Analyse Textuelle
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2. CONTEXTE HISTORIQUE Quel est le contexte historique, politique, social ?
Moyen-âge, affaire Dreyfus, seconde guerre mondiale...
Chronologie abrégée de l’histoire de France
L’Antiquité
-1200 Premières pénétrations en France de peuples venus de l’Est
-600 Fondation de Marseille par les Grecs
-600, -400 Les Celtes s’installent massivement en Gaule
-390 Les Gaulois font le siège de Rome
-122 Premières colonies romaines dans la partie méridionale de la Gaule (Provence, Narbonne)
La Gaule est conquise par les Romains. À Alésia, Vercingétorix remet ses armes à Jules César. Fondation
-52
de Lutèce (Paris)
-177 Premières persécutions des chrétiens en Gaule
253 – 275 Premières invasions des Barbares venus de l’est
406 Seconde vague d’invasions barbares
451 Les Huns sont repoussés à Troyes
476 Prise de Rome. Fin de l’empire romain d’Occident
Le Moyen Âge
481 Clovis, couronné roi des Francs
496 Conversion de Clovis au christianisme
511 – 751 Les rois mérovingiens
751 Les Carolingiens : Pépin le Bref, roi des Francs
768 Charlemagne, roi des Francs
800 Charlemagne, couronné empereur
843 Charles le Chauve, roi de Francia Occidentalis
885 Les Vikings font le siège de Paris
911 Création du Duché de Normandie
987 Hugues Capet, premier roi de la dynastie des Capétiens
1066 Conquête de l’Angleterre par Guillaume, duc de Normandie
1095 Première croisade
1154 Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre
1229 Saint Louis couronné roi de France
1337 Début de la Guerre de Cent Ans
1347 – 1349 Épidémie de peste noire
1420 Traité de Troyes, la France est remise au roi d’Angleterre
1412 – 1431 Vie de Jeanne d’Arc
1427 Couronnement de Charles VII à Reims
1453 Fin de la Guerre de Cent-Ans
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L’Ancien Régime
1495 Débuts des guerres d’Italie
1515 François 1er, roi de France
1534 Jacques Cartier au Canada
1560 Régence de Catherine de Médicis
1572 Massacre des protestants à Paris le jour de la Saint Barthélemy
1594 Henri IV, roi de France
1598 Edit de Nantes
1610 Assassinat d’Henri IV
1617 Louis XIII, roi de France, assume le pouvoir après la régence de Marie de Médicis
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10 septembre : victoire des troupes révolutionnaires à Valmy
11 septembre : proclamation de la République PREMIERE REPUBLIQUE
21 janvier : Louis XVI est exécuté
1793
Mai : début de la Terreur
Mars-avril : exécution des Hébertistes puis des Indulgents, dont font partie Danton et Desmoulins.
1794 Robespierre prend la tête du Comité de salut public
27 août : exécution de Robespierre et fin de la Convention montagnarde
1795 Octobre : le Directoire succède à la Convention
1796 – 1798 Campagnes militaires victorieuses de Bonaparte en Autriche, Italie et Egypte
Novembre : Coup d’Etat de Bonaparte (18 Brumaire).
1799
Le Consulat succède au Directoire
Le XIXe siècle
1800 Bonaparte nommé premier consul
1801 Concordat
1802 Constitution de l’An X : Bonaparte consul « à vie »
Code civil, Banque de France
1804
Napoléon 1er, empereur PREMIER EMPIRE
1805 Défaite à Trafalgar ; Victoire à Austerlitz
1808 Début du blocus continental contre l’Angleterre
1812 Campagne de Russie
Défaite de Leipzig, Napoléon déporté à l’île d’Elbe
1814
Louis XVIII, roi de France
Les Cent Jours (20 mars-20juin)
1815 Défaite à Waterloo ; Napoléon exilé à Sainte Hélène
Début de la Restauration
1824 Charles X, roi de France
Journées des Trois Glorieuses (27, 28, 29 juillet)
1830 Louis Philippe, début de la monarchie de Juillet MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE
Prise d’Alger
1840 Début du ministère Guizot
24 février : Abdication de Louis Philippe, proclamation de la SECONDE REPUBLIQUE
1848 Suffrage universel (uniquement pour les hommes)
Novembre : Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République
1852 Napoléon III, début du SECOND EMPIRE
1857 Conquête de l’Algérie
Guerre franco-prussienne, Napoléon III prisonnier à Sedan.
1870
Proclamation de la Troisième République (4 septembre)
Février : Insurrection de la Commune de Paris TROSIEME REPUBLIQUE
1871 10 mai : Traité de Francfort, la France perd l’Alsace et la Lorraine
18 mai : Écrasement de la Commune
1882 Ministère Jules Ferry : Décret sur l’enseignement gratuit, laïc et obligatoire de 6 à 13 ans
1883 Protectorat sur l’Annam (Vietnam)
1887 Création de l’Indochine française
1898 Affaire Dreyfus : Zola publie « J’accuse ! » dans l’Aurore
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Le XXe siècle
1900 Intervention des troupes françaises contre la révolte des Boxers en Chine
1905 Séparation de l’Église et de l’État
1913 – 1920 Raymond Poincaré, président de la République
1914 Début de la Première Guerre mondiale
1916 Février-novembre : bataille de Verdun
1918 11 novembre : signature de l’armistice
1919 Traité de Versailles : l’Alsace et la Lorraine rendues à la France
Premier ministère Poincaré (jusqu’en 1924)
1923
Occupation de la Ruhr par les troupes françaises
1926 -1929 Second ministère Poincaré
1929 Début de la construction de la ligne Maginot entre la France et l’Allemagne
1931 Début de la récession économique (jusqu’en 1935)
1936 Front Populaire : ministère de Léon Blum
1938 Septembre : signature par le président Daladier des Accords de Munich
1939 Déclaration de guerre à l’Allemagne
Mai : l’Allemagne envahit la France au nord de la ligne Maginot
18 juin : depuis Londres, appel du général de Gaulle à la résistance des Français
1940 22 juin : signature de l’armistice par le gouvernement Pétain
11 juillet : proclamation du gouvernement de Vichy
24 octobre : Pétain rencontre Hitler à Montoire
1941 Premières arrestations de Juifs
1942 11 novembre : la zone libre au sud est envahie par les Allemands
6 juin : Débarquement allié en Normandie
1944 15 Août : Débarquement des troupes franco-américaines en Provence
25 août : Libération de Paris
Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), dirigé par le général de Gaulle : lois sur le vote
1945 des femmes, les nationalisations, création de la Sécurité Sociale QUATRIEME REPUBLIQUE (république
parlementaire)
1946 Janvier: Démission du général de Gaulle du GPRF
1951 Création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), ancêtre de l’Union Européenne
7 mai : Défaite de Diên Biên Phu, fin de l’occupation française en Indochine
1954
1er novembre : début de la guerre d’Algérie
1956 Indépendances du Maroc et de la Tunisie
1957 Traité de Rome: création de la Commission Economique et Européenne (CEE)
Juin : de Gaulle revient au pouvoir à la suite de la crise algérienne
Septembre : adoption de la nouvelle constitution CINQUIEME REPUBLIQUE (République semi-
1958
présidentielle)
Décembre : de Gaulle est élu président de la République (droite)
1962 Indépendance de l’Algérie à la suite des accords d’Evian
De Gaulle s’oppose à l’entrée de la Grande Bretagne dans la CEE
1963
Traité d’Amitié franco-allemand
1966 Retrait de la France du dispositif militaire de l’OTAN
1968 Événements de mai
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Avril : démission du général de Gaulle.
1969
Georges Pompidou est élu président de la République en juin (droite)
1971 François Mitterrand, premier secrétaire du Parti Socialiste (PS)
1973 Premier choc pétrolier
Valéry Giscard d’Estaing, président de la République. Jacques Chirac est premier ministre jusqu’en 1976
1974
(droite)
1979 Premières élections du Parlement européen
1981 François Mitterrand, président de la République (gauche)
1986 Première cohabitation : Jacques Chirac, premier ministre
1988 Réélection de François Mitterrand à la présidence de la République
1995-2007 Jacques Chirac, président de la République (droite)
2007-2012 Nicholas Sarkozy, président de la République (droite)
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- Le héros négatif, porteur de valeurs antihéroïques et en général antisociales, mais sans qualités «
héroïques » (en ce sens, Fantomas par exemple est un héros négatif mais non un antihéros car il est
porteur de qualités héroïques, mais au service du mal).
- Le héros déceptif, un personnage ayant potentiellement des qualités héroïques mais qui n’en fait
pas usage ou les utilise mal ou à mauvais escient, ou qui tend à perdre ces qualités, ou enfin qui se
trouve dans un cadre où ces qualités ne sont plus appréciées ou admises.
- Le héros « décalé », un personnage ordinaire, sans qualités, qui par les circonstances se trouve
plongé dans une situation extraordinaire. Exemple: les Westerns
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5. GENRE : A quel genre appartient-il ?
poème, théâtre, roman, nouvelle, conte, biographie, essai, apologue...
Les genres littéraires
La littérature est divisée en plusieurs genres. Un genre est un ensemble d'œuvres définies
par le fait qu'elles possèdent divers caractères
Il existe 4 grands genres :
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Ces œuvres ont pour but essentiel de persuader ou convaincre le destinataire. Elles peuvent
être :
6. NIVEAUX DE LANGAGE
En français, Il existe trois niveaux de langage (on parle aussi parfois de registres de
langue): le langage soutenu, le langage courant et le langage familier.
1- Le langage soutenu utilise des mots compliqués et raffinés. Le registre soutenu est
employé dans une lettre officielle, dans un texte littéraire ou lorsque l’on s’adresse à une
personne à qui on accorde une grande importance.
2- Le langage courant s’emploie dans la vie de tous les jours avec sa famille ou des
personnes que l’on ne connaît pas.
3- Le langage familier est employé surtout à l’oral avec des copains, ou des proches. Le
langage est relâché, avec des fautes, des gros-mots ou des vulgarités.
- Lexique de la pédagogie
- Tournures de l’ordre et du conseil (impératifs et futur à
valeur injonctive) Instruire, transmettre un
Didactique
- Progression logique du propos (expression de la cause et savoir.
de la conséquence), style clair facilement compréhensible
- Recours à l’exemple
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Registre Procédés caractéristiques Effet recherché
Exprimer ses
- Marques de la première personne (forte implication de
sentiments personnels
celui qui parle).
et les faire partager
Lyrique - Marques d’expressivité (phrases exclamatives et
(joie ou tristesse,
interrogatives, vocatifs).
bonheur ou
- Musique de la phrase (harmonie rythmique et sonore).
mélancolie…).
- Interjection et apostrophes.
Emouvoir le
- Phrases exclamatives.
Pathétique destinataire, éveiller sa
- Rythmes brisés.
compassion.
- Lexique des émotions (souffrance, pitié, peur…).
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Registre Procédés caractéristiques Effet recherché
Dénoncer des
- Antiphrases. comportements, des
- Caricatures : figures de l’exagération (hyperboles…). défauts ou des
Satirique
- Naïveté feinte ou éloge paradoxale. personnes en se
- Allusions et sous-entendus. moquant. Visée
argumentative.
- Futur prophétique.
- Style solennel.
Montrer qu’il n’y a plus
- Figures d’insistance.
Tragique d’espoir, faire naître la
- Exclamations et interjections.
crainte et la pitié.
- Champs lexicaux du sacrifice et de la mort, de la fatalité
et du désespoir.
Intention de Type de
Caractéristiques
l’énonciateur discours
- Présence de personnages
- succession d’actions dans le temps
- choix d’un point de vue narratif
Raconter une histoire Narratif Indices:
- présence de repères temporels (indicateurs temporels et
connecteurs temporels)
- verbes d’action- passé simple ou présent.
10A. TEMPS
a) Quel traitement du temps et de la chronologie ?
scène, sommaire, pause, ellipse /anticipation, retour en arrière...
b) Quels sont les temps les plus utilisés ?
système du passé (passé simple, imparfait...) ou du présent (présent, passé composé,
futur...).
-Le sommaire : il permet de résumer en quelques lignes une période plus ou moins longue.
"Il voyagea. Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement
des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues. Il revint." (Flaubert,
l'Education sentimentale)
-L'ellipse narrative : elle passe sous silence un ou plusieurs événements de l'histoire, sans
réelle importance. "Quelques jours après...", on ne raconte pas ce qui s'est passé pendant ces
quelques jours car cela ne fait pas avancer l'action.
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-La scène : elle rapporte en détail les faits et gestes, le dialogue qui a lieu entre des
personnages.Le lecteur suit le déroulement de l'action avec attention car tout est raconté. Ainsi dans
Le Père Goriot de Balzac, l'arrestation de Vautrin s'étend sur plusieurs pages qui nous plongent
dans l'atmosphère inquiétante de la scène, dans la tête des personnages, et nous assistons au
dialogue ironique de Vautrin face au commissaire.
-La pause: correspond à un commentaire qui interrompt le cours du récit. Elle peut être le fait
des interventions du narrateur qui analyse la psychologie des personnages ou qui commente un fait
important pour l'action. La description introduit aussi une pause et Balzac, par exemple, n'en n'est
pas avare.
Le narrateur peut choisir de raconter son histoire de plusieurs façons:
-ordre chronologique: ou linéaire, les faits sont rapportés dans l'ordre de leur exécution.
-retour en arrière : ou analepse, l'écrivain rappelle des faits antérieurs à l'histoire
principale. Ces faits apportent des explications sur l'histoire en cours, justifient les actions d'un
personnage. Parfois, un livre peut reposer sur un retour en arrière, quand l'accusé est jugé et que le
narrateur veut retracer toute l'affaire.
-l'anticipation : ou la prolepse qui annonce des faits à venir. Elle sert à relancer l'intérêt
pour l'intrigue, ou à manifester la présence omniprésente du narrateur.
9B. FIGURES DE STYLE : Quelles sont les figures de style utilisées ? Images :
personnifications, métaphores, comparaisons, énumérations, répétitions, anaphores,
parallélismes, hyperboles, antithèses, ironie… Une figure de style (ou de rhétorique) est
un procédé qui agit sur la langue afin de créer un effet de sonorité ou de sens.
Les principales figures de style que vous pourrez rencontrer dans les textes que vous
étudierez sont présentées ci-dessous, par ordre alphabétique.
Répétition d'une ou de
Allitération en [s]
plusieurs consonnes dans un
dans Colombine de Verlaine :
ALLITERATION n.f. groupe de mots
Cassandre sous son Capuce
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Figure de style Définition Exemple
2 termes de sens opposés dans - Le navire était noir, mais la voile était
ANTITHESE n.f.
une même phrase blanche
Succession de mots ou
d'expressions de sens voisins - elles piaillaient, beuglaient, hurlaient.
GRADATION n.f.
et dont l'ordre traduit une Le Vieux saltimbanque de Baudelaire
progression croissante ou
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Figure de style Définition Exemple
décroissante
- La capitale de la France
Remplacer un terme par une
PERIPHRASE n.f.
expression qui le définit
- Le roi des animaux
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Figure de style Définition Exemple
LA STROPHE
La strophe est l’ensemble constitué par un nombre de vers limité, avec une disposion fixe
des rimes (voir ci-dessous) et des mètres, et, qui peut se reproduire indéfiniment.
La strophe comprend en général de quatre à quatorze vers. En principe, le poète choisit librement
le schéma de la première strophe qu’il est tenu de respecter dans la suite du poème.
Nom du vers Nombres de vers
Le distique 2 vers
Le tercet 3 vers
Le quatrain 4 vers
Le quintil 5 vers
Le sizain 6 vers
Le septain 7 vers
Le huitain 8 vers
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Le dizain 10 vers
QUALITÉ DE LA RIME
● Rimes pauvres : elles sont constituées d’un seul phonème commun (un seul son-voyelle) comme
dans matin et chemin , pas et plats…
● Rimes suffisantes : elles sont constituées de deux phonèmes (deux sons) communs comme
dans brève et sève / ville et agile…
● Rimes riches : elles sont constituées de trois phonèmes (trois sons) et plus comme
dans image et hommage / patin et matin…
LE GENRE DES RIMES ET LEUR ALTERNANCE
On appelle rime féminine celle qui se termine par un –e– (joue, loue), même si après le -e- figure
dans une marque du pluriel : s, nt (tues, ignorent). On appelle rime masculine toutes les autres
rimes (doux, vous).
La versification classique impose la règle de l’alternance des rimes féminines et masculines. Les
poètes modernes préfèrent faire alterner les rimes vocaliques (joue, nous) et les rimes
consonantiques (goutte, route).
LA DISPOSITION DES RIMES
Elle est déterminée par leur succession. Plusieurs combinaisons sont possibles.
Caractéristique
Rimes plates ou suivies AABB
Rimes croisées ABAB
Rimes embrassées ABBA
L’ALLITÉRATION
L’allitération est la répétition du même son-consonne. Son rôle essentiel est de rythmer le vers, de
constituer une trame sonore du poème. Elle peut créer une harmonie imitative: elle évoque alors le
bruit que ferait ce dont le poème parle. Elle peut aussi suggérer une impression: c’est l’harmonie
suggestive. Elle peut enfin produire un effet humoristique. L’allitération sert d’abord à mettre en
évidence une unité de sons. Exemple : Enfin avec le flux nous fait voir trente voile (Pierre
Corneille). L’allitération en « f » et en « v » exprime le bruit des bateaux sur l’eau.
L’ASSONANCE
L’assonance est la répétition du même son-voyelle. Elle instaure des échos entre les mots et, par là-
même, installe des correspondances de sens entre eux. Combinée à l’allitération, elle crée une
musique des vers et met en évidence une unité de sons.
Exemple : Les âmes du Liban sont une symphonie (Charles Corm). Les voyelles nasales « an, on,
ym » évoquent une musique éclatante.
L’HIATUS L’hiatus consiste dans la rencontre de deux voyelles appartenant au même mot (c’est
l’hiatus interne) ou à deux mots successifs (c’est l’hiatus externe). Exemple : po|ète, ma|ïs.
La coupe C’est un repos, une pause dans le vers. Elle se situe après chaque syllabe accentuée et
marque la fin d’une mesure. Les vers longs comportent plusieurs coupes: la plus importante placée
au milieu est appelée césure (voir l’exemple de l’accent fixe). Dans l’alexandrin classique, la césure
se situe après la sixième syllabe prononcée. Chacune des deux moitiés de l’alexandrin s’appelle
un hémistiche comme on a déjà vu dans l’accent fixe ci-dessus.
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L’enjambement Quand la pause finale n’accomplit pas le sens du vers et que l’on doive le
continuer dans le vers suivant, on dit qu’il y a enjambement.
Exemple : Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi. (Arthur Rimbaud)
Le rejet et le contre-rejet On dit qu’il y a rejet lorsque le sens du vers se termine au début
du vers suivant.
Exemple : Il est pris. — Oh! quel nom sur ses lèvres muettes
Tressaille ? Quel regret implacable le mord ? (Arthur Rimbaud)
Lorsque le sens du vers commence à la fin du vers précédent, on dit qu’il y a contre-rejet.
Exemple : Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automne
Faisait voler la grive à travers l’air atone. (Paul Verlaine)
La métaphore en poésie Elle établit une analogie entre deux réalités différentes à partir
d’une caractéristique commune que le poète peut parfois rendre inattendue. En effet, pour
avoir un fort pouvoir de suggestion, la métaphore poétique doit surprendre.
Exemple de métaphore : Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits. (Paul Éluard)
LA PERSONNIFICATION
C’est un procédé consistant à faire d’un être inanimé ou d’une idée abstraite un personnage réel,
doué de vie et de sentiments. Elle crée l’impression que les choses vivent et pensent, que les idées
ont une existence autonome, indépendamment des hommes. Exemple : Mes rêveuses pensées pieds
nus vont en soirée. (Guillaume Apollinaire)
L’ALLÉGORIE
C’est un procédé consistant à représenter une idée, une abstraction, sous une forme concrète, le plus
souvent un personnage ou un animal. L’allégorie rend les idées moins abstraites, plus accessibles;
elle donne un sens symbolique ou allusif au poème. Exemple : Ô douleur ! ô douleur ! Le temps
mange la vie… (Charles Baudelaire)
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J’entends la tempête. On me parle de progrès, de « réalisations », de maladies
guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d’eux-mêmes.
Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, des cultures piétinées, d’institutions
minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques
anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées.
On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de
canaux, de chemins de fer.
Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à
l’heure où j’écris, sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions
d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la
danse, à la sagesse.
Répondez
1. MOUVEMENT : A quel mouvement ou école littéraire ce texte appartient-il ?
6. NIVEAUX DE LANGAGE
En français, Il existe trois niveaux de langage (on parle aussi parfois de registres de
langue): le langage soutenu, le langage courant et le langage familier.
10A. TEMPS
a) Quel traitement du temps et de la chronologie ?
scène, sommaire, pause, ellipse /anticipation, retour en arrière...
b) Quels sont les temps les plus utilisés ?
système du passé (passé simple, imparfait...) ou du présent (présent, passé composé,
futur...).
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Commentaire
Avant tout poète, Aimé Césaire s’est engagé jusqu’à la fin de sa vie (2008) en politique. Né en
Martinique en 1913, ayant étudié en France, il est, avec Léopold Sédar Senghor, le théoricien du
concept de « négritude » qui cherche à promouvoir la culture noire, alors sous-estimée. Mais
Discours sur le colonialisme, écrit en 1950, est un véritable pamphlet : c’est un des premiers textes
où le poète met son art au service de la cause civile et populaire.
Un pamphlet politique
Un témoignage virulent Le poète parle en son nom, comme témoin, et avec force. il utilise le
pronom personnel « je » : « j’ai parlé », « j’entends », « moi je parle » : il se pose à la fois
comme parti pris et comme témoin.
cela est possible parce qu’il est Martiniquais et qu’il fait partie de ceux qui ont subi la colonisation,
mais aussi parce qu’il parle la langue des colonisateurs (les Français) ;
mais il parle aussi pour l’ensemble des peuples colonisés en Afrique, en Amérique, en Asie : il fait
une généralité. « Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux
qui, à l’heure où j’écris, sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions
d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la
sagesse. »
Ce pamphlet s’inscrit dans un contexte mondial précis : l’époque de la décolonisation. Une
dénonciation de condition du colonisé
Ce texte a pour objectif de dénoncer la soumission physique et morale du colonisé.
c’est l’argument principale : la colonisation est une oppression et une déshumanisation. Après la
violence, Aimé Césaire résume cela dans une formule choc : « À mon tour de poser une équation :
colonisation = chosification. »
il y a la simplification formelle de l’équation ;
c’est invoquer la logique mathématiques, irréfutable et convaincante (d’autant plus qu’il y a une
ressemble entre les deux termes, et presque une paronomase) :
il utilise des arguments : « Sécurité ? Culture ? Juridisme ? » qu’il réfute :
à la « sécurité » fait écho « la brutalité, la cruauté, le sadisme, le heurt » ;
à la « culture », une « parodie de la formation culturelle » ;
au « juridisme », « la fabrication hâtive de quelques milliers de fonctionnaires subalternes, de boys,
d’artisans, d’employés de commerce et d’interprètes nécessaires à la bonne marche des affaires. »
Césaire réfute les arguments des colonisateurs (notamment dans les années 50).
La déshumanisation du colonisateur Mais le colonisateur est aussi touché par la déshumanisation.
c’est une idée forte qu’il faut souligner : le système colonial soumet le colonisé, mais aussi le
colonisateur.
il y a retournement, ou plus élargissement de l’argument principal : le système colonial oppresse les
colonisés, mais aussi les colonisateurs ! « des rapports de domination et de soumission qui
transforment l’homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourme, en chicote »
Le système colonial est mauvais pour tout le monde, il sert la machine et fait des hommes des
rouages.
La violence – et l’efficacité – du pamphlet en font un chef d’œuvre du genre. Mais cette efficacité,
cet élan, cette force viennent non seulement des arguments employés, mais aussi – et surtout peut-
être – de la valeur poétique du pamphlet.
Un pamphlet poétique L’auteur, en tant que poète, privilégie la persuasion.
L’argumentation fonctionne selon deux modes : la conviction (par la raison) et la persuasion (par
les sentiments). Nous avons vu que les arguments du poète étaient solides, mais il préfère toucher le
cœur.
Anaphores : « moi je » ;
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énumérations : « la force, la brutalité, la cruauté, le sadisme, le heurt », « en pion, en adjudant, en
garde-chiourme, en chicote », etc ;
questions rhétoriques : « Sécurité ? Culture ? Juridisme ? » ;
paronomases (vol=viol), paragraphes sont courts → ressemblent à des strophes (à des stances)
Une poésie qui renoue avec l’oralité Cette écriture poétique se rapporte à l’oralité.
Césaire met en avant la tradition africaine de l’oralité, mais c’est aussi le discours politique du
tribun, du parlementaire (qu’il sera) ;
questions rhétoriques, accumulations, etc ;
jeux d’alternance entre phrases courtes et percutantes, et phrases longues et lyriques (« j’ai parlé de
contact. » comparé au paragraphe suivant).
nous avons des strophes qui s’apparente à des stances : nous sommes dans la poésie.
Contre le silence des Européens (l’écriture, l’invasion), il y a la musicalité africaine (oral, révolte).
Le concept de la négritude Contre la colonisation, l’auteur prône la négritude.
La négritude est le concept majeur dans le processus de libération des populations noires ou
colonisées. La négritude réunit toute la culture noire, longtemps considérée comme inférieure par
rapport à l’Occident (et malheureusement encore aujourd’hui souvent déconsidérée).
Concept de négritude : apparaît en 1933, Césaire et Senghor → montrer la grandeur et la fierté de la
civilisation noire.
« Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, des cultures piétinées, d’institutions minées, de
terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties,
d’extraordinaires possibilités supprimées. » + « Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs
dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse. » → c’est la culture
des pays africains.
Répondez
1. MOUVEMENT : A quel mouvement ou école littéraire ce texte appartient-il ?
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5. GENRE : A quel genre appartient-il ?
6. NIVEAUX DE LANGAGE
En français, Il existe trois niveaux de langage (on parle aussi parfois de registres de
langue): le langage soutenu, le langage courant et le langage familier.
10A. TEMPS
a) Quel traitement du temps et de la chronologie ?
scène, sommaire, pause, ellipse /anticipation, retour en arrière...
b) Quels sont les temps les plus utilisés ?
système du passé (passé simple, imparfait...) ou du présent (présent, passé composé,
futur...).
L’INTRODUCTION
S’il n’est pas le premier à tenter de fixer par l’écriture l’illumination provoquée par
l’apparition d’une femme séduisante, si Nerval ou Baudelaire l’ont précédé, René Char,
poète de l’instant fugitif, évoque dans son œuvre plusieurs figures féminines éphémères.
C’est le cas dans un bref poème en prose intitulé « Congé au vent », tiré du recueil Seuls
demeurent, écrit durant la Seconde Guerre mondiale : la rencontre d’une jeune fille
mystérieuse dans un cadre rustique, tel est bien au premier abord le sujet de ce poème.
Nous analyserons comme le récit de Char met en valeur cette rencontre, avant d’être
attentif à ce qui, dans le texte, nous éloigne d’une interprétation d’ordre anecdotique et
sentimental.
Préparer le commentaire composé du texte
● Les axes de lecture : Évocation d’une rencontre féminine. Mais aussi des indices
invitant une autre lecture du texte, d’où deux axes de lecture.
● Le fil directeur : René Char évoque dans un texte bref la rencontre fortuite d’une
passante, mais cette rencontre mystérieuse n’est pas seulement d’ordre amoureux.
● Le plan détaillé du commentaire composé :
LE DÉVELOPPEMENT
Premier axe de lecture : La rencontre fortuite d’une passante
A. Circonstances
1. Moment : saison de la cueillette des mimosas, au soleil couchant.
2. Lieu : en Provence, un chemin à l’écart.
A. Un contexte significatif
1. Lieu « à flanc de coteau » (→ maqui ?).
2. Vocabulaire de la guerre.
3. Rencontre clandestine (« à l’écart » + silence imposé).
B. Une personnification
1. La rencontre de la beauté, atteinte dans la plénitude de l’instant ?
2. L’aube (elle s’en va dans la direction opposée au soleil couchant) et l’espérance ?
3. La liberté ?
LA CONCLUSION
La brièveté de la rencontre n’a d’égale que la concision d’un texte où la puissance
évocatrice de chaque notation fait de cet épisode un événement essentiel. Texte sur le
« désir demeuré désir », selon une formule de Char, ou texte sur la Résistance, ou autre
chose encore, c’est sans doute cette part de mystère qui séduit le lecteur. Se démarquant
nettement de la tonalité nostalgique des évocations de passantes, le poème de Char nous
engage plutôt sur un chemin et nous tient en éveil.
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