration, plus visuelle celle-là.
Enfin, Amina a toujours pris soin de ne noter que l’essentiel, cependant notre ex-
périence l’a rendu plus créative. Elle trouve une grande facilité à faire corres-
pondre des mots ou expressions à des abréviations iconiques émanant de sa propre
imagination.
Nous présentons en annexe, ci-après, les notes prises par les étudiants ayant par-
ticipé à l’expérience dans les modules de littérature et de didactique.
Conclusion partielle
L’analyse de notre corpus nous a permis d’évaluer, grâce à une grille d’évaluation
suffisamment exhaustive, les notes prises par les étudiants de 3e AL au cours d’un
semestre et dans deux modules différents. Nous avons analysé leurs PDN en pre-
nant en considération tous les aspects d’une prise de notes efficiente que ce soit au
niveau de la distribution spatiale des informations, de la présence ou non des pro-
cédés abréviatifs et substitutifs ou encore de la correction de la langue. Nous
|178
Il convenait alors, dans un premier lieu, de nous interroger sur le cadre institu-
tionnel de la PDN à l’université afin de vérifier s’il existe un cadre référentiel des
compétences méthodologiques à développer. Nous avons donc interrogé les curri-
cula pour les trois années de licence et avons noté la présence d’un module de mé-
thodologie abordant la PDN. Cette dernière est donc bien au programme ce que
corroborent les résultats de notre enquête puisque 99 % des étudiants interrogés
affirment avoir déjà pris des notes en FLE à l’université. Cependant, notre ques-
tion aurait gagné à être plus précise en les interrogeant sur la fréquence de leur
PDN. Par ailleurs, en début d’année, dans nos réunions de coordination en vue
d’arrêter les axes de nos cours, il nous a paru que l’enseignement de la PDN est
souvent optionnel chez les enseignants et que le contenu de son enseignement est
laissé à l’appréciation de l’enseignant qui peut le survoler rapidement en lui am-
putant des points essentiels.
Sur le plan définitoire, il a fallu dans un premier temps revisiter les différentes
définitions de la PDN données par différents auteurs. Le sens commun, en effet,
nous en donne qu’un sens restreint, celui qui consiste à garder trace de quelque
chose ou encore se prémunir contre l’oubli. Nous avons néanmoins retenu une
définition plus approfondie mettant en exergue les dimensions cognitives de la
PDN, expliquant dans quelle mesure une PDN réussie facilite grandement la
compréhension des étudiants. Cette définition considère la PDN comme une com-
pétence complexe mettant en œuvre plusieurs activités cérébrales intenses telles
que l’écoute, la compréhension, la sélection, le résumé et enfin la transcription.
L’exécution de ces tâches de façon simultanée favorise à coup sûr la rétention et la
restitution des idées lors des évaluations.
Au niveau théorique, pour asseoir les fondements de notre travail, nous avons
convoqué deux concepts importants à même d’aider les enseignants mais aussi les
étudiants dans leur approche de la PDN. Il s’agit de la métacognition et de la
charge cognitive. N’oublions pas que nous ambitionnons, par le biais de la pré-
sente recherche, de projeter l’ouverture d’un atelier rattaché au laboratoire LE-
FEU (Le Français des Écrits Universitaires) dont la mission sera de former à la
181
Conclusion générale|
PDN. Par conséquent, comme nous l’avons expliqué, dans la deuxième partie de
notre thèse, la métacognition est l’approche la plus privilégiée lorsqu’on souhaite
aider les étudiants à développer leur compétence à prendre des notes. Également,
la théorie de la charge cognitive qui pose que lorsque l’apprenant, devant réaliser
simultanément plusieurs tâches (comme c’est le cas lors de la PDN), risque de sur-
charger sa mémoire de travail. Dans leur perspective de formation au sein dudit
atelier, les enseignants doivent être sensibles à cet apport de la neurologie quant à
ses implications pédagogiques afin de pouvoir le gérer efficacement et réduire au-
tant que faire se peut le coût des ressources attentionnelles auxquelles peuvent
être confrontés leurs étudiants.
Quant à l’aspect méthodologique, nous avons inscrit notre étude dans une pers-
pective recherche-action dans la mesure où il fallait investir le terrain en vue
d’effectuer une expérience. De plus, ce terrain nous est particulièrement familier
puisque nous travaillons depuis plus de trente ans dans le secteur de
l’enseignement, comme nous avons également enseigné le module de MRU (Mé-
thodologie de la Recherche Universitaire) aux étudiants concernés par l’expérience.
Cet atout nous a servi lors de notre mini-projet pédagogique et nous a permis de
recenser facilement les insuffisances constatées et de proposer des améliorations.
Nous avons mis aussi l’accent dans notre travail de recherche sur le fait que ce
savoir-faire méthodologique est constamment convoqué à l’Université où la
transmission des connaissances se fait essentiellement par cours magistraux inter-
182
Conclusion générale|
posés. Cette situation d’apprentissage axée sur l’oral en réception est propice à
cette activité scripturale qu’est la PDN, contrairement aux autres procédés tels
que la distribution de polycopiés ou la dictée du cours. Or, 60% des étudiants in-
terrogés affirment que leurs enseignants dispensent leurs cours sous forme de po-
lycopiés distribués puis commentés linéairement. Ces derniers ne « placent » donc
pas systématiquement leurs étudiants « en situation » de PDN. Ils n’y sont donc
pas suffisamment entraînés ce qui a pour conséquence d’impacter leur apprentis-
sage.
L’analyse du corpus fait apparaître certains résultats qui nous permettent de con-
clure, que, malgré une initiation de quatre semaines, les étudiants éprouvent en-
core beaucoup de difficultés à organiser leur PDN. Il ressort, en effet, que pour le
module de didactique un très faible pourcentage n’arrive pas à gérer la distribu-
tion spatiale des informations omettant de porter les marqueurs de cohérence tex-
tuelle (titres, sous-titres). Il y aurait donc lieu dans le cadre d’une réflexion sur les
pratiques enseignantes, d’inviter les enseignants à user plus fréquemment de faci-
litateurs de PDN tels que le port du plan au tableau. Cette difficulté constatée au
niveau de la hiérarchisation des données nous permettra d’être plus attentifs lors-
qu’il s’agira d’élaborer le plan de formation au niveau de notre atelier.
Un autre constat a été fait, il concerne les erreurs d’origine linguistique que nous
avons recensées. Elles sont nombreuses et nous en avons fait état sous forme
d’inventaire. Ces erreurs, sont inhérentes aux apprenants du FLE dans le sud. Ce
sont des carences qu’ils traînent depuis le palier du primaire, elles sont essentiel-
lement d’ordre phonétique.
Rappelons à ce propos l’enquête menée sur quatre ans (2015-2019) par le Minis-
tère de l’Éducation dans le cadre de sa stratégie nationale de remédiation pédago-
gique. L’objectif de cette enquête menée par des cadres du ministère, des experts
algériens ainsi que des universitaires spécialistes en didactique des disciplines et en
évaluation était d’élaborer une typologie et une catégorisation des erreurs. Ces
chercheurs ont travaillé à partir d’un corpus national de production d’élèves aux
183
Conclusion générale|
examens nationaux et se sont concentrés sur neuf wilayas du sud observant, sur la
longue durée, un taux de réussite inférieur à la moyenne. Ces données pourraient
constituer pour les enseignants des différents cycles une base de réflexion sur les
stratégies de remédiation à déployer en classe.
Les résultats de notre enquête, nous ont permis également d’aborder la PDN en
langue maternelle. Ils nous indiquent que plus de la moitié des informateurs ont
commencé leur PDN en arabe au lycée et que la moitié considèrent qu’ils maîtri-
sent mieux la technique en langue arabe. Il serait intéressant, dans le cadre d’une
autre recherche, d’étudier dans quelle mesure leurs stratégies de PDN dans cette
langue pourrait être transférées en situation de FLE.
Autre fait important que nous devons mentionner en conclusion de notre travail
de recherche a trait à notre échantillon limité à 95 étudiants qui ne correspond pas
à la totalité de l’effectif de la troisième année de licence comme nous l’avons men-
tionné dans l’intitulé de notre thèse dont le nombre est arrêté à 163 selon les listes
émanant de l’Administration du Département. Le taux d’absentéisme est de 42 %
ce qui est considérable et relance l’épineux problème de l’absence des étudiants
aux cours et son effet négatif sur l’apprentissage. Quand bien même la présence au
cours est seulement recommandée par les textes officiels (contrairement aux TD
qui est obligatoire), il serait urgent que la communauté universitaire se penche sur
la question et envisage des solutions à même de lutter contre ce phénomène et,
par- delà, réduire les risques d’échec des étudiants.
On peut certes préconiser des sanctions ou des mesures coercitives mais elles sont
peu efficaces et risqueraient de favoriser une autre forme d’absentéisme à savoir le
présentéisme contemplatif. L’idéal, à notre avis, serait de s’ingénier à trouver des
stratégies prenant en compte la transformation des publics d’étudiants. On pour-
rait, à titre d’exemple, s’inspirer de la notion de « l’engagement négocié » suggérée
par Barlow et Fleischer. Ces deux chercheurs, qui ont travaillé sur le phénomène
de l’absentéisme des étudiants, mettent en cause certaines politiques institution-
184
Conclusion générale|
nelles parfois trop contraignantes. Ils préconisent des règles souples et adaptables
en fonction des types de cours et de contextes à même de créer un cadre général à
la présence des étudiants en cours. De la même manière, l’enthousiasme dans la
transmission des connaissances ainsi que la motivation suscitée par l’enseignant
apportent une plus-value pédagogique, et, partant, réduisent l’absentéisme à
l’Université.
Quoi qu’il en soit, nous pensons que notre échantillon est suffisamment représen-
tatif de la population estudiantine et que ce taux d’absentéisme, bien qu’élevé,
n’affecte pas les tendances observées lors de notre expérimentation.
Enfin, dans notre problématique nous avons situé notre travail de recherche dans
le cadre d’une approche qualitative mais aussi quantitative étant donné que nous
nous intéressons tout autant à la qualité des PDN qu’au taux de réussite qu’elles
pourraient permettre. De fait, nous avons choisi de prendre en compte la moyenne
obtenue au premier et au second semestre comme indicateur de réussite. Nous
souhaitions mesurer l’influence de la PDN sur l’apprentissage et cela ne peut se
faire qu’à travers une évaluation certificative chiffrée en fin de cursus. Aussi,
avons-nous émis l’hypothèse selon laquelle une meilleure maîtrise de la technique
de PDN a une influence sur la réussite universitaire. Les résultats chiffrés des tests
de fin d’année donnés dans la troisième partie de notre travail confirment notre à
priori. Ils attestent que le besoin en formation à la PDN des étudiants est criant.
Le projet d’ouverture d’un atelier de PDN dans le cadre du laboratoire LEFEU (Le
Français des Écrits Universitaires) que nous avons préconisé comme solution aux
insuffisances constatées est donc tout indiqué afin de garantir aux étudiants du
Département de Français de l’Université de Ouargla un apprentissage efficient et,
par-delà, leur réussite académique. Les écarts positifs enregistrés au 6e semestre,
autrement dit après l’initiation à la PDN, s’avèrent donc encourageants et nous
permettent d’envisager d’élargir le terrain d’enquête vers d’autres universités al-
gériennes en vue d’une plus large représentativité des données.
Références
bibliographiques
186
Références bibliographiques|
Ouvrages
1. ALEXANDRE D., Anthologie des textes clés en pédagogie, ESF, Issy-les-
Moulineaux, 2010, 184 p.
2. ASTOLFI J.-P., L’école pour apprendre, ESF, Issy-les-Moulineaux, 1992, 205 p.
— , L’erreur, un outil pour enseigner, ESF, Paris, 1997, 117 p.
3. ALAMARGOT D. & CHANQUOY L., La production du langage, Hermès, Paris,
2002, 276 p.
4. BOUFFARTIGUE J. & DELRIEU A.-M., Étymologie du français : Les racines
latines, Belin, Versailles, 1996, 383 p.
5. BACHELARD G., La formation de l’esprit scientifique, Vrin, Paris, 1971, 256 p.
6. BACCINO T. & COLÉ P., La lecture experte, PUF, Paris, 1995, 127 p.
7. BELLENGER L. & COUCHAERE M.-J., L’Écoute, ESF, Issy-les-Moulineaux,
2010, 164 p.
8. CHANQUOY L. & TRICOT A. & SWELLER J., La charge cognitive, théorie et
application, Armand Colin, Paris, 2007, 293 p.
9. CHEVALIER B., Lecture et prise de notes, Nathan, Paris, 1992, 128 p.
10. COIRIER, P., et al., Psycholinguistique textuelle, Armand Colin, Paris, 1996,
11. 297 p.
12. CORDEIL-LE MILLIN Y., La prise de notes efficace pour étudiants, Dunod,
Paris, 2013, 141 p.
13. CUQ J.-P., Dictionnaire de didactique du FLES, Clé International, Paris, 2003,
304 p.
14. DENHIÈRE G. & BAUDET S., (1992) Lecture, compréhension de texte et science
cognitive, PUF, Paris 1992, 317 p.
15. DESCHAMPS J.-C. & LORENZI-CIOLDI F. & MEYER G., L’échec scolaire,
Favre, Lausanne, 1982, 267 p.
16. DEVELAY M., Donner du sens à l’école, ESF, Paris, 1996, 124 p.
— , De l’apprentissage à l’enseignement, ESF, Paris, 1992, 163 p.
17. DUBOIS J., Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Larousse,
Paris, 1994, 514 p.
18. ERLICH V., Les nouveaux étudiants : un groupe social en mutation, Armand Colin,
Paris, 1998, 256 p.
19. FAYOL M., Des idées au texte : psychologie cognitive de la production verbale, orale
et écrite, Puf, Paris, 1997, 296 p.
— , L’acquisition de l’écrit, Puf, coll. Que sais-je ?, Puf, Paris, 2013, 127 p.
20. GARRUS R., Curiosités étymologiques, Belin, Paris, 1996, 427 p.
21. GAUTIER B., Recherche sociale : De la problématique à la collecte de données,
Presses de l’Université du Québec, Québec, 2010, 753 p.
22. GIRAUDY M.-A. & GUERIN P., De la PDN au compte rendu efficace, Edition
Chiron, Paris, 2008, 157 p.
23. GRANDSERRE S. & LESCOUARCH L., Faire travailler les élèves à l’école, ESF,
Paris, 2009, 212 p.
24. GRANGEAT M., La métacognition, une aide au travail des élèves, ESF, Paris,
1997, 172 p.
25. GUIMBRETIÈRE E., Apprendre, enseigner, acquérir : La prosodie au cœur du
débat, Rouen : Publ. de l’Univ. de Rouen, Rouen, 2000, 216 p.
187
Références bibliographiques|
26. HOUSSAY J., La pédagogie : une encyclopédie pour aujourd’hui, ESF, Paris, 1996,
352 p.
27. LAFORTUNE L. & JACOB S. & HEBERT D., Pour guider la métacognition,
Presses de l’Université du Québec, Québec, 2000, 114 p.
28. LETARTE A. & LAFOND F., L’écoute en classe et la prise de notes, Habiletés
d’études, Québec, 2001, 14 p.
29. MEIRIEU P., Apprendre… oui, mais comment, ESF, Paris, 1987, 193 p.
— , Faire l’école, faire la classe, ESF, Paris, 2004, 200 p.
— , Frankenstein pédagogue, ESF, Paris, 1996, 127 p.
30. MIRABAIL H., Argumenter au Lycée, Collection Didactiques, Toulouse, 1994,
189 p.
31. MULLER F., Manuel de survie à l’usage de l’enseignant, Letudiant, Paris, 2012,
510 p.
32. NARCY-COMBES M.-F., Précis de didactique, Ellipses, Paris, 2005, 159 p.
33. NOËL B., La métacognition, De Boeck, Bruxelles, 1991, 229 p.
34. NOËL B. & CARTIER S.C., De la métacognition à l’apprentissage autorégulé, De
Boeck, Bruxelles, 2016, 224 p.
35. PERRENOUD P., Dix nouvelles compétences pour enseigner, ESF, Issy-les-
Moulineaux, 2008, 188 p.
36. PIAGET J., La prise de conscience, PUF, Paris, 1974, 280 p.
— , L’équilibration des structures cognitives, PUF, Paris, 1975, 188 p.
37. PIOLAT A., Écriture : Approche en sciences cognitives, Publication de l’Université
de Provence, Aix-en-Provence, 2004, 285 p.
— , La prise de notes, PUF, Paris, 2006, 128 p.
38. POLLET M.-C., Pour une didactique des discours universitaires. Étudiants et
système de communication à l’université, De Boeck, Bruxelles, 2001, 161 p.
39. RAYNAL F. & RIEUNIER A., Pédagogie, Dictionnaire des concepts clés, ESF,
Paris, 2005, 420 p.
40. SALTET J. & GIORDAN A., Apprendre à prendre des notes, Éd. J’ai lu, Paris,
2015, 122 p.
41. SCHULER E., Savoir prendre des notes, Studyrama, Levallois-Perret, 2011, 147
p.
42. SEGUI J. & FERRAND L., Leçons de parole, Odile Jacob, Paris, 1999, 248 p.
43. SIMONET J. & SIMONET R., Prendre des notes, Eyrolles, Paris, 2016, 208 p.
44. TIMBAL-DUCLAUX L., La prise de notes efficace, Retz, Paris, 1988, 159 p.
45. TOUPIOL G., Place et rôle de la métacognition dans l’aide spécialisée, Retz, Paris,
2006, pp 84- 124.
46. VIGNER G., Lire : du texte au sens, CLE international, Paris, 1979, 173 p.
188
Références bibliographiques|
Sitographie
47. ALIÉNOR C., « Le stylo serait plus efficace que l’ordinateur pour prendre des
notes en cours », Le Figaro, 28/04/2014 à 17 :22, https://etudiant.lefigaro.fr/les-
news/actu/detail/article/le-stylo-serait-plus-efficace-que-l-ordinateur-pour-
prendre-des-notes-en-cours-5164/ [en ligne], consulté le 29-07-2018.
48. ALTET, M., « Le cours universitaire : un discours scientifico-pédagogique sans
articulation enseignement-apprentissage, proposition d'Ateliers et d'outils
descripteurs des pratiques », in Colloque ADMES « L’efficacité pédagogique dans
l'enseignement supérieur », Paris, 1994/ 15 / pp.35-44,
https://www.persee.fr/doc/refor_0988-1824_1994_num_15_1_1188, [en ligne],
consulté le 31-10-2018. p.37.
49. BARBIER M. L. & FARACO M. & PIOLAT Annie & ROUSSEY J-Y & ET
TSU & Kida, T., « Comparaison de la prise de notes d'étudiants japonais et
espagnols » dans leur langue native et en français L2., 2003, Arob@se,
www.arobase.to
50. BELLAICHE A.-S., « La prise de notes sans prise de tête », L’usinenouvelle du
27/02/2014, https://www.usinenouvelle.com/article/la-prise-de-notes-sans-prise-
de-tete.N243169,[en ligne], consulté le 12-08-2018.
51. BERNIER J.-P., « Reformuler », Revue de didactique et de pédagogie du
Français, N°62-2015, Septentrion, Lille, pp.85-101.
52. BOUCHET K., « Conception du dispositif collaboratif de prise de notes Unipad
», Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur (RIPES), 34-2 /
2018, https://journals.openedition.org/ripes/1503 , [en ligne], consulté le 17-11-
2018.
53. BOURHIS V., « La prosodie comme indice de contextualisation du discours
didactique », HAL ,08-11-2010, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-
00533668/document , [en ligne], consulté le 20-03-2019. p.1.
54. BRASSART D.G, « Remarque sur un exercice de Lecture-écriture : La note de
synthèse ou synthèse de documents », Pratiques N°79, Septembre 1993, pp.99-
100, https://www.persee.fr/doc/prati_0338-2389_1993_num_79_1_1697, [en
ligne], consulté le 26-12-2018.
55. BRITT-MARI B., « l'émergence d'une psychologie culturelle et les processus
d'éducation » / revue française de pédagogie, 1995, Persée, pp. 5-9,
https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-807_1995_num_111_1_2536, [en ligne],
consulté le 18-03-2019.
56. BUEKERS R. & KINGMA H., « Impact of phonation intensity upon pitch
during speaking: a quantitative study in normal subjects », Logopedics
Phoniatrics Vocology, 1997, https://doi.org/10.3109/14015439709075317, Vol 22,
n°2. Ed : Informa Healthcare. (71-77), [en ligne], consulté le 07-04-2019.
57. CATROUX Michèle (2002), « Introduction à la recherche-action : modalités
d’une démarche théorique centrée sur la pratique », in Recherche et pratiques
pédagogiques en langues de spécialité, Vol. XXI N° 3, pp.8-20, [En ligne] URL :
http://journals.openedition.org/apliut/4276 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/apliut.4276, consulté le 06 mai 2020.
58. DAVID J., GONCALVES H., « L'écriture électronique, une menace pour la
maitrise de la langue ? », Le français aujourd'hui, 2007/1 (n° 156), p. 39-47. DOI :
189
Références bibliographiques|
Thèses et mémoires
86. SEBANE M.A., « L’effet de deux modalités de prise d’informations sur la
compréhension et la production d’un texte explicatif en FLE chez les étudiants de
magistère d’économie », thèse de doctorat, sous dir. de MILIANI H., Université
Ibn Badis, Mostaganem, 2007-2008, 267 p.
87. HARDI S., « Comparaison de la prise de notes en arabe standard et en français
langue étrangère : cas des étudiants de master », thèse de master, sous la dir. de
KADI S., Université Badji Mokhtar, Annaba, 2016, p. 105.
Programmes universitaires
97. Arrêté n° 584 du 23 juillet 2014
Liste des tableaux
Liste des tableaux| 193
Tableau 1 : Abréviation PDN pour fiche de lecture (Source : Apprendre à prendre des
notes, J. Saltet, p. 76) ...................................................................................................31
Tableau 2 : Icônes PDN pour fiche de lecture (Source : Apprendre à prendre des notes, J.
Saltet, p. 77) .................................................................................................................31
Tableau 3 : Modèle d’organisation d’une fiche de lecture (Source : Apprendre à prendre des
notes, J. Saltet, p. 78) ...................................................................................................32
Tableau 4 : Tableau d’abréviations (Source : Commission nationale des programmes
Français, p. 16.) ............................................................................................................36
Tableau 5 : Procédés de suppression de la méthode MERAS. .........................................47
Tableau 6 : Modalités de transcription de la méthode MERAS. ......................................47
Tableau 7 : Resserrement de la lettre finale du mot (méthode MERAS). ........................48
Tableau 8 : Cas des abréviations consonantiques pour la méthode MERAS. ...................48
Tableau 9 : Synthèse de Cordeil (Source : site cape.epft.ch.). ..........................................49
Tableau 10 : Cours dispensés lors de la phase d’expérimentation (module : Introduction à
la didactique). ............................................................................................................. 117
Tableau 11 : Cours dispensés lors de la phase d’expérimentation (Étude des textes
littéraires). .................................................................................................................. 117
Tableau 12 : Grille d’auto-évaluation........................................................................... 118
Tableau 13 : Grille d’évaluation des PDN (corpus)....................................................... 119
Tableau 14 : Les étudiants participants. ...................................................................... 120
Tableau 15 : Items du questionnaire selon les rubriques. .............................................. 123
Tableau 16 : Résultats de la question 1. ....................................................................... 124
Tableau 17 : Résultats de la question 2. ....................................................................... 124
Tableau 18 : Résultats de la question 7. ....................................................................... 125
Tableau 19 : Résultats de la question 13. ..................................................................... 125
Tableau 20 : Résultats de la question 3.a. .................................................................... 126
Tableau 21 : Résultats de la question 3.b. .................................................................... 126
Tableau 22 : Résultats de la question 4. ....................................................................... 127
Tableau 23 : Facilité dans la PDN. .............................................................................. 128
Tableau 24 : Croisement des questions 04 et 11. ........................................................... 128
Tableau 25 : Résultats de la question 5. ....................................................................... 129
Tableau 26 : Résultats de la question 6. ....................................................................... 129
Tableau 27 : Croisement des questions 06 et 11. ........................................................... 130
Tableau 28 : Rapprochement entre les questions 06 et 17(a)......................................... 130
Tableau 29 : Croisement des questions 08 et 12. ........................................................... 132
Tableau 30 : Résultats de la question 14. ..................................................................... 133
Tableau 31 : Résultats de la question 15. ..................................................................... 134
Tableau 32 : Croisement des questions 14 et 17 (a). ...................................................... 134
Tableau 33 : Croisement des questions 14 et 15(a). ....................................................... 135
Tableau 34 : Croisement entre les questions 16 et 17(a). ............................................... 136
Tableau 35 : Résultats de la question 10-a) du questionnaire. ...................................... 141
Tableau 36 : Résultats de la question 18 du questionnaire............................................ 142
Tableau 37 : Grille d'auto-évaluation des PDN (résultats). ........................................... 144
Tableau 38 : Résultats du questionnaire d’auto-évaluation relatif au domaine du savoir.
................................................................................................................................... 145
Liste des tableaux| 194
Figure 1 : Modèle de carte heuristique (Source : DIONNE, Bernard. Pour réussir, 6e éd.,
Montréal, Chenelière Éduction inc., 2013, 278 p.). .........................................................51
Figure 2 : Principaux signes utilisés en sténographie (version française). ........................56
Figure 3 : Composants hypothétiques impliqués dans la production et la réception de la
parole (Source : « Leçons de parole », Segui & Ferrand, p. 42)........................................78
Figure 4 : Représentation schématique du système auditif (Source : « Leçons de parole »,
Segui & Ferrand, p. 153) ...............................................................................................80
Figure 5 : Système de traitement de l’information humain appliqué au processus de
Lecture (Source : « La lecture experte », Baccino & Colé, p. 6) .......................................86
Figure 6 : Mécanisme de la perception au cours de l’acte de lecture (Source : Chevalier, «
Lecture et prise de notes », p. 40). .................................................................................86
Figure 7 : Exemple d’arbre syntagmatique (Source : « La lecture experte », Baccino &
Colé, p. 72)....................................................................................................................91
Figure 8 : Modèle de production écrite (Hayes & Flower, 1980). ................................... 100
Figure 9 : Composants de la mémoire de travail d’après Baddeley (2000). .................... 104
Figure 10 : Fiche modèle de PDN. ............................................................................... 114
Figure 11 : Moyenne d’âge des étudiants participants. ................................................ 121
Figure 12 : Sexe des étudiants participants. ................................................................. 121
Figure 13 : Principaux obstacles à la PDN. ................................................................. 131
Figure 14 : Période de relecture des notes. ................................................................... 135
Figure 15 : Aisance dans la relecture des notes. ............................................................ 136
Figure 16 : Stratégie en vue d’une lecture aisée des notes. ............................................ 138
Figure 17 : Pratiques enseignantes à l’Université. ........................................................ 139
Figure 18 : Ressenti des étudiants en termes de sécurité devant les pratiques enseignantes.
................................................................................................................................... 140
Figure 19 : Procédés facilitateurs de PDN utilisés par les enseignants. ......................... 141
Figure 20 : Intérêt des étudiants pour une formation à la PDN. ................................... 143
Figure 21 : Titres et sous-titres. ................................................................................... 150
Figure 22 : Numérotation des parties........................................................................... 151
Figure 23 : Paragraphes. ............................................................................................. 152
Figure 24 : Marges....................................................................................................... 152
Figure 25 : Passages lacunaires.................................................................................... 153
Figure 26 : Aération des notes. .................................................................................... 154
Figure 27 : Tableaux, figures, illustrations................................................................... 155
Figure 28 : Surlignements, soulignements. ................................................................... 156
Figure 29 : Utilisation de couleurs. .............................................................................. 156
Figure 30 : Encadrés. ................................................................................................. 157
Figure 31 : Abréviations conventionnelles. .................................................................. 158
Figure 32 : Abréviations individuelles. ........................................................................ 158
Figure 33 : Usage de la technique de troncation. .......................................................... 160
Figure 34 : Marques d’effet de liste. ............................................................................. 163
Figure 35 : Icônes substitutives. .................................................................................. 163
Figure 36 : Difficultés linguistiques (module de littérature).......................................... 164
Figure 37 : Difficultés linguistiques (module de didactique). ........................................ 165
Annexes
198
Annexes|
A 3. Questionnaire
Annexes|270
ANNEXE 3 - QUESTIONNAIRE
Ce questionnaire a été élaboré pour servir de base à une recherche empirique dans
le cadre d’une thèse de doctorat relative à la prise de notes. Nous vous invitons à
bien vouloir y répondre objectivement. Par ailleurs, nous vous informons que vos
réponses conserveront le statut de l’anonymat.
– Vous mettrez une croix dans la case qui correspond à votre réponse.
– Vous formulerez votre réponse par écrit.
– Vous numéroterez les affirmations par ordre d’importance.
– Vous respecterez la consigne donnée.
1) Parmi les définitions suivantes de la PDN, quelle est celle qui vous paraît la plus
proche de votre représentation ?
□ marques faites pour garder mention, indication de quelque chose.
□ brèves indications recueillies par écrit en écoutant, en étudiant, en observant.
□ activité cognitive réalisée pour stocker par écrit des informations lues ou
entendues jugées importantes.
2) Selon vous, lorsqu’on prend des notes, l’essentiel est de noter du :
□ son □ sens
3) a) Avez-vous déjà pris des notes en cours de français à l’université ?
□ Oui □ Non
b) En quel niveau ?
□ 1re L □ 2e L □ 3e L
4) À quelle période de votre apprentissage avez-vous commencé à prendre des notes
en cours de français ?
□ au collège □ au lycée □ à l’université
5) À quelle période de votre apprentissage avez-vous commencé à prendre des notes
en langue arabe ?
□ au collège □ au lycée
6) Est-il est plus facile pour vous de prendre des notes en :
Annexes|271
□ arabe □ français
— Justifiez votre réponse :
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
7) Pourquoi selon vous est-il important de prendre des notes ?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
8) a) Selon vous, à l’université, il est plus fréquent de voir les enseignants :
A 1 □ dicter leurs cours.
A 2 □ communiquer leurs cours.
A 3 □ distribuer des polycopiés du cours puis expliquer linéairement.
b) Traduisez votre réponse en pourcentage (Mettez une croix sous le
pourcentage correspondant) :
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
A1
A2
A3
9) Vous vous sentez plus sécurisés lorsque les enseignants :
□ dictent leurs cours.
□ distribuent un polycopié du cours.
□ communiquent leurs cours
10) a) Dans le cas où vos enseignants communiquent leurs cours, utilisent-ils des
procédés à même de faciliter votre prise de notes ?
□ oui □ non
b) Traduisez votre réponse en % (entourez le chiffre correspondant) :
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
c) Si vos enseignants communiquent leurs cours, quel procédé utilisent-ils le
plus souvent ?
□ la prosodie □ les répétitions □ le plan du cours au tableau
□ autres (précisez) :
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
11) Vous sentez-vous capables de prendre facilement des notes lors d’un cours ?
□ oui □ non
12) Selon vous quels sont les principaux obstacles à la prise de notes ?
(Numérotez-les par ordre d’importance)
□ L’enseignant parle trop vite.
□ Il y a trop de « bruit » dans la salle de cours.
Annexes|272