Cours Théories Linguistiques
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Cours Théories Linguistiques
Théories linguistiques
Semestre 5
Groupes: 1 & 2
Le Programme
I- Introduction
II- La notion de grammaticalité
III- La linguistique historique
IV- La linguistique générale
V- Les universaux fonctionnels
VI- Le fonctionnalisme
VII- Le distributionnalisme
VIII- Glossaire
La bibliographie :
André Martinet, Eléments de linguistique générale, Armand Colin, Col. Cursus, 4ème
édition, Paris, 2005.
Georges Molinié, Eléments de stylistique française, Éd. Puf, Paris, 1986.
J. Dubois et autres, dictionnaire de linguistique, Larousse, Paris, 1973.
Robert Martin, Comprendre la linguistique, Éd. Puf, Paris, 1ère Éd. 2002.
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Que décrit le linguiste?
Vision traditionnelle :
La vision classique de l’étude du langage consiste à dire que le linguiste a pour objet la
description des langues naturelles, dans l’espace et dans le temps. Dans l’espace, dans la
mesure où son travail consiste non seulement à décrire une langue particulière, par exemple le
français, mais surtout à décrire l’ensemble des variétés de langues qui sont parlées dans le
monde. Dans le temps aussi, car le processus de changement dans la formation des langues, et
dans leurs évolutions, sont fondamentaux pour comprendre en quoi consistent les langues
naturelles.
Vision moderne :
Cette notion n’a pas été retenue telle quelle dans le projet de la science du langage qu’est la
linguistique contemporaine. Celle-ci s’est donnée en effet, un objet plus abstrait, mais de
portée plus générale dont la connaissance devrait nous permettre de savoir en quoi consistent
les langues naturelles. De manière lapidaire, nous dirons que le linguiste ne décrit pas les
langues, mais les connaissances que les sujets parlants ont des langues. Dans cette
perspective, la linguistique est une science qui appartient de plein droit à la psychologie
cognitive, à savoir le domaine de la psychologie qui s’intéresse aux facultés mentales à
l‘origine des comportements, des pensées et des manifestations langagières.
Cela dit, il existe un point commun entre ces deux phrases ; chacune viole d’une certaine
façon les règles de la grammaire, à savoir le fait que les prédicats de P1 et P2 sélectionnent
leur sujet. De même que « dormir » impose un sujet grammatical animé « être un glaçon » est
incompatible avec un sujet grammatical humain.
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Cet exemple montre en quoi consiste le domaine de la linguistique qui est l’étude des
connaissances que les sujets parlants ont de la langue, connaissances qui sont à l’origine de
leur capacité à formuler des jugements sur le caractère grammatical ou non grammatical des
phrases, sur leur interprétabilité ou leur ininterprétabilité, leur caractère ambigu ou univoque,
leur unicité ou leur multiplicité de sens.
Chaque sujet parlant qui, par définition, possède la grammaire de sa langue, peut porter sur
les énoncés émis des jugements de grammaticalité. Le locuteur natif peut dire si une phrase
faite de mots de sa langue est bien formée au regard des règles de la grammaire qu’il a en
commun avec tous les autres sujets parlant cette langue; cette aptitude appartient à la
compétence des sujets parlants, elle ne dépend ni de la culture ni du groupe social du locuteur.
Ainsi, en français, L'enfant aime le chocolat est une phrase grammaticale ; au contraire,
Aimer chocolat enfant est une phrase agrammaticale. Autrement dit, le locuteur constate
l’agrammaticalité ou la grammaticalité de la phrase. S’il y a des différences entre les locuteurs
natifs sur la grammaticalité d’une phrase, c'est que leurs compétences (leurs grammaires) sont
des variantes du même système.
La phrase L'enfant n'a pas du avoir eu de chocolat est une phrase déviante,
grammaticalement douteuse, car sa structure n’est pas entièrement conforme aux
règles de la grammaire.
La grammaticalité se distingue de la signification : Le vestibule éclaire le néant est
une phrase grammaticale, mais difficilement interprétable, sinon métaphoriquement;
de la vérité ou de la conformité à l’expérience générale de la communauté culturelle.
La lune est carrée et L'homme mort est vivant sont des phrases grammaticales, mais
fausses ou contradictoires.
De la probabilité d’un énoncé : Le rhinocéros regarde avec attention le film a peu de
chance d’être fréquemment réalisée.
de l’acceptabilité ou possibilité de comprendre une phrase grammaticale, mais de
grande complexité : La soirée que le garçon que l'ami que tu as rencontré, connait,
donnait, était une réussite, est inacceptable.
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La grammaticalité ne se fonde pas sur l’emploi d’un mot ou d’une construction mais sur un
jugement. Et ce jugement ne relève pas de l'expérience acquise, mais d’un système de règles
générales intériorisées au cours de l’apprentissage de la langue. Aussi ce sont les jugements
de grammaticalité qui vont servir à établir les règles d’une grammaire et les agrammaticalités
recensées permettent de définir les contraintes qui s'exercent sur les règles générales (règles
dépendantes du contexte).
2. Mais c'est au sein du courant de la grammaire historique et comparée (1816-1870) que nait
le concept de linguistique (dont la première apparition est attestée dans le dictionnaire de
Boiste en 1800) et qu’apparaissent les premières revendications d’ordre scientifique. En effet,
à partir de l’objet fixé à l'origine : établir une parenté génétique entre les langues pour
atteindre la langue mère (tentation qui peut être qualifiée de philosophique ou de
théologique), la grammaire historique définit un point de vue et une méthode que les
linguistes de la grammaire comparée et les néogrammairiens vont radicaliser. Les langues
doivent être étudiées pour elles-mêmes, comme objets, et non comme moyens de
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connaissance (Bopp). On s’attache alors à des objets réels, tangibles, comparables : les textes
écrits, dont l’observation permet de conclure à l'existence de changements linguistiques à
l’intérieur de la langue étudiée. Ceux-ci sont imputés à une nécessité interne à la langue : celle
des lois phonétiques. La procédure d’analyse est celle qui opère avec succès dans les sciences
de la nature. La « linguistique scientifique », qui vient de naître, méfiante à l'égard des
spéculations, collecte des faits, accumule les observations, exige du linguiste la plus grande
neutralité. Les travaux des comparativistes et des premiers phonéticiens ne permettent
cependant pas d’établir la manière dont fonctionne la langue telle qu'elle se présente à
l’utilisateur : la langue parlée.
Toutes les langues évoluent : entre le français des XIIe ou XIIIe siècles et celui
d'aujourd'hui la différence est si grande qu'il est impossible de comprendre, sans étude
approfondie, le Tristan de Béroul ou le Percerai de Chrétien de Troyes. Seules restent figées
les langues mortes (le sanskrit, le grec, le latin...), enseignées comme des objets intangibles et
parfois devenues la langue de textes sacrés, comme l'hébreu biblique ou l'arabe classique du
Coran. Aussi longtemps qu'une langue est vivante, elle ne cesse de se transformer, de
s'adapter aux besoins d'une communauté qui elle-même évolue et de refléter une vision des
choses qui se renouvelle continûment. Les langues ont une histoire - comme les groupes qui
les manient : ce sont des objets contingents et non pas des objets immuables.
On n'imagine pas une société qui ferait fi de son histoire : comment comprendre où l'on va
en ignorant d'où l'on vient? La mémoire sociale, l'expérience du passé, l'enracinement dans
l'histoire sont indispensables à la conscience qu'une société peut avoir d'elle-même ; l'histoire
contribue largement à en fonder la cohérence ; elle seule peut créer le sentiment d'une identité.
La culture elle-même est inséparable de l'histoire - y compris la culture scientifique, qui ne va
pas en dehors des étapes qui l'ont construite. Or l'histoire d'une société, de sa culture, de ses
mentalités n'est pas dissociable de l'histoire de sa langue : la vie sociale suppose une langue
partagée, et celle-ci conserve en elle les traces de l'histoire commune. Les historiens le savent,
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qui accordent au contenu exact des mots une importance de plus en plus grande.
Voyez un mot comme nation et les vocables qui en dérivent. Allez enseigner toutes les
nations : la couleur est biblique et les nations sont ici tous les gens, toutes les familles
humaines ; la Nation comme « personne juridique constituée par l'ensemble des individus
constituant l'État » (Sieyès) date de la Révolution ; ainsi conçue, la Nation évoque
l'Assemblée nationale de 1789 ; c'est sous la Révolution aussi que l'on nationalise les biens du
clergé ; il faut attendre le XIXe siècle pour que naisse une conscience internationale, tout
particulièrement, en 1864, par la première Internationale communiste ; quant à la
supranationalité, si elle existe dans le droit dès le début du XXe siècle, la notion politique
qu'elle recouvre est bien plus récente ; l'Europe des Nations suggère une conception de
l'Europe née depuis peu - et inégalement partagée. De quand datent le produit national brut,
les routes nationales, l'Education nationale, le Service national - désormais disparu ? Il
faudrait quelques recherches pour le dire avec précision. Cc qui nous importe ici, c'est que
toutes ces notions fout partie de notre histoire - et qu'il en est ainsi d'une multitude de
vocables, de locutions, de tournures, tous chargés d'histoire et qui sont autant de lieux de
mémoire.
La locutionalité - le figement sémantique, si l'on préfère - tient dans toutes les langues une
place considérable. L'opacité qui en résulte n'est pénétrable que par des voies fort éloignées de
l'explication synchronique : la vision historique s'impose donc, même dans l'approche de la
langue contemporaine.
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IV- La linguistique générale :
La linguistique a des visées d’un autre ordre : elle se situe par nature dans l’universalité,
au-delà des langues singulières.
1. La typologie génétique :
La typologie peut être génétique ou structurelle. Génétique, elle vise à rassembler les
langues qui viennent d'une langue commune. Ainsi, les langues dites « indo-européennes »
remontent toutes à une langue dont on ne possède aucun texte, mais dont les éléments sont au
moins partiellement reconstructibles par la comparaison des langues qui en sont issues (tout
particulièrement le sanskrit - la langue de l'Inde ancienne -, le grec ancien et le latin) La
famille indo-européenne se ramifie en diverses branches : les langues helléniques (le grec-
ancien et ses variétés, le grec moderne), les langues slaves (le russe, le bulgare, le tchèque, le
polonais, le serbe, le croate, le slovène...), les langues baltes (le lituanien, le letton), les
langues germaniques (l'allemand, l'anglais, le néerlandais, le danois, le suédois...), les langues
celtiques (l'irlandais, le gallois, le breton...), les langues romanes (le français, l'italien,
l'espagnol, le portugais, le roumain...), les langues indo-iraniennes (le hindi, le bengali, le
persan, le kurde...). Beaucoup d'autres familles génétiques sont plus ou moins aisément
reconnaissables : la famille chamito-sémitique (l'arabe, l'hébreu...), l'immense famille bantoue
(le wolof au Sénégal, le bambara au Mali, le dioula en Côte-d'Ivoire, le swahili au Kenya, en
Tanzanie, au Congo...), la famille finno-ougrienne (le finnois, le hongrois...), la famille
altaïque (le turc, le coréen, le japonais...), la famille dravitique (au sud de l'Inde), etc. Dans
l'état actuel des connaissances, il est impossible de fournir une classification génétique qui
ferait une place aux milliers de langues connues, européennes, africaines, malayo-
polynésiennes, asiatiques, amérindiennes (le nahuatl au Mexique, le quechua en Colombie et
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au Pérou...). Même tout près de nous, l'apparentement génétique de telle ou telle langue (le
basque ou l'albanais) peut rester problématique. Au demeurant, la contiguïté géographique et
les influences de langues en contact peuvent créer l'illusion d'un lien de famille qui n'a jamais
existé.
2. La typologie structurelle :
D'autres voies paraissent actuellement plus propices. Ainsi, une grande place est faite à
l'ordre du sujet (S), de l'objet (O) et du verbe (V) : certaines langues privilégient l'ordre SVO
(ainsi le français) ; d'autres, l'ordre SOV (le japonais mais aussi, très largement, le latin et
même l'allemand si l'on considère la proposition subordonnée) ; dans d'autres, plus rares,
prédomine l'ordre VSO (p. ex. en arabe classique) ou VOS (p. ex. en malgache). Ces types
sont en corrélation avec d'autres phénomènes comme l'existence de prépositions ou de
postpositions, la place de l'adjectif ou du complément déterminatif dans le groupe nominal, ou
encore la suffixation ou la préfixation : toutes sortes d'« implications » (f. Greenberg) peuvent
être dégagées (p. ex. les langues de type VSO manifestent une nette prédilection pour les
préfixes ; les langues SOV, pour les suffixes).
II existe sur tous ces points une littérature considérable. Impossible de traiter aucun des
points évoqués. Ce qui nous importe seulement, c'est de voir les finalités que la linguistique
générale se donne. Et au cœur du débat se situent les « universaux ».
L’idée même de linguistique générale n’a de sens que si les langues fonctionnent de la
même façon. Par-delà le constat de la conversion possible des langues les unes dans les autres,
ce postulat peut s’appuyer sur deux sortes d’homologies : des opérations universelles et des
propriétés communes.
1- Toutes les langues supposent des opérations qui discriminent dans le pensable des
objets conceptuels. Pour que l’on puisse parler de quelque chose, il faut que ce quelque chose
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soit isolable de la pensée. Les langues se comportent ainsi comme des systèmes symboliques
et dont les signes linguistiques se substituent aux choses ; ils portent en eux l’idée des choses.
2- Toutes les langues organisent les objets discriminés selon un principe de classification
et de hiérarchie. Toutes comportent des catégories qui les structurent, des catégories
grammaticales (notamment des « parties du discours », substantifs, adjectifs, verbes,
adverbes…, là aussi variable de langue à langue), des catégories morphologiques, mais aussi
des catégories sémantiques : les unités se relient par des implications successives : la rose est
une fleur, la fleur est une plante, la plante est un être vivant…
3- Universellement, même si la forme en est très diverse, la syntaxe de base est celle de
la prédication : quelque chose est dit de quelque chose ; un prédicat s’applique à un sujet ;
toutes les langues sont conçues pour fonctionner de la sorte. Dans l’immense majorité des
langues, ce mécanisme fondamental conduit à l’opposition verbo-nominale.
4- Toutes les langues du monde possèdent des procédures pour marquer l’ancrage dans le
réel des entités prédiquées : ces procédures sont dites référentielles :
Des signes « indexicaux » réfèrent par l’acte même de parole : un mot comme je se
définit par « celui qui dit je » ; je n’a pas de référent en dehors de l’acte de parole ; ici
désigne le lieu où est celui qui dit « ici » ; et maintenant le moment où celui qui parle
dit « maintenant ». Toutes les langues possèdent de tels signes « indexicaux », même
s’ils se présentent sous des formes très variées.
Des signes « déictiques » (en particuliers des démonstratifs) localisent par proximité
ou par éloignement.
Des signes « anaphoriques » localisent selon que l’objet est censé identifiable par
l’interlocuteur ou qu’on suppose qu’il ne l’est pas (en français, le livre, c’est le livre
que tu sais ; un livre désigne un objet qui n’est pas encore identifié parmi les livres).
Toutes permettent de faire le départ entre la référence générique (L’homme est mortel)
et la référence spécifique (L’homme entra) : souvent c’est le contexte seul qui permet
d’en décider (comme en français où le se prête aux deux emplois) ; ailleurs c’est par
des « classificateurs », comme en Tonga (langue bantoue) : mu-ntu « homme » ; ba-
ntu « hommes » ; bu-ntu « humanité ».
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négatif dit universellement le vrai : il dit le vrai en disant ce qui n’est pas. Toutes les langues
autorisent aussi, par des moyens divers, le questionnement : la valeur de vérité de la
proposition mise en débat se trouve alors suspendue, à charge pour l’interlocuteur, s’il en est
capable de la rétablir. C’est du moins le mécanisme de l’interrogation totale, celle qui appelle
la réponse oui ou non (Pierre est-il revenu ? –Oui/Non). Dans l’interrogation dite « partielle »,
la proposition n’a pas de valeur de vérité parce qu’elle comporte une variable que la réponse
doit saturer (- Qui est venu ? -Pierre).
On voit donc dessiner, par-delà les différences, de remarquables homologies. Celles qu’on
a évoquées sont de l’ordre des opérations. Il en est d’autres : ce sont les multiples propriétés
que les langues ont en partage.
2- Toutes les langues comportent, non seulement des structures, mais de règles
« combinatoires », et conséquemment une grammaire opposée au lexique. Pourquoi par
exemple, pour dire strictement la même chose, l’ordre SOV (sujet – objet – verbe) dans telle
langue et l’ordre SVO dans telle autre, si ce n’est en raison de contraintes purement
grammaticales ? L’équivalence sémantique n’est d’aucune façon affectée. La grammaire,
toute grammaire, a pour seule fonction de conduire à des « expressions bien formées » ; elle
est le lieu des règles de bonne formation.
3- Dans toutes les langues, deux tendances s’équilibrent : l’une est dans la liberté
combinatoire, aux potentialités infinies ; l’autre, dans le figement. Toutes les langues
comportent un nombre considérable d’expressions toutes faites et de contraintes
combinatoires. - En français, on se tire d’affaire, en allemand on est « capable de s’aider soi-
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même » (Man weiss sich zu helfen), - d’un côté, on tire les cartes à quelqu’un ; de l’autre, on
le lui pose (jemandem die karten legen) - nous sommes fâchés contre quelqu’un, là où
l’Allemand se fâche « sur » quelqu’un. Les langues sont des systèmes à la fois ouverts et
fortement contraints. C’est une des principales difficultés de leur apprentissage.
VI- Le fonctionnalisme :
Pour Martinet en effet, une langue est un instrument de communication selon lequel
l’expérience humaine s’analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées
d’un contenu sémantique et d’une expression phonique, les monèmes ; cette expression
phonique s’articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, dont la
nature et les rapports diffèrent, eux aussi, d’une langue à une autre.
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1- Articulations des monèmes / morphèmes :
1-1- Les monèmes :
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morphèmes grammaticaux, les premiers appartenant à une liste ouverte (box-, souffr-) et les
seconds à une liste fermée (le, -eur, -s, -ent).
Il s’agit d’une articulation de son, et qui font la différence lorsqu’on a des mots
similaires. Elle est de ce fait une articulation distinctive. Par exemple « pain » et « bain » la
seule différence concerne les unités -p et –b et qui font la différence de sens.
Un deuxième exemple concerne le son « ui » dans la liste de mots suivante : oui ; puis ;
lui ; nuit ; suit ; cuit. Le phonème est donc défini par sa fonction de distinction dans la
communication.
En résumé, lorsque nous parlons de double articulation du langage, nous parlons de deux
niveaux d’organisation du langage :
a- Première articulation ; les monèmes & morphèmes (qui ont un signifié et un signifiant),
b- Deuxième niveau d’organisation ; les phonèmes (qui n’ont qu’un signifiant).
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VII- Le distributionnalisme :
C’est une approche formelle qui écarte toute considération relative au sens ; son objet est
de « définir les unités non par leur contenu (en disant par exemple qu’un verbe exprime une
action), mais par leur comportement à l’égard d’autres unités » ; c’est une méthode
descriptive et inductive, son principe est de constater les unités constitutives d’une langue.
Des unités constitutives qui peuvent être caractérisées par les positions qu’elles occupent les
unes par rapport aux autres.
- Les syntagmes,
- Les syntagmes en mots,
- Les mots en morphèmes.
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- Les formes grammaticales : la classe grammaticale d’un mot, c’est-à-dire la catégorie
de mot à laquelle il appartient. Généralement, on compte neuf classes grammaticales :
Nom : désigne un objet animé ou objet inanimé ou même une idée (par exemple :
un tableau artistique).
Déterminant : un mot qui précède un nom et qui permet de former un groupe
nominal (par exemple : mon sac).
Adjectif : c’est le mot qui dépend toujours d’un autre mot, en général d’un nom
(par exemple : un ciel bleu).
Pronom : remplace en général un groupe nominal, pour un rôle de substitution (par
exemple : la clé que tu as trouvée est la mienne).
Verbe : c’est le mot qui indique l’état ou l’action du sujet, c’est autour du verbe
que la phrase s’organise (l’exemple pour l’état du sujet : un jeune homme semblait
curieux, pour l’action du sujet : un homme courrait sur la corniche).
Adverbe : classé comme mot invariable qui a toujours la même forme, autrement
dit, quoi qu’il soit le contexte dont il est utilisé, il ne change jamais (par exemple :
il écrit rapidement / elle écrit rapidement).
Préposition : mot invariable qui introduit un complément en lui donnant un
sens (par exemple : je suis à l’école).
Conjonction : mot invariable qui unit deux mots ou deux phrases entre elles (par
exemple : cette chanson est enfantine mais intéressante).
Interjection : un mot invariable exprimant un sentiment fort (joie, tristesse,
surprise, colère, doute…, suivi d’un point d’exclamation ou parfois suivi d’un point
d’interrogation). Exemple : comme il est beau !
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VIII- Glossaire :
-Anaphore : mot ou syntagme qui, dans un énoncé, assure une reprise sémantique d’un
précédent segment appelé antécédent ou plus simplement, rappelle par un moyen grammatical
une idée déjà exprimée ou un fait qui s’est déjà produit. En grammaire, l'anaphore est un
processus syntaxique consistant à reprendre par un segment, un pronom en particulier, un
autre segment du discours, un syntagme nominal antérieur, par exemple. Ainsi, il y a
anaphore par en dans la phrase : Des vacances, j'en ai vraiment besoin. Il y a anaphore par
tous dans Femmes, enfants, vieillards, tous étaient venus. Le segment représenté est dit
antécédent.
-Déictique : référence basée sur les conditions particulières de l’énonciation comme l’identité
du locuteur, le temps et l’endroit de l’énonciation ; moi, toi, ceci, cela, aujourd’hui, hier ici, là
sont des exemples de deixis.
-Désinence : On appelle désinence l’affixe qui se présente à la finale d'un nom ou d’un
adjectif (désinences casuelles) ou à la finale d’un verbe (désinences personnelles ou verbales)
pour constituer avec la racine, éventuellement pourvue d’un élément thématique, une forme
fléchie. Ainsi, Le pluriel chantons est formé de la racine chant et de la désinence verbale ons.
-Embrayeur : mot dont le sens est déterminé par son contexte d’énonciation et où ce sens
renvoie à ce contexte. La notion sous-jacente inclut donc aussi bien des déictiques, des
pronoms que le temps auquel le verbe est fléchi. Dans un énoncé comme : je respire ici et
maintenant, tous les mots excepté la conjonction et sont des embrayeurs.
-Faux-ami : mot proche, dans sa prononciation ou son orthographe, d’un terme d’une autre
langue mais dont le sens est différent. Class : un cours, une leçon / une classe : classroom.
-Infixe : On appelle infixe l'affixe qui s'insère à l'intérieur d'un mot pour en modifier le sens ;
ainsi, en latin l'infixe nasal « n » s’insère parfois dans la racine du mot pour la constitution du
verbe ; la racine frag- avec infixe n devient frango « briser ».
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-Langues sémitiques : langues qui appartient à un groupe de langues d'Asie occidentale et
d'Afrique, présentant des caractères communs ; racines trilitères, richesse en consonnes, etc.
(l’arabe, l’hébreu…).
-Philologie : science historique qui a pour objet la connaissance des civilisations passées par
les documents écrits qu’elles nous ont laissés : ceux-ci nous permettent de comprendre et
d’expliquer ces sociétés anciennes. Elle est donc d’abord une science auxiliaire de l’histoire
au meme titre que l’épigraphie, la numismatique et la papyrologie. Son objet est d’établir les
règles de les éditer.
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