Developpement Des Energies Solaire 0
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ET EOLIENNE AU MAROC
ENSEIGNEMENTS ET PERSPECTIVES
JUILLET 2020
Coordinatrice du rapport
Mme Itimad SOUFI
Rédacteurs
M. Chakib BOUALLOU
M. Tarik SENHAJI
M. Philipp STOELTING
Mme Itimad SOUFI
2
Table des matières
Introduction ...................................................................................................................7
1.1.1. Essor des énergies renouvelables dans le mix électrique d’un nombre croissant de pays ...... 8
1.1.2. Le rôle clé des politiques publiques de soutien aux énergies solaire et éolienne .................... 10
1.1.4. Les investissements dans les pays en développement et émergents s’accélèrent ................... 16
2.2.2. Étude de cas : Comment le Chili a réussi sa politique énergétique et est devenu un marché
attractif pour les investissements dans les énergies renouvelables ............................................... 50
3
2.3. Allemagne .......................................................................................................................................... 57
2.3.2. Etude de cas : Comment l’Allemagne a géré avec transparence les coûts et les tarifs de
l’électricité renouvelable............................................................................................................................... 59
2.4.2. Étude de cas: Comment le Royaume-Uni a assuré une grande partie de la chaîne de valeur
éolienne offshore pour son économie sans compromettre la compétitivité des coûts .......... 69
2.5.2. Étude de cas : Comment l´Afrique du Sud a permis au secteur privé d'investir et de développer
la production d'électricité renouvelable.................................................................................................. 78
3. Choix opérés par le Maroc pour développer son programme solaire et éolien.......... 94
3.1.6. Les applications des énergies solaire et éolienne, au-delà du secteur électrique.................. 114
4
3.2. Les choix technologiques ......................................................................................................... 119
3.3. L’intégration des énergies renouvelables dans le réseau électrique ................... 128
3.4.2. L’évaluation des capacités du Maroc pour les filières solaires et éolienne .............................. 138
3.5.2. Niveau de maturité et comparaison des technologies de stockage de l’électricité .............. 151
5
4. Constats, enseignements et propositions ......................................................... 184
4.1.2. L’intégration des énergies renouvelables dans le réseau électrique .......................................... 188
4.1.3. Les applications des énergies solaire et éolienne, au-delà du secteur électrique.................. 189
4.1.6. Le financement des investissements et l’équilibre financier des opérateurs publics ............ 199
6
Introduction
7
1. Contexte international et contexte africain
1.1.1. Essor des énergies renouvelables dans le mix électrique d’un nombre
croissant de pays
8
L’essor des énergies renouvelables est aussi porté par les villes, qui avec 65% de
la demande en énergie globale, sont au premier plan de la transition énergétique.
Quand elles adoptent des objectifs ambitieux (environnementaux, économiques ou
sociaux), les villes deviennent des forces motrices pour le déploiement des énergies
renouvelables.
Dans de nombreux cas, la portée des actions engagées par les villes dépasse
celles des initiatives nationales. Plus de 100 villes, parmi lesquelles Nairobi/Kenya,
DarSalam/Tanzanie, Auckland/Nouvelle Zélande, Stockholm/Suède et Seattle/États-
Unis, utilisent au moins 70% d'électricité renouvelable et au moins 50 villes ont mis en
place des objectifs en matière d'énergies renouvelables couvrant l'électricité, le
chauffage, la climatisation et le transport (REN21, 2019).
9
Tableau 01 : Capacités installées en énergies solaire et éolienne 2017-2019
1.1.2. Le rôle clé des politiques publiques de soutien aux énergies solaire et
éolienne
Les bénéfices des énergies renouvelables (comme une meilleure santé publique
du fait d’un niveau de pollution moindre, la création d’emploi, le soutien aux politiques
et objectifs de décarbonatation, la disponibilité de l’énergie et la sécurité
d’approvisionnement, la fourniture de l’électricité aux sites isolés) orientent l’action des
décideurs politiques dans le monde. En 2018, des politiques de soutien aux énergies
renouvelables ont été mis en place pour le secteur électrique dans 135 pays, au niveau
national ou local, alors que seulement 20 pays ont mis en place des politiques de
soutien aux applications solaires et éoliennes hors réseau (Figure 03).
10
Portées par des politiques publiques favorables et stables, des objectifs de plus
en plus ambitieux d’intégration des énergies renouvelables dans les mix énergétiques
nationaux, ainsi que par l’intensification de la concurrence, les technologies solaire et
éolienne ont connu des baisses importantes de coûts, faisant d’elles des énergies de
plus en plus compétitives par rapport aux sources d’énergie fossile.
11
Comme illustré sur la Figure 05, le développement rapide des énergies solaire
et éolienne s’accompagne d’une réduction des coûts, portée principalement par les
innovations technologiques, des politiques publiques favorables et une dynamique
importante des marchés favorisant une forte concurrence.
12
Le marché du solaire photovoltaïque (PV)
13
Toutefois, cette croissance initialement soutenue par des politiques publiques
favorables et des mesures d’incitation, a été pratiquement stoppée à partir de 2013
dans les pays développés, alors que de nouveaux marchés ont commencé à émerger à
partir de 2011, principalement en Afrique (Maroc, Afrique du Sud et dans une moindre
mesure Algérie et Egypte), au Moyen Orient (Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite et
plus récemment Israël) et en Asie (Chine et Inde). Pour la 4ème année consécutive, de
nouvelles capacités ont été ajoutées uniquement dans les marchés émergents (IRENA,
2020a).
Figure 07 : Capacité mondiale en solaire CSP par pays et par région, 2008-2018
Les coûts du solaire CSP continuent à diminuer du fait d’un déploiement plus
important de projets basés sur la technologie CSP, d’innovation technologique et de
compétition, mais moins vite que pour les technologies photovoltaïque et éolienne. Le
coût de l’énergie solaire à concentration a diminué de 1% en 2019 par rapport à l’année
précédente pour s’établir à 0.182 USD/kWh. Les prix mondiaux moyens des enchères
pourraient diminuer de 59% par rapport à 2019, pour atteindre 0.075 USD/kWh en
2021 (IRENA, 2020b).
14
Les pays leaders de l’éolien, restent incontestablement la Chine, qui à elle seule
représente près de 34% de la capacité mondiale installée, suivie par l’Allemagne, l’Inde,
l’Espagne et le Royaume Uni (IRENA, 2020a).
L’éolien terrestre est l’une des énergies les plus compétitives. Son coût a diminué
de 9% en 2019 par rapport à l’année précédente pour atteindre 0.053 USD/kWh. Le
prix de l’électricité de source éolienne terrestre pourrait chuter à 0.043 USD/kWh d’ici
2021, soit 18% de moins qu’en 2019 (IRENA, 2020b).
Avec une capacité mondiale installée en 2019 de 28.3 GW, représentant 4.5% du
parc éolien mondial, l’éolien marin s’est développé principalement en Europe
(Royaume Uni et Allemagne en tête) qui concentre à elle seule près de 78% du parc
mondial (IRENA, 2020a).
15
Le Tableau 02 récapitule les coûts des différentes énergies solaires et éoliennes :
Tableau 02 : Evolution des coûts de l’électricité produite par les énergies solaires
et éoliennes
Selon la Figure 09, les investissements dans les énergies renouvelables ont
représenté en 2018 près de 70% des investissements mondiaux dans les capacités de
production électrique, y compris celles alimentées par les combustibles fossiles et
l’énergie nucléaire. Ces investissements ont de loin dépassé ceux dans les énergies
fossiles et nucléaires combinés.
16
L’investissement global dans les énergies renouvelables a atteint 288 milliards
USD en 2018. Les investissements des économies émergentes et en développement
ont dépassé ceux des économies développées pour la première fois en 2015 et sont
restés en tête pour la 4ème année consécutive. Ils continuent à croitre en Europe (21%
en 2018), en Afrique et au Moyen Orient (5% en 2018), en Asie et Océanie, hors Chine
et Inde (15%) et aux Etats-Unis (17%) en 2018 (REN21, 2019).
Comme illustré dans la Figure 10, les investissements dans les énergies solaire
et éolienne (couvrant aussi bien des installations de puissance que des petites
installations photovoltaïques et éoliennes) restent prépondérants et ont représenté en
2018 près de 95% des investissements dans les énergies renouvelables (hors
hydroélectricité > 50 MW). Cette même année, les centrales solaires et les parcs éoliens
ont représenté plus de 80% de ces investissements. L’énergie solaire, dominée par le
photovoltaïque, a compté pour un peu plus de 48% et l’éolien pour un peu plus de
46% (REN21, 2019).
17
L’évolution de la gestion du système électrique doit alors aller vers plus de
flexibilité. Diverses mesures parmi lesquelles le renforcement du réseau, les
interconnexions électriques, les technologies de stockage de l’énergie, les pompes à
chaleur, plus de flexibilité dans la demande et la fourniture de l’énergie peuvent être
considérées pour améliorer l’intégration du système.
La part des énergies solaire et éolienne et leur croissance dans les secteurs du
chauffage, de la climatisation et du transport restent relativement faibles du fait d’une
insuffisance de soutien des politiques publiques et d’un développement technologique
plus lent. En 2018, seuls 47 pays avaient des objectifs pour le chauffage et la
climatisation et seuls une vingtaine de pays avaient des politiques réglementaires dans
le secteur.
18
Il est intéressant de noter ces dernières années que les gouvernements locaux
et les villes sont souvent ceux qui adoptent des politiques effectives, des objectifs
ambitieux et des mécanismes innovants pour augmenter la part des énergies
renouvelables dans les secteurs du chauffage, de la climatisation, du transport, du
bâtiment et de l’industrie. L’une de leur priorité est d’améliorer l’efficacité énergétique
dans le bâtiment, l’industrie et le transport (REN21, 2019).
Ce mode d’accès à l’électricité joue un rôle important, surtout dans les zones
isolées des économies en développement et émergentes.
19
En 2017, plus de 122 millions de personnes ont eu un accès à l’électricité,
principalement avec les systèmes solaires hors réseaux et la demande reste à la hausse.
Ce mode d’accès à l’électricité a également attiré un investissement record de 512
millions USD de la part des entreprises. Les startups impliquées dans le secteur du
photovoltaïque hors réseau ont levé 339 millions USD en 2019, en hausse de 6% par
rapport à 2017. Les institutions financières ont consacré 7% de leurs investissements
pour les projets en énergie aux systèmes hors réseau électrique (REN21, 2019).
Une dynamique mondiale et durable de croissance des énergies solaire et éolienne est
enclenchée, principalement dans le secteur de l’électricité, portée par des
considérations politiques, économiques, technologiques et environnementales. Ces
perspectives d’évolution sont planifiées et encouragées à différents niveaux national,
régional et international.
• Les bénéfices induits par une chute rapide et constante des coûts des sources
d’énergies renouvelables pour la production électrique.
20
La vision IRENA de la transformation énergétique à 2050 implique la prise en
compte des considérations suivantes :
• Bâtir l’énergie durable de demain sur les éléments clés que sont l’énergie
renouvelable, l’efficacité énergétique et l’électrification des applications dans
les secteurs du transport, du bâtiment et de l’industrie.
21
Figure 13 : L’électricité renouvelable, plus grand vecteur énergétique en 2050
22
1.2 Energies renouvelables en Afrique
1.1.9. Contexte, enjeux et défis
La demande en énergie en Afrique croit deux fois plus vite que la moyenne
mondiale, principalement du fait de l’augmentation rapide de la population, de
l’urbanisation, de la croissance socio-économique et du développement industriel.
Durant les dernières décennies, la demande en énergie a été portée principalement par
les besoins croissants de l’Afrique du Nord, du Nigeria et de l’Afrique du Sud, ces pays
représentant en 2018 plus de 60% de la demande pour 35% de la population. Comme
illustrée sur la Figure 14, la demande en énergie primaire est dominée par le gaz et le
pétrole au Nord, par le charbon au Sud et par la biomasse dans les autres pays
subsahariens (IEA, 2019b).
23
Tout en notant de fortes disparités régionales, la figure 15 montre qu’en 2018,
le bouquet électrique en Afrique reste dominé par le gaz au Nord, le charbon au Sud
et l’hydroélectricité dans les autres pays subsahariens. Par ailleurs, la demande en
électricité au niveau du continent est portée principalement (pour près des 3/4) par
l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud.
24
En matière de lutte contre le changement climatique, l’Afrique est fortement
impactée par le changement climatique bien que sa contribution aux émissions de gaz
à effet de serre soit mineure (2%) et devrait continuer à l’être (pas plus de 4.5% jusqu’en
2040). Les pays africains ont exprimé leur engagement à contribuer aux efforts de
limitation des émissions de gaz à effet de serre en signant l’Accord de Paris (IEA,
2019b).
A partir des statistiques des énergies renouvelables de 2020 publiées par l’IRENA
(IRENA, 2020a), les indicateurs suivants permettent de donner une image du contexte
africain en 2018-2019 quant aux capacités installées et à l’électricité générée par les
énergies solaire et éolienne :
Energie solaire
Alors que l’Afrique dispose des ressources solaires les plus importantes de la
planète, la capacité installée en énergie solaire sur le continent en 2019 n’est que de
7.4 GW, soit 1.27% de la capacité solaire mondiale installée. Les principaux pays
contributeurs au développement de capacités installées d’énergie solaire en Afrique
sont l’Afrique du Sud avec 3 061 MW, l’Egypte 1 668 MW, le Maroc 736 MW et l’Algérie
448 MW.
Energie éolienne
Le développement de l’énergie éolienne reste aussi pour l’instant très limité avec
une capacité totale installée en 2019 proche de 5.8 GW, dont 2 GW en Afrique du Sud,
1.735 GW en Egypte et 1.22 GW au Maroc. C’est une part négligeable comparée à la
capacité éolienne mondiale installée de 563 659 GW.
25
La croissance des ressources renouvelables en Afrique est freinée par un certain
nombre de contraintes, notamment :
• Les mini réseaux : Près de 15 millions de personnes sont connectées aux mini-
réseaux en Afrique. Plus de la moitié des mini-réseaux planifiés le sont au Sénégal
ou au Nigéria.
• Les systèmes autonomes dominés par les générateurs diesel et les systèmes solaires
photovoltaïques : En 2018, près de 5 millions de personnes en Afrique
subsaharienne ont gagné l’accès à l’électricité grâce aux systèmes solaires
domestiques, acquis selon un mode prépayé (pay-as-you-go – PAYG). La croissance
de ces systèmes est tirée principalement par l’Afrique de l’Est. La commercialisation
de ces produits est aussi associée aux modèles économiques qui promeuvent la
création d’emplois et la formation. En Ethiopie, 32% des maisons en milieu rural
sont connectées aux systèmes solaires domestiques.
26
Des pays subsahariens développent, dans le cadre de politiques flexibles, des
stratégies spécifiques à leurs situations géographique, démographique et au niveau
de leurs infrastructures, en intégrant des solutions centralisées et décentralisées pour
l’accès à l’électricité. Le Nigeria est un exemple récent de pays qui a mis au point une
stratégie et un plan de mise en œuvre intégrés d’électrification nationale, à travers
l’extension de réseaux et les mini-réseaux verts.
Les pays dans le monde qui adoptent une approche intégrée vis-à-vis de
l’électrification, en envisageant à la fois l’extension du réseau principal, les mini-réseaux
et les systèmes solaires à usage domestique, sont ceux qui réalisent les gains les plus
rapides. Des montages financiers adoptés par les gouvernements et des partenaires du
développement permettent d’accompagner leur approche intégrée vis-à-vis de
l’électrification, pour les trois filières : extension du réseau principal, systèmes solaires
à usage domestique et mini-réseaux, avec l’objectif d’accroître l’accessibilité financière
des mini-réseaux d’électricité et de stimuler les investissements du secteur privé, tout
en veillant à ce que les fonds publics soient correctement utilisés. (ESMAP, 2019b)
Investissements et financements
La majeure partie des investissements dans le secteur de l’énergie repose sur les
fonds publics, avec une grande dépendance au financement international. Dans un
contexte où la plupart des sociétés publiques d’électricité en Afrique sont
subventionnées et ne sont pas viables financièrement, l’apport du financement privé
reste essentiel aux investissements et devra être accompagné et soutenu par des
mesures politiques et réglementaires pour adresser les risques financiers et contribuer
à réduire le coût du capital. Pour favoriser les investissements durables, il est important
de veiller à la performance financière des entreprises publiques, à ce que les modèles
économiques soient durables et à optimiser le financement sur le long terme (IEA,
2019b).
27
Le développement des énergies renouvelables en Afrique subsaharienne est
supporté principalement par des financements internationaux fournis par la Banque
Africaine de Développement, des institutions et gouvernements européens, les Etats-
Unis, le Japon et la Chine. Ces investissements ont concerné surtout l’expansion des
réseaux et le développement des énergies renouvelables. La Banque Mondiale est
l’institution financière leader dans le domaine de l’accès à l’électricité, avec des
engagements financiers annuels moyens de l’ordre de 1.5 milliards USD pour 2018-
2019. Près du tiers de ces investissements sont dédiés aux énergies renouvelables
distribuées sous forme de mini-réseaux et de solutions hors réseaux (ESMAP, 2019b).
• Le scénario (Africa Case) est basé sur une vision inclusive d’un développement
économique et industriel accéléré selon l’Agenda 2063 adopté en 2015 par les
gouvernements de l’Union Africaine. Ce scénario considère l’atteinte de tous les
objectifs de développement durable d’ici 2030, y compris l’accès total à l’électricité
et à la cuisson propre.
28
La réalisation du scénario "AfricaCase" signifierait le triplement du nombre actuel
de personnes ayant accès à l’électricité (de 20 à plus de 60 millions), ce qui
impliquerait une expansion importante du réseau électrique de près de 45% et des
mini-réseaux de près de 30%.
• Le scénario basé sur les « Politiques Actuelles » (Stated Policies) prévoit une forte
augmentation de la demande qui devrait faire quadrupler la fourniture d’électricité
en Afrique subsaharienne. La capacité de la production électrique devrait tripler à
270 GW d’ici 2040 (bien en deçà de l’objectif de 600 GW selon le scénario " Africa
Case"). L’expansion serait atteinte par une combinaison de renouvelables et de gaz
naturel. Le renforcement, l’extension et une meilleure gestion du réseau devraient
permettre de satisfaire près de 70% des 230 000 nouvelles connections envisagées
dans ce scénario.
Les projections de l’IRENA pour l’Afrique à 2030 esquissent une feuille de route
pour doubler le mix énergétique et tripler le mix électrique entre 2015 et 2030. Cette
étude est basée sur une évaluation pays par pays, pour atteindre 22% de l’énergie finale
totale consommée en 2030 au lieu de 5% en 2015.
29
L’étude REmap (IRENA, 2015) s’intéresse en particulier à la transformation du
secteur de l’électricité et estime que la part des renouvelables dans le mix électrique
africain pourrait atteindre 50%, ce qui permettrait de réduire les émissions de gaz à
effet de serre de 310 mégatonnes de CO2. En particulier, l’éolien pourrait atteindre 100
GW et le solaire dépasser 90 GW. Elle estime que la transformation du secteur
électrique pourrait requérir un investissement annuel de l’ordre de 70 Milliards USD
d’ici à 2030, dont près de 45% irait aux capacités de production des énergies
renouvelables et près de 35% à l’infrastructure de transmission et de distribution.
Pour établir un tel marché régional de l’électricité, les pays devront développer
une approche régionale commune, planifiée et coordonnée des échanges électriques
transfrontières, avec une mise en cohérence de la réglementation, de la transmission,
des investissements et des tarifs qui régissent ces échanges.
30
Pour accompagner sa stratégie énergétique de renforcement des énergies
renouvelables dans le mix électrique, le Maroc a développé de nombreux partenariats
bilatéraux et multilatéraux aussi bien au Nord qu’au Sud. Sa stratégie énergétique et
son volontarisme politique à atteindre effectivement ses objectifs, voire à les dépasser,
sont appréciés et reconnus par la communauté internationale.
L’action du Maroc vers l’Afrique dans le domaine des énergies renouvelables est
portée par des accords gouvernementaux, des partenariats et conventions au niveau
institutionnel et des contrats au niveau du secteur privé concernant la transition
énergétique, le développement des énergies renouvelables et l’accès à l’électricité. Elle
se matérialise principalement par l’échange d’informations, la formation dans des
centres d’excellence, l’assistance technique et la participation aux projets de recherche,
ainsi que des contrats.
31
Toutes les institutions publiques impliquées ont également développé des
partenariats avec l’Afrique. Plus encore, des compagnies privées marocaines comme
NAREVA sont impliquées dans la réalisation de projets solaires ou éoliens en Afrique
avec d’autres partenaires internationaux.
ONEE
Accord avec la Banque Islamique Trois projets sont en développement
de Développement pour la mise au Mali, Tchad et Niger pour (i) une Rapport
en œuvre de l’initiative d’appui à électrification à partir du solaire (ii) un d’activités
l’électrification rurale en Afrique nouveau business model (iii) un 2018, ONEE
subsaharienne. transfert de savoir-faire.
IRESEN
Green Energy Park et l’Institut Cette plateforme est spécialisée dans le
national polytechnique de Côte développement et la validation de Challenge .ma,
d’Ivoire ont signé en Février 2020 technologies solaires pour la 13/02/2020
un contrat pour la construction production électrique, le traitement de
d’une plateforme test de l’eau et l’utilisation en agriculture.
recherche et de formation.
Green Africa Innovation Network Cette collaboration vise à renforcer la
entre l’IRESEN et plusieurs instituts coopération scientifique, à contribuer
de Côte d’Ivoire, du Mali, du Benin, au développement de la formation, de
du Sénégal, du Burkina Faso, le la recherche appliquée et de Site IRESEN
Réseau Africain pour l’Énergie l’innovation dans les domaines des
Solaire et des institutions énergies renouvelables.
nationales.
32
AMEE, Une vingtaine d’accords de coopération avec des pays africains
Coopération bilatérale avec le Renforcement de capacités
SENEGAL en matière d’énergies Tests et labellisation des équipements. Site AMEE
renouvelables, d’efficacité Cartographie des ressources
énergétique et de recherche. Etudes des potentialités ENR/EE
Accord Ministère de l'énergie, des Le Centre, abrité par l’AMEE, assiste les
mines et de l'environnement/ pays africains dans la formulation de Site AMEE
UNESCO pour la création d’un stratégies et de politiques sur les ENR
Centre Régional pour les Energies et l’EE.
Renouvelables et l’Efficacité
Energétique.
NAREVA
Protocole d’accord entre Nareva Développer des actifs énergétiques en
Holding et Engie signé en juin Afrique du Nord et de l’Ouest, qui vise Site Wikipedia
2016 un portefeuille d’actifs de 5 à 6 GW sur de NAREVA
2020 - 2025.
Le consortium NAREVA/ENGIE Développer,
a concevoir, financer, construire,
été déclaré adjudicataire exploiter et assurer la maintenance de L’Economiste|
provisoire pour la réalisation de la la centrale photovoltaïque de Gafsa, le 17/01/2020
centrale PV en Tunisie d’une capacité de 120 MW sur 20 ans.
33
Il y a aussi lieu de signaler le plan solaire méditerranéen, qui offre une
plateforme de coopération régionale pour les questions énergétiques, le dialogue
politique et un cadre de promotion, avec aussi un objectif de convergence
réglementaire entre le Nord et le Sud.
34
2. Benchmarking international
Dans le futur, les politiques des énergies renouvelables devront être plus
holistiques pour permettre leur expansion rapide avec tout ce que cela implique pour
les systèmes électriques, la société et l’économie. Des politiques stables sur le long
terme se sont révélées être des éléments clés pour assurer la confiance des
investisseurs, mais elles doivent aussi pouvoir refléter les changements rapides des
conditions du marché et des progrès technologiques.
35
Figure 17 : Situation actuelle des énergies renouvelables dans les pays ciblés
36
Chili
Allemagne
Espagne
Afrique du Sud
37
Alors que l’Afrique du Sud a réussi avec succès à attirer les investisseurs privés
pour son programme d’énergies renouvelables, elle rencontre des difficultés avec
l’opérateur national fortement endetté, qui a retardé à plusieurs reprises le
développement de projets d´énergies renouvelables.
Royaume-Uni
Ce succès s’explique par l’investissement réalisé dès le début dans la R&D et les
infrastructures critiques et par les perspectives données à l’industrie sur le long terme.
Le pays a aussi passé des accords avec l’industrie pour garantir la réalisation d’un
volume de projets et de soutien en retour d’investissements réalisés pour la réduction
des coûts de la technologie.
38
• Assurer que l’opérateur public, en charge de
signer les contrats d’achat d’électricité avec les
Afrique du Sud
producteurs d’énergie indépendants, n’a pas
de conflits d’intérêt avec eux.
• Prioriser la connexion des installations
renouvelables au réseau et la capacité de Chili,
Politique/
transmission pour garantir que les contrats Allemagne,
Gouvernance
d’achat d’électricité seront honorés et éviter les Afrique du Sud
(suite)
réductions de production d’énergie
• Assurer une transparence totale sur les coûts
réels des mécanismes de support aux énergies
Allemagne,
renouvelables, fournis par l’état /les
Espagne
contribuables, permet de pérenniser le
programme de support aux énergies
renouvelables.
• Privilégier les technologies les moins
Chili, Allemagne,
coûteuses aux technologies moins
Afrique du Sud
compétitives, pour limiter le poids financier
Royaume Uni
des subventions aux énergies renouvelables
• Supporter le développement d’une industrie
Technologique
locale, autour d’une technologie renouvelable
donnée en identifiant les obstacles aux chaines
Royaume Uni
d’approvisionnement, là où les fonds publics
peuvent avoir un impact significatif concret,
comme les ports ou les aéroports.
• Minimiser les coûts en adoptant le recours aux Chili, Allemagne,
appels d’offres compétitifs. Afrique du Sud
Royaume Uni
• Mettre en concurrence les technologies
renouvelables de niveau de maturité similaire Allemagne,
dans les appels d’offres pour maximiser la Royaume Uni
concurrence et réduire les coûts.
• Limiter l’enveloppe des subventions pour
Economique
assurer que les charges financières restent à un Afrique du Sud,
niveau économiquement acceptable pour le Espagne
système électrique ou pour le contribuable
• Les investisseurs exigent de la transparence
sur la rentabilité de l’installation durant sa Espagne
durée de vie pour accepter de prendre le
risque d’un financement initial élevé pour les
installations d’énergies renouvelables.
39
• Assurer des fonds suffisants à travers la
tarification de l’électricité ou des taxes si
Afrique du Sud
l’opérateur national est le partenaire contractuel
Economique des accords d’achat d’électricité.
(suite) • Utiliser des technologies matures sans
subventions si le pays dispose de ressources Chili,
renouvelables et de la confiance des Royaume Uni
investisseurs.
• Le développement d’une industrie locale exige
une feuille de route claire, sur le long terme pour Royaume Uni,
le déploiement d’une technologie renouvelable Espagne
donnée.
• Un haut niveau de contenu local peut être Afrique du
Industriel réalisé en incluant des critères d’évaluation non Sud,
financiers pour le programme d’électricité Royaume Uni
renouvelable.
• L’établissement de partenariats industriels
public-privé peut lier le développement
Royaume Uni
ambitieux d’une technologie à un engagement
de réduction de coûts dans l’industrie.
Alors que les objectifs, les politiques et les expériences diffèrent, plusieurs points
communs et tendances peuvent être identifiés, trois d’entre eux sont développés dans
ce qui suit.
Ces dernières années, les pays ont essayé de minimiser le coût des installations
d´énergies renouvelables en adoptant des appels d’offres concurrentiels qui
deviennent de plus en plus neutres sur le plan technologique.
Les appels d’offres d’électricité au Chili sont basés sur le principe de la neutralité
technologique, y compris pour les sources conventionnelles, et ont conduit à une
réduction significative des prix et une augmentation du nombre d’entreprises de
production y participant. Entre 2013 et 2017, le prix nominal des offres retenues a chuté
de 130 à 32.5 USD/MWh. Les appels d´offres s’inscrivent dans le schéma des contrats
d’achat d’électricité avec les compagnies de distribution et ont eu comme résultat la
construction de capacités d´énergie renouvelable sans subventions.
40
En Allemagne, les sources d’électricité renouvelable sont supportées
principalement à travers une prime de marché déterminée par un schéma d´appels
d´offres concurrentielles. Les appels d´offres considèrent des groupes de technologies
avec l’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque en compétition directe l’un avec
l’autre. Les offres ont conduit à une réduction importante des prix et favorisent la
technologie la plus rentable dans chaque groupe. En Allemagne, cette approche a
conduit à moins d’éolien terrestre et à plus de solaire photovoltaïque.
Comme les subventions aux énergies renouvelables ont chuté pour toutes les
technologies, les pays semblent favoriser les technologies les moins coûteuses par
rapport à celles moins compétitives, surtout quand le poids des subventions
commence à peser sur les secteurs électriques.
41
Entre 2005 et 2012, l’Espagne a développé rapidement sa capacité en énergies
renouvelables, supportée en grande partie par des mécanismes très attractifs de tarifs
de rachat garanti. A la même période, l´Espagne a installé 2.3 GW de solaire CSP et a
développé la plus grande industrie de cette technologie au monde.
Le mécanisme de tarifs de rachat garanti n’a pas réussi à faire baisser les coûts,
de même la tarification généreuse et l’absence d’un plafond au soutien de l’État a
entrainé le développement du solaire CSP au-delà des objectifs escomptés par les
autorités publiques. Cela a contribué à l´accumulation d´un déficit tarifaire important
dans le système électrique espagnol. Pour le contrôler, le gouvernement a pris diverses
mesures, parmi lesquelles l’arrêt des subventions aux installations CSP existantes.
L’Afrique du Sud a réussi avec succès à attirer l’investissement privé dans les
énergies renouvelables à travers des programmes d’achat publics compétitifs. Ces
derniers ont permis le développement rapide des énergies renouvelables, la réduction
des coûts et des niveaux élevés de valeur ajoutée locale (contenu local).
Ces dernières années, Eskom a renégocié sans mandat les tarifs avec les
producteurs indépendants d´électricité et a refusé de signer des contrats d’achat
d’électricité. Le succès du programme sud-africain de développement des énergies
renouvelables restait conditionné par la capacité d'Eskom à connecter les installations
au réseau, ces dernières ayant le droit aux subventions une fois qu’elles deviennent
opérationnelles, même si elles ne sont pas encore connectées au réseau. Mais Eskom
n’a pas réussi à connecter à temps plusieurs installations.
42
Alors que le coût de support à l’électricité renouvelable est un peu caché par le
système de régulation du tarif de l’électricité en Espagne et en Afrique du Sud, la loi
sur les énergies renouvelables est transparente sur le coût de subvention de l’électricité
renouvelable en Allemagne. Tous les tarifs de rachat garanti et les primes de marché
donnent lieu à une seule surcharge répercutée directement sur le consommateur.
43
Le programme d’achat public sud-africain a été développé en ayant conscience
des insuffisances institutionnelles historiques du secteur de l’électricité.
Aussi bien le Chili que l’Afrique du Sud ont réussi à attirer un grand nombre
d’entreprises internationales pour participer aux appels d’offres concurrentielles et ont
obtenu des réductions de coûts importantes. En incluant des critères d’évaluation non
financiers bien définis dans son programme, l’Afrique du Sud a réalisé un niveau de
contenu local important dans les projets d’énergies renouvelables retenus suite aux
appels d´offres.
Dès le début, les autorités publiques ont collaboré avec les partenaires
industriels et les développeurs de projets (principalement étrangers), en créant des
partenariats industriels pour définir conjointement le futur du secteur de l’éolien
offshore au Royaume-Uni. Ces partenariats industriels ont amené les parties prenantes
industrielles et les décideurs politiques à collaborer et ont été essentiels pour aligner
les plans gouvernementaux avec les engagements des industriels.
Les pouvoirs publics ont également défini des objectifs ambitieux pour le
développement de l’éolien offshore à moyen et long terme avec des scénarios
pessimiste et optimiste. Ils ont fait un lien clair entre l’ambition de plus de
développement de la technologie offshore et la preuve d’une réduction des coûts par
l’industrie, tout en assurant l’augmentation de la valeur ajoutée locale (contenu local).
Avec l’industrie, ils ont aussi aligné leurs objectifs pour l’export au fur et à mesure que
le marché mondial de l’éolien offshore se développait.
44
Le Royaume-Uni a reconnu très tôt que l’éolien offshore pouvait jouer un rôle
important pour atteindre les objectifs du programme national des énergies
renouvelables. Le développement d’une industrie locale pour l’éolien offshore a été
identifié comme une des meilleures façons de réduire les coûts. Alors que la
technologie était encore à ses débuts, un large support à l’innovation, à travers des
installations de tests et d’essais et le financement d’instituts de recherche ont été
assurés par des fonds publiques.
45
Chili
Le Chili est situé sur la côte pacifique de l´Amérique du Sud et son littoral s'étend
sur 6 435 km. La géographie de ce pays, long de 4 300 km avec une largeur moyenne
de 175 km entre l´océan pacifique et la cordillère des Andes lui confère une
topographie et un climat diversifiés, allant de l´un des déserts les plus arides du monde
au Nord, à un climat froid alpin au Sud en passant par un climat de type méditerranéen
au centre.
Profil énergétique
46
La gestion des infrastructures et du réseau électrique national est la
responsabilité du Coordinateur national de l'électricité (Coordinador Eléctrico
Nacional). Le ministère de l'Énergie est responsable de la planification et de la
réglementation du secteur de l'énergie, laissant à la Commission nationale de l'énergie
la responsabilité de la mise en œuvre.
Le pays a fixé des objectifs ambitieux pour la part d’énergies renouvelables dans
le secteur de l’électricité : 60% en 2035 et 70% d’ici 2050. Il s’est aussi engagé à réduire
de 30% les émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de l'accord de Paris.
47
Cependant, plusieurs centrales à charbon sont actuellement en construction et
l'intermittence du solaire et de l´éolien impose des contraintes de stabilité sur le réseau.
Le Chili n'a qu'une seule connexion électrique transfrontalière et doit produire la quasi-
totalité de son électricité à l'intérieur du pays.
Dans certains nœuds du réseau, les prix sont fréquemment tombés à zéro et la
baisse forcée de production qui s´ensuit a affecté négativement les recettes des
centrales électriques. Plusieurs lignes à haute tension sont prévues afin de réduire cette
congestion. Pour soutenir l'intégration des énergies renouvelables et accroitre la
flexibilité du réseau, les centrales thermiques au charbon et les centrales
hydroélectriques pourraient être réaménagées.
Plus de 160 entreprises sont actives dans le secteur de la production, mais bon
nombre d'entre elles sont en réalité des filiales des grandes entreprises Engie, ENEL,
AES Gener et Colbún. En 2016, ces quatre sociétés représentaient 74% de la capacité
installée dans le pays et 83% de la production électrique totale.
48
Les sociétés de distribution assurent l'approvisionnement en électricité de leurs
clients grâce à des contrats d'achat d'électricité à long terme. Le marché des contrats
d´achat, qui s'adresse également aux gros consommateurs, est complété par un
marché au comptant (spot) géré par la Commission nationale de l'énergie, dans lequel
seuls les producteurs peuvent acheter et vendre de l'électricité. Les clients sont facturés
sur la base de la moyenne pondérée des prix des contrats d’achat d’électricité à laquelle
s´ajoute des frais d´acheminement (transport et distribution).
49
2.1.4. Étude de cas : Comment le Chili a réussi sa politique énergétique et est
devenu un marché attractif pour les investissements dans les énergies
renouvelables
Le Chili abrite avec le désert d'Atacama des ressources d'énergie solaire parmi
les plus abondantes au monde et possède en plus un grand potentiel pour l'éolien
terrestre et l'hydroélectricité grâce à son long littoral parallèle à la plus longue chaîne
de montagnes du monde. Selon une étude du ministère chilien de l'Énergie et de
l'Agence allemande de coopération internationale pour le développement, le potentiel
solaire photovoltaïque est estimé à 1 263 GW, le solaire thermique à concentration à
548 GW et l'énergie éolienne à 37 GW (Bersalli, 2019)
50
La politique énergétique repose sur quatre piliers, avec pour chaque pilier des
objectifs et un plan d'action spécifique à l´horizon 2035 et 2050.
51
Un système de rééquilibrage garantit que les prix de l'électricité dans les
différentes zones de concession ne diffèrent pas de plus de 5%.
Source : (Nasirov, S., Cruz, E., Agostini, C., & Silva, 2019)
52
Comme mentionné ci-dessus, depuis 2014 les enchères prennent en compte à
la fois la production de base d´électricité et l'approvisionnement horaire, ce qui permet
aux sources d'énergie renouvelable de faire directement la concurrence aux sources
conventionnelles.
En 2016, le Chili a vendu aux enchères 3 000 hectares de terres à fort potentiel
d’énergies renouvelables dans plusieurs endroits du pays. Fin 2016, 15% de l'éolien
terrestre installé et 7% de la capacité solaire étaient situés sur des terres publiques.
Près de la moitié des projets éoliens et solaires en cours de développement ou en
construction se trouvent sur des terres publiques.
La création d'un ministère de l'Énergie en 2010 a été une étape majeure dans le
développement institutionnel du secteur énergétique chilien. Le pays a ensuite créé
une Agence chilienne pour l'efficacité énergétique et un seul Coordinateur national de
l'électricité en tant qu´opérateur indépendant du système de transport.
53
L'élaboration d'une stratégie énergétique à court terme sur 2014-2018 et d'une
politique énergétique à long terme jusqu'en 2050 a été menée par le ministère de
l'énergie. Ce travail a inclus de larges consultations publiques avant d'être adopté. Il
est devenu un exemple international de la manière dont les gouvernements peuvent
impliquer la société civile dans la conception de la politique énergétique (IEA, 2018).
"Energy 2050" a duré deux ans, a suivi les quatre stades de développement
prévus et a toujours pris en compte deux horizons :
1) Le court terme : travail sur les normes, les politiques et les réglementations pour
garantir la faisabilité technique et la durabilité.
54
Les conclusions des "panels thématiques" du premier stade ont été utilisées
comme points de départ pour le travail d'un comité consultatif. Le résultat principal de
ce comité était la feuille de route 2050, qui a été élaborée en deux phases. Durant de
la première phase, des groupes d'expert ont formulé leurs visions jusqu'en 2050 pour
chaque sous-secteur clé de l'énergie.
Durant la seconde phase, les visions du sous-secteur ont été utilisées pour
définir six axes stratégiques avec des objectifs fixés par axe jusqu'en 2035 et 2050.
A chacune des deux premières étapes de développement, les trois niveaux de
participation ont été représentés et les différentes parties prenantes concernées ont
été entendues en fonction des thèmes et régions couverts.
Des panels et des conférences ont eu lieu dans tout le pays pour permettre une
participation diverse, auxquels se sont ajoutés des sondages en ligne pour prendre en
compte l'apport direct des citoyens (IEA, 2018).
55
Le fait de permettre aux producteurs de soumissionner pour des blocs horaires
spécifiques a considérablement augmenté le volume des offres d'énergie renouvelable
retenues et a augmenté le nombre de participants de trois opérateurs historiques
(Endesa, Colbún et AES Gener) à 84 lors de la vente aux enchères de 2016. La
technologie solaire photovoltaïque a émis une offre record de 21,48 USD/MWh en
2017, démontrant qu'elle pouvait concurrencer directement les technologies de
production conventionnelle et cela sans aucune subvention.
En 2018, Bloomberg New Energy Finance a classé le Chili au premier rang des
pays les plus attractifs pour les investissements dans les énergies renouvelables, et cela
sur la base de ses politiques gouvernementales fortes, de son bilan éprouvé en termes
d'investissement dans les énergies propres et de son engagement de décarbonation
malgré les contraintes du réseau (Bersalli, 2019).
Limites et perspectives
Etant donné que les distributeurs concluent des contrats d´achat à long terme
avec les producteurs, la concurrence pourrait être entravée sur une longue période, ce
qui nuirait éventuellement aux consommateurs. En général, un marché de vente de
l´électricité monopolistique, basé sur des concessions tel que celui du Chili pourrait
nécessiter une réglementation constante pour stimuler l'innovation dans l'offre
d'électricité et la réponse à la demande (IEA, 2018).
56
Alors que le Chili ferme ses centrales au charbon dans le cadre de son plan de
neutralité carbone, il sera intéressant de voir s'il peut combler avec le CSP le manque
de capacité dispatchable.
Allemagne
L'Allemagne est située en Europe centrale, bordée au Nord par la mer Baltique
et la mer du Nord et au Sud par les Alpes. Elle a un littoral de 2 389 km et un climat
continental tempéré avec une influence océanique. Environ un tiers des terres sont des
forêts et la géographie du pays comprend un mélange de plaines au Nord, de
montagnes moyennes au centre et des Alpes bavaroises au Sud.
C’est le pays le plus peuplé d'Europe. Ses 83 millions d'habitants sont répartis
de manière assez uniforme dans la majeure partie du pays. Les zones urbaines attirent
des populations plus importantes et plus denses (77,5%), en particulier dans la zone
ouest du Land industriel de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le PIB par habitant
(mesuré en parité de pouvoir d'achat) était de 50 800 USD en 2017. L'Allemagne a
connu une décennie de croissance économique avec des taux de croissance d'environ
2,5%. En 2017, le secteur tertiaire représentait 74,3% du PIB, celui de l'industrie 24,2%
et l'agriculture 1,4%. L’économie allemande est axée sur les exportations, les principaux
produits d’exportation étant les voitures et camions, les machines, les produits
chimiques et les produits informatiques et électroniques (CIA, 2020a).
57
Profil énergétique
Dans certains cas, l'expansion des énergies renouvelables a été ralentie par un
manque de renforcement du réseau de transport qui a entraîné, par exemple, le retard
de projets éoliens offshore prévus dans le nord de l'Allemagne. Cela était dû en grande
partie à l'opposition du public aux lignes électriques aériennes allant du Nord de
l'Allemagne, riche en vent, vers les régions hautement industrialisées du Sud du pays.
Le problème posé par cette contestation publique a été en partie atténué par
l'approbation de câbles souterrains plus coûteux.
58
Dans l'ensemble, la transition énergétique allemande a été assez coûteuse, en
partie en raison de la sortie précoce et progressive du nucléaire et de l'expansion
parallèle de la capacité de production de centrales à gaz. La surtaxe sur les énergies
renouvelables "EEG" destinée à financer les investissements dans les énergies vertes
est ajoutée au prix unitaire de l'électricité.
2.1.6. Etude de cas : Comment l’Allemagne a géré avec transparence les coûts et
les tarifs de l’électricité renouvelable
L´Allemagne fait partie des premiers pays à avoir adopté les énergies
renouvelables. Elle subventionne depuis 2000 des installations d'énergies
renouvelables, qui commenceront à perdre leurs subventions en 2021. La baisse rapide
du coût de l'énergie éolienne terrestre, éolienne offshore et solaire photovoltaïque ne
sera perceptible qu´en 2022, lorsque le montant annuel total des subventions devrait
commencer à baisser. Les nouvelles installations éoliennes terrestres et
photovoltaïques en Allemagne, qui se font directement concurrence dans les enchères,
perçoivent 49 EUR / MWh.
59
A mesure que la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique
allemand augmente, la structure de propriété des actifs de production évolue vers un
modèle de propriété distribuée (moins concentrée).
Marché de l'électricité
60
Le prix de détail des clients résidentiels est composé comme suit :
• Approvisionnement et distribution
• Taxes
• Frais de réseau
• Redevance de concession
• Surtaxe EEG (résultant de la loi allemande sur les énergies renouvelables)
• Surtaxe éolienne offshore (à partir de 2019)
• Surtaxe électricité et chaleur combinée
• Autres frais (facturation, comptage, …)
En Allemagne, tous les coûts du réseau sont répercutés aux clients finaux, le
générateur ne payant que le coût de connexion initiale au réseau. La répartition des
coûts diffère entre les grands et les petits consommateurs. Les clients industriels sont
principalement facturés sur la base du niveau de leur consommation de pointe qui
coïncide avec la demande de pointe du système, combinée aux frais de consommation
d'énergie par kWh. Les petits consommateurs sont facturés principalement sur la base
de leur consommation d'énergie majorée d´une taxe de base par client.
Les frais de réseau sont basés sur les coûts directs du réseau et la fourniture des
services du système, tels que :
• Coûts d´équilibrage pour les écarts par rapport aux profils de charge standard
au niveau de la distribution.
Les frais de réseau sont attribués exclusivement au sein de chacun des territoires
de distribution des GRT et peuvent varier d'un territoire à l'autre. En 2019, 1,7 milliard
d'euros ou 0,416 centimes par kWh pour le raccordement au réseau des parcs éoliens
offshore ont été alloués aux clients non-exemptés par le biais d´une surtaxe. Cette
surtaxe peut donc être considérée comme faisant partie du coût de développement de
l'éolien offshore en Allemagne.
Auparavant, le coût de connexion au réseau pour les parcs éoliens offshore était
réparti également entre les GRT et s'ajoutait ainsi à leurs frais de réseau respectif, même
si la majorité des coûts n´était engendré que dans le territoire d'un seul GRT (RAP,
2019).
61
Au niveau du GRD, les frais de réseau peuvent varier considérablement car les
coûts de connexion des parcs éoliens terrestres et des systèmes photovoltaïques sont
principalement répartis entre les clients du réseau de distribution du GRD. La forte
pénétration de la production décentralisée, en particulier des installations
photovoltaïques, a stimulé l'expansion du réseau, mais augmente également la
variabilité des frais de réseau entre les régions GRD (RAP, 2015).
Etant donné que le système allemand de redevances de réseau est encore basé
sur les besoins du système sur la base d´une production d'électricité conventionnelle
centralisée, il ne fait pas de différence entre l'heure et le lieu de l'injection et ceux de
la consommation, par exemple en ce qui concerne l'emplacement des goulots
d'étranglement.
62
Avec l´amendement de la loi EEG en 2017, un système d'appel d'offres a été
adopté pour toutes les installations éoliennes, photovoltaïques et biomasse de plus de
0,75 MW (0,15 MW pour la biomasse). L'Agence allemande des réseaux lance des
appels d'offres plusieurs fois par an pour une certaine capacité totale, spécifique à une
technologique, et pour laquelle les parties intéressées soumissionnent des offres
mentionnant la taille du projet et le taux de subvention requis. L'Agence du réseau
accepte les offres les moins chères qui correspondent à la capacité totale mise aux
enchères. La subvention est répercutée sur les consommateurs sous la forme d'une
redevance sur la facture d'électricité, la "surtaxe EEG".
Ainsi, au lieu de recevoir un tarif de rachat garanti, ils reçoivent une prime
calculée comme la différence entre le tarif de rachat spécifique à la centrale électrique
et la valeur du marché de référence, qui est calculée ex-post en tant que prix moyen
mensuel sur le marché journalier. Tout revenu supplémentaire provenant par exemple
de l'équilibrage peut être conservé par l'opérateur. Plus de 90% de l'éolien terrestre et
toute la capacité éolienne offshore relèvent de ce modèle. Les installations sur les toits
étant exclues, seulement 20% de la capacité solaire PV est couverte par ce modèle.
Pour toutes les formes de subvention, que ce soit via un tarif de rachat garanti
ou un modèle de prime de marché, la différence entre le prix du marché et les revenus
du producteur d'électricité renouvelable doit être comblée (Institute for Applied
Ecology, 2018).
63
Afin de protéger la compétitivité de certaines industries, l'Allemagne prévoit
plusieurs exonérations et la différence des prix de l'électricité peut être importante. En
raison des exemptions pour de nombreux clients industriels, il est difficile de comparer
les prix de l'électricité à usage industriel. Cependant, grâce aux exemptions, les prix
pour les grands clients industriels en Allemagne sont au même niveau voire même plus
bas que dans la plupart des pays européens (RAP, 2015).
La surtaxe est fixée par les GRT en octobre et est valable pour un an. Entre 2010
et 2018, la surtaxe EEG est passée de 2,05 à 6,79 cent / kWh. La plus grande part de la
hausse des prix est due au solaire photovoltaïque, avec 1,38 cent / kWh, suivi par
l'éolien offshore (0,93 cent / kWh) et l'éolien terrestre (0,68 cent / kWh).
L'effet des exemptions pour certains clients industriels en 2018 était de 1,57 cent
/ kWh et a ainsi gonflé la surcharge EEG payée par les clients non-exonérés (Institute
for Applied Ecology, 2018).
64
En 2035, l'électricité devrait coûter le même prix qu'aujourd'hui, avec 60%
provenant de sources d'énergie renouvelables, contre 28% aujourd'hui, puisque
l'éolien terrestre, l'éolien offshore et le solaire photovoltaïque sont devenus des
alternatives plus abordables pour la production d’énergie (Oeko-Institut, 2016).
Royaume-Uni
65
Le gaz naturel et le pétrole représentent la majorité (73%) de
l'approvisionnement total en énergie primaire (TPES). Le nucléaire est la troisième
source d´énergie représentant 10% du TPES et 21% de l'électricité produite. En 2016,
la puissance installée totale était de 97,1 GW, dont 39% est issue de sources d'énergies
renouvelables autres que l'hydroélectricité.
Profil énergétique
Le Bureau est financé par les droits de licence des sociétés actives dans le
secteur. National Grid possède et exploite les réseaux d'électricité et de gaz. À partir
de 2019, un opérateur de réseau électrique " Electricity System Operator "
juridiquement distinct a été créé au sein du groupe National Grid qui est censé jouer
un rôle proactif dans la gestion d'un système électrique de plus en plus flexible.
66
En 2018, la puissance installée totale de l'éolien, du solaire et de la biomasse a
dépassé celle du charbon et du gaz. Sur les 33 GW de capacité d'énergies renouvelables
intermittentes installée en 2018, l’éolien représentait 61% et le solaire photovoltaïque
39% (IEA, 2019c).
Les producteurs accrédités peuvent vendre des ROC à des fournisseurs et des
traders, soit en négociant le prix ou via une bourse. Les producteurs qui ne satisfont
pas à leurs exigences en matière de ROC doivent contribuer à un fonds de rachat
(« buy-out fund »).
67
Le dispositif de tarifs de rachat garantis a été introduit en 2010, principalement
pour soutenir le développement de la production d'énergie renouvelable à petite
échelle par les communautés, les entreprises et les particuliers. Il s'applique aux
installations d'une puissance maximale de 5 MW. Le programme prend en charge plus
de 800 000 installations d'une capacité totale de 6 GW, dont 80% sont solaires
photovoltaïques. Pour limiter les coûts du programme aux consommateurs finaux, le
gouvernement révise régulièrement les tarifs afin fournir des rendements attractifs sans
pour autant surcompenser les producteurs et d´allouer un budget maximum au
dispositif.
Les "Contracts for Difference" sont attribués dans le cadre d'appels d'offres
concurrentiels et constituent le principal mécanisme de soutien aux projets d'énergie
renouvelable à grande échelle. Les producteurs retenus se voient garantir un certain
prix de l'électricité pendant toute la durée du contrat, recevant ainsi une prime si le prix
du marché de gros est inférieur au prix d'exercice du contrat. Si le prix de gros est
supérieur au prix d'exercice du contrat, le producteur doit rembourser l'excédent. Les
CfD permettent une grande prévisibilité des revenus, ce qui réduit le coût du capital
pour les développeurs.
Les paiements CfD sont prélevés auprès de toutes les sociétés de distribution
qui répercutent ces coûts sur le consommateur. Le programme d´appels d´offres
concurrentielles compte des budgets CfD différents pour les technologies établies (par
exemple l'éolien terrestre et le solaire PV) et celles moins établies (par exemple l'éolien
offshore, la cogénération de biomasse). Le programme a entraîné des investissements
substantiels et permis des réductions de coûts dans certaines technologies
renouvelables, en particulier dans l'éolien offshore.
68
2.1.8. Étude de cas: Comment le Royaume-Uni a assuré une grande partie de la
chaîne de valeur éolienne offshore pour son économie sans
compromettre la compétitivité des coûts
La réduction des coûts est importante pour que l'industrie éolienne offshore
britannique devienne compétitive par rapport non seulement aux autres sources
d´énergies renouvelables, mais aussi aux sources d´énergies conventionnelles et soit
ainsi abordable pour le consommateur final. Le gouvernement a réussi à conserver les
investissements localement, tout en attirant des sociétés énergétiques étrangères pour
développer des projets éoliens offshores au Royaume-Uni.
69
Innovation et développement initial de la chaîne d'approvisionnement
Il était crucial de réduire les coûts alors que l'éolien offshore était encore à un
stade de développement plus précoce que celui de l'éolien terrestre, avec des
conceptions encore en évolution et des coûts nettement plus élevés, dus en partie au
besoin d'une plus grande fiabilité compte tenu de la difficulté de l'environnement
d'exploitation et d´un déploiement à grande échelle.
70
Développement de la chaîne d'approvisionnement
Partenariat industriel
71
Horizons de planification longs et demande intérieure stable
Neuf ans plus tard, le secteur de l'éolien offshore au Royaume-Uni est une
réussite et les coûts ont même chuté plus rapidement que prévu. A l’horizon 2020,
l'éolien offshore devrait fournir 10% de la demande d'électricité du Royaume-Uni.
• Atteindre un contenu local britannique total sur le cycle de vie des projets de
60% pour les projets commandés à partir de 2030.
72
• Cibler une multiplication par cinq des exportations à 2,6 milliards GBP par an
d'ici 2030, principalement par le biais de développeurs de projets, qui
encourageraient leurs chaînes d'approvisionnement britanniques à
soumissionner des offres pour des contrats dans leurs portefeuilles de projets
internationaux.
73
• Entreprendre une nouvelle location de fonds marins pour garantir qu'un
pipeline durable de projets puisse être développé dans les années 2020 et 2030.
Bien que les exigences de contenu local britannique via le dispositif de soutien
CfD soit un moyen d'encourager les développeurs à inclure des fournisseurs locaux
dans leurs offres pour que ceux-ci puissent gagner des contrats de chaîne
d'approvisionnement, l'intention principale du gouvernement est que les fournisseurs
locaux prennent des mesures significatives pour devenir compétitifs et faire mûrir
l'industrie. Les partenariats avec l'industrie sont considérés comme une plate-forme clé
pour réduire les coûts et combler le déficit de compétences locales (Kochegura,
2017).
74
Ce cadre de reporting définit le contenu local britannique comme le
pourcentage des dépenses totales non actualisées du propriétaire de parc éolien pour
un parc éolien depuis l'attribution des droits de développement jusqu'à la fin du
démantèlement. Ces dépenses sont effectuées par le biais de contrats attribués à des
entreprises opérant au Royaume-Uni.
Le contenu local britannique exclut la valeur des contrats passés avec des
sociétés britanniques qui sous-traiteraient avec des sociétés non actives au Royaume-
Uni et inclut la valeur des contrats passés avec des sociétés non-britanniques qui sous-
traiteraient avec des sociétés opérant au Royaume-Uni. Le cadre exige que les
propriétaires de parcs éoliens évaluent correctement le contenu local britannique pour
tous les contrats d'une valeur de 10 millions GBP et plus, en faisant preuve de
discernement pour les contrats d´un montant inférieur à ce seuil. Le contenu local du
Royaume-Uni comprend les étapes de développement initial, de fabrication et de
construction, et d'exploitation et de maintenance (BVG Associates, 2015).
Alors qu'il a été estimé que 65% du contenu local britannique pourrait être
atteint d'ici 2030, les limites pratiques des capacités britanniques dans la chaîne
d'approvisionnement éolien offshore, que ce soit la construction de grands navires,
l'extraction de matières premières ou la fabrication de gros composants électriques
comme les transformateurs, doivent être prises en compte. Jusqu'en 2017, la plus
grande part du contenu local a été atteinte dans le développement initial (73%) ainsi
que dans les phases d'exploitation et de maintenance (75%), les phases de fabrication
et de construction étant à la traîne (29%), en grande partie en raison des limites des
capacités britanniques mentionnées ci-dessus (Renewable UK, 2017).
75
En 2019, dans le cadre de l'accord sur le secteur de l'éolien offshore, l'industrie
s'est engagée à augmenter le contenu local à 60% d'ici 2030, contre 48% actuellement,
y compris des augmentations dans les phases de fabrication et de construction.
L'industrie mettra à jour sa méthodologie concernant le contenu local britannique et
s'engage à accroître la transparence et à adopter une approche plus holistique
concernant ses rapports sur le contenu local britannique et les exportations
britanniques (Clark, Sykes, Brown, 2019).
Afrique du Sud
Située au sud du continent africain, l'Afrique du Sud est dotée d´un littoral de 2
798 km de long. Le pays possède un vaste plateau intérieur bordé de collines au relief
accidenté et une plaine côtière étroite avec un climat principalement semi-aride ainsi
qu´une une ceinture subtropicale le long de la côte est.
76
Profil énergétique
77
2.1.10. Étude de cas : Comment l´Afrique du Sud a permis au secteur privé
d'investir et de développer la production d'électricité renouvelable
Le pays s´est fixé des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre
et a créé un Département de l'Énergie distinct, pour résoudre les conflits d'intérêts
inhérents entre le secteur énergétique et le secteur minier, qui existaient au sein du
précédent Département de l'Énergie et des Mines (World Resources Institute, 2013).
78
Les producteurs d'électricité indépendants obtiendraient, grâce aux tarifs de
rachat garantis fixés par le programme REFIT, une marge bénéficiaire jugée
« raisonnable » pour l'électricité qu'ils produisent (World Bank Group, 2014).
Un processus d'appel d'offres pour les énergies renouvelables a été lancé dans
le cadre du REIPPPP. Selon la Banque mondiale, ce programme a été instauré, alors
que le pays était conscient des lacunes institutionnelles historiques du secteur de
l'énergie. La clôture des contrats avec les producteurs d'électricité indépendants avait
échoué sous la responsabilité d'Eskom, en partie à cause du manque de compétences,
mais aussi à cause du manque d'incitations motivant Eskom à affaiblir son monopole
dans le secteur de l'énergie.
79
Figure 23 : REIPPPP – Sociétés privées impliquées dans l´évaluation
80
Le dossier d´appel d´offres était divisé en trois sections : exigences générales,
critères de qualification et critères d'évaluation et comprenait également un exemple
type de contrat "PPA", que les soumissionnaires retenus auraient à signer avec la
compagnie nationale d´électricité Eskom. Un accord de mise en œuvre signé par le
Département de l'Énergie et le producteur d'électricité indépendant fournirait une
garantie souveraine de paiement en cas de faillite d'Eskom. Le contrat d´achat et
l'accord de mise en œuvre étaient non négociables et basés sur les meilleures pratiques
internationales.
Investissements privés
En 2014, après les trois premiers tours d´appels d'offres, 3,9 GW de capacité de
production ont été attribués pour un volume d'investissement total de 14 milliards
USD. 56 des 64 projets retenus ont obtenu un financement de projet et 6 des 17 projets
retenus lors du troisième cycle d´appel d'offres ont obtenu un financement corporate.
Le grand intérêt des compagnies internationales comme la compagnie italienne Enel a
démontré que l'Afrique du Sud est devenue un marché attractif pour les
investissements privés dans les énergies renouvelables.
Les 64 projets retenus étaient financés aux deux tiers par des emprunts et au
quart par des fonds propres ou prêts actionnaires. La majorité des projets a été
financée par des banques commerciales sud-africaines (World Bank Group, 2014).
81
Figure 24 : Type de créanciers des trois premiers tours du REIPPPP
L'un des facteurs clés du programme était l'accent mis sur les critères autres que
le prix dans l'évaluation des offres soumises, afin de promouvoir la croissance de
l'emploi, l'industrialisation et le développement local.
Cela a permis à l'Afrique du Sud d'atteindre un contenu local élevé dans les
offres, passant de 27% à 46% pour l'éolien terrestre et de 38,4% à 53,8% pour le solaire
PV entre les trois premiers appels d’offres. (World Bank Group, 2014)
Après cinq appels d'offres réussis dans le cadre du REIPPPP, Eskom n’a pas
facilité la bonne mise en œuvre du programme. En sa qualité d'Agence d'achat des
énergies renouvelables, Eskom a refusé pendant plusieurs années de signer plusieurs
contrats d'achat d'électricité, mettant en danger la viabilité de près de 40 projets
d'énergie renouvelable et forçant plusieurs projets à se refinancer et à renégocier les
tarifs. Ces actions fragilisent les récents succès du programme de développement des
énergies renouvelables du pays.
82
En outre, le lobby sud-africain du charbon a tenté de contester juridiquement
27 PPA signés lors du quatrième cycle du REIPPPP. Cette contestation judiciaire a
finalement été rejetée par la plus haute cour d'appel d'Afrique du Sud en mars 2020.
Eskom a enregistré une perte record en 2019 malgré des augmentations de plus
de 500% des tarifs d'électricité depuis 2007. Les contrats PPA issus du quatrième tour
d´appel d´offres du REIPPPP ont déjà été renégociés et la crise financière d'Eskom
soulève la question épineuse de la baisse des tarifs des contrats PPA conclus lors des
tours précédents du REIPPPP.
De plus, la plupart des flux de capitaux vers les projets retenus sont d'origine
nationale. Même si plusieurs contrats d’achat d’électricité ont été renégociés et certains
projets ont dû être refinancés, la plupart des projets ont été livrés à temps et sont
opérationnels.
L’un des facteurs de réussite du REIPPPP a été son caractère pratique, non
bureaucratique et le fait qu´il soit hors budget.
Cependant, le programme devra à terme entrer dans un cadre plus formel pour
aussi pérenniser son financement. La préservation de la flexibilité et des normes élevées
du programme sera un défi de ce processus inévitable d’institutionnalisation. Si Eskom,
confrontée à des difficultés financières, devait être dissociée, les futurs achats d'énergie
renouvelable auprès des producteurs indépendants pourraient se faire au sein d'un
système indépendant et d'un opérateur de marché.
83
Espagne
Profil énergétique
84
Dans le secteur de l'énergie, les régions sont responsables de l'autorisation des
nouvelles centrales électriques de moins de 50 MW, des réseaux de transport 220 kV
et de tous les réseaux de distribution. La Commission nationale des marchés et de la
concurrence est le régulateur du secteur de l'électricité et définit également la
méthodologie de calcul des tarifs d'accès au réseau en fonction des coûts de transport
et de distribution (IEA, 2015).
Le " déficit tarifaire" massif qui s'était accumulé depuis 2001 dans le secteur de
l´électricité représente depuis 2011 la principale préoccupation du gouvernement
espagnol (les revenus du système étant trop faibles pour couvrir tous les coûts payés,
dont une partie concerne les programmes de soutien aux énergies renouvelables). Pour
contrôler le déficit tarifaire, le gouvernement a pris plusieurs mesures par le biais de
décret-loi royal, notamment des mesures visant à réduire les subventions pour les
capacités de production d´énergies renouvelables existantes et à les supprimer pour
les installations futures (IEA, 2015).
Depuis 2012, les régimes de soutien aux énergies renouvelables ont été ajustés
régulièrement. De plus le système actuel de prime, permettant un rendement
raisonnable, empêche les investisseurs d´avoir une transparence totale sur les revenus
et rendements attendus le long de la durée de vie des centrales. Cela a eu un impact
négatif sur le développement des capacités de production d'énergie renouvelable et a
stoppé la croissance auparavant forte de la technologie solaire CSP en Espagne.
85
2.1.12. Étude de cas: L'expérience de l'Espagne dans le développement du solaire
thermique à concentration (CSP)
La technologie solaire CSP peut fournir une énergie stable et sobre en carbone,
car l'énergie solaire peut être stockée sous forme de chaleur et utilisée après le coucher
du soleil. Ainsi, le CSP peut aider à mitiger les écarts entre l'offre et la demande
d´électricité dans un réseau où une part croissante de capacité de production d´énergie
provient de sources renouvelables intermittentes.
86
A l'origine, le PANER visait 5,0 GW de capacité CSP installée d'ici 2020. Bien
qu'aucun projet CSP majeur ne soit actuellement prévu en Espagne, le CSP fait toujours
partie au niveau de l'Union Européenne du portefeuille de technologies renouvelables.
Un nouveau Plan National Intégré Energie-Climat 2030 vise 4,8 GW de capacité
installée d'ici 2025 et 7,3 GW d´ici (Welisch, 2019).
Jusqu'à présent, les appels d'offres en Espagne portaient sur les technologies
les moins coûteuses telles que l'éolien terrestre, le solaire PV et la biomasse pour
atteindre le déploiement prévu de 3,0 GW par an. Le CSP n'est actuellement pas
compétitif comparé à d´autres technologies moins chères et le système d´appels
d´offres n´a pas été conçu pour refléter le rapport entre le coût et les bénéfices de la
technologie. Par conséquent, il est peu probable que des enchères technologiquement
neutres favorisent l'expansion du solaire CSP.
Bien que le CSP fasse partie du plan national intégré énergie climat
susmentionné, il n´ya aucune mesure concrète prévue pour soutenir son
développement, comme des enchères technologiquement spécifiques au CSP. En
raison des ambigüités politiques persistantes en Espagne, l'avenir du CSP reste
incertain.
87
Jusqu'en 2012, l'Espagne possédait un modèle de tarifs de rachat garantis
conçus pour offrir un rendement raisonnable aux producteurs. Entre 2005 et 2010,
l'Espagne a dépassé les objectifs de capacité fixés, entraînant des coûts élevés de
soutien à l'électricité d´origine renouvelable. Le déficit tarifaire chronique d'électricité
qui en a résulté a conduit à l´abandon du régime de soutien aux futures centrales
électriques renouvelables en janvier 2012. Le gouvernement a ensuite approuvé
plusieurs modifications rétroactives qui ont réduit le soutien aux centrales en
exploitation et diminué considérablement leur performance financière (Frisari, G., &
Feás, J., 2014).
88
Pourquoi l´Espagne a-t-elle brutalement ajusté sa politique ?
Les décideurs politiques ont sous-estimé le coût total du soutien au CSP et aux
autres énergies renouvelables. Les rendements attractifs des tarifs de rachat garantis
et l’absence de plafond au montant global des subventions ont encouragé la
construction d’installations au-delà de ce qui était prévu (Frisari, G., & Feás, J., 2014).
89
Choix et coût de la technologie
La R&D financée par des fonds publics dans le domaine du CSP est
principalement menée par le Centre pour l'énergie, l'environnement et la recherche
technologique (CIEMAT). Un centre à Almeria est dédié à l'amélioration des
technologies CSP telles que les auges paraboliques, les récepteurs centraux, les
paraboles et les collecteurs de Fresnel. En réponse à la crise économique, les dépenses
de R&D ont presque diminué de moitié entre 2012 et 2013 et étaient parmi les plus
faibles des pays de l'OCDE en 2015 (IEA, 2015).
Les centrales CSP espagnoles sont principalement basées sur la technologie des
auges paraboliques, qui était la technologie de premier choix jusqu'en 2014 et
demeure, avec les centrales CSP basées sur des tours solaires, un choix populaire
jusqu'à nos jours. La structure des incitations en Espagne a encouragé l'investissement
dans la technologie de stockage thermique car elle a aidé les centrales à atteindre des
facteurs de charge plus élevés que sans stockage, conduisant à un plus faible coût
actualisé de l´électricité (LCoE).
D'autres pays qui ont eu recours à des appels d´offres concurrentielles pour
attribuer des projets CSP ont des coûts technologiques moyens 20% inférieurs à ceux
de l'Espagne pour les centrales avec capacité de stockage et plus de 30% inférieurs
pour les centrales sans stockage (Frisari, G., & Feás, J., 2014).
90
Par rapport au solaire photovoltaïque, le solaire CSP est une technologie qui
génère plus de contenu local avec une plus grande part de matériaux et composants
produit localement. En 2010, 2,6 milliards Euros ont été investis dans la construction
de centrales CSP en Espagne. Pour une centrale CSP à miroir parabolique de 50 MW,
plus de 50% des investissements sont alloués au champ solaire. La part totale des
investissements dans le champ solaire, qui est la plus grande composante en main-
d'œuvre d'une centrale CSP, est supposée augmenter avec la capacité de la centrale.
91
Figure 27 : Détails des pourcentages d´investissement qui restent en Espagne
pour une centrale CSP avec stockage
100%
1 3 ,7
90%
2 9 ,8
80%
5 5 ,7 5 3 ,5
70%
60%
4 4 ,3 4 6 ,5
20%
10%
0%
Solar field Storage with salt Power island Others (Engineering, Total
Contracting, etc.)
Les changements de politique pris par les pouvoirs publics en 2012 ont
brutalement interrompu les investissements dans le CSP. Les changements visaient à
contrôler le déploiement du CSP afin de respecter les objectifs annuels. Cependant,
aucun investissement significatif n'a été réalisé dans cette technologie depuis 2012,
même si les entreprises espagnoles jouent un rôle de premier plan dans l'industrie
mondiale du CSP. Contrairement à l'expérience britannique avec le développement de
l'éolien offshore, l'expérience espagnole souligne l'importance d'établir des cadres de
soutien transparents et stables pour assurer le succès d'une technologie d'énergie
renouvelable.
92
Les principaux enseignements de l'expérience espagnole pour les décideurs
sont:
93
3. Choix opérés par le Maroc pour développer son
programme solaire et éolien
Le contexte national
Cette section présente le cadre dans lequel évolue le programme marocain des
énergies renouvelables : la stratégie énergétique, le cadre institutionnel, le cadre
juridique et le régime qui régit la production de l’électricité à partir des énergies
renouvelables. Elle présente également l’état d’avancement du programme de
l’électricité renouvelable à partir du solaire et de l’éolien et un bref aperçu sur les
applications des énergies solaires et éoliennes, hors électricité.
La stratégie de 2009 s’est traduite par une feuille de route, des plans d’action,
des objectifs chiffrés (42% de la puissance installée du parc électrique à l’horizon 2020),
ainsi que par des réformes sur les plans institutionnel et juridique. En décembre 2015,
le Maroc a accéléré sa transition énergétique en adoptant des objectifs plus ambitieux
visant à porter la part des énergies renouvelables à 52% à l’horizon 2030. L’atteinte de
ces objectifs nécessitera une capacité additionnelle d’au moins 2 000 MW en éolien et
2 000 MW en solaire à l’horizon 2020, et d’au moins 4 500 MW en solaire et 4 200 MW
en éolien à l’horizon 2030 (IEA, 2019a). Ces objectifs sont cohérents avec l’engagement
du Maroc en faveur du climat consistant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre
de 42% d’ici 2030.
94
La mise en œuvre de cette stratégie énergétique ne peut s’accomplir que dans
un environnement juridique, institutionnel et financier favorables au développement
des énergies renouvelables et à l’investissement. A cette fin, le Maroc a entrepris des
réformes en profondeur visant principalement à organiser le secteur et à libéraliser et
réguler le marché de l’électricité.
Initialement, MASEN "Moroccan Agency for Solar Energy" avait été instituée en
tant que société anonyme à capitaux publics par la loi n° 57-09, promulguée le 11
février 2010, avec la responsabilité de développer dans le cadre d’une convention avec
l’Etat un programme de projets intégrés de production d’électricité à partir de l’énergie
solaire (capacité minimale de 2 000 MW), les projets éoliens et hydrauliques restant à
la charge de l’Office National de l’Electricité et de l’Eau potable (ONEE).
95
Outre les missions relatives à la programmation et au développement des
installations des énergies renouvelables, à la réalisation des études et infrastructures
nécessaires et à la recherche de financements, MASEN a aussi pour missions :
96
✓ Les programmes de recherche appliquée et pré-opérationnelle dans le secteur
solaire, toutes technologies confondues, comprennent la construction d’une
plateforme R&D implantée sur le site Noor Ouarzazate, destinée à qualifier
plusieurs sous-technologies solaires tout en créant un réseau d’échange entre
les industriels et les institutions de recherche.
97
Enfin, suivant une recommandation de l’Agence Internationale de l’Energie, pour
séparer les activités de production des activités de transport et de distribution, il est
prévu de désigner un gestionnaire du réseau électrique national indépendant, pour
garantir un accès au réseau indépendant, dans les conditions approuvées par l’ANRE.
Toutefois, à ce jour, l’ONEE continue d’assumer cette fonction.
98
En octobre 2019, le Ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie Verte
et Numérique s’est vu confier la tutelle de l’AMEE dans le cadre des attributions qui lui
ont été conférées par le décret n° 2-19-1085. A travers les dispositions de ce décret, il
est chargé notamment de d’élaborer dans le cadre de la stratégie nationale de
développement durable le programme national de transition vers une économie verte
et de veiller à sa mise en œuvre en concertation avec les instances concernées.
Les mesures juridiques préalables à l’année 2009, qui ont marqué le début de
l’ouverture du secteur électrique dans son ensemble au secteur privé avaient concerné
la production concessionnelle d’électricité (1994) et la gestion déléguée de la
distribution électrique (2005). La réglementation avait alors autorisé la production
concessionnelle d’électricité par le secteur privé (décret n°2-94-503 du 23 septembre
1994), en habilitant l’ONEE à "passer, après appel à concurrence, des conventions avec
des personnes morales de droit privé, pour la production de l'énergie électrique d'une
puissance supérieure à 10 MW".
99
Ce niveau de puissance a été plus tard relevé à 50 MW par la loi n° 16-08,
exclusivement à des fins d’auto production et à la condition que l’excédent de
production soit vendu uniquement à l’ONEE. Ces premières mesures avaient permis
notamment l’émergence des premiers parcs éoliens du pays (le parc éolien Abdelhak
Torres (50 MW) en 2000, puis celui d’Amogdoul (60 MW) à Essaouira en 2007). Plus
tard en 2014, à travers la loi 54-14, le seuil de ce régime d’autoproduction a encore été
revu à la hausse de 50 à 300 MW, avec possibilité d’accès au réseau de transport.
100
• prévoit que l’électricité produite puisse être pour le marché national ou pour
l’exportation,
101
Toutefois, et à ce jour, les conditions réglementaires n’ont pas encore été
réunies pour assurer l’ouverture aux réseaux Moyenne Tension et Basse Tension.
• La gestion des accès aux différents réseaux par le gestionnaire du réseau électrique
national et leur contrôle par l’ANRE.
102
Le cadre juridique régissant le régime d’autoproduction
Outre les dispositions relatives aux missions et aux ressources des gestionnaires
du réseau électrique national de transport et des réseaux de distribution d'électricité
et à l'accès aux réseaux électriques, la loi institue une Autorité Nationale de Régulation
de l’Electricité (ANRE), chargée du bon fonctionnement du marché libre de l’électricité
et de la régulation de l’accès des auto-producteurs au réseau électrique national de
transport.
103
Sur ce point, MASEN a fait part à l'IRES de sa démarche intégrée qui assure la
planification des projets de production de source renouvelable en concertation
avec l’ONEE, leur programmation, la prospection des sites et l’évaluation des
ressources renouvelables, les choix technologiques, les choix des partenaires, la
contribution à la mobilisation des financements, la sélection des développeurs et le
suivi de la réalisation et de l’exploitation des installations. MASEN offre au
développeur un guichet unique pour faciliter l’ensemble des modalités
d’autorisation, d’acquisition du terrain en garantissant le foncier avec toutes les
infrastructures, des modalités financières en levant des financements, de garantie
de l’Etat pour l’investissement et le paiement de l’électricité et d’un partage des
risques équilibré. Ces conditions permettent une gestion optimale des risques et
une réduction du coût du KWh. Enfin, MASEN achète l’électricité au développeur à
un prix agréé et la revend à l’ONEE, en assumant la différence de prix, à travers le
budget de l’Etat (MASEN, 2020).
104
Figure 28 : Organisation du secteur de l’électricité au Maroc
Selon l’analyse effectuée dans ‟Lessons from Power Sector Reforms, the Case of
Morocco“ (World Bank Group, 2019), le Maroc rencontre depuis longtemps des
difficultés à libéraliser le secteur de l’énergie électrique en raison de diverses
contraintes liées notamment au système tarifaire de l’électricité. Celui-ci doit répondre
à divers objectifs, parmi lesquels la subvention de l’électricité pour les ménages à bas
revenus, l’application de tarifs bas pour certains secteurs de l’industrie en difficulté ainsi
que l’équilibre financier des distributeurs municipaux et de l’ONEE.
105
En effet, les distributeurs doivent compenser leurs activités déficitaires liées
notamment à la fourniture d’eau et au traitement des eaux usées par les gains réalisés
sur la vente de l’électricité, et au même temps, il faut assurer à l’ONEE des revenus
suffisants pour lui permettre de développer le réseau électrique et mener son
programme d’électrification rurale.
• l’accès au réseau Haute Tension est effectif avec une part de l’ordre de 50% déjà
détenue par le privé pour l’éolien,
Dans son rapport d’activité 2018, l’ONEE considère ‟l’intégration des énergies
renouvelables aux réseaux de distribution comme un projet stratégique pour
accompagner les projets d’injection des énergies renouvelables qui seraient réalisées par
des tiers“.
Enfin, il est intéressant de relever les conclusions d’une étude menée par la
coopération allemande GIZ, à la demande du Ministère de l'énergie, des mines et de
l'environnement, qui a abouti en octobre 2016 à la production d’un rapport intitulé
‟Étude de l’effet sur l‘emploi d’un régime d’autoproduction avec facturation nette
d’électricité (Lois 13-09 et 58-15) issue d’installations photovoltaïques connectées au
réseau de basse tension au Maroc“.
106
Les résultats de cette étude peuvent être résumés comme suit (GIZ, 2016) :
• Plus de 90% des emplois directs et indirects seront créés dans la partie en aval de
la chaine de valeur dans les activités liées à la planification, la commercialisation,
l’installation, la maintenance, et à l’ingénierie des systèmes photovoltaïques (PV).
Pour la partie amont de la chaine de valeur, l’émergence d’une production de
composants locaux dépend de la taille, de la maturité et de la viabilité du marché
photovoltaïque basse tension. Il est probable qu’au début, la production de
composants locaux restera limitée aux équipements dont les barrières
économiques et techniques sont basses, surtout les systèmes de support.
L’assemblage des panneaux solaires au Maroc existe déjà et est susceptible de
croître avec le développement du marché photovoltaïque, mais sa contribution au
marché global et à la création d’emplois restera limitée.
• Les installations commerciales photovoltaïque > 5 kWc, y compris les systèmes avec
une puissance supérieure à > 20 kWc qui pourraient très probablement être aussi
connectées au réseau de la basse tension, se sont montrées économiquement très
attractives. Il est recommandé de considérer l’installation de tels systèmes dans un
décret d’application de la basse tension.
107
3.1.5. L’état d’avancement du programme solaire et éolien
108
Le programme solaire
Le Tableau 06 donne plus de détails sur les projets solaires réalisés à ce jour.
Coût du
Puissance Mise en
Installation solaire Technologie kWh
installée service
(MAD/kWh)
Ain BeniMathar 20 MW Centrale 2011
thermodynamique
Noor I Ouarzazate 160 MW CSP parabolique avec 1.62 2016
(618 GWh/an) 3h de stockage
Noor II Ouarzazate 200 MW CSP parabolique avec 1.36 Fin 2018
(600 GWh/an) 7h de stockage
Noor III Ouarzazate 150 MW CSP Tour avec plus de 1.42 Fin 2018
(500 GWh/an) 7h de stockage
Noor IV Ouarzazate 72 MW Photovoltaïque avec un 0,46 Fin 2018
(120 GWh/an) système de tracking
Noor Layoune I 85 MW Photovoltaïque avec un 0,44 Fin 2018
(150 GWh/an) système de tracking
Noor Boujdour I 20 MW Photovoltaïque avec un 0.64 Fin 2018
(40 GWh/an) système de tracking
Source : Tableau constitué à partir de données de MASEN et d’informations sur le site du Ministère
de l'énergie, des mines et de l'environnement
La capacité solaire en exploitation est de 735 MW, dont 530 MW sont basés sur
la technologie CSP et 205 MW sur la technologie photovoltaïque (PV).
109
Le Tableau 07 suivant présente les installations solaires en projet.
Programme Noor PV II
Boujdour II, 750 MW Photovoltaïque A partir de
Laâyoune II, 2021
Taroudant, 400 MW sera développée dans
Kalaat Sraghna, le cadre de la loi n°13-09
Sidi Bennour, Bejaad,
Lhajeb, Guercif,
Ain Beni Mathar
Noor Tafilalet : 120 MW Photovoltaïque
3 centrales à Erfoud, Projet développé dans le cadre 2020
Zagora et Missour. (40 MW chaque) concessionnel
200 MW Photovoltaïque
réparties sur 7 Projet développé dans le cadre 2020
Noor Atlas centrales de 25 à concessionnel
40 MW chacune)
Centrale solaire 30 MW Photovoltaïque
(Province Tanger Asilah) Par Green Power Maroc dans le 2021
cadre de la loi n°13-09, pour
Amendis
Source : Tableau constitué à partir de données de MASEN et d’informations sur le site du Ministère de
l'énergie, des mines et de l'environnement
110
Le programme Noor PV II sera développé en plusieurs phases pour atteindre
une puissance installée de 750 MW de projets PV dont une partie (400 MW) sera
développée dans le cadre de la loi n°13-09. Pour cette composante privée, le Ministère
de l'énergie, des mines et de l'environnement et MASEN ont lancé un programme
d’allocation des capacités dans des sites qualifiés et pré équipés par MASEN pour le
développement des projets PV privés. MASEN assurera également les infrastructures
d’interconnexion, des études qualification des sites et des données solaires prévalant
sur les sites. L’accès au réseau national sera fourmi par l’ONEE pour une capacité définie
(MASEN, 2020).
• En termes d’atteinte d’objectifs, la capacité opérationnelle est de 735 MW, avec une
prédominance nette du CSP. MASEN estime que l’objectif global de 42%, avec 2000
MW solaire serait atteint en 2021, voire en 2022.
• En plus de cette capacité solaire déjà opérationnelle, des installations solaires pour
une capacité globale de près de 2 700 MW solaires sont planifiées, voire pour
certaines, en cours de réalisation avancée. Ceci porte le total de la capacité solaire
opérationnelle ou programmée à environ 3 435 MW.
• Alors que la technologie CSP a prédominé avec les installations Noor I, Noor II et
Noor III, le Maroc se réoriente vers plus de photovoltaïque.
• Avec le complexe solaire Noor Midelt, le Maroc prévoit une technologie hybride
CSP/PV, avec système de stockage. Midelt II serait muni d’un système de stockage
par batteries (MASEN, 2020). Il y a lieu de noter que le Maroc est parmi les premiers
pays à adopter la technologie hybride CSP/PV.
• La quasi-totalité des projets solaires ont été réalisés à ce jour dans le cadre de
contrats d’achat d’électricité entre MASEN et des entreprises privées
indépendantes. Jusqu’à présent, l’entreprise privée saoudienne Acwa Power a été
l’opérateur dominant, qui a dirigé les consortiums de Noor Ouarzazate I, II et III.
111
Le programme éolien
Mise en
Parc éolien Puissance Cadre de réalisation
service
Production concessionnelle
Abdelhak Torres/ Compagnie Eolienne du Détroit [EDF
54MW 2000
Koudia el Baida (49%), Paribas (35,5%) et GERMA
(15,5%)]
Amogdoul
60 MW Géré par ONE-BE 2007
(Essaouira)
Exploitation par l'ONEE-BE
Tanger I 140 MW 2010
Maintenance par GamesaEolica
Contrat de fourniture d’électricité (20
ans) ONEE - Tarfaya Energy Company,
Tarfaya 300 MW 2014
détenue à parts égales par Nareva et
Engie.
Loi 13.09
(Société Energie Eolienne du Maroc
Foum El Oued (détenue par NAREVA à 75%)
50.6 MW 2014
(Laayoune) Production destinée à de groupes
industriels comme Lafarge, Managem,
Sonasid, Arcelor, Air Liquide, OCP.
Le programme éolien a démarré assez tôt avec le premier parc éolien d’une
puissance de 54 MW réalisée en 2000 à Tétouan, suivi par une 2 èmeprojet de 60 MW à
Essaouira en 2007, réalisés dans un cadre concessionnel pour le compte de l’ONEE.
Également, la ferme éolienne de Lafarge de 32 MW a été réalisée et mise en service sur
la période 2005- 2009.
112
Le Tableau 09 suivant donne les projets en cours de réalisation :
• L’objectif de 2 000 MW en éolien en 2020 n’est donc pas encore atteint. Toutefois,
compte tenu des projets en cours de réalisation et dont la mise en service est
annoncée pour 2020/2021, le Maroc devrait atteindre l’objectif annoncé vers ces
dates.
• Sur la totalité du parc actuel, 46% de la capacité installée a été réalisée par voie
concessionnelle et 54% de la capacité a été portée par le secteur privé dans le cadre
de la loi n° 13-09.
• Selon le programme annoncé, une capacité additionnelle d’un peu plus de 1 600
MW est actuellement en cours de réalisation, ce qui porte la capacité totale installé
opérationnelle ou planifiée à près de 2 800 MW.
113
• Sur la totalité du parc planifié, près de 74 % de la capacité est prévue par mode
concessionnel et 26% via la loi n° 13.09.
La Consommation finale totale d’énergie au Maroc est dominée par les secteurs
du transport (36%), du résidentiel (25%) et de l’industrie (24%) (Cf. Figure 30). Le pétrole
a représenté 74% de cette consommation en 2017 alors que l’électricité a satisfait 17%
(IEA, 2019a).
114
Figure 31 : Part des énergies renouvelables dans la consommation totale finale
en énergie, 2000-2016
Ce constat met en lumière le fait que même avec des objectifs ambitieux
adoptés pour le secteur de l’électricité, le bilan énergétique reste dominé par les
ressources fossiles du fait de la prédominance des secteurs du transport, du résidentiel
et de l’industrie, représentant à eux trois plus des 4/5 de la consommation finale totale
en énergie.
115
Dans ce cadre, et conformément à la stratégie pour l’efficacité énergétique
2020-2030, l’AMEE et la Société d’Investissements Energétiques (SIE), qui a une
vocation à faciliter la mise en œuvre de projets de performance énergétique au profit
du secteur public et privé, accompagnent les établissements publics et privés pour
s’équiper en toits solaires photovoltaïques et pour mettre à niveau les bâtiments des
administrations publiques en terme d’efficacité énergétique.
Les toits solaires dans les bâtiments résidentiels, publics et chez les industriels
représentent une puissance globale de près de 210 MW.
116
Energies renouvelables dans le secteur industriel
L’électromobilité
117
Le Maroc s’est engagé sur la voie de la mobilité électrique depuis qu’il a organisé
la COP 22 et a pris un certain nombre de mesures fiscales pour inciter les Marocains à
s’orienter vers les véhicules propres. Il a aussi lancé le projet d’équipement de
l’autoroute Tanger-Agadir de bornes de recharges (voiture électrique.ma).
L’électrification rurale
L’hydrogène vert
Dans le cadre du partenariat énergétique qui les lie depuis 2012, avec un intérêt
particulier pour le secteur des énergies renouvelables, le Maroc et l’Allemagne ont
signé en juin 2020 un accord, qui vise à développer le secteur de la production de
l’hydrogène vert et à mettre en place des projets de recherche et d’investissement dans
l’utilisation de cette source d’énergie écologique.
118
Les choix technologiques
PV CSP Cylindro-
concontré Onshore
parabolique
CSP avec
PV Tour
Offshore
Les choix technologiques solaires reposent sur la technologie CSP, pour une
capacité installée actuelle de 530 MW et sur la technologie photovoltaïque, pour une
capacité installée actuelle de 205 MW
119
Figure 33 : Schéma récapitulatif du programme solaire Noor
Technologie: Technologie :
Technologie : Technologie : Technologies :
PV avec
CSP CSP CSP Tour CSP+PV
tracking system
Les centrales solaires CSP développées dans le monde utilisent plusieurs sous
technologies, comme illustré dans la Figure 34 :
• CSP à miroir
cylindro • Réflecteurs à • La tour solaire • Dish Stirling
parabolique miroirs de
Fresnel linéaires
120
La Figure 35 illustre le déploiement des centrales solaires CSP dans le monde,
en distinguant les sous technologies utilisées. Il y a lieu de noter que cette technologie
a été au départ massivement développée par l’Espagne et les Etats-Unis, mais que
depuis elle est portée surtout par la région MENA et quelques pays comme la Chine,
l’Inde, le Chili et l’Afrique du Sud.
La Figure 35 met aussi en évidence le fait que les deux sous technologies CSP
qui dominent le marché mondial sont le miroir cylindro-parabolique en première place
et la tour solaire en seconde place. Ce sont pour ces deux sous technologies que le
Maroc a opté à travers respectivement les centrales Noor I et II (miroir cylindro-
parabolique) et la centrale Noor III (tour solaire).
Les centrales solaires Noor CSP I, II et III disposent chacune d’un système de
stockage thermique, qui permet de stocker la chaleur obtenue par concentration du
rayonnement solaire dans des grandes cuves remplies de sels fondus. Les durées de
stockage ont été améliorés de 3 h pour Noor I à plus de 7 h pour Noor II et Noor III.
121
Cette capacité de stockage, qui permet d’améliorer la continuité de production
pendant les périodes d’absence d’ensoleillement est le grand avantage de la
technologie CSP, puisqu’elle contribue à stabiliser la production électrique, et par là
elle limite l’intermittence de l’énergie solaire et facilite son intégration dans le réseau.
Une autre amélioration entre la centrale Noor I et les centrales Noor II et Noor
III a concerné l’évolution du système de refroidissement vers un refroidissement à sec
(MASEN, 2020). La technologie CSP étant fortement consommatrice d’eau, elle induit
le risque de concurrencer la consommation d’eau de la population locale. Cette
évolution positive adoptée pour les centrales Noor II et III a donc permis de ne pas
mettre sous pression l’utilisation des ressources en eau locales au détriment des
populations locales.
Pour le complexe Noor Midelt, le Maroc a opté pour une technologie hybride
CSP/PV, qui combine l’avantage d’une option de stockage offerte par la technologie
CSP à un coût du kWh bien plus bas pour la technologie photovoltaïque. C’est ainsi
que le projet Noor Midelt I (800 MW dont 300 MW de CSP et 500MW de PV) va fournir
l’électricité jusqu’à 5 heures après le coucher du soleil et a été adjugé au prix de 0.68
Dirhams/kWh (IEA SolarPaces, 2019).
122
Figure 36 : Tendances des coûts d’électricité actualisés et des prix
d’adjudications des CSP, 2010-2022
123
Les perspectives du solaire photovoltaïque sur les moyen et long termes sont
très intéressantes. Selon les prévisions du scénario REmap d’IRENA, la capacité totale
en PV va continuer à connaitre un essor remarquable (480 GW en 2018, 2 840 GW en
2030 et 8 519 GW en 2050), ce qui devrait ouvrir des perspectives importantes à
l’industrie du solaire PV. Alors que le coût actuel de l’électricité PV était de 0.085
USD/kWh en 2018, les prix vont continuer à baisser, du fait des économies d’échelle et
des progrès technologiques, pour atteindre des niveaux de l’ordre de 0.02 à 0.08 USD
/kWh en 2030 et de 0.014 à 0.05 USD/kWh en 2050. Avec l’évolution et les progrès
attendus dans les technologies de stockage, la majorité des pays aura tendance à
considérer la technologie de production au meilleur coût d’un côté (avec donc
essentiellement du photovoltaïque), et une solution de stockage quasi
indépendante (IRENA, 2019e).
La Figure 37 basée sur le scénario REmap d’IRENA montre que la part des
technologies photovoltaïque et éolienne (terrestre et marine) devraient continuer à
croitre pour fournir une grande partie de l’électricité d’ici 2050. La part de la
technologie CSP reste plutôt faible dans ce scénario développé par IRENA.
124
Les considérations technologiques et économiques qui ont fondé les choix
technologiques solaires (MASEN, 2020)
125
En 2012, la même démarche appliquée à Noor Ouarzazate II et III a montré que
la solution PV avec batterie demeurait encore peu compétitive par rapport au CSP avec
stockage thermique. En effet, le PV seul était à 0,223 USD /kWh1 et la batterie à plus
de 700 USD/kWh. Le processus d’appel d’offres a laissé au marché le choix de la sous-
technologie CSP à proposer et les optimisations y afférentes. Celui-ci a donné lieu pour
Noor Ouarzazate II2 au tarif-pointe de 1,36 Dirhams /kWh (soit 0,14 USD/kWh) et de
1,42 Dirhams/kWh (soit 0,15 USD/kWh) pour Noor Ouarzazate III 3 .
En outre, cette baisse des tarifs par rapport à Noor Ouarzazate I, s’est
accompagnée par des optimisations techniques favorisées par les évolutions du
marché et qui ont été introduites dans l’appel d’offres, notamment :
Cette baisse tendancielle des coûts du photovoltaïque a été l’un des facteurs
motivant l’orientation vers l’hybridation PV/CSP. Les études réalisées par MASEN ont
démontré que cette technologie hybride est la solution optimale qui permet de fournir
un profil de production prédéfini, répondant au besoin du réseau, notamment pendant
la période de pointe (jour et soir). Le tarif obtenu pour Noor Midelt I d’une capacité de
800 MW est de 0,68 Dirhams /KWh (soit 0,07 USD/kWh). Un tarif très compétitif 5 par
rapport au coût du marché et qui représente une réduction de tarif de 50% par rapport
à Noor Ouarzazate II. Il est à noter que l’option PV + Batterie demeurait encore une
solution peu compétitive par rapport à l’hybridation PV/CSP avec stockage (Figure 39)6.
2
CSP parabolique de 200 MW et plus de 7 h de stockage
3
CSP Tour de 150 MW et plus de 7 h de stockage
4
A titre d’illustration, en Janvier 2015, un tarif record de 0.058 $/KWh pour un projet photovoltaïque de 200 MW a été
annoncé à Dubaï représentant une baisse substantielle par rapport au tarif de l’époque (0,08 $/kWh).
5
En 2018, le dernier record annoncé était pour DEWA IV A 0,073$/kWh pour un projet CSP de 700MW avec 15 heures de
stockage thermique et un PPA sur 35 ans
6
NREL, Exploring the Potential Competitiveness of Utility-Scale Photovoltaics plus Batteries with Concentrating Solar
Power, 2015–2030
126
Figure 39 : Comparaison du LCoE CSP vs PV (6 heures de stockage), 2015-
2030 (NREL,2016)
127
3.1.8. La technologie éolienne
L’énergie éolienne est l’une des énergies renouvelables les plus matures et les
plus compétitives.
Au niveau international, c’est une énergie qui est amenée à connaitre une
expansion importante (Figure 37). Le Maroc devrait suivre cette tendance et a
programmé de tripler la capacité installée actuelle pour la porter à plus de 4000 MW
d’ici 2030.
Fonctionnant selon le même principe que les éoliennes terrestres, les éoliennes
marines permettent de capter des vents plus soutenus et plus réguliers ce qui leur
permet d’avoir un meilleur facteur de charge. Leur installation est en revanche plus
coûteuse, notamment en raison des coûts associés aux fondations et au raccordement
au réseau.
128
La production électrique reste dominée par les combustibles fossiles,
principalement le charbon, et dans une moindre mesure le gaz et le pétrole (Figure 41).
Toutefois, la part des énergies solaires et éoliennes augmente rapidement avec la
stratégie énergétique de 2009. Elle représente déjà 18% du parc installé en 2018 et
cette part sera portée à environ 45% selon le plan actuel de MASEN, voire plus. En
2018, les énergies solaires et surtout éolienne (à hauteur de 80% pour cette dernière)
ont fourni près de 4.8 TWh, soit près de 14% de l’électricité produite au niveau national
(ONEE, 2019a).
La Figure 41
129
Figure 41 : Evolution de la demande en MW sur la période 2015-2030
L’ONEE fournit 58% de l’électricité au consommateur final, les 42% résiduels sont
fournis par les sociétés de distribution, à travers un contrat de gestion déléguée des
services d’eau, électricité et de gestion des eaux usées, pour une période de 30 ans,
sous la supervision du Ministère de l’Intérieur.
131
Le plan d’équipement 2019-2023 prévoit une enveloppe d’investissement de 8.6
milliards de dirhams, pour la production d’électricité. Il est prévu la réalisation de
plusieurs projets d’une capacité additionnelle de 4 262 MW dont 4 240 MW à base
d’énergies renouvelables (y compris les IPP et les projets issus de la loi 13-09) faisant
partie du Programme Marocain Intégré de l’Energie Solaire, du Programme
Hydraulique et du Projet Marocain Intégré de l’Energie Eolienne (ONEE, 2019b).
132
Source : (ONEE, 2019a)
133
Comme illustré par l’évolution du mix électrique entre Figure 43 et la Figure 44,
cette part va croitre de façon importante dans les années à venir pour atteindre près
de 44% vers 2030. Or, l’intégration du secteur à des taux de pénétration importants du
réseau électrique par les énergies solaire et éolienne, par nature intermittentes, et
quelquefois décentralisées va poser des défis quant à son nécessaire évolution pour
assurer la stabilité du réseau électrique et l’équilibre entre l’offre et la demande, surtout
en l’absence de corrélation entre l’offre et la demande.
134
• Recours au mix énergétique tel que les cycles combinés (gaz naturel/ énergies
renouvelables) pour apporter la flexibilité nécessaire à la gestion des intermittences.
• Recours aux capacités de stockage à base de sels fondus intégrées des centrales
solaires CSP (Noor Ouarzazate I, II et III).
• Recours aux interconnections avec les pays voisins : 2 lignes de 700 MW avec
l’Espagne et une autre de 700 MW en projet, 4 lignes de 2*400 MW et 2*125 MW
avec l’Algérie, une ligne de 1 000 MW en projet avec le Portugal, et une ligne en
cours d’étude pour l’interconnexion avec la Mauritanie.
L’ONEE considère aussi le recours aux batteries d’ici à 2030, compte tenu de la
baisse des coûts, qui pourraient mettre en compétition les STEPs et les batteries.
135
3.1.13. Les réseaux intelligents ou « Smart grids »
Une gestion du réseau de manière réactive grâce aux technologies des réseaux
intelligents ou Smart Grids permet de faciliter l’intégration des énergies renouvelables
dans le système électrique. Ces technologies regroupent de nombreux outils et
systèmes pour la gestion des réseaux (comptage communicant, stockage de
l’électricité, modèles de marché…).
Avec une part croissante des énergies renouvelables, l’ONEE est conscient des
enjeux posés par l’intégration de ces énergies intermittentes et a entrepris de
moderniser son réseau électrique, aussi bien au niveau du transport, que du
dispatching, pour une meilleure maitrise de la prévision de l’offre et de la demande. A
cet effet, il a notamment développé une feuille de route pour l’introduction de réseaux
intelligents, avec notamment des compteurs intelligents équipés de systèmes de télé
relèves, notamment pour les auto- producteurs (ONEE, 2020).
Plusieurs projets de recherche sur les réseaux intelligents ont été initiés par la
Fédération de l’Energie en partenariat avec l’IRESEN et sont en cours dans plusieurs
universités marocaines.
136
L’intégration industrielle
Pour atteindre cet objectif, MASEN a impulsé la création d’un cluster solaire en
2014, dont les missions, les objectifs et des exemples d’actions menées sont résumés
dans la Figure 45.
137
Cette plateforme participative regroupe des acteurs industriels, des partenaires
publics et privés dans le domaine de la recherche, de la formation et de l’industrie,
nationaux et internationaux. Elle soutient le développement de projets industriels
collaboratifs, favorise l’incubation de start-ups et vise à améliorer la productivité des
entreprises marocaines et à accroitre leur capacité d’innovation.
Selon MASEN, pour les centrales solaires CSP, le taux d’intégration industrielle a
atteint 34% pour Noor Ouarzazate I (CSP parabolique), au-delà des 30% requis. Il a
atteint 40% pour Noor Ouarzazate II (CSP parabolique), 42% pour Noor Ouarzazate III
(CSP Tour). Pour les centrales photovoltaiques, le taux d’intégration industrielle a
atteint 23% pour Noor Ouarzazate IV, 16% pour Noor Layoune et 18% pour Noor
Boujdour. Noor Midelt vise au taux d’intégration de 40%.
138
D’après le Cluster Solaire, des taux d’intégration prometteurs pourraient être
atteints pour les technologies solaires, entre 20 et 50 % pour le CSP et entre 20 et 80
% pour le photovoltaïque.
Pour les projets éoliens qui bénéficient d’une présence et d’une expérience plus
anciennes au Maroc (depuis 2000), le contexte est plus favorable avec la présence d’un
opérateur privé marocain très actif (NAREVA) et d’une unité de production de pâles
éoliennes, opérationnelle près de Tanger.
Le dernier projet éolien intégré (850 MW) vise un taux d’intégration de 50% et
l’appel d’offre pour le développement, la conception, le financement, la construction,
l’exploitation et la maintenance de ce projet avait été remporté en 2016 par le
groupement « Nareva Holding – Enel Green Power », associé au fabricant d’éoliennes
‟Siemens Gamesa Renewables (Allemagne)“.
3.1.15. L’évaluation des capacités du Maroc pour les filières solaires et éolienne
139
• La publication de l’IRENA, ‟Evaluating Renewable Energy Manufacturing
Potential in the Mediterranean Partner Countries, IRENA, 2015”
(IRENA, 2015c). Cette étude a examiné le potentiel de trois pays
méditerranéens : l’Egypte, le Maroc et la Tunisie.
140
Opportunités pour le solaire CSP
• Industries indépendantes incluant les structures support (structure and tracker), sels
solaires, miroirs et récepteurs (à gauche et en bas de la Figure 47).
Sur la Figure 48, il est à noter que le Maroc, même s’il est mieux positionné que
la plupart des pays Nord Africains, a un potentiel moyen pour les différentes
composantes de l’industrie CSP. ESMAP estime que les pays de la région MENA
peuvent se positionner pour le court et moyen terme sur les groupes d’industries
indépendantes et conventionnelles, si elles ont déjà une expérience locale pour ce type
d’industries.
141
Figure 48 : Opportunités pour le développement d’une industrie autour du CSP
Dans son étude réalisée en 2015 (IRENA, 2015c), IRENA estimait que le Maroc
avait besoin d’un savoir-faire et d'investissements importants pour développer une
fabrication locale de composants spécifiques aux centrales CSP, tels que les miroirs, les
récepteurs, ou blocs d'alimentation.
142
Cette catégorie inclut les industries du cristal, qui par ailleurs connaissent une
surproduction de la part de producteurs internationaux, ce qui engendre une baisse
des prix et rend encore plus difficile l’accès à ce marché. Actuellement les barrières à
l’entrée des marchés des technologies cristallines et films à couche mince sont très
élevées. L’industrie d’assemblage des modules cristallins est classée comme
technologiquement complexe et requérant des investissements élevés.
143
Figure 50 : Opportunités pour le développement d’une industrie autour du PV
Dans son étude réalisée en 2015, IRENA estimait que le Maroc a le potentiel de
produire des structures de montage et de réaliser des travaux de construction et
l’installation de composants électriques et dispose d’un potentiel pour la fabrication
locale de composants photovoltaïques à moyen terme. La fabrication d'onduleurs et
l'installation de centrales photovoltaïques peuvent nécessiter des qualifications
spécifiques et une coopération avec des entreprises étrangères expérimentées. Pour
les modules photovoltaïques, le Maroc n’a pas le savoir-faire nécessaire pour la
production locale de cellules photovoltaïques. Toutefois, avec des investissements à
grande échelle, il pourrait envisager à moyen terme l'assemblage local de modules
utilisant des cellules en silicone cristallin ou la fabrication du module.
Les études réalisées par le Cluster Solaire ont également évalué le potentiel de
l’industrie marocaine à court, moyen et long terme pour les technologies solaires CSP
et photovoltaïque.
144
Figure 51 : Evaluation du potentiel des technologies CSP et PV
L’étude de l’IRENA (IRENA, 2015c) estimait que le Maroc a un fort potentiel pour
la fabrication locale des composants des turbines d'éoliennes, plusieurs entreprises
ayant été impliquées au cours de la dernière décennie dans de nombreux projets
éoliens et ont développé un savoir-faire dans ce secteur.
Selon cette étude, les entreprises locales sont également en mesure de produire
les principaux composants électriques, les câbles et les pièces du générateur à court
ou moyen terme et d’assurer les travaux de génie civil et les fondations des projets
éoliens.
145
Cette appréciation s’est avérée judicieuse puisque 2017 a vu l’émergence d’une
industrie éolienne marocaine, à travers l’installation à Tanger par Siemens Gamesa
Renewables d’une usine de production de pales avec une capacité annuelle d’environ
600 unités (soit l’équivalent de plus de 600 MW/an). Cette structure industrielle est
chargée de la production des turbines SWT-DD-130 (jusqu’à 4.2 MW de puissance
nominale), et des pales B63-10 de 63 mètres de long, destinées à l’exportation vers
l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, ainsi qu’à des projets locaux (à hauteur de
15%). Cette usine a donné lieu à la création de 600 emplois.
146
Selon la Figure 53, la plupart des emplois au Maroc ont été générés par l’éolien,
puis par le solaire CSP, avec le complexe solaire Noor Ouarzazate, et enfin par le solaire
photovoltaïque. Néanmoins, le photovoltaïque devrait prendre plus d’importance dans
l’avenir en raison du nombre de centrales photovoltaïques programmées.
Le complexe Noor Ouarzazate par exemple a permis de créer plus 8000 emplois
durant le pic de la phase de construction (2 000 pour Noor Ouarzazate I et près de
6 000 pour Noor Ouarzazate II, III et IV). La phase d’exploitation assure une création
d’emplois stable avec une composante locale qui s’élève à plusieurs centaines
d’emplois directs (MASEN, 2020).
Le Tableau 11 donne une indication sur les emplois générés par les centrales
solaires du complexe Noor Ouarzazate, aussi bien au niveau national qu’au niveau
local. On constate que bien que le nombre d’employés ait diminué de Noor I à Noor
IV, le % d’employés marocains ou locaux a augmenté.
147
Tableau 11 : Emplois au complexe Noor Ouarzazate
Les bénéfices pour les populations locales sur les sites d’implantation des projets
concernent :
148
Ci-après des exemples d’impact local pour des villages situés près de la zone
d’implantation des centrales solaires du complexe Noor Ouarzazate (MASEN, 2020) :
Les projets éoliens ont aussi permis d’apporter des bénéfices à la population
locale. Le parc éolien d’Amougdoul a permis d’électrifier deux villages de la région
d’Essaouira : Moulay Bouzerktoune (360 habitants, une mosquée, le siège de la
commune, deux classes d’école, une auberge et 18 lampes d’éclairage public) et Sidi
Kaouki (50 foyers).
Les projets font l’objet d’une étude d’impact environnemental et social qui
identifie, évalue et propose des mesures de gestion environnementale, sociale,
sanitaire et analyse les risques et impacts sur les sites des installations du complexe
Noor, conformément à la réglementation.
149
L’étude d’impact est une évaluation environnementale et sociale approfondie,
qui couvre la biodiversité, les ressources en eau et les aspects sociaux. Les principaux
impacts positifs du projet sont la production d’une électricité respectueuse de
l'environnement, la création d'emplois et le non rejet des émissions de gaz à effet de
serre. Des aspects ayant un impact négatif modéré concernent la santé et la sécurité
en ce qui concerne la circulation et l'utilisation des machines, le rejet d'eaux usées, la
pollution des sols et des ressources en eau par les hydrocarbures et un impact potentiel
sur les oiseaux migrateurs. En termes d’impact sur les ressources naturelles, la
technologie CSP étant fortement consommatrices d’eau, il y a lieu de noter une
évolution positive vers un système de refroidissement à sec entre la centrale Noor I et
les autres centrales Noor II et Noor III.
L’étude d’impact est organisée et revue conformément aux règles des bailleurs
de fonds comme la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement ou la
Banque Européennes d’Investissement. Les rapports des études d’impact des projets
financés par la Banque Mondiale sont disponibles sur son site web. L’étude d’impact
est également présentée au ministère de l'Environnement marocain pour approbation
et le projet donne aussi lieu à l’ouverture d’une enquête publique.
MASEN et les développeurs sont engagés dans une démarche volontaire qui
induit des bénéfices pour la communauté locale, sur les plans sociaux, économiques et
environnementaux, et ce pendant les phases de construction et d’exploitation.
En plus de son propre audit interne, MASEN prend les dispositions pour un audit
indépendant de ses aspects sociaux, environnementaux, sanitaires et performances en
matière de sécurité au moins tous les deux ans, et compte faire appel à des experts
locaux pour communiquer les résultats de la surveillance aux communautés locales de
manière appropriée et compréhensible.
150
Par ailleurs, il y a lieu de noter que la capacité actuelle en énergies renouvelables
(3 700 MW) permet d’éviter les émissions de 5.4 Millions de tonnes de CO 2 chaque
année. Les projets d’énergies renouvelables en développement (engagés ou en
construction), permettront d’éviter les émissions de 6.1 Millions de tonnes de CO 2 par
an (MASEN, 2020).
Système de Transfert
Batteries Condenseur DLC
d’Energie par Pompage
Chimique
Volant d’inertie Thermique
Hydrogène/Méthane
151
Le stockage chimique consiste en l’utilisation de l’électricité pour la formation
d’une molécule qui a ensuite la capacité de restituer de l’énergie, c’est le cas de
l’hydrogène, le méthane et le méthanol.
NiCd-portable STEP
Batterie Plomp-
NiMH portable
acide
Li-ion portable
Batterie Nickel-
Cadmium
Batterie Sodium-
soufre
SMES
En développement Mature
Super
condensateur
Volants d’inertie CAES
Conventionnel
Commercial
Batterie Li-ion
Batterie à circulation
Démonstrateur
CAES
Adiabatique
Hydrogène
R&D
Batterie
Métal-Air SMES SNG
1 W 1 kW 1 MW 1 GW
Puissance
152
De toute évidence, le transfert d’énergie par pompage (PHS), la compression de
l’air (CAES), le stockage sous forme d’Hydrogène (H2) ou sous forme de substitut de
gaz naturel (SNG) sont les technologies de stockage qui ont des plages de puissance
et des capacités importantes, bien que la densité d'énergie soit assez faible pour PHS
et CAES. Ces derniers sont matures et opérationnels mais ils sont limités
géographiquement. Ainsi, il y a un manque de systèmes de stockage déployé
commercialement dans la gamme de 10 MW à quelques centaines de MW. CAES
adiabatique, H2 et SNG sont en cours de développement à un stade avancé.
• La capacité énergétique (Wh) : est la capacité d’un site à stocker l’électricité pendant
un temps limité. L’énergie exploitable dépend néanmoins du rendement de charge
ou décharge, elle varie donc avec le temps de transfert. En charge ou décharge très
rapide, le rendement se dégrade et l’énergie extractible peut être très inférieure à
la capacité énergétique, à l’opposé, en régime très lent, c’est l’autodécharge qui va
pénaliser le bilan. Souvent, la capacité énergétique est définie sur la base d’une
énergie totale stockée supérieure à celle réellement exploitable.
• La puissance (W) : est la quantité d’énergie déstockée. Elle indique le taux de charge
et de décharge d’un système de stockage. En général, elle est constante mais en
pratique elle est influencée par la quantité stockée (combien de fois le système a
été stocké et déstocké).
• La durée de vie : est soit le cycle (qui est le nombre de fois de charge et de décharge)
ou kWhlife qui est la capacité de stockage global ou encore combien de temps le
système peut fonctionner (années). Tout dispositif de stockage subit une fatigue ou
usure lors des cycles. Cela constitue généralement la première cause de
vieillissement devant la dégradation thermique classique.
• L’efficacité : est la quantité d’énergie déstockée par rapport à celle stockée. Elle
montre s’il y a des pertes dans le système. Plus il y a des pertes plus le système
consomme de l’électricité et par conséquent le coût de stockage augmente.
153
• La densité énergétique : est la quantité d’énergie par unité de volume ou de masse
(kWh/m3 ou Wh/kg). Il est aussi possible de considérer la densité de puissance
(W/m3 ou W/kg).
Efficacité Coût
Technologie Puissance Durée de vie
du cycle (€/kW)
STEP 200 MW -1GW 70-85% >25 ans 500-1500
Des données actualisées (Bloomberg NEF, 2019) montrent que la baisse du coût
du stockage par batterie depuis une dizaine d’années est presque aussi spectaculaire
que celle des cellules photovoltaïques, comme le montre la Figure 56 ci-après, mais
cette technologie n’est utilisable en mode stationnaire que pour des durées de
quelques minutes à quelques heures, voire au mieux quelques jours, selon la taille des
« fermes à batteries », ce qui ne suffit pas à répondre notamment aux besoins de
stockage inter-saisonnier.
154
Figure 56 : Résultats de l’enquête sur les prix des batteries lithium-ion :
moyenne pondérée en volume
La figure 56 montre que le prix des batteries lithium-ion a baissé de 85% entre
2010 et 2018, suite à des progrès techniques aux niveaux de la cathode, de la cellule et
du package, qui ont amélioré la densité énergétique, et d’autres baisses et
améliorations de performances sont attendues grâce à une industrialisation de plus en
plus poussée, un prix cible de 100 USD/kWh est attendu d’ici une dizaine d’années.
7
Les données de ce graphique ont été ajustées pour être en dollars réels 2018
8
en fonction de leur rendement (en ordonnée) et de leur capacité à gérer une durée de stockage (en abscisse)
dans l’hypothèse d’un coût de stockage d’environ 50 €/MWh/cycle à l’horizon 2030
155
En adoptant l’hypothèse d’un coût du stockage qui serait descendu d’ici 2040 à
50 €/MWh/cycle, on peut en déduire le coût « cible » de l’investissement dans un
système de stockage, en fonction du besoin de lissage (Figure 57)
• Stockage journalier (365 utilisations par an, c’est-à-dire 365 cycles par an, avec une
durée de vie de 20 ans) : 365 x 20 = environ 7 000 cycles, à 50 €/MWh/cycle, soit
un coût10 de 350 €/kWhstock
• Une batterie Li-Ion fonctionnant sur 2 200 cycles (soit environ 7 ans de durée de
vie), avec un rendement de 80%, sur la base d’un coût d’investissement de 100
€/kWh (pour les véhicules électriques où le facteur énergie est dimensionnant) et
de coûts d’entretien de 7% par an, délivre une électricité à un coût de l’ordre de 80
€/MWh.
156
Le coût ici considéré concerne l’électricité déstockée, cette valeur paraît très
optimiste par rapport au coût actuel de 2 000 €/kW. Aujourd’hui, mis à part les lissages
courts ou très courts (réglage de fréquence, aide au démarrage de moyens
conventionnels, …), peu de systèmes de stockage d’électricité permettent d’espérer des
coûts en dessous de 50 €/MWh.
157
Chaque système de stockage d’énergie présente ses propres avantages,
inconvénients et gamme d’utilisation. Pour chacun d’entre eux, les choix
technologiques différents en fonction des besoins spécifiques demandés et des
services potentiels fournis. Certaines technologies sont déjà matures et largement
opérationnelles telles que : STEP, CAES, … D’autres sont en cours de développement,
c’est le cas du stockage chimique (hydrogène et méthane).
Stockage STEP
STEP marine
L’idée est d’utiliser le relief naturel des falaises pour créer une chute d’eau entre
un lac artificiel situé au sommet et le niveau de la mer. La mer peut être utilisée comme
réservoir bas associé à un réservoir haut placé sur une falaise proche de la mer. De très
nombreux sites rentables existent avec des falaises 50 à 200 m au-dessus de la mer. La
charge moyenne sera d’une centaine de mètre. Le coût du matériel électromécanique
sera donc souvent plus élevé que pour les STEPs classiques, à cause de la charge plus
faible et de la corrosion marine. Mais le coût des tunnels et réservoirs peut être
beaucoup plus faibles. Un site de 100 m de charge et 20 m de profondeur de bassin
stocke 5 GWh/km². L’impact sur l’environnement parait plus faible qu’avec les STEPs
classiques.
158
Le Maroc a introduit la technologie de Transfert d’énergie par pompage (STEP)
à travers sa station d’Afourar comme moyen de Stockage, mais compte tenu de la
montée en puissance des énergies renouvelables et intermittentes, le Maroc envisage
de lancer un programme de développement des STEPs marines pour renforcer ses
moyens de stockage et subvenir à ses besoins énergétiques. C’est une solution
envisageable, le Maroc dispose de 3500 km de côtes marines. Des études en
partenariat avec des Allemands (Le Partenariat énergétique maroco-allemand
(PAREMA)) ont été lancées pour identifier les zones potentielles, et selon les premiers
résultats, plusieurs sites dans la région du Rif et du Sud répondent à ce besoin.
Ces STEP marines seront couplées à des parcs éoliens et permettront d’aplatir
les courbes de charge et de rendre le système électrique national indépendant des
ouvrages de production fonctionnant aux combustibles fossiles. C’est une technologie
qui reste envisageable pour le Maroc afin de renforcer ses moyens en termes de
stockages d’énergie.
Stockage Thermique
Le stockage d’énergie est intégré dans les trois stations solaires Noor CSP I, II et
III constituant le Complexe Noor Ouarzazate de 580 MW. Chacune de ces stations, qui
utilisent des technologies solaires thermodynamiques à concentration (CSP), dispose
d’un système de stockage thermique via les sels fondus pour assurer la continuité de
production pendant les périodes d’absence d’ensoleillement, cette technologie permet
de stocker la chaleur obtenue par concentration du rayonnement solaire dans de
grandes cuves remplies de sels fondus.
L’un des défis majeurs à relever pour ces projets de stockage d’énergie, est la
rareté des offres de financement pour une application à grande échelle, vu leur coût
élevé par rapport au coût global actualisé des solutions.
159
Ceci explique le recours aux solutions financées par les institutions financières
internationales. Ainsi, le choix du CSP pour les premiers projets d’énergie solaire au
Maroc était justifié, en partie, par son intégration du stockage et son financement par
la banque mondiale.
Il serait utile de réaliser des recherches sur de nouvelles technologies telles que
les batteries lithiums et le stockage via hydrogène dans le cadre des techniques Power-
To-X ambitieuses en phase de R&D.
Programmes de recherche et développement
En effet, les énergies renouvelables sont souvent la source d'une électricité qui
dépend de leurs fluctuations, dont le transport requiert un réseau, et qui constitue un
vecteur peu aisé à stocker. Ces sources renouvelables se caractérisent par un
rendement relativement faible, un coût important et une nature intermittente.
IR&D IRESEN
160
L’IRESEN a adopté une stratégie ambitieuse pour développer des infrastructures
de recherche au service de l’innovation et des chercheurs, et permettre de créer un
large réseau d’infrastructures mutualisées dédiées à la recherche. L’institut vise ainsi la
mise en place de plusieurs plateformes sur des sujets prioritaires dans le domaine des
technologies vertes :
161
Tableau 13 : Projets Green Energy Park
A travers ces différents projets qui sont déjà réalisés ou en cours de réalisation,
ce département de recherche vise plus sur le développement des technologies solaires
au niveau national et en Afrique afin de répondre aux problématiques liées au solaire
et aussi d’aider les porteurs de projets et autres acteurs nationaux pour développer la
filiale des énergies renouvelables dans le Maroc.
162
Tableau 14 : Projets Green Smart Building Park
RÉSEAUX
BÂTIMENT VERTS MOBILITÉ DURABLE
INTELLIGENTS
Identification des Gestion intelligente de Intégration de la recharge
matériaux, techniques de l’énergie : Objets au réseau
construction durables et connectés, stockage de
adaptées à l’intégration l’énergie
des Energies
Renouvelables
Développement de Adaptation de modèles de Développement de
nouveaux matériaux de réseaux au contexte nouveaux concept de
construction africain mobilité (Modèles de
partage, modèle
d’infrastructures, modèles
de recharge)
Performance des Sécurité de l’information Développement de
bâtiments et composantes pour la
standardisation mobilité électrique /
Mobilité Autonome
Source : Elaboré à partir de données du site de MASEN
Green H2A
163
L’IRESEN a mis en place à Ben Guerir, de plates formes de recherche Power to X
avec différents partenaires (UM6P, OCP Institut Franhoffer, etc…) pour le lancement de
projets pilotes sur l’Hydrogène vert, l’Ammoniac et Métanol Verts ainsi que les
carburants synthétiques par décarbonation : Diesel et Kérosène verts. Des lignes de 20
M€ ont été alloués par différents organismes Allemands pour financer ces différents
projets. (Fédération de l'énergie, 15 avril 2020).
164
L’objectif de cette plateforme est de stimuler l’utilisation de matière premières
vertes dans la production des engrais en particulier, et dans les l’industrie plus
généralement. Il s’agit aussi de doter les opérateurs nationaux d’outils techniques,
technologiques afin de profiter de cette filière forte intéressante avec un grand
potentiel d’exportation. Les travaux concernent :
• la mobilité à Hydrogène,
• Le stockage des énergies renouvelables,
• l’Ammoniac,
• et les molécules industrielles vertes (Power to X) (Méthane)
165
Cette plateforme réalise des tests et des projets pilotes sur les sujets suivants :
R&D MASEN
Plusieurs projets ont été soutenus par MASEN avec des collaborateurs
industriels et des universités afin de parvenir à développer de nouvelles technologies
que ce soit dans le domaine des énergies renouvelables ou d’autres secteurs de
l’énergie.
166
Projet MULTICERAM
• Pour un budget de 6 049 446 €, dont 102 576 € (1,7%) alloués à MASEN, durée de
48 Mois (Sep. 2013 à Sep. 2017) pour une collaboration avec les industriels et les
universités.
• Pour un budget de 5 941 607 € dont 397 500€ alloués à MASEN, et une durée de
48 mois (Janv. 2016 –Déc. 2019).
Plusieurs projets ont été réalisés ou sont en cours de réalisation par le centre de
R&D de MASEN avec la collaboration de partenaires nationaux ou européens afin de
parvenir à trouver des solutions qui permettront l’intégration des énergies
renouvelables et la gestion de leur problème d’intermittence, notamment aussi dans
d’autres secteurs de l’énergie.
167
Les démonstrateurs installés sur la plateforme R&D de Ouarzazate concernent
la technologie photovoltaïque, photovoltaïque à concentration et le solaire thermique
à concentration. D’autres projets sont prévus sur la durabilité des matériaux de
centrales CSP, le dessalement d’eau de mer par des solutions solaires, le stockage de
l’énergie, ou encore la réduction de la consommation d’eau dans les centrales CSP, que
ce soit pour le nettoyage des miroirs des champs solaires ou le refroidissement du
procédé thermodynamique.
168
Un bon exemple à suivre est celui du Danemark pour son approche intégrant
différents secteurs en utilisant son potentiel éolien, une grande partie des ressources
éoliennes de ce pays riche en vent, est convertie directement en chauffage (par
exemple en utilisant l’énergie éolienne pour chauffer de l’eau ou en insufflant l’énergie
éolienne directement dans le système de chauffage du district). L’énergie éolienne est
également stockée directement dans des systèmes de batteries électriques pour le
secteur des transports.
La Figure 59 montre les différentes technologies qui peuvent être utilisées pour
stocker l’excédent d’énergie électrique renouvelable. La plupart de ces technologies
disposent encore de marges importantes de progrès en termes techniques et
économiques. Parmi les moyens de stockage présentés, le Power-to-Gas, qui intègre
l’hydrogène et le méthane de synthèse, a la particularité d’absorber une grande
quantité d’énergie dans la durée, ce qui le rend adéquat pour les scénarios où un
stockage massif d’énergie est envisagé.
169
Figure 59 : Capacités et durées de stockage de l’électricité par différents moyens
10000
1 année
1000
1 mois
100 P G
STE N
S
1 jour
10 S
CAE 2
H
eries
1
1 heure B a tt
0,1 tie
er
’in
d
ts
0,01
lan
o
V
0,001
1 kWh 10 kWh 100 kWh 1 MWh 10 MWh 100 MWh 1 GWh 10 GWh 100 GWh 1 TWh 10 TWh 100 TWh
Il existe différents besoins pour le stockage de l’énergie : avec des cycles courts
ou longs, à petite ou grande échelle. Chaque technologie de stockage existante est
adaptée à un type spécifique de demande de stockage d'énergie. Il ne s’agit donc pas
de complètement substituer une technologie par une autre, mais d’élaborer une
stratégie qui associe chaque solution conformément à son usage. A ce propos, l’étude
du Hydrogen Council propose un usage combiné des technologies de stockage à court
terme et à long terme pour assurer l’équilibre du réseau électrique et effacer
l’intermittence de la source renouvelable (HC, 2017). Dans ce scénario représenté dans
la Figure 58, les batteries seront utilisées pour les besoins d’équilibrage fréquents à
l’échelle horaire ou du jour.
170
Au-delà de limite de la capacité du stockage à court terme, le Power-to-Gas
pourra assurer plusieurs fonctionnalités : répondre dans un premier lieu au besoin de
stockage à long terme en absorbant l’excédent électrique. De plus, cette solution
permet également un transport efficace et aisé sous forme gazeuse de cet excédent
vers des régions en manque.
Dès lors, ce gaz de synthèse pourra être utilisé directement pour des besoins de
chauffage par exemple ; ou dirigé vers des unités de déstockage (Gas-to-Power) qui
permettront de restituer l’électricité dans le réseau.
Le besoin en stockage d’énergie est fourni par des technologies à faible coût
telles que les STEP. Dans un futur mix d’électricité avec une forte pénétration des
énergies renouvelables (généralement plus de 80%), la demande de stockage d'énergie
massive et à long terme se renforcera. Afin d’anticiper cette demande, des études sur
les possibilités de demande et de production d’électricité ont été réalisées. Le scénario
négaWatt 2011-2050 décrit le Power-to-Gas comme ultime étape de valorisation des
excédents d’électricité renouvelable, qui apparaît aux environ de 2030 et permet de
valoriser près de 92 TWh d’électricité en 2050 (Association négaWatt, 2013).
171
Les technologies Power-to-Gas (PtG)
Une usine de synthèse de CH4 combinée à l'usine d'électrolyse est par la suite
démarrée pour produire le méthane par la réaction de Sabatier. Le CO 2 est récupéré
depuis les sites de consommation d’énergie et transporté sous forme liquéfiée.
Le CH4 produit est liquéfié et ensuite transporté vers les sites d’exploitation. Par
conséquent, ce recyclage de CO2 à l’échelle de la planète est une méthode idéale non
seulement pour atténuer le réchauffement climatique, mais aussi pour fournir de
l'énergie solaire abondante aux sites de consommation d'énergie éloignés grâce à la
conversion de l’électricité en gaz de synthèse.
172
Power-to-Hydrogen
Alcaline PEM
Porteur de charge HO- H+
Réactifs Eau liquide Eau liquide
Pureté d’hydrogène 99,8% 99,999%
Electrolyte KOH ou NaOH PFSA + autres
Température 40-90°C 20-150°C
Rendement système 60-80% 75-85%
4,2-5,9 4,3-5,5
Consommation
kWh/Nm3 kWh/Nm3
Source : (N.Kezibri, 2018)
173
Pilotes de démonstration récents
Les premiers résultats de ce projet ont été publiés en Mai 2017. L’analyse
technique montre une efficacité globale de 59%PCS en régime maximal (6 MWe à
l’entrée des électrolyseurs). En régime nominal (4 MWe d’électricité consommée),
l’efficacité du système augmente de 5 points. En parallèle à ces résultats, une analyse
économique a été réalisée afin de déterminer la stratégie d’approvisionnement
optimale. Lors des premiers mois d’opération, le système était directement relié au
réseau électrique ; l’électricité était fournie sur le marché du jour d’avant. Le profil de
charge est gardé constant pour un pas de temps d’une heure. Dans cette configuration,
le choix des plages de fonctionnement de l’installation se fait naturellement en fonction
du prix du MWh d’électricité.
176
La Figure 63 donne un exemple de planification des plages horaires de mise en
marche de l’installation PtH2 en fonction du surplus de production électrique du parc.
Ce profil de charge dépend également du prix d’électricité à l’instant donné. Ainsi, ce
type de planification permet de réduire le prix spécifique de production d’hydrogène
à 4,27 €/kg soit environ 19% moins cher que la première configuration avec connexion
directe au réseau électrique.
C’est un concept innovant conçu pour offrir une solution en boucle fermée à
même d’absorber le surplus de production électrique et le restituer ultérieurement, via
un stockage souterrain transitoire des vecteurs énergétiques.
177
La Figure 64 présente le principe de fonctionnement de l’unité EMO. L’énergie
électrique est d’abord convertie en hydrogène dans l’électrolyseur PEM. Cet hydrogène
produit entre en réaction avec le dioxyde de carbone pour former l’eau et le méthane
de synthèse à la sortie du procédé de méthanation. L’oxygène coproduit par
l’électrolyse ainsi que le méthane sont stockés en cavernes avant d’alimenter, quand le
prix de l’électricité est à la hausse, le procédé d’oxy-combustion pour produire de
l’électricité ainsi que le CO2 qui sera réutilisé par le procédé de méthanation au cours
du cycle suivant.
Power-to- SNG
178
Le méthane produit est injecté dans le réseau de gaz naturel. Le réseau gazier
ainsi que les sites de stockage de gaz naturel associés constituent alors un moyen de
stockage important. Contrairement à l’hydrogène, le méthane de synthèse est un
vecteur beaucoup moins contraignant en termes de maintien des spécifications du gaz
dans le réseau (pouvoir calorifique notamment).
Le groupe allemand RWE exploite aussi un pilote de méthanation sur son centre
de recherche de Niederaußem. L’installation a été conçue pour permettre de produire
du méthane valorisé ensuite sous forme de méthanol. Le CO 2 est issu d’une centrale à
charbon. Au Danemark, la société HaldorTopsøe développe également un pilote de
méthanation catalytique de 40 kWe. Au-delà du fait d’utiliser la technologie de
HaldorTopsoe (Jensen et al, 2011) pour le réacteur de méthanation, la grande
nouveauté est le couplage avec un électrolyseur haute température de 40 kWe de
technologie SOEC 12 pour le raffinage du biogaz. Au Danemark toujours, la méthanation
par voie biologique (i.e. méthanisation) a aussi été démontrée à une petite échelle.
Electrochaea, société américaine, y développe ses activités et a fait fonctionner en 2013,
à Foulum, un réacteur biologique alimenté directement avec du biogaz brut.
L’hydrogène était approvisionné par bouteille, et correspondait à une unité
d’électrolyse de 150 kWe. Le gaz produit n’était pas injecté mais utilisé dans un
cogénérateur à biogaz du site. Les divers essais (taux de conversion, comportement
dynamique, culture des microorganismes…) étant concluants, un nouveau
démonstrateur (P2G-BioCat) de 1 MWe a été lancé en 2014.
12Solid
Oxide Electrolyser Cell
179
Figure 65 : Unité Power-to-Gas de 250kW conçue par Etogas et ZSW, efficacité
exprimée par rapport au PCI du gaz produit
180
Tableau 18 : Pilotes de démonstration PtSNG
En 2013, Audi a fait réaliser son installation e-gas de 6 MWe conçue par Etogas,
équipée par 3 électrolyseurs alcalins produit par l’industriel Enertrag et d’un réacteur
de méthanation fourni par la société MAN Diesel. Le méthane de synthèse produit est
injecté dans le réseau local de distribution gazier. Le fonctionnement de l’unité a été
présenté lors de la 9ème Conférence Internationale sur le stockage des Énergies
Renouvelables : IRES en 2015 (Zuberbühler et al, 2015). La Figure 65 donne le schéma
de fonctionnement global du démonstrateur ainsi que le diagramme de Sankey
équivalent.
182
Dès lors, plusieurs acteurs industriels proposent leur vision de l’architecture des
électrolyseurs multi-mégawatt (cf. Figure 67). AREVA H2Gen, le fabricant français,
propose une installation de 60 MW qui peut être adaptée pour les industries
pétrochimique ou utilisée pour le Power-to-Gas (AREVA H2Gen, 2017). Le concept suit
une architecture composée de plusieurs modules de 2 MW arrangés en parallèle.
183
Conclusion
184
4. Constats, enseignements et propositions
Constats et enseignements
Le Maroc a lancé dès 2009 une stratégie ambitieuse d’intégration des énergies
renouvelables dans son mix électrique. Actuellement, les énergies renouvelables
représentent 35% de la capacité installée électrique et ce pourcentage est amené à
croitre avec les nombreuses installations solaires et éoliennes planifiées ou en cours de
programmation pour atteindre les objectifs de 42% en 2020 et 52% en 2030. Cette
stratégie s’est accompagnée d’une série de réformes juridiques et institutionnelles
visant à assurer un contexte favorable au développement des énergies solaire et
éolienne.
Les efforts du Maroc et les actions qu’il a menées ont incontestablement initié
la transformation du système électrique national vers une production plus décarbonée.
La communauté internationale reconnait les efforts et le leadership du Maroc pour le
développement des énergies renouvelables et la lutte contre le changement
climatique.
A titre d’exemple, Ernst & Young a classé le Maroc 14 ème en 2019 et 23ème en
2020, dans l’indice d’attractivité des pays (country attractiveness index) basé sur les
investissements en énergies renouvelables. Le recul que le Maroc enregistre dans le
classement entre 2019 et 2020 est révélateur de la forte dynamique amorcée au niveau
international pour la transition énergétique. Avec le classement de 2020, il reste le pays
arabe et africain le mieux classé, précédant l’Egypte (29ème), la Jordanie (30ème), l’Arabie
Saoudite (32ème), l’Afrique du Sud (36ème) et les Emirats Arabes Unis (38ème).
Le Maroc a su mettre à profit cette période non seulement pour avancer ses
objectifs de production d’électricité renouvelable, principalement solaire et éolienne,
mais aussi pour bâtir des compétences, avoir un retour d’enseignements de
l’expérience nationale et de l’expérience internationale et ajuster son approche et sa
stratégie. A cet effet, il a entamé plusieurs chantiers, dont certains sont toujours en
cours. Les constats, enseignements et propositions suivants identifient huit
thématiques clés qui peuvent constituer des pistes d’amélioration des politiques
publiques menées par le Maroc.
185
Le Maroc a aussi de nombreux projets solaires et éoliens planifiés d’ici 2030.
Selon les données du Ministère de l’Energie, des Mines et de l’Environnement, de
MASEN et de l’ONEE, près de 2 700 MW en solaire et 1 600 MW en éolien sont planifiés
à ce jour, y compris ceux devant être portés par le secteur privé dans le cadre de la loi
n° 13-09. Ceci portera la capacité installée en exploitation et planifiée à ce jour à
environ 3 500 MW pour le solaire et à 2 800 MW pour l’éolien. Par ailleurs, MASEN a
annoncé que la programmation à 2030 est en cours pour définir de potentielles
synergies entre les technologies renouvelables.
Les choix technologiques solaires effectués durant cette décennie ont été
fondés, selon MASEN, sur le profil de la demande d’électricité et notamment les pics
de la demande, ainsi que sur les offres technologiques et économiques obtenues après
des appels d’offres concurrentiels lancés par MASEN. Il est possible de distinguer 3
phases clés :
• Une 1ère phase, initiée vers 2008-2010, ayant abouti à la réalisation de Noor
Ouarzazate I, puis Noor II et Noor III, axée sur le choix technologique du CSP. Ce
choix s’explique par le profil de la demande d’électricité caractérisée à l’époque par
un pic de demande le soir, et par les contextes technologiques et économiques qui
prévalaient au moment des prises de décision : un coût du PV relativement élevé,
sans capacité de stockage associée, a orienté la décision vers le CSP.
186
Cette importante capacité CSP s’inscrit aussi probablement dans le Plan
d’Investissement CSP MENA, financé par la Banque Mondiale et la Banque Africaine de
Développement, qui a soutenu l’expansion du solaire CSP dans 5 pays arabes (Algérie,
Egypte, Jordanie, Maroc et Tunisie) pour le développement d’au moins 5 GW dans la
région à l’horizon 2020.
Durant cette 1ère phase, des améliorations techniques ont été apportées d’un
projet à l’autre comme l’amélioration de la durée de stockage, passée de 3h à 7h et
l’adoption pour Noor II et Noor III du refroidissement à sec. De même une baisse des
coûts du kWh produit a été enregistrée de Noor I à Noor II et Noor III.
• La 2ème phase, initiée vers 2015, a vu une nette réorientation du parc solaire vers les
centrales photovoltaïques, qui représenteront à terme, compte tenu des projets
réalisés et envisagés un peu plus de 75% du parc solaire marocain. Cette
réorientation est cohérente avec la prédominance du solaire photovoltaïque au
niveau mondial et l’effondrement des prix durant la dernière décennie qui a fait de
cette énergie l’une des plus compétitives. Un autre facteur a été la prise en compte
de la réponse au pic de la demande en électricité du jour, du fait du développement
industriel.
• La 3ème phase, qui a débuté vers 2018 – 2019, est fondée sur une combinaison de
centrales basées sur la technologie photovoltaïque avec le programme Noor PV II
et sur la technologie hybride CSP/PV avec le complexe Noor Midelt. La technologie
hybride CSP/PV permettra d’assurer une production plus stable et d’améliorer le
rendement de la centrale tout en optimisant le prix du kilowattheure (0.68
Dirhams/kWh). Le Maroc étant parmi les premiers pays à avoir adopté la
technologie hybride CSP/PV, le retour d’expérience de la construction et surtout de
l’exploitation de Noor Midelt sera particulièrement intéressant à suivre aussi bien
par le Maroc que par la communauté internationale.
Pour l’éolien terrestre, les premiers parcs ont émergé dès 2000. L’énergie
éolienne a été portée aussi bien par les grands opérateurs étatiques (MASEN et l’ONEE)
que par le secteur privé, à travers la loi n° 13-09. C’est une technologie mature et
compétitive, qui devrait continuer à jouer un rôle important.
187
Pour l’éolien marin, l’Europe, à travers principalement l’expérience allemande et
celle du Royaume Uni, a permis d’améliorer la maturité et la compétitivité de cette
filière. Avec 3000 Kms de côtes sur la Méditerranée et l’Atlantique, le Maroc devrait
suivre l’évolution de cette technologie, en termes d’avancées technologiques et de
baisse des coûts. L’éolien marin pourrait se révéler sur le moyen et long terme une
option intéressante à ajouter au portefeuille marocain des énergies renouvelables.
En conclusion, les choix technologiques opérés par le Maroc, basés sur une
combinaison de technologies renouvelables, avec une certaine complémentarité entre
elles, semblent pertinents, compte tenu des contextes qui prévalaient au moment de
leurs prises de décision et relatifs aux évolutions technologiques et aux marchés. Le
Maroc devrait continuer à s’appuyer avant tout sur les technologies matures et
compétitives.
Il n’opte pas, à l’instar du Chili, pour des appels d'offres d'électricité technologiquement
neutres et ne met pas en compétition, comme le fait l’Allemagne, énergie solaire et énergie éolienne.
Au Royaume Uni, les technologies renouvelables matures (éolien et solaire PV) ne sont pas
subventionnées et sont en compétition directe avec les autres technologies conventionnelles, comme
pour le Chili. Mais à la différence du Chili qui opte pour des contrats d’achat d’électricité sur une durée
de 20 ans, les développeurs au Royaume Uni prennent le risque de vendre l’électricité au prix du
marché.
188
4.1.2. L’intégration des énergies renouvelables dans le réseau électrique
Dans ce sens, il est nécessaire de poursuivre les efforts entrepris pour établir une
vision et une feuille de route qui analyse les besoins de flexibilité et garantisse
l’intégration d’une part croissante d’électricité renouvelable. Cette démarche devrait
être graduelle et considérer divers mécanismes pour réussir ce défi.
• Une réforme des mécanismes de soutien pourrait également être bénéfique pour
une meilleure intégration des énergies renouvelables sur le marché. Il convient
d’étudier en détails les enjeux de mise en œuvre de ce dispositif dans une
perspective systémique en examinant le passage à la commercialisation directe et
la gestion des prix négatifs.
189
• Le développement des technologies qui facilitent l’intégration. En effet, certaines
technologies permettent de réduire les besoins de flexibilité grâce à leur profil de
production moins variable ; c’est par exemple le cas des éoliennes "surtoilées" qui
ont un facteur de charge jusqu’à 30 % supérieur aux éoliennes classiques,
réduisant la fréquence et l’ampleur des fluctuations de production. 14
La Consommation Finale Totale d’énergie (CFT) au Maroc est dominée par les
secteurs du transport (36%), du résidentiel (25%) et de l’industrie (24%). En 2017, le
pétrole, l’électricité et les énergies renouvelables ont représenté respectivement 74%,
17% et 8.5% de cette Consommation (CFT) (IEA, 2019a).
Ce constat met en lumière le fait que même avec des objectifs ambitieux
adoptés pour le secteur de l’électricité, le bilan énergétique global reste dominé par
les ressources fossiles du fait de la prédominance des secteurs du transport, du
résidentiel et de l’industrie, représentant à eux trois plus des 4/5 de la CFT.
Ceci explique la réduction relativement modeste, bien que non négligeable, de la
dépendance énergétique nationale passée de 98% en 2008 à 91,7 % en 2018.
Ce constat permet de souligner que si la transformation du secteur électrique vers plus
d’énergies décarbonées est un processus nécessaire et en cours, il n’est pas suffisant si
le Maroc veut aller vers plus de sécurité énergétique et vers une réduction plus
importante de sa facture énergétique et des émissions de gaz à effet de serre.
14
Working Paper N°01/16 janvier 2016 CLIMAT : L’intégration des énergies renouvelables dans le système
électrique français : quels enjeux d’optimisation ?
190
Les pouvoirs publics conscients du fait que le développement de ces
applications peut aussi favoriser l’émergence de petites et moyennes entreprises et la
création d’emplois, ont pris diverses initiatives pour encourager le recours aux énergies
renouvelables.
Toutefois, cette démarche n’est pas suffisante et il est important que le Maroc
structure davantage son approche, sa vision et ses objectifs pour les secteurs précités,
en adoptant notamment une approche globale, coordonnée et intersectorielle et en la
déclinant sous forme de stratégies.
Il est probable que des mesures de soutien et d’incitation financière, ainsi que
des mesures de sensibilisation des acteurs locaux et de la population seraient
nécessaires dans un premier temps. Il est également souhaitable de sensibiliser et
d’impliquer activement les régions et les villes dans le développement de ce secteur,
en raison du rôle moteur qu’elles pourraient jouer au niveau local pour la promotion
et le développement de ces activités.
Enfin, le Maroc pourrait aussi considérer les pistes suivantes proposées par
l’IRENA pour décarboner le système énergétique mondial à l’horizon 2050 :
191
• L’hydrogène vert émerge comme une composante du mix énergétique propre
nécessaire à un futur durable, en raison de synergies importantes avec les énergies
renouvelables.
Partant d’une situation de quasi-monopole qui prévalait encore jusque vers les
années 90 pour la production, le transport et la distribution de l’électricité, le Maroc a
progressivement initié les réformes visant à libéraliser le secteur de l’énergie, avec
l’ouverture de la production concessionnelle d’électricité au secteur privé (1994), la
gestion déléguée de la distribution électrique (2005), l’établissement de l’assise
juridique du cadre contractuel de partenariats public- privé (2014) et l’instauration du
régime d’autoproduction durant cette même période.
192
En dehors de ce cas, l’absence de projets réalisés dans ce cadre pourrait
s’expliquer par la non publication du zoning solaire, qui par ailleurs ne serait plus
d’actualité selon le nouveau projet de loi amendant la loi n° 13-09. D’autres raisons
plausibles sont la taille importante des projets et des financements requis et la
complexité de la technologie CSP. Le fractionnement de certains projets futurs, par
ailleurs orientés en très grande partie vers le photovoltaïque, en installations de
puissance plus petite, une quarantaine de MW (cas de Noor Atlas et Noor Tafilalet),
semble traduire la volonté des autorités publiques de faciliter l’accès du secteur privé
marocain au segment solaire.
Pour éviter les écueils qu’a connus l’application des dispositions de la loi n°
13-09 et de ses textes d’application, notamment en ce qui concerne l’ouverture des
réseaux de la moyenne tension et de la basse tension au secteur privé, il serait pertinent
que l’Administration accompagne la préparation des lois importantes, qui peuvent
avoir des implications économiques, sociales ou perturber d’une façon significative les
équilibres financiers entre opérateurs, par une étude d’impact économique. Une telle
étude pourrait entreprendre une revue complète qui incorpore une estimation des
impacts économiques associés à la mise en application de cette loi, y compris des
impacts indirects liés aux changements de comportement des acteurs que la nouvelle
donne engendrera. Une telle démarche permettrait d’anticiper les difficultés
d’application de la loi et de préserver le marché.
193
Également, au vu des différents enjeux et défis qui affectent le secteur, il parait
important que l’Autorité Nationale de Régulation de l’Electricité soit opérationnelle le
plus tôt possible, en raison du rôle de facilitateur qu’elle sera amenée à jouer pour la
gestion des conflits d’intérêts. Une attention particulière devrait être portée aux profils
de ses cadres, qui devraient comporter non seulement des compétences juridiques,
mais également de compétences économiques et techniques.
Le Chili a l’un des taux de croissance de capacités installées les plus élevés, avec à ce jour 2.6
GW de solaire et 1.6 GW d´éolien. Le Chili ne subventionne pas directement les énergies
renouvelables, qui ont réussi à concurrencer les technologies conventionnelles lors d´appels d’offres
concurrentiels. La baisse rapide des coûts technologiques et les bonnes ressources solaires et
éoliennes dont dispose le pays ont accru la compétitivité des sources d’énergie renouvelable et ont
permis au gouvernement chilien de promouvoir ces technologies sans avoir recours à des subventions
publiques directes.
Les appels d'offres d'électricité chiliens sont technologiquement neutres et ont permis non
seulement de réduire considérablement les prix mais aussi d´augmenter le nombre de producteurs y
participant. Entre 2013 et 2017, le prix nominal de l'électricité est passé de 130 à 32,5 USD/MWh. Si
le pays maintient sa trajectoire, il pourra atteindre 60% de production d'électricité renouvelable à bas
coût d'ici 2035. Les appels d'offres ont pour conséquence la construction d'une importante capacité
de production d´énergie renouvelable sans subventions, ce qui, selon l’avis de l’AIE, est un excellent
exemple pour d'autres pays qui subventionnent encore fortement les énergies renouvelables.
194
Encadré 3 : Comment l’Afrique du Sud a permis au secteur privé d’investir et de développer
la production d’électricité d’origine renouvelable
L’Afrique du Sud a réussi avec succès à attirer les développeurs internationaux et les
investisseurs privés pour son programme d’énergies renouvelables (capacités installées de 2.1 GW en
solaire et 3.1 GW en en éolien) avec un programme d’achat public efficace et transparent. Du fait des
difficultés rencontrées avec l’opérateur national d’électricité, ce programme d’approvisionnement
auprès de producteurs indépendants d’énergie renouvelable (REIPPPP), créé en 2012, a été délégué
à l’Unité des partenariats public-privé (PPP) du Trésor national, qui a servi de facilitateur au processus.
Cette Unité, qui comprenait des experts, assistée par des conseillers nationaux et internationaux du
secteur privé, a basé son action sur le dialogue, la transparence et le respect des délais et était
considérée compétente par les secteurs publics et privés. Ceci a contribué à créer un climat de
confiance et une forte participation des acteurs du secteur privé.
D’autres facteurs ayant contribué au succès du programme pour attirer les investissements
privés sont le recours au mécanisme des appels d’offres concurrentiels, le caractère pratique et non
bureaucratique de l’Unité PPP et le fait qu´il soit hors budget. Ce succès a été matérialisé par des flux
de capitaux, en grande partie nationaux et un contenu local élevé passant de 27% à 46% pour l'éolien
et de 38,4% à 53,8% pour le solaire PV entre les trois premiers appels d'offres.
195
Cette approche devrait appréhender les considérations suivantes :
• Il n’y a pas une visibilité suffisante sur le développement de la filière solaire CSP.
Actuellement, seul le projet du complexe solaire de Midelt prévoit une capacité CSP
de 600 MW combinée avec une capacité PV. Au niveau africain, c’est le
photovoltaïque surtout décentralisé qui joue un role prépondérant. Même au
niveau international, il ne semble pas qu’il y aurait une expansion significative du
CSP sur le moyen et long terme ( (IRENA, 2019e).
• L’intervention des firmes marocaines sur les grands projets solaires est actuellement
limitée en grande partie aux métiers non spécifiques aux énergies renouvelables
(génie civil, câblage, services…).
• Jusqu’à récemment, les projets solaires réalisés étaient trop ‟gros“ par rapport aux
capacités techniques et/ou financières des industriels marocains, surtout que le
processus de sélection est encadré par des obligations relatives aux garanties
financières et aux références.
196
Les projets solaires financés par les banques de développement ne peuvent pas
inclure des critères de préférence nationale, ce qui implique que les industriels
marocains font face à la compétition internationale à pied d’égalité. Le lancement de
projets solaires divisés en « petits » lots, comme c’est le cas pour certaines centrales
photovoltaïques en cours de réalisation surtout s’ils intègrent des critères de
préférence nationale, pourrait favoriser l’entrée du privé marocain. Toutefois, la
structuration de ce type de projets peut soulever des difficultés, quant au mode de
financement ou quant à l’impact sur le coût de l’électricité produite. Si ce type de
projets peut se réaliser dans le cadre de la loi n° 13-09, les bénéfices pour l’intégration
industrielle pourraient être importants et pourraient faciliter l’émergence d’une filière
qui pourrait s’exporter vers l’Afrique.
Il y a donc une véritable analyse à mener pour identifier l’intérêt et les niches sur
lesquelles l’industrie marocaine pourrait se positionner sur les court, moyen et long
termes. Toutefois, dans un marché international fortement concurrentiel, il est
important dans cette approche que le Maroc développe des avantages distinctifs basés
sur l’innovation et la capacité à développer des solutions technologiques locales moins
coûteuses et mieux adaptées au contexte national et africain.
197
Si le développement d’une filière industrielle locale nécessite une étude
économique des marchés rigoureuse, il est aussi important qu’elle s’appuie sur une
vision politique et une stratégie qui vise à accompagner le développement énergétique
du pays par l’émergence d’une industrie locale et la création d’emplois. Cet objectif
semble avoir été adopté puisqu’aussi bien au niveau ministériel qu’au niveau
institutionnel, il ressort clairement. L’atteinte de cet objectif nécessite le
développement d’une vision nationale holistique entre d’un côté les acteurs industriels
(Ministère et Fédérations) et de l’autre les acteurs institutionnels du secteur de
l’énergie.
Cette vision devrait se traduire par la déclinaison d’une stratégie nationale pour
l’intégration industrielle et l’émergence de filières solaires et éolienne, portée
conjointement par les deux départements clés que sont le Ministère de l’Energie, des
Mines et de l’Environnement et le Ministère de l’Industrie, du Commerce et de
l’Économie Verte et Numérique, qui associe tous les opérateurs clés, publics et privés.
Elle devrait s’appuyer sur un partenariat public-privé fort avec des objectifs précis pour
chaque partie quant au développement d’une industrie nationale.
• La prospection et une approche réaliste du marché régional pour investir des niches
d’un marché régional dont le potentiel est bien plus important.
198
L’expérience du Royaume Uni montre l’importance de bâtir un partenariat public
privé fort avec des engagements et des objectifs clairs pour les pouvoirs publiques et
pour l’industrie, qui ont permis le développement énergétique du pays, celui d’une
industrie nationale performante, tout en réduisant les coûts de la technologie éolienne
marine.
Encadré 4 : Comment le Royaume Uni a assuré une grande partie de la chaîne de valeur
éolienne pour son économie sans compromettre la compétitivité des coûts
Le Royaume Uni est leader mondial de l’énergie éolienne marine. Il a réussi à développer une
industrie de l’éolien marin avec des niveaux élevés d’intégration industrielle et d’emplois locaux. Son
expérience pour bâtir un partenariat avec le secteur privé, soutenir la compétitivité et développer une
industrie locale qui accompagne le développement de l’éolien marin est une réussite en termes de
gestion de l’innovation et de coopération entre le secteur public et le secteur privé, qui ont pu aligner
les plans gouvernementaux avec les engagements industriels. L’Etat a ainsi passé des accords avec
l’industrie pour garantir la réalisation d’un volume de projets et une aide en retour d’investissements
réalisés par l’industrie pour la réduction des coûts de la technologie.
Ce succès s’explique par l’investissement réalisé dès le début dans la R&D and les
infrastructures critiques et par les perspectives données à l’industrie sur le long terme.
199
4.1.6. Le financement des investissements et l’équilibre financier des opérateurs
publics
200
Le recours aux technologies non encore matures ou non encore compétitives
devrait être examiné avec prudence dans le cadre d’une vision et d’une stratégie
globales sur le long terme. Cette approche devrait ressortir les bénéfices de ces
technologies (sociaux, économiques, environnementaux, ) et la viabilité financière de
cette option sur le long terme.
Il est proposé qu’une étude économique soit réalisée par les ministères
compétents (énergie et finances) pour quantifier le coût des principales composantes
de l’électricité au Maroc, y compris les différents coûts directs et indirects anticipés lors
des principales phases de transition du secteur vers l’ouverture cible du marché. Cette
proposition ne vise pas à recommander que les décisions soient prises sur une base
purement économique, mais propose plutôt que la vision stratégique politique à long-
terme soit nourrie par des données économiques afin de produire des effets positifs
durables.
201
Encadré 7 : L’approche allemande pour gérer les coûts de soutien au développement des
énergies renouvelables en le répercutant sur la facture d’électricité des
consommateurs
En Allemagne, la loi sur les énergies renouvelables est transparente sur le coût de subvention
de l’électricité renouvelable. Tous les tarifs de rachat garanti (feed-in tariffs) et les primes de marché
donnent lieu à une seule surcharge répercutée directement sur le consommateur. Alors que ces
énergies sont déjà compétitives aujourd’hui, les allemands continueront à payer un prix plus élevé
pour leur électricité renouvelable, en particulier pour couvrir les coûts engendrés pour développer et
rendre matures ces énergies.
202
Modèle de financement des projets
• La capacité d’endettement de l’Etat doit être gérée avec prudence vu que ce sont
ces ratios d’endettement (actuellement à 81,4% du PIB en incluant l’ensemble de la
dette publique) qui sont surveillés de près par les investisseurs et les agences de
notation de la dette souveraine.
203
A ce jour, le montant de la dette MASEN garantie par l’Etat est estimé autour de
20 milliards de Dirhams.
Ce gap n’a donc pas été passé au consommateur et n’a pas eu d’impact sur les
prix d’électricité jusqu’à présent, et de même il n’a pas été supporté par les finances
publiques. MASEN utilise le prêt de la Banque mondiale, les revenus issus de ses prises
de participation dans tous les projets, plus la marge d’intermédiation sur la dette pour
prendre en charge ce gap.
204
Conclusions
Cependant, MASEN pourrait explorer cette voie qui aurait l’avantage d’un
montage financier plus simple et surtout qui permettrait une meilleure discipline
budgétaire pour l’Etat. L’analyse des autres revenus potentiels pour MASEN (cessions
de foncier, activités de conseil rémunérés, activités à l’international…), suggérerait qu’à
l’exception des prises de participation dans les sociétés projet, le reste des activités ne
contribuerait pas de manière significative aux résultats financiers de l’entreprise sur les
cinq prochaines années. Or, l’entreprise doit supporter des charges de structure (masse
salariale…) ainsi que le gap de prix de Noor Ouarzazate (I, II et III).
Par ailleurs, il est important qu’un dialogue s’ouvre entre l’Etat et MASEN pour
fixer un cadre transparent et viable à moyen et long terme pour les deux parties et qui
inclut notamment les sujets suivants : comment supporter le gap de Noor Ouarzazate
sur la durée du contrat, comment rémunérer les services rendus par MASEN, quelles
conditions d’utilisation de la garantie. Le risque potentiel serait une érosion du capital
de la société, et de fait un transfert forcé de ces coûts sur le prix final de l’électricité.
205
Sur la dernière décennie, la situation financière difficile de l’ONEE peut
s’expliquer en particulier par deux facteurs :
• Les efforts financiers importants déployés lors des deux dernières décennies pour
la mise en œuvre du programme d’électrification rurale qui ont permis d’améliorer
d’une façon spectaculaire l’accès à l’électricité pour le milieu rural.
0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
-1
-2
-3
-4
-5
Cette situation pourrait être accentuée par la hausse de la part des énergies
renouvelables qui pourrait contribuer à « l’amenuisement de la marge de l’ONEE ». En
effet, avec la possibilité pour les clients de pouvoir s’approvisionner en électricité chez
d’autres producteurs (loi n° 13-09) ou en autoproduction, l’ONEE se retrouve à faire
face à des mécanismes économiques classiques communément appelés de ‟sélection
averse“.
Les clients les plus rentables pour l’ONEE pourraient négocier de meilleurs prix
ailleurs et donc quitter le réseau, tandis que les clients les moins intéressants auront
tendance à rester. De plus, les clients qui utilisent ailleurs de l’énergie renouvelable
auront tendance à injecter dans le réseau en journée et à se brancher en réseau le soir.
Schématiquement, l’ONEE récupère de l’électricité lorsqu’elle en a le moins besoin, et
fournit de l’électricité là où elle est la plus chère.
206
Par ailleurs, trois autres phénomènes économiques pourraient intervenir :
Pour le moment, il n’y a pas d’engagement fort négocié de la part de l’Etat avec
les régies autonomes et les distributeurs concessionnaires privés qui contrôlent la
moitié du marché de la distribution, notamment du fait que les contrats de concession
ne prévoyaient pas la montée en puissance des énergies renouvelables, au moment de
leur signature.
En conclusion, la situation de l’ONEE qui fait face à une disruption dans son
modèle n’est pas nouvelle. D’autres compagnies nationales comme la RAM lors de
l’arrivée des compagnies low-cost ou l’ONCF ont aussi nécessité des réformes et la
déclinaison d’un contrat programme avec l’Etat pour leur restructuration. Les aspects
positifs sont que la majorité des paramètres de cette situation sont endogènes et sous
le contrôle de l’Etat et que l’Etat dispose de l’outil contrat-programme qui s’est avéré
performant.
207
4.1.7. La recherche développement et l’innovation
• Aller vers des nouvelles technologies telles que les batteries lithiums et le stockage
via l’hydrogène (Power-To-X) en mettant en place un soutien au développement
de l’hydrogène et en lançant des appels à projet sur la production d’hydrogène à
l’aide d’électrolyseurs.
• Produire l’électricité renouvelable partout sur les territoires et la piloter par des
réseaux intelligents.
208
Ceci pourrait être effectué par l’établissement d’un contrat programme entre
l’IRESEN, MASEN et l’Etat, qui pourrait servir de cadre contractuel, sur la base duquel,
les programmes de recherche, développement, innovation sont définis, menés,
coordonnés, évalués et financés.
Le Maroc est déjà activement engagé dans une coopération Sud-Sud, qui vise à
soutenir le développement durable en Afrique, en particulier en Afrique de l’Ouest. Sa
démarche volontariste le positionne indéniablement dans un rôle de leadership au
niveau de la région.
209
Propositions
La vision 2050 sera sans doute plus complexe à décliner et à mettre en œuvre
que la stratégie énergétique de 2009, du fait notamment de la multiplication des
acteurs concernés (départements ministériels, établissements publics, secteur privé,
communautés locales, société civile et grand public), ainsi que du grand nombre des
applications concernées, et du caractère décentralisé de l’énergie. Une approche
verticale de ces applications n’étant pas possible, il est important de développer une
vision holistique et une approche intersectorielle, basées sur une forte synergie entre
les acteurs concernés et de l’inscrire dans une démarche sociétale.
210
2. Elle devrait s’appuyer sur des objectifs chiffrés pour les court, moyen et long
termes, pour la transformation énergétique progressive des secteurs énergivores
vers des systèmes plus décarbonés, et être déclinée en stratégies décennales pour
les différents secteurs. Ces objectifs et choix technologiques devraient
régulièrement être revus à la lumière des avancées technologiques et des
conditions des marchés.
3. Le Maroc devrait continuer à s’appuyer avant tout sur les technologies solaires et
éoliennes éprouvées et compétitives, ne nécessitant pas le recours au budget de
l’Etat. L’adoption de technologies non encore matures ou non encore compétitives
devrait être examiné avec prudence dans le cadre d’une vision et d’une stratégie
sur le long terme, prenant en compte les bénéfices escomptés (sociaux,
économiques, environnementaux,…) et la viabilité financière de cette option sur le
long terme, en particulier son impact sur les finances publiques.
7. Il devrait suivre avec intérêt les technologies les plus prometteuses qui deviennent
de plus en plus matures et compétitives. En particulier, avec 3 000 kms de côtes sur
l’Atlantique et la Méditerranée, il devrait explorer l’intérêt et la compétitivité de
l’énergie éolienne marine pour la production d’électricité, qui pourrait se révéler
sur le moyen ou le long terme une option intéressante à ajouter au portefeuille
marocain des énergies renouvelables.
8. Il est important pour le Maroc de développer une feuille de route pour l’intégration
de la part croissante des énergies renouvelables dans le mix électrique national d’ici
2030 et au-delà à 2050. Dans ce sens, il est proposé que les principaux acteurs
(Ministère de l'énergie, des mines et de l'environnement, ONEE, MASEN, ANRE,
IRESEN) adoptent une approche globale, concertée et anticipée tant des moyens
de production et de stockage de l’énergie que de la modernisation des réseaux et
de la gestion proactive de l’offre et de la demande, pour améliorer la flexibilité du
système électrique.
211
9. Il y a lieu de continuer à développer la réflexion et la R&D sur la stratégie et la
réglementation du stockage d’énergie. Dans ce cadre, l’hydrogène et les batteries
se présentent parmi les solutions d’avenir les plus prometteuses pour le stockage
de l’énergie et l’intégration des énergies renouvelables.
11. La vision 2050 devrait aussi veiller à assurer les équilibres financiers des principaux
opérateurs publics dans le cadre de contrats programmes avec l’Etat.
13. La vision 2050 devrait clarifier davantage les rôles des différents acteurs étatiques
impliqués dans le développement des applications solaires et éoliennes dans les
différents secteurs (hors électricité). Il est important que la vision établisse les
mécanismes de coordination, de suivi, et de revue des programmes, pour soutenir
le développement de ces applications et pour évaluer les progrès, les contraintes
et l’atteinte des objectifs.
14. Elle devrait aussi considérer le rôle moteur que peuvent jouer les régions et les
villes, en particulier pour le développement des applications hors réseau électrique
centralisé, notamment dans les secteurs du résidentiel, du transport, de l’industrie,
agriculture, … Il est proposé de considérer la possibilité que les régions et les villes
aient la latitude d’adopter des politiques et des objectifs de développement des
énergies renouvelables encore plus ambitieux que ceux considérés au niveau
central.
212
Le bref aperçu donné ci-après illustre l’approche adoptée par le Chili pour
impliquer toutes les parties prenantes dans le cadre d’une approche intersectorielle et
pour organiser une large consultation du public pour le développement de sa politique
énergétique nationale à 2050.
Encadré 8 : L’approche adoptée par le Chili pour la définition d’une politique énergétique
intersectorielle à l’horizon 2050
Les leviers d’action, à considérer pour ouvrir d’avantage le marché des énergies
renouvelables au secteur privé, devraient inclure les aspects suivants :
1. Le Maroc devrait veiller à donner le plus de visibilité possible sur le potentiel des
marchés solaire et éolien sur les court, moyen et long termes et sur leur
fonctionnement. Cela permettra aux acteurs privés (développeurs de projets,
investisseurs, industriels) de se projeter pour investir le marché national (aussi bien
celui de l’électricité renouvelable que celui des autres applications décentralisées).
2. Si le marché des parcs éoliens est actuellement réalisé à peu près à 50% par les
opérateurs privés dans le cadre de la loi n° 13-09, ce n’est pas encore le cas pour
les installations solaires. Une démarche récente a été mise en place par les acteurs
étatiques pour ouvrir le marché des installations solaires au secteur privé dans le
cadre de la loi n° 13-09. Ces efforts doivent être poursuivis pour libéraliser
davantage le secteur de l’électricité renouvelable et pour élargir aussi le tissu
industriel aux petites et moyennes entreprises.
213
3. Il y a lieu de faciliter aussi l’ouverture au secteur privé du marché des petites
applications, basées principalement sur la technologie solaire photovoltaïque
décentralisée, qui devraient connaitre un essor important avec cette nouvelle vision
2050.
4. Pour faciliter l’ouverture de ces différents marchés, le Maroc devrait finaliser les
ajustements encore nécessaires sur les plans juridique et administratif, pour créer
un climat propice à l’investissement privé. Parmi ces ajustements figurent les
réformes législatives et réglementaires en cours visant à ouvrir le marché de la
moyenne tension et de la basse tension au secteur privé ainsi que
l’opérationnalisation dans les meilleurs délais de l’Autorité Nationale de Régulation
de l’Electricité.
214
Proposition 3 : Accompagner le développement industriel lié aux énergies
renouvelables par une stratégie nationale
215
6. Le développement d’une industrie nationale forte basé sur une vision sur le long
terme va sans doute requérir l’établissement de partenariats industriels public-privé
pour soutenir le développement industriel, en précisant les engagements de
chaque partie (mesures du soutien de l’état au développement industriel et
engagements des industriels à atteindre des objectifs socioéconomiques
convenus).
8. Il est important de dialoguer avec et d’associer tous les opérateurs clés, publics et
privés œuvrant dans le domaine de l’énergie et de l’industrie. Ces mécanismes de
dialogue, de synergie et de discussion devraient être encouragés et valorisés pour
alimenter la réflexion et les discussions nécessaires à l’élaboration d’une vision
stratégique. En particulier, il y a lieu de souligner le rôle positif joué par le « Cluster
Solaire » dans ce sens.
216
Conclusion générale
En 2009, le Maroc avait pris la décision audacieuse pour l’époque de lancer une
nouvelle stratégie énergétique, basée sur des objectifs ambitieux d’intégration des
énergies renouvelables dans son mix électrique. Il avait accompagné cette décision par
des réformes importantes du secteur électrique, à même de favoriser l’atteinte des
objectifs qu’il s’est fixé.
Une dizaine d’années après, le Maroc est en bonne voie pour atteindre ses
objectifs de production électrique par les énergies renouvelables. Il poursuit encore les
réformes nécessaires, notamment celles pour libéraliser davantage le secteur de
l’électricité. Il continue aussi à travailler sur les défis associés comme :
217
L’Agence Internationale de l’Energie estime qu’il est encore trop tôt pour
déterminer les impacts à long terme, mais que le secteur de l’énergie qui sortira de
cette crise sera différent de celui qui l’a précédé. Les investissements dans le secteur
de l’énergie devraient diminuer en 2020 de 20%. Les énergies renouvelables seront
aussi impactées par cette baisse, mais dans une moindre mesure et leur quotepart dans
l’investissement énergétique devrait même augmenter. L’AIE s’attend à ce que la
demande mondiale en énergies vertes augmente.
La transition énergétique au Maroc sur le long terme est sans doute un des
enjeux sociétaux importants, qui va nécessiter de reconfigurer le paysage énergétique,
dans le programme de développement durable. Cette approche devrait se faire dans
le cadre de politiques publiques basées sur des visions claires et cohérentes sur le long
terme et sur la capacité des pouvoirs publics à anticiper et à mobiliser tous les acteurs
concernés, y compris ceux de la société civile et à créer avec eux une relation de
confiance. Son succès sur le long terme réside dans le fait, qu'au-delà de la force
motrice de l'action gouvernementale, ce projet devrait aussi s'inscrire dans une
démarche sociétale, respectueuse des valeurs qui protègent l’environnement, les
ressources naturelles et les générations futures.
218
Liste des abréviations
219
NERSA Autorité de régulation du secteur de l’énergie de l’Afrique du Sud, pour
National Energy Regulator of South Africa
Ofgem Bureau des marchés du gaz et de l´électricité, pour Office of Gas and
Electricity Markets, Royaume Uni
OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economiques
OCP Office Chérifien des Phosphates
OFPPT Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail,
Maroc
ONEE Office National de l’Electricité et de l’Eau potable, Maroc
ONUDI Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
OWIC Organismes de coopération britannique dans le secteur de l'éolien
offshore, pour Offshore Wind Industry Council, Royaume Uni
PANER Plan d'action national 2011-2020 pour les énergies renouvelables,
Espagne, pour Plan de Acción Nacional de Energías Renovables de
España
PERG Programme d’électrification rurale, Maroc
PHS Stockage d’énergie par pompage, pour Pumped Hydro Storage
PIB Produit intérieur brut
PPA Contrat de fourniture et d’achat d’électricité, pour Power Purchase
Agreement
PPP Partenariat public privé
PV Photovoltaïque
REFIT Programme de tarifs de rachat garantis pour les énergies
renouvelables, pour Renewable Energy Feed-in Tariff, Afrique du Sud
REIPPPP Programme d’approvisionnement auprès des producteurs
indépendants d’énergie renouvelable, pour Renewable Energy
Independent Power Producer Procurement Program, Afrique du Sud
R&D Recherche et Développement
RO Obligation relative aux énergies renouvelables, pour Renewables
Obligation, Royaume Uni
ROC Certificats d'obligation des énergies renouvelables, pour Renewable
Obligation Certificates, Royaume Uni
SIE Société d’Investissements Energétiques, Maroc
SMES Stockage d’énergie magnétique supraconductrice, pour
Superconducting Magnetic Energy Storage
SNG Conversion d’électricité en gaz, pour Substitute Natural Gas, power to
gas
Surtaxe EEG Surtaxe sur les énergies renouvelables, Allemagne
STEP Station de transfert d’énergie par pompage
UE Union Européenne
UNESCO Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture,
pour United Nations Educationnel, Scientific and Cultural Organisation
USD Dollars américains
TIC Technologies de l’Information et de la Communication
220
TPES Approvisionnement total en énergie primaire pour Total Primary
Energy Supply
Sigles techniques
kWh Kilowatts heures
kWc kilowatt-crête, unité de mesure utilisée pour évaluer la puissance atteinte par un
panneau solaire lorsqu'il est exposé à un rayonnement solaire maximal.
MW Mégawatts
GW Gigawatts
GWh Gigawatts heures
GWth Gigawatts thermiques
THT Très haute tension
HT Haute tension
MT Moyenne tension
BT Basse tension
CO2 Dioxyde de carbone
221
Bibliographie
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Liste des figures
Figure 01 : Part des énergies renouvelables dans la production mondiale d’électricité, fin 2018
........................................................................................................................................................... 8
Figure 02 : Part de l’électricité renouvelable dans les villes, 2017........................................................ 9
Figure 03 : Nombre de pays avec des politiques ................................................................................... 10
Figure 04 : Capacité additionnelle en électricité renouvelable .......................................................... 11
Figure 05 : Coût moyen actualisé commercial de l’électricité ............................................................ 12
Figure 06 : Evolution des coûts de production de l’électricité ........................................................... 12
Figure 07 : Capacité mondiale en solaire CSP par pays et par région, 2008-2018 ...................... 14
Figure 08 : Capacité mondiale en éolien marin par région, 2008-2018 .......................................... 15
Figure 09 : Investissement dans les nouvelles capacités énergétiques, 2018 ................................ 16
Figure 10 : Investissement dans l’énergie renouvelable par technologie, 2018 ........................... 17
Figure 11 : Energie renouvelable dans la consommation totale finale d’énergie, par secteur,
2017 ............................................................................................................................................... 18
Figure 12 : Investissement pour l’accès à l’électricité hors réseau, 2013-2018 ............................. 19
Figure 13 : L’électricité renouvelable, plus grand vecteur énergétique en 2050 .......................... 22
Figure 14 : Demande totale en énergie primaire, 2018 ........................................................................ 23
Figure 15 : Electricité produite par source d’énergie, 2018 ................................................................. 24
Figure 16 : Investissements en combustibles par secteur en Afrique Subsaharienne et
moyenne des besoins en investissements selon le scénario des politiques
actuelles........................................................................................................................................ 28
Figure 17 : Situation actuelle des énergies renouvelables dans les pays ciblés............................ 36
Figure 18 : Les quatre piliers de la politique énergétique 2050 du Chili......................................... 51
Figure 19 : Processus de participation ‟Energy 2050“ .......................................................................... 54
Figure 20 : Axes stratégiques de la feuille de route 2035 et 2050 dérivés des visions du sous-
secteur jusqu'en 2050 .............................................................................................................. 55
Figure 21 : Fonctionnement du marché allemand de l´électricité ..................................................... 60
Figure 22 : Exigences de contenu local et allocation des dépenses ................................................. 75
Figure 23 : REIPPPP – Sociétés privées impliquées dans l´évaluation .............................................. 80
229
Figure 24 : Type de créanciers des trois premiers tours du REIPPPP ............................................... 82
Figure 25 : Capacité CSP en Espagne par année .................................................................................... 88
Figure 26 : Distribution des investissements pour une centrale de 50 MW à miroirs cylindro-
paraboliques ............................................................................................................................... 91
Figure 27 : Détails des pourcentages d´investissement qui restent en Espagne pour une
centrale CSP avec stockage .................................................................................................... 92
Figure 28 : Organisation du secteur de l’électricité au Maroc .......................................................... 105
Figure 29 : Projets solaires et éoliens réalisés et en cours d’exploitation ..................................... 108
Figure 30 : Consommation finale totale d’énergie par secteur ........................................................ 114
Figure 31 : Part des énergies renouvelables dans la consommation totale finale en énergie,
2000-2016.................................................................................................................................. 115
Figure 32 : Les technologies solaires et éoliennes ............................................................................... 119
Figure 33 : Schéma récapitulatif du programme solaire Noor ......................................................... 120
Figure 34 : Les technologies solaires CSP ............................................................................................... 120
Figure 35 : Les technologies solaires CSP utilisées à travers le monde ......................................... 121
Figure 36 : Tendances des coûts d’électricité actualisés et des prix d’adjudications des CSP,
2010-2022 .................................................................................................................................. 123
Figure 37 : Prévisions de l’expansion des énergies renouvelables à l’horizon 2050.................. 124
Figure 38 : Courbe de charge d’une journée type selon la saison été/hiver (Année 2012) .... 125
Figure 39 : Comparaison du LCoE CSP vs PV (6 heures de stockage), 2015-2030 (NREL,2016)
...................................................................................................................................................... 127
Figure 40 : Production d’électricité par source, 1973-2017 .............................................................. 129
Figure 41 : Evolution de la demande en MW sur la période 2015-2030....................................... 130
Figure 42 : Croissance de la consommation énergétique (kWh/habitant.an) ............................. 130
Figure 43 : Répartition de l’énergie injectée par nature de combustible, 2018. ......................... 132
Figure 44 : Plan de MASEN pour atteindre 52% à l’horizon de 2030 ............................................. 133
Figure 45 : Le cluster solaire........................................................................................................................ 137
230
Figure 46 : Paramètres de compétitivité au Maroc comparés aux moyennes de la région
MENA et d’un groupe benchmark de pays. .................................................................... 139
Figure 47 : Exigences en investissements vs complexité technologique pour l’industrie CSP140
Figure 48 : Opportunités pour le développement d’une industrie autour du CSP .................... 141
Figure 49 : Investissements requis vs complexité technologique pour l’industrie du PV ........ 142
Figure 50 : Opportunités pour le développement d’une industrie autour du PV ...................... 143
Figure 51 : Evaluation du potentiel des technologies CSP et PV ..................................................... 144
Figure 52 : Emplois créés par les sources d’énergies renouvelables .............................................. 145
Figure 53 : Emplois générés au Maroc par les technologies renouvelables ................................ 146
Figure 54 : Classification des systèmes de stockage de l’énergie électrique ............................... 150
Figure 55 : Niveau de maturité des systèmes de stockage de l'électricité ................................... 151
Figure 56 : Résultats de l’enquête sur les prix des batteries lithium-ion : moyenne pondérée
en volume .................................................................................................................................. 154
Figure 57 : Positionnement de différents systèmes de stockage .................................................... 154
Figure 58 : Schéma de principe de Power to Gas................................................................................. 163
Figure 59 : Capacités et durées de stockage de l’électricité par différents moyens .................. 169
Figure 60 : Illustration de la stratégie de stockage court et long terme pour établir l’équilibre
entre la production et la demande d’électricité ............................................................. 170
Figure 61 : Concept du Power-to-Gas imaginé par Hashimoto et al ............................................. 171
Figure 62 : Pilote Energiepark Mainz........................................................................................................ 175
Figure 63 : Exemple de planification des périodes de fonctionnement de l’installation, ....... 176
Figure 64 : Concept EMO ............................................................................................................................. 177
Figure 65 : Unité Power-to-Gas de 250kW conçue par Etogas et ZSW, efficacité exprimée par
rapport au PCI du gaz produit............................................................................................. 179
Figure 66 : Exemple de la réponse temporelle du démonstrateur Audi en régime transitoire
...................................................................................................................................................... 181
Figure 67 : Concepts du système électrolyseur multi-mégawatt proposés par AREVA H2Gen,
Siemens et ITM Power ........................................................................................................... 182
Figure 68 : Modèle financier de MASEN pour les projets solaires .................................................. 201
Figure 69 : Graphe résultat ONEE.............................................................................................................. 205
231
Liste des tableaux
232