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Textes fondateurs de la science


Mathématiques | 2017

Cauchy, une nouvelle conception du calcul intégral


Jean-Philippe Villeneuve

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/bibnum/597
DOI : 10.4000/bibnum.597
ISSN : 2554-4470

Éditeur
FMSH - Fondation Maison des sciences de l'homme

Référence électronique
Jean-Philippe Villeneuve, « Cauchy, une nouvelle conception du calcul intégral », Bibnum [En ligne],
Mathématiques, mis en ligne le 01 octobre 2014, consulté le 04 février 2023. URL : http://
journals.openedition.org/bibnum/597 ; DOI : https://doi.org/10.4000/bibnum.597

Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International - CC BY-SA 4.0
https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/
Cauchy, une nouvelle concept ion du calcul int égral

par Jean- Philippe Villeneuve


Départ em ent de m at hém at iques
Cégep de Rim ouski ( Québec)

August in Louis Cauchy ( 1789- 1857) publia deux livres im port ant s sur le
calcul différent iel et int égral dans les années 1820 : le Cours d’analyse en 1821
et le Résum é des Leçons données à l’École Royale Polyt echnique sur le calcul
infinit ésim al en 1823.

Le prem ier est un cours prélim inaire au calcul différent iel et int égral ( calcul
infinit ésim al) dans lequel Cauchy présent e les définit ions de fonct ion, de
cont inuit é, de lim it e « int uit ive » et de convergence de séries. En fait , il y
int roduit une nouvelle not ion de lim it e qui lui perm et de définir la cont inuit é
d’une fonct ion, de résoudre le problèm e des infinit ésim aux ( ces quant it és qui
ét aient parfois considérées com m e nulles, parfois com m e infinim ent pet it es) et
de présent er la prem ière définit ion de la convergence d’une série qui est
indépendant e des crit ères de convergence : une série est convergent e si et
seulem ent si la suit e des som m es part ielles converge. De plus, il présent e ce qui
est m aint enant appelé « suit es de Cauchy » et dém ont re que si une suit e
converge, alors elle est de Cauchy. I l prom et de revenir avec une dém onst rat ion

1
de la convergence ( si une suit e est de Cauchy alors elle converge) , m ais il ne le
fera pas. On sait auj ourd’hui que, pour ce faire, il faut ut iliser la propriét é de
com plét ude des nom bres réels ( une suit e croissant e et bornée de nom bres réels
converge dans les nom bres réels – ou bien : t out ensem ble borné de nom bres
réels adm et une borne supérieure) .
@@@@@@@

Le second livre résum e les cours qu’il donna à l’École Royale Polyt echnique.
I l devait êt re publié en deux volum es, m ais un seul fut produit . Le Résum é se
com pose de quarant e Leçons divisées égalem ent ent re le calcul différent iel et le
calcul int égral. C’est le calcul int égral qui nous int éresse ici, parce qu’il com port e
beaucoup d’innovat ions. En effet , avant les t ravaux de Cauchy, il n’exist ait
aucune t echnique uniform e pour un calcul d’aire sous la courbe y = f( x) , et
l’int égrale ét ait définie com m e l’opérat ion inverse de la dérivée.
Cauchy dém ont re que la fonct ion d’aire d’une fonct ion cont inue f( x) est une
prim it ive de f( x) . L’idée d’ut iliser la fonct ion d’aire pour résoudre le problèm e de
1
la recherche de prim it ives vient de Lagrange et de son t rait é de 1796, m ais
Lagrange ne produit pas une t echnique uniform e perm et t ant de calculer l’aire
sous la courbe. Cauchy le fait .
I l dém ont re que, dans le cont ext e des fonct ions cont inues, l’int égrale définie
perm et de résoudre le problèm e de la recherche de prim it ives. De plus,
l’int égrale indéfinie peut êt re ut ilisée afin de calculer l’aire sous une courbe
lorsque la fonct ion est cont inue. Ces liens ent re l’int égrale définie et l’int égrale
indéfinie s’appellent « le t héorèm e fondam ent al du calcul ».

Ra ppe l de qu e lqu e s dé fin it ion s, e n lia ison a ve c le t e x t e de


Ca uch y

Cauchy dist ingua l’int égrale définie de l’int égrale indéfinie. L’int égrale
2
définie représent e la lim it e des « som m es de Cauchy » et perm et de
calculer l’aire de la surface com prise ent re une courbe et l’int ervalle en
abscisse [ a, b] . L’int égrale définie est donc un nom bre réel et devient
une fonct ion, dit e fonct ion d’aire, lorsque l’ext rém it é b de l’int ervalle
d’int égrat ion devient une variable.

1. Théorie des fonct ions analyt iques, cont enant les principes du calcul différent iel, dégagés de t out e
considérat ion d'infinim ent pet it s et d'évanouissans de lim it es ou de flux ions, et réduit s à l'analyse algébrique
des quant it és finies, I m pr. de la République Paris, 1796.
2. I l ne faut pas confondr e les som m es de Cauchy av ec les suit es de Cauchy. Les som m es de Cauchy sont une
façon d’approxim er l’aire sous la courbe d’une fonct ion alors qu’une suit e de Cauchy est une suit e de nom bres
réels { a i } t elle que la différence ent re les t erm es de la suit e t end ver s 0.

2
L’int égrale indéfinie est l’opérat ion inverse de la dérivée et elle est
obt enue par l’inversion des form ules de dérivat ion :
d
dx
 
F( x)  f ( x)   f ( x)dx  F( x)  C L’int égrale indéfinie d’une

fonct ion f( x) produit donc une fonct ion F( x) , dit e ant idérivée, qui est
aussi une prim it ive de f( x) : une fonct ion F( x) est une prim it ive de f( x)
si F’( x) = f( x) .
L’ant idérivée d’une fonct ion f( x) est donc une prim it ive m ais il exist e
des fonct ions qui ont une prim it ive et qui n’ont pas d’ant idérivée. En
3
1835, Louville dém ont re qu’il y a des fonct ions cont inues qui n’ont pas
x2
d’ant idérivée. C’est le cas de f ( x)  e , dont la seule prim it ive est
t x
F( x)  e t 2
dt
. Ainsi la prim it ive ne s’exprim e pas nécessairem ent
t  x0

com m e une expression analyt ique, et donc la fonct ion f( x) peut ne pas
avoir d’ant idérivée qui s’exprim e sous form e de fonct ion.

@@@@@@@

Le calcul int égral début e avec la Leçon 21 et se t erm ine avec la Leçon 40.
Les Leçons qui nous int éressent sont les Leçons 21 à 26. Cauchy com m ence en
force ces Leçons en présent ant une t echnique uniform e ( les som m es de Cauchy)
pour calculer l’aire sous la courbe et en dém ont ant que ces som m es convergent
vers l’int égrale définie lorsque la fonct ion est cont inue ( Leçon 21) . I l donne
ensuit e quelques propriét és de l’int égrale définie ( Leçon 22) , propose une
int erprét at ion géom ét rique de cet t e int égrale définie ( Leçon 23) , présent e deux
généralisat ions de l’int égrale définie ( Leçons 24 et 25) et dém ont re finalem ent le
t héorèm e fondam ent al du calcul pour les fonct ions cont inues ( Leçon 26) .
Présent ons donc ces résult at s.

LEÇON 2 1 – L’ I N TÉGRALE D ÉFI N I E COM M E LI M I TE D ES SOM M ES D E CAUCH Y


D ’ UN E FON CTI ON CON TI N UE

L’obj ect if de la Leçon 21 ( I nt égrales définies) est d’int roduire les som m es
dit es de Cauchy et de dém ont rer que si la fonct ion est cont inue, alors ces
som m es convergent vers un nom bre réel, appelé l’int égrale définie. Au début de
la leçon, Cauchy écrit :

3. Liouv ille, Joseph, 1835, « Mém oire sur l’int égrat ion d’une classe de fonct ions t ranscendant es », Journal für
die reine und angewandt e Mat hem at ik, 13, p. 93- 118.

3
Supposons que, la fonct ion y = f( x) , ét ant cont inue par rapport à la
variable x ent re deux lim it es finies x = x 0 et x = X, on désigne par x 1 , x 2 ,
…, x n- 1 de nouvelles valeurs de x int erposées ent r e ces lim it es, et qui
aillent t ouj ours en croissant ou en décroissant depuis la prem ière lim it e
j usqu’à la seconde. On pourra se servir de ces valeurs pour diviser la
différence X – x 0 en élém ent s

( 1) x 1 – x 0 , x 2 – x 1 , x 3 – x 2 , …, X – x n- 1 ,

qui seront t ous de m êm e signe. Cela posé, concevons que l’on m ult iplie
chaque élém ent par la valeur de f( x) corr espondant e à l’origine de ce
m êm e élém ent , savoir l’élém ent x 1 – x 0 par f( x 0 ) , l’élém ent x 2 – x 1 par
f( x 1 ) , …, enfin l’élém ent X – x n- 1 par f( x n- 1 ) ; et soit

( 2) S = ( x 1 – x 0 ) f( x 0 ) + ( x 2 – x 1 ) f( x 1 ) + … + ( X – x n- 1 ) f( x n- 1 )

la som m e des produit s ainsi obt enus.

L’expression ( 1) s’appelle m aint enant une part it ion de l’int ervalle


d’int égrat ion [ x 0 , X] selon la not at ion de Cauchy, et l’expression ( 2) , une som m e
de Ca uchy. En t erm es cont em porains, soit une fonct ion f( x) définie sur
l’int ervalle [ a, b] , avec a < b et soit { a = x 0 , …, x n = b} , une part it ion de
n

l’int ervalle. Alors la som m e de Cauchy SC( f, P) = f (x i 1 ) ( x i  x i 1 ) .


i 1

Figur e 1 : Ca lcu l d’un e som m e de Ca u chy pou r la fonct ion a ffich é e . Les rect angles
bleus s’alignent sur la valeur de gauche des sous- int ervalles : f( 0) = 4 ( prem ier
rect angle) ; f( 0,5) = 2,5 ( deuxièm e rect angle) ; f( 1) = 4 ; f( 1,5) = 4,75 ; f( 2) = 4 ;
j usqu’à f( 2,5) = 4 ( sixièm e rect angle) . La courbe polynom iale figure en rouge, elle croise
à chaque abscisse m arquée les rect angles en leur coin gauche ( par const ruct ion) . On a
f( 3) = 10, m ais le rect angle correspondant n’est pas t racé, car ce rect angle ne se ret rouve
pas dans la som m e de gauche ( de t out e façon, sa base aurait ét é nulle) . On peut calculer
la som m e de Cauchy avec ce découpage : elle vaut 0,5* ( 4+ 2,5+ 4+ 4,75+ 4+ 4) = 11,625.
La surface sous la courbe rouge vaut , par calcul de la prim it ive : 12,45.

4
Le rest e de la Leçon 21 port e sur la dém onst rat ion selon laquelle les
som m es de Cauchy d’une fonct ion cont inue convergent vers un nom bre réel,
nom m é l’int égrale définie. En fait , Cauchy dém ont re plut ôt que les som m es de
Cauchy d’une fonct ion uniform ém ent cont inue form ent une suit e de Cauchy, donc
sont convergent es dans les nom bres réels.
Cauchy com m ence la dém onst rat ion en se donnant une part it ion P et en
m ont rant qu’il exist e un nom bre réel  com pris ent re 0 et 1 t el que la som m e de
Cauchy ( x 1 – x 0 ) f( x 0 ) + ( x 2 – x 1 ) f( x 1 ) + … + ( x n – x n- 1 ) f( x n- 1 ) soit égale à ( x n –
x 0 ) f( x 0 +  ( x n – x 0 ) ) .
Pour dém ont rer l’exist ence de , il affirm e ut iliser un t héorèm e sur les
m oyennes ( Cours d’analyse, p. 16) et un argum ent sim ilaire à la dém onst rat ion
du t héorèm e des accroissem ent s finis ( Leçon 7 du Résum é, p. 44) . I l ut ilise en
fait le t héorèm e des valeurs int erm édiaires.
@@@@@@@

Cauchy se donne ensuit e un raffinem ent Q de la part it ion P. I l écrit :


Pour passer du m ode de division que nous venons de considérer à un
aut re dans lequel les valeurs num ériques des élém ent s X – x 0 soient
encore plus pet it es, il suffira de part ager chacune des expressions ( 1) x 1 –
x 0 , x 2 – x 1 , x 3 – x 2 , …, X – x n- 1 , en de nouveaux élém ent s.

Soit donc Q, un raffinem ent de P, c’est - à- dire une part it ion qui sous- divise
au m oins un des sous- int ervalles de P. Considérons le raffinem ent du prem ier
sous- int ervalle de P : x 0 = y 0 , y 1 , …, y k = x 1 . Alors, en ut ilisant le m êm e
argum ent qu’au paragraphe précédent , il exist e un nom bre 0 ent re 0 et 1 t el
que, sur l’int ervalle [ x 0 , x 1 ] ,
( y 1 – y 0 ) f( y 0 ) + … + ( y k – y k- 1 ) f( y k- 1 ) = ( x 1 – x 0 ) f( x 0 + 0 ( x 1 – x 0 ) )
En répét ant l’argum ent aux aut res sous- int ervalles de P, la nouvelle som m e
de Cauchy devient :
SC( f, Q) = ( x 1 – x 0 ) f( x 0 + 0 ( x 1 – x 0 ) ) + … + ( x n – x n- 1 ) f( x n- 1 + n- 1 ( x n – x n-
1) ) ,

où { i } sont des nom bres com pris ent re 0 et 1. Cauchy ut ilise alors la
cont inuit é de la fonct ion sur [ x i , x i- 1 ] pour affirm er qu’il exist e un i- 1 t el que f( x i- 1
+ i- 1 ( x i – x i- 1 ) ) = f( x i- 1 )  i- 1 . La som m e de Cauchy sur la part it ion Q devient
alors :
SC( f, Q) = ( x 1 – x 0 ) f( x 0 + 0 ( x 1 – x 0 ) ) + … + ( x n – x n- 1 ) f( x n- 1 + n- 1 ( x n – x n- 1 ) ) .
SC( f, Q) = ( x 1 – x 0 ) ( f( x 0 )  0 ) + … + ( x n – x n- 1 ) ( f( x n- 1 )  n- 1 ) .

5
En développant l’expression et en appliquant le t héorèm e des m oyennes ( 
4
( x 1 – x 0 ) 0  …  ( x n – x n- 1 ) n- 1 = ( x n – x 0 ) , où  est une m oyenne ) , la som m e
devient :
SC( f, Q) = ( x 1 – x 0 ) f( x 0 ) + … + ( x n – x n- 1 ) f( x n- 1 )  ( x 1 – x 0 ) 0  …  ( x n – x n-

1 ) n- 1 .

SC( f, Q) = SC( f, P)  ( x 1 – x 0 ) 0  …  ( x n – x n- 1 ) n- 1 .


SC( f, Q) = SC( f, P)  ( x n – x 0 ) .

Ainsi | SC( f, Q) – SC( f, P) | < ( x n – x 0 ) , donc la suit e S (f , P) : d  0


C P

form e une suit e de Cauchy lorsque le pas de la part it ion d P  Max x  x  t end
i i 1
0 i n

vers 0 ( en prenant par exem ple  = 1/ n, on a ( x n – x 0 )  ≤ n* d p * 1/ n = d p ) .


Cauchy écrit :
il résult e des équat ions [ SC( f, P) ] et [ SC( f, Q) ] com parées ent re elles qu’on
n’alt érera pas sensiblem ent la valeur de S calculée pour un m ode de
division dans lequel les élém ent s de la différence X – x 0 ont des valeurs
num ériques t rès pet it es, si l’on passe à un second m ode dans lequel
chacun de ces élém ent s se t rouve subdivisé en plusieurs aut res.

I l en conclut :
Donc, lorsque les élém ent s de la différence X – x 0 deviennent infinim ent
pet it s, le m ode de division n’a plus sur la valeur de S qu’une influence
insensible; et , si l’on fait décroît r e indéfinim ent les valeurs num ériques de
ces élém ent s, en augm ent ant leur nom bre, la valeur de S finira par êt re
sensiblem ent const ant e ou, en d’aut res t erm es, elle finira par at t eindre
une cert aine lim it e qui dépendra uniquem ent de la form e de la fonct ion
f( x) et des valeurs ext rêm es x 0 , X at t ribuées à la variable x. Cet t e lim it e
est ce qu’on appelle une int égrale définie.

L’int égrale définie d’une fonct ion cont inue est donc la lim it e des som m es de
X
Cauchy. Celui- ci propose ensuit e des not at ions et choisit  f ( x)dx , en indiquant
x0

« la prem ière de ces not at ions, im aginée par M. Fourier, est la plus sim ple ».

4. C’est là que Cauchy ut ilise la cont inuit é uniform e, car i - 1 ne doit pas dépendre de x i - 1 sur l’int ervalle [ x i , x i - 1 ]
pour que  puisse t endre ver s 0.

6
LEÇON 2 2 – L’ I N TÉGRALE D ÉFI N I E
À la Leçon 22 ( Form ules pour dét erm iner des valeurs exact es ou approchées
des int égrales définies) , Cauchy résum e la leçon précédent e en présent ant
l’int égrale définie com m e la lim it e des som m es de « gauche ». I l généralise ces
som m es de Cauchy en perm et t ant à la fonct ion d’êt re évaluée en n’im port e
quelle valeur du sous- int ervalle :
n

SC( f, P) = f (x i 1   i 1 ( x i  x i 1 ) ) ( x i  x i 1 )
i 1

I l ut ilise cet t e généralisat ion uniquem ent pour ret rouver les som m es de
gauche ( i = 0, i) et pour définir les som m es de droit e ( i = 1, i) :
n

SC( f, P) = f (x )(xi i  x i 1 ) .
i 1

Figur e 2 : Som m e « de dr oit e » de Ca u ch y pou r la fon ct ion de la figur e 1 . Les


rect angles bleus s’alignent sur la valeur de droit e de chaque int ervalle. La courbe
polynom iale figure en rouge, elle croise à chaque abscisse m arquée les rect angles en leur
coin droit ( par const ruct ion) . La som m e de Cauchy « de gauche » ( fig. 1) valait 11,625,
cet t e som m e « de droit e » vaut 14,625. L’aire de la surface sous la courbe rouge vaut
t ouj ours 12,45. Pour obt enir une m eilleure approxim at ion, il faut augm ent er le nom bre
de sous- int ervalles ( n) . Lorsque n = 100, les approxim at ions deviennent 12,3625 et
12,5424

À part ir des som m es de droit e et de la perm ut at ion des élém ent s de la


part it ion, il obt ient la valeur des som m es de gauche, m ult ipliée par un signe
négat if. Il en conclut que la perm ut at ion des ext rém it és de l’int ervalle
x0 X
d’int égrat ion int roduit un négat if dans l’int égrale définie :  f ( x ) dx    f ( x ) dx .
X x0

7
I l rem place ensuit e les élém ent s de la part it ion par des suit es arit hm ét iques
ou géom ét riques :
On em ploie fréquem m ent les form ules [ som m es de gauche] et [ som m es
de droit e] dans la recherche des valeur s approchées des int égrales
définies. Pour plus de sim plicit é, on suppose ordinairem ent que les
quant it és x 0 , x 1 , …, x n- 1 , X com prises dans ces form ules sont en
progression arit hm ét ique [ …] On pourrait supposer encore que les
quant it és x 0 , x 1 , …, x n- 1 , X form ent une progression géom ét rique dont la
raison diffère t rès peu de l’unit é.

Dans le prem ier cas ( progression arit hm ét ique) , la part it ion est { x 0 , x 0 + i,
X  x0
x 0 + 2i, ..., x 0 + ni = X} avec i  , et les som m es de gauche et de droit e
n
deviennent :

X  x0 n 1  X  x 0 
SC( f, P) =
n
 f x 0 k
n 
 ( A)
k 0 

X  x0 n 1  X  x 0 
SC( f, P) =
n
 f x 0  (k  1)
n 

k 0 

Dans le second cas ( progression géom ét rique de raison légèrem ent


supérieure à 1) , la part it ion est { x 0 , x 0 ( 1 + ) , x 0 ( 1 + ) 2 , ..., x 0 ( 1 + ) n = X}

 X 1 n
avec 1      et les som m es de gauche et de droit e deviennent :
x 0 
n 1
SC( f, P)  (x 0 (1   ) k 1  x 0 (1   ) k )f ( x 0 (1  ) k )
k 0
n 1

 x 0   (1  ) k f ( x 0 (1   ) k ) ( G)
k 0
et
n 1

SC( f, P) =  x 0   (1  ) k f ( x 0 (1   ) k 1 )
k 0

Ces deux form ules par part it ion lui perm et t ent de calculer non seulem ent
X
des valeurs approchées de l’int égrale  f ( x)dx , m ais aussi sa valeur exact e, en
x0

t ant que lim it e lim S des som m es de Cauchy.

8
Ex e m ple s de ca lcu ls fa it s pa r Ca u ch y

Développons ici, en gardant ses not at ions, un des calculs que Cauchy
m ent ionne sans le faire.
Pour la fonct ion f( x) = x, on prend i = ( X – x 0 ) / n le pas de la
progression arit hm ét ique, et on applique la form ule ( 7) de Cauchy des
som m es de gauche ( correspondant à ( A) ci- dessus) :

En l’appliquant à f( x) = x, on écrit :
S = i [ nx 0 + ( 1+ 2 + …+ ( n- 1) ) i] = i ( nx 0 + n( n- 1) / 2* i)
En rem plaçant n par ( X - x 0 ) / i :
S = ( X - x 0 ) x 0 + ½ ( X - x 0 ) ( X - x 0 - i) = ( X - x 0 ) ( X + x 0 – i) / 2
Ce qui am ène à la form ule donnée par Cauchy pour lim S :

On ret rouve le t roisièm e t erm e en appliquant la suit e géom ét rique, par


la form ule ( G) ci- dessus :

Donc, qu’on le calcule par la form ule arit hm ét ique ( A) ou géom ét rique
( G) , on t rouve pour l’int égrale de la fonct ion f( x) = x, par la lim it e des
som m es de Cauchy m esurant l’aire des rect angles, la valeur bien
connue ½ ( X² - x 0 ² ) .
@@@@@@@
Cauchy donne aussi l’exem ple de la fonct ion exponent ielle de base A :
f( x) = Ax . La form ule ( 7) ou ( A) ci- dessus donne :
S = i( A
x0
 A x 0  i  ...  A x 0 ( n 1) i )
x
En m et t ant en évidence A 0 et en ut ilisant la form ule de la som m e des
n prem iers t erm es d’une série géom ét rique, on obt ient
A( n 11) i  1 AX  A x 0
iA x 0 (1  Ai  ...  A( n 1) i )  iA x 0 i
Ai  1 Ai  1

9
Pour calculer cet t e lim it e quand i → 0, on applique la règle de
5
l’Hôpit al :
i 1
S  lim 
A  1 ln( A)
i

( AX  A x 0 )
Ainsi S = .
ln( A)

Cauchy calcule ainsi la valeur exact e de l’int égrale de cert aines fonct ions : la
fonct ion ident it é, des fonct ions exponent ielles ( encadré ci- dessus) , des fonct ions
puissances et la fonct ion 1/ x. I l dém ont re aussi d’aut res propriét és des
int égrales :
X X

 af ( x)dx  a  f ( x)dx ,
x0 x0

X X a

 f ( x  a)dx   f ( x)dx ,
x0 x0 a

X X a

 f ( x  a)dx   f ( x)dx .
x0 x0 a

Il conclut la Leçon 22 avec la version int égrale du t héorèm e des


accroissem ent s finis ( équat ion ( 19) Leçon 22, p. 131) . Soit une fonct ion f( x)
cont inue sur [ x 0 , X] . Alors il exist e 0    1 t el que
X

 f ( x)dx  ( X  x 0 )f ( x 0   ( X  x 0 ) ) .
x0

I l n’en présent e pas de dém onst rat ion : il affirm e que le t héorèm e sur les
m oyennes appliqué à une som m e de Cauchy calculée en ut ilisant la part it ion
t riviale [ x 0 , X] donne SC = ( X  x 0 )f ( x 0   ( X  x 0 ) ) ( équat ion ( 4) de la Leçon 21)
et que la SC peut êt re t out sim plem ent rem placée par l’int égrale. I l aj out e que si
la fonct ion est croissant e ou décroissant e et que la part it ion form e une suit e
arit hm ét ique, alors l’int égrale définie sera coincée ent re les som m es de gauche
et les som m es de droit e, dont la différence sera d’au m axim um

X  x0
f ( X)  f ( x 0 ) .
n

5. Règle énoncée en 1696 par Guillaum e de L’Hôpit al ( 1661- 1704) : si f et g sont deux fonct ions définies sur
[ a, b] , dérivables en a, s'annulant en a et t elles que le quot ient f’( a) / g’( a) soit défini, alors lim ( x → a + )
[ f( x) / g( x ) ] = f’( a) / g’( a) . C’est un cas part iculier de la for m ule de Taylor des dév eloppem ent s lim it és.

10
LEÇON 2 3 – P ROPRI ÉTÉS ALGÉBRI QUES D E L’ I N TÉGRALE D ÉFI N I E –
I N TERPRÉTATI ON GÉOM ÉTRI QUE D E L’ I N TÉGRALE D ÉFI N I E
I l présent e d’aut res propriét és à la Leçon 23, int it ulée :
Décom posit ion d’une int égrale définie en plusieurs aut res. I nt égrales
définies im aginaires. Représent at ion géom ét rique des int égrales définies
réelles. Décom posit ion de la fonct ion sous le signe  en deux fact eurs
dont l’un conserve t ouj ours le m êm e signe.

Ces propriét és sont :


X X X

 f ( x)  g( x) dx   f ( x)dx   g( x)dx ,


x0 x0 x0

X X X

 af ( x)  bg( x) dx  a  f ( x)dx  b  g( x)dx ,


x0 x0 x0

X X X

 u( x)  
1v ( x) d x 
  u( x)dx  1  v ( x)dx ,
x0 x0 x0

X c X

 f ( x)dx   f ( x)dx   f ( x)dx .


x0 x0 c

La dernière propriét é sera ut ilisée dans la dém onst rat ion du t héorèm e
fondam ent al du calcul.
I l donne aussi une int erprét at ion géom ét rique de l’int égrale définie :
Concevons à présent que, la lim it e X ét ant supérieure à x 0 , et la fonct ion
f( x) ét ant posit ive depuis x = x 0 j usqu’à x = X, x, y, désignent des
coordonnées rect angulaires, et A la surface com prise d’une part ent re l’axe
des x et la courbe y = f( x) , d’aut re part ent re les ordonnées f( x 0 ) , f( X) .

Pour calculer cet t e aire, Cauchy ut ilise un argum ent géom ét rique qui revient
à affirm er la version int égrale du t héorèm e des accroissem ent s finis. I l écrit :
[ L’aire] sera donc équivalent e à un rect angle const ruit sur une ordonnée
m oyenne représent ée par une expression de la form e f( x 0 + ( X – x 0 ) ) ; en
sort e qu’on aura A = ( X – x 0 ) f( x 0 + ( X – x 0 ) ) ,  désignant un nom bre
inférieur à l’unit é.

X
Aut rem ent dit :  f ( x)dx  ( X  x 0 )f ( x 0   ( X  x 0 ) ) .
x0

11
Figur e 3 : La ve r sion e n ca lcul in t é gr a l du t h é or è m e de s a ccr oisse m e n t s fin is.
L’aire sous la courbe de la fonct ion f( x) = x 3 + 2 ent re x = 1 et x = 2 vaut 5,75 et elle
est équivalent e à l’aire du rect angle dont la base est l’int ervalle [ 1,2] et la haut eur 5,75.

Cet t e haut eur est at t eint e lorsque la fonct ion f( x) est évaluée en x = ½ ( 30) .

I l poursuit en appliquant le m êm e argum ent à chacun des sous- int ervalles


d’une part it ion de l’int ervalle [ x 0 , X] . I l obt ient une som m e de rect angles de
bases ( x i – x i- 1 ) et de haut eurs f( x i- 1 + i ( x i – x i- 1 ) ) , avec une list e 0 , …, n–1 de
nom bres posit ifs inférieurs à l’unit é, d’où

 
n

A=  x i 
 x i 1 f x i 1   i 1 x i  x i 1 .
i 1

En passant à la lim it e, il obt int l’int égrale définie, c’est - à- dire que l’aire sous
6
la courbe y = f( x) peut se calculer en ut ilisant l’int égrale définie :
X
A=  f ( x)dx
x0

Or, cet t e aire deviendra une fonct ion lorsque X deviendra une variable. Elle
sera aussi une prim it ive de f( x) . Ce sera le t héorèm e fondam ent al du calcul.

LEÇON S 2 4 ET 2 5 – L ES I N TÉGRALES À BORN E I N FI N I E, ET LES I N TÉGRALES


D ÉFI N I ES SI N GULI ÈRES ( D I SCON TI N UI TÉ)

La Leçon 24 ( Des int égrales définies dont les valeurs sont infinies ou
indét erm inées. Valeurs principales des int égrales indét erm inées) et la Leçon 25

t X
6. Cauchy ne port e pas at t ent ion aux variables m uet t es. On écr it m aint enant A( x ) =  f (t )dt .
t  x0

12
( I nt égrales définies singulières) ont com m e obj ect if de généraliser l’int égrale aux
fonct ions cont inues définies sur un int ervalle infini et aux fonct ions cont inues par
m orceaux. Au début de la Leçon 24, Cauchy écrit :
Dans les leçons précédent es, nous avons dém ont ré plusieurs propriét és
rem arquables de l’int égrale définie

X
( 1)  f ( x)dx
x
0

m ais en supposant : 1- que les lim it es x 0 , X ét aient des quant it és finies, 2-


que la fonct ion f( x) dem eurait finie et cont inue ent re ces m êm es lim it es.
Lorsque les valeurs ext rêm es x 0 , X deviennent infinis, ou lorsque la
fonct ion f( x) ne rest e pas finie et cont inue depuis x = x 0 j usqu’à x = X, on
ne peut plus affirm er que la quant it é désignée par [ SC] dans les leçons
précédent es ait une lim it e fixe, et par suit e on ne voit plus quel sens on
doit at t acher à la not at ion ( 1) qui servait à représent er généralem ent la
lim it e de [ SC] .

Ces deux généralisat ions sont basées sur la m êm e t echnique : l’int ervalle
d’int égrat ion est t ronqué afin d’obt enir une fonct ion cont inue sur un int ervalle
fini, la fonct ion est int égrée sur cet int ervalle, puis on passe à la lim it e sur
l’int ervalle. Si la lim it e exist e, alors la fonct ion est int égrable. La lim it e est donc
ut ilisée afin d’ét endre la validit é de l’int égrale au- delà des fonct ions cont inues sur
un int ervalle fini. De façon plus dét aillée, Cauchy int roduit , à la Leçon 24, les
valeurs principales et les valeurs générales de l’int égrale. Soit  > 0, soient x 1 , …,
x m , les discont inuit és de la fonct ion f( x) et soient , , 1 , 1 , …, m , m des
const ant es posit ives arbit raires. Alors les valeurs générales de l’int égrale sont :

X x 1  1 x 2  2  X 
( 12)  f ( x)dx  lim   f ( x)dx   f ( x)dx ...   f ( x)dx 
 
x0  x 0 x 1  1  x m  m  
 1 
 x 1  1 x 2  2   
( 13)  f ( x)dx  lim   f ( x)dx   f ( x)dx  ...   f ( x)dx 
   1 x 1  1  x m  m  
  

En posant les i , i com m e ét ant égaux à 1, on obt ient les valeurs


principales :

13
X x 1  x 2  X 
( 15)    f ( x)dx 
f ( x)dx  lim   f ( x)dx  ...   f ( x)dx 

x0  x 0 x 1  x m  

 1 
 x 1  x 2   
( 16)  f ( x)dx  lim   f ( x)dx   f ( x)dx  ...   f ( x)dx 
  1 x 1  x m  
  

Le crit ère de validit é est présent é à la Leçon 25 com m e un t héorèm e ( p.


149- 150) qui st ipule que si la différence ent re les valeurs générales et les valeurs
principales t end vers 0, alors la fonct ion est int égrable.

LEÇON 2 6 – LE TH ÉORÈM E FON D AM EN TAL D U CALCUL


Finalem ent , la Leçon 26 ( I nt égrales indéfinies) port e sur ce qui est
m aint enant appelé le t héorèm e fondam ent al du calcul. Ce t héorèm e perm et de
lier l’int égrale définie à l’int égrale indéfinie et vice versa 7 . L’int égrale définie se
calcule com m e la lim it e des som m es de Cauchy d’une fonct ion f( x) cont inue et
représent e l’aire sous la courbe. L’int égrale indéfinie est l’opérat ion inverse de la
dérivée et perm et de t rouver une prim it ive de la fonct ion f( x) . Or, l’int égrale
définie peut êt re ut ilisée pour t rouver une prim it ive ( donc pour résoudre le
problèm e de la recherche de prim it ives) et l’int égrale indéfinie peut êt re ut ilisée
pour calculer l’aire sous la courbe. Ces liens reposent sur la fonct ion d’aire :
t x
( x)   f (t )dt , où x est une variable . 8

t  x0

Cauchy dém ont re que si f( x) est cont inue, alors ( x) est cont inue, dérivable
et est une prim it ive de f( x) . Pour ce faire, il ut ilise la version int égrale du
t héorèm e des accroissem ent s finis ( la form ule ( 19) de 22 e Leçon) et une
propriét é des int égrales. I l écrit :
I l suit des équat ions

7. Le t héor èm e fondam ent al du calcul peut m aint enant êt r e vu com m e une solut ion aux problèm es d’inver sion
des opérat eur s « int égrale » et « dérivée » : Sous quelles condit ions, l’int égrale est - elle l’inver se à droit e ou
l’inv erse à gauche de la dérivée ? L’analy se fonct ionnelle a ét é développée au début du XXe siècle et c’est
pourquoi le t héorèm e fondam ent al du calcul se présent e, dans les t r avaux de Cauchy, com m e le lien ent re
l’int égrale définie et l’int égrale indéfinie.
8. Cauchy, com m e souv ent , n’ut ilise pas correct em ent la variable m uet t e, car il écrit plut ôt
x
( x)   f ( x)dx . La not at ion a ét é changée.
x0

14
( 2) ( x)  ( x  x 0 )f ( x 0   ( x  x 0 ) ) et ( x 0 ) = 0,

et

x  x x 
( 3) ( x  )  ( x)   f (t )dt   f (t )dt   f (t )dt  f ( x  )
x0 x0 x

que, si la fonct ion f( x) est finie et cont inue dans le voisinage d’une valeur
part iculière at t ribuée à la variable x, la nouvelle fonct ion ( x) sera non
seulem ent finie, m ais encore cont inue dans le voisinage de cet t e valeur,
puisqu’à un accroissem ent infinim ent pet it de x correspondra un
accroissem ent infinim ent pet it de ( x) .

En divisant l’équat ion ( 3) par , Cauchy obt ient :

( x  )  ( x)
 f ( x  )

Com m e la fonct ion est cont inue en x, ’( x) = f( x) , lorsque  t end vers 0.
Ainsi l’int égrale définie perm et de résoudre le problèm e de la recherche de
t x
prim it ives, car ( x)   f (t )dt est une prim it ive de f( x) .
t  x0

Figur e 4 : I n t e r pr é t a t ion gr a phiqu e de l’é qu a t ion ( 3 ) : D e u x r e pr é se n t a t ion s


é qu iva le n t e s de l’a ir e sou s la cou r be d’une fon ct ion f( t ) e n t r e t = x e t t = x + .
L’aire peut êt re calculée à l’aide de la fonct ion d’aire A = F( x+ ) – F( x) . La figure de
gauche représent e ce calcul. Or, par la version « en calcul int égral » du t héorèm e des
accroissem ent s finis, cet t e aire A est la m êm e que l’aire d’un rect angle dont la base est 
et la haut eur f( x + ) , pour un cert ain . Ce rect angle est représent é sur la figure droit e.

@@@@@@@

Cauchy présent e ensuit e deux problèm es et leurs solut ions :

15
Problèm e I : Trouver la form e de la fonct ion ( x) t elle que ’( x) = 0.
Problèm e I I : Trouver la valeur générale de y propre à vérifier l’équat ion dy
= f( x) dx.
La solut ion de Cauchy au problèm e I est qu’une fonct ion dont la dérivée est
nulle est const ant e par m orceaux. Quant à la solut ion au problèm e I I , Cauchy
affirm e que si y = F( x) est une solut ion part iculière ( valeur part iculière) de
l’équat ion dy = f( x) dx ou y’ = F’( x) = f( x) , alors F( x) + ( x) , avec ’( x) = 0 est
la solut ion générale ( valeur générale de l’équat ion) . F( x) peut êt re t rouvée par
l’int égrale indéfinie, donc par inversion des form ules de dérivat ion, c’est - à- dire
t x
9
qu’elle est l’ant idérivée de f( x) . Or, si f( x) est cont inue, alors ( x)   f (t )dt ,
t  x0

calculée com m e la lim it e des som m es de Cauchy, est aussi une prim it ive. Ceci
avait ét é dém ont ré en int roduct ion de la leçon. Ainsi, la valeur générale devient :
t x
y   f (t )dt   ( x) avec ’( x) = 0.
t xo

Cauchy dém ont re de plus que les prim it ives de f( x) ne différent ent re elles
que d’une const ant e. I l écrit :
Cet t e valeur générale de y, qui com prend, com m e cas part iculier,
t x
l’int égrale ( x)   f (t )dt et qui conserve la m êm e for m e, quelle que
t  x0

soit l’origine x 0 de cet t e int égrale, est représent ée dans le calcul par la
sim ple not at ion  f ( x)dx , et reçoit le nom d’int égrale indéfinie.
Si F( x) est une prim it ive non t riviale d’une fonct ion cont inue f( x) , alors cet t e
prim it ive donne l’int égrale indéfinie et cet t e prim it ive perm et de calculer
l’int égrale définie. I l conclut :

I l résult e des équat ions

( 15)  f ( x)dx  F( x)   ( x)

t x
( 17)  f (t )dt  F( x)  F( x 0 )
t  x0

9. L’ant idér ivée d’une fonct ion f( x) est calculée par l’int égrale indéfinie. Elle est , lor squ’elle ex ist e, une prim it ive
de f( x) . I l y a des fonct ions qui ont des pr im it ives et qui n’ont pas des ant idérivées. C’est un résult at de Louville
( cf. pr em ier encadré) .

16
t X
( 18)  f (t )dt  F( X)  F( x 0 )
t  x0

que, ét ant donnée une valeur part iculière de F( x) de y, propre à vérifier la


form ule dy = f( x) dx, on peut en déduire : 1  la valeur de l’int égrale
t x
indéfinie  f ( x)dx ; 2  celles des deux int égrales définies  f (t )dt ,
t  x0
t X

 f (t )dt , dans le cas où les fonct ions f( x) , F( x) rest ent cont inues ent re
t  x0

les lim it es de ces deux int égrales.

Lorsque l’int égrale indéfinie perm et de t rouver une prim it ive, cet t e prim it ive
perm et de calculer l’aire sous la courbe.

CAUCH Y , QUELS APPORTS ?


Finalem ent , les innovat ions de Cauchy furent : 1° ) d’int roduire l’int égrale
définie com m e t echnique uniform e pour calculer l’aire sous une courbe ; 2° )
d’ut iliser l’int égrale définie pour résoudre le problèm e de la recherche de
prim it ives et de dém ont rer que t out e fonct ion cont inue est int égrable et que
t out e fonct ion cont inue a une prim it ive. Pour y arriver, Cauchy a int roduit les
not ions de lim it e et de suit es de Cauchy, m ais le plus im port ant fut la propriét é
de cont inuit é de la fonct ion. I l généralisa son int égrale définie aux fonct ions
cont inues par m orceaux, donc aux fonct ions n’ayant qu’un nom bre fini de
discont inuit és.
La suit e des recherches sur l’int égrale de Cauchy passera par l’ét ude des
fonct ions discont inues ayant une infinit é de discont inuit és et par la
caract érisat ion de l’ensem ble de ces discont inuit és. Dirichlet posa une conj ect ure
en 1829 ( « une fonct ion est int égrable si et seulem ent si l’ensem ble de ses
10
discont inuit és est nulle part dense ») et Lipschit z présent a en 1864 une
11
dém onst rat ion dans un cas spécifique .

10. Dir ichlet , P. G. Lej eune, 1829, « Sur la convergence des sér ies t r igonom ét riques qui servent à repr ésent er
une fonct ion arbit raire ent re des lim it es données, » Jour nal für die reine und angew andt e Mat hem at ik, 4, p.
157- 169.
11. Lipschit z, Rudolf, 1864, «Recher ches sur le développem ent en séries t rigonom ét rique des fonct ions
arbit raires d’une variable et principalem ent de celles qui, dans un int ervalle fini, adm et t ent une infinit é de
m axim a et de m inim a, » Act a Mat hem at ica, 1913 ( 36) p. 281- 294.

17
Cauchy ouvrit donc une nouvelle voie de recherche sur l’int égrat ion,
12
j usqu’aux t ravaux de Riem ann en 1854. Riem ann définit l’int égrale dans t out e
sa généralit é, com m e la convergence des som m es de Riem ann d’une fonct ion
arbit raire, et changea la façon de définir l’int égrabilit é d’une fonct ion, en
caract érisant non plus l’ensem ble des discont inuit és de la fonct ion m ais son
com port em ent . I l s’int éressa ainsi aux fonct ions bornées ( et non plus aux
fonct ions discont inues) et dém ont ra l’équivalence ent re deux condit ions
13
d’int égrabilit é. En 1875, Darboux reprit les recherches de Riem ann et int roduisit
une nouvelle façon de définir l’int égrale : à l’aide des som m es supérieures et
inférieures. I l dém ont ra que ces som m es convergent t ouj ours lorsque la fonct ion
est bornée et définit qu’une fonct ion est int égrable si ces deux lim it es sont
égales. I l dém ont ra le t héorèm e fondam ent al du calcul pour ces fonct ions
14
int égrables. Et puis viendra Lebesgue , qui proposa de part it ionner l’im age de la
fonct ion au lieu de son dom aine et d’int roduire les fonct ions m esurables : com m e
les ouvrages de Cauchy en 1821, son art icle de 1901 changea la façon de
concevoir l’int égrale et la t héorie de l’int égrat ion.

( oct obre 2014)

12. Riem ann, Bernhard, 1854, « La possibilit é de représent er une fonct ion par une série t r igonom ét rique »
Bullet in des sciences m at hém at iques et ast ronom ique, Tom e V, 1873, p. 225- 279 ( prononcé lors de son
Habilit at ion en 1854, publié en allem and en 1867 et t raduit en français par Gast on Darboux en 1873) .
13. Darboux , Gast on, 1875, « Mém oire sur la t héor ie des fonct ions discont inues, » Annales scient ifiques de
l’École norm ale supérieur e ( 2) 4, p. 57- 112.
14. Lebesgue, Henri, 1901, « Sur une génér alisat ion de l’int égrale définie », Com pt es rendus hebdom adaires
des séances de l’Académ ie des sciences, 132, p. 1025- 1028.

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