Skounti

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 15

Hespéris-Tamuda LII (3) (2017): 19-33

Une architecture mobile: La tente nomade

Ahmed Skounti
Institut National des Sciences de l'Archélogie et du Patrimoine, Rabat

““L’’éphémère est sans doute la vérité de l’’habitat futur. Les


structures mobiles, variables, rétractables, etc., s’’inscrivent dans
l’’exigence formelle des architectes et dans l’’exigence sociale et
économique de la modernité.””1
Jean Baudrillard, Utopie 1 (1967).

La tente est le produit d’’une ““architecture mobile”” propre aux populations


en perpétuel déplacement avec troupeaux de caprins, d’’ovins, de camélidés et
d’’asinés. Elle n’’en répond pas moins à la célèbre trinité de Vitruve: rmitas
(solidité), utilitas (utilité), venustas (beauté).2 Elle est conforme aux exigences
de la mobilité caractéristique de la vie nomade. Faite de poils de camélidés
et de caprins, elle est démontée, pliée, arrimée sur la bosse du dromadaire
qui la transporte jusqu’’au lieu du prochain campement. Elle s’’inscrit dans
le paysage et laisse peu de traces, à peine quelques pierres consolidant les
pieux qui servent à la dresser. Elle n’’est pas propre aux seules populations du
Sahara. Présente chez les nomades, semi-nomades et transhumants du Haut
et du Moyen-Atlas, elle se retrouvait encore au milieu du XXème siècle sur les
plaines atlantiques du Maroc. Dans les pages qui suivent, il sera question de la
tente nomade dans le Sud du Maroc puis d’’une tente en particulier encore en
usage chez les derniers nomades des Ayt Merghad du Haut-Atlas oriental, les
Ayt Aïssa Izem. Il est intéressant de relever qu’’elle devient un objet touristique
exhibé, parfois maladroitement, par les promoteurs du tourisme saharien. Le
savoir-faire de sa fabrication se perd irrémédiablement tout comme nombre
d’’autres objets de la vie nomade. Mais celle-ci inspire, par son originalité,
les architectes d’’aujourd’’hui. Elle inspire aux concepteurs de demain des
solutions d’’habitat dans un monde en plein mutation.
I. La tente nomade
En 1931, trois années avant la réduction française et espagnole des
derniers îlots de résistance au Maroc, on a recensé 210 mille tentes, soit un peu
moins du tiers des habitations des zones rurales (maisons, mechtas, noualas).
Le chiffre est plus qu’’éloquent. Il mesure l’’ampleur de la mouvance en même

1. Jean Baudrillard, ““L’’éphémère,”” Utopie 1, mai (1967) (cité dans Jean Baudrillard, Le ludique et le
policier (Paris: Sens et Tonka, 1997), 11.
2. Vitruve, De Architectura, livre IX. Texte établi, traduit et commenté par J. Soubiran (Paris: Les
Belles Lettres, 1969).

Journal Indexed in Emerging Sources Citation Index (Web of Science)


Covered in Clarivate Analytics products and services, ISSN: 0018-1005
20 Ahmed Skounti

temps qu’’il en traduit la signication.3 Les zones de prédilection de la tente


recouvrent assez exactement les domaines de transhumance et de nomadisme.
On la retrouvait aussi bien dans les plaines atlantiques qu’’au Moyen-Atlas, et
surtout dans l’’Oriental, le Haut-Atlas, le Bani et le grand Sud. Ces dernières
régions retiendront notre attention ici.
La tente était partout fabriquée avec des ls de laine de dromadaire
mélangés aux poils de chèvre. L’’analyse linguistique de la terminologie
relative à la tente et à ses composantes amène nombre de chercheurs à conclure
à son origine arabe, à commencer par son nom, takhamt qui semble dériver de
l’’arabe khaïma ou, plus probablement, d’’une racine afro-asiatique commune
(on y reviendra plus loin). Parlant de linguistique, il est tout à fait instructif
de relever une symétrie intéressante entre le Nord et le Sud de la région qui
nous intéresse: d’’un côté, des nomades majoritairement amazighophones
(versant méridional du Haut et de l’’Anti-Atlas) et de l’’autre des nomades
arabophones (au Sahara). D’’un côté, une terminologie des composantes de
la tente largement empruntée à l’’arabe chez les amzighophones Aït Yafelman
et Aït Atta, par exemple, de l’’autre un lexique des ustensiles et des objets
de la vie quotidienne dérivé de l’’amazighe chez les nomades du Sahara qui
parlent le ‫ۊ‬assania. Il s’’agit là, du reste, d’’un exemple tout à fait intéressant
de l’’interpénétration d’’éléments culturels autochtones et allochtones.
En parcourant les chemins au Sud de l’’Atlas, le voyageur ne manquera
pas d’’apercevoir au loin des points noirs adossés à une colline ou sur le bord
d’’un ravin. Ce sont les tentes des nomades . Le velum de la tente est constitué
de ijs ou longues bandes dont le nombre dépend de la fortune du nomade; il
est supporté par deux poutres en bois, positionnées verticalement en région
présaharienne ou obliquement en région saharienne de manière à soutenir
une poutre faîtière également en bois. Elle est munie de deux cavités dans
lesquelles les deux montants verticaux ou obliques viennent s’’encastrer.
Ainsi dressée, la tente offre une forme de toit en double pente en région
présaharienne, plus conique en région saharienne en raison de la longueur de
la poutre faîtière. Dans les deux cas, elle recouvre un espace rectangulaire.
Sous les quatre bords du velum se trouvent quatre pans pendants attachés à
ces derniers au moyen d’’aiguillons en fer. Ces pans sont de deux sortes: ceux
des deux grands côtés du velum et ceux des deux petits côtés.
La lente régression du nomadisme pastoral partout au Maroc et
notamment au cours du XXème siècle avec son corollaire la sédentarisation
a eu raison d’’un mode de vie millénaire. Il est fort juste aujourd’’hui d’’en

3. Sigrid Baumbauer et Skounti Ahmed, Secrets du Sud marocain. Southern Moroccan Secrets
(Rabat: Éditions Marsam, 2006).
Une architecture mobile: La tente nomade 21

souligner aujourd’’hui le caractère résiduel. La xation n’’a épargné que


quelques dizaines de groupes qui nomadisent en nombre réduit de familles
dans les zones présahariennes. Au Sahara, là où le nomadisme pastoral
à grand rayon d’’action était le mode principal d’’exploitation du milieu
jusqu’’aux années 1970-80, il est devenu statistiquement insigniant tant la
sédentarisation, mieux l’’urbanisation, a connu en quatre ou cinq décennies ce
qu’’elle n’’a pas connu en dix siècles. Ceux qui s’’acharnent à vouloir entretenir
la mobilité (bien plus que la nomadité) le font aux dépens des avantages offerts
par la sédentarisation: scolarisation des enfants, accès aux services socio-
économiques de base, intégration à la vie sédentaire devenue le seul mode
de vie offert par la modernité (hormis d’’autres formes de mobilité comme le
travail saisonnier, l’’émigration temporaire ou dénitive avec un retour annuel
au pays). Quelques grands propriétaires de troupeaux camelins allient les
avantages de la xité au maintien d’’une ressource désormais conée à des
bergers rétribués et qu’’ils inspectent de temps à autre à bord de véhicules
tout terrain. Les habitudes alimentaires en dépendent puisque la viande de
dromadaire est appréciée partout au Sahara.
Quant à la tente, elle est devenue un résidu de la vie nomade. Longtemps
abandonnée, offerte, vendue à l’’occasion, délaissée dans un coin de la maison
du sédentarisé, elle a été récupérée par l’’industrie touristique qui lui a assigné
de nouvelles fonctions. D’’un bout à l’’autre du sud marocain, la tente est
désormais un attribut des infrastructures touristiques: à Merzouga, aux gorges
du Todgha, à Nkob et Tazzarine, à Mhamid, à Asrir, à Tighmert, à Ouarzazate,
à Tan-Tan, etc. Elle est dressée à proximité des auberges, sur les terrasses des
gîtes, mais surtout utilisée dans des campements où de prétendus ““hommes
bleus,”” ces néo-nomades, accueillent des touristes en mal d’’exotisme.
La tente a enn trouvé dans le Moussem de Tan-Tan, ressuscité depuis
septembre 2004 et proclamé en 2005 Chef-d’’œœuvre du patrimoine oral et
immatériel de l’’humanité par l’’UNESCO, un lieu d’’exposition où elle occupe,
une fois l’’an, une place centrale. Dressées par centaines pendant quelques
jours, les tentes attirent une foule curieuse composée autant de touristes que
de sédentarisés nostalgiques. Elle constitue aujourd’’hui le symbole de la
préservation du patrimoine culturel du Sahara. Paradoxalement, cette même
tente noire qui a pratiquement disparu de la vie des grands nomades du
Sahara pour diverses raisons qu’’il serait long de développer ici subsiste sous
sa forme atlasique chez un certain nombre de nomades ou semi-nomades
des régions présahariennes. Un exemple nous en est donné par les derniers
nomades des Ayt Merghad.
22 Ahmed Skounti

II. La tente chez les Ayt Aïssa Izem du Haut-Atlas oriental


Les Ayt Aïssa Izem formaient une des fractions de la tribu des Ayt
Merghad, elle-même membre de la confédération des Ayt Yafelman qui
occupe une bonne partie du Haut-Atlas oriental, de la Haute Moulouya et du
Talalet.4 J’’ai consacré une thèse récemment publiée5 à la sédentarisation de
ces nomades. Les données ci-après sont largement empruntées à ce travail.
1. Bref historique
La présence de la tente noire dans ces régions est encore une énigme de
l’’histoire. Si ce type d’’habitation mobile convient parfaitement à un climat
à dominante aride et saharienne (cas des versants sud du Haut-Atlas, de
l’’Oriental et du Sahara), sa présence au Moyen-Atlas et au Maroc atlantique
est pour le moins problématique. N’’est-elle pas en somme tributaire plus de
l’’historique que du géographique? La question est déjà ancienne et induit
la non moins classique thèse des ““bédouinisations médiévales”” dénies par
Xavier de Planhol.6
D’’après E. Laoust,7 les Arabes Maâqil, arrivés au Maroc depuis l’’Est,
en s’’inltrant par les Hauts-Plateaux de l’’Oriental, se scindèrent en deux
groupes, l’’un pénétrant vers le Nord, l’’autre vers l’’Ouest. Ce dernier coupa
les Amazighes Sanhaja du Sud de ceux du Moyen-Atlas. En cours de route,
les Maâqil se mélangèrent aux Amazighes Zénètes pasteurs, mêlant par là
même leurs parlers à ceux de ces derniers.8 Les parlers zénètes, inuençant à
leur tour ceux des Sanhaja, y introduisirent ““une foule de mots arabes.””9
La tente nomade dite ““berbère”” comporte, en effet, un certain nombre
de ces termes.10 L’’analyse linguistique de la terminologie relative à la tente
et à ses composantes amène E. Laoust11 à conclure à l’’ ““origine arabe de la

4. Une étude de l’’habitat rural de la Haute Moulouya, y compris les nomades Ayt Merghad de cette
région, a été réalisée par Michael Peyron, ““Habitat rural et vie montagnarde dans le Haut-Atlas de
Midelt (Maroc),”” Revue de Géographie Alpine 2 (1976): 327-63.
5. Ahmed Skounti, Le Sang et le sol. Nomadisme et sédentarisation au Maroc (Rabat: Institut Royal
de la Culture Amazighe, 2012).
6. Xavier de Planhol, Les fondements géographiques de l’’Histoire de l’’Islam (Paris: Flammarion,
1968).
7. Émile Laoust, ““L'habitation chez les Transhumants du Maroc central,”” Hespéris XVIII (1934):
149.
8. Robert Montagne, La Civilisation du désert. Nomades d’’Orient et d’’Afrique (Paris: Hachette,
1947), 237.
9. Laoust, ““L'habitation,”” 152.
10. Laoust, ““L’’habitation,”” 168-9, en donne une liste exhaustive. Inversement, une partie de la
terminologie de la maison chez les Rehamna (tribu arabophone d’’origine maâqilienne) du Haouz de
Marrakech est d’’origine amazighe du fait, entre autres, de leur origine nomade et qu’’ils faisaient appel
aux maçons amazighophones du Haut-Atlas.
11. Laoust, ““L’’habitation,”” 226.
Une architecture mobile: La tente nomade 23

tente du transhumant du Maroc central.”” Sa conclusion peut être étendue au


Haut-Atlas oriental, domaine des Ayt Yafelman et au Saghro des Ayt Âtta,
non encore occupés quand il menait son enquête. Il n’’est jusqu’’au nom même
de la tente ––akham au Moyen-Atlas, takhamt chez les Ayt Yafelman–– qui ne
soit probablement d’’origine arabe. Pourtant, il est permis d’’en douter car,
comme nombre de racines afro-asiatiques, ce mot est vraisemblablement
issu d’’une racine commune aux deux langues.12 Il est possible, en effet, qu’’il
puisse dériver de la racine berbère ¥GhM, d’’où le verbe qqim (le gh devenant
q par gémination), le mot ighimi traduisant l’’idée de rester, de demeurer,
de s’’asseoir, que l’’on retrouve dans le mot akham connu dans des régions
de sédentarité fort ancienne (Rif, Kabylie, Mzab...). Quant au passage de
la vélaire sourde kh à la vélaire sonore gh, et inversement, il est fréquent.
Ce n’’est là évidemment qu’’une hypothèse qui demande à être conrmée ou
inrmée par des linguistes philologues.
2. Description
Chez les Ayt Aïssa Izem, la tente porte le nom de takhamt.13 Elle est
l’’œœuvre des femmes qui la fabriquent et l’’entretiennent à l’’exception de la
couture des bandes, tâche réservée aux hommes. Ils cousent les bandes (aidj,
pl. iidjen) une contre une dans le sens de la longueur à l’’aide d’’un aiguillon,
issgni, et d’’un l blanc en laine, ilu, également préparé par les femmes.
La première pièce d’’une tente et la plus importante est le velum ou
morceau d’’étoffe. De forme rectangulaire, il est obtenu par l’’assemblage,
dans le sens de la longueur, de plusieurs bandes. La bande est faite de ls
de laine mélangés aux poils de chèvre et tissée sur un métier horizontal. Une
fois la quantité de ls nécessaire préparée, les écheveaux sont teints en noir
dans un bain obtenu par un mélange d’’écorce tannante tarubia et d’’écorce
de grenade tiqchurin. La femme nomade demandera l’’aide de deux ou trois
femmes voisines pour dresser le métier à tisser. Des ls de chaîne sont tendus
entre deux paires de piquets espacées d’’une dizaine de mètres et séparés du
sol de 50 cm environ avec une largeur d’’à peu près 75 cm. La femme se met
alors à tasser les ls de la trame avec un battant en bois appelé tafrut. Ce
battant est une pièce de bois lisse d’’environ 90 cm de longueur sur 10 cm de
largeur, sauf les extrémités qui tiennent lieu de manches et qui sont moins
12. La famille linguistique afro-asiatique (appelée aussi chamito-sémitique) comprend plusieurs
langues de l’’Asie occidentale et de l’’Afrique du Nord et de l’’Est. L’’arabe appartient à la branche
asiatique tandis que l’’amazighe fait partie de la branche africaine.
13. On se reportera pour une description des principaux types de tentes noires à C.G. Feilberg (La
Tente Noire. Contribution ethnographique à l’’histoire culturelle des Nomades (Copenhague: Nordisk
Forlag, 1944), qui lui consacre son chapitre IV. Voir également la note de Peter A. Andrews (1982) sur
les tentes nomades et urbaines du Maroc. Ce dernier a travaillé sur un échantillon assez représentatif
qui comporte deux tentes Ayt Merghad.
24 Ahmed Skounti

larges. Se tenant debout et enjambant le métier horizontal, elle use de la force


de ses bras en tenant le battant par ces extrémités et en frappant les ls de la
chaîne disposés en largeur entre les deux rangés des ls de la trame.
En même temps qu’’elle obtient une bande bien tissée, la présence des
poils de chèvre permettent d’’en assurer une imperméabilité relative à l’’eau de
pluie. Elle laisse tout de même, à proximité des extrémités d’’au moins deux
ijs, de par et d’’autre des deux pentes, une petite ouverture de la longueur d’’un
double décimètre, sous forme de deux rangées de petits trous, appelée tisksit
(littéralement, peigne). Cette ouverture laisse s’’inltrer l’’eau de pluie en cas
d’’averse qui risquerait de peser sur un velum trop gorgé d’’eau. L’’eau qui
s’’écoule à travers cette ouverture est recueillie dans un ou plusieurs ustensiles
et utilisée pour la vaisselle.
Le nombre de ces bandes ou ijs varie selon la fortune du nomade. Un
pauvre ou un jeune ménage ne dispose que d’’une tente à trois bandes. Une
tente peut en avoir cinq ––ce qui est une moyenne en Ayt Aïssa Izem–– et une
famille aisée ou nombreuse en compte sept bandes. Contrairement à certaines
tentes du Moyen-Atlas, surtout les tentes seigneuriales, on ne trouve guère
chez les Ayt Aïssa Izem de tente de huit bandes ou plus. Une bande ne dure
pas plus de cinq ans; elle devient usée et perméable. Quand la famille ne peut
immédiatement la remplacer par manque de matériaux ou de temps de travail,
elle est rapiécée. Mais dès que possible, la femme nomade se met à dresser le
métier horizontal pour préparer une nouvelle bande qui vient remplacer celle
qui est devenue usée et rapiécée.
Les autres parties de la tente comprennent d’’abord les bandelettes de
renfort cousues sur les quatre bords du velum: taghziwin (sing. taghzi) pour
le côté de la longueur, tarwiwin (sing. tirut) pour celui de la largeur. Une
bandelette plus large est cousue perpendiculairement au centre du velum de
l’’intérieur et le dépasse des deux côtés. Elle est appelée triga et considérée
comme la colonne vertébrale de la tente, selon l’’expression d’’un nomade. Ses
extrémités de part et d’’autre, appelées iwqqafn (sg. awqqaf), sont prolongées
chacune par une corde. La toile est tendue au moyen de crochets de bois
ishmumma (sg. ashmammu) attachés aux bandelettes du bord du velum. Des
cordes tiguta (sg. tagatut), tressées en ls de laine et de poil, sont xées aux
crochets. Elles entourent la toile de tous les côtés et leurs extrémités sont
attachées au moyen de piquets tigusin (sg. tagust) en bois ou en fer enfoncés
dans la terre. Elles peuvent être aussi attachées à un morceau de bois que
xent des blocs de pierre.
Le velum est supporté par deux poutres en bois tirsal (sg. tarselt)
positionnées verticalement de manière à soutenir une poutre-faîtière également
Une architecture mobile: La tente nomade 25

en bois, a‫ۊ‬emmar, de 1m50 de long légèrement incurvé aux extrémités,


comprenant sur le côté intérieur des dessins géométriques qui sont autant
décoratifs que prophylactiques.14 À chaque lien correspond un bâton ameҵrad
(pl. imeҵradn) plus court et incliné vers l’’extérieur servant à soutenir le velum.
Ainsi dressée, la tente offre une forme de toit d’’où partent, à partir du
faîte, deux versants en forme de pente. Elle recouvre un espace rectangulaire
d’’une supercie d’’environ 30 à 45 m2. Sous les quatre bords du velum se
trouvent deux pans pendants attachés à ces derniers au moyen d’’aiguillons
en fer (semblables aux bules de par leur fonction d’’où le nom tisghwnas
(sg. tasghwnst)). Ces pans sont de deux sortes: ceux des deux côtés longs du
velum, i‫ۊ‬lassen (sg. a‫ۊ‬lass), et ceux des deux côtés courts, tilfan (sg. talfaft).
En temps clément, on soulève l’’un ou les deux grands pans, rarement les
petits, sauf en période de grandes chaleurs. Contrairement aux bandes, ces
sortes de parois sont tissées sur un métier à haute lice, comprennent des poils
de chameau et offrent des rubans intercalés noirs et marrons d’’une largeur de
dix ou quinze centimètres.
3. Emplacement, mobilier et dépendances
Chez les nomades Ayt Aïssa Izem, la tente est, d’’une manière générale,
adossée à une colline en pente douce. Ce type d’’emplacement est recherché
aux abords des ravins ou des dépressions pour des raisons climatiques.
Cependant une tente trop rapprochée d’’un ravin ou d’’un oued risque d’’être
emportée par une forte crue à l’’occasion d’’un orage imprévu.15 En cas de forte
précipitation, une rigole en forme de demi-cercle est creusée autour de la tente
an de dévier l’’eau de pluie qui risque d’’envahir l’’intérieur de la tente. D’’un
autre côté, sur un terrain plat, elle risque d’’être violemment secouée et de
chuter en cas de vent particulièrement violent. Ces incidents malencontreux
se produisent parfois, même dans des endroits ne présentant a priori aucun
danger. On renforce parfois la tente à l’’aide d’’une corde dressée de par et
d’’autre de la largeur et xée à des piquets.
Des raisons sociales ne sont pas à exclure dans la recherche de ces
endroits légèrement inclinés. Elles tiennent principalement à la division de
l’’espace intérieur de la tente. En effet celui-ci est subdivisé en deux parties
dont la ligne de partage est matérialisée par les poutres supportant le velum:

14. Une devinette connue des nomades se rapporte à ces trois éléments: ““snat tҵerrimin yutgen
amghar””-““Deux jeunes lles soutenant un vieillard.”” Ahmed Skounti, ““Tinezzra. Devinettes des Ayt
Merghad (Tamazight, Sud-Est marocain),”” Études et Documents Berbères 10 (1993): 129-34.
15. En cas de pluie et de ruissellement, on creuse une rigole en forme de demi-cercle autour de la
tente pour évacuer l'eau.
26 Ahmed Skounti

le haut, ijjyal et le bas, izdar.16 Le haut est l’’espace des hommes, invités en
particulier, étrangers en général. C’’est là qu’’ils sont reçus sur des nattes et
––si l’’hôte est aisé ou les visiteurs des notables–– sur des tapis. En pareil cas,
un tissu est accroché aux deux poutres pour bien marquer la séparation avec
l’’espace des femmes et assurer une relative invisibilité entre les deux espaces.
La séparation n’’empêche pas les uns et les autres d’’échanger les mots de
bienvenue ou d’’obtenir des nouvelles de parents. Le bas est à la fois l’’espace
des femmes et l’’espace familial.

Fig. 1: Une tente sur le djebel


Baddou, 2700 m d’’altitude,
Haut-Atlas oriental, été 2015
(Cliché de l'auteur).

Entre les deux poutres, on range différents objets, iqchuchen, tels


que couvertures, sacs de provisions, de vêtements, etc., et à des crochets,
achmammu, attachés aux montants, on suspend certains objets tels que tamis,
lampe à gaz liquide, tambour, sacs divers. À côté de l’’une des poutres, se
trouve le coffre en bois renfermant les ustensiles à thé, le plateau et le brasero.
Toute la partie supérieure du bas est occupée par la couche, tissi. C’’est là
que dorment les membres de la famille tant que les enfants sont petits. Les
garçons, une fois adolescents, passent dans la partie haute ou même à la belle
étoile, surtout si le temps est clément.
C’’est à l’’endroit de la couche que l’’on prend aussi son bain. Les nomades
prennent rarement un bain complet en raison du manque d’’eau. Une bassine
d’’eau tiède suft à laver un individu, surtout à la veille des grandes occasions
comme les fêtes ou autres célébrations. Les hommes prenaient parfois leur
bain dans un cours d’’eau ou au près d’’un puits. Ils en protaient pour laver

16. Sur le lexique berbère de l'opposition haut/bas, cf. E. Laoust, Mots et Choses Berbères (Rabat:
Société Marocaine d’’Édition, 1983), 22-23, et Laoust, ““L’’habitation,”” 169 sq. L’’opposition intérieur/
extérieur renvoyant, dans une tente, à l’’opposition féminin/masculin a été relevée, chez les nomades
Rgaybat, par S. Caratini, Les Rgaybat (1610-1934) (Paris: l’’Harmattan, 1989), 106 sq.
Une architecture mobile: La tente nomade 27

leur linge et attendaient qu’’il sèche pour le remettre. Quant aux toilettes, les
nomades ont l’’habitude prendre leur aise loin de la tente, en un lieu abrité des
regards, derrière un grand rocher, un arbre ou une colline, au bord d’’un ravin.
En contrebas de la couche, se trouve le foyer almessi, simple trou
d’’où l’’on évacue régulièrement les cendres accumulées. Le foyer avait,
pendant longtemps, trois pierres, inyan, formant les extrémités d’’un triangle,
remplacées, par la suite, par un trépied en fer, inyan n wuzzal. Dans les années
1950-60, avant la généralisation des allumettes, les cendres servaient à
conserver des braises utilisées à tout moment pour allumer le feu. Les femmes
assurent qu’’à cette époque, les braises circulaient entre les tentes d’’un même
campement ou parfois de plusieurs. La pratique a subsisté en cas de manque
d’’allumettes lorsque celles-ci sont entrées dans l’’usage.
À côté du foyer, dans le coin gauche, sur une structure de pierre, on
dépose les outres à eau, iyddidn (sg. ayddid) et en période de traite, la baratte
tagnart; à droite les ustensiles de cuisine ifechkan (sg. afechku). Non loin de
là, la meule manuelle, azerg, gît dans son coin, sorte de petite cavité creusée
en terre appelée alemghuz. On y dépose la meule sur la partie intérieure d’’une
peau de mouton lorsque la femme y moud le blé ou l’’orge. Dans l’’autre angle
du bas de la tente, se trouve le bois de combustion utilisé pour cuire les repas
et obtenir les braises pour la préparation du thé. Le bois est recherche trois à
quatre fois par semaine par les femmes dans les environs de la tente. Il s’’agit
de bois mort arraché aux arbustes ou ramassé à même le sol. Les crues des
oueds déposent parfois d’’importantes quantités arrachés en haute montagne
et qu’’il suft de prendre. Une fois son fagot formé, la femme le dispose sur
une corde qu’’elle attache autour du bois et qu’’elle enroule ensuite dans le
sens de la longueur du bois pour arrimer l’’ensemble sur son dos avant de se
redresser pour marcher courbée jusqu’’à la tente. Au-dessus de l’’endroit où
elle dépose le bois mort à l’’intérieur de la tente, une perche suspendue aux
extrémités à deux ls sert de perchoir aux poules.
Quand le vent ne soufe pas, on soulève le pan du côté droit de la tente.
Ce côté est la véritable ““entrée”” par laquelle on y accède. Le visiteur éventuel
est particulièrement tenu de respecter cette règle. Il est déconseillé d’’accéder
à une tente par l’’un des angles, surtout ceux du bas taggurt (pl. tiwura): ils
sont fréquentés par les poules et dans l’’un d’’eux le chien mange et passe la
nuit quand il ne fait pas le tour du troupeau. Dans la partie inférieure de ce
côté droit, un petit enclos en demi-cercle en pierre sèche est généralement
construit pour abriter un foyer secondaire qui sert en période de beau temps
pour préparer les repas. Il permet, en outre, de se débarrasser de la fumée qui
envahit la tente lorsque le foyer intérieur est utilisé.
28 Ahmed Skounti

Fig. 2: Plan intérieur de la tente (Schéma établi par l'auteur).

I. Ijjyal, haut, réservé aux hommes invités.


II. Izdar, bas, espace domestique.
1. Iqchuchen, affaires diverses (couvertures, réserves...).
2. Tirsal, montants verticaux soutenant la poutre faîtière.
3. Tissi, lit.
4. Almessi, foyer.
5. Alemghuz, place de la meule manuelle.
6. Adghar n iyddidn, place des outres à eau.
7. Ifechkan, ustensiles de cuisine.
8. Adghar n ikchchiden, réduit du bois.
9. Almessi n berra, foyer du dehors (ou foyer secondaire).
La tente possède des dépendances qui forment avec l’’emplacement de
celle-ci l’’amazir, déni par Émile Laoust17 comme ““la terre, le champ où campe
ou a campé une tente.”” Le pluriel imizar désigne l’’emplacement, occupé ou
non, de plusieurs tentes et par extension le campement. Il est intéressant de

17. Laoust, ““L’’habitation,”” 159.


Une architecture mobile: La tente nomade 29

relever que ce même mot, amazir, désigne, chez les arabophones des plaines
atlantiques et dans le Souss, le fumier. Cela s’’explique par l’’accumulation
des déjections des troupeaux en ces endroits habités temporairement par les
nomades.

Fig. 3: Amazir: emplacement


d’’une tente et de ses enclos
(Cliché de l'auteur).

La principale d’’entre ces dépendances est l’’enclos du troupeau ovin,


taferrgant. Quand le redoutable chacal, uchchen, n’’est pas signalé dans
les environs, on ne construit guère qu’’un petit enclos destiné à la traite des
chèvres. Les petits ruminants passent la nuit à proximité de la tente dans
un espace appelé asemganu, sans autre gardien que le chien et l’’éveil du
propriétaire ou de son berger quand il a les moyens d’’en avoir un. L’’enclos,
taferrgant, est sous forme circulaire haut de 90 cm environ et d’’un diamètre
moyen d’’environ dix à quinze mètres. Il est construit en pierre sèche dès la
première installation, sauf s’’il en existe déjà un et dans ce cas on en restaure
les parties effondrées. Il se situe d’’ordinaire au-dessus de la tente et possède
une ouverture fermée la nuit à l’’aide de moellons.
Un autre enclos, de petites dimensions celui-là, asettur, abrite agneaux
et chevreaux de lait qui ne peuvent pas encore accompagner le troupeau.
Il est élevé à proximité de la tente de manière à être visible à tout moment
de la journée. Il peut être sans ouverture an d’’empêcher les agneaux et
chevreaux de le quitter ainsi que toute intrusion d’’un animal tel que le chien
ou le chacal. Il suft de se pencher par-dessus la clôture pour les prendre ou
les déposer à l’’intérieur. Au-dessus de la taferrgant, sur un point de terrain
élevé, on dresse un amnir, sorte d’’épouvantail, formé de cinq à six pierres
superposées ayant la taille d’’un être humain et servant autant à rassurer le
troupeau qu’’à effrayer le chacal.
30 Ahmed Skounti

Fig. 4: Plan d’’une tente et de ses dépendances (Établi par l'auteur).

Enn, il n’’est jusqu’’au sol sur lequel les tentes sont dressées qui
n’’intéresse le nomade Ayt Aïssa Izem. Il est, selon les nomades , de deux
sortes: achal iddern, sol vivant et achal immurtsen, sol mort. Ce qui les
révèle à l’’entendement du nomade, ce sont les animaux. Dans le premier,
ils paraissent heureux, sautillent de joie, jouent entre eux, surtout les plus
jeunes. Ils sont gras, agiles; les femelles mettent souvent bas des jumeaux;
les agneaux et les chevreaux ne meurent pas en bas âge. Au contraire, dans
le second, ils ont l’’air fatigués, ne manifestent aucune joie quand bien même
ils sont gras. Ils semblent comme éreintés. C’’est pourquoi, les nomades ne
tardent pas à quitter ces lieux néfastes.
En dénitive, la tente nomade ne déroge pas aux règles principales de
l’’architecture. Sa particularité est d’’être mobile: elle peut être démontée,
transportée pour être remontée en un autre lieu. Une fois dressée, elle
acquiert toutes les caractéristiques d’’une habitation humaine minimaliste.
Elle manque, en effet, de certains conforts comme les toilettes et une salle de
bain. Mais l’’intérieur de la tente est, comme nous l’’avons vu, divisé en deux
espaces principaux: le bas (izdar) et le haut (ijjyal). Séparés par les effets
divers entassés entre les deux montants sous la poutre faîtière, ils forment
Une architecture mobile: La tente nomade 31

deux pièces séparés, l’’une réservée aux membres de la famille et à toute


personne familière, l’’autre réservée aux invités.

Fig. 5: Tente nomade pliée


gisant près d’’une maison, à
l’’ouest d’’Assoul, Haut-Atlas
oriental, été 2015 (Cliché de
l'auteur).

La trinité de Vitruve qui ouvrait cet article (solidité, utilité, beauté)


s’’applique fort bien à la tente nomade. C’’est ce qui a séduit nombre d’’architectes
qui non seulement ont tenté d’’en comprendre les propriétés mais ont entrepris
de s’’en inspirer pour concevoir et mettre en œœuvre des maisons mobiles.18 Ce
mouvement commence dans les années 1950 et 1960 en s’’intéressant à certains
domaines. Le Congrès International d’’Architecture Moderne (CIAM) fait de
la mobilité le thème de son congrès de 1956. Aujourd’’hui, on ne compte plus
les ouvrages, les articles, les projets consacrés à l’’architecture mobile. Les
questions d’’autonomie et d’’économie d’’énergie, de réduction de l’’empreinte
de l’’Homme sur la nature, de l’’adaptation à la mobilité qui caractérise une
partie de plus en plus importante de la vie moderne, ne feront qu’’augmenter
l’’intérêt porté à cette architecture. Plus loin encore, la question de l’’avenir de
l’’espèce humaine se pose avec acuité dans le domaine de l’’habitat, entrainant
une réexion sur l’’architecture de survie.19 La leçon des nomades n’’aura pas
entièrement été oubliée.

18. Eve Roy, ““La question de la mobilité dans les représentations et expérimentations architecturales
en Europe de 1960 à 1975,”” Rives méditerranéennes (2008) [Online], Jeunes chercheurs, mis en ligne
le 21 juin 2009, visité le 19 Avril 2016. URL: http://rives.revues.org/2693.
19. Yona Friedman, L’’architecture de survie. Une philosophie de la pauvreté (Paris: Éditions de
l’’Éclat, 2016).
32 Ahmed Skounti

Bibliographie
Baudrillard, Jean. ““L’’éphémère.”” Utopie 1 (1967), cité dans Baudrillard, Jean. Le ludique et
le policier. Paris: Sens et Tonka, 1997.
Baumbauer, Sigrid, et Ahmed Skounti. Secrets du Sud marocain. Southern Moroccan Secrets.
Rabat: Éditions Marsam, 2006.
Caratini, S. Les Rgaybat (1610-1934). Paris: l’’Harmattan, 1989.
Feilberg, C. G. La Tente Noire. Contribution ethnographique à l‘‘histoire culturelle des
Nomades. Copenhague: Nordisk Forlag, 1944.
Friedman, Yona. L’’architecture de survie. Une philosophie de la pauvreté. Paris: Éditions de
l’’Éclat, 2016.
Hoffherr, R., et Moris, R. Revenus et Niveaux de Vie Indigènes au Maroc. Paris: Librairie du
Recueil Sirey, 1934.
Laoust, Émile. ““L’’habitation chez les Transhumants du Maroc central.”” Hespéris X (1930):
151-253.
______. ““L‘‘habitation chez les Transhumants du Maroc central.”” Hespéris XVIII (1934):
109-196.
______. Mots et Choses Berbères. Rabat: Société Marocaine d’’Édition, 1983.
Montagne, Robert. La Civilisation du désert. Nomades d’’Orient et d’’Afrique. Paris: Hachette,
1947.
Peyron, Michael. ““Habitat rural et vie montagnarde dans le Haut-Atlas de Midelt (Maroc).””
Revue de Géographie Alpine 2 (1976): 327-63.
Planhol, Xavier de. Les fondements géographiques de l’’Histoire de l’’Islam. Paris:
Flammarion, 1968.
______. ““Nomadisme.”” Encyclopedia Universalis (1989), vol. 16, 388-90.

Roy, Eve. ““La question de la mobilité dans les représentations et expérimentations


architecturales en Europe de 1960 à 1975.”” Rives méditerranéennes (2008) [Online],
Jeunes chercheurs, mis en ligne le 21 juin 2009, visité le 19 Avril 2016. URL: http://
rives.revues.org/2693.
Skounti, Ahmed. ““Tinezzra. Devinettes des Ayt Merghad (Tamazight, Sud-Est marocain).””
Études et Documents Berbères 10 (1993): 129-134.
______. Le Sang et le sol. Nomadisme et sédentarisation au Maroc. Rabat: Institut Royal de
la Culture Amazighe, 2012.
Une architecture mobile: La tente nomade 33

Ñ|_Bm< ‰@|TÐ odgA :ocae™X owÚ5^X oGzev :€cX


pH{f4Ð Fš_> ºên_UÐ f_Cn˜R .pxÚ5_CÐ pH{f4Ð íÌ Ú5_CРڎ^fY ŒY ŠA}UÐ ŒcH Ún˜šLÐ Ønš_CÐ ŒY hU
šií}Y ŒY ‹Q}UÐ DL ºŠA}UÐ ŒcH ëÌ EQ .ÚÐ}bšHøÐí p=Ć[UÐ šxíÐÛ ŒY hUÎ }^fx nxP= Ênf= pxÚ5_CÐ
ŠA}UÐ pehž= pUnbCÐ ì|w qešwÐ ĉU|Uí .pxÚ5_CÐ pH{f4Ð ‹dL àíPU n\xÌ ohœš—x {bR ºšhT}Aí
ç юf@ : ŠA}UÐ pehB ŠhdšUÐí ‡ÉŽUn= nghR qUínf> šUÐí º““pdbfšY pxÚ5_Y pH{fw”” nwÚn˜šLn=
SPUÐ E˜cUÐ dJúÐ én˜œ= ØnQ}Y qxÌ pdh˜bU ëŽešfx Œx|UÐ êÛÎ —hL qxÌ ŠAÚ én›Y éĆB ŒY Ñ}`CÐ
.peh#Ð ì|4 Ò{x{!Ð Óø5_šHøÐ ‚_= pUnbCÐ qUínf> 5T .AŽaHí
.Ñ}`CÐ ºêÛÎ —hL qxÌ ºŠA}UÐ pehB ºpdbfšY pxÚ5_Y pH{fw :og@m™`BÐ Ó5cbTÐ

Résumé: Une architecture mobile: La tente nomade au Maroc


Il n’’est pas courant de considérer l’’habitat des nomades comme relevant de l’’architecture.
Au sens habituel, celle-ci s’’intéresse à des constructions dures et xes. Or, l’’habitat nomade
fait partie d’’un mode de construction qui répond aux exigences de la discipline architecturale.
Le présent article s’’intéresse donc à la tente nomade en tant qu’’ ““architecture mobile.”” Il y
sera question de la tente nomade dans le Sud du Maroc, en particulier encore la tente encore
en usage chez les derniers nomades des Ayt Merghad du Haut-Atlas oriental, les Ayt Aïssa
Izem. D’’autres usages, plus récents, de cette tente seront également abordés.
Mots-clés: Architecture mobile, tente nomade, Ayt Aïssa Izem, Maroc.

Abstract: A Mobile Architecture: The Nomadic Tent in Morocco


It is not common to consider the habitat of nomads as full architecture. In the usual
sense, architecture is viewed as a hard and immovable construction. But the nomadic habitat
meets the requirements of the architectural discipline. Therefore, this article focuses on the
nomadic tent as ““mobile architecture.”” I will address the nomadic tent in the south-east of
Morocco and, a tent in particular, still in use among the Ayt Aïssa Izem, the last nomads of
the Ayt Merghad of the eastern High Atlas Mountains. I will also deal with more recent uses
of this tent.
Keywords: Mobile Architecture, Nomadic Tent, Ayt Aïssa Izem, Morocco.

Resumen: Una arquitectura móvil: La tienda nómada en Marruecos


No es común considerar el hábitat de los nómadas como una arquitectura completa. En
el sentido habitual, la arquitectura se considera una construcción dura e inamovible. Pero el
hábitat nómada cumple con los requisitos de la disciplina arquitectónica. Por lo tanto, este
artículo se centra en la tienda nómada como ““arquitectura móvil.”” Me dirigiré a la tienda
nómada en el sureste de Marruecos y, en particular, a una tienda de campaña, todavía en uso
entre Ayt Aïssa Izem, los últimos nómadas del Ayt. Merghad de las montañas orientales del
Alto Atlas. También me ocuparé de los usos más recientes de esta tienda.
Palabras clave: Arquitectura móvil, tienda nómada, Ayt Aïssa Izem, Marruecos.

Vous aimerez peut-être aussi