Jules Vallès - Jacques Vingtras - Le Bachelier
Jules Vallès - Jacques Vingtras - Le Bachelier
Jules Vallès - Jacques Vingtras - Le Bachelier
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DE UIBLIOTH~QUU OU DE PUBLICITÉ
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lmyrimeur
Des LIVRES-ÉCHANGE
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LIVRES-ÉCHANGE
1`~ Sls-pères,
PARIS, Rue J~cob, 11 53, Rue des PARIS
LES VOYAGEURS DE COMMERCE
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(Extrait du
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Gill-Zilns, 18
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en': très' petit nôtïibre; q niso t'ormont nue hihliollucltte; :vci;
volumes dans 10\11' malle j c'est cl~j;t
tl'opde pllyçl'caux Compagnies cles sulyluuu;uts l~our les
EL celocudàut les
Dans l~a trains
aiiiieiit
caisses d'éclizntillous.
ou
a lire.
lès voit, lm I.olll'é:; de joiti-iiatix et dé
volùmes. A la tahlo cl'lute, lemarchallc1 ile gmwLles est
et
Il veut ét.'lblir dans lotis les hôtels, il ses 1'rais, utte biblio-
thèque élégante qui sera sous lit aurveillmcc du maître de
l'établissemcnt.
Il ~aruira ces .liibliothèques d'un choix varié (I'muivres des
u~aîtres, eflevoyal,'eur do commet'cO pourra y .1>uiSCl' il son
aise, elllportcr lei ou toi voitiiiie au loin, dans
une ville quclconqlle (le sa tournée coutre un autre livre.
011 Une fois le premier achat fait, au prit fort, tout échange
hmarson.
lie Ol\le l'a plus qu'une redevancu de 50 cuntiules. iioilibi-e.'de
(laits
C
qu'il y, il titi c~;rtal~t
randes villes, des maitres d'lidtel (lui ont accepté la com-
Puisse clüuc M. L--r. ~lOLLI~S-PUYRf:DO~t,([l'Ii utu pilî'[J.tL êll'O
un homme intelligeut et actif, re:ali5er proW l~tc;meut son idée,
et lui donner l'extcnsiúJl qu'elle comporte \Iais c~u'i! ne
s'attache pas seulement aux qttiçtiuns matél'ielles' d mie att'-
faire qui peut être bonne pour lui: qu'il ctïvisaneclto olutat
x son
rôle à un hoiut de vue élevé, qu'il soigne ses et ctiïn-
pose son catalogue des aeuvrcs qui (léZelol)p(3iit 01,' grandis-
sent l'esprit de l'homme. D7' I~:INDIs'll~ll'N.
~IBLIUTHÈC~!tJES
VILLES
1
-'0'-
DÉPOSITAIRES
F'R~_I~I~
'0- -=-=
h0~~lS DES HOTEL
l~IlIt811S. 1'wC.llt'f0,I~.tItllt;
1;
Hôtel du Commerce.
Grand
G. o~ teatre)
Petit Paris
Pel j)h,°?It~ll. !;t'.(~. MA ÍÆT.. Gd Hôtel du Nord et du
réunis. i
L'rrrxelles.. ('11110D
J. Grand Hôtel
1 .1
LE lll\CI-IEljIER
~.r BACHELIER
OUVRAGES DE JULES VALLÈS
.1
VU 13LIÉS DA ri LA HIBLIOTA$OUE-CHARPBIfTIBR
a
à 3 fr. 50 le volume.
JACQUES VINGTRAS
L'EtrFayr 1 vol.
LE BACIIELIER vol.
L'hsuncs vol.
LE
C v
1EL1E i v
-R.-
1 f
· PAR
JULES VALLÈS
TROISIÈME ÉDITION
G.
18, RUE DB 13PARIS
CHARPENTIER, ÉDITEUR
1881
Tous dÑ!ls ritenh.
A CEUX
OUI
Je clécdie ce liv~~e.
3'ULE.S `UALLÈS.
Paris.
JACQUES VINGTRAS
LE BACHELIER
EN ROUTE
J'ai de l'éducation.
« Vous voilà armé pour la lutte a fait mon pro-
tesseui- en me disant adieu, Qui triomphe au
collège entre en vainqueur dans la carrière, »
Quelle carrière2
Un, ancien camarade de mon père, qui passait à
Nantes, et est venu lui rendre visite, lui a raconté
qu'un de leurs condisciples d'autrefois, un de ceux
qui avaient eu tous les prix, avait été trouvé mOl't,
fracassé' et sanglant, au fond d'une carrière' de pierre,
où il s'était jeté après être reslé trois jours sans pain:
Ce n'est pas dans cette carrière qu'il faut entrer; j©
ne pense pas; il ne fuut-pas y e'\trer la tête la pre..
mière, en tout cas.
Entrer dans la carrière veut dire s'avancer dans
4
le chemin dé'la vie; se mettre, comme Hercule,:dam
le carrefour.
Conune I~e~·cule dans le carre f otir. Je n'ai pas oublié
ma mythologie. Allons c'est déjà quelque chose.
1
4.
C'est toute une" histoire.
Il parait que li. Truchet, de Paris, doit de l'argerit.
à 11i. Andrez, de Nantes, qui est débiteur de mon père
pour ga 11i. Chalumeau, de Saint-Nazaire; il y a
encore un autre paroissien dans l'affaire; mais Il
résulte de toutes ces explications que c'est au bureau
des Messageries de Paris, que je recevrai de la main
de 11i. Truchet la somme de quarante francs.
D'ici là, vingt-quatre sous 1
1
(e
Pour trente sous, vous aurez une chambre. »
Trente sous 1
Je`prénds mon courage à deux mains et ma malle
par l'anse.
Mais une idée me vient.
Est-ce je pourrais pas la laisser ici2 je
« que ne
viendrais la reprendre plus tard?
Je vais la pousser dans ce
Vous pouvez. vous
coin. Fichtre on ne la confondra pas avec une au-
1
l'11ATOUSSAINTt
Que faire?
Je n'ai qu'une ressource, aller trouver lliat.oussaint,
l'ancien camarade qui restait rue de l'Arlirè-Sec. S'il
est là, je suis sauvé.
il r'y est pas
1
cc
Quinze centime's en plus. »
Je donne mes vingt-cinq centimes.
« l)ayez:"vous un verre (le vin? »
Je suis sur la pente de la lâcheté Il me demanderait
nne chopine, j'irais de la chopine, je roulerais même
j usqu'au litre.
On apporte des verres.
A la vôtre »
1
J'ai faim 1
Si je frappais ailleurs?
Est-ce que Royanny n'est pas venu faire son-droit?
Il doit être en première année, je vais filer vers l'École,
je l'attendrai à la porte des cours.
Allons! 1 c'est entendu.
Je sais le chemin c'est celui du Grand concours,
au-dessus de la Sorbonne.
111'y voici 1
HOTEL LISBONNE
Je demande M. Royanny.
« Il n'y est pas. Qu'est-ce que vous lui voulez?
Vous êtes de Nantes, pout-être?.. »
La concierge qui est une gaillarde me questionne
brusquement et d'affilée.
Jene suis pas de Nantes, mais j'ai été au collège
avec lui.
Ah vous avez été à Nantes? Vous connaissez
1
M. MatÓussaint?
M. Matoussaint? olui.. »
je lui conte mon histoire. C'est justement après
bf.Matoussaint que je cours depuis cinq heures du
malin 1.
« En voilà un qui est drôle, hein Il demeure en
1
C'est toi?.
lliatoussaint 1
Vingtras 1»
Nous nous sommes jetés dans les bras l'un de
l'autre et nous nous tenons enlacés.
« Tu vois, la
accroche son bouclier), lliatoussaint se gratte le front.
misère nous poursuit.
.Frére?-Ahl c'est moi! -Je n'ypensais plus. Je
n'ai jamais eu de frère et je ne puis pas me faire à
cette tendre appellation, du premier coup.
« Mais, dis-donc, fait-il en changeant de ton, tu
débarques? Tu dois avoir de l'argent? Les arrivants
ont toujours le sac. »
Je dépose mon bilan.
Angelina me regarde d'un air de mépris.
« Et ça, dit lliatoussaint en se précipitant sur ce
qui me suit et qu'on a pris tour à tour, depuis ce
matin, pour un malade et pour un voleur; ça, ça peut
se mettre au clou. »
Angelina hausse les épaulés jusqu'au plafond.
« On peut le vendre, toujours Veux-tu le vendre?
1
Le rideau se lève.
Le héros (c'est l'acteur lliunié) arrive avec un pis-
tolet sur la scène.
Il hésite « Faut-il vivre honnête ou assassiner?
SeW -ce la vie bourgeoise ou l'échafaud? »
Maloussaint crie l'échafaud l'échafaud!
Tabac.
Journal.
lecture.
INDISPENSABLES,
fr.
4 50
1
c.
50
uexaoet,
fr. c.
40 00
Chandelle.
Cabinet de
Blanchissage.
3
1
00
50
Savon de llarseille.
Entretien, (fil,aiguilles).
1
0 20
0
00
10
Chambre.' 0 00
Total. 17 80 17 80
Rcste.. 22 20
NOURRITURE
Deux pains.
Demi-viande. A midi.
0 20
0 10
Demi-viande.
Légumes.
Le soir.
30 x 70 cent. =21 fr 21 00
Reste pour dépenses imprévues. 1 20
Revoyons cela 1
T~BACS. Trois sous à fumer par jour.
JOURNAUX. Le Peuple, de Proudhon, tous les
matins.
CABINET DE LECTURE. Si je rayais cet article,
ce ne serait pas seulement 3 francs, ce serait
4 fr. 50 c. que j'économiserais, puisque je comptc
trente sous de chandelle pour pouvoir lire, en ren-
trant chez moi, les ouvrages de location. Mais non
C'est là le plus clair de ma joie, le plus beau de
ma liberté, sauter sur les volumes défendus au col-
lège, romans d'amour, poésies du peuple, histoires de
la Révolution Je -préférerais ne boire que de l'eau
et m'abonner chez Barbedor ou chez Blosse.
BLANCHISSti(~E. Mon. blanchissage de gros ne me
coûtera rien. Tous les dix jours, je confierai mon
linge au conducteur de la diligence de Nantes, qui se
charge de le remettre sale à ma mère et de le rap-
porter propre à son 'fils, Mais je consacre un franc à
mes faux-cols; je voudrais qu'ils ne me fissent qu'une
fois, mes parents voudraient deux. Vingt sous pour
le ~~a, ce n'est pas trop.
E11'TRETIEh. Je puis me raccommoder avec un
~ou de fil et un sou d'aiguilles.
CIiAlILBRE. C'est six francs.
L'AVENIR
Le vin à qual'sons,
Le vin à quat'sous.
Nous avons fait une folie une fois, nous avons pris
du vin fin, un muscat qu'on vendait au verre, un
muscat qui me sucre encore la langue et qu'on nous
reprocha bien longtemps.
Nous tenions la caisse, cette semaine-là, Royanny
et moi. Boire du muscat, c'était filouter, trahir 1
Un malheurI
Mon petit cabinet de l'h6tel Riffault m'a été pris un
mois après mon arrivée. Les propriétaires ont fait
rafraîchir la maison, et l'on a renversé mon échelle,
profané ma retraite; on a fait.un grenier de ce qui
avait été mon paradis d'arrivant, J'ai dû partir,
chercher ailleurs un asile.
Je, n'ai rien trouvé à moins de dix francs. Les loyers
montent, montent!
J'ai fait toutES les maisons meublées de la rue Dau-
lsl~ioe, chassé de clacune par l'odeur des plombs ou
le bruit des querelles. Je voulais le calme dans Je trou
oti j'allais me nicher. Je suis tombé partout sur des
enfanls criards ou des voisins ivro,~nes.
Je n'ai eu un peu de sérénité que dans une maison
on ma chumhre donnait sur le grand air J'étais bien
1
L'HABIT VERT
Je m'endors là-dessus.
Je suis réveillé par le facteur.
Une lettre, monsieur Vingtras 1
yeux!
Je l'aime 1
nature, je le sens et ma
J'aime ceux qui souffrenl, cela est le fond de ma
bi-utalit(,- et ma
paresse, je me souviens, je pense, et ma lôle travaille.
Je lis les livres de misère.. ·
Ce qui a pris possession du grand coin de mon caeur,
c'est la foi politique, le feu républicain.
Ce singe de géniel 1
LES ÉCOLES
moment. »
Illi L.
Bien bien
Nouveaux cris de « Vivent les >;cale~ A la Chambre
A lu Chambre »1
l\Iercretli.
Aujourd'hui la manifestation!
sociétéssecrètes.
Cousin. On dit qu'il fait partie en même temps des
Ol 1 il est né conspirateur 1
VIII
LA REVANCHE
Place du Panthéon.
« Où va-t-on?
A la Sorbonne pour sommer le doyen de parai-
tre et lui lire la protestation contre la fermeture du
cours, » répondent les menciii-s.
Nous sommes dans la grande cour de la Sorbonne
elle est pleine.
J'apCl'çois tout d'un coup Lepolge, vers lequel je
vais, mais qui d'un geste me fait signe de ne pas le
reconnaitre.
Est-il avec les Saisons? Les hommes de Aide-toi le
ciel t'aidera sont-ils là? Y a-t-il des armes sous les
ImbUs? Je ne le saurai pas de la journée au moment
~ù nous nous croisons avec Lepolge, j-3 le questionne
i l'oreille.
« CltutIo
Et il avance son fameux doigt. Il m'agace, à la fin!
Je le mords, s'il y revient. i
On se v~che
SCRUPULES
Je ne fairai pas
Et je m'engage dans la rue même qui, au dire des
fuyards, est cernée.
Mais je ne vois personne.
On ne cerne pas Où cer~:e-l-on?
Je cherche, je vais de droite, de gauche, je ne me
sens pas cerné,; je patauge, je prends cette rue-ci,
celle-là, je demande il tous ceux quo je rencontre si
l'on a vu CCh1CI'.
« A-t-on seulement aperçu ulle manifestation? 2
Plait-il?
Avez-vous vu une mttnifestation2 »
Je fais un cornet avec mes mains pourqu'on entende
mieux.
9n n'a rien vu 1.
On a pilé Championnet.
Je lui demande si le récit est exact; les serviettes se
remuent pour répondre. Il yon a malheureuscment
une qui se dégomme, Championnetdemande par signe
qu'on le recolle et paraît décidé à ne plus vouloir es-
sayer de déposer.
Je voudrais savoir pourtant
Championnet ne peut pas parler.
Veut-il écrire?
Il écrit en allant de la cave au grenier, avec des airs
de somnambule. Les caractèr·cs tracés par Champion-
net en bouillie, sont tellement confus il certains mo-
ments que je ne puis pas trop démêler les détails. Je
me contente donc du gros et du demi-gros.
Il semblerait établi, par quelques balancements de
t(~,1.o de Championnet en réponse il des questions (que
bien dit »
Je triomphe, triomphe douloureux en face des
torchons ensanglantés qui représentent Championnet,
douloùroux encore à cause de l'arrcstation de Ilia-
loussainL,
« A-t-il été blessé?
Non t Ils se sont mis cinq à le prendre »
1
Béranger!
rable.
« Eh bien, oui, j'ai eu tort L'imprimeur s'appelle
1
tabouret. »
On a justement ciré le plancHer. Championnet a
l'air de patiner.
9.
« Otez vos souliers
1
Oui, oui.
Vous savez bién qu'il a été voté que non On ne
1
Assis, assis »
1
MES COLÈRES
Un représentant de la Montagl~e, X.
40
Il
Non,
ne parle jamais à la Chambre?
il se rése~~ue. »
C'est bien de Rock ce mot là I
Il se réserve pour quand?
Pour la Convention. »
ltock a l'air convaincu qu'il y aura une Convention
on dimit qu'il en a reçu la nouvelle ce matin il aurait
du nous en prévenir cette après-midi Il répète en
parlant du représentant X.
« Oui, il se réserve comme Robespierre, qui atten-
dait muet, àlaConstituante, qui attendait son heure.
Iliuet 2 Non Il se leva une fois pour demander
l'abolition de la peine de mort. Sais-tu ça?
Béranger 1
Oui, c'est lui qui est cause que Renoul prise et a une
robe de chambre, on ne me l'6lera pas de l'idée.
C'est lui qui est cause aussi que Renoul est en
ménage.
Avec ses vers, il a mis dans'la têto de celui qu'il
faisait sauter sur ses genoux, d'avoir une Lisette
comme il en avait une.
Je lui en veux moins pour cela.
Cette Lisette est bonne fille. Grâce à elle, nous
avons notre salon, avec la gaieté des robes claires
qui ~mplissent la chambre de grâce aux jours d'été
et tranchent en bleu ou en rose sur notre rouge
sombre.
Nous jouissons de tous les riens qu'une femme
éparpille de droite et de gauche de sa main blanche.
Nous avons un moulin à café, des tasses à fleurs,
ot l'on nous fait même un point à notre habit, quand
il y a une déchirure.
Lisette coud aussi de petits drapeaux' républi-
cains et nous promet d'être ambulancière s'il y a des
blessés.
Encore du Déranger 1. les Dercx Anges de charité! 1
N'importe, il me semble que Renoul, aux grands
beaux yeux honnêtes, au coeur droit, plein de courage,
aurait le langage plus. jeune et plus vivant encore,
s'il n'avait pas, il dix-sept ans, Lisette, la tabaLièl'e et
la douillette. Tout cela ramassé dans la houppelande
et les poésies de Béranger 1
Béranger 1
10.
Tant pis Je ne croirais pas être honnête si je 110
1
Et il se moque de nous 1
srppe! »
Je ne suis pas fou d'Hégésippe j'en conviendrais
s'il ne fallait me défendre à outrance. Il y a de la
pleurarderie, il me semble, par ci, par là mais quelle
différence tout de même!
Le soir, quelquefois, quand j'étais seul, je relisais
ses vers; et il mo semblaitque je trempais mes mains
qui sentaient le tabac, dans une eau vive comme celle
qui coulait à travers les prés de Farreyrolles, en fai-
sant trembler l'herbe et les clochettes jaunes 1.
x
100 d.
eshe digne des temps aoltques
mode5tie 1
On me fait taire et liatoussaint reprend, avec uiie
1.
«Mon rôle est fini. Vous YOUIS êtes constitués le
Conu'té dc~s Je:~nes vit. A vous maintenant de nommer
votre président; celui qui, en cas de danger, doit
mourir et marcher à votre tête.
A demain, à demain pour l'élection, crient plu-
sieurs voix. A demain »
du
vers le ciel en efilourant de son aile, la têto, ~eul-ëlre
fi·acas,cée Comité des Jeunes »
1
Dimanche, 25 novembre.
u.
XI
2 DÉCEMBRE
« Vingtras! )»
On casse ma porte r
« Vingtras, Vinglras »
C'est comme un cri de terreur 1
On ne se battra pas?
Dix heures.
On est assemblé chez Renoul.
Y sommes-nous tous ?
Oui, tous, et encore quelques amis. Il doit en venir
d'autres à midi.
A midi? Mais d'ici là, il faut commencer le branle-
bas 1
On ne se battra pas 1
fati~uer la t~·oup~e »
Et on l'écoute 1 et on ne le prend pas par les épaules,
et on ne le jette pas dans la rue pour faire le premier
morceau de la barricade?
Je m'indigne 1
On ne se battra pas
Il faut.se rendre 1.
Se rendre à la merci de ce frère d'adjoint!
Je lance'encore un suprême appel.
« Vous croyez qu'il faut de la discipline. la disci-
pline, toujours la discipline. mais c'est l'indiscipline
qui est l'àme des' combats du peuple Ah! bour-
geois »
On me met la main surla bouche; un peu plus, ils
m'étrangleraient.. Ils ont leur énergie de leur côté,
c'est leur conviction qui parle mais pourquoi a-t-elle
ce caractère d'obéissance, ce respect des mots d'ordre
à attendre et du signal à recevoir? Ils veulent des
chefs t et pourquoi. C'est le plus brave qui commande.
3 décem}u'c,
4 décembre, au soir.
APRê:S LA DÉFAITE
8 décembre.
vomir. »
DÉS E S PO R1
cains
Et de rire 1.
Je préfère encore le silence écrasant du quai et le
spectacle désolé de la rue.
LEGRAND
Café l\Iolière.
t
UNE OUBLIÉE.
3'oux.
« MOI'le. Elle est moi,te?.
Oui mais elle te fait son héritier. »
Mes larmes coulent aussi fort. Je regarde n.
travers. ces larmes dans mon passé d'enfant.
« Elle te laisse 13,000 francs et son mobilier. »
Son grand fauteuil? La table où elle mettait la
nappe pour moi tout seul? Sa commode avec des cro-
chets dorés.? La chaise où je 111'asSr;3'aiS meurtri
quelquefois! Brave vieille fille!
lllz mère reprend
c~
Mais tu es mineur. »
Ah! je m'en aperçois bien Si j'avais vingt-un ans,
je ne serai~ pas ici. Pourquoi n'ai-je pas vingt-un
°ansl. Avec ces '13,OUO. francs-là je retournerais à
Paris on aurait de quoi acheter des armes pour un
complot, de quoi payer un gardien pour faire évader
Barbès.
Il m'en passe des rêves par la tête 1 Des I:êves qui
brlilenl mes pleúrs et me font déjà oublier celle qui
a songé à moi en mourant. Ma mère me ramène
à la lettre encadrée de noir. mais je l'arrête.
Je me suis enfel'mé seul avec ma douleur.
J'ai pleûré toute la journée comme un enfant 1
7 juin.
PARIS
M'y voici.
Une vieille femme à tête de paysanne corrigée
par un bonnet à rubans verts est assise et tricote
dans le fond du bureau.
Co bureau ~6t une pièce noire, humide, bien triste.
Cette vieillo n'a pas l'air gai non plus rien de la
femme de ronian.
Je la fai,7 causer tout en demandant si elle a quel-
que chose de libre.
Causer? Elle cause peu on dirait même qu'elle
redoute de montrer sa maison aux yoyageurB, et
qútellc craint qu'on n'y découvre
un mystère comme
dans une'pièce queLegrand m'a racontée on versait
du plomb fondu dans l'oreille des gens quand üs
étaient couchés, puis on les coupait en morceaux,
et on les donnait à manger aux cochons Je crois 1
Je suis installé.
On a refait le lit, mis des draps blnncs, fermé la
table de nuit, effacé la tache d'encre. On a mêmo ap-
porté sur la cheminée un vase en albl\tre avec lequel
j'ai envie de me frotter il ressemble à du camphre.
On a ajouté à mes gravures un l1'apoléo~t au siège de
7ôtclon, qui a vraiment l'air d'avoir la gale. Je vou-
luis le renvoyer d'abord, à cause de mes opinions
mais je le garde, tout bien réfléchi je cracherai
dcssus de temps en temps.
« Garçon, l'addition1
Vingt-quatre sous
J'ai eu une julienne, une cMelette Soubise, un
artichaut barigoule, un pot de crème, mon café.
Les puissants oe dinent pas mieux, voyons
Quelle demi-heure exquise je viens de passer 1
L'égoïsme m'empoigne 1
« Garyon, ppez-vnus! »
Jc un
Je donne à tous les aveugles; la monnaie qu'on m'a
rendue chez madame Pelt'ay passe.
autre gonl'O cl'infirmes, soit des
sourds ou dos amputés qui pOl1l'l'aionl ,'oil' au moim!la
mine quo j'ai quand jo suis hnhillé it ma manierc, et
que je marche sans peut- de fair'e craclucr rnr ou-
lotte.
Peul,?.
J'ui appelé aux armes sur ce boule\'al'ú même. C'est
sur ce banc, en face, devant le pussye (le. Pano-
ramas, que je montai et criai, le 3 dérombre « llort
à Napoléon' ) 1
Encore ce souvenir! -Faiblessa Regret d'en-
l'ant!
« Garçon le Jozronal p~ota~ ori~e! »
46
Où irai-je' flnir ma journée ?2
On donne Paillasse i~ l'AmGigtc. Va pour Paillasse!
LES CAMARADES
Quelle pitié1
Je tire ma bourse.
« C'est moi qui paie, voulez-vous?
Allons, si tu es riche 1
J'offre des petits verres un punch. Ça
va-t-i12
Non, non, » disent-ils d'une voix fatiguée, d'un
air indifférent, et nous sortons.
J'étais entré dans ce restaurant joyeux et rayon-
nant. J'en sors désespéré.
Cette séance d'une heure m'a montré dans quel
ruisseau j'avais à chercher ma joie, mon pain, un mé-
r.
tier, la gloire
Eh bien tenez, je crois qu'il aurait mieux valu
nous faire tuer au coup d'État.
je en
Je regrette les sous que je donnai aux aveugles, que
bouquets.
« haUes
quelques-uns. »
le couh! nous verrons après, répondent
il
plus »
ajoute Il y en a de plus braves que ceux
que tu as vus jtci s'e~a occupe~:t. On te préviendra.
·c tente plus de démarches, ne bouge pas 1. Tu
le remis arrêtei·, et nous ferais peu t-êlt'c arréter
aussi »
Ah 1 il a raison 1. Il n'est pas facile de tuer un
1lunaharlc:
47
Donc il n'y a pas à jouer sa tête pour le moment,
au nom de la République.
Mon rêve est mort.11
d'autre chose!
Contre quoi se co~nc;r la tète?
qui nous
les heureux qui sont contents de ce qui se passA et
n.
XVIII
LE GARNI
Il me mesure.
(c
Je le disais bien Vous avez encore deux pouces
1
de marge. »
Deux pouces de marge Mais c'est énorme Avec 1
Où est Legrand?
Si l'on en croit des « on dit» il vit dans le grand
monde. Il est venu des gens de Nantes qui lui auraientt
apporté, de la part de sa mère, une malle bourrée de
chaussettes, avec un vêlement de fantaisie complet,
et un chapeau mou tout neuf 1
LA PENSION ENT~TARD
48.
« Enfin, puisgue vous y tenez, nous allons vous
cherche~ quelque chose. »
Il feuHleUe son registre.
« Vouiez:"vous aller à Arpajon?
Je voudrai!! ne pas quitter Paris.
Ah ils sont tous comme ça. Paris Paris! »
1
trente et un jours 1.
Je prends. la lettre pour Ai. Entêtard, et je me dirige
rue Vanneau.
INSTITUTION ENTÊTARD
caleçons ?2
Vous faites erreur.
Si, si, je vous remets bien 1
de
On
voleurs..
J'arrive, je sonne et je siffle j'ai l'air d'un capitaine
1
Il me parle en chemise.
Tel que vous me voyez, je suis concierge de
l'Institution depuis dix ans pendant neuf ans c'étâit
un autre que Rï. Entêtard qui tenait la boiie. -Ilyfai-
sait de l'or, monsieur! -Mais 11i. Entêtard estun mal-
adroit qui a perdu la clientèle, qui a tout de suite fait
des dettes, et va contme je te p~ot~ssel. Il s'est enferré
au point d'acheter des caléçons à crédit pour les
revendre, et de nourrir ses élèves avec un lot de sau=
cisses allemandes qui leur ont mis le feu dans le corps.
Ma femme s'en est ap~rçue, allez 1.. Il n'a pas encore
payé les caleçons, Pas davantage les saucisses Il n'a
payé, il ne payera personne, personne Il doit à Dieu
et au diable, au marchand de caleçons, au mar-
chand de saucisses, ait marchand de lait et au mar-
chand de fourrage.
Au marchand de fourrage2
C'est pour le cheval il y a un cheval et une
voiture, vous ne saviez pas cela? On va chercher les
élèves le matin dans la voiture, ou les ramène le soir.
Je suis concierge et cocher.- C'est vous alors qui allez
être professeur et bonne d'enfants 2 »
En effet, je suis bonne d'enjants, le matin et le soir.
Je suis professeur dans le courant de la journée.
A midi, je déjeune au pupitre, cela veut dire dé-,
jeuner dans l'étude.
Ma stupéfaction a été profonde, immense, le premier
jour. On. m'a apporté du raisiné dans une soucoupe,
avec une tranche de pain au bord.
La confiture en premier?.
En premier et en dernier 1 Du raisiné, rien de plus.
Le second jour, des pommes de terre frites.
Le troisième jour, des noix1
Le quatrièmejour, un Œufl.
Cet oeuf m'a refait- on me donne un œuf après
tous les cinq jours, pour que je ne meure pas.
Heureusement, un gros crot~ton mais les En-
lètards ne payent pas souvent le boulanger, et celui-
ci leur fournit des pains qui ont beaucoup de éafai-ds.
La maison n'a que des demi-pensionnaires qui
apportent leur déjeuner dans un panier et qui le
mangent en classe à midi un déjeuner qui sent bon
la viande1
qui crient
~9
-Passi fort 1 V oulez-yous arracher le nez d'Adolphe?
Non, qu'en ferais-je 1
A moi le ~ompon 1
Chose curieuse, et dont je suis content comme
philosophe, je n'en ai point pris d'orgueil j'ai même
gardé toute ma modestie. Je fais tranquillement mon
devoir dans les cours avec mon sifflet, mon mouchoir.
et je donne mon petit toi~n de main sans en c~tre pour
cela plus fier, et sans faire des embarras comme tanl
d'autres, qui ont toujours leur éloge à la bouche et
jamais la main à l'ouvrage.
Fin de mois.
Jeudi, 5 heures.
M. Entôtard n'a pas paru 1.
Autre signe c'était mou jour d'œuf, j'ai eu du rai-
siné. C'est le troisième raisiné de la semaine. On veut
m'al1hihiir,
Je guette à travers les carreaux de la classe. les
quarts d'heures passent, passent. Entôtard ne revient
pas.
Que dira le juif?..
Je n'ose repamÎtre, je desconcls les quais, je longe
la Seine Quand je reviens, il est minuit. Jc pense
qu'ils seront couchés Peut-étreLegrandsera mort.
Ils sont couchés, Legrand est encore vivant; mais
Dieu seul qui voit sa tête par la tabatière Dieu
seul sait ce qu'il a souffcrt il me confie ses angoisses.
Les heures étaient des siècles, vois-tu
C'était mon tour d'être cle lit, mais je me suis mis
d'es!~alie~· pour être réveillé de bonne heure par la
bonne qui nous gratte toujours les pieds eu dCiOcln:.
dant.
6 heures du matin.
Le ciel est tout pâle, la nuit est à peine finie. Je
vais partir, descendre à pas de loup, éviter Turquet,
fuir l'usurier! Ce soir, j'aurai l'argent, mais, ce ma-
tin que leur répondrais-je?
Vendredi.
Quelle journée 1
Le cocher m'appelle.
Que faire2 1
7 heures.
Lanterne rouge.
Vivre de prostitution1
comme rue de la Parche-
minerie, alors 1 Cela eût mieux valu, c'est le
commissaire qui le dit1
Ah 1 mais non'
Je ne m'appelle plus Vingtras, mais Lestirque;
Je demande à être réhabilité.
Je commence mes explications « le sifflet, le
mouchoir, la chemise, le raisiné 1 »
Le commissaire voit bien à mon geste de rouler la
chemise que j'ai des habitudes de coquetterie plutôt
que de libertinage.
Il souril.
Je dévoile toutl. Je lève les caleçons, j'éventre les
saucisses je montre par des chiffres que mon mois
tombait avant-hier. Je puis invoquer des témoignages
précis. Ri. Firmin, la placeur, déposera qu'on avait
fait prix pour quinze francs 1
BA BE BI BO BU
btctte..
et bref dans palte U est long dans ~ticte. et bref dans
BAHUTS.
Je suis trop vieux pour les uns, trop jeune pour les
autres.
Le professorat libre m'est défendu Il faut
absolument commencer par le bagne du ptbrruuye.
-Merci, monsieur.»
nell~guet me reconduit, poli, bienveillant, en
Ili.
murmurant, avec grande trislesse, comme si lui-
même était un meurtri de l'Université, las de sa
chatllo
(t
Si vous pouvez ne pas mettre les pieds dans
cette galère, ne les mettez pas! »
PRÉCEPTORAT. CHAUSSON.
Secrétaire?2
J'hésite.
Il était peut-être gris. Il a mal aux che-
veux. Il est impoli quand il est en chemise, mais
redevient gentlema~: quand il est habillé.
Je pose Je pantalon sur le lit.
L'Autrichien sort des draps, met ses chaussettes,
enfile son pantalon.
« Voulez-vous me donner ma jaquette2 »
Non, je ne veux pas lui donner sa jaquette je
lui donnerai une rAclée, s'il y tient c'est tout ce
qu'il aura s'il insiste.
Il insiste ah 1 tant pis! Je n'y tiens plus 1
ai eu une veine 1
ce
J'arrive à être un tireu~~ qui ne me donne pas
mes entrées dans le grand monde et ne m'aidera pas à
être de l'Académie, mais ce qui me met en relation
avec des saltimbanques.
Mes professeurs, mes recommandeurs, ne m'ont pas
jusqu'ici trouvé pour un sou d'ouvrage. Les saltim-
banques m'en procurent.
Un champion du ptcjullasse antique comme il
est dit à la parade, est venu tirer (en manière de
rigolade), avec deux ou trois prévôts de régiment,
camarades du père Noirot, mon voisin. Je me suis
moi-mème aligné, et l'on s'est touché la main
comme on fait en public, sur la sciure de bois.
Le saltimbanque m'a emmené après'l'assaut à la
Barrière du Trône, où est sa baraque.
Pour rire, je suis entré avec lui ùn dimanche matin
chez les monstres; je les ai vus en déshabillé. De fil en
aiguille', nous sommes devenus deux amis et l'on a
fini par me faire des commandes dans les caravaoes
célèbres.
C'est surtout pour les Alcides que j'ai à tra-
vailler.
On me demande des affiches d'avance pour faire
imprimer les soirs de grande séance en province. J'en
prépare qui sont des épopées.
!\les connaissances classiques me profitent ~;nfin à
quelque chose Je puis placer de l'Homère par ci
par là parler de Milon de Crotone, qui faisait
craquer des cordes enroulées sur sa tête parler
d'Antée qui retrouvait des forces en touchant la
terre1
votre gant.
C'est vrai la peau est sur le cuir, le nez est à vif.
J'ai avancé le nez exprès En me le laissant écraser
de temps en temps, j'aurai la répétition, toute ma vie.
l\falhoureu'3ement, ce fanatique du chausson a
voulu faire le brave, un soir, contre des voyous. Ils
lui ont cassé la jambe.
Je ne suis plus bon à rien, le neveu n'a plus besoin
de répétitions. ·
On règle avec moi, et je n'ai plus que ma tête
pour vivre ma tète avec ce qu'il y a dedans
thèmes, versions, discours, empilés comme du linge
sale dans un panier 1.
Trouverai-je encore un savatier amateur?
Si j'avais assez d'argent, j'ouvrirais une salle de
chausson. Il me faudrait une petite avance, un capi-
tal
J'enseignerais le chausson dans le jour, je lirais
les bons auteurs et je préparerais les matériaux de
mon grand livre le soir. L'éternel rêve du pain gagné
dans l'ennui, même la sciure de bois, de huit à six
heures, mais du talent préparé par le travail, de sept
à minuit!
XXl
L'ÉPI NG LE
C'est le diable
1
On va chez Eudel.
Eudel fait des difficultés, il a déjà prêté des pale-
tots qu'on ne lui a pas rendus ou qu'on lui a rendus
tachés et décousus avec des allumettes dans la
doublure et une drôle d'odeur dans le drap.
Cependant, si c'est indispensable
i)[erci, à charge de revanche 1
(c
Vous venez pour la leçon ? »
Je ne réponds pas Quelque chose a sauté en des-
sous.
Le monsieur attend.
Je me contente d'un signe.
« Vous avez déjà enseigné? »
Nouveau signe de tête très court et un « oui, mon-
sictir, » très sec. Si je parle, je gonfle on gonfle
toujours un peu en parlant. Cet homme ne se doute
pas de ce qu'il est appelé à voir si le paletot craque.
Il continue à parler tout seul.
Je voudrais, monsieur, mais prenez donc la
peine.de vous asseoir, j'ai besoin de vous expliquer
mon intention.
Je m'assieds tout juste C'est encore trop! un
épingle s'est défaite par derrière.
Il m'expose son plan.
« Quelques mères s'adonnent à l'éducation c
leurs enfants jusqu'à l'héroïsme. Elles regrettent de
ne pas savoir les langues mortes pour pouvoir suivre
les travaux du collège, J'ai pensé à créer un cours,
où un garçon du monde habitué aux belles ma-
nières leur donnerait, avec grâce, des leçons de
latin, même de grec. Je sais ce qu'en vaut l'aune,
vous pensez bien, mais il y a là une idée qui peut
séduire, pendant quelque temps, des jeunes mères
amoureuses de leurs petits. »
Le sang est venu sous mon épingle, je dois avoir
rougi le fauteuil.
Il faut cependant que je réponde quelque chose 1.
« Sans doute. »
Je m'arréte, l'épingle s'est mise en travers -,c'est
affreux! Je remue la tête, la seule chose que je
puisse remuer sans trop de danger.
Eh bien monsieur, vous réfléchirez. Vous
me paraissez sobre de gestes et de paroles. c'est ce
que j'aime. Nous pouvons nous entendre. C'est dix
francs le cachet de deux heures. Les dames fixeront
le jour. Mais vous avez peut-être vps jours retenus? o
Je voudrais dire « oui » pour faire des embarr,~s,
mais la pomme d'Adam me fait trop de mal et j'ni
besoin deremuer la tête en lai-geui- pôur me soulager
d'un col en papier qui m'étrangle je remue en
largeur ce qui veut dire « non dans toutes les
pantomines.
Bon, c'est bien! Veuillez revenir ou m'écrire. ) o
Il se lève. Je n'ai qu'à m'en aller!
Je souffrirai moins debout.
Je m'éloigne à reculons.
Le landcmain, Boulimart arrive chez moi.
Savez-vous que vous avez plu comme tout à
ill. Joly? Il vous a trouvé une distinction un peu
de raideu~·, trop la manière auglazse pas desser-
ré les dents. assis comme sur un trotteur dur.
des gestes un peu secs. mais il ne déteste pas cette
froideur, à ce qu'il a dit.
Bref, mon cher, l'affaire est dans le sac si vous vou-
lez. Mais montrez-moi donc comment vous vous êtes
présenté 1
22.
XXII
HIGH LIFE
registre..
li. Caumont a pris
{(
mes mesurc;s, puis ouvert un
Je suis habillé.
On se charge aussi de me procurer un chapelier et
un bottier. A chaque commande j'ai un frisson.
J'hésite à m'endetter, mais les camarades m'y
poussent.
« Tu végètes avec tes capacités; quand tu pourras
te présenter partout, tu gagneras de quoi payer tes
dettes et au delà 1 0
Al7lC)'iCü)t ~l)l'.
matin.
J'ai toujours vu le matin représenté en jaune clair
ou en bleu pâle dans les ballets et dans les pièces dc
vters.ais je être en matin de pièce de vers ou de féerie?
Aurai-je des gouttes de rosée? 2 li'entr'ou~~rirai je dc
quelque part au 50leillcyant ?
Non. J'ai un vêtement dont M. Caumont lui-m~me
est enchanté, qui (>5t « chc mali~a » au possible. Oh
mais Comme c'est dcc ~nalin!
1\1. Caumont ajoute que c'est un vêtement de
neuf heures à midi pas avant neuf heures, pas
après midi.
LE CHRIST AU SAUCISSON
reuses de toi! ))
Elle fuit une moue ch~grine et reprend
« Quelle couleur de meubles as-tu?, (Rougissant
un peu.) Comment sont les rideaux de ton lit?. »)
Elle baisse la tête et attend.
« Les rideaux de mon lit2. o
Je ne trouve rien.
« De quelle couleur?
Couleur p~ucc. »
,T'ui failli dire ~unat'se!
« C'est moi qui t'arrangerais ta chambre de gar-
çonl. ))
J'ai pensé à en avoir une, mais quoique les le-
çons iiiai-clieiit, je ne suis pas riche. Les louis d'or
fonclent en route, dans nos promenades en voiture
et nos haltes dans les l'ostaurants heureux où elle
veut un rien mais un rien, entends-tu dit-eUe en
sc clégantant.
Il m'est arrivé de souper avec du pain et de l'eau
claire, la veille ou le lendemain des jours où
nous
avions pris un rien, chez le ptttissier d'abord, au
res-
taurant ensuite, dans un café de riches après, où elle
voulait entrer pour se regarder dans la glace et voir si
elle était trop chiffonnée ou trop pille.
Elle avait quelquefois peur de son mari.
l)cur? Elle faisait semblant, je crois,pour aiguiser
ma joie. Elle voyait bien que je ne redoutais pas le
danger et que le fantôme du péril, au contraire, atti-
sait mes désirs et mon orgueil. ·
Peur`? liais elle s'a f~clrait à mon bras I
ses qui
Au tliéütre, elle se frollailtout contre moi, elle avait
touchaient les miens.
Elle voulut une fois aller aux cafés du quartier, et
se facha parce que je ne la tutoyais pas.
Patat~·as!
u'3r a-t-il?
Q
Boulimuri me répète:
« Avec votre air de san~lier, vous devez être ha-
billé comme un lion. ))
11
et
faut, pour pouvoir m'habiller comme un lion, que
je coutinue à loger dans le taudis où la patricienne
m'a que je mange encore beaucoup dc
ces cervelas à deux sous, dont la miss anglaisc a
vu urr éclmutillon dans mes mains (1éy11tcCS sous
la horte coclièi-c. Je dois tout sucritier à mes hahils,
comme une fille!
Je me ma~lurlle pour mes lcçous.
MAZAS
Minuit.
Ah il faut fuir 1
(c
Vous mangerez longtemps des lentilles d'ici
si vous voulez faire le héros comme cela, m'a-t-il dit
d'un air goguenard et menaçant. »
Mais je ne les déteste pas, ces lentilles Mais il ne
sait donc pas que je me régale avec la chopine qu'on
me donno. Je n'ai jamais teté de si bon vin.
A~·mes et bagages l
Ma tactique a réussi 1
JOURNALISTE
cc
Que voulez-vous?
C'est mon ami, 1\1. Leroy, qui.
Ah bien Vous voulez écrire, il m'a dit ça
1 1
Dunanf. )) s
Il appelle un homme gros, en sabols, avec une
casquette en passe-montagne.
25.
cc
Dunan voici un jeune homme qui voudrait
noircir du papier.
Ah 1 ce serait pour chroniquer dans le Pieroot2 »
pocheun l o
Il 3·a des comptes rendus des premières ropré-
sentations et des articles de genre. Tous les articles
de genre contiennent une phrase au moins sur les
cent mille paletots. Les comptes rendus des premières
contiennent des attaques sourdes contre les tailleurs
sur mesure, qui, sous prétexte d'élégance, mettent sur
le dos de quelques acteurs des modes qui déconcer-
tent les yeux du public, et font, avec un sifflet d'habit
biscornu ou un revers de redingote exagéré, perdre
le fil de la pièce.
Voyons la lettre
Cher monsieur.
Le secrétaire de la rédaction vous remettra le mon-
tant de votre article. Ci-joint un pet-en-l'air. J'aurais
voulu faire mieux; nos moyens ne nous le permettent
pas. Il a même été question de ne vous donner qu'un
petit gilet. J'ai eu toutes les peines du monde à
obtenir le pet-en-l'air. Mais travaill-z, monsieur, tra-
vaillez et nul doute que vous ne vous éleviez avant
1
BUREAU DE RÉDACTION
de 11 h. à 4 h.
Tour~:ez le bouton, S. V. P.
Je tourne, et m'y voici.
Comme il fait noir Les volets sont baissés, les ri-
1
Je préviens Boulimier.
:n me répond courrier par courrier
« A quoi pensez-vous? Voulez-vous donc encou-
rager les flUés de nos lectrices à courir après les pas-
sants dans les rues et à leur accrocher des oeillets à la
boutonnière 1. Où avez-vous la tète, mon cher Ving-
lrasl. Que personne ne se doute chez Didot que vous
avez eu cette idée-là 1. Si on savait que je vous fré-.
quente, je perdrais ma place. »
scène 1.
«
Vous voulez donc appeler aux armes, exciter
les pauvres contre les riches 1. et vous prenez le
Jôur~tal des Demoiselles pour tribune 2.Pourquoi ne
pas proposer une société secrète tout de suite. ou
bien défendre l'Union libre l.»
Il faisait peine à voir 1
LA TÊTE D'EDGARD.
1.
Je voulais être avocat, j'avais rêvé les palmes
du barreau (avec mélancolie) La tête de mon frère
1
ci
Sur ce canevas, dit Boulimier en terminant, il est
facile, je crois, de broder avec succès un récit où
s'exerceront toutes vos qualités, récit simple et tou-
chant, qui peut valoir au journal des abonnements
d'hydrocéphales.
« M. Didot sait remarquer le talent où il est, s'il
voit cela, il vous protégera, et vous pourrez devenir,
vous aussi, une grosse tête de la maison. ))
« Monsieur,
127
Il y a de la verdeur et de la force là dedans, savez-
vous bien ? »
Je ne sais pas je sais seulement que c'est le fond de
mon cœur.
J'ai peint les dégoûts et les douleurs d'un étudiant
de jadis enterré dans l'insignifiance d'aujourd'hui.
J'ai parlé de la politique et de la misère 1
copie. o
Huit jours après je reçus avis que tout cautio~t~:c et
tout républicain qu'on fût, on ne pouvait se hasarder
à publier mon travail. Je ferais condamner le journal.
Alors l'empire a peur de ces quatre feuilles que j'ai
écrites dans mon cabinet de dix francs 1
Une chance r
Vas-y!
bondir Ilionnain.
Je ne croyais pas que tu prendrais le sujet aux
entrailles On tuerait la Revue, si elle imprimait ton
1
appcl à la révolte. »
On tuerait ta Revue? Eh elle mourra, ta Revue
Elle mourra d'insignifiance et de lâcheté. Ne valait-il
pas mieux la faire sauter comme un navire qui ne veut
pas amener son pavillon
cc
Vous perdez courage, vous voulez làcher la par-
tie ? 2 Ce n'est pas brave me dit un homme de coeur
qui essaie de me retenir et de me consoler.
Encore un effOl't, me crie-t-il. J'irai voir P.
qui a été déporté de Décembre avec moi, et je lui
demanderai qu'il vous fasse entrer dans le journal
dont il est actionnaire. »
Il a demandé et obtenu
J'ai à faire une série d'articles sur les professeursde
l'empire comme celui que j'avais écrit sur Nisard.
S'ils sont verts, on les prenclra. Aussi veots que vous
voudrez.
Ni heureux ni malheureux.
1
1
»
27.
Qu'a-t-il besoin de mettre le doigt sur ma misèro
Est-co qu'il vient pour m'offrh'l'aumÓne?
« Qu'est-ce que vous faites maintenant ? Est-ce
encore des petites machines comme les choses dans la
Revue de 1\Ionnain ?
vous savez donc que j'écrivais ?
Un ami de 1\Ionnain, qui est venu faire la troi-
sième à Nantes, nous l'a dit, mais je n'en ai pas été
bien content, entre nous Vous, le républicain, vous
1
HASARDS DE LA FOURCHETTE
bibliothèque..
en cours de publication, sont devenus mes amis de
a
lèchent ses bottes ressemelées.
Il
voir
eu deux ou trois fausses joies. On a cru
non pas une voile à l'horizon mais le requin
de la mort qui venait manger un des travailleurs
Un de moins f c'était des ~nots qui revenaient aux
autres après l'enterrement le quart d'une lellre
qu'avaient à se partager les survivants une ration
qui augmentait le repas de :hacun, une goutte de sang
à boire, un morceau de chair à dévorer. -Vains es-
poirs! Il faut en avoir vu de dures pour descendre
jusqu'au Dictionnaire, et quand on en est là, c'est qu'on
n'a pas*envie de mourir. Celui qu'on croyait menOl'
au cimelièro y a échappé. Il y a contre lui une sourde
colère.
POÈTE SATIRIQUE.
(C.
C'est
êtes
madame
poète, n'est-ce pas ? »
Gaux, la libraire, qui me demande
cela un matin.
Je suis plutôt barde. Je chante la patrie, je chante
ce que chantent les bardes ordinair ement on n'a
qu'à voir dans le dictionnaire. Va pour poète tout do
même et je réponds à madame Gaux de façon à lui
1
J'arrive à l'hôpital.
« 1\1. Poirier `?
lflonsieur,
mence. En avant 1
Succès fou 1!
DIORGERNE
connaissent me pardonnent
Sans r?
Sans r.
J'ai laissé retomber mes bras et me tiens devant
mon juge avec des airs de statue cassée.
Mais pourquoi alors?. »
Je lui ouvre mon coeur et mon estomac. Je lui
explique le repas à cheval.
Il sourit demande une autre bouteille.
CI
Vous boirez bien encore un coup ?
Non, merci f
C'est pour de ne pouvoir payer la v6tro ?
liton Dieu,
Rogier reste un
buil. ))
instant
silencieux.
le
Que faites-vous pour vivre? Savez-vous rimer?
Je lui conte mon histoire de hiussÿ, ma série con-
tre les notaires.
biais la romance 1 Savez-vous faire la romance?
Je n'ai jamais essayé.
Vous ne savez pas faire parler un nuage, un
cheval, une houri?
Je ne puis pas dire.
Feriez-vous mieux du léger? dans le genre du
~elr't lani~a cle ma femme? Qu'aimeriez-vous mieux,
chanter le pot de fleurs ou le pot de nuit?
Le pot de fleurs 1 sans mépriser le pot de nuit,
ai-je ajouté bien vite, ne sachant pas son ~goitt et res-
tant prudemment à cheval sur les deux. »
habit deJe
Je ferais mieux de crier ça dans une baraquo, en
gagnerais davantage.
XXVII
A MARIER
cornes 1
mettant à genoux.
Non, c'est. moi que ma vie de professeur a rendu,
fou et mauvais.
Nous pouvons êl1'e heureux encore, répondait
votre mère, N'est-ce pas 2 répétait-elle, se tournant
vers moi, et me consultant de ses yeux rougi9. »
Et je dois vous' dire que j'ai baissé la tête et
ai répondu non J'ai répondu non parce que votre
1
D'où me connalt-on ?
C'est elle-même, la demoiselle aux beaux yeux,
qui répond
« D'où, l'on vous connait? Vous rappelez-vous
quand vous étiez dans un journal et que vous aviez
dû vous battre en duel? Vous êtes allé cherclier
comme témoin un élève de Saint-Cyr qui était
de l'Auvergne comme vous. C'était tout simplement
le frère de votre servante; mon Dieu, oui. Il s'ap-
pelait comme celle qui vous parle, et qui se charge
d"époussetar votre mémoire. Vous ne vous souve-
nez pas ? ·
Oui. maintenant 1
qu'il a eu faim
Elle sent bien qu'elle a fait une blessure.
Ma reprenant le bras, et plongeant ses yeux ~en.
dres dans la sévérité des miens:
« Vous nem'avez pascomprise, )) murmura-t-elle,
anxieuse cl'effacer le pli qui est sur mon front.
Pardon, bourgeoise Le mot qui est sorti de vos
lèvres est bien un cri de votre caeur et vos efforts
pour réparer le mal n'ont fait qu'empoisonner la
plaie.
Et J'en saigne et j'en plalll'e Car j'adorais cette
1
cc
Votre chambre est encore libre, m'a-t-il été
répondu à mon ancien hôtel quand j'y suis rentré le
matin. »
Mais des lettres, vieilles de huit jours, m'annon-
cent que j'ai exaspéré deux leçons, mes deux meil-
leures, qui me lâchent. Il ne me reste que du fretin.
,)le voilà frais 1 Je suis juste aussi' avancé que quand
j'ai débuté.
Tout est à recommencer après tant d'hésitations,
cl'efforts, de douleurs Eh! pourquoi suis-je allé
1
Que faire 2
CopiCl' des r61cs? Mais pOUlTai~ja J'ai une écri-
ture01-nl)l,otlillee et irlisible. On disait dans
les classes de lettres « Iln' a que les. imbéciles qui
~ei~ueul bien ~); on promettait le prix de calligra-
phie au plus bête. Et moi, faisant chorus avec mon
professeur, ce niais w·ec mon père, cet aveugle 1
Je m'y mettrai 1
faireen
et un habit noir, te tenir à l'entrée des magasins pour
ouvrir les portes, pour porter les parapluies des clients,
étalant, large comme un chou, le
ruban de ta boutonnière. »
il
pointe du pied, pour ne plus me crotter. J'avais l'air
d'un maUre de danse.
CiE-(,~L'I:-JIv.-StITS-L~AIRE`I
Ck:-(~UE-JT·SAIS-F.LIItE ? 2
Ja suis bachelier.
11I. Bonardel répëte sa question plus haut; il croit
sans doute que je suis sourd.
cc
Que-sa-vez-vous-fai-ra?))
Je.tortille mon chapeau, je cherche.
s
1i. Bonardel attend un moment, me donne doux
minutes.
Les deux minutes passées, il étend la main vcw un
cordon de sonnette et le tire.
t<
Reconduisez monsieur. »
Il remet le nez dans ses papiers. J'emboîte le pas
du dômestique et je sors, la téta perdue.
CE-QUE-JE-SAIS-FAIRE????
J'ai encore cherché toute la nuit, je n'ai rien trouvé.
Classer, pointcr.2
Je place cnsamblc les lettres qui ont trait au même
arlicle; malheureusement, il est question d'un tas de
chosas, i lÿ- a beaucoup d'articles
Je n'ai plus de place sur le pupitre, je suis forcé de
me lever et d'en mettre sur ma chaise.
Je nc sais plus où écrire ma circulaire celle qui
doit ètrc polie et ne pas fâchaI' le client.
Je commence:
« Olo~aa'cur, »
« C'esl avec ~«ahro fortcl regret qice je me vois oGli~é
(TRISTE ~nN'ISTEmUM).
J'efface « lriste ntirtislerii~na, )) et je reprends
« :ivec ic~a
hro/'oncl re~~·et que je me vois obligé de
vous clri·e~ue votr·e cleo:ancle est de celles gue je ne puis~
ALBO N01'ARF. C~1PILL0, ~nar~uer cl'tc~a caillou bla~tc. »
Faut-il gai;dal' albo ~:olaoe cahillo 2 1I, illaillart
verrait que Je ne mens pas, que j'ai vraiment reçu
de l'éducation, que je n'ai pas oublié mes auteurs.
Non, c'est maw·nis clans le commerce. Effaçons 1
au
1
Non, monsieur.
C'est que vous avez la langue toute bleue Il 1.
faudrait vous couper l'oreille tout de suite, si ça vous
(J l'cm ail.
Oiti, monsieur.
Pourquoi avez-vous éparpillé la correspondance
'r.o111n1O ça?
POlir la classeo, p~otiuer.
Cc1le glui est sous vous doit être brûlante. »
et (t
Il lie me laisse pas le temps de combattre l'idée
que j'ai pu cléshonorer le courricr en m'asseyant
avant que j'aic fini de ranger, il me de-
mande la lettre qu'il m'a prié de rédiger.
Lisez, Il
[] me laisse barboter, et quand j'ai lu mes trois
lignes
«
le style du commerce. du
Monsieur Vingh'l\s. me dit-il, vous n'avez pas
latin sur votre
chiffon.- Que diahlû vient faire ce latin dans une lettre
d'usine Ne soyez pas désespéré de mes observa-
tions. Dans quelque temps vous en remuntcerez petit-
être à votre maltre. Dès que vous serez, si peu que
ce soit, en mesure de faire InlJesogna, je vous donne-'
rai 100 francs par mois. En attendant, remettez les
s'y Bien.
lettres comme elles étaient. pour que M. Troupat
Mailltcnanl, allez fumer un
cigare dans la cour, et laver votre langue à la fon-
taine. »
molle.
ill. llaillart me fait signe de rentrer.
La présentation a lieu, et il est entendu que je
serai un mois à l'école de ce gros homme à la peau
1\1,
mais
Troupat fait-il à contrc-caenr son métier d'ins-
trticteiii,, ou bien est-ce ainsi dans les usines? Je
chaque matin, en me levant, je l1'em-
et
lUe à l'idéa da me trouver à côté de lui, tant il a l'air
glacial! tanl j'ai la tète dure
1
Je suis un sot.
SOUS L'ODÉON
« Vingtras
qui se fait cali'cot i o
J'ai couru après Legrand.
« Notre vie isolée est
bien triste. Veux-lu que
nous restions ensemble » 1)
« C'est un vaniteux ))
1
¡
Vaniteux?- j'aimerais bien à mettre mon chapeau
sur ma tête, moi aussi
Nous avons notrc clroit de fer~rllcl~r~~e acquis, chez
les IÎIH'aj¡'cs qui lie voic;nt que nous,
On nous laisse glisser un mil de côté dans las livres
iiotiveaiix. Nous pouvons jugcr cn I011chnnt-
lolu la 1itlél'ature conLemporuine. 11 fa 11 lmlcllcr
entre lionlittcr,tturc,
nous
1)oiii- cotilci- le les coupées.
Je que nous connaissons toute li,
~li~
on
à me tenir au courtlnt des nouveautés, à cause de
et enet
mon chapeau.
Je le metlais il terre d'aboi-d, mais on croyait que
Oui.
lietter-les sur ma cliatifforette. »
Elle 1-ciiiiie la braise avec sa clef, et nous nous
chauO'ons à tour de r61e,
Brave mère Gaux 1
mais vide 1
« Vous de
fûtes mon bourreau au col1èga. »
1\Ia voix sima, ma main tremble.
\'otl'C titre, vous abuslitcs de
votre force, vous abusàtes de ma faiblesse et de
ma pauvreté. Vous étiez le maître, j'étais l'élève.
1\Ion père élait professeur. Si je vous avais donné
un coup de couteau, comme j'on eus souvent l'envie,
3:1
on m'aurait mis en prison. Je m 'Cil serais moqué, mais
on aurait deslilué mon père. Aujourd'hui je suis
libre el je vous tiens »
Je lui ai pris 10 poignet
« Je Y0113 tiens, el je vais vous garder le temps
de vous dire que vous êtes un lâche; le temps dé
vous gifler et de vous botter si vous n'êtes pas lâche
jusqu'au bout, si vous ne m'écoulez pas vous insulter
comme j'ai envie et-besoin de le faire, puisque vous
m'êtes tombé sous la coupe. »
Il essaie de sc débaâer. Oh non. Je tords le
poignet! Élève Tui,fin, ne bougeons pas 1.
il fait effort.
um
gl'Oupe.
J'ai été poltron. J'aurais dli lui Cl'achCl' dix fois
il la face. J'aurais dû le faire pleurer comme il me fit
pleurer quand j'étais écolier. »
J'ai été chercher deux amis bien vite qui ont
monté la garde deux jours dans le cas où Tut,l'in
enverrait ses témoins.
Ohje donnerais ce que j'ai-mon pain de huit jours
pour Ille trouver en face de lui avec une arme à
la main, et j'aurais accepté d'être blessé, à condition
de le blesser aussi.
Je me l'appelle ce. mardi où il me souffleta
j'avais 13 ans. Depuis ce ,jour-là, la place où toucha
le soufflet blanchit chaque fois que j'y pense!
LE DUEL
On a trouvé le pistolet 1
manderai jamais 1
Qu'importe le prétexte 1
Une jeune fille, qui n'a pas encoré ôté son cor-
set devant moi, vient s'asseoir à mes côtés et m'em-
brasse à pleine bouche.
« On dit que tu te bats. Si tu meurs, tu auras tou-
jours eu ce baiser; et si tu veux, je couche avec toi
cette nuit. »
Elle a une fleur sur l'orèi1le. Elle la détache et me
la donne.
« Tiens, si tu es tué, on t'enterrera avec. »
Et de rire
Elle ne croit pas, personne ne croit, par ce temps
tiède, dans le cabaret joyeux, sous ce ciel ouaté de
blanc, à la cruauté d'un duel sans pitié. Et cela m'ir-
rite et m'exaspère! Ils pensent donc que je suis de
ceux qui envoient des témoins poûr rire. Ils ne devi-
nent donc pas ce que je vaux et ce que je veux; ils ne
sentent donc pas l'homme qui poursuit son but
aveuglément, et qui pour l'atteindre est plus heureux
que mécontent d'être le héros d'une sanglan te tra-
gédie
Ils ont parlé de me conduire au tir. Pourquoi ?
Qu'ai-je besoin de savoir si je suis adroit ou non? Je'
m'en soucie comme de rien. Je ne me demande même
pas si je serai le blesseur ou le blessé, si je serai tué
ou si je tuerai.
J'ai écrit dans ma tête depuis longtemps, comme
avec la pointe d'un clou, que je devais être brave,
plus brave que la foule, que cette bravoure serait ma
revanche de déshérité, mon arme de solitaire.
J'ai a"erti mes témoins qu'on ne tirerait pas au
commandement, mais qu'on marcherait l'un sur
)'auLl'e en faisant feu à volonté.
De cette façon, même qtteint, je pourrai arriver
aS5CZ pl'è5 de Legrand pour le deseenclre.
ma vie n'y reste pas. Aussi, quand j'y suis, faut-il que
je l'organise digne de moi, digne de mes idées et
digne de mon drapeau.
Je suis un révolté. lion existence sera une exis-
tence de combat. Je l'ai voulu airisi. Pour la pre-
mière fois que le péril se met en face de moi, je
veux voir comment il a le nez fait quand on l'irrite,
et quel nez je ferai en face de lui.
Nous sommes arrivés, je ne sais après quelle lon-
gueur de rèves et quelle longueur de chemin jusqu'a
Robinson.
Nous apercevons l'arbre tout tleuri de filles en che-
veux qui sifflent comme des merles ou roucoulent
comme des tourterelles.
C'est la fête
1
des témoins.
Laissez Legrand tirer le premier, me conseille
l'autre. »
J'écoute à peine et j'ébauche des gestes de dédain
qui se reproduisent sur la route baignée de soleil.
Mon ombre se dessine comme sur le mur blanc du tir
l'homme en tôle d'hier; un peu plus, je chercherais
les taches blanches sur mon habit, les taches faites
sur le mannequin par les balles.
Je n'ai pas encore été moi sous la calotte du ciel:
J'ai toujours étouffé dans des habits trop étroits et
faits pour d'autres, ou dans des traditions qui me ré-
voltaient ou m'accablaient. Au coup d'État, j'ai avalé
plus de boue que je n'ai mâché de poudre. Au lycée,
au Quartier-Latin, dans les crémeries, les caboulots
ou les garnis, partout, j'ai eu contre moi tout le
monde; et cependant j'étreignais mon geste, j'étran-
glais ma voix, j'énervais mes colères.
Mais nous ne sommes que deux à présent! Il y
a plus. Ma balle, si elle touche, ricochera sur toute
cette race de gens qui, ouvertement ou hypocrite-
ment, aident à l'assassinat muet, à la guillotine sèche,
piu' la misère et le chômage des rebelles et des irré-
guliers.
Je ne Nicherais pas pour une fortune cette occasion
qui m'est donnée de me faire en un clin d'œil, avec
deux liards de courage, une réputation qui sera ma
première gloire,- ce dont je me moque 1 mais qui
sera surtout le premier outil dur et menaçant que je
pourrai arracher de mon établi de révolté.
En place et feu 1
Chargez »
1
j
Mais Legrand a tourné sur lui-même le sourire
que j'attribuais à la joie d'avoir échappé et de me te-
nir à sa merci court toi,jours sur ses lèvres.
Ce sourire est une grimace de douleur.
J'aperçois un gros flot de sang 1
souffrance.
Que faire de ce grand corps cassé?
Les témoins, qui ont choisi le terrain, l'ont choisi
éloigné des maisons, et l'on n'aperçoit pas même, une
ferme à l'horizon. On ne voit que la grande route
blanche et dcs nappes d'herbe verte.
Pour comble de malheur, nous ne nous sommes
3:ii-)
coup une étudiante, en indiquant la place du bout de
son ombrelle.
On arrive à deviner ce qui s'est passé, et les prome-
neurs etlespromeneusesenparlent tout bas. Quelques-
uns demandent quel est celui qui a tiré sur le blessé.
cc I1 n'a pourtant pas une mauvaise figure, disent
les uns.
Hum » font les autres.
1
AGONIE
:Ir)
XXXII
JE ME RENDS
assassiné 1
llioi, j'aurais peur d'être enterré ainsi Je. veux
avoir lutté, avoir mérité mes blessures, avoir défié
le péril, et il faudra que les croque-morts se lavent
les mains après l'opération, parce que je.saignerai
le toutes parts. Si la vie des résignés ne dure 'pas
plus que celle des rebelles, autant êlre un rebelle au
nom d'une idée et d'un drapeau
117essieur~s, quand il votcs fena plar'sir.
Minuit.
Mon père est enterré au milieu des herbes. Les
oiseaux lui ont fait fêle quand il est. venu c'était plein
de fleurs près de la fosse. Le vent qui était doux sé-
chait les larmes sur mes paupières, et me portait des
odeurs de printemps. Un peuplier est non loin de la
tombe, comme il y en avait un devant la masure où
il est né.
J'aurais voulu rester lit pour rêver, mais il a fallu
ramener ma mère. Je lui ai demandé encore, comme
une douloureuse faveur, de me laisser seul en face
de moi-même dans la chambre vide.
Le lit garde pour tout souvenir du cadavre disparu
un pli dans le grand drap et un creux dans l'oreiller.
Dans ce creux, j'ai enfoncé ma tète brûlante, comme
dans un moule pour ma pensée.
Où en suis-je?
Où j'en suis?
Voici Comme mon père n'est pas mort assez
vieux, comme ils l'ont tué trop jeune, ma mère n'aura
qu'un secours, pas da pension 400 francs par an qui
peuvent même lui manquer un jour; mais, en ajou-
tant ce qui constituait ma rente de 40 fr., par mois, et
anec une quinzaine de mille francs cachés, paraît-il,
dans un coin, elle aura des habit3, un toit et du pain.
Pour moi, je n'ai plus l'ièn1
icJacques. »
C'est ma mèl'o qui m'appelle.
Elle me faitr.asseoir à ses côtés.
coute le proviseur s'est approché de moi
cc au
.cimetière, pendant que tu regardais les arbres el que
tu arrachais la tête à des fleurs. tu ne te rappelles
pas?. tu avais l'air d'un fou » 1
plus malheureu·c. n
et j'aurais été sûretu
licence, puis que tu ferais ton doctorat, qu'alors
tu serais libre ne serais
2 h. du matin.
Je 1inimis mal.
Je me rappelle un des soirs qui ont suivi mes vaines
tentatives de travail chez les bourgeois. Un de mes
voisins de garni, un ancien officier dégommé, avait
ouhlié chez moi un pistolet chargé. Le canon luisait.
sous la cassure d'un rayon de lune, mes yeux ne pou-
vaiènt s'en détacher. Je vis le fantôme du suicide
et je dus prendre ma vie à deux mains sauter sur
l'arme, l'empoigner en tournant la tête, faire uIt
bond chez le voisin 1
« Ouvrez 1 ouvrez 1 »
Il entre-bâilla la porte et je jetai le pistolet sur le
tapis de la chambre.
Cachez cela, je me tuerais. »
w
Je forgerai l'outil, mais j'aiguiserai l'arme qui un
jour t"ensanglantera1 Je vais manger à ta gamelle
pour être fort: je vais m'exercer pour te tuer z-- puis
j'avàncerai sur toi comme sur Legrand, et je te cas-
serai les pattes, comme à lui
Derrière moi, il y aura peut être un drapeau, avec
des milliers de rebelles, et si le vieil ouvrier n'est pas
'mort, il sera content 1 Je serai devenu' ce qu'il voulait;
le commandant des redingotes rangées en bataille à
côté des blouses.
37
Sous l'Odéon.
aacré Il'who! »
f.
Paris.
(mp, g. C,VI0110)OT ci V. ItE:IIU1.T, Tue des Polleilus, t.
~RF VRER~E CH.RISTOF.L'E
ce.
,1, aris ~r
~U'1i1A.U11 L S
~~U~ACT n~1
~~r â à/P
"ROUE au
FABRIOUE
-à-~ FABRIOUE
--osc~w-
à;~9?trlsr"Ù"l.e. ~'`.'`~
T-v ~.i? v~-
_) t
~H«-
'SEUL GRAND PRIX
Décerné, à l'Orfévrerie Argentée
EXl'OSrno~ L"~l\'ERSEl.LE DE 1878
SU~,TOt~TS DE T,ABL~
ORFÉVR.ERIE D'ARGENT
M~rtal ~31a~~
t
ORFEVRERIE CHRISTOFLE-
AARQUE DE
f"ABRIOUE
o
à.
à F.
l~IAl~UFACTURES
.r-
A
(Orfévrerie Classc 24)
du
MEDAILLE D'OR
COUVERTS CHRIST®~LE
Nickcl, Classe .~3)
wlfJ/Wynn! ~~Nl.nlJ..l"1
1
Liste de nos Représentants
DANS LES DÉPARTEMENTS
~Igcu.èilx. COurnet. GrenoGle.I~1' Y" B13nchet
,~L~is.
,~lerisou. Poncet-Eonnamy. Grr~r~~l. Baillr.
Iiou-~·
& fil s
rlr~gers.
Artgôrrl~nte
Harbëy de
JoiJ:Ínnin.
Lassuze.
Ed:`
l'Isle.
Lnon.
l.ille,
Davelny
Soidel.,
Renard-Saavage.
et Sandret.
Anrillac..
drrrerre. Besson. Lirrrogcs. E: R. Demertia0.
Lisivrrx.
&
~irc.
;Illier' Delianl.
Vr~ J. Boissier.
IieranÇora
.I~~r~larrr.
Crren.
Bader.
Servan.
De3mal~UetS:
.inrrs.
Urauge
Leriche.
BOUehet.
Sautel.
CoGous.
Ca~~rGrari
Mandelh frères.
DuboislAncelin.
orlrmrs.
hfl~l~rJr~rlr. (harrasse.
Galreau.
Çn~-tussunrrr· Hoper fils..
Ccue Ed. T9tquebiau.
karrrs.
kmrues.
Lalonette-Ghrétien.
Veuve Ralfaut..
CGnlqns-s~-vt~rrue Leclér.c-DrÓuot.
Cbârler~illa. Veute Bodart.
ko.rrurr.
k~l~· J..Eousquet.
Defforges fils.
Cb~trtres Fauvean-Bidet.
CGdtenrr~Jrrrr. G. de Beauvivier.
koircu.
Snirrt-l:lierrrra..
~datate.
DOniOI.
Cl~ciÎènurorrx. LaChdpelle-Illillot&C' Saurt-Florm. Dehers-Vidal.
Cbdlillort-s`-Seiue Petit-Demandre. S~rinte-.lf~rrrborrt~l Charbonnier.Prat.
I: Clnuiècy..
I Cosrre.
Guerbet-Séguin.
Clermnnll~erraud P~iet et neven.
Bonvin..
Serrs.
Saiut-nrrerNirr. L.
T'nr~rn°.
Degon.
Et;enne.
Baeni.
Di jou. Guerre-Ameline. ?nrl~cs.
Chalamon.
Urngrrigrrarr. Laoceman.
lilberr/
~irt~il. laillart. Hamel.
Poulit.
T ~ulousa
7i~of~cs. Bigey fils.
l'n/mrrc. Tare.
Trap6.
Foix.
Et~rcrr.u.
Trailin.
I ~r~fun. Iéa:ilier.
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