AAP1 05 Burundi Rapport Final de Recherche
AAP1 05 Burundi Rapport Final de Recherche
AAP1 05 Burundi Rapport Final de Recherche
DE L'UNIVERSITÉ DU BURUNDI
JUIN 2020
PIERRE NDUWINGOMA
INNOCENT NTWARI
MELCHIOR NTAHONKIRIYE
Projet financé par le
programme APPRENDRE
dans le cadre de l’appel
« Documenter et éclairer les
politiques éducatives »
Introduction générale 1
1.Cadre de la recherche 1
2. Problématique de la recherche 3
3. Questions de recherche 5
3.1.Question générale 5
2.2.1.2. Brève description de l’évolution des conceptions sur les pratiques de classes 31
Conclusion générale 76
Références bibliographiques 81
Annexes 84
4
Remerciements
C’est aussi une occasion propice de remercier sincèrement le professeur Martial DEMBELE,
dont les conseils et remarques judicieux nous ont permis de mieux circonscrire le sujet et de
réaliser la recherche dans les délais requis.
Aux directeurs d’écoles et aux enseignants qui nous ont permis la visite des classes et qui ont
accepté de nous fournir les données dont nous avions besoin, nous disons merci.
Nous remercions les chercheurs de différentes structures de l’Université du Burundi qui sont
intervenus à différentes étapes de cette recherche : Pierre Nduwingoma, Innocent Ntwari,
Mlchior Ntahonkiriye qui ont assuré la conception, la supervision et la rédaction du rapport de
recherche, Edith Ndereyimana, Ildephonse Nsengiyumva, Clément Bigirimana, Alice
Ndayikeza, Justin Gafura, Aloys Niyonizigiye, Abel Nhimirimana, Josias Ndikumasabo qui
ont participé à la collecte des données sur terrain.
Que toute autre institution ou personne ayant contribué de près ou de loin à la réalisation de ce
travail trouve ici l’expression de notre sincère reconnaissance.
I. Diagramme
Diagramme 1. De la gestion de la classe: distribution de la parole et accueil des réponses des
élèves 57
II. Graphique
Graphique 1. Ancienneté professionnelle des enseignants 51
III. Tableaux
Tableau 1. Synthèse de l’enseignement progressif des langues 8
Tableau 2. Structure de l'enseignement au Burundi 14
Tableau 3. Ratio élèves par classe au niveau national 15
Tableau 4. Ratio élèves par classe en 5ème année au niveau national 15
Tableau 5. Structure d’une unité didactique 25
Tableau 6. Répartition des informateurs selon le type et le niveau de formation initiale 48
Tableau 7. Représentation du lien entre la formation initiale des enseignants et l’enseignement
du français 49
Tableau 8. Formation en cours d’emploi 50
Tableau 9. Description du climat de la classe: attitude relationnelle de l'enseignant 52
Tableau 10. Description du climat relationnel en classe: De la rigidité des enseignants 55
Tableau 11. Organisation et gestion des conditions d'apprentissage 59
Tableau 12. Respect de la fiche de préparation d'une leçon 61
Tableau 13. Interventions pédagogiques et organisationnelles: styles et stratégies de
l'enseignant 63
Tableau 14. Type d’enseignement par catégorie de leçon 64
Tableau 15. Test de corrélation entre les variables relatives aux styles et aux stratégies de
l'enseignant 65
Tableau 16. Gestion épistémique d'une leçon: apprentissage des concepts nouveaux et
réflexion chez les élèves 67
Tableau 17. Gestion didactique des contenus 68
Tableau 18. Suivi rigoureux du guide de l’enseignant 69
Tableau 19. Gestion didactique des contenus: plurilinguisme et enseignement du français 71
7
Introduction générale
Dans cette section, nous présentons le cadre dans lequel la recherche s’est réalisée, la position
du problème à l’étude et les questions de recherche que nous nous sommes posées.
1. Cadre de la recherche
Ce rapport est le fruit d’une étude conçue et réalisée grâce à l’appui de la plateforme
APPRENDRE (Appui à la Professionnalisation des PRatiques ENseignantes et au
Développement des REssources), programme dédié au renforcement de la qualité de
l’éducation dans les pays francophones émergents ou en développement.
L’observation des pratiques de classe s’est désormais limitée à une seule discipline et
à une classe du fondamental, le français en 5ème année. Les motivations liées à ce
choix sont amplement exposées dans la suite de ce document.
Depuis 2013, une réforme qui met en place les cycles fondamental et
post-fondamental a été instaurée dans le système éducatif burundais. Cette réforme a
introduit un nouveau découpage des cycles d’enseignement ainsi que la refonte
profonde des contenus et des méthodes d’enseignement, si bien que nous nous
8
Dans la version définitive de nos investigations, il s’agit de décrire les conditions dans
lesquelles se déroule l’enseignement/apprentissage du français en 5ème année
fondamentale, afin de voir jusqu’à quel point les innovations pédagogiques prônées
par la réforme de l’école fondamentale, appliquée depuis 2013, sont intégrées et
appliquées par les enseignants sur le terrain.
Pour atteindre cet objectif, nous avons entrepris d’une part, l’observation directe des
pratiques de classe dans les leçons de français de la classe de 5ème année. D’autre
part, nous avons mené des entretiens avec les enseignants observés.
2. Problématique de la recherche
L’organisation de tout système d’enseignement d’un pays donné change au cours de son
histoire pour plusieurs raisons, notamment pour s’adapter au monde de l’éducation en
perpétuelle évolution et ayant de plus en plus de nouvelles exigences de la part de ses
partenaires (Jorro, 2014). Le Burundi a entamé une réforme de l’enseignement de base
(enseignement fondamental qui dure actuellement 9 ans) pour se conformer aux
recommandations de l’East African Community, dont le Burundi est membre depuis 2007.
L’harmonisation des structures de formation dans cette organisation régionale a pour but de
faciliter la mobilité des apprenants et des enseignants.
Parmi les grandes nouveautés de la réforme de l’école fondamentale, il y a lieu de citer la
mise en activité de l’apprenant. Cela suppose, didactiquement parlant, que tout enseignant
doit s’interroger sur ce qu’il doit faire pour amener les apprenants à apprendre. Pour la
réussite de l’action éducative, l’enseignant occupe donc une place de choix ; sa formation doit
être pensée et assurée avec beaucoup de soins.
S’il est vrai qu’une bonne méthode d’enseignement participe à la prévention de l’échec et du
décrochage scolaires, selon Talbot (2012), les chercheurs qui s’interrogent sur les pratiques
d’enseignement efficaces aboutissent parfois à des conclusions contradictoires mais
complémentaires. En effet, pour une catégorie de chercheurs, un enseignant efficace serait
celui qui propose des activités « très structurées », qui travaille à petit pas et qui arrive à gérer
son programme en insistant suffisamment longtemps sur les matières importantes. Il propose
des évaluations qui correspondent à ce qui a été effectivement enseigné. Il pose de
nombreuses questions et pratique un feedback positif (des louanges, mais distribuées à bon
escient). Il s’intéresse aux apprentissages fondamentaux et se démarque de l’enseignant «
lecteur des contenus ». L’enseignant efficace arrive à impliquer les élèves dans les exercices
individuels. C’est une personne rigoureuse (Talbot, 2012).
Pour d’autres chercheurs, un enseignant efficace est celui qui organise et anime des situations
d’apprentissage. Il construit des activités où les élèves sont mis en recherche. Par l’action, les
élèves sont amenés régulièrement à résoudre des problèmes. Il a comme objectif d’amener les
élèves à modifier leurs représentations en les confrontant à des obstacles cognitifs. Il pratique
régulièrement une évaluation formative, propose des travaux de groupes et met en place une
différenciation des apprentissages. Il travaille avec les enfants en difficultés, suscite le désir
d’apprendre, explicite le rapport au savoir et le sens du travail scolaire (Talbot, 2012).
10
Pour l’enseignement du français comme pour les autres disciplines, si les savoirs
professionnels acquis au cours de la formation initiale devraient permettre aux enseignants de
s'adapter aux situations éducatives auxquelles ils sont confrontés en situation de pratique
professionnelle (Paquay, Marguerite, Charlier, & Perrenoud, 2001) et que les formations
continues constituent une autre voie de développement des connaissances
professionnelles (Paquay, 2007), les enseignants de français en 5ème fondamentale sont appelés
à mettre en œuvre des pratiques d’enseignement auxquelles beaucoup n’ont ni été formés ni
été confrontés en tant qu’élève.
Notons quand même que, généralement pendant les vacances d’été, des formations continues
sont organisées au niveau national en faveur des enseignants. Cela étant, une récente
recherche doctorale réalisée par Ntwari (2018) concernant la mise en pratique des
préconisations des pratiques d’enseignement en mathématiques au 4ème cycle du fondamental,
montre que, même si lors des formations continues il est dit aux enseignants de mettre
littéralement en œuvre le curriculum prescrit, 40% des enseignants se permettent d’adapter les
pratiques prescrites au contexte de la classe qu’ils gèrent. La question qui se pose est de savoir
si les formations continues permettent aux enseignants de s’outiller assez suffisamment pour
mettre en œuvre les nouvelles pratiques d’enseignement, à savoir l’enseignement centré sur
l’apprenant ou la mise en activité de l’apprenant.
Par ailleurs, parmi les facteurs qui peuvent gêner la mise en application du curriculum
d’enseignement, figure le manque de motivation liée aux conditions salariales chez les
enseignants au point que, selon une étude réalisée par l’Unesco (2012), 70% des enseignants
11
seraient prêts à quitter la profession enseignante s’ils trouvaient un travail ailleurs. On peut
aussi signaler les effectifs élevés des élèves qui ne facilitent pas certaines pratiques comme les
travaux en groupes.
Tout ce qui précède explique peut-être la baisse du niveau des élèves en français, qui est une
réalité attestée par plusieurs études récentes (Habonimana & Mazunya, 2010 ; Mazunya,
2016 ; Ndayikengurukiye, 2014 ; Ndayizamba, 2015 ; Nduwingoma, 2019).
Eu égard à toutes ces facettes du problème élucidé ci-dessus, nous nous posons les questions
qui suivent. La question générale correspond à l’objectif global et les questions spécifiques
aux objectifs opérationnels.
3. Questions de recherche
3.1.Question générale
Dans quelle mesure l'enseignant de français en 5ème année fondamentale met-il en œuvre les
contenus et les procédés méthodologiques prévus dans le guide de l'enseignant et pourquoi ?
L’enseignement préscolaire au Burundi n’est pas généralisé. Alors qu’on peut le rencontrer ici
et là dans les établissements publics, ce palier d’enseignement est plutôt répandu dans le
réseau scolaire privé, surtout dans les agglomérations urbaines.
L’enseignement préscolaire, là où il existe, est régi par deux textes réglementaires : le décret
n°100/025 du 24 mars 2004 portant organisation de l’éducation préscolaire au Burundi,
complété par la loi n°1/19 du 10 septembre 2013 portant organisation de l’enseignement de
base et secondaire.
Les finalités du niveau préscolaire (ou éducation maternelle) sont définies dans l’article 25 de
la loi de 2013 déjà citée. L’éducation préscolaire concourt essentiellement à stimuler
l’éducation motrice, sensorielle, psycho-sociale et intellectuelle de l’enfant et cela doit
apparaître dans les activités de ce type de formation. C’est pour cela que les enseignements en
maternelle portent sur cinq domaines : le langage, la pré-lecture, la pré-écriture, le pré-calcul
et les activités psychomotrices.
Au plan linguistique, alors que les articles 28 et 29 de la loi de 2013 prescrivent que
l’enseignement-apprentissage se fait en kirundi et/ou dans d’autres langues reconnues par la
loi, le préscolaire public organise l’enseignement-apprentissage en kirundi, la langue
maternelle et nationale, contrairement aux écoles maternelles privées qui dispensent leur
enseignement en français.
13
1
Le français intervient à partir du second trimestre.
14
5
III
6
7 Français (ou anglais à terme) Kirundi, français, anglais, kiswahili
IV 8
9
Source : Curriculum de l’enseignement fondamental au Burundi (2015)
L’enseignement post-fondamental a pour mission, en trois ans, de (i) former les jeunes aux
valeurs civiques, morales, religieuses et intellectuelles propres à favoriser une conscience des
réalités nationales et à les amener à œuvrer pour le développement socio-économique du pays,
pour la promotion de la culture nationale et de l’esprit patriotique, (ii) former les cadres
moyens, les techniciens et les ouvriers qualifiés répondant aux besoins du pays et (iii)assurer
une préparation adéquate aux études supérieures et universitaires (art. 76 de la loi n°1/19 du
10 septembre 2013).
Pour y arriver, la formation dispensée au secondaire doit être diversifiée et spécialisée. Les
élèves doivent acquérir une formation solide qui leur permet d’entrer à l’enseignement
supérieur, d’accéder à une formation professionnelle ou de s’insérer dans la vie active (art.
80).
En lien avec notre recherche, nous présentons dans cette section, les ratio élèves par classe en
général (dans l’enseignement public) et celui de la cinquième fondamentale en particulier.
A travers le tableau établi à partir des données de l’annuaire statistique scolaire le plus récent
(2017), l’on constate, par exemple, que le ratio élèves par classe ne baisse pas suffisamment
avec le temps : il est de 84.7 en 2006, et de 71.32 en 2015, soit une diminution de seulement
13.38 points. Sur une période de dix ans (de 2006 à 2015), le ratio moyen élèves/classe est de
77.36. Même si le nombre de salles de classe a sensiblement augmenté (taux d’accroissement
en dix ans = 83.03%), le ratio élèves/classe reste élevé. Cela ne peut pas manquer d’impact
sur les conditions d’enseignement-apprentissage.
Au regard de la moyenne nationale des élèves, les classes de 5ème sont sans doute moins
surpeuplées que la moyenne nationale mais le ratio moyen de 60.8 reste aussi élevé Tableau 3.
Ratio élèves par classe au niveau national).
Quatre réformes éducatives importantes ont été successivement instaurées. Il s’agit des
réformes de 1967, de la « kirundisation » de 1973, de la réforme « double vacation » de 1981,
et celle de la création des écoles fondamentales de 2013.
2
BPSE, Indicateurs sur l’Enseignement au Burundi 2011/2012, Novembre 2012.
17
presque délaissé, l’on assista à des échecs en français dans les cycles d’enseignement après la
4e année. Cela a conduit, plus tard, à la réintroduction du français en première année primaire.
S’agissant de la scolarisation primaire universelle, selon le rapport de la CNIDH (2014), la
réforme a été définie à une période qui n’a pas permis aux parents d’envoyer de bon cœur
leurs enfants à l’école, car le Burundi venait de vivre une crise sociopolitique profonde en
1972. Au niveau de l’accès, cette politique n’a pas eu le temps de faire ses preuves car le taux
net de scolarisation est passé de 27,4% en 1973 à 29,3% en 1981.
Avec 10 unités annuelles, l’on dénombre deux cents séances de français (200) en classe de 5e
année primaire.
27
L’enseignement a pour but de dispenser des savoirs et a pour acteur principal l’enseignant.
L’apprentissage est un processus à la fois individuel, dynamique, et socialement interactif,
ayant pour acteur principal l’apprenant. Même si tous les actes pédagogiques visent, du moins
dans leur intention première, l’apprentissage des élèves, ils ne s’y prennent pas de la même
manière, selon OPERA. Pour les pédagogies dites de la transmission, réunies sous le label
général des « pédagogies traditionnelles » et inspirées de la psychologie « behavioriste »,
enseigner met en scène un enseignant qui communique un savoir préconstruit à un apprenant
qui le reçoit « religieusement ». A l’inverse, les pédagogies dites actives, inspirées de la
psychologie cognitiviste et du socio-constructivisme, considèrent que l’apprentissage repose
sur des processus cognitifs internes et actifs du sujet apprenant, suscités par le besoin et
l’intérêt, et qui se consolident avec l’interaction avec l’environnement social :
« Chaque apprenant dispose de connaissances (des conceptions) et de compétences avec
lesquelles il va construire des connaissances nouvelles pour résoudre des problèmes que lui
pose l'environnement. Le rôle de la communauté - les autres étudiants et l'enseignant - est de
fournir le dispositif, de mettre en lumière le challenge et de le soutenir dans la construction
personnelle qu’il entreprend » (Anderson & al., 1994).
des apprenants. Dans une leçon de FLE par exemple, les documents mis à disposition
proviennent de la communauté ambiante, affichage scolaire, communiqué radiodiffusé, etc.
et appellent, autant que possible, l’éveil d’un maximum de sens : l’ouïe, la vue, le
toucher…Par ailleurs, il est conseillé de retenir aussi les ressources proposées par les
apprenants eux-mêmes.
ii) La motivation : l’apprenant prend goût à l’apprentissage lorsque les activités qu’on
lui propose lui parlent effectivement. Les contextes évoqués doivent rencontrer ses besoins
ou ses intérêts immédiats, sans quoi ils ne font pas sens et ne justifient donc pas un
investissement d’apprentissage.
iii) Les interactions : nous avons souligné ci-dessus que le processus d’apprentissage
fait appel à la fois à une activité cognitive intrinsèque du sujet et à une démarche
collaborative avec l’environnement. C’est ce dernier aspect qui est exploité dans les
échanges élèves-maître et dans les interactions entre pairs, en binômes et en groupes
élargis.
iv) La diversité et la complexité des compétences mobilisées : les activités proposées
doivent viser un réel problème à résoudre, autrement l’intérêt de l’apprenant s’estompe. Il
s’agira alors de recourir à des situations-problèmes dans lesquelles, pour s’en sortir,
l’apprenant doit mobiliser ses capacités de réflexion, d’imagination, d’analyse, de
synthèse, et d’invention.
v) Les productions créatives : pour être gratifiantes, les activités doivent conduire
l’apprenant à la réalisation personnelle de « quelque chose » : un rapport, une création
artistique, un projet, etc.
Ces critères nous ont semblé bien illustrer la dualité entre l’enseignement et l’apprentissage.
Ils ajoutent à leur pertinence le fait qu’ils se prêtent aisément à une observation de terrain.
Aussi en avons-nous tenu compte lors de la conception de nos outils de recherche : la grille
d’observation des pratiques enseignantes et le guide d’entretien avec les enseignants. Ces
critères ont été repris, bien sûr de manière diffuse et transversale, pour que les sujets observés
ne devinent pas d’emblée ce que l’on cherche à savoir et ne nous servent pas des
comportements qu’ils croient qu’on attend d’eux.
Les pédagogies modernes ou actives, dont celle véhiculée par la réforme de l’enseignement
fondamental du Burundi, prônent des pratiques d’apprentissage centrées sur l’apprenant.
L’attention n’est plus portée sur l’enseignant ou sur le savoir à faire acquérir, mais plutôt sur
l’apprenant lui-même, qui constitue le point de départ et d’arrivée de l’entreprise
30
d’enseignement/apprentissage. C’est pour cela que cette nouvelle forme de pédagogie a pour
principe fondamental la « centration sur l’apprenant ».
l’introduction (pour une bonne entrée dans la matière, la Leçon Proprement dite ou le corps de
la leçon (développement proprement dite de la leçon) et l’application/exercices/évaluation.
2.2.1.2. Brève description de l’évolution des conceptions sur les pratiques de classes
Selon OPERA (Rapport final, 2015, en ligne), la pratique enseignante a, dans l’histoire, été
d’abord régie par des préoccupations philosophiques. Jusqu’au 18ème siècle, l’enseignement se
réduisait à l’intervention magistrale de l’enseignant, ce dernier constituant le socle de l’activité
enseignante. Plus tard, d’autres orientations mettant l’élève au centre de l’acte pédagogique
vont apparaître : il fallait adapter les interventions du maître aux manières d’apprendre des
élèves. C’est ainsi que les conceptions psychologistes de l’enseignement vont prôner
l’adaptation des interventions pédagogiques au développement psychologique de l’individu.
C’est à partir des années 1970-1980 que les recherches en éducation commencent à se focaliser
sur les véritables pratiques de classe. L’idée est de rendre compte des activités et des difficultés
effectives des enseignants dans leur plein acte d’enseignement.
Plusieurs orientations vont voir le jour. Les approches behavioristes réduisent l’acte
pédagogique à ce qui est uniquement observable. Il en résultera des travaux très normatifs
mettant en avant les qualités intrinsèques et l’efficacité de l’enseignant pour réussir l’acte
d’enseignement/apprentissage. Quant aux approches cognitivistes, elles reposent sur l’idée que
les pensées, les théories et les choix des personnels des enseignants déterminent leur
33
performance pédagogique. Les approches écologistes, quant à elles, mettent l’accent sur
l’importance de la situation et du contexte sur la pratique enseignante.
A partir des années 2000, l’approche interactionniste s’impose. L’idée centrale de cette
approche est que plusieurs variables agissent en synergie à la fois sur l’enseignant, l’élève et le
contexte : « une pratique enseignante recouvre des procédures, des produits, mais aussi des
processus interactifs, cognitifs, relationnels, psychologiques, contextuels »
Dans un tel contexte, quoi doit-on observer dans cet imbroglio de facteurs interactifs et
enchevêtrés ? Pour surmonter cet obstacle, OPERA s’appuie sur les résultats des travaux du
réseau OPEN (2002-2012) et sur les travaux anglo-saxons de Hattie (2003) et de Hamre (2013).
Pour faire simple, on peut dire que l’observation des pratiques de classe s’opère sur trois axes:
i) L’axe relationnel, qui concerne tout ce qui a trait au climat créé en classe. Plusieurs
dimensions relèvent de ce domaine : la gestion de la classe, le leadership et autorité, la
discipline et la gestion des conflits, la formation des groupes de travail, l’organisation spatiale,
temporelle, matérielle de la classe, la gestion des classes pléthoriques.
iii) L’axe didactique qui repose sur l’organisation et la gestion du savoir et couvrant les
dimensions suivantes : le degré d’activité de l’apprenant, l’élaboration, la formulation et la
passation de la consigne, la gestion des erreurs, les modes d’acquisition des connaissances, les
34
Il faut souligner que tous les trois axes de l’acte d’enseignement/apprentissage fonctionnent et
sont repérables grâce aux interactions enseignant-apprenants : « les interactions entre les
maîtres et les élèves sont les aspects les plus importants du travail de l’enseignant, quel que soit
le contexte » (Rapport final, OPERA, 2015, p.53).
C’est pour cette raison que, dans la conception de l’outil d’observation, OPERA s’est appuyé
sur le modèle de CLASS (Classroom Assessment Scoring System) de 2015 pour identifier les
« différents facteurs susceptibles d’exercer des influences sur l’apprentissage, à travers un
relevé des interactions, des activités et des tours de parole de l’enseignant dans sa relation avec
les activités et les tours de parole des élèves en contexte » (Rapport final, OPERA 2015, p.54).
Cependant, ce modèle a été simplifié. Les dimensions retenues pour chaque axe l’ont été en
fonction de leur pertinence par rapport au contexte particulier du Burundi, ce qui signifie qu’il
y a des rubriques du modèle originel qui n’ont pas été retenues. De même, contrairement à
OPERA qui utilise une grille ouverte, nous avons préféré concevoir une grille d’observation
préétablie et a priori demandant uniquement au chercheur de « cocher oui ou non» la case
chaque fois qu’il voit apparaître le comportement prédit. La démarche inverse nous a semblé
périlleuse pour une équipe d’enquêteurs qui, dans notre contexte, n’est pas nécessairement
outillée pour opérer des appréciations aussi fines que celles attendues dans le modèle
d’OPERA.
En entreprenant l’observation des pratiques de classes, l’objectif des chercheurs de OPERA
était de répondre aux cinq questions ci-dessous (Rapport OPERA, 2015, p. 65-66) : i) que se
passe-t-il au niveau du processus enseignement-apprentissage dans les classes (en français, en
mathématiques et dans les disciplines d’éveil, au CP2 et au CM2)? ii) quelles caractéristiques
35
La pédagogie active quant à elle, sollicite l’implication active de l’apprenant, seul, en binôme
et en groupe, par des productions orales et écrites permanentes. Tout est défini du point de vue
de l’élève. Celui-ci est mis dans des conditions propices (par l’enseignant) à la construction de
son propre savoir. L’enseignant a ici le rôle de guide, d’organisateur, d’animateur, de
médiateur entre l’élève et le savoir. Ce type de pédagogie repose sur une logique
d’apprentissage. Les pédagogies de l’apprentissage s’inspirent des conceptions cognitivistes,
constructivistes et interactionnistes de l’enseignement (Altet, 1997, 2013).
En observant les pratiques de classe, on doit identifier les actions centrées sur une logique
d’enseignement et celles centrées sur une logique d’apprentissage. La première vise
l’acquisition des savoirs, la seconde celle des compétences.
37
« Les observations sont précédées et suivies immédiatement d’entretiens menés par les
observateurs auprès de l’enseignant observé, puis d’entretiens auprès de quelques élèves à
la fin de la leçon. En amont, il s’agit de recueillir, auprès de l’enseignant, les intentions et
les objectifs d’apprentissage prévus, les situations et les stratégies retenues. En aval,
l’entretien avec le chercheur-observateur porte sur la perception du déroulement de la
séance par l’enseignant, son ressenti et son analyse sur l’atteinte des objectifs, les écarts
entre la préparation et la réalisation, les difficultés rencontrées ; il s’agit de lui faire
exprimer son jugement professionnel de ce qui a été fait, et de ce qui pourrait être repris,
modifié… Un entretien a aussi lieu avec quelques élèves, pris un par un, à la fin de la
séance, pour savoir comment ils l’ont vécue, ce qu’ils ont fait, compris, appris : des
exemples concrets leur sont demandés. Les observateurs apportent aussi leurs
commentaires, leur ressenti sur chaque séance observée » (Rapport OPERA 2015, en
ligne, p. 56)
A cette fin, OPERA a conçu, non une grille d’observation préétablie et a priori demandant
uniquement au chercheur de « cocher » la case chaque fois qu’il voit apparaître le
comportement prédit, mais plutôt une fiche élargie reprenant tous les items « potentiellement »
observables, dont l’unité d’expression est l’ensemble des échanges verbaux entre enseignants et
élèves. Un tandem d’observateurs (au moins deux) notent au fur et à mesure « tout ce qui se dit,
se produit, se fait ou ne se fait pas », durant toute la leçon. La mise en commun
post-observation des observateurs et le recueil à chaud des impressions des protagonistes
(enseignants, élèves) permet une collecte plus exhaustive et une transcription unique et
concertée des pratiques observées.
OPERA prévoit aussi des prises de son audio et vidéo réalisées parallèlement avec la prise en
notes des observations. Ces éléments audiovisuels peuvent être convoqués chaque fois qu’il y a
hésitation des observateurs de classer telle ou telle observation dans tel ou tel item de codage et
d’analyse. On peut aussi recourir aux enregistrements audio et/ou vidéo à des fins de formation,
(…) (pour) « servir de base à la constitution d’outils de formation sur des points à travailler, par
38
« Nous avons choisi d’observer les interactions verbales et non verbales, en relevant
systématiquement les tours de parole du maître et des élèves d’une séance et en les
regroupant en épisodes : « Un épisode étant constitué par un ou plusieurs échanges
sur un sujet ou une activité et délimité par l’unité de sens de la communication ou de
l’activité. » (OPERA, 2015, p. 67)
Même fine, cette procédure n’a pas été appliquée dans notre recherche, elle demande une
formation poussée des informateurs, exigeant la maîtrise des concepts en relation avec
l’interaction verbale, ce qui n’est pas très courant dans le contexte burundais. Les enquêteurs
pressentis pour effectuer ces observations n’ont pas nécessairement cette sensibilité.
Notons à toutes fins utiles que lors de l’observation directe, nous nous sommes intéressés aux
pratiques d’enseignement qui recouvrent, selon Talbot (2012), tout ce que l’enseignant fait en
classe en présence de ses élèves, alors que durant les entretiens, il s’agissait de débusquer les
40
pratiques enseignantes dans leur double dimension, à savoir les pratiques d’enseignement d’une
part, et tout ce que l’enseignant fait en dehors de la classe (pratiques enseignante), d’autre part.
En effet, au cours du travail en amont de préparation d’un cours, des décisions sont prises,
mobilisant de manière implicite des connaissances professionnelles (Bécu-Robinault, 2007).
Les pratiques d’enseignement étant contextualisées (Talbot, 2012), celles qui sont prévues
peuvent changer en fonction du contexte de la classe, et faire objet de réajustements(Jameau,
2015; Shing, Saat, & Loke, 2015). C’est la raison pour laquelle, lors des entretiens, nous avons
porté nos investigations à la fois sur la mise en œuvre d’une leçon donnée et sur sa préparation.
De la sorte, nous avons pu recueillir des informations à propos de ce qui amène les enseignants
à décider de ce qu’ils enseignent à partir des différentes ressources qu’ils visitent pour pouvoir
établir le lien entre ces choix des enseignants et la façon de présenter les contenus
d’enseignement (Gueudet & Trouche, 2010).
Notre dernière préoccupation, en concevant nos instruments de recherche, à savoir la grille
d’observation et le guide d’entretien, était de recueillir des informations nous permettant
d’établir l’écart entre les pratiques enseignantes effectives et les pratiques attendues par le
ministère en charge de l’éducation nationale notamment.
Rappelons que le but de notre démarche était de recueillir des données décrivant les méthodes
pédagogiques pratiquées dans l'enseignement/apprentissage du français ainsi que les relations
enseignants-apprenants dans le processus d’enseignement-apprentissage.
Concrètement, les données collectées concernent les trois dimensions distinguées déjà par
OPERA : les pratiques déclarées par les enseignants en dehors de la classe, les pratiques
effectives directement observées dans les classes, les pratiques proposées par le ministère de
l’éducation tel que nous pouvons les lire nous-mêmes dans les documents officiels disponibles
dans les écoles. Précisons que l’observation des pratiques effectives a porté sur les trois axes
complémentaires à savoir : l’axe relationnel (exercice du leadership de l’enseignant, la gestion
de la discipline, les relations entre enseignant-élèves, entre élèves eux-mêmes, etc.), l’axe
pédagogique (gestion de la classe, organisation des groupes, animation de la classe, etc.) et
l’axe didactique (comment les élèves accèdent au savoir, les stratégies d’enseignement
adoptées par l’enseignant, la formulation des consignes, la gestion des erreurs des élèves, la
transposition didactique, la problématisation, etc).
41
Les résultats de la recherche ont été analysés et interprétés en compilant les données
quantitatives issues des observations des pratiques de classe et les déclarations de nature
qualitative recueillies auprès des enseignants par le biais des entretiens. Nous les avons
regroupés autour de cinq thèmes en fonction de nos questions et de nos objectifs de départ : i)
le profil professionnel des enseignants, ii) le climat relationnel prévalant dans les classes, iii)
la nature des interventions pédagogique-organisationnelles, iv) la gestion
didactique-épistémique, et v) les souhaits formulés par les enseignants pour améliorer leurs
pratiques.
Les enseignants interviewés ont été classés en fonction de leur profil de formation
professionnelle (initiale et continue) ainsi que de leur expérience professionnelle, les trois
critères nous ayant paru plus pertinents au regard de nos objectifs. Ces informations ont été
recueillies en interview avec chaque enseignant à l’issue de ses prestations en classe.
Les enseignants de 5e année des écoles enquêtées détiennent trois types de diplômes, dénotant
également trois parcours de formation initiale : les diplômes D4, D6 et D7 (le D symbolisant
« diplôme » et le chiffre qui suit le nombre d’années mis pour l’obtenir à partir de la 7ème
année).
D’après les résultats obtenus, 93.1% des enseignants observés ont une formation
professionnelle initiale d’au moins deux ans après le collège. Cela implique que, en principe,
ces enseignants sont suffisamment outillés pour enseigner en 5ème année fondamentale.
50
Si les enseignants ont eu une formation initiale en enseignement, estiment-ils pour autant
qu’ils sont compétents pour l’enseignement du français ? Pour sonder les représentations des
enseignants à ce sujet, nous leur avons soumis la question suivante : « Estimez-vous que vous
avez reçu une formation initiale suffisante pour enseigner le français dans la classe de
5ème ? ». Les réponses recueillies sont reprises dans le tableau qui suit.
Le tableau montre que la majorité des enseignants (79.5%) estime avoir reçu une formation
suffisante pour enseigner le français dans la classe de 5e année, contre (20.4%) qui disent le
contraire.
Ceux qui estiment avoir eu une formation initiale suffisante (79.5%) évoquent notamment le
fait qu’ils ont eu une scolarité normale (sans problèmes) et qu’ils ont fait des stages, d’autres
avancent que l’expérience déjà acquise couplée à la formation initiale constituent des atouts
pour bien enseigner le français. Il y a aussi ceux qui déclarent qu’ils ont un « bagage »
suffisant pour enseigner dans cette classe, qu’ils ont eu l’occasion d’apprendre la didactique
de toutes les disciplines en section pédagogique et qu’ils ont appris le français comme
matière.
Ceux qui estiment que leur formation initiale n’est pas suffisante pour dispenser le français
(20.4%) semblent plutôt éluder le problème et tourner la question vers le besoin d’une
formation continue, un impératif dicté par les contenus qui évoluent et qui exigent une
constante formation, ainsi que par les programmes qui sont souvent renouvelés et qui
nécessitent une perpétuelle actualisation des connaissances, avancent-ils.
51
Étant donné qu’un enseignant sur cinq déclare ne pas avoir suffisamment de compétence pour
enseigner le français en 5ème année, nous pensons que des actions de formation continues
basée sur une étude de besoins réels en formation sont nécessaires. Nous y reviendrons dans
nos recommandations.
formation initiale par voie du perfectionnement. Les conditions sont déterminées par une
ordonnance ministérielle signée par le ou les ministres ayant l’enseignement dans ses (leurs)
attributions. Tous les cinq ans, l’enseignant a droit au perfectionnement. La durée cumulée de
perfectionnement durant les cinq ans est de 60 jours au minimum» .
Le constat est que cette volonté affichée n’est pas traduite dans les faits.
Avec un pourcentage cumulé de 72.5% % des enseignants ayant plus de 10 ans d’expérience,
on peut dire que, sous cet aspect, la situation se présente plutôt favorable aux prestations.
Interrogés sur les facilités qu’ils rencontrent dans leur profession, certains des enseignants
pointent, en effet, l’expérience comme un élément facilitant l’exercice de leur fonction : « Je
maîtrise la matière suite à mon expérience dans la carrière », « je suis expérimenté », « le
nombre d’années dans cette classe me permet de bien dispenser le français », avancent-ils.
Ayant estimé qu’il y aurait une influence probable de « l’ancienneté » de l’enseignant sur ses
« pratiques » en classe, nous avons effectué un test de corrélation entre ces deux variables. Il
apparait que ce sont les enseignants qui ont une ancienneté de plus de 5 ans qui donnent
systématiquement la consigne d’une activité donnée (rp = 0, 347*). Dans le même ordre
d’idées, la corrélation entre l’ancienneté et les variables « participation active des élèves » (rp
= 0,883**), « élèves prenant des initiatives » (rp = 0, 358**), « enseignant distribuant
53
Sous cette rubrique, nous décrivons l’atmosphère qui règne dans les classes visitées pendant
l’enseignement-apprentissage du français. Spécifiquement, nos observations ont porté
respectivement sur le climat communicatif en classe, le degré de souplesse ou de rigidité de
l’enseignant ainsi que l’attitude des élèves.
Pour évaluer le climat communicatif régnant dans les classes, nous avons eu recours aux
critères suivants : la qualité des interactions entre enseignant et apprenants (les interactions
sont-elles positives ou négatives ?), la bienveillance de l’enseignant observé, le degré de
valorisation ou de dévalorisation des apprenants, ainsi que le fait de l’enseignant de proférer
ou non des propos dégradant à l’endroit des élèves.
Total 5 44 100,0
À travers les résultats du Tableau 9. Description du climat de la classe: attitude relationnelle
de l'enseignant), le constat est que, dans l’ordre, la majorité des enseignants observés en train
de prester interagissent positivement avec leurs élèves, manifestent aussi, dans la grande
majorité des cas, une attitude bienveillante envers les apprenants et valorisent, en grand
nombre, leurs élèves, à raison respectivement de 93,2%, 88,6% et 79,5%.
À propos de la valorisation des élèves par exemple, nous avons noté le fait qu’à plusieurs
endroits, l’enseignant demandait à la classe d’acclamer un élève qui fournissait une bonne
réponse. Cela ne manque évidemment pas de détendre le climat prévalant en classe et par
conséquent de motiver les élèves en situation d’apprentissage.
Notons cependant que sous cet aspect précis de la valorisation des apprenants, un chemin
reste encore à parcourir : environ un enseignant sur cinq (20,5%) parmi ceux qu’on a observés
ignore manifestement l’importance de cette stratégie pédagogique.
D’un autre côté, alors que la bienveillance et les interactions verbales positives sont
manifestes chez les enseignants observés (respectivement 88,6% et 93,2%), la majorité des
enseignants (soit 68,2%) formule des critiques négatives envers les élèves et semble même
favorable aux moqueries que la classe réserve aux élèves « moins performants ». Plus encore,
84,1% des enseignants observés vont jusqu’à tenir des propos dégradants à l’endroit des
apprenants peu enthousiastes. L’on note deux cas extrêmes d’enseignants qui traumatisent les
apprenants : chez un enseignant, les élèves qui ne parvenaient pas à trouver une réponse
correcte étaient humiliés et/ou recevaient des coups de poing. Chez une autre enseignante, les
élèves recevaient l’ordre de s’agenouiller pour la simple raison qu’ils n’avaient pas de réponse
à une question posée : « Uwubona adashoboye kwishura kuri kirya kibazo apfukame
hasi ! »/« Quiconque s’estime incapable de répondre à cette question se met à genoux ! »).
Inutile de mentionner que ce genre de comportement est de nature à inhiber toute initiative de
prise de parole des apprenants, ce qui est très dommageable dans un cours de langue.
L’analyse corrélationnelle bi-variée entre les variables relatives au climat relationnel prévalant
dans les classes de 5ème année lors des prestations des leçons de français, nous révèle un lien
statistiquement significatif (avec un niveau de confiance des résultats à une hauteur de 95%),
3
entre les Interactions verbales positives et la bienveillance (rp = 0,755**), les interactions
verbales positives et la valorisation des élèves (rp = 0,535**), la bienveillance et la
3
rp signifie corrélation de Spearman. Les deux étoiles ** signifient que la corrélation est forte entre deux variables considérées
(c’est-à-dire que les résultats sont corrects avec une marge d’erreur de 1%). Cette première corrélation
statistiquement significative veut traduire que les enseignants chez qui nous avons noté des interactions positives
55
valorisation des élèves (rp = 0,529**), les critiques envers les élèves et le fait d’émettre des
propos dégradants (rp = 0,370**).
Nous avons aussi noté un lien statistique négativement significatif entre les interactions
verbales positives et critiques envers les élèves (rp = -0,396**), et propos dégradants (rp = -
0,375**)4. Cela veut dire que certains enseignants formulent à la fois des critiques envers
leurs élèves tout en entretenant des interactions verbales positives dans l’ensemble.
Mais alors, comment expliquer l’apparente contradiction entre les deux attitudes des
enseignants, à savoir le fait d’entretenir un climat interactif bienveillant et en même temps
formuler des critiques et des propos dégradants à l’endroit des élèves ? Selon nous, sachant
qu’ils sont observés, les enseignants s’efforcent de maintenir dans la classe une ambiance
positive, car ils n’ignorent pas que cet aspect est primordial dans l’appréciation de leurs
actions. L’élève qui s’écarte de la « norme », soit en donnant une réponse erronée, soit en
adoptant un comportement inapproprié, peut apparaitre donc, aux yeux de l’enseignant,
comme celui qui vient faire échouer les prestations de l’enseignant. Ne voulant pas perdre la
face, ce dernier ne parvient pas à se retenir et s’en défend ponctuellement par des critiques ou
des propos négatifs envers l’apprenant.
Toujours sous la rubrique du climat relationnel, nous avons cherché à évaluer le degré de
rigidité des enseignants : exercent-ils un excès de contrôle et/ou s’imposent-ils devant leurs
apprenants ? Les observations ont montré que 40 enseignants sur les 44 visités, soit 90.9%,
n’affichent pas un excès de contrôle envers leurs élèves, mais 52.3% des enseignants ont
tendance à s’imposer en classe, comme en témoignent les résultats figurant dans le tableau qui
suit.
4
Ceci signifie que les enseignants se caractérisant par des interactions positives sont généralement ceux qui ne
critiquent pas les élèves et qui n’émettent pas de propos qui dégradent ces derniers. Les résultats obtenus sont
assez cohérents au sujet du climat relationnel prévalent dans les classes visitées.
56
Ces chiffres sont assez révélateurs des logiques pédagogiques en action dans le système
scolaire burundais. Le fait que l’écrasante majorité des enseignants observés (90,9%)
n’exercent pas un excès de contrôle en classe est bien la preuve que la logique d’un
apprentissage démocratique est en train de s’installer au détriment d’une logique d’un
enseignement autocratique. Mais dans le même temps, le réflexe de s’imposer dans sa classe,
observée auprès de plus de la moitié des enseignants constituant notre échantillon (52.3%), est
aussi l’indice que les postures pédagogiques traditionnelles misant sur l’autoritarisme de
l’enseignant sont encore tenaces.
Le dernier aspect qui a retenu notre attention à la section du climat relationnel est en rapport
avec l’attitude des élèves durant l’activité d’enseignement/apprentissage du français.
Cependant, seulement 50% arrivent à prendre des initiatives, et là encore, quand cela se
produit, c’est notamment pour aller effacer le tableau, remettre à leur place des objets
éparpillés par terre, etc. Nous avons constaté que dans la plupart des cas, les élèves se
contentent de répondre aux questions de l’enseignant et qu’il est très rare de voir des élèves
poser des questions à leurs enseignants.
Le constat que, dans l’ensemble, les élèves burundais sont motivés pour apprendre a été établi
par plusieurs études et observations antérieures. C’est sans doute ce qui explique le haut taux
de participation en classe relevé ci-dessus. Quant au bas taux de prise d’initiative, il faudrait,
selon nous, chercher la raison dans le manque de confiance en soi généré par leur niveau
d’expression en français, documenté également comme très insuffisant dans tout le cycle
fondamental, et à fortiori en 5ème année où cette langue devient la langue d’enseignement pour
la première fois. On sait en effet que l’une des manifestations de la non-maîtrise d’une langue
étrangère, en situation d’apprentissage, est le silence, qui peut se traduire dans les faits par la
renonciation à toute initiative en classe. Cette attitude contribue malheureusement à accentuer
davantage la non-maîtrise de la langue, et la boucle devient bouclée, comme on dit. Seule une
action pédagogique avertie destinée à libérer la parole des élèves parviendrait à rompre ce
cercle vicieux.
Lors des entretiens, certains enquêtés relèvent d’ailleurs l’attitude active des élèves comme
l’une des facilités à leur métier. Ils soulignent que les élèves sont éveillés, disciplinés et font
montre d’une volonté d’apprendre : « Les élèves sont éveillés et participent activement en
classe » ; « Mes élèves sont disciplinés », déclarent certains enseignants.
Mais d’un autre côté, les déclarations des enseignants en interview présentent un tableau
légèrement différent. Les enseignants approchés signalent en effet qu’il y a un certain nombre
d’élèves qui sont irréguliers en classe, soit qu’ils s’absentent régulièrement, soit qu’ils
arrivent en retard en classe. Cette situation a une incidence négative sur l’apprentissage en
général et sur les leçons de français en particulier, déclarent-ils en substance : « L’irrégularité
des élèves ne permet pas qu’ils puissent bien étudier le français », « les retards de certains
élèves constituent un frein à un bon apprentissage du français ».
La cause majeure de ce décrochage est que les apprenants s’adonnent souvent au petit
commerce (vente d’œufs, de cacahuètes, etc.) pour assurer leur survie et celle de leurs
familles. Selon les enquêtés, « certains élèves sont obligés d’entreprendre des activités
commerciales pour subvenir aux besoins élémentaires de leurs familles ».
58
Le fait est là que certaines familles vivent dans des conditions matérielles précaires et
comptent souvent sur leurs enfants pour gagner quelques sous. Dans de tels cas, les enfants et
les parents mettent au second plan les activités scolaires.
L’autre aspect des résultats qui requiert une observation et une analyse concerne les
interventions pédagogiques organisationnelles.
Dans cette section, il s’agit de rendre compte et de caractériser la manière dont l’enseignant
procède pour assurer la gestion du groupe-classe, la façon dont il organise et gère les
conditions d’apprentissage ainsi que les styles et les stratégies qu’il utilise pour atteindre ses
objectifs.
Sous cette dimension, les observations ont porté sur la manière dont l’enseignant gère le
groupe-classe à travers quelques indices comme la manière dont il distribue la parole aux
élèves, la nature de l’accueil qu’il réserve aux réponses des apprenants en l’occurrence sa
capacité à tolérer les réponses erronées.
Le constat qui se dégage des observations est que 88,64% des enseignants distribuent
équitablement la parole aux apprenants. De même, 75% des enseignants réservent un accueil
favorable aux réponses des élèves, même « incorrectes ». Ces chiffres peuvent paraître
suffisamment élevés, mais au regard de la nature des variables qu’ils mesurent, on peut dire
que des actions de remédiation sont encore nécessaires afin que la totalité des enseignants
s’imprègnent de ces habiletés : si plus d’un enseignant sur cinq (11,36%) et si un enseignant
sur quatre (25%) n’arrivent pas respectivement à assurer une distribution équitable de la
parole et à réserver un accueil bienveillant aux réponses des élèves, on ne peut pas dire que
ces chiffres sont négligeables. Il a été constaté en effet que la gestion des « fausses réponses »
des élèves reste, pour la plupart des leçons visitées, problématique. Nous avons noté en
récurrence que les réponses des élèves ne sont pas valorisées. Face à une réponse erronée, la
60
plupart des enseignants se contentent de dire « Non », « Ce n’est pas correct », ce qui
constitue un feedback négatif.
Curieusement, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, les résultats obtenus montrent
qu’il n’y a pas de lien statistiquement significatif entre la manière dont l’enseignant gère sa
classe (par exemple s’il accueille convenablement les réponses, même erronées des élèves) et
le fait que les élèves participent activement en classe (rp = -0,019). On en déduit que la
participation active des élèves peut dépendre d’autres facteurs et pas forcément de l’attitude
de l’enseignant.
Les résultats des observations faites sous ces rubriques apparaissent à travers le tableau 11.
61
Comme on peut le constater, ces résultats révèlent quelques faits remarquables. C’est la
gestion efficace de l’espace-classe qui obtient le score le plus élevé (90,9%). Les indices de
cette habileté sont repérables à travers l’exploitation de l’espace de la classe, par exemple en
ne restant pas dans un seul coin, en allant apporter une aide personnalisée à un élève donné,
en allant vérifier si tous les élèves ont bien compris la consigne, etc. Il apparaît nettement que
la plupart des enseignants observés maîtrisent cette stratégie.
Signalons également qu’une majorité de 77,3% des enseignants observés respectent plus ou
moins les étapes classiques d’une leçon (Introduction, développement de la leçon proprement
dite, application).
Nous notons aussi que 79,5% des enseignants observés sont parvenus à atteindre les objectifs
consignés dans les fichiers du maître et 88,6% des enseignants suscitaient la participation des
élèves par leur animation.
De même, la majorité des enseignants visités savent exploiter les supports qu’il faut en
fonction des activités proposées aux élèves (79,5%). Par exemple, après une introduction sur
une leçon portant sur l’exploitation d’une bande dessinée proposée dans les manuels des
élèves, les enseignants savent bien le moment approprié pour demander à leurs élèves de
prendre les livres de français et commencer l’exploitation proprement dite. Certains
enseignants font des dessins au tableau noir pour une bonne exploitation. Mais sous cet
62
aspect, les enseignants sont unanimes pour déplorer, lors de nos entretiens, le manque criant
de matériel et de supports didactiques adaptés à l’enseignement du français. Cette langue est
enseignée de façon très théorique. Certaines leçons, comme l’expression et la compréhension
orales, nécessitent un matériel spécifique qu’aucune école n’arrive à se procurer. Le discours
des enseignants revient inlassablement sur le besoin de matériel audio-visuel, de livrets de
conjugaison, de manuels suffisants pour permettre à chaque élève d’en disposer en classe
comme à la maison.
Les observations menées ont aussi permis de constater que la majorité des enseignants
utilisent un langage adapté pour stimuler les élèves à suivre les leçons (79,5%). Cela
transparaît notamment à travers l’usage adéquat des gestes et des mimiques, le recours à des
blagues pour introduire la leçon, etc. Cette façon de faire ne manque pas d’incidence sur le
climat de la classe, sur l’intérêt et l’attention soutenus de la part des élèves.
A un autre angle, même s’il y a légèrement plus d’enseignants qui respectent le timing de la
leçon que ceux qui n’y arrivent pas (56,8% contre 43,2%), force est de reconnaître que cette
proportion est inquiétante, car dit autrement, presqu’un enseignant sur deux ne termine pas la
leçon dans le temps imparti. Par ailleurs, 22,7% des enseignants, soit plus d’un enseignant sur
cinq, n’ont malheureusement pas pu atteindre l’étape de la vérification/exercices
d’application. L’une des causes signalées par les enseignants enquêtés est que le niveau des
apprenants est si bas que l’enseignant met beaucoup de temps à se faire comprendre. De
même, le non-respect du timing de la leçon serait dû à la très lente vitesse de compréhension
de la part de la plupart des apprenants.
L’impression générale qui se dégage de nos observations est que le niveau de compréhension
et d’expression des élèves est insuffisant. Ils parviennent difficilement à comprendre ce qui
leur est demandé, ont du mal à formuler des phrases et se contentent de répondre par des mots
isolés.
Selon nous, il est normal que dans certaines conditions, les enseignants sacrifient le respect du
timing au profit de la prise en compte des difficultés/facilités d’apprentissage, dans l’intérêt
de leurs élèves. En effet, courir avec le programme est une chose, mais s’adapter au rythme
d’acquisition des apprenants et au vécu ponctuel de la situation de classe est aussi une chose
dont tout enseignant doit tenir compte.
Enfin, les élèves sont d’autant plus motivés qu’ils trouvent un sens, un intérêt, une application
de ce qu’ils apprennent dans la vie quotidienne. Une des façons possibles de le montrer aux
63
élèves est d’annoncer les objectifs de la leçon. Malheureusement, sur les 44 enseignants
observés, seulement 9 d’entre eux communiquent d’une manière ou d’une autre les objectifs
de la leçon à leurs élèves, chiffre qui reste trop insuffisant. Cet aspect devrait aussi faire
l’objet de séances de remédiation en formation continue des enseignants.
Pour vérifier si les enseignants s’adaptent au vécu de la classe, nous leur avons posé la
question suivante : « Enseignez-vous tel que vous avez préparé une leçon
donnée ? Pourquoi ? »
Cette question a suscité des réponses de type oui ou non et des arguments explicatifs ont
chaque fois été fournis.
Pour les premiers, les arguments fournis sont entre autres les suivants : « c’est ma propre
préparation, la préparation permet de bien suivre les étapes et la compréhension des élèves,
la préparation permet de ne pas perdre le temps et atteindre l’objectif, la préparation évite
d’oublier l’un ou l’autre élément important, la préparation me permet de ne pas enseigner les
erreurs, de ne pas bâcler la leçon, il n’y a pas autre chose à enseigner en dehors de la
préparation, le respect de la préparation facilite la dispense de la leçon et le suivi de toutes
les étapes ».
Les informateurs qui s’écartent de la fiche de préparation justifient comme suit leur choix :
« Il faut des modifications pour s’adapter à une situation donnée constatée en classe, l’on ne
doit pas suivre à la lettre sa préparation : tout dépend de la participation des élèves, je
change lorsque les élèves ne comprennent pas, je peux introduire de nouveaux concepts après
64
le constat que les écoliers ne comprennent pas, il faut adapter la leçon quand l’on bute à un
obstacle, c’est le climat de la classe qui me donne l’orientation de la leçon, je suis obligé
d’ajouter des éléments non prévus, par exemple j’ai recours à la traduction en langue
maternelle, le kirundi » .
Signalons que le fait de rester fidèle à ses préparations peut certes signifier qu’on est
méthodique et clairvoyant, mais aussi qu’on est esclave des prescrits officiels, peu créatif et
peu novateur, et que par conséquent on se soucie peu des situations imprévues générées par le
vécu de la classe. Il est fort possible que la plupart des enseignants visités (70,4%) se classent
dans cette alternative.
65
À travers le Tableau 13, il y a lieu de noter que 93,2% des enseignants observés exploitent les
méthodes pédagogiques en lien avec les activités qu’ils proposent à leurs élèves, tandis que
dans une large proportion de 90,9% et de 81,8% respectivement, les enseignants favorisent
l’interaction à travers la méthode interrogative et donnent aux élèves l’occasion de
s’auto-corriger et de se faire corriger par les pairs. On aura noté, aussi, que 79,5% des
enseignants adoptent globalement un style démocratique dans leurs interventions, en donnant
l’occasion aux élèves d’exprimer librement ce qu’ils pensent.
66
Ces chiffres n’appellent pas de commentaire particulier, sauf qu’il faut y voir l’indice de
l’implantation progressive, dans le système éducatif burundais, des postures propres aux
pédagogies actuellement en vogue centrées sur l’apprentissage et non sur l’enseignement.
C’est ainsi que, par exemple, dans le but de vérifier si les enseignants adaptent leurs méthodes
pédagogiques au type de leçon, il leur a été demandé de répondre à la question suivante :
« Enseignez-vous toutes les leçons de la même manière (grammaire, expression écrite,…)?
Qu’est-ce qui détermine vos choix méthodologiques ? ».
La configuration des réponses recueillies montre que la conscience d’une démarche active est
en train de prendre forme
La lecture de ce tableau indique que la grande majorité des enquêtés déclarent ne pas
enseigner toutes les leçons de la même manière (95.4%), tandis que la minorité (4.5%)
affirme le contraire. Pour justifier leur choix, les premiers estiment que l’on ne peut pas, par
exemple, enseigner de la même manière la grammaire et l’expression orale, l’étude de texte et
la conjugaison, dès lors que certaines leçons exigent des interactions alors que d’autres
demandent une méthode expositive traditionnelle.
Quant à ceux qui disent s’y prendre partout de la même manière, ils le justifient en avançant
qu’ils ont recours systématiquement à la méthode interrogative quelle que soit la leçon du
jour.
Mais comme nous l’avons signalé, outre que les déclarations des sujets en situation d’enquête
sont toujours à prendre avec précaution, les réflexes traditionnels ne sont pas encore
complètement disparus, puisqu’une proportion non négligeable de 27,3% des enseignants sont
catégorisés d’autoritaires. Corollairement, les observations ont mis en évidence le manque
prononcé d’actions de remédiation en classe (soit 45,5%), ce qui constitue une lacune
méthodologique regrettable.
Pour pousser plus loin l’analyse, nous avons effectué un test de corrélation bivariée entre les
variables relatives aux styles et aux stratégies de l’enseignant. Dans le tableau qui suit, nous
67
Tableau 15. Test de corrélation entre les variables relatives aux styles et aux stratégies de l'enseignant
Corrélations
Enseignant Enseignant Méthodes Stratégie Remédiation Enseignant qui
autoritaire démocratique pédagogiques interactive : individuelle encourage
en lien avec les Enseignant l’autocorrection et
activités qui mène une la correction par
demandées aux leçon en les pairs
élèves interrogeant
les élèves
Rho de Enseignant Coefficient 1,000 -,575** 0,166 0,194 -0,261 0,024
Spearman autoritaire de
corrélation
Sig. 0,000 0,283 0,208 0,087 0,877
(bilatéral)
N 44 44 44 44 44 44
Enseignant Coefficient -,575** 1,000 ,310* 0,232 ,329* 0,199
démocratique de
corrélation
Sig. 0,000 0,041 0,130 0,029 0,195
(bilatéral)
N 44 44 44 44 44 44
Méthodes Coefficient 0,166 ,310* 1,000 ,542** 0,296 0,106
pédagogiques de
en lien avec les corrélation
activités Sig. 0,283 0,041 0,000 0,051 0,492
demandées aux (bilatéral)
élèves N 44 44 44 44 44 44
**
Stratégie Coefficient 0,194 0,232 ,542 1,000 0,029 ,466**
interactive : de
Enseignant qui corrélation
mène une leçon Sig. 0,208 0,130 0,000 0,852 0,001
en interrogeant (bilatéral)
les élèves N 44 44 44 44 44 44
69
Ce qu’il faut en retenir à titre illustratif du tableau précédent (Tableau 15), c’est qu’un
enseignant usant d’un style démocratique (ce style a été remarqué chez la majorité des
enseignants) est un enseignant idéal. Celui-ci utilise des méthodes pédagogiques en lien avec
les activités demandées aux élèves (rp = 0,310*) et propose des situations de remédiation en
réaction aux difficultés d’apprentissage constatées chez ses apprenants (rp = 0, 329*) en
mettant en œuvre les stratégies interactives qui, beaucoup plus que les autres, poussent les
élèves à se corriger eux-mêmes ou à se faire corriger par leurs camarades de classe (rp
= 0,466**).
Trois paramètres nous ont permis de mesurer l’ampleur de cette dimension : l’aspect
épistémique/développement conceptuel et conceptualisation, la gestion didactique des
contenus ainsi que le comportement linguistique des enseignants de français dans leurs
prestations.
Tableau 16. Gestion épistémique d'une leçon: apprentissage des concepts nouveaux et
réflexion chez les élèves
Les résultats apparaissant sur ce tableau indiquent que plus de 70% des enseignants observés
en train de prester mettent en place des situations permettant le développement conceptuel et
la réflexion chez les élèves. Cependant, il faut noter que, à l’inverse, nous avons comptabilisé
29,5% des enseignants et 27,3% qui, respectivement, n’ont pas pu proposer des activités
71
spécifiques pour l’apprentissage des concepts nouveaux et/ou incitant leurs élèves à la
réflexion. Ces proportions ne sont pas à négliger. Cette lacune serait-elle inhérente à la nature
de la leçon ou aux compétences professionnelles personnelles des enseignants ? S’il est vrai
que toutes les leçons observées ne se prêtaient pas aisément à la conceptualisation et à la
réflexion, il n’est pas moins vrai que cette compétence exige une certaine formation
méthodologique à laquelle bon nombre d’enseignants observés n’ont pas encore eu droit.
La gestion didactique-épistémique se matérialise aussi à travers la gestion didactique des
contenus.
Pourcentag
Item Fréquence e
L’enseignant donne systématiquement Oui 25 56,8
la consigne de l’activité, les supports à Non 19 43,2
utiliser et le mode de regroupement
(individuel, en groupes)
Total 44 100,0
L’enseignant sait partir des erreurs des Oui 26 59,1
élèves pour les faire accéder au savoir Non 18 40,9
visé Total 44 100,0
Force est de noter que par rapport aux dimensions précédentes de la pratique pédagogique, la
gestion didactique des contenus présente des scores mitigés. Une faible majorité des
enseignants visités (56,8%) donne des consignes claires à l’activité projetée, disponibilise les
supports à utiliser et alterne le travail individuel, en binômes et en groupes. Ce pourcentage
est à prendre avec des réserves. En effet, les supports de cours sont très limités dans tout le
système fondamental tandis que les effectifs par classe ne permettent pas un quelconque
regroupement, encore moins dans une leçon de langue.
72
Concernant la remédiation, 59,1% des enseignants se sont montrés capables de prendre appui
sur les erreurs que commettent les élèves pour leur faire accéder au savoir. Mis à part le fait
que la proportion inverse est trop importante (40,9%), certains enseignants, on l’a déjà dit, se
sont montrés incapables d’accueillir avec bienveillance les réponses erronées des élèves.
Convaincus que les ressources exploitées par les enseignants pour préparer leurs leçons
peuvent révéler la nature des contenus et de savoirs qu’ils privilégient, nous les avons invités
à répondre à la question suivante : « Quelles sont les ressources visitées pour préparer et
enseigner le français ? »
Le tableau indique que les enseignants qui ne suivent pas à la lettre le guide de l’enseignant
sont un peu plus nombreux (52.2%) par rapport à ceux qui ne le suivent pas à la lettre.
(47.7%).
Les enseignants qui déclarent ne pas suivre à la lettre le guide de l’enseignant estiment qu’il
faut adapter l’intervention au vécu de la classe et évoquent entre autres les arguments
suivants : « il faut adapter la méthodologie à la situation, je fais des adaptations pour
73
Ceux qui suivent scrupuleusement le guide estiment quant à eux que les références officielles
se suffisent à elles-mêmes. Ils ajoutent que ce sont des exigences auxquelles l’on doit se
conformer pour rester en ordre professionnellement : « Les indications du guide sont
suffisantes, le fichier du maître est bien préparé, les préparations proposées sont complètes et
suffisantes, c’est pour ne pas aller en dehors de ce qui est exigé, le guide permet de bien
dispenser le cours, on ne doit pas sauter une étape pour atteindre un objectif, il faut respecter
le programme indiqué et la matière qui a été élaborée, on doit suivre le programme car aller
en dehors serait aller à l’encontre de la méthodologie proposée, c’est le programme de l’état
et l’on doit le suivre à la lettre, nous faisons un examen commun au niveau communal ».
Selon nous, la tendance dominante chez les enseignants est de suivre à la lettre les prescrits
des documents officiels car cela leur évite un travail supplémentaire. Invités à formuler leurs
souhaits les plus significatifs, ils suggèrent, entre autres, que toutes les leçons-modèles soient
présentées dans le guide du maître pour éviter que chaque enseignant s’y prenne à sa
manière : « Il faudrait que les concepteurs de programmes mettent toutes les leçon- modèles
dans le livre du maître ». De même, les enseignants déplorent le fait que certains chapitres, en
l’occurrence la concordance des temps, la phonétique et la voix passive/active, ne sont pas
prévues en classe de 5ème alors qu’ils sont indispensables pour asseoir une bonne
prononciation et entraîner à la formation des phrases.
Si les enseignants voyaient tant de nécessité à enseigner ces chapitres, pourquoi ils ne
prendraient pas l’initiative de les ajouter à ce qu’ils enseignent ? On aura constaté que, à la
section précédente, 36 enseignants sur les 44 interrogés déclarent s’en remettre exclusivement
aux livres du maître et de l’élève pour préparer et enseigner les leçons de français. C’est dire
que dans les pratiques pédagogiques des enseignants observés, il y a peu de place pour
l’initiative, la créativité et l’innovation.
74
Sous un autre angle, d’après nos observations, il nous a semblé que certains enseignants n’ont
pas suffisamment de compétences langagières qui leur permettent de s’exprimer aisément en
permanence en français. Pour cette catégorie d’enseignants, le recours au kirundi ne relève
pas d’un choix méthodologique raisonné, mais c’est plutôt l’indice d’une incompétence
linguistique en français. Cette observation est d’autant plus probable que, lorsque nous avons
analysé le fichier du maître, nous y avons trouvé des erreurs d’orthographe et de grammaire
que certains enseignants ne parviennent ni à remarquer ni à corriger, et qui sont transmises tel
quel aux élèves.
Le gros des enseignants visités recourent à un usage abusif du kirundi. La majorité des
enseignants se sont exprimés à plus de 90% en kirundi dans une leçon de français. Le français
est enseigné quasiment en kirundi : « Ihweze neza iri ryungane »/ « Observez bien cette
phrase », « si on observe ces GN duca tubona ko izi GN zidasa »/ « Si on oberve ces GN nous
constatons qu’ils sont différents », « Iyi ica yitwa pronom personnel »/ « Celui-ci s’appelle
76
pronom personnel», « Gaston ishobora gusubirirwa na pronom personnel »/« Gaston peut être
remplacé par un pronom personnel », « Hanagura harya »/« Effacez par là », « Dukore
umwimenyerezo ukwirikira »/« Faisons l’exercice ci-après », « Twabonye deux sortes
d’articles »/« Nous avons vu deux sortes s’articles ».
A cela s’ajoute des traductions souvent erronées : « Abenegihugu bakoreye urusengo »/ « les
paysans aménagent la fontaine » au lieu de « Les paysans entretiennent la fontaine ».
Le constat a été qu’il y a des mots, des expressions et des structures syntaxiques élémentaires,
qui auraient dû être maitrisés depuis longtemps, mais qui ne le sont pas encore en 5ème année,
malgré que le français est enseigné depuis la 1ère année. Le résultat est un usage quasi-exclusif
du kirundi même pour des phrases couramment utilisées en classe, comme « effacez le
tableau, lisez, écoutez, prenez vos livres à la page.., regardez, comment appelle-t-on…? », etc.
C’est surtout lors des leçons d’étude de texte et de vocabulaire que les lacunes des élèves
s’observent le plus. En présence de constructions syntaxiques et de concepts nouveaux, les
apprenants n’arrivent pas à décoder le message. Ils ont aussi de la peine à lire un texte ou une
phrase en français. Leur prononciation laisse à désirer, tout comme celle de leurs enseignants,
comme en témoignent ces quelques exemples de mauvaises articulations recueillis sur le vif :
« pronom pélésonel », au lieu de « pronom personnel », « c’est coleguite » au lieu de « c’est
correct ». Il en est de même pour les fautes d’orthographe : « les époux pondent des œufs »
au lieu de dire « les poux pondent des œufs », etc.
A la question « Quels sont les besoins que vous pouvez formuler pour améliorer vos
prestations ? », les enseignants de 5ème année fondamentale ont émis des suggestions qui
peuvent être regroupées en quatre rubriques : les suggestions en rapport avec le
réaménagement du programme, celles relatives à la fourniture de matériel, à l’amélioration
des conditions de vie des enseignants et d’enseignement/apprentissage en général.
Pour ce qui est du réaménagement du programme, les enseignants déplorent le fait que le
programme de français de 4ème année n’arrive pas à être terminé avant que les élèves n’entrent
en 5ème. Il s’ensuit que les enseignants des classes de 5ème sont obligés de consacrer les deux
premiers trimestres de l’année au contenu des manuels de 4ème avant d’entamer celui de leur
classe. Cela a pour conséquence que les manuels de 4ème sont partagés par les deux classes
pendant l’enseignement-apprentissage, ce qui constitue un désagrément majeur. L’une des
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De même, comme le signalent les enseignants interviewés, les manuels scolaires sont en
nombre insuffisant ou sont dans un état tellement vétuste que certaines pages sont déchirées.
Selon les enseignants, il faudrait que les livres/manuels soient multipliés afin de permettre à
chaque élève d’en avoir un. Cela rendrait plus facile la révision à la maison. Dans la même
logique, le matériel et les supports didactiques sont un impératif pour assurer un enseignement
de français de qualité. C’est la raison pour laquelle le matériel tel que les postes de radio, de
télévision, les Cd-Rom, etc. sont nécessaires pour l’enseignement de certaines compétences
langagières en 5ème année : « Il faudrait augmenter le nombre de livres des élèves et des
enseignants », « Fournir le matériel scolaire suffisant », « Rendre disponible le matériel
audio-visuel tel les postes de radio, les postes téléviseurs, les Cd-Rom ».
Du côté des conditions de vie des enseignants, leurs propositions convergent vers
l’augmentation de leur salaire. Ils proposent aussi que l’état les consulte avant de prendre des
décisions importantes comme la réforme et le redéploiement des enseignants. Il faudrait enfin
que l’état recrute régulièrement (chaque année) des enseignants en fonction de l’augmentation
de la population scolaire :« Il faudrait augmenter le salaire des enseignants », « que l’État
établisse un dialogue entre les enseignants avant de prendre des décisions concernant les
enseignants ; ici, je peux donner l’exemple du redéploiement », « Recruter les nouveaux
enseignants ».
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Conclusion générale
Au terme de ce travail, le moment est venu de faire un bref bilan de nos investigations. Notre
recherche s’inscrit dans le contexte de la réforme de l’Ecole Fondamentale du Burundi,
instaurée depuis 2013. Non seulement cette réforme a entraîné une reconfiguration des
niveaux et des cycles de l’enseignement primaire et secondaire, mais aussi elle a renouvelé les
contenus et les méthodes d’enseignement. Nous nous sommes donc proposés d’explorer dans
quelle mesure cette réforme est vécue quotidiennement par les enseignants, en explorant leurs
pratiques de classe. Comme il n’y avait pas moyen de porter le regard sur toutes les
disciplines et sur toutes les classes de l’école fondamentale, notre choix a été porté sur le
français en 5ème année Fondamentale, pour les raisons que nous avons amplement exposées
dans le corps du texte.
Au premier chapitre de ce travail, nous avons planté le décor dans lequel s’applique la
réforme de l’Ecole Fondamentale burundaise. Il était nécessaire que le lecteur soit mis dans le
bain du système éducatif burundais et de ses statistiques en lien avec notre recherche, en
plaçant la réforme de l’Ecole Fondamentale dans le contexte des nombreuses autres réformes
éducatives qui l’ont précédée. Entre autres constats, on aura noté l’instabilité du système
éducatif du pays tant au niveau de ses structures que de ses orientations pédagogiques et
méthodologiques, ainsi qu’une évolution déséquilibrée des infrastructures et des effectifs
scolaires. La tendance constante est que les effectifs des élèves montent plus rapidement que
les infrastructures et équipements d’accueil.
Le second chapitre a été consacré à l’exposition du cadre théorique et de la méthodologie de
la recherche.
S’agissant des fondements théoriques, nous avons placé nos réflexions dans le paradigme des
théories pédagogiques modernes accordant une place privilégiée à l’apprentissage plutôt qu’à
l’enseignement. En effet, dans le cadre de la réforme de l’école fondamentale, les directives
gouvernementales insistent sur le principe de la « centration sur l’apprenant ». Nous avons
donc exploré la littérature en vogue pour tenter de définir et de circonscrire ce concept et ses
prolongements.
Quant à la démarche méthodologique, nous nous sommes inspirés des propositions suggérées
dans le cadre des recherches d’OPERA, dont l’avantage principal est de porter sur des
situations subsahariennes qui sont très proches de celle du Burundi. Ainsi, après une phase de
pré-enquête qui nous a permis de tester nos instruments de recherche, nous avons procédé à
80
Sous l’angle des interventions pédagogiques organisationnelles, plus de 90% des enseignants
observés gèrent efficacement l’espace-classe, tandis que 88.6% des enseignants distribuent
convenablement la parole aux élèves en suscitant en même temps leur participation. Les
étapes de la leçon ont été respectées dans l’ensemble et les objectifs de la leçon ont été atteints
par la plupart des enseignants. Nous avons néanmoins noté que seuls 9 enseignants sur 44 ont
communiqué les objectifs de la leçon aux élèves, ce qui constitue une entrave à la motivation
de ces derniers, tandis que 42.3% des enseignants n’arrivent pas à respecter le timing de la
leçon. Parallèlement, 22.7% des enseignants observés n’atteignent pas l’étape de vérification
des acquis par des exercices d’application. Même si les enseignants tentent de justifier ces
manquements par le lent rythme de compréhension des élèves, nous estimons que c’est aux
81
enseignants qu’incombe la tâche d’y trouver remède. Un autre aspect qui a retenu notre
attention est le suivi rigoureux que les enseignants réservent à leur fiche de préparation
(70.5%) ainsi qu’au guide du Maître (47.7%). Au-delà du respect apparent des directives
officielles par les enseignants, il nous a semblé que cela dénotait un manque d’initiative et
d’innovation de leur part.
La dimension « gestion didactique-épistémique » a également retenu notre attention. Il
s’agissait de vérifier si l’enseignant met en place les activités favorisant la réflexion et la
conceptualisation des apprentissages, tout en adoptant une communication linguistique
efficace. Sous cette rubrique, nous avons comptabilisé respectivement 29.5% et 27.3% des
enseignants qui n’ont pas pu proposer des activités spécifiques pour l’apprentissage des
concepts nouveaux et/ou incitant leurs élèves à la réflexion. Même si toutes les leçons ne
nécessitent pas la conceptualisation, les compétences professionnelles personnelles des
enseignants y sont aussi pour quelque chose. Dans le même ordre d’idées, près de la moitié
des enseignants observés (43.2%) n’arrivent pas à donner des consignes claires à l’activité
projetée ni à rendre disponibles les supports à utiliser. Ces lacunes méthodologiques nous
semblent donc suffisamment répandues pour justifier une formation spécifique des
enseignants.
Quant au comportement linguistique des enseignants face au plurilinguisme kirundi langue
maternelle des élèves et français langue seconde et d’enseignement, nous avons estimé à 90%
le recours au kirundi dans la leçon de français, non pas comme une stratégie pédagogique
d’application d’une didactique plurilingue, mais davantage comme un moyen de se faire
comprendre par les élèves, tant leur niveau en français est insuffisant. Dans d’autres cas, les
enseignants utilisent le kirundi faute de pouvoir eux-mêmes s’exprimer et se faire comprendre
en continu en français. C’est dire que les formations en faveur des enseignants devraient aussi
viser les connaissances disciplinaires en français des enseignants.
Le dernier aspect analysé par notre recherche est en rapport avec les besoins formulés par les
enseignants. Les suggestions des enseignants à ce sujet touchent le réaménagement des
programmes dans leur ensemble, la fourniture du matériel et des équipements, et
l’amélioration des conditions de vie des élèves et des enseignants.
Le réaménagement des programmes est dicté par le fait que la réforme a contribué à réduire le
nombre d’heures consacrées à l’apprentissage du français, alors que la matière est restée la
même. C’est ainsi que le programme n’est jamais achevé et que les enseignants de 5ème se
retrouvent dans l’obligation de parachever d’abord le programme de 4ème. Les enseignants
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1. Doter le système éducatif d’un budget conséquent afin d’améliorer les conditions
d’enseignement/apprentissage dans leur ensemble : infrastructures, équipements, matériel et
conditions de vie des enseignants ;
2. Respecter les directives officielles qui instaurent, en faveur des enseignants, le droit à la
formation continue de façon régulière ;
3. Impliquer les enseignants dans la conception et la mise en œuvre de toute réforme
éducative ;
4. Former les enseignants à la pédagogie active en contexte burundais (tenant compte des
contraintes locales comme le grand nombre d’élèves par classe…) ;
5. Concevoir, organiser et assurer les formations continues des enseignants en vue de
renforcer leurs compétences en français (connaissances disciplinaires, communication,
expression orale et écrite). Ces formations seraient précédées par une analyse préalable des
besoins réels des enseignants pour maximiser leur efficacité;
6. Introduire la didactique du plurilinguisme dans la formation initiale et continue des
enseignants.
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Annexes