Numero 2 Septembre 2017 Revue CCA
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Septembre
2017
Revue du Contrôle de la
comptabilité et de l’audit
Revue CCA
ISSN: 2550-469X
Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit
ISSN: 2550-469X
Numéro 2 : Septembre 2017
ABDELHAY BENABDELHADI
Enseignant – Chercheur
Ecole Nationale du Commerce et de Gestion - Kénitra
[email protected]
FATIMA KHARBOUCHE
Département Systèmes d’information
CNOPS - Rabat
[email protected]
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Numéro 2 : Septembre 2017
Résumé :
Abstract :
The aim of this paper is to address mainly the following question: To what extent the adoption
of contractualisation between the State and the CNOPS improves the strategic management of
AMO in the public sector?
To tackle this issue, we conducted an empirical study which aims to describe and characterize
the strategic practices within CNOPS to highlight their shortcomings and verify the utility of
our proposition on the process of contracting.
To enhance our propositions at this level, we deem it relevant to supplement them by
proposing a change management approach adapted for a better deployment of the contracts
between the state and CNOPS under the AMO in the public sector.
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Introduction :
1
Loi promulguée en 2002 et entrée en vigueur en aout 2005.
2
Préambule de la loi N°.65-00 portant code de la couverture médicale de base.
3
L’ANAM est l’agence de régulation de l’AMO de par la loi N°.65-00.
Certification sans réserves des comptes de la CNOPS au titre de 2014. C’est une première dans l’histoire de la
4
CNOPS. Cet exploit est dû essentiellement aux efforts accomplis dans le domaine du contrôle interne et la ges-
tion des prestations.
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Le vieillissement de la population.
Le développement de la consommation médicale correspondant aux nouvelles attentes
des marocains en matière de bien être et d’accès aux soins.
L’envolée des tarifs de biens et services médicaux.
L’intégration des régimes relevant de l’article 114 de la loi N°.65-00 et des étudiants.
En fait, la CNOPS est au centre de plusieurs domaines d’activités interdépendants, dans un
environnement complexe et turbulent, interpellant divers intervenants et dont les intérêts ne
convergent pas toujours. C’est une situation systémique où la CNOPS se positionne au-
jourd’hui. Cette situation interpelle sa tutelle à une plus grande implication, une prise en
compte de son nouveau contexte d’action et l’adoption d’une approche stratégique appropriée
dans le domaine de la CMB.
Dans cette perspective, le pilotage stratégique, traduisant plusieurs préoccupations et
recouvrant plusieurs fonctions, permet d’être totalement en attitude d’anticipation avec
l’environnement et d’être aussi réactif. Le but de la démarche étant aussi de stimuler la
vigilance collective et d’assurer une adéquation des processus de la CNOPS avec ses objectifs
stratégiques dans le cadre d’un dialogue plus régulier avec sa tutelle sur les orientations
stratégiques de l'AMO, les objectifs y afférents, les besoins et moyens associés ainsi que sur
les modalités de suivi et d'évaluation des engagements réciproques.
Un pilotage est centré sur la stratégie, et de ce fait, la concrétisation de la vision exprimée
dans l'énoncé des priorités gouvernementales concernant la CMB doit passer par une
planification stratégique d’ensemble fixant les orientations qui découlent desdites priorités.
L’objectif en est de donner vie à la vision des intervenants et d’accroitre la coordination et la
cohérence de la politique publique sur la couverture médicale, de déterminer les résultats
visés et d’encadrer les initiatives mises en œuvre pour y arriver.
C’est à partir des éléments décrits dans notre contexte et des constats qui en ressortent sur la
nécessité de l'amélioration du pilotage stratégique de l’AMO, que se dégage notre proposition
de la mise en place de la démarche de la contractualisation entre l’Etat et la CNOPS.
Au Maroc, l’adoption de la contractualisation et sa généralisation pour le déploiement des
politiques publiques ont été renforcées successivement par l’entrée en vigueur du code de
bonnes pratiques de gouvernance des entreprises et établissements publics5.
5
Adopté en 2012, ainsi que la nouvelle loi organique N°. 130-13 sur les lois des finances.
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Ce travail de recherche est structuré comme suit : il sera procédé, tout d’abord, à une revue de
la littérature puisée sur l'état des connaissances du pilotage stratégique et la contractualisation
dans le secteur public. Par la suite, nous allons effectuer un tour d’horizon sur l’état des
pratiques du pilotage stratégique des politiques publiques au Maroc et l’impact de ces
pratiques sur le développement économique et sociale du pays. Enfin, l’investigation terrain
menée à l’aide d’un guide d’entretiens semi-directifs permettra de confronter les
enseignements tirés de l’investigation documentaire avec les réalités du terrain de la CNOPS.
La déclinaison des principaux résultats issus de la réflexion stratégique et l’analyse empirique
menées nous permettra de procéder à la formulation de nos propositions d’amélioration
concernant la mise en place de la démarche de la contractualisation entre l’Etat et la CNOPS.
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Le principe de la contractualisation, institué par la lettre Royale du 9 janvier 2002 et la circulaire du 1 er Ministre
en date du 25 décembre 2001, recadré par le code marocain de bonnes pratiques de gouvernance des Eta-
blissement et entreprises publiques paru en 2012, a connu un tournant suite notamment à son inscription en tant
que priorité du programme du gouvernement et, également, à la diffusion du Guide méthodologique de la con-
tractualisation et de la circulaire du Chef du gouvernement N°. 8/2013 du 15 mai 2013 y est relative.
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S’agissant d’une approche qualitative, l’effectif de la population n’a pas été fixé au préalable,
mais l’agenda d’autres membres du Comité de Direction ne nous permettait pas d’aller au-
delà de 09 responsables. D’autant plus que nous avons jugé que la qualité des informations
recueillies auprès des sujets contactés nous permettait déjà de procéder à notre analyse et en
tirer les conclusions nécessaires.
Même si l’approche qualitative ne dispose pas d’outils statistiques, il est impératif de faire
preuve de grande rigueur pour lire les données récoltées à travers les entretiens réalisés. Il
s’agit de traiter ces données et de les analyser pour dégager l’interprétation et les conclusions
par rapport à chaque thème de la grille d’entretien (Thiétart R.A., 2002).
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de risques…, etc. Par conséquent, l’Etat est appelé à capitaliser sur le potentiel de la
CNOPS et s’impliquer davantage dans l’exercice de ses fonctions stratégiques.
La stratégie de la CNOPS est définie en déclinaison de ses missions et des objectifs
stratégiques y afférents. Elle a pour finalité de répondre aux attentes de ses assurés, ses
parties prenantes ainsi que de veiller sur ses équilibres financiers et optimiser la
dépense publique. Cette stratégie est déclinée en plan d’action. Cependant, cette
efficacité est atténuée par l’absence d’ambitions stratégiques claires sur le long terme
au niveau du gouvernement pour la CMB. Cette situation qui se traduit notamment par
une absence de programme d’action, influe sur la visibilité de la CNOPS par rapport à
l’AMO et sur le degré de son alignement stratégique.
Plusieurs instruments de pilotage sont mis à la disposition des tutelles et de l’ANAM
par la CNOPS. Bien que ces instruments soient jugés par une bonne partie de la
population interrogée adaptés, mais des questions restent posées quant la pertinence de
l’usage fait par ceux-ci.
Les dirigeants interrogés sont favorables à la démarche de la contractualisation entre
l’Etat et la CNOPS entant que dynamique de visibilité et de compréhension partagées
sur les objectifs de l’AMO et aussi sur ses contraintes et ses moyens. Néanmoins, cette
démarche a été liée à la mise en place de certains pré-requis et des mesures
d’accompagnement à savoir le bascule de la CNOPS au statut juridique d’un
établissement public, et d’inscrire la démarche dans un cadre de réforme globale de la
gouvernance de l’AMO.
En guise de synthèse, à travers l’analyse du déroulement du processus stratégique au sein de
la CNOPS, nous avons dégagé un certain nombre de limites liées principalement à
l’élaboration des stratégies gouvernementales pour la CMB et les modalités de leurs
déploiements notamment à travers la CNOPS.
L’absence d’une professionnalisation des démarches gouvernementales pour l’élaboration, le
déploiement et le suivi des réalisations de ces stratégies de la CMB impacte visiblement les
résultats de l’AMO ce qui constitue une réelle menace pour la dynamique interne de la
CNOPS et ses performances et interpelle les pouvoirs publics notamment la tutelle de celle-ci
sur une nouvelle démarche stratégique plus interactive et proactive.
En substance, Les résultats de la recherche empirique ont permis de faire émerger un
diagnostic partagé sur la pertinence de l’amélioration du pilotage stratégique de l’AMO à
travers la mise en place d’une contractualisation entre l’Etat et la CNOPS.
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La pratique privilégie des contrats couvrant des durées de 5 ans et exceptionnellement de 3 ans.
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Conclusion :
Références bibliographiques :
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d’Organisation.
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Chaimaa ARSALANE
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Résumé :
Suite à un constat fait lors de notre expérience dans l’un des cabinets de renommée, cette
étude portera sur l’approche par les risques qui est peu utilisée dans les cabinets Marocains.
L’objet de cet article est de mettre en évidence l’importance de l’approche par les risques
dans la recherche de l’efficacité et l’efficience dans les travaux d’audit.
Afin de démontrer cela, nous allons, d’abord, montrer les limites de l’approche classique
d’audit, ensuite nous allons illustrer l’importance de l’approche par les risques et enfin nous
allons présenter la démarche de l’audit selon cette approche
Mots clés : Commissariat aux comptes ; Risques ; Approche ; Démarche d’audit ; Régularité
Abstract :
Following an observation made during our experience in one of the renowned firms, this
study will focus on the risk approach which is little used in Moroccan firms.
The purpose of this article is to highlight the importance of the risk approach in the search for
efficiency and effectiveness in audit work.
In order to demonstrate this, we will first show the limits of the traditional audit approach,
then we will illustrate the importance of the risk approach and finally we will present the audit
approach according to this approach
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Introduction
Le monde des affaires a connu une évolution spectaculaire au cours des ces dernières années.
En effet, grâce au développement technologique, les entreprises sont devenues plus
compétitives et leurs structures ont largement changé.
Cette évolution a eu pour conséquence des flux importants aussi bien à l’intérieur des
entreprises qu’à destination ou en provenance de tiers (clients, fournisseurs, organismes de
crédit) mais principalement un développement sans précédent des techniques de la fraude qui
affecte désormais l'ensemble des niveaux hiérarchiques et tous les secteurs d'activité.
Egalement et depuis le début de l’année 2002, la qualité d’audit est devenue un enjeu majeur
pour les sphères de la comptabilité et de l’audit surtout avec l'affaire Enron qui a bouleversé le
monde des affaires, et qui a remis en cause la compétence des commissaires aux comptes pour
la prévention des anomalies. Elle a montré aussi que les démarches classiques d'audit
présentent quelques limites à l'encontre de la régularité et sincérité des états financiers.
Le Commissaire aux Comptes, dont le rôle est de contrôler la régularité des écritures
comptables des sociétés et la véracité de leurs constatations au regard des documents qui les
justifient, dispose en fait d'un droit d'alerte pour le cas où il constaterait des irrégularités dans
la gestion du personnel dirigeant.
L’incapacité des commissaires aux comptes à déceler de nombreuses anomalies, et ceci
malgré les évolutions engagées sur le plan des normes professionnelles, remet en question un
modèle d’audit légal centré sur l’objectif plus global d’image fidèle et de sincérité. C’est ainsi
que le commissariat aux comptes s’est trouvé pointé du doigt et sa crédibilité a été, à tort ou à
raison, mise à mal.
C’est dans ce sens que l’Audit par les risques trouve sa motivation. En fait l’approche de
l’audit par les risques est une technique qui repose sur une réflexion approfondie et préalable
sur la nature des risques caractérisant l'entreprise. Et c'est seulement après ce processus
d'évaluation que le commissaire aux comptes définira son programme de contrôle. Ceci peut
l'amener, par rapport à une approche traditionnelle, à alléger ses contrôles sur des sections ou
des zones de comptes sur lesquelles sa réflexion lui permet de penser que les risques sont
faibles, et par contre, à engager des investigations beaucoup plus importantes dans d'autres
secteurs.
Cette approche, permet non seulement aux commissaires aux comptes de réduire le budget
temps, mais aussi de déceler les risques et de se prémunir dans l’avenir. Cette approche
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Pour répondre à cette problématique, nous allons d’abord dévoiler les limites de l’approche
d’audit classique, ensuite présenter l’importance de l’approche par les risques et finalement
citer les différentes étapes de celle-ci.
Manuel d’audit financier et d’audit de conformité, cours des comptes européenne, 2012 ; P.17
1
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L'objectif principal de l'auditeur ici est de s'assurer tout simplement que les informations
contenues dans les comptes annuels sont justifiées par des documents comptables probants.
L'audit se fait alors de manière routinière et peu intelligente.
Cette approche comporte de nombreuses limites qui résultent d'une insuffisance de
planification et de la prise en compte du contrôle interne.
Insuffisance de planification : Dans cette approche, l'auditeur ne situe pas le problème
de l'audit dans son ensemble. Il focalise toute son attention en s'assurant que les
informations contenues dans les états financiers sont justifiées par des pièces
comptables probantes. Ce qui le conduit alors à vérifier de manière efficace la réalité
des enregistrements comptables.
Insuffisance de la prise en compte du contrôle interne : Le fait pour l'auditeur de
vérifier que les états financiers sont justifiés par des pièces comptables probantes, le
conduit très souvent à effectuer un examen exhaustif desdites pièces.
Cependant, il lui sera difficile d'appréhender un fait comptable qui n'aurait pas été enregistré
en comptabilité. Ce qui pourrait alors l'amener à donner une opinion favorable alors que des
anomalies significatives existent dans les états financiers du fait de la non comptabilisation de
certaines opérations.
Par conséquent, il sera difficile à l'auditeur suivant cette approche, de mener un audit efficace
et efficient et d'aboutir à une opinion qui traduit le résultat ainsi que la situation financière et
patrimoniale de l'entreprise, D'où l'apparition d'une nouvelle approche d'audit : l'approche par
les risques qui repose sur une réflexion approfondie et préalable sur la nature des risques
caractérisant l'entreprise.
1.2. L’approche d’audit par les risques
Le commissariat aux comptes est fondamentalement une assurance contre les risques d'une
mauvaise information comptable et financière. Ce sont donc ces risques que le commissaire
aux comptes doit identifier préalablement à ses contrôles.
Quel type de risque s'agit-il d'identifier ? Il peut s'agir tout aussi bien de risques propres à
l'entreprise compte tenu de la nature de son activité, des faiblesses ou du dysfonctionnement
de son organisation, ou de sa situation financière, que de risques propres au secteur d'activité
de l'entreprise, ou à l'environnement économique général.
C'est seulement après ce processus d'évaluation que le commissaire aux comptes définira son
programme de contrôle. Ceci peut l'amener, par rapport à une approche traditionnelle, à
alléger ses contrôles sur des sections ou des zones de comptes sur lesquelles sa réflexion lui
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permet de penser que les risques sont faibles, et par contre, à engager des investigations
beaucoup plus importantes dans d'autres secteurs.
Cette approche par les risques, dont la logique repose sur le bon sens, n'est pas nécessairement
familière à tous les commissaires aux comptes, parce qu'elle bannit le systématisme et
qu'elle oblige à faire des choix dans les contrôles. Elle n'en présente pas moins trois qualités
majeures: elle permet l'anticipation des problèmes avant la clôture, l'adaptation des
contrôles sur les comptes à l'environnement de l'entreprise révisée ; enfin, elle répond au
désir des entreprises de communiquer rapidement leurs états financiers.
Toutefois, l’auditeur ne saurait lister tous les risques encourus par l’entreprise. En effet,
l’examen auquel se livre le commissaire aux comptes obéit à des règles de sondage qui
permettent de limiter la quantité des travaux à mettre en œuvre tout en donnant une assurance
raisonnable sur l’image fidèle. Ainsi il convient au démarrage de la mission d’examen des
comptes, de cibler les activités génératrices de risque et définir non pas tous les risques liés à
chaque activité mais uniquement les risques clés susceptibles de compromettre la réalisation
des objectifs de l’activité considérée.
La démarche proposée ci-dessous s'inspire de celle utilisée par les auditeurs dans les grands
cabinets d'audits internationaux. Les techniques utilisées sont :
2.1. La phase d’intérim :
2.1.1. Prise de connaissance et identification des risques
La première étape dans la démarche d’audit est la prise de connaissance de la société auditée,
elle revêt une importance particulière puisqu’elle conditionne le déroulement des autres
phases de la démarche. L’auditeur doit donc acquérir une connaissance générale de la société,
de ses particularités et de son environnement économique et social afin de mieux comprendre
les événements pouvant avoir une incidence significative sur les comptes faisant l’objet de sa
vérification, cette prise de connaissance lui permet aussi de mieux planifier sa mission de telle
sorte qu’il puisse focaliser ses contrôles sur les zones qui présentent plus de risques.
La prise de connaissance générale peut comprendre, généralement, quatre phases essentielles :
Collecte des informations
Analyse des différentes familles de risques
Détermination des domaines significatifs
Synthèse des risques et plan d’approche
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L’auditeur doit avoir une connaissance globale de l’entreprise lui permettant d’orienter sa
mission et d’appréhender les domaines et systèmes significatifs.
Les informations à recueillir durant cette phase devront permettre d’identifier les risques
généraux encourus par la société.
Les deux grands volets de cette phase sont :
Les travaux préliminaires de prise de connaissance de l’entreprise :
A l’issue de ces travaux, on doit faire ressortir les facteurs externes et les facteurs
internes ou facteurs d’influence qui affectent l’activité de la société. Les premiers ne
sont pas contrôlables directement par la Direction. Lors de la revue des facteurs
externes, les principaux objectifs de l’auditeur consistent à obtenir les informations
susceptibles de l’aider à comprendre l’activité de la société ainsi que les changements
qui sont intervenus et d’identifier les situations indiquant des domaines potentiels de
risques. Ces facteurs externes sont obtenues grâce à la documentation externe:
réglementations spécifiques applicables aux sociétés, documentation de la
profession,… etc. Les facteurs internes sont les caractéristiques financières et
opérationnelles de la société : Il s’agit des conditions et circonstances de l’activité de
la société qui ont un impact sur ses opérations. En passant en revue les
caractéristiques financières et opérationnelles de l’activité de la société de bourse,
l’auditeur prend connaissance des conditions et circonstances internes à la société qui
ont un impact sur son fonctionnement. Cette connaissance concerne également la prise
en compte de l’environnement de contrôle qui répond aux risques identifiés.
Le deuxième volet consiste en l’établissement des premiers contacts avec
l’entreprise : entretiens avec les dirigeants et les différents responsables de services,
visites des lieux… qui permettront de mettre au point le programme de travail et son
découpage.
2.1.1.2. Analyse des différentes familles de risques
Il s’agit d’identifier et de définir les principaux types de risques que l’auditeur peut déceler
dans le cadre de sa mission.
Ces différents types de risques sont les risques potentiels communément admis dans ce
secteur d’activité mais qui pèsent différemment sur les sociétés de bourse selon l’orientation
de leurs activités et leur organisation interne.
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Le risque de marché : il s’agit des risques de pertes qui peuvent résulter des fluctuations des
prix des titres composant le portefeuille de négociation. En cas de baisse, les demandes sont
systématiquement à la vente. En cas de hausse, le risque est inverse. Le risque de cours ou de
taux pèse sur les opérations de contrepartie.
Les risques opérationnels : ils englobent différentes familles de risques, risque de survenance
de dysfonctionnements ou de rupture du système d’information (risque d’information),
survenance de litiges susceptibles d’engager la responsabilité de la société de bourse
(risque juridique), défaillance dans la préservation des droits de la clientèle, liées à des
erreurs, négligences, ou des manœuvres irrégulières, ce sont des risques relatifs aux
opérations sur titres (risques d’exploitation).
Le risque lié au facteur humain : il comprend trois aspects différents, il y a tout d’abord le
risque lié au départ chez un concurrent de membres du personnel ayant un rôle clé. On peut
également citer le risque de vol de matériel informatique, de sabotage de logiciel. Cependant,
le risque le plus important est le risque de détournement d’informations confidentielles, afin
de les utiliser à des fins personnelles.
2.1.1.3. Détermination des domaines et systèmes significatifs
A l’issue de ces deux premières étapes de collecte des informations et d’identification des
risques relatifs à la société de bourse auditée, le commissaire identifie les domaines et
systèmes significatifs. L’identification de ces domaines significatifs suppose la détermination
au préalable d’un seuil de signification. Celui-ci peut être défini comme le montant à partir
duquel une erreur, une inexactitude ou une omission peut affecter la régularité et la sincérité
des états de synthèse ainsi que l’image fidèle du résultat de l’exercice, de la situation
financière et du patrimoine de la société. Ce seuil est quantifié en prenant en compte plusieurs
éléments de référence quantitatifs et qualitatifs.
2.1.1.4. Synthèse des risques et Plan d’Approche
L’étape préliminaire de prise de connaissance et d’analyse des risques, permet au commissaire
aux comptes de réunir toutes les informations générales sur la société de bourse. Celui-ci est
en mesure de:
- comprendre les éléments qui influent sur les chiffres à vérifier ;
- évaluer le degré général du risque auquel il sera confronté ;
- identifier les transactions et les comptes significatifs sur lesquels il va axer
son effort ;
- adapter son programme de contrôle en conséquence.
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L’analyse des caractéristiques particulières des sociétés, liées à leurs activités et à leur
environnement général permet au commissaire aux comptes d’identifier celles qui peuvent
avoir pour effet d’atténuer le risque d’audit, ou au contraire de le renforcer. Les unes et les
autres vont permettre d’orienter la démarche d’audit.
Les sociétés présentent les traits distinctifs suivants, dont pourrait résulter une atténuation du
risque d’audit :
- Existence d’une fonction de contrôle interne réglementée sur laquelle les
travaux d’audit peuvent s’appuyer.
- Importance des actifs gérés pour le compte de tiers qui relèvent de la
responsabilité des sociétés de bourse mais ne figurent pas au bilan.
- Répétitivité des transactions et automatisation des traitements qui confèrent un rôle
primordial à la fiabilité des systèmes d’information.
- Absence de principes et schémas comptables particuliers qui facilitent le
contrôle des comptes.
De ces constats, il ressort que doivent être privilégiés dans la stratégie d’audit :
Le bon fonctionnement du contrôle interne
La cohérence de la formation du résultat par l’examen analytique détaillé et l’analyse
de systèmes d’information.
2.1.2. Appréciation du contrôle interne
La qualité du contrôle interne exercé au sein d’une société conditionne dans une grande
mesure la phase finale de la démarche d’audit et notamment le contrôle des comptes. En effet,
une bonne appréciation du contrôle interne donne une plus grande sécurité à l’auditeur et va
donc lui permette de réduire de manière significative les travaux de contrôle des comptes que
devra effectuer l’auditeur. Au contraire, une mauvaise appréciation du contrôle interne
conduit à l’approfondissement des contrôles des comptes.
Il est à rappeler que le contrôle interne est constitué par l'ensemble des mesures de contrôle,
comptable ou autre, que la direction définit, applique et surveille, sous sa responsabilité, afin
d'assurer :
L’exhaustivité des enregistrements
L’exactitude des comptes
L’autorisation des opérations
L’autorisation des accès aux actifs et aux enregistrements
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les stocks, les créances et dettes, les banques, le personnel… Le choix des soldes à
confirmer doit tenir compte de toutes les particularités de l’entreprise contrôlée. Il
s’agit surtout de : soldes importants, soldes anciens, comptes annulés, soldes
anormaux (clients créditeurs par exemple).
• L’examen analytique qui consiste à :
Faire des comparaisons entre les données résultant des comptes annuels et des
données antérieures, postérieures et prévisionnelles.
Analyser les fluctuations et les tendances.
Etudier et analyser les éléments inhabituels résultant de ces comparaisons
L’examen d’ensemble des comptes annuels a pour objet de vérifier que le bilan, le compte de
résultat et l’annexe :
• Sont cohérents, compte tenu de la connaissance générale de l’entreprise, de son
secteur d’activité et du contexte économique,
• Concordent avec les données de la comptabilité,
• Sont présentés selon les principes comptables et la réglementation en vigueur,
• Tiennent compte des événements postérieures à la date de clôture.
Il permet de vérifier aussi que l’annexe respecte les dispositions légales et réglementaires et
qu’elle comporte toutes les informations d’une importance significative sur la situation
financière et sur le résultat de l’entreprise. Plusieurs procédés d’analyse peuvent être utilisés,
parmi lesquels:
• La comparaison des données des comptes annuels et de celles des comptes
antérieurs ou prévisionnels…,
• La comparaison en pourcentage du chiffre d’affaires des différents postes du
compte de résultat.
Tout écart significatif devra faire l’objet d’une analyse et d’explications de la part de
l’entreprise
A la suite de ses contrôles, l’auditeur certifiera que les comptes annuels sont réguliers,
sincères et donnent une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice écoulé, ainsi que
de la situation financière et du patrimoine de la société à la fin de cet exercice.
Il précisera avoir effectué les diligences estimées nécessaires selon les normes de la
profession. Les comptes annuels seront annexés au rapport. S’il certifie avec réserve(s) ou
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refuse de certifier, le commissaire aux comptes en expose clairement les motifs, et si possible,
en chiffres, l’incidence.
Le rapport se présente en deux parties :
- Opinion sur les comptes annuels
- Verifications et informations spécifiques.
Conclusion :
L’approche par les risques présente sans contexte de multiples avantages pour les auditeurs
dans la mesure où elle leur permet des missions plus courtes mais aussi plus ciblées.
Cette approche par les risques présente au moins trois qualités majeures : elle permet
l'anticipation des problèmes avant la clôture, l'adaptation des contrôles sur les comptes à
l'environnement de l'entreprise révisée ; enfin, elle répond au désir des entreprises de
communiquer rapidement leurs états financiers.
L’application de l’approche de l’audit par les risques dans le contexte actuel a permis de
mesurer l’importance de cette méthode qui repose sur le bon sens et qui bannit le
systématisme et la répétition et oblige à faire des choix dans les contrôles. Cet avantage
permet aux commissaires aux comptes de se concentrer sur les zones de risques et de
vulnérabilité dans l’entreprise et de détecter les fraudes, s’il y’en a. Elle permet également de
prévenir plusieurs cas de fraudes qui n’avaient pas apparus lors des missions de commissariat
aux comptes menés par un autre cabinet, appliquant l’approche traditionnelle d’audit.
Néanmoins, et malgré son importance, cette approche n’est pas utilisée par la majeure partie
des auditeurs. Plusieurs raisons seraient donc à l’origine de cette réticence.
- D’abord les concepts de risques ne sont généralement pas clairement compris.
- Les auditeurs pensent que l’évaluation des risques demande des compétences
particulières ou outils informatiques spécialisés.
Bien que l’activité du réviseur consiste à vérifier des données comptables et tout
particulièrement le bilan et le compte de résultat, le champ de ses investigations doit
nettement déborder de ce cadre restreint.
S’il veut remplir efficacement sa mission, il importe qu’il examine également un certain
nombre de facteurs dont l’incidence comptable est plus ou moins directe.
En effet on ne peut porter un jugement sur les états financiers de l’entreprise en faisant
abstraction des réalités techniques, commerciales, juridiques, fiscales, sociales…
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L’auditeur devra faire appel à toutes ses qualités de jugement pour déceler ces anomalies qui
peuvent être fatales pour l’entreprise sans qu’elle puisse s’en douter ; et effectivement la
conduite d’une mission d’audit requiert que les esprits y soient préparés et les techniques
maîtrisées.
C’est dans sens qu’à la fin de cet article deux recommandations extrêmement essentielles
peuvent être mentionné à savoir :
- Mettre en place un dispositif législatif marocain qui poursuit l’évolution du monde des
affaires et qui s’inspire de la loi sur la sécurité financière et la Sarbanes Oxley.
- La sensibilisation de l’Ordre des Experts Comptables à ses membres de l’importance de
l’approche de l’audit par les risques et de son efficacité lors des missions de commissariats
aux comptes dans la détection des anomalies.
Références bibliographiques :
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Majda BRABIJE
Professeur d’Economie et de Gestion au cycle secondaire qualifiant
Doctorante chercheuse
FSJES, Université Hassan II, Casablanca
[email protected]
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Résumé :
La transition aux IFRS est considérée comme une révolution comptable qui a alimenté plusieurs
débats et a remis en cause plusieurs règles comptables notamment avec le principe de la « juste
valeur ». L’obligation de s’adapter à ce nouveau référentiel n’a pas épargné le Maroc, les entreprises
Marocaines cotées devaient faire face à cette transition qui n’est pas sans difficultés.
L’objectif de ce papier est de faire un rappel du cadre conceptuel des normes comptables
internationales, d’analyser la différence avec le CGNC et finalement mettre l’accent sur les enjeux
liés à l’adoption des IFRS par les entreprises Marocaines.
Mots clé : IFRS, Juste valeur, règle comptable, cadre conceptuel, CGNC
Abstract :
The transition to IFRS is described as an accounting revolution that has fueled several debates and
has changed several accounting rules according to the "fair value" principle. Therefore , Moroccan
companies have to face this change and adopt these new reporting standards which is not without
difficulties.
The aim of this paper is to recall the conceptual framework of international accounting standards,
to analyze the difference with the Moroccan General Accounting Standards and finally to focus on
the issues related to the adoption of IFRS by Moroccan companies.
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Introduction
En effet, les IFRS (International, Financial Reporting Standards) remet en cause le principe du
coût historique parce qu’il ne permet pas de refléter la situation réelle de l’entreprise aux
apporteurs de capitaux qui souhaitent la valoriser à un instant donné.
Etant obligatoire pour les comptes consolidés, la comptabilité à la juste valeur amène les
société à se doter d’un dispositif et d’un ensemble d’instruments qui permettent la production
continue d’informations financières à destination des apporteurs de capitaux afin de lutter
contre l’asymétrie d’information entre les dirigeants et les actionnaires qui sont le pivot de la
bonne gouvernance.
A travers notre papier, nous allons essayer de répondre aux questions suivantes :
Dans une première partie nous étudierons les caractéristiques conceptuelles des nouvelles
normes de valorisation comptable avec une analyse des points de convergences et divergences
avec les normes Marocaines et dans un second temps nous mettrons l’accent sur les différents
enjeux liés à l’application de cette nouvelle convention d’évaluation.
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Tableau 1 : Synthèse des différences entre les anciennes et nouvelles orientations comptables
Anciennes Orientations Nouvelles Orientations
La reddition des comptes et
Rôle de la Comptabilité L’aide à la prise de décision
le contrôle
Utilisateurs des Etats L’investisseur au sens
Multiplicité des utilisateurs
Financiers générique
Qualités attendues de
La fiabilité La pertinence
l’Information Financière
Source : Elaboré par l’auteur
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Les normes IAS-IFRS1 s'inscrivent dans les grands principes des plans comptables, proposant
pour les états financiers, une image fidèle, pertinente, en respectant les principes de prudence
et l'indépendance des exercices déjà édictés par la comptabilité au coût historique.
Cependant, comme déjà annoncé, les nouvelles normes se basent sur des principes non pas
des règles et qui sont les suivants :
Intelligibilité : Une qualité essentielle de l’information fournie dans les états financiers
est d’être compréhensible immédiatement par les utilisateurs. Cependant,
l’information relative à des sujets complexes mais néanmoins pertinente, ne doit pas
être exclue au seul motif qu’elle serait trop difficile à comprendre pour certains
utilisateurs.
Fiabilité :L’information possède la qualité de fiabilité quand elle est exempte d’erreur
et de biais significatifs et que les utilisateurs peuvent lui faire confiance pour présenter
une image fidèle de ce qu’elle est censée présenter ou ce qu’on pourrait s’attendre
raisonnablement à la voir présenter.
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normatives comptables appropriées a normalement pour effet que les états financiers
donnent ce qui généralement s’entend par image fidèle ou présentation fidèle de cette
information. Aussi, pour que l’information présente une image fidèle, il est nécessaire
que les transactions soient comptabilisés et présentés conformément à leur substance
et à leur réalité économique et non pas seulement selon leur forme juridique. En IFRS
le principe de la prédominance de la substance sur l’apparence est un principe de base
de la préparation des états financiers.
Neutralité : Pour être fiable, les états financiers doivent être neutres. Ils ne sont pas
neutres si, par la sélection ou la présentation de l’information ils influencent les prises
de décisions ou le jugement de l’utilisateur.
Exhaustivité : L’information contenue dans les états financiers doit être exhaustive,
autant que le permettent le souci de l’importance relative et celui du coût. Une
omission peut rendre l’information fausse ou trompeuse et, en conséquence, non fiable
et insuffisamment pertinente.
Comparabilité :Les utilisateurs doivent être en mesure de comparer les états financiers
d’une entreprise dans le temps afin d’identifier les tendances de sa situation financière
et de sa performance.Ils doivent également être en mesure de comparer les états
financiers d’entreprises différentes afin d’évaluer, de façon relative, leurs situations
financières, leurs performances et les variations de leurs situations financières.
Il ressort de ce qui précède qu’il y a plusieurs divergences entre les normes IFRS basées sur le
principe de la juste valeur et les normes traditionnelles du Code Général de Normalisation
Comptable et qu’on peut résumer comme suit :
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Le concept de « juste valeur » (Fair Value), déjà présent depuis les années 1950 mais avec
des acceptions spécifiques et un champ d’application limité a pris son sens actuel à partir des
2
CGNC : code Général de normalisation Comptable : Projet élaboré par la commission de la normalisation
comptable en 1986 et mis en application le 10 Novembre 1989 fixant les règles applicables à la comptabilité des
établissements publics et par les avis n°1 et 2 du Conseil National de Comptabilité adoptés par assemblée
plénière réunie le 26 Juillet 1993 et suite à la publication de la loi n°9.88 du 30 Décembre 1992 relative aux
obligations comptables des commerçants
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années 1990. Actuellement, son usage se généralise, dans des domaines très variés, comme
principe d’évaluation initiale des actifs et des passifs.
Elle incarne un système d’évaluation flexible et plus large en s’appuyant sur le principe de
l’information financière prospective, actuarielle, dont le principal objectif et de résoudre le
conflit d’agence entre les managers et les actionnaires et réduire l’asymétrie de l’information.
Selon la norme IFRS 13 « La juste valeur est le prix qui serait reçu pour la vente d’un actif ou
payé pour le transfert d’un passif dans une transaction ordonnée sur le marché principal (ou
le plus avantageux) à la date d’évaluation selon les conditions courantes du marché (i.e. un
prix de sortie), que ce prix soit directement observable ou estimé en utilisant une autre
technique d’évaluation.
La norme IFRS 13 est venue édicter les techniques liées à l’évaluation à la juste valeur :
• Approche par le marché : se fonde sur les informations de marché portant sur des actifs,
des passifs ou un groupe d’actifs et de passifs identiques ou similaires;
•Approche par le résultat : se fonde sur la valeur actualisée des flux de trésorerie futurs à la
date d’évaluation;
• Approche par les coûts : se fonde sur le coût de remplacement.
La nouvelle norme d’évaluation d’une juste valeur suppose que la vente de l’actif ou le
transfert du passif a lieu sur le marché principal pour cet élément. C’est à dire est celui sur
lequel on observe le volume et le niveau d’activité les plus élevés pour l’actif ou le passif en
question. En l’absence de preuve de l’existence d’un autre marché montrant un volume et un
niveau d’activité plus élevés, le marché sur lequel l’entité négocierait normalement l’actif ou
le passif est présumé être le marché principal. En l’absence de marché principal, il faut
recourir au marché le plus avantageux (à savoir le marché qui permet d’obtenir le prix le plus
élevé pour la vente de l’actif ou de payer le prix le plus bas pour le transfert du passif).
On peut conclure que l'évaluation à la juste valeur est beaucoup plus qu'un nouveau standard
comptable. Elle peut être le fondement d'un nouveau modèle de représentation comptable
de l'entreprise « […]dont l'objectif serait de mieuxtraduire dans les états financiers
l'incertitude affectant les prévisions de cash-flows et les opportunités d'investissement […] »
( CASTA , 2003 : 6).
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La logique de prévention des crises systémiques du secteur financier et la recherche d'une plus
grande pertinence de l'information financière sont à l'origine de la formulation d'une offre
d'évaluation à la juste valeur.
L’apport de la Fair Value dans le domaine peut se résumer comme suit :
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Une plus grande transparence financière : L'adoption de l'évaluation à la juste valeur dans
les comptes bancaires procure davantage de transparence financière, en effet, l'information
présentée à la juste valeur est plus utile et utilisable pour les intervenants sur les marchés.
Aussi, nous remarquons une convergence entre l'approche de l'évaluation à la juste valeur et
les nouvelles dispositions de l'accord de Bâle II, vu qu’il accorde une importance accrue à la
communication financière au niveau du pilier 3.
Meilleure prise en compte des risques : L’évaluation à la juste valeur des éléments du bilan
permet une meilleure prise en compte des risques.
Ceci est nettement apparent dans l'évaluation des produits dérivés. De plus, l'utilisation de la
juste valeur comme modalité de mesure des éléments d'actifs et de passifs permet une plus
grande sensibilité aux risques et redonne plus d'exhaustivité aux pondérations effectuées en
fonction des risques d’où un deuxième point de convergence avec les orientations de l'accord
Egalement, des études menées par Barth & Eccher (1996) confirment que la comptabilisation
de la juste valeur des titres apporte une information plus pertinente, ces études montrent que
les informations en juste valeur des titres financiers permettent de mieux expliquer les cours
des banques que les informations issues d'une comptabilité au coût historique.
juger la gestion de l’entreprise. C’est pour cela que la tension sur la bonne gouvernance
s’affirme de plus en plus.
D’ailleurs, le fait de lier le conflit d’agence aux pratiques de la bonne gouvernance au sein de
l’entreprise amènera celle-ci à revoir tout le processus de production de l’information
financière pour qu’elle devienne de plus en plus objective. Or en pratique elle est produite par
des personnes et demeure dépendante de leurs croyances et cognitions. L’information à la
juste valeur a pour objectif de responsabiliser les dirigeants des entreprises sur le fait qu’il
faut communiquer sur les prises de décision ( Comply or Explain)3. Pour être plus lucide,
l’information comptable, pour qu’elle soit alignée avec les principes de la bonne gouvernance,
elle doit reproduire tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre la capacité, d’orienter, de
déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les
opinions et les discours.
C’est pour cette raison que l’information comptable constitue la pierre angulaire d’une bonne
gouvernance au sein des entreprises puisqu’elle engage tous les métiers de l’entreprise dans
l’élaboration d’une information prospective et fiable et s’affirme comme une application pure
du principe « comply or explain ».
Il ressort de ce qui précède que le principe du coût historique accordait une marge de
manœuvre importante aux dirigeants en matière d'intégration de l'incertitude. En fait ils
apprécient subjectivement les risques encourus concernant les charges prévisibles et les
dépréciations d'actifs. «Ceci leur fournit un puissant instrument de stratégie
comptablesusceptible d'influencer fortement la présentation de leur résultat. Ils peuvent de
même utiliser de façonopportuniste les cessions d'actifs recelant des plus ou moins-values
latentes » ( DUMAS, 2004).
Ainsi, les nouvelles normes comptables internationales permettent d'éliminer le risque
d'induire les utilisateurs des états financiers en erreur et diminue les possibilités d’arbitrage.
De plus, la valorisation à la juste valeur réduit la capacité des dirigeants à faire varier le
résultat selon leurs objectifs en matière de communication financière, Dans cette perspective,
Comply or Explain : principe clé d’origine anglo-saxonne en matière de gouvernement d’entreprise, selon
3
lequel les sociétés volontairement soumises à un code de gouvernance doivent en appliquer les dispositions.
Cependant en vertu de ce principe elles peuvent y déroger, auquel cas elles doivent motiver leur choix de façon
claire et précise.
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ce modèle s'inscrit dans le sillage des exigences de gouvernance corporative, c'est à- dire la
séparation plus affirmée entre la propriété et le contrôle des entreprises .
Dans ce même ordre d'idée, cette nouvelle convention d’évaluation, améliore la transparence
de l'information financière et réduit ainsi, les coûts de surveillance engendrés par les relations
contractuelles actionnaires-dirigeants.
Conclusion
En guise de conclusion, on peut dire que les principes comptables qui ont été conçus
auparavant pour favoriser les besoins en informations des autorités de contrôle s'avèrent
actuellement, inadaptés pour répondre aux exigences du contexte économique caractérisé par
plusieurs perturbations qui peuvent affecter les décisions des apporteurs de capitaux.
C’est ainsi que l'investisseur est devenu l'utilisateur privilégié et tout modèle d'évaluation
comptable doit lui permettre une meilleure aide à la prise de décision. Partant de ce principe,
le modèle d'évaluation à la juste valeur présente l’un des dispositifs les plus importants à
mettre en place afin de répondre aux pratiques de la bonne gouvernance et réduire le conflit
d’agence qui existe entre les dirigeants et les actionnaires.
Cependant, cette convention d’évaluation ne trouve son utilité que dans un marché liquide et
efficient. En cas d’un marché inefficient, le jugement et les préoccupations des dirigeants ont
un impact déterminant sur les hypothèses retenus pour l’élaboration du modèle d’évaluation.
Ce qui engendre un manque d'objectivité et de neutralité de ces valorisations et met l'accent
sur la réduction de la fiabilité et de la comparabilité engendrée par l'utilisation des modèles
élaborés.
Dans un même ordre d’idées, la comptabilisation à la juste valeur même si elle aide les
investisseurs à la prise de décision, elle ne leur permet pas d’avoir une idée long terme sur la
valeur de l’entreprise, elle est d’ailleurs critiquée pour son caractère volatile et par la vision
court termiste qu’elle circule.
En dépit de l’analyse que nous avons faite, l’article n’est toutefois exempt de limites et les
prolongements potentiels sont nombreux. La première possibilité serait d’évaluer les points
négatifs de ce modèle d’évaluation sur la prise de décision des investisseurs et les autres
utilisateurs de l’information financière puisque la crise financière a créé plusieurs débats
houleux et a remis en cause ce nouveau modèle d’évaluation, qui a d’ailleurs fait l’objet de
plusieurs amendements de la part de l’IAS Board.
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Références bibliographiques :
gestion : Economica.
Charreaux G (1997b), Mode de contrôle des dirigeants et performance des firmes, coll.
Fama, F. E. (1970), Efficient capital markets: a review of theory and empirical work, The
Journal of Finance.
Jean François Casta( 2001), Juste Valeur, enjeux technique et politiques : Economica.
Dauphine.
Jean-Claude Tournier (2004) .La révolution comptable, du coût historique à la juste valeur :
Editions d’organisation.
IASB, “Fair value measurement“, IFRS 13, May 2011, 109 p., www.iasb.org
capitalisme :Odile.
Power, M. (2010), Fair value accounting, financial economics and the transformation of
Finance, 52 : 2, 737–783.
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ISSN: 2550-469X
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Adil MOUSSEBBIH
Professeur assistant de droit public à l’Université Chouaib Doukkali-Eljadida
Faculté Polydisciplinaire El Jadida
[email protected]
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Résumé :
L’approche budgétaire axée sur les résultats est une nouvelle culture qui laisse une grande
place aux initiatives quant aux moyens et se traduit par une transparence accrue des actions.
Ainsi en s’inscrivant dans le cadre de ces réformes et afin de préparer les préalables de la
gestion budgétaire axée sur la performance, le département des eaux et forêts en tant que
département pilote, s’est engagé depuis 2005 dans une démarche de contractualisation entre
l’administration centrale et les sous ordonnateurs au niveau territorial dans un but
d’optimisation des moyens et d’améliorer davantage les capacités de gestion et les niveaux de
performances dans le cadre de projets territorialisés. Il s’agit d’un renouveau de l’action
publique qui permet de garantir la visibilité budgétaire grâce à la programmation
pluriannuelle, au renforcement du suivi évaluation des contrats programme et l’instauration
de la culture de reddition des comptes.
Mots clés : Gestion axée sur les résultats ; Suivi évaluation ; Contrats programme ;
Performance ; Reddition des comptes
Abstract :
The results-based budgeting approach is a new culture that leaves much room for capacity
initiatives and results in increased transparency of actions. Thus, in line with these reforms
and in order to prepare the prerequisites for performance-based budget management, the
Department of Water and Forests as a pilot department has been committed since 2005 to a
contractual approach between the central administration and the subordinators at the territorial
level with the aim of optimizing resources and further improving management capacities and
performance levels in territorialized projects. This is a renewal of public action to ensure
budget visibility through multi-annual programming, strengthening the monitoring and
evaluation of program contracts and the creation of a culture of accountability.
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Introduction
Dans toutes les démocraties contemporaines, le rendre compte et la demande d'évaluation des
politiques publiques est aujourd'hui de plus en plus pressante de la part des citoyens, des
associations, des agents économiques, des organisations internationales, des élus territoriaux
et nationaux.
Ainsi, désormais, la crédibilité et la légitimité des institutions ne reposent plus sur leur seule
existence formelle, voire sur leurs conditions d’émergence, mais sur un effet de démonstration
du bien-fondé de leur action au service de l’intérêt général. La qualité démocratique d’une
institution s’éprouve désormais dans la continuité temporelle (et non par intermittence à
chaque élection) des pratiques délibératives adossées à de nouvelles exigences en termes
d’écoute, d’impartialité, de responsabilité et de reddition des comptes (Working Paper1, A.
Bouabid, 2011).
L’évaluation des politiques publiques est au cœur des réflexions sur la réforme de l’État.
Mieux gérer l’argent public et rendre des comptes aux citoyens sont des impératifs
indiscutables dans une société émancipée où la légitimité des décisions ne va jamais de soi.
L’évaluation n’a pas pour seul objectif de mesurer les coûts et les effets des politiques, elle
vise aussi à en éclairer les enjeux et les mécanismes afin de permettre à tous, de l’élu au
simple citoyen, d’en devenir les acteurs informés et responsables (B. Perret, 2008).
Au cours des années soixante du siècle dernier plusieurs pays occidentaux (Canada, USA,
Grande Bretagne, France, Suisse) ont ressentie l’importance économique, politique et
technique de l’évaluation des programmes de développement (B.Perret, 2008). Cette
conscience s’est produite pour diverses raisons dont notamment :
l’importance accordée à l’optimisation des ressources et au management stratégique
des programmes ;
l’exigence démocratique et les impératifs de la transparence.
Fondée sur des principes de transparence, pluralisme, rigueur scientifique et indépendance,
l’évaluation des politiques publiques consiste à « explorer et à utiliser les méthodes
rationnelles de recherches systémiques pour constater et apprécier les effets directs et
indirects d’un programme, d’une politique ou d’une action publique sur la population, par
1
Ce papier est produit en marge d'une session du Collectif Stratégie, en partenariat avec l'Association Marocaine de
l'Evaluation et du débat public sur la reddition des comptes
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rapport aux objectifs fixés ou implicites et aux moyens mis en œuvre (P.Nioche et R.Poinsard,
1984).
En fait ; le Maroc ne dispose pas encore d’une tradition ou d’une culture de l’évaluation (A.
Bouabdi, L. Jaidi et M. Harakat., 2004). L’évaluation doit dans nos jours confronter les
réalités nouvelles des sociétés démocratiques complexes et en pleine mutation. L’évaluation
doit constituer, à ce titre, un outil incontournable ou même la clef de la bonne gouvernance
(A. Sedjari., 2004).
En conséquence et vu toutes les évolutions que connaît actuellement les politiques publiques
marocaines, l’évaluation peut constituer le meilleur outil de la réforme de l'Etat, dont la
volonté et la nécessité de faire évoluer ses structures et son organisation. Ainsi, l'évaluation
peut jouer un rôle très important sur deux plans de réformes : la réforme administrative et
territoriale de l'Etat (décentralisation) et la réforme des moyens budgétaires, via la loi de
finances, qui est en train actuellement d’évoluer vers une dialectique de programmes basés sur
des objectifs définis et approuvés d'indicateurs de performance (A. Bouabdi, L. Jaidi et M.
Harakat., 2004).
C’est dans ce cadre que le gouvernement marocain a entrepris un vaste programme de
réforme visant à assurer la modernisation des modes d’intervention de l’administration et la
rationalisation des dépenses publiques. Ces réformes ont été portées, entre autres, sur le
renforcement de la déconcentration administrative et la réforme du processus budgétaire2.
L’approche budgétaire axée sur les résultats3 est une nouvelle culture qui laisse une grande
place aux initiatives quant aux moyens et se traduit par une transparence accrue des actions.
Les principales composantes de cette approche sont : la globalisation des crédits qui consiste à
conférer aux ordonnateurs une plus grande marge de manœuvre dans l’utilisation des crédits
mis à leur disposition ; le partenariat en vue de mobiliser et mutualiser les ressources
2
La circulaire du Premier Ministre n°12/2001 du 25 décembre 2001, relative à l’adaptation de la programmation et de
l’exécution du budget de l’Etat au cadre de la déconcentration, a donné une impulsion à la réforme du processus budgétaire.
Celle-ci s’oriente essentiellement vers la mise en place d’une nouvelle approche de la gestion budgétaire qui met l’accent sur
la recherche de la performance et la réalisation de résultat.
3
La Direction du Budget du Ministère des Finances s’inscrit dans cette dynamique, à travers notamment la mise en place
d’un un vaste programme de réforme budgétaire visant principalement la rationalisation des dépenses publiques, par
notamment la modernisation des procédures budgétaires. Le cadre de dépenses à moyen terme, la budgétisation sensible au
genre, la réforme de la loi organique relative à la loi de finances ainsi que la nouvelle approche budgétaire axée sur les
résultats, sont tous des chantiers de réforme qui montrent clairement l’ambition de la Direction du Budget de donner à
nouveau souffle à la politique budgétaires.
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Dans quelle mesure cette politique menée par le HCEFLCD répond à des critères de
pertinence, d’efficience et de performance ? Jusqu'à quel point la mise en œuvre de
cette politique de contractualisation entre le centre et la périphérie peut-elle renforcer
la place de l'évaluation dans la conduite de la politique du HCEFLCD ?
4
Le Guide de la gestion budgétaire axée sur les résultats, élaboré par la Direction du Budget dans le cadre de la nouvelle
approche budgétaire, constitue un cadre de référence de la contractualisation. C’est un dispositif qui oriente le processus de la
contractualisation en relation avec la programmation budgétaire, en définissant les étapes d’élaboration du budget-
programme entre l’administration centrale et les services déconcentrés.
5
Le département des eaux et forêts a engagé sur la base des études, des plans et des programmes sectoriels un processus de
planification opérationnelle pour une période décennale. Ce programme décennal (2005-2014), composé de projets
territorialisés adaptés aux réalités locales avec un budget global de 8 milliards de dirhams, a été élaboré selon une approche
participative et ascendante qui s’appuie sur une gestion partenariale de l’espace.
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Nous allons aborder dans notre analyse un diagnostic du système de planification et de suivi
évaluation des contrats programme, déceler les avancées réalisées dans le cadre de la
démarche de contractualisation engagée par le département des eaux et forêts depuis 2005, les
faiblesses de ce système et proposer des pistes de réflexions nécessaires pour accompagner
cette démarche.
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Il importe de noter qu’il n'est jamais facile d'harmoniser le temps de l'évaluation et celui
qui rythme la vie d'une politique (calendrier budgétaire, calendrier électoral,
événements sociaux susceptibles de modifier l'agenda politique, etc.).
Dans un schéma idéal, les décisions politiques publiques les plus importantes devraient faire
l'objet d'une évaluation temporelle ou d'une évaluation concomitante intégrée au dispositif de
pilotage de l'action (S. Huteau, 2002).
L’évaluation ex ante est définie comme un outil pour des décisions plus cohérentes. Elle est
réalisée en amont et permet de travailler sur les effets de la politique projetée. Etablie sur la
base d’un diagnostic, elle porte le souci d’optimisation de la stratégie, de la hiérarchisation
des priorités, de la cohérence interne et externe, de la pertinence.
Elle rend compte, au fur et à mesure, des conditions de mise en œuvre, de l’avancement de
l’intervention et des résultats acquis. Elle peut constituer un enrichissement du système de
suivi, qui permet d’ajuster les pratiques ou les objectifs.
Elle apporte un point de vue critique sur les premiers résultats du programme obtenus, avec le
meilleur niveau possible de connaissance pour agir, en recadrant le cas échéant les
interventions problématiques.
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Elle est Conduite au terme d’un projet, d’un programme ou de la mise en œuvre d’une
politique. Elle permet de dresser le bilan du projet, du programme ou de la mise en œuvre de
la politique. Elle se distingue de l’évaluation ex post par sa proximité avec la date de clôture
des opérations. Elle a pour but de rendre compte de l’efficacité des actions passées et
d’éclairer les choix d’avenir.
1.1.2.1 Audit
Dans sa finalité, l’audit aide une organisation à atteindre ses objectifs grâce à une approche
systématique, rigoureuse et méthodologique pour constater et améliorer l’efficacité des
processus de gestion des risques, de contrôle et des processus de gouvernance.
Contrôler une situation signifie être capable de la maîtriser et de la diriger dans le sens voulu.
C’est un processus indépendant, objectif et systématique, visant à apprécier le bien-fondé des
contrôles internes d’une organisation et l’efficacité de ses mécanismes de gestion des risques
et de gouvernance en vue d’en améliorer l’efficacité et la performance générale (A. El ghadi,
2001).
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objectifs et les réalisations. Le contrôle doit aboutir, si nécessaire, à un retour sur l’amont
pour rectifier les décisions et les actions entreprises (A. El ghadi, 2001).
Dans la pratique, le contrôle a un spectre assez large, qui s'étend du « contrôle interne » au
« contrôle externe » exercé sur la gestion6.
L’évaluation peut porter sur différents objets : actions, activités, stratégies, programmes
d’actions, services ou organismes, etc. Les évaluations les plus rencontrées sont celles
relatives aux politiques publiques et programmes d’actions.
Donc l'évaluation des politiques publiques territoriale présente une double dimension :
6 Dans la pratique, le contrôle s'étend du « contrôle interne » au « contrôle externe », exercé sur la gestion. On distingue le
contrôle organisationnel du contrôle interne. Le premier cherche à améliorer les règles et les procédures qui structurent les
décisions et auxquelles les décideurs se référent pour déterminer leurs comportements. Son domaine est donc très vaste et
englobe les systèmes décisionnels et informationnels. Il ne se limite pas au seul contrôle technique. Autrement dit, le contrôle
organisationnel doit donc assurer en temps réel le suivi et la qualité des processus décisionnels. Le second concerne la
fixation des règles, des procédures et le respect de celles-ci. Il est défini par l’ensemble des sécurités contribuant à la maîtrise
de l’entreprise qui a pour but, d’un côté d’assurer la protection, la sauvegarde du patrimoine et la qualité de l’information, de
l’autre, l’application des instructions de direction et de favoriser l’amélioration des performances (C.f. l’ordre des Experts
comptables et comptables agréés, 1977)
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Quantitative : elle mesure les effets de l'action publique territoriale en comparant ses
résultats aux objectifs assignés et aux moyens mis en œuvre, notamment à l'aide
d'indicateurs de performance ;
Qualitative : elle porte un jugement sur la pertinence des objectifs et donc,
éventuellement, peut conduire à en réviser le choix.
L’évaluation est basée sur un ensemble de questions évaluatives qui permettent d’apporter des
réponses précises dans le but de déterminer un certain nombre de critères et de définir la
réalisation des objectifs de développement7. Ces critères permettent ainsi d’atteindre des
objectifs et à faire émerger les problématiques et les enjeux, les points forts et points faibles et
à proposer des améliorations pour la suite de la mise en œuvre de la politique, du programme
ou du projet territorial.
C’est l’adéquation entre les résultats obtenus et les moyens mobilisés (financiers et/ou
humains) (par exemple coûts trop élevés par rapport aux prévisions ou par rapport aux
résultats). C’est également la mesure de laquelle les résultats sont obtenus en minimisant les
ressources utilisées. Ce critère permet à repérer, si l’on a fait les bons choix pour optimiser,
qualitativement et quantitativement les moyens mis à disposition.
La notion de pertinence est très subjective et difficile à mesurer. Toutefois on pourra admettre
que la pertinence et la conformité des moyens et des actions mis en œuvre en vue d’atteindre
7
HUTEAU Serge., (2002), le Management public : élément de la stratégie, d’organisation, d’anticipation, d’animation et de
pilotage des collectivités territoriales, p 27
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un objectif donné. Autrement dit, elle vérifie l’adéquation des objectifs de l’intervention
publique aux enjeux identifiés. Ces objectifs et enjeux sont notamment issus des besoins
identifiés lors du diagnostic. De ce fait, Une politique sera dite pertinente si ses objectifs
explicites sont adaptés à la nature du problème qu'elle est censée résoudre ou prendre en
charge.
1.2.1.3 Notion d’efficacité
Cela consiste à mesurer l’adéquation entre les résultats obtenus et les objectifs initiaux.
L’efficacité est définie par le ‘’bureau du vérificateur général du Canada’’ comme étant « la
mesure dans laquelle un programme atteint les buts visés ou les autres effets recherchés.
1.2.1.4 L’impact
C’est l’appréciation des effets directs ou indirects générés par la politique, à moyen et à long
terme sur les plans technique, économique, social, écologique, etc. En effet, l'action publique
a souvent des effets plus larges que ceux explicitement visés par les décideurs. Ainsi, évaluer
l'impact d'une politique publique consiste donc à en mesurer les conséquences pour la société
et à s'interroger sur leurs caractères bénéfiques ou non.
Par contre, l’impact est différent des Résultats,8 qui sont des effets directs, escomptés ou non,
positifs et/ou négatifs, obtenus au niveau de l’« objectif spécifique » d’une intervention
publique.
8
D’après la définition de la commission européenne, les résultats sont des « avantages ou inconvénients que les destinataires
obtiennent au moment de leur participation ou d’une intervention publique » (Cahier MEANS, 1997) (« extrants »,
« produits », « outcomes », « réalisations », « impacts ».
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Un indicateur peut être soit quantitatif rendant compte d’une donnée directement mesurable,
soit qualitatif. Il décrit généralement un état, une pression et/ou une réponse ne pouvant être
appréhendés directement.
Les indicateurs quantitatifs doivent porter à la fois sur ce qui était prévu (valeurs cibles à
définir dès l'évaluation ex ante et sur ce qui a été constaté. La mesure des écarts entre ce qui a
été constaté et ce qui était prévu constitue l'un des fondements de l'évaluation (critère
d'efficacité).
Un indicateur peut en agréger d'autres. Pour un indicateur agrégé, on parle plus souvent
d'indice. Il doit exister une relation causale entre le fait mesuré (indiqué) et l’indicateur.
L’utilité d’un indicateur dépend d'abord de sa capacité à refléter la réalité, mais aussi de sa
simplicité d'acquisition et de compréhension. A chaque objectif est associé un indicateur qui
permet de mesurer effectivement le niveau de réalisation atteint. Autrement dit, un indicateur
est une représentation chiffrée de l’objectif à atteindre (A. El Ghadi, 2001)
D'une manière générale, un indicateur est un outil d'évaluation et d'aide à la décision
(pilotage, ajustements et rétro correction) grâce auquel on va pouvoir mesurer une situation ou
une tendance, de façon relativement objective, à un instant donné, ou dans le temps et/ou
l'espace.
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éventuellement les impacts, les effets d’entraînement que ces projets peuvent générer
(indicateurs d’évaluation)
- disposer au niveau national d’une vision sur le déroulement du programme « pôles
d’excellence rurale » (indicateurs de suivi) et mesurer les effets de la politique des
pôles au regard des finalités ou des objectifs qui lui ont été assignés en matière, par
exemple, de développement durable, d’innovation ou de dynamisme rural (indicateurs
d’évaluation).
Son rôle consiste à
Identifier des mécanismes propres à un domaine (indicateur sectoriel)
Évaluer la pertinence ou de l'efficacité d'une réponse à un problème
fournir des données quantifiées, il permet de déterminer concrètement le nombre et la
qualité des dispositifs à mettre en place lors de la perturbation d'un milieu par
l'Homme et ses activités.
Évaluer la performance d'une organisation.
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A noter par ailleurs que, les programmes décennaux ont fait l’objet d’une programmation
triennale glissante9 qui reprend les projets d’investissement prévus dans lesdits programmes
tout en les réactualisant.
La démarche de programmation permet de faire le lien entre les objectifs stratégiques et le
budget annuel et de présenter, aussi, le cadre de référence pour la contractualisation des
rapports entre l’administration centrale et les services déconcentrés. Elle permet également
d’estimer de façon plus précise les dépenses d’investissement qui seront allouées dans le
cadre du budget annuel. Il confère en définitive la visibilité requise aux stratégies arrêtées tout
en facilitant leur traduction en actions budgétaires.
Il convient de souligner que la pratique de la contractualisation a permis de définir les
responsabilités des Ordonnateurs et des Sous – Ordonnateurs. Les principales dispositions des
contrats programmes se résument comme suit :
9
Il est à préciser que l’adoption de ce levier de programmation triennale glissante de ses dépenses d’investissement plaide en
faveur de l’utilisation du cadre de dépense à moyen terme (CDMT) préconisé dans le sillage de la réforme budgétaire en
cours. L’introduction de ce dispositif ne semble poser à priori aucune difficulté. Le Haut-Commissariat possède, en effet,
l’expérience et les compétences requises pour entamer la préparation d’un tel document qui retrace les projections relatives à
l’ensemble des dépenses du Haut-Commissariat y compris celles du personnel et de fonctionnement et ce en rapport avec les
ressources financières mobilisables. Cet instrument de programmation sert à la fois de lien entre les objectifs stratégiques et
le budget annuel et de cadre de référence pour la contractualisation des rapports entre l’administration centrale et les services
déconcentrés. Il permet également d’estimer de façon plus précise les dépenses d’investissement qui seront financées dans le
cadre du budget annuel. Il confère en définitive la visibilité requise aux stratégies arrêtées tout en facilitant leur traduction en
actions budgétaires.
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Les innovations introduites en matière de pilotage des programmes ont touché aussi bien les
acteurs que les outils de pilotage.
2.2.1 Acteurs du pilotage stratégique des programmes
La chaîne de responsabilité pour le pilotage des programmes du HCEFLCD est bien identifiée
et les responsables locaux disposent des pouvoirs nécessaires pour leur mise en œuvre.
Par ailleurs, les liens existant au sein de la chaîne de responsabilité sont à la fois d’ordre
hiérarchique, fonctionnel et contractuel. En plus des relations hiérarchiques découlant de
l’organigramme en place, les objectifs assignés aux directions régionales (DREF) font l’objet
d’une contractualisation annuelle et leur évaluation est soumise à l’appréciation d’instances
fonctionnelles créées à cet effet. Le pilotage global des programmes du HCEFLCD est assuré
respectivement par le Conseil d'évaluation et d'orientation et le comité de suivi et de
l'évaluation.
Le Conseil d'évaluation et d'orientation est un organe, présidé par Monsieur le Haut-
Commissaire aux Eaux et forêts et à la Lutte contre la Désertification qui se réunit au moins
une fois par an (janvier de l’année N+1) pour évaluer le processus de mise en œuvre des
budgets programmes de l'exercice écoulé (performances enregistrées en matière d’exécution
budgétaire, indicateurs de performance… et fournir les orientations et les éléments de
cadrage de l'exercice en cours.
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Il ne présente pas de lien explicite avec les objectifs stratégiques qui ressortent des
programmes pluriannuels.
Aussi, est-il recommandé d’élargir le périmètre des contrats programmes pour inclure les
autres activités des services extérieurs tout en veillant à leur associer des indicateurs de
performance appropriés. A ce titre, il est préconisé également d’ajouter aux indicateurs
financiers (taux des engagements et des émissions) déjà adoptés des indicateurs qualitatifs de
réussite des programmes sur lesquels les services extérieurs devront s’engager. Enfin, il est
souhaitable de procéder à l’uniformisation des feuilles de route triennales adoptées pour les
directions centrales suivant un canevas-type.
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Au niveau des services déconcentrés, l’évaluation des travaux de reboisements est faite
moyennant un indicateur qui renseigne sur la réussite du reboisement. Au niveau de chaque
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On peut tirer de ce qui précède que même si le taux d’engagement budgétaire des contrats
programme atteint 95%, le taux de réalisation physique ne dépasse guère 40 à 50% (cas des
travaux de reboisements). Cet état de fait démontre que l’indicateur budgétaire retenu comme
critère unique jugeant la performance réelle des sous ordonnateurs n’est pas pertinent et ne
peut avoir de sens que s’il est corrélé avec d’autres indicateurs physiques comme la
superficie reboisée/an (ha), la qualité des prestations rendues, le nombre de journée de travail
crée /an, la superficie délimitée et homologuée / an, la superficie traitée contre l'érosion
hydrique en ha …).
10
A titre d’illustration, l’établissement du bilan définitif de travaux de reboisement, est l’occasion saisie chaque année par le
département des eaux et forêts pour faire le point sur les résultats enregistrés à l’issue de la dernière campagne de plantations
(superficie plantée, superficie réussie), après le passage du cap de l’été, en prenant comme taux minimum de reprise 60 % des
plants mis en terre. Autrement dit, on considère qu’un périmètre de reboisement comme réussi que si le taux de reprise des
plants y est supérieur ou égal à 60%.
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Eléments Déconcentration
d’efficience
Tableau de
bord
Formation Partenaire
Mise en œuvre du
processus
Entités de
suivi
Indicateurs
de suivi
Outils de suivi
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Système
information
Suivi évaluation
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desdits contrats. A cet effet, le service est chargé de recueillir et d’analyser les informations
relatives à l’exécution des contrats programmes.
L’instauration de ce dispositif a permis d’assurer des avancées incontestables en matière de
responsabilité des acteurs locaux. Cependant ce dispositif gagnerait à être consolidé. En
effet, la structure des entités de suivi et d’évaluation manque de ressources humaines et de
moyens pour mener à bien la mission qui lui est assigné.
Outils de suivi : les indicateurs de performance sont un moyen d’apprécier les divers
aspects d’un projet, programme ou stratégie de développement. Lorsqu’ils s’appuient sur un
solide travail de collecte de données puis d’analyse et de diffusion de ces informations, ces
indicateurs permettent aux gestionnaires de suivre l’avancement de l’action entreprise, d’en
déterminer les résultats et de prendre les mesures correctives qui améliorent la prestation du
service.
Il faut noter cependant que, les indicateurs utilisés pour le suivi et d’évaluation ne présentent
pas de lien explicite avec les objectifs stratégiques qui ressortent des programmes
pluriannuels. Le système de suivi ne couvre pas tous les aspects de la performance de la
contractualisation, puisqu’il se limite seulement au suivi des indicateurs d’activités (délai
d’exécution, engagement, émission…) et ne rend pas compte des aspects liés au résultat des
opérations réalisées.
Par ailleurs, au niveau du département, des fiches d’identité des indicateurs ne sont pas
disponibles. Or, il est essentiel que les indicateurs soient bien documentés, de manière à
permettre d’analyser et d’interpréter leur signification en toute connaissance de cause. Chaque
indicateur doit faire l’objet d’une fiche signalétique explicitant ses conditions d’élaboration et
désignant l’organisme en charge de la collecte et de la centralisation des données. Les limites
ou les biais de l’indicateur doivent être impérativement signalés.
En ce qui concerne l’échange de l’information, la centralisation et la consolidation des
informations relatives au suivi de la mise en œuvre des contrats programmes s’effectuent par
des fichiers électroniques, format Excel. Ces fichiers destinés aux différents sous
ordonnateurs sont renseignés avec une périodicité mensuelle et transmis au niveau central
pour la consolidation des informations au niveau central.
Toutefois, ce dispositif de suivi évaluation présente certaines difficultés liées principalement à
l’incommodité de visualiser aisément l’ensemble des informations requises, au risque
d’introduire des erreurs au cours de la saisie devant la difficulté pour les services
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déconcentrés de renseigner des canevas sous Excel d’une manière facile ainsi l’absence d’une
procédure de validation. Ces facteurs limitatifs ont tendance à constituer une difficulté à
consolider au niveau central des situations de suivi évaluation émanant des services
déconcentrés, ce qui met en cause la fiabilité de l’information ainsi que des retards constatés
dans la transmission des pièces périodiques.
En dépit des éléments du diagnostic établi ci-dessus, il apparaît ainsi que la réussite de la
démarche contractuelle est fonction de la mise en place d’éléments indispensables qui
assurent l’efficience et l’efficacité de la démarche. Ces éléments, qui concernent aussi bien le
processus de mise en œuvre que l’accompagnement de la démarche, sont déclinés comme
suit :
3.2.1 Eléments indispensable à la mise en œuvre de la démarche :
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11
Pour mieux comprendre cette dimension du contrôle de gestion, il est possible de faire référence au « triangle du contrôle
de gestion ». Ce schéma met en relation les moyens alloués au gestionnaire, les objectifs qui lui sont fixés et les réalisations.
La pertinence se définit comme le rapport entre les objectifs et les moyens qui leur sont consacrés. L’efficience est le rapport
entre les moyens et les réalisations. L’efficacité mesure le rapport entre les objectifs initialement fixés et les réalisations. Ces
réalisations concernent notamment le résultat final de l’action des administrations (ou impact) et le niveau de qualité atteint,
qui sont avec l’efficience les deux autres dimensions de la performance.
12
Le contrôle de gestion permet de préparer l’action en amont, par l’élaboration des budgets et en aidant à la fixation des
objectifs et à l’allocation des moyens. Les ratios budgétaires utilisés par le contrôle de gestion ont pour objectifs de faciliter
la préparation budgétaire et d’éclairer les réflexions pour mettre en places des normes d’estimation des dépenses. Ces ratios
permettent d’établir des données standard permettant d’affiner la prévision budgétaire et de construire un budget de dépenses
de fonctionnement.
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Par ailleurs, les indicateurs de performance retenus dans lesdits contrats se limitent
uniquement aux taux d’exécution budgétaire et à certains délais prévus au procédurier
technique (lancement et approbation des marchés, préparation des sols, plantation, etc.). Ce
dispositif institutionnel gagnerait, par conséquent, à être consolidé dans la mesure où :
Il ne couvre pas tous les aspects de la performance des directions
territoriales13 notamment l’exploitation forestière, les affaires contentieuses…
Il ne précise pas les responsabilités respectives des différents intervenants dans
l’exécution des contrats programme ;
Il ne présente pas de lien explicite avec les objectifs stratégiques qui ressortent des
programmes pluriannuels.
Des écarts constatés entre les objectifs fixés et les réalisations, ainsi que des retards dans
la mise en place des actes administratifs inhérents à la contractualisation (échange
d’information, fiabilité des données et envoi tardif des documents de suivi…)
Par ailleurs, les indicateurs retenus par le département des eaux et forêts pour l’évaluation de
l’exécution des contrats programmes sont des simples indicateurs d’activité restent insuffisants
pour apprécier l’efficacité, la pertinence des investissements. A ce titre, les gestionnaires
territoriaux doivent être contrôlés et évalués sur la base de leurs performances au-delà des
aspects comptables et budgétaires.
Aussi, est-il recommandé d’élargir le périmètre des contrats programmes pour inclure les
autres activités des services extérieurs tout en veillant à leur associer des indicateurs de
performance appropriés14. A ce titre, il est préconisé également d’ajouter aux indicateurs
financiers (taux des engagements et des émissions) déjà adoptés des indicateurs qualitatifs de
réussite des programmes sur lesquels les services extérieurs devront s’engager.
Ainsi, et dans le cadre d'une démarche qualité15 une réflexion profonde doit être menée pour
renforcer le système actuel de performance par la construction des indicateurs composites ou
synthétiques d'évaluation pouvant traduire la finalité des programmes et leur impact sur le
13
L’appréciation de la performance des services opérationnels ne peut être dans ces conditions que partielle.
14
Il serait judicieux à cet égard d’assurer un élargissement du périmètre de responsabilité du service de suivi évaluation et de
sa mutation à terme en un véritable service de contrôle de gestion dont les prérogatives s’étendent à l’analyse de toutes les
activités du HCEFLCD.
15
Dans le même sens, l’élaboration d’un système d’évaluation standard et participatif sur le terrain et la définition des
indicateurs d’évaluation pertinents à l’échelle infra territoriale s’impose pour apprécier de manière opérationnelle la qualité
des prestations, afin d’orienter les choix des gestionnaires et pouvoir explorer les scenarii et les perspectives prometteuses
pour une meilleure gestion de son action sur le terrain.
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Ce système permettra certes de réduire les délais et les coûts liés à la préparation et la saisie des informations en se
focalisant sur l’analyse, le traitement et l’établissement des rapports suivi évaluation).
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Résumé :
Cet article vise à étudier les déterminants de la décision des entreprises de recourir à une
augmentation de capital réservée aux salariés en France. Sur la base d’un échantillon de 110
sociétés non financières cotées de 2005 à 2014 appartenant à l’ex-SBF250, les résultats issus
des régressions logistiques permettent de confirmer en partie les prédictions de la théorie
positive de l’agence. Les résultats mettent en évidence une influence du cadre légal, de la
structure de propriété et de la taille de l’entreprise sur la décision des entreprises de recourir à
une augmentation de capital réservée aux salariés.
Mots clés : augmentation de capital réservée aux salariés, théorie positive de l’agence,
décision, performance, gouvernance.
Abstract :
The objective of this article is to study the determinants of the firms’ decision to issue shares
reserved to employees. Using a sample of 110 non financial French companies belonging to
the ex-SBF250 index (CAC-All-Tradable) covering the period 2005 to 2014, the results
partially confirm the predictions of the positive agency theory. We find that the adoption of
employee equity issue seems rather influenced by the regulations governing the issuance of
these shares, the structure of corporate ownership and the size of the company.
Key words: employee equity issue, positive agency theory, decision, performance, corporate
governance.
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Introduction
Selon la 7ème enquête annuelle sur l’actionnariat salarié (2016)1, la contribution des salariés au
financement de leur entreprise, à travers les opérations qui leur sont réservées (ACRS),
progresse. Avec 3,5 millions de salariés actionnaires en 2014, la France demeure l’un des
pays européens les plus actifs en matière d’actionnariat salarié (Association Française de
Gestion Financière). Pour Guery et Pendleton (2016), cette contribution financière des salariés
a eu l’avantage de renforcer les fonds propres des entreprises françaises leur permettant de
mieux faire face aux différentes crises économiques et financières récentes. L’Autorité des
Marchés Financiers définit une ACRS comme une émission d’actions nouvelles que seuls les
salariés peuvent souscrire. Si ces augmentations de capital font partie intégrante des
mécanismes de développement de l’actionnariat salarié (Alidou, 2016 ; Aubert et Rapp,
2010), la recherche en sciences de gestion s’est peu intéressée à ces opérations. C’est plutôt le
système d’actionnariat salarié, des stock-options ou encore de l’épargne salariale qui a
bénéficié d’un intérêt considérable. Or, les ACRS se développent de plus en plus en France.
Ce développement a été permis par de nombreux dispositifs législatifs (la loi 86-793 du 2
Juillet 1986 sur les privatisations des entreprises publiques, la loi 2001-152 du 19 février 2001
sur l’épargne salariale et la loi 2006-1770 du 30 décembre 2006 sur le développement de la
participation et de l’actionnariat salarié). Il s’agit de la troisième forme la plus importante
d’augmentation de capital en France sur la période 2005-2014 après les augmentations de
capital en numéraire avec appel public à l’épargne et les augmentations de capital par exercice
des bons de souscription2. Plusieurs travaux théoriques et empiriques ont cherché à expliquer
le développement des opérations d’actionnariat salarié principalement sous l’angle de la
théorie positive de l’agence. Ces opérations sont alors analysées comme un mécanisme
d’alignement des intérêts des salariés et des actionnaires. Deux principales voies de recherche
ont été explorées. Il s’agit de la relation entre, d’une part, les opérations d’actionnariat salarié
et la performance de l’entreprise, d’autre part, les opérations d’actionnariat salarié et le
système de gouvernance de l’entreprise (Hollandts et Guedri, 2008 ; Benartzi et al., 2007 ;
Trébucq, 2004 ; Desbrières, 2002, Blair, 1995). Même si aucune des études ne permet de
conclure à un impact négatif des opérations d’actionnariat salarié, les résultats sont
1
Benchmark 2016 réalisé par la Fédération française des Associations d’Actionnaires Salariés et anciens
salariés, et Altedia.
2 Nos propres calculs sur la base des rapports annuels de l’Autorité des Marchés Financiers.
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période d’analyse, les mesures des variables et la méthode d’estimation). Les statistiques
descriptives et les résultats et leur discussion font l’objet d’une dernière section.
Pour les actionnaires, les ACRS constituent une source de financement stable et fiscalement
avantageuse qui renforce les fonds propres de l’entreprise. En effet, le lien étroit entre ces
opérations et les dispositifs d’épargne salariale proposés par l’entreprise (intéressement,
participation, plan épargne entreprise) permet à l’entreprise de bénéficier d’avantages fiscaux
et sociaux qui rendent ce mode de financement attractif. En outre, de par le double statut des
salariés actionnaires et le blocage des sommes investies pendant cinq ans au minimum3, les
ACRS permettent à l’entreprise d’avoir une gestion à plus ou moins long terme des fonds qui
sont mis à sa disposition (Mothié, 2008). Contrairement à une augmentation de capital
classique, l’ACRS permet ainsi à l’entreprise de lever des capitaux tout en bénéficiant de
nombreux avantages : 1) une gestion plus efficace à la discrétion de l’entreprise des fonds
bloqués, 2) un signal positif envoyé aux marchés financiers car la participation financière des
salariés déjà liés par un contrat de travail à l’entreprise, peut traduire la confiance de ces
derniers dans la gestion de l’entreprise, 3) une dilution moins importante du capital en raison
de la faible part de capital offerte aux salariés actionnaires, 4) une opération financière
favorisant une incitation des salariés à la maximisation de la création de valeur en faisant
dépendre une partie de leur patrimoine de la valeur de l’entreprise. Par conséquent, nous
supposons que les entreprises qui génèrent peu de ressources internes en comparaison à ce qui
est nécessaire pour leur fonctionnement, sont celles qui ouvrent davantage leur capital aux
salariés (Ittner et al., 2003 ; Core et Guay, 2001).
H1 : les entreprises financièrement contraintes sont celles qui décident de recourir à une
ACRS.
3
Sauf cas de déblocage anticipé (licenciement, mariage, etc.).
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Par ailleurs, les ACRS peuvent permettre aux entreprises de se protéger contre d’éventuelles
prises de contrôle hostile et aux actionnaires de se procurer une prime d’offre plus élevée
(Rauh, 2006 ; Chaplinsky et Niehaus, 1994 ; Stulz, 1988). Aubert et al. (2014) montrent par
exemple que l’actionnariat salarié peut être utilisé comme mécanisme d’enracinement
notamment par des « mauvais » dirigeants (sous performants) afin de servir leurs intérêts
personnels et stratégiques. Un risque potentiel de collusion existe entre dirigeants et salariés
actionnaires dans la mesure où la mise en œuvre de tels mécanismes peut être motivée par la
formation d’une alliance entre salariés et dirigeants afin de repousser les prises de contrôle
hostiles (Beatty, 1995 ; Chang et Mayers, 1992). Les salariés actionnaires courant le risque de
voir leur contrat rompu en cas de succès de la prise de contrôle, renonceraient à apporter leurs
actions à l’offre publique d’acquisition (OPA). L’analyse de la structure de propriété mesurée
par le pourcentage de capital détenu par les différents actionnaires permet d’émettre une
hypothèse quant à la probabilité pour une firme d’être la cible d’une offre publique
d’acquisition. A cet effet, nous estimons que le degré de concentration de la structure de
propriété, permet d’identifier la probabilité pour l’entreprise de faire l’objet d’une prise de
contrôle hostile. Pour un groupe d’actionnaires détenant une part significative du capital de
l’entreprise, l’incitation à investir dans le contrôle du management est plus élevée car ils
s’approprieront une part non négligeable des bénéfices qui en seront issus. La concentration
de la propriété traduit un contrôle plus efficace du management (Agrawal et Knoeber, 1996),
réduisant la probabilité d’être cible d’une OPA hostile et celle de recourir à une ACRS en tant
que mécanisme de défense (Trébucq, 2002).
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Si l’ACRS peut constituer un moyen pour les dirigeants des sociétés endettées de bénéficier
d’une source de capital disponible (Kruse, 1996), ce mode alternatif de financement
constituerait un moyen pour les dirigeants de se soustraire du contrôle que les créanciers
pourraient exercer. Ceci favoriserait une réduction des conflits qui existent entre les
actionnaires et les créanciers. En effet, selon De Romanet (2008) « les représentants des
salariés actionnaires sont présents au conseil d’administration et peuvent éviter que de trop
grands risques soient pris par le management ». Le risque que supportent les salariés
actionnaires en investissant en capital humain et financier, accroît la confiance des créanciers
dans la gestion de l’entreprise.
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La décision des dirigeants de recourir à une ACRS reste contrainte par le contexte légal. Dans
un rapport sur la participation financière des salariés4, Pendleton et Poutsma (2004) précisent
que les gouvernements jouent, à des degrés divers, un rôle pivot en matière de participation
financière. Ce rôle influence potentiellement l’ampleur, les pratiques et les caractéristiques de
ce dispositif au sein des entreprises. Ainsi, les auteurs soulignent l’importance d’identifier le
rôle de cet acteur afin de mieux comprendre les spécificités en matière de participation
financière. En soutenant le développement des opérations d’actionnariat salarié à travers des
dispositifs législatifs favorables, il convient de tenir compte de l’influence de la politique de
l’Etat à l’égard des ACRS pour expliquer la décision des entreprises de recourir à ces
opérations. Au nombre des dispositifs (lois, décrets, …) prévus par l’Etat on retient
principalement la loi sur l’épargne salariale du 19 février 2001. Cette loi stipule que lors de
toute décision d’augmentation de capital en numéraire, une assemblée générale extraordinaire
doit se prononcer sur un projet de résolution tendant à réaliser une ACRS. Par conséquent,
nous supposons que la mise en place par les entreprises d’une augmentation de capital
classique les incite à en réserver une part à leurs salariés.
Cette même loi du 19 février 2001 stipule que l’assemblée générale extraordinaire doit se
prononcer également tous les trois ans sur un projet de résolution tendant à mettre en place
une ACRS lorsque le pourcentage de capital détenu par les salariés est inférieur à 3%.
Certains auteurs, comme Faleye et al. (2006), voient dans l’augmentation de la part de capital
détenue par les salariés, un outil d’enracinement des dirigeants. Un accroissement de la part
de capital détenue par les salariés actionnaires devraient rendre inefficace le système de
gouvernance. Dans cette étude et conformément aux dispositions prévues par la loi du 19
février 2001, nous supposons que le pourcentage de capital détenu par les salariés inciterait
les entreprises à leur ouvrir davantage le capital.
4
Ce concept est considéré ici par les auteurs, dans son sens le plus large à savoir l’intéressement, l’actionnariat
salarié et les stock-options (Pendleton et Poutsma, 2004).
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H7 : la part de capital détenue par les salariés est positivement liée la décision des
entreprises de recourir à une ACRS.
Dans notre étude, nous considérons deux variables de contrôle susceptibles d’influencer la
décision des entreprises de mettre en place une ACRS. Il s’agit de la taille de l’entreprise et
du secteur d’activité. La prise en compte de la taille en tant que variable de contrôle permet
d’apporter une explication complémentaire à la décision des entreprises de recourir à une
ACRS. En effet, selon les arguments de la théorie positive de l’agence, les entreprises de plus
grande taille sont supposées être confrontées à des problèmes d’asymétrie d’information et
donc de coûts d’agence plus importants que les entreprises de plus petite taille (Jensen et
Meckling, 1976). L’enjeu de mettre en place une ACRS pour fédérer les salariés autour
d’objectifs communs et réduire les coûts d’agence prend donc son importance au sein des
structures de plus grande taille. De surcroît, cette opération contribuerait à l’alignement des
intérêts des salariés sur ceux des actionnaires et permettrait de réduire les coûts de contrôle
(Pendleton, 2006 ; Kroumova et Sesil, 2006 ; Sesil et al., 2002).
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2. Méthodologie de recherche
2.1. Echantillon, période d’analyse et opérationnalisation des variables
L’échantillon de départ est constitué de l’ensemble des sociétés cotées composant l’ex-indice
SBF250 (CAC-All-Tradable) durant la période 2005-2014. Sur la base de cet échantillon
initial, nous avons retiré les entreprises qui ne sont pas françaises, les entreprises du secteur
banque finance et assurance, celles qui n’ont pas été présentes dans l’indice sur l’ensemble de
la période d’étude et, enfin, celles pour lesquelles nous ne disposions pas de toutes les
données sur la période d’étude. Notre échantillon final d’étude comporte ainsi 110 sociétés
françaises non financières soit 1 083 firmes-années. Suivant la classification sectorielle (ICB),
le tableau 1 montre que la majorité des entreprises de l’échantillon appartiennent au secteur
industriel (30%) suivi du secteur des biens de consommation (20%), du secteur des services
aux consommateurs (18,18%), puis du secteur technologique (17,27%).
La variable à expliquer est la décision des entreprises de recourir à une ACRS (DACRS). Il
s’agit d’une variable dichotomique. Elle prend la valeur 1, s’il y a une décision de l’entreprise
i en année t de recourir à une ACRS et 0, sinon. Pour construire cette variable, nous avons
tenu compte de la décision du conseil d’administration ou du directoire de recourir à une
ACRS car elle est suivie d’une mise en place effective de l’opération. La variable à expliquer
a été construite à partir de trois sources : les documents relatifs aux ACRS disponibles auprès
de l’Autorité des Marchés Financiers, les notices d’Euronext sur les opérations réalisées par
les entreprises sur le marché boursier et les rapports annuels des entreprises.
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En ce qui concerne les variables explicatives et les variables de contrôle, les données ont été
toutes collectées de la base de données Datastream et leurs mesures sont ci-dessous
résumées :
*Structure de propriété (CONC) : Nous avons supposé une relation négative entre la
concentration de propriété et la mise en place d’une ACRS en tant que mécanisme anti-OPA.
Pour opérationnaliser la concentration du capital nous avons calculé un indice de
concentration. Il est basé sur l’indice de Herfindahl-Hirschmann (IHH) utilisé pour mesurer la
concentration du marché. La formule de calcul de cet indice est le suivant :
*Ratio d’endettement (ENDET) : Il s’agit du rapport entre l’endettement financier net et les
capitaux propres. L’endettement financier net correspond à la somme des dettes financières à
court et à long terme moins la trésorerie (disponibilités et valeurs mobilières de placement).
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*Part de capital détenue par les salariés (ACTSAL) : il s’agit du pourcentage de capital
détenu par les salariés.
*Taille (EFF) : La taille de l’entreprise est mesurée comme dans les études d’Ittner et al.
(2003) et Core et Guay (2001) par le logarithme de l’effectif total.
*Secteur d’activité (SECT) : Dans notre étude, nous considérons sept secteurs suivant la
classification sectorielle internationale ICB1. Nous avons décomposé cette variable en sept
variables binaires traduisant le code sectoriel de chacune des entreprises. La valeur 1 est
attribuée à chaque entreprise relevant de l’industrie considérée tandis que la valeur 0 indique
l’appartenance à une autre industrie.
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Pour tester les relations entre la décision des entreprises de recourir à une ACRS et les
variables explicatives ci-dessus abordées, nous avons eu recours à l’économétrie des données
de panel. Afin d’avoir une meilleure représentation de la dynamique des comportements des
entreprises et de tenir compte de leur éventuelle hétérogénéité, les données de panel, de par
leur double dimension individuelle (les individus diffèrent les uns des autres) et temporelle (la
situation de chaque individu varie d’une période à l’autre) se révèlent plus adaptées (Cameron
et Trivedi, 2009). Nous avons conduit nos tests sur un panel non cylindré et le logiciel Stata
11 a été utilisé. La variable à expliquer étant une variable dichotomique, nous procédons à des
régressions logistiques. Nos estimations utilisent la méthode du cluster-robust-standard
errors (Petersen, 2009). Ceci revient à supposer que les erreurs d’une même firme peuvent
être corrélées mais pas forcément les données d’une firme à une autre. Nous avons créé une
nouvelle variable Entreprise qui est la variable cluster permettant de donner la valeur 1 à
toutes les observations de la firme 1, la valeur 2 à toutes les observations de la firme 2, etc.
Concrètement, nous estimons le modèle économétrique suivant :
3. Résultats
3.1. Statistiques descriptives et matrice de corrélation
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Le tableau 3 porte sur les statistiques descriptives de la variable à expliquer. Notre échantillon
est composé de 1 083 firmes-années parmi lesquelles uniquement 16% décident de mettre en
place une ACRS. Sur l’échantillon des 110 entreprises, 49 entreprises ont ainsi au moins une
fois eu recours à une ACRS durant la période d’étude.
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DACRS CF MTB CONC ENDET ROE AUGM ACTSAL EFF SECT 1 SECT 2 SECT 3 SECT 4 SECT 5 SECT 6 SECT
7
DACRS 1
CF -0,08*** 1
MTB 0,01 0,17*** 1
CONC -0,04 0,03 -0,02 1
ENDET 0,10*** -0,18*** 0,02 -0,03 1
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Source : Elaboré par l’auteur sur la base des résultats des estimations.
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Le tableau 7 présente les résultats de notre modèle. Les résultats trouvés révèlent que la
relation entre le niveau des contraintes de financement (CF) et la décision des entreprises de
recourir à une ACRS est statistiquement non significative. Notre résultat ne confirme pas
celui de Borstadt et Zwirlein (1995) qui trouvent que certaines entreprises adoptent les
opérations d’actionnariat salarié en situation de détresse financière. Ce résultat tendrait à
justifier, au vu de la faible part de capital que peuvent parfois détenir les salariés actionnaires,
l’utilisation des ACRS en tant qu’outil de gestion des ressources humaines plutôt qu’en tant
qu’instrument de financement. En effet, selon le baromètre des tendances de l’actionnariat
salarié (2010)5, parmi les 88% d'entreprises ayant déclaré encourager l'actionnariat salarié,
91% le font afin de renforcer le sentiment d'appartenance des salariés à l'entreprise, 63% y
voient un vecteur d'accroissement de la motivation et de l'engagement des salariés et 59%
veulent faire bénéficier les salariés de l’avantage financier procuré par la participation au
capital. Notre hypothèse H1 n’est pas validée.
Robust Standard
DACRS Coefficient Error z P>|z| [95% Conf. Interval]
CF -0,9802 1,7086 -0,57 0,566 -4,329 3,369
MTB 0,0267 0,0363 0,73 0,462 -0,044 0,978
CONC -2,8370 ** 1,4242 -1,99 0,04- -5,628 -0,045
ENDET 0,0003 0,0012 0,26 0,797 -0,002 0,003
ROE -0,0011 0,0009 -1,22 0,223 -0,003 0,001
AUGM 0,7743 ** 0,3453 2,24 0,025 0,097 1,451
ACTSAL 0,0860 0,0544 1,58 0,114 -0,021 0,192
EFF 0,7251** 0,2955 2,45 0,014 0,146 1,304
SECT1 0,1136 0,5367 0,21 0,832 -0,938 1,165
SECT2 0,1259 0,6138 0,21 0,838 -1,077 1,329
SECT5 0,5917 0,7634 0,77 0,438 -0,905 2,088
CONS -4,285 1,457 -2,94 0,003 -7,141 -1,429
Nombre d’observations : 1 083
Wald chi2(11) = 61.27 Log pseudolikelihood = -409.71463
Prob > chi2 = 0.0000 Pseudo R2 = 0.1387
***, **, * Coefficients significatifs respectivement au seuil de 1%, 5% et 10%
Source : Elaboré par l’auteur sur la base des résultats des estimations.
5
L’étude porte sur un échantillon de 56 grandes entreprises dont 56% appartiennent au CAC40.
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Nous ne confirmons pas non plus la relation entre les opportunités d’investissement (MTB) et
la décision de recourir à une ACRS. Le coefficient n’est pas statistiquement significatif. Ce
résultat est en contradiction avec ceux des études antérieures de Core et Guay (2001) et
d’Ittner et al. (2003). Pour ces auteurs, la participation des salariés au capital serait un moyen
d’attirer et de retenir les salariés détenant les compétences clés afin de les inciter à exploiter
les opportunités d’investissement. La probabilité de recourir aux opérations d’actionnariat
salarié augmenterait avec les opportunités d’investissement (Core et Guay, 2001). Toutes
choses égales par ailleurs, cet effet positif mais non significatif mis en évidence par cette
recherche peut, entre autres, s’expliquer par le fait que l’importance des opportunités
d’investissement aurait plutôt tendance à exacerber les conflits d’intérêt puisque la valeur de
l’entreprise correspond à la valeur actualisée de ses projets futurs (Smith, 1991). De par
l’investissement en capital humain réalisé par les salariés, ces derniers seraient peu enclins à
investir de nouveau en actions. Notre hypothèse H2 n’est pas validée.
La structure de propriété a pour objectif d’identifier la probabilité pour une entreprise d’être la
cible d’une prise de contrôle hostile. Dans ce cas, l’ACRS serait utilisée comme un outil
potentiel de défense contre d’éventuelles prises de contrôle hostiles. L’indice de concentration
Herfindahl utilisé (IHH) nous a permis d’évaluer le degré de concentration de l’actionnariat
des entreprises. Les entreprises de notre échantillon ont une structure de propriété
relativement concentrée (0,38) et on observe une relation négative statistiquement
significative au seuil de 5% entre cette variable et la décision de recourir à une ACRS. Toutes
choses égales par ailleurs, les entreprises à actionnariat relativement concentré semblent
moins faire l’objet d’une prise de contrôle hostile du fait d’un contrôle supposé plus étroit des
dirigeants (Chang, 1990). En conséquence, l’intérêt de recourir à une ACRS en tant qu’outil
anti-OPA se trouve réduit. Notre hypothèse H3 est validée.
Le ratio d’endettement net a une relation non significative avec la variable à expliquer. En
moyenne les entreprises de l’échantillon ont un taux d’endettement de 85%. Nous avons
supposé que les entreprises ayant un niveau d’endettement élevé devraient recourir aux ACRS
afin de disposer d’une source de capital alternative permettant de réduire les conflits d’intérêts
entre les actionnaires et les créanciers. Nous ne validons pas l’hypothèse H4. Ce résultat ne
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soutient pas non plus celui obtenu par Kruse (1996) qui considère la participation financière
des entreprises comme une source alternative de financement pour les entreprises endettées.
Nous avons également supposé que l’ACRS permettrait aux entreprises de partager la
performance de leur entreprise avec les salariés. De surcroît, ce serait un moyen d’inciter les
salariés à accroître leurs efforts afin de maintenir et relever ce niveau de performance. Les
résultats trouvés ne permettent pas d’établir une relation statistiquement significative entre la
performance et la décision des entreprises de recourir à une ACRS. Ils sont conformes aux
conclusions issues de la revue de la littérature quant au rôle ambigu de l’impact de cette
variable sur les opérations d’actionnariat salarié (Trébucq, 2004). Toe et al. (2017) soulignent
un impact négatif de l’actionnariat salarié significatif sur la performance des entreprises. Ces
résultats semblent démontrer le « côté obscur » de l’actionnariat salarié (Faleye et al. 2006)
lorsque les salariés participent de manière importante au capital et à la gouvernance de
l’entreprise. Selon O’Boyle et al. (2016) en soulignant un faible effet positif de l’actionnariat
salarié sur la performance en raison des éléments liés au contexte. C’est également la
conclusion de Kim et Patel (2017). Sur la base d’un échantillon de 31 pays européens (dont la
France) et 1797 entreprises (de 2006 à 2014), ces auteurs montrent que l’effet unique de
l’actionnariat salarié, pris isolément sur la performance est non significatif. En revanche,
l’effet combiné des différents niveaux d’analyse (entreprise, industrie, pays et année) permet
de faire ressortir des effets positifs plus importants. Notre hypothèse H5 n’est donc pas
validée.
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système de gouvernance (Kim et Ouimet, 2014 ; Cronqvist et al. 2009 ; Faleye et al., 2006).
L’hypothèse H7 n’est pas validée.
Au niveau des variables de contrôle, les résultats mettent en évidence une relation positive
significative au seuil de 5% entre la taille et la décision des entreprises de recourir à une
ACRS. Ce résultat est conforme à ceux trouvés par les travaux antérieurs. Pour la deuxième
variable de contrôle liée à la nature du secteur d’activité huit industries ont été identifiées
suivant la classification ICB1 d’Euronext. Les résultats ne permettent pas d’établir une
relation entre les variables liées au secteur d’activité et la décision de recourir à une ACRS.
Les résultats trouvés sont non significatifs. Le faible nombre d’entreprises appartenant aux
secteurs retenus dans le modèle peut être à l’origine de ces résultats non significatifs.
Conclusion
Cette étude a cherché à vérifier si la décision des entreprises de recourir à une ACRS résulte
de la prise en compte par les dirigeants des intérêts des actionnaires et de la politique de
l’Etat. Sur la base d’une revue de la littérature portant sur les opérations d’actionnariat salarié,
nous avons identifié des facteurs susceptibles d’expliquer ce choix financier des entreprises
d’ouvrir le capital à leur personnel. Dans l’ensemble, notre étude permet de valider
partiellement les prédictions de la théorie positive de l’agence. Nous confirmons une
influence de la politique de l’Etat concernant les ACRS sur la décision des entreprises de
recourir à ces opérations. La variable liée à la mise en place d’une augmentation de capital
classique influence positivement la décision. Quant aux intérêts des actionnaires (et/ou des
dirigeants), ils apparaissent partiellement influencer la décision des entreprises de recourir à
une ACRS. En effet, l’étude révèle que le niveau de concentration de l’actionnariat a une
influence négative sur la décision des entreprises d’ouvrir le capital aux salariés. Les
entreprises à actionnariat concentré n’ont ainsi pas besoin d’utiliser les ACRS en tant que
mécanisme de défense contre les OPA. Nous n’identifions, enfin, aucune relation entre les
opportunités d’investissement, les contraintes de financement, le niveau d’endettement, la
performance et la décision de recourir à une ACRS. Enfin, la taille de l’entreprise apparaît
jouer un rôle significatif sur la décision des entreprises de recourir à une ACRS.
Cette étude interroge sur l’effet global de la contribution des salariés au financement de leurs
entreprises. Ces dernières sont-elles disposées à mobiliser sur le long terme les capitaux
auprès des salariés ? Comment s’assurer que ces ACRS, en plus d’être un outil de
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Abdenbi DAHRI
Docteur en Economie & Gestion
FSJES Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fès
[email protected]
Résumé :
La relation avec la banque fait partie des relations complexes que doivent gérer les PME dans
le cadre de leur quotidien. Le présent travail est un essai de modélisation de ladite relation.
Basé sur une étude de cas et des entrevues avec les responsables d’une PME et les chargés
d’affaires des banques partenaires, il fait ressortir des hypothèses de recherche pouvant
expliquer la satisfaction de la PME dans le cadre de sa relation avec la banque.
Abstract :
The relationship with the bank is part of the complex relationships that SMEs must manage in
their daily lives. The present study is an attempt of modelization of this relationship.
Based on a case study and interviews with SME managers and partner bank managers, it
highlights research hypotheses that can explain the satisfaction of SMEs in its relationship
with the bank.
Introduction
Parmi les moyens de financement qui s’offrent à la petite et moyenne entreprise (PME), le
crédit bancaire constitue une des sources les plus utilisées.
Le financement des PME a fait l’objet de plusieurs études. Plus particulièrement, la relation
banque-PME a été appréhendée sous plusieurs angles. Toutefois, l’examen de la littérature
traitant le thème démontre la dominance des études à caractère descriptif, prescriptif et
normatif.
La présente recherche est un essai d’exploration de la relation banque-pme dans une optique
de définition des facteurs influençant la qualité de ladite relation. En d’autres termes, c’est
une tentative d’apporter des éléments de réponse au questionnement suivant : Quels sont
facteurs explicatifs de la satisfaction d’une PME dans le cadre de sa relation avec une banque
partenaire ?
Pour ce faire, nous allons dans un premier lieu présenter une esquisse brève des travaux de
recherche traitant de la relation banque-PME. Ensuite, nous présenterons nos choix
méthodologiques avant de présenter l’entreprise objet de l’étude. Enfin nous présenterons et
analyserons les résultats de la recherche.
1
Nous ne prétendons pas ici de faire un bilan exhaustif de la littérature. Nous nous contenterons de passer en
revue les travaux devant servir notre problématique de recherche.
2. Choix méthodologiques
L’approche de recherche sélectionnée afin de collecter et analyser les données pouvant servir
la problématique posée est celle de l’étude de cas. Roy (2003) définit l’étude de cas comme
étant « une approche de recherche empirique qui consiste à enquêter sur un phénomène, un
événement, un groupe ou un ensemble d’individus, sélectionné de façon non aléatoire, afin
d’en tirer une description précise et une interprétation qui dépasse ses bornes ». Dans le
même ordre d’idées, Yin (2003) considère que l’étude de cas est « une enquête empirique qui
étudie un phénomène contemporain dans son contexte de vie réelle, où les limites entre le
phénomène et le contexte ne sont pas nettement évidentes, et dans lequel des sources
d'informations multiples sont utilisées». De son côté, Hamel (1997) observe que l’étude de
cas consiste « à rapporter un événement à son contexte et à le considérer sous cet aspect pour
voir comment il s'y manifeste et se développe».
L’étude de cas se distingue donc de l’approche par échantillonnage par le fait que la sélection
des sujets obéit à d’autres critères autres que la représentativité statistique. De même, à la
différence des études quantitatives, l’étude de cas a la particularité de se concentrer sur un
nombre limité de sujets, dans l’objectif précis d’approfondir la compréhension d’un
phénomène social. Ainsi, à l’aide d’un très grand nombre d’informations et d’observations sur
les sujets étudiés et sur les multiples dimensions contextuelles, la force principale de l’étude
de cas réside dans sa capacité à appréhender des réalités nouvelles, ou à tout le moins, peu
étudiées dans la littérature. Elle présente également l’avantage indéniable de « rendre compte
de facteurs difficilement mesurables dans le cadre d’études quantitatives par échantillon »
(Roy, 2003) dans la mesure où elle permet de situer les cas étudiés à l’intérieur de leur
contexte historique et géographique.
Comme toute approche méthodologique, l’étude de cas fait l’objet de certaines critiques
cherchant principalement à remettre en question sa validité interne et externe. D’une part,
certains affirment que l’étude de cas offre beaucoup de liberté au chercheur, ce qui risque
d'entraîner de fait une déformation des résultats obtenus. D’autre part, on lui reproche
également de sélectionner les cas étudiés de manière non-représentative de l’ensemble, ne
permettant pas la généralisation des résultats. A l'encontre de ces critiques, il est possible
d’avancer plusieurs arguments venant démontrer le caractère rigoureux de la démarche
scientifique associée à l’étude de cas. Ainsi, à la critique adressée au sujet de la validité
externe, il convient de répondre que l’objectif de l’étude de cas n’est pas de généraliser les
résultats obtenus auprès d’un échantillon, mais bien de mettre en lumière un phénomène
social présentant un intérêt scientifique indéniable. En effet, comme le précise Yin (2003), «
l'étude de cas, comme l'expérimentation, ne représente pas un « échantillon », et l'objectif du
chercheur est d'étendre et de généraliser théories (généralisation analytique) et non pas
d'énumérer les fréquences de (généralisation statistique) ». L’étude de cas ne poursuit donc
pas la représentativité au plan statistique, mais cherche à apporter un éclairage nouveau et
approfondi sur une problématique nouvelle susceptible d’intéresser tant la communauté
scientifique que générale.
Par ailleurs, la triangulation des données s’avère une méthode efficace pour remédier à la
faiblesse de la validité interne de l’étude de cas. La triangulation des données consiste à
multiplier ses méthodes et/ou ses sources de mesure afin « de combler les lacunes ou biais de
chacune des méthodes ou des sources d’information dont le chercheur fera usage » (Roy,
2003). De même, la triangulation présente l’avantage de placer l’objet d’étude sous « le feu
d’éclairages différents dans l’espoir de lui donner tout son relief » (Hamel, 1997). Ainsi, en
multipliant les sources d’information utilisées pour analyser le(s) cas, le chercheur renforce la
richesse de son analyse et réduit conséquemment l'influence de ses biais personnels.
Yin (2003) estime que le cas unique peut être assimilé à l'expérimentation. Conséquemment,
les raisons d'étudier un cas unique sont celles motivant l'expérimentation. Il distingue cinq
situations dans lesquelles le recours au cas unique est justifié : 1) Le chercheur souhaite tester
une théorie existante soit pour la confirmer, la remettre en cause ou la compléter; 2) Le cas
étudié présente un caractère extrême ou unique résultant de la rareté du phénomène étudié; 3)
Le cas étudié est "typique" ou "représentatif". On suppose alors que les résultats renseignent
sur un comportement typique ; 4) Le cas étudié permet de révéler un phénomène qui n'est pas
rare mais qui était jusque-là inaccessible à la communauté scientifique; 5) Une étude
longitudinale où l'on étudie le cas au moins à deux moments dans le temps.
Au vu des situations précitées, nous étudierons un cas unique puisque l’entreprise objet de
l’étude présente une spécificité très rare. En effet, aucune de ses lignes de crédit bancaire n’est
couverte par une garantie. Par ailleurs, nous optons pour une triangulation des données
moyennant des entretiens semi-dirigés avec le chef comptable, le responsable financier et le
directeur général et les chargés d’affaires auprès des banques partenaires de l’entreprise. Nous
reprendrons l’essentiel du verbatim de nos entrevues.
2
La lettre de crédit (aussi appelé accréditif, L/C, crédit documentaire ou « crédoc ») est un document prouvant
un engagement de paiement souscrit par la banque d'un importateur vis-à-vis d’un exportateur
3
Le London Interbank Offered Rate (LIBOR) est un taux d'intérêt de référence du marché monétaire
interbancaire à Londres. Il est publié chaque jour à 11h par l'Association des Banques Anglaises (British Bankers
Association). Il est déterminé pour de nombreuses devises telles la livre sterling, le dollar, l’Euro, etc. Son calcul
permet de déterminer la solvabilité d'un échantillon de banques dans le monde
renégocier les lignes de crédit et éventuellement les conditions bancaires. A ceci s’ajoute
d’autres réunions en cas de besoin ». Cette affirmation est confirmée par les chargés
d’affaires des deux banques pour qui « cette réunion annuelle permet d’avoir des idées claires
sur la situation présente et future de la société ».
Hypothèse 3 : Une bonne communication avec la banque autour de la situation de
l’entreprise et de ses projections dans l’avenir contribuerait à sa satisfaction quant à sa
relation avec la banque.
Dans une autre veine, l’entreprise met en concurrence les deux banques partenaires pour
améliorer les conditions bancaires. En effet, le responsable financier affirme que « quand vous
traitez avec deux ou plusieurs banques, il est facile de les mettre en concurrence. Cherchant à
avoir le grand lot du volume de nos opérations, chacune d’elles essaye de proposer des
conditions plus avantageuses que l’autre. Ceci nous permet de réaliser des économies en
termes de commissions et frais financiers. Mieux encore, il nous arrive de solliciter d’autres
banques et si on parvient à décrocher des conditions moins onéreuses que celles appliquées
par nos banques partenaires, on leur demande de s’aligner ».
Hypothèse 4 : Plus l’entreprise traite avec plusieurs banques, plus elle serait satisfaite
dans le cadre de sa relation avec lesdites banques.
l’entreprise n’est autre que sa structure financière. Dans ce sens, le chef comptable affirme :
« nous suivons de très bien certains ratios. Une lecture simple de nos bilans des derniers
exercices permet de s’apercevoir que le ratio fonds propres/total du bilan dépasse toujours
les 40%. Il en va de même pour le ratio dettes bancaires/fonds propres qui est toujours à un
niveau inférieur à un. Outre les capitaux propres proprement dit, nous avons des comptes
courants d’associés créditeurs importants qui sont pratiquement bloqués. Il arrive même que
pour ne pas nuire à nos équilibres financiers, nous ne distribuons pas de dividendes. Lors de
plusieurs exercices, nous avons mis tous nos bénéfices en réserves. D’autant plus, nous
disposons d’un patrimoine important en termes surtout de matériel. Personnellement, je vois
mal une banque financier une entreprise créée moyennant une domiciliation auprès d’une
autre». Ces affirmations sont reprises en d’autres termes par un chargé d’affaires : « en tant
que banque, nous refusons de financer une insuffisance chronique en fonds propres. Nous
exigeons souvent que les associés prennent un risque supérieur ou égal à celui que nous
prenons »
Hypothèse 6 : Plus la structure financière de la PME est saine, plus elle serait satisfaite
dans le cadre de sa relation avec lesdites banques.
La fiabilité des informations comptables de l’entreprise est avancée également comme
argument pour justifier la bonne relation qu’elle entretient avec les deux banques partenaires.
Dans cette veine, le responsable financier considère que « certains affirment que dans la
réalité il faut savoir distinguer trois bilans surtout quand il s’agit de PME : un bilan réel, un
bilan destiné aux banques et un autre destiné au fisc. A notre propre initiative, quand on
remet le bilan annuel aux banques, on leur remet un bilan homologué par les services de la
direction générale des impôts. Ça leur permet au moins de s’assurer que le bilan qu’ils ont
entre leurs mains est le même que celui déposé auprès du fisc. Et comme nous sommes une
SARL dont le chiffre d’affaires dépasse les 50 millions de dirhams, nous sommes dans
l’obligation d’avoir un commissaire aux comptes. Parmi les documents que nous remettons
aux banques, il y’a aussi le rapport du commissaire aux comptes. Vous savez, il y’a quelques
années, avant de mettre en place un système de comptabilité analytique, nos opérations
d’inventaire des stocks ont connu quelques incidents notamment en termes d’évaluation, ce
qui a fait que le commissaire aux comptes a émis des réserves sur la valeur des stocks. Il faut
dire que nous avons constaté une certaine réticence de la part de nos banques surtout en
matière d’autorisation des dépassements des lignes négociées… A notre propre initiative
également, nous communiquons aux banques le détail de certains postes importants du bilan
comme le poste clients et le poste fournisseurs, tout ceci pour faire preuve de clarté ». Ces
propos sont corroborés dans l’essentiel par le chef comptable et les chargés d’affaires. Un des
chargés d’affaire nous a par ailleurs affirmé « vous savez c’est important d’avoir des bilans
facilement lisibles et cohérents. Il m’arrive des fois de recevoir des bilans de certains clients
et quand je vais sur colonne réservée au bilan et au compte de produits et de charges à
l’exercice précédent, je m’aperçois que ça ne concorde pas avec l’exercice précédent ».
Hypothèse 7 : la certification sans réserves des comptes et la clarté de l’information
comptable de la PME contribueraient à sa satisfaction dans le cadre de sa relation avec
la banque.
L’aspect compétences des ressources humaines de l’entreprise a été également mis en avant
par le directeur général. En effet, il affirme : « nous ne serons jamais parvenus à ces
conditions satisfaisantes avec nos banques si on s’est pas doté de ressources humaines dans
notre service financier connaissant la finance d’entreprise. Loin de là l’idée de me vanter, il
y’a des PME qui croient encore qu’ils ne peuvent pas des conditions bancaires. Pire encore,
il y’en a qui savent pas que les intérêts sur comptes courants sont calculés à base des dates de
valeur. Nous en faisons partie aussi lors des premières années de création mais nous avons
fini par apprendre »
Hypothèse 8 : Les compétences des ressources humaines de la PME dans le domaine
financier et bancaire contribueraient à sa satisfaction dans le cadre de sa relation avec la
banque
Conclusion
A travers une étude de cas avec une PME dont les responsables ont exprimé une complète
satisfaction de leur relation avec les banques partenaires, nous avons essayé d’extraire des
hypothèses pouvant servir à la construction d’un modèle de satisfaction de la PME dans le
cadre de sa relation avec la banque.
Notre présent travail ouvre sur une autre piste de recherche. Il conviendra d’élaborer un
instrument de mesure permettant de mesurer d’une part la satisfaction d’une PME dans une
telle relation. En effet, nous avons souligné, compte tenu de la littérature traitant du sujet, que
nous considérons comme satisfaite une PME ayant accès au financement bancaire à moindre
coût et sans garanties excessives. Toute la question serait alors de savoir comment quantifier
ces éléments pour pouvoir les mesurer. Il en va de même pour certains aspects des hypothèses
formulées. Ainsi, à titre d’exemple, il faudra trouver un moyen permettant de quantifier la
clarté de l’information comptable et la certification des comptes et qu’en sera-t-il d’une PME
non soumise à l’obligation du commissariat aux comptes.
Une fois ces questions d’ordre méthodologique résolues, il s’imposera de réaliser une étude
quantitative couvrant un large éventail des PME pour pouvoir tester les hypothèses formulées
chacune prise isolément ainsi que le modèle dans son ensemble.
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Aimad DATOUSSAID
Maître de conférences en économie
Laboratoire Management de l’Innovation et Marketing (MIM),
Réseau Maghtech, Université Djilali Lyabes, Sidi Bel Abbes, ALGERIE.
Email : [email protected]
Abdelkader HAMADI
Docteur en économie, Enseignant-chercheur au CLERSE-CNRS,
Réseau Maghtech, Université de Lille 1, FRANCE.
Email : [email protected]
Résumé :
Dans le cadre des études empiriques de terrain et de la recherche managériale dans la sphère
maritime, l’article montre comment l’ancien modèle de gestion étatiste portuaire en Algérie a
pu générer de nouvelles sources d’innovation maritime et favoriser par conséquent l’adoption
du modèle fondée sur la connaissance tacite. Sur ce, l’étude de cas portant sur la moyenne
entreprise portuaire algérienne révèle que la rentabilité financière semblerait provenir non pas
de l’investissement dans la recherche et développement comme actif explicite mais de
l’investissement dans les connaissances tacites dans le contexte de l’approche évolutionniste.
Mots clés: Algérie, PME portuaire, connaissance tacite, recherche et développement, routines.
Abstract:
In the context of empirical field studies and managerial research in the maritime sphere, this
paper displays how the former model of port state management in Algeria has been able to
generate new resources of maritime innovation, and thus promote the adoption the model
based on tacit knowledge. The case study of Medium Algerian Port Company reveals that
financial profitability would seem not to come from investing in research and development as
an explicit asset, but from investing in tacit knowledge of the evolutionary approach.
Keywords: Algeria, Port SME, Tacit knowledge, Research and Development, Routines.
Introduction
Les connaissances tacites ont été constituées dans l’entreprise portuaire algérienne avec les
tentatives de réforme du modèle de gestion étatiste adopté depuis l’indépendance du pays
(1962) dont l’état est à la fois acteur et régulateur. Ce modèle qui se base sur la planification
en tant que système d’organisation du développement portuaire a relevé la diffusion
insuffisante des connaissances obtenues au sein du système national portuaire et par
conséquent une sous optimisation du capital connaissance détenu au sein de l’entreprise. Ce
système qui se base sur l’échelle de la hiérarchie, dans un seul sens (haut-bas); n’accorde
aucune attention particulière aux idées détenues par les subordonnées vu que la décision
économique demeure toujours centralisée (Mohamed-Chérif, 2007). Conjoncture qui
démontre que les connaissances acquises au sein du milieu de travail ainsi que l’expérience
portuaire en terme de manutention, de remorquage, de pilotage, etc. accumulée par les
travailleurs sont inexploitées par la direction générale selon (Nonaka & Takeuchi, 1995). De
1
Elle a été créée par décret n° 82-290 du 14/08/1982. L'Entreprise Portuaire de Ghazaouet a à sa charge : Le Port
de commerce de Ghazaouet ; Le Port de pêche de Beni-Saf, L'abri de pêche de Honaine et le port de pêche et de
plaisance de Marsa Ben M'hidi (En cours de réalisation), quant à eux, sont à la charge de la nouvelle filiale de
l'Entreprise : E.G.P.P.G depuis le 1er Juillet 2004.
même, l’adoption du modèle de Hayuth (1981), modèle relatif à l’évolution spatiale d’un
système de port, engendre une augmentation du trafic dans un ou plusieurs ports secondaires
ou dits « périphériques ». A cet effet, la restructuration du secteur en entreprises portuaires
avec la suppression de l’office national des ports en 1982 (décret n°82-31 du 23 janvier
1982), bien qu’elle a permis d’acquérir une certaine spécialisation dans plusieurs activités
portuaires, sa nouvelle configuration de société par action (SPA) en 1992 (décret n°92-27 du
20 janvier 1992) a dispersé les capacités humaines et à pousser plusieurs travailleurs en
retraite anticipée. Donc, en raison du changement d’activités du personnel et du fait de la
méconnaissance de la capacité d’initiative et de la créativité des hommes, un socle important
du savoir tacite amassé au fil des années passées s’est perdu dans la plupart des cas. Cette
conjoncture a affaibli le potentiel de recherche et développement ceci d’une part et d’autre
part les formations de qualité qui devraient être effectuées dans ce sens sont totalement
négligées. En conséquence, l’incidence de l’infrastructure maritime obsolète auquel s’ajoutant
les équipements d’exploitation inadaptés rendent les techniques de maitrise de l’appareil de
commercialisation portuaire désuètes et ne correspondent pas au rythme effréné des
innovations dans la sphère maritime. Et avec l’apparition du phénomène de privatisation
(article 15 de l’ordonnance 01.04. du 20 août 2001) des activités commerciales en 2001
(manutention, acconage.. etc), l’offre de service portuaire algérien est restée la plus faible
offre dans la région méditerranéenne (Mohamed-Cherif & Ducruet, 2012). A cet effet, les
autorités algériennes ont opté pour un nouveau mode de privatisation qui se base sur le
partenariat public-privé (décret n° 2006-139 du 15 avril 2006). mais sans pour autant être
appliqué. Par conséquent, le maintien du monopole des activités commerciales est demeuré
toujours étatiste d’où, des faiblesses dans les chaînes logistiques sont enregistrées à savoir: le
transport de marchandises vers l’Algérie est l’un des plus coûteux du bassin méditerranéen
(Ducruet, et al., 2011; Setti, et al., 2011); la productivité portuaire algérienne avec dix (10)
conteneurs à l’heure, reste la plus faible en Méditerranée; pour les marchandises, les délais de
transit sont de 23 jours contre 4 à 5 jours chez les voisins marocains et tunisiens (Ulied,
Bosca, 2008); Les équipements de chargement et de déchargement ainsi que le stockage des
céréales par exemple sont inadaptés. De ce fait, Les rendements se situent en dessous de 200
tonnes à l’heure, par rapport aux 1000 à 1500 tonnes permises par des équipements modernes.
Et c’est pourquoi, l’Algérie occupe la 140ème place au sein du classement mondial des ports.
Nous constatons que les PME portuaires en Algérie connaissent des difficultés à faire face à la
nouvelle situation économique du pays et à s’adapter aux nouvelles exigences du commerce
maritime international dictées par la mondialisation (Setti, et al., 2011). Réellement, les
hydrocarbures par la rente qu’elles génèrent, ont toujours occupé une part prépondérante dans
le trafic portuaire total en Algérie (Mohamed-Cherif, 1999), alors que, les PME portuaires
doivent jouer un rôle d’intermédiaire crucial afin de faciliter l’opportunité d’exportation et
d’importation des matières premières et des produits finis et semi finis des autres types
d’entreprises. Au lieu d’exporter pour avoir l’occasion d’apprendre au sens de (Fairbanks,
2000), les sorties hors hydrocarbures ne représentent aujourd’hui que 14% du trafic national,
contre 52% en 1962 et 90% en 1952 (MDT, 2006, 2010). En 2007, par exemple, l'ensemble
des ports d'Algérie a réalisé un trafic de 130 millions de tonnes de marchandises, dont 102
millions étaient des produits pétrolifères. Les PME portuaires algériennes donc continuent de
vivre dans le même régime de routine portuaire. Un régime qui est établi sous la pression des
facteurs d’environnement externe à l’entreprise provenant du système économique portuaire
existant et de la part du pouvoir public. Toutefois, cette incapacité portuaire de convertir le
régime de routine en une dynamique endogène, non liée à des contraintes financières, résulte
de la faible capacité de convertir les revenus des hydrocarbures en capitaux cognitifs dont la
hausse des prix du pétrole sur le marché international était le premier déterminant de la bonne
performance de croissance durant la dernière décennie (Djeflat & Lundvall, 2016). Cette
conversion a une relation directe avec le non retour vers l’expérience accumulée par les
travailleurs (cadres, ingénieurs et de techniciens…etc) (Rakoto, 2004). Les travailleurs dans la
PME portuaire algérienne ont accumulé de l’expérience qui est sous-jacente du régime de
routine. L’expérience en question constitue la base du savoir tacite (Koskinen & Vanharanta,
2002; Polanyi, 1966) et les routines constituent également une richesse de connaissances
tacites (Levitt & March, 1998). Les routines sont un élément essentiel de l’évolution de la
firme car elles peuvent diminuer l’incertitude; ou, au contraire amorcer une reconfiguration
des compétences existantes (Nelson & Winter, 1982). En définitive, L’expérience portuaire
accumulée des individus (au point de vue technique qu’au point de vue organisationnel et
managérial) et que les routines établies au sein des entreprises portuaires ne sont pas
provenues d’une façon hasardeuse mais elles résultent d’une capacité d’apprentissage (Foray,
2009). Un apprentissage sur le tas d’une importance capitale peut produire du progrès
technique selon Arrow (Arrow 1962 a, 1962b). Les produits d’apprentissage par la pratique
est un socle important de connaissances implicites non transcrits dans des manuels. Ces
connaissances tacites sont très dépendantes du contexte (Johannessen, et al., 2001). Dans ce
cadre, l’État algérien a pris conscience que le passage vers la mondialisation maritime
suppose forcément des efforts de mise à niveau pour rendre les PME portuaires plus
performantes. De ce fait, Le secteur portuaire a bénéficié durant le 1er plan quinquennal
(2005-2009) près d’une cinquantaine (50) de projets répartis autour des ports nationaux
(MDT, 2006, 2010). Ces derniers qui s'élèvent à environ 507 millions d'euros, soit moins de
7% du total des investissements de ce type à l'échelle du Maghreb (Invest in Med, 2009). Par
ailleurs, ces projets se limitent uniquement aux projets de R&D et aux projets de formations
dans le but d’agrandir, d’améliorer les infrastructures afin de réduire la dépendance envers les
autres ports maghrébins et méditerranéens en attirant plus d’escales directes. Ces projets
constituent l’investissement dans les connaissances explicites alors que le paradoxe est que
nous enregistrons une carence totale dans l’insertion des connaissances tacites qui
représentent 80 à 90% des connaissances dans l’entreprise selon (Nonaka & Takeuchi, 1995).
Polanyi qui a été le premier à avoir introduit le concept de connaissance tacite, exprime le
sens du concept de la manière simple et précise ce qui suit : « Nous connaissons plus que
nous pouvons dire » (Polanyi, 1966: 4). La place des connaissances tacites dans le stock
immatériel des entreprises représente environ 85% à 90% car elle est enfermée dans la tête de
chaque personne présente dans l’organisation (Djeflat, 2004; Johannessen, et al., 2001;
Nonaka & Takeuchi, 1995). Polanyi (1966) fut le premier à séparer les connaissances en deux
formes distinctes: (verbalisées et non verbalisées). Cette distinction résulte du fait qu’une
partie de la connaissance peut être transcrite dans des supports et peut être facilement
transmissible (connaissance explicites) alors qu’une partie des connaissances demeure non
codifiée (connaissance implicite). « La connaissance explicite peut donc assez facilement être
transféré à d’autres sous forme de documents réutilisables en utilisant les technologies de
l’information » (Winter, 1987: 171). Il s’agit des documents qui englobent toutes les
informations qui concernent les processus de formation, les projets de recherche et
développement, les clients, les fournisseurs, etc. Par conséquent, la connaissance tacite
constitue une ressource inestimable pour la compétitivité des entreprises (Johnson, et al.,
2002). Effectivement, les connaissances tacites sont caractérisées par la difficulté de
transmission; non seulement, elles sont spécifiques à un contexte mais leur correspondance
avec l’expérience rendent leur disparition possible, c'est-à-dire, l’accès devient limité dès lors
que la personne n’est pas disponible; par exemple: après la démission de certains travailleurs
ou après leur départ à la retraite. Donc, le retour vers l’expérience devient processus
indispensable nécessitant un dispositif réglementaire à mettre en place (Rakoto, 2004). Des
difficultés de leur transfert persistent selon (Badaracco, 1991; Hamel, 1991) mais elles ne sont
pas considérées comme impossible à transférer (Nonaka & Takeuchi, 1995). La connaissance
tacite selon (Jensen, et al., 2007; Nelson & Winter, 1982) est tenue comme ressource
stratégique d’innovation pour les entreprises. Cependant, une grande partie de la littérature
soutient que c’est la connaissance tacite qui déterminera dans quelle mesure les entreprises
seront compétitives face à un marché turbulent et une économie mondialisée (Spender &
Grant, 1996; Teece, et al., 1997). Foray, (2009) considère que la connaissance tacite n’est pas
comme le fourrage, épuisé par une surconsommation. Du fait qu’elle est une ressource
inépuisable, elle ne se détruit pas par l’usage. Elle est cumulative. Elle représente une
ressource stratégique et source interne de création de richesse pour les entreprises et les
organisations (Dosi 1988; Nelson &Winter 1982; Quinn, et al., 1996; Solow, 1997; Stewart,
1997). Les connaissances tacites, souvent négligées dans les approches occidentales, jouent
un rôle crucial dans la perspective de création de connaissances adoptée par les entreprises
japonaises (Nonaka &Takeuchi, 1995). « La connaissance tacite est désormais un facteur de
crise potentielle, notamment lorsque les institutions comme le marché du travail interne, la
corporation, la communauté de pratique ne fonctionnent pas bien » (Foray, 2009: 53). La
promotion des connaissances tacites peuvent alors avoir de grands avantages pouvant
déclencher une dynamique endogène pour renforcer les mécanismes d’apprentissage et la
création des connaissances ainsi que la diversification des services portuaires.
Les routines sont le pivot de l’approche évolutionniste (Arena & Lazaric, 2003). Elles se
définissent selon (Dubuisson, 1998: 492) comme « des solutions adéquates à des situations
actuelles identiques aux problèmes rencontrés antérieurement ». Le régime de routines
englobe un socle important du savoir incarnées dans les formes, les règles, les procédures, les
conventions, les opérations autour desquelles les organisations sont construites (Levitt &
March, 1998). Cette notion qui était marginalisée pendant une longue durée a refait surface de
nouveau dans la représentation évolutionniste car les routines en question constituent des
traces de connaissance incrustées dans l’existence de la logique de l’entreprise (Dosi et al,
1998). Ces connaissances structurant les routines incluent une large composante de
connaissances tacites qui reposent sur le mécanisme d’apprentissage (Nelson & Winter,
1982). Ces routines qui résultent-elles mêmes d’un ensemble d’apprentissages et qui finissent
par consolider les connaissances tacites sont devenues des mécanismes de gouvernement et de
contrôle (Dosi, 1988). De telles connaissances qui sont stockées en tant que schémas
comportementaux réguliers et prévisibles rendent la mutation de routines imprévisible par
nature. En effet, les idées encastrées dans les routines ouvrent des perspectives intéressantes
vers l’innovation parce que ce phénomène est souvent le résultat d’une idée nouvelle (Nelson
& Winter, 1982). Alors, la capacité de renouvellement des routines dans une entreprise
deviendrait primordiale dans une optique centrée sur l’innovation. Étant donné que les
connaissances tacites sont le cœur de l’avantage compétitif des firmes (Perraton & Tarrant,
2007), les routines constituent également la base des capacités concurrentielles dans une
activité particulière au sein d’une entreprise. Teece, (1988) résume les perceptions extérieures
quant à la nature de ces compétences de la manière suivante: « Ces gens sont bons en matière
de…….. ». Spécifiquement, de telles compétences ont une dimension tacite importante qui
rend l’imitation par d’autres entreprises difficile mais pas impossible au sens de (Nonaka &
Takeuchi, 1995).
Pour vérifier la connaissance tacite dans le secteur portuaire en Algérie, nous avons privilégié
une étude de cas prospective microéconomique d’une entreprise portuaire située à l’Ouest
Algérie (figure n°1). L’ Entreprise Portuaire de Ghazaouet (EPG), après une activité
routinière qui existe depuis longtemps, ambitionne à élargir son activité de R&D à travers
quatre grands projets de développement: étude de réalisation de la nouvelle gare maritime
(étude financée par le gouvernement espagnol); schéma directeur du développement du port
(horizon 2025), financé dans le cadre de la coopération algéro-coréenne; protection et
extension des capacités du port, dont le maître d’ouvrage est la direction des travaux publics
et pénétrante directe sur le port depuis l’autoroute Est-Ouest (41Km) financés par l’état
algérien.
Notre analyse s’appuie donc sur les agrégats financiers suivants : Valeur ajoutée (VA) ;
Investissement Total (IT) ; Investissement Matériel (IM); Investissement Immatériel (IIM):
(R&D, Formation et valeurs incorporelles) ; Effectifs (L); Salaires (SA) (tableau 1). Le
tableau (n°2) nous permettra de connaître la part alloué à l’investissement matériel et
l’investissement immatériel. Le calcul des ratios du tableau (n°3) nous montre la rentabilité
financière totale et marginale par catégorie d’investissement. Le tableau (n°4) reprend les
investissements immatériels par catégorie en particulier l’investissement dans les actifs
explicites à savoir: la R&D, la Formation et les valeurs incorporelles. Les résultats du tableau
(n°5) font le calcul de la rentabilité de chaque actif explicite. La comparaison effectuée dans
le tableau (n°6) et qui se base sur le calcul de la PGF révèle l’importance du capital
connaissance en particulier la connaissance tacite dans ce cas de figure.
Tableau n°(1): Agrégats financiers durant 2008-2014 Unité : dinars algériens courants
1 VA 402 100 000 405 110 000 411 152 000 441 614 000 562 062 000 578 198 000 600 321 000
2 IT 1 322 069 443 1 253 762 265 2 029 550 725 1 435 652 481 2 828 095 952 2 715 629 924 2 656 626 135
3 IM 1 032 088 243 899 276 645 1 644 057 762 943 187 284 2 142 083 252 2 021 433 535 1 947 256 550
4 IIM 289 981 200 354 485 620 385 492 963 492 465 197 686 012 700 694 196 389 709 369 585
5 L 126 126 126 126 123 123 120
6 SA 34 336 700 38 873 220 41 311 050 43 912 000 44 612 000 51 190 000 50 336 000
Source : établi à partir des données du service comptabilité et finance de l’entreprise et du tableau n° 2.
Nous constatons à travers le tableau 1 que durant la période 2008-2014, la valeur ajoutée et
les salaires connaissent une évolution progressive (ligne 1 et 6). Toutefois, l’investissement
dans l’immatériel est bien inférieur à l’investissement matériel (ligne 3 et 4).
Tableau n° (2): Part d'investissement matériel et immatériel de l'investissement total durant 2008-2014
Le tableau 2 montre que l’investissement immatériel représente une faible part sur
l’investissement total (34 % en 2011 comme plafond), sur la période 2008-2014, tandis que
l’investissement matériel prend la plus grande part durant toutes les années avec un taux de
81% en 2010.
Tableau n° (3): Rentabilité financière (totale et marginale) durant 2008-2014
Comme le montre le tableau 3, La rentabilité financière totale, calculée par le ratio Valeur
Ajoutée/Investissement Matériel (ligne 1) durant la période 2008-2014, enregistre des taux
faibles. Non seulement la contribution annuelle dans la valeur ajoutée n’a pas engendré un
gain mais elle n’est même pas égalée. A contrario, l’investissement immatériel est rentable
(ligne 3), sa rentabilité est bien supérieure à celle de l’investissement matériel et ce malgré
les faibles taux enregistrés dans la période 2011 à 2014. Il a enregistré des taux de 38% en
2008, 14% en 2009 et 6% en 2010. Quant à la rentabilité financière marginale, nous
constatons qu’elle est aussi faible, déjà elle est négative concernant l’investissement matériel
dans les années 2009, 2011, 2013 et 2014 (ligne 2), tandis que l’investissement immatériel
marginal demeure positif mais inférieur à 1 durant la période 2009 à 2012 (ligne 4), puis
supérieur à 1 entre 2013 et 2014. Le calcul de la rentabilité financière prise dans son ensemble
sans dissocier l’investissement immatériel de peut prêter à confusion et nous pousser à tirer
des conclusions hâtives. A cet effet, nous allons détailler les calculs dans les tableaux 4et 5 à
travers la distinction de la part de chaque actif explicite de l’investissement immatériel en
connaissances explicites.
Tableau n° (4): Répartition de l’investissement en connaissances explicites durant la période 2008-2014
Unité : dinars algériens courants
Connaissances 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
explicites
449 200 449 200
Valeurs incorporelles 449200 449200 449 200 449 200 449 200
1410300 1 500 512
Formations 1 099 000 1 238 420 1 576 763 962 997 1 292 500
Recherches et
développement 288 433 000 341 652 000 383 467 000 491 053 000 684 271 000 692 336 889 707 419 873
Tableau n° 5: Indice de la rentabilité financière des connaissances explicites par catégorie durant
2008-2014
2
10 %de moins
3
18% de moins
4
16,5% de moins
5
15% de moins
avec K qui indique la quantité du capital et qui est mesuré par l’accumulation
d’investissement.
Tableau n° 6 : le capital cumulé, productivité et productivité globale des facteurs durant 2008-2014
1 VA/ L 3 191 270 3 215 159 3 504 873 4 569 609 4 569 609 4 700 797 5 002 675
2 K/L 10 492 614 20 443 109 36 550 654 47 944 721 72 106 755 94 185 040 118 678 250
Durant la période (2008-2014), les résultats obtenus du tableau 6 montrent que malgré
l’augmentation du capital individuel cumulé (ligne 2), la productivité du travail (ligne 1) est
nettement inférieure au capital cumulé (ligne 2). La PGF est ainsi affiche des taux très faibles
(ligne 3) car le taux n’a pas cessé de régressé et la PGF n’a pas dépassé 0,4 enregistré en
2008.
Dans notre cas d’étude, nous avons retenu trois indicateurs d’investissement immatériel
relevés dans le bilan de l’entreprise à savoir: R&D, formation et valeurs incorporelles. Ces
trois volets représentent les trois piliers de connaissances explicites. Les tableaux 2, 3, 4,
montrent d’une façon globale la part investie par l’entreprise dans le matériel et l’immatériel;
la rentabilité financière totale et marginale ainsi que la répartition des connaissances codifiées
(actifs immatériels). Concernant la rentabilité financière par catégorie, Le tableau 5 montre
que les valeurs incorporelles constituées principalement de licences d’exploitations, licences
software, logiciels, malgré a part minime, elles sont rentables. Donc, ces valeurs incorporelles
doivent être utilisées comme un support technologique obligatoire dans une économie fondée
sur la connaissance. Pour la catégorie formation, nous constatons qu’à partir le tableau 4, la
part consacrée à cette dernière, la formation des cadres; maitrise et exécution, connaît une
progression instable mais inférieure à la catégorie R&D. Les travaux de (Bienaymé, 1980;
Crozier, 1985) considèrent que l’investissement dans la formation est une nécessité pour
l’entreprise essentiellement dans le développement des hommes. De même, le tableau 5 à
travers les indices calculés sur la base de valeur ajoutée / Investissement R&D, la faiblesse de
la rentabilité financière de l’activité R&D malgré sa grande part en termes d’investissement
tient d’une part au fait que la R&D est considérée comme une charge et non comme
investissement susceptible de créer un retour sur l’investissement, et d’autre part, la
croissance de la productivité est sans relation avec la R&D. Conséquence qui révèle que le
savoir tacite est d’autant plus nécessaire pour la compétitivité de l’entreprise quand il est
valorisé (Foray, 2009; Laestadius, 1995; Polanyi, 1966). Conjoncture qui nécessite de faire
appel au trois paramètres calculés dans le tableau 6 et qui sont : le capital cumulé, la
rentabilité individuelle et la productivité globale des facteurs. Les résultats de ce tableau
montrent d’une part que le capital cumulé est nettement inférieur par rapport à la rentabilité
financière et d’autre part, la PGF qui est reconnu comme élément fondamentale de
compétitivité d’entreprise enregistre aussi des taux faibles. Donc, la diversification des
services portuaires ne provient pas d’accumulation du capital physique (Fourastié, 1970) mais
grâce à une dynamique de création, de valorisation et de diffusion des connaissances ainsi
qu’une dynamique de transformation de l’organisation des agents autour de la connaissance
(Teece, et al., 1997). Ce contexte qui montre que les travailleurs dans l’entreprise portuaire de
Ghazaouet n’ont pas su mettre à profit leurs expériences et de leur apprentissage acquis par la
pratique. L’apprentissage par la pratique selon (Lundvall & Lema, 2015) est parmi l’une des
sources majeures de l’innovation. En effet, il est un mode de production de connaissances
tacites qui n’a pas une relation avec les connaissances acquises dans les laboratoires (Jensen,
et al., 2007). La connaissance tacite est l’un des produits d’apprentissage qui s’opère sur le
tas, d’une part et d’autre part, l’apprentissage acquis par la pratique se diffère d’une entreprise
à une autre et d’une activité à une autre. Cette différence donne beaucoup plus d’importance
aux connaissances implicites, non seulement par leurs dimensions techniques mais également
par leurs dimensions cognitives au sens de (Nonaka &Takeuchi, 1995). Contrairement à
(Cowan, et al., 2000) qui soutiennent que très peu de connaissances sont intrinsèquement
tacites. En réalité, cette ressource clef est enfermée dans la tête de chaque travailleur présent
dans l’organisation (Polanyi, 1966; Wah, 1999b). Cavusgil, et al., (2003) affirment que les
connaissances tacites et les connaissances explicites ne devraient pas s’opposer les unes
contre les autres. Johnson, et al., (2002), attestent que la distinction entre les connaissances
tacites et codifiées est importante par rapport à la théorie économique et la pratique de
management de connaissances. En définitive, nous affirmons notre hypothèse de recherche ;
qui n’a pas su mobiliser son potentiel des connaissances tacites comme nouvelle ressource
stratégique pour la création de la richesse dan l’entreprise portuaire de Ghazaouet.
A partir des données collectées sur l’entreprise portuaire, nous nous sommes intéressés à la
mesure de l’investissement dans les connaissances codifiées représentées par ces trois
principaux actifs la R&D, la formation et les valeurs incorporelles. L’étude, à travers le calcul
de ratios, visait plus essentiellement à analyser l’impact de l’investissement dans le savoir
codifié sur la valeur ajoutée de l’entreprise à travers la méthode ROII. Sur la base des résultats
obtenus, nous sommes arrivés à la conclusion que la rentabilité financière de l’investissement
dans la R&D durant la période (2008-2014) est faible. Résultat principal qui explique que le
savoir tacite est d’autant plus nécessaire pour la compétitivité de l’entreprise quand il est
valorisé par l’entreprise (Foray, 2009; Johnson, et al., 2002; Laestadius, 1995, Solow, 1997).
Nous relevons donc le manque de la part de cette entreprise à investir dans les connaissances
tacites alors que les travaux théoriques d’école évolutionniste (Dosi, et al., 1998; Foray, 2009;
Nelson & Winter, 1982; Polanyi, 1966) ont grandement mis en exergue la valeur de ces
connaissances dans l’amélioration de la rentabilité et la compétitivité des entreprises. Par
ailleurs, le rôle des connaissances tacites permettrait aux entreprises d’emprunter un
« nouveau sentier » vers le chemin de la diversification des leurs services notamment dans le
cas où elles se trouvent dans des situations de blocage et de baisse de rentabilité. Ce faisant, la
seule difficulté à relever reste l’ingénierie des connaissances dans le secteur maritime. Par
conséquent, la question de codification de connaissances tacites deviendrait démarche
primordiale pour tirer profit de ce type de savoir. Cette démarche est fondamentale non
seulement pour le renforcement de l’apprentissage par la pratique selon (Johnson, et al., 2002;
Lundvall, 2002) mais pour la construction de compétences et pour couverture de tous les
différents aspects de la gestion de connaissance au sein de l’entreprise portuaire. Cette
codification pourrait être effectuée par l’adoption du modèle de Nonaka & Takeuchi, (1995)
qui explique les différents modes de conversion de connaissances car ce modèle est utile pour
rendre le savoir tacite plus accessible à la communauté des travailleurs.
Conclusion
Le but principal de ce papier est de renforcer notre compréhension sur l’exploitation des
connaissances tacites restantes accumulées au fil des années passées par les travailleurs
restants qui pourraient déclencher une dynamique endogène afin de pousser la PME portuaire
algérienne à innover. La recherche menée sur la performance de la PME portuaire en Algérie
démontre qu’un nouveau régime de croissance est nécessaire. Un régime qui intègre les
connaissances tacites d’une manière relativement plus importante pour mettre fin à la
politique de gestion étatiste et de convertir le régime de routine en régime d’innovation
maritime. Notre postulat ne s’appuie pas sur la quantité de connaissances tacites détenues par
les personnes impliquées, mais sur le fait de mettre en action cette dernière. En effet, cette
démarche va aussi progresser la technologie dans la mesure où elle introduit dans la fonction
de recherche et développement de nouvelles normes portuaires. Dans ce contexte, nous
proposons à mener des recherches comparatives entre l’Algérie et d’autres pays qui ont
adoptés le même modèle de départ de gestion portuaire sur la manière de mobilisation de leur
potentielle de connaissances tacites.
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Faouzi BOUSSEDRA
Résumé :
L’analyse technique part du principe que les cours sont la manifestation du comportement
psychologique des intervenant et qui sont à leur tour influencé par le niveau et l’évolution des
cours. Elle se sert de la représentation graphique pour constater l’importance de la variation
des cours, mais également pour montrer que certaines configurations graphiques ont tendance
à se reproduire dans le temps et autorisent, donc, la prévision. En revanche, les hypothèses de
comportement des marchés (marchés efficients) supposent l’inefficacité des modèles de
prévision (l’analyse technique). Le choix d’un modèle repose sur une représentation
théorique des marchés, la typologie des marchés proposée par Eugène Fama est
particulièrement bien adaptée à l’étude de ce choix, puisqu’elle repose sur le mode
d’intégration de l’information par les opérateurs. Le modèle d’efficience refuse l’analyse
technique, dans la mesure où cette dernière suit des graphiques qui sont susceptibles de se
répéter, alors que l’efficience d’un marché est le résultat d’une marche aléatoire.
Mots clés: Maroc ; Marché des Changes ; Efficience ; Analyse technique ; Cambisme.
Abstract:
The technical analysis assumes that courses are the manifestation of the psychological
behavior of the participants and are in turn influenced by the level and evolution of the
courses. It uses the graphic representation to see the importance of price variation, but also to
show that some graphic configurations tend to recur over time and thus allow for prediction.
On the other hand, assumptions of market behavior (efficient markets) assume inefficiency of
forecasting models (technical analysis). The choice of a model is based on a theoretical
representation of markets, the typology of markets proposed by Eugène Fama is particularly
well adapted to the study of this choice, since it is based on the mode of integration of
information by the operators. The efficiency model rejects technical analysis, since the latter
follows graphs that are likely to repeat itself, whereas the efficiency of a market is the result
of a random walk.
Introduction
La présente étude s’appuie sur trois critères de justification. D’abord d’un point de vue
historique dans la mesure où les opérations de change telles qu’elles se présentent
actuellement sont le produit de l’évolution passée. En effet, avant l’instauration du marché des
changes marocain, Bank Al Maghrib détenait le monopole de la gestion des devises et de la
cotation du dirham marocain contre devises; les banques intermédiaires agréées devaient
obligatoirement adresser les ordres d’achat et de vente de devises, pour le compte de leur
clientèle, auprès de l’institut d’émission.
Depuis sa mise en place, le marché des changes marocain n’a cessé de se développer, et ce
grâce au processus de déréglementation appliqué par les autorités monétaires. En effet, vingt
années d’existence du marchés des changes marocain ont permis de développer plusieurs
opérations de change relatives aux transactions commerciales et aux opérations financières, ce
qui a fait multiplier la volume quotidien des transactions de change sur ce marché par 3,5
passant de 21,6 millions en 1996 à 157,5 millions en 2016. Ceci est expliqué par la mise en
place des transformations qui concernent le délai de couverture contre le risque de change, la
possibilité, pour les banques commerciales, de réaliser des opérations de cross et d’effectuer
des opérations de placement avec des banques étrangères….
Le deuxième critère de justification est relatif à la structure du marché des changes marocain
dans la mesure où à partir de son instauration en 1996, dans le cadre de la poursuite du
processus de libéralisation et de déréglementation des opérations de change, les intermédiaires
agréés ont été autorisés à effectuer, entre eux et avec leur clientèle, des opérations d’achats et
de vente de devises et à constituer des positions de change dans les conditions fixées par les
autorités monétaires. En effet, la création du marché des changes au Maroc, et dans le cadre
du régime de change flottant que connait le monde depuis les années 1970, a obligé les
autorités monétaires a introduire une nouvelle culture relative à la couverture contre le risque
de change.
Le troisième critère de justification est relatif au volet théorique dans la mesure où parmi les
objectifs de la réforme du système financier en général est d’avoir des marchés de capitaux
efficients. A ce titre la théorie de marché efficient d’Eugène Fama a essayé d’analyser le
comportement des cours de changes pour vérifier l’efficience des marchés des changes. Selon
l’analyse fondamentale, la valeur d’une monnaie dépend des fondamentaux (l’inflation, le
résultat de la balance des paiements, la variation du PNB…), alors que les anticipations sont
élaborées, par les cambistes, à partir des facteurs liés aux interventions des autorités
monétaires et aux réactions mimétiques des cambistes des différentes banques de la place
(facteurs psychologiques).
Comptant (30,3%)
Le concept d’efficience, mis en place pour la première fois par Bachelier en 1900, n’a connu
son développement qu’en 1970, avec la formulation de cette théorie par Eugène Fama. Selon
ce dernier, un marché est dit efficient lorsque toute l’information pertinente est incorporée
correctement et immédiatement dans les prix des actifs financiers (action, cours de change
….). il devient alors illusoire d’étudier les comportement historique des cours de change pour
tenter d’en prévoir les variations futures. A cet égard, ce concept d’efficience s’oppose
fortement aux principes de l’analyse technique une capacité prévisionnelle par l’étude des
séries historiques des cours de change.
L’hypothèse d’efficience des marchés des capitaux interpelle tous les intervenants des
marchés de capitaux. En effet, un système financier qui répond aux exigences des différents
opérateurs économiques nécessite une efficience des marchés de capitaux. A cet effet,
plusieurs modèles analysent le comportement des cours des différents actifs financiers ainsi
que le comportement des différents agents économiques. A cet effet, plusieurs modèles
considérés de la même famille de la théorie des marchés efficients, ont été élaborés, il s’agit
notamment le modèle de jeu d’équilibre (fair game), le modèle de marche au hasard, le
modèle d’équilibre de marché ou le modèle de martingale etc.
E(Pt+1/It) - Pt
Pt
Où
I est l’ensemble d’information disponible au temps t (incluant les cours passés et présents) ;
Cette condition, appelée condition d’efficience, explique que l’espérance des acteurs du taux
de rentabilité, en tenant compte de l’information disponible, dans le contexte du marché des
changes, est égale au :
Cette équation E (Rt+1/It) est interprétée comme le rendement anticipé d’une spéculation sur
le MDC au comptant. Autrement dit, le cambiste achète au comptant une devise pour la
revendre ultérieurement plus chère, ce qui égalisera E (St+1/It). De ce fait, le cours de change
à terme souhaité dépend spécialement du rendement anticipé. L’application du modèle
1 Baillie R.et Mahon MC p ., le marché des changes, édition Eska , 1997,P :51.cette définition est présentée par Mignon,p :9
On suppose que le marché des changes est parfait, ceci est expliqué par l’inexistence
de coût de transaction, de contrôle sur les mouvements de capitaux, de taxes etc. ;
La théorie des marchés efficients, qui s’est développée grâce à l’article publié en 1970 par
Fama2 traite et explique essentiellement l’efficience informationnelle. Ce type d’efficience de
marché peut être réalisée lorsque ce marché répond à sa fonction initiale qui est de fournir un
prix constituant un signale fiable pour décider de l’allocation des ressources.
Pour que ceci soit possible, la prise en compte de deux conditions est indispensable.
L’information pertinente doit être disponible pour tous les participants au marché ;
Les acteurs de ce marché doivent être nombreux et en compétition pour la réalisation des
profits.
1. le marché efficient au sens semi-fort : un marché peut être efficient au sens semi-fort,
quand l’information rendue publique est immédiatement intégrée dans les cours de
change. les commentaires du président de la BCE ou de la FED ou encore du président
des EUA sont en mesure de réaliser des gains de change.
2. le marché efficient au sens fort : un marché efficient au sens fort si tous les acteurs
connaissent l’ensemble des informations et prévisions et si celles-ci sont exactes, elles
sont alors intégrées dans le cours. Ce dernier ne fait que refléter toutes les informations
passées et les anticipations des opérateurs. il est alors impossible, selon cette théorie, de
2 Eugène Fama, « Efficient capital matkets prices ; a review of theory and empirical Work » in journal of finance, 25, 383-417,1970
3. le marché est inefficient : inversement, les opérateurs qui ne croient pas à l’efficience des
marchés, peuvent tirer partie de l’étude de séries passées .l’inefficient du marché est en
effet l’hypothèse sous-jacente des modèles de prévision utilisant l’analyse technique. Les
méthodes de cette dernière supposent que les cours présents ne reflètent pas toute
l’infirmation disponible sur les cours passés.
On peut définir un marché de manière plus formelle. Les variables qui seront utilisées
dans la formulation dans cette théorie sont les suivantes :
Ainsi, Ωt contient non seulement les valeurs présentes des variables pertinentes, mais
également toutes leurs valeurs passées. Et pour que le marché soit efficient, il ne suffit pas
que les acteurs utilisent toute l’information dont ils disposent, mais il faut également qu’ils
utilisent correctement et qu’ils comprennent toutes ses implications.
Supposons que les acteurs se servent de la fonction f pour prévoir la distribution du prix
futur. Avec des acteurs rationnels, cette fonction doit être la même que celle gouvernant la
distribution réelle du cours de change.
Dans le cas contraire, on assisterait à un biais systématique des prévisions des acteurs. Ce
biais n’est pas compatible avec des agents rationnels, parfaitement informés et neutres vis-à-
vis du risque. En effet, si ceux-ci observaient un tel biais, ils auraient tôt de le corriger jusqu’à
parvenir à la bonne fonction de densité. On a donc : Fa (Xt+1/ Ωat) = f (Xt+1 / Ωt) (8)
Autrement dit, cet ensemble d’informations Ω doit, sur un marché efficient, correspondre
à l’ensemble d’information Ωt. soit donc Ωt = Ωt.
Cette équation (8) est difficile à réaliser dans la mesure ou les acteurs du marché peuvent
ne pas avoir toute l’information nécessaire ou ne pas comprendre son intérêt. A contrario,
cette équation peut être réalisée lorsque les acteurs du marché forment des anticipations
rationnelles.
Autrement dit, cet acteurs sont supposés connaître le véritable modèle économique et utiliser
toute l’information afin d’élaborer leurs prévisions relatives à l’évolution des cours de change
futurs. A ce niveau, le cours de change devient une statistique suffisante sur la distribution de
l’information.
Avec Zt est considéré comme un « jeu équitable ». en outre, la relation (8), étant difficilement
réalisable, nécessite la formulation de nouvelles hypothèses. Une de ces hypothèses consiste à
supposer constante l’espérance conditionnelle E (Rt1 / Ωt) ou Rt+1 est la rentabilité (ou
rendement) réalisée entre t et t +1. L’efficience nécessite que la variable Zt+1, présentée dans
la relation (9), soit une variable aléatoire de moyenne nulle et indépendante de l’ensemble
Ωt :
L’équation (9) montre qu’on peut obtenir une rentabilité supérieure à la valeur d’équilibre.
Inversement, c'est-à-dire, lorsque toute l’information n’a pas été utilisée par le marché, ce
dernier est donc inefficient lorsque E ( Zt+1 / Ωt) ≠ 0 .a ce niveau, l’écart systématique entre
l’espérance des cours anticipés par le marché et les cours réalisés se fait remarquer par les
acteurs de ce marché. Ces derniers changeront leur comportement et par conséquent la
manière de calcule des cours d’équilibre jusqu’à ce que le marché devienne efficient. Une fois
l’efficience est réalisée, les acteurs n’auront plus à modifier leur comportement.il est à noter
que dans la formule (10), le modèle des marché efficients ressemble à celui des anticipations
rationnelles, puisque les prévisions des acteurs qui utilisent toute l’information disponible
apparaissent sous forme d’espérance de rentabilité futur.
Afin de mieux évaluer et apprécier l'hypothèse des marchés efficients pour pouvoir
l'appliquer au marché des changes marocain, cette section se propose, dans un premier
temps, d'analyser les rendements des séries des cours de change et de vérifier la loi de
normalité. Dans un deuxième temps, sera testé le modèle de marché efficient sur le marché
des changes marocain mais uniquement sous la forme faible de cette hypothèse.
Cette analyse des rendements des séries des cours de change concerne cinq séries3 de
cours de devises contre le dirham marocain. Le choix de ces cours émane de leur présence
dans le panier qui constitue la monnaie nationale. Chaque série est d'une longueur de 1741
(série des cours de change quotidiens)4 et couvre la période allant du 03/06/2010 (date de la
mise en place du marché des changes marocain) au 03/06/2017. Il s'agit d'étudier les séries
des cours de change suivants : USD, EUR, JPY et GBP contre MAD.
Dans cette étude, le choix s'effectuera sur les périodicités (mensuelles, hebdomadaires ou
quotidiennes) qui génèrent des taux de rendements indépendants et qui ont une
distribution proche de la loi normale. Le test de la normalité de la série de distribution
des taux de rendement s'avère nécessaire à effectuer, dans le cadre de cette logique. En
outre, et pour contrecarrer la non stationnarité, les données statistiques (toutes les séries)
seront converties en logarithme népérien.
La distribution de chaque série de rendement permet de vérifier la normalité des séries, c'est
à dire si elles sont identiquement distribuées et indépendantes. Ces paramètres sont le
rendement moyen ( Y ), la variance et l'écart type ( S ).
Le calcul de la moyenne.
3
Les séries hebdomadaires et mensuelles sont respectivement de longueur de 366 et de 85.
On constate que ces moyennes, ainsi que leurs rendements sont différents puisqu'ils varient
lorsqu'on passe d'une période à une autre, c’est dire d'une série de cours de change à une autre
(quotidiennes, hebdomadaire et mensuelles). Afin de compléter l'analyse de ses séries de cours
de change, il est important de calculer l'écart type pour vérifier la normalité de ses séries.
S 2 = l / T - l I ( y i - y) 2 (14)
Les résultats de l'écart type de ses séries statistique ne sont pas identiques également et
ce lorsqu'il s'agit de calculer chaque série statistique (quotidienne, hebdomadaire et
mensuelle).
I I(yi-y) 6
K= ________________________________________ (16)
T-l S2
6
Christian Gourieroux, Modèles ARCH et applications financières, Economica, 1992, Paris, p :86
On remarque que ces séries de cours de change ainsi que leurs rendements respectifs
présentent un aspect leptokurîique significatif, puisque la kurtosis est différente de 3.
Puisque la kurtosis n'est pas vérifié, l'hypothèse de normalité est rejetée. A ce titre, Le
calcul du coefficient d'asymétrie ( le Skewness) s'avère nécessaire pour vérifier l'asymétrie
de la série.
i Z(yi-y)4 (15)
T-lS4
Le test de normalité nécessite une condition gaussienne du Skewness c'est à dire égal à 0 et un
coefficient d'aplatissement égal à 3. Puisque le coefficient d'aplatissement n'a pas été
vérifié, il est nécessaire de procéder au calcul du coefficient d'asymétrie pour vérifier
l'asymétrie des séries des cours de change étudiées. Le tableau suivant présente les
différents résultats du coefficient d'asymétrie :
Selon ces résultats, on constate que les coefficients d'asymétrie sont certes proches de 0, mais
restent insuffisants, puisqu'ils s'écartent souvent de la loi normale. Sachant que la meilleure
périodicité dont les résultats sont proches de la loi normale est la périodicité mensuelle. Mais
malgré ces résultats qui ne vérifient pas la normalité des séries étudiées, le test de ce modèle
sera réalisé afin d'apprécier davantage ses résultats en vérifiant la corrélation des cours de
change sur le marché des changes marocain.
Le test qui sera utilisé, pour appliquer la forme faible de l'hypothèse de marchés efficients
est le test de corrélation. Le coefficient de corrélation se situe entre 1 et -1. Lorsqu'il
s'approche, de zéro cela signifie que le marché étudié est efficient. Par contre, lorsque ce
coefficient s'éloigne de (0) et par conséquent, s'approche de ( 1 ) ou de ( -1 ), le marché
analysé est dans ce cas inefficient.
Tableau 5 : Calcul des coefficients de corrélation des différentes devises contre MAD.
USD 0
EUR 0,1413
JPY 0,1789
GBP 0,1021
CHF 0,1621
Selon ces résultats, on peut constater que les coefficients de corrélations sont très proches-
de 07, par conséquent, on peut dire que le marché des changes est efficient. Ces résultats ont
montré, sachant que les séries des cours de change ne respectaient pas les hypothèses de
normalité, que le marché des changes marocain est efficient. Ce qui remet en cause les
hypothèses de normalité relatives à la forme faible d'efficience de marché présentées
précédemment.
Conclusion
La mise en place d'un marché des changes au Maroc est le couronnement d'un long
processus de déréglementation et de libéralisation qui a été institué par les autorités
monétaires, depuis les années 1980. Contrôlées depuis 1939, les opérations de change ont
été libéralisées, partiellement, depuis notamment, l'adhésion du Maroc à l'article Vin des
statuts du FMI en 1993. En outre, ces opérations de change ont été instituées dans un cadre
plus libéral, lors de la création du marché des changes marocain en 1996. Depuis cette date,
ce marché n'a cessé de croître, répondant ainsi à une partie des recommandations des
différents acteurs de ce marché, et par conséquent aux différents besoins de l'économie
marocaine.
Le système financier marocain a été réformé à partir de 1993 et dès lors il a connu plusieurs
transformations et améliorations couronnés par la réforme et la modernisation du marché des
7
Lorsque ce coefficient est égal ou proche de 1, on dit que le marché étudié est inefficient et inversement
lorsqu’il est égal ou proche de 0.
Toutes ces mesures ont pour objectif d'améliorer les anticipations des différents acteurs et
l'efficience du marché des changes marocain. Selon le résultat de l'application du modèle
de Fama, le marché des changes marocain est efficient, néanmoins ce marché est loin de
remplir pleinement la fonction pour laquelle il a été institué, à savoir l'amélioration
de la compétitivité et l'accroissement des performances des entreprises sur l'échiquier
international. Il est vrai que la durée de son existence est relativement courte, mais les
obstacles auxquels se heurte ce marché interpellent tous les acteurs de ce marché, dont les
autorités monétaires, car des obstacles tels que la culture financière, la diffusion de
l'information..., risquent de se perpétuer et peuvent nuire au bon fonctionnement de ce
marché.
Le premier obstacle est relatif à la faiblesse structurelle qui se manifeste par l'inexistence d'un
marché monétaire développé et fiable pour les opérations de change à terme. L'inexistence
d'une courbe de telle que le LIBOR, entraîne les opérations de change dans l'incertitude et
la non transparence. En effet, le développement du marché des changes marocain dépend
également du développement du marché monétaire, en particulier, et des autres marchés de
capitaux en général. Le deuxième obstacle concerne la diffusion de l'information.
Sur le marché des changes marocain, seule BAM qui détient toute l information, par
conséquent, les règles et les bases d'un véritable marché des changes ne sont pas respectées
ce qui peut remettre en cause la notion de marché des changes marocain. Il est préférable
peut être de parler d'opérations de change. La troisième insuffisance est liée à la culture
financière des différents intermédiaires de ce marché.
Le marché des changes marocain n'est pas une fin en soi, son intérêt réside dans l'usage qui
en est fait et son efficacité dépend des intervenants qui raniment. La moralité des différents
acteurs et la bonne organisation de ce marché conditionnent son bon fonctionnement.
31 est à noter que le développement de ce marché dépend, certes, de son organisation,
de ses différents acteurs, du degré d'intégration du commerce extérieur marocain dans le
• Obliger les petites banques de céder les petits montants aux grandes banques de la place.
▪ BAM jouera un rôle plus actif, tout en restant neutre, en proposant un
seul cours par devise, sans spread.
• Une publication officielle des cours de clôture sera affichée sur écran
Reuter après la séance du fixing.
Bibliographie
FAMA E. 1970 Efficient capital market prices, a review of theory and empirical work, in
journal of finance, 25, 383-417
Université Med Premier OUJDA MAROC Université Med Premier OUJDA MAROC
[email protected] [email protected]
Résumé :
Cet article a pour objectif de répondre à la question des modes de contrôle social face à un
changement organisationnel. À cet effet, nous entendons par mode de contrôle social
l’ensemble des forces et d’influences exercées sur les ressources humaines en vue de créer
l’ordre. Ainsi, nous montrons, à travers une étude de cas qualitative du secteur public
marocain, que ces modes de contrôle, lorsqu’ils portent sur la dimension sociale, permettent
organisations doivent faire face. Cette contribution est démontrée dynamique en fonction de
Abstract :
This article aims to answer the question of the nature and the role of the social control modes
face an organizational change. To this end, we mean by social control modes all the forces
and influences exerted on human resources in order to create order. Thus, we show, through a
qualitative case study of the Moroccan public sector, that these control modes, when they
concern the social dimension, allow decision-makers to manage appropriately the situations of
according to the nature of the change (intentionality and it diffusion mode) and the phase of
Introduction
Le changement tend aujourd’hui à devenir une règle et la stabilité l’exception. (Vandangeon-
Derumez 1998). De ce fait, c’est une posture permanente qui affecte les organisations et les
individus qui les composent (Pesqueux et Triboulois, 2004). Il s’agit également d’une réalité
qui bouleverse non uniquement les modes de décisions dans les organisations, mais aussi
leurs modes de contrôle.
La réflexion devrait reposer sur une problématique claire, à savoir que chaque organisation
soumise au changement et aux contingences crisogènes de son environnement, devrait
intégrer « la gestion du changement dans sa structure même » (Drucker, 2000). Par ailleurs, il
est largement admis que le changement qu’il soit dans des organisations privées ou publiques,
implique un accroissement des risques dont la gestion devrait se faire de manière proactive.
En d’autres termes, il faudrait d’ores et déjà s’organiser et gérer les risques dans le cadre d’un
changement « perpétuel ».
Les changements nécessitent généralement des actions de gestion et de conduite vers les
objectifs fixés au départ. Or, étant donné l’intervention des ressources humaines dans ce
processus, les actions précitées sont assurées par des outils et des instruments de gestion dits
sociaux, en l’occurrence les modes de contrôle. Notre objectif serait alors de comprendre
l'aide et la contribution que peut procurer le contrôle dans le cas d'un changement. À ce
niveau, par dimension sociale des modes de contrôle nous entendons toute force ou influence
créatrice d’ordre, exercée en vue de spécifier, surveiller et évaluer les actions, les résultats et
les comportements individuels et collectifs des acteurs (Alvesson et Kärreman, 2004). Il
convient, dès lors, de s’interroger sur le point suivant : Comment les modes du contrôle
social peuvent contribuer à la conduite du changement dans une perspective
dynamique ?
Ainsi, Nous tenterons de montrer à travers une étude de cas qualitative que les modes de
contrôle exercés sur les acteurs pourraient avoir un rôle crucial dans la gestion dynamique du
changement. Par celle-ci, nous entendons à la fois la typification du changement par rapport
aux facteurs suivants : sa nature (réglementaire, informatique, organisationnel), son
intentionnalité au sens de Vandangeon-Derumez (1998) qui oppose le changement imposé au
changement volontaire, son mode de diffusion (changement progressif et changement radical)
et son processus (les phases de maturation, de déracinement et d’enracinement).
Le traitement de cette problématique exige une structuration de cet article en trois points. Le
premier sera dédié au cadre conceptuel, où sera exposée la dimension sociale des modes de
contrôle et ce que nous entendons par la dynamique du changement. Ensuite, nous
présenterons les éléments de la problématique et de la méthodologie dans un deuxième point.
Finalement, un troisième point pour la présentation des résultats et un dernier point pour la
discussion.
Un dernier concept associé éventuellement au contrôle est celui de l’intégration, qui renvoie
à l’idée de la construction d’un ensemble cohérent qui est celle de la convergence des buts.
Ces fonctions du contrôle dans sa dimension sociale ont été résumées par Hopwood (1994) en
quatre niveaux, d'abord l'exercice d'une influence sur les attitudes individuelles, par la suite,
l'exercice d'une pression sur le groupe, la structure des organisations et finalement le
façonnage de l'environnement économique et social.
Le contrôle, quel que soit sa typologie et son objectif, s’exerce à travers des modes de
contrôle. Ceux-ci ont été défini par Chiapello (1994, 1996) comme toute configuration
cohérente intégrant les éléments suivants : « La source de l’influence », « Sur quoi s’exerce
le contrôle ? », « l’attitude du contrôlé», « les moments d’exercice du contrôle », « le
processus par lequel le contrôle s’exerce » et « le moyen employé par le contrôle »
(Chiapello, 1994, 1995, 1997).
Notre objet étant le contrôle social qui concerne les ressources humaines de l’organisation
comme une partie exerçant ou subissant le contrôle. Dès lors, les modes de contrôle social
seraient toute configuration cohérente intégrant les quatre éléments suivants : source du
contrôle, objet du contrôle, réaction du contrôlé et les moyens utilisés pour contrôler
(Boungab, 2005, 2012).
La figure ci-après présente une synthèse des modes de contrôle social basée sur les travaux de
Chiapello (1994, 1996, 1997).
Figure 2 : les facteurs explicatifs d’un mode de contrôle social
Après avoir présenté le cadre conceptuel relatif aux modes de contrôle social, il nous serait
judicieux de passer en revue notre conception de la dynamique du changement dans les
organisations, pour enfin pouvoir comprendre quels seraient les besoins que manifestent les
situations du changement en termes de contrôle et de maitrise, ainsi que les éventuelles
réponses des modes de contrôle social.
DIFFUSION
La réflexion sur le changement organisationnel et le rôle que peut y jouer les outils de gestion
et leurs dimensions sociales et humaines sont d’actualité (Romelaer, 1997 et Livian, 2005).
Ainsi, de nombreux auteurs se sont intéressés au rôle du contrôle face à un changement
organisationnel (Touchais 2006, Touchais et al. 2009 ; Ezzamel, 1994 ; Abernethy et al.,
1999). Dans le même ordre d’idées, David (1998) affirme que la nature et le rôle des outils de
gestion en général, et les modes de contrôle en particulier, diffèrent selon le type du
changement et selon les phases de son processus.
La nature du changement se définit par rapport à l’intentionnalité du changement et à son
mode de diffusion (1), alors les phases de son processus (2) sont données par sa décortication
en des tâches et activités successives.
Les facteurs qui agissent sur la dynamique du changement organisationnel peuvent être
regroupés en deux facteurs, l’intentionnalité et le mode de diffusion du changement
(Vandangeon-Derumez, 1998). L’intentionnalité est un facteur qui agit sur la décision de
changer et la nature du changement à engager. Elle oppose un changement imposé par les lois
de l’environnement, à un changement résultant de l’intervention volontaire de l’homme ou un
changement construit.
Le changement est imposé1 dans les cas où les dirigeants se trouvent obligés de changer et de
redresser la situation. Par ailleurs, cette idée n’est peut-être que la perception qu’ont les
acteurs de la réalité et non pas la réalité. Dès lors, le choix d’engager ou non un changement
reste volontaire.
Le changement dit construit ou volontaire2 est celui qui se base sur la volonté d’un acteur3
en espérant une meilleure performance. Son choix se trouve influencé par de nombreux
facteurs souvent subjectifs à savoir, l’intuition et la personnalité du promoteur du changement
(Isabella, 1990) ou même sur sa conception de l’autorité, son histoire personnelle, ainsi que la
culture à laquelle il est adhérant (Livian, 2005).
1
Appelé aussi un changement prescrit (Touchais, 2006), dirigé, planifié (Mintzberg, 1999) ou négocié (Morin,
1988 ; cité par Touchais, 2006).
2
Connu aussi sous divers vocables tels que le changement construit, progressif (Giroux et Giordano (1998) cité
par Touchais (2006), négocié (Morin 1988, cité par Vandangeon-Derumez, 1999) ou planifié (Mintzberg et al.,
1999).
3
Cet acteur est souvent représenté comme le leader du changement ou ce qu’appelle Livian, (2005) le promoteur
ou le sponsor du changement.
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À ce niveau, le leader peut engager le changement, comme il peut le freiner. Or, le plus grand
défi d’un changement étant de gérer la résistance des acteurs dans le cas où leurs intérêts se
trouvent touchés (Crozier et Freiberg, 1977).
Quant au deuxième facteur de la dynamique du changement, celui du mode de sa diffusion, il
vise à expliquer comment il se développe dans l’organisation. Ce facteur oppose un
changement brutal à un changement progressif4.
Lorsque l’évolution d’une composante de l’organisation n’entraîne pas la transformation des
autres composantes, nous parlons d’un changement progressif (pas à pas). Celui-ci se
caractérise par des ajustements graduels à l’intérieur d’un cadre établi en réponse aux
perturbations de l’environnement (Simons 1995,2013). Par accumulation, ce changement
devient important sans que la structure profonde soit changée et sans que les pratiques
actuelles soient remises en cause (Miller 1982).
Le changement est appelé brutal (ou radical) lorsque le projet entraîne une modification
globale du système, avec une destruction rapide et irréversible de l’ancien cadre (Simons
2013).
Traiter la dynamique du changement en identifiant seulement ses facteurs explicatifs reste
incomplète en l’absence d’un découpage processuel retraçant son évolution temporelle.
Selon Collerette et al. (1997), le processus de changement fait référence aux différentes
phases vécues par le système social qui doit l’intégrer, soit une réponse planifiée aux
pressions de l’environnement et aux forces internes de l’organisation (Alas 2008, cité par
Sghari, 2013, 2015). Ainsi, ce processus regroupe deux éléments, à savoir, son rythme et le
chemin qu’il a suivis (Vandangeon-Derumez et al. 2013). En parlant du rythme, le
changement peut être rapide ou lent. Quant au chemin, le changement peut ainsi suivre
différentes phases ou progresser de façon continue sans qu’il soit possible d’identifier des
phases. Dans cette étude nous nous intéressons aux changements processuels suivant des
phases adaptées par des parties de l’organisation.
Parmi les auteurs ayant traité le changement comme processus, nous trouvons d’abord Lewin
(1951) qui a identifié trois phases du processus de changement : dégel, mouvement et regel.
Ensuite Vandangeon-Derumez (1998) qui a essayé d’identifier à son tour trois phases du
4
Simons (1995, 2013) parle de l’ampleur du changement qui oppose l’évolution à la révolution ou le
changement incrémental au changement radical (Miller 1982 ; Pettigrew 1990).
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5
La période de lancement correspond au démarrage du projet lorsqu’on décide de planifier le projet de
changement et de l’amorcer.
6
La période d’activation repose sur la mise en œuvre du projet, lorsque l’on met en action le changement dans
son contexte.
7
La période de consolidation ou l’institutionnalisation du projet, c’est là où le changement est intégré dans la
vie organisationnelle.
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En effet, la littérature portant sur le contrôle a identifié de nombreux rôles et usages potentiels
du contrôle face à une situation de changement. Cette présentation repose sur les apports de
Touchais (2006), Touchais et al. (2009), Chiapello et al. (2013) et Chevrier et al. (2013). Ces
rôles peuvent être l’un ou un ensemble des éléments présentés dans la figure ci-après.
Figure 3 : Rôles et usages du contrôle social face au changement organisationnel
Source : d’après Touchais (2006), Touchais et al. (2009), Chiapello et al. (2013) et Chevrier et al. (2013).
En guise de consolidation, Grimand et al. (2000) et David A. (1998) ont démontré que la
nature et le rôle des outils de gestion différent selon le type du changement et selon les phases
de son processus. En faisant synthèse des travaux portant sur les processus du changement et
les usages imprévus que peut remplir le contrôle, nous présentons le tableau ci-après.
Tableau 1 : le contrôle dans une dynamique de changement
TYPE DU PHASE DE PHASE DE DERACINEMENT PHASE
CHANGEMENT MATURATION D’ENRACINEMENT
PRESCRIT - Contrôle dans le - Accompagnement, - Conformation des
sens d’analyse et - Facilitation de sa mise en place, comportements
de diagnostic - Standardisation des
- Adaptation du contrôle,
organisationnel. apprentissages
- Véhicule de la nouvelle
individuels.
représentation,
- Facilitation du développement
de nouveaux comportements et
logiques de fonctionnement.
CONSTRUIT - Investigation du - Investigation du fonctionnement - Stabilisation et
fonctionnement organisationnel et d’exploration conformation,
organisationnel du nouveau, - Formulation et
(discussion et - Échange et confrontation des imposition du cadre
analyse des points de vue de nouvelles idées de changement
acteurs de la et expérimentations, construit par les
situation de acteurs.
- Production des connaissances.
l’organisation).
Source : adapté à partir de Touchais 2006, et Touchais et al. 2009
2. PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
Dans ce point, il serait question d’étudier la contribution des modes du contrôle social dans la
dynamique des processus du changement prescrit, via une analyse du projet de changement
dans son contexte d’émergence. Pour ce faire, nous présentons les éléments contextuels et
méthodologiques relatifs à notre problématique de recherche.
2.1. CONTEXTE, PROBLEMATIQUE ET INTERETS DE LA RECHERCHE
Eu égard à sa nouvelle constitution, le Maroc a manifesté une volonté de réformer sa justice.
À cet effet, une charte de réforme du système judiciaire axée sur six principaux objectifs, a été
présentée, visant une justice indépendante et moderne, efficace et transparente. Ces réformes
s’opèrent dans un lieu spécifique, étant, les juridictions.
Les juridictions, quelles que soient leur niveau d’instance8 et leur spécialité9, constituent le
maillon fort de la chaîne de tout système judiciaire, puisqu’il s’agit du lieu où les jugements
sont émis et où la justice est rendue. Par ailleurs, du point de vue de la sociologie des
organisations, les juridictions sont des organisations publiques complexes pour trois raisons :
d’abord, par le fait qu’elles octroient aux justiciables un service public gratuit, ensuite parce
qu’elles sont des organisations bicéphales10, et enfin, par ce qu’elles sont des
« bureaucraties professionnelles 11» au sens de Mintzberg (Ackermann et al. 1990).
Parmi les chantiers ayant été initié par le Ministère de la Justice et des Libertés (MJL) dans ce
cadre, la création d’une entité de notification et de recouvrement (ENR) créée en vertu des
circulaires N° 63 س4/2 et 64 س4/2 du 28 octobre 2015, au niveau des tribunaux marocains.
L’entité en question a été choisie comme cas d’étude. Les activités de la notification et de
l’exécution des jugements sont l’aboutissement du processus juridictionnel, et c’est la preuve
de l’existence et de la consécration de la décision de justice. Face à cette obligation prononcée
et rédigée par un juge, au nom du roi et de la loi, l’une des parties se retrouve créancière vis-à-
vis de l’autre et/ou vis-à-vis d’une tierce partie. Ceci étant un des prolongements les plus
souhaités pour une justice efficace.
8
Tribunaux de Première instance ou Cours d’appel.
9
Tribunaux généraux, administratifs, commerciaux, de la famille.
10
Le président du tribunal -responsable de jugement- et le procureur du roi–chef du parquet se partagent la
direction de la juridiction, secondé par le président du greffe et le secrétariat du parquet.
11
Dans le sens où le travail y est organisé autour de la compétence professionnelle attestée de certains de leurs
membres, les magistrats accomplissent les actes professionnels et assument sa gestion.
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Les changements nécessitent généralement des actions de gestion et de conduite vers les
objectifs fixés au départ. Or, étant donné l’importance de la dimension RH dans ce processus,
les actions précitées sont assurées par des outils et des instruments de gestion.
Dès lors, à partir de la problématique exposée plus haut, il convient de poser à ce stade les
questions parcellaires suivantes : quelle est la nature (type) du changement étudié par rapport
à l’intentionnalité et à son mode de diffusion ? Tenant compte de l’approche processuelle du
changement, quelles sont les phases du processus ? Et finalement, quels sont les modes du
contrôle social relatifs à chaque phase du processus ? La réponse à ces questions nous
permettra de vérifier l’hypothèse suivante : les modes de contrôle peuvent contribuer à gérer
et piloter un changement dans une organisation publique, et cette contribution diffère selon le
type de changement (prescrit ou construit/ Radical ou progressif) mais également selon les
phases du processus de changement (David, 1998).
Sur le plan théorique, ce travail de recherche vise à combler le vide existant au niveau de la
théorie, dans la mesure où celui-ci n’a fait l’objet, à notre connaissance, d’aucun travail.
Toutefois, nous disposons d’une littérature riche qui n’est reliée à notre objet de recherche
qu’indirectement. Sur le plan pratique, cette recherche peut être intéressante pour les acteurs
intervenant dans un processus de changement dans le secteur public, en leur présentant les
modes de contrôle à utiliser pour chaque phase de ce processus.
2.2. STRATEGIE DE RECHERCHE ET MODES DE RECUEIL DE DONNEES
Après avoir présenté le prolongement de la recherche sur le terrain, il serait judicieux de
savoir comment va-t-on accéder au terrain et comment recueillir les données. Pour cette
raison, Wacheux (1996) distingue entre la stratégie d’accès au réel et les modes de recueil de
données. Dans le cadre de cette recherche nous avons opté pour l’étude de cas unique comme
stratégie de recherche et la méthode qualitative pour recueillir les données.
La définition de l’étude de cas la plus utilisée est celle de Yin (2004, Cité par Thiétart, R. A.
2014). Pour lui, c’est une enquête empirique qui étudie un phénomène contemporain dans un
contexte réel à travers l’étude des phénomènes dans le temps (Thiétart et al.2003). Elle permet
d’identifier l’effet contextuel des variables sur l’évolution des événements dans le temps.
Raison pour laquelle son choix doit être pertinent avec un fort potentiel illustratif. Le choix de
l’organisation, qui sera étudiée, doit se porter sur une organisation subissant un changement.
Les juridictions marocaines répondent actuellement à ce critère et notre cas serait la conduite
du projet de la création d’UNR ; un projet, actuellement, dans sa phase finale.
Quant au mode de recueil de données, nous avons opté pour la méthode qualitative, par ce
qu’elle nous semble la mieux placée pour répondre à notre question de recherche. Ce choix
est expliqué par les éléments du contexte, nature des données et l’accès à l’information. Cette
méthode est basée sur des données qualitatives, visant la recherche du sens et la
compréhension des phénomènes ou des comportements (Coutelle, 2005).
Quant aux moyens d’investigation mobilisés, des données qualitatives se sont recueillies
principalement par des entretiens12 avec des responsables de l’administration centrale du
ministère et des membres des UNR, par des observations au niveau des tribunaux et par les
sources documentaires disponibles (CRSJ13, Rapport d’audit de la cour des comptes,
circulaires...).
La triangulation des trois sources nous permet d’avoir une clarification exhaustive des
réponses aux questionnements posés, à savoir la nature et le processus du changement d’une
part, et le rôle que peut y jouer les modes de contrôle social d’autre part.
3. RESULTATS DE LA RECHERCHE
La question de recherche porte sur la contribution des modes de contrôle social dans la
gestion dynamique du changement dans une administration publique marocaine. Ce point est
consacré à la présentation des résultats de la recherche empirique.
3.1. CREATION D’UNE UNITE DE NOTIFICATION ET DE RECOUVREMENT (UNR) AU NIVEAU
Deux facteurs peuvent déterminer la nature d’un changement: l’intentionnalité et son mode de
diffusion. L’intérêt de cette typification du changement réside dans le fait que les résultats de
cette recherche ne concerneront que le type repéré.
En cherchant la nature du changement vis-à-vis de son intentionnalité, il convient de voir les
sources et le contexte de son émergence. Ainsi, l’idée de la création d’une UNR est à l’origine
de trois sources :
12
Une série d’entretiens semi-directifs effectués pendant une période de Six mois à partir du lancement du projet
de changement en question :
- 3 entretiens d’une heure en moyenne avec des responsables de l’administration centrale (directeurs de
budget et de de contrôle, chef de division de recouvrement, chef de service contrôle de gestion).
- 6 entretiens avec des auditeurs internes chargés du suivi de l’implantation des UNR, et d’autres chargés
de concevoir des manuels de procédures.
- 4 entretiens d’une heure en moyenne avec des membres nommés aux UNR au niveau de 3 différents
tribunaux de première instance.
13
Charte de la Réforme du Système judiciaire.
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- La première dans une des recommandations du rapport de la Cour des Comptes de 201214,
portant sur « La création d’un organe dédié à la tâche de recouvrement en y affectant un
personnel consacré à cette mission tout en lui octroyant davantage d’autonomie face au
greffe » (p.842).
- La deuxième dans la Charte De La Réforme Du Système Judiciaire (CRSJ)15, qui a prévu
« l’institution d’une instance d'exécution pénale chargée du recouvrement des amendes
prononcées » (mécanisme d’exécution N°79, p. 137).
- La troisième, étant l’organisation du ministère de la Justice et des Libertés en mai 2015
d’une conférence nationale sur le thème de « la réalité et les horizons du recouvrement des
amendes des condamnations pécuniaires16 »
C’est de cette façon que l’idée de la création de l’UNR est apparue. Par rapport à
l’intentionnalité du changement, nous pouvons conclure que ce projet est un changement
prescrit par l’environnement externe et interne.
Quant à la nature du changement vis-à-vis son mode de diffusion, il revient à décrire
comment se développe le changement dans l’organisation. La CRSJ et le projet de
changement, incarné dans les circulaires ci-dessous, ont prévu que la réalisation de celui-ci
soit effectuée sur la base d’un ensemble d’activités successives programmées sur un horizon
déterminé et suivant un calendrier de mise en place progressif dépassant une année. Nous
avons constaté également que ce changement envisage la réforme de deux activités
uniquement dans les tribunaux, sans que le fonctionnement de ces derniers soit refondu.
Ce projet tel qu’il est présenté, est considéré comme prescrit ou imposé par rapport à
l’intentionnalité et progressif ou incrémental par rapport à son mode de diffusion, ce qui nous
amène à présenter les résultats relatifs à la décomposition de son processus en des phases.
3.2. DECOMPOSITION DU PROCESSUS DE CHANGEMENT
L’exploitation des sources documentaires et des comptes rendus des entretiens ainsi que
l’observation des faits peut s’organiser autour des phases du processus du changement issues
du modèle de Vandangeon-Derumez (1998) : Maturation, déracinement et enracinement.
14
Publié au bulletin officiel N° 6228 Bis daté du 06-05-2014, portant sur le recouvrement des amendes,
condamnations pécuniaires et frais de la justice
15
La Charte de Réforme du Système Judiciaire est considérée comme la stratégie de la réforme de la justice.
.واقع وآفاق تحصيل الغرامات واإلدانات النقدية16
Cette conférence est organisée avec la participation de tous les intervenants dans le processus de recouvrement
au sein des tribunaux. Les conférenciers, après de longs débats, ont approuvé la recommandation de la création
d’une unité chargée de la réalisation des activités de notification et de recouvrement, et un comité de préparation
du projet a été nommé à cette occasion.
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17
Conférence nationale sur le thème de « la réalité et les horizons du recouvrement des amendes et des
. واقع وآفاق تحصيل الغرامات واإلدانات النقديةcondamnations pécuniaires
18
Procédurales, matérielles et juridiques relatives aux ressources
19
اLa première، portant le numéro 1 س36, concerne « les mesures immédiates et urgentes devant être
entreprises pour améliorer la productivité de l’unité de la notification et de recouvrement au sein des tribunaux
.» التدابير اآلنية الواجب اتخاذها للرفع من مردودية وحدة التبليغ والتحصيل بالمحاكم. Et la deuxième circulaire, N° 1 س36, portant
sur « la création de bureaux de détermination et de liquidation des frais de la justice إحداث مكاتب تحديد وتصفية
»الصوائر والمصاريف القضائية
20
Ces mesures sont les suivantes : aménagement d’un espace indépendant pour l’unité, désignation des comités
chargés du reporting à la division du recouvrement, utilisation des applications informatiques, proposition des
fonctionnaires compétents pour ces tâches, assurance des moyens pour le fonctionnement de l’UNR, tenue des
registres de contrôle et de suivi et d’autres mesures procédurales et judiciaires.
21
Il s’agit d’une division appartenant à la direction de budget et de contrôle (DBC), notamment la division
chargée de recouvrement.
22
Les affectations des membres des UNR s’est fait sur la base d’une batterie de critères établis par la DRH et
approuvés par les responsables des juridictions.
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projet de changement. C’était une occasion pour développer les initiatives locales concernant
de nombreuses questions, notamment l’aménagement de l’unité pour les intégrer au projet.
Cette phase est bouclée par des visites effectuées par les membres d’un comité de pilotage du
projet au niveau de tous les tribunaux en vue de suivre sa mise en place et résoudre les
problèmes inhérents de sa mise en œuvre. Chaque visite donnait lieu, à un rapport présenté
aux instances compétentes pour des éventuelles recommandations ou d’actions correctives.
des décisions de nomination des chefs et des fonctionnaires et enfin la conception d’un
manuel de procédures pour les UNR.
Tableau 4 : les modes de contrôle dans la phase d’enracinement (établi par nous-même)
SOURCE ÉLEMENTS REACTION DU MOYEN
ACTIVITES
D’INFLUENCE CONTROLES CONTROLE UTILISE
Évaluation des Contrôles Rapports de la mise Contrôle par
actions engagées Attitude évaluative
organisationnels en œuvre des UNR objectifs
Correction des Actions engagées
Contrôles Contrôle par la
actions engagées pour la mise en place Attitude évaluative
organisationnels bureaucratie
des UNR
Décisions de Les profils
Contrôles Contrôle par la
nomination fonctionnaires Attitude positive
organisationnels bureaucratie
affectés.
Projet de manuel Contrôles Contrôle par la
des procédures Les procédures Attitude positive
organisationnels bureaucratie.
Source : établi par nous-même.
PROCESSUS DE CHANGEMENT.
Le rôle des acteurs et des dispositifs de gestion (et donc a fortiori des modes de contrôle)
diffèrent selon la phase du processus du changement (Vandangeon-Duremez 1998 et David
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1998). C’est à partir de ce constat théorique, vérifié dans le contexte des entreprises privées,
que nous avons mené cette recherche pour vérifier si les modes de contrôle social, en tant que
dispositifs de gestion, poursuivent le même raisonnement. En effet, les résultats obtenus et
présentés dans le point précédent confirment ce constat. Dès lors, cette hypothèse s’avère
vérifiée dans un contexte de changement à la fois prescrit et progressif.
D’après la figure ci-après, nous constatons la prédominance des contrôles organisationnels et
sociaux basés sur les lois et les procédures, complétés par le pouvoir d’influence d’une
personne. Ceci montre que, dans un contexte public, le contrôle s’exerce notamment par le
pouvoir conféré à une personne, généralement les leaders, à travers son autorité hiérarchique,
ainsi que son pouvoir d’influence. Ces contrôles s’exercent sur les actions et les résultats dans
les trois phases, avec l’ajout du contrôle sur les objectifs dans la première phase et le contrôle
des personnes à l’entrée dans la troisième phase23.
En outre, nous avons constaté que les personnes contrôlées manifestent toujours une attitude
positive et évaluative dans toutes les phases. Ceci s’explique par leur implication et leur
adhésion au projet, qui émane souvent de leur prise de conscience de la nécessité du
changement et des avantages qui leur sont offerts par la nouvelle situation. Nous pouvons
conclure que la réussite de ce projet est expliquée par ce constat qui fait de la résistance un
élément négligé qui n’impacte pas la réussite du projet, et ce grâce à la supervision
organisationnelle des autorités hiérarchiques.
Finalement, nous constatons que, durant toutes les phases, les moyens ou les vecteurs utilisés
pour l’exercice du contrôle, reposent généralement sur la bureaucratie, les procédures,
l’environnement et l’organisation. Ceci peut être expliqué par le fait que les contrôles exercés
trouvent leurs origines dans le pouvoir et l’autorité des personnes leaders.
Figure 4 : les modes de contrôle social dans une dynamique de changement
23
À ce stade nous tenons à signaler que le contrôle des personnes à l’entrée (décision d’affectation définitive des
fonctionnaires chargés des tâches de notification et de recouvrement), est laissé à la fin dans le but de créer une
incertitude pour eux, chose qui permettra d’éviter l’effet de leur résistance éventuelle en les écartant.
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Conclusion
Cette étude a été exploratoire et descriptive avec l’objectif de démontrer comment les modes
de contrôle contribuent et aident à gérer un processus de changement organisationnel dans le
secteur public. Il s’agit en effet d’une relecture du processus de changement par rapport à une
réappropriation et une instrumentation des modes de contrôle que pratique une organisation.
Ainsi, ce travail repose la question de la nature et de l’usage des pratiques de contrôle à
l’occasion des diverses actions organisées, en l’occurrence le changement, tenant compte de
son caractère dynamique dans un secteur spécifique, celui de l’administration publique.
En effet, nous avons intégré le Ministère de la Justice et des Libertés marocain, où nous avons
suivi son projet de création des Unités de Recouvrement et de Notification au niveau des
tribunaux marocains. Dans un premier temps nous avons essayé de catégoriser le changement
vis-à-vis des facteurs de l’intentionnalité et du mode de diffusion. À ce niveau, le changement
en question se représente comme un changement prescrit par les pressions de l’environnement
externe, pourtant sa formulation en interne le qualifie de construit. En outre, il se trouve
progressif vu les étapes et le calendrier qu’il a pris pour sa mise en place ainsi que pour son
impact sur le reste des entités de l’organisation.
Par la suite, et tenant compte des propos de l’approche processuelle du changement, nous
avons tenté de procéder à un découpage de ce changement en trois phases selon l’acception de
Vandangeon-Derumez (1998), en l’occurrence : la maturation, le déracinement
l’enracinement. Chacune des phases étant scindée en des activités. Pour enfin affecter des
modes de contrôle social à chaque phase du processus de changement.
Les constats émis dans cette recherche permettent également de conclure que ces modes de
contrôle peuvent jouer le rôle d’un cadrant des apprentissages progressifs individuels et
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Anis Hamrouni
ISET Kairouan – Campus Universitaire Raccada
Kairouan - Tunisie
[email protected]
Résumé :
Chaque entreprise, société ou organisation, qu’elle soit publique ou privée, doit s’imposer à
l’exercice de la comptabilité. C’est la raison pour laquelle beaucoup de ces structures décident
donc de sous-traiter la gestion de cette activité et font appel à un cabinet-conseil.
De nos jours, La comptabilité et l’audit ont pour rôle de refléter la santé d'une entreprise, de
formuler son fonctionnement et de la guider vers un développement optimal. D’où, ces deux
métiers n'existaient que pour une question de légalité mais ils sont devenus de vrais outils
nécessaires à la compréhensibilité, au fonctionnement de l'entreprise et donc à la mise en
place d'un développement de croissance.
Mots clés : Audit interne ; Contrôle interne ; association ; gouvernance ; processus d’audit
Abstract :
Every company, society or organization, that it is public or deprived, has to impose upon the
exercise of the accounting (accounts department). It is the reason why many of these
structures thus decide to subcontract the management of this activity and call on (appeal) to a
consulting firm.
Nowadays, the accounting (accounts department) and the audit have for role to reflect the
health of a company, to formulate its functioning and to guide her(it) towards an optimal
development. Where from, these two jobs(businesses) existed only for a question of legality
but they became real tools necessary for the comprehensibility, for the functioning of the
company and thus for the implementation of a development of growth.
Thus, based on the objective of ensuring the regularity, fairness and transparency of their
published financial information, the NPO accounts must be organized in accordance with the
provisions of the accounting system of enterprises, subject to certain adaptations required by
their non-profit-making nature and specific to their fields of activity.
Introduction
La connaissance des associations de ces obligations est primordiale non seulement pour
une gestion transparente et un bon contrôle interne, mais également pour garantir la
pérennité et l’indépendance de ces structures. En effet, une association peu soucieuse de
ces obligations et des dirigeants inconscients des risques qui découlent de celles-ci sont
plus vulnérables face aux autorités et sont par conséquent moins indépendant.
Notre recherche est organisée autour de trois parties qui se manifestent comme suit : Sur
quelle démarche l’audit des associations repose-elle ? En d’autres termes, quelle est la
spécificité d’une mission d’audit au sein d’une association à vocation non lucrative ?
Pour cela, cette étude s’intéressera : Dans une première partie nous allons focaliser sur le
processus d’audit dans une association et après dans une deuxième partie de notre travail
nous procédons à un guide pratique d’une mission d’audit au sein d’une association.
L’étude de cas va porter sur une association à but non lucratif en Tunisie. L’association «
ABC » a pour but
1. La démarche d’audit
La direction et le personnel d’une entreprise, par exemple, sont dans l’obligation de fournir
des informations financières aux différentes parties concernées, notamment les membres
du conseil d’administration et les investisseurs extérieurs (actionnaires, bailleurs de fonds).
Pour que ces parties puissent obtenir une confirmation concrète de ces informations, ils ont
alors recours à l’audit externe.
L’audit externe est mis en œuvre par un organisme indépendant chargé de vérifier la
validité des informations communiquées aux parties par les institutions. Ainsi, l’audit
externe se définit comme étant un examen indépendant et formel de la situation financière
d’un organisme ainsi que de la nature et des résultats de ses activités. Cette étude est mise
en œuvre par des commissaires aux comptes professionnels. Ils ont pour but de s’assurer
de la pertinence des rapports de la direction et de la crédibilité des états financiers. Elle
permet également de dresser la responsabilité des institutions dans la gestion des capitaux
des bailleurs et d’objectiver les points faibles des suivis internes [13].
Les travaux d’audit externes peuvent varier énormément en fonction des objectifs. En effet,
un auditeur externe est en mesure d’effectuer différents types d’audit :
L’audit externe peut être imposé par la loi ou par certaines réglementations. Le type
d’audit externe le plus répandu est l’audit des états financiers.
Les états financiers sont composés du bilan de l’institution, son compte de résultats et les
fluctuations de son état économique. Ils sont établis par des procédures comptables
instaurées par les institutions. Ces organismes peuvent financer des audits des états
financiers pour plusieurs raisons :
Les parties directement concernées par les états financiers (les bailleurs de fonds, la
direction…) sont en droit de vouloir s’assurer que l’image reflétée par l’institution
est bel et bien fidèle à sa situation réelle.
Une institution peut apporter la preuve de sa transparence. La confirmation de ses
états financiers est destinée aux bailleurs de fonds, prêteurs ou investisseurs
potentiels et fait un appel à un organisme indépendant.
Dans un audit des états financiers, l’auditeur est chargé d’émettre une opinion sur la
situation financière d’une institution en vérifiant si elle est bien conforme aux normes
comptables.
L’examen des données qui justifient les montants et l’ensemble des éléments
constituant les états financiers.
L’évaluation des normes comptables appliquées par l’institution.
L’analyse des principales estimations fournies par la direction
L’étude de présentation globale des états financiers.
Une opinion sans réserve : stipule que les états financiers de l’institution sont représentés
de façon transparente et fidèle. C'est-à-dire qu’ils ne comportent aucune anomalie
significative.
Une opinion avec réserve : reflète des problèmes de gestion qui ne permettent pas à
l’auditeur d’exprimer une opinion sans réserve.
Une opinion défavorable : est émise lorsque les normes comptables ne sont pas
respectées et que les états financiers sont biaisés.
Enfin, il est important de savoir que l’audit externe est soumis à des « normes d’audit ».
Les normes d’audit prévoient que l’auditeur réalise un travail contentieux en vue de
confirmer concrètement que les états financiers d’une institution ne présentent aucune
anomalie significative. Une donnée est qualifiée de significative si son omission ou son
inexactitude peut influencer la décision des destinataires des états financiers.
Les normes d’audit reconnues et mises en place par l’ordre professionnel des
experts comptables du pays ;
Les normes reconnues dans le pays où sont implantés des ordres professionnels de
longue date (France, Etats-Unis…) ;
Les normes internationales d’audit (ISA) ;
Si l’auditeur a le choix, il est toujours préférable d’avoir recours aux normes
internationales d’audit.
Enfin, il est primordial de différencier entre les audits externes et les contrôles menés par
les autorités de supervision bancaire ou par la banque centrale. Le contrôle est une
procédure réglementaire menée par un inspecteur. Son étendue est beaucoup plus étendue
que celle des audits.
Source : « La démarche générale d’audit et les nouvelles normes » (Approche spécifique des PME) (septembre 2008).
1
Rejeb Elloumi opinions « cadres juridique, comptable, fiscal et social régissant les associations en Tunisie » (le
21 janvier 2013).
La direction est responsable de l’établissement des états financiers et l’auditeur est tenu
d’exprimer une assurance raisonnable que les états financiers pris dans leur ensemble ne
comportent pas d’anomalies significatives, que celles-ci résultent de fraudes ou d’erreurs.2
Pour se faire l’auditeur est appelé à collecter des éléments probants suffisants et appropriés
pour soutenir son opinion, la collecte des éléments probants est fonction du risque d’audit,
qui est le risque que l’auditeur émet une opinion favorable sur des états financiers
contenant des anomalies significatives. En effet, le risque d’audit (RA) est fonction du
risque inhérent
Le risque de non détection est le risque que les procédés mis en œuvre ne permettent pas
de déceler les anomalies significatives.
ISA 200 : « Objectifs généraux de l’auditeur indépendant et réalisation d’un audit conforme aux normes
2
2.1. Particularités de l’audit des associations par rapport à un audit classique des
entreprises
Les membres d’une association participent de façon active à sa vie de différentes manières
à savoir les apports matériels, intellectuels ou physiques. Ils sont rassemblés autour d’une
même action et partagent des valeurs communes, ils « adhèrent ». Ce sont des passions
qu’ils partagent et leur donnent envie de s’investir pour une même cause. Cette
caractéristique permet de limiter les conflits au sein de l’association.
De plus, les membres fondateurs n’ont pas la possibilité de se partager les bénéfices
réalisés quand il y en a. Ainsi, l’audit des associations présente des divergences avec
l’audit d’entreprise. Les comptes de subventions sont contrôlés attentivement car les
contrats signés sont des ressources pour l’association. Sans ces aides, les projets ne
pourraient pas se réaliser avec les mêmes ambitions. Comme c’est le cas pour les sociétés
commerciales, le commissaire aux comptes doit respecter les dispositions, légales prévus
dans le code des sociétés commerciales, ainsi que les normes de profession dictées par
l’ordre des experts comptable de Tunisie, au cas où il en est membre.4
L’auditeur ne se prononce pas sur la qualité de la gestion mais uniquement sur les
documents financiers publiés.
Garantir plus en plus de contrôles
Présenter des comptes certifiés est une obligation pour certaines entités. Pour ces dernières
comme pour les autres, être accompagnées par un commissaire aux comptes offre la
garantie que les procédures réglementaires, en matière de contrôle et de tenue des comptes,
« La conduite d’une mission d’audit interne IMAC Audit & Conseil » (notes préparées par Abderrazek Souei).
4
néfastes sur la performance et le partage des informations. La relation entretenue entre les
présidents d’associations ou les comptables et trésoriers et les auditeurs est particulière. Le
commissaire aux comptes offre dans ce cas d’autant plus la garantie que les procédures
règlementaires en ce qui concerne la tenue des comptes et les contrôles sont suivies. En
effet, les comptes sont tenus par des personnes qui ont en général un niveau de
connaissance et d’expérience inférieur à ceux des salariés d’un service comptable et
financier d’une société. Les auditeurs apportent donc des corrections sur le mode de tenue
quotidien des comptes et enseignes des méthodes parfois inconnues des interlocuteurs, qui
leur permettront de s’améliorer dans la gestion comptable. L’intervention de l’équipe
d’audit s’avère être un véritable accélérateur de progrès en matière comptable.
Dans ce contexte de transmission de méthodes de la part des auditeurs à leurs clients, les
relations sont encore plus cordiales que dans le cas d’une société cliente. La valeur ajoutée
apportée par l’audit et son utilité sont ainsi directement ressenties par les interlocuteurs, ce
qui œuvre en faveur d’une collaboration efficace. Egalement, la petite taille des structures
associatives rapproche l’auditeur de son client, il dialoguera avec une plus grande partie de
l’effectif qu’avec les sociétés présentes dans son portefeuille client. De même, il arrive
souvent qu’une petite association n’ait pas les moyens de payer les services d’un expert-
comptable Le commissaire aux comptes est donc parfois chargé établir les comptes afin de
pouvoir obtenir des documents comptables suffisamment aboutis pour effectuer des
contrôles. Les
Associations ont par conséquent d’autres nécessités lors de la mission de commissariat aux
comptes.
Sondages : la mise en œuvre de procédures d’audit sur moins de 100 % des éléments
d’une population pertinente pour l’audit, d’une manière telle que toutes les unités
Tout comme pour le secteur lucratif, le commissaire aux comptes est tenu de planifier sa
mission. Il doit également procéder au préalable à une prise de connaissance générale de
l’environnement qui entoure l’association. Ensuite, il procède à une évaluation du système
de contrôle interne afin de dégager les points forts et les points faibles pour entamer enfin
la phase de l’examen des comptes annuels menant à l’expression de l’opinion.
De manière générale le commissaire aux comptes est appelé à s’assurer que la continuité
de l’exploitation de l’association n’est pas menacée.
Les évaluations combinées du risque sont cruciales pour déterminer la nature et l’étendue
des procédures d’audit, conçues pour réduire à un niveau acceptable le risque de non-
détection dont dépend la nature de l’opinion exprimée sur les états de synthèse.6
3.2.Risques identifiés
Comptabilité d’engagement :
Cette situation risque de ne pas
l’association ne comptabilise que
permettre le contrôle, le suivit et le
les recettes encaissées ceux qui ne
cut off.
l’ont pas été mis dans un état a
6
Norme Comptable Française NCF 13 « Les bonnes pratiques en matière de contrôle interne dans les PME »
Recette Les bons d’envoi des calendriers Cette situation ne permet pas la
aux établissements scolaires ne vérification de l’exhaustivité des
sont pas près numérotés. opérations.
3.3.Recommandations
Cycles Recommandation
Organisation générale La nomination d’une personne habilitée pour le suivi des
travaux au sein de l’association
Système d’information Il est recommandé d’établir un manuel d’organisation
comptable décrivant notamment les aspects suivants :
L’organisation comptable de l’association ;
Les méthodes de saisie et de traitement des informations ;
Les politiques comptables et les supports utilisés ;
La procédure d’élaboration des états financiers
Recette Nous recommandons d’instaurer un système qui permet le
prélèvement automatique pour les cotisations.
Gestion des stocks La mise en place d’un système de gestion des stocks
Paie personnel Il est nécessaire soit d’effectuer une formation pour l’un
des salariés pour qu’il puisse occuper le poste de
comptable, soit de recruter un comptable.
Revue des processus alimentant les comptes significatifs pour chacun des
cycles
Recett Dépens Personn Immobilisatio Trésoreri
Risques d’erreurs
Source : « Guide d’autodiagnostic à l’usage des responsables d’association 3éme édition 1999 »
Objectifs Exemple
• Analyse et validation de la Préparation de l'audit des états financiers
sincérité et la régularité des états Audit des états financiers :
financiers annuels
• Concentration de l’effort d’audit et des tests de
• Revue des éléments probants détail (appelés aussi « tests substantifs ») sur les
de certaines données des zones les plus risquées. L’étendue de ces
comptes annuels considérés contrôles est déterminée en fonction de la qualité
comme significatifs ou non du contrôle interne.
(bilan et compte de résultat) en
• Utilisation des tests informatiques ciblés sur les
fonction du niveau de risque
données (par ex. vérification d’un flux de recette,
établi lors de la phase
d’une règle de codage) permettant une revue
précédente.
rapide et efficace de certaines transactions jugées
• Revue du processus de clôture. critiques.
7
« Conférence DGFIP Certification des comptes des EPS : statut et démarche du commissaire aux comptes » (4
septembre 2014, France).
Préparation du rapport :
Conclusion
L’audit permet aux associations de clarifier leur situation financière et leurs moyens utilisés.
Leur caractère spécifique nécessite de la part de l’auditeur une attention particulière ainsi que
la mise en œuvre d’une méthodologie d’audit spécifique : l’approche par les risques.
Il est donc fondamental de se procurer une compréhension du secteur d’activité, avec toutes
ses particularités, et de maîtriser les domaines de risque afin de pouvoir réussir une mission
d’audit dans ces associations.
Références bibliographiques
Le guide des associations Tunasso (avril 2011) Version 1.0
Barbara Gerome, Guide association & difficulté Quelles solutions économiques et financières
pour les associations en difficulté ? (janvier 2012)
Xavier DELSOL, (2003), « guide d’audit des associations », Juris associatus, 3ème édition.
Rejeb Elloumi opinions « cadres juridique, comptable, fiscal et social régissant les
associations en Tunisie » (le 21 janvier 2013).
Slim Briki « Projet de loi sur les associations en cours d’élaboration (avril 2014) »
« La démarche générale d’audit et les nouvelles normes (Approche spécifique des PME
septembre 2008) »
Conférence DGFIP Certification des comptes des EPS : statut et démarche du commissaire
aux comptes » (4 septembre 2014, France).
« La conduite d’une mission d’audit interne IMAC Audit & Conseil » (notes préparées par
Abderrazek Souei).
Code de TVA
Le cadre conceptuel de la comptabilité (La Norme Comptable Tunisienne NCT 6 et NCT 5).
Norme (Version v.02 du 17 septembre 2014) dans le cadre de préparation des Normes
Comptables pour les Associations, les Partis Politiques et les autres Organismes Sans But
Lucratif (OSBL) MINISTRE DES FINANCES.
ISA 200 : « Objectifs généraux de l’auditeur indépendant et réalisation d’un audit conforme
aux normes internationales d’audit »
Norme Comptable Française NCF 13 « Les bonnes pratiques en matière de contrôle interne
dans les PME »
Aouatif Boudiaf
Doctorante au Groupe ISCAE
Abstract :
Defined for the first time by US accounting standards, the notion of fair value has become in
recent years an increasingly important part of the international normative arsenal. Thought
initially as an accounting concept, it quickly becomes a cornerstone of a new economic
paradigm in which the investor is considered as the preferred recipient of accounting
information. The aim of the accounting system in this regard, is to provide relevant
information in order to make the optimal allocation of resources in the financial market. Thus,
the ultimate goal of fair value is to enrich the informational content of accounting information
delivered to the market in order to minimize information asymmetry between managers and
investors. This paper, which aims to highlight the impact of fair value accounting on reducing
the asymmetry of information in the financial market, will focus on the analysis of the
conceptual framework of international standards and the synthesis of the results of the main
empirical research on this specific issue.
Key words : Fair value, informational efficiency, market price, financial performance,
accounting reporting.
Résumé :
Définie la première fois par les normes comptables américaines, la notion de juste valeur
prend ces dernières années une place de plus en plus importante dans l’arsenal normatif
international. Pensée initialement comme un concept comptable, elle devient très vite une
pierre angulaire d’un nouveau paradigme économique dans lequel l’investisseur est le
destinataire privilégié de l’information comptable. Le système comptable devient un moyen
d’information au service de l’allocation des ressources sur le marché financier. D’ailleurs, le
but ultime recherché par la juste valeur est de renforcer le contenu informatif de l’information
à destination du marché afin de réduire au maximum l’asymétrie d’information entre les
dirigeants et les investisseurs. L’objectif du présent papier est de mettre en exergue l’impact
de l’utilisation de la juste valeur sur la réduction de l’asymétrie d’information sur le marché
financier et ce, à travers l’analyse du cadre conceptuel des normes internationales et la
synthèse des résultats des principales recherches empiriques ayant traité le sujet.
Mots clés : juste valeur, efficience informationnelle, prix de marché, performance financière,
reporting comptable.
Introduction
Appeared in December 1975 in FASB Standard FAS 12, the concept of fair value was
introduced in the accounting language following international harmonization. It is the Anglo-
Saxon translation of "fair value" which, literally, corresponds more to "sincere value" or
"loyal". Fair value was first defined by the US FASB standards before being adopted by IASB
standards and subsequently developed in the standards for financial instruments (FASB and
IASB standards). Since 2002, these standard-setting organizations have worked together to
provide common rules for fair value accounting. In September 2006, the FASB issued FAS
157 "Fair Value Measurement" and the IASB issued an Exposure Draft on the same subject.
In addition, IFRS 9 should replace IAS 39 on the valuation of financial instruments. This
standard, which has introduced a major change in the fair value of financial instruments, will
be mandatory starting from January 1, 2018.
The advent of the concept of fair value and the fast growth that it knows is concomitant with
the evolution of the business world due mainly to the effects of the globalization of the
markets and the increasing financialization of the latter. Before being an accounting concept,
fair value is a way of seeing the company as a value creating entity. The assessment of the
financial performance of firms then becomes the ultimate goal of accounting standards, and
for good reason! The investor rely on the accounting information to make his arbitrations on
the market, he must be able to appreciate the real value of a company without having to go
through endless reprocessing. The relevant information needed by the investor have to be
presented to him as close as possible to his perspective, that is exactly the goal of international
accounting standards through the application of fair value. Thus, the accounting information
becomes a tool in the service of the reduction of the costs related to asymmetric information
on the financial market. The investor is ranked first as the main recipient of the accounting
information. In this perspective, it seems that the ultimate objective of the accounting system
is to facilitate the use of accounting information by the investor by minimizing the
adjustments needed to move from accounting information to financial one. In fact, the
application of the fair value assumes that even the unrealized gains are to be taken into
account within the framework of an "expanded" income statement.
The purpose of this paper is to highlight the link between the application of fair value and the
improvement of the informational efficiency of the market through the strengthening of the
information content provided to the investor. To do this, we will, firstly, study the
contribution of international accounting reporting standards before establishing the link
between this reporting and the concept of fair value. We will also identify the different
recipients of the accounting information according to the conceptual framework of the
international standards, then we will try to determine the existence of an implicit hierarchy of
these recipients favoring a more financial than accounting perspective. In a second step, we
will focus on the contribution of fair value to the theory of the informational efficiency of the
financial markets by first defining the main assumptions and limits of this theoretical
hypothesis, then presenting the link between the application of fair value and the reduction of
market information asymmetry. Finally, we will present a summary of the results of the main
empirical research dealing with the link between fair value information and investors'
decisions that are materialized in the evolution of securities prices on the market.
The introduction of fair value in accounting involves a change in the assessment of the
financial performance of an enterprise since, in addition to the net result, comprehensive
income includes a number of changes in equity not caused by shareholder transactions. The
reporting method thus affects readers' perceptions of the financial performance of the
company and determines, on the way, "the distribution of international investments through
various economic mechanisms, such as the impact on the asymmetry of information between
managers and investors "(Ball 1995, Bushman & Smith 2001).
The need to harmonize accounting standards and practices to "facilitate the understanding of
financial statements, produce reliable information, participate in the stability of markets,
economies and corporate financing" is one of the conclusions of the report of the work
chaired by Daniel Bouton and sponsored by the MEDEF in 2002 on listed companies. These
goals of intelligibility and comparability of performance are clearly enunciated by the
conceptual framework. However, the concept of performance is not clearly defined in the
texts. In fact, defining the notion of performance is a prerequisite for "reporting" because its
definition determines its content, as well as the elements that represent it. As far as financial
performance is concerned, financial performance is assimilated to the profit made by the
company within the framework of capital and valuation convention used. Based on the
normative theory, the conceptual framework of the IAS / IFRS standards, as well as that of
the US GAAP, is based on the assumption that the respect of the rules enacted by the
international reference, confers the qualities required to the information contained in the
financial statements and in particular "intelligibility and comparability". These two qualities
are among the four qualitative characteristics (intelligibility, relevance, reliability,
comparability) defined as "the attributes that make the information provided in the financial
statements useful to users". The choice to focus on these two concepts more particularly is
explained by the international dimension of the harmonization of standards. Indeed, although
relevance and reliability are essential characteristics of the accounting information, they are
regardless of the reference concerned. The goal of an international standard is to allow the
comparability of the financial statements and thus the performance of companies around the
world. Obviously, this comparability is only possible if the information is intelligible.
Fair value accounting is akin to the value theory in which the result concept measures the
return on investment for shareholders and results in an expanded performance reporting, close
to the concept of comprehensive income. As S. Giordano and M. Lacroix say, “In a financial
investment logic, it is the maintenance of the purchasing power of invested capital that
prevails over any other approach to performance. As a result, unrealized gains, which measure
a potential increase in the general purchasing power of the funds invested by shareholders, are
sources of profit”. In this context, the difference in the revaluation of assets, notably through
the use of the market or the estimation of future cash flows, appears in the accounts and is
integrated as an element of the company's performance. Likewise, value creation for the
shareholder would be measured through the comprehensive income that includes, in addition
to the after-tax operating and financial results, the impact of the revaluation of certain assets
or liabilities. In this perspective, the profit and loss account responds more to the needs of the
shareholder by measuring the variation of the equity invested by him in the company, and is
inevitably removed from the stated needs in terms of performance reporting by other actors
and partners of the company, which asserts the presumption of primacy granted to the investor
as a prioritized user of the financial statements.
Some authors state that "implicitly, fair value and comprehensive income refer to the theory
of value. The concept of financial capital is close to that of market capitalization for
companies to which international standards are addressed ". Otherwise, this view of market-
oriented performance reflects a willingness to converge accounting with the market and vice
versa, which implies that markets are not efficient because, if at all In this case, the prices on
the market would systematically translate all the information relating to a given asset.
Nevertheless, fair value accounting assumes the existence of an efficient market, which is
likely to create a sort of amalgam between the conditions of the fair value use and the results
of its application. In other words, the market efficiency assumption is perceived, at the same
time, as implicit condition justifying the use of fair value and also as a consequence of that
use. Thus, the constraints on fair value are heavy both theoretically and practically. Indeed,
we cannot talk about conceptual accounting frameworks without considering, in advance, a
conception of the firm and its mode of governance. Nevertheless, one should also admit the
contributions of the fair value in terms of reducing asymmetric information on the market by
improving the quality of financial reporting.
1.3. The impact of fair value on the quality of accounting reporting of financial
performance
Given the goal of comparability displayed by the standard setter, fair value accounting is
required to provide the recipients of the financial statements with the necessary tools for
decision-making. In this context, the information provided must be reliable and relevant. By
reference to the agency theory, the objective assigned to financial reporting is to reduce the
asymmetry of information between managers and shareholders in a world dominated by
uncertainty. Indeed, as the assumption of informational efficiency of the market is far from
being empirically verified, it is crucial to provide the investor with complete and reliable
information in order to enable him to make the required trade-offs. Thus, the allocation of
resources on the market depends on the information available and its perception by the user.
In this context, it should be noted that fair value accounting reflects forward-looking and
therefore more factual information and takes into account market variables. Moreover,
historical cost accounting produces information that reflects past events measured according
to the variables available at the transaction completion date. The conceptual frameworks
(IFRS and FASB) mentioned the required qualities of accounting information: referring to
Given these determinants of relevance, the application of fair value systematically involves
strengthening the informative content of accounting and financial information. This is
precisely what the FASB has confirmed in its SFAS 1072 (§, 40): “the fair value information
of financial instruments is intended to help users of financial information to make their own
forecasts and to confirm or correct their previous estimates”. In the same context, the FASB
states that “fair value is the most relevant method of valuing financial instruments because it
offers users of financial statements the opportunity to appreciate the consequences of the
investment and financing strategies decided upon by a firm “(SFAS 107, § 41). Similarly,
JWGSS3 (2000: 151) states that “fair value is able to provide relevant information about
financial instruments because it allows for the timely reflection of events and business
conditions of the enterprise and provide a good basis for the analysis and forecasting of future
cash flows”. Nevertheless, it would be risky to categorically conclude the relevance of the
information in fair value. Indeed, several empirical studies have attempted to analyze the
usefulness of fair value information in investor decision-making. The results of these studies
remain mitigated and refer to the negative externalities of the notion of fair value, notably the
subjectivity that prevails in its determination when we use internal evaluation models.
Starting from the idea that any asset has an intrinsic value that once, on the market, gives rise
to a price; the information efficiency assumption assumes the market's ability to continually
determine the fair price of a financial asset.
The theory of informational efficiency is at the heart of modern finance: it is one of the
fundamental conditions of several financial models, particularly as regards the valuation of
1
Dictionary of Accounting and Financial Management, p. 621
2
Statement of Financial Accounting Standards No.107: Disclosures about Fair Value of Financial Instruments.
Joint Working Group of Standard Setters, un groupe de dix normalisateurs comptables (dont l’IASB).
3
financial assets.The first milestones of this theory were laid at the beginning of the 20th
century, with researches postulating the unpredictability of prices. However, it was actually
formalized by the American economist Samuelson in the 1960s. Then, in the 1970s, Fama has
slightly refined by proposing three forms of efficiency. He has also produced a series of
empirical studies analyzing the price behavior of different financial assets, but his main
contribution is to have developed statistical methods to test the efficiency hypothesis. Indeed,
E. Fama (1965) states that the price observed on the market constitutes at all times a good
estimator of the fair value of an asset, at all times, as it instantly reflects all available
information related to this asset. Thus, the only relevant variable for determining the price of
assets is then the information available and not the personal opinions of agents or their
expectations disconnected from the rational.
Once the new information becomes available, it will be instantly used and incorporated into
the prices because of the rationality of the agents who react immediately and adequately to the
occurrence of any new information. In such a scheme, information is considered free and
transaction costs are not taken into account. Even when investors are irrational, the efficiency
assumption is verified. Indeed, even if an irrational investor buys (sells) overvalued
(undervalued) assets, if the irrational investor estimates are not correlated, they offset each
other and the price stays close to the fundamental value. Otherwise, if the irrational investor
estimates are correlated, the speculative behavior of fundamentalist investors reduces the
price to its fundamental value in case of over / undervaluation and thus, eliminates irrational
investors (Friedman 1953, Schleifer 2000). In this regard, the definition of the concept of
informational efficiency does not create unanimity within the research community. Indeed,
Jensen (1978) believes that a market is efficient, conditional on a set of information, if it is
impossible to make abnormal profits by speculating on the basis of this set of information.
Malkiel (2003) states that efficient financial markets do not allow investors to make above-
average gains without accepting higher-than-average risks.
4
Thesis on the behavior of stock prices published in Paris in 1900.
The theory of informational efficiency supposes the existence of three types of rationalities:
Fundamentalist rationality
In a financial market, the actors use the available information to rationally anticipate price
changes, including the statistical distribution of future dividends. Thus, if all the actors are
rational, efficiency prevails since each one is being able to correctly evaluate the securities,
nobody deviates from the appropriate price5.
Financial rationality
The choices of the actors depend not only on the rational anticipation of the fundamentals, but
also on possible trade-offs on the financial markets. Indeed, if fundamentalist rationality was
the only efficiency situation considered by the theory of information efficiency, this theory
would not be very interesting since it would not open the opportunity to arbitration. The aim
is to maximize the utility expectancy of wealth (Von Neumann & Morgenstern).
Strategic Rationality
Numerous researches, particularly under the impulse of cognitive psychology, have shown
that individual behavior towards risk often deviates from rationality. Actually, neoclassical
finance insists on the fact that it does not require an extended rationality of the actors. As
argued by Malkiel and Ross, “Markets can be efficient even if many markets participants are
quite irrational”, the researchers go further by emphasizing: “The central themes of
neoclassical finance are not based on the rationality of the average person”. However, even if
one accepts the existence of irrational behaviors, efficiency always prevails since these are
neutralized. To understand this situation, we must distinguish two configurations. A first
situation of irrationality compatible with efficiency occurs when irrational behavior is the
result of independent choices. In this first case, irrational behaviors that are not correlated
compensate each other and cancel out their effects without the need for active intervention by
rational investors. This first situation is not the most interesting, indeed, even if the
estimations of the irrational investors are correlated, it is possible that the efficiency prevails
due to the impact of the arbitration that is considered as the key concept of the neoclassical
framework. It is the rational investor who, by buying on undervalued securities and selling on
overvalued securities, forbid prices to deviate from fundamental values. To this first reason
must be added the classic argument proposed by Friedman (1953) that the irrational buying
overvalued securities and selling undervalued securities are necessarily brought to term to
disappear from the market since they lose money. Ultimately, arbitration and selection
combine together to ensure that efficiency prevails. These analyzes are summarized by
Shleifer (2000): “It's hard not to be impressed by the breadth and power of the theoretical
arguments for market efficiency. When individuals are rational, markets are efficient by
definition. When some individuals are irrational, all or a large part of their trade goes on
5
This result can be deduced from the fact that neoclassical finance considers that there is only one relevant
estimate of the fundamental value given the information available. This is deduced from his assumptions
regarding future returns. For more details, see Orléan (2005).
between them so that they have only a limited influence on prices, even in the absence of
compensatory exchange by rational investors. However, such compensatory exchanges do
exist and act in such a way as to bring prices closer to fundamental values. Competition
between investors for better returns ensures that price adjustment to fundamental values will
be very fast. Finally, insofar as irrational investors transact at different prices from
fundamental values, they can only hurt themselves and cause their own loss. Not only the
rationality of the investors, but also the market forces themselves lead to the efficiency of the
financial markets “Shleifer (2000, 4-5).
2.2. Main limitations of the theory of the informational efficiency of the market
The assumptions of the theory of informational efficiency of the financial markets assume the
absence of information costs and neglect the impact of the actors’ expectations in the
determination of market prices. In addition, several empirical studies have questioned the
assumption of informational efficiency of the financial markets.
An absence of exchanges
An efficient market is one in which prices reflect all available information and agents have
rational behavior and expectations. However, if prices reflect all available information and
agents act rationally, the market disappears. Indeed, under these conditions, there will be no
exchange since all agents will want to sell the securities whose price will fall and buy those
whose price will grow. Without trade, the market cannot exist. Thus we see here a
contradiction within the definition of efficiency: if the market is efficient, the agents - who
form their decisions on the basis of information - have no interest in seeking to obtain such or
such information. Thus, if markets are informally efficient, research and information
acquisition are a waste of time. Therefore, how to solve this dilemma and especially how to
rehabilitate the market? The solution would then be to postulate that the agents behave as if
the market were not efficient ... A second possible interpretation consists in supposing that we
do not trade any more, at a time t, because we are at the balance. In equilibrium, there is no
more "speculative" motivation to exchange.
In a second time, at the t + 1 date, there will be information revelation, trial and error and new
update. In this case, an efficient market does not lead to a lack of trade.
Free information underlies the fact that prices reflect all the information. Of course, this
seems highly unrealistic and the existence of acquisition and information processing costs has
a very strong impact on efficiency, as shown by Grossman [1976, 1978] and Grossman and
Stiglitz [1980]. The latter develop a model in which two categories of agents coexist:
informed agents who acquire information at a certain cost and uninformed agents who
observe only prices. If there is no noise in the market and agents become more and more
informed, all the information is passed on to uninformed agents through prices. In an efficient
market, with prices reflecting all the available information, each informed agent thinks that he
can stop paying the information and do as well as an uninformed agent who pays nothing and
simply observes the information at through prices. It follows a lack of interest in investing in
the acquisition of information. If all informed agents do the same, they will try to infer the
information from the price system that will no longer contain any information. There is thus
no competitive equilibrium and Grossman and Stiglitz [1980] show that free information is
not only a sufficient condition for the validity of informational efficiency, but is also a
necessary condition. In fact, fair value seems to be as one of the ways to bring the market
price closer to the real value of the company by integrating all available information on both
the results achieved and the latent results.
Thus, behavioral finance has challenged two key assumptions of the theory of informational
efficiency: first the rationality of investors and then the opportunity for arbitrage. Indeed,
cognitive psychology has shown that investor behavior is not always rational: their demand
for risky financial assets is affected by their beliefs or emotions, which are obviously not fully
justified by the economic "fundamentals". . As for arbitrage, the activity to which the second
category of investors, who are themselves fully rational, should be engaged, it is a non-risk-
free activity (structural and institutional constraints) and whose effectiveness is, by therefore
limited. Therefore, it is not excluded that individual or collective irrational behavior may
persist and have a lasting effect on market prices. In the same context, fair value, as thought
and presented by the standard setter, appears as a means of countering the limits formulated
toward the theory of informational efficiency by contributing to the improvement of
transparency on the market and the reduction of the costs of access to information.
Fair value was thought by the standard setter as a means of providing the investor with
relevant information to assist him in his decision-making process. Thus, the additional
informational content provided by the fair value is presumed to improve the efficiency of the
financial market by making the actors better informed on the fundamentals of the securities
both in terms of value creation (actual results) and on the prospective plan (latent results).
This design presents accounting information not as a regulatory requirement but as a real
decision support tool. Moreover, the application of fair value also implies a wide
communication around the principles used and the conventions taken into account in the
determination of fair value. This information, once exclusive to executives, has become
shared data with all readers of the financial statements. This wide distribution does not
eliminate the risk of managers' discretion over published information, but at least guarantees a
broader level of information shared with stakeholders. In addition, the reduction in
information asymmetry should mitigate the risk of adverse selection that arises from the fact
that less informed investors are in contact with other, better informed investors. Thus,
increased transparency in the marketplace should encourage investors to engage in market
transactions and make better allocation of resources. In addition, the improvement of
accounting reporting standards should reduce the risk associated with the estimation of future
cash flows, which implies a reduction in the rate of return required by the shareholders as well
as the risk premium required by shareholders. A better presentation will also facilitate the
steering by financial analysts and institutional investors which indirectly improves market
discipline by penalizing companies that opt for riskier investments and, at the same time, by
encouraging companies to manage the risks properly and to estimate flows more accurately.
According to this view, fair value would be a means of countering the empirical limits of the
informational efficiency hypothesis as long as the provided additional informational content is
relevant to the investor.
3. Synthesis of empirical studies on the relevance of the fair value valuation model
for the market
The hypothesis implicitly formulated in the foregoing assumes that fair value makes it
possible to go beyond the limits of informational efficiency theory by improving the
information content directed to the market. This hypothesis needs to be corroborated by
empirical studies. The accounting literature has paid particular attention to the study of the
relevance of fair value to other valuation models6. Indeed, several authors have been set up a
link between the stock market price of a company and the fair value valuation. The results of
these studies do not settle in a precise way, on the nature of this link and to present rather
"mixed" results.
Empirical studies on the relevance of fair value include the following cases reported in
particular by Badreddine HAMDI and Houda ELABIDI in their research article entitled "Fair
value accounting information: what is useful for investors?".
Barth (1994) has examined the relevance for the valuation of fair value information
on investment securities held by US banks. From 1971 to 1990, the banks presented in
their annual reports additional information on the fair value of their investment
6
In the accounting literature, the most frequently used methodology for testing the relevance of fair value
information is to determine how this information is reflected in share prices (Holthausen and Watts, 2001). In
other words, it consists of looking for the impact of fair value accounting on the stock market value of a sample
of companies. Therefore, by establishing meaningful statistical relationships between fair value information
and stock market price movements, researchers can infer the informative value, or relevance, of the fair value
information.
portfolios. The author has established that this information on the fair value is
reflected in the stock price value.
Petroni and Wahlen (1995) have noticed that, in a sample of insurers of property and
liability, the fair value of American Treasury bonds is relevant. However, the fair
value of municipal bonds and corporate bonds is not. The authors argued that the
liquidity of municipal and corporate bond transactions may be too weak to allow
markets to produce estimates of relevant fair values.
Ahmed and Takeda (1995), for their part, found that realized gains and losses
(unrealized gains and losses) on investment securities have a direct impact on equity
accounts.
The same finding was anounced by Park et al. (1999) that have shown that the gains
and losses associated with the securities market are statistically associated with the
stock market performance model.
Botosan et al. (2005) have noticed that above mentioned studies present a sampling
biased vision because all the companies involved belong to the banking sector. Their
research has shown the relevance of the fair value of certain banks' financial
instruments, but the extension of these results beyond financial institutions remains an
open question.
In response to such a question, Simko (1998) sought to assess the informational
content of fair value for non-financial firms. Based on the business valuation model
developed by Feltham and Ohlson (1995), the author has analyzed the association
between, on the one hand, the sum of historical cost adjustments of SFAS assets and
liabilities, and the market value of the business’ equity. The tests are carried out on
1067 observations over the period 1992-1995. The study mainly focused on the impact
of an assessment of financial debt at fair value, since this item undergoes the most
significant adjustments: 7, 7% of total assets on average. The results showed that the
fair value of the debt has an informative content different from the fair value of
financial assets and derivatives.
In the same regard, and focusing only on the relevance of the fair value of derivative
instruments, Wong (2000) conducted a study of 145 Fortune 500 companies over the
1994-1996 period. The results of this study have shown that the change in the fair
value of certain derivative instruments, such as swaps and futures contracts, is
statistically associated with the foreign exchange position that the authors use as a risk
measure.
Despite the importance of the results found by these studies, they are plagued by
methodological biases. Indeed, the non-generalization of fair value to all balance sheet
items poses the problem of variables omitted in the estimation model. To overcome
this problem, Carroll, Linsmeier and Petroni (2003) conducted an in-depth study of a
sample of 143 closed-end investment funds (SICAFs) whose balance sheets and profit
and loss accounts are almost fully disclosed at fair value. This study confirmed the
existence of a strong correlation between stock prices and the fair values of all
securities, as well as between unrealized results and stock market returns. These
findings confirm the hypothesis that the inconsistency of the results of the previous
researches is explained by the non-generalization of the fair value accounting to all
balance sheet items in other types of companies, such as banks and insurance
companies.
Nissim (2003) relies on the accounting data of 157 US banks for the years 1994 and
1995 to perform its tests. It demonstrates that banks, especially those that suffer from
adverse financial situations, introduce discretionary elements in the assessment of the
fair value of loans. They overvalue them to improve the market's appreciation of their
risks and future performance.
Following the same logic, the results of the study led by Dietrich, Harris and Muller
(2001) indicate that managers exercise their discretion to amplify the fair values of
investment properties in order to hide accounting results.before the issue of new debts.
In addition, this study shows the improvement in the reliability of the fair values of
real estate investments when they are measured by external appraisers and when they
are audited by large international audit firms. Nevertheless, the study conducted by
Barth and Clinch (1998), on a sample of Australian firms, does not corroborate this
finding; the authors show that the reliability of the fair values of intangible assets is
the same regardless of the source of fair value (internal or external valuators).
In the end, and as Hamdi and Elabidi conclude, "although all the studies mentioned
undeniably conclude that the fair value of investment securities is relevant, the relevance of
the fair value of other assets and liabilities remains mixed. One of the main explanations for
these results is the lack of methodological coherence inherent, for example, to the use of
inappropriate evaluation models for business, or to statistical problems, such as the omission
of relevant variables for the evaluation following the partial application of the fair value, or
even the weakness of the logic behind the research methodology of relevance ".
Thus, if the analysis of the concept of fair value from an empirical point of view enriches the
debate on the relevance of this concept, it provides few clarifications to the theoretical models
of the fair value namely the theory of informational efficiency of the market. In other words:
what is the real practical contribution of fair value to this theory? indeed, if we must judge the
relevance of this concept, it is against the theoretical pillars that are at the origin of its
implementation: does the fair value allows to reduce the information asymmetry between the
principals and agents? Does it bring a more relevant explanation to the evolution of market
prices? the answer given by the empirical studies quoted above does not settle on this subject,
it is to say the complexity of financial markets which are, above all, cognitive machines
nourished by the anticipation of the actors.
Conclusion
Accounting is above all a social system that evolves according to its environment and changes
in the business world. Indeed, being a technical language, accounting only transcribes
economic realities from events that arise daily in the life of organizations. Thus, the
increasing globalization of economic exchanges has redesigned the mode of corporate
governance and hence the models of value creation: in this context, fair value has gradually
replaced the conventional convention of historical cost making obsolete the models used until
then for determining the value of a company. The boom in the concept of fair value reflects
first of all the complexity of this notion but also the will of the international standard setter to
make it a universal model through the generalization of IFRS. These international standards
advocate comparability as a strong argument allowing investors to achieve the best arbitrage
on the market. Thus, accounting becomes a considerable tool of decision-making and its
informative content becomes more and more rich and relevant. From now on, the value of a
company includes not only the economic results realized but also the latent results which are
often the consequence of complex evaluation models and sometimes inducing a great
subjectivity.
The introduction of fair value is implicitly based on a central idea: the more informative
content sent to the market is rich and relevant, the more the investor will be able to make the
best trade-offs, which presupposes the existence of a close link between the information
available on a given security and its price on the market. As a result, fair value would be a
way to mitigate the asymmetry of financial market information by requiring executives to
incorporate in the accounting information all economic data whether related to actual results
or to come up one. This hypothetical acceptance has aroused the interest of several
researchers who have tried to corroborate it through empirical studies. Ultimately, they were
unable to make a final determination of the investor's relevance of the fair value valuation
model. Indeed, this relevance is sometimes linked to cultural or even behavioral
considerations that justify the evolution of prices on the market. It is undeniable that the fair
value brings a plus in term of information but the question which arises is the possibility to
establish a model of predictability of the market prices through the accounting information.
This idea supposes the construction of a statistical model that best explains the variable
"market price" through several explanatory variables. While it is certain that fair value would
be one of the explanatory variables, it is uncertain whether it is sufficient to predict, alone,
market prices.
At this level, the main issue that arises is the following: in a practical sense, do the accounting
standards really influence the behavior of the actors on the financial market? and to what
extent these accounting standards could be used to promote the market, improve its liquidity
or avoid crisis-generating anomalies ...?. In this context, one could cite the contribution of
behavioral finance in terms of explanation the actors’ behavior on the market. In reality,
behavioral finance is much more than an alternative theory to classical finance. It is a
revolutionary way to understand the decision-making process that every human must
constantly perform. This paradigm aims to understand the functioning of markets and price
formation under the assumption of not perfectly rational behavior and from a perspective of
cognitive psychology. Thus, as the empirical tests invalidate the predictions of the
informational efficiency model, several researches have focused on behavioral finance to shed
light on the formation of the choices made by the actors on the market.
Introduction
Apparue en décembre 1975 dans la norme FAS 12 du FASB, la notion de juste valeur a été
introduite dans le langage comptable suite à l’harmonisation internationale. Elle est la
traduction anglo-saxonne de « fair value » qui, littéralement, correspond plus à celle de
«valeur sincère » ou « loyale ». La juste valeur a été définie la première fois par les normes
américaines du FASB avant d’être reprise par les normes de l’IASB et développée, ensuite,
dans les normes relatives aux instruments financiers (normes du FASB et de l’IASB). Depuis
2002, les deux organisations normalisatrices ont travaillé de concert afin de fournir des règles
communes à l’évaluation comptable à la juste valeur. Le FASB a publié en septembre 2006 la
norme FAS 157 « Fair value measurement » et l’IASB un exposé-sondage sur le même sujet.
En outre, la norme IFRS 9 devrait se substituer à la norme IAS 39 sur l’évaluation des
instruments financiers. Cette norme qui apporté un changement majeur en matière de juste
valeur des instruments financiers, sera d’application obligatoire à partir du 1er janvier 2018.
L’avènement du concept de la juste valeur et l’essor croissant qu’il connait est concomitant à
l’évolution du monde des affaires dû principalement aux effets de la globalisation des
marchés et la financiarisation croissante de ces derniers. Avant d’être un concept comptable,
la juste valeur se présente comme une façon de voir l’entreprise en tant qu’entité créatrice de
valeur. L’appréciation de la performance financière des firmes devient alors l’objectif ultime
des normes comptables, et pour cause ! L’investisseur se base sur l’information comptable
pour effectuer ses arbitrages sur le marché, il doit être en mesure d’apprécier la valeur réelle
d’une entreprise dans devoir passer par d’interminables retraitements. L’information
pertinente dont il a besoin doit lui être présentée de la façon la plus proche possible à sa
perspective, tel est l’objectif affiché par les normes comptables internationales à travers
l’application de la juste valeur. Ainsi, l’information comptable devient un outil au service de
la réduction des coûts liés à l’asymétrie d’information sur le marché financier. L’investisseur
est placé au premier rang en tant que destinataire privilégié de l’information comptable. On
dirait que l’objectif ultime du système comptable est de faciliter l’utilisation de l’information
comptable par l’investisseur en réduisant au maximum les retraitements nécessaires pour
passer d’une information comptable à une information financière. En effet, l’application de la
juste valeur suppose entre autres la prise en comptes des plus-values même latente dans le
cadre d’un compte de résultat plus « élargi ».
L’objectif du présent article est de mettre en exergue le lien entre l’application de la juste
valeur et l’amélioration de l’efficience informationnelle du marché à travers le renforcement
du contenu informatif fourni à l’investisseur. Pour ce faire, nous allons, dans un premier lieu,
étudier l’apport des normes internationales en matière de reporting comptable avant d’établir
le lien entre ce reporting et le concept de la juste valeur. Nous allons identifier également les
différents destinataires de l’information comptable selon le cadre conceptuel des normes
internationale avant d’essayer de déterminer l’existence d’une hiérarchisation implicite de ces
destinataires favorisant une perspective plus financière que comptable. Dans un second temps,
nous nous attarderons sur l’apport de la juste valeur à la théorie de l’efficience
informationnelle des marchés financiers à travers d’abord la définition des principaux
postulats et limites de cette hypothèse théorique, ensuite nous présenterons le lien entre
l’application de la juste valeur et la réduction de l’asymétrie informationnelle sur le marché en
faisant référence à la fois à la théorie en question et au cadre comptable des normes
internationales. Enfin, nous allons présenter une synthèse des résultats des principales
recherches empiriques ayant traité le lien entre l’information en juste valeur et les décisions
des investisseurs se matérialisant par l’évolution des prix des titres sur le marché.
influer sur les décisions économiques que sont appelés à prendre les utilisateurs en les aidant
à évaluer les incidences financières des opérations et des faits passés, présents et futurs, ou
en permettant de confirmer ou de corriger des évaluations antérieures »7. Cette définition
présente les facteurs fondamentaux de la pertinence à savoir :
- la valeur de prévision : c’est une qualité de l’information financière qui aide ceux à qui
elle est destinée à prévoir ce qui résultera d’événements passés, présents et futurs.
- la valeur de confirmation : il s’agit d’une qualité de l’information financière qui aide
les investisseurs à confirmer ou à corriger des évaluations antérieures.
- et la rapidité de publication de l’information financière qui fait allusion à ce que
l’information parvient aux utilisateurs à un moment où elle est encore susceptible
d’influencer leurs décisions
Eu égard à ces déterminants de la pertinence, l’application de la juste valeur implique
systématiquement le renforcement du contenu informatif des informations comptables et
financières. C’est fort justement ce qui est confirmé par le FASB dans sa norme SFAS 1078
(§, 40) : « les informations sur la juste valeur des instruments financiers visent à aider les
utilisateurs de l’information financière à faire leurs propres prévisions et à confirmer ou
corriger leurs estimations antérieures ». Dans le même esprit, le FASB précise que « la juste
valeur est la méthode d’évaluation des instruments financiers la plus pertinente, car elle offre
aux utilisateurs des états financiers la possibilité d’apprécier les conséquences des stratégies
d’investissement et de financement décidés par une firme » (SFAS 107, § 41).
De même, le JWGSS9 (2000, p. 151) affirme que « la juste valeur est capable d’offrir une
information pertinente sur les instruments financiers, parce qu’elle permet, d’une part, de
refléter à temps les événements et les conditions économiques inhérents à une entreprise et,
d’autre part, d’offrir une bonne base pour l’analyse et la prévision des flux futurs de
trésorerie. »
Néanmoins, il serait hasardeux de conclure catégoriquement à la pertinence de l’information
en juste valeur. En effet, plusieurs études empiriques ont tenté d’analyser l’utilité de
l’information en juste valeur dans la prise de décision par les investisseurs. Les résultats de
ces études demeurent mitigés et renvoient aux externalités négatives de la notion de juste
valeur notamment la subjectivité prévalant sa détermination en cas de cours à des modèles
d’évaluation internes.
7
Dictionnaire de la comptabilité et de la gestion financière, p. 621
8
Statement of Financial Accounting Standards No.107: Disclosures about Fair Value of Financial Instruments.
9
Joint Working Group of Standard Setters, un groupe de dix normalisateurs comptables (dont l’IASB).
Partant de l’idée que tout actif possède une valeur intrinsèque qui une fois, sur le marché,
donne lieu à un prix ; l’hypothèse d'efficience informationnelle suppose la capacité du marché
à déterminer en permanence le juste prix d'un actif financier.
français Louis Bachelier10 puis développé par Fama en 1965. La nouvelle information
devenue disponible, elle va être instantanément exploitée et incorporée dans les prix du fait de
la rationalité des agents. Ceux-ci réagissent immédiatement et adéquatement à la survenance
de toute information nouvelle. Dans un tel schéma, l’information est considérée comme
gratuite et les coûts de transaction ne sont pas pris en compte.
Même, lorsque les investisseurs sont irrationnels, l’hypothèse d’efficience est vérifiée. En
effet, même si un investisseur irrationnel achète (vend) des actifs surévalués (sous-évalues), si
les estimations des investisseurs irrationnels ne sont pas corrélées, elles se compensent et le
prix reste au voisinage de la valeur fondamentale. Sinon, si les estimations des investisseurs
irrationnels sont corrélées, le comportement spéculatif des investisseurs fondamentalistes
ramène le prix à sa valeur fondamentale en cas de sur/sous-évaluation et élimine, de ce fait,
les investisseurs irrationnels (Friedman 1953, Schleifer 2000).
Néanmoins, la définition même du concept d’efficience informationnelle ne crée pas
l’unanimité au sein de la communauté des chercheurs. En effet, Jensen (1978) estime qu’un
marché est efficient, conditionnellement à un ensemble d’informations, s’il est impossible de
réaliser des profits anormaux en spéculant sur la base de cet ensemble d’informations.
MALKIEL (2003), quant à lui, précise que les marchés financiers efficients ne permettent pas
aux investisseurs de réaliser des gains supérieurs à la moyenne sans accepter de prendre de
risques supérieurs à la moyenne.
La théorie de l’efficience informationnelle suppose l’existence de trois types de rationalités :
Rationalité fondamentaliste
Sur un marché financier, les acteurs utilisent l’information disponible pour anticiper
rationnellement l’évolution des prix, notamment la distribution statistique des dividendes
futurs. Ainsi, si tous les intervenants sont rationnels, l’efficience prévaut puisque chacun étant
capable d’évaluer correctement les titres, personne ne dévie du bon prix11.
10
Thèse sur le comportement des cours boursiers publiée à Paris en 1900.
ce résultat se déduit du fait que la finance néoclassique considère qu’il existe une seule estimation pertinente
11
de la valeur fondamentale compte tenu de l’information disponible. Cela se déduit de ses hypothèses concernant
les rendements futurs. Pour plus de détail, se reporter à Orléan (2005).
Rationalité financière
Les choix des acteurs dépendent non seulement de l’anticipation rationnelle des
fondamentaux, mais également des arbitrages possibles sur le marchés financiers. En effet, si
la rationalité fondamentaliste était la seule situation d’efficience considérée par la théorie
d’efficience informationnelle, cette théorie ne serait guère intéressante puisqu’elle n’ouvrerait
pas droit à un arbitrage. L’objectif étant de maximiser l’espérance d’utilité de la richesse
(selon l'axiomatique de Von Neumann & Morgenstern).
Rationalité stratégique
De nombreux travaux, en particulier sous l’impulsion de la psychologie cognitive, ont montré
que les comportements individuels face au risque déviaient fréquemment de la rationalité.
Aussi, aujourd’hui, la finance néoclassique insiste-t-elle sur le fait qu’elle ne requiert pas pour
être valide une rationalité étendue des acteurs. « Markets can be efficient even if many
markets participants are quite irrational » écrit à ce sujet Malkiel et Ross va plus loin en
soulignant :« The central themes of neoclassical finance are not based on the rationality of the
average person ».
Cependant, même si on admet l’existence de comportements irrationnels, l’efficience
l’emporte toujours puisque ces derniers sont neutralisés. Pour comprendre cette situation, il
faut distinguer deux configurations. Une première situation d’irrationalité compatible avec
l’efficience se rencontre lorsque les comportements irrationnels sont le résultat de choix
indépendants. Dans ce premier cas, les comportements irrationnels n’étant pas corrélés se
compensent mutuellement et annulent leurs effets sans qu’il y ait besoin d’intervention active
de la part des investisseurs rationnels. Cette première situation n’est pas la plus intéressante,
en effet, même dans le cas où les estimations des investisseurs irrationnels sont corrélées, il
est possible que l’efficience l’emporte et cela par la force de l’arbitrage dont on note à
nouveau qu’il s’impose comme le concept-clef du cadre néoclassique. Ce sont les arbitragistes
rationnels qui, en se portant acheteurs sur les titres sous-évalués et vendeurs sur les titres
surévalués, interdisent aux prix de s’écarter des valeurs fondamentales. Il faut ajouter à cette
première raison l’argument classique proposé par Friedman (1953) selon lequel les
irrationnels achetant des titres surévalués et vendant des titres sous-évalués sont
nécessairement amenés à terme à disparaître du marché puisqu’ils perdent de l’argent. In fine,
l’arbitrage et la sélection conjuguent leurs effets pour faire en sorte que l’efficience prévale.
Ces analyses sont été résumées par Shleifer (2000) :
« Il est difficile de ne pas être impressionné par l’étendue et la puissance des arguments
théoriques en faveur de l’efficience des marchés. Quand les individus sont rationnels, les
marchés sont efficients par définition. Quand certains individus sont irrationnels, toute ou
une grande partie de leurs échanges se déroulent entre eux de telle sorte qu’ils n’ont qu’une
influence limitée sur les prix, même en l’absence d’échanges compensatoires de la part des
investisseurs rationnels. Cependant, de tels échanges compensatoires existent bel et bien et
agissent de façon à ramener les prix au plus près des valeurs fondamentales. La concurrence
entre les arbitragistes pour l’obtention de meilleurs rendements assure que l’ajustement des
prix aux valeurs fondamentales sera très rapide. Finalement, dans la mesure où les
investisseurs irrationnels transactent à des prix différents des valeurs fondamentales, ils ne
peuvent que se faire du mal à eux-mêmes et provoquer leur propre perte. Non seulement la
rationalité des investisseurs, mais aussi les forces de marché elles-mêmes conduisent à
l’efficience des marchés financiers » Shleifer (2000, 4-5).
efficient… Une seconde interprétation possible consiste à supposer que l’on n’échange plus, à
une date t, parce que l’on se situe à l’équilibre. À l’équilibre, il n’y a donc plus de motivation
« spéculative » à échanger.
Dans un deuxième temps, à la date t+1, il y aura révélation d’information, tâtonnement et
nouvelle mise à jour. Dans ce cas, un marché efficient ne conduit pas à une absence
d’échanges.
Asymétries et coûts d’information
La gratuité de l’information est sous-jacente au fait que les prix reflètent toute l’information.
Bien évidemment, ceci paraît fortement irréaliste et l’existence de coûts d’acquisition et de
traitement de l’information a des conséquences très fortes sur l’efficience comme l’ont montré
Grossman [1976, 1978] et Grossman et Stiglitz [1980]. Ces derniers élaborent un modèle dans
lequel coexistent deux catégories d’agents : les agents informés qui acquièrent une
information à un certain coût et les agents non informés qui observent uniquement les prix.
S’il n’y a pas de bruit sur le marché et si les agents deviennent de plus en plus informés, toute
l’information est transmise aux agents non informés par l’intermédiaire des prix. Sur un
marché efficient, les prix reflétant toute l’information disponible, chaque agent informé pense
qu’il peut arrêter de payer l’information et faire aussi bien qu’un agent non informé qui lui ne
paie rien et observe simplement l’information au travers des prix. Il s’ensuit un désintérêt à
investir dans l’acquisition d’information. Si tous les agents informés font de même, ils vont
tenter d’inférer l’information à partir du système de prix qui ne contiendra plus aucune
information. Il n’existe donc pas d’équilibre concurrentiel et Grossman et Stiglitz [1980]
montrent que la gratuité de l’information n’est pas seulement une condition suffisante à la
validité de l’efficience informationnelle, mais constitue en plus une condition nécessaire.
Justement, la juste valeur apaeriat comme un des moyens de rapprocher le prix de marché au
maximum de la valeur réelle de l’entreprise en y intégrant toute l’information disponible aussi
bien sur les résultats réalisés que sur les résultats latents.
Bulles rationnelles, rationalité autoréférentielle (Orléan)
Une Bulle peut être définie comme la conséquence d’un phénomène d'auto-validation des
croyances à travers les anticipations des acteurs sur le marché. Le prix s’écarte de la valeur
fondamentale et traduit plus une convention commune autour des anticipations de chaque
acteur. Généralement, la présence d’une bulle entraîne une divergence de plus en plus grande
entre le cours observé et sa valeur fondamentale, jusqu’à son « éclatement » qui provoque un
effondrement des prix dénommé krach. La théorie financière classique s’est heurtée à
l’explication de ces anomalies et inefficiences qui ne seraient pas dues à des changements
dans les fondamentaux, mais plutôt à des éléments d’ordre « comportementaliste ». Ces
travaux, centrés sur la prise en compte des comportements réels observés, sont connus sous le
nom de finance comportementale ou behavioral finance.
Ainsi, la finance comportementale a remis en cause deux hypothèses clés de la théorie
d’efficience informationnelle : d’abord la rationalité des investisseurs et ensuite l’opportunité
d’arbitrage. En effet, la psychologie cognitive a montré que le comportement des investisseurs
n’est pas toujours rationnel : leur demande d’actifs financiers à risque est affectée par leurs
croyances ou leurs émotions, lesquelles ne sont évidemment pas pleinement justifiées par les
« fondamentaux » économiques. Quant à l’arbitrage, activité à laquelle devrait se livrer la
seconde catégorie d’investisseurs, qui sont, eux, pleinement rationnels, c’est une activité non
dénuée de risque (contraintes structurelles et institutionnelles) et dont l’efficacité est, par
conséquent limitée. Dés lors, il n’est pas exclu que des comportements irrationnels individuels
ou collectifs puissent persister et influencer de manière durable les prix sur les marchés.
Dans le même ordre d’idée, la juste valeur, telle que pensée et présentée par le normalisateur,
apparaît alors comme un moyen de contrer les limites formulées à l’égard de la théorie
d’efficience informationnelle à travers l’amélioration de la transparence sur le marché et la
réduction des coûts d’accès à l’information.
12
Dans la littérature comptable, la méthodologie la plus fréquemment utilisée pour tester la pertinence de
l’information en juste valeur consiste à déterminer de quelle façon cette information se reflète dans le cours des
actions (Holthausen et Watts, 2001). Autrement dit, elle consiste à rechercher l’impact de la comptabilité en juste
valeur sur la valeur en bourse d’un échantillon d’entreprises. Donc, en établissant des relations statistiques
significatives entre les informations sur la juste valeur et l’évolution du cours observé sur le marché boursier, les
chercheurs peuvent déduire la valeur informative, ou la pertinence des informations sur la juste valeur.
ELABIDI dans leurs article de recherche intitulé « L’information comptable en juste valeur :
quelle utilité pour les investisseurs ? » :
Barth (1994) a examiné la pertinence pour l’évaluation (the value relevance) des
informations sur la juste valeur des titres de placement détenus par les banques
américaines. De 1971 à 1990, les banques présentaient dans leurs rapports annuels des
informations complémentaires sur les justes valeurs des titres composant leurs
portefeuilles de placements. L’auteur a établi que ces informations sur la juste valeur
se reflètent dans la valeur du cours des actions.
Petroni et Wahlen (1995) ont constaté que, dans le cas d’un échantillon d’assureurs de
biens et de responsabilité civile (property-liability insurers), la juste valeur des titres
de participation et des titres du trésor américain est pertinente. Cependant, celle des
obligations de municipalités (municipal bonds) et de sociétés (corporate bonds) ne
l’est pas. Les auteurs ont soutenu que la liquidité des opérations sur les obligations de
municipalités et de sociétés était peut-être trop faible pour permettre aux marchés de
produire des estimations des justes valeurs pertinentes.
Ahmed et Takeda (1995) ont, pour leur part, constaté que les gains et pertes réalisés et
non réalisés (unrealized gains and losses) sur des titres de placement ont une incidence
directe sur les rendements des actions.
Le même constat a été trouvé par Park et al. (1999) qui ont montré que les gains et les
pertes latents afférents aux titres disponibles à la vente, aux titres détenus jusqu’à
l’échéance et aux prêts bancaires sont statistiquement associés avec le rendement
boursier, lorsqu’ils sont intégrés dans un seul modèle.
Botosan et al. (2005) ont remarqué que l’ensemble des études présentées ci-dessus
souffre d’un biais d’échantillonnage, puisque les firmes étudiées appartiennent toutes
au secteur bancaire. Leurs travaux ont démontré la pertinence de la juste valeur de
certains instruments financiers des banques, mais l'extension de ces résultats au-delà
des institutions financières demeure une question en suspens.
En réponse à une telle interrogation, Simko (1998) a cherché à évaluer le contenu
informationnel de la juste valeur pour des firmes non financières. En se reposant sur le
modèle d'évaluation des entreprises développé par Feltham et Ohlson (1995), l’auteur
a analysé l’association entre, d’une part, la somme des ajustements au coût historique
sur les actifs et les passifs entrant dans le champ d’application de la norme SFAS 107
et, d’autre part, la valeur de marché des capitaux propres de la firme. Les tests sont
menés sur 1067 observations sur la période 1992-1995.
L’étude s’est concentrée essentiellement sur l’impact d’une évaluation des dettes
financières à la juste valeur, car ce poste supporte les ajustements les plus significatifs
: 7 ,7% de l’actif total en moyenne. Les résultats ont prouvé que la juste valeur des
dettes a un contenu informatif à la différence de la juste valeur des actifs financiers et
des instruments dérivés.
Dans le même esprit, et s’intéressant uniquement à la pertinence de la juste valeur des
instruments dérivés, Wong (2000) a effectué son étude sur un échantillon de 145
entreprises industrielles extraites du Fortune 500, sur la période 1994-1996. Les
résultats de cette étude ont montré que la variation de la juste valeur de certains
instruments dérivés, tels que les swaps et les contrats à terme, est statistiquement
associée à la position de change que les auteurs utilisent comme une mesure de risque.
En dépit de l’importance des résultats trouvés par ces études, elles sont en proie à des
biais méthodologiques. En effet, la non généralisation de la juste valeur à tous les
éléments du bilan pose le problème des variables omises dans le modèle d’estimation.
Pour surpasser un tel problème, Carroll, Linsmeier et Petroni (2003) ont réalisé une
étude prégnante sur un échantillon de 143 sociétés d’investissement à capital fixe
(SICAF) où les bilans et les comptes de résultats sont publiés quasi intégralement en
juste valeur. Cette étude a confirmé l’existence d’une forte corrélation entre les cours
d’actions et les justes valeurs de l'entièreté de titres, ainsi qu’entre les résultats latents
et les rendements boursiers, ce qui entérine, par conséquent, l’hypothèse selon laquelle
l’inconsistance des résultats des travaux antérieurs s’explique par la non-généralisation
de la comptabilité à la juste valeur à tous les éléments du bilan dans les autres types de
firmes, telles que les banques et les sociétés d’assurance.
Nissim (2003) s’appuie, pour la conduite de ses tests, sur les données comptables de
157 banques américaines pour les années 1994 et 1995. Il parvient, ainsi, à démontrer
que les banques, notamment celles souffrant de situations financières défavorables,
introduisent des éléments discrétionnaires dans la mesure de la juste valeur des prêts.
Elles surévaluent ces derniers afin d’améliorer l’appréciation par le marché de leurs
risques et de leurs performances futures.
S’inscrivant dans la même logique, les résultats de l’étude de Dietrich, Harris et
Muller (2001) indiquent que les managers exercent leurs discrétions pour amplifier les
En définitive et comme en concluent Hamdi et Elabidi « bien que l’ensemble des études
évoquées conclue indéniablement à la pertinence de la juste valeur des titres de placement, la
pertinence de la juste valeur des autres actifs et passifs demeure mitigée. L’une des
principales explications de ces résultats réside dans le manque de cohérence méthodologique
inhérent, par exemple, à l’utilisation de modèles d’évaluation inappropriés pour les
entreprises, ou à des problèmes statistiques, tels que l’omission des variables pertinentes
pour l’évaluation suite à l’application partielle de la juste valeur, ou encore à la faiblesse de
la logique même qui préside à la méthodologie de recherche de la pertinence ».
Ainsi, si l’analyse du concept de la juste valeur d’un point de vue empirique permet d’enrichir
le débat sur la pertinence de ce concept, elle apporte peu de clarifications par rapport au
modèles théoriques constituant le sous bassement même de la juste valeur à savoir la théorie
de l’efficience informationnelle du marché. En d’autres termes : quel est l’apport pratique réel
de la juste valeur à cette théorie ? en effet, si on doit juger de la pertinence de ce concept,
c’est au regard des piliers théoriques qui sont à l’origine de sa mise en place : la juste valeur
permet-elle de réduire l’asymétrie d’information entre les mandants et les mandataires ?
Apporte-t-elle un plus pertinent permettant d’expliquer l’évolution des prix sur le marché ? la
réponse donnée par les études empiriques citées plus haut ne tranche pas à ce sujet, c’est dire
la complexité de fonctionnement des marchés financiers qui sont, avant tout, des machines
cognitives nourries par les anticipation des acteurs.
Conclusion
La comptabilité est avant tout un système social qui évolue en fonction de son environnement
et des changements intervenus dans le monde des affaires. En effet, étant un langage
technique, la comptabilité ne fait que transcrire des réalités économiques issues des
événements qui surgissent quotidiennement dans la vie des organisations. Ainsi, la
globalisation croissante des échanges économiques ont repensé le mode de gouvernance des
entreprises et de là les modèles de création de la valeur : dans ce contexte, la juste valeur s’est
substituée peu à peu à la convention classique de coût historique rendant caduque les modèles
utilisés, jusque-là, pour la détermination de la valeur d’une entreprise. L’essor que connait le
concept de la juste valeur traduit d’abord la complexité de cette notion mais aussi la volonté
du normalisateur international d’en faire un modèle universelle à travers notamment la
généralisation des IFRS.
Ces normes internationales prônent la comparabilité comme argument fort permettant aux
investisseurs de réaliser les meilleurs arbitrages sur le marché. Ainsi, la comptabilité devient
un outil considérable de prise de décision et son contenu informatif devient de plus en plus
riche et pertinent. Désormais, la valeur d’une entreprise comprend non pas uniquement les
résultats économiques réalisés mais aussi les résultats latents qui sont souvent la conséquence
de modèles d’évaluation complexes et induisant parfois une grande subjectivité.
L’instauration de la juste valeur repose implicitement sur une idée centrale : plus le contenu
informatif envoyé au marché est riche et pertinent, plus l’investisseur sera en mesure de
réaliser les meilleurs arbitrages ce qui suppose l’existence d’un lien étroit entre l’information
disponible sur un titre donné et son prix sur le marché. De ce fait, la juste valeur serait un
moyen d’atténuer l’asymétrie d’information sur le marché financier en obligeant les dirigeants
à incorporer dans l’information comptable l’ensemble des données économiques qu’elles
soient lié à des résultats réels ou à venir. Cette acceptation hypothétique a suscité l’intérêt de
plusieurs chercheurs qui ont essayé de la corroborer au moyen d’études empiriques. En
définitive, ces dernières n’ont pas pu trancher de façon définitive sur la pertinence pour
l’investisseur du modèle d’évaluation à la juste valeur. En effet, cette pertinence se trouve liée
parfois à des considérations culturelles ou même comportementales qui justifient plus
l’évolution des prix sur le marché. Il est indéniable que la juste valeur apporte un plus en
terme d’information mais la question qui se pose est de savoir la possibilité d’établir un
modèle de prédictibilité des prix de marché à travers l’information comptable ? cette idée
revient à construire un modèle statistique qui permet d’expliquer au mieux la variable « prix
de marché » à travers plusieurs variables explicatives. S’il est certain, que la juste valeur
constituerait une des variables explicative, il n’est pas sûr qu’elle soit suffisante pour prédire,
à elle seule, les prix de marché.
A ce niveau, on est en droit de savoir si, sur un plan pratique, les normes comptables
influencent réellement le comportement des acteurs sur le marché financier ? et dans quelles
mesures on pourrait utiliser ces normes comptables afin de promouvoir le marché, améliorer
sa liquidité ou encore éviter les anomalies génératrices de crises….Dans ce cadre, on pourrait
citer l’apport de la théorie de la finance comportementale en matière d’explication des biais
agissant sur le comportement des acteurs sur le marché. En réalité, la finance
comportementale est bien plus qu’une théorie alternative à la finance classique. C’est une
façon révolutionnaire d’appréhender le processus décisionnel que tout humain doit
constamment effectuer. Ce courant se propose d’appréhender le fonctionnement des marchés
et la formation des prix sous l’hypothèse de comportements non parfaitement rationnels et à
partir de travaux effectués en psychologie cognitive. Ainsi, devant les tests empiriques
invalidant les prédictions du modèle l’efficience informationnelle, plusieurs travaux ont se
sont focalisés sur les outils de la finance comportementale pour apporter un éclairage sur la
formation des choix effectués par les acteurs sur le marché.
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« Revue CCA »
ISSN: 2550-469X