Napoléon III
Napoléon III
Napoléon III
Les tensions avec la Prusse aboutissent au piège de la dépêche d'Ems et à la 20 décembre 1848 – 2 décembre 1852
guerre franco-allemande de 1870, qui scelle la fin du Second Empire. Le (3 ans, 11 mois et 12 jours)
2 septembre 1870, Napoléon III est capturé lors de la bataille de Sedan. Le Élection 10-11 décembre
4 septembre 1870, la Troisième République est proclamée. Napoléon III part en 1848
exil en Angleterre, où il meurt en janvier 1873. Vice-président Henri Boulay de La
Meurthe
La vive hostilité de Victor Hugo à l'égard de Napoléon III, exprimée dans ses Président du Odilon Barrot
b Conseil Alphonse Henri
œuvres et sa correspondance , les multiples pamphlets et ouvrages critiques de
divers auteurs (Henri Rochefort, Maurice Joly, etc.) et les articles d'une partie d'Hautpoul
c Léon Faucher
de la presse politique contemporaine contribuent à ce que de nombreux
historiens qualifient de « légende noire » autour de Napoléon III et du Second Gouvernement Dernier ministère
d Louis-Napoléon
Empire .
Bonaparte I et II
L'œuvre économique et sociale du Second Empire est mise en valeur par Prédécesseur Eugène Cavaignac
l'historiographie officielle à partir du début du xxe siècle, mais la révision du (président du Conseil,
jugement historique porté sur Napoléon III est plus lente. Après la Seconde chef de l’État, de facto)
Guerre mondiale, des travaux d’historiens — notamment ceux effectués par Successeur Lui-même
Adrien Dansette et Louis Girard — vont dans le sens d'une réhabilitation de (empereur des Français)
Napoléon III et marquent une nette rupture historiographique dans la perception Adolphe Thiers
de celui qui est le dernier monarque français et le premier président de la (IIIe République)
e
République française .
Biographie
Dynastie Maison Bonaparte
Jeunesse
Nom de naissance Charles Louis
Napoléon Bonaparte
Naissance et famille Date de naissance 20 avril 1808
Lieu de naissance Hôtel de la reine
Troisième fils de Louis Bonaparte et d'Hortense Hortense, Paris
de Beauharnais, le futur empereur voit le jour (Empire français)
rue Cerruti, aujourd'hui rue Laffitte, dans Date de décès 9 janvier 1873 (à
l'Hôtel de la reine Hortense (détruit en 1899), à 64 ans)
Paris, le 20 avril 1808, à une heure du matin. Il Lieu de décès Camden Place,
naît onze mois après le décès, en mai 1807, de Chislehurst
son frère aîné âgé de 4 ans, Napoléon-Charles (Royaume-Uni)
Bonaparte, victime d'une angine diphtérique. Sépulture Abbaye Saint-Michel
de Farnborough
Le nouveau-né devait être prématuré d'au
moins une vingtaine de jours car, neuf mois Nationalité Française
Suisse (à partir de
Louis Bonaparte. plus tôt, ses parents étaient séparés par plusieurs
1832)
centaines de kilomètres depuis le 6 juillet 1807
et ne s'étaient retrouvés que le 12 août. Ce fait a Père Louis Bonaparte
entraîné de nombreuses rumeurs et hypothèses quant à la filiation du futur Mère Hortense de
empereur. Neuf mois avant la naissance de ce dernier, Hortense était en voyage Beauharnais
dans les Pyrénées, à Cauterets et à Gavarnie, où elle aurait pu avoir une liaison Grand-père
extraconjugale avec Élie Decazes, l'amiral Ver Huell ou son écuyer, le comte Charles Bonaparte
paternel
Charles-Adam de Bylandt. Dans sa biographie de Napoléon III (2004), Pierre Grand-mère
Milza a écrit qu'« aucune de ces hypothèses n'est à rejeter de manière définitive Letizia Bonaparte
paternelle
mais aucune […] n'emporte davantage la conviction » et que, pour la plupart
Grand-père Alexandre de
des historiens, dont Louis Girard, « l'hypothèse la moins improbable reste celle
2 maternel Beauharnais
de la paternité du roi Louis » .
Grand-mère Joséphine de
Comme son autre frère, Napoléon-Louis Bonaparte, puis comme c'est plus tard maternelle Beauharnais
le cas pour le roi de Rome, Louis-Napoléon reçoit à sa naissance les honneurs Fratrie Napoléon-Charles
militaires par des salves d'artillerie tirées dans toute l'étendue de l'Empire. Son Bonaparte
oncle l'Empereur Napoléon étant absent, on ne prénomme l'enfant que le 2 juin Napoléon-Louis
3 Bonaparte
suivant . Il n'est baptisé que deux ans plus tard, le 4 novembre 1810, à la
chapelle du château de Fontainebleau. Son parrain est l'Empereur et sa marraine Conjoint Eléonore Vergeot
la nouvelle impératrice, Marie-Louise. Enfants Eugène Bure
Alexandre Bure
Napoléon se conduira en véritable « grand-père » envers les enfants d'Hortense, Enfants avec le 2e Louis Napoléon
n'hésitant pas à passer du temps avec eux dès que ses obligations le lui conjoint Bonaparte
permettaient. Il aimait par exemple à faire rire aux éclats Louis-Napoléon en le Famille Napoléon Ier (oncle)
saisissant par la tête pour le relever du sol. C'est lors de ces moments passés Joseph Bonaparte
(oncle)
Lucien Bonaparte
4
4
ensemble que Napoléon Ier et la Reine Hortense surnommèrent (oncle)
4 Élisa Bonaparte
affectueusement le futur Napoléon III, « monsieur Oui Oui » car celui-ci
5 [source insuffisante] (tante)
répondait toujours à tout par « oui-oui » .
Pauline Bonaparte
(tante)
En juin 1814, à la mort de leur grand-mère maternelle, l'ex-impératrice
Caroline Bonaparte
Joséphine, Louis-Napoléon et son frère sont chargés de conduire le deuil lors (tante)
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du transfert de la dépouille à l'église de Rueil-Malmaison . Jérôme Bonaparte
(oncle)
Napoléon II (cousin)
En exil entre Rome et le château d'Arenenberg
Diplômé de École militaire
centrale fédérale de
La loi du 12 janvier 1816, bannissant tous les Bonaparte du territoire français et
Thoune
les obligeant à céder leurs biens, contraint l'ex-reine Hortense de Hollande,
7 Religion Catholicisme
séparée de corps et de biens avec son mari , à s'exiler en Suisse alémanique où
elle achète, en 1817, le château d'Arenenberg, dominant le lac de Constance, Résidence Château
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dans le canton de Thurgovie . Elle s'y installe avec Louis-Napoléon tandis que d'Arenenberg (1817)
son frère aîné part vivre avec son père à Rome, où celui-ci tente d'obtenir Palais de l'Élysée
9 (1848)
l'annulation de son mariage avec Hortense .
Palais des Tuileries
Sans soucis d'ordre matériel, Louis-Napoléon est élevé par sa mère à (1852)
Arenenberg en été et à Augsbourg en hiver. Son éducation est d'abord prise en Chislehurst (1871)
charge par quelques professeurs occasionnels mais, en général, il est souvent Château de
Compiègne
livré à lui-même et fait de longues escapades dans la campagne suisse. Quand
son père s'aperçoit du faible niveau d'éducation de son fils cadet, alors âgé de
12 ans, il menace Hortense de lui retirer la garde de l'enfant si elle ne reprend
pas en main son éducation. Elle fait alors appel à un nouveau précepteur,
nommé Philippe Le Bas, fils d'un conventionnel jacobin, tandis qu'un ancien
officier de son oncle Napoléon Ier lui enseigne l'Art de la guerre dans le culte
de l'empereur et dans la certitude de son destin dans la dynastie. Soumis à une
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discipline stricte, ses résultats s'améliorent dans quasiment toutes les matières .
De cette période passée sur la rive helvétique du lac de Constance et de sa
scolarité au Gymnasium d'Augsbourg, Louis-Napoléon maîtrisera fort bien
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l'allemand .
À partir de 1823, c'est à Rome qu'Hortense et ses fils s'installent, rejoignant Présidents de la République française
Arenenberg en été. Dans cette ville, Louis-Napoléon découvre la politique aux Monarques de France
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côtés des libéraux italiens autour des thèmes de liberté et de nation . Mais c'est
en Suisse qu'il s'engage dans la carrière
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militaire en juin 1830 , en devenant élève officier à
l'École militaire centrale fédérale de Thoune alors dirigée
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par le futur général Dufour .
Les fils Bonaparte sont indignés, ce qui amène la Reine Hortense à partir avec eux pour Rome
afin de les éloigner de la France. Ils sont néanmoins rapidement impliqués dans les conspirations Hortense de Beauharnais
des carbonari visant à favoriser la cause de l'unité italienne et à déposséder le pape de son portraiturée avec ses fils :
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pouvoir séculier . Les deux frères participent ainsi aux insurrections dans les territoires Napoléon-Louis (à gauche)
pontificaux de l'Italie centrale, avant de devoir finalement se replier sur Bologne, où ils se et, dans ses bras, le très
retrouvent encerclés par l'armée autrichienne et les armées pontificales, décidées chacune à leur jeune Charles-Louis-
17 Napoléon, futur Napoléon III.
régler leur sort . Repliés sur Forlì, les deux frères doivent aussi faire face à une épidémie de
rougeole qui emporte de nombreux soldats, déjà affaiblis par leurs blessures. Le 17 mars 1831,
Napoléon-Louis succombe à l'épidémie tandis que Louis-Napoléon subit à son tour les effets de
18 19
la maladie . La Reine Hortense parvient à rejoindre son fils, à l'exfiltrer vers la France et à rejoindre Paris , où elle obtient du
roi Louis-Philippe une audience le 26 avril 1831 et l'autorisation de rester à Paris plusieurs jours, le temps que Louis-Napoléon
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se rétablisse, avant de rejoindre l'Angleterre . Ils gagnent ensuite la Suisse en août 1831, après avoir reçu de l'ambassade de
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France à Londres un sauf-conduit pour traverser le territoire français .
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En 1832, Louis-Napoléon obtient la nationalité suisse dans le canton de Thurgovie , ce qui fait dire à certains historiens que
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Louis-Napoléon Bonaparte a été « le seul Suisse à régner sur la France » .
Pendant ces années qu'il passe principalement en Suisse, il correspond avec les chefs français de l'opposition, écrit et publie des
ouvrages ou des manifestes et reçoit à Arenenberg de nombreuses personnalités telles le comte François-René de Chateaubriand,
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Madame Récamier ou encore Alexandre Dumas . Il continue aussi à conspirer.
« L'homme qui a fait les équipées de Strasbourg […] aura une fin misérable. »
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— George Sand
Sur place, l'âme du complot est le colonel Vaudrey, qui commande le 4e régiment d'artillerie,
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dans lequel Napoléon Bonaparte a servi à Toulon, en 1793, et qui s'estime mal traité par la monarchie de Juillet .
L'opération est engagée le 30 octobre 1836 au matin mais elle tourne court assez rapidement. Les insurgés sont arrêtés et
incarcérés dans le corps de garde de la caserne puis transférés à la prison de la ville. Louis Bonaparte et les oncles du jeune
prince condamnent aussitôt l'opération. Hortense de Beauharnais écrit à Louis-Philippe Ier pour lui suggérer de laisser son fils
quitter la France. Le 9 novembre, Louis-Napoléon est amené sous escorte à Paris et enfermé à la préfecture de police. Souhaitant
éviter un procès public qui risquerait de lui donner une tribune pour plaider sa cause, le roi convainc son gouvernement d'exiler
le prince. Conduit à Lorient, Louis-Napoléon, muni d'une somme d'argent, est embarqué sur L'Andromède le 21 novembre 1836
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à destination des États-Unis. Il débarque à Norfolk (Virginie) le 30 mars 1837, d'où il rejoint New York .
Pendant ce temps, treize de ses partisans sont jugés à Strasbourg devant la cour d'assises. Seuls sept d'entre eux comparaissent.
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Tous sont acquittés par le jury, sous les acclamations du public, le 18 janvier 1837 . Si la tentative a été un échec complet et a
été désavouée par la famille Bonaparte, elle a fait connaître le prince Louis-Napoléon qui écrit de sa prison à Odilon Barrot, le
chef de l'opposition parlementaire, pour lui exposer ses motivations et ses revendications politiques reposant sur la restauration de
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l'Empire et le recours au plébiscite .
Retour en Europe
Le prince ne reste pas longtemps aux États-Unis. Alors qu'il s'apprête à entreprendre un périple à travers tout le pays, il apprend
la détérioration importante de l'état de santé de sa mère. Il rentre aussitôt en Europe pour être à son chevet à Arenenberg mais,
interdit de séjour sur le continent par le gouvernement de Louis-Philippe, il est bloqué en Angleterre où il essaie d'obtenir, auprès
des ambassades européennes, un passeport et un visa. En
août 1837, c'est finalement muni d'un faux passeport américain
qu'il parvient à se rendre en Suisse auprès de sa mère
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mourante . Maintenue en vie sous opium, elle décède le
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5 octobre 1837 .
À la suite de cet incident, le gouvernement français demande à la Suisse, au début du mois d'août 1838, l'expulsion du prince
Louis-Napoléon et, sûr de l'appui de l'Autriche, menace la confédération d'une rupture des relations diplomatiques et même
d'une guerre, allant jusqu’à concentrer dans le Jura une armée de 25 000 hommes. Le gouvernement suisse, indigné, invoque la
qualité de bourgeois de Thurgovie du prince. En définitive, celui-ci annonce, le 22 août, son intention de s'installer en
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Angleterre ce qui permet au gouvernement suisse de déclarer l'incident clos sans avoir eu à céder aux exigences françaises .
Ayant hérité de sa mère, Louis-Napoléon a les moyens d'imprimer à 50 000 exemplaires une brochure détaillant son programme
politique, Les Idées napoléoniennes, dans laquelle il fait de Napoléon Ier le précurseur de la liberté. Au début de 1840, l'un de ses
partisans les plus fidèles, Fialin, lance à son tour ses Lettres de Londres, qui exaltent ce prince qui « ose seul et sans appui,
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entreprendre la grande mission de continuer l'œuvre de son oncle » .
Depuis Londres, le prince prépare une nouvelle tentative de coup d'État. Voulant profiter du
mouvement de ferveur bonapartiste suscité par la décision du cabinet Thiers de rapporter de
Sainte-Hélène les cendres de l'Empereur, il débarque dans la nuit du 5 au 6 août 1840 sur le site
de la Pointe aux Oies, entre Boulogne-sur-Mer et Wimereux, en compagnie de quelques
comparses, parmi lesquels un compagnon de Napoléon Ier à Sainte-Hélène, le général de
f 45
Montholon , avec l'espoir de rallier le 42e régiment de ligne .
La tentative de ralliement du 42e est un échec total. Cernés par la gendarmerie, les hommes du
42e régiment et la Garde nationale, plusieurs conjurés sont tués ou blessés tandis que Louis-
Napoléon est lui-même touché par une balle. Arrêtés et écroués sur ordre du procureur Hubert
Legagneur, les conjurés sont traduits en justice. Leur procès se tient devant la Chambre des pairs
g, 46
du 28 septembre au 6 octobre, dans une indifférence générale . Le prince, défendu par le
célèbre avocat légitimiste Pierre-Antoine Berryer, prononce un discours dans lequel il déclare :
« Je représente devant vous un principe, une cause, une défaite. Le principe, c'est la souveraineté
La tentative de Boulogne. du peuple, la cause celle de l'Empire, la défaite Waterloo. Le principe, vous l'avez reconnu ; la
cause, vous l'avez servie ; la défaite, vous voulez la venger. […] Représentant d'une cause
politique, je ne puis accepter, comme juge de mes volontés et de mes actes, une juridiction
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politique. […] Je n'ai pas de justice à attendre de vous, et je ne veux pas de votre générosité » . Il n'en est pas moins condamné
h
à l'emprisonnement à perpétuité .
Ses conditions de détention sont assez confortables. Il bénéficie pendant son internement à la forteresse de Ham — qu'il appelle
plus tard « l'université de Ham » — d’un appartement de plusieurs pièces. Il peut correspondre avec l’extérieur, reçoit des visites
et des livres. Don Francisco Castellon, missionné par trois pays d'Amérique centrale, obtient la permission de lui rendre visite
pour lui proposer d'étudier une jonction entre les deux océans, pour laquelle le futur empereur
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s'est déjà passionné, le projet de canal du Nicaragua .
Il met à profit cette captivité pour se consacrer à l’étude et faire avancer sa cause dans l’opinion
par l’écriture de brochures et d’articles dans les revues locales. Il écrit notamment Extinction du
paupérisme (1844), ouvrage influencé par les idées saint-simoniennes et développant un moyen
populiste pour accéder au pouvoir : « Aujourd'hui, le règne des castes est fini, on ne peut
gouverner qu'avec les masses ». Dans cet ouvrage apparaît pour la première fois sous sa plume
l'expression de « classe ouvrière », écrit Jean Sagnes (Napoléon III : le parcours d'un saint-
simonien, éditions Singulières, 2008). Louis-Napoléon ajoute que « pour extirper le paupérisme,
l'intervention de l'État est nécessaire ».
Le 25 mai 1846, après six années de captivité, il s'évade de sa prison avec le concours d'Henri
Conneau, en empruntant les vêtements et les papiers d'un peintre nommé Pinguet. Les Louis-Napoléon, incarcéré à
caricaturistes du Second Empire transforment plus tard le nom de celui-ci en Badinguet, qui la forteresse de Ham, se
évoque un plaisantin, pour en affubler l’Empereur en rappelant son passé de conspirateur. Avant livre à une expérience de
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que sa fuite soit découverte, il est déjà en Belgique et, le lendemain, en Angleterre . chimie sous l'œil
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respectueux d'un garde .
Estampe de Philippoteaux,
Révolution française de 1848 gravée par E. Leguay, 1853.
Il s'établit à Londres où il apprend la mort de son père à Livourne, le 25 juillet 1846. C'est durant
cette période, moins active politiquement, que Louis-Napoléon rencontre Miss Harriet Howard, qui partage sa vie jusqu'en
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1853 . La révolution française de 1848, qui met fin à la monarchie de Juillet, fournit au prince l'occasion de revenir une
première fois en France à la fin du mois de février puis de voir sa candidature présentée par ses partisans aux élections de députés
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à l'Assemblée nationale .
En 1846, Don Francisco Castellon lui avait transmis les pouvoirs du gouvernement nicaraguayen pour organiser une société
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européenne pour le projet de canal du Nicaragua, qui devait recevoir le nom de « Canal Napoléon du Nicaragua » . Le futur
empereur français y avait travaillé sérieusement, sous la forme d'un mémoire rédigé avec des ingénieurs. Il prévoyait de se rendre
au Nicaragua mais la révolution de 1848 modifie ses projets. Il en reparle en 1852 à l'industriel français du chocolat Antoine
Brutus Menier, dont le fils Émile-Justin Menier fait avancer le canal du Nicaragua, sans toutefois parvenir à le concrétiser,
puisqu'une concession est accordée à des Américains.
Comme lors de ses deux tentatives de coup d'État en 1836 et 1840, Louis-Napoléon est toujours soutenu par des francs-
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maçons p. ex. Jean-Claude Besuchet de Saunois (1790-1867) qui était franc-maçon . Pendant la campagne électorale pour
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l'élection présidentielle en automne 1848, il soutenait Louis-Napoléon avec des affiches .
Le 4 juin 1848, candidat à l'Assemblée nationale constituante, Louis-Napoléon Bonaparte est élu
dans quatre départements : la Seine, l'Yonne, la Charente-Inférieure et la Corse. Ses cousins les
princes Napoléon-Jérôme, Pierre Bonaparte et Lucien Murat sont aussi parmi les nouveaux élus.
L'élection de Louis-Napoléon est suivie de manifestations populaires qui inquiètent la nouvelle
Assemblée composée de 900 élus dont 500 républicains modérés, 300 monarchistes (orléanistes
et légitimistes), une centaine de républicains démocrates et socialistes ainsi qu'une poignée de
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bonapartistes . Le 12 juin, Alphonse de Lamartine propose à ses collègues parlementaires de
rendre exécutoire la loi d'exil du 10 avril 1832 qui interdisait le territoire français aux membres
des familles ayant régné sur la France dans le cas où Louis-Napoléon s'aviserait de rentrer. Sa
proposition est finalement rejetée. Le lendemain, la validation de l'élection, soumise à accord de
Campagne présidentielle de
l'Assemblée, est acquise à une large majorité comprenant notamment les républicains Jules Favre
58 1848 : au premier plan, deux
et Louis Blanc . Néanmoins, le 16 juin, accusé d'appeler à la révolte, Louis-Napoléon annonce
jeunes colleurs d'affiches à
renoncer à remplir son mandat. Il a ainsi la chance de ne pas être compromis dans la répression
l'effigie de Bonaparte et de
sanglante des ouvriers parisiens révoltés lors des journées insurrectionnelles des 22-26 juin Cavaignac en viennent aux
(journées de Juin) dont le bilan s'élève à environ 5 000 insurgés tués ou fusillés, environ mains.
1 500 soldats tués, 25 000 arrestations et 11 000 condamnations à la prison ou à la déportation en Illustration publiée dans le
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Algérie . Ces journées de juin creusent alors un fossé temporairement infranchissable entre périodique allemand
60
les autorités de la République et les ouvriers . Illustrierte Zeitung.
Louis-Napoléon décide alors de se présenter aux élections législatives intermédiaires des
17 et 18 septembre 1848. Candidat dans les quatre départements qui l'avaient déjà élu en
juin, il est aussi candidat en Moselle. Élu dans ces cinq départements, il obtient en tout
300 000 voix provenant également des départements de l'Orne, du Nord et de la Gironde
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où il n'était pourtant pas candidat . Il rentre alors en France et s'installe à Paris le
24 septembre. Le lendemain, son élection est validée à l'unanimité par l'Assemblée où il
peut enfin siéger. « On l'avait vu assez souvent s'asseoir à la place qu'il avait choisie sur
les bancs supérieurs de la gauche, dans la cinquième travée, dans cette zone
communément appelée la Montagne, derrière son ancien précepteur, le représentant
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Vieillard », dixit Victor Hugo .
L'homme qui accède alors à la présidence se pense doublement légitime : d'une part parce qu'il est un héritier, celui de
l'Empereur Napoléon Ier, et d'autre part parce qu'il est le premier élu du peuple tout entier, adoubé par le suffrage universel
masculin. Comme son oncle, le président Louis-Napoléon Bonaparte adhère aux principes juridiques et sociaux de 1789 ;
comme lui, il pense qu'ils doivent « être complétés par un pouvoir politique fort » et, comme lui, il est patriote et pense que la
France est porteuse de valeurs. Par contre, en raison de son héritage et de son éducation maternelle, il croit au progrès, pense que
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l'État a un devoir d'intervenir pour faire face au paupérisme engendré par la modernité industrielle et admire l'Angleterre .
Ces éléments, son activisme et son réformisme social le rapprochent des républicains mais le fait qu'il soit un prétendant à la
restauration de la monarchie impériale héréditaire empêche toute alliance avec eux et l'amène à pactiser avec le parti de l'Ordre
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69
tout en étant aussi son opposant .
Son élection est suivie de près à la Bourse de Paris, où le cours du principal titre coté, la rente 5 %, bondit de 65 à 80 en
70
quelques jours .
Dans le cadre de ses pouvoirs exécutifs, Louis-Napoléon demande à Adolphe Thiers de former le premier gouvernement de la
présidence mais celui-ci refuse. Aucun dirigeant orléaniste ne souhaite diriger le cabinet, ni aucun des républicains approchés par
le président. C'est finalement Odilon Barrot, ancien chef de l'opposition constitutionnelle, qui accepte de diriger un
gouvernement de mouvance orléaniste (Léon Faucher, Léon de Maleville, etc.) comprenant un républicain (Jacques Alexandre
Bixio) et un membre du parti catholique (le comte de Falloux). Aucun membre de ce gouvernement n'appartient à la mouvance
du président, ce qui lui donne le nom de ministère de la captivité, selon l'appellation donnée par Émile Ollivier au motif que
Louis-Napoléon en est le captif, encerclé par les hommes du parti de l'Ordre. L'un des leurs, le général Nicolas Changarnier,
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prend d'ailleurs la tête de la Garde nationale et de la division de Paris .
L'Assemblée élue en 1848 tarde à se dissoudre et, à partir du 24 janvier, les tensions montent entre le gouvernement et les élus.
L'épreuve de force est évitée de justesse à la fin du mois de janvier quand le général Changarnier, commandant de la Garde
nationale, prend l'initiative de rassembler les troupes autour de l'Assemblée sous prétexte de la défendre contre un éventuel
mouvement populaire. La pression de Changarnier, soupçonné de part et d'autre de préparer un coup d'État militaire, incite le
chef de l'État, le gouvernement et les députés à négocier. Ces derniers acceptent finalement, à une courte majorité, de se
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séparer .
Ce « crétin que l’on mènera », selon l’expression d’Adolphe Thiers qui l'avait soutenu durant la campagne présidentielle parce
79
qu'il croyait pouvoir l'utiliser en lui procurant de l'argent et des femmes avant de le remplacer au terme de son mandat , s’avère
finalement beaucoup plus intelligent et retors. Après les élections de mai, Louis-Napoléon reconduit Odilon Barrot à la direction
de son deuxième gouvernement comprenant notamment Alexis de Tocqueville (nommé aux Affaires étrangères) et Hippolyte
Passy (confirmé aux finances).
La manifestation républicaine organisée sur les grands boulevards de Paris ayant été dispersée par les troupes du général
Changarnier, plusieurs députés républicains se retranchent alors au Conservatoire national des arts et métiers où ils décident de
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siéger en convention et de constituer un gouvernement provisoire . Au bout de trois quarts d'heure, ils sont néanmoins obligés
de prendre la fuite.
L'échec de cette journée de manifestation entraîne de nouvelles mesures de répression, qui achèvent de désorganiser l’extrême
gauche. Six journaux sont supprimés et, le 19 juin, l'Assemblée adopte une loi sur les clubs permettant au gouvernement de
suspendre la liberté d'association pour un an. Le 27 juillet, une loi complémentaire sur la presse est votée, instituant de nouveaux
délits et réglementant sévèrement le colportage. Enfin, le 9 août, une autre loi autorise le gouvernement à proclamer l’état de
siège avec un minimum de formalités. Les responsables républicains impliqués dans la journée du 13 juin sont déférés devant la
Haute Cour de justice de Versailles qui siège du 12 octobre au 15 novembre. Sur 67 accusés dont 16 députés, poursuivis pour
« avoir participé à un complot ayant pour but 1° de détruire ou de changer la forme du gouvernement ; 2° d'exciter à la guerre
civile, en armant ou portant les citoyens à s'armer les uns contre les autres », 31 seulement sont présents. Les 16 députés sont
déchus de leurs mandats électoraux tandis que Ledru-Rollin et 35 autres accusés absents sont condamnés par contumace à la
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déportation .
Louis-Napoléon Bonaparte se tient en retrait durant tout l'été 1849, laissant les hommes du parti de l'Ordre et l'Assemblée voter
toutes les lois permettant de renforcer son pouvoir. Pour se faire réellement connaître des Français et diffuser ses idées politiques,
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il inaugure en province des voyages de type présidentiel, profitant notamment du développement du chemin de fer . Soucieux
de conforter sa popularité, il parcourt ainsi l'Hexagone, se faisant acclamer par la foule et les soldats. Partout où il se rend
(Chartres, Amiens, Angers, Tours, Nantes, Rennes, Saumur, Rouen, Le Havre), il prêche avec des formules simples et directes la
concorde et l'union de tous les citoyens, inaugurant ainsi une technique langagière éloignée des harangues rhétoriques utilisées
par les représentants de la classe politique traditionnelle. Il écarte, à cette époque, une proposition de Changarnier qui l'assure de
son soutien dans un éventuel coup de force contre l'Assemblée. La popularité du président est à son zénith, ce qui permet à la
presse bonapartiste de commencer à militer pour la
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prolongation du mandat présidentiel . Durant ses
déplacements, il est parfois accompagné discrètement de
sa compagne, Miss Howard. Celle-ci fréquente peu le
palais de l'Élysée et réside dans un hôtel particulier de la
rue du Cirque où elle vit avec Louis-Napoléon et reçoit
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les familiers du président .
Durant sa tournée hexagonale de l'été, Louis-Napoléon constate l'effervescence qui monte dans les provinces. Au cours du
voyage présidentiel qu'il effectue dans l'Est, il critique l'Assemblée nationale en déclarant « Mes amis les plus sincères, les plus
dévoués ne sont pas dans les palais, ils sont sous le chaume ; ils ne sont pas sous les lambris dorés, ils sont dans les ateliers et
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dans les campagnes » . À Lyon, dans une ville qui ne lui est pas acquise, il déclare que « l'élu de 6 millions de suffrages
83 83
exécute les volontés du peuple et ne les trahit pas » , manière pour lui de désavouer publiquement la nouvelle loi électorale .
En septembre 1850, en Normandie, terre acquise et conservatrice, il se pose en mainteneur de l'état des choses existant pourvu
que le peuple veuille le laisser au pouvoir, multipliant les allusions à une évolution politique à venir en référence aux vœux
exprimés par des conseils généraux sollicités en faveur d'une révision constitutionnelle pour permettre la réélection du
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président .
Au début de l'automne 1850, le conflit larvé entre le président et l'Assemblée est devenu une guerre ouverte. Durant l'été,
l'Assemblée a adopté plusieurs autres lois liberticides (loi du 16 juillet 1850 sur la liberté de la presse, loi du 30 juillet 1850 sur la
censure des théâtres). À son retour à Paris, Louis-Napoléon s'attache à organiser ses partisans déclarés, rassemblés notamment au
sein de la Société du Dix-Décembre (mouvement constitué en 1848 sous la forme d'une société de secours mutuels, car les clubs
politiques étaient illégaux, le nom choisi évoquant le jour de l'élection à la Présidence) et de celle du 15 août, et à mettre l'armée
94
de son côté, multipliant les promesses d'avancement et les augmentations de solde .
Nouvelle loi sur l'enseignement : Thiers, Berryer, Faucher et Molé Première application
- Ce sont les instituteurs qui font goûter leur « assez mauvaise de la nouvelle loi
reçoivent la férule. cuisine » électorale à la France. électorale dite des
Vêtus en ecclésiastiques, Alfred Les Fricoteurs politiques, Burgraves.
de Falloux et Charles de caricature d'Honoré Daumier sur Sous les rires de
Montalembert punissent un la loi électorale du 31 mai 1850. Thiers et de Louis
instituteur en le frappant sur la Veuillot, le président
main. Bonaparte se voit lui-
Caricature de la « petite loi sur même mis dans
l'instruction » ou loi Parieu, l'impossibilité de
estampe de Charles Vernier, voter puisqu'il n'a pas
1850. résidé
continuellement à
Paris depuis trois
95
ans .
Caricature de
Charles Vernier, Le
Charivari,
23 mai 1850.
En échange de cette preuve d'apaisement de la part du président, l'Assemblée entérine la destitution de Changarnier. Néanmoins,
Louis-Napoléon ressort victorieux de cette confrontation avec l'Assemblée, cette dernière ayant perdu celui qui faisait office de
bras armé. Il pense alors pouvoir pousser son avantage et obtenir une modification des règles constitutionnelles qui lui permettrait
98
98
de briguer un second mandat .
Affrontement de 1851
Depuis qu’il a été élu au suffrage universel masculin avec 74 % des voix, avec le soutien du parti
de l'Ordre, « président des Français » en 1848 contre Louis Eugène Cavaignac, Louis-Napoléon
Bonaparte s'est retrouvé en confrontation politique perpétuelle avec les députés de l’Assemblée
nationale. Ainsi, déjà endetté lors de sa prise de fonction, Louis-Napoléon n'avait cessé de
demander l'augmentation de son traitement. D'abord de 600 000 francs, son traitement annuel
avait rapidement été doublé à 1,2 million de francs. En 1850, il demande un nouveau
doublement à 2,4 millions de francs, et l'Assemblée lui donne finalement 2,16 millions. En 1851,
il demande encore une augmentation, cette fois de 1,8 million de francs supplémentaires (pour un
101
total de 3,96 millions), que l'Assemblée refuse finalement par 396 voix contre 294 . Créé par Honoré Daumier, le
personnage de Ratapoil
symbolise le butor partisan
Tentative de réforme constitutionnelle
de la cause bonapartiste,
armé d'une canne plombée
La Constitution établissant la non-rééligibilité du président, Louis-Napoléon doit légalement
et membre de la société du
quitter le pouvoir en décembre 1852. Comme les élections législatives doivent avoir lieu la même 99
Dix-Décembre . Dans cette
année, l'Assemblée vote le principe de tenir les deux élections à la même date, le 2 mai 1852, soit caricature, lui et ses
102
sept mois avant la fin théorique du mandat présidentiel . Durant l'année 1850, afin de comparses patibulaires
permettre la réélection du président de la République, le gouvernement Hautpoul demande aux crient « Vive l'Empereur ! »
préfets de mettre à l'ordre du jour des réunions des conseils généraux des départements l'adoption en brandissant leurs
d'un vœu de révision de la Constitution de 1848. Ce faisant, il entre en conflit avec une partie chapeaux au bout de leurs
des parlementaires peu favorables à une telle réforme des institutions. Au début de l'année 1851, gourdins lors d'une revue
la classe politique dans son ensemble, à l'exception des républicains, est cependant convertie à 100
militaire .
l'idée d'une révision constitutionnelle pour supprimer la clause de non-rééligibilité du président Lithographie de Daumier, Le
de la République, le risque de voir Louis-Napoléon se représenter illégalement et remporter la Charivari, 1er juillet 1851.
103
majorité des suffrages populaires étant réel . Dans sa volonté de réformer la Constitution, le
président a le soutien d'Odilon Barrot, du comte de Montalembert et d'Alexis de Tocqueville. La
première moitié de l’année 1851 est ainsi passée à proposer des réformes de la Constitution afin qu’il soit rééligible et que son
mandat passe de 4 à 10 ans. Or, à cette demande de révision constitutionnelle, le président ajoute l'abrogation de la loi électorale
du 31 mai 1850 qui a supprimé le suffrage universel. Sur ce point, les résistances sont plus nombreuses et exprimées au sein
104
même du parti de l'Élysée .
Le 11 avril 1851, Louis-Napoléon Bonaparte remplace le « ministère sans nom » par une
nouvelle équipe ouverte aux membres du parti de l'Ordre, à commencer par Léon
105
Faucher, dans le but de rallier le vote conservateur mais c'est un échec, Faucher lui-
même restant hostile à l'abrogation d'un texte qu'il avait défendu un an auparavant. À la
suite d'une vaste campagne de pétition recueillant 1 456 577 signatures sur l'ensemble du
territoire national (avec une prépondérance de signatures en provenance du bassin
parisien, de l'Aquitaine et du Nord), le duc de Broglie dépose, le 31 mai 1851, à
l'Assemblée, une proposition de loi soutenue par 233 députés pour réviser la Constitution
Commission de la révision de la et ainsi rendre rééligible le président de la République. Louis-Napoléon lui-même ne
Constitution à l'Assemblée nationale reste pas inactif et se rend en province où ses discours, en forme de manifeste et d'appel
106
(L'Illustration, juin 1851). au peuple, provoquent la fureur des conservateurs . Ainsi s'en prend-il, à Dijon, à
83
« l'inertie de l'Assemblée législative » et se met-il « à la disposition de la France » . Si
les deux tiers des conseils généraux se rallient à sa cause, les orléanistes de Thiers et
107
légitimistes de Changarnier s’allient à la fraction ouverte de gauche « Montagne parlementaire » pour le contrer .
Le 21 juillet 1851, au bout d'un mois de débat, l’Assemblée se prononce sur la réforme constitutionnelle. Bien qu'obtenant une
majorité de 446 voix en sa faveur (dont celle d'Alexis de Tocqueville) contre 278 voix opposées, la révision constitutionnelle
n'est pas adoptée, faute d'avoir obtenu plus de 3/4 des suffrages des députés, seuil exigé par la Constitution. Il manque aux
partisans de la révision une centaine de voix, dont celles des orléanistes intransigeants comme Charles de Rémusat et Adolphe
108
Thiers .
Pendant ce temps, la proposition d'abrogation de la loi électorale est déposée à l'Assemblée le 4 novembre 1851. Elle est rejetée
111
le 12 novembre par 355 voix contre 348, soit seulement par 7 voix de majorité .
Alors que des députés demandent la mise en accusation du président de la République, Thiers et ses amis tentent de réactiver un
décret de la Constituante, tombé en désuétude, qui donnait au président de l'Assemblée le droit de requérir directement l'armée
sans avoir à en référer au ministre de la Guerre. Pour Louis-Napoléon, c'est une déclaration de guerre et un plan d'action est
immédiatement mis au point pour mettre l'Assemblée en état de siège au cas où une telle loi serait adoptée. La proposition est
finalement repoussée par 408 voix (la majorité des républicains, les bonapartistes et de nombreux royalistes) contre 338 (la
112
majorité des orléanistes et des légitimistes) .
Convaincu de la nécessité d’un coup d’État du fait des derniers refus de l’Assemblée, Louis-Napoléon le fixe lui-même pour le
2 décembre, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier en 1804 et de la victoire d’Austerlitz en 1805. L’opération est baptisée
113
Rubicon .
Déroulement à Paris
Dans la nuit du 1er au 2 décembre, les troupes de Saint-Arnaud prennent possession de la capitale, occupent les imprimeries
115 116
(notamment pour empêcher les journaux républicains de paraître) , procèdent aux premières arrestations de 78 personnes ,
parmi lesquelles figurent 16 représentants du peuple dont Thiers mais aussi les chefs de la Montagne et des militaires comme
117, 118, 119
Changarnier qui auraient pu mener une résistance . Vers 6 h 30, des proclamations sont placardées sur les murs de
Paris. Se fondant sur la crise politique qu'à son sens subit le pays, Louis-Napoléon dénonce l'Assemblée parlementaire et lui
120
oppose la légitimité qu'il a lui seul reçue du pays tout entier lors de l'élection présidentielle de 1848 . Dans son « appel au
121
peuple » à destination des Français , il annonce une réforme de la Constitution sur le modèle du consulat de son oncle de
120
même que son intention de préserver les droits acquis en 1789 tout en faisant respecter l'ordre dans le pays . Une autre des
proclamations placardées est destinée à l’armée qu'il salue comme une « élite de la nation que les régimes ayant succédé à
122
l'Empire ont traitée en vaincue » . Ses décrets imposent également la dissolution de l’Assemblée nationale et le rétablissement
du suffrage universel masculin.
Le siège de l'Assemblée étant occupé par la troupe, 220 parlementaires, essentiellement du parti de l'Ordre, se réfugient à la
k 123
mairie du 10e arrondissement . Se fondant sur l'article 68 de la Constitution , ils votent à l'unanimité la déchéance de Louis-
119
Napoléon mais ils sont aussitôt arrêtés sans avoir appelé le peuple à se mobiliser . Au soir du 2 décembre, Paris n'a pas bougé
alors qu'une soixantaine de députés montagnards et républicains forment un Comité de résistance et en appellent au peuple
124
contre le coup de force. Des étudiants qui manifestent sont matraqués par la police .
Le 3 décembre, une vingtaine de parlementaires républicains, comme Victor Schœlcher
ou Victor Hugo, tentent de soulever les quartiers populaires de Paris sans grand
125
succès . Quelque 70 barricades sont finalement érigées dans le faubourg Saint-
Antoine et les quartiers du centre. Sur l'une d'elles, le député Alphonse Baudin est tué
par des tirs de soldats. Au soir du 3 décembre, le nombre d'insurgés ne dépasse guère
126 127
1 000 ou 1 500 hommes , pour la plupart aguerris depuis 1848 aux barricades .
Dans la nuit du 4 décembre, environ 30 000 soldats sont déployés dans les zones tenues
par les insurgés parisiens, principalement l'espace compris entre les grands boulevards et
126
la Seine ainsi qu’au jardin du Luxembourg et à la montagne Sainte-Geneviève .
126
La journée du 4 décembre est marquée par la fusillade des grands boulevards où les
soldats de la division Canrobert se sont rassemblés et côtoient une foule où se mêlent
curieux et manifestants qui pour certains prennent à partie la troupe en exclamant « Vive
119, 126, 128
la Constitution ! Vive l'Assemblée nationale ! » . Profondément « énervés par
119
cette attitude hostile ou goguenarde » , les soldats de la division Canrobert, « sans en
126, 119
avoir reçu l'ordre et au prétexte de tirs isolés » s'affolent , ouvrent le feu avant de
faire usage d'un canon, perpétrant une effroyable fusillade du boulevard de Bonne-
Le président Louis-Napoléon l, 119
Nouvelle au boulevard des Italiens avant que des maisons ne soient « fouillées à la
Bonaparte (à droite) délivre ses 128
baïonnette. » . Le carnage fait entre 100 et 300 morts et des centaines de
instructions aux conjurés dans la nuit 126, 129, 130
blessés .
du 1er au 2 décembre 1851 : son
secrétaire Mocquard, le général de 119
Au soir du 4 décembre, la plupart des insurgés ont été écrasés . Le bilan de ces
Saint-Arnaud, Morny (demi-frère du journées parisiennes est de 300 à 400 personnes tuées, aux 2/3 des ouvriers, auxquels
président et nouveau ministre de 131, 128
114
s'ajoutent 26 tués et 184 blessés parmi les soldats . Le nombre de victimes reste
l'Intérieur) et Persigny . 131
néanmoins très éloigné des 5 000 morts des journées de juin 1848 . Le Moniteur
Estampe de Philippoteaux, gravée (ancêtre du Journal officiel) reconnaît plus tard le chiffre de 380 tués, la plupart sur les
par E. Leguay, 1853. 128
boulevards .
Dans son ensemble, le monde du travail est resté passif et ne s'est pas mêlé au combat,
131
laissant se dérouler le « règlement de comptes entre le président et l'Assemblée » . Pour Marx lui-même, la « dictature de
132
l'Assemblée nationale était imminente » , sa majorité comme sa minorité n'ayant d'ailleurs montré que peu de respect de la
133
Constitution et ne songeant qu'au coup de force et à l'insurrection . Paris est désormais sous contrôle militaire, en dépit de
134
quelques mouvements sporadiques. Le 11 décembre, Victor Hugo s'exile à Bruxelles .
Cavaliers dans les rues de Paris le Alphonse Baudin (1811-1851) sur la
2 décembre 1851. Leur officier barricade du faubourg Saint-Antoine, le
confère avec des sergents de ville en 3 décembre 1851.
bicorne tandis que deux crieurs de Toile d'Ernest Pichio, Paris, musée
journaux vendent le quotidien Carnavalet.
bonapartiste La Patrie, l'un des
imprimés exceptionnellement non
interdits.
Gravure publiée dans The Illustrated
135
London News .
Réactions en province
En province, la nouvelle du coup d’État se diffuse progressivement. À l'instar de Paris, les grandes villes réagissent
136
faiblement . Des manifestations sont dispersées par l'armée à Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg ou Dijon.
Quelques conseils municipaux, en application de l'article 68 de la Constitution, proclament la déchéance de Louis-Napoléon
137
Bonaparte .
120, m
Un mouvement de résistance se développe dans les petites villes et les campagnes du Sud-Est et de la vallée du Rhône
ainsi que dans quelques départements du Centre. Le 4 décembre, à Béziers, une manifestation de 6 000 personnes, menée par
138
l'ancien maire Casimir Péret, est réprimée par la troupe qui fait 70 morts et de nombreux blessés . C'est dans le département
des Basses-Alpes qu'a lieu la seule véritable action d'envergure où un « Comité départemental de résistance » administre la
139
préfecture du 7 au 10 décembre 1851, avant que l'armée et les forces de l'ordre ne viennent à bout de ces résistances .
Répression
119
Trente-deux départements sont mis en état de siège dès le 8 décembre : tout le pouvoir est localement donné aux autorités
militaires qui, en quelques jours, maîtrisent rapidement les zones de résistance républicaine. Pendant 15 jours, celles-ci sont
140, 129
réprimées et, ponctuellement, des insurgés sont fusillés sommairement . Selon l'historien Louis Girard, commence alors
contre les républicains « une chasse à l'homme, avec son cortège de dénonciations et d'exécutions sommaires. Puis, jusqu'en
141
janvier 1852, ce sont des arrestations massives non seulement dans les départements soulevés, mais sur tout le territoire » .
Selon Maurice Agulhon, « le caractère massif et inique de la répression vint cependant de l'assimilation qui fut officiellement
faite de l'insurrection effectivement accomplie à un complot républicain préparé de longue
142
date » . Tous les républicains, même ceux n'ayant pas pris les armes, sont alors assimilés à des
142
insurgés en puissance, des complices ou des inspirateurs à l'insurrection . En conséquence, les
forces de l'ordre (armée, gendarmerie et police) raflent, de la mi-décembre à janvier, des milliers
142
de suspects, qui encombrent les prisons . Les partisans de Louis-Napoléon sont aussi décidés
143
à endiguer toute révolution sociale . C'est donc « une répression massivement conservatrice
tout imprégnée des rancœurs du parti de l'Ordre » qui s'abat avant que les bonapartistes de
gauche, à la fois progressistes et autoritaires, et certains républicains, comme George Sand,
parviennent à obtenir, auprès de Louis-Napoléon, un adoucissement dans la répression et les
144
sanctions .
Ainsi, dans un premier temps, 26 884 personnes sont arrêtées, essentiellement dans le Sud-Est, le
145
Sud-Ouest et quelques départements du Centre , 15 000 sont condamnées dont 9 530 à la
transportation en Algérie et 239 autres au bagne de Cayenne tandis que 66 députés (dont Hugo,
Exécution de deux Schœlcher, Raspail, Edgar Quinet) sont frappés de proscription par un décret présidentiel.
prisonniers à Salernes (Var). Toutefois, les mesures de répression prononcées par les 82 commissions mixtes inquiètent Louis-
146
Gravure extraite de l'ouvrage Napoléon et lui-même est affecté par le bilan humain d'un succès payé au prix fort . Dans un
de Taxile Delord, Histoire second temps, Louis-Napoléon délègue en mission extraordinaire deux militaires de haut rang et
145
illustrée du Second Empire, un conseiller d'État, afin de réviser les décisions prises et préparer des mesures de grâce . Si
Paris, imprimerie G. les généraux Espinasse et Canrobert, chargés du Sud-Ouest et du Languedoc, font preuve de peu
Baillière, 1880. d'indulgence envers les condamnés avec un millier de grâces accordées, le conseiller d'État
Quentin Bauchart, chargé du Sud-Est, accorde 3 400 grâces. Sollicité par toutes sortes
d'influences, Louis-Napoléon Bonaparte use de son côté largement de son droit de grâce,
souvent sur requête de tiers, à l'instar de ce que fit personnellement George Sand auprès du président. Le nombre des
147
transportations en Algérie passe ainsi de 6 151 (chiffre représentant les transportations réellement effectuées ) à 3 006 et, en fin
de compte, le nombre des républicains remis en liberté passe de 5 857 (libérés en janvier 1852) à 12 632 (au
148
30 septembre 1853) .
Pour le président, il n'est pas dans ses intentions que le nouveau régime prenne une « tonalité autoritaire, antirépublicaine et
119
conservatrice » . De fait, le futur Napoléon III reste obsédé par « le souvenir du serment violé, des morts de décembre, des
119
brutalités de la répression » portant « le 2 décembre comme une tunique de Nessus » selon les mots de l'Impératrice Eugénie .
Politiquement, il tire profit de l'ambiguïté du mouvement de résistance qui, dans plusieurs départements, a revêtu le visage de la
149
« révolte anarchique contre les riches » . Il parvient à présenter le coup d'État comme une opération préventive de sauvetage
de la société et à rassembler autour de sa personne des courants d'opinions jusque-là divergents (Flahaut, Falloux, Montalembert,
150
Gousset, etc.) .
Les députés réfractaires, qui avaient voté un décret ordonnant la convocation de la Haute Cour de justice à la mairie du
10e arrondissement avant d'être arrêtés et incarcérés, sont rapidement libérés à l'exception des députés d'extrême-gauche et de
quelques libéraux. Environ 70 personnalités de la gauche républicaine et quelques personnalités orléanistes sont condamnées à
l'exil, rejoints par de nombreux intellectuels et par des membres de l'enseignement qui refusent de prêter le serment de fidélité au
151
chef de l'État, exigé pour les fonctionnaires par le nouveau régime tandis que la nouvelle loi relative au régime de presse
152, 153
renforce les entraves à la liberté d'expression pour les titres politiques . Alphonse Baudin, médecin et député républicain,
meurt sur les barricades parisiennes, sous les balles de la troupe, lors du mouvement insurrectionnel contre le coup d'état de
Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1851. Ce dernier refusa la demande de Victor Hugo d'ériger une statue en souvenir de
cet événement et un procès eut lieu contre Charles Delescluze directeur du journal l'Éveil qui soutenait cette proposition, c'est
Léon Gambetta alors tout jeune avocat qui assura sa défense.
Plébiscite
Conformément à sa proclamation au peuple, Louis-Napoléon rétablit le suffrage universel et convoque les électeurs (hommes)
154
les 20-21 décembre, « 10 jours seulement après l'élimination des derniers nids de résistance » , afin de se prononcer par
plébiscite sur les réformes du « prince-président ». Face à la légalité constitutionnelle dont se prévalaient les défenseurs de la
République, les bonapartistes opposent le suffrage universel, placé au-dessus de la Constitution, et la confiance directe
155
manifestée par le peuple comme seule source de légitimité . La propagande bonapartiste ne manque pas également d'agiter la
hantise du « péril rouge » et le thème de « sauveur de la Nation », appuyée par une administration zélée et une bonne partie du
154
clergé catholique .
La consultation se déroule dans la terreur sur la partie du territoire encore en état de siège. Seuls les journaux favorables au
156
plébiscite sont autorisés à paraître . Le président jouit cependant d'une réelle popularité auprès des paysans et la nature de la
consultation ne laisse guère de choix entre l'état de fait accompli et le néant. Du coup, les civils sont autorisés à voter à bulletin
157
157
secret alors que l'armée et la marine se prononcent à registres ouverts . Cependant,
dans certaines régions, seuls les bulletins Oui sont imprimés, les Non devant être écrits à
la main avant que le bulletin ne soit donné au président du bureau de vote pour qu'il le
158
glisse lui-même dans l’urne .
Louis-Napoléon prend alors la responsabilité d'être le fossoyeur de la Deuxième République ce dont l'histoire républicaine lui
tient longtemps rigueur, oubliant souvent que l'Assemblée a songé à plusieurs reprises à faire de même, en recourant à l'armée
132
pour se débarrasser du président et pour rétablir la monarchie . Le coup d'État du « 2 décembre a donné naissance à une
167
légende noire » fondée en partie sur la version donnée par Victor Hugo dans son livre Histoire d'un crime que l'historien
Louis Girard caractérise cependant comme « peu crédible dans l'ensemble » mais qui apparaît, selon l'historien Pierre Milza,
168, n
comme « le récit le plus circonstancié » à défaut d'être le plus exact du coup d'État .
Carte d'électeur Résultats du Louis-Napoléon
pour le scrutin sur plébiscite des 20 et Bonaparte
le plébiscite 21 décembre 1851. rétablissant le
soumis au peuple suffrage
français universel, le
conformément aux 2 décembre 1851
décrets des 2 et , estampe de
4 décembre 1851, propagande.
délivrée à Paris à
Germain Jacques-
Jules Passérieu,
commis tailleur (2e
arrondissement).
Une commission de 80 membres est chargée de préparer un texte constitutionnel. Celui-ci est
principalement l'œuvre de Persigny, de Charles de Flahaut et des juristes Jacques-André Mesnard, Eugène Rouher et Raymond
Troplong. Fondée au terme de son premier article sur les grands principes proclamés en 1789, la république consulaire, qui est
ainsi instituée par la nouvelle Constitution et promulguée le 14 janvier 1852, confie le pouvoir exécutif à un président élu pour
dix ans (article 2) seul responsable devant le peuple français auquel il a toujours droit de faire appel (article 5). Le nouveau
régime politique est donc plébiscitaire et non parlementaire. Le chef de l'État a seul l'initiative des lois qu'il sanctionne et
promulgue alors que les ministres ne sont responsables de leurs actes que devant lui. Le président nomme par ailleurs à tous les
emplois civils et militaires et la justice se rend en son nom. Il est aussi seul apte à déclarer la guerre et à conclure les traités de
paix ou de commerce. La Garde nationale est réorganisée en une armée de parade. Un serment de fidélité à sa personne ainsi
173, 174
qu'à la Constitution est institué pour les fonctionnaires et les élus .
175
De janvier jusqu'au 29 mars 1852, Louis-Napoléon Bonaparte est le seul des trois moyens de gouvernement alors en place . Il
176
légifère durant cette période par des « décrets dictatoriaux » que l'on appellerait aujourd'hui des décrets-lois . Celui du
23 janvier 1852, reprenant une proposition de loi de Jules Favre déposée en 1848 et qui voulait déclarer acquis au domaine de
l'État les biens de l'ancien roi des Français, interdit à la famille d'Orléans de posséder des biens en France et annule les dotations
financières attribuées autrefois à ses enfants par Louis-Philippe Ier, le produit des séquestres étant réparti entre les sociétés de
177, 178
secours mutuel, les logements ouvriers, la caisse des desservants ecclésiastiques et la Légion d'honneur . Pour les
royalistes orléanistes et les bourgeois nostalgiques de la monarchie de Juillet, ces dispositions sont démagogiques et équivalentes
à une spoliation. La partie bourgeoise de l'électorat y voit notamment un coup porté au droit de propriété. Cette affaire provoque
d'ailleurs des tensions au sein même du camp bonapartiste. La princesse Mathilde, qui tente d'obtenir la grâce des princes
o
d'Orléans, est désavouée alors que quatre membres importants du gouvernement (Rouher, Fould, Magne et Morny )
démissionnent pour marquer leur désaccord. Commentant cette affaire, l'écrivain Alexandre Dumas, lui-même poursuivi par des
créanciers après la faillite de son théâtre et qui doit se réfugier à Bruxelles, s'exclame « l'oncle prenait des capitales, le neveu veut
179
prendre nos capitaux » .
Parallèlement et concrètement, le statut du président évolue pour devenir celui d'un monarque : il signe Louis-Napoléon, se laisse
appeler Son Altesse Impériale ; ses amis et partisans sont récompensés pour leur fidélité ; une cour s'installe ; les aigles impériales
sont rétablies sur les drapeaux, le code civil est rebaptisé code Napoléon, le 15 août célèbre la Saint-Napoléon, premier modèle
183
réussi en France de fête nationale populaire alors que l'effigie du prince-président fait son apparition sur les pièces de
177
monnaie et les timbres-poste .
Pourtant Louis-Napoléon hésite à rétablir l'institution impériale, aspirant toujours à une réconciliation avec la gauche
177
modérée . En février, il est procédé aux élections des membres du Corps législatif. Pour ces premières élections de la nouvelle
152
république consulaire, les préfets ont reçu les consignes de mettre l'administration au service des candidats officiels , depuis les
184
juges de paix jusqu'aux gardes-champêtres et aux cantonniers . Celle-ci utilise alors tous les moyens possibles pour faciliter
l'élection du candidat officiel, que ce soit par l'octroi de subventions, de faveurs, de décorations mais aussi de bourrage d'urnes,
184
de menaces contre les candidats adverses et de pressions exercées par les notables sur leurs dépendants . Au soir des résultats,
les candidats officiels ont obtenu 5 200 000 voix contre 800 000 aux divers candidats d'opposition. Les authentiques
bonapartistes ne représentent pourtant qu'un tiers des députés élus dont une bonne moitié issue de l'orléanisme, les autres étant
d'origines et d'allégeances diverses. Ainsi, dans le premier Corps législatif de la république consulaire, on trouve aussi 35 députés
légitimistes (dont trois élus sur liste officielle), 17 orléanistes, 18 conservateurs indépendants, deux catholiques libéraux et trois
184
républicains . Les opposants qui parviennent à se faire élire doivent néanmoins prêter serment de fidélité au chef de l'État et à
la Constitution s'ils veulent siéger. En conséquence, les trois députés républicains élus, qui refusent de prêter serment, ne siègent
185
pas à l'Assemblée .
Afin de tester la possibilité du rétablissement éventuel de l'institution impériale, Louis-Napoléon entreprend, à compter du
1er septembre 1852, un voyage dans l'Hexagone dans la pure tradition de l'idéologie bonapartiste d'appel au peuple. Il doit se
rendre notamment dans les régions qui avaient connu des troubles lors du coup d'État. Le périple est en fait balisé par son
ministre de l'intérieur, Persigny, qui a la particularité d'être le plus favorable de ses ministres au rétablissement de l'Empire.
Partout où il passe, d'Orléans à Marseille, le prince-président ne voit que des partisans réclamer l'Empire alors que sont distribués
186
de l'argent et des cadeaux aux hauts fonctionnaires locaux .
188
Si, en Europe, le coup d'État a été accueilli favorablement par presque tous les gouvernements , les signes annonciateurs du
rétablissement du régime impérial inquiètent, obligeant Louis-Napoléon à préciser ses intentions : « Certaines personnes disent :
l'Empire c'est la guerre. Moi, je dis, l'Empire, c'est la paix. C'est la paix, car la France le désire, et lorsque la France est satisfaite,
le monde est tranquille. La gloire se lègue bien à titre d'héritage, mais non la guerre […]. J'en conviens, cependant, j'ai, comme
l'Empereur, bien des conquêtes à faire. Je veux, comme lui, conquérir à la conciliation les partis dissidents et ramener dans le
courant du grand fleuve populaire les dérivations hostiles qui
vont se perdre sans profit pour personne […]. Nous avons
d'immenses territoires incultes à défricher, des routes à ouvrir, des
ports à creuser, des rivières à rendre navigables, des canaux à
terminer, notre réseau de chemin de fer à compléter. Nous avons
en face de Marseille un vaste royaume à assimiler à la France.
Nous avons tous nos grands ports de l'Ouest à rapprocher du
continent américain par la rapidité de ces communications qui
nous manquent encore. Nous avons enfin partout des ruines à
relever, de faux dieux à abattre, des vérités à faire triompher.
Voilà comment je comprends l'Empire, si l'Empire doit se
189
rétablir » .
Extrait du Moniteur universel
comportant le texte du Le 16 octobre, le président est de retour à Paris où des arcs de Le 2 décembre 1852, lors de
sénatus-consulte du triomphe gigantesques ont été dressés, couronnés de banderoles la proclamation de l'Empire,
190
7 novembre 1852 portant à Napoléon III, Empereur . l'hôtel de ville de Paris est
modification à la pavoisé du chiffre
Constitution. Le 7 novembre 1852, par 86 voix contre une seule, un sénatus- napoléonien (le « N »
consulte rétablit la dignité impériale, approuvé deux semaines entouré d'une couronne de
plus tard, lors d'un plébiscite, par 7 824 129 voix contre 253 149 lauriers) et du résultat du
191, p
et un demi-million d'abstention . Pour Jules Ferry, l'authenticité du résultat du vote ne peut plébiscite national des 21 et
être mise en doute et démontre l'expression « passionnée, sincère et libre » de la classe paysanne 22 novembre 1852 :
telle que déjà exprimée lors de l'élection présidentielle de 1848 et en décembre 1851, tandis que 7 824 189 suffrages
192
le journaliste libéral Lucien-Anatole Prévost-Paradol se déclare guéri du suffrage universel et exprimés en faveur du
dénonce le monde paysan et campagnard comme une « profonde couche d'imbécilité rurale et de changement de régime
193 187
bestialité provinciale » . politique .
Famille impériale
q
Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte devient l'Empereur Napoléon III .
Une nouvelle grossesse impériale n'intervient que deux ans plus tard, au début de l'été 1855. Louis Napoléon, fils unique de
Napoléon III et d’Eugénie, naît le 16 mars 1856. L’événement est encore l’occasion pour Napoléon III d’annoncer une nouvelle
amnistie pour les proscrits du 2 décembre, alors que 600 000 habitants de Paris (un Parisien sur deux) se cotisent pour offrir un
198
cadeau à l’Impératrice .
En pratique, Napoléon III gouverne avec l'aide de deux organes officiels dont les
attributions sont distinctes : le cabinet particulier, sorte de secrétariat général du chef de
l'État, et le gouvernement. Jusqu'en 1864, le cabinet particulier est dirigé par Jean-
François Mocquard et composé de fidèles. Le gouvernement est composé d'une dizaine
de commis, individuellement responsables devant le seul empereur et révocables tout
212
autant selon sa seule volonté . Si les ministres ne peuvent s'opposer aux projets du
chef de l'État, il en est autrement des conseillers d'État. Hauts magistrats nommés par
l'Empereur, ils sont pour la plupart issus de l'administration orléaniste et peu enclins à
partager les préoccupations sociales de Napoléon III. Si leur rôle est essentiellement
consultatif, ils n'hésitent pas à reprendre et discuter le travail des ministres et à amender
en profondeur les textes sur lesquels ils se prononcent, y compris ceux en provenance
directe du cabinet. Ainsi, la suppression du livret ouvrier, l'adoption d'un système
d'assurance pour les travailleurs agricoles ou la fixation autoritaire du prix du pain se
heurtent à l'opposition du Conseil d'État, sans que Napoléon III procède, durant tout son
213
règne, à la moindre révocation de conseillers alors qu'il en a les pouvoirs .
Durant tout le Second Empire, Napoléon III est l'objet de complots et d'attentats, lesquels
sont la plupart du temps arrêtés durant leur phase d'élaboration voire à peine leur mise en Napoléon III par Alexandre Cabanel,
œuvre débutée. Napoléon III est fataliste sur ce sujet et se laisse difficilement protéger, 1865.
refusant même de cesser ses bains de foules occasionnels où il est le plus vulnérable.
Certains des complots destinés à renverser le régime étaient l'œuvre de sociétés
214
secrètes nommées Solidarité révolutionnaire, Fraternité universelle, Marianne ou Jeune Montagne mais d'autres conspirations
ont pour but de tuer l'Empereur ou des membres de la famille impériale. Si près d'une vingtaine de ces conspirations sont
déjouées entre 1851 et 1855, les plus sérieuses sont une tentative d'assassinat de l'Empereur à l'Opéra-Comique (1853), la
découverte d'une bombe sur une voie de chemin de fer que le train impérial allait emprunter (1854), les coups de feu tirés sur
Napoléon III par l'Italien Giovanni Pianori sur les Champs-Élysées en 1855 et une autre tentative la même année alors qu'il se
215
rend au Théâtre italien par un illuminé nommé Bellemare . Le plus important et le plus sanglant de ces attentats est néanmoins
216
celui mené par Felice Orsini en 1858 qui fait 156 blessés dont 12 suivis de décès . Quelques années plus tard, Giovanni
Passannante, auteur d'un attentat manqué contre le Roi Humbert Ier, planifie, selon certains témoins, l'assassinat de Napoléon III,
217
en l'accusant d'être un obstacle pour la République universelle .
État de santé
218
En 1863, l'Empereur est victime d'une hématurie et son état de santé se dégrade brusquement .
En décembre, il est pris de malaise lors d'une réception officielle aux Tuileries et fait une crise
218
cardiaque en 1864 au cours d'une visite nocturne chez sa maîtresse, Marguerite Bellanger . En
218
fait, depuis sa captivité à Ham, l'état de santé de Louis-Napoléon Bonaparte est fragile .
218
Cumulant rhumatisme, poussées hémorroïdaires, troubles digestifs et crises de goutte ,
l'Empereur se rend annuellement en cure d'abord à Plombières puis à Vichy, faisant la renommée
de ces deux villes. En 1861, les médecins décèlent chez lui un calcul vésical, responsable de
nombreuses et fortes douleurs dans le bas-ventre et de gêne urinaire. C'est une lithiase dont les
crises, d'abord espacées et brèves, deviennent chaque année de plus en plus nombreuses et
longues. En 1865, la détérioration de l'état de santé de l'Empereur l'oblige à ajourner des
déplacements et à renoncer à participer à un conseil des ministres. Les crises s'enchaînent, y
compris lorsqu'il est en cure. Physiquement, l'Empereur accuse le coup. Prématurément vieilli
218
comme l'attestent notamment ses portraits de l'époque , il se tasse et prend de l'embonpoint
219
Napoléon III en alors que ses déplacements sont rendus plus difficiles .
décembre 1872.
Sa déchéance physique compromet sa capacité à gouverner, une grande partie de son énergie
étant consacrée à lutter contre la maladie et à cacher sa souffrance à ses interlocuteurs. En dépit
des périodes où la maladie est moins présente, durant les années 1867 et 1868, la santé de l'Empereur continue de se dégrader et
fait l'objet de rumeurs dans la capitale. Devenu un souverain intermittent, Napoléon III arrive à diriger normalement la France
220
entre deux crises ou alors sous chloral, qui provoque néanmoins de fréquentes somnolences . L'Impératrice, consciente de la
situation et de la fragilité du régime, sait que le prince impérial est trop jeune pour succéder à son père. Aussi s'attache-t-elle à se
constituer une clientèle de fidèles et à préparer une éventuelle régence alors que, à partir de 1866, l'Empereur l'appelle à siéger à
221
ses côtés au conseil des ministres afin de l'initier aux grandes affaires de l'État . Eugénie révèle plus tard qu'ils avaient pris la
222
décision d'abdiquer en 1874, quand leur fils aurait 18 ans, pour se retirer à Pau et à Biarritz . Pendant la guerre franco-
223
allemande de 1870, il a besoin d'uriner si souvent qu'il fait bourrer son pantalon de serviettes . Après la défaite, lors de son exil
à Camden Place, le chirurgien anglais Henry Thomson choisit la lithotripsie et l'opère par deux fois par les voies naturelles.
224
Napoléon III meurt alors qu'une troisième opération est prévue .
Depuis L'Histoire de la France contemporaine d'Ernest Lavisse, le Second Empire est analysé en deux périodes par les
historiens : la première, qualifiée d'Empire autoritaire et qui s'étend globalement de 1852 à 1860, s'oppose à la seconde, dite de
225
l'Empire libéral, s'étalant globalement de 1860 à 1870 . Jusqu'aux années 1860, Napoléon III s'appuie essentiellement sur la
209
bourgeoisie d'affaires et le clergé catholique pour gouverner . Il n'y a pas de parti bonapartiste pour le soutenir mais seulement
209
des ralliements plus ou moins sincères ou opportunistes .
Les élections pour le renouvellement du Corps législatif ont lieu le 22 juin 1857. Face aux
candidats officiels, soutenus par les services du ministre de l'intérieur, l'opposition est morcelée.
Les candidats officiels remportent 85 % des suffrages exprimés (5 500 000 voix). Il y a deux
millions d'abstentionnistes. Dans l'opposition (665 000 suffrages), ce sont néanmoins les
républicains qui engrangent des voix supplémentaires, notamment dans les grandes villes
(progression de 15 000 voix à Paris) mais leurs députés refusent de prêter serment et ne peuvent
en conséquence siéger. Toutefois, aux élections complémentaires d'avril 1858, les cinq députés
républicains qui sont élus (Jules Favre, Ernest Picard, Jacques-Louis Hénon, Louis Darimon et
226
Émile Ollivier) acceptent de prêter serment pour pouvoir siéger au parlement .
Attentat d'Orsini
Le 15 août 1859, l'Empereur promulgue une amnistie générale à l'occasion de sa victoire en Italie du Nord. Certains comme
Victor Hugo refusent d'en profiter : « quand la liberté rentrera, je rentrerai ». Edgar Quinet, rappelant que Napoléon III avait
violé la Constitution par son coup d’État, déclare : « Ceux qui ont besoin d'être amnistiés, ce ne sont pas les défenseurs des lois,
ce sont ceux qui les renversent ».
Au cours des années 1860, le Second Empire prend une tournure libérale. Il desserre ainsi progressivement la censure, libéralise
le droit de réunion et les débats parlementaires. Sous l'influence notamment du duc de Morny, il se dirige lentement vers une
pratique plus parlementaire du régime. Néanmoins, cette libéralisation parlementaire a réveillé l'opposition, qu'elle soit
231
républicaine ou monarchiste, y compris la droite cléricale qui n'a pas apprécié la politique italienne de l'Empereur .
Les élections sont suivies d'un important remaniement ministériel qui favorise les réformistes proches de Morny, tels Paul Boudet
239
et Armand Béhic mais aussi Victor Duruy, un historien libéral nommé au ministère de l'Instruction publique . Au Corps
240, 241
législatif, les républicains ralliés à l'Empire forment avec les bonapartistes libéraux, le Tiers Parti .
En janvier 1867, Napoléon III annonce ce qu'il appelle des « réformes utiles » et une « extension nouvelle des libertés
publiques ». Un décret du 31 janvier 1867 remplace le droit d'adresse par le droit d'interpellation. La loi du 11 mai 1868 sur la
presse abolit toutes les mesures préventives : la procédure de l'autorisation est remplacée par celle de la déclaration et celle de
l'avertissement est supprimée. De nombreux journaux d'opposition apparaissent, notamment ceux favorables aux républicains qui
« s'enhardissent dans leurs critiques et leurs sarcasmes contre le régime » (L'électeur libre de Jules Ferry, Le Réveil de Charles
Delescluze, La Lanterne d'Henri Rochefort). La loi du 6 juin 1868 sur les réunions publiques supprime les autorisations
préalables, sauf celles où sont traitées les questions religieuses ou politiques. Néanmoins, la liberté des réunions électorales est
242
reconnue .
Toutes ces concessions, si elles divisent le camp bonapartiste, restent insuffisantes pour les opposants au Second Empire.
La succession de revers internationaux durant la période 1866-1867 et les craintes d'un conflit armé ont convaincu Napoléon III
de procéder à une refonte de l'organisation militaire. La loi de réforme militaire que l'Empereur propose en 1866 après la victoire
des Prussiens à Sadowa est destinée à modifier le recrutement militaire en supprimant ses aspects inégalitaires et injustes (le tirage
au sort, par exemple) et à renforcer l'instruction. La loi Niel, telle qu'elle s'appelle, est néanmoins considérablement dénaturée par
les parlementaires, en majorité hostiles, et est finalement adoptée avec tant de modifications (maintien du tirage au sort) qu'elle en
243, 244
devient inefficace .
Les élections législatives de mai 1869 donnent lieu à des combats de rue, ce qui ne s'était pas vu depuis plus de 15 ans. Si les
candidats favorables à l'Empire l'emportent avec 4 600 000 voix, l'opposition, majoritairement républicaine, rafle 3 300 000 voix
et la majorité dans les grandes villes. Au Corps législatif, ces élections marquent le recul important des bonapartistes autoritaires
(97 sièges) face au grand vainqueur, le Tiers Parti (125 sièges), et face aux orléanistes de Thiers (41 sièges) et aux républicains
245
(30 sièges) .
À la suite de ces élections, Napoléon III accepte de nouvelles
concessions tandis que « les violences républicaines inquiètent
245
les modérés » . Par un sénatus-consulte du 8 septembre 1869,
le Corps législatif reçoit l'initiative des lois et le droit
d'interpellation sans restriction. Le Sénat achève sa mue pour
devenir une seconde chambre législative tandis que les ministres
246
forment un cabinet responsable devant l'Empereur .
Cherchant à concilier ordre et liberté, Ollivier convainc l'Empereur de procéder à une révision constitutionnelle d'ensemble pour
mettre sur pied un système semi-parlementaire. Les procédés de candidature officielle sont abandonnés. Un sénatus-consulte
proposant un régime plus libéral est soumis à l'approbation du peuple lors d'un plébiscite (le troisième depuis 1851) : le
8 mai 1870, les réformes sont approuvées avec plus de sept millions de « oui » en dépit de l'opposition des monarchistes
247
légitimistes et des républicains qui ont appelé à voter « non » ou à s'abstenir . C'est ainsi que se met en place la Constitution
248
du 21 mai 1870. Napoléon III se serait exclamé à cette occasion : « J'ai mon chiffre ! » . Émile Ollivier croit pouvoir dire de
249
l'Empereur : « Nous lui ferons une vieillesse heureuse » .
Politique intérieure
Sous l'Empire, la France connaît des années de progrès économiques (création d'un système bancaire, développement du chemin
de fer, transformation des grandes villes).
Quelques crises ponctuelles, intervenues en 1856, 1861, 1864 et 1870 font un peu baisser la
croissance (1851-1870). Dans l'ensemble, ce sont les secteurs industriels liés en particulier aux
chemins de fer qui réussissent leur modernisation quand d'autres industries, incapables d'évoluer
252, 254
ou de se moderniser, disparaissent . C'est aussi le second souffle des mines de charbon
françaises, développées par les grandes familles lilloises et dans l'Est (De Wendel, acier).
À partir de 1858, sous le Shogunat et à l'aune de l'ère Meiji, les liens franco-japonais vont
permettre de sauver la sériciculture française et lyonnaise, secteur économique fondamental très
Timbre à l'effigie de 255
sévèrement touché par la pébrine et la flacherie .
Napoléon III.
256
L'époque est aussi marquée par l'émergence des grands magasins comme le Bon Marché, le
Bazar de l'Hôtel de Ville, le Printemps et la Samaritaine.
Le règne de Napoléon III est d'abord marqué par l'achèvement de la construction du réseau ferroviaire français supervisée par
l'État. En 1851, le pays ne compte que 3 500 km de voies ferrées contre plus de 10 000 km en Grande-Bretagne. Sous
l'impulsion de Napoléon III et de son ministre des travaux publics, Pierre Magne, dont la politique est caractérisée par un
engagement financier partiel de l'État dans les entreprises ferroviaires, le pays réduit une partie de son retard sur sa rivale d'outre-
257
Manche pour atteindre 15 600 km de voies ferrées en 1870, sur lesquelles circulent annuellement plus de
258 259
110 000 000 voyageurs et 45 000 000 tonnes de marchandises , contre 24 900 pour l'Angleterre . La France est alors
260
troisième en Europe, derrière l'Allemagne, qui compte vers 1870 près de 20 000 km de voies . Le chemin de fer dessert
désormais toutes les grandes villes françaises. Les incidences sont considérables sur de nombreux secteurs industriels, que ce
soient ceux des mines, de la sidérurgie, des constructions mécaniques et des travaux publics. Parallèlement, le gouvernement
porte également ses efforts sur la construction et l'entretien des routes ainsi que sur les ouvrages d'art puis, à partir de 1860, sous
l'impulsion de l'Empereur, sur le développement des voies navigables avec la construction de nouveaux canaux. Enfin, l'État
bonapartiste favorise le développement du télégraphe électrique mais aussi les fusions et la création de grandes compagnies
maritimes de navigation (les Messageries maritimes, la Compagnie générale transatlantique, etc.) ainsi que la modernisation de la
261
flotte et l'essor du commerce maritime par l'équipement des grands ports, notamment celui de Marseille .
Inspiré de la doctrine saint-simonienne, Napoléon III multiplie également les sources de crédit et d'argent à bon marché en
réformant le système bancaire dans le but de mieux faire circuler l'argent, de drainer l'épargne afin de favoriser le décollage
262
industriel du pays . Dans la pratique il se laisse influencer par deux exilés de Pologne, le comte Xavier Branicki et
l'économiste, Louis Wolowski. Avec la création de grandes banques de dépôt, le système bancaire est démocratisé avec l'entrée
en vigueur du décret du 28 février 1852 favorisant l'établissement d'instituts de crédit foncier comme le Crédit foncier de France
pour le monde agricole et le Crédit mobilier, une banque d'affaires dirigée par les frères Pereire jusqu'en 1867 et destinée à
263
financer les sociétés industrielles, notamment celles du chemin de fer mais aussi l'omnibus parisien ou l'éclairage au gaz . De
nombreuses grandes banques de dépôt sont créées tels le Comptoir d'escompte de Paris, le Crédit industriel et commercial (décret
impérial de 1859) et le Crédit lyonnais. Par ailleurs, le rôle de la Banque de France évolue et, poussée par l'Empereur, elle
264
s'engage dans le soutien au développement économique tandis que la loi du 24 juin 1865 importe en France le chèque
265
comme moyen de paiement .
Parallèlement, le droit des sociétés est adapté aux exigences du capitalisme financier. Ainsi la loi du 17 juillet 1856 crée la société
en commandite par actions, celle du 23 mai 1863 fonde la société à responsabilité limitée (SARL) et celle du 24 juillet 1867
265
libéralise les formalités de création de sociétés commerciales dont les sociétés anonymes .
L'influence des saint-simoniens sur la politique économique se manifeste enfin par la politique mise en œuvre par l'Empereur
pour mettre fin au protectionnisme économique face à la concurrence étrangère, et ce en dépit de l'opposition des industriels
français. Ainsi, le 15 janvier 1860, la conclusion d'un traité de commerce avec le Royaume-Uni, négocié secrètement entre
Michel Chevalier et Richard Cobden, fait alors figure de « coup d'État douanier ». Ce traité, abolissant non seulement les droits
de douane sur les matières premières et la majorité des produits alimentaires entre les deux pays mais supprimant également la
plupart des prohibitions sur les textiles étrangers et sur divers produits métallurgiques, est
suivi par une série d'accords commerciaux négociés avec d'autres nations européennes
(la Belgique, le Zollverein, l’Italie, et l’Autriche). Cette ouverture économique des
frontières stimule alors la modernisation du tissu industriel français et de ses modes de
252
production .
Paris saint-simonien
Quand le 22 juin 1853, Georges Eugène Haussmann est nommé préfet de la Seine par Napoléon III, il est chargé de réaliser le
276
Paris rêvé de l’Empereur dont la mission peut se résumer à « aérer, unifier et embellir la ville » . La capitale, pour la première
fois considérée dans son ensemble, est ainsi transformée en profondeur et modernisée avec la création d’un tissu cohérent de
voies de communication. De nouvelles voies et axes reliant notamment les grandes gares entre elles sont percées, des
perspectives et des places sont ouvertes tandis que de nombreux squares, espaces verts et jardins sont créés (Montsouris, Buttes-
Chaumont, bois de Vincennes et de Boulogne, Boucicaut…). Plusieurs îlots misérables comme celui dit de la petite Pologne sont
rasés. L’Empereur lui-même veille de près sur les travaux et dessine le plan d’un ensemble de 41 pavillons destinés à l’usage des
277, 278
classes ouvrières situés avenue Daumesnil et qui sont présentés à l’Exposition universelle de 1867 .
La loi du 16 juin 1859 repousse les limites de la capitale aux fortifications de Thiers. La ville absorbe onze communes en totalité
(Belleville, Grenelle, Vaugirard, La Villette) ou en partie (Auteuil, Passy, Batignolles-Monceau, Bercy, La Chapelle, Charonne,
279
Montmartre), ainsi que treize portions de communes . La superficie de Paris passe ainsi de 3 300 à 7 100 hectares tandis que
sa population gagne 400 000 habitants pour s'établir à 1 600 000 Parisiens. Paris est désormais réorganisé en vingt
279 280
arrondissements et 80 quartiers . En 1870, la ville atteint 2 000 000 d'habitants.
Entre 1852 et 1870, plus de 300 km de voies nouvelles éclairées sont réalisées dans Paris, accompagnées de plantations
282 283
(600 000 arbres plantés + 20 000 hectares de bois et jardins) , de trottoirs (plus de 600 km) , de mobiliers urbains, de
caniveaux et de 600 km d’égouts. Plus de 19 000 immeubles insalubres comprenant 120 000 logements ont été abattus et
284
remplacés par 30 000 bâtiments nouveaux fournissant 215 300 logements auxquels s’ajoutent de nombreux nouveaux
285 286
monuments publics et édifices comme l'opéra Garnier , le nouveau Palais de Justice, le nouvel Hôtel-Dieu, des théâtres (le
Châtelet), des lycées, les halles de Baltard ou de nombreux lieux de culte (église Saint-Augustin, église Saint-François-Xavier,
287
etc.). Pour la première fois de son histoire, un plan général de la ville est dressé ainsi que son relevé topographique .
Ces travaux du Second Empire modèlent le
visage du Paris du xxe siècle. Ils ont cependant
un coût non négligeable. Les opposants aux
travaux conduits par Haussmann dénoncent
notamment leur coût financier (les travaux
coûtent 2,5 milliards de francs en dix-sept ans
Vue d’oiseau en 1863 des Halles pour un budget initial de 1,1 milliard de francs,
centrales de Paris conçues par obligeant Haussmann à recourir à des bons de
281 délégation émis par la Caisse des travaux de
Victor Baltard .
Paris, à creuser la dette de la ville et à se justifier Au palais des Tuileries, en 1853,
288
par la théorie des dépenses productives ). À l'architecte Louis Visconti, au côté
ces critiques financières s'ajoutent celles sur la vague de spéculation immobilière (les de Hector-Martin Lefuel, présente au
loyers augmentent de 300 % sur toute la période) et leur coût social (refoulement des couple impérial et à ses proches (les
plus pauvres hors du centre de Paris). Enfin, une autre vague de critiques porte sur le comtesses de Rayneval et de
coût culturel de ces travaux (comme la destruction de nombreux vestiges du passé, Lourmel, le comte d'Arjuson, le
289
notamment sur l'île de la Cité ). sénateur Ney et Achille Fould) les
plans de son projet d'achèvement du
Si nombre de ces critiques peuvent être justifiées, il s'avère qu'il n'y a finalement pas palais du Louvre et de réunion à celui
d'accroissement du déséquilibre social dans la capitale par rapport à la période des Tuileries.
290
antérieure et qu'en 1865, 42 % des Parisiens restent classés dans la catégorie des plus Peinture par Ange Tissier.
défavorisés car non imposables et qu'à la fin de l'administration haussmannienne en
1870, 65 % des logements parisiens sont occupés par des indigents, des ouvriers et par
291
les représentants les plus modestes de la petite bourgeoisie . Enfin, l'état d'insalubrité, le délabrement des édifices et les
difficultés de circulation exigeaient quoi qu'il en fût une intervention publique.
Les opposants aux travaux dénoncent également les grands boulevards (très larges et rectilignes) permettant de mieux
contrecarrer les éventuelles révoltes en empêchant la formation de barricades. Haussmann n'a jamais nié ce rôle quasi militaire de
la percée de certaines des voies parisiennes, formant des brèches au milieu de quartiers constituant de véritables citadelles
d'insurrections tels que ceux de l'hôtel de ville, du faubourg Saint-Antoine et des deux versants de la montagne Sainte-
Geneviève. Cependant, il a répondu que la majorité de grandes artères percées permettaient surtout d'améliorer la circulation
292
entre les gares, entre celles-ci et le centre-ville et aussi à aérer la ville pour éviter les foyers infectieux .
Parallèlement, Napoléon III encourage cette politique dans les autres grandes et moyennes villes de France, de Lyon à Biarritz en
passant par Dieppe (les nombreuses rues impériales alors tracées sont souvent par la suite rebaptisées « rue de la République »).
L'Empereur multiplie les séjours personnels dans les villes d'eau telles que Vichy, Plombières-les-Bains, Biarritz, ce qui contribue
beaucoup à leur lancement et à leur fortune durable. Une politique de grands travaux et d'assainissement permet de mettre en
valeur des régions comme la Dombes, les Landes (Napoléon fonde notamment en 1857 son domaine impérial de Solférino), la
Champagne, la Provence ainsi que la Sologne, région chère à Napoléon III en raison de ses attaches familiales du côté de la
maison de Beauharnais et qui s'investit personnellement dans la bonification de celle-ci en participant au financement des
293
travaux .
Politique sociale
À partir de 1862, sa politique sociale se montre plus audacieuse et novatrice que durant
295
la décennie écoulée . En mai 1862, il fonde la Société du prince impérial, destinée à
prêter de l'argent aux ouvriers et à aider les familles temporairement dans le besoin. Son
projet de loi visant à créer une inspection générale du travail, pour faire respecter la loi de
296 Diplôme de fondateur de la Société
1841 sur le travail des enfants, est cependant révoqué par le Conseil d'État . La même
année, sous les encouragements des parlementaires réformistes et de l'élite ouvrière, il du Prince Impérial,
subventionne l'envoi d'une délégation ouvrière conduite par Henri Tolain à l'Exposition 15 septembre 1862. En haut figure
un portrait de l'impératrice Eugénie.
universelle de Londres. Pour l'économiste et homme politique socialiste Albert Thomas,
En bas figurent des abeilles,
« si la classe ouvrière se ralliait à lui [Napoléon III], c'était la réalisation du socialisme
symbole héraldique napoléonien.
césarien, la voie barrée à la République. Jamais le danger ne fut aussi grand qu'en
1862. » De retour de Londres, la délégation ouvrière demande l'application en France
d'une loi permettant aux travailleurs de se coaliser sur le modèle de ce qui se faisait en
Grande-Bretagne et, dans le contexte des élections de 1863 et de celles complémentaires de 1864, Tolain et les militants ouvriers
rédigent le manifeste des Soixante, un programme de revendications sociales qui affirme son indépendance vis-à-vis des partis
297
297
politiques, notamment les républicains, et présente des candidats (qui sont finalement battus) . L'Empereur appuie néanmoins
leur vœu sur le droit de coalition. Malgré les réticences du Conseil d'État, un projet de loi préparé par Émile Ollivier est adopté
par le Corps législatif et par le Sénat. Ratifiée et promulguée par Napoléon III, la loi du 25 mai 1864 reconnaît pour la première
298 299
fois le droit de grève en France du moment qu'il ne porte pas atteinte à la liberté du travail et s'exerce paisiblement . De
nombreux ouvriers sont alors séduits par la politique sociale de l'Empereur mais leur ralliement au régime n'est cependant pas
300
massif . Les contacts pris à Londres avec les représentants ouvriers de divers pays ont abouti à la création, en 1864, de
301 302
l'Association internationale des travailleurs (AIT) qui ouvre un bureau en France en 1865, dirigé par Henri Tolain .
En dépit de la reconnaissance de ce droit de grève, les syndicats proprement dit demeurent prohibés. Une circulaire impériale du
23 février 1866 demande d'abord aux préfets de laisser se tenir les rassemblements ayant des revendications purement
économiques. Puis, le droit d'organisation des salariés dans des associations à caractère syndical est reconnu dans une lettre du
21 mars 1866 et par un décret du 5 août 1866 portant création d'une caisse impériale des associations coopératives.
303
En septembre 1867, lors du congrès de Lausanne , l'AIT proclame que « l'émancipation sociale des travailleurs devait
303
s'accompagner d'une émancipation politique » et ce « en complète rupture avec l'esprit du mutuellisme proudhonien et avec le
304
manifeste des Soixante » . Deux jours plus tard, lors du congrès de la paix et de la liberté à Genève, « l'Internationale s'en
301 304
prend vivement aux armées permanentes et aux gouvernements autoritaires » , visant notamment Napoléon III . La section
parisienne est finalement dissoute pour avoir participé à des manifestations à caractère politique comme des protestations contre
305, 306
l'envoi à Rome de troupes françaises . Le 30 mars 1868, les chambres syndicales sont officiellement tolérées par le
307
gouvernement . Mais si le gouvernement envisage la légalisation des syndicats avec, pour corollaire, leur ralliement au
socialisme césarien, il ne peut tolérer un ralliement au socialisme international marxiste qui semble se profiler au travers de
301
l'AIT . Le ralliement, pour la première fois, de la majorité des ouvriers aux candidats républicains lors des élections
législatives de 1869 confirme alors l'échec de la politique d'ouverture sociale de Napoléon III.
En dépit de toutes ses déconvenues pour se rapprocher des ouvriers, Napoléon III décide de maintenir ce qu'il considère être son
301
œuvre sociale . Des soupes populaires sont organisées pour les pauvres alors que se mettent en place les premiers systèmes de
307
retraites et qu'une loi fonde une caisse d’assurance décès et une caisse d’assurance contre les accidents du travail (1868) . Le
2 août 1868, une loi abroge un article du code civil qui donnait primauté, en cas de contentieux, à la parole du maître sur celle de
307
l’ouvrier . Le 23 mars 1869, le Conseil d’État refuse de valider le projet de suppression du livret d'ouvrier, une demande
308
récurrente de Napoléon III .
Sur la période, si la grande misère recule et si le niveau de vie des ouvriers reste précaire, leur pouvoir d'achat a cependant
252
réellement augmenté alors que les périodes de sous-emploi se font plus brèves .
Instruction publique
Mécénat et dons
Passionné par les sciences et bien informé sur les dernières inventions,
Napoléon III entretient des rapports privilégiés avec les savants dont il se
plaît à écouter les conférences et à suivre les expériences. Celui qui
obtiendra le plus de ses faveurs est Louis Pasteur qu'il rencontre pour la
première fois en 1863 après que celui-ci a réfuté la thèse de la génération
spontanée et démontré l'existence des animalcules (plus tard appelés
microbes). Devenu familier de l'Empereur et de l'Impératrice qui lui ôtent
tout souci matériel pour poursuivre ses travaux, il est nommé à la
Lettre de Pasteur
commission chargée de la réforme de l'enseignement supérieur, envoyé
sollicitant des
dans le Gard pour lutter contre l'épidémie de pébrine qui menaçait les
fonds à élevages de vers à soie, avant d'être nommé sénateur en
313, 314
Napoléon III. juillet 1870 .
L'état des travaux du canal
L'appui de Napoléon III au projet de Ferdinand de Lesseps, par ailleurs de Suez en mai 1862.
cousin de l'Impératrice, de percer le canal de Suez est déterminant à plusieurs occasions. Après
plusieurs hésitations, l'Empereur accepte de patronner l'entreprise et de faire pression
diplomatiquement sur l'Empire ottoman, hostile au projet. Il sauvera encore à plusieurs reprises les travaux en les soutenant face
au vice-roi d'Égypte (1863-1864), une nouvelle fois face au Sultan (1865-1866) et encore en 1868 en consentant un emprunt
pour renflouer la compagnie de Lesseps au bord de la faillite. Cependant, le contexte politique et social ainsi que sa santé
précaire ne lui permettent pas de se rendre en Égypte pour voir l'achèvement des travaux, laissant son épouse assister seule à
315
l'inauguration du canal de Suez le 17 novembre 1869 .
Essor de la photographie
Désireux de faire apparaître son règne comme celui du « progrès scientifique et social, de
l’industrie et des arts, de la grandeur retrouvée de la France », Napoléon III trouve en la
photographie (son invention est traditionnellement datée de 1839) un instrument
moderne permettant de réaliser cette ambition politique pour diffuser largement son
image et les événements de son règne au côté des techniques plus traditionnelles
316
qu'étaient notamment la peinture et la sculpture .
Arts et lettres
Durant la période de l'Empire autoritaire et dans une moindre mesure dans les années 1860, le domaine des arts et des lettres est
soumis à la censure. Prêché par l'Église, le retour à l'ordre moral, appuyé par l'Impératrice Eugénie, est l'une des préoccupations
du régime. Néanmoins, en 1863, alors que Jean-Léon Gérôme et les grands peintres officiels sont célébrés au Salon de peinture
et de sculpture, Napoléon III permet l'ouverture d'un « salon des refusés » où exposent Courbet et les futurs impressionnistes.
Cette période est cependant caractérisée par la richesse de sa littérature, de Flaubert à George Sand ou aux frères Edmond et
Jules de Goncourt. La construction de l'opéra Garnier illustre l'importance accordée au monde du spectacle, élément de la « fête
impériale ». Les spectacles en ville se développent notamment l'opéra-bouffe, un genre dans lequel triomphe le compositeur
Jacques Offenbach, mais aussi les pièces de théâtre comme celles d'Eugène Labiche qui
r
remportent un franc succès. Bien que ces deux personnalités assument leur bonapartisme , leurs
317
œuvres se livrent à une « critique corrosive mais souriante de la société impériale » .
Passionné d'histoire, Napoléon III écrit une monumentale Histoire de Jules César, aidé d'une
équipe de collaborateurs dont il assure la direction, comprenant notamment Alfred Maury,
319
Prosper Mérimée et Victor Duruy . La préface est rédigée par l'Empereur (ainsi que Palais et jardin des Tuileries
320
principalement les deux premiers volumes) et reprend les thèmes exposés dans sa jeunesse . lors d'un bal sous le Second
Paru chez Plon en 1865 et 1866 pour les deux premiers volumes, qui vont jusqu'au début de la Empire.
guerre civile en 49 av. J.-C., l'ouvrage compte six volumes au total et est complété, du moins
pour les trois derniers volumes, sous la plume du baron Eugène Stoffel. Bien ultérieurement,
321 322
l'ouvrage reçoit la reconnaissance et la caution scientifique des historiens Claude Nicolet et Christian Goudineau ,
323
spécialistes de l'histoire romaine et de la Gaule .
Parallèlement à ses recherches sur l'artillerie romaine, l'Empereur joue un rôle important dans la mise en œuvre d'une véritable
archéologie nationale. En juillet 1858, il constitue une commission topographique chargée de dresser une carte de la Gaule. Il
institue des chaires d'antiquité à l'école normale, à l'école des Chartes et au collège de France. Sur ses deniers personnels, il
324
achète les jardins Farnèse sur le Palatin en 1860 et y exhume le palais impérial de Rome . Il envoie parallèlement des missions
archéologiques en Espagne, Macédoine, Syrie, Algérie, Tunisie, Grèce ou encore en Asie Mineure. En 1862, il fait ouvrir le
325
musée des Antiquités nationales à Saint-Germain-en-Laye et ériger une statue de Vercingétorix au mont Auxois . Sur ses
deniers personnels, il finance plus de 8 millions de francs en recherches archéologiques, études expérimentales et travaux
cartographiques et fait réaliser des fouilles à Alise-Sainte-Reine, identifiée comme étant le site d'Alésia, qu'il visite en 1861, avant
326 327
celui de Gergovie , ainsi qu'à Bibracte .
En 1851, préparant la restauration impériale, Louis-Napoléon Bonaparte cherche à rassurer l'opinion française et européenne en
déclarant à Bordeaux : « L'Empire, c'est la paix ! » (9 octobre 1852). L'ordre européen alors en place est pourtant celui issu du
congrès de Vienne de 1815 qu'il récuse, non seulement parce qu'il a été établi par les vainqueurs de Napoléon Ier afin de contenir
les ambitions territoriales et politiques de la France mais aussi parce qu'il méconnaît le principe des nationalités dont Louis-
328
Napoléon est un ardent défenseur . Le Royaume-Uni se tient sur ses gardes. De fait, en octobre, le Premier Ministre — Lord
Derby — communique au Secrétaire du Foreign Office, l’information obtenue de source sûre, selon laquelle le Prince-Président
nourrit le projet d’envahir la Grande-Bretagne, et s’y verra même bientôt « contraint par les aspirations du peuple français, la
ferveur de l’armée et la nécessité impérieuse dans laquelle il se trouve. Il lui faudra alors un nouveau coup de théâtre (en français
329
dans le texte) » .
La guerre de Crimée (1854-1856), marquée notamment par le siège de Sébastopol, permet ainsi
à Napoléon III de jeter les bases de sa politique extérieure et de rétablir la France sur la scène
européenne. La défense de l'Empire ottoman contre la Russie est aussi une excellente occasion
pour lui de faire oublier les visées impérialistes de Napoléon Ier et de sortir Paris de son
isolement international. Ainsi, à la suite de la déclaration de guerre entre la Russie et l’Empire
ottoman le 4 octobre 1853, la France, voulant renforcer son influence en Égypte, et le Royaume-
Uni voulant protéger ses positions en Inde, s'allient aux Turcs et déclarent à leur tour la guerre
aux Russes le 27 mars 1854. Il s'agit là d'abord d'une victoire diplomatique car l'alliance avec
l'Angleterre brise celle conçue autrefois entre cette dernière, l'Autriche et la Russie contre « Les alliés » : de gauche à
Napoléon Ier. Après la destruction de la flotte russe à Sébastopol et la bataille de Malakoff, la droite le sultan
328, 333
Russie capitule . Abdülmecid Ier, la reine
Victoria et l'Empereur
Coïncidant avec la naissance de son héritier le 16 mars 1856, le traité de Paris est un triomphe Napoléon III.
personnel pour l'Empereur qui replace la France aux côtés des grands royaumes européens,
efface des esprits le congrès de Vienne de 1815 et se pose en arbitre du continent. Les Anglais et
les Français non seulement obligent la Russie à reconnaître l’indépendance de l’Empire ottoman mais ils obtiennent aussi la
neutralisation de la mer Noire et l’autonomie des deux principautés ottomanes de Moldavie et de Valachie. Le Piémont-
Sardaigne, allié des vainqueurs, profite de l'occasion pour dénoncer l'occupation de l'Italie par l'Autriche des Habsbourg et de
prendre ainsi date auprès de l'Empereur des Français. La signature de ce traité marque également l'apogée de la bonne entente de
328, 334, 335
Napoléon III avec la Grande-Bretagne de la reine Victoria .
Par la suite, appuyées par Napoléon III et en dépit de l'opposition de l'Autriche, les deux principautés de Moldavie et de Valachie
élisent toutes les deux le même candidat au trône, Alexandre Jean Cuza (1859). L'union des deux principautés est formalisée en
336
1862 avec la formation des principautés unies de Roumanie qui devient, en 1881, le royaume de Roumanie .
Politique italienne
Avant toute intervention sur le sol italien, Napoléon III s’assure par prudence de la neutralité de la Russie et de la passivité
britannique. Le 26 avril 1859, à la suite d'un ultimatum adressé au royaume de Piémont-Sardaigne quant au désarmement de ses
troupes, l’Autriche lui déclare la guerre. La France, engagée par son alliance défensive avec le Piémont-Sardaigne, honore le
traité et entre en campagne contre l'Autriche. Après les batailles de Montebello, de Palestro, de Magenta et de Solférino en mai et
juin 1859, Napoléon III décide de suspendre les combats en raison des pertes françaises importantes. Il craint aussi que le conflit
ne s'enlise alors que se mobilise la Prusse le 6 juin 1859. Après une rencontre au sommet
entre les empereurs François-Joseph Ier d'Autriche et Napoléon III à Villafranca di
Verona, l'Autriche accepte de céder la Lombardie mais obtient de garder la Vénétie. Le
traité de paix est signé à Zurich le 11 novembre 1859 mais Cavour, insatisfait de
l'armistice, active les foyers révolutionnaires italiens par l’entremise de Giuseppe
Garibaldi. De juillet 1859 à avril 1860, des duchés italiens se rallient dans un mouvement
unitaire, soutenu par l'opinion publique et le roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel.
L'expédition des Mille menée par Garibaldi, qui débute en mai 1860, permet l'annexion
du royaume des Deux-Siciles. Le 17 mars 1861, le royaume d'Italie est proclamé et
340, 341
Victor-Emmanuel devient roi d'Italie . Croquis de M. Moulin, paru dans Le
Monde Illustré, journal
Pour Napoléon III, le bilan de cette politique italienne est mitigé. Ses succès militaires et hebdomadaire, no 155,
la faiblesse de sa diplomatie ont renforcé à son égard l'hostilité de l'Autriche et de la 31 mars 1860. Commentaire :
Prusse alors que l'Italie, qui lui doit beaucoup, reste un État faible. En refusant de « Réception de M. Greyfié de
poursuivre la campagne victorieuse (mais coûteuse en hommes) de 1859, l'Empereur Bellecombe et de la députation
342
laisse Venise aux mains des Autrichiens et déçoit ses alliés sardes . savoisienne par Leurs Majestés
Impériales, dans le salon Louis XIV,
Il obtient néanmoins l'annexion du comté de Nice à la France ainsi que celui de la aux Tuileries, mercredi 21 mars ».
Savoie. Le traité de Turin, en mars 1860, entérine ce changement de souveraineté tout
comme l'annexion au Piémont-Sardaigne des duchés de Toscane, de Parme et de
s
Modène. La limite géographique des territoires cédés n'est cependant pas clairement fixée et l'exécution du traité est
subordonnée à son approbation par les populations concernées. Ainsi, la population niçoise semble tout d'abord assez réticente à
ce changement de souveraineté. Lors des élections législatives de mars 1860, les deux députés élus par les Niçois au parlement
de Turin sont Giuseppe Garibaldi et Charles Laurenti Robaudi, tous deux farouchement opposés à l'annexion. Cependant, à
l'appel du roi Victor-Emmanuel, la population finit par accepter son changement de souveraineté lors du plébiscite des 15 et
16 avril 1860 où le « oui » remporte officiellement 83 % des inscrits dans l'ensemble du comté de Nice et 86 % dans la ville
même de Nice. En Savoie, les mêmes réticences s'expriment. Certains veulent être indépendants et d'autres réclament leur
réunion à la Suisse. Le résultat du plébiscite organisé dans les mêmes conditions qu'à Nice donne une victoire très large aux
partisans de la réunion à la France. Le 14 juin 1860, la réunion de la Savoie à la France devient effective sous la forme de deux
départements : la Savoie et la Haute-Savoie. L'année suivante, ce sont Menton et Roquebrune, deux villes libres placées sous la
protection de la maison de Savoie et également consultées lors du plébiscite d'avril 1860, qui rejoignent le département français
343
des Alpes-Maritimes après dédommagement du prince Charles III de Monaco .
La politique italienne de Napoléon III lui a cependant aussi aliéné les catholiques français ultramontains, car l'unité de l'Italie du
Nord a mis les États pontificaux en péril. Cherchant à apaiser le mécontentement des milieux catholiques français, l'Empereur
344
initie en 1860 une intervention en Syrie après le massacre de populations chrétiennes et, jusqu'en 1870, empêche le nouveau
royaume d'Italie de finaliser l'unité, en laissant des troupes à Rome pour protéger les derniers vestiges du pouvoir temporel du
345, 346
pape .
À son arrivée au pouvoir, Napoléon III hérite d'un empire colonial modeste comprenant
la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion, des comptoirs en Inde, Saint-
Pierre-et-Miquelon, Mayotte et ses dépendances, l'Algérie ainsi que quelques autres îles
347
notamment en Polynésie . Si au début, Napoléon III n'a aucun programme pour les
348
colonies qu'il considère comme des fardeaux , l’idéologie des saint-simoniens va
toutefois ostensiblement influencer les grandes lignes politiques de la colonisation sous
Réception des ambassadeurs
son règne, époque pendant laquelle la surface des possessions françaises est finalement
siamois par Napoléon III et
triplée. Napoléon III encourage une politique d’expansion et d’intervention outre-mer,
l'Impératrice Eugénie dans la grande
salle de bal Henri II du château de
autant par souci de prestige, que dans le but également de se concilier certaines fractions
Fontainebleau, le 27 juin 1861.
du corps social comme les militaires, les catholiques et les candidats à l'émigration vers
349
Tableau par Jean-Léon Gérôme,
des contrées lointaines . Sur son initiative est réorganisée l'administration coloniale en
1864. musée national du château de
1854 avec la création d'un comité consultatif des colonies suivie, en 1858, de la création
Fontainebleau.
du ministère de l'Algérie et des Colonies. La politique coloniale de l'Empereur, inspirée
par les saint-simoniens, se manifeste non seulement par le développement des ports
coloniaux mais aussi par le commencement du percement du canal de Suez (1859-1869)
en Égypte à l'initiative de Ferdinand de Lesseps et de Barthélemy Prosper Enfantin. Ce dernier est, au côté du saint-simonien
Ismaÿl Urbain, le grand inspirateur de la politique arabophile de l'Empereur et notamment de sa politique algérienne. Dans le
cadre de cette expansion coloniale, les forces navales sont aussi modernisées avec la mise en chantier d'une quinzaine de
350, 351
cuirassés et de navires à vapeur pour transporter les troupes .
Au nom du libre-échange, dont il est un ardent
partisan, et en dépit d'une forte opposition,
Napoléon III autorise les colonies à pouvoir
librement commercer avec les pays étrangers
dans des conditions douanières similaires à celle
352
de la métropole . Mais c'est en Algérie que se
manifeste avec le plus d'éclat le volontarisme
353
napoléonien . L'Algérie est une colonie qui ne
lui est pas acquise. Les électeurs y ont Réception de Napoléon III et Eugénie
Napoléon III rend la liberté à l'émir
désapprouvé le coup d'État lors du plébiscite de à Alger le 18 septembre 1860 (par
Abd el-Kader. Tableau par Ange
décembre 1851. La colonie est négligée dans les Isidore Pils).
Tissier (1861). premières années du règne et laissée sous le
contrôle de l'armée. Napoléon III s'y rend pour la
première fois en septembre 1860 et en revient avec une vision nettement plus favorable
qu'à son arrivée. À son retour, l'une de ses premières initiatives est de supprimer le ministère de l'Algérie et des Colonies dont
l'administration civile a sur place porté atteinte à la propriété foncière musulmane et de remettre la colonie sous administration
354
militaire avec pour mission notamment d'arrêter le cantonnement des indigènes . Il envisage à l'époque la création d'une entité
arabe centrée sur Damas et dirigée par l'émir Abd el-Kader, ancien chef de la rébellion algérienne qu'il a fait libérer en 1852 et
355
qui vit depuis en Syrie. Ainsi constituée, cette nation arabe serait placée sous la protection de l'Empereur des Français . En
1862, dans cette perspective, il expose sa vision, teintée de paternalisme, du développement de l'Algérie fondé sur « l'égalité
parfaite entre indigènes et européens ». Pour lui, l'Algérie n'est pas une colonie mais un royaume arabe, et il estime que « les
indigènes comme les colons ont aussi droit à [sa] protection ». Il se considère comme « l'Empereur des Français et des
356
Arabes » . En Algérie, la déclaration est non seulement mal reçue par les autorités militaires dirigées successivement par le
maréchal Pélissier puis par le maréchal de Mac Mahon, mais aussi par les colons soutenus en métropole par Jules Favre et Ernest
Picard. Symboliquement, Napoléon III décore de la Légion d'honneur Abd el-Kader alors qu'Ismaÿl Urbain publie L’Algérie
pour les Algériens, où il défend les idées de royaume arabe que Napoléon III songe à mettre en œuvre mais auquel s’opposent
farouchement les colons et les intérêts économiques algériens. Lors de sa seconde visite en Algérie au printemps 1865,
Napoléon III expose son intention de créer un royaume arabe qui serait uni à la France sur le modèle d'une « union personnelle »
354
comme l’Autriche et la Hongrie et comme le sont sous peu la Grande-Bretagne et le Canada . Il envisage également la
partition de l'Algérie en deux, réservant une large façade maritime pour les colons qui devraient alors évacuer toute la partie
355
méridionale des hauts plateaux ainsi que les abords du Sahara . Parallèlement, plusieurs sénatus-consultes sont édictés pour
mettre en forme la volonté de l'Empereur. Après un premier sénatus-consulte du 22 avril 1863 qui réforme le régime de propriété
foncière pour délimiter les terres des tribus et les protéger des confiscations abusives, un autre en date du 14 juillet 1865 accorde
la nationalité française aux Algériens musulmans (et aussi juifs) accompagnés de droits civils et politiques à condition qu'ils aient
renoncé à leur statut personnel fixé par la loi religieuse (ils doivent concrètement renoncer à la polygamie, au divorce alors
357, 355
interdit en France et aux prescriptions du droit successoral coranique) . Mais ses diverses initiatives, comme celle de
354
donner une constitution à l'Algérie , ne résistent pas à l'opposition des colons, majoritairement hostiles à l'Empire, puis à la
famine qui affecte la colonie à la fin des années 1860. L'idée d'instaurer un royaume en Algérie uni à la France par des liens
358
personnels et dirigé par les autochtones est finalement abandonnée en 1869 .
En fin de compte, l'Empire colonial français, dont la superficie était inférieure à 300 000 km2 en 1851, est supérieur à
359
1 000 000 km2 en 1870 .
Pour conserver sa place dans l'industrie de la soie, la France doit importer au milieu du xixe siècle plus de 80 % de sa
consommation de soie grège. Les maladies gagnent du terrain chaque année et augmentent l'état de dépendance. Il semble aux
soyeux lyonnais que le Japon est une source d'approvisionnement particulièrement adaptée pour la soie grège et les vers capables
de résister aux maladies qui déciment l'élevage français. L'enjeu est tel que les producteurs envoient, au lendemain du traité, un
représentant à Yokohama, Louis Bourret, qui, aussitôt, fait construire une filature. Yokohama connaît une extraordinaire
extension et rassemble alors 80 % du commerce extérieur du pays. Les balles de soie ainsi exportées commencent à parvenir à
Lyon à la fin de l'année 1859. Leur qualité et la modicité de leur prix font sensation. En cinq ans, Lyon devient la première place
369
mondiale du commerce de la soie (le jumelage entre Lyon et Yokohama initié par le consul général du Japon Louis Michallet
sous l’égide du club Lyon-Japon rappelé dans le cadre du G7 de 1996 et de « L’Année du Japon en France » 1997-1998, en
présence de Jacques Chirac, Ryutaro Hashimoto et des autorités de Lyon 6e et relaté au travers des écrits de Kikou Yamata, fait
370
370
écho à cette période ). Avec l'aide de la puissante chambre de commerce de Lyon, ces pionniers usent de leur influence pour
que le chargé d'affaires français appelé à succéder à Duchesne de Bellecourt soit en mesure de défendre leurs intérêts. Léon
Roches est désigné : originaire de Grenoble, l'un des berceaux de la sériciculture française, il est, à partir de 1864, un relais
efficace.
À ce moment, les Français sont au nombre de cinquante-six, dont dix-sept occupés par le commerce de la soie, sur un total de
deux cent quatre-vingt-trois étrangers. Le transport, d'abord confié aux intermédiaires britanniques, ne s'établit directement avec
Marseille qu'après la mise en service d'une ligne régulière de paquebot-poste par la Compagnie des Messageries maritimes, en
septembre 1865. Malgré de fortes réticences, le shôgunat accepte, en novembre 1864, de laisser partir 15 000 cartons de graines
de vers à soie à bord du navire de guerre Dupleix à destination de la France. L'année suivante, Yoshinobu Tokugawa offre
15 000 cartons à Napoléon III, en échange de dix juments et dix étalons de race algérienne, d'un costume et d'un bicorne. En
1868, Léon de Rosny publie, pour le compte du ministère de l'Agriculture et du Commerce français, une traduction des manuels
techniques japonais. Quand survient le changement de régime, en cette année 1868, la France est le premier pays importateur de
soie japonaise ; elle achète plus de la moitié de la production : soie grège, bourre, déchets de soie, tissus, cocons et graines
forment d'ailleurs la totalité des importations françaises en provenance du Japon. Il s’agit d’une réussite commerciale industrielle
et financière cruciale et déterminante durant le règne de Napoléon III. En 1868, celui-ci rappelle l’ambassadeur Léon Roches en
255
France, après la chute du Shôgunat .
Expédition du Mexique
Au début des années 1860, le Mexique est un pays en proie à de profondes rivalités politiques et à l'instabilité qui mettent le pays
au bord de la guerre civile. Appauvri, l’État mexicain, endetté principalement vis-à-vis de l’Angleterre mais aussi de l’Espagne et
371
de la France, décide, le 17 juillet 1861, de suspendre pour deux ans le paiement de sa dette extérieure . Pour Napoléon III, qui
vient d'obtenir un succès relatif en Italie, l’opportunité est tentante de profiter de la faiblesse présente des États-Unis confrontés à
la guerre civile pour intervenir au Mexique et y installer un régime qui lui soit favorable politiquement mais aussi
économiquement. Depuis longtemps, dès l'époque où il était enfermé au fort de Ham, il réfléchit aux enjeux géostratégiques de
cette région du monde. Rêvant de la possibilité de constituer un solide empire latin dans cette région d'Amérique du Nord
capable de freiner et repousser l'expansion des États-Unis, il prend également conscience de la position stratégique majeure de
372
l'isthme de Panama . En créant une zone d'influence française dans cette région du monde, il offrirait des débouchés pour
l'industrie mais aussi un accès à de nombreuses matières premières.
Crise luxembourgeoise
Au début des années 1860, l'attachement de Napoléon III au principe des nationalités l'incite à ne
pas s'opposer à l'éventualité d'une unification allemande, remettant ainsi en cause une politique
328
menée depuis Richelieu et le traité de Westphalie (1648) . Pour lui, « la Prusse incarne la
nationalité allemande, la réforme religieuse, le progrès du commerce, le constitutionnalisme
libéral ». Il la considère comme « la plus grande des véritables monarchies allemandes »
notamment parce qu'elle accorde « plus de liberté de conscience, est plus éclairée, accorde plus
375
de droits politiques que la plupart des autres États allemands » . Cette conviction basée sur le
principe des nationalités le conduit non seulement à apporter son soutien à la révolte polonaise
376
contre le tsar en 1863 ce qui provoque la rupture de l'alliance franco-russe mais aussi à
adopter une neutralité bienveillante lors de l'affrontement décisif entre la Prusse et l'Autriche.
L'Empereur espère en fait tirer avantage de la situation quel que soit le vainqueur en dépit des
328
avertissements de Thiers devant le Corps législatif .
À la suite de la bataille de Sadowa, l'Autriche est refoulée vers Les Pays-Bas, la Belgique
les Balkans : l'Italie obtient la Vénétie comme le souhaitait et le grand-duché de
Napoléon III alors que la Prusse obtient le Holstein, le Hanovre, Luxembourg en 1866 : au
la Hesse-Cassel, le duché de Nassau et Francfort-sur-le-Main sud la France, à l'est, la
328 Prusse rhénane.
pour former la confédération de l'Allemagne du Nord .
L'opinion publique allemande est d'autant plus scandalisée que la dynastie des Luxembourg a donné quatre empereurs au Saint-
Empire romain germanique. Il lui est inimaginable de laisser le grand-duché à la France. Dans ces circonstances, Otto von
Bismarck considère qu'il ne peut plus honorer les promesses faites secrètement à la France et enjoint à Guillaume III de revenir
sur la vente du Luxembourg. En France, l'opinion publique se mobilise elle aussi, entraînant la mobilisation des troupes, tandis
que des députés allemands poussent Bismarck à décréter la mobilisation générale de la Confédération de l'Allemagne du Nord.
Au Luxembourg même, des activistes pro-français provoquent la garnison prussienne alors que d'autres manifestants demandent
au roi des Pays-Bas le retour au statu quo. Napoléon III est conscient que son armée n'est pas prête à entrer en guerre contre son
378
puissant voisin et est préoccupé par l'état de santé de son fils tombé gravement malade . À l'initiative de la Grande-Bretagne,
une conférence est organisée à Londres. La crise est résolue par le deuxième traité de Londres selon lequel la France renonce à
ses prétentions sur le Luxembourg, en laisse la souveraineté au roi de Hollande, tandis que la Prusse démobilise sa garnison et
démantèle ses fortifications autant que le Roi de Hollande le jugera utile. Il est entendu que le Luxembourg doit rester neutre au
328
cours des futurs conflits .
Le déroulement de la crise luxembourgeoise montre le poids des opinions publiques et la prégnance croissante du nationalisme.
L'antagonisme entre la France et la Prusse en sort d'autant plus attisé que Napoléon III réalise désormais à quel point il a été joué
t
par Bismarck depuis 1864 , n'ayant obtenu aucune des compensations secrètement convenues avec le Prussien. En conséquence
de l'expédition militaire au Mexique, du soutien à la révolte polonaise contre le Tsar et de la crise luxembourgeoise, la France se
retrouve isolée en Europe, y compris de l'Angleterre, désormais méfiante envers les ambitions territoriales de son
379, 380, 377
voisin .
Les tensions avec la Prusse sont avivées quand le prince Léopold de Hohenzollern se porte candidat le 21 juin 1870 à la
381
succession d'Espagne, vacante depuis deux ans , ce qui provoque des inquiétudes dans plusieurs chancelleries européennes :
un Hohenzollern sur le trône espagnol placerait la France dans une situation d'encerclement proche de celle de l'époque de
Charles Quint.
382
Le prince retire sa candidature le 12 juillet 1870 , mais le gouvernement de Napoléon III subit la pression des belliqueux : une
383
partie de la presse de Paris et de la Cour, ainsi que des opposants de droite ou de gauche . Il exige un engagement écrit de
renonciation définitive et une garantie de bonne conduite de la part de Guillaume Ier. Le Roi de Prusse confirme la renonciation
de son cousin sans se soumettre à l'exigence française.
Cependant, pour Bismarck, une guerre contre la France est le meilleur moyen de
parachever l'unification allemande. La version dédaigneuse qu'il fait transcrire dans la
dépêche d'Ems de la réponse polie qu'avait faite Guillaume de Prusse confine au soufflet
diplomatique pour la France, d'autant plus qu'elle est diffusée à toutes les chancelleries
328
européennes . Tandis que la passion anti-française embrase l'Allemagne, la foule
383
parisienne, excitée par une partie de la presse, réclame la guerre . Bien que tous deux
personnellement favorables à la paix et à l'organisation d'un congrès pour régler le
différend, Ollivier et Napoléon III, qui ont finalement obtenu de leur ambassadeur la
version exacte de ce qui s'était passé à Ems, se laissent dépasser par les partisans de la
guerre, dont l'Impératrice Eugénie, mais aussi de ceux qui veulent une revanche sur
384
l'Empire libéral . Les deux hommes finissent par se laisser entraîner contre leur
385
conviction profonde .
384
Même s'il se dit de nature pacifique ,
Napoléon III lors de la bataille de Napoléon III est affaibli par ses échecs
Sedan par le peintre allemand internationaux antérieurs et a besoin d'un succès
384
Wilhelm Camphausen. de prestige avant de laisser le trône à son fils.
Il n'ose pas contrarier l'opinion majoritairement
belliciste, exprimée au sein du gouvernement et
386
au parlement, y compris chez les républicains , décidés à en découdre avec la Prusse,
alors que quelques semaines plus tôt il avait hésité à s'opposer à la décision d'Ollivier de
381
réduire le contingent militaire, et ce malgré les avertissements lucides de Thiers .
Le cimetière de Saint-Privat par
Alphonse de Neuville.
Début du conflit
Napoléon III et Otto von Bismarck, Les premiers revers d'août 1870 sont imputés à Napoléon III et à Ollivier, ce qui fournit à
après la défaite de Sedan, entrevue la Chambre l'occasion de renverser le Premier ministre, à une écrasante majorité, le
avec Bismarck à Donchery (peinture 9 août 1870, laissant l'Empereur seul sur la ligne de front, qu'elle soit politique ou
387
de 1878). militaire. Pendant que Napoléon III cherche « la mort sur le champ de bataille » ,
l'Impératrice Eugénie, régente, nomme le bonapartiste autoritaire Charles Cousin-
Montauban, comte de Palikao, à la tête du gouvernement. Sous la pression de
388
l'Impératrice, Napoléon III renonce à se replier sur Paris et marche vers Metz au secours du maréchal Bazaine encerclé . Ses
troupes sont elles-mêmes alors encerclées à Sedan. Le 2 septembre 1870, n'ayant pu trouver la mort au milieu de ses hommes,
Napoléon III dépose les armes au terme de la bataille de Sedan et tente de négocier les clauses de la capitulation avec Bismarck
près du village de Donchery.
Désormais captif, il assiste avec le roi Guillaume de Prusse à l'acte de reddition de l'armée française au château de Bellevue situé
près de Frénois, au sud de Sedan. Pendant leur discussion, il assure qu'il n'a pas voulu la guerre mais qu'il y a été contraint par
389 390
l'opinion publique , ce à quoi le roi Guillaume lui réplique que ladite opinion avait été forgée par le ministère .
Autorisé à choisir son itinéraire, il choisit de passer par la Belgique, trajet plus court et
plus facile. Il se rend d'abord à Bouillon pour y loger la nuit du 3 au 4 septembre à
392
l’hôtel de la Poste . Le 4 septembre, il se rend à la gare de Libramont (alors la gare la
Napoléon III prisonnier, quitte Sedan
plus proche pour se rendre en Allemagne), où un train spécial l’attend. Durant le trajet de le 4 septembre 1870 pour se rendre
Bouillon à Libramont, l'Empereur visite une batterie d'artillerie pourvue de canons au château de Wilhelmshöhe près de
Wahrendorff, qui se chargent par la culasse, et dont l'armée belge a été dotée à l'instar de Cassel en Prusse.
l'armée prussienne. Napoléon se fait longuement expliquer le mécanisme. Puis, avec un
soupir, il se tourne vers sa suite : « Voilà donc, Messieurs, ce canon qui nous a
393
vaincus… » . À Jemelle, le train s'arrête en gare, et Napoléon rencontre son cousin le prince Pierre-Napoléon
w, 394
Bonaparte . Le convoi passe ensuite par Liège et s'arrête à Verviers où il loge la nuit du 4 au 5 septembre à l’hôtel du
395
Chemin de Fer . Finalement, le 5 septembre, il reprend le train pour se rendre à Cassel. Durant tout le trajet du château de
Bellevue près de Sedan au château de Wilhelmshöhe près de Cassel, l'Empereur est accompagné par le général prussien de
Boyen, aide de camp du roi Guillaume Ier de Prusse, et entre autres, le général Castelnau, son premier aide de camp. Durant la
traversée de la Belgique, il est aussi accompagné par le général Chazal, commandant l’armée belge d’Observation mobilisée dès
le début de la guerre.
Le 4 septembre 1870, à Paris, la foule envahit le palais Bourbon tandis que l'Impératrice Eugénie se réfugie chez le docteur
396
Thomas W. Evans, son dentiste américain, qui organise sa fuite vers l'Angleterre . Le gouverneur de Paris, Louis Jules
Trochu, reste passif et le régime impérial ne trouve guère de défenseurs, les soutiens traditionnels qu'étaient l'armée et la
paysannerie étant trop loin, le traumatisme lié à la capitulation et à la captivité de l'Empereur trop important et la pression
397
populaire à Paris et dans les grandes villes trop forte . Des députés (dont Léon Gambetta et Jules Simon) se rendent à l'hôtel
de ville de Paris et y proclament la République. Un gouvernement provisoire qui prend le nom de Gouvernement de la Défense
398
nationale est alors formé .
Médaille satirique monétiforme, frappée après la défaite de Sedan par les opposants
Avers : Revers :
« Napoléon III « Vampire de
le misérable - la France -
parjure & Paris 2
traître ». décembre
1851 - Sedan 2
septembre
1870 ».
Dans la plupart des départements français, le nouveau régime républicain est souvent accueilli dans l'indifférence. Dans un
premier temps, peu nombreux sont ceux qui prennent la défense de l'Empire, discrédité par la défaite. En captivité, l'Empereur
veut assumer sa part de responsabilité dans le déclenchement du conflit qui lui a coûté le trône impérial mais pas en endosser
l'entière responsabilité. Dès le 8 septembre 1870, il signe un premier récit intitulé Conduite de l'Empereur depuis le
commencement de la guerre puis donne des entretiens à la presse écrite, correspond avec
Émile Ollivier et publie Note sur l'organisation militaire de la Confédération
399
d'Allemagne du Nord dans laquelle il tente de se justifier et d'expliquer
l'enchaînement des faits depuis Sadowa, rappelant notamment son projet militaire (la loi
Niel) refusé par le Corps législatif.
Bien que discrédité par la défaite, il garde une réelle popularité dans les campagnes où
beaucoup de paysans tentent de s'opposer au remplacement de leurs maires en septembre
et octobre 1870. Des manifestations bonapartistes ont aussi lieu dans plusieurs
départements et provinces, notamment en Normandie, en Charentes, dans le Puy-de-
400
Dôme, dans le Limousin et en Corse . Napoléon III compte en fait sur la réunion des
conseils généraux, élus en août 1870, et qui pourraient voter, selon ses espérances et ses
renseignements, pour la restauration de l'Empire. Cependant, Gambetta met fin à ses
401
illusions en décrétant la dissolution de ces conseils . Il compte alors sur une éventuelle
consultation directe du peuple sur la nature du prochain régime par les autorités
françaises pour rétablir la situation tandis que le nouveau système de scrutin par liste
lamine les bonapartistes, obligés non seulement de faire liste commune avec les
monarchistes mais de le faire en rang modeste, ce qui ne permet le retour que de 20 de
402 Affiche placardée dans les
leurs élus sur 675 à la Chambre .
départements français après le
Le 1er mars 1871, l'Assemblée nationale, qui s'est réunie à Bordeaux, vote la déchéance 1er mars 1871.
officielle de Napoléon III et de sa dynastie, le déclarant « responsable de la ruine, de
403
l'invasion et du démembrement de la France ». Seuls six parlementaires votent contre .
L'Empereur ainsi déchu proteste, accusant l'Assemblée d'outrepasser ses pouvoirs, de se substituer à la volonté de la Nation et
403
réclame un plébiscite .
Fin de captivité
Mort et inhumation
Une troisième opération est prévue plus tard, mais son état s'aggrave. Le 9 janvier 1873, à 10 h 45, Napoléon III meurt à l'âge de
404
64 ans, dans sa résidence de Camden Place . Une polémique naît alors dans les milieux scientifiques sur la cause de la mort de
Napoléon III. Les Français, regrettant que les opérations subies n'aient pas respecté les protocoles expérimentés en France depuis
de longues années, attribuent la mort aux suites des opérations. L'Anglais Thompson prétend au contraire que l'état de la vessie
408
en était la cause .
Près de 60 000 personnes, dont un dixième de Français comprenant une délégation d'ouvriers conduite par Jules Amigues,
viennent se recueillir devant le corps et participer à l'inhumation le 15 janvier 1873 à Chislehurst (aujourd'hui dans le borough
409
londonien de Bromley) .
Par la suite, sa veuve, l'impératrice Eugénie lui construit un mausolée à l'abbaye Saint-Michel (St Michael's Abbey) qu'elle avait
fondée en 1881 à Farnborough dans le sud de l'Angleterre et où il repose depuis à ses côtés (elle est décédée en 1920) ainsi
qu'auprès de leur fils unique, le prince impérial Louis Napoléon, enrôlé volontaire dans l'armée britannique et tué en juin 1879, à
410, 411
23 ans, en Afrique du Sud par les Zoulous au cours d'une patrouille lors de la guerre anglo-zouloue .
La question du rapatriement en France de la dépouille de Napoléon III est quelquefois évoquée depuis la fin du xxe siècle par des
personnalités politiques, mais sans le soutien des descendants de la famille impériale ni demande officielle de la France.
« Napoléon III a longtemps été victime d'une légende noire, d'une caricature forgée par ses
nombreux ennemis politiques, les républicains, les royalistes, les libéraux… » pour reprendre les
412
mots du professeur d'histoire contemporaine Guy Antonetti . Selon les détracteurs et
opposants du dernier empereur des Français, il est à la fois un « crétin » (Thiers), « Napoléon le
petit » ou « Césarion » (Victor Hugo), Badinguet, du nom du peintre sous le déguisement duquel
il s'échappa de la forteresse de Ham et la représentation symbolique d'« une espèce d'aventurier
sans scrupules, et d'arriéré mental ridicule, un mélange de satrape débauché et de démagogue
412
fumeux, bref un pantin insignifiant » quand il n'est pas surnommé « L'homme du 2
413, 414
décembre » ou Boustrapa (de ses trois coups d’État : Boulogne, Strasbourg et Paris) .
Si la « légende noire » est si souvent évoquée pour parler de Napoléon III et de son règne, et que
415
le Second Empire a eu « longtemps mauvaise presse » , il le doit à son caractère autoritaire et
répressif et à sa fin sans gloire dans la désastreuse guerre franco-prussienne. Apparemment peu
y
doué pour la prophétie, Louis Pasteur, fervent bonapartiste affligé par la chute de l'Empire,
déclarait alors confiant que « malgré les vaines et stupides clameurs de la rue et toutes les lâches
Encensé par le clergé, la
défaillances de ces derniers temps, l'Empereur peut attendre avec confiance le jugement de la
416 magistrature et l'armée,
postérité. Son règne restera comme l'un des plus glorieux de notre histoire » .
Louis-Napoléon Bonaparte
célèbre sa « victoire » en se
Même les réussites qui caractérisent le Second Empire ne sont pas nécessairement dénuées
hissant jusqu'au trône
d'aspects ambivalents et sont critiquées par les contemporains. Les acquits territoriaux de 1860
impérial juché sur une pile
(Nice et la Savoie) obtenus à la suite d'une guerre victorieuse contre l'Autriche sont aussi oubliés,
de cadavres, victimes du
effacés par le traumatisme que constitue alors la perte de l'Alsace et de la Moselle et marquant
coup d'État du
durablement la conscience nationale jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Non
2 décembre 1851.
seulement Napoléon III est sujet d'une légende noire et aussi parfois rose mais c'est également le
Illustration d'Ernest Yan'
cas des événements qui caractérisent son régime politique, notamment sa prise de pouvoir. Ainsi Dargent pour Histoire d'un
l'historien Maurice Agulhon utilise aussi les termes de légende noire et de légende rose pour les crime de Victor Hugo.
différentes versions ou approches données à l'insurrection en province au moment du coup
d'État, notamment le fait que les historiens républicains tendaient à minimiser « les faits de lutte
417
des classes » qui la sous-tendait .
Par ailleurs, l'œuvre de Victor Hugo, bâtie sur l'opposition permanente entre la gloire de Napoléon Ier et la bassesse tyrannique
prêtée à Napoléon III, contribua considérablement à asseoir l'image d'un despote médiocre et sans scrupules. L'écrivain Émile
412
Zola, circonspect sur l'Empereur dont il note la complexité et qu'il appelle « l'énigme, le sphinx » , rappela ainsi dans ses
romans la spéculation effrénée et la corruption nées de l'« haussmannisation » et de la flambée boursière (La Curée, L'Argent), le
choc que l'irruption des grands magasins représenta pour le petit commerce (Au Bonheur des Dames), la dureté des luttes
sociales sous Napoléon III (Germinal). Toutefois, le même Émile Zola démontra comment le même homme pouvait être regardé
différemment en fonction du camp idéologique où l'on se situait, des revirements idéologiques ou des métamorphoses de
418
418
l'âge , en écrivant que « Le Napoléon III des Châtiments, c'est un croquemitaine sorti tout
botté et tout éperonné de l'imagination de Victor Hugo. Rien n'est moins ressemblant que ce
portrait, sorte de statue de bronze et de boue élevée par le poète pour servir de cible à ses traits
419
acérés, disons le mot, à ses crachats » .
Dans sa biographie, Éric Anceau note particulièrement que la IIIe République s'édifie sur les ruines du Second Empire et en
opposition à Napoléon III, à sa famille et à ses proches voués à l'opprobre. Il paie ainsi la personnalisation du régime césarien et,
qualifié d'« aventurier qui avait trompé les Français pour accéder au pouvoir », devient un bouc émissaire commode, tenu pour
425, z
seul responsable de la défaite et de la mutilation du territoire français . Alors qu'Eugénie était dénigrée en raison de sa
dévotion religieuse ou de son origine espagnole, le préfet Haussmann était lui aussi victime de l'hallali intellectuel exprimé
notamment dans les ouvrages publics de la IIIe République à l'instar du Grand dictionnaire universel du xixe siècle de Pierre
426
Larousse en 1876 .
427
Si l'Empereur est, selon Pierre Milza, l'objet d'un « déferlement de haines » au travers de pamphlets, caricatures et chansons
428
qui le présentent comme un despote vénal et immoral , l'historien confirme que ces invectives ont lieu surtout au moment où le
régime républicain n'est pas encore installé, et doit encore se construire et s'enraciner. Non seulement tout nom relatif à la
425
toponymie impériale est éliminé de la voie publique, à l'exception des batailles remportées durant le régime , mais la nouvelle
légitimité républicaine exige alors que tous les mythes sur lesquels reposaient le précédent pouvoir, telle l'image idéalisée du
429
« sauveur de la nation », soient abattus et discrédités .
424
Précisant être un « républicain qui ne nourrit aucune nostalgie à l'égard de l'Empire » , Pierre Milza note cependant, au travers
de plusieurs commémorations concrètes officielles intervenues depuis les années 1980, les prologues de ce qu'il considère,
comme « l'ultime étape d'une réhabilitation tardive et inachevée » : le rapatriement des cendres de Napoléon III, de son épouse et
430
de leur fils, à l'instar de ceux de Napoléon Ier .
Ainsi, en 1988, pour la première fois en 118 ans, un gouvernement français s'était fait représenter lors d'une cérémonie organisée
à la mémoire de Napoléon III et avait envoyé un détachement de la Garde républicaine rendre les honneurs de l'État à l'ancien
431
empereur lors d'une messe de requiem en l'église Saint-Louis-des-Invalides . En 2008, prenant la suite de plusieurs demandes
antérieures d'origines diverses, Christian Estrosi, alors secrétaire d'État français à l'Outre-Mer et candidat à la mairie de Nice,
demandait le rapatriement des cendres de Napoléon III pour 2010, année du 150e anniversaire du rattachement du comté de Nice
432
à la France . Enfin, lors de son hommage public et national au président de la Cour des Comptes Philippe Séguin le
12 janvier 2010, le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer déclarait que celui qui fut aussi l'auteur en 1990 de
Louis-Napoléon le grand, en « rompant avec la tradition héritière de Victor Hugo », « entreprit de réhabiliter la mémoire de
Napoléon III, substituant au personnage caricatural de Badinguet la vision d’un empereur moderniste et soucieux du bien
433
commun, qui équipa et enrichit la France » .
Historiographie
Après la mort de Napoléon III, le régime impérial est longtemps résumé historiquement
et politiquement, du moins en France, comme un tout dont l'identité se résume au coup
d'État, le péché originel du Second Empire, à la débâcle militaire, à l'affairisme et à la
dépravation morale. Néanmoins, les études britanniques se distinguent dès les années
ab Statue équestre de Napoléon III,
1870 car, au côté d'ouvrages « violemment » hostiles , paraissent dès cette époque des
438, 439 réalisée par Francesco Barzaghi
études beaucoup plus nuancées .
(1839–1892), Parc Sempione, Milan,
Dans les années 1890, des personnalités commencent à produire des ouvrages Italie.
dépassionnés des enjeux politiques, à une époque où le mouvement bonapartiste est en
voie d'extinction. Ainsi, Pierre de La Gorce écrit une Histoire du Second Empire en sept
440
volumes dont la première version, rédigée sur fond du scandale de Panama, reste néanmoins
hostile au souverain. Cependant, avec cet auteur, « on sort du journalisme pour entrer dans
434
l'histoire générale » tandis qu'Émile Ollivier publie ses mémoires consacrés à L'Empire
441
libéral .
Après la Première Guerre mondiale, alors que la France a repris possession des territoires perdus en 1870, Napoléon III fait
l'objet de biographies plus favorables voire romancées tandis que l'historiographie officielle porte la marque d'une révision des
jugements portés sur l'Empereur et son régime. À l'étranger, il est également objet de nombreuses biographies, surtout en
Angleterre mais dans les années 1930, il est selon Éric Anceau l'objet de « parallèle hasardeux » sur fond de montée du
446
fascisme .
Après la Seconde Guerre mondiale, le Second Empire est enfin étudié vraiment scientifiquement par de nombreux universitaires
historiens ou économistes (Charles-Hippolyte Pouthas, Jean Bouvier, Alain Plessis, René Rémond, Maurice Agulhon, Jeanne
Gaillard, Jean Sagnes, etc.) tandis que Napoléon III fait l'objet de premières études approfondies par les historiens Adrien
447, 448 449 450
Dansette et Louis Girard et par l'historien britannique William Smith . Maurice Agulhon note que « l’histoire
451
économique et culturelle » du Second Empire se caractérise par « une période prospère et brillante » . Sur le régime politique
452
qui s'installe en décembre 1851, le même historien parle de « dictature bonapartiste » , au moins pour la première année qui
453 454
suit le coup d'État jusqu'à l'avènement de l'Empire . Pierre Milza parle de « dictature napoléonienne » mais si pour lui le
455
« caractère dictatorial et policier du régime » ne saurait être contesté , il en est différemment pour Éric Anceau selon lequel le
bonapartisme du troisième Napoléon se caractérise notamment par « l'absence de tout État policier, ne serait-ce que par le défaut
456
des moyens et par la subversion précoce du régime par les notables » . Toutefois, Pierre Milza souligne que « rares sont les
455
dictatures européennes dont l’évolution s’est opérée comme celle-ci dans le sens de la libéralisation » alors que « la
république bourgeoise et réactionnaire, à laquelle le coup d'État a mis fin, n'avait plus grand-chose à voir avec les espoirs de
457
démocratie et de justice de février 1848 » . Pour Milza, « le césarisme couronné qui [fait suite à la république consulaire de
1852] ne saurait être assimilé ni aux monarchies absolues relevant de l'ordre divin, ni aux régimes d'état de siège visant à
458
maintenir par la seule force des baïonnettes le pouvoir d'une quelconque oligarchie » . Pour Louis Girard, Napoléon III, qui
459
« n'a jamais envisagé la démocratie autrement que s'incarnant dans un chef » , est aussi fort différent des dictateurs du
e
xx siècle non seulement parce qu'il se réfère aux principes de 1789 (a contrario de tous les dictateurs) mais aussi, entre autres,
que la notion de rassemblement national qu'il souhaite réaliser derrière lui est fort différente de la notion de parti unique (il
459
n'existe pas de parti bonapartiste sous l'Empire) et qu'il voulait, à terme, pouvoir doter son pays d'institutions analogues à
460
celles de la Grande-Bretagne, attendant pour cela une évolution des mœurs politiques .
461
Les années 1990, commencées avec la parution de Louis Napoléon le Grand par l'ancien ministre Philippe Séguin et les
462, 463
années 2000 poursuivent ce renouveau historiographique du Second Empire , qui va globalement dans le sens d'une
113, 464, 465
réhabilitation de Napoléon III et de son règne . Si pour l'historien Pierre Milza, reprenant la suite de Louis Girard, le
466 455
Second Empire est une « étape » plus progressiste que régressive dans la démocratisation de la France , une période qui
466
« a familiarisé les Français avec le vote » et que « la dénonciation du césarisme, réel ou supposé, appartient à la culture de la
467
République parlementaire » , il estime aussi que le régime politique de Napoléon III « appartient à la galaxie
458 455
démocratique » et qu'il a su évoluer dans le sens de la libéralisation . Il note par ailleurs que « les historiens, les politistes,
les spécialistes de l'histoire des idées et de la philosophie de l'histoire ont entrepris de réexaminer le bonapartisme et de replacer
468, ac
celui-ci dans la longue durée, ce qui a permis de considérer sous un jour nouveau le bilan de l'Empire » .
Les archives du ministère de la maison de l'Empereur, sous Napoléon III, sont conservées aux Archives nationales dans la sous-
469
série O/5 .
Généalogie
Ascendance
Ascendance de Napoléon III
L'arbre qui suit s'appuie sur l'ouvrage de Joël Aubailly, Les Ancêtres de Napoléon III, aux éditions Christian, édité en 2008
(ISBN 2864960699).
Descendance
Les 23 et 30 janvier 1853, Napoléon III épouse, à Paris, Eugénie de Montijo (1826-1920), comtesse de Teba. Cette dernière est
la fille de Cipriano de Palafox y Portocarrero (1785-1839), comte de Montijo et grand d'Espagne, et de son épouse María
Manuela Kirkpatrick (1794-1879). Du mariage de Napoléon III et d'Eugénie naît un fils unique :
Outre son unique fils légitime, Napoléon III a eu de nombreux enfants naturels avec ses multiples maîtresses. On peut citer :
Eugène (Alexandre-Louis) Bure (1843-1910), comte d'Orx et Alexandre (Louis-Ernest) Bure (1845-1882),
470
comte de Labenne, enfants d'Éléonore Vergeot . Avec postérité en ligne féminine pour le premier-né ;
Charles Blanc ou Charles Lebœuf (24 février 1864 – 11 décembre 1941), fils de Napoléon III et de Julie
Lebœuf (1840-1886), de son nom de scène Marguerite Bellanger, avec qui l'empereur a une liaison en 1862-
1864. Des doutes existent cependant sur l'identité réelle, moins du père que de la mère. Julie Lebœuf aurait
fait une fausse couche mais aurait simulé un accouchement sur ordre de l'empereur pour permettre au baron
Haussmann de placer le fils de sa fille cadette, Valentine Haussmann (1843-1901), elle aussi enceinte de
471
l'empereur . Cependant, la paternité de Jules Hadot (1865-1937), fils de Valentine Haussmann, fut aussi
attribuée à Napoléon III ;
Arthur Hugenschmidt (1862-1929), chirurgien-dentiste, qui d'après la rumeur serait le fils de Virginia Oldoini,
comtesse de Castiglione (1837-1899), maîtresse de Napoléon III en 1856-1857 ;
472
Jules Hadot (1865-1939), fils de Valentine Haussmann marié à Anne Claveau (d'où postérité) :
1. Napoleon Hadot marié à Henriette Dupont de l'Eure,
2. Jeanne Hadot marié à Ange Luiggi, marquis de Luiggi-Giafferi,
Georges Feydeau (1862-1921), fils de Léocadie Boguslawa Zalewska, épouse d'Ernest Feydeau, dont la
paternité est parfois attribuée au duc de Morny, demi-frère de Napoléon III ;
473
Bonaventur Karrer (1839-1921) , fils de Maria Anna Schiess (1812-1880), Allensbach (lac de Constance,
en Allemagne) ;
Benoni Depuille, fils d'Armance Depuille (1830-1913), épouse légitime de François Isidore
Depuille [réf. nécessaire] ;
Christian Corbière, fils de Pascalie Corbière (née en 1828), nourrice des enfants adultérins de l'empereur et
épouse légitime d'Auguste Corbière, deuxième cocher de l'empereur ;
Y. Rayer, né en 1861, fils de la marquise d'Escayrac de Lauture née Marie Rayer, fille de Pierre Rayer,
médecin de l'empereur.
Ses relations avec Elizabeth-Ann Haryett (1823-1865, dite Miss Howard, faite comtesse de Beauregard), la comtesse Marianne
Walewska (1823-1912), épouse du comte Walewski, ministre des Affaires étrangères de 1855 à 1860 — lui-même fils de Marie
Walewska et de Napoléon Ier — et avec la comtesse Louise de Mercy-Argenteau (1837-1890) n'ont pas donné de postérité.
Une éventuelle descendance par un fils né de sa relation avec Mlle Sauvez, connue durant son emprisonnement à Ham n'est pas
prouvée.
Titulature
20 avril 1808 – 13 juillet 1810 : Son Altesse Impériale et Royale
le prince Charles-Louis de Hollande, prince français Napoléon III
13 juillet 1810 – 6 avril 1814 : Son Altesse Impériale le prince
Charles-Louis Napoléon, prince français
6 avril 1814 – 20 mars 1815 : Son Altesse Impériale le prince
Charles-Louis Napoléon, « prince français »
20 mars 1815 – 8 juillet 1815 : Son Altesse Impériale le prince
Charles-Louis Napoléon, prince français
Formules de politesse
8 juillet 1815 – 20 décembre 1848 : Son Altesse Impériale le
prince Charles-Louis Napoléon, « prince français » Indirecte Sa Majesté Impériale
20 décembre 1848 – 2 décembre 1852 : Son Excellence le Directe Votre Majesté Impériale
prince Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République
française, ou Son Altesse Impériale Louis-Napoléon Bonaparte, Alternative Sire
le prince-président
2 décembre 1852 – 1er mars 1871 : Sa Majesté Impériale l'empereur des Français
1er mars 1871 – 9 janvier 1873 : Sa Majesté Impériale l'empereur Napoléon III
Les collections publiques françaises possèdent la quasi-totalité des ordres, décorations et médailles de Napoléon III. Cet
ensemble unique retrace son accession à la présidence de la République, le 10 décembre 1848, jusqu'à sa chute et la
proclamation de la République, le 4 septembre 1870, en passant par le coup d'État du 2 décembre 1851, le rétablissement de
474
l'Empire, le 1er décembre 1852, ses campagnes militaires et alliances internationales .
Décorations françaises
Grand-croix de la Légion d'honneur (1848) (Grand maître de l'ordre (1848-1870) en tant que
Président de la République et Empereur par la suite)
Médaille militaire (1852)
Médaille commémorative de la campagne d'Italie (1859)
Décorations étrangères
Liste chronologique des ordres et décorations étrangers reçus par Louis-Napoléon Bonaparte, Prince-président (1848-1852),
puis Empereur des Français (1852-1870)
Chevalier de 1re classe de l'ordre de Pie IX (Saint-Siège) 1849
Chevalier de l'Annonciade (Sardaigne) 13/07/1849
Grand-croix de l'ordre de Saint-Joseph (grand-duché de Toscane) 1850
Ordre de la Toison d'or (Espagne) 17/09/1850
Décoré du Nishan hors classe (Turquie) 1849-1951
Grand-croix de l'ordre de Louis (grand-duché de Hesse) 18/07/1852
Grand-croix de l'ordre de la Tour et de l'Épée (Portugal) 3/08/1852
Chevalier de l'ordre de la Couronne de Rue (Saxe) 29/12/1852
Grand-croix de l'ordre de la Croix du Sud (Brésil) 23/03/1853
Chevalier de l'ordre de Saint-Hubert (Bavière) 22/09/1853
Grand-croix de l'ordre de Saint-Ferdinand et du Mérite (Deux-Siciles) 1854
Grand-croix de l'ordre de Notre-Dame de Guadalupe (Mexique) 12/01/1854
Grand Cordon de l'ordre de Léopold (Belgique) 15/02/1854
Grand-croix de l'ordre de la maison ernestine de Saxe (duché de Saxe-Cobourg et Gotha) 1/03/1854
Ruban des Trois ordres (Portugal) 7/10/1854
Grand-croix de l'ordre de Saint-Étienne (Autriche) 1854
Chevalier de l'ordre de la Jarretière (Royaume-Uni) 18/04/1855
Chevalier de l'ordre de l'Éléphant (Danemark) 2/08/1855
Grand-croix de l'ordre militaire de Guillaume (Pays-Bas) 13/09/1855
Grand-croix de l'ordre militaire de Savoie (Sardaigne) 28/09/1855
Chevalier de l'ordre du Séraphin (Suède) 10/10/1855
Chevalier 1re classe de l'ordre du Médjidié (Turquie) 1855
Chevalier de l'ordre de la Fidélité (Bade) 17/04/1856
Grand-croix de l'ordre du Lion de Zaeringen (Bade) 17/04/1856
Chevalier de l'ordre de l'Aigle noir (Prusse) 8/06/1856
Chevalier de 1re classe de l'ordre de l'Aigle rouge (Prusse) 8/06/1856
Grand-croix de l'ordre de la Couronne de Wurtemberg 1856
Chevalier de l'ordre de Saint-André (Russie) 11/06/1856
Chevalier de l'ordre de Saint-Alexandre Nevski (Russie) 11/06/1856
Chevalier de l'ordre de l'Aigle blanc (Russie) 11/06/1856
Chevalier 1re classe de l'ordre de Sainte-Anne (Russie) 11/06/1856
Insigne de classe exceptionnelle de l'ordre du Lion et du Soleil (Perse) 1856
Chevalier de l'ordre du Lion d'or (Hesse-Cassel) 10/01/1858
Chevalier de l'ordre du Lion d'or de la maison de Nassau (Nassau) 2/05/1858
Médaille d'or de la Valeur militaire (Sardaigne) 4/06/1859
Chevalier de l'ordre de Saint-Georges (Hanovre) 1860
Décoré du Nichan ad-Dam (ordre du Sang) (Tunisie) 17/09/1860
Grand-croix de l'ordre du Faucon blanc (Saxe-Weimar) 14/11/1860
Décoré de l'ordre de Siam (Siam) 1861 ?
Chevalier grand-croix de première classe de l'ordre de l'Épée (Suède) 26/08/1861
Chevalier 1re classe de l'ordre de l'Osmanié (Turquie) avec diamants 1862
Grand-croix de l'ordre du Sauveur (Grèce) 1863 ?
Grand-croix de l'ordre de l'Aigle mexicaine (Mexique) 1/01/1865
Grand-croix de l'ordre de Saint-Jacques de l'Épée (Portugal) 3/04/1865
Grand-croix de l'ordre de Santa-Rosa et de la Civilisation (Honduras) 1868
Grand-croix de l'ordre de Saint-Charles (Monaco) 1869
Armoiries de Étendard de
Napoléon III : d'azur Napoléon III.
à l'aigle
napoléonienne d'or
empiétant un foudre
475
du même .
Voir aussi
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Sources primaires
Œuvres
Rêveries politiques, 1832.
Considération politiques et militaires sur la Suisse, 1833.
Manuel d'artillerie à l'usage des officiers d'artillerie de l'armée helvétique, Zurich, Füssli, 1834.
L'Extinction du paupérisme, Paris, Pagnerre, 1844.
« Des idées napoléoniennes (https://archive.org/details/napoleonicideasd00napouoft) », sur archive.org
(consulté le 7 juillet 2016), Paris, Plon, 1860 (d'abord paru en 1839).
Discours
La politique impériale exposée par les discours et proclamations de l'Empereur Napoléon III (https://gallica.bn
f.fr/ark:/12148/bpt6k5408638z/f10.image.langFR) sur Gallica.
Œuvres de Napoléon III, cinq volumes, Paris, Plon, Amyot, 1854-1869.
ad
Histoire de Jules César, deux volumes, Paris, 1865 et 1866, sur un total de six volumes . Lire en ligne (http
s://archive.org/details/histoiredejulesc01napoiala).
Œuvres posthumes, La Chapelle, 1973.
Pensées politiques réunies par Francis Choisel, SPM, 2021.
Paul Belouino, Histoire d'un coup d'État, 1852 (lire en ligne (https://books.google.com/books?id=_ERBAAAAIAAJ&dq=cou
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epage&q=&f=false)).
Frédéric Briffault, Le Prisonnier de Ham, Plon, 1849 (lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=IqQ9AAAAYAAJ&dq=i
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s)).
Victor Duruy, Notes et souvenirs, trois tomes, Éditions Paleo, coll. « Sources de l’histoire de France », 2005.
Charles-Ferdinand Gambon, Dans les bagnes de Napoléon III, Presses universitaires de France, 1983.
Victor Hugo, Histoire d'un crime, écrit en 1852 mais publié en 1877 (lire en ligne (https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_
168
d%E2%80%99un_crime)) (le récit du coup d'État du 2 décembre, vu par l'écrivain et élu de la République ).
Victor Hugo, Napoléon le Petit, 1852 (lire en ligne (https://fr.wikisource.org/wiki/Napol%C3%A9on_le_Petit)).
Maurice Joly, Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, Bruxelles, Éd. A. Mertens et fils, 1864 (lire
en ligne (https://fr.wikisource.org/wiki/Dialogue_aux_enfers_entre_Machiavel_et_Montesquieu)).
Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, publié en 1852, révisé en 1869 (lire en ligne (https://www.marxists.o
rg/francais/marx/works/1851/12/brum.htm)).
Émile Ollivier, « Le Prince Louis-Napoléon avant la révolution de 1848 », Revue des deux Mondes,
décembre 1895 (lire en ligne (https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Prince_Louis-Napol%C3%A9on_avant_la_r%C3%A9volution_de_18
48)).
Émile Ollivier, L’Empire libéral, Études, récits, souvenirs, 18 tomes, Garnier, 1895-1916.
Comte Horace de Viel-Castel, Mémoires sur le règne de Napoléon III : 1851-1864, coll. « Bouquins », Robert
Laffont, 2005.
Bibliographie
Articles connexes
Second Empire
Style Second Empire
Napoléon III (timbre)
Liste des émissions de franc français sous le Second Empire
Pont Napoléon (Luz-Saint-Sauveur)
Solférino (Landes)
Saint-simonisme
Pierre Rayer
Fondation Napoléon
Exposition universelle de 1867
Eugène Viollet-le-Duc
Liens externes
Archives en ligne
« Les archives des voyages officiels de l’empereur Napoléon III et de l’impératrice Eugénie (http://www.siv.arc
hives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_029840) », sur siv.archives-nationales.culture.gouv.fr
(consulté le 8 novembre 2016).
« Les archives de la gestion des travaux aux résidences et aux palais impériaux pour le Second Empire (htt
p://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_054196) », sur siv.archives-
nationales.culture.gouv.fr (consulté le 16 novembre 2016).
« Les archives des dons aux musées impériaux et des encouragements aux artistes prodigués par
l’Empereur Napoléon III (http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_054816) », sur
siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le 19 novembre 2016).
Notes et références
Notes
a. Il est officiellement déchu de ses fonctions par l'Assemblée nationale le 1er mars 1871.
b. Victor Hugo le qualifiait de « Napoléon le Petit » par rapport à Napoléon Ier. Voir Napoléon le petit, Victor Hugo,
éd. Jeffs, 1862.
c. Le Siècle, L'Opinion nationale ; il s'agit là d'une liste non exhaustive citée par Milza 2007, p. 744 dans le
chapitre « La légende noire ».
d. Milza 2007, p. 741 et suivantes. Sur la légende noire, l'historien écrit : « globalement, l'historiographie
républicaine, en position dominante dans l'université française, conserve au moins jusqu'en 1914 une position
critique vis-à-vis de Napoléon III », « en 1919, la principale hypothèque pesant sur le régime impérial se trouva
fortement allégée, la voie était ouverte à la réhabilitation d'une période dont on découvrait à quel point elle avait
été pour la France une ère de prospérité, de modernisation et de rayonnement international », « L'ouvrage qui,
par l'ampleur de sa documentation, largement fondée sur l'examen des archives et par la finesse de ses
analyses, marque un véritable tournant dans la compréhension du phénomène Napoléon III est celui d'Adrien
Dansette publié en deux volumes […], Plus près de nous, les deux synthèses qui, dans des perspectives
différentes, constituent à la fois une approche biographique en bonne et due forme et une interprétation
politique du personnage ont pour auteur Louis Girard […] et Philippe Séguin ».
e. Séguin 1990, p. 15-19 « Napoléon III devint véritablement un objet historique au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale », « Les universitaires ne le boudèrent plus comme jadis. Ils refusèrent de laisser encore à des
amateurs plus ou moins éclairés le monopole de l'évocation d'une personnalité de cette importance », « Adrien
Dansette fut le premier à proposer un portrait réellement équilibré de Napoléon III ». L'auteur souligne
également l'importance de Louis Girard mais aussi de Thierry Lentz.
f. Personnage pour le moins douteux, fils adoptif du non moins douteux marquis de Sémonville, Charles-Tristan
de Montholon est un agent double que le gouvernement français a employé, à Londres, pour surveiller le prince
Louis-Napoléon. Mais Montholon a trompé Thiers en lui faisant croire que l'opération aurait lieu à Metz.
g. L'opinion publique se passionne bien davantage pour le procès, devant la cour d'assises de Tulle, de Mme
Lafarge, accusée d'avoir empoisonné son mari, et condamnée aux travaux forcés à perpétuité le 19 septembre.
h. Sur 312 pairs, 160 s'abstiennent et 152 votent l'emprisonnement perpétuel. « On ne tue pas les fous, soit ! mais
on les enferme », affirme le Journal des débats (cité par Antonetti 1994, p. 818).
i. La gauche (à ne pas confondre avec les « républicains ») assume l'héritage de la Révolution de 1789 et se
constitue, après les élections législatives françaises de 1849, dans le groupe parlementaire de la Montagne en
1849.
j. Pourtant alors majoritaire à l'assemblée avec plus de 500 membres.
k. Actuel 6e arrondissement.
l. « Y a-t-il eu des balles perdues ou le tir d'un provocateur ? […] en tout cas, ce fut le signal d'une fusillade
panique, sans ordres ». Girard 1986, p. 153.
m. Zola prend l'insurrection du Var comme point de départ de sa grande saga Les Rougon-Macquart.
n. L'historien considère notamment que « tout est affabulation et volonté de diabolisation » dans le récit que fait
Victor Hugo de la fusillade des grands boulevards à Paris.
o. Morny ne revient en grâce auprès de Louis-Napoléon qu'à la veille du rétablissement de l'Empire.
p. L'abstention a atteint plus de 40 % des suffrages en Vendée, dans le Maine-et-Loire, dans le Morbihan et dans
les Bouches-du-Rhône.
q. Le roi de Rome ayant été proclamé Napoléon II par son père en juin 1815, Louis Napoléon a choisi de
respecter la continuité dynastique. Milza 2007, p. 285.
r. Eugène Labiche a été l'un des premiers artistes à publiquement apporter son soutien au coup d'État de Louis-
Napoléon. Milza 2007, p. 554.
s. Le Mercantour ne rejoint la France qu'en 1947.
t. « J'ai eu confiance en Bismarck et il m'a trahi » cité par Anceau 2008, p. 441.
u. Ce château fut la résidence de Jérôme Bonaparte, oncle de Napoléon III et frère de Napoléon Ier, lorsqu'il fut roi
de Westphalie de 1807 à 1813. Il avait rebaptisé le château « Napoleonshöhe ». Napoléon III y séjourna
lorsqu'il avait 4 ou 5 ans.
v. Louis IX à la bataille de Fariskur en 1250, Jean II le Bon à la bataille de Poitiers en 1356, et François Ier à la
bataille de Pavie en 1525.
w. Pierre-Napoléon Bonaparte avait assassiné, le 10 janvier 1870, le journaliste Victor Noir. Il se réfugia à
Rochefort en Belgique où il avait une maison depuis de longues années.
x. Le nom de Camdem Place vient de son premier occupant, William Camden (1551–1623), un historien,
antiquaire et topographe anglais.
y. Présenté à l'Empereur en 1863, Louis Pasteur avait publié ses Études sur le vin (1866) en les dédiant à
Napoléon III.
z. Anceau 2008, p. 15 : « L'image négative du souverain domina au lendemain de la défaite contre les Allemands
à Sedan et de la chute du Second Empire […]. Cette vision [d'aventurier qui a trompé les Français] permettait
aux républicains, désormais au pouvoir, de faire à bon compte de l'ancien Maître de la France un repoussoir et
plus largement, à la nation de trouver un bouc émissaire commode pour tous les malheurs qui venaient de
s'abattre sur elle ».
aa. Girard 1986, p. 422-423. Dans son ouvrage, Louis Girard précise également que le dernier vote plébiscitaire de
1870 était « absolument libre » (p. 507) et que la surveillance de la presse par l'Empire ne l'a pas empêché
d'être, selon lui, « l'une des époques les plus brillantes du journalisme français, surtout après 1860 »,(p. 508).
ab. Par exemple, les ouvrages d'Alexander William Kinglake, connu pour son aversion pour l'ex-empereur : Histoire
du 2 décembre 1851 et Portrait historique de Napoléon III, Londres/Bruxelles/New York, J. Chapman, 1867,
parus en France en 1873.
ac. Sur le jugement des historiens, voir Milza 2007, p. 746 et suivantes.
ad. Œuvre collective dont la préface et les deux premiers volumes sont principalement rédigés par Napoléon III.
ae. Philippe Séguin est historien de formation mais non de profession ; son livre a cependant, en son temps,
marqué le début d'un intérêt nouveau des historiens pour le sujet.
Références
1. « Quand Louis-Napoléon Bonaparte, condamné à perpétuité, s’échappait déguisé en ouvrier (https://www.20mi
nutes.fr/societe/evasion/4045940-20230801-quand-louis-napoleon-bonaparte-condamne-perpetuite-echappait-
deguise-ouvrier) », sur 20minutes (consulté le 1er août 2023)
2. Milza, p. 13-14.
3. Arthur-Léon Imbert de Saint-Amand, Louis-Napoléon et mademoiselle de Montijo, Paris, Lethielleux, 1918.
4. Michel Peyramaure, Napoléon, t. II : l'aigle et la foudre : chronique romanesque, Paris, Robert Laffont, 1991.
5. Éric Anceau, Napoléon III, Paris, Texto, 30 août 2012.
6. Milza 2007, p. 20-21.
7. Milza 2007, p. 46.
8. Milza 2007, p. 36.
9. Milza 2007, p. 34 et 46.
10. Anceau 2008, p. 36-46.
11. (de) Johannes Willms, Napoléon III. Frankreichs letzter Kaiser. Beck, Munich 2008.
12. Milza 2007, p. 50 et suivantes.
13. Milza 2007, p. 56-57.
14. Il y aura notamment pour camarade le futur colonel d'artillerie suisse Edouard Burnand (père du peintre Eugène
Burnand), qui fut chef de l'artillerie fédérale au grand état-major du général Herzog pendant la guerre franco-
prussienne de 1870 (cf. Le livre du recteur de l'Académie de Genève (1559-1878), publié sous la direction de
Sven Stelling-Michaud (Professeur à la Faculté des Lettres), tome II: Notices biographiques des étudiants
(volume 1: A - C) rédigées par Suzanne Stelling-Michaud, Librairie Droz, 1959 (ISBN 2600031936),
9782600031936, sous l'entrée « Burnand [Alexandre-David-Charles]-Edouard, de Moudon (Vd) », p. 382).
15. Milza 2007, p. 58-59.
16. Milza 2007, p. 59 et suivantes.
17. Milza 2007, p. 62 et suivantes.
18. Milza 2007, p. 68.
19. P.L. Jacob, Histoire politique, anecdotique et populaire de Napoléon III, éd. Dufour, Mulat et Boulanger, 1853.
20. Milza 2007, p. 72-77.
21. Milza 2007, p. 80-81.
22. En fait, il reçoit la bourgeoisie d'honneur de la commune de Salenstein (commune sur laquelle se trouve le
château d'Arenenberg, dans le district de Kreuzlingen, canton de Thurgovie), sans toutefois renoncer à sa
nationalité française (cf. Dominic Pedrazzini, "Napoléon III" in Dictionnaire historique de la Suisse (DHS),
version du 02.11.2010, en ligne: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/023316/2010-11-02/, consulté le 11.09.2021).
23. Expression de Georges Roux, Napoléon III, Flammarion, 1969. Cité par Édouard Boeglin, « Napoléon III,
citoyen suisse (http://www.alsapresse.com/jdj/98/08/12/MA/3/article_14.html) », sur alsapresse.com
24. Girard 1986, p. 75.
25. Milza 2007, p. 84.
26. Girard 1986, p. 28-29.
27. Girard 1986, p. 28.
28. Girard 1986, p. 30.
29. Milza 2007, p. 86-87.
30. George Sand, Lettre (à Chopin ?) décembre 1848, citée par Jean Chalon, Chère George Sand, Flammarion,
1991, p. 310.
31. Antonetti 1994, p. 770-772.
32. Girard 1986, p. 33-34.
33. Girard 1986, p. 35.
34. Girard 1986, p. 39.
35. Girard 1986, p. 37.
36. Girard 1986, p. 38.
37. Milza 2007, p. 105 et suivantes.
38. Milza 2007, p. 107.
39. Milza 2007, p. 109.
40. Milza 2007, p. 109-110.
41. Milza 2007, p. 110.
42. Milza 2007, p. 110-111.
43. Girard 1986, p. 42.
44. Cité par Antonetti 1994, p. 817.
45. Milza 2007, p. 118-126.
46. « Les procès de la Cour des Pairs : la tentative de soulèvement de Louis-Napoléon Bonaparte (6 août 1840) (htt
p://www.senat.fr/histoire/les_proces_de_la_cour_des_pairs/la_tentative_de_soulevement_de_louis_napoleon_
bonaparte_6_aout_1840.html) », sur senat.fr (consulté le 16 février 2016).
47. Cité par Antonetti 1994, p. 818.
48. Glikman 2011, cahier hors-texte.
49. Boulevard de la flibuste : Nicaragua 1850-1860, par Patrick Boman, Luigi Balza.
50. Luce-Marie Albigès, « Louis Napoléon Bonaparte s'évade du fort de Ham (http://www.histoire-image.org/site/etu
de_comp/etude_comp_detail.php?i=587#i3) », sur histoire-image.org, février 2005 (consulté le 7 juillet 2016).
51. Girard 1986, p. 80.
52. Girard 1986, p. 82-85.
53. « La « Finca Menier » au Nicaragua, par Alain Lateb (http://pone.lateb.pagesperso-orange.fr/Nicaragua%20men
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54. Heiner Wittmann, Napoleon III. und die Freimaurer, Köln 2022, p. 54-75.
55. Fichier Bossu (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10000027m/f128.item)
56. Heiner Wittmann, Napoleon III. und die Freimaurer, Köln 2022, S. 114 f.
57. Milza 2007, p. 170.
58. Milza 2007, p. 175.
59. Michel Mourre, « Juin 1848 », dans Dictionnaire encyclopédique d'histoire, vol. G-J, 1978, p. 2479.
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61. Milza 2007, p. 178.
62. Victor Hugo, Œuvres complètes X Napoléon le petit - choses vues, Paris, J. Girard & cie éditeurs, librairie du
Victor Hugo illustré 13 rue Thérèse Paris, édition illustrée par MM. Laurens, é. Bayard, e. Morin, d. Vierge, Lix,
Chifflart, Garcia, h. Scott, Brun, g. Bellenger, entre 1877 et 1890, 284 p., page 6.
63. Séguin 1990, p. 124 et suivantes.
64. Alain Decaux et André Castelot (dir.), Dictionnaire d'histoire de France, Librairie Académique Perrin, 1981,
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65. Milza 2007, p. 190.
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69. Agulhon 2002, p. 173-174.
70. Alfred Colling, La Prodigieuse Histoire de la Bourse, 1949, p. 246.
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77. Max Gallo, Garibaldi, la force d'un destin, Fayard, 1982 (ISBN 2213011478), p. 164.
78. Jacques Bouillon, « Les démocrates-socialistes aux élections de 1849 », Persée, vol. 6,1956, p. 70-95 (lire en
ligne (http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1956_num_6_1_402676)).
79. Girard 1986, p. 101-102.
80. Karl Marx, « Le 13 juin », Der Volksfreund, no 26,29 juin 1849 (lire en ligne (https://www.marxists.org/francais/m
arx/works/1849/06/km18490621.htm)).
81. « Biographie d'Alexandre, Auguste Ledru-Rollin (http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_d
ept=8659) », sur assemblee-nationale.fr (consulté le 7 juillet 2016) sur le site de l'Assemblée nationale.
82. Haute Cour de Versailles, Compte-rendu complet du procès du treize juin. Physionomie des débats, par P.
Dugers, Paris, s.d. 1850.
83. Alain Frerejean, « Le train du président est avancé », Historia, no 742,octobre 2008, p. 26-30.
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Cahiers Daumier, no 6,printemps 2013, p. 39, n. 39 (lire en ligne (http://groupugo.div.jussieu.fr/Groupugo/Textes
_et_documents/Pouchain_Cahiers%20Daumier.pdf)).
89. Milza 2007, p. 225.
90. Girard 1986, p. 123.
91. Girard 1986, p. 124.
92. Discours prononcé le 9 juin 1850 lors de l'inauguration de la ligne de chemin de fer Paris-Saint-Quentin. Cité
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