LP Magnard 1G
LP Magnard 1G
LP Magnard 1G
Jacqueline JALTA
Jean-François JOLY
Michaël PARDON
Roger REINERI
José RIQUIER
www.magnard.fr
Édition : Nicolas Waszak
Mise en page : So’Graph
Cartographie : Marie-Christine Liennard
Géographie 1re
© Magnard, 2019 3
Géographie 1re
BIBLIOGRAPHIE et sitographie f
-- J. Damon, T. Paquot, Les 100 mots de la ville, coll. « Que sais-je ? », PUF, 2014. C
-- D. Acloque, « Métropolisation et mondialisation », in La mondialisation contemporaine, Rapport de force et enjeux, r
Nouveaux continents, Nathan, 2017. n
t
-- P. Nédélec, Géographie urbaine, A. Colin, 2018.
e
-- E. Dorier (dir.), L’Urbanisation du monde, coll. « La Documentation photographique », La Documentation é
française, n° 8125, 2018.
2
-- Géoconfluences, ressources pour le programme de Géographie en première générale : Les villes à l’échelle
p
mondiale : le poids croissant des métropoles ; http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/classes/
e
ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-1ere-generale
À
-- ONU, World Urbanization Prospect : données statistiques sur les évolutions du fait urbain dans le monde :
S
https://population.un.org/wpp/
l
-- GaWC (Globalization and World Cities), groupe de recherche de l’université de Loughborough (Grande-Bretagne) : s
www.lboro.ac.uk/gawc/ q
-- Global Cities Initiative : www.brookings.edu/project/global-cities/ s
-- Métropolitiques : www.metropolitiques.eu/ v
-- Urban Observatory : www.urbanobservatory.org/ c
u
l
l
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Géographie 1re
II. Réponses aux questions 3. En 2035, plus que jamais, la gestion des grandes
mégapoles sera un enjeu des pays des Sud. Les Nords
n’abriteront que 3 des 30 plus grandes mégapoles du
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 26-27 monde : Tokyo, New York et Los Angeles-Long Beach.
La comparaison avec la carte actuelle montre le déca-
1. Il s’agit d’une photographie aérienne oblique d’un lage entre l’explosion urbaine à laquelle vont devoir
espace de la banlieue de Mexico. Le paysage urbain est faire face les pays du Sud, alors que l’Europe n’aura
très homogène puisqu’il s’agit d’habitat pavillonnaire toujours que Londres, Paris, Moscou et l’ensemble
composé de maisons identiques. Les maisons ont un allemand Rhin-Ruhr au-dessus de la barre des 7 mil-
étage, sont mitoyennes des deux côtés avec quelques lions d’habitants.
mètres carrés de pelouse et une courte allée en pas
4. L’Asie regroupera 60 % des métropoles de plus de
japonais les séparant de la rue. La structure du lotis-
7 millions d’habitants. La Chine à elle seule en abri-
sement est en arêtes de poisson avec des rues per-
tera 18 et l’Inde 9, alors que le Japon restera à 3 et les
pendiculaires à la route principale située au milieu du
États-Unis à 5. S’ajouteront les capitales de 7 autres
lotissement.
pays d’Asie, Dacca, Karachi et Manille en tête.
2. La croissance de Mexico prend la forme d’un vaste
5. En 2050, plus des deux-tiers de la population mon-
étalement urbain dû au choix d’habitat individuel même
diale sera urbaine. Les différenciations infra-continen-
si les terrains sont petits et les maisons mitoyennes.
tales resteront cependant marquées en Afrique (43 %
3. Les avantages d’habiter dans cette banlieue sont en Afrique orientale, 74 % en Afrique australe) et en
l’accès à un logement individuel, neuf, d’une certaine Asie (81 % en Asie orientale, 54 % en Asie du Sud). Le
taille, avec un petit jardin, dans le cadre d’un lotisse- continent américain sera le plus urbanisé et le plus
ment, dans un espace qui semble éloigné des zones homogène, les quatre pays du cône sud du Mercosur
industrielles les plus polluantes. représentant le plus vaste espace le plus urbanisé du
L’inconvénient majeur est l’éloignement du lieu de monde. Le différentiel entre les deux géants chinois
travail, qui oblige à des migrations pendulaires en voi- et indiens persistera : 3 chinois sur 4 seront urbains
ture individuelle car le lotissement ne semble pas être contre 1 Indien sur 2.
pourvu de transports collectifs menant au cœur de la 6. En dehors de l’Afrique subsaharienne orientale, les
capitale mexicaine. pays où la population urbaine sera encore minoritaire
feront figure d’exception sur les autres continents :
Grenade en Amérique, Afghanistan, Tadjikistan en Asie
CARTES ENJEUX p. 28-29 occidentale, Népal, Sri Lanka en Asie du Sud, Cam-
bodge en Asie orientale. À l’échelle du monde, 25 pays
Analyser les cartes seulement seront encore majoritairement ruraux, les
plus peuplés étant africains : l’Éthiopie, le Kenya, le
1. La croissance urbaine est modérée dans les pays à Soudan, l’Ouganda.
fort taux d’urbanisation qui sont les pays de la Triade.
Cela ne souffre pas d’exception, que ce soit en Amé- Mettre les cartes en relation
rique du Nord, en Europe occidentale ou au Japon. On
note juste une croissance plus forte des aggloméra- La généralisation du fait urbain et la taille atteinte par
tions des noyaux de la Sun Belt des États-Unis (Texas bon nombre de villes font que la gestion du fait urbain
et vieux Sud redynamisé), liée à la forte croissance sera un enjeu majeur en termes de développement
économique de cette partie des États-Unis. durable : logements, transports, gestion des déchets,
2. La croissance urbaine est très élevée dans les alimentation des populations, pressions sur l’environ-
pays peu urbanisés qui connaissent un important nement…
exode rural et un accroissement naturel plus élevé.
À l’échelle du planisphère, une opposition Nord- ÉTUDE DE CAS
Sud est donc identifiable en mettant à part le cas de La métropolisation au Brésil :
l’Amérique latine, précocement urbanisée. La crois-
dynamiques et contrastes p. 30-33
sance des villes du Sud est très spectaculaire avec
quelques exceptions : grande métropole à l’exten-
sion limitée par le site naturel, comme Hong Kong A. São Paulo, métropole mondiale émergente
voire Mumbai, ou moins dynamique économiquement,
comme Kolkata. Vu leur poids démographique et leur Analyser et confronter les documents
urbanisation encore moyenne ou faible, la Chine et
l’Inde s’identifient par l’ampleur de la croissance de 1. São Paulo est d’abord une métropole qui concentre
leurs grandes métropoles. une forte population. L’agglomération regroupe 21 mil-
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Géographie 1re
lions d’habitants. Cette concentration est à mettre en ne doivent pas faire oublier les favelas, quartiers d’ha- é
bitat spontané marqués par la pauvreté, l’enclavement y
lien avec la puissance économique de la métropole,
et la violence. La croissance urbaine rapide rend les a
dont la traduction visuelle est sa skyline tout en ver-
infrastructures obsolètes et nécessite de nouveaux (
ticalité. L’attractivité de São Paulo se manifeste avec
le cosmopolitisme de la ville. Cette forte concentration investissements. Le réseau de transport est insuffi-
est source de congestion du trafic routier. sant pour assurer les mobilités des habitants, l’appro- C
2. La puissance métropolitaine de São Paulo s’exprime visionnement en eau pose problème. L
d’abord par sa puissance économique historique- t
ment née avec le cycle du café à la fin du xixe siècle. Conclure o
São Paulo possède un quartier d’affaires d’influence c
Forces et faiblesses des métropoles brésiliennes sont
mondiale, autour de l’avenue Paulista. C’est la pre- P
liées. La croissance urbaine permet une création de
mière place financière d’Amérique latine. L’inscription t
richesses toujours plus importante. Cependant, l’afflux
de la métropole dans l’espace mondialisé est permise c
de population nécessite la modernisation et le déve-
par les infrastructures portuaires de Santos, premier loppement des infrastructures de transport, d’approvi-
port d’Amérique du Sud. De plus, São Paulo présente sionnement en eau et en énergie. De plus, les quartiers B
une forte capacité d’innovation grâce aux activités de d’habitat spontané, les favelas, concentrent les diffi-
recherche-développement qui s’y situent. cultés sociales. Toutes les métropoles brésiliennes A
3. Le port de Santos est l’expression littorale de la présentent un éventail incomplet de fonctions métro-
métropolisation de São Paulo. Le port constitue l’in- politaines. Brasilia est avant tout un centre politique. 1
terface entre la métropole et l’espace mondialisé, en São Paulo n’a pas le rayonnement artistique, culturel d
permettant les importations et les exportations de et touristique des villes-mondiales. Rio de Janeiro n’est l
marchandises. qu’une métropole économique de second plan. é
s
Conclure ÉTUDE DE CAS t
q
São Paulo est une métropole mondiale émergente La Megalopolis du nord-est des États-Unis : t
car son influence dépasse les frontières du Brésil et des synergies métropolitaines p. 34-36 p
car la ville est liée au réseau métropolitain mondial.
2
La ville est en pleine croissance et cela impacte la
A. Une puissante région urbaine polycentrique c
vie quotidienne des Paulistes, notamment dans leurs d
mobilités. São Paulo est une métropole émergente car
elle ne possède pas tous les attributs de la puissance Analyser et confronter les documents
métropolitaine mais s’affirme comme une métropole
1. L’organisation spatiale de la Megalopolis est cen-
économique et financière de premier plan.
trée sur un chapelet de cinq grandes métropoles qui
se succèdent du Nord au Sud sur plus de 650 km de
B. Une métropolisation singulière et imparfaite long et qui en sont l’élément structurant. Entre elles,
l’espace est urbanisé en continu, ce qui justifie l’emploi
Analyser et confronter les documents du terme de mégalopole. c
2. Les éléments de puissance de la Megalopolis u
1. Le réseau urbain brésilien est dominé par trois à l’échelle mondiale sont une concentration sans m
métropoles aux visages différents. São Paulo est le pareille de pouvoirs à la fois politique, culturel et d
principal centre économique, industriel et financier du économique. D’un point de vue politique, elle abrite le
pays. Brasilia, fondée en 1960, est la capitale politique pouvoir fédéral de la première puissance mondiale et C
du Brésil. Quant à Rio de Janeiro, elle en constitue la les plus grandes organisations internationales (ONU,
vitrine touristique et culturelle. N
FMI). D’un point de vue culturel s’y trouvent cinq presti-
2. Rio de Janeiro est une métropole mondiale grâce v
gieuses universités de renommée internationale. D’un
à son rayonnement touristique et culturel et à son r
point de vue économique, la Megalopolis est encore
ancien statut de capitale politique. C’est ainsi une ville i
le siège de nombreuses firmes transnationales amé-
qui organise des événements planétaires, comme le d
ricaines et de la première place financière mondiale
Sommet pour la Terre en 1992, les Jeux olympiques d
qu’est Wall Street (et également de la seconde qui est
d
de 2016 ou la finale de la Coupe du monde de football le Nasdaq). Sa connexion au reste du monde est assu-
en 2014. rée par plusieurs aéroports internationaux (six ont un
3. La métropolisation à Rio de Janeiro et São Paulo est trafic supérieur à 20 millions de passagers).
imparfaite. Les inégalités socio-spatiales sont mar- 3. Boston contribue à la puissance de la Megalopolis
quées. Les quartiers aisés et les quartiers d’affaires par la forte densité de ses institutions culturelles et
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À Dubaï et Abu Dhabi, la stratégie consiste à être connu se généralisent : une majorité de citadins vit désormais
sur la scène mondiale, à être mis en avant régulière- dans des espaces périurbains. La périurbanisation est
ment grâce à la construction de bâtiments iconiques dénoncée en raison de son impact sur l’environne-
battant les records mondiaux, à des architectes et ment : consommation excessive de terres agricoles,
des institutions de renom, à un site internet actif, en d’espaces naturels, d’énergie, pollution… Comme le
plusieurs langues, chargé de la promotion de la ville montre le schéma 1, ce processus de périurbanisation
auprès des investisseurs et des touristes. Cette stra- exige de gérer et d’aménager durablement les villes.
r tégie et ses moyens sont développés ici aux Émirats
arabes unis essentiellement par des acteurs publics La mondialisation renforce le poids et le rôle des
l (gouvernements, agences et entreprises étatiques…). villes qui rayonnent au-delà de leurs frontières en
Ce marketing territorial a des limites : il repose et concentrant les lieux de pouvoir : ces villes sont des
engendre des inégalités, il y a un risque de crise immo- métropoles. Elles se démarquent par leurs fonctions
bilière et la pérennité de l’essor économique n’est pas politiques, avec les sièges d’institutions nationales, et
assurée à moyen/long terme. aussi par la présence d’instances internationales (ONU
et FMI à New York, Unesco à Paris…) et diplomatiques
(consulats, ambassades). Les métropoles accueillent
III. Corrigés du Bac également les grandes rencontres internationales.
Les fonctions de commandement sont reparties dans
S’ENTRAÎNER AU BAC 1 l’ensemble des secteurs d’activité. Les plus nom-
Rédiger une réponse à une question breuses et les plus importantes concernent le domaine
problématisée p. 46-47 économique et financier : sièges sociaux des entre-
prises transnationales, bourses, banques, entreprises
Sujet : Les villes dans le monde : quelle importance ? de services financiers et d’assurances…
quel poids des métropoles Enfin, les métropoles sont au centre des mobilités
Dans le monde actuel, plus d’un humain sur deux vit internationales. Elles attirent, par le dynamisme et les
dans une ville. Cet essor des villes s’accompagne d’un opportunités économiques, aussi bien les travailleurs
poids et d’un rôle croissant des métropoles. Quelles qualifiés que non qualifies. De même, elles sont des
formes l’urbanisation et la métropolisation prennent- destinations majeures du tourisme international grâce
elles ? En quoi la métropolisation reste-t-elle un pro- à leur patrimoine historique et architectural, ainsi que
cessus sélectif ? par l’ampleur de leurs événements culturels.
On évoquera d’abord l’urbanisation du monde et ses L’importance prise par l’urbanisation et les métropoles
conséquences, puis on décrira la place et le fonction- est cependant inégale dans le monde. Dans certains
nement des métropoles pour ensuite dresser un bilan pays des Suds, que ce soit en Afrique subsaharienne
de l’urbanisation et de la métropolisation à l’échelle ou en Asie du Sud, les populations rurales sont encore
mondiale. majoritaires. Mais la transition urbaine est en cours et
le rythme de croissance urbaine y est élevé. Des méga-
Depuis 2007, la population mondiale vit majoritaire-
poles sont le résultat de l’accélération de l’urbanisa-
ment en ville. Pour la première fois de l’histoire, la
s tion dans les pays des Suds : 26 sur 33 y sont situées.
population urbaine dépasse la population des cam-
pagnes. En 2018, 55 % de citadins sont comptabili- Toutes les mégapoles ne sont pas des métropoles qui
e sés et ce chiffre devrait atteindre 68 % en 2050. Cette concentrent des activités et des fonctions de rayonne-
- évolution s’explique par la transition urbaine. Ce pro- ment international. La mondialisation renforce la concen-
cessus est étroitement lié au niveau de développement tration de fonctions de commandement dans les centres
économique et social des pays. Les taux d’urbanisation de l’économie mondiale : l’Amérique du Nord, l’Europe
sont donc inégaux entre pays des Nords et pays des de l’Ouest et l’Asie orientale. Les activités de conception
- Suds. À l’échelle de la planète, de très forts contrastes et de décision se polarisent dans les grandes villes d’un
s apparaissent selon les pays entre les taux d’urbanisa- petit nombre de pays caractérisés par leur haut niveau de
tion et les taux de la croissance urbaine. La transition développement. Les acteurs économiques y bénéficient
urbaine est achevée en Amérique, en Europe et dans d’une main-d’œuvre qualifiée, d’infrastructures perfor-
certains pays d’Asie. Dans les pays des Suds, principa- mantes, des avantages de la proximité spatiale d’autres
lement en Asie et en Afrique, les populations rurales acteurs et de l’effet de taille. Dans certains territoires les
e sont encore souvent majoritaires. métropoles proches les unes des autres forment une
- mégalopole comme le montre le schéma 2.
À l’échelle locale, les conséquences de l’urbanisation
sont spectaculaires : aux Nords comme aux Suds, la À l’inverse, les pays et les villes les moins intégrés à
s croissance urbaine s’accompagne le plus souvent d’un la mondialisation, en Afrique notamment, sont encore
étalement urbain. Des dynamiques de périurbanisation davantage mis à l’écart des dynamiques métropoli-
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Géographie 1re
taines à l’échelle mondiale. Cependant, des métro- telles Venise, elles rayonnent grâce à leur patrimoine
poles émergentes se multiplient dans les pays des culturel et historique mais détiennent peu de fonctions
Suds grâce à l’affirmation économique de pays comme économiques ou politiques à l’importance internatio-
la Chine, l’Inde ou le Brésil. Shanghai est ainsi devenu nale. Les métropoles dites secondaires ne rayonnent
le premier port mondial et la 5e place boursière du qu’à une échelle nationale ou régionale. En France,
monde, São Paulo est la principale place financière des villes comme Nantes, Bordeaux, Toulouse ou Lille
d’Amérique latine, Mumbai est la capitale écono- sont qualifiées de métropoles régionales.
mique d’un pays devenu la 6e puissance économique Le monde actuel est désormais fortement urba-
du monde. nisé et cette dynamique est une des caractéristiques
Cependant, peu de villes cumulent l’ensemble des majeures d’un monde en recomposition. La place des
fonctions de commandement. Une métropole est dite métropoles devient centrale dans l’organisation du
incomplète quand elle concentre des fonctions de com- monde. Elles forment une hiérarchie avec au sommet
mandement dans un seul domaine d’activité. Ottawa, quelques métropoles mondiales, et sont en concur-
capitale politique du Canada, centralise les fonctions rence pour attirer les hommes, les activités, les flux.
administratives et diplomatiques mais ne dispose Ce processus de métropolisation renforce les inégali-
que d’un très faible secteur économique. Les villes tés à toutes les échelles entre les pays, entre les villes
mondiales sont un type de métropole incomplète : et même à l’intérieur des espaces métropolitains.
S’ENTRAÎNER AU BAC 2
Réaliser un croquis p. 48-49
Légende 1
1. Des grandes métropoles
Population (en millions d’habitants)
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+3 2 1 Moins
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Cours 3, p. 66-67 Dossier : Jakarta, la croissance échevelée d’une métropole des Suds, p. 70-71.
Partout des métropoles qui se fragmentent S’entraîner au Bac 5 : Mumbai, une métropole fragmentée, p. 74-75.
S’entraîner au Bac 6 : Les métropoles : recomposition spatiale et fragmentation
sociale ?, p. 76.
p
C
Ressources documentaires récentes t
e
BIBLIOGRAPHIE et sitographie c
-- J. Damon, T. Paquot, Les 100 mots de la ville, coll. « Que sais-je ? », PUF, 2014. 2
-- C. Ghorra-Gobin, La Métropolisation en question, PUF, 2015. l
-- D. Acloque, « Métropolisation et mondialisation », in La mondialisation contemporaine, Rapport de force et enjeux, s
Nouveaux continents, Nathan, 2017. j
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-- P. Nédélec, Géographie urbaine, A. Colin, 2018.
m
-- E. Dorier (dir.), L’Urbanisation du monde, coll. « La Documentation photographique », La Documentation d
française, n° 8125, 2018.
3
-- Géoconfluences : Les villes à l’échelle mondiale : le poids croissant des métropoles : http://geoconfluences.ens-
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lyon.fr/programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-1ere-generale
a
-- Géoconfluences : Que deviennent les centres-villes en Europe ?, revue de presse, avril 2019 : (
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/revues-de-presse/centres-villes-europe p
-- J. Miller, Unequalscenes : https://unequalscenes.com/projects p
-- Skyscraperpage : base de données des gratte-ciel dans le monde : http://skyscraperpage.com/ d
-- Global Cities Initiative : www.brookings.edu/project/global-cities/ n
t
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II. Réponses aux questions l’élite financière mondiale, qui assure une réputation
de grande performance des services financiers
londoniens.
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 52-53
Conclure
1. Cette photographie a été prise à Mumbai, à l’est du
centre. Cette vue aérienne oblique montre au premier Ses atouts font de Londres une ville globale car elle
plan un vaste bidonville à droite, ainsi qu’une grande est au cœur des flux mondiaux, en particulier dans le
barre d’immeuble isolée et, à gauche, un quartier secteur financier et pour les flux de déplacement des
d’immeubles en îlots, structuré et paysager. À l’ar- hommes (travail et tourisme). Elle est très cosmopo-
rière-plan s’étend l’immense agglomération de Mum- lite (plus de 200 nationalités dans la finance), très bien
bai. reliée au reste du monde et l’anglais est la langue de
la mondialisation.
2. Les inégalités sont marquées dans ce paysage.
Population pauvre dans un bidonville informel, classes
moyennes d’employés des services publics logées B. Une métropole fragmentée
dans des îlots d’immeubles (Government Colony), quar-
tier aisé en formation (grand immeuble sur la droite). Analyser et confronter les documents
3. Ce quartier proche du centre se transforme
aujourd’hui : le quartier d’immeubles est en rénova- 1. Les contrastes sociaux et spatiaux sont particuliè-
tion, le bidonville se réduit au profit d’un quartier rési- rement marqués dans l’espace londonien. La polari-
dentiel aisé en cours de réalisation (résidence Kanakia sation sociale entre populations modestes d’un côté
Paris). Cependant, les inégalités urbaines sont tou- et « super riches » de l’autre a tendance à s’accroître,
jours très marquées. à mesure que Londres confirme sa place de pôle
financier mondial et de lieu de résidence pour mil-
liardaires cosmopolites. Cette dichotomie se retrouve
ÉTUDE DE CAS dans l’espace de la ville, avec un centre-ouest où les
Londres, une métropole prix de l’immobilier atteignent des records (dépassant
18 000 euros par m²), et des périphéries lointaines
de rang mondial p. 54-57
particulièrement pauvres (notamment dans le Nord et
l’Est).
A. Un rayonnement à l’échelle du monde Cette différence de richesse considérable a des consé-
quences préoccupantes dans plusieurs domaines, et
Analyser et confronter les documents en partie pour la santé des habitants. À seulement
quatre stations de métro d’écart, on mesure des
1. Londres est une ville mondiale de premier plan, en différences allant jusqu’à 18 ans pour l’espérance de
particulier dans le secteur de la finance. La City et vie à la naissance, ce qui correspond à l’écart entre la
Canary Wharf sont deux quartiers d’affaires d’impor- Suisse et le Zimbabwe.
tance mondiale, accueillant des centaines de banques D’un point de vue spatial, les poches de pauvreté cor-
et de compagnies d’assurances et de services finan- respondent souvent aux espaces où se concentrent les
ciers. minorités ethniques. Alors qu’elles sont peu présentes
2. L’attractivité de Londres s’appuie également sur dans le centre de Londres (et totalement absentes dans
l’anglais, qui facilite les échanges et attire les sièges le centre-ouest, ou « richistan »), les populations noires
sociaux d’entreprises multinationales, et un système et asiatiques résident dans les lointaines banlieues de
juridique inspirant confiance et stabilité. L’attractivité l’Est et de l’Ouest. Le document 10 semble indiquer la
touristique de la capitale britannique participe égale- constitution de quartiers ethniques plutôt distincts en
ment à son fort rayonnement, avec environ 20 millions fonction des origines, car les forts pourcentages de
de visiteurs internationaux par an. populations identifiées comme « noires » et asiatiques
3. Londres est une métropole extrêmement bien reliée se retrouvent rarement dans les mêmes quartiers.
au monde, possédant notamment le premier hub 2. Dans certains cas, les quartiers périphériques déla-
aéroportuaire mondial. Elle rassemble cinq aéroports brés connaissent de nouvelles dynamiques. C’est le
(Heathrow, Gatwick, Luton, Stansted et City Airport), cas d’Old Street, dans l’Est londonien. Cet espace assez
pour un total de plus de 170 millions de passagers dégradé a attiré de nouvelles entreprises spécialisées
par an. La ligne à grande vitesse Eurostar permet dans l’informatique et les télécommunications grâce
de connecter le centre-ville de Londres à Paris et au à des prix de l’immobilier très bas. Plusieurs grandes
nord de l’Europe en quelques heures. Cette infrastruc- multinationales sont venues s’installer dans ce nou-
ture très développée permet à Londres d’accueillir veau « cluster », telles Microsoft, Facebook, Intel,
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Géographie 1re
Google ou encore Cisco. Les emplois créés, la rénova- est aussi une vitrine de la culture indienne (cinéma
tion architecturale et le renouveau de la réputation du « Bollywood »). Une étude économique étatsunienne
quartier le revitalisent. de 2014 la qualifie de « ville globale », ville industrielle
devenue capitale des services.
Conclure
Conclure
Londres est une métropole où la fragmentation
socio-spatiale est particulièrement marquée. Elle Métropole majeure de l’Inde en plein développement
est d’abord classique, avec des quartiers aisés et (6e puissance mondiale), Mumbai a connu une évolu-
des périphéries modestes très distincts les uns des tion récente et spectaculaire qui en fait aujourd’hui
autres (schéma centre-périphérie + distinction Est/ une métropole de rang mondial. Mais l’espace urbain
Ouest). Elle se double d’une fragmentation ethnique, reste très disparate, chaotique et difficile à aménager.
avec des minorités globalement exclues du centre et
de sa richesse. Elle prend une ampleur considérable
d’un point de vue de la santé des habitants avec des B. Un espace mégapolitain fragmenté
écarts d’espérance de vie considérables d’un quartier
à l’autre (18 ans). Analyser et confronter les documents
Le terme est d’autant plus justifié que la dynamique 1. Les contrastes sociaux sont marqués entre quar-
de fragmentation a tendance à s’aggraver avec une tiers d’habitation où se mêlent résidences aisées,
attractivité renforcée vis-à-vis d’une classe mondiale
quartiers modestes et délabrés et slums (bidonvilles).
de « super-riches » qui continue à faire augmenter les
Le littoral ouest longeant la mer d’Oman attire de plus
prix de l’immobilier et à repousser les pauvres tou-
en plus les habitants riches de Mumbai.
jours plus loin en périphérie.
2. La ville apparaît donc comme un pêle-mêle sans
plan d’ensemble, souffrant d’un défaut d’urbanisme.
ÉTUDE DE CAS Les infrastructures sont difficiles à mettre en place
Mumbai, une métropole fragmentée p. 58-60 (transports urbains, réseaux d’électricité et d’eau…)
et quartiers résidentiels et bidonvilles peuvent encore
voisiner.
A. Mumbai, l’émergence d’une grande 3. Dans la gestion de cet immense espace urbain, Mum-
métropole des Suds bai rencontre plusieurs difficultés majeures : le site
(une presqu’île étroite et marécageuse), l’insuffisance
Analyser et confronter les documents des infrastructures, le délabrement de nombreux
quartiers, l’envolée des prix fonciers et immobiliers
1. Le paysage urbain mêle quartiers d’immeubles au centre, la pression des slums en extension, notam-
élevés, bidonvilles, marécages et zones de végétation ment au Nord, grignotant l’espace forestier.
résiduelles.
4. De nombreux aménagements sont récents ou en
2. Le centre de la ville ne constitue pas un ensemble cours : la destruction de bidonvilles et le relogement
structuré. Cette ligne ferroviaire aérienne surplombe
de populations déplacées, la rénovation de quartiers
des quartiers aux densités très inégales et aux ter-
délabrés, le développement des logements sociaux,
rains parfois non stabilisés.
l’amélioration des réseaux de transport et la protection
3. L’émergence économique est visible par son d’espaces naturels (parc national). Le projet le plus
extension accompagnée de multiples aménagements vaste est celui de la création d’une ville nouvelle, à l’est
récents ou en cours : nouveaux port et aéroport, lignes du site originel de Mumbai. Mais pour rendre cette ville
de transports modernes, quartiers d’affaires. À l’Est, plus vivable et équitable, une meilleure gouvernance
le grand projet en cours de la ville nouvelle de NAINA est nécessaire (impôts plus justes, règles d’urbanisme
dédoublera à terme la métropole actuelle. Métro- et concertation des habitants et des ONG).
pole industrielle, elle est devenue une place finan-
cière majeure dont le nouveau CBD est le Bandra
Conclure
Kurla Complex qui abrite Bourse et sièges sociaux de
nombreuses entreprises. Mumbai assurait 6 % de la Un site complexe, des densités très inégales, des
richesse produite dans le pays en 2012. paysages composites, des contrastes sociaux très
4. L’ouverture sur le monde de la ville est en plein marqués et des infrastructures insuffisantes font de
essor. Mumbai est une place aéroportuaire et por- Mumbai une mégapole très fragmentée et difficile à
tuaire majeure dotée de trois quartiers d’affaires. Elle gérer.
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Géographie 1re
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Géographie 1re
DOSSIER DOSSIER I
Moscou, une métropole Jakarta, la croissance échevelée
en pleine mutation p. 68-69 d’une métropole des Suds p. 70-71
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Géographie 1re
III. Corrigés du Bac l’importance des flux entre la côte est des États-Unis
avec Londres et Paris, ainsi qu’entre la côte ouest de
ce même pays et la façade orientale de l’Asie.
S’ENTRAÎNER AU BAC 4
L’importance des infrastructures de communication
Analyser une carte et un texte p. 72-73
faisant fonctionner le réseau qui relie les grandes
métropoles est confirmée par le texte qui met en
Sujet : La métropolisation du monde
avant le rôle des grands aéroports internationaux et
. Les deux documents présentés sont récents (2018 et des lignes ferroviaires à grande vitesse. Ces métro-
u 2016). Il s’agit d’une carte thématique tirée de l’Atlas de poles sont au cœur de l’économie mondiale par leur
- la mondialisation présentant les « mégacités du futur » poids économique (on parle de produit urbain brut,
et un extrait d’article tiré de l’hebdomadaire Courrier PUB) : plusieurs exemples au Nord (Royaume-Uni,
e international. Ils nous invitent tous deux à nous ques- Russie) comme dans les Suds (Brésil, Turquie, Indo-
tionner sur la répartition, l’importance, la hiérarchie nésie) quantifient la part relative élevée de richesses
e des métropoles sur la planète et leur rôle dans la produites dans la principale métropole des pays. La
- recomposition du monde articulée autour du proces- concentration de population dans ces métropoles est
sus de métropolisation. mise en avant même s’il est indiqué que ce n’est pas la
La carte en figurés ponctuels et linéaires localise les population qui donne à une ville son statut de métro-
s principales mégapoles (très grandes villes de plus pole (même si c’est une mégapole !).
de 10 millions d’habitants) ainsi que les mégalopoles Les documents présentent toutefois des limites : le
(conurbation de plusieurs grandes métropoles) dans rayonnement des métropoles est limité à leur poids
le cadre d’une approche prospective (la carte se fonde démographique et économique. Or, certaines métro-
- sur des projections qui estiment la population que poles au poids démographique réduit peuvent exer-
e ces entités urbaines pourraient avoir en 2030). Ces cer une forte influence à l’échelle mondiale dans un
- « mégacités du futur » se concentrent dans les Suds domaine précis comme Genève ou Bruxelles (activités
s et en premier lieu en Asie, avec les deux principales financières et diplomatiques). À l’inverse, certaines
concentrations urbaines du monde, le sous-continent
mégapoles très peuplées comme Dacca, Karachi ou
indien et l’Asie orientale. Fort logiquement, l’Inde et la
Kinshasa ne peuvent être considérées comme des
Chine sortent du lot, en particulier la Chine où les deux
métropoles mondiales, pôles majeurs de la mondiali-
t régions métropolitaines de Shanghai et du delta de la
sation, en comparaison de New York, Tokyo ou Paris. On
i rivière des Perles deviennent des mégalopoles. À l’in-
peut avoir un regard critique sur le vocabulaire utilisé
r verse, dans les Nords, la situation n’évolue guère : pas
car les mégapoles ne sont pas forcément des métro-
- de nouvelles mégapoles en Europe où la mégalopole
poles, contrairement à celles qui forment des mégalo-
de la dorsale européenne n’est pas mentionnée ; seule
poles. Le terme de « mégacités » confirme l’approche
e une nouvelle mégalopole apparaît en Californie sur
journalistique, pas forcément géographique.
les bords du Pacifique de San Francisco jusqu’à la
s frontière mexicaine. Cependant, les documents illustrent bien l’impor-
La carte indique la géographie des infrastructures de tance prépondérante et croissante qu’occupent les
t télécommunications qui relient les principales métro- très grandes villes dans le monde actuel et à venir. La
- poles du monde : la répartition des câbles sous-ma- métropolisation est un processus majeur accompa-
t rins montre la hiérarchie de ces métropoles avec gnant la mondialisation.
-
t
i
.
-
s
e
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Géographie 1re
D
S’ENTRAÎNER AU BAC 5
t
Réaliser un croquis p. 74-75 q
s
Sujet : Mumbai, une métropole fragmentée m
t
Croquis : Mumbai, une métropole fragmentée
m
1. Mumbai, une forte D
croissance spatiale d
l
Espace urbanisé
r
p
………………………… Ville centre
p
d
Ville périphérique
………………………… dynamique t
V
Extension urbaine D
s
2. Mumbai, les aménagements p
et les équipements S
d’une grande métropole u
4
Quartier d’affaires m
u
………………………… Zone portuaire
c
………………………… Ville nouvelle C
de Navi-Mumbai t
p
………………………… Axe de transport l
s
3. Mumbai, de très fortes n
inégalités b
p
Zone des slums d
d
Grand slum
à
D
0 10 km Habitat résidentiel de luxe
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Géographie 1re
De plus, les quartiers centraux concentrent les fonc- des habitats souvent insalubres et parfois exposés
tions tertiaires (bureaux et sièges sociaux) tandis aux risques (pollutions, inondations, glissements de
que les fonctions secondaires (industries, artisanat) terrain…). Ces zones d’habitats pauvres peuvent par-
sont repoussées en périphérie. Dans cette logique, la fois jouxter des quartiers d’affaires ultra modernes
métropolisation accélère et amplifie la périurbanisa- (comme le Banda Kurla Complex) ou des immeubles
tion et l’étalement urbain, ce qui conduit à un rallonge- accueillant des populations très favorisées. Lorsque
ment significatif des déplacements urbains. les bidonvilles sont détruits, ces populations sont relé-
Dans certains cas, des centres fonctionnels secon- guées dans de lointaines banlieues comme à Jakarta,
daires situés en périphérie se sont développés (on où les kampung, quartiers traditionnels, disparaissent
les appelle « edge cities » en Amérique du Nord). S’y du centre de la métropole.
regroupent emplois tertiaires et industriels souvent à Dans la plupart des métropoles des Nords, les inéga-
proximité d’un échangeur d’autoroute ou d’un aéro- lités socio-spatiales progressent aussi avec une forte
port. La métropolisation favorise le rassemblement progression de la précarité, c’est le cas notamment à
dans un même territoire d’entreprises du même sec- Londres où la fracture immobilière explose. Selon les
teur économique (on parle alors de cluster), la Silicon quartiers, l’espérance de vie des habitants peut être
Valley en Californie en étant l’exemple le plus abouti. différente de quasiment une vingtaine d’années. De
Dans certains cas, l’espace métropolitain peut s’étendre même, on note une concentration des minorités eth-
sur une région bien plus vaste que la métropole et ses niques dans les quartiers les plus pauvres.
périphéries. On parle alors de région métropolitaine. La fragmentation est donc en cours dans les métro-
Shanghai et Guangzhou, en Chine, sont les deux régions poles allant à des formes extrêmes d’entre soi, à
urbaines les plus peuplées du monde (près de 80 et l’image des communautés fermées qui fleurissent
48 millions d’habitants). Plusieurs métropoles peuvent partout dans le monde : nées aux États-Unis, elles se
même voir leur tissu urbain se rejoindre formant alors développent en particulier dans les métropoles des
une mégalopole, comme Bowash aux États-Unis ou le Suds marquées par la violence comme São Paulo ou
corridor de Tokaido au Japon. les villes sud-africaines. À l’inverse, les quartiers les
Ces recompositions spatiales accroissent les inégali- plus pauvres et délabrés peuvent devenir des ghettos
tés entre ces espaces centraux des métropoles et les où des minorités ethniques sont reléguées.
périphéries. L’habitat est de plus en plus contrasté et
les quartiers de mixité sociale régressent. Les classes Les métropoles connaissent donc des dynamiques
supérieures choisissent des quartiers aux fortes amé- duales : d’un côté, leur rayonnement international se
nités, que ce soit proches des centres ou dans des traduit dans des quartiers centraux anciens et nou-
banlieues résidentielles. À l’inverse, les populations veaux qui concentrent les fonctions de commande-
pauvres vivent dans des quartiers défavorisés à l’écart ment et en sont les véritables vitrines. De l’autre, des
des dynamiques métropolitaines et éloignés des zones quartiers et des populations sont de plus en plus mar-
d’emploi ou mal desservis par les transports. Ainsi ginalisées. La fracture socio-spatiale se creuse donc,
à Mumbai, de nombreux « slums », comme celui de reflet à l’échelle des métropoles des inégalités de la
Dharavi, concentrent les populations pauvres dans mondialisation.
u
s
a
.
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Géographie 1re
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Géographie 1re
II. Réponses aux questions aucune autre ville française ne peut être qualifiée de
métropole européenne majeure là où l’Italie et l’Es-
pagne en possèdent deux (Rome et Milan, Madrid et
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 78-79 Barcelone). Seule Lyon apparaît au troisième niveau
de la hiérarchie. Les métropoles françaises ne peuvent
1. Il s’agit d’une image de synthèse qui inscrit dans le donc pas être qualifiées de métropoles européennes.
paysage la future gare de Nanterre et le quartier qui
4. La plupart de nos grands voisins européens ont un
sera construit autour. Le chantier est en cours. Nan- réseau urbain beaucoup plus polycentrique avec plu-
terre est située dans la proche banlieue ouest de Paris. sieurs villes de niveau 2 et 3. L’exemple le plus signifi-
2. L’aménagement consiste à doter la proche ban- catif est celui de l’Allemagne, avec trois conurbations
lieue parisienne de lignes de métro circulaires qui rhénanes importantes sans compter Berlin, Ham-
permettent d’aller d’une commune de banlieue à une bourg ou Munich. À l’heure de la métropolisation où les
autre sans passer par Paris et de relier l’ensemble métropoles sont en concurrence pour attirer les inves-
aux deux aéroports de Roissy et d’Orly. Cela suppose tisseurs, les chercheurs, les cadres, etc. à l’intérieur
la construction de nouvelles lignes et de nouvelles de l’espace de l’Union européenne, les métropoles
gares. La gare de Nanterre-La Folie est concernée par françaises ne sont pas en position de force.
la future ligne 15 et le prolongement de la ligne E du
RER. Mettre les cartes en relation
3. Les deux autres objectifs de cet aménagement sont
une extension du quartier d’affaires de la Défense La métropolisation est donc limitée en France car à
(nouvelles surfaces de bureaux) et la création d’un part Paris, les grandes villes françaises accueillent
nouveau quartier d’habitation neuf (les Groues). peu de fonctions nationales et internationales : avant
tout, elles structurent le territoire français à l’échelle
4. Cet aménagement renforce la métropole parisienne régionale.
car il devrait améliorer les mobilités dans l’espace du
Grand Paris et, enfin, mieux relier directement la capi-
tale à ses aéroports. De même, le quartier d’affaires ÉTUDE DE CAS
de la Défense sera conforté. Paris, métropole mondiale p. 84-87
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Conclure COURS 1 C
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métropoles s
Toulouse frontalières b
E
Aix/Marseille
3. Territoire peu «
métropolisé t
Montpellier Nice s
f
Toulon d
Mer
0 100 km
Méditerranée s
d
a
L
a
m
l
d
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faible dynamisme économique. Elles correspondent fermetures de services publics les affectent égale-
souvent à des régions montagneuses (Massif central, ment. Leur situation est néanmoins variée : elles
Alpes du Sud…) et/ou éloignées de toute métropole reflètent des dynamiques territoriales plus larges et
sans autre activité qu’agricole (marges du bassin Pari- les plus en difficulté se concentrent dans le Centre et
sien). le Nord-Est, territoires eux-mêmes en déclin.
Le maillage de villes petites (5 000-50 000 habitants) et La métropolisation est donc inégale à l’échelle du
moyennes (50 000-200 000) est important en France : territoire français. D’abord parce que Paris mis à part,
elles regroupent plus de la moitié des Français. Mais, aucune métropole n’exerce un rayonnement interna-
par définition, elles sont à l’écart de la métropolisation tional, voire national. Ensuite parce que le rayonne-
qui concentre activités, hommes et richesses dans ment des métropoles est inégal selon les dynamiques
un nombre limité de grandes villes. Elles souffrent régionales. Cette inégalité peut apparaître comme
souvent de la désertification de leur centre-ville au une fracture socio-spatiale qui s’aggrave au fur et à
profit de zones commerciales périphériques et de mesure que la mondialisation et la métropolisation qui
lotissements périurbains. Désindustrialisation et l’accompagne progressent.
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Géographie 1re
s
Chapitre 4 L
es espaces de production dans le monde :
t une diversité croissante
t
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Géographie 1re
Dossier, p. 126-127 S’entraîner au Bac 12 : Les nouveaux espaces de production dans le monde,
L’iPhone d’Apple, une chaîne de valeur mondialisée p. 134.
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BIBLIOGRAPHIE et sitographie
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1ere-generale
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http://fortune.com/global500/numerique_fr_39283.html
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atlas.sciencespo.fr/fr/rubrique-strategies-des-acteurs-internationaux/article-3A11-firmes-multinationales.html
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Géographie 1re
(notamment la Chine) sont les principaux destinataires parcs industriels, de zones franches qui révolutionnent
des investissements. En dehors de ces grands foyers, son espace productif. Ainsi le pays, bien qu’enclavé, se
on peut noter la montée de certains pays émergents trouve ouvert à la mondialisation grâce au raccorde-
(Brésil, plus modestement Inde, Afrique du Sud…). ment par une voie ferrée moderne de la capitale Addis-
6. L’Afrique est peu concernée, mise à part l’Afrique du Abeba vers Djibouti, port et zone franche chinois. De
Sud, de même qu’une bonne partie de l’Asie occiden- plus, les implantations des usines et/ou parcs indus-
tale ou de l’Amérique du Sud. triels chinois développent les villes éthiopiennes qui
attirent la main-d’œuvre.
Mettre les cartes en relation
B. Un partenariat équilibré ?
Entre les trois cartes, une recomposition de l’espace
productif se remarque. Les grands espaces tradition-
nels, la « triade capitaliste » (États-Unis ; Europe ; Analyser et confronter les documents
Japon) gardent des positions fortes mais de nouveaux 1. Le partenariat Chine-Éthiopie présente des avan-
espaces apparaissent dans les Suds avec, en premier tages pour les deux pays. Ainsi, l’Éthiopie peut obtenir
lieu, la Chine mais aussi quelques pays émergents. les moyens de son industrialisation, réduire son
Selon les critères retenus, des espaces semblent chômage, accélérer son développement. La Chine
encore à l’écart de cette dynamique, notamment une peut délocaliser en Éthiopie certaines de ses activités
grande partie de l’Afrique. La représentation des (textiles, chaussures) afin de réduire ses coûts de pro-
espaces productifs est donc plus complexe mais avec duction.
toujours de grandes disparités.
2. Le partenariat Chine-Éthiopie s’inscrit dans une
logique plus large de conquête du monde par la Chine
ÉTUDE DE CAS avec la mise en place des nouvelles routes de la soie
lancées en 2013. L’objectif chinois est d’insérer la
L’Éthiopie, nouvelle usine
Corne de l’Afrique dans la logique productive des nou-
de la Chine ? p. 112-114 velles routes commerciales chinoises et de consolider
sa présence en Afrique. Le risque pour l’Éthiopie est de
A. L’Éthiopie se transforme devenir très dépendante et d’être mise en concurrence
sur le modèle chinois avec d’autres États de l’Afrique de l’Est très deman-
deurs aussi vis-à-vis de la Chine.
Analyser et confronter les documents 3. L’Éthiopie a un très grand déficit commercial. Elle
exporte majoritairement des produits bruts de faible ou
1. Pour attirer les investissements chinois, l’Éthio- moyenne valeur ajoutée (produits agricoles, produits
pie dispose d’une main-d’œuvre nombreuse et bon miniers) alors qu’elle importe très majoritairement
marché, compétitive pour certaines industries où le des produits manufacturés à plus forte valeur ajou-
coût de la main-d’œuvre a beaucoup augmenté en tée. La Chine est un modeste client mais le principal
Chine. Elle attire aussi par des exemptions de droits fournisseur du pays, qui apparaît donc comme un bon
de douane et des exonérations d’impôts pour 10 ans. débouché pour les produits et équipements industriels
2. La Chine y a développé des zones franches (libres de chinois.
droits de douane et d’impôts) et des parcs industriels.
Ces derniers sont accessibles grâce à la mise en place Conclure
de nouvelles infrastructures de transport financées
Le partenariat est récent. La transformation de l’es-
par la Chine (ligne ferroviaire Addis-Abeba vers le port
pace productif éthiopien est en cours mais, pour l’ins-
de Djibouti, ouverture sur le commerce international).
tant, l’Éthiopie est encore loin d’une transformation
3. La présence chinoise procure à l’Éthiopie des industrielle. En revanche, elle est devenue très dépen-
emplois, une qualification pour sa main-d’œuvre, des dante de la Chine en s’intégrant dans ses nouvelles
zones d’activités industrielles ce qui attire d’autres stratégies nationales de délocalisation et mondiale
investisseurs ainsi qu’un désenclavement de son des nouvelles routes de la soie.
espace désormais plus accessible.
Conclure
L’espace productif éthiopien se transforme. Ce pays
pauvre, fortement peuplé et essentiellement agricole,
reçoit des investissements chinois sous forme d’in-
frastructures de transport, d’installations d’usines, de e
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Géographie 1re
2. La caricature a deux ambitions. Tout d’abord, indiquer De plus, la concentration dans une même région,
que la volonté de la part de l’Union européenne de faire d’une superficie relativement restreinte, des plus
respecter ses réglementations relatives à la protection importants acteurs privés du secteur de l’informa-
des données personnelles relève de l’affrontement entre tique et du numérique en font un centre de la mon-
deux camps aux capacités de jeu très déséquilibrées. dialisation économique. Ce centre se caractérise par
C’est à ce titre qu’il faut comprendre le choix de faire réfé- un rayonnement mondial inégalé qui se matérialise L
rence à un match de football américain, qui est un sport par plusieurs dimensions. Tout d’abord, la diffusion à
de contact relativement violent. De plus, cette carica- l’échelle de la planète de ses innovations techniques : 1
ture dénonce la supériorité des GAFA au point de rendre comme l’iPhone d’Apple ou l’utilisation de Facebook m
totalement inéquitable le match (comme le montrent les par 2,32 milliards d’utilisateurs actifs chaque mois r
blessures qu’a reçues le joueur européen). En effet, ce fin 2018 (soit près d’un tiers de l’humanité). Ensuite, U
face-à-face semble en faveur des GAFA qui dominent la la Silicon Valley rayonne par le poids économique des 2
situation par la taille de leurs joueurs, laquelle symbolise GAFA aussi bien en termes de chiffres d’affaires, de r
leur poids économique et politique dans ce rapport de nombre d’employés que de capitalisation boursière, d
force avec l’Union européenne. On peut donc en conclure ce qui en fait un des plus grands centres de produc- e
un certain scepticisme de la part du caricaturiste dans tions de richesses du monde. Enfin, les entreprises de d
la capacité de l’arbitre européenne à faire respecter un la Silicon Valley sont intégrées à la mondialisation par c
match équitable entre les deux camps. leur capacité à influencer la prise de décision politique, s
3. La principale évolution de la Silicon Valley ces comme l’indique la capacité des GAFA à se soustraire
30 dernières années concerne les spécialisations à la fiscalité des pays européens ou leur refus d’appli- C
économiques de ses entreprises. En effet, si lors cation des réglementations sur la protection des don-
de son émergence dans les années 1970, l’essen- nées personnelles. 4
tiel des entreprises étaient spécialisées dans les d
semi-conducteurs et le secteur de l’électronique, la e
démocratisation d’Internet et des nouvelles techno- COURS 1 S
logies de l’information et de la communication (NTIC) L’espace productif mondial e
ont fait de la Silicon Valley le plus grand cluster mon- en recomposition p. 120-121 p
dial de l’informatique et du numérique depuis la fin p
des années 1990. Malgré ce repositionnement écono- Identifier la photographie
mique, la Silicon Valley a su rester « l’épicentre mondial
de l’innovation » grâce à l’importance de la recherche 1. La photographie aérienne oblique est prise dans
et du développement, facilitée par l’étroitesse des liens les Andes au nord du Chili dans le désert d’Atacama,
entre groupes privés et chercheurs universitaires de à la frontière de l’Argentine et de la Bolivie, une région
Stanford, ce qui a permis aux différents acteurs locaux aux conditions peu hospitalières, comme le montre la
de constamment repenser leurs produits et ainsi être sécheresse du paysage.
I
source d’innovation. Cette créativité générale, incar- 2. Les énormes dépôts salins (« salar ») sont traités
née notamment par le nombre de brevets déposés, dans des installations industrielles (qui ressemblent 1
est renforcée d’une part par l’articulation entre les en partie à des marais salants) pour extraire un métal s
GAFA et leurs énormes moyens financiers consacrés rare, le lithium, dont le Chili est le premier producteur p
à l’innovation, et d’autre part par un réseau dense de mondial. Des exploitations semblables existent dans c
start-up et de petits entrepreneurs. les deux autres États du triangle transfrontalier m
3. Ces espaces attirent des FTN étrangères car le s
Conclure lithium est aujourd’hui très recherché par l’industrie d
du numérique et l’industrie des batteries électriques c
L’espace productif de la Silicon Valley est intégré à la
en plein essor. t
mondialisation par son fonctionnement et ses entre-
T
prises. En effet, leur fonctionnement incarne bien
l’imbrication entre les différentes parties du monde Comprendre la photographie 2
qui caractérise la mondialisation, puisque si la baie de r
4. Le lithium est devenu une ressource stratégique. m
San Francisco concentre les activités de recherche et
Dans ces conditions, comme pour d’autres ressources, q
de développement, l’essentiel de l’assemblage et de la
son exploitation est développée même dans un site o
réalisation technique des produits se fait dans des pays
isolé, désertique, situé entre 2 000 et 4 000 mètres
des Suds en raison du faible coût de la main-d’œuvre 3
d’altitude. Un nouvel espace productif très spécialisé
(assemblage d’ordinateurs ou de téléphones portables l
s’insère dans l’espace productif mondial.
en Chine ou en Asie du Sud-Est, externalisation d’une t
partie du codage informatique auprès d’entreprises m
indiennes par exemple). c
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Géographie 1re
du bon fonctionnement de chaque maillon mais elles l’espace productif, comme le montre la montée en ê
s’exposent aussi à de nombreuses critiques sur l’ex- puissance de nouveaux acteurs tels que les géants du c
ploitation de la main-d’œuvre à l’étranger et sur la numérique chinois (les BATX). f
désindustrialisation de leur pays d’origine qu’elles Pourquoi les espaces productifs sont-ils de plus en r
favoriseraient. plus variés ? Quelles sont les conséquences spatiales d
de ces nouvelles dynamiques ? e
DOSSIER l
Dans une première partie, on listera les facteurs qui
d
Les géants du numérique chinois, justifient la recomposition des espaces productifs puis,
d
des ambitions mondiales p. 128-129 dans une seconde partie, on présentera la diversité de
ces espaces. U
a
Prolonger le cours Plusieurs facteurs expliquent la recomposition de l’es-
N
pace productif mondial. Les firmes transnationales
1. Les BATX sont présents dans l’e-commerce (Alibaba), m
(FTN) sont les principaux agents de la mondialisation.
dans les réseaux sociaux (Tencent), dans la téléphonie e
En vingt ans, leur stock d’investissements directs à
(Xiaomi) et Internet avec le moteur de recherche Baidu. d
l’étranger (IDE) a été multiplie par 7. Elles réalisent les
Ils sont souvent sur plusieurs domaines à la fois : 7
deux tiers du commerce mondial, plus du quart du PIB
par exemple, Alibaba mêle e-commerce, tourisme et i
mondial, et emploient plus de 80 millions de salariés
hébergement de données avec ses data centers. dans le monde. Elles ne sont plus originaires exclu- M
2. Les BATX disposent d’atouts pour concurrencer les sivement des Nords. L’essor des Suds est la grande v
géants américains du numérique. En effet, ils sont lea- nouveauté des dernières décennies. Les grands pays s
ders en Chine, où ils disposent d’un marché protégé émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil) et les puis- c
par l’État fort de plus d’un milliard d’habitants. Leurs sances régionales (golfe Persique…) contrôlent doré- m
offres sont plus compétitives. Néanmoins, leur poids navant 123 des 500 premières FTN du monde, contre e
à l’international est plus restreint pour l’instant. Ils 377 pour les grands pays développés. Elles réalisent g
sont encore loin des valeurs acquises par les géants une part croissante des IDE des pays en développe- s
américains. Ils souffrent aussi parfois d’anciennes ment. l
mauvaises réputations du point de vue qualité de leur Les FTN disposent d’un pouvoir d’influence consi- E
matériel, comme ce fut le cas du Japon autrefois. dérable à toutes les échelles. Elles bouleversent t
3. Les BATX sont leader en Asie, mais ils sont partis donc les rapports de force mondiaux en partant à r
à la conquête du monde en implantant des boutiques la conquête du monde dans de nombreux secteurs a
dans les capitales et grandes villes européennes. L’Eu- (mines, énergie, agriculture, électronique, transports v
rope semble pour l’instant leur principale cible. maritime et aérien, finance, commerce…). Surtout, p
elles sont à l’origine de la division internationale du m
Synthèse travail (DIT) : elles mobilisent un vaste réseau de four- d
nisseurs et de sous-traitants ce qui, par exemple, a l
Aujourd’hui, la digitalisation est l’un des facteurs impor- entraîné la rapide industrialisation des pays-ateliers p
tants de la recomposition de l’espace productif mondial. comme l’Indonésie ou le Vietnam. Aujourd’hui, elles s
Les acteurs numériques jouent un rôle de plus en plus É
partent même à l’assaut du continent africain en délo-
important. L’affirmation de la Chine est l’une des princi- l
calisant certaines productions en Éthiopie. De l’amont
pales caractéristiques de la recomposition et l’exemple q
vers l’aval, les processus de production organisent des
des BATX montre comment, en ces domaines mainte- p
chaînes de valeurs ajoutées de plus en plus complexes
nant stratégiques, elle tente aussi de jouer les premiers c
aux échelles locale, régionale, nationale et continen-
rôles en concurrençant les géants américains. r
tale. Ainsi, plus d’une quinzaine de pays entrent dans
la chaîne de production de l’iPhone depuis la concep- d
III. Corrigés du Bac tion, les matières premières, les composants jusqu’à P
l’assemblage final. g
S’ENTRAÎNER AU BAC 10 D’ailleurs, la révolution numérique bouleverse les p
systèmes productifs (informatisation, automatisation, p
Rédiger une réponse à une question
robotisation…). Toutes les fonctions sont concernées : d
problématisée p. 130-131 direction-gestion, conception, production, logis- l
tique-transport et commerce. L’expansion des télé- l
Sujet : Les espaces de production dans le monde : communications a un impact majeur sur l’organisation r
quels acteurs ? quelle recomposition ? géographique des systèmes productifs en permettant d
Dans le monde, la production de richesses est crois- une interconnexion des différentes unités d’une entre- p
sante alors qu’on assiste à une recomposition de prise. De nouveaux services apparaissent qui peuvent à
38 © Magnard, 2019
Géographie 1re
Suivant les activités, les délocalisations se situent à d’œuvre. Ces avantages sont valorisés dans trois
l’échelle régionale, comme pour l’automobile (création domaines distincts :
d’usines dans les pays d’Europe de l’Est et fermetures – pour la Chine, c’est l’industrie où la main-d’œuvre
en Europe occidentale) ou pour un certain segment de abondante à bas coût a permis au pays de devenir
l’habillement. Pour la majorité des produits textiles l’atelier du monde grâce à une ouverture aux capitaux
ou l’électronique, l’échelle est mondiale et la place du étrangers à partir des années 1980 ;
continent asiatique est prépondérante : d’abord la Chine – pour l’Inde, ce sont les services où le pays a percé
mais aussi d’autres pays à main-d’œuvre abondante et grâce à une main-d’œuvre anglophone d’abord en
moins chère comme le Vietnam et, plus récemment, les développant des centres d’appels puis en proposant
pays du sous-continent indien comme le Bangladesh des services informatiques off-shore ;
(pays le plus important pour Mark & Spencer).
– pour le Brésil, c’est l’immensité de l’espace et la
Ces recompositions industrielles ont des impacts spa- variété de ses domaines bio-climatiques qui a été mis
tiaux importants en termes d’emplois avec un trans- en valeur, lui permettant de devenir un géant agricole
fert des emplois du secteur manufacturier traditionnel capable de rivaliser avec la puissance états-unienne
au profit des pays émergents et des Suds : les pays dans ce domaine (exportations de soja, de café, de
industrialisés sont contraints de se réfugier dans les sucre, de viande de bœuf…).
secteurs à haute valeur ajoutée qui, fatalement, sont
Fortes de ces atouts spécifiques, ces nouvelles puis-
moins nombreux.
sances occupent une place grandissante dans l’éco-
Les documents présentent des limites dans le traite- nomie mondiale. Comme pour les dragons asiatiques
ment de ce sujet dans la mesure où ils restent descrip- auparavant, l’auteur envisage une nouvelle étape de
tifs et n’évoquent pas les facteurs de délocalisations l’émergence sous l’angle de la « montée de gamme ».
que sont la recherche d’une main-d’œuvre au plus S’il est à noter que le Brésil n’est pas concerné, la maî-
faible coût possible ou encore l’absence de normes trise des technologies est essentielle pour la Chine et
environnementales ou de cadres juridiques beaucoup semble une réalité dans certains secteurs : ainsi dans
moins contraignants. Le texte évoque cependant le le numérique, les BATX (Baidu, moteur de recherche,
cadre de la division internationale du travail mais les Alibaba géant de l’e-commerce, Tencent réseau social,
conditions de travail dans les ateliers de sous-traitance Xiaomi spécialiste des objets connectés) veulent deve-
comme au Bangladesh sont régulièrement dénoncées nir les rivales des GAFA. Pour l’Inde, l’expertise infor-
et plusieurs drames ont déjà eu lieu. matique s’est développée autour de firmes indiennes
Les documents montrent bien la recomposition des de services informatiques (Tata consulting, Wipro, Info-
espaces productifs mondiaux en fonction de la DIT sys…) et en attirant de nombreuses FTN, en particulier
pilotée par les firmes transnationales au profit des à Bangalore.
pays émergents et plus particulièrement de l’Asie, qui Cette place grandissante dans l’économie mondiale ne
apparaît désormais comme le pôle productif majeur. semble pas s’accompagner d’une amélioration géné-
ralisée des conditions de vie de la population. Par le
nombre de personnes concernées, l’Inde demeure
S’ENTRAÎNER AU BAC 12
le pays de la grande pauvreté au monde. Le Brésil
Analyser un texte p. 134 demeure quant à lui un pays très inégalitaire malgré
la politique d’aide aux plus pauvres du président Lula.
Sujet : Les nouveaux espaces de production dans le Les bidonvilles sont une réalité sociale très forte dans
monde ces deux pays. Les inégalités sociales sont d’autant
Le document est un extrait de texte tiré d’un hors-sé- plus marquées que la croissance économique a vu
rie de la revue Alternatives économiques, écrit par le émerger une minorité de personnes très riches.
journaliste Vincent Paes et publié en octobre 2018. Il Le texte montre donc pour quelles raisons et dans
traite de nouveaux espaces créateurs de richesses
quelle mesure les pays émergents comme la Chine,
dans le monde.
l’Inde ou le Brésil occupent une place croissante dans
L’auteur met en évidence les atouts de ces pays émer- l’économie mondiale. Pour autant, cette insertion dans
gents qui sont membres des BRICS, puisqu’il s’agit la mondialisation ne génère pas pour l’instant un véri-
du Brésil, de l’Inde et de la Chine. Il établit les « avan- table développement à l’échelle de ces pays car la
tages comparatifs » de ces trois pays qu’il fonde sur pauvreté y est encore très présente. Pour le Brésil, on
leur taille et l’importance de leur réservoir de main- parle d’ailleurs souvent d’un mal-développement.
40 © Magnard, 2019
Géographie 1re
s Chapitre 5 M
étropolisation, littoralisation des espaces
e productifs et accroissement des flux
r
x
I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 41
II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 43
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 47
t
s
I. Mise en œuvre de la question
e Le programme
e
e Thème
Métropolisation, littoralisation des espaces productifs et accroissement des flux
Commentaire
-
Les processus de production s’organisent en chaînes de valeur ajoutée à différentes échelles. Cela se traduit
s
par des flux d’échanges matériels et immatériels toujours plus importants. Les espaces productifs majeurs sont
divers et plus ou moins spécialisés. Ils sont de plus en plus nombreux, interconnectés et se concentrent surtout
.
dans les métropoles et sur les littoraux.
-
t Problématique générale
s La question s’insère dans le thème 2 : « Une diversification des espaces et des acteurs de la production ».
,
La recomposition de l’espace productif mondial, sous l’impulsion majeure des FTN, multiplie les espaces, les flux
,
d’échanges et les réseaux. Les littoraux et les métropoles sont les principaux espaces gagnants de la recompo-
-
sition.
-
s Notions clés
- Plusieurs notions importantes sont mobilisées dont :
r Flux : circulation, transfert d’une certaine quantité de personnes, de véhicules, d’informations, de marchandises,
transportés par un moyen de communication, par le biais d’un réseau.
e Littoralisation : tendance à la concentration des hommes et des activités sur les littoraux.
- Métropole mondiale : ville qui se situe au niveau supérieur de la hiérarchie urbaine à l’échelle mondiale. Capable
de commander l’économie mondiale, elle est le lieu où se concentrent les pouvoirs centraux des entreprises et
de l’économie mondiale.
Cours 1, p. 146-147 Doc 1 : La pose du gazoduc Nord Stream 2, à proximité de l’Allemagne (novembre
Un monde de flux et de réseaux 2018), p. 147 .
9 © Magnard, 2019 41
Géographie 1re
42 © Magnard, 2019
Géographie 1re
II. Réponses aux questions rique du Nord (New York, Chicago, Toronto), l’Union
européenne (Londres, Paris, Francfort) et l’Asie orien-
tale (Tokyo, Shanghai, Hong Kong) sont les principaux
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 136-137 pôles autour desquels s’organise la circulation finan-
cière. Celle-ci est d’ailleurs permanente car il y a tou-
1. Il s’agit d’une photographie aérienne oblique prise
jours une grande Bourse ouverte dans le monde quelle
depuis l’arrière-pays du port de Tanger Med au nord du
que soit l’heure.
Maroc, en direction du détroit de Gibraltar et des côtes
espagnoles, visibles en arrière-plan. L’image montre 5. L’existence de nombreux « paradis fiscaux » dans
ainsi la situation privilégiée du port. les Caraïbes, le Pacifique ou en Méditerranée montre
que des flux plus discrets constituent une économie en
2. Le document montre les éléments caractéristiques
marge de la ronde financière principale. Elle peut s’in-
d’un port spécialisé dans le trafic des conteneurs, sérer dans l’économie officielle comme à l’intérieur de
activité principale du port : navires porte-conteneurs à l’Union européenne elle-même mais, le plus souvent,
quai ; portiques et stockage des conteneurs. ces lieux sont proches des pôles financiers officiels
On aperçoit également, dans la partie gauche de l’em- (Caraïbes pour l’Amérique du Nord, îles du Pacifique
prise portuaire, d’importants parkings de voitures (dif- pour l’Asie orientale).
férents des parkings extérieurs liés au fonctionnement
6. La révolution numérique, avec la construction d’une
du port) qui suggèrent une activité de transbordement
toile mondiale comme on le voit sur la carte, accélère
de véhicules. Au premier plan, il y a aussi de nombreux
la circulation de l’information qui peut aujourd’hui se
bâtiments caractéristiques d’une zone d’activité.
faire en temps réel. Les câbles optiques sous-marins
3. L’image montre la situation privilégiée du port sur qui relient les différents continents entre eux sont le
un détroit, passage obligé des flux maritimes entre la maillon essentiel de cette interconnexion des espaces.
Méditerranée et l’Atlantique mais aussi entre l’Afrique
7. La carte met en valeur l’importance des États-Unis
et l’Europe (l’Union européenne), située à seulement
dans l’organisation de la toile numérique avec de nom-
14 km. Le port, créé en une dizaine d’années, dispose
breuses concentrations de data centers (les plus impor-
aussi d’installations récentes adaptées au trafic mari-
tantes sont en Californie, au Texas et dans le nord-est
time actuel et très performantes.
du pays) et une étoile importante de câbles optiques
4. Le nouveau port est un atout incontestable pour vers l’Europe et l’Asie orientale. L’Europe occidentale
le développement du pays. C’est déjà le premier port est aussi un pôle important mais essentiellement en
africain assurant la moitié des échanges du Maroc et liaison avec l’Amérique du Nord.
un moteur pour la transformation du nord du pays où
de nombreuses nouvelles zones d’activités sont en Mettre les cartes en relation
plein essor.
Le point commun des trois cartes est l’importance des
flux qui lient les espaces au sein de l’espace productif
CARTES ENJEUX p. 138-139 mondial et permettent son fonctionnement. Les flux
nouveaux sont les flux numériques qui ont une impor-
Analyser les cartes tance croissante en devenant le nœud de tous les
autres réseaux grâce à la circulation des informations
1. Trois grands pôles se détachent dans le réseau mon- qu’ils assurent désormais en temps réel. La circula-
dial des échanges commerciaux : deux pôles très voi- tion financière permanente en est une illustration.
sins par la valeur des exportations (Union européenne
puis Asie), loin devant le pôle américain. Si on prend en
compte la part des échanges intrazone, le pôle asia- ÉTUDE DE CAS
tique est cependant le plus important car le commerce Singapour, l’articulation de la finance,
européen est gonflé par l’importance du commerce de la production et des flux p. 140-143
entre la cinquantaine de pays de ce continent.
2. Le pôle asiatique semble le plus favorisé avec des A. L’exceptionnelle réussite
échanges très excédentaires avec l’Europe et surtout
d’une métropole littorale mondiale
l’Amérique du Nord (plus du simple au double avec
470/1070 milliards de dollars).
Analyser et confronter les documents
3. Les multiples échanges dans les deux sens
construisent un réseau mondial symbolique de l’inter- 1. Singapour bénéficie d’une situation géographique
dépendance croissante des pôles qui l’animent. exceptionnelle dans le détroit de Malacca, à l’entrée
4. La carte montre les principales concentrations spa- de la mer de Chine orientale, sur la route maritime
tiales des bourses d’après leur capitalisation. L’Amé- majeure entre la première façade maritime de l’Asie
9 © Magnard, 2019 43
Géographie 1re
orientale, l’Afrique et l’Europe. Son territoire est en fait voulait valoriser les complémentarités. À plus petite C
une île entièrement ouverte sur le trafic maritime avec échelle, elle recourt aux ressources de main-d’œuvre
comme seule contrainte celle d’un espace total limité. d’un bassin qui va de l’Inde aux Philippines pour faire E
face à ses besoins. u
2. Singapour dispose d’importantes installations por-
l
tuaires (2e port mondial pour le trafic de marchandises 3. L’aménagement du territoire est un facteur perma-
m
et de conteneurs après Shanghai) et de l’aéroport nent du développement de Singapour qui a accru son
territoire d’un quart en 60 ans grâce à de vastes terre- l
international de Changi.
pleins destinés à l’installation de nouvelles zones a
3. Singapour a d’abord été une place forte militaire d
britannique et un relais de la route des Indes. Avec la d’activités. Le port de Tuas, l’extension de Changi,
révolution des hydrocarbures, Singapour s’est spécia- « Gardens by the Bay » participent de ces extensions
lisée dans le raffinage et la pétrochimie en exportant sur la mer qui permettent aussi le réaménagement
ses produits vers l’Afrique de l’Est, l’Asie orientale et des espaces libérés. L’aménagement de Tuas qui
l’Australie. Avec la révolution du transport maritime regroupera à terme tous les terminaux actuels per-
par conteneurs, Singapour a su se transformer en mettra l’urbanisation de ces anciens espaces.
centre de transbordement majeur entre l’Asie et l’Eu-
rope. Les activités financières se sont greffées sur Conclure
les activités commerciales : Singapour est la 4e place Les aménagements en cours à Singapour montrent la
financière mondiale. détermination des autorités à continuer de profiter du
4. L’aménagement du territoire, avec notamment l’en- dynamisme de la mondialisation, dont la Cité-État a
semble architectural de Marina Bay, témoigne de la été l’un des grands gagnants depuis les années 1970.
richesse et de la puissance de la Cité-État aujourd’hui : L’innovation symbolisée par la forêt de « Gardens by
hôtel très spectaculaire de Marina Bay Sands, quartier the Bay » et le projet Iskandar Malaysia en sont des
d’affaires sur la rive opposée… La skyline de gratte- moyens privilégiés.
ciel et d’œuvres dues à des architectes de renommée
internationale est significative d’une métropole de
niveau mondial. ÉTUDE DE CAS
Tanger Med, un nouvel espace productif
Conclure littoral au nord du Maroc p. 144-145
Singapour a su valoriser une position privilégiée au
sein de la nouvelle organisation des flux dans laquelle Analyser et confronter les documents
l’Asie orientale a pris une place importante. Elle a
1. Le complexe Tanger Med dispose d’une très bonne
mis en valeur sa fonction d’interface pour devenir un
situation, à la fois proche de l’Europe, 14 km en traver-
pôle commercial, industriel, financier et touristique
sant le détroit de Gibraltar, et sur une voie majeure du
majeur : un nouvel espace productif à part entière
trafic maritime mondial entre l’Asie, l’Europe et l’Amé-
caractéristique de la recomposition de l’espace
rique. Il peut accueillir les plus grands porte-conte-
mondial.
neurs actuels. Les aménagements complémentaires
(voies LGV, autoroutes) le rendent très accessible et en
B. Assurer la prospérité et l’attractivité font une plate-forme multimodale.
de la Cité-État 2. Tanger Med dispose aussi d’atouts qui permettent
d’attirer les entreprises et les investisseurs : la zone
Analyser et confronter les documents franche (libre de droits de douane et avec des exoné-
rations fiscales), les nombreuses zones d’activités et
1. Singapour crée les infrastructures qui vont permettre les plates-formes logistiques créées dans un rayon de
de renforcer son insertion dans les réseaux mondiaux 50 km. Tous ces aménagements ont été impulsés par
de transport des années 2030-2050 : méga port de Tuas l’État marocain qui est l’acteur majeur.
(augmentation de 50 % de la capacité de traitement de 3. Le nord du Maroc concentre désormais des activi-
conteneurs), extension de l’aéroport de Changi (capa- tés nouvelles variées dont une majeure : l’industrie
cité de 150 millions de passagers), renforcement de l’at- automobile. Ainsi, Renault y a installé un de ses sites
tractivité touristique et de l’innovation des technologies de production dans une zone dédiée (plus d’1 mil-
vertes avec les « Gardens by the Bay ». lion de véhicules assemblés depuis l’installation dont
2. Singapour pratique la division internationale du tra- une grande partie est exportée) ainsi que des sous-
vail à plusieurs échelles : à l’échelle régionale depuis traitants notamment dans une zone spécialisée (Tan-
les années 1990 dans le cadre du « triangle de crois- ger automotive city) On trouve aussi des industries
sance » avec la Malaisie et l’Indonésie, dont Singapour liées à l’aéronautique, le textile, l’off shore…
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Géographie 1re
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Géographie 1re
DOSSIER DOSSIER I
CMA CGM, un acteur majeur Northern Range, une façade maritime
du transport maritime p. 152-153 dans la révolution numérique p. 154-155
Synthèse
Le transport maritime est un acteur essentiel de l’ex-
plosion des flux commerciaux en développant une
chaîne logistique de plus en plus performante qui aug-
mente sa productivité et abaisse les coûts.
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Géographie 1re
S’ENTRAÎNER AU BAC 13
Réaliser un croquis p. 156-157
Sujet : Les espaces de production littoraux, grands ports et flux d’échanges maritimes
e
e Croquis : Les espaces de production littoraux, grands ports et flux d'échanges maritimes
)
t Océan
Océan Pacifique
e
Pacifique
Tokyo
Busan
Océan
Shanghai
e Glacial
Amérique Asie
Arctique orientale
du Nord
- Russie
Los Angeles
- Singapour
Union
New York européenne
Dubaï
Rotterdam
Océan
Atlantique
Océan
Moyen
Orient Indien
Afrique
x
s
Amérique latine
0 1 000 km
à l’équateur
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Géographie 1re
48 © Magnard, 2019
Géographie 1re
Du fait de la nouvelle division internationale du travail, il réalise 80 % des échanges mondiaux en volume
- certains États des Suds se montrent extrêmement et 70 % en valeur. En 30 ans, le trafic mondial et le
s dynamiques et connaissent une croissance soutenue. volume de la flotte ont triplé et les porte-conteneurs
C’est le cas des membres des BRICS, qui intensifient se sont imposés. Pour faire face aux besoins, la taille
s les échanges Sud/Sud, mais également des pays-ate- des navires ne cesse de croître.
liers d’Asie orientale (Indonésie, Vietnam, voire Sri Les réseaux numériques quadrillent désormais le
Lanka, Bangladesh…) qui bénéficient d’une industria- monde, on assiste ainsi à une multiplication des ser-
lisation rapide nourrie par les délocalisations produc- veurs et des centres de stockage de données à cer-
tives. Les Suds réalisent désormais 65 % des activités tains endroits de la planète (Amérique du Nord, Union
maritimes mondiales en lien avec la DIT. européenne et Asie orientale) et des câbles à très haut
La mondialisation s’accompagne également d’un débit traversent les océans pour connecter les terri-
vaste processus de littoralisation. Les littoraux sont toires entre eux (ils assurent 90 % des flux numériques
des interfaces qui connectent leurs arrière-pays aux mondiaux).
échanges mondiaux. Ils sont souvent les lieux privilé- Plus généralement, de multiples flux parcourent la
s giés des dynamiques démographiques, économiques, planète. Cela concerne les produits agricoles (blé, soja,
industrielles et urbaines comme en Chine, au Brésil viandes…) ou énergétiques (extension des réseaux de
ou en Inde. Plus que jamais, quelques grandes façades gazoducs et d’oléoducs : ils représentent désormais
maritimes jouent un rôle majeur dans l’économie mon- 3,5 millions de km), mais également les flux illicites
diale : le Japon, la Chine littorale, la Northern Range (développement rapide du trafic de cocaïne depuis les
e
européenne, la Megalopolis de la côte Est et la côte années 1990 par exemple).
pacifique des États-Unis.
Enfin, les flux financiers ont également pris une impor-
Elles regroupent de grandes métropoles, de vastes tance croissante dans la mondialisation : le stock de
bassins productifs et les plus grands ports mondiaux. capital (crédits, dettes, capitalisation boursière et
Vingt ports polarisent 52 % du trafic total mondial et monnaie) est passé de 160 % à 450 % du PIB mondial
40 ports 60 % des conteneurs. L’Asie orientale, avec la entre 1980 et 2018. Cependant, ce système spécula-
Chine, devient le nœud central de la circulation mari- tif très instable débouche sur de nombreuses crises.
time mondiale avec 40 % des flux, dont 64 % du trafic Celle de 2008-2009 a obligé les États et les organismes
n de conteneurs. internationaux (FMI) à intervenir au prix d’un accrois-
e sement de l’endettement public.
- La mondialisation se caractérise en effet par une
explosion et une recomposition des flux de marchan- Du fait de la DIT pilotée par les firmes transnationales,
dises, de capitaux et d’informations dans l’espace de nouveaux espaces productifs se sont affirmés dans
mondial. En 30 ans, la valeur du commerce mondial les Suds. S’appuyant sur d’immenses façades mari-
a quadruplé. Elle s’élève à 22 800 milliards de dollars, times et leurs activités industrielles concentrées sur le
dont 79 % pour les biens matériels et 21 % pour les littoral (qui témoigne du processus de littoralisation),
t services (tourisme, transport, finance, culture). ils viennent désormais concurrencer les puissances
f
Le transport aérien connaît un véritable boom avec traditionnelles. Cette recomposition de l’espace pro-
u
50 % d’augmentation du trafic de passagers (4 milliards ductif mondial a contribué à accélérer l’augmentation
par an) et 60 % du fret pour les produits à haute valeur des flux de toutes natures sur l’ensemble de la pla-
s
ajoutée en quinze ans. De même, le transport mari- nète, ce qui n’est pas sans conséquences environne-
time connaît un formidable essor. Avec 93 000 navires, mentales.
n
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Géographie 1re
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Géographie 1re
Chapitre 6 L
a France : les systèmes productifs entre valorisation
locale et intégration européenne et mondiale
Leçon 1 – Quelle place, quel rôle pour les systèmes productifs français ?
Problématiques
Y a-t-il encore des systèmes productifs français ?
• La France a perdu une grande partie de ses systèmes productifs. L’industrie est en net recul depuis quelques décennies. L’intégration à
la mondialisation s’est traduite par des délocalisations, une forte concurrence…
• Néanmoins, la France est toujours une puissance économique qui compte : 3e industrie en Europe, 5e rang mondial. Les FTN françaises
occupent des positions dominantes dans certains secteurs.
• L’industrie française s’est engagée dans une course à l’innovation pour être en mesure de faire face à la compétition mondiale.
Pages supports Documents
Cours 1, p. 174-175 Doc 2 : L’industrie, un poids régional inégal, p. 165.
Les systèmes productifs français, quelle place en Doc 3 : Les dynamiques spatiales de l’activité industrielle, p. 165.
Europe et dans le monde ?
Doc 1 : Les grandes entreprises assurent le rayonnement de l’industrie française
Dossier, p. 180-181 dans le monde : usine Renault de Tanger (Maroc), p. 175.
Plastics Vallée, un acteur du dynamisme industriel
français Doc 2 : Les ETI, atout majeur du système productif français, p. 175.
Dossier, p. 182-183 S’entraîner au Bac 16 : Les espaces productifs français, diversité et intégration
L’industrie française, entre désindustrialisation et européenne et mondiale, p. 184-185.
recomposition S’entraîner au Bac 17 : Les systèmes productifs français, dynamiques spatiales
et intégration européenne et mondiale, p. 186-187.
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Géographie 1re
Leçon 2 – Des systèmes productifs face aux défis industriels du xxie siècle I
Problématiques
De nouveaux systèmes productifs sont-ils en train de se mettre en place ?
• Les systèmes productifs connaissent une forte recomposition territoriale.
• Ils doivent s’adapter à la fois à la concurrence de pays tiers et aux nouvelles technologies. Seule l’innovation permet de maintenir des
systèmes industriels compétitifs.
• Les villes sont les laboratoires de l’innovation. Les nouveaux systèmes productifs sont très dépendants de la recherche, de la proximité
des réseaux de communication rapide…
• Les métropoles sont au cœur des systèmes productifs.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 166-169 Doc : La France, des systèmes productifs tournés vers l’innovation, p. 162-163.
Toulouse, au cœur du système européen Airbus Doc 1 : Les pôles de compétitivité, une géographie de l’innovation, p. 164.
Étude de cas, p. 170-173 Doc 3 : En Vendée, une usine à robots, p. 177.
Paris-Saclay, un espace productif du futur ?
Doc 5 : Valoriser l’innovation, un défi majeur, p. 177.
Cours 2, p. 176-177
Les systèmes productifs français en recomposition Doc 4 : Création d’entreprises industrielles par régions (2009-2016), p. 177.
Dossier, p. 178-179 S’entraîner au Bac 18 : Les espaces productifs en France : quels acteurs ? quelle
La Cosmetic Valley, pôle de compétitivité en plein recomposition ?, p. 188.
essor
BIBLIOGRAPHIE et sitographie
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-- G. Baudelle, J. Fache (dir.), Les Mutations des systèmes productifs en France, PUR, 2015.
-- F. Bost, La France : mutations des systèmes productifs, Armand Colin, 2015.
-- E. Libourel, Géographie de la France, Armand Colin, 2017.
-- Géoconfluences : « La France : les systèmes productifs entre valorisation locale et intégration européenne et
mondiale » : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-
programmes-1ere-generale
-- Géoconfluences : « L’industrie entre désindustrialisation et spécialisation » :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/industrie-manufacturiere-france-2000-2016 A
-- Commissariat général à l’égalité des territoires : www.cget.gouv.fr
-- Pôles de compétitivité : https://competitivite.gouv.fr/-1.html 1
d
-- Géoconfluences : « Les mutations des systèmes productifs en France » : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/
actualites/veille/les-mutations-des-systemes-productifs-en-france-nouveau-ndeg-de-la-rge
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Géographie 1re
II. Réponses aux questions 3. L’activité industrielle (figurés ponctuels) est impor-
tante au nord d’une ligne tracée de la Bretagne à la
région lyonnaise. Les grandes régions industrielles
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 162-163 traditionnelles sont là : Nord et Nord-Est, régions
parisienne et lyonnaise. Cependant, les régions Nor-
1. L’objectif de cette rencontre est la signature d’un
mandie, Pays-de-la-Loire ou Nouvelle-Aquitaine ont
accord franco-japonais qui a pour but de stimuler la
des effectifs salariés important dans l’industrie. Il
coopération entre les entreprises digitales et inno-
faut y voir les effets de la décentralisation industrielle
vantes des deux pays.
des années 1970-1980 et de l’attractivité récente des
2. Les entreprises concernées sont celles des sec- régions de l’Ouest.
teurs de l’informatique, du numérique… L’objectif est
de faire émerger des start-up dans les deux pays. Cela 4. Les figurés par plages colorées informent sur le
passe par le renforcement de la coopération institu- poids de l’industrie dans l’économie et nuancent les
tionnelle et industrielle sur les technologies telles informations données par les figurés ponctuels. Si
que l’intelligence artificielle, le big data, l’Internet des les régions où le poids de l’industrie est important
objets et la 5G ainsi que leurs applications (notamment sont bien situées au nord d’une ligne tracée de la Bre-
dans les secteurs de la mobilité, des transports, de la tagne à la région lyonnaise, trois régions se détachent :
santé et de la robotique). Grand-Est, Normandie, Centre-Val-de-Loire où, com-
parativement, les activités tertiaires sont relativement
L’accord prévoit le renforcement des liens entre les
faibles. Par contre, pour la région parisienne aux effec-
acteurs de l’initiative French Tech et de J-Startup, des
tifs industriels importants, la part de l’industrie est
échanges de start-up entre les deux pays ainsi que du
faible en pourcentage de la valeur ajoutée en raison du
soutien à des projets de R&D conjoints entre entre-
dynamisme du secteur tertiaire. Les trois régions du
prises françaises et japonaises.
Sud et les Outremers présentent un poids relativement
3. L’accord signé en présence du secrétaire d’État au modéré de l’industrie dans leurs économies.
numérique et du ministre de l’Économie du Japon
montre que la France peut coopérer d’égal à égal avec 5. Les figurés par plages dans les tons de bleus car-
une grande puissance du secteur du numérique. Elle met tographient les régions où les créations d’emplois
en évidence l’intérêt que la France porte à ce secteur du industriels ont été les plus faibles. C’est le négatif
système productif et le fait que l’innovation via la création du document 2 puisque ces régions correspondent à
de start-up est aujourd’hui une préoccupation majeure. celles où l’activité industrielle est importante. C’est la
conséquence des fermetures d’usines (industries tra-
ditionnelles : sidérurgie, textile, automobile) liées à la
CARTES ENJEUX p. 164-165 modernisation (robotisation dans l’industrie automo-
bile) ou à la délocalisation (industries textiles).
Analyser les cartes
6. Au contraire, les régions où le poids de l’industrie
1. Les pôles de compétitivité sont à la fois spécialisés est relativement modéré ont le moins perdu, voire ont
dans les domaines des nouvelles technologies (informa- créé des emplois. C’est le cas d’un croissant périphé-
tique, biotechnologies, aéronautique, espace, optique…) rique qui va de la Bretagne à la région PACA, incluant la
mais aussi dans des secteurs plus traditionnels comme Corse. Il faut y voir l’attractivité des métropoles dotées
l’agriculture, les transports. En fait, tous les secteurs de parcs technologiques (Bordeaux, Toulouse, Gre-
d’activité sont représentés : du nucléaire (Nuclear Val- noble, Nice…), les effets d’une stratégie d’évitement
ley) aux cosmétiques (Cosmetic Valley) en passant par la (les activités négligent les territoires au lourd passé
chimie (Vallée de la chimie) ou le verre (Glass Valley). industriel pour choisir des territoires aux aménités
multiples : climat, réseaux…). On peut parler d’un
2. Les 56 pôles de compétitivité ont pour objectif
schéma de France inverse.
d’accroître, comme leur nom l’indique, la compétiti-
vité française en créant, sur un territoire donné, des
relations entre les entreprises, les universités et les Mettre les cartes en relation
laboratoires afin de mettre en commun leurs connais-
sances pour favoriser l’innovation. Le label donne La recomposition spatiale peut se lire à deux niveaux :
une identité qui permet à ses territoires d’être plus – à l’échelle du territoire, les régions périphériques
facilement identifiés à l’international (par exemple sont désormais attractives tandis que les bastions
dans les grands salons ou foires internationales). Les industriels sont toujours dans une moitié Nord et
pôles de compétitivité mettent en œuvre des projets de plutôt en difficulté ;
développement économiques innovants. Grâce à eux, – à l’échelle des aires urbaines, quelle que soit leur
l’attractivité de la France est renforcée au niveau inter- situation géographique, les pôles de compétitivité
national. constituent un facteur du dynamisme industriel.
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Géographie 1re
54 © Magnard, 2019
Géographie 1re
contre, l’Île-de-France confirme sa vocation tertiaire que toutes les grandes maisons sont présentes dans 2
puisqu’elle crée moins de 50 entreprises entre 2009 la Cosmetic Valley, dont celles du groupe LVMH, leader d
et 2017. mondial de l’industrie du luxe (Guerlain, Dior…). Les T
innovations qui permettent de résister à la concur- N
Exercer un regard critique sur la carte rence des autres acteurs mondiaux y sont concentrées. p
c
3. L’analyse de la carte pourrait être nuancée si, pour n
la même période, nous avions eu le nombre de ferme- DOSSIER
Plastics Vallée, un acteur du dynamisme 3
ture d’entreprises. Ainsi le solde fermeture/création
D
aurait donné une cartographie plus exacte de l’inégal industriel français p. 180-181
dynamisme de l’industrie dans le territoire français.
Prolonger le cours s
Comprendre la carte
1. La Plastics Vallée se situe dans la moitié est du a
4. Néanmoins, la carte montre que l’espace industriel pays, dans le département de l’Ain, dans la région du
n’est pas figé. Le dynamisme des régions périphé- Haut-Bugey. Son activité traditionnelle est la plastur-
riques de la Bretagne à l’Occitanie recompose la géo- gie, à savoir la production de biens à base de matière
graphie industrielle française, atténuant le contraste plastique. Depuis longtemps, la région produit des
historique de part et d’autre d’une ligne Le Havre- jouets, du mobilier de jardin…
Marseille.
2. Aujourd’hui, la Plastics Vallée innove en intégrant des
filières nouvelles comme celle de l’industrie automo-
DOSSIER bile, le paramédical, l’aéronautique… Par exemple, des S
La Cosmetic Valley, pôle de compétitivité circuits électroniques sont inclus dans du plastique. La
en plein essor p. 178-179 Plastics Vallée se tourne vers la haute technologie.
La Plastics Vallée fonctionne comme un cluster car
elle associe des entreprises qui travaillent pour le
Prolonger le cours
même secteur industriel (de la production à l’embal-
1. La Cosmetic Valley s’étire sur trois régions, de la lage…) à une école d’ingénieurs, un lycée, un campus
Normandie aux Pays-de-la-Loire, en passant par la (Plasticampus). Au total, plus de 600 entreprises et
partie occidentale de l’Île-de-France. Son domaine 14 parcs industriels s’y rassemblent.
d’activité est les produits de beauté (parfums, cosmé-
tiques…). C’est un pôle de compétitivité car, sur ce ter- Synthèse
ritoire, cohabitent des entreprises et des laboratoires
dont le but est de favoriser l’innovation et de créer de On a là un exemple d’une industrie relativement
nouveaux produits. ancienne qui utilise des machines traditionnelles (les
presses à injection sont d’énormes machines) mais
2. Le secteur des produits de beauté est un secteur en mesure de s’adapter à des technologies nouvelles.
très concurrentiel : des firmes américaines, japo- La concentration en un même lieu d’acteurs travail-
naises mais aussi la Chine, le Brésil sont des produc- lant dans le même secteur est un élément favorisant
teurs avec lesquels la France doit compter. De plus, l’excellence et la compétitivité par rapport à la concur-
le marché doit proposer régulièrement de nouveaux rence.
produits de plus en plus respectueux de la santé et
de l’environnement. Aussi la recherche est capitale.
L’innovation mobilise les étudiants et les chercheurs, DOSSIER
à l’image du Hackathon Maker organisé chaque année L’industrie française,
par le pôle avec le soutien du leader mondial français entre désindustrialisation
LVMH. et recomposition p. 182-183
3. Le pôle est générateur d’emplois : 150 000 emplois
contre 7 500 en 1994, soit 20 fois plus en une vingtaine Prolonger le cours
d’années. Le marché mondial de ce type de produits
demeure en forte croissance avec la clientèle des pays 1. L’emploi industriel a fortement reculé depuis les
émergents. années 2000 : sa part est passée de 20 % à moins de
10 % aujourd’hui. Les délocalisations, qui ont provoqué
Synthèse la fermeture des usines, ainsi que les plans sociaux ont
poussé vers le chômage beaucoup de salariés. Whirl-
Le pôle de compétitivité est bien un acteur du dyna- pool, Ford, etc. ont fait la Une de la presse. Entre 2009
misme de l’industrie française du luxe. C’est pour cela et 2017, 125 000 postes de travail ont disparu.
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Géographie 1re
2. La France n’est pas condamnée à voir son industrie l’intelligence humaine afin de concevoir ou fabriquer
r disparaître. Elle reste attractive, à l’image de l’usine des produits complexes avec une productivité accrue.
s Toyota d’Onnaing, installée sur le bassin minier du Le renouveau passe aussi par le souci croissant de
- Nord touché par la désindustrialisation, qui est en consommer du « made in France ».
plein essor. Les statistiques montrent qu’il y a plus de
créations d’entreprises que de fermetures pour l’an-
Synthèse
née 2017.
3. Un renouveau de l’industrie est envisageable. Une attractivité persistante par ses infrastructures et
Désormais, l’usine du xxie siècle sera une usine 4.0. la productivité de sa main-d’œuvre qualifiée, un enga-
Renault, Airbus ont déjà passé le pas. 4.0 désigne la gement vers l’industrie du futur et des productions
4e révolution industrielle : elle intègre toutes les pos- locales économes en termes environnementaux sont
sibilités que donnent l’informatique et l’intelligence autant d’atouts pour enrayer le déclin de l’industrie en
u artificielle, à savoir des machines capables de simuler France.
u
-
e III. Corrigés du Bac
s
S’ENTRAÎNER AU BAC 16
Réaliser un croquis p. 184-185
Métropole
Océan Région technopolitaine
…………… …
Atlantique lyonnaise
Bordeaux
ITALIE 3. Des espaces productifs
ouverts sur l’Europe
et le monde
Montpellier Aix/ Grand port
Marseille Nice ouverture sur le monde
Toulouse Axe de communication
majeur
s
Investissements
e ESPAGNE Mer étrangers (IDE)
0 100 km Méditerranée
t
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Géographie 1re
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Géographie 1re
échelles locales et régionales, les territoires de l’in- répond à plusieurs logiques. Tout d’abord, les régions
- novation s’organisent en clusters. Ceux-ci regroupent d’industries anciennes (Nord, Nord-Est) oscillent
u des entreprises qui coopèrent en mettant en commun entre déclin et renaissance ; ces régions frontalières,
leurs ressources et leurs forces autour de projets bien situées au cœur de l’Europe, reçoivent des inves-
innovants. Impulsés et soutenus par l’État, les pôles de tissements étrangers (Toyota à Valenciennes, Smart en
compétitivité ont été mis en place en 2004 afin de créer Lorraine…). Ensuite, les espaces productifs littoraux
des emplois. Au sein du pôle de compétitivité, les pou- bénéficient de la maritimisation et du redéploiement
voirs publics ont un rôle actif pour faire émerger des des activités liées à la mondialisation. Plus généra-
projets de recherche et développement (R&D) en favo- lement, certaines régions périphériques (Occitanie,
risant les synergies entre entreprises, laboratoires de Nouvelle-Aquitaine, Pays-de-la-Loire…) connaissent
recherche, établissements de formation. Dans cette un réel dynamisme industriel technopolitain, comme
nouvelle donne, les métropoles ont une place privi- Toulouse avec la filière aéronautique autour d’Airbus.
légiée, abritant les centres de recherche et les parcs Sous l’impulsion d’acteurs privés, entreprises natio-
technologiques dans un vaste croissant périphérique nales et FTN françaises et étrangères, mais égale-
de Brest à Grenoble. Dans le cadre du Grand Paris, ment de l’État, le système productif français a connu de
s le pôle de Paris-Saclay a l’ambition d’être un cluster profondes mutations. L’affirmation de nouveaux espaces
e scientifique et technologique de niveau mondial. industriels orientés vers l’innovation (clusters et pôles
En effet, l’insertion des systèmes productifs dans de compétitivité) et le dynamisme de certaines régions
t l’économie mondiale a bouleversé la répartition des périphériques témoignent de l’importance de toutes ces
t activités sur le territoire français. Aujourd’hui, l’indus- recompositions dans un contexte de forte concurrence
trie est plus diffuse sur le territoire ; sa localisation internationale étroitement liée à la mondialisation.
t
-
e
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Géographie 1re
sont accessibles aux paysans pauvres. De plus, elles La concurrence pour l’eau et pour les terres menace d
permettent une irrigation mesurée plus économe en les petits paysans (par exemple le développement m
eau. des axes de transports entre les grandes villes) et les L
3. Les rendements agricoles sont très inégaux selon politiques publiques encouragent l’accaparement des é
les régions, celles qui ont bénéficié des progrès agri- terres. Les fortes inégalités et la pauvreté rurales se u
coles se trouvant principalement sur le littoral et dans maintiennent, même dans un État vitrine de l’émer- l
la vallée du Gange. Les rendements restent faibles à gence indienne comme le Gujarat. l
l’intérieur. Dans plusieurs États, en particulier les pion- Des pistes sont possibles pour un développement rural a
niers de la « révolution verte » (Tamil Nadu, Pendjab, durable : une rémunération des paysans participant d
Haryana), les nappes d’eau sont surexploitées. Dans à la gestion environnementale des campagnes, une à
l’est de l’Inde et une partie du centre, la pauvreté et les diversification des activités économiques et une réduc- a
tensions sociales sont fortes. tion des inégalités foncières en faveur de la petite agri- d
4. L’Inde reste un pays à majorité rurale mais la part de culture familiale. p
la population rurale se réduit depuis la fin du xxe siècle c
(des trois quarts aux deux tiers). L’agriculture n’est Conclure (
cependant plus le secteur d’activité principal, sa part D
L’Inde émergente doit davantage se diriger vers un c
recule dans la population active et surtout dans le PIB.
développement rural durable adapté aux réalités l
Si la production céréalière a augmenté de moitié envi-
locales de cet immense pays et combinant les dimen- a
ron, la part de l’agriculture dans la valeur de la pro-
sions sociales, environnementales et économiques du é
duction totale a été presque divisée par deux.
développement. Les très fortes inégalités et la pau-
p
vreté rurale de masse persistante rendent difficiles
Conclure l
cette orientation alors que les politiques publiques
C
La « révolution verte » a permis une augmentation de favorisent surtout les grandes villes.
t
la production pour faire face à la croissance démo- 3
graphique mais le bilan est inégal et contrasté, le défi t
alimentaire reste présent. L’Inde doit poursuivre dans ÉTUDE DE CAS o
le sens d’un développement agricole durable, plus États-Unis, quel rôle joue g
équitable, géographiquement et socialement tout en
l’agribusiness dans l’organisation c
ménageant davantage l’environnement.
des espaces ruraux ? p. 202-204 m
c
B. Des campagnes indiennes e
entre mutations lentes et tensions A. L’agriculture intensive structure C
les espaces ruraux t
Analyser et confronter les documents a
Analyser et confronter les documents e
1. L’Inde est encore à majorité rurale mais le pays s’ur- t
banise lentement. De nombreux villages deviennent 1. L’agriculture intensive se définit comme un mode d
des villes et des industries s’y développent (comme d’agriculture qui recherche en permanence à augmen- p
l’industrie agroalimentaire, en particulier laitière) de ter sa productivité et sa rentabilité. Elle se caractérise q
même que des services. Il n’y a cependant pas d’exode par des exploitations agricoles de grande taille (en d
rural massif, ce qui fait que l’Inde devrait rester à superficie des parcelles pour les cultures de labour,
majorité rurale encore au milieu du siècle. et en taille des cheptels pour l’élevage). Elle s’appuie
C
2. Les campagnes indiennes sont aussi des territoires également sur l’agribusiness, qui désigne un mode
d’initiatives et d’innovations. Les acteurs privés sont d’agriculture capitalisé et financiarisé étroitement lié L
nombreux : des paysans se groupent en puissantes à l’industrie agroalimentaire, et la recherche constante c
coopératives (ex. : AMUL, coopérative laitière origi- de l’amélioration des bénéfices financiers en produi- d
naire du Gujarat) ou des artisans forment de petites sant plus à moindre coût. t
entreprises industrielles familiales intégrées dans 2. Spatialement, les espaces agricoles états-uniens d
la mondialisation (ex. : forage pétrolier dans le Tamil se caractérisent par de vastes régions spécialisées t
Nadu). Le gouvernement indien mène aussi une poli- autour d’une production agricole majeure, selon une s
tique publique pour encourager l’innovation en milieu opposition entre trois espaces : les espaces de l’agri- n
rural (ex. : programme rurban innovation du ministère culture intensive en Californie et dans la moitié orien- d
du Développement rural). tale du pays, et les espaces de l’agriculture extensive t
3. L’urbanisation lente et l’industrialisation s’accom- dans la moitié occidentale. Cette opposition s’explique c
pagnent de tensions dans les campagnes indiennes. essentiellement par la fertilité plus ou moins grande f
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Géographie 1re
e des sols (l’Ouest américain étant majoritairement B. Une fragmentation sociale de plus
montagneux et peu fertile). en plus forte du monde rural
Les espaces agricoles états-uniens ont longtemps
s été caractérisés par des régions spécialisées dans
e Analyser et confronter les documents
un seul produit agricole : la monoculture du blé dans
- les Grandes Plaines du pays ou la spécialisation dans 1. Le dessin, qui est une caricature, cherche à dénon-
la production laitière dans la région des Grands Lacs cer le rapport de force qui existe au sein des espaces
l au Nord-Est en sont des exemples. On note toutefois agricoles états-uniens en faveur des grandes exploi-
t des évolutions avec la diversification des productions tations intensives. Pour toujours plus augmenter
à l’intérieur d’un même grand bassin agricole : c’est leurs rendements et améliorer leur productivité, ces
- ainsi que le nord-est du pays (figuré orangé sur le grandes exploitations ont massivement recours à l’ir-
- document 3 : Iowa, Illinois, Indiana, Kentucky) a vu ses rigation, qui permet de doper la production. Or, la res-
productions agricoles se diversifier en mélangeant les source en eau est un bien rare dans certaines régions
céréales (maïs, blé), les héritages des cultures textiles agricoles des États-Unis, notamment dans le Sud-
(coton) et l’élevage hors sol intensif (porc, poulets). Ouest majoritairement désertique (Californie, Arizona,
Dans un même temps, les espaces agricoles se Nouveau-Mexique). Les grandes exploitations font
n caractérisent par la structure des exploitations dont mainmise sur la ressource en eau, ce qui leur garan-
le nombre a diminué et dont la superficie moyenne a tit de beaux champs bien verts mais prive en retour
augmenté. Ainsi, les terres de certains exploitants ont les petits producteurs qui sont alors incapables de
u été rachetées pour former des exploitations de plus en produire même en petites quantités. On identifie bien
-
plus vastes, de plus en plus productives et concentrant le statut de grande exploitation agricole intensive par
s
la production de richesses au sein du secteur agricole. l’expression « Agri-Crop co », qui se traduit littérale-
s
Ceci explique le décalage suivant : 13 % des exploita- ment par « Entreprise de cultures agricoles », « co »
tions assurent 85 % du revenu agricole national. étant en effet une abréviation de « corporation » en
3. Dans la logique de l’agribusiness, chaque exploi- anglais, traduit par « entreprise ».
tant agricole cherche à rationaliser sa production, 2. Les agriculteurs états-uniens doivent faire face à
optimiser ses investissements et dégager les plus plusieurs défis, qui diffèrent selon leur statut. Pour
grands rendements au plus faible coût. Cet objectif les propriétaires de grandes exploitations intensives,
conduit alors les exploitants à rechercher des écono- le défi est de produire toujours plus, toujours moins
mies d’échelle, c’est-à-dire à bénéficier d’un avantage cher, malgré la diminution de certaines ressources
comparatif lié à la taille d’un système (plus on achète essentielles comme l’eau. Ce défi s’inscrit alors dans
en grande quantité, plus on peut diminuer les coûts). un contexte plus global des défis environnementaux
Concrètement, cela se traduit par la volonté d’augmen- engendrés par le changement climatique.
ter la taille des cheptels ou la superficie des parcelles Pour les agriculteurs de petites exploitations, le défi
agricoles de même que leur disposition géométrique, est tout d’abord économique en essayant de résister à
et ce afin de rentabiliser les investissements dans des la mainmise et à la pression exercées par les grandes
tracteurs automatiques ou des techniques d’irrigation exploitations intensives. Les petits agriculteurs sont
de pointe par exemple. Cette démarche est d’autant en effet fragilisés économiquement car incapables de
plus facile aux États-Unis que le pays est immense, ce rivaliser avec les productions à très bas coûts de l’agri-
qui augmente la disponibilité foncière et la possibilité culture intensive. Cette fragilité économique peut se
n d’étendre les superficies des exploitations agricoles. transformer en une fragilité sociale et psychologique
, qui fait des petits agriculteurs une population plus
e
Conclure encline à la dépression et au suicide. Enfin, s’ajoute
e à ces défis un défi sanitaire puisque les agriculteurs
é La généralisation de l’agribusiness, et sa demande sont très exposés aux produits chimiques et donc aux
e croissante de produits agricoles standardisés et pro- maladies qui en découlent.
- duits à bas coûts, sont à l’origine de la transforma-
tion des espaces ruraux états-uniens, de plus en plus Conclure
s dominés par les exploitations agricoles intensives de
très grande superficie. Les recompositions spatiales La généralisation de l’agriculture intensive a créé
e sont étroitement dépendantes des évolutions de l’éco- une fragmentation au sein des agriculteurs états-
nomie et des modes de vie, qui s’incarnent ici par l’in- uniens, avec d’un côté les propriétaires des grandes
- dustrialisation de l’alimentation et l’essor des produits exploitations intensives qui dominent le marché et les
e transformés, qu’ils soient vendus dans les supermar- espaces agricoles, et de l’autre les petits agriculteurs
e chés ou dans les chaînes de restauration rapide (type qui sont de plus en plus marginalisés, économiquement
fast-food). et socialement, par cette évolution du secteur agricole.
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Géographie 1re
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Géographie 1re
-
DOSSIER DOSSIER
Le land grabbing, quels effets Le Kenya,
pour les pays des Suds ? p. 212-213 deux mondes agricoles ? p. 214-215
e
Prolonger le cours Prolonger le cours
s
1. Le land grabbing, ou accaparement des terres, est 1. Le dossier suggère deux grands types d’agriculture :
e l’achat ou la location de terres par des investisseurs l’agriculture commerciale et l’agriculture vivrière.
étrangers, le plus souvent des firmes transnationales L’agriculture commerciale est souvent l’affaire de
qui développent des cultures commerciales ou l’ex- grandes entreprises capitalistes qui gèrent de grandes
ploitation forestière. exploitations. Elle est à haute productivité grâce à la
2. Les conséquences sont la dépossession de terres mécanisation, aux intrants industriels, à la sélection
- agricoles vivrières ou d’espaces forestiers qui four- ou modification des espèces, à l’irrigation. Destinée
nissent des ressources aux populations locales (bois, en grande partie à l’exportation, elle s’intègre dans
cueillette, pacage des animaux…) et la fragilisation des des filières mondialisées pour les investissements, la
communautés rurales. L’agriculture productiviste et la commercialisation.
destruction des forêts entraînent aussi différentes pol- L’agriculture vivrière se développe quant à elle sur
lutions ainsi que l’accélération de l’érosion et la réduc- de petites exploitations adaptées aux contraintes du
tion de la biodiversité. milieu (pauvreté, aléas climatiques). Elle est peu pro-
3. Les pays investisseurs sont les pays développés du ductive (outillage élémentaire) et extensive (cultures
Nord (États-Unis et Royaume-Uni en premier lieu), les pluviales, pastoralisme), et orientée vers une part
pays émergents notamment asiatiques et des pays d’autoconsommation ou vers les marchés locaux.
C pétroliers du Golfe. Les pays du Sud sont principale- 2. Les grandes productions sont les cultures commer-
ment visés par ces investissements, en premier lieu ciales : cultures de plantation (cocotier, palmier, thé,
- la République démocratique du Congo en Afrique cen- coton) ou cultures horticoles (légumes, fruits et sur-
trale et la Papouasie-Nouvelle-Guinée en Asie du Sud- tout fleurs coupées).
Est. Certains pays émergents des Suds sont à la fois Les grandes régions d’agriculture commerciale sont le
e émetteurs et récepteurs principaux de ces investisse- littoral de l’océan Indien, la région autour du lac Nai-
. ments, comme l’Indonésie et le Brésil. vasha à une centaine de kilomètres de la capitale Nai-
4. Au Congo, ces investissements ont spolié les com- robi, ou encore la région du Sud-Ouest au bord du lac
munautés paysannes et n’ont pas amélioré la sécurité Victoria.
alimentaire locale. De plus, cette agriculture commer- 3. Le dynamisme du secteur horticole s’explique par
ciale (ou agribusiness) n’est pas durable alors que les les aménités du Kenya : conditions naturelles opti-
politiques agricoles publiques la soutiennent au détri- males pour ces productions (ensoleillement régulier,
ment de l’agriculture familiale qui nourrit la population températures constantes en altitude, présence d’eau
e mais est en grande difficulté. douce…), faible coût de production grâce à une main-
Le texte propose aux autorités du pays de mettre en d’œuvre à bas coût, docile et active, mode de produc-
place une aide aux paysans (équipement, formation) tion industrielle (immenses fermes sous serres), mise
et de conditionner les subventions accordées à cette en place d’un réseau logistique pour une commerciali-
agriculture commerciale à la participation des paysans sation rapide (camions, aires de stockage réfrigérées,
- aux projets mis en place. proximité de l’aéroport).
Synthèse Synthèse
Le land grabbing développe des cultures et activités La situation de l’agriculture kenyane est caracté-
e commerciales non durables dépendantes du marché ristique de celle de l’Afrique subsaharienne : acti-
- économique mondial au détriment des sociétés rurales vité dominante, pourvoyeuse d’emplois et de devises
e et de l’environnement, alors qu’il serait souhaitable grâce aux cultures d’exportation. Toutefois, le déve-
e de l’orienter vers un développement agricole et rural loppement de l’agriculture vivrière constitue un enjeu
durable s’appuyant sur l’agriculture familiale. majeur pour ces États car celle-ci ne parvient pas
r toujours à nourrir la population et ces pays tentent de
développer leur sécurité alimentaire.
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Géographie 1re
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Géographie 1re
- des pays développés devient résidentielle. Celle-ci ne Les contrastes se creusent aussi au sein des activités
cesse de se renforcer dans les pays des Nords et elle économiques qui peuvent être prospères et innovantes
se développe à partir des années 2000 dans les Suds (petites industries, tourisme, certaines filières agri-
(notamment dans les pays émergents). coles) ou en crise, notamment du fait de l’ouverture de
Mais les espaces ruraux sont également devenus très ces espaces à la concurrence mondiale. Très souvent,
variés en fonction de leur distance aux foyers urbains : une dualité agricole s’instaure avec une place crois-
les campagnes proches des villes, dynamisées par sante de la grande agriculture capitaliste qui mar-
leur proximité avec les centres urbains, s’opposent aux ginalise la petite agriculture familiale qui, pourtant,
espaces ruraux plus éloignés. Ces espaces ruraux en représente encore la majorité des actifs dans les pays
marge se dissocient entre territoires bien vivants grâce pauvres. Dans les pays des Nords, l’agribusiness se
- développe alors que l’agriculture familiale est mar-
aux activités agricoles, industrielles voire touristiques,
et ceux en cours d’abandon, à la population vieillissante. ginalisée ; dans les Suds, l’essor du land grabbing et
e Dans les pays en développement ou émergents, les tra- d’exploitations commerciales tournées vers l’exporta-
jectoires sont multiples. Par exemple, en Asie de l’Est tion (par exemple les roses au Kenya) ne s’accompagne
et du Sud, des espaces hybrides se constituent, mêlant pas de progrès dans les exploitations paysannes.
e peuplement dense et fonctions rurales diversifiées À l’échelle mondiale, les espaces ruraux ont connu
(agriculture, petite industrie, résidences périurbaines). de puissantes transformations sous l’influence des
s grands pôles urbains, ce qui a contribué à diversifier
Ces évolutions des espaces ruraux se traduisent par
s inégalement leur profil économique (multifonction-
des fragmentations sociales et spatiales croissantes.
Tout d’abord, les espaces périurbains sont habités sui- nalité). De fait, des fragmentations socio-spatiales de
vant leurs aménités à la fois par des classes moyennes plus en plus fortes traversent les espaces ruraux que
n et populaires et par des minorités aisées. Parallèlement, ce soit dans les Nords ou les Suds, même si, dans ces
les campagnes plus éloignées sont marquées par la pau- derniers, l’agriculture demeure l’activité structurante
e vreté des agriculteurs, retraités ou nouveaux arrivants. de très nombreux espaces.
n
RÉVISER POUR LE BAC p. 219
-
Schéma pour comprendre et retenir
)
s
, Un monde encore rural et agricole
s
– 45 % de la population mondiale
s
activité structurante
– L’agriculture, une .........................................
-
t
t
Les espaces ruraux,
des mondes en mouvement
-
s
l
i
t Exode rural
.............................................. Renaissance rurale Fragmentation sociale : Fragmentation
0 périurbains
aux Suds aux Nords espaces .............................. économique :
» petites exploitations
≠ ..................................................
campagnes éloignées ≠
agriculture commerciale
i
Développement de l' Gentrification rurale
..............................................
économie résidentielle
..............................................
s
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Géographie 1re
Cours 1, p. 232-233
Les défis d’une agriculture mondialisée
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Géographie 1re
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Géographie 1re
II. Réponses aux questions d’Amérique du Nord, d’Océanie, la Chine mais aussi
des pays en développement.
Les gains de terres s’expliquent par le développe-
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 220-221
ment de fronts pionniers agricoles dans de grandes
forêts tropicales (Amazonie), par la transformation
1. La photographie a été prise au Japon, dans un vil-
lage au nord de la région urbaine de Nagoya. On voit, en surfaces cultivées de terres de parcours (élevage)
au premier plan, sur une passerelle dominant le vil- ou terres en friches suite à l’achat ou à la location de
lage, des touristes étrangers et japonais qui se font terres (phénomène du land grabbing).
photographier devant le village qui présente des mai- Les pertes sont le fait de l’étalement urbain, qui
sons traditionnelles dans un cadre verdoyant. Les consomme des terres agricoles pour la construction
maisons typiques en bois, avec leur toit de chaumes de lotissements urbains et d’infrastructures, en par-
très pentu afin de supporter les abondantes chutes ticulier de transport, mais aussi de l’érosion, de la
de neige de cette région, sont dispersées entre les salinisation, de l’épuisement des sols dans un nombre
rizières. Autrefois, dans ces demeures familiales, était grandissant de pays en développement
pratiqué l’élevage des vers à soie dans les combles 4. Les pays développés, où règne l’agriculture pro-
sous les chaumes. Ces habitations conservées en ductiviste, et les pays des Suds qui ont effectué la
l’état d’origine depuis près de 250 ans sont une source « révolution verte » se distinguent par de fortes
d’attraction consommations d’engrais azotés. Les OGM sont très
2. L’agriculture (rizières bien entretenues) coexiste utilisés sur le continent américain (États-Unis, Brésil,
avec le tourisme rural Canada, Argentine…) mais aussi en Inde. Il est à noter
que les principales cultures OGM ne sont pas – à l’ex-
3. Les touristes sont attirés par cette image du
ception du maïs – des produits alimentaires de base
Japon rural fait de rizières et de vieilles maisons de
pour nourrir les hommes (soja et colza sont des oléa-
chaumes, symbole du patrimoine rural japonais classé
gineux destinés à l’alimentation du bétail), voire même
au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Ils
ne sont pas alimentaires (coton). Pour toutes ces rai-
recherchent ce qu’ils pourraient considérer comme le
sons, les OGM ne peuvent apparaître actuellement
Japon traditionnel et authentique.
comme une solution pour nourrir les hommes
L’agriculture biologique reste marginale à l’échelle
CARTES ENJEUX p. 222-223 mondiale. Par le nombre de pays concernés, c’est un
phénomène européen (la part de la surface cultivée
Analyser les cartes varie selon les pays, elle est plus élevée en Suisse
et dans les pays scandinaves) mais aussi présent en
1. Toutes les agricultures commerciales, qu’elles Océanie (les pourcentages sont trompeurs car les
soient intensives ou extensives, sont destinées aux superficies cultivées selon les pays sont très diffé-
marchés national et international. Les « petites agri- rentes).
cultures » évoluent aussi vers le marché pour répondre
à la demande des nouveaux urbains. 5. Le continent américain se caractérise par l’emploi
important d’intrants industriels (engrais azotés, OGM).
2. Une agriculture intensive se caractérise par de forts En Europe, si l’agriculture productiviste fait appel aux
rendements à l’hectare obtenus soit par un travail engrais azotés, l’emploi des OGM est plus limité car
manuel important et minutieux, soit par des inves- interdit dans certains pays (par exemple la France)
tissements importants en capitaux pour l’achat de
et l’agriculture biologique progresse. La situation du
machines ou encore d’intrants chimiques. Ainsi, les
continent africain est plus diversifiée : dans de nom-
rendements élevés qui caractérisent les agricultures
breux États, la productivité est faible par manque de
productivistes ou la petite agriculture intensive irri-
capitaux, de technologies et d’encadrement ; d’autres
guée sont liés aux facteurs de production : machines,
ont commencé à intensifier leurs productions grâce à
intrants chimiques, irrigation. Plus on va vers l’exten-
l’utilisation d’engrais azotés, aux OGM (par exemple en
sif, plus les rendements et les coûts de production
Égypte ou en Afrique du Sud).
sont faibles. Certains systèmes extensifs peuvent être
rentables car ils disposent de grandes superficies (par
Mettre les cartes en relation
exemple le ranching).
3. Les gains de terres agricoles s’observent surtout Les espaces agricoles dans le monde sont de plus en
dans les pays en développement : en Asie du Sud- plus opposés car ils sont révélateurs des technolo-
Est (en Indonésie) ; en Amérique latine (au Brésil, en gies et innovations agricoles dont disposent les agri-
Argentine) ; en Afrique… La diminution des terres agri- culteurs. Le fossé entre l’agriculture capitaliste et les
coles affecte surtout les pays développés d’Europe, agricultures familiales paysannes se creuse.
9 © Magnard, 2019 73
Géographie 1re
B. Une multifonctionnalité, 3
ÉTUDE DE CAS t
La Toscane, un modèle de multifonctionnalité source de conflits
s
des espaces ruraux ? p. 224-226 s
Analyser et confronter les documents d
A. Les campagnes toscanes, 1. L’aéroport de Florence a besoin d’être agrandi pour l
une valorisation ancienne des ressources faire face à l’augmentation prévue du tourisme et du
trafic aérien en Toscane. L’objectif est aussi de per- C
mettre le développement économique par une inser- D
Analyser et confronter les documents
tion renforcée dans les réseaux internationaux. q
1. L’agritourisme permet à des agriculteurs de louer 2. Les opposants à l’aéroport sont des riverains orga- d
des chambres dans leurs exploitations agricoles et de nisés en collectif qui refusent l’artificialisation des sols l
proposer des formules en demi-pension ou pension et les nuisances (sonores et atmosphériques) liées à la e
complète. Les agriculteurs peuvent aussi en profiter nouvelle piste. Ce type d’opposition est assez généra-
pour vendre aux touristes leurs produits à emporter : lisé actuellement. B
huile d’olive, vins de qualité.
n
Cette activité s’appuie sur les productions agricoles et Conclure
les richesses culturelles caractéristiques de la région
toscane. Sur la photographie, on voit les collines mar- La croissance du tourisme et la diversification de A
quées par les vignes et les exploitations agricoles l’industrie en Toscane, pour permettre à la région de
poursuivre son développement en s’insérant dans les 1
(1er plan), les oliviers (2de plan) et la cité médiévale de
réseaux internationaux, sont sources de conflits avec d
San Gimignano (arrière-plan).
la protection de l’environnement en raison de l’artifi- p
2. Avec la hausse du tourisme en Toscane, l’agritou- n
risme se diffuse à l’ensemble de la région ; il évolue cialisation des sols, de la pollution sonore (ouverture
d
aussi vers un agritourisme de luxe avec de nouveaux d’une nouvelle piste d’aéroport) ou de la pollution des
d
dispositifs comme les routes du vin et de l’huile d’olive, eaux (déchets de l’usine chimique). Il semble difficile
m
les résidences hôtelières de luxe… de concilier essor économique et préoccupations envi-
e
ronnementales.
3. Les campagnes toscanes sont multifonctionnelles : d
– fonction agricole : productions agricoles tradition- d
nelles (vigne, olivier) ; développement d’une agricul- l
ture biologique pour produits frais en circuits courts ÉTUDE DE CAS l
pour répondre à la demande alimentaire des nouveaux Les espaces ruraux canadiens, quels sont q
résidents ; les effets de la multifonctionnalité ? p. 228-231 D
– fonction industrielle : un réseau de PME (districts c
industriels) dans plusieurs secteurs d’activité : tanneries, n
A. Une fragmentation des espaces ruraux
véhicules de tourisme, textile de qualité, orfèvrerie ; 2
– fonction touristique : agritourisme, tourisme bal- d
Analyser et confronter les documents p
néaire sur le littoral, activités de loisirs dans les
espaces protégés. m
1. La diversité des paysages offre de nombreuses
p
4. Les campagnes toscanes cherchent à renouve- activités de loisirs possibles : sports d’hiver (7 mois
é
ler leurs activités pour maintenir leur dynamisme en par an), montagne l’été dans les Rocheuses, visite de
i
visant des produits de qualité ou de luxe pour répondre parcs naturels, tourisme œnologique, visites des sites
d
à une clientèle de plus en plus exigeante et faire face remarquables de l’Unesco, croisière en Arctique…
n
à la concurrence étrangère (par exemple, agriculture 2. Les espaces ruraux attirent de nouveaux résidents
biologique, agritourisme de luxe, textile et artisanat de 3
pour un ensemble de facteurs :
qualité). d
– économique : le coût du foncier, du logement et de la n
vie y est moins cher que dans les villes ; d
Conclure
– qualité de vie : la représentation de la campagne y p
Cette multifonctionnalité s’explique par plusieurs est souvent idyllique, en décalage avec la réalité quoti- d
facteurs : la renommée des paysages, la présence dienne ; c
de nombreux sites classés au patrimoine mondial de – technique : le Canada est marqué par de bonnes m
l’Unesco, la présence d’une main-d’œuvre habile et infrastructures de transport et une connexion à Inter-
attachée au « pays » et d’entrepreneurs dynamiques, net forte. L’isolement n’apparaît pas comme une
l’ancienneté des liens villes-campagnes… contrainte insurmontable.
74 © Magnard, 2019
Géographie 1re
9 © Magnard, 2019 75
Géographie 1re
Conseil offre 3 500 dollars par km de clôture pour pro- de villages (Volos, Ellinopyrgos) et d’habitations dis- (
téger des espaces résiduels de végétation naturelle. persées. L’agriculture traditionnelle méditerranéenne a
L’objectif est d’améliorer et d’étendre l’habitat où est la principale activité. p
vivent des espèces animales ou végétales menacées. 2. L’agriculture se renouvelle (vignes irriguées et api- p
culture), l’artisanat local est aussi stimulé avec la s
Comprendre l’affiche rénovation du bâti. Cette nouvelle agriculture est prati-
quée grâce au retour de Grecs, actifs ou retraités, dans S
4. Le gouvernement australien confie aux agriculteurs
leurs villages d’origine auparavant touchés par l’exode
la protection de la biodiversité et la gestion des res- L
rural. Ce « retour à la terre » a été favorisé par la crise p
sources naturelles de la région.
économique grecque et la montée du chômage, mais p
aussi par le maintien de liens familiaux et villageois t
COURS 3 qui ont permis une reprise des terres (accompagnée r
de programmes de formation agricole) et une rénova-
Quel avenir
tion de l’habitat.
pour les espaces ruraux ? p. 236-237 I
3. L’Union européenne encourage la rénovation rurale
(programme LEADER) et participe à l’aménagement
Lire le texte des infrastructures de transports pour désenclaver la
1. La Namibie est un État du sud-ouest de l’Afrique région (ligne ferroviaire modernisée vers la capitale).
australe, situé entre l’Angola au Nord, l’Afrique du Sud
au Sud, l’océan Atlantique à l’Ouest, le Botswana à Synthèse
l’Est. Les acteurs interviennent à différentes échelles, des
2. Pour protéger la faune, le gouvernement a créé le populations locales à l’Union européenne. Plusieurs
concept des « conservancies ». Ce sont des réserves directions sont données à la revitalisation rurale en
naturelles où gouvernement et ethnies travaillent Thessalie : désenclavement régional, redéveloppe-
ensemble pour prendre soin des écosystèmes. Ce ment agricole, rénovation du bâti et entretien des pay-
concept est original car il associe les populations sages ruraux.
locales à la conservation des espèces et à l’économie
touristique.
3. 44 % du territoire est aujourd’hui classé comme DOSSIER
zone naturelle protégée. Certaines espèces mena- Le Népal, tourisme de haute montagne
cées comme les éléphants ont ainsi pu être sauvées et développement rural p. 240-241
et l’écotourisme a fortement progressé, participant au
développement du pays.
Prolonger le cours
Comprendre le texte 1. Petit pays himalayen montagneux enclavé entre
Inde et Chine mais relativement peuplé (quatre fois
4. En une vingtaine d’années, 83 « conservancies » ont plus petit que la France, mais seulement deux fois
ainsi été créées en Namibie. Les ressources tirées de
moins peuplé), le Népal dispose d’atouts touristiques
l’écotourisme ont servi à améliorer non seulement les
(paysages de haute montagne au cadre exceptionnel
infrastructures touristiques mais aussi les revenus et
et patrimoine culturel original) mais aussi de fortes
le bien-être des populations locales par la construc-
contraintes (difficultés d’accès, reliefs escarpés et
tion d’écoles, de dispensaires, de réseaux électriques.
rudesse du climat, pauvreté du pays et faiblesse des
infrastructures, fragilité des écosystèmes).
DOSSIER 2. Dans ces conditions, le tourisme népalais s’est
La Grèce, gérer et développer tourné vers un tourisme naturel (alpinisme, randon-
née de type trekking, chasse) et un tourisme culturel
les territoires ruraux p. 238-239
(traditions rurales, bouddhisme).
3. Ces formes de tourisme sont de fait adaptées à la
Prolonger le cours fois aux atouts et aux contraintes du patrimoine natu-
1. Le relief de Thessalie est principalement monta- rel et culturel de ce PMA.
gneux, les vallées aux pentes escarpées sont encais- 4. Les acteurs de ce développement touristique sont
sées. La végétation méditerranéenne est clairsemée, multiples et à différentes échelles, de l’international
marquée par la sécheresse. La présence humaine est au local : Unesco (patrimoine mondial), État (zones
faible et discontinue, avec présence de petites villes, protégées et aménagement d’infrastructures), ONG
76 © Magnard, 2019
Géographie 1re
- (projet ANAP) et populations locales. Celles-ci sont dements plus hypothétique, mais le conditionnel est
e associées de différentes façons : ethnies qui mettent à quand même utilisé pour aborder ces perspectives
profit leur connaissance de la haute montagne (sher- d’augmentation.
- pas), villageois qui hébergent les touristes et leur pré-
Le dessin se focalise quant à lui sur un important
sentent les cultures himalayennes,
problème affectant les espaces ruraux : le mitage de
- l’espace lié à la périurbanisation. En représentant un
s Synthèse lotissement pavillonnaire en construction (pelleteuse
e et grue en action, pancarte annonçant cet aménage-
Le projet touristique du Népal cherche un dévelop-
e pement équilibré entre protection des ressources ment), l’auteur veut alerter les lecteurs sur les consé-
s patrimoniales qui associe les populations locales et quences négatives de ce processus particulièrement
tourisme de masse mondialisé et invasif que pourrait marqué dans les pays développés. Pour ce faire, il a
représenter un modèle « Yak Donald’s » non maîtrisé. représenté un oiseau en détresse, ce qui permet un
jeu de mots, le chant de l’oiseau « cui-cui » devenant
une complainte (« on est cuits, cuits, cuits ») en gros
III. Corrigés du Bac plan à gauche du dessin. Cela permet de montrer
t l’impact destructeur de la périurbanisation sur les
a S’ENTRAÎNER AU BAC 21 espaces agricoles abritant souvent une importante
biodiversité. Plus généralement, ce document nous
Analyser un dessin de presse
permet de comprendre que les espaces ruraux sont
et un texte p. 242-243 devenus multifonctionnels (dans le dessin, il est fait
référence aux activités agricoles et résidentielles), ce
Sujet : Les espaces ruraux agricoles, entre multifonc- qui peut générer des conflits d’usages, c’est-à-dire
s
tionnalité et conflits d’usages une concurrence entre plusieurs activités pour un
Les documents sont un dessin de presse réalisé par même espace. On peut aussi voir dans ce dessin une
- Chappatte et paru dans le quotidien suisse Le Temps en tension entre la volonté d’aménager pour développer
- avril 2018, et l’extrait d’un article diffusé en ligne par la les espaces ruraux et la nécessaire préservation de
FAO (organisation des Nations unies pour l’alimenta- l’environnement.
tion et l’agriculture) à partir de 2009. Ils sont complé-
mentaires quant aux défis auxquels sont actuellement Les deux documents montrent la dualité de nombreux
confrontés les espaces ruraux agricoles. espaces ruraux confrontés à l’enjeu agricole, mais
aussi de plus en plus aux enjeux de la multifonction-
Le texte est en effet centré sur le défi purement agri- nalité : d’une part, la nécessité d’augmenter de façon
cole, à savoir nourrir les hommes. L’augmentation sensible les productions agricoles pour satisfaire la
de la population, son urbanisation croissante, l’aug- demande mondiale, d’autre part, parvenir à concilier
mentation des niveaux de vie se cumulent pour que différentes activités sans porter atteinte à un environ-
la demande de produits alimentaires augmente forte- nement sous pression.
ment (presque 50 % d’ici 2050). Comment y répondre ?
Les perspectives d’augmentation des terres cultivées
s sont faibles. Si des possibilités existent avec la mise en S’ENTRAÎNER AU BAC 22
culture de terres en Afrique subsaharienne (impact du Rédiger une réponse à une question
l land grabbing), les fronts pionniers en Amérique latine problématisée p. 244
et Asie du Sud-Est sont réduits par la mise en place
t de politiques de préservation des forêts tropicales. Sujet : Les espaces ruraux : comment gérer la multi-
s Les surfaces cultivées régressent par ailleurs du fait fonctionnalité croissante et les conflits d’usages ?
de l’érosion, de la salinisation ou de l’épuisement des Les activités agricoles restent l’activité structurante
sols. L’étalement urbain, qui consomme des terres des espaces ruraux et représentent encore un tiers
agricoles pour la construction de lotissements urbains des terres émergées sur la planète. Malgré tout, de
-
et d’infrastructures, en particulier de transport, doit nombreuses activités, comme le tourisme ou l’indus-
aussi être pris en compte. Le phénomène affecte aussi trie, affirment de plus en plus leur présence au sein
bien les pays développés d’Europe, d’Amérique du de ces espaces au point d’entraîner des concurrences
a Nord, d’Océanie que des pays du Sud comme la Chine, voire des rivalités entre elles.
où l’urbanisation progresse actuellement rapidement.
Quelles activités se sont imposées au sein des espaces
Les gains de production devront donc se faire par une
ruraux et comment les faire cohabiter dans cette
amélioration de la productivité agricole, en particulier
recomposition des espaces ruraux ?
l grâce à la croissance des rendements. La FAO n’en-
visage pas du tout les remises en cause du modèle Tout d’abord, l’agriculture reste l’activité structurante
productiviste qui rendent cette augmentation des ren- au sein des espaces ; elle met en valeur environ un
9 © Magnard, 2019 77
Géographie 1re
tiers des terres émergées (un peu moins de 5 milliards grands équipements (barrages, aéroports et voies de
d’hectares, sur près de 15 milliards) et marque des communication, zones d’activités…), refus des poli-
paysages dont les aménagements (parcellaire, habi- tiques de créations d’aires protégées, difficile concilia-
tat, chemins) s’inscrivent dans le temps long (rizières tion des usages (pollutions agricoles ou industrielles, S
irriguées, bocages, champs ouverts, terrasses de accaparement de terres, utilisations productives et
cultures…). 29 % des emplois de la planète relèvent récréatives, mitage des paysages…).
encore des métiers de la terre et de l’élevage, même Les conflits d’usage relèvent souvent de logiques
si, avec les progrès de la mécanisation et l’agrandis- différentes d’acteurs locaux et d’acteurs extérieurs
sement des exploitations dans les pays des Nords, la (autorités régionales, États, organisations non gouver-
part des agriculteurs a fortement diminué au sein des nementales). Depuis la fin du xixe siècle, avec les pre-
populations rurales. mières préoccupations écologiques, sont nés les parcs
Aux côtés de l’agriculture, l’industrie est aussi présente naturels, d’abord aux États-Unis (parc de Yellowstone
dans les campagnes où elle permet une diversification en 1872), puis en Europe. Aujourd’hui, les dispositifs de
de l’emploi. Surtout constituée de petits ateliers héri- protection sont plébiscités par les sociétés urbaines
tés d’activités anciennes (agroalimentaire, travail du afin de conserver et de bénéficier d’un environnement
bois, métallurgie, textile…), l’industrie s’est renouvelée protégé pour leurs loisirs. Ils se sont multipliés dans
grâce aux atouts de certaines régions rurales. Cer- les campagnes (réserves naturelles, parcs nationaux
taines campagnes ont une tradition d’industrialisation, ou régionaux, sites NATURA 2000 en Europe) avec,
elles sont le siège de districts industriels (Italie du parfois, une stricte séparation spatiale entre milieux
Nord et du Centre, Portugal, Jura, Vendée…). à préserver et espaces exploités. La patrimonialisa-
De même, le tourisme rural est ancien (résidences tion peut renvoyer à une vision passéiste et idéalisée
secondaires des bourgeoisies urbaines, therma- des campagnes. Les différences de perception entre
lisme et tourisme de santé en montagne, colonies de les ruraux agricoles et les « néoruraux » (plaintes à
vacances…), mais il s’est rénové dès les années 1960 cause du bruit trop matinal du chant du coq ou/et des
en Europe ou en Amérique du Nord et, depuis les cloches de l’église !) montrent la difficulté de concilier
années 2000, dans les Suds. Les pratiques de loisirs les différentes fonctions mais, en même temps, ces
sont également nombreuses : chasse, pêche, ran- néoruraux soutiennent une activité économique sinon
donnée, sports de nature… Ce tourisme s’appuie sur déclinante de certaines campagnes.
des paysages perçus comme « naturels ». Le patri- La gestion de ces espaces représente donc un défi
moine occupe une grande place, notamment dans majeur. La préservation de leurs ressources (eau, bois,
les aires protégées où émerge un « écotourisme ». sols), la lutte contre les pollutions locales ou la protec-
Certains agriculteurs développent l’accueil dans leurs tion contre les risques naturels font l’objet d’actions de
fermes transformées en gîtes ruraux ou en auberges. mobilisation. Le maintien d’une activité agricole plus
L’agritourisme en Italie permet de concilier l’activité respectueuse de l’environnement, la régulation de
touristique avec la valorisation des paysages et des l’urbanisation et des infrastructures, qu’elles soient
produits locaux d’une agriculture de terroirs. industrielles ou tertiaires, l’essor de formes d’écotou-
Enfin, il faut tenir compte de l’urbanisation, croissance risme sont autant d’approches permettant de concilier
dans le monde, qui s’étale. Le développement des l’objectif de protection avec celui de développement
réseaux de transport a repoussé de plus en plus loin rural et agricole. Des initiatives que ce soit au Népal
les limites de la périurbanisation qui rend floue la dis- (aire de conservation de l’Annapurna) ou en Namibie
tinction entre espaces ruraux et urbains. Dans certains (système des conservancies) montrent la possibilité
pays, des mouvements d’installation d’urbains à la cam- d’associer les populations locales à l’activité touris-
pagne ne sont pas rares. La fonction résidentielle est tique qui garde alors une dimension humaine.
une composante supplémentaire des espaces ruraux.
Différentes activités comme l’industrie ou le tourisme
Cette multiplication des fonctions au sein des espaces se sont affirmées au sein des espaces ruraux, créant
ruraux génère des frictions voire des conflits d’usages, parfois des conflits d’usage avec les agriculteurs. De
qui correspondent à des utilisations différentes de ces même, certains projets d’aménagements peuvent
espaces. Avec la diversification des populations, mais générer des tensions entre des acteurs aux représen-
aussi des modèles agricoles et des visions différentes tations et aux objectifs très différents. Cette situation
de l’espace rural, de multiples sources de conflits nouvelle rend absolument nécessaire une gestion
d’usages apparaissent : rejet d’aménagements de durable des espaces ruraux.
78 © Magnard, 2019
Géographie 1re
e
RÉVISER POUR LE BAC p. 245
-
, Schéma pour comprendre et retenir
t
Les défis d’une agriculture mondialisée
– Hausse de la demande alimentaire
s
malnutrition
– Persistance de la ...........................................
-
(2 milliards de personnes)
s – Assurer la qualité :
e productiviste
• remise en cause du modèle .......................................
e l’agriculture durable
• développement de .......................................
et raisonnée
x
, La recomposition
des espaces ruraux
-
e Des espaces ruraux de plus en plus Quel avenir pour les espaces ruraux ?
à
multifonctionnels ? – Diversification des activités
s
– Diversification industrielle (ex. : districts – Ancrage territorial : stratégie de
s industriels) labellisation
........................................... et de patrimonialisation
n écotourisme
– Essor du tourisme (ex. .......................................... ) – Dispositifs de protection
et des loisirs
conflits d’usage
– Multiplication des .......................................
,
-
e
s
t
-
r
t
l
é
-
-
n
n
9 © Magnard, 2019 79
Géographie 1re
Chapitre 9 L
a France : des espaces ruraux multifonctionnels,
entre initiatives locales et politiques européennes
© Magnard, 2019 81
Géographie 1re
BIBLIOGRAPHIE et sitographie
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Ellipses, 2015.
-- O. Milhaud, La France des marges, La Documentation française, n° 8116, 2016.
-- A. Baysse-Lainé, « Les nouvelles ruralités », in B. Montabone (dir.), La France, géographie générale, Atlande, 2018.
-- A. Gonin, C. Quéva, Géographie des espaces ruraux, A. Colin, 2018.
-- Y. Jean, L. Rieutort, Les Espaces ruraux en France, A. Colin, 2018.
-- A. Monot, Les Espaces ruraux en France, Bréal, 2018.
-- Géoconfluences : « La France : des espaces ruraux multifonctionnels, entre initiatives locales et politiques
européennes » : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-
programmes-1ere-generale
-- Géoconfluences : « Aménagement rural et mutations des territoires ruraux en France » :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/rural-mutations-des-territoires-ruraux
-- S. Depraz, « Les nouveaux bourgeois des campagnes : vers une éviction rurale ? » :
http://cafe-geo.net/les-nouveaux-bourgeois-des-campagnes-vers-une-eviction-rurale/
-- CGET, observatoire des territoires : www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/observatoire-des-territoires/fr/node
-- Agreste : http://agreste.agriculture.gouv.fr/
82 © Magnard, 2019
Géographie 1re
II. Réponses aux questions tielle »). On peut noter le fort étalement urbain autour
des métropoles (« rural en voie de périurbanisation »).
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 246-247 4. Les zones rurales à faible densité et peu dynamiques
(que l’on qualifie d’« hyper-rurales ») correspondent à
1. Avignonet-Lauragais est un village du sud-ouest de des zones de moyenne montagne et/ou à des régions
la France situé à proximité de Toulouse et du canal du plus ou moins enclavées comme le Massif central ou
Midi en Haute-Garonne. La photographie laisse bien les Cévennes. La diagonale qui va des Ardennes ou
apparaître le caractère rural de cet espace : noyau Pyrénées en représente le principal espace. Secon-
villageois ancien avec une faible densité d’habitat et dairement, les Alpes du Sud, l’intérieur de la Corse
dominante des composantes végétales : champs, par- mais aussi certains intérieurs de plaines et plateaux
celles de céréaliculture et nombreux arbres. en Bretagne et en Normandie appartiennent à cette
catégorie.
2. De nouvelles fonctions se sont imposées dans ce
paysage rural : production d’énergie renouvelable avec Mettre les cartes en relation
un parc de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes,
mais aussi accueil de touristes (la légende évoque Ces deux cartes montrent une différenciation accrue
20 000 visiteurs par an attirés par la proximité du canal des espaces ruraux d’un point de vue économique et
du Midi et la beauté des paysages du Lauragais). démographique. Les campagnes proches des villes et
3. Cette photographie illustre bien la multifonction- à potentiel touristique et résidentiel connaissent une
nalité des campagnes françaises, car si l’agriculture forte attractivité et des transformations accélérées
reste l’activité structurante et dominante (en termes sous l’influence des villes, alors que les « campagnes
d’emplois et de paysages), de nouvelles activités se vieillies à très faible densité » sont fragilisées par la
sont progressivement affirmées dans le tissu rural : déprise rurale et des formes de paupérisation des
ici production d’énergie, tourisme (gîtes ruraux par populations. Elles correspondent à une agriculture
exemple). familiale en difficulté (polyculture et élevage) dans un
contexte d’économie de marché très concurrentiel.
Les trajectoires des espaces ruraux divergent donc
CARTES ENJEUX p. 248-249 fortement, d’où l’idée de fragmentation.
2. Les profils des citadins qui s’installent dans cette lué. Ces activités induisent également une plus grande 2
région sont diversifiés : populations urbaines défavo- diversité du tissu économique, dominé jusque-là par r
risées pouvant avoir accès à des logements sociaux ou les activités agricoles, et la création de nombreux v
construisant des logements sans autorisation et sans emplois. d
payer d’impôts sur des terrains agricoles. À l’inverse, 2. Le texte montre un conflit d’usage assez classique t
la compagne de communication d’une entreprise de entre le secteur touristique en essor et les activi- 3
construction pour inciter des populations urbaines à tés agricoles. Les enjeux de ce conflit se concentrent 2
acheter des habitats pavillonnaires à Sumène (Gard) autour de l’accès à l’eau (considéré comme un « bien C
cible plutôt des ménages appartenant à la classe rare » dans la région) et des terres cultivables (l’au- d
moyenne (couples avec de jeunes enfants souhaitant teur dénonce une hausse des prix qui empêcherait de 3
accéder à la propriété). jeunes agriculteurs de s’installer). d
3. L’espace cévenol est transformé par ces instal- 3. Les enjeux et les missions du Parc national des m
lations principalement sous forme d’un mitage des Cévennes sont de parvenir à concilier activités écono- d
espaces naturels et agricoles, qu’il s’agisse de loge- miques et protection de l’environnement. Dans ce cadre, s
ments sociaux et d’habitats informels ou de lotisse- certaines activités permettant de stimuler le tissu éco- n
ments pavillonnaires en périphérie de village. nomique local (« tourisme durable », « agriculture res- (
4. La municipalité de Saint-Hippolyte-du-Fort sou- pectueuse de l’environnement et de la biodiversité »…) t
haite trouver un « équilibre » entre l’urbanisation et sont autorisées à l’intérieur de l’« aire d’adhésion », ce «
la nécessaire protection de l’environnement. Ainsi, elle que montre très bien la couverture du guide touristique 4
souhaite ne plus privilégier les habitats pavillonnaires (document 9), qui représente une activité pastorale tra- t
qui consomment beaucoup d’espaces et s’orienter vers ditionnelle permettant d’entretenir le paysage. Cette m
des constructions plus denses (« petits collectifs », conciliation est d’autant plus nécessaire que ce parc
e
« individuels groupés »). Elle souhaite également don- national est habité (120 communes, 67 000 habitants :
s
ner plus d’importance aux « circuits courts ». Il s’agit c’est le seul en France dans ce cas de figure). Il se situe
v
de permettre aux habitants de pouvoir consommer à proximité d’une zone de forte densité urbaine ce qui
C
sur place plutôt que d’utiliser l’automobile pour aller renforce son rôle de poumon vert.
t
dans les pôles urbains voisins. De même, à l’échelle du
l
département de la Lozère, différents acteurs tentent Conclure
o
de valoriser le potentiel touristique des Cévennes tout
Les différentes activités qui se développent dans les t
en mettant en avant les productions artisanales, ce qui
pourrait permettre de dynamiser le tissu économique Cévennes (tourisme estival, pôle mécanique d’Alès)
de cet espace rural. permettent de diversifier le tissu économique de cette C
région rurale qui devient multifonctionnelle. Cepen-
dant, ces activités peuvent créer des conflits d’usages L
Conclure s
pour l’eau et la terre, ici entre le tourisme et l’agricul-
Les Cévennes offrent la possibilité d’une vie différente ture. C’est pour éviter ce type de problèmes que le Parc l
aux populations urbaines grâce à des paysages de national des Cévennes a été créé : il tente de concilier i
qualité, un cadre de vie préservé et un accès à divers le développement d’activités économiques locales et la t
logements à moindre coût tout en restant proches des protection de l’environnement. C
pôles urbains. Cette attractivité transforme en profon- i
deur l’espace cévenol avec l’urbanisation des noyaux q
villageois conduisant au mitage des espaces naturels ÉTUDE DE CAS
et agricoles. La Bretagne, un « modèle » agricole B
en recomposition ? p. 254-256
B. Les Cévennes, un territoire rural A
en mutation A. Le « modèle » agricole breton contesté
1
l
Analyser et confronter les documents Analyser et confronter les documents
d
1. Les activités touristiques et le pôle mécanique d’Alès 1. La Bretagne a une forte spécialisation dans le sec- p
transforment les paysages car ils impliquent des amé- teur de l’élevage (pour la production de viandes ou de l
nagements lourds qui contrastent avec les activités lait). De nombreuses et puissantes entreprises agroa- a
agricoles traditionnelles. Les pistes de course entou- limentaires, françaises pour la plus grande majorité D
rées de petites entreprises ainsi que les campings d’entre elles, prolongent cette orientation. Aux pro- a
équipés de piscines représentent une nouveauté totale duits laitiers et aux viandes s’ajoutent les produits de a
dans des paysages qui avaient jusque-là très peu évo- la mer et une valorisation avec des plats cuisinés. d
84 © Magnard, 2019
Géographie 1re
e 2. La Bretagne est une région majeure à cause du poids 2. La commune de Langouët a mis en place sur son
r relatif élevé dans la production nationale : 58 % de la territoire différentes mesures allant dans le sens
viande de porc à l’échelle nationale et plus d’un tiers du développement durable au niveau énergétique :
des volailles et des bovins français. Pour d’autres sec- centrales solaires, voitures électriques, logements
e teurs, elle occupe également une place importante : sociaux passifs… L’objectif des habitants de ce village
- 32 % de la production nationale pour la charcuterie et est aussi d’atteindre l’« indépendance alimentaire ».
t 22 % pour les veaux. Certains sites comme celui de 3. Cette exploitation située dans le Morbihan offre une
n Carhaix ont un rayonnement international (exportation perspective nouvelle dans le domaine de l’élevage :
de lait infantile en poudre dans le monde entier). associer à l’activité principale la production d’énergies
e 3. L’usine Synutra de Carhaix témoigne d’un mode renouvelables à partir de panneaux photovoltaïques et
de production productiviste par plusieurs aménage- de lisiers de volailles. Cette énergie permet de couvrir
ments et objectifs caractéristiques : site ultramo- les besoins de l’exploitation mais peut également être
- derne et gigantesque de production (qui contraste revendue, ce qui génère un complément substantiel de
, symboliquement avec les parcelles agricoles environ- revenus pour les éleveurs.
- nantes), financement chinois, production de masse
(120 000 tonnes de poudre de lait par an) et exporta- Conclure
tion à l’échelle mondiale. Elle témoigne ainsi d’une
Une partie du monde rural et agricole breton s’ins-
e « industrialisation de l’agriculture ».
crit dans une logique de transition écologique avec la
4. La conséquence la plus spectaculaire de l’agricul- multiplication des initiatives permettant de concilier
ture productiviste sur l’environnement est le phéno- activités économiques et respect de l’environnement :
e mène des « algues vertes » : le recours massif à des exploitations agricoles se tournant vers la production
engrais chimiques et la concentration d’élevages hors- d’énergies renouvelables, création de réseaux de vil-
:
sol porcins entraînent la prolifération d’algues qui lages visant l’indépendance alimentaire et énergé-
e
viennent s’accumuler sur certaines plages bretonnes. tique, montée en puissance de l’agriculture bio…
i
Ce phénomène génère de fortes nuisances, d’éven-
tuels problèmes sanitaires pour les riverains et péna-
lise également l’activité touristique. Un conflit d’usage COURS 1
oppose alors éleveurs et riverains lors d’une installa- Une renaissance des espaces
s tion ou d’un agrandissement de ce type d’ateliers. ruraux français ? p. 258-259
e Conclure
- Identifier la photographie
s La performance économique du modèle breton repose
sur l’adoption d’un système productiviste orienté vers 1. La commune de Treffieux se situe dans le départe-
la production de masse et adossé à une puissante ment de la Loire-Atlantique entre Rennes et Nantes.
industrie agroalimentaire assurant une part impor- La photographie a été prise à l’entrée du village (le
r panneau annonçant l’entrée de la commune est visible
tante de la production nationale et des exportations.
Cependant, ce « modèle » productiviste génère un à gauche), elle laisse apparaître quelques habitats et
impact très négatif sur l’environnement (algues vertes, l’église et, surtout, un panneau annonçant la construc-
tion d’un lotissement pavillonnaire.
qualité de l’eau, conflits d’usage…).
2. La municipalité qui met en œuvre ce projet insiste
sur deux aspects pour attirer d’éventuels acheteurs : le
B. Vers une transition rurale et agricole ? faible prix des terrains (35 euros le m2) et la proximité
avec deux métropoles régionales : Nantes et Rennes.
Analyser et confronter les documents 3. Le panneau met en valeur la proximité avec Rennes
et Nantes car de nombreuses personnes pourraient
1. On peut parler d’un essor de l’agriculture bio à
souhaiter s’installer dans ce village et, dans le même
l’échelle de la région à partir de l’exemple du village temps, travailler dans une de ces deux métropoles qui
de Langouët : cette commune de 602 habitants est concentrent de nombreux emplois. Ce village s’inscrit
- parvenue à créer un réseau de « 163 communes sur donc dans une logique d’essor de la fonction résiden-
e les cinq départements de la Bretagne historique » tielle fondée sur les mobilités pendulaires.
- adhérant aux principes du développement durable.
é De même, le réseau de l’« initiative Bio en Bretagne » Exercer un regard critique
a permis de fédérer des acteurs et des entreprises
autour de valeurs et pratiques communes (interdiction 4. Le dynamisme de Treffieux (dont la population a crû
du recours aux produits chimiques principalement). de 37 % entre 1990 et 2016) est étroitement lié au pro-
9 © Magnard, 2019 85
Géographie 1re
cessus de périurbanisation qui se développe le long de toutes les campagnes ne connaissent pas de telles S
grands axes routiers comme les 2x2 voies reliant les transformations.
deux grandes métropoles que sont Rennes et Nantes. L
Or, de nombreuses communes rurales françaises ne c
bénéficient pas d’une telle situation, sont à l’écart des DOSSIER f
pôles urbains et donc ne bénéficient pas de ce dyna- Les espaces ruraux transformés r
misme. l
par la périurbanisation p. 262-263
c
Comprendre la photographie s
Prolonger le cours d
5. La photographie illustre la diversité des espaces
ruraux français car elle montre un type précis d’es- 1. Les espaces ruraux périurbains connaissent de
pace, proche de grands foyers urbains dont l’auréole profondes transformations du fait de l’influence des
périurbaine se dilate. Cependant, on ne peut en faire villes. La plus spectaculaire est visible dans les pay-
un cas général puisque de nombreux villages localisés sages, avec l’apparition récente de vastes zones d’ha-
dans des zones hyper-rurales connaissent au contraire bitats pavillonnaires au contact direct des espaces
des problèmes de stagnation ou de dévitalisation. ruraux (parcelles agricoles visibles sur les deux pho-
tographies). Que ce soit à Montbazon (Indre-et-Loire)
P
ou à Houtaud (Doubs), ces habitats pavillonnaires en 1
COURS 2 lotissements permettent à des ménages d’accéder à l
Des espaces ruraux la propriété individuelle avec des logements spacieux (
multifonctionnels p. 260-261 et moins coûteux, à une distance temps réduite des e
centres urbains en utilisant son véhicule individuel. c
On peut parler parfois de « marée pavillonnaire », ce l
Lire le texte que confirme l’évolution de la population de ces zones
2
hybrides : Montbazon est passé de 1 700 habitants à
1. Les espaces ruraux connaissent d’importantes f
4 000 depuis 1946, et Houtaud de 182 habitants à 1 000
transformations socioprofessionnelles : la part des e
sur la même période. Le rapport de l’Inra informe, à
actifs agricoles et ouvriers diminue alors que des d
l’échelle nationale cette fois, sur l’ampleur de ce pro-
urbains plus qualifiés viennent s’installer soit dans un c
cessus, responsable à lui seul de presque la moitié des
cadre périurbain, soit plus loin dans une optique plus c
nouvelles terres artificialisées récemment.
radicale de rupture avec le stress urbain ou de promo- p
tion d’une agriculture bio. 2. La phrase surlignée dans le document 4 met en h
avant les logiques qui poussent à l’artificialisation des e
2. La dynamique qui explique ces transformations est
sols en zone périurbaine : logements, infrastructures À
la densité des réseaux de transport (essentiellement
de transport, zones commerciales et zones d’activité p
routier et Internet) qui permet le lien avec la ville tout
adaptées par leur taille aux besoins économiques. Les c
en profitant d’un nouveau cadre de vie à la campagne :
zones périurbaines offrent de vastes espaces plats p
migrations pendulaires, télétravail, activité agricole
disponibles avec des coûts raisonnables, facilement (
liée aux marchés urbains (agriculture bio).
accessibles depuis les villes proches et bien reliées c
3. On parle de « gentrification » des campagnes car aux infrastructures de communications rapides.
certains « néoruraux » appartiennent en moyenne à s
L’exemple le plus emblématique est celui des zones à
des classes plus aisées que les habitants des cam- commerciales se développant en lisière des villes et
pagnes. m
qui offrent la possibilité d’aménager de vastes unités m
commerciales et des parkings facilitant l’accès des
Exercer un regard critique consommateurs en voiture. S
4. De nombreux espaces hyper-ruraux ne connaissent 3. Les deux principales conséquences de la périurba-
pas ces transformations et sont victimes au contraire nisation sont l’artificialisation des sols (anthropisation) L
d’un vieillissement démographique et de différentes et le mitage des espaces agricoles. Le pourcentage e
formes de paupérisation (faiblesse des retraites pour des sols artificialisés est passé de 7 % en 1992 à 9,5 % p
les agriculteurs notamment). en 2015. Dans le même temps, la surface des terres r
agricoles a été significativement réduite (de 62 % en l
1992 à 58,5 % en 2015). Les documents 1 et 2 montrent (
Comprendre le texte
bien ce mitage des espaces agricoles dont la surface a p
5. La nouvelle ruralité se manifeste par de nouveaux été réduite au profit de zones d’habitats pavillonnaires d
usages et la diversification des profils socio-éco- et de divers aménagements de transports (principale-
nomiques des populations : la part relative de la ment des ronds-points et des axes routiers assurant la
population agricole diminue sensiblement. Cependant, connexion avec les villes).
86 © Magnard, 2019
Géographie 1re
s Synthèse
DOSSIER
Les espaces ruraux périurbains connaissent une forte La Guadeloupe. L’agriculture
croissance démographique qui se matérialise par la des territoires d’outre-mer p. 266-267
formation de vastes zones pavillonnaires à la périphé-
rie des centres urbains. Ils sont confrontés au défi de
l’artificialisation des sols, de la perte de terres agri- Prolonger le cours
coles fertiles ainsi que de la banalisation de paysages
1. L’agriculture en Guadeloupe est d’abord confrontée
sans âme de lotissements, de centres commerciaux,
à de fortes contraintes naturelles : reliefs de moyenne
de zones d’activités.
montagne, manque d’accessibilité et isolement spatial
lié à l’insularité. Ces contraintes ont comme consé-
s DOSSIER quence immédiate de renchérir les coûts de pro-
- L’avenir des espaces duction et surtout celui des transports. S’ensuit une
- hyper-ruraux français p. 264-265 situation de déprise agricole : les surfaces cultivées
s ont baissé de moitié entre 1972 et 2017 (de 6 000 hec-
tares à 3 000), le nombre d’exploitations agricoles a
Prolonger le cours également été divisé par deux au cours de la même
période (de 1 900 exploitations à environ 900). L’in-
1. Les espaces hyper-ruraux correspondent essentiel-
troduction du dossier mentionne aussi les handicaps
lement à des zones de montagne moins accessibles
x de l’éloignement des marchés et l’importance de la
(Massif central, Alpes du Sud, Pyrénées orientales…)
s concurrence internationale.
et/ou à des espaces isolés éloignés des centres urbains
comme les Ardennes, l’Orne en Normandie, la Creuse, 2. L’Union européenne est devenue un acteur incon-
le plateau bourguignon, etc. tournable de l’agriculture guadeloupéenne par son
s soutien financier et ses campagnes de promotion. La
2. Les espaces hyper-ruraux doivent tout d’abord faire
face à de véritables contraintes comme l’isolement légende du document 1 évoque ainsi le programme
0 POSEI, spécifique aux régions ultrapériphériques,
et le manque d’accessibilité. Cette situation entraîne
à qui vise à améliorer la « compétitivité économique et
des dynamiques spatiales négatives qui peuvent, dans
certains cas, correspondre à un cercle vicieux et à des technique des filières agricoles ». L’affiche montre que
conséquences en chaîne : déprise agricole, peu d’em- l’UE cherche à valoriser l’image de la filière agricole
plois, vieillissement de la population, désertification guadeloupéenne mais également d’autres régions
n humaine, fermeture des services publics voire, comme ultrapériphériques (RUP) par des campagnes de pro-
s en Eure-et-Loir, « déserts médicaux ». motion insistant sur le « développement durable » et la
« traçabilité » de ces produits.
À l’inverse, certains de ces espaces hyper-ruraux
peuvent mettre en avant d’indéniables atouts. C’est le 3. Le lancement de la banane équitable est mené par
cas tout d’abord avec la qualité de certains paysages un groupe d’acteurs locaux (« les producteurs de Gua-
s préservés qui possèdent un fort potentiel touristique deloupe et de Martinique ») qui ont créé une associa-
t (exemple de l’implantation d’un village vacances au tion dédiée : « l’Union des groupements de producteurs
cœur du Cantal). Ainsi, la ruralité de ces espaces peut de bananes ».
. se révéler très attractive pour des « néoruraux », c’est- 4. Le but poursuivi avec la création du label « Banane
à-dire des citadins désirant changer radicalement de française équitable » est de « garantir un revenu aux
t mode et de cadre de vie, ce qu’illustre la couverture du exploitants les plus modestes ». L’idée repose sur le
s magazine Village. fait que les consommateurs seront prêts à payer un
peu plus cher leurs produits (50 centimes au lieu
Synthèse de 45). Cette stratégie s’inscrit dans une politique de
- développement durable puisque les cultivateurs s’en-
) Les espaces hyper-ruraux désignent un important gagent à respecter des normes plus contraignantes.
e enjeu de développement en France car ils représentent Pendant très longtemps un pesticide cancérigène, le
plus de 40 % du territoire. Ils sont menacés de dépé- chlordécone, a été utilisé dans les bananeraies antil-
rissement. Leur développement peut s’envisager par laises, ce que n’évoque pas le dossier.
n la valorisation de leurs paysages naturels préservés
t (tourisme vert, accueil de néoruraux) mais cela sup-
Synthèse
pose qu’ils aient encore un minimum de population et
de services. Face à de nombreuses difficultés de nature géogra-
phique et économique, les agricultures des territoires
d’Outre-mer, et celle de la Guadeloupe en particulier,
peuvent s’appuyer sur des programmes spécifiques
9 © Magnard, 2019 87
Géographie 1re
d’aide de l’Union européenne (soutien financier, cam- tiatives d’acteurs locaux, comme celle de l’Union des
pagnes de promotion, développement des filières groupements de producteurs de bananes, qui visent à
équitables…). L’Union européenne relaie ainsi des ini- mettre en avant la spécificité de leurs produits.
S’ENTRAÎNER AU BAC 23
Réaliser un croquis p. 268-269
Rubrique 1
Campagnes dynamiques
..............................
Manche
Lille proches des grandes villes
..............................
Bassin Metz
Parisien
Strasbourg Rubrique 2
Rennes Région Campagnes résidentielles
..............................
Bretagne parisienne Nancy et touristiques
..............................
Nantes
Rubrique 3
Campagnes agricoles
..............................
Massif et industrielles
central ..............................
Océan
Bordeaux Région
Atlantique lyonnaise
Rubrique 4
Alpes Campagnes vieillies à
..............................
Toulouse faible densité
..............................
Aix/Marseille
Côte
d’Azur
Pyrénées
Mer
Méditerranée
0 100 km
88 © Magnard, 2019
Géographie 1re
s
S’ENTRAÎNER AU BAC 24 S’ENTRAÎNER AU BAC 25
Analyser deux cartes Rédiger une réponse à une question
topographiques p. 270-271 problématisée p. 272
Sujet : Des espaces ruraux multifonctionnels Sujet : La France, un espace rural ou des espaces
Les deux cartes topographiques représentent le même ruraux ?
lieu, le village de Cabestany situé dans la périphérie Les espaces ruraux français connaissent de profondes
sud-est de Perpignan (Pyrénées-Orientales), à deux transformations, souvent sous l’influence des villes
dates différentes : 1950 et 2018. Ces deux supports, proches. De nombreuses activités (tourisme, industrie)
quoique d’échelles différentes (1/50 000 en 1950, se sont ajoutées aux activités agricoles traditionnelles.
1/250 000 en 2018), permettent d’analyser les muta- Quelles sont les causes de ces transformations ? Quels
tions ayant profondément transformé cet espace rural sont les grands types d’espaces ruraux ? Peut-on
sur une période de presque 70 ans. encore parler d’un espace rural au singulier ?
La première carte montre un village dominé par ses Nous verrons dans un premier temps les facteurs de
fonctions agricoles : Cabestany en 1950 est un simple ces transformations à l’échelle nationale puis, dans un
bourg de 1 000 habitants au sud-est de Perpignan (à second temps, la diversité des espaces ruraux fran-
proximité du quartier Saint-Gaudérique), d’habitat çais.
groupé entouré de parcelles agricoles consacrées en
grande partie à la culture de la vigne. On peut ainsi Différents facteurs sont à l’origine de la transformation
repérer sur la carte le nom des plus importantes des espaces ruraux. Aujourd’hui, les campagnes sont
exploitations agricoles (qui prennent le nom de « mas » globalement attractives. Depuis 1975, elles gagnent de
dans le sud de la France) : Mas Bolouix, Mas Ferrer, la population avec des taux de croissance élevés (plus
Mas Moulinas… de 1 % par an depuis les années 2000). Cette crois-
sance est deux fois supérieure à celle des espaces
En 2018, la transformation de cet espace est spectacu-
densément urbanisés. Elle est principalement liée
laire : la surface urbanisée s’est très fortement éten-
à l’attractivité migratoire des communes situées à
due autour du bourg villageois, principalement à partir
de zones d’immeubles en barres et surtout d’habitats proximité des agglomérations, dans une logique de
pavillonnaires organisés en lotissements au détriment périurbanisation. De nombreux ménages recherchent
des parcelles agricoles, qui se sont quant à elles forte- dans ces espaces périurbains un cadre de vie jugé
ment rétractées. La population a été multipliée par plus agréable et des logements plus spacieux (pavillons)
de 8 (8 300 habitants). On peut noter la présence d’un du fait de prix immobiliers de plus en plus accessibles
important centre commercial à la lisière de Perpignan au fur et à mesure qu’on s’éloigne du foyer urbain. De
(le Mas Garido) et de services comme un centre médi- même, des campagnes plus éloignées peuvent attirer
cal par exemple. Cette forte transformation traduit un les populations urbaines en quête de « ruralité », en
processus de périurbanisation : de nombreuses per- particulier des retraités. Les résidences secondaires,
sonnes travaillant dans l’agglomération de Perpignan les activités de tourisme et de loisirs se développent
ont fait le choix de s’installer dans un village attractif dans des espaces ruraux bien reliés aux grands foyers
de la périphérie pour profiter d’un cadre de vie jugé urbains et bénéficiant d’aménités naturelles. On parle
agréable et de logements plus spacieux (pavillons) du dans ce cas de « renaissance rurale » pour désigner
fait de prix immobiliers accessibles. Cette « marée ces espaces ruraux redynamisés par l’arrivée de nou-
pavillonnaire » fait de Cabestany un espace hybride : velles populations et le développement de nouvelles
on y trouve une continuité et une densité de l’habitat, activités. L’espace rural peut également attirer des
la présence de services (centres commerciaux, centre catégories de population plus aisées à la recherche
médical, écoles…) – éléments caractéristiques d’une d’une meilleure qualité de vie pour leurs projets fami-
ville – mais cet ensemble reste dominé, d’un point de lial et professionnel. Ce sont des cadres supérieurs,
vue paysager, sur ses marges par des paysages agri- des chefs d’entreprise qui peuvent utiliser le télétra-
coles. vail ou qui sont très mobiles. Dans ce cas, on parle de
Du fait de la diversité des activités présentes, on peut « gentrification rurale ».
parler d’un espace rural « multifonctionnel ». La Si les espaces ruraux sont plus souvent multifonction-
périurbanisation est un facteur essentiel de la trans- nels, ils sont toujours agricoles. Les mutations des
formation des campagnes françaises, systèmes productifs agricoles ont également participé
à la transformation des espaces ruraux. Les espaces
agricoles français intégrés aux marchés internationaux
sont devenus de grands bassins de production spécia-
lisés avec des exploitations plus grandes ou hors-sol,
9 © Magnard, 2019 89
Géographie 1re
sous l’impulsion des firmes agroalimentaires et de la de citadins et de leurs dépenses. On trouve ce type
politique agricole commune (PAC), comme en Bre- d’espace rural dans les régions bénéficiant d’aménités
tagne pour l’élevage. La remise en cause du modèle naturelles et/ou d’une bonne connexion aux réseaux de
productiviste se traduit par des exploitations recher- transport (littoraux méditerranéen et atlantique, vallées
chant une proximité des consommateurs via la vente urbanisées du Rhône, de la Garonne…). Le maintien
directe, une différenciation par des labels de qualité d’une agriculture durable et de qualité y est décisif.
(AOC, IGP) ou une agroécologie plus respectueuse de Enfin, les espaces ruraux isolés (ou « hyper-ruraux »)
l’environnement (produits bio). Toutes ces mutations représentent 8 % de la population sur plus de 40 % du
contribuent à différencier les espaces ruraux. territoire français. Ils sont marqués par le vieillisse-
On peut distinguer différents types d’espaces ruraux ment de la population, l’isolement, la faiblesse des
en fonction de leur activité dominante. Tout d’abord, revenus (inférieure à la moyenne nationale). Ils consti-
les espaces ruraux périurbains ont connu une crois- tuent un dossier majeur pour l’aménagement du terri-
sance spectaculaire. On peut parler de « campagnes toire, et le désengagement des services publics (école,
des villes » tant les liens avec celles-ci sont forts : gare, poste) est une question extrêmement sensible.
les échanges sont nombreux entre les cœurs des Ainsi, des dispositifs comme les zones de revitalisation
agglomérations et les zones peu denses (mobilités rurale visent à enrayer le processus de désertification,
quotidiennes de travail, accès aux services, circuits mais les projets d’aménagement se heurtent parfois à
alimentaires de proximité, usages récréatifs et tou- des contestations.
ristiques, gestion des déchets et des ressources). Ces Sous l’influence de facteurs très variés (périurba-
espaces périurbains sont toutefois remis en cause du nisation, renaissance rurale, mutation des activi-
fait de leur coût environnemental élevé lié à l’étale- tés agricoles…), les espaces ruraux français se sont
ment urbain. Certaines campagnes sont multifonc- profondément transformés et connaissent des tra-
tionnelles, à la fois agricoles et industrielles ; elles jectoires et des dynamiques contrastées à tel point
occupent 20 % des emplois, en particulier dans le nord que l’on parle de « fragmentation rurale ». Dans ce
et le nord-est du pays. L’activité industrielle est le fait contexte l’aménagement durable de ces territoires
des industries agroalimentaires (IAA) et de petites et apparaît indispensable mais les visions agricoles et
moyennes entreprises (PME). néorurales de ces espaces divergent, générant des
Ensuite, les espaces ruraux touristiques, de résidences conflits d’usages et des contestations. Même dans les
secondaires ou de retraites, tirent parti de la présence esprits, il n’y a plus un espace rural !
90 © Magnard, 2019
Géographie 1re
e
s
Thème conclusif L
a Chine : des recompositions spatiales
multiples
s
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Géographie 1re
92 © Magnard, 2019
Géographie 1re
94 © Magnard, 2019
Géographie 1re
gies fossiles pour les deux tiers. La Chine n’en aurait Synthèse
donc pas terminé avec les énergies fossiles.
La Chine a pris officiellement la tête de la lutte mon-
4. Le document 2 montre la difficulté pour la Chine de
diale contre la pollution et le changement climatique
se passer du charbon et, surtout, l’application très iné-
avec des manifestations spectaculaires de dévelop-
gale des nouvelles consignes lorsque dans certaines
pement des énergies renouvelables. L’évolution de
régions la pression sociale est faible face aux intérêts
la consommation de charbon semble s’être inversée
charbonniers.
mais non celle des hydrocarbures. De plus, des freins
au changement persistent de la part des lobbys char-
bonniers. Dans ces conditions la transition énergé-
tique risque de traîner en longueur.
S’ENTRAÎNER AU BAC 26
Réaliser un croquis p. 294-295
Xinjiang
e
▲
Océan l
ASIE CENTRALE ang He
Lanzhou
Xi’an Hu t
▲
ET MÉRIDIONALE Shanghai
t
▲▲▲▲
Pacifique
Wuhan Hangzhou
zi
Chengdu Yang
Tibet Chongqing
ESPACE MONDIAL
Guangzhou
Xijian g Shenzhen
▲▲
Hong Kong
▲
▲
▲
Mer de Chine
0 500 km méridionale
96 © Magnard, 2019
Géographie 1re
9 © Magnard, 2019 97