12 - Myélome Multiple
12 - Myélome Multiple
12 - Myélome Multiple
EL MESTARI
HEMATOLOGIE
2022
MYELOME MULTIPLE
I. DEFINITION :
• Appelé Maladie de Kahler
• Gammapathie monoclonale
• Une hémopathie maligne lymphoïde B
• Caractérisée par:
Une prolifération monoclonale d'une lignée plasmocytaire médullaire tumorale.
La sécrétion d'une immunoglobuline unique appelée Ig monoclonale détectable dans le sang et/ou les urines
II. EPIDEMIOLOGIE :
• Etiologie inconnue
• Facteurs incriminés: radiations ionisantes, benzène, solvants organiques, herbicides et insecticides
• Cas familiaux ont été rapportés
• Notion de prédisposition (gammapathie monoclonale de signification indéterminée: MGUS)
• Incidence: 4/100 000 H/an. 2% des cancers, 10% des hémopathies.
• Âge : moyen au diagnostic: 65 ans, 3% sont < 40 ans, jamais chez l’enfant.
• Sexe : prédominance masculine.
III. PHYSIOPATHOLOGIE :
1. Origine de la cellule myélomatose:
• Mal connue: centrogerminative ou post centrogerminative du ganglion.
• Présente une ou des anomalies acquises de son génome, mais reste apte à migrer dans la moelle osseuse et à se
différencier en plasmocyte.
2. La maladie est liée à 2 éléments importants:
Anomalies du génome plasmocytaire: sont
• Acquises et quasi constantes au diagnostic de MM
• Anomalies cytogénétiques sont nombreuses (5-15 anomalies différentes chez le même patient)
• Plusieurs anomalies ont un intérêt pronostique (délétion 17p, del 1p, del 1q, translocation (4,14), t(14,16)
Plasmocytes tumoraux:
• Forment un clone, qui sécrète la même Ig, parfois seulement une chaîne légère, voire aucune Ig (= variant du
MM).
• Plasmocytes secrètent ou induisent la sécrétion par le microenvironnement de cytokines (IL6, TNFα, IL1b,
MIP 1a) qui stimulent la croissance plasmocytaire mais également la croissance et le recrutement des
ostéoclastes.
L’activation des ostéoclastes entraine une hyperrésorption osseuse (OAF: osteoclast activating factors) et une
inhibition de l’ostéoformation.
La prolifération plasmocytaire est responsable d’une suppression de l’hématopoïèse
• Modification de réponse immune: Inhibition de la production d’Ig normales (polyclonales)
Ce qui explique les signes et complications de la maladie:
Insuffisance médullaire
Insuffisance rénale (précipitation de chaines légères d’Ig dans les tubules rénaux)
Lésions ostéolytiques
D’autres manifestations liées aux propriétés physicochimiques de l’Ig [dépôt de chaines légères dans
divers organes : amylose AL, maladie de Randall et activité de cryoglobuline]
IV. ETUDE CLINIQUE :
1. Circonstances de découverte:
• Manifestations osseuses: douleurs osseuses, fractures spontanées (pathologiques), tumeurs osseuses
• Altération de l’état général
• Syndrome anémique
• A l’occasion d’une complication: Insuffisance rénale, infection, compression médullaire
• Découverte fortuite: biologique (anémie à l’hémogramme, Pic à l’EDP sérique, VS accélérée) ou radiologique
(lésions ostéolytiques)
• 10% de MM après suivi d’un MGUS
2. Tableau clinique:
• Signes osseux: 70% des cas
Douleurs osseuses: souvent révélatrices, dominantes (80%)
-Siège : rachis, cage thoracique, bassin
-Caractère : fixes, sourdes, profondes avec des paroxysmes, tenaces, rebelles aux antalgiques, à recrudescence
nocturne.
-Réveillées à la pression des os.
-Algies radiculaires sont rares
Craindre une compression médullaire.
Tumeurs osseuses: rares (10%)
-sur les os plats (maxillaire inf.), crâne, gril costal.
-molles, élastiques, parfois crépitant
-douloureuses
Fractures spontanées: (40%)
-provoquées par un traumatisme minime
-siège idem + tassements vertébraux
• Syndrome anémique: peut être bien toléré
• Altération de l’état général: asthénie, amaigrissement, anorexie
• Syndrome d’hyperviscosité: lié à l’hyperprotidémie , se manifeste par des céphalées, bourdonnements
d’oreilles, épistaxis, trouble de la vision.
• Infections à répétition: lié à une hypogammaglobulinémie avec diminution des Ig polyclonales (infections
bactériennes à germes encapsulés)
• Atteinte rénale: (20%), cause majeure de morbi-mortalité, liée à la sécrétion d’immunoglobuline (Ig) et plus
particulièrement de chaînes légères libres (CLL)
V. ETUDE BIOLOGIQUE :
1. Manifestations hématologiques :
1. Hémogramme: peut être normal
• Anémie fréquente au diagnostic (75%), normocytaire normochrome arégénérative.
• Leucopénie et thrombopénie sont exceptionnelles.
• Mécanisme:
Insuffisance médullaire
Hémolyse
Hémodilution
Insuffisance rénale
Déficit en érythropoïétine par l’IL6
Iatrogène
2. FSP :
• Aspect d’hématies en rouleaux
• On peut noter des plasmocytes circulants
3. Myélogramme:
• Essentiel au diagnostic
• Os mou (aspect de sucre mouillé)
• Infiltration plasmocytaire ˃ou = 10% (normaux ou dystrophiques)
4. BOM: si moelle non concluante + étude immunohistochimique
5. Phénotypage plasmocytaire: les plasmocytes sont CD 38+, CD 138+
2. Anomalies protidiques :
Sang:
1. Vitesse de sédimentation(VS):
• accélérée >100mm/heure
• Peut être normale en cas de : MM à chaines légères, MM non secrétant, MM avec cryoglobulinémie
2. Electrophorèse des protéines sériques (EDP):
• Hyperprotidémie (60-130g/l)avec hypoalbuminémie
• Pic monoclonal à base étroite en position γ ou β, rarement α
• Ou une hypo γglobulinémie en cas de MM à chaines légères
3. Immunofixation (immunoEDP): précise le type d’Ig (une classe de chaine lourde et un type de chaine légère) :
Ig G ou A, rarement D ou E ou M
4. Dosage pondéral : élévation de l’Ig monoclonale, et effondrement des autres classes.
VN : IgG = 8-16 g/L ; Ig A = 1.5 -4 g/L ; IgM = 0.9 - 3 g/L]
5. Dosage des chaines légères libres sériques(FLC): rapport des chaines légères libres impliquées sur les non
impliquées (N 0,26-1,65)
Urines :
1. EDP et Immunofixation urinaire : pic monoclonal (chaine légère kappa ou lambda)
2. Protéine de BENCE JONES : composée de chaînes légères kappa ou lambda, reconnue par sa propriété de
précipitation à 56° et sa thermo dissolution à 100°
3. Autres bilans : à visée pronostique et recherche des complications
Bilan phosphocalcique: hypercalcémie
Bilan rénal (créatininémie, clairance à la créatinine, acide urique)
Bilan d’hémostase : troubles de la coagulation
Etude cytogénétique des plasmocytes tumoraux (FISH): délétion du chromosome 13, anomalies du
chromosome 14…
Dosage de la β2 microglobuline, CRP, LDH.
VI. SIGNES RADIOLOGIQUES :
1. Radiographies du squelette (F+P): peut être
• Normales
• Lésions ostéolytiques à type de géodes: lacunes rondes à l’emporte pièce sans condensation périphérique
• Déminéralisation osseuse diffuse
• Tassement vertébral
• Fractures pathologiques
• Aspect de tumeur osseuse.
2. TDM Low dose et IRM corps entier:
-Utiles pour détecter des lésions ostéolytiques infra radiologiques
-Suspicion de compression médullaire (IRM rachidienne) ou radiculaire
3. PET- Scanner: récemment introduit dans le diagnostic du MM, montre des foyers hypermétaboliques
Contre-indication d’injection des produits de contraste
VII. CLASSIFICATIONS PRONOSTIQUES :
1. Classification Salmon et Durie :
2. Classification ISS :