1538 Chevres Laitieres

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F ICHE TECHNIQUE

Chèvres laitières bio


Un guide pratique pour l’éleveur

L’augmentation de la demande de produits tueux des animaux et alimentation corres-


à base de lait de chèvre offre des perspec- pondant à leurs besoins sont les bases
tives intéressantes aussi en bio. Alterna- incontournables d’une bonne santé ani-
tive aux élevages bovins, nouvelle branche male et de la réussite économique. Cette
de production ou même première pierre fiche technique rassemble l’expérience
pour la création d’une nouvelle ferme: La technique actuelle en un guide consistant
réussite d’un élevage de chèvres laitières conçu pour les débutants mais dont les
exige une gestion optimale de tous les conseils seront aussi utiles aux éleveurs
paramètres. Conditions d’élevage respec- plus expérimentés.
2010

en collaboration avec :
Sommaire:
Alimentation Page 4 La chèvre a gagné ses lettres de noblesse
Pâture Page 11
Stabulations Page 12 Le lait de chèvre et les produits qu’il permet de Conditions pour commencer un élevage de
Traite Page 17 fabriquer possèdent de nombreuses propriétés chèvres laitières en bio:
Chevreaux Page 20 intéressantes. La vente directe, les laiteries, les  Possibilités de commercialisation garanties par
Sélection Page 22 personnes allergiques et les gourmets l’ont bien une laiterie bio, une fromagerie fermière ou sa
Parasites Page 23 compris, et les ventes de produits caprins sont en propre laiterie
Maladies Page 26 nette augmentation. En France, la quantité de pro-  Locaux libres (par ex. anciens bâtiments) ou
Rentabilité Page 31 duits laitiers caprins et ovins a augmenté de 6 % possibilité de construire
Adresses Page 32 en 2007. Outre les produits laitiers, la viande de  Grandes surfaces de pâturages attenants.
chevreau pénètre dans les cuisines et réjouit les  Main-d’œuvre disponible nécessaire: environ
papilles. En Suisse, la production de fromage de 22 heures (MOh) par chèvre et par année
chèvre a augmenté de 75 % entre 2000 et 2005. (sans tenir compte du travail pour la production
En Allemagne, la production de lait de chèvre a des fourrages)
augmenté de 45 % entre 2000 et 2007.  Être prêt à investir dans les installations de
traite et de transformation.
 Réserves de capitaux pour tenir jusqu’à la
première livraison de lait
 Possibilités de vente directe pour la viande de
chevreau
 Être prêt à élever des bêtes au caractère
indépendant et curieuses de nature.

La production de lait de chèvre est une bonne


alternative à celle du lait de vache. Les chèvres ont
un gros rendement laitier par rapport à leur poids
corporel et à leur consommation de fourrages, les
besoins en surfaces et en capitaux sont inférieurs
à ceux pour les vaches laitières et la production
n’est pas contingentée. Il est en outre très facile
Les chèvres sont en général peu exigeantes et facile à mener, mais les conditions d’élevage et de transformer les stabulations existantes, et les
l’alimentation exigent sérieux et professionnalisme. chèvres pâturent très bien dans les fortes pentes
et les surfaces de protection de la nature. Vu que
Les caractéristiques des chèvres laitières les chèvres mettent bas une fois par année et que
Poids vif 55 à 75 kg les naissances gémellaires sont fréquentes, il est
Maturité sexuelle 7 mois, min. 35 kg PV possible de se constituer son propre troupeau en
Âge de la première mise-bas 12 à 15 mois quelques années seulement.
Chaleurs Saisonnières (août-novembre), La valorisation fermière du lait contribue forte-
mais aussi possibles toute l’année ment à la rentabilité d’un troupeau de chèvres, car
Durée de la gestation environ 150 jours la valeur ajoutée reste dans la ferme et les produits
Nombre moyen de chevreaux par portée 1,8 né / 1,6 élevé laitiers caprins enrichissent l’assortiment.
Quantité de lait consommé par chevreau environ 100 litres
Durée d’utilisation 4 à 8 ans
Ratio des sexes (bouc par chèvres) 1 sur 20 à 1 sur 40 en cas de
décalage de la saison des saillies
Unité de gros bétail par chèvre traite 0,20 UGB
(y compris chevreaux sous 1 an)
Main-d’œuvre nécessaire par 20 à 25 heures
chèvre et par année (sans la production fourragère)
Litière par chèvre et par jour 0,6 à 0,8 kg par jour
Production de fumier par chèvre 0,8 à 1,4 t par an
Consommation de fourrage par chèvre 2,0 à 2,2 kg MS par jour
Besoin en eau par chèvre 4 à 10 l par jour
Production laitière par chèvre 500 à 1'000 kg par an
Teneurs du lait Matière grasse: 3,4 à 3,8 %,
protéines: 2,9 à 3,4 %
Si la ferme est loin de la laiterie, la transformation fermière du
Durée de la lactation 250 à 290 jours,
lait peut être un facteur décisif pour démarrer un élevage de
lactation continue possible
chèvres laitières.

2 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Exigences et directives pour les élevages biologiques de chèvres laitières
Exigences réglementaires européennes Exigences supplémentaires de l’organisation
(834-2007/889-2008) et Suisse (RS 910.18) labellisatrice Bio Suisse
Exigences générales  Stabulation libre (garde attachée autorisée  Bio Suisse: garde en groupe obligatoire. Si plus de 10
pour les conditions jusqu’en 2013) chèvres, des possibilités de refuges adéquates comme
d’élevage  50 % de la surface minimale (1,5 m²/chèvre) niches de repos, parcours accessible en permanence ou
peut être perforée. séparations sont nécessaires.
Conditions d’élevage  Stabulation: min. 0,5 m²  Bio Suisse: (jusqu’à 3 mois): seulement libres en
pour les chevreaux  Parcours: min. 0,5 m² groupes; surface totale 0,5 m²/chevreau, largeur crèche
(jusqu’à 4 mois) 20 cm/chevreau (autres dimensions, cf. règlement
«Caprins» de Bio Suisse)
Conditions d’élevage  Cf. chevreaux ou chèvres laitières  Bio Suisse: Surface totale stabulation 1,5 m²/chèvre, aire
pour les jeunes de repos 0,8 m²/chèvre, largeur crèche 35 cm/chèvre,
chèvres (6 à 12 mois) parcours 0,75 m²/chèvre
Conditions d’élevage  Stabulation: 1,5 m²/chèvre (zone accessible  Bio Suisse: Surface totale stabulation 2 m²/chèvre (cour
pour les chèvres en permanence, c.-à-d. sans les tables d’exercice accessible en permanence), aire de repos
laitières (chèvres d’affouragement, la salle de traite etc., de 1,2 m², place à la crèche 40 cm/chèvre, surface du box
adultes, dès 12 mois) préférence en plus des niches de repos) de mise-bas 2,5 m², s’il y a plus de 10 chèvres: niches
 Parcours: 2,5 m²/chèvre de repos surélevées ou accès permanent au parcours.
Conditions d’élevage  Élevage individuel autorisé sous certaines  Bio Suisse: Surface des boxes 3,5 m²/bouc
pour les boucs conditions
reproducteurs
Parcours  En été pâturage là où c’est possible et par temps  Bio Suisse: Pâture obligatoire en été
et pâturage adéquat (sinon parcours)
 Si pas de pâturage: parcours permanent ou
accès régulier à un terrain découvert ou à un
parcours; CH: min. 13 fois par mois plus 1 fois
par semaine).
 Protection contre les intempéries en cas de
pâturage permanent; aménagement du parcours
recommandé
Alimentation  Alimentation 100 % bio (exception alpage)  Bio Suisse: Les fourrages grossiers représentent au min.
 Min. 50 % de la matière sèche (MS) de la ration 90 % de la MS de la ration.
annuelle vient de sa propre ferme.
 Min. 60 % de la MS de la ration journalière sont
des fourrages grossiers.
Alimentation des  Min. 35 jours avec du lait bio (de chèvre ou de  Bio Suisse: Alimentation du cabri avec du lait non altéré
chevreaux vache) jusqu’au 35ème jour (lait de vache autorisé). Poudre de
 Poudre de lait autorisée en cas de triplés lait autorisée en cas de triplés.
 Acidification autorisée avec acides acétique/
citrique
Charge en bétail  Max. 13,3 adultes par ha ou 170 kg N par ha
Achats d’animaux  Les animaux achetés doivent tous provenir
d’élevages biologiques (exception: pour créer ou
agrandir un troupeau).
Écornage  Pas d’écornage systématique (possible de cas en  Bio Suisse: Limiter au strict minimum.
cas sur autorisation pour des raisons de sécurité
ou pour améliorer la santé etc.)
 Seulement sous anesthésie (CH: Ordonnance
pour la protection des animaux)
Traitements  Donner la priorité aux procédés naturels et aux
vétérinaires traitements homéopathiques.
 Pas de médicaments chimiques en prévention
 Doublement des délais d’attente en cas d’utili-
sation de médicaments chimiques de synthèse
(EU: au moins 48 heures) CH: sauf s’il n’y a pas
de délai d’attente conventionnel)
 Tubes de tarissement seulement après examen
bactériologique
Durée de la  6 mois d’élevage et d’alimentation conforme aux  Bio Suisse: Commercialisation comme produits de
reconversion pour directives reconversion après 4 mois et certification réussie; les
le lait et la viande bêtes achetées à des fermes Ordonnance Bio sont
Bourgeon après 3 mois.

Suisse: Les ordonnances, cahiers des charges et règlements en vigueur peuvent être trouvés sur www.bioactualites.ch

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 3


Alimentation
L’alimentation a pour but de couvrir les besoins  Au cours du 1er et du 2ème mois de lactation,
d’énergie et de tous les éléments nutritifs des l’ingestion estimée doit être réduite d’environ
chèvres pour qu’elles puissent fournir les perfor- 15, voir 10 %.
mances attendues en étant en bonne santé. Un  Au cours des 4 dernières semaines avant la
rapport équilibré énergie/protéines et la couverture mise bas, l’ingestion estimée doit être réduite
des besoins en énergie, en protéines et en miné- de 20 %.
raux par la ration alimentaire sont nécessaires pour
garantir des conditions de croissance et de multi- Pour obtenir une ingestion optimale, il faut tenir
plication optimales pour les microorganismes de la compte de quelques particularités de la chèvre,
panse. dont son comportement alimentaire gourmand:
Le bien-être et la productivité de la chèvre  La chèvre est une fine bouche et préfère les
dépendent dans une large mesure d’une alimen- feuilles aux tiges.
tation conforme à ses besoins. Alimenter de façon  Parmi les tiges, elle choisit celles qui ont la
conforme signifie: teneur en cellulose brute la moins élevée.
 Favoriser l’ingestion dans les phases aux besoins Par conséquent, les teneurs en énergie et en
élevés par du fourrage de bonne qualité et par protéines des aliments qu’elle ingère s’élèvent
une technique d’affouragement respectant les – selon la ration et les restes d’aliment admis –
besoins de la chèvre. de 5 à 20 % au-dessus de la teneur de la ration
 Alimentation selon les différentes phases de distribuée. Ainsi, la quantité de lait effectivement
production: Adapter l’apport en nutriments et produite est plus élevée que celle calculée. Ceci
minéraux aux différentes phases du cycle de n’est cependant valable que si l’on admet que
production, telles que la gestation et la période la chèvre laisse des restes d’aliments.
d’allaitement.
 Distribuer les aliments en fonction de leurs En plus de cette particularité, il faut tenir compte
propriétés et de leurs teneurs en nutriments. des points suivants, si l’on veut atteindre une inges-
 Eviter les troubles dus à l’alimentation. tion optimale d’aliments:
 Il ne faut pas oublier de mettre suffisamment
d’eau à disposition des animaux. En principe,
une chèvre boit 3,5 litres d’eau par kg de
matière sèche consommée (eau contenue
dans l’aliment et eau bue à l’abreuvoir).
 L’eau bue dans les abreuvoirs dépend princi-
palement de la teneur en matière sèche de la
ration. L’eau consommée avec une ration de
foin est donc sensiblement plus élevée que
celle consommée avec de l’herbe.

 Distribuer du fourrage de bonne qualité.


 Distribuer d’abord le fourrage puis les con-
centrés.
 Distribuer l’aliment concentré sous forme frac-
tionnée (env. 200–300 g par repas).
La chèvre apporte une contribution intéressante pour l’entretien des surfaces extensives.  Mettre le fourrage à disposition 24 h sur 24.
 Modifier la ration progressivement.
Favoriser l’ingestion

L’ingestion d’une chèvre est influencée principale-


ment par son poids et sa productivité, par la com-
position et la qualité de la ration de même que par
la technique d’affouragement.
L’ingestion peut être estimée au moyen de la for-
mule suivante:

kg PV
Ingestion de MS en kg/jour = 0.9 + + 0.27 x kg de lait
100

4 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Alimentation selon
les phases de production

Le poids corporel, la capacité d’ingestion des four-


rages et les besoins en énergie changent au cours
du cycle de production de la chèvre laitière. Pour
pouvoir fournir de bonnes performances tout en
restant en bonne santé, les chèvres doivent rece-
voir une alimentation qui correspond aux besoins
spécifiques de ces différentes phases. La ration
alimentaire doit donc être modifiée en fonction
des besoins des chèvres, sinon les jeunes chèvres
risquent d’engraisser alors que celles qui ont plu-
sieurs chevreaux risquent de souffrir de troubles du
métabolisme. Pour avoir des rations adaptées aux
besoins en nutriments des chèvres, il est préférable,
dans la mesure du possible, de former des groupes L’élevage des chèvres laitières en groupes de performances facilite le respect des besoins alimentaires.
de performances qui peuvent recevoir une alimen-
tation différenciée en fonction de leurs besoins. Pour limiter le déficit en éléments nutritifs, dis-
tribuer du fourrage de très bonne qualité (plus de
Le cycle de production de la chèvre peut être sub- 5.5 MJ NEL/kg MS resp. 0,8 UFL), celui-ci favorise
divisé en trois phases: l’ingestion et l’apport en nutriments. Selon l’état
1. 4ème et 5ème mois de gestation corporel, la production laitière et la qualité du four-
(alimentation de préparation) rage, compléter la ration avec un concentré; aug-
Pendant cette phase, le volume de la panse est menter progressivement le concentré (d’environ
limité par le fœtus. La consommation baisse de 100 grammes par semaine); accepter des restes.
20 %, alors que les besoins alimentaires augmen- Important: L’augmentation des doses de concen-
tent considérablement. Distribuer des fourrages trés ne doit pas faire diminuer la consommation de
de base de très bonne qualité comme du foin, du fourrages grossiers! Si l’ingestion des fourrages de
regain, de l’ensilage d’herbe ou des fourrages verts base diminue, cela signifie que l’augmentation des
(pâturage) permet de couvrir les besoins alimen- concentrés est trop rapide.
taires de cette phase en habituant les animaux à la
ration de début de lactation. 3. Phase de production (depuis le pic de
Avant la mise-bas, augmenter lentement les lactation jusqu’à la saillie)
doses de concentrés (adaptation de la panse à La production laitière diminue de même que les
la ration de lactation). Une augmentation de l’ap- besoins en éléments nutritifs et en minéraux et
provisionnement énergétique quotidien est par- que la consommation de fourrages. Les réserves
ticulièrement recommandée à partir du début du corporelles consommées au début de la lactation
5ème mois de gestation. Les besoins en minéraux sont reconstituées. Les chèvres peuvent reprendre
et en sodium peuvent être couverts par des sels un peu de poids jusqu’à la saillie. L’offre de fourra-
minéraux et des pierres à lécher. Une bonne con- ges doit être adaptée à la consommation.
sommation de fourrages grossiers pendant cette
phase améliore le maintien de l’état de santé des 4. Saillie et tarissement
bêtes au début de la lactation. Il faut éviter les Les bases de la prochaine lactation s’établissent
changements de fourrages pendant les dernières pendant le début de la gestation. Pendant cette
semaines de la gestation. Le mieux est de donner période, l’alimentation permet d’influencer la stabi-
déjà pendant cette phase les mêmes aliments que lité du métabolisme et la capacité d’ingestion des
ceux qui sont prévus pour la lactation. fourrages de la prochaine lactation.
Pendant cette phase, l’affouragement doit être
2. De la mise bas jusqu’à la fin du 2ème mois adapté à la condition corporelle des chèvres: Les
de lactation bêtes maigres doivent pouvoir reconstituer leurs
Le démarrage de la production laitière augmente réserves corporelles, mais ce résultat doit être att-
fortement les besoins en éléments nutritifs et en eint tout en diminuant la proportion de concen-
minéraux. Les chèvres ont bon appétit au moment trés pour favoriser la consommation de fourrages
de la mise-bas, mais il diminue au début de la grossiers, et il faut à tout prix éviter que les chèvres
lactation pour ensuite remonter au cours des huit engraissent.
semaines suivantes. Les chèvres mobilisent donc Les chèvres devraient être taries deux mois
pendant cette phase les réserves corporelles accu- avant la mise-bas en réduisant les concentrés en
mulées pendant la gestation, et elles perdent du une semaine, mais en aucun cas en restreignant
poids (env. 1.0 à 0.5 kg par semaine). l’eau potable.

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 5


Distribution des aliments et ration les protéines, l’unité de mesure est exprimée en
alimentaire grammes de protéines absorbables dans l’intestin,
abrégé g PAI. Une chèvre de 60 kg a besoin cha-
La teneur des aliments de même que les besoins que jour des quantités suivantes en énergie (NEL),
énergétiques de la chèvre sont exprimés en méga- en protéines (PAI), en calcium (Ca) et en phos-
joules énergie nette lactation, abrégé MJ NEL. Pour phore (P).

Besoins journaliers au cours du cycle de production pour une chèvre de 60 kg PV


(valeurs suisses et françaises)
MJ NEL Energie * PAI g PDI * (g) g Ca gP
(UFL)
Entretien 5,8 0,79 50 50 2,5 2,0
4ème mois de gestation 6,3 0,91 79 80 7,5 3,5
5ème mois de gestation 7,1 1,03 107 110 9,5 2,8
Lactation: 1 kg de lait 7,6 1,23 95 95 7,0 3,5
Lactation: 2 kg de lait 9,4 1,67 140 140 11,0 4,2
Lactation: 3 kg de lait 11,2 2,12 163 185 15,5 4,4
Lactation: 4 kg de lait 13,0 2,56 208 230 19,5 6,0
Lactation: 5 kg de lait 15,7 3,00 241 275 23,5 7,6
Sources: L’alimentation ciblée de la chèvre, ALP Posieux; sauf * issus des tables INRA 2007

Consommation maximale de divers fourrages par les chèvres (kg matière fraîche par jour)
Herbe 14,0 Pulpe de betterave (22 % MS) 3,5
Foin, regain 2,5 Drèches de brasserie (20 % MS) 4,0
Ensilage de maïs 5,4 Pommes, poires 3,0
Betteraves fourragères 5,0 Carottes 4,0
Pommes de terre 3,0 Petit lait (litres) 4,5

Valeurs nutritionnelles des fourrages et aliments par kg MS


Ces valeurs sont des moyennes qui peuvent selon les circonstances être très différentes de celles de ses propres fourrages. Il est donc
nécessaire de faire analyser régulièrement ses fourrages pour connaître leurs teneurs en éléments nutritifs (extraits de valeurs suisses et
françaises).
Aliments de base % MS NEL1 MJ Energie PDIA1 PAI g 1 MA g 1 Ca g 1, 3 P g 1, 3
(UFL1/kg (g/kg
de MS) * de MS) *
Herbe2 10–20 6,2 0,99 5 48 5 103 161 8,0–11,5 3,4–4,0
Foin, regain4 88 5,4 0,83 6 34 6 86 125 8,0–11,5 3,3–3,9
Foin de luzerne 88 5,4 0,67 46 95 180 16,0–19,2 3,8–2,6
Ensilage d’herbe2 30–40 6,1 0,85 7 23 7 79 169 8,0–11,5 3,4–4,0
Ensilage de maïs 33 6,5 0,91 8 15 8 72 84 2,3 2,7
Cubes de maïs 90 6,4 0,88 23 85 81 2,3 2,7
Paille d’orge 88 3,4 0,44 12 45 33 4,8 0,8
Betteraves fourragère 19 7,4 1,12 10 85 70 2,1 2,2
Pulpe de betteraves 90 7,2 0,99 41 116 103 7,8 1,0
Pomme de terre 22 7,6 1,2 25 79 110 1,0 2,5
Maïs 87 8,5 1,22 54 112 97 0,2 3,2
Orge 87 7,7 1,09 34 100 116 0,6 4,5
Avoine 87 6,9 0,88 18 84 112 0,9 4,1
Tourteau de soja 88 8,7 1,21 212 249 473 3,1 6,8
(pression non décortiqué)
Tourteau de colza (pression >9 % MG) 91 7,7 0,96 103 128 350 8,6 12,8
1 NEL: Energie nette lactation; UFL: Unité fourragère lait (énergie nette); 4 Prairies équilibrées (de 50 à 70 % de graminées, le reste en légumineuses
PAI: Protéines absorbables dans l’intestin; PDIA: Protéines digestibles dans et autres plantes) au stade 4
l’intestin d’origine alimentaire; MA: Matière azotée (protéines brutes); Ca: 5 Prairies permanentes de demi-montagne, pâturage 1er cycle
Calcium; P: Phosphore 6 Prairies permanentes de demi-montagne, 2ème cycle, fané au sol par beau
2 Prairies équilibrées (de 50 à 70 % de graminées, le reste en légumineuses temps
et autres plantes) au stade 3 7 Prairies permanentes de demi-montagne, 1er cycle, préfané
3 Premier chiffre 1ère pousse; deuxième chiffre pousses suivantes 8 Plante entière, hachage fin, stade vitreux
Sources: L’alimentation ciblée de la chèvre, ALP Posieux; sauf * issus des tables INRA 2007

6 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Stade récolte des prairies

Stade 1: tallage
Stade 2: montaison, apex à 10 cm (stade pâture)
Stade 3: début épiaison (10 % des épis visibles)
Stade 4: plaine épiaison (50 % des épis visibles)
Stade 5: fin épiaison (90 % des épis visibles)

La détermination du stade de développement


d’une espèce nécessite l’observation de plu-
sieurs plantes.

Stade de développement de la prairie suivant le stade de développement des plantes de référence à la première
utilisation1 ou selon l’age du fourrage pour les repousses (d’après ADCF)
Stade de 1 2 3 4 5 6 7
développement très précoce précoce mi-précoce moyen mi-tardif tardif très tardif
Dactyle et Tallage Montaison Début Pleine Fin épiaison Floraison Fructification
ray-grass anglais à début (stade pâture) épiaison épiaison (formation des
Première utilisation au printemps

montaison graines)
Vulpin Montaison Début Pleine Fin épiaison Floraison Fructification Dispersion des
(graminée précoce) (stade pâture) épiaison épiaison à début à fructification graines
floraison
Fléole Tallage Tallage à Montaison Montaison Début à Pleine Fin épiaison
(graminée tardive) début (stade pâture) à début pleine épiaison
montaison épiaison épiaison
Trèfle violet Stade végétatif Apparition des Allongement Début Pleine Fin floraison Fin floraison
tiges et des des tiges floraison épiaison à fructification
boutons
Dent-de-lion Boutons Début flor. Pleine à Hampes avec Hampes nues
floraux (qq fleurs fin floraison graines (qq se desséchant – –
visibles ouvertes) hampes nues)
Renoncule âcre Stade végétatif Allongement Début Pleine Fin floraison Fructification Dispersion
à apparition des tiges à floraison épiaison des graines
des tiges apparition des
boutons

Age du fourrage en semaines 2


Au dessous de 600 m: 3 4 5–6 7–8 9–10 11 et plus –
- Repousses d’été
Repousses

(juillet–août)
- Autres repousses 3–4 5–7 8–9 10 et plus – – –

Au dessus de 600 m: 3–4 5–7 8–9 10 et plus – – –


- Toutes repousses

1 Si on ne connaît pas le stade des plantes au moment de l’utilisation, on peut se 2 Pour les prairies dominées par le Ray-grass d’Italie se référer, aussi pour les
référer au Mémento agricole (CH), qui donne le stade de développement moyen repousses, au stade de développement de cette graminée et non à l’âge du
des prairies par région et selon la date de coupe. fourrage.

Calcul de la ration:
A partir des données relatives aux besoins énergétiques et proté- préconise pour l’apport en minéraux et en vitamines jusqu’à 40g
iques des chèvres, des teneurs en nutriments des aliments et en de sels minéraux sans cuivre ainsi qu’environ 10g de sel pour
tenant compte du type de fourrage disponible dans l’exploitation, bétail par chèvre et par jour. Lors du calcul de l’apport en éner-
il est possible de composer bon nombre de rations d’été et gie et en matière azotée, il faut aussi tenir compte de l’état cor-
d’hiver. porel de la chèvre. Celui-ci peut être évalué au moyen de deux
Un plan d’affouragement élaboré par AGRIDEA facilite ce tra- touchers: la palpation lombaire et la palpation sternale. En résu-
vail (version Excel à retirer auprès d’AGRIDEA, 1000 Lausanne 6 mé, moins on perçoit les vertèbres lombaires et le sternum, plus
ou [email protected]). l’état corporel de la chèvre est bon.
Pour une valorisation optimale des nutriments, la ration doit
avoir une teneur en matière azotée (protéine brute) entre 20 et
30 g par MJ NEL resp. entre 2,9 et 4,4 g par UFL. En général, on

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 7


Emploi ciblé des fourrages
L’herbe, l’ensilage d’herbe ou les fourrages secs
constituent la base pour un élevage caprin. L’en-
silage doit absolument être de très bonne qualité
si l’on ne veut pas courir le risque d’une listé-
riose. Lorsque l’on distribue de l’ensilage, il faut
compléter la ration avec un peu de fourrage sec.
Pour améliorer la structure de la ration lors de
pâture jeune (stimulation de la mastication), on
peut donner en complément du foin fibreux ou
de la paille.
Les chèvres apprécient les betteraves fourra-
gères hachées (sans moisissures) et les pommes
La bonne qualité des fourrages est un facteur important pour
de terre (non germées ni vertes). En raison de
garantir une bonne consommation de fourrages de base.
leur teneur énergétique très élevée, il faut con-
sidérer ces aliments comme des concentrés.
Le maïs, l’orge et l’avoine sont aussi des sour-
ces d’énergie très importantes pour les chèvres. Il Évaluation de la ration fourragère à
faut les distribuer de préférence aplatis ou gros- l’aide du contrôle laitier
sièrement concassés. La légère amélioration de
leur digestibilité ne compense pas les coûts sup- Le calcul de la ration sur la base des besoins des
plémentaires dus au floconnage des céréales. chèvres est un outil important pour la planification
Quant aux protéines, les sources les plus fré- fourragère. Ces calculs sont cependant souvent
quemment utilisées sont les tourteaux de pressi- ardus car il est difficile de savoir combien de fourra-
on de soja et de colza. ge les chèvres consomment régulièrement. Ce fait
se vérifie particulièrement en cas de pâturage ou
de sélection de fourrages de qualité médiocre.
Points de contrôle de la technique d’affouragement:
Vérifier si la ration correspond bien aux perfor-
R Distribuer les fourrages et enlever les restes plusieurs fois par jour. mances laitières n’est donc possible que sur la base
R Repas longs ou accès permanent à la nourriture du contrôle laitier. Ce dernier fournit en effet des
renseignements sur la condition métabolique et
R Alimentation diversifiée, riche en feuilles et en tiges
l’état nutritionnel des chèvres. La ration peut donc
R Rations couvrant les besoins en fonction des performances de production,
être adaptée à la production laitière actuelle après
fortement concentrées et faciles à digérer
chaque contrôle. Le contrôle laitier renseigne sur la
R Rations respectueuses des besoins spécifiques des ruminants (foin toute
production laitière, sur les teneurs en matière gras-
l’année, teneur minimale en cellulose brute 18 % de la MS)
se, en protéines et en urée.
R Céréales écrasées ou entières
R Modifications progressives de la composition des rations Qu’est-ce que la teneur en protéines et en
R Eau en libre-service (abreuvoirs) urée du lait révèlent sur l’affouragement?
La formation des protéines du lait consomme de
R Sels minéraux pauvres en cuivre (avec vitamines A, D et E) et sel fourrager
l’énergie et dépend fortement de l’approvisionne-
en libre-service
ment énergétique des chèvres. La teneur du lait en
protéines renseigne donc sur l’approvisionnement
énergétique des chèvres, mais une faible teneur en
protéines peut aussi provenir d’un fort manque de
protéines brutes. La teneur en urée du lait permet
d’en savoir plus:
 Pour une teneur en protéines du lait de 3,2 à
3,6 %, la teneur en urée devrait se situer entre
150 et 300 mg/l. Si cette valeur est plus élevée,
la ration est trop riche en protéines, et si elle est
plus basse, la ration est trop riche en énergie.
 Pour une teneur en protéines du lait inférieure à
3,2 %, une teneur en urée inférieure ou égale à
150 mg/l indique un manque de protéines dans
la ration. Si elle se situe entre 150 et 300 mg/l,
cette valeur signale un manque de fourrages, et
une teneur en urée supérieure à 300 mg/l est
le signe d’un manque d’énergie dans la ration.
Les fourrages riches en cellulose brute favorisent la production de matière grasse du lait.

8 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


L’appréciation de la teneur en urée ne devrait pas pour produire la matière grasse du lait. Les grandes
se baser sur des valeurs isolées mais sur l’analyse quantités d’acide acétique et donc de matière
régulière de l’ensemble du troupeau de chèvres grasse du lait sont provoquées par la digestion
laitières. des fourrages riches en cellulose brute. Les fortes
La teneur en matière grasse du lait peut être proportions d’aliments concentrés provoquent par
fortement influencée par l’affouragement. La dé- contre une acidification de la panse qui influence
composition des hydrates de carbone par les négativement la production d’acide acétique. Les
microorganismes produit des acides gras volatils faibles teneurs en matière grasse du lait signalent
qui sont ensuite absorbés par la paroi intestinale. donc un manque de cellulose brute!
C’est surtout l’acide acétique qui est transformé

Réglage alimentaire par observation des animaux – La méthode OBSALIM


OBSALIM est une méthode originale de diagnostic pli du grasset. La présence et la fréquence
et de réglage alimentaire à destination des agri- d’indicateurs de dérèglement révèlent, selon
culteurs et des techniciens de l’alimentation. Elle les zones, des problèmes d’alimentation, de
n’a pas été validée scientifiquement mais permet conditions de logements, des problèmes
de mieux comprendre la digestion du ruminant de réglage interne (foie, reins, rumen, …) et
et de savoir réagir rapidement aux erreurs de externe (positionnement physique et social de
nutrition. Elle est à la fois simple, car fondée sur l’animal).
l’observation des ruminants, et complexe, car elle  Appréciation de la stabilité ruminale: La
comporte plus de 60 signes à prendre en comp- population bactérienne du rumen est sensible
te. Les principes sur lesquels elle repose sont les aux variations du pH ou aux variations des
suivants: apports alimentaires. On observera d’abord Plus de renseignements
 Le rumen fonctionne à son optimum lorsque la présence ou non de zones de léchage en sur la méthode, documen-
les apports en énergie, azote et fibres ne sont arrière de l’épaule, puis les crottes avec leur tation et contact formation
ni excédentaire, ni limitant et lorsque le pH du aspect, leur forme et leur contenu. sont disponibles sur le site
rumen est stable.  Etape d’encadrement des apports: Obser- www.obsalim.com.
 Tout excès d’énergie, d’azote ou de fibre est vation de signes d’éventuels déséquilibres
stocké ou éliminé par le lait, les bouses, l’urine alimentaires concernant l’azote, l’énergie et
mais aussi par divers émonctoires ou par un les fibres à travers l’observation de différents
hyperfonctionnement hépatique ou rénal…. signes (état des bouses, excrétion ou trace
 Toute carence entraîne un déficit de fonction- jaune sur les muqueuses, zone de congestion
nement ou des tentatives de compensation. sur le nez ou l’œil, etc).

La méthode OBSALIM consiste, dans un premi- Les fondamentaux à prendre en compte dans le
er temps, en un diagnostic des dérèglements cadre de l’interprétation des signes sont:
alimentaires, qu’il s’agit de relever puis de hié-  Le cycle alimentaire: ordre de distribution des
rarchiser. S’en suit une phase de synthèse avec aliments
l’éleveur sur l’alimentation pour permettre le régla-  Le cycle d’ingestion: alternance ingestion, rumi-
ge alimentaire. nation, repos
 L’équilibre: azote, énergie, fibre
Le diagnostic OBSALIM se décompose en quatre  L’agencement et la fonctionnalité des bâtiments
étapes:
 Etape d’homogénéité: Observation du trou- Exemples d’observations: Chaque signe alimen-
peau dans son ensemble. Il s’agit de relever taire a plusieurs causes possibles, il faut donc croi-
l’ambiance du lieu, l’activité et la répartition ser les signes pour faire un diagnostic.
des animaux et plus particulièrement l’homo-  Une échine saillante très marquée avec fonte
généité du troupeau en ce qui concerne la vi- des muscles dorsaux orientent vers un déficit
talité, les tendances corporelles comme l’état d’énergie globale, un facteur limitant azote ou
d’entretien, la propreté générale, le niveau de une instabilité du rumen.
vieillissement ou les stades de production.  La peau sèche au toucher va dans le sens
 Etape d’orientation: Observation proche et d’un excès de sucres solubles ou d’énergie
fine de l’hygiène du pelage des animaux en général, mais peut aussi aller dans le sens
(coloration, poussière, plaques de terre ou d’une instabilité ruminale.
de boue,…) selon la croix du grasset: Deux  Les cristaux jaunes au coin des yeux indiquent
axes horizontal et vertical se croisant sur le un excès d’azote soluble ou d’azote global.

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 9


Troubles dus à l’alimentation
Causes Troubles
Manque d’énergie Baisse de la production, cétose, faible teneur en protéines du lait, toxémie de gestation
Manque de protéines Baisse de la production
Surplus de protéines Troubles de la fécondité, pollution ammoniacale (forte teneur en urée dans le lait)
Suralimentation à cause de trop de concentrés Acidose de la panse, engraissement, baisse des teneurs en matière grasse,
météorisation (ballonnements mousseux), entérotoxémie
Manque de minéraux Dommages au squelette, fièvre du lait, baisse de la production
Manque de structure Acidose de la panse, baisse des teneurs en matière grasse, diminution de la
consommation de fourrages, météorisation
Changements brusques de types de fourrages Acidose de la panse, troubles digestifs, baisse de la production, baisse des teneurs du lait,
clostridies (entérotoxémie)
Ration pauvre en sélénium ou en vitamine E, Maladie du muscle blanc
ration riche en acides gras malsains
Ensilages de mauvaise qualité (pH supérieur à 5) Baisse de la consommation, listériose

Favoriser la consommation Comment favoriser


de fourrages la consommation de fourrages?
 Ne donner que des fourrages de bonne qualité.
Dans le domaine de l’affouragement, un des fac-  Distribuer les fourrages grossiers avant les
teurs principaux est la quantité de fourrages ingérés, concentrés.
car c’est d’elle que dépend la quantité d’éléments  Présenter les concentrés en petites portions
nutritifs et d’énergie à disposition des bêtes. de 200 à 300 g par repas.
 Permettre un accès permanent aux fourrages.
La consommation de fourrages dépend:  Effectuer progressivement les changements
 de la qualité des fourrages, de types de fourrages.
 de la production laitière (besoins en éléments  Offrir des fourrages frais plusieurs fois par jour.
nutritifs),  Offrir la possibilité de trier (suffisamment de
 du stade physiologique des chèvres (croissance, fourrage à disposition).
gestation, lactation),  Remuer et renouveler les fourrages (favoriser
 du poids vif des animaux, l’attraction par l’odorat).
 du temps que les fourrages passent dans les
préestomacs, Points importants
 de l’état de santé, concernant l’affouragement:
 de facteurs psychiques (stress, capacité à s’im-  L’affouragement est réellement la tâche la
poser, tempérament, etc.), plus exigeante dans les élevages de chèvres
 de facteurs environnementaux (température, laitières.
technique d’affouragement, hiérarchie, etc.).  Surtout pendant les trois premiers mois qui sui-
vent la mise-bas, les chèvres laitières posent de
très hautes exigences à la qualité des fourrages.
 L’offre en fourrages doit être régulière et pré-
senter peu de fluctuations des teneurs en
éléments nutritifs. Il faut pour cela accepter
de fortes pertes de fourrages (20–30 % en
stabulation contre 5–8 % pour les bovins)
si on veut une alimentation optimale. Au
pâturage, un système de rotation strictement
organisé est absolument nécessaire.
 L'alimentation des chevreaux exige elle aussi
une méthode claire: sevrage rapide pour
économiser du lait en passant aux fourrages
grossiers et aux aliments concentrés.
 Les chèvres doivent boire beaucoup d’eau
pour produire beaucoup de lait, donc la pro-
preté de l’eau et la qualité des abreuvoirs sont
importantes.
Les tiges et les feuilles représentent une diversité bienvenue, permettent aux chèvres d’exprimer leurs  Affourager seulement des ensilages exempts
comportements alimentaires naturels et possèdent des effets diététiques spécifiques. de moisissures.

10 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Les manques d’hygiène et leurs conséquences
Lacunes Conséquences possibles Mesures correctrices
Fourrages  Troubles digestifs, coliques  S’assurer que les fourrages sont de bonne qualité.
avariés, moisis  Baisse de la production  Jeter les fourrages avariés.
 Troubles de la fécondité (avortements)  Améliorer les techniques de récolte.
 Hémorragies internes
 Détresse respiratoire, mort
Fourrages  Refus des fourrages ou baisse de la  Stocker les fourrages dans de bonnes conditions d’hygiène.
contenant des consommation de fourrages  Conserver les concentrés dans des récipients fermés.
parasites des  Fourrages mal supportés  Améliorer les techniques de récolte.
stocks  Réactions allergiques
Fourrages  Listériose  Ne donner que de petites quantités de fourrages.
mouillés et  Décès possibles  Éliminer les restes de fourrages.
avariés  Troubles digestifs, ballonnements
Ensilages  Germes pathogènes (clostridies)  Ne pas faucher trop bas.
souillés, moisis,  Listériose  N’ensiler que des fourrages impeccables contenant peu de terre.
fermentation  Utiliser des agents d’ensilages autorisés.
défectueuse  Veiller à ce que les silos soient totalement étanches à l’air,
empêcher les mauvaises fermentations.
Abreuvoirs  Ingestion de germes pathogènes  Nettoyer régulièrement les abreuvoirs.
 Problèmes dans la fabrication du fromage

La pâture
La pâture correspond très bien au comportement
alimentaire naturel des chèvres, aussi bien du
point de vue de la diversité des fourrages que de
celui du maintien corporel naturel. Et, contraire-
ment à ce qui se passe en stabulation, il n’y a pas
problèmes pour respecter les distances de fuite.
L’affouragement au pâturage est bon marché.
Les coûts de production de l’herbe de pâturage
ne représentent en effet que le 42 % de ceux
des ensilages en silos tranchée. Et l’augmentation
des prix des carburants rendra l’herbe du pâtura-
ge toujours plus intéressante. La consommation
d’énergie à l’hectare est en effet environ 80 % plus
faible pour la pâture que pour le silo de maïs, et
le lait produit de cette manière émet donc moins
de CO2.
Une gestion spécifique est nécessaire pour les L’élevage au pâturage correspond non seulement aux besoins des animaux, mais aussi aux attentes
pâturages des chèvres, car elles… des consommateurs.
 … ne développent qu’une faible immunité con-
tre les parasites,
 … sont sensibles à l’humidité,
 … peuvent grimper et sauter, de 4 à 5 jours de pâture par enclos devrait
 … doivent s’habituer à pâturer. être suivie par une période de repos de 6
semaines. Cette méthode permet de diminuer
Comment faire pour réussir une saison de la sélection des espèces broutées et donc les
pâturage ? refus de pâture, et donc d’atteindre un plus haut
 Au début de la mise à l’herbe, changer progres- rendement par unité de surface. Les longues
sivement le type de fourrage pour éviter les périodes de repos entre les phases de pâture
troubles digestifs et métaboliques. permettent aussi de diminuer la pression des
 Pour assurer la régularité de l’offre en fourrage, parasites.
respecter strictement un tour de pâturage (tour-  Faire pâturer les enclos par un grand nombre
nus) composé de courtes durées de séjour et de chèvres à la fois et ne les y laisser que tant
de longues périodes de repos. Chaque période qu’elles consomment du fourrage.

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 11


 Il ne faudrait pas descendre en-dessous d’une De bons arguments pour l’élevage au
hauteur minimale de repousse de 10 cm et pâturage:
d’une hauteur après pâture de 5 cm.  Les pâturages produisent les fourrages les
 Commencer à pâturer tôt au printemps pour moins chers de tous.
pouvoir offrir un fourrage riche en protéines et en  Grandes économies en travail (pas besoin de
énergie. Enlever à temps les surplus d’herbe par distribuer les fourrages)
une coupe (ensilage) pour rajeunir l’herbage!  Faibles besoins en concentrés ou en silo de
 Choisir un pâturage propre (c.-à-d. exempt de maïs si les herbages sont bons.
parasites) pour la première pâture printanière.  Correspond au comportement naturel des
Faire l’automne précédent, soit une coupe soit chèvres.
une période de pâture avec une autre espèce  La lumière du soleil et la stimulation par le
animale (mais pas avec des moutons!). climat favorisent la santé.
 Affourager du foin pendant la période de pâture  C’est la production fourragère qui consomme
pour couvrir les besoins en cellulose brute struc- le moins d’énergie.
turée.  Augmente les teneurs en acides gras insaturés
 Assurer un approvisionnement en eau suffisant. (par ex. oméga 3) dans le lait.
 Entretenir les pâturages en broyant ou en fau-  Plus grande biodiversité en fauche-pâture que
chant les refus, idéalement après chaque pas- dans les prairies de fauche
sage mais au moins 1 fois par saison, car cela  Correspond aux attentes des consommateurs
permet de prévenir la disparition des bonnes pour les élevages caprins biologiques.
graminées fourragères.  Augmente la valeur esthétique des paysages.
 À la fin de l’été, faire pâturer les chevreaux avant
les adultes dans les meilleurs pâturages (assez Clôturer correctement:
d’herbe).  Clôtures d’au moins 1,20 m de haut
 Clôtures avec au moins 3–4 fils, 5 fils pour les
troupeaux avec chevreaux
 Treillis noué seulement à titre exceptionnel,
et jamais pour les chevreaux (risques de
blessures, aussi pour les animaux sauvages).
Egalement risque d’affaissement et de fran-
chissement de la clôture par les bêtes.
 Clôtures en treillis rigide: Rajouter un fil élec-
trique, en retrait à l’intérieur du parc, pour évi-
ter les blessures des onglons et des pattes
dans le treillis.
 Électrificateur de clôture: Les appareils raccor-
dés au réseau sont les plus sûrs; min. 10'000
watts; très bonne et profonde mise à terre (év.
plusieurs mises à terre).
 Entretien des clôtures: Faucher l’herbe sous
les clôtures électriques pour éviter les chutes
de tension!
La clôture électrique est le moyen le plus souple et le meilleur marché pour la pâture des chèvres.

Chèvreries et stabulations
Les chèvres laitières supportent bien les variations Important à savoir:
de température, mais elles sont sensibles à l’humi-  Les chèvres laitières peuvent aussi être tenues en
dité et au manque d’aération. La température de stabulations froides et même à climat extérieur,
bien-être des chèvres se situe vers 8 à 15 °C pour mais à condition qu’il y ait assez de lumière na-
une humidité relative de jusqu’à 85 %. Les chèv- turelle (min. 80 lux), une litière sèche et une
res adultes supportent sans problèmes les tem- protection efficace contre le vent et les cou-
pératures négatives si les stabulations sont sèches, rants d’air.
dépourvues de courants d’air et sur paille. Les locaux  Les stabulations à front ouvert devraient être
humides, par ex. les étables massives, basses et orientées vers le Sud-Sud-Est.
insuffisamment aérées ne leur conviennent pas, sur-  Les stabulations fermées sont la plupart du temps
tout si elles abritent aussi des bovins. aérées avec un système traditionnel de ventila-

12 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


tion faîtière incluant un généreux vitrage faîtier qui
assure une bonne clarté dans la stabulation.
 Les volets d’aération permettent aussi d’obtenir
de bonnes conditions d’aération et d’éclairage
(possibilité de ventilation transversale). L’opti-
mum est un système comportant des capteurs
de température, parce que cela permet d’assurer
un réglage exact de l’aération et un renouvelle-
ment de l’air suffisant. La hauteur des locaux ne
devrait pas être inférieure à 2,60 m pour garantir
des volumes d’air suffisants.
 Une zone protégée offrant un microclimat adé-
quat doit être installée pour les chevreaux. Un
couvercle de caisse suspendu assez bas et
entouré d’un rideau de lamelles de plastique
peut suffire à fournir aux chevreaux la chaleur
dont ils ont besoin. Construire une nouvelle stabulation avec un système de volets d’aération permet d’avoir toute l’année
 Aussi bonne soit-elle pour les chèvres, aucune un climat de stabulation idéal.
stabulation ne remplacera un pâturage d’été bien
entretenu!

Exemple de transformation d’une stabulation


Stabulation pour 55 chèvres (y.
1.4

Table d’affouragement compris chevreaux et boucs)


avec 2 râteliers suspendus
Aire d’affouragement surélevée
1

à des rails pour pouvoir les


remplir depuis la fourragère,
Aire de repos Salle de traite des cornadis autobloquants
Râtelier
3,8

Abreuvoirs avec séparations visuelles, des


Niche de repos niches de repos surélevées, 2
auges-abreuvoirs et une nou-
velle cour d’exercice équipée de
brosses-étrilles.
Aire d’exercice couverte
Aire d’exercice
5

(aire d’attente)

22 5

Les comportements spécifiques des chèvres et leurs conséquences sur les conditions d’élevage
Caractéristiques et comportements typiques Transposition dans la pratique
Comportement social  Instinct grégaire  Ne pas séparer, faire pâturer au piquet ou attacher les
 Simultanéité des phases de repos et d’activité chèvres.
 Petits troupeaux  Au moins 1 place d’affouragement et de repos par chèvre
 Boucs vivant à part; jeunes boucs avec le trou-  Si besoin fractionner le troupeau.
peau  Groupes de boucs
 Hiérarchie  Éviter l’introduction de nouvelles bêtes.
Relation mère-petits  Les mères se retirent avant la mise-bas.  Abris protégés, boxes de mise-bas
 Groupes à structure matriarcale  Éviter les séparations et les animaux sans famille.
 Les petits ne suivent pas leur mère juste après la  Abris pour les chevreaux
naissance.
Alimentation  Feuilles, plantes, herbes  Pâturages riches en espèces ou foin, feuilles et buissons
 Les chèvres sont gourmandes et difficiles.  Fourrages d’hiver de très bonne qualité
 Boivent en aspirant.  Auges-abreuvoirs
Mouvement  Importants besoins de mouvement  Stabulation libre et aire d’exercice
 Grande aptitude à l’escalade  Pâturage
 Possibilités d’escalades dans l’aire d’exercice
Repos  Se reposent au sein du troupeau.  Aire de repos suffisamment grande
 Choisissent des endroits surélevés.  Niches de repos surélevées
Soins corporels  Se nettoient elles-mêmes avec les onglons, les  Installer des brosses-étrilles.
dents, les cornes, ou autres objets à disposition.  Surveillance des parasitoses

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 13


Conception de l’aire d’affouragement et de
la zone de repos
 Prévoir une litière profonde et une aire d’affou-
ragement surélevée de 40 à 50 cm. L’aire d’af-
fouragement peut être bétonnée ou construite
en bois sur la dalle du radier.
 Les cornadis autobloquants sont particulière-
ment recommandés en cas d’affouragement
rationné et de distribution peu fréquente des
fourrages. Les palissades ouvertes permettent
0,4

de s’adapter à l’aire d’affouragement, mais les


0,5

bêtes ne peuvent pas être bloquées. La ges-


Rigole à purin
0,2 1,4 1 3,8 5 tion de l’affouragement (quantité, qualité et
fréquence de distribution) joue un rôle capital
Coupe de profil de la stabulation transformée présentée à la page précédente. La table d’affourage-
dans le cas des aires d’affouragement sans
ment surélevée se trouve tout à gauche.
possibilité de bloquer les bêtes. La distribution
fréquente des fourrages permet aussi aux bêtes
de rang inférieur de consommer suffisamment
de fourrages de bonne qualité.
 Des tapis d’affouragement centraux (remplis
par le haut) remplassent avantageusement la
table d'affouragement dans les stabulations
très exiguës. Les désavantages sont la sup-
pression du contrôle des bêtes depuis la
En cas de stabulation à deux table d’affouragement et l'augmentation des
allées avec table d’affourage- mouches à la partie inférieure du tapis.
ment centrale, des passages
 Les places d’affouragement doivent avoir au
transversaux par-dessus ou
par-dessous cette dernière
moins 45 cm de largeur par chèvre. Si elles
s’avèrent bien pratiques. En sont plus étroites, il faudrait installer des sépa-
haut: tunnel de l’aire de repos rations visuelles, mais elles sont gênantes
pour accéder aux autres parties lors du nettoyage. Si la largeur des places
de la stabulation.
d’affouragement est inférieure à 40 cm, la
En bas: pont au-dessus de
l’aire de repos pour accéder à
stabulation devrait comporter un plus grand
la table d’affouragement. nombre de places d’affouragement que de
chèvres (par ex. 1,2 par chèvre).
 Vu que les chèvres boivent en aspirant, elles
préfèrent boire à un plan d’eau ouvert (veiller
à la qualité de l'eau). Les abreuvoirs à flotteur
sont mieux acceptés que les abreuvoirs à valves.
 La zone de repos paillée (sans place d’affou-
Checkliste pour les nouvelles constructions: ragement) devrait avoir au moins 2,5 m de
R Trouver un emplacement en harmonie avec le relief du paysage et large.
viabiliser la surface constructible.
R Orienter la stabulation en fonction de l’orientation du site, de la direction Aménagement de la stabulation
des vents dominants sur place et du type de stabulation (front ouvert: L’aménagement des stabulations est particulière-
Sud-Est; ventilation faîtière: aération tournée vers le vent dominant). ment important pour les chèvres à cornes, car il
R À distances des habitations doit comporter des possibilités de fuite et d’abris.
R Demander assez tôt le permis de construire. Commencer par déposer Moins il y a de possibilités de fuite ou de replis et
le dossier de mise à l’enquête! plus la surface par bête doit être importante.
R Prévoir d’entourer les soubassements de murs en maçonnerie ou en  Multiplier les râteliers à foin structure l’espace et
béton d’au moins 1 mètre de hauteur, puis continuer avec du bois ou permet de désengorger l’aire d’affouragement.
une cloison à claire-voie.  Les niches de repos surélevées améliorent
R Toujours isoler les toitures en aluminium et en tôles trapézoïdales. la tranquillité des troupeaux et permettent
R Éclairage par les volets, bande d’éclairage réglable en hauteur ou front d’augmenter la surface des stabulations exiguës.
ouvert.  Les aires d’exercice bétonnées accessibles en
R Préférer du frêne ou du chêne pour les pièces de bois en contact direct permanence offrent de meilleures possibilités
avec les chèvres. de fuite et un espace supplémentaire. Des
R Prévoir une aire d’exercice bétonnée ainsi que la possibilité de récolter aménagements du type rochers à escalader,
le purin et, éventuellement, une toiture partielle de l’aire d’exercice. râteliers à foin, brosses-étrilles, bacs à lécher,
R Entourer l’aire d’exercice de clôtures verticales stables. etc., diminuent les bagarres dans la stabulation.

14 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Évaluation de quelques aménagements des stabulations
Avantages Inconvénients À quoi faut-il faire attention?
Niches ou places de  Correspondent au  Nettoyage plus  Hauteur entre les niches: 60 cm
repos surélevées comportement naturel. compliqué  Lors de l’évacuation du fumier: Rabattre
 Favorisent la tranquillité les niches de repos contre la paroi ou les
dans la stabulation. sortir de la stabulation.
 Imputables à la surface  À partir du 2ème étage, il faut les construire
au sol (voir avec l’orga- en escalier ou les munir de marches ou
nisme de contrôle) de rampes.
 Très appréciées

Aires d’exercice  Stimulation par le climat  Surface supplémentaire  À réaliser le long du long côté de la
pendant toute l’année et augmentation des stabulation ou entre l’aire d’affourage-
 Surface de refuge coûts de construction ment et l’aire de repos
 Plus de tranquillité dans  Augmentation de la  Sol en béton carrossable
la stabulation quantité de purin  Rigole à purin
 Couverture partielle (SRPA: max 50 % couv.)
 Nombreux accès étroits (env. 60 cm) ou
peu d’accès larges (>2,50 m)
 Aménagement
Cornadis autobloquants  Affouragement  Coûteux  Assurer des places suffisamment larges
simultané et calme,  Les bêtes avec cornes ont (>40 cm par bête).
pas de bagarres de la peine à en sortir  Choisir des palissades adéquates si les
 Blocage individuel selon les constructions. chèvres ont des cornes.
possible  Les bêtes de rang infé-  Poser des séparations visuelles.
 Simplification des rieur peuvent être empê-
traitements vétérinaires chées de manger si les
(par ex. prises de sang) places sont étroites.

Barre de nuque  Bon marché  Les bêtes qui se tien-  Assurer des places suffisamment larges
 Aire d’affouragement nent de travers bloquent (>45 cm par bête).
facile à déplacer plusieurs places.  Bien régler la hauteur de la barre de
 Fuite facile en cas de  Attaques fréquentes nuque (compromis entre pression sur
d’attaque  Augmentation des pertes la nuque et faufilement des chèvres de
de fourrages petite taille).
 Monter des séparations verticales au
moins tous les 5 m pour éviter les
bousculades latérales.
Brosses-étrilles  Soins du pelage et de la  Coûteux, surtout les  Ne pas les placer dans des culs-de-sac.
peau brosses automatiques  Choisir des brosses de dureté moyenne.
 Les chèvres adorent.  Obstacles lors de
l’évacuation du fumier

Auges-abreuvoirs  Permettent de boire  Plus facilement sales que  Au moins 2 abreuvoirs par troupeau
suffisamment et les abreuvoirs à bols  Les installer de manière un peu sur-
conformément aux élevée, si nécessaire avec une marche
habitudes naturelles. d’accès.
 Plusieurs bêtes peuvent  Se salissent très facilement si placés dans
boire en même temps. l'aire d'affouragement.

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 15


Mesures pour tranquilliser la vie
du troupeau
Des mesures architecturales simples peuvent amé-
liorer la tranquillité du troupeau:
 Places d’affouragement assez larges
 Cornadis autobloquant à palissades avec sépa-
rations visuelles, surtout si les concentrés y sont
distribués.
 Distribuer plusieurs fois par jour (au moins 3
fois) des fourrages frais; fourrages grossiers à
volonté, admettre qu’il y ait des restes de four-
rages. Les bêtes alimentées à satiété sont plus
Une bonne relation entre les animaux et les personnes qui s’en
tranquilles. occupent facilite le travail avec les bêtes et favorise la tranquillité
 Décentraliser la distribution des fourrages: Table dans le troupeau.
d’affouragement avec une place pour chaque
bête, affouragement supplémentaire dans l’aire
d’exercice ou au moyen de râteliers dans la sta-  Éviter à tout prix les culs-de-sac.
bulation.  Aire d’exercice accessible en permanence
 Surfaces de repos surélevées dans la stabula- (plusieurs accès étroits ou 1 à 2 accès larges)
tion  Nombre suffisant d’abreuvoirs adéquats pour
les chèvres
 Introduire les jeunes chèvres en groupes et pas
individuellement dans le troupeau.
 Si nécessaire raccourcir précautionneusement
les pointes des cornes.
 L’aire d’attente avant la traite peut être un endroit
critique propice aux luttes entre animaux. Identi-
fier les animaux posant problème et prendre les
mesures appropriées.

Élevage des boucs reproducteurs


Bien que les boucs apprécient le contact avec
les femelles, on peut très bien les garder séparés
du troupeau. Des groupes de boucs se forment
aussi dans les troupeaux sauvages. Les boucs
sont en général plus tranquilles s’ils n’ont pas de
contact visuel et olfactif avec le troupeau. Les éle-
Une aire d’exercice généreusement dimensionnée et accessible en permanence contribue fortement ver en groupes est tout à fait possible si on les y
à la tranquillité du troupeau. habitue dès leur jeunesse. La stabulation indivi-
duelle devrait être évitée.

Autres points importants:


 Tenir les boucs à l’écart de la salle de traite et
du stockage du lait.
 Stabulation aérée mais sans courants d’air,
absolument sèche
 Recommandation: Au moins environ 3 m2 de
surface de repos par bouc, 6 m2 en cas de
stabulation individuelle
 Surface de l’aire d’exercice: 10 m2
 Boxes solides comportant au moins 2 parois
fixes fermées
 Séparation: au moins 1,50 m de haut avec
des éléments verticaux (pas horizontaux)
 L’idéal est une stabulation à front ouvert.

Les boucs se contentent très bien de simples cabanes avec une aire d’exercice couverte, mais ils
devraient si possible être gardés en petits groupes.

16 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


La traite et la qualité du lait
Salle de traite et machine à traire

La zone consacrée à la traite est une place où tra-


vaillent les hommes et les animaux. Il faut en tenir
compte lors de la planification des équipements.
 La traite mécanique est le meilleur moyen
d’avoir une bonne hygiène de traite.
 Les installations avec pots trayeurs (pour des
troupeaux jusqu’à 30 chèvres) sont avantageu- Dans les grands troupeaux, on
ses et d’utilisation flexible si elles sont équipées utilise le plus souvent des salles
de traite côte à côte (Side by
d’une pompe à vide mobile.
Side).
 Les plus grands troupeaux devraient en principe
être traits en salle de traite.
 Les salles de traite peuvent être construites en Chiffres-clés pour les installations de traite des chèvres
bois, mais les grandes installations devaient être Vide de traite Lactoduc de traite en ligne basse 34–40 kPa
réalisées en matériaux faciles à nettoyer. Lactoduc de traite en ligne haute 37–44 kPa
 Pour que le personnel de traite puisse adopter Pulsations Fréquence de pulsation/ 70–120 cycles/min
une bonne position corporelle, la surface où se pulsations alternatives
tiennent les chèvres doit être à bonne hauteur Rapport de succion 50–70 %
(entre 80 et 120 cm). Les chèvres n’auront Ø intérieur manchons trayeurs env. 20 mm
aucun problème à y grimper si la rampe n’est Griffe Volume 80–110 ml
pas glissante. Les pattes arrière des chèvres ne (si présente) Entrée d’air 4–8 l/min
devraient en outre pas être à plus de 25 cm du Diamètre Tuyau à lait court/long 8–10 mm/
intérieur des env. 12 mm
bord de la fosse, car cela permet de traire dans
tuyaux Tuyau de pulsation court/long 5– mm/8–10 mm
une position détendue (le dos droit et les bras
Source: Tröger, 2003, complété
légèrement fléchis).
 La salle de traite doit être suffisamment éclai-
rée (au moins 500 lux) pour permettre de Maintenance et
déceler les altérations du lait et les éventuelles entretien de l’installation de traite
blessures de la peau des mamelles. Pour éviter La maintenance et entretien de l’installation de trai-
les ombres, les lampes doivent se trouver te revêt une importance particulière pour la santé
au-dessus de la zone de travail du trayeur. des mamelles. Voici les points les plus importants:
 Avoir de l’eau à disposition (tuyau, lavabo)  L’installation doit être entièrement contrôlée
même si les mamelles des chèvres restent périodiquement par un spécialiste, en fonction
généralement plus propres que celles de du nombre d’heures d’utilisation, mais au
vaches. moins une fois par année, conformément aux
 La conception de l’aire d’attente devant la normes ISO en vigueur. Les défauts doivent être
salle de traite ne fait jusqu’ici pas l’objet de corrigés immédiatement.
recommandations précises, mais elle ne devrait  Selon le matériel utilisé, les manchons trayeurs
en tout cas pas être exiguë (au moins 0,5 m2 doivent être changés après environ 800 heures
par chèvre). d’utilisation. Les manchons trayeurs en silicone
peuvent durer jusqu’à 3000 heures (y compris
la durée du nettoyage de l’installation de traite).
 Toutes les autres pièces soumises à une forte
usure, comme les tuyaux à lait et les tuyaux de
pulsations, doivent aussi être changées régu-
lièrement (toutes les 800 heures env., voir
recommandations du fabricant) pour éviter l’ap-
parition de problèmes de traite ou d’hygiène
(augmentation du nombre de cellules).
 Lors de chaque traite, vérifier le niveau de vide,
le fonctionnement des pulsateurs et les prises
d’air ouvertes.
 Aucun réglage de l’installation de traite ne doit
L’accès à la salle de traite peut être une simple rampe en bois. être modifié sans l’accord de spécialistes, et les
changements doivent être très progressifs pour
que les bêtes s’y habituent.

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 17


La traite Points importants pour une bonne routine
de traite:
Le déroulement de la traite  Tirer les premiers jets dans un gobelet pour la
Contrairement à celles des vaches, les citernes de traite des premiers jets muni d’un fond noir
la mamelle des chèvres sont très grosses et stoc- et vérifier l’état du premier lait (flocons, sang,
kent le lait entre les traites (jusqu’à 80 % de la aqueux, etc.).
quantité totale de lait), ce qui permet de se passer  Nettoyer la mamelle avec un chiffon sec
de toute stimulation (à la main ou à la machine) (essoré) ou un papier jetable.
avant la traite. Tirer les premiers jets, nettoyer la  Placer le faisceau trayeur et l’orienter correcte-
mamelle et placer le faisceau trayeur agissent déjà ment – une position correcte du faisceau
sur les récepteurs des trayons et suffisent à libérer trayeur facilite la traite et ménage les tissus
le lait. des trayons.
 Si les faisceaux trayeurs ne se décrochent pas
automatiquement, surveiller soigneusement
le déroulement de la traite pour éviter la sur-
traite.
 Pratiquer éventuellement un égouttage de la
mamelle en tirant légèrement sur les gobelets
trayeurs et en massant les demi-mamelles
avec l’autre main.
 Enlever doucement le faisceau trayeur (d’abord
couper le vide), ne pas l’arracher du trayon.
 En cas de décrochage automatique des fais-
ceaux trayeurs, contrôler en la palpant si la
mamelle est bien vidée.
 Tremper les trayons en n’utilisant que des pro-
duits autorisés et surtout des produits soig-
nants.

Les chèvres doivent être traites soigneusement – il est même quelquefois indiqué de pratiquer
l’égouttage à la machine.

Vu que l’extraction du lait de chèvre est très Règles spécifiques d’hygiène applicables
facile, la plupart des bêtes sont bien égouttées. Un aux denrées alimentaires d’origine animale
égouttage peut cependant s’avérer nécessaire s’il (Ord. UE Nr. 853/2004):
reste beaucoup de lait dans la mamelle après la  Bon état de santé général
traite, car cela peut favoriser les infections et, à long  Troupeau indemne de brucellose
terme, diminuer la production de lait. Des mamel-  Risque de tuberculose si les chèvres ont été
les bien constituées, une technologie de traite qui gardées avec des bovins
fonctionne bien et un placement correct des fais-  S’assurer que le lait ne soit pas porteur de
ceaux trayeurs diminuent l’égouttage. maladies infectieuses pour l'homme.
 Repérer les maladies qui pourraient con-
Quand faut-il égoutter à la machine? taminer le lait (comme les infections puru-
Tirer les premiers jets et vérifier  Quand la forme des trayons n’est pas bonne. lentes génitaux, des troubles gastro-intestinale
le premier lait fait partie d’une  Quand les tissus des trayons sont très mous, car avec diarrhée et la fièvre, la mammite visible).
bonne routine de traite. les trayons peuvent carrément se ratatiner à la fin  Vérifier la mamelle (blessure susceptible
de la traite et être aspirés dans le gobelet trayeur d'affecter le lait).
– le lait stagne alors au-dessus du manchon  Ne pas administrer des substances ou pro-
trayeur. Pour rouvrir le passage entre la citerne du duits non autorisés.
trayon et celle de la glande, tirer légèrement le  Respecter les temps d'attente après l'admi-
gobelet trayeur en avant et vers le bas. nistration de médicaments ou de substances
 Dans les troupeaux qui ont des problèmes de approuvées.
santé des mamelles et où les faisceaux trayeurs
se décrochent automatiquement, procéder tou-
jours à un toucher de contrôle avant de laisser
les chèvres sortir de la salle de traite.

18 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Surveillance de la santé des mamelles  Même s’il n’y a pas de problèmes de santé des
mamelles dans le troupeau, faire régulièrement
Comment procéder? des analyses cytobactériologiques pour les
 Tirer les premiers jets et noter les constatations bêtes qui ressortent au test de Schalm pour
dans le cahier d’élevage. identifier les agents pathogènes qui prévalent
 Procéder régulièrement au test de Schalm (une dans le troupeau et découvrir les éventuels
fois par mois, le mieux étant après le contrôle changements.
laitier), noter les résultats pour chaque bête,  Ne jamais faire de traitement antibiotique seule-
réévaluer la tendance du troupeau (nombre de ment sur la base du nombre de cellules.
bêtes dans la catégorie la plus élevée).
 S’ils sont disponibles, utiliser les résultats du Que révèle le nombre de cellules?
contrôle laitier – pour les bêtes qui ont une très  Contrairement au lait de vache, le lait de chèvre peut contenir plusieurs
forte modification du nombre de cellules par millions de cellules par ml sans que cela provienne d’une détérioration de
rapport au contrôle précédent: faire le test de la santé de la mamelle (par ex. mammite).
Schalm pour identifier la demi-mamelle con-  Une grande différence du nombre de cellules entre les deux demi-ma-
cernée, éventuellement envoyer un échan- melles est le signe d’une infection.
tillon de lait au laboratoire pour analyse cyto-  Le nombre de cellules augmente en général en cours de lactation et peut
bactériologique. provisoirement augmenter très fortement pendant les chaleurs.
 Si seules certaines bêtes sont touchées, il fau-
drait en tenir compte lors du choix des reproduc-
teurs. Évolution du nombre de cellules d’une mamelle de chèvre saine
 Si un changement concerne l’ensemble du pendant les chaleurs
troupeau, il faut immédiatement en rechercher
la cause (attention, les fluctuations du nombre 1400
de cellules sont normales pendant la période
des chaleurs). 1200

1000
Nombre de cellules (1000/ml)

800

600

400

200

0
-15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Jours avant et après l’insémination


Moitié de gauche Moitié de droite

Test de Schalm – la comparaison directe révèle nettement les Le nombre de cellules peut augmenter soudainement pendant
différences de consistance du lait. les chaleurs sans qu’il y ait aucune infection.

Méthodes de surveillance de la santé des mamelles


Méthode Avantages Inconvénients
Vérification du Tirer et vérifier les premiers jets de  Pas de travail supplémentaire  Seules les maladies cliniques
premier lait à lait sur le fond noir du gobelet de  Bon marché, pas besoin de laboratoire sont décelées.
chaque traite traite des premiers jets.  Information immédiate
Test de Schalm Mélanger le lait à un produit chimi-  Bon marché, pas besoin de laboratoire  Demande de la pratique
que sur une plaque spéciale, obser-  Information immédiate  Subjectif
ver la réaction et comparer les deux  Possibilité de comparer les deux demi-  Nombre de cellules
moitiés de la mamelle. mamelles déterminé indirectement
Nombre de Prélever un échantillon de lait de la  Détermination exacte du nombre de cellules  L’échantillon est un mélange
cellules donné traite totale et le faire analyser. des deux demi-mamelles.
par le contrôle  Laboratoire indispensable,
laitier coûts
Analyse cyto- Prélèvement stérile d’échantillon du  Détermination exacte du nombre de cellules  Laboratoire indispensable,
bactériologique lait du début de la traite des deux  Information sur les agents pathogènes coûts
demi-mamelles (ne pas utiliser les responsables des mammites
premiers jets)
Remarque: La mesure de la conductibilité électrique (du lait) ne permet pas de surveiller la santé des mamelles des chèvres.

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 19


L’élevage des chevreaux
L’élevage des chevreaux peut suivre plusieurs Il n’est pas absolument nécessaire d’avoir un
méthodes qui vont de la séparation immédiate box de mise-bas car les chèvres qui vont mettre
de la mère après la mise-bas (important en cas bas s’écartent du troupeau et parce que les petits
d’assainissement de la CAE) jusqu’à laisser les ne suivent pas leur mère pendant les premiers
chevreaux avec leur mère pendant 6 semaines. jours.
La variante la plus répandue consiste à laisser les Les chevreaux d’engraissement sont commer-
chevreaux vers leur mère pendant 4 à 6 heures cialisés comme chevreaux de lait à l’âge de 5–6
pour leur permettre de téter le colostrum et pour semaines pour un poids à l’abattage de 12–13 kg
que la mère les sèche en les léchant. (rendement en viande: 50 %).

Points importants pour la réussite de l’élevage des chevreaux


À quoi faut-il faire attention? Important à savoir
Climat de la stabulation  Pas de courants d’air Les mauvaises conditions d’élevage peuvent provo-
 Faible charge ammoniacale quer des maladies comme les pasteurelloses, les coc-
cidioses, les pneumonies etc.
Colostrum  150 ml au cours des 4 premières heures de vie, Juste après la naissance, les anti-corps peuvent encore
40 à 50 ml/kg PV par dose traverser la muqueuse intestinale du chevreau. Leur
donner à temps du colostrum permet de les prémunir
contre les maladies.
Allaitement:  1er au 7ème jour: 3–4 repas Augmenter lentement la quantité de lait pour ne pas
quantités et fréquences  Dès le 7ème jour: 2–3 repas risquer de tympanie de la caillette.
(dépendent des systèmes
d’allaitement)
Température du lait  La maintenir constante! Utiliser un thermomètre! Les variations de température provoquent des
Quand les températures sont basses, préchauffer diarrhées.
les ustensiles avec de l’eau chaude.
 Température d’allaitement: 38–40 °C
Nettoyage des  Nettoyer après chaque repas, démonter les tétines. L’hygiène permet de prévenir les maladies. Les restes
ustensiles d’allaitement de lait sont un bon milieu nutritif pour les bactéries
provenant des maladies – particulièrement les diar-
rhées.
Heures des repas  À intervalles réguliers ou à volonté Si les intervalles sont trop longs, les chevreaux vigou-
reux boivent trop, ce qui peut provoquer des tympa-
nies de la caillette.
Passage du colostrum  Passage progressif en 3 à 4 jours La digestion enzymatique a besoin de temps pour
au lait de vache  Bio Suisse: poudre de lait seulement en cas s’adapter à la composition différente du lait.
(ou à la poudre de lait) de triplés, maladie grave ou mort de la mère
Achats d’animaux  Si la mère n’a été achetée que 4 semaines avant la La chèvre récemment achetée n’a pas encore eu le
mise-bas, prendre du colostrum à des chèvres qui temps de former les anticorps spécifiques du trou-
sont dans le troupeau depuis plus longtemps. peau.
Litière  Litière généreuse (les boxes des chevreaux doivent L’humidité favorise les coccidioses (diarrhées sangu-
être bien secs!) inolentes et nauséabondes). Mise en évidence par
 Éviter les endroits humides, même vers les abreu- examens coprologiques.
voirs.
Fourrages grossiers  Râteliers, auges ou tables d’affouragement Les fourrages souillés par des excréments favorisent
 Dès le 2ème jour: foin frais et fin, eau fraîche; dès les infections par des coccidies.
le 10ème jour: concentrés, grains pour chevreaux ou
céréales écrasées.
 Habituer les chevreaux à manger les fourrages
grossiers avant les concentrés.
 Les empêcher de grimper dedans avec les pattes
avant.
Sevrage  Ne jamais procéder en même temps au sevrage et Les stress importants augmentent la sensibilité aux
au changement de groupe ou de stabulation. maladies comme les pneumonies, les coccidioses, etc.
Divers  Argile à volonté (bac) jusqu’à la fin du sevrage L’argile joue un rôle préventif et curatif vis-à-vis des
diarrhées.

20 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Il est possible d’installer un box de mise-bas dans la stabulation. Pour vérifier la qualité du climat des abris pour les chevreaux, un
bon moyen est de s’y asseoir et de respirer l’air à 30 cm du sol
(odeurs, impressions).

Avantages et désavantages des différents systèmes d’allaitement


Avantages Inconvénients
Seau muni de  Permet aux chevreaux de téter.  Nécessite plus de main-d’œuvre
tétines (3 repas  Ingestion lente du lait (nettoyage + distribution).
par jour jusqu’au  Bon contrôle individuel des
7ème jour) chevreaux

Auge pour lait  Facile à nettoyer.  Les chevreaux boivent vite, donc risque
chaud (3 à 4  Bon marché de surconsommation (tympanie de la
repas par jour  Main-d’œuvre nécessaire caillette).
jusqu’au 7ème moyenne  Le lait se refroidit vite, donc risque de
jour, puis 3 repas diarrhées.
par jour jusqu’au  Mauvais contrôle individuel des chevreaux
21ème jour)  Les chevreaux ne tètent pas.

Auge pour lait  Nombreux petits repas, donc  Éventuellement restes de lait
acidifié (ad libi- pas de ballonnements  Travail précis nécessaire lors du
tum, renouveler  Facile à nettoyer. remplissage
2 fois par jour)  Bon marché  Certains chevreaux ne tètent pas.
 Main-d’œuvre nécessaire faible

Distributeur  Nombreux petits repas, donc  Investissement


automatique pas de ballonnements  Augmentation de la consommation de
de lait  Permet aux chevreaux de téter. lait
 Température constante  Mauvais contrôle individuel des
 Chevreaux plus vigoureux chevreaux
 Groupes plus grands  Risque de surconsommation après la
 Main-d’œuvre nécessaire faible remise en marche si panne de l’appareil

Distributeur Comme le distributeur automati-  Investissement coûteux


automatique de que de lait normal, mais en plus:
lait avec  Réglable avec exactitude et
transpondeur selon les besoins
 Bon contrôle individuel des
chevreaux
 Utilisation économique du lait

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 21


Sélection
Races de chèvres laitières répandues Le choix de la race devrait, en plus de l’utilisation
principale (lait, viande, entretien du paysage, etc.) et
Saanen (chèvre de Gessenay) des intérêts personnels, tenir compte aussi de la dis-
Quantitativement la principale race en Suisse et ponibilité de boucs reproducteurs dans la région et
seconde en France. Sans cornes, blanche, haute des possibilités de suivi par une fédération d’élevage.
production laitière. Les lignées sans cornes sont S’affilier à une fédération d’élevage permet de
préférées en sélection. Chèvre flexible capable de bénéficier d’un suivi pour la sélection, mais aussi
fournir de très hauts rendements laitiers même d’échanges techniques et collégiaux et de meilleures
dans des conditions d’élevage et d’affouragement possibilités d’acquérir des boucs reproducteurs.
difficiles. En France, la race SAANEN est sélection-
Saanen née depuis les années 70 pour l’amélioration de la Les avantages d’avoir son propre bouc
qualité de matière protéique. L’élevage biologique des chèvres exige en fait la
monte naturelle, même si l’insémination artificielle
Chèvre du Toggenbourg est autorisée et a des avantages dans certaines
Race venant du Toggenbourg, robuste avec un conditions.
rendement laitier moyen et de bonnes teneurs en Le fait d’avoir son propre bouc permet de stimu-
matière grasse et en protéines, lignées à poils longs ler naturellement les chèvres – c’est l’effet bouc –
et à poils courts. Les lignées à poils longs sont con- avant de les inséminer. Si on produit du lait toute
sidérées comme génétiquement sans cornes. l’année, l’effet bouc peut aussi être utilisé pour étaler
la période des saillies et donc celle des mises-bas.
Toggenbourg Chèvre chamoisée ou Alpine
Race créée en Suisse et en Autriche à partir de Le choix des reproducteurs
lignées d’apparence semblable. Elle se comporte  L’évaluation des perform ances devrait toujours
bien au pâturage, atteint un bon rendement laitier, tenir compte de la provenance et la comparer
est robuste, longévive, fertile et sobre. Lignées avec avec les conditions de sa propre ferme. Les
ou sans cornes fortes laitières sont délicates et exigent un
En France, la race ALPINE est originaire des environnement fermier doté d’un haut potentiel
Alpes suisses et françaises. Si la variété chamoi- (très bonnes conditions de production et de
sée est plus répandue, on rencontre également conservation des fourrages).
d’excellentes souches polychromes. Depuis près  Les élevages commerciaux doivent préférer des
Alpine de 80 ans, les chèvres ALPINES ont été introdu- bêtes robustes, avec une bonne longévité et
ites dans plusieurs régions de France et représen- présentant des performances intéressantes.
tent 55 % des chèvres inscrites au contrôle laitier.  Pour la sélection des femelles de son propre
Depuis les années 70, les chèvres ALPINES sont élevage, tenir compte, en plus du rendement
sélectionnées dans le cadre d’un schéma collectif laitier et des teneurs du lait, aussi de la forme
d’amélioration des qualités laitières. de la mamelle, de l’aptitude à la traite, du
déroulement de la mise-bas et de la capacité
d’ingestion de fourrages.

Sans cornes sans écornage et Points importants pour les achats


néanmoins fertiles d’animaux:
Pour obtenir des chèvres génétiquement sans  Élevage d’origine non suspect de tuberculose,
cornes mais fertiles, il faut accoupler un bouc de brucellose, de CAE (arthrite – encéphalite
avec cornes (homozygote pour le caractère «sans caprine) et exempt de pseudotuberculose
cornes» ou «avec cornes») avec une chèvre géné- (palper les bêtes!)
tiquement sans corne mais fertile. On obtient  Certificat d’ascendance, marquage conforme
environ 50 % de descendants avec cornes qui à la loi
peuvent être vendus ou servir à la production de  Bon état de santé général
viande, et environ 50 % de descendants sans  Bêtes issues si possible d’un seul élevage
cornes parmi lesquels les femelles sélectionnées  Informations sur les vaccinations et les éven-
peuvent de nouveau être accouplées à un bouc tuelles maladies déjà contractées
avec cornes. Cette méthode permet de repro-  Certificat bio (les achats de bêtes à des éle-
duire un troupeau de chèvres sans cornes sans vages conventionnels sont limités)
devoir les écorner.  Si possible quarantaine de 3 semaines (plus
examen coprologique et recherche des endo-
parasites résistants)

22 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Régulation des parasites
Les chèvres peuvent aussi avoir des parasites qui à un niveau sanitairement et économiquement
se nourrissent dans ou sur leur hôte de tissus vi- tolérable.
vants ou morts, de fluides corporels ou d’aliments La prophylaxie est très importante dans les
ingérés. On distingue les endoparasites (qui vivent élevages biologiques parce que les vermifuges
dans leur hôte: p. ex. vers, douves) et les ectopa- chimiques de synthèse ne peuvent y être utilisés
rasites (qui vivent sur leur hôte: par ex. insectes, qu’après diagnostic et parce que ces médicaments
acariens). nécessitent de longs délais d’attente. Si un traite-
À part quelques exceptions, les chèvres ne doi- ment médicamenteux est nécessaire, son efficaci-
vent pas être absolument exemptes de parasites, té peut être optimisée en déterminant d’abord les
mais les mesures préventives et les traitements espèces de parasites en présence pour choisir les
doivent être conjugués pour maintenir l’infestation matières actives adéquates.

Les principaux parasites des chèvres laitières et les possibilités de lutte


Apparence et mode de vie Importance, symptômes, diagnostic Prévention, traitements
Vers  Vers ronds de 0,5 à 3 cm  Largement répandus  Prévention: voir page 24
gastro-intestinaux de long  Symptômes dépendant des espèces de  Traitement: selon le diagnostic (voir
(plusieurs espèces)  Vivent dans la caillette ou vers (pelage hérissé, amaigrissement, page 25) et les instructions du
l’intestin grêle. anémie, œdèmes, diarrhées) vétérinaire
 Sans hôte intermédiaire  Identification des œufs par un examen
coprologique
Cestodes (ténias)  Corps en forme de nouille  Jeunes bêtes: diarrhées si forte  Prévention impossible
plate, segmenté, souvent infestation  Traitement: Si des jeunes bêtes
long de plusieurs mètres  Chèvres adultes: en général pas de sont fortement infestées.
 Vivent dans l’intestin grêle. problèmes
 Diagnostic: segments de vers dans
les excréments, œufs identifiés par un
examen coprologique
Coccidies  Unicellulaires  Très largement répandus  Prévention: hygiène!
(div. espèces  Vivent dans l’intestin grêle.  Jeunes bêtes: diarrhées et déshydrata- Stabulation: désinfection, litière
d’Eimeria et de  Sans hôte intermédiaire tion dangereuses surtout au début de sèche
Cryptosporidium) l’été  Pâturage: pas de pâturages et de
 Diagnostic par examen coprologique parcours humides
 Traitement: dans les fermes à
problèmes, selon les instructions
du vétérinaire
Vers pulmonaires  Vers ronds de 2 à 9 cm  Souvent pas de symptômes, toux,  Prévention: grands VP: cf. vers
(VP), grands de long inflammations locales des tissus gastro-intestinaux,
(Dictyocaulus  Dans les tissus pulmo- pulmonaires, pneumonies bactériennes petits VP: impossible
filaria) ou petits naires ou les bronches  Identification des larves par examen  Traitement: selon instructions
(div. espèces de  Petits VP avec hôte inter- coprologique (pas toujours de routine!) du vétérinaire en cas de fortes
protostrongylidés) médiaire (mollusques),  Grands VP très rares en Suisse infections et de toux
grands VP sans
Grande douve du foie  Ver suceur plat de 2 à  Symptômes souvent faibles  Prévention: Ne pas pâturer dans
(Fasciola hepatica) 5 cm sur 0,4 à 1,3 cm (amaigrissement, anémie, diarrhée) les biotopes humides, conserver
 Migre à travers le foie dans  Évolution plus grave et cas mortels correctement les fourrages.
les voies biliaires. possibles à partir de la fin de l’été  Traitement: selon les instructions
 Hôtes intermédiaires: des  Diagnostic par examen du foie du vétérinaire
mollusques gastéropodes des bêtes abattues; par examen
coprologique (pas toujours de routine!)
Petite douve du foie  Ver suceur mince foliacé  Largement répandue  Prévention: impossible
(Dicrocoelium de 1 cm sur 0,2 cm  Peu de dommages  Traitement: normalement pas
dendriticum)  Migre à travers le foie dans  Diagnostic par examen du foie possible et pas nécessaire
les voies biliaires. des bêtes abattues; par examen
 Hôtes intermédiaires: coprologique (pas toujours de routine!)
escargots et fourmis

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 23


Les vers gastro-intestinaux Surveillance régulière
Les fortes verminoses prennent en général du
Les infestations de vers gastro-intestinaux sont un temps pour se développer. Une surveillance régu-
des plus importants problèmes sanitaires des chè- lière permet d’identifier les risques assez tôt et
vres. Contrairement aux bovins, l’immunisation d’instaurer le traitement adéquat. En Suisse, le Ser-
naturelle des caprins (et des ovins) est assez faible vice consultatif et sanitaire pour petits ruminants
et toutes les classes d’âge sont touchées. Les vers (SSPR) propose un programme de surveillance
gastro-intestinaux des chèvres et des moutons sont des parasites. Des vétérinaires spécialisés conseil-
en outre très souvent résistants aux vermifuges utili- lent des traitements aux éleveurs en se basant
sés. Il est donc particulièrement important d’épuiser sur les résultats des examens coprologiques. Ces
Le fort amaigrissement et le
pelage hérissé de cette chèvre
toutes les possibilités prophylactiques et de n’utiliser programmes contribuent à réduire l’utilisation des
signalent une forte infestation les vermifuges que de manière bien ciblée. vermifuges et à retarder l’apparition de résistances.
de vers gastro-intestinaux. Pour plus de détails, voir la bibliographie à la page
32.

Quand faut-il faire des analyses?


Les analyses d’excréments sont recommandées
aux moments suivants:
 3 à 4 semaines après la mise à l’herbe puis
au minimum toutes les 6 semaines en été et
toutes les 8 semaines au printemps et à la fin
de l’automne.
 Avant et après l’administration de vermifuges,
pour déceler d’éventuelles résistances et pou-
voir changer de traitement.
 Lorsqu’on achète des bêtes.

Mesures prophylactiques contre les vers gastro-intestinaux


Mesures
Gestion des pâturages  La gestion des pâturages permet de réduire la pression des parasites.
 Pâturage tournant cohérent. Éviter le surpâturage. Pâturer la même surface au maximum deux fois par
année avec des chèvres diminue les verminoses. Si possible alterner avec des chevaux ou des bovins.
 Faire des coupes dans les pâturages infestés réduit considérablement la pression des parasites. Si la coupe
est conservée pour l’hiver, les larves survivent 2 à 4 semaines dans les ensilages et 6 mois dans le foin,
donc le mieux est d’alterner fauche et pâture. Les surfaces extrêmement humides et à l’ombre devraient
être seulement fauchées.
 Sortir les chèvres seulement quand l’herbe est sèche.
 Ne pas épandre du fumier de chèvre ou de mouton frais sur les surfaces fourragères.
 En dernier recours, labourer et ressemer.
Estivages et alpages  Estiver les chèvres dans des alpages à plus de 1500 mètres d’altitude diminue fortement les infestations de
vers gastro-intestinaux.
Sélection des bêtes  La sélection sur les résistances n’est pas encore pratiquée pour les chèvres mais, sur la base des expériences
résistantes aux parasites faites avec d’autres espèces animales, la sélection des bêtes résistantes aux parasites peut être une approche
prometteuse pour l’avenir.
Affouragement de plantes  Affourager des plantes particulièrement riches en tannins condensés (par ex. esparcette, lotier corniculé)
riches en tannins réduit le nombre de vers gastro-intestinaux dans les bêtes et donc l’excrétion d’œufs de parasites. Des
applications pratiques sont en cours de développement.
Affouragement de plantes  De nombreuses plantes médicinales sont créditées de propriétés vermifuges.
médicinales  La dose efficace contre les vers est malheureusement souvent proche de la dose toxique pour l’animal
hôte.
 La difficulté du dosage et la forte fluctuation des teneurs en fonction des saisons, des sites et d’autres
facteurs, ainsi que les variations de sensibilité des animaux hôtes (en fonction de l’âge, de l’état de santé,
etc.), imposent la plus grande prudence dans les essais avec des vermifuges végétaux.

24 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Quand vermifuger?  Administrer la dose en deux fois à 12 heures
Les éleveurs veulent en général vermifuger dans d’intervalle pour que le niveau de matière active
le pâturage actuel pour que les bêtes soient si se maintienne plus longtemps.
possible exemptes de parasites quand ils les  Le pistolet à vaccination doit être placé derrière
mettent dans un nouveau pâturage. C’est correct la base de la langue pour garantir un jet sans
pour autant que les vermifuges soient efficaces à résistance ni perte.
100 %, sinon les bêtes n’apportent dans le nou-  Prélever des échantillons d’excréments 10 à 12
veau pâturage que les vers qui ont résisté au ver- jours après la vermifugation et les faire analyser
mifuge. Une population de vers en majorité rési- pour vérifier l’efficacité du vermifuge.
stants va donc se développer à cet endroit, et les
traitements seront toujours plus difficiles. Il vaut
donc mieux vermifuger dans le nouveau pâturage
s’il y a des problèmes de résistances.

Comment vermifuger?
 Le vermifuge doit être administré par le ou la
vétérinaire.
 Choisir des dosages plus élevés que pour les
moutons parce que les chèvres ont un transit
intestinal plus rapide.
 Administrer le vermifuge «à jeun» (pas d’affou-
ragement pendant 24 à 36 heures) permet Les mallophages provoquent
d'augmenter le contact du produit avec les para- agitation, démangeaisons et
sites dans le tube digestif. forte production de pellicules.

Les principaux ectoparasites des chèvres laitières et les possibilités de lutte


Apparence et mode de vie Importance, symptômes, Prévention, traitement
diagnostic
Mallophages,  Insectes (6 pattes) de 1 à 2 mm de  Agitation, démangeaisons  Quarantaine et traitement des bêtes
le plus souvent long, ronds, à tête large  Diagnostic: une loupe suffit achetées
Bovicola caprae et B.  Passent tout leur cycle sur l’animal. pour les voir sur la peau.  Traitement: selon le diagnostic
Limbatus  Le plus souvent sur le cou et le dos  Confirmation par frottis de  Traitements par arrosage,
(chèvres Angora)  Ne survivent pas longtemps ailleurs la peau pulvérisation ou immersion
que sur l’animal.
 Se nourrissent de pellicules et de
sécrétions cutanées.
 Transmission par contact entre les
animaux
Poux  Insectes (6 pattes) de 2 à 3 mm de  Agitation, eczémas,  Quarantaine et traitement des bêtes
(Linognathus spp.) long, tête étroite, pattes munies de démangeaisons achetées
crochets, pas d’yeux  Diagnostic: visibles à l’œil  Traitement: selon le diagnostic
 Suceurs de sang nu  Traitements par arrosage,
 Contamination par contact avec des  Confirmation par frottis de pulvérisation ou immersion
animaux ou des outils contaminés la peau  Injections si infestation simultanée
de vers gastro-intestinaux
Acariens de la gale  Acariens (8 pattes) de 0,3 à 0,8 mm  Diffèrent selon les espèces:  Quarantaine et traitement des bêtes
(div. espèces), de long démangeaisons, agitation, achetées
chez les chèvres  Passent tout leur cycle sur l’animal. lésions cutanées  Traitement: selon le diagnostic
surtout des sarcoptes  Vivent dans ou sur la peau.  Frottis de la peau ou test  Traitements par arrosage,
(gales de la tête)  Contamination par contact avec des sanguin pulvérisation ou immersion (év.
et des psoroptes animaux ou des outils contaminés injection), pas de produits bio
(gales des oreilles)  Toujours traiter aussi les stabulations
et les équipements!
Moustiques,  Insectes (6 pattes) diptères  Agitation, démangeaisons  Lutter contre les mouches, surtout
moucherons et  Très nombreuses espèces! Suceurs  Transmission de maladies dans les stabulations: litières sèches
mouches de sang, indésirables ou espèces (par ex. maladie de la et fréquemment renouvelées, insecti-
(div. espèces) dont les larves vivent dans les langue bleue, kérato- cides de contact.
animaux conjonctivite infectieuse)  Éviter les endroits humides.

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 25


Maladies les plus fréquentes
Les maladies évoluent souvent de manière drama- Principaux facteurs de déclenchement des
tique chez la chèvre. Les infections des voies respi- maladies:
ratoires, par exemple, peuvent causer d’énormes
R Conditions d’élevage déficientes avec sur-
pertes dans les troupeaux. Les maladies ne tou- population et saleté, mauvais climat de sta-
chent souvent pas que quelques bêtes mais tout bulation avec de l’air pollué et chargé de
le troupeau. Il est nécessaire d’observer régulière- poussières, litières poussiéreuses ou moi-
ment les animaux pour déceler immédiatement les sies, courants d’air, humidité, températures
premiers signes de maladie et pouvoir réagir cor- trop basses (cf. chapitre sur les conditions
rectement. d’élevage et l’alimentation)
R Apports insuffisants de colostrum et de lait
maternel
R Apports insuffisants d’énergie, de minéraux
ou de vitamines, changements de fourrages,
sevrage brusque
R Changements de partenaires par ex. pour
l’élevage des remontes
R Situations de stress, transports, changements
de stabulations, autres maladies, verminoses

Caractéristiques des animaux sains et malades


Les animaux sains … Les animaux malades …
 sont bien intégrés au troupeau.  se tiennent à l’écart du troupeau, et les autres
animaux les évitent.
 sont tout de suite là lors de l’affouragement.  ne participent généralement pas à l’affouragement
mais vont manger plus tard.
 ont une consommation de fourrage et d’eau
perturbée ou diminuée.
 sont actifs et curieux.  ont l’air fatigués et mous, ne participent à rien et
restent beaucoup couchés.
 ont des yeux clairs qui se tournent vers celui qui  ont un regard trouble, fixe, év. des paupières
les observe. tombantes.
 ont le dos droit.  ont le dos arqué et la tête en bas.
 ont un pelage lisse et brillant.  ont souvent les poils dressés.
 ont le mufle humide.  peuvent avoir les narines bouchées, purulentes ou
avec un écoulement nasal fortement muqueux.
 ont une bonne digestion et excrètent des fèces  ont une digestion perturbée, c.-à-d. pas de bruits
bien formées (péristaltisme normal des préesto- de la panse, de la constipation ou des diarrhées.
macs: 2 bruits en 3 minutes).
 ont la région anale propre et sèche.  ont la région anale mouillée ou avec des traces de
diarrhée.
 ont des muqueuses saines de couleur rose tendre.  peuvent avoir des muqueuses qui ont changé de
couleur (pâles, jaunes ou rouges).
 ont une fréquence du pouls normale (70 à 90  ont une fréquence du pouls et une température
pulsations par minute) et une température corporelle anormales (trop basse ou trop haute).
corporelle normale (38,5 à 39,5 °C).1
 respirent normalement (fréquence respiratoire: 15  ne respirent pas normalement (fréquence respira-
à 30 inspirations par minute) 1 sans participation toire trop basse ou trop haute), év. avec participa-
de la paroi abdominale. tion de la paroi abdominale (respiration abdomino-
latérale).
1 Température de référence valable pour des animaux adultes. Varie selon la température environnante.

26 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Pasteurellose Listériose

Important à savoir: Important à savoir:


 Cause fréquente des maladies respiratoires qui affectent tout  Maladie infectieuse causée par des bactéries (Listeria mono-
un troupeau cytogenes) présentes partout dans le sol et qui peuvent
 Pneumonie bactérienne et fébrigène causée par survivre des années dans le sol et sur les plantes
Mannheimia haemolytica  Les fourrages très souillés et les ensilages de mauvaise qualité
 Les jeunes bêtes sont les plus fréquemment touchées par (par ex. avec un pH supérieur à 5,6) peuvent être à l’origine
les évolutions épizootiques et septicémiques (empoisonne- des listérioses.
ment du sang) à l’issue mortelle, tandis que les bêtes adul-  La contamination passe par le fourrage. Soit les bactéries
tes ont plutôt tendance aux évolutions chroniques. pénètrent dans le corps par les muqueuses buccales et se
répandent dans le cerveau le long des nerfs cérébraux, soit
Comment la reconnaître? elles passent par la muqueuse intestinale.
 Apparition dans le troupeau de cas mortels soudains parmi  Incubation: 10 à 30 jours peuvent s’écouler entre l’infection et
les chevreaux l’apparition des premiers symptômes
 Les bêtes plus âgées et les bêtes adultes manquent d’appé-  C’est une zoonose, c.-à-d. que l’homme peu aussi l’attraper
tit, ont de la fièvre et respirent plus vite et plus fort. via le lait cru et les produits à base de lait cru. La listériose est
 Symptômes typiques: écoulement nasal et oculaire, surtout dangereuse pour les femmes enceintes, les enfants et
apathie, animal incapable de se lever et parfois écoulement les personnes âgées ou immunodéficientes.
mousseux sortant de la cavité buccale.
 Les bêtes chroniquement malades deviennent chétives, Comment la reconnaître?
maigrissent, ont une croissance retardée et s’affaiblissent de  Quatre formes cliniques: La plus fréquente est la forme
plus en plus, ont les narines bouchées et une respiration cérébrale (méningo-encéphalite), mais elle peut aussi pro-
difficile et forcée (l’animal «pompe»). voquer des avortements, des septicémies (empoisonne-
 Le diagnostic est posé après dissection et analyse bactério- ments du sang) ou des mammites.
logique.  Troubles du système nerveux central comme p. ex. troubles
de l’appareil locomoteur, une oreille pendante, salivation,
Comment la prévenir? tenir la tête penchée et tourner en rond. Le fourrage est
 Mot d’ordre absolu: Propreté! Mais aussi conditions d’éle- mâché lentement et pend en biais hors de la bouche. Fièvre
vage et alimentation optimales. seulement au début de la maladie. Suite de l’évolution:
 Les vaccinations ont fait leurs preuves dans la pratique. La mouvements spasmodiques, ne peut plus se lever, mort.
vaccination des mères portantes protège les nouveaux-nés  Souvent, seules quelques bêtes sont touchées dans un
pendant les 4 premières semaines de vie si on leur donne troupeau.
assez de colostrum. Les chevreaux peuvent être vaccinés
dès la 3ème semaine de vie. Des rappels sont recommandés Comment la prévenir?
après 4 à 6 semaines.  Utiliser des fourrages de qualité impeccable, particulière-
ment les ensilages.
Comment la traiter?  Soigner particulièrement la récolte des ensilages (éviter de
 Traitement indiqué seulement au tout début de la maladie, souiller les fourrages en les récoltant).
car son évolution provoque très rapidement des dommages  Stocker les ensilages de manière adéquate (empêcher les
aux poumons et des pleurésies irréversibles. irruptions d’air et les postfermentations).
 Ne donner que des ensilages de bonne qualité (ensilages
de mauvaise qualité (pH supérieur à 5.0); éviter le stress.
 Nettoyer régulièrement les crèches et les abreuvoirs.

Comment la traiter?
 Administrer des antibiotiques, des antalgiques et des vitamines.

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 27


Gastro-entérite à clostridies (entérotoxémie) Ecthyma contagieux

Important à savoir: Important à savoir:


 Les clostridies sont des bactéries anaérobies largement  Ecthyma contagiosum est provoqué par un virus (para-
répandues chez les chèvres et dans leur environnement. poxvirus) très résistant (peut survivre pendant des années
Elles forment des spores et produisent des toxines qui dans des croûtes).
provoquent des maladies graves et mortelles.  Transmission: pénétration indirecte du virus par des petites
 Facteurs déclenchants fréquents: brusques changements de plaies de la peau glabre (lèvres, nez, zone des onglons,
types de fourrages, verminoses, stress, manque d’hygiène, organes sexuels), directement d’une bête à l’autre ou par
etc. La multiplication des clostridies est favorisée par les l’intermédiaire d’équipements et d’outils contaminés
trop grandes proportions de concentrés ou les surplus de  Nettoyer et désinfecter la stabulation diminue la quantité de
protéines couplés à un manque de fibres brutes. virus sans pouvoir l’éliminer.
 Incubation: 3 à 14 jours. Les animaux sont guéris après 3 à 4
Comment la reconnaître? semaines puis sont protégés contre les nouvelles infections
 Touche toutes les catégories d’âge. Les bêtes agonisent le pendant environ une année.
plus souvent sans symptômes préalables. Les bêtes malades  Transmission à l’homme possible par contact
salivent, ont des crampes violentes, tombent et ont une res-
piration plus forte. La mort survient généralement après 1 à Comment la reconnaître?
4 jours de maladie.  Petites vésicules et pustules sur les lèvres, le nez, la mamelle
 Forte diarrhée qui résiste aux traitements, fèces liquide et et le bourrelet coronaire qui finissent par croûter
nauséabondes souvent sanguinolentes  Les jeunes bêtes sont souvent gravement atteintes. Elles
 Évolution chronique: amaigrissement progressif possible sur n’arrivent plus à téter à cause des malformations des lèvres.
plusieurs semaines (causé par un fort manque d’appétit et  Mammites aiguës possibles si la forme de la mamelle est
des diarrhées récurrentes) atteinte; dans les cas graves, lésions des muqueuses de la
 Par sécurité, confirmer le diagnostic par des analyses de bouche et de l’œsophage
laboratoire.  Surinfections bactériennes provoquant des lésions étendues
et des tumeurs en forme de chou-fleur
Comment la prévenir?
 Éviter les changements brusques de types de fourrages. Comment la prévenir?
Procéder progressivement sur environ 2 semaines.  Séparer les animaux malades.
 Alimentation riche en fibres brutes  Bonne hygiène de stabulation, éviter les stress et optimiser
 Vaccination possible (aussi en relation avec celles contre les apports de vitamines, de minéraux et d’oligoéléments.
les pasteurelloses). La vaccination de tout le troupeau  En cas de fort risque d’infection (estivage avec d’autres
est conseillée en cas de problèmes généralisés. Après la troupeaux, participation à des expositions), vaccination
vaccination de base, faire un rappel tous les 6 mois (discuter recommandée au plus tard 14 jours avant l’infection poten-
le schéma de vaccination avec le vétérinaire). Vacciner les tielle (rappel tous les 12 mois). Le virus peut rester latent
mères env. 4 semaines avant la mise-bas protège les petits des années dans les animaux porteurs ou être réintroduit
pendant 4 à 6 semaines via le colostrum. par des achats d’animaux.

Comment la traiter? Comment la traiter?


 Traitement le plus souvent impossible en cas d’évolution  Désinféction quotidienne avec une solution iodée
rapide de la maladie  Forme grave: Demander au vétérinaire de traiter les animaux
 Dans les cas chroniques ou en cas d’évolution retardée, un avec des antibiotiques et des antalgiques.
traitement intensif (vaccination avec un sérum antitoxique et  Donner du sel pour bétail additionné de fleur de soufre
des médicaments administrés par perfusion) peut permettre (1 part de fleur de soufre pour 3 parts de sel pour bétail).
d’éviter la mort, mais le rendement laitier est fortement
diminué pour toute la lactation en cours.

28 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Pseudotuberculose Chlamydiose

Important à savoir: Important à savoir:


 Maladie mondialement répandue causée par la bactérie  Avortements causés par la bactérie Chlamydophila abortus
Corynebacterium pseudotuberculosis.  La mise en évidence des bactéries se fait en laboratoire
 Elle touche surtout les chèvres adultes. surtout sur des placentas.
 Les bêtes infectées le restent toute leur vie.
 Le stress accélère la formation des abcès. Comment la reconnaître?
 Avortements épizootiques dans le dernier tiers de la gesta-
Comment la reconnaître? tion (souvent sans autres symptômes)
 Abcès des ganglions lymphatiques gros comme une noix  Chevreaux morts-nés et nouveaux-nés chétifs
ou même le poing, surtout sur la tête et le cou, mais aussi  Lorsque les avortements sont dus à des chlamydies, le
aux épaules, aux jarrets et à la base de la mamelle; moins placenta et le fœtus peuvent être visiblement altérés. Le
fréquemment aussi aux ganglions lymphatiques des organes tissu sous-cutané du fœtus avorté est souvent œdémateux:
(souvent décelables seulement lors du dépeçage) Toucher la peau donne l’impression de presser sur une
 Du pus vert-jaune, inodore, pâteux et fortement infectieux masse gélatineuse. Le placenta est épaissi, jaunâtre, œdé-
sort des abcès quand ils s’ouvrent. Infection très rapide des mateux et couvert de dépôts jaunâtres et poisseux. Des
autres animaux par contact. Premiers abcès 2 à 6 mois après rétentions de l’arrière-faix, des pneumonies secondaires, des
l’infection. La bactérie peut survivre pendant des mois dans conjonctivites ou des mammites peuvent survenir.
l’environnement.
 Détection des anticorps par un test sanguin dans un échan- Comment la prévenir?
tillon de pus provenant d’un abcès fraîchement ouvert  Pour éviter les avortements pendant la prochaine saison de
mise-bas, les bêtes non portantes peuvent être protégées
Comment la prévenir? par un vaccin vivant.
 Éviter les contacts avec des animaux contaminés.  Une bonne protection vaccinale est importante pour les
 Vaccination avec des vaccins spécifiques au troupeau chèvres achetées et les jeunes chèvres qui vont être saillies,
(expériences en Allemagne) car elles sont particulièrement sensibles.

Comment la traiter? Comment la traiter?


 Aucun traitement efficace  Pour éviter d’autres avortements, traiter les chèvres en fin de
 L’assainissement des troupeaux touchés est possible, et c’est gestation avec des antibiotiques. Une vaccination d’urgence
même la seule issue à long terme. existe pour le début de la gestation (vaccin inactivé).
 Séparer immédiatement ou abattre les animaux qui ont des
abcès. Méthode en cas d’avortements épizootiques:
 Crever les abcès mûrs et les nettoyer avec une solution 1. Séparer les bêtes atteintes (aussi celles qui montrent des
désinfectante. Récolter le plus possible de pus et l’éliminer. signes d’avortement).
Ne réintégrer les bêtes atteintes dans le troupeau qu’une 2. Trouver la cause des avortements par des analyses de labo-
fois que tous les abcès sont complètement guéris. ratoire (au plus tard dès le 3ème avortement).
3. La transmission à l’homme étant possible, les femmes
Conséquences de la pseudotuberculose: enceintes ne devraient ni se tenir dans des troupeaux con-
 Baisse de la production, mort si des abcès touchent des taminés ni consommer du lait cru.
organes internes 4. Chèvres en début de lactation: vaccination d’urgence (2 fois
 Augmentation du travail à 4 semaines d’intervalle, avec un vaccin inactivé)
 Les abcès peuvent nuire à la qualité de la viande et du lait. 5. Chèvres en fin de lactation: traiter avec un antibiotique
 Risques de contamination de l’éleveur, de son personnel et (tétracycline).
des consommateurs

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 29


Maladie du muscle blanc CAE (arthrite – encéphalite caprine)
(carence en sélénium et en vitamine E)

Important à savoir: Important à savoir:


 La maladie du muscle blanc ne survient plus seulement  Infection virale contagieuse incurable évoluant lentement
dans les régions carencées en sélénium. Elle peut apparaitre jusqu’à la mort
partout, et elle est plus fréquente qu’avant à cause de la  Incubation: jusqu’à plusieurs années
modification des conditions d’affouragement et d’élevage.  Provoque d’importants dommages économiques.
 Cause: ration ou lait maternel carencés en sélénium et  La transmission d’un troupeau à l’autre passe généralement
en vitamine E. Il se peut aussi que l’alimentation ne soit par le commerce d’animaux qui ont une infection latente. Le
pas carencée mais que ces substances ne soient pas virus est excrété dans quasiment tous les liquides corporels,
bien assimilées. De nombreux composants des fourrages il se répand dans le troupeau (surtout en passant des chèv-
peuvent influencer négativement leur assimilation. res aux chevreaux par le lait, mais aussi par les manchons
trayeurs contaminés, par contact avec le sang infecté (bles-
Comment la reconnaître? sure, aiguilles, etc.) ou par contact direct entre animaux).
 Endommagement des cellules musculaires. Chevreaux  Les adultes s’infectent entre eux lors de la traite.
faibles qui ne peuvent soudainement plus se lever ou  Tous les troupeaux de chèvres font régulièrement l'objet
meurent. Ils ont pourtant bon appétit et leur température d'un contrôle à l'égard de la CAE. Les exploitations indem-
corporelle est normale. nes sont officiellement reconnues.
 Les symptômes sont moins nets chez les adultes. Troubles
de la fécondité, rétentions de l’arrière-faix, augmentation Comment la reconnaître?
du nombre de cellules dans le lait, troubles de l’appareil  Inflammations articulaires chroniques (le plus souvent dans la
locomoteur ou affaiblissement profond et prononcé de zone du carpe, la CAE est aussi appelée carpite chronique).
l’animal.  La CAE provoque aussi des mammites, des amaigrissements
et des pneumonies chroniques.
Comment la prévenir?  Les chevreaux de moins de 6 mois font sporadiquement
 Le sélénium et la vitamine E parviennent aux fœtus par des encéphalites qui provoquent des paralysies (les ani-
l’utérus. Traiter les chèvres pendant la gestation (par ex. avec maux ne peuvent plus se lever), puis meurent.
des mélanges de sels minéraux spécialement enrichis en  La CAE est diagnostiquée par des analyses de sang.
sélénium) augmente donc aussi les apports reçus par les
fœtus. Comment la prévenir?
 Prophylaxie pour les chevreaux: injections de sélénium et  Éviter le contact avec les animaux infectés.
de vitamine E ou administration d’une pâte contenant du  Pas de vaccination possible
sélénium et de la vitamine E («Drench»)
 Les chèvres devraient d’une manière générale recevoir toute Comment la traiter?
l’année un mélange de sels minéraux vitaminé et contenant  Pas de traitement
du sélénium.  Interrompre la transmission du virus. Le cheptel caprin suis-
se a été assaini par le passé au point d’être aujourd’hui
Comment la traiter? quasiment totalement exempt de CAE. En France un
 Produits à ingérer ou à injecter contenant du sélénium et programme de lutte officiel est en place depuis 1994.
de la vitamine E. Le pronostic est toutefois mauvais pour
les bêtes couchées depuis longtemps car les processus Méthode d’assainissement de la CAE:
dégénératifs de la musculature sont déjà très avancés. 1. Analyses de sang (env. tous les 6 mois à partir de l’âge de 6 mois)
2. Élimination des bêtes positives (y. c. leur descendance)
3. Séparer les chevreaux des mères dès la naissance (pour les
chèvres sélectionnées de haute valeur).
4. L’assainissement peut réussir au plus tôt après 2 ans.
5. Des analyses annuelles sont nécessaires pour maintenir ce
statut.

30 Chèvres laitières bio 2010 ITAB / Agridea / FiBL


Rentabilité
La rentabilité des élevages de chèvres laitières est d’au moins 160 chèvres en cas de livraison à une
principalement influencée par une bonne gestion. laiterie.
Les principaux facteurs d’amélioration sont: Le seuil de rentabilité est formé par la somme
 l’optimisation du rendement laitier, des frais spécifiques et de structure par kg de lait. Si
 un bon prix du lait ou du fromage et on y ajoute les frais de main d’œuvre, cela donne
 la réduction des coûts, surtout de ceux pour le prix de revient intégral par chèvre. Si on divise ce
l’affouragement et de la stabulation. dernier par le rendement laitier effectif on obtient
Pour obtenir un bon résultat il faut des investisse- le prix du lait qu’il faut obtenir pour couvrir tous les
ments raisonnables en capital, en technique et en frais de production.
travail, mais aussi des chèvres saines et produc- Pour un prix du lait de p. ex. 1,20 CHF (fourchet-
tives. La gestion est donc la clé de la réussite! te de prix de 0,80 à 1,50) ou 0,75 Euro par kilo de
Avec 22 heures par chèvre et par année, la pro- lait et un rendement laitier de 700 kg par chèvre,
duction de lait de chèvre nécessite beaucoup de on obtient dans l’exemple ci-après
main-d’œuvre, et l’affouragement doit se baser  en cas de transformation d’une stabulation: un
sur des fourrages d’excellente qualité. Hauts ren- revenu du travail de 11,95 francs ou 8,90 Euro
dements laitiers et bonnes teneurs sont donc des de l’heure [(prix du lait x quantité de lait - frais
facteurs importants pour la réussite économique. spécifiques - charges de structure) / nombre
La commercialisation des chevreaux passe sur- d’heures de travail par chèvre]
tout par la vente directe. Les produits de la vente  en cas de construction neuve: seulement 5,10
couvrent juste les frais, qui dépendent fortement CHF, ou 6,30 Euro (sans paiements directs
des prix du lait de vache. et autres contributions; si on les ajoute: c.a.d.
Il faut un troupeau de 60 chèvres pour un plein 15,90 CHF ou 22,75 Euro/h).
temps en cas de transformation fermière du lait et

Les coûts de la production biologique de lait de chèvre (valeurs moyennes par chèvre laitière par année)
Frais spécifiques CHF Euro 1 Mes propres valeurs
1. Agrandissement du troupeau (1 / durée d’utilisation x prix d’achat) 95 30
2. Fourrage de base chèvres (4500 MJ NEL ou 650 UFL) 308 90
3. Concentrés chèvres (200 kg) 84 90
4. Aliments minéraux et sel pour bétail (0,02 kg par jour) 14 3,70
5. Paille (200 kg) 30 16
6. Bouc (prix d’achat / durée d’utilisation 3 ans / 30 chèvres) 26 5,60
7. Vétérinaire et médicaments 35 6
8. Analyses CAE (partiellement pris en charge par la Caisse des épizooties)
9. Électricité, eau, outils 30 15
10. Contributions (contrôle laitier, fédérations, assurances, etc.) 7 15
11. Transport du lait dans le prix du lait 14
12. Total des frais spécifiques 629 285
13. Frais spécifiques par kg de lait 0,83 0,41
Charges de structure (sans main d’œuvre)
14. Place stabulation (y. c. technique de traite et d’affouragement) avec 5 % 150 (301) 49 (117)
d’amortissement et 4 % d’intérêt (avec nouveau bâtiment)
15. Charges de structure par kg de lait (pour un rendement laitier de 750 kg) 0,20 0,07 (0,17)
(avec nouveau bâtiment) (0,40)
Résultat intermédiaire
16. Frais spécifiques + charges de structures (avec nouveau bâtiment) 779 (930) 335 (402)
17. Seuil de rentabilité (pour un rendement laitier de 750 kg) (avec nouveau bâtiment) 1,03 (1,23) 0,48 (0,57)
Frais de main-d’œuvre
18. Frais de main-d’œuvre par chèvre (22 MOh x 20 CHF (ou 10 Euros) 440 220
19. Frais de main-d’œuvre par kg de lait (pour un rendement laitier de 750 kg) 0,58 0,31
Prix de revient intégral
20. Coûts totaux par chèvre et par année (avec nouveau bâtiment) 1219 (1370) 555 (622)
21. Coûts totaux par kg de lait (avec nouveau bâtiment) 1,62 (1,82) 0,79 (0,89)
1 Les références technico-économiques issues d’élevages caprins biologiques français n’existant pas, ces valeurs sont des estimations issues des réseaux de
références allemands. Elles sont présentées ici à titre indicatif.

FiBL / Agridea / ITAB Chèvres laitières bio 2010 31


Adresses des services de conseil
Service consultatif et sanitaire
pour petits ruminants (SSPR)
Case postale 339, CH-3360 Herzogenbuchsee
tél. +41 (0)62 956 68 74, fax +41 (0)62 956 68 79
[email protected], www.caprovis.ch

Service de conseils du FiBL


tél. 062 865 72 72, fax 062 865 72 73
[email protected], www.fibl.org

Service de conseil en France


Contacts des structures locales (Chambres d’Agriculture et
Groupements d’Agriculteurs Biologiques) sur le site de l’ITAB:
www.itab.asso.fr/reseaux/groupeagri.php

Bibliographie complémentaire
AGRIDEA: Elevage ovin, élevage caprin.
Fédération suisse d’élevage caprin (2006): L’élevage caprin
suisse.
Giboudeau, B . (2006): Les vaches nous parlent d’alimentation
– Supplément ovins et caprins. Editions FEMENVET, Thones Impressum
(France). Collection «L’élevage autrement», 3ème éd. Éditeurs et distributeurs:
INRA (2007): Alimentation des bovins, ovins et caprins. Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL)
Ackerstrasse, Postfach, CH-5070 Frick, tél. +41 (0)62 8657-272, fax -273
Editions Quae, Paris. [email protected], www.fibl.org
Kessler, J., Agroscope ALP (2004): Alimentation ciblée de la AGRIDEA, Avenue des Jordils 1, CH-1006 Lausanne
chèvre. ALP Actuel. tél. +41 (0)21 619 44 52, fax +41 (0)21 617 02 61
[email protected], www.agridea.ch
Legarto, J. & Leclerc, M.-C., Institut de l’élevage (2007):
Guide pour la conduite du pâturage caprin. Paris. Institut Technique de l’Agriculture Biologique (ITAB)
149, rue de Bercy, 75595 Paris
Raveneau, A. (2005): Le livre de la chèvre. Editions Rustica, tél. +33 (0)1 40 04 50 64, fax +33 (0)1 40 04 50 66
Paris. [email protected], www.itab.asso.fr

Auteurs:
Kerstin Barth (vTI, Trenthorst), Elisabeth Horvat (Bio Austria), Andreas Kern
(Bioland), Veronika Maurer (FiBL), Jeannette Muntwyler (BGK), Christel
Agriculture biologique Simantke (Beratung Artgerechte Tierhaltung e.V.), Elisabeth Stöger (FiBL),
Classeur de fiches techniques avec Bärbel Reinmuth (Bioland)
abonnement de mise à jour
Collaboration et relecture:
- Techniques de production (sol, fertilisation, Felix Heckendorn, Eric Meili (FiBL), Joannie Leroyer (ITAB), Josy Taramarcaz
adventices, protection des plantes) (AGRIDEA), Ulrich Jaudas
- Grandes cultures (céréales, sarclées, etc.) Traduction: Manuel Perret, CH-1412 Ursins
- Dérobées et herbages
- Maraîchères Rédaction: Gilles Weidmann (FiBL)
- Animaux de rente (alimentation, santé,
détention des bovins, caprins ovins porcs Maquette: Claudia Kirchgraber (FiBL)
et volaille)
U. Braun (Klinik für Wiederkäuermedizin Vetsuisse-Fakultät Zürich): p. 27
(2); Société DeLaval: p. 17 (1); Jacqueline Felix: p. 21 (1); Société Förster-
Technik: p. 21 (4); Kerstin Hofmann: p. 16 (3); Elisabeth Horvat: p. 21 (2);
Institut de pathologie vétérinaire du Tierspital Zürich: p. 29 (2); Gabriele
Elevage ovin, élevage caprin Kümmritz: p. 2 (1), 8, 12, 15 (1), 18 (2); Michael von Lüttwitz: p. 22 (3);
Classeur de fiches techniques avec Dominic Menzler (©BLE, Bonn): p. 10, 15 (3), 18 (1), 19; Bärbel Reinmuth
abonnement de mise à jour (Bioland): p. 2 (2), 5, 8 (1), 13 (2), 24; Thomas Rust: p. 1; Christel Simantke:
p. 13, 14, 15 (2, 4, 5, 6), 16 (1, 2), 21 (3); SSPR: p. 11, 22 (1, 4), 25, 27 (1),
- Système de production 28, 29 (1), 30; Thomas Stephan (©BLE, Bonn): p. 4; Société Urban: p. 21 (5)
- Génétique, sélection, conduite du troupeau Impression: AGRIDEA, Lausanne
- Alimentation, gestion du pâturage
- Hygiène et santé ISBN: 978-3-03736-181-8
- Bâtiments, installations ­
- Marché, travail Prix: Euros 7.00, CHF 10.00 (TVA comprise)

© FiBL, AGRIDEA & ITAB

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