Cours GCH HYD L3 Ouvrages Hydrauliques

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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieure et de la Recherche Scientifiques


Université Mohammed Seddik Ben Yahia-Jijel

Faculté des Sciences et


Technologie ‫ﻛﻠﻴــﺔ اﻟﻌﻠﻮم واﻟﺘﻜﻨﻮﻟﻮﺟﻴﺎ‬
‫ﻗﺴـﻢ اﻟﻬﻨﺪﺳــﺔ اﻟﻤﺪﻧﻴﺔ واﻟﺮي‬
Département de Génie Civil

et Hydraulique 

ème

Élaboré par :Dr BELAABED Faris


[email protected]

Année universitaire : 2020/2021


Chapitre 1 : Généralités, statistiques, rôles et ruptures 1

Chapitre 1
Généralités, statistiques, rôles et ruptures

1.1- Introduction :
Les ouvrages qui servent à mettre en œuvre une ou plusieurs branches de l’économie de l’eau
s’appellent ouvrages hydrauliques.
Suivant que ces ouvrages sont construits en rivières, ou en lacs, nous distinguons les ouvrages
fluviaux et lagunaires.
Les ouvrages hydrauliques présentent trois particularités :
L’action permanente de l’eau peut entraîner l’usure mécanique, la cavitation des
partiesdes ouvrages en contact avec le courant et à la rupture de certaine structure.
La construction d’un ouvrage influe considérablement sur l’environnement(changement
écologique) et entraînent une modification du régime naturelde l’écoulement. Dans le cas
d’un barrage, cette modification se traduit par unesurélévation du niveau en amont et des
dépôts de sédiments de plus en plus fins ens’approchant du barrage.
Les phénomènes d’érosion d’infiltration menace leur stabilité.

1.2- Définition et buts :


Un barrage est un ouvrage hydrotechnique implanté sur le cours d’eau d’un bassin versant
pour accumuler les eaux de ruissellement dans un réservoir naturel.
Les barrages ont plusieurs fonctions, leurs construction est dictées par la nécessitée soit :
- Irrigation des cultures en particulier dans les régions arides ou semi arides
- Alimentation en eau des hommes et des animaux ainsi que des entreprises et de l’industrie
- Nivellement des crues
- Production d’énergie électrique
- Régularisation des rivières navigable et alimentation des canaux (eau de consommation
des écluses)
- Contrôle d’inondation et soutien d’étiage
- Alimentation des nappes
- Alimentation des industries en eau de refroidissement centrales thermiques par exemple)
- Pisciculture ou élevage d’autres espèces animales ou végétales aquatiques
- Création paysages de zone de repos ou de centres sportifs.

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Chapitre 1 : Généralités, statistiques, rôles et ruptures 2

1.3- Eléments constructifs d’un barrage :


1.3.1-Corps du barrage :
Définition des termes utilisés :
Un barrage est un ouvrage établi dans le lit d’un cours d’eau dans le but de créer unedénivellation
entre les plans d’eau situés en amont et en aval. Considérons la section entravers d’un barrage
représentée sur la Figure 1-1. Le Lac ou bassin artificiel à l’amontd’un barrage, dans lequel une
certaine quantité d’eau est accumulée est appelée retenue. LaMorphologie de l’aire couverte par
la retenue est la cuvette. Le réservoir d’eau est uneretenue dont l’exploitation s’effectue à niveau
variable en vue de stocker et déstocker del’eau.

Figure II-1.1 : Caractéristiques de la capacité d’une retenue

- NS : Niveau (ou cote) des dépôts solide (m) :Cote correspondante aux dépôts solides dans
laretenue.
- NF : Niveau (ou cote) du lit de l’oued (m) :Cote du point le plus bas du fond du lit du cours
d’eauen correspondance avec le parement amont du barrage.
- Nmin: Niveau (ou cote) minimal d’exploitation (m) :Cote minimal du niveau de l’eau dans la
retenue oùl’eau accumulée peut être dérivée par la prise d’eaupour l’utilisation prévue
- RN: Niveau (ou cote) normal de la retenue (m) :Cote du niveau de l’eau dans la retenue à
laquellecommence le déversement dans l’évacuateur de crues.
- PHE: Niveau (ou cote) des plus hautes eaux (m) :Cote maximale à laquelle peut arriver le
niveau del’eau dans la retenue au cas où se produirait le plusimportant phénomène de crue prévu,
à l’exclusion dela surélévation due aux vagues.

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- NCR: Niveau (ou cote) de la crête (m) :Cote du plan de la crête du barrage, à l’exclusion
desparapets et d’éventuels murs de protection contre lebatillage.
- hrn : Hauteur de retenue normale (m) : Dénivelée entre le niveau normal de la retenue et
celuidu lit de l’oued.
- h : Hauteur hors sol (m) : Dénivelée entre le niveau de la crête et celui du lit del’oued.
- hL : Surélévation de crue (m) : Dénivelée entre le niveau des plus hautes eaux et celuide la
retenue normal. Ce sur-remplissage représente lacharge maximale exercée sur le déversoir
encorrespondance de la crue deprojet.
- hR : Revanche : Dénivelée entre le niveau de la crête et le niveau desplus hautes eaux.
- hm : Hauteur maximale du barrage (m) : Dénivelée existant entre la cote du plan de crête
etcelle du point le plus bas de la superficie de fondation(à l’exclusion d’éventuelles sous-
structuresd’étanchéité).
- VS : Tranche morte (m3) : Volume de retenue situé au-dessous du niveauminimal d’exploitation
et destiné à l’envasement.
- VU Volume utile de la retenue (m3) : Volume d’eau compris entre la cote normale de laretenue
et la cote minimale d’exploitation : ce volumecomprend la tranche utilisable et celle
correspondantaux pertes par évaporation et par infiltration.
- VL Volume de laminage : Volume compris entre la cote des plus hautes eaux etla cote normale
de retenue.
- V Volume (ou capacité) totale de retenue (m3) :Volume total d’eau compris entre la cote
normale dela retenue et la cote du lit de l’oued.
- S Surface ou superficie de la retenue (m2) :Superficie du plan d’eau pour la cote normale
deretenue.

1.3.2- Les ouvrages annexes :


a. Evacuateur de crues :
C’est un ouvrage qui permet le passage des crues quand le barrage est rempli.
b. Dérivation provisoire :
La dérivation provisoire est associée à un batardeau, ces ouvrages servent à se protéger des
eaux de crues durant la construction de l’ouvrage.
c. Prise d’eau :
C’est un ouvrage qui permet de prélever l’eau pour son utilisation.
d. vidange de fond :
C’est un ouvrage qui permet de vidanger partiellement ou totalement la retenue

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1.4- Le barrage de nos jours:


Le barrage de la Grande-Dixence est un barragepoids situé en Suisse.
Il mesure 285 mètres de haut.
Le barrage est un immense ouvrage dont la largeur atteint 193 mètres à la base et 15 mètres
au couronnement. La longueur totale du couronnement se monte à 748 mètres. Au total, ce ne
sont pas moins de 5 960 000 m3 de béton parcourus par 32 kilomètres de galeries et de puits de
surveillance.
La centrale hydraulique détient trois records mondiaux (état en 2005) :
• plus haute chute d’eau (1880 mètres)
• plus grande puissance par
Turbine Pelton(400 MW)
• plus grande puissance par
• pôle des alternateurs.

1.5- Statistiques sur les barrages en Algérie :

Actuellement le secteur des ressources en eau compte 80 barrage de grande et moyen envergures
avec une capacité de 8,6 milliards de (m3)
• 15 barrage de région Ouest (Djorftorba, Beni Bahdel, guergar, sikkak, Bentaiba…)
• 17barrages de la région de Cheliff (Oued el Fedda, Sidi yaakoub,…)
• La région Centre avec ces 18 barrages ( Keddara, Taksebt, koudietAsserdoun…)
• 30 barrages de l’Est (Beni Harroune, Timgade, Tichy,…)

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Chapitre 1 : Généralités, statistiques, rôles et ruptures 5

Le gouvernement entend faire passer à 140 le nombre total de barrages en Algérie d’ici 2030,
et, ce faisant, atteindre une capacité de stockage de près de 12 milliards de mètres cubes sur
l’ensemble du pays.Outre l’augmentation de la capacité des barrages, l’Algérie s’est également
attelée à développer saproduction d’eau potable à partir de l’eau de mer et plusieurs usines de
dessalement construites depuis 2000, permettent d’approvisionner la population en eau douce à
partir de l’eau de mer de la Méditerranée.

1.6- Procédures de conception des ouvrages hydrauliques :


Lors de la conception d’un ouvrage hydraulique, comme dans tout autre projet deGénie
Civil, on peut distinguer trois phases bien caractérisées :

1.6.1- Première phase : études préliminaires ou Avant Projet Sommaire (APS) :


Elle concerne les reconnaissances et les études générales de la zone développer en vue :
d’établir l’inventaire des réalisations susceptibles de satisfaire des besoins soit
déjàexprimés soit répertoriés dans la zone
d’apprécier l’intérêt économique de la réalisation de ces aménagements, elle comprend les
étapes suivantes :
collecte des données disponibles : documents cartographiques, données
climatiques,renseignements géologiques, données relatives aux pratiques agricoles et aux
besoinsd’eaux.
inventaires des sites potentiels et Critères de choix : topographiques, géologique
etgéotechnique, hydrologique, proximité des lieux d’utilisation, critères économiques,
reconnaissance des lieux,reconnaissancegéologique et géotechnique, examen des sites
topographique rapide,reconnaissance du périmètre irrigable et/ou des agglomérations
rurales
Les études préliminaires à réaliser sont :
1- Etude topographique.
2- Etude hydrologique.
3- Etude géologique et géotechnique.
4- Evaluation des besoins.
5- Evaluation des caractéristiques de l’aménagement.
6- Choix des sites.
7- Schémas des aménagements - Estimations des coûts.
8- Programme de réalisation.
10- Etablissement du rapport de synthèse.

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1.6.2- Deuxième phase : étude d’Avant Projet Détaillé (APD) :


Elle concerne les études des variantes présélectionnées lors de la phase préliminaire. Il s’agit
des études d’avant-projet détaillé qui permettront la réalisation des aménagements.
Les études d’avant projet détaillé comprennent :
1- Levés et études topographiques.
2- Etudes hydrologiques.
3- Etudes géologiques et géotechniques.
4- Evaluation des besoins en eau.
5- Etude de régularisation.
6- Etudes d’impacts du projet.
7- Types, caractéristiques et dimensionnements des ouvrages.
8- Les prescriptions techniques.
9- Avant-métré et détail estimatif.
1.6.3- Troisième phase : études de réalisation des ouvrages (dossier d’exécution) :
Elle concerne les conditions d’organisation, les prescriptions techniques pour une bonne
exécution et les contrôles qui doivent être mis en œuvre pendant la construction des ouvrages.
Ces études intéressent les aspects suivants :
Moyens pour la réalisation du projet (engins, matériaux, matières
consommables,personnel)
Organisation du chantier
Exécution des travaux (séquence des opérations, principaux travaux, contrôle des travaux)

1.7- Le risque rupture de barrage :


La destruction partielle ou totale d’un barrage peut être due à différentes causes :
-Techniques : défaut de fonctionnement des vannes permettant l’évacuation des eaux lors de
crues ; vices de conception, de construction ou de matériaux, vieillissement des installations
-Naturelles :séismes, crues exceptionnelles, glissements de terrain (soit de la fondation ou
des appuis de l’ouvrage, soit des terrains entourant la retenue et provoquant un déversement sur le
barrage)
-Humaines : insuffisance des études préalables et du contrôle d’exécution, erreurs
d’exploitation, de surveillance et d’entretien, malveillance.
Le type de rupture dépend des caractéristiques propres du barrage. Ainsi, elle peut être :
-Progressive : dans le cas des barrages en remblais, par érosion régressive, suite à une
submersion de l’ouvrage ou à une fuite à travers celui-ci ;

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Chapitre 1 : Généralités, statistiques, rôles et ruptures 7

-Brutale dans le cas des barrages en béton, par renversement ou par glissement d’un ou
plusieurs plots.
Une rupture de barrage entraîne la formation d’une onde de submersion se traduisant par une
élévation brutale du niveau de l’eau à l’aval.

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 8

Chapitre 2
Différents types de barrages et choix du profil type

II-1- Différents types de barrage :


II-1-1- Selon leur rôle :
on (déversoirs ou de rivières) :
a) Barrages de dérivation
Ce type de barrage est employé lorsqu’on a besoin de maintenir un niveau constant sur un
tronçon d’une rivière pour garantir un fonctionnement satisfaisant d’une prise d’eau ou rendre
régulier son profil, afin de faciliter la navigation.
Ils ont, en général des hauteurs réduites par rapport à leur longueur en crête.

b) Barrages réservoirs :
Ils sont des ouvrages qui agissent sur les débits des cours d’eau en créant des réserves
utilisables selon les besoins en eau.
Ils sont souvent plus hauts que leur longueur en crête.

II-1-2- selon leur type de construction


Les barrages sont divisés en deux groupes selon les matériaux de construction :
les barrages en matériaux rigides (maçonnerie ou en béton).
les barrages en matériaux meubles (terre et enrochement).

Figure II-01
II : Les familles de barrages en béton

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 9

a) Barrages en béton
Les barrages en béton sont des ouvrages rigides dont la stabilité est assurée par leur poids ou
leur forme. Ces ouvrages font l’objet de nombreuses méthodes de calculs, basées sur la résistance
des matériaux et la théorie de l’élasticité.
Les barrages en béton se divisent en plusieurs groupes selon la configuration géométrique.
• les barrages poids.
• Les barrages voûte.
• Les barrages à contreforts.

Actions aux quelles sont soumis les barrages


1- Action de l’eau
Les barrages sont soumis à l’action de l’eau qui se manifeste sous plusieurs aspects :
• Par sa pression appliquée directement sur le parement amont de l’ouvrage et sa fondation.

h
γ.h

H P H P

γ.H γ( H +h )

Figure II-02 : Pression hydrostatique exercée sur le corps du barrage


• La force de la pression hydrostatique sans déversement sur sa crête.

P = γ.H2/2 (II-01)

• La force de pression hydrostatique avec déversement sur la crête.

P = γ.( H + 2h)H/2 (II-02)

• Par les infiltrations dans la fondation et à travers le corps du barrage :


Quelque soit la qualité de la fondation l’eau y pénètre progressivement dans les pores ou les
fissures créant ainsi des forces de sous pression qui s’exercent sur la surface de contact béton-
rocher.
Le diagramme de ces sous pressions peut prendre plusieurs formes selon les conditions

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 10

suivantes :
a- Fondation hétérogène représentant des fissurations en communication avec l’amont et ne
débouchant pas à l’aval.

γ.H

Figure II-03 : Diagramme des sous-pression (cas a )


b- Fondation homogène avec circulation de l’eau de l’amont vers l’aval et pertes de charge linéaires, la
pression décroît linéairement de la valeur γ.H (H : charge amont) à la valeur γ.h( h: charge aval).

H
P

γ.H γ.h

Figure II-04 : Diagramme des sous-pression (cas b ).


c- Fondation homogène avec organe d’étanchéité sous forme de rideau d’injection ou autre
coupure étanche en amont qui entraîne un décroissement des sous pressions d’une valeur amont
γ.(h + λ.(H - h)), ( λ=2/3 ) à une valeur aval γ.h.

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 11

H
P

γ.(h + λ.(H - h))


γ.h

Figure II-05 : Diagramme des sous-pression (cas c )

d- Fondation homogène avec organe d’étanchéité et système de drainage à l’aval de la coupure


d’étanchéité. La valeur des sous pressions décroît à une valeur. .(h + 1/2.(H - h)) = γ.(H + h)/2.

H
P

γ.(H + h)/2

γ.h

Figure II-06 : Diagramme des sous-pression (cas d ).

1- Action du poids du barrage


L’action du poids du barrage est favorable pour la stabilité du barrage, du fait que ce type
d’ouvrage résiste par sa masse à l’effet des actions motrices.

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 12

H
P G Pv

Ph h

Figure II-07 : Différentes forces agissant sur le corps du barrage

a) Barrages en béton
a-1)- Différents types de barrage en béton
1- Barrages poids
Les barrages poids sont des ouvrages massifs en béton de section triangulaire dont la
stabilité, sous l’effet de la poussée de l’eau, est assurée par leur poids propre, de même qu’un
bloc de plusieurs tonnes posé sur un sol horizontal.

Figure II-08 : Coupe transversale d’un barrage poids en béton


Avantages de barrage poids
• Faibles contraintes transmises au rocher;
• Faibles contraintes dans le béton ;

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 13

• Les variations de températures ne produisent que de faibles variations de


contraintes ;
• L'évacuateur de crue peut facilement être intégrer ;
Inconvénients de barrage poids
• Les sous-pressions importantes sous la fondation ;
• Moyen risque de tassement ;
• Le volume du béton important (pour le barrage-poids évidé, il est plus faible) ;
• Le volume d’excavation important ;
• Fragilité au séisme (si les joints entre les blocs ne sont pas faits par injections) ;

1-1- Stabilité des barrages poids


La stabilité des barrages poids concerne l’équilibre de l’ouvrage qui doit résister au
glissement sur la fondation et au renversement après le remplissage du réservoir.
1-1-1- Stabilité au renversement
Le renversement des barrages est dû à l’existence de forces horizontales suffisamment
grandes comparées aux forces verticales dont la résultante de toutes les forces agissant sur le
corps du barrage est à l’extérieure des limites de la surface de base du barrage.
Généralement la stabilité au renversement est exprimée par ( Kr ) qui désigne le rapport des
moments stabilisants avec les moments moteurs rapportés au point (C) de l’extrémité du pied
aval du barrage.
Kr = ΣG.n / Σ( P.m + Wφ.e ) (II-05)
La valeur du coefficient de stabilité au renversement (Kr ) pour laquelle le barrage est
considéré stable est non surdimensionné est souvent prise égale à 1.3 ÷ 1.5.

H
P G

m n

Figure II-09 : Schéma de calcul de la stabilité au renversement

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 14

1-1- Stabilité au glissement


Les forces horizontales, telles que la poussée de l’eau et des terres qui s’exercent sur le
parement amont du barrage tendent à le faire glisser vers l’aval. La résistance à ces forces est
assurée par la cohésion et le frottement du barrage avec la fondation, ces deux caractéristiques
sont exprimées par le coefficient de cohésion (C) et le coefficient de frottement tgϕ.

Souvent on néglige la cohésion à cause de sa variabilité aléatoire. Le coefficient de


frottement est généralement pris égale à 0.75 pour les surfaces de contact béton-béton, béton-
roche dure (granite, gneiss ). Pour les fondations constituées de roche tendre Tel que le calcaire et
les marnes, on adopte généralement la valeur de tgϕ = 0.6.

H
P G

A C

Figure II-09 : Schéma de calcul de la stabilité au glissement

• (ΣP / Σ(G - Wφ )) ≤ tgϕ (II-06)

• Kg = Σ(G - Wφ ) tgϕ / ΣP (II-07)

En tenant compte de la cohésion :

• Kg = (Σ(G - Wφ ) tgϕ + C.S) / ΣP (II-08)

S: Surface de contact Barrage-Fondation.

C: Coefficient de cohésion ( C = 0.5 ÷ 2 Mpa, pour les roches dures de bonne qualité ).

La valeur du coefficient de stabilité au glissement (Kg ) pour laquelle le barrage est


considéré stable est non surdimensionné est souvent prise égale à 2.5 ÷ 4.

En cas de terrain comportant des plans de faiblesse horizontaux (fissuration, stratification), la


stabilité peut être améliorée par des moyens techniques pendant la phase de construction de
l’ouvrage

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 15

2- Barrages voûtes
Se sont des barrages qui ont la forme d’un arc en plan, dont les efforts sont transmis
directement aux rives. Ils sont caractérisés par une voûte à mince paroi à simple ou à double
courbure.
Ce type de barrage est recommandé pour les vallées étroites avec des épaulements de bonne
résistance mécanique.

Figure II-10 : Vue en plan d’un barrage voûte


Le barrage voûte a la forme d’un arc qui reporte la poussée de l’eau sur les flancs de la
vallée. Il résiste à la poussée de l’eau qu’il retient, à la manière d’une plaque cintrée encastrée sur
trois cotés, les deux rives et la fondation.

Figure II-11 : Coupes transversales d’un Figure II-12 : Le barrage de Monteynard


barrage voûte (Isère, France)- voûte

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 16

Avantages de barrage voûte


• Le volume du béton est faible ;
• La fouille est assez petite ;
• La résistance au séisme est haute ;
• Les sous-pressions au niveau de la fondation sont faibles (la surface de la
fondation est petite).
Inconvénients de barrage voûte
• Les contraintes sont importantes dans le béton et dans le rocher sous la fondation ;
• Efforts transmis obliquement aux appuis latéraux ;
• Sensibilité limité aux tassements;
• L'échauffement du béton par la prise du ciment est à considérer ;
• Difficultés d'intégration de l’évacuateur de crues dans le barrage ;
• Gradient de sous-pression sous la fondation important ;
• Les sous-pressions dans les fissures du rocher peuvent provoquer des glissements
d’appuis.
• Drainage des fissures des massifs d’appui devant être rigoureusement traité.
2-1- Calcul des barrages voûte
La méthode de calcul la plus simple consiste à découper la voûte en tranches horizontales
appelées anneaux, que l’on considère comme autant d’arcs encastrés, indépendant l’un de l’autre.
On néglige l’encastrement vertical. On ne compte pas aussi sur le poids des anneaux pour
résister à la poussée de l’eau. Toutes ces simplifications conduisent à la déterminer des arcs
isolés travaillant dans des conditions plus sévères que la réalité.
L’hypothèse de base pour le calcul des barrages voûtes consiste à découper la voûte en une série
d’arcs horizontaux et d’étudier indépendamment leur stabilité comme s’il n’existait aucune
liaison d’un arc à l’autre.
P
T
e
M N

Figure II-13: Schéma de calcul des barrages voûte par la méthode des anneaux

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 17

Soit R le rayon de courbure du parement soumis à la pression de l’eau P. dans le


l cas d’une
pression hydrostatique (normale à la paroi) les sollicitations dans une section peuvent se ramener
à un effort normal constant N, l’effort tranchant et le moment de flexion étant nuls.
On a alors N=PR et dans chaque section verticale de l’arc considéré,
considéré, il n’existe que des
contraintes normales de compression.

n =PR/e (II-09)

3- Barrages à contreforts
Les barrages à contreforts se composent : par un ensemble de dalles en béton armé appuyées
sur des contreforts régulièrement espacés, par des voûtes multiples à génératrices inclinées ou
verticales ou par l’épaississement des têtes des contreforts. Ce type d’ouvrage est recommandé
pour les vallées larges et pour les barrages de hauteur moyenne.
Le barrage à contrefort permet une économie importante du volume de béton à cause de la
réduction de la sous-pression
pression sous l’ouvrage qui est caractérisé par une faible
fai section de contact
avec le sol de fondation.
Le barrage à contrefort est formé par deux parties fondamentales, le voile étanche et les
contreforts.

Figure II-14:
14: Barrage de d’Albertville, Rhône-Alpes,
Rhône Alpes, France (1955-1962)-contrefort
(1955

Avantages de barrage à contreforts


• Volume de béton plus faible que pour le barrage poids ;
• Faibles sous pressions sous la fondation ;
• Echauffement faible lors de la prise du béton ;
• L’évacuateur de crues peut facilement être intégré ;
• Contraintes moyennes transmises à la roche.

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 18

Inconvénients de barrage à contreforts


• Volume d’excavation important ;
• Gradient de sous pressions sous la fondation localement très important ;
• Risque limité de tassements ;
• Grande sensibilité aux séismes ;
• Contraintes de température peuvent être importantes dans la tête.

b) Barrages souples (en remblai ou digues)


La plupart de ces barrages ont une structure souple, ils sont construits par des matériaux
naturels comme l’argile, les roches et les pierres. On choisit ce type d’ouvrage lorsque la vallée
est trop large pour admettre une structure en béton et lorsqu’on trouve les matériaux sur place ou
à faible distance. Ses parties principales sont :
- Le noyau : on utilise des sols fins pour assurer l’étanchéité du barrage et sa position est
variée, verticale, inclinée, centrée…..etc.
- Les recharges : on les construise par des sols différents que le sol du noyau pour supporter
et protéger le noyau.
- Le drain : à partir de son nom, il assure l’écoulement de l’eau dans le sol et diminue la
pression interstitielle pour cela il doit contenir des sols très perméables.
- Les filtres : ce sont des parties peu épaisses, on les place entre les différentes parties
contre l’infiltration des eaux et pour éviter le phénomène de renard (l’érosion interne).
- Le rip-rap : couche superficielle constitué par des blocs d’enrochements sur les côtés du
remblai pour le protéger contre les vagues.
On distingue deux catégories de barrages en remblai sont :
• Les barrages en terre, réalisés essentiellement à la partie de sol naturel meuble
prélève dans des gravières ;
• Les barrages en enrochements, dont la majeure partie est constituée de carrière
concassée.

1- Barrage en terre
Les barrages en terre sont constitués par des remblais en matériaux naturels allant de l’argile très
fine aux graviers grossiers. Les matériaux les plus fins sont doués de frottement et de cohésion;
après compactage, ils permettent d’obtenir des massifs étanches. Les plus grossiers ne peuvent
être utilisés que pour constituer des massifs résistant à la poussée de l’eau.

3eme LMD Hydraulique Ouvrages hydrauliques


Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 19

Le choix du matériau est lié aux frais d’extraction et de transport. C’est après avoir prospecté les
gisements économiquement exploitables et déterminer les diverses propriétés des matériaux qui
lui sont offerts qu’on détermine le profil de l’ouvrage.
La section transversale d’un barrage en terre a généralement la forme trapézoïdale. Le volume
des matériaux à mettre en œuvre pour la construction d’un barrage en terre est en général
important (5 à 15 fois le volume d’un barrage poids en béton).

02

01
NCB 04
03
05
NPHE
NNR 06

NMinR

Nlit

10 09
07
11

08

Figure II-15: Schéma principal de structure d’un barrage en terre


01- Revêtement du talus amont. 02- Crête du barrage.
03- Organe d’étanchéité. 04- Revêtement du talus aval.
05- Berme. 06- Organe de drainage.
07- Galerie d’injection et de visite. 08- Rideau d’injection.
09- Parafouille. 10- Sol de fondation perméable.
11- Sol de fondation imperméable.

Les barrages en terre peuvent être divisés en trois principaux schémas selon les
matériaux qui les constituent:
• Le barrage homogène ;
• Le barrage zone avec noyau étanche ;
• Le barrage à masque amont.

1.1. Barrage homogène


Ce type de barrage est constitué d’un même sol reparti uniformément à travers toute la
section du barrage. Ils exigent des talus moins raides que ceux des barrages zonés et un dispositif
de drainage dans la partie aval du barrage.

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 20

NCB
NPHE
NNR

NMinR

Nlit

Figure II-16: Barrage homogène


1.2. Barrages avec noyau
Lorsque les caractéristiques géotechniques des matériaux disponibles ne permettent pas
d’envisager un barrage homogène, alors, on adopte un profil zoné. Chaque zone étant constituée
d’un matériau différent, choisi en fonction du rôle qu’il doit jouer. Les matériaux imperméables
sont disposés dans la partie centrale et les matériaux semi-imperméable et perméable dans les
parties amont et aval (recharges) qui ont un rôle stabilisateur.
NCB Noyau vertical étanche
NPHE
NNR

NMin R

Nlit

Figure II-17: Barrage avec noyau vertical


Le nombre et la disposition des zones qui constituent le barrage à zone peuvent varier selon
des schémas très divers, mais la plupart des barrages de ce type ne comportent pas plus de quatre
zones de caractéristiques différentes. Le noyau peut être disposé verticalement ou incliné.

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 21

NCB Noyau incliné étanche


NPHE
NNR
Filtre
Tapis drainant

NMin R

Nlit

Figure II-18: Barrage avec noyau incliné


1.3. Barrage avec masque
Le manque de matériau convenable pour la construction d'un noyau a conduit les
concepteurs d'avoir recours à un masque amont étanche posé sur une digue homogène ou à une
paroi d’étanchéité en béton réalisée à l’intérieur de la digue. Le masque d'étanchéité est réalisé
généralement sur une couche de préparation composée d’éléments fins drainants.
NCB
NPHE
NNR

NMin R

Nlit

Figure II-19: Barrage avec masque

2- Barrage en en enrochement

Un barrage en enrochement n’est pas autre chose qu’un tas de cailloux à grande échelle, qui
résiste par sa masse aux efforts auxquels il est soumis. Mais n’étant pas étanche par lui-même, il
faut lui adjoindre un organe d’étanchéité qui constitue la partie la plus délicate, aussi bien au
stade du projet qu’à celui de la réalisation.

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Chapitre 2 : Différents types de barrages et choix du profil type 22

Figure II-20: Profil d’un barrage en enrochement [8]


Avantages de barrage des digues en terre / Enrochement à noyau
• Le corps du barrage est très flexible et adaptable aux conditions de terrain ;
• Structure très peu sensible aux tassements et aux séismes ;
• Excavations limitées ;
• Contraintes très faibles sur le sol de fondation ;
• Gradient hydraulique faible dans le noyau et dans la fondation.
Inconvénients de barrage des digues en terre / Enrochement à noyau

• La construction d'évacuateur de crues à travers le corps du barrage n'est pas


possible.

• L’existence d’un écoulement souterrain à travers le corps du barrage risque de


créer des conditions de déformations de l’ouvrage.

• La construction d’un barrage en terre demande une quantité très importante des
matériaux de construction.

• Les barrages en terre ne résistent pas au débordement des eaux par-dessus la crête.

• La dégradation des talus peut avoir lieu par glissement ou par altération
superficielle due aux conditions climatiques.

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Chapitre III. Détermination de la hauteur du barrage


et dimensionnement du réservoir

II-1- Hauteur du barrage


La hauteur du barrage est déterminée en fonction des volumes à stocker et la forme de la
cuvette. Ces volumes concerne la quantité de la vase prévue d'être accumulée dans la retenue
pendant la période d'exploitation, le volume d'eau exploitable et le volume d'eau stocké au
cours de la crue exceptionnelle. La hauteur obtenue à partir de ces volumes est majorée d’une
tranche supplémentaire appelée revanche.
HB= NNR + R+ hdév + t (III-01)
HB: Hauteur du barrage ;
NNR : Niveau normal de la retenue ;
R : Revanche en (m) ;
t : Tassement en (m) ;
hdév : Charge sur le déversoir.

Niveau normal de la retenue


Le niveau normal de la retenue (NNR) correspond à la cote maximale du volume utile.
Il est déterminé par le calcul de la régularisation de la retenue, compte tenu de la tranche
morte prévue pour l’emmagasinement des sédiments, de l'apport liquide, des besoins à
satisfaire, et des pertes par évaporation et infiltration.
NNR = Nmin R + Hvu (III-02 )
Hvu : hauteur correspondant au volume utile.
Nmin R : Niveau minimum de la retenue.

Niveau maximum de la retenue (NPHE )


Le niveau maximum de la retenue NmaxR correspond au niveau maximum de la charge sur le
seuil de l’évacuateur de crues qui est fixé généralement au niveau NNR.
Nmax R = NNR + hdév + t ( III-03 )
La hauteur maximale des eaux dans la retenue est fixée par le calcul des différents niveaux de
la retenue et la charge d’eau sur le seuil de l’évacuateur de crues.

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Hmax = N Max R - Nlit (III-04 )


Hmax : Hauteur maximale des eaux dans la retenue.
Nlit : Niveau du lit de l’oued.
Revanche
La revanche est la tranche comprise entre la côte des plus hautes eaux et la crête du barrage.
Elle dépend de la hauteur des vagues, de la projection de l’eau vers le haut du barrage suite à
l'écrasement des vagues contre le talus amont du barrage.
La revanche constitue une marge de sécurité pour l’ouvrage dans le cas de montée
exceptionnelle du plan d’eau au-dessus de la côte des plus hautes eaux.
Plusieurs formule ont été proposées pour la détermination de la revanche, parmi lesquelles les
formules simplifiées suivantes:
 Formule de STEVENSON GAILLARD :
R = 0.75Hv + V2/2g (III-05)
Hv : Hauteur des vagues en m ;
V : Vitesse des vagues en m/s
* Hauteur des vagues : plusieurs formules proposées, parmi eux :
 Formule de Stevenson :

- Pour F<18 km : Hv = 0.75 + 0.34 F - 0.26 4 F (III-06)

- Pour F>18 km : Hv = 0.34 F (III-07)


F : La longueur du plan d’eau (fetch ) en (km).
* V : Vitesse de propagation des vagues (m/s).
V = 1.5 + 2HV (III-08)
 Formule de MALLET et PAQUANT :

Hv = 0.5 + 0.33 F (III-09)

R = 0.75Hv+ v2/2g (III-10)

 Formule Simplifiée :

R = 1 +0.3 F (III-11)

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Ouvrages hydrauliques

Chapitre IV. Dimensionnement des composants du barrage

IV-1 Largeur en crête du barrage


La largeur en crête du barrage doit être suffisante afin de permettre la circulation des engins
pour l’entretien et la réparation de l’ouvrage, et d’assurer une sécurité suffisante contre tout
risque de circulation d’eau importante à travers le barrage prés de son couronnement lorsque
le réservoir est plein.
b cr

Figure IV-01 : Crête d'un barrage en terre


La hauteur de la crête de la digue est égale à :
HB= NNR + R+ hdév + t (IV-01)
HB: Hauteur du barrage ;
NNR : Niveau normal de la retenue ;
R : Revanche en (m) ;
t : Tassement en (m) ;
hdév : Charge sur le déversoir.
La largeur en crête est généralement déterminée en fonction de la hauteur du barrage par les relations
suivantes:

• Formule de T. KNAPPEN
bcr = 1,65. ( Hb )1/2 (IV-02)
• Formule de E.PREECE
bcr = 1,1. ( Hb )1/2 + 1 (IV-03)
1/3
bcr = 3,6. ( Hb ) -3 (IV-04)
Hb : Hauteur du barrage.
bcr : Largeur de la crête du barrage.
Généralement la largeur en crête d’un barrage en terre est supérieure à 3 m. Pour les ouvrages
de hauteur dépassant les 9 mètre. On adopte souvent une largeur égale au (1/3) de la hauteur
de la digue.

3
Ouvrages hydrauliques

Protection de la Crète
La crête du barrage en tant qu’élément de la digue est nécessaire pour donner au profil en
travers une forme trapézoïdale stable. Elle peut servir pour les passages de service.
La crête est revêtue de par un mélange constitue de gros graviers bitumés, et elle doit
être constituée de matériaux insensibles à l’eau, et à la circulation des véhicules, et la couche
de protection doit être bien compactée.
La crête est profilée soigneusement, afin d’empêcher toutes stagnation des eaux (pour
éviter les infiltrations dans le corps du barrage), on préconise, en ce sens, d’adopter un dévers
amont uniforme de (3 à 4) % pour permettre l’évacuation des eaux de pluie vers le parement
amont (mieux protégé).
IV-2 Pentes des talus :
Les pentes des talus amont et aval sont en fonction des matériaux de construction
utilisés et leur caractéristiques mécaniques et de la hauteur et la classe du barrage.
Le tableau (IV-01) donne quelques valeurs indicatives des pentes des talus.
Tableau (IV-01) : Les fruits des talus en fonction du type du barrage
Hauteur du barrage Fruit
Type de barrage
(m) amant aval
 Homogène. 1/2.5 1/2
0 < H <5
 A Zone. 1/2 1/2
 Homogène (granulométrie étendue). 1/2 1/2
 Homogène à fort pourcentage d’argile. 1/2.5 1/2.5
5  H <10  A Zone. 1/2 1/2.5
 Homogène (granulométrie étendue). 1/2.5 1/2.5
 Homogène à fort pourcentage d’argile. 1/3 1/2.5
10  H 20  A Zone. 1/2 1/3
 Homogène (granulométrie étendue). 1/3 1/2.5
H > 20  Homogène à fort pourcentage d’argile. 1/3.5 1/2.5
 A Zone. 1/3 1/3

Pour les barrages de hauteur inférieure ou égale à 10 mètres, on choisit une pente
constante.
Pour les barrages de hauteur supérieure à 10 mètres on choisit des pentes variables plus
grandes à la semelle et plus petite à la crête.

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Ouvrages hydrauliques

A chaque changement de pente il est préférable de prévoir une berme de largeur 2 à 3 mètres,
équipée d’une rigole parallèle à la ligne de la crête.
Protection des talus :
a- Talus amont :
Le talus amont devra être protégé contre le déferlement des vagues et les violentes
précipitations, pour cela on prévoit un revêtement de protection en enrochement ; celui-ci est
caractérisé par :
 Le faible prix.
 Le temps de réalisation relativement court.
 Le maintien de la stabilité du talus lors d’une vidange rapide.
 Epaisseur de la couche de protection :
Pour déterminer l’épaisseur de cette couche, on utilise la méthode de « T. V.A. »
 Méthode T.V.A (Tennessee-Valley- Authority) :
On a: e = CV²
V : Vitesse de propagation des vagues (V = m/s).
C : Coefficient dont la valeur est en fonction de la pente du talus et du poids spécifique du
matériaux d’enrochement (γP = g/cm²)
La valeur de "C" est donnée par le tableau (V-03)
Tableau (IV-02) : Valeur de C
Valeur de C
Pente du talus
γP = 2.5 γP = 2.65 γP = 2.80
1/ 4 0.027 0.024 0.022
1/ 3 0.028 0.025 0.023
1/ 2 0.030 0.028 0.026
1/ 1.5 0.036 0.028 0.030
1/ 1 0.047 0.041 0.038

b- Talus aval :
Le talus aval est soumis en général au processus de l’altération superficielle naturelle
(action des vents précipitations), c’est pour cela que la couche d’enrochement sera moins
importante que celle du talus amont.
On protège ce talus par une conche en enrochement de 0,2 m.

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Ouvrages hydrauliques

IV-3 La clé d’étanchéité


La profondeur de la clé d’étanchéité est exécutée jusqu’à 03 mètre. S’il faut avoir la
grandeur supérieure de l’élément d’étanchéité on construira.
On détermine les dimensions du dispositif de l’ d’étanchéité par le calcul, et on les
corrige d’après les conditions des exécutions des travaux en ces d’utilisation de procédés
mécanisés. L’épaisseur d’élément (clé d’étanchéité) est égale (3-4) m, prend les talus
(m1= m2 = 1/1)

m2=2.5
m1=3

T=3m

b = 4m

Figure IV-02 : Clé d’étanchéité du barrage

IV-4 Le dispositif de drainage du remblai


L’expérience montre que, même les petit barrages (H<5m) l’absence du drainage
engendre couramment des désordres lorsque la ligne de saturation, parfois au bout de
plusieurs années de service (remblais très imperméable), finit par recouper le talus aval.
Pour contrôler les infiltrations à travers le remblai, il est nécessaire de mettre en place un
dispositif drainant et filtrant.
En ce qui concerne la qualité des matériaux, les principaux essais, outre la
granulométrie, sont :
 Mesure du coefficient de friabilité des sables ;
 Essai Losange les (chocs) et l’essai (Micro- Deval) (usure) pour les graviers ;
 Equivalent de sable (la présence d’argile peut entraîner une cohésion et donc la
fissuration du matériau) ;
 Les matériaux calcaires sont à éviter pour les organes de drainage.
IV-4-1 Le drain vertical
Le drain vertical ou drain cheminée est une alternative intéressante au du tapis drainant
puisqu’elle permet d’éviter le dysfonctionnement potentiel du drainage consécutif a
l’anisotrope de perméabilité, l’épaisseur a retenir pour un tel drain est d’ordre 0.6m comme

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Ouvrages hydrauliques

une valeur minimal et l’implantation idéal se situe, un peut en aval de l’axe du remblai (a fin
de bénéficier au maximum de d’étanchéité apporte par le remblai amont).
Le sommet du drain est arase au niveau normale de la retenue (NNR) ou plus de
quelques centimètres (0.1-0.5) m, pour la sécurité il n’est pas nécessaire de le prolonger
jusqu’au niveau des plus hautes eaux (NPHE)

 Dimensionnement du drain vertical :


 Hauteur du drain : Hdr = NNR+(0.1-0.5)
 Epaisseur du drain : edr d’après le tableau :
Tableau (V-04) : Les valeurs du coefficient C :
H2√V <30 30 a 100 100 a 300 300 a 700 700 a 1500
Epaisseur (m) 0.50 0.80 1.00 1.20 1.50
H : hauteur du barrage en (m).
V : volume de la retenue en (Mm3).
edr : Epaisseur du drain

IV-4-2 Le tapis drainant sous le talus aval


C’est la solution traditionnellement adoptée pour assurer le drainage d’un remblai
homogène, ce tapis de matériau drainant, d’une épaisseur de 0.5m, s’étend sur (1/4-1/3) de
l’emprise du barrage.
On note que l’implantation idéale se situe, un peu en aval de l’axe du remblai (afin de
bénéficier au maximum de l’effet d’étanchéité apporté par le remblai amont).

 Dimensionnement du tapis drainant :


 Longueur du tapis drainant :
Ld = (1/3-1/4)Lb
Ld : longueur du drain tapis en (m).
 L’épaisseur du tapis : et = 0.5m
IV-4-3 Le prisme de drainages : permettent de :
-Réceptionner et évacuer les eaux infiltrées à travers le corps du barrage et sa fondation.
-Rabattre la ligne phréatique le plus bas possible.
-Réduire les pressions interstitielles dans certaines parties du corps du barrage.

 Dimensionnement du prisme de drainage :


Fruit des talus : m1 = (1.25-1.75) et m2 = (1.75-2.5)
Hauteur : HdR = (0.15-0.2) Hb

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Ouvrages hydrauliques

IV-4-4 Calcul des filters :


IV-4-4-1 Règles des filtres :
Les filtres sont une succession des couches de granulométrie très variée .Ils sont situés :

 Au pied aval du barrage ;


 A la protection du talus amont (zone de transition entre l'eau et les recharges) ;
 Entre le tapis filtrant et les recharges.
L’exigence primordiale aux sols des filtres, qu’ils doivent vérifier, les conditions de
l’absence du renard.
Condition 1 :

D5 n
 0,32 6  (1  0,05 )
D17 1 n

Où:

 : Coefficient d’hétérogénéité du sol du filtre,  = D60/D10.

n : Porosité du sol en fonction d’unité n = n0-0,1Log .

n0 = 0,4 pour les sols caillouteux.


n0 = 0,45 pour les sols argileux.
Condition 2 :
Vérification des suffisances de perméabilité :

 
K F  2  6  K (m/s)

Où :
K : Coefficient d’infiltration du sol protégé (m/s) ;
KF : Coefficient de perméabilité du filtre (m/s).
Condition 3 : (zone de transition)

D15
4
d 85

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Ouvrages hydrauliques

IV-5 Calcul des infiltrations à travers la digue et la fondation :


La filtration d’eau à travers le corps du barrage en terre et sous ses ouvrages se produit
sous l’effet de la charge d’eau au bief amont.
Les statistiques montrent que plue de 50% des avaries graves sur les barrages sont
provoquées par l’effet des infiltrations, c’est pourquoi il faut toujours faire un calcul sur les
infiltrations, donc établir la position de la ligne phréatique ou la ligne de saturation dans le
massif de la digue, déterminer le gradient de filtration, les vitesses de filtration et les débits de
filtration à travers de l’ouvrage et le sol de fondation.

IV-5-1 Tracer de la ligne de saturation :


Il existe plusieurs méthodes de calcul de filtration à travers des barrages en terres : les
méthodes expérimentales, hydromécaniques et les méthodes hydrauliques.
Pour le tracer de la ligne de saturation on utilise la méthode grapho-analytique de KOZENY.
 Admissions dans les calculs de filtrations hydrauliques des barrages en
terres :
1/- On admet la filtration dans un seul plan.
2/- On prend les composantes des vitesses qui ont la direction perpendiculaire à ce plan
comme nulles.
3/-On suppose que le sol du massif du barrage soit homogène, isotrope, et que la couche
imperméable ai un coefficient de filtration nul.
4/- La position de la ligne phréatique ne dépend pas de la qualité du sol des barrages en terre
homogène, mais elle est seulement déterminée par les dimensions de la section transversale du
barrage.
 KOZENY a montré que la ligne de saturation peut être assimilée dans sa partie
médiane à une parabole d’axe horizontal, dont le foyer "o" est situé au pied du
parement aval du barrage (fin du drain ).

 L’équation de la parabole s’écrit :

y² - yo² - 2xyo = 0 , avec : y0  h 2  d 2  d


d : largeur de base du massif .
b : Projection horizontale de la partie mouillée du parement amont.
La ligne phréatique coupe le talus aval en un point "Co" à une distance "a" du foyer "o" et une
distance "a + Δa"du point d’intersection "C" de la parabole de KOZNEY avec le talus aval.

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Ouvrages hydrauliques

D’après Casagrande "a" ne dépend que de la distance focale de la parabole de base et


de l’ongle θ du talus aval. Il a dressé la courbe de variation de C : telle que :
a
C= en fonction de θ , d’où on peut déterminer "Co".
a  a
Pour avoir la ligne de saturation, il suffit de relier la parabole de base au point "Co" et "b" par
une courbe normale au parement amont en « b » et tangente à la parabole.
b : le point d’intersection du talus amont avec le plan d’eau.

d y

A B

0.7b 0.3b

x O
b

Figure IV-03 : Calcul les infiltrations a travers le corps de la digue

Tableau (V-04) : Les coordonnées de la parabole


X (m)
Y (m)
Le point d’intersection de la parabole avec la face aval du noyau "C"est déterminé par
y0
l’équation : a  a 
1  cos
a : la distance "Oc" ;
Δa : la distance "C1C" ;
α : angle de face aval du drain avec l’horizontale.
a
A partir de l’abaque de Casagrande (fig IV.04), on détermine
a  a

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Ouvrages hydrauliques

a 2.60
Ex : α = 90° d’où :  0.25 et : a  a   2.60m.
a  a 1 0

De l’équation (2) on aura : Δa = 2.60. 0, 25 = 0.65 m.


D’où : a = 2.60 – 0.65 = 1.95m. a = 1.95 m
Δa = 0.65 m
Connaissant "a" et "Δa" , on peut tracer le profil de la ligne de saturation.

IV-5-2 Calcul du débit d’infiltration (débit de fuite) :


C’est la nature du matériau (Argile) qui conditionne l’écoulement à travers le corps du
barrage.
On peut appliquer à celui ci les règles de l’écoulement à travers une digue homogène,
le débit de fuite est donné par :
qn = K.I.A
qn: débit d’infiltration (m3/s/ml) ;
I : gradient hydraulique ;
K : Coefficient de perméabilité ;
A : section d’infiltration par unité de longueur.
dy
Le gradient hydraulique est déterminé par : I = et : A = y.1
dx
Pour une digue homogène assis sur fondation imperméable
dy dy
qn = Ky Avec : y  y0
dx dx
D’où : qn =Ky0 m3/s/ml.

IV-5-3 Vérification de la résistance d’infiltration du sol du barrage :


 dispositif d’ancrage. :
La résistance d’information du sol est donnée par :

I=  I adm
n
ΔH : perte de charge dans le noyau : ΔH (Hamont- Haval) de la ligne de saturation.
δn : épaisseur de la clé d’etancheite.
Iadm : gradient hydraulique admissible ; on le détermine à partir du tableau (a)
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Ouvrages hydrauliques

Tableau (V-05) : Gradient hydraulique admissible

Classification de l’ouvrage
sol du corps du barrage
I II III IV
Argile compactée 1.5 1.6 1.8 1.95
Limon 1.05 1.15 1.25 1.35
Sable- moyenne 0.7 0.8 0.9 1
Limon sableux 0.55 0.65 0.75 0.86

Sable fin 0.45 0.55 0.65 0.75

02

01
NCB 04
03
05
NPHE
NNR 06

NMinR

Nlit

10 09
07
11

08

Figure IV-04: Schéma principal de structure d’un barrage en terre


01- Revêtement du talus amont. 02- Crête du barrage.

03- Organe d’étanchéité. 04- Revêtement du talus aval.

05- Berme. 06- Organe de drainage.

07- Galerie d’injection et de visite. 08- Rideau d’injection.

09- Parafouille. 10- Sol de fondation perméable.

11- Sol de fondation imperméable.

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Ouvrages hydrauliques

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