BesbesSarra 2019
BesbesSarra 2019
BesbesSarra 2019
Auteur:
Sarra Besbes
Author:
Date: 2020
Type: Mémoire ou thèse / Dissertation or Thesis
Référence: Besbes, S. (2020). Performances du média Filtralite® appliqué à la filtration
directe à la Ville de Montréal [Mémoire de maîtrise, Polytechnique Montréal].
Citation: PolyPublie. https://publications.polymtl.ca/4150/
URL de PolyPublie:
https://publications.polymtl.ca/4150/
PolyPublie URL:
Directeurs de
recherche: Benoit Barbeau
Advisors:
Programme:
Génies civil, géologique et des mines
Program:
SARRA BESBES
Génie Civil
Décembre 2019
Ce mémoire intitulé :
DÉDICACE
À mon mari,
You never know how strong you are until being strong is the only choice you have.
Bob Marley.
iv
REMERCIEMENTS
J’aimerais commencer par remercier mon professeur et directeur de recherche Benoit Barbeau pour
son enseignement et encadrement exceptionnels, son expertise étendue ainsi que sa grande
disponibilité. Benoit, merci de m’avoir fait confiance et de m’avoir donnée l’opportunité de
travailler sur un tel projet pilote! Merci d’être aussi animé par ce que tu fais et de m’avoir
communiquée davantage ta passion pour le traitement de l’eau. Merci de m’avoir encouragée et
soutenue durant cette maîtrise. Merci pour ton enthousiasme, ta bienveillance et ton calme. Ça fait
toute une différence!
Ensuite, mes sincères remerciements s’adressent à Isabelle Papineau, pour sa grande contribution
à mon projet. Isabelle, merci pour ton encadrement, ta disponibilité, ton efficacité remarquable et
ta grande organisation. Sache que tu m’as beaucoup appris et que je te suis très reconnaissante.
Merci également de m’avoir guidée tout au long du projet et de m’avoir appris à aller à l’essentiel.
J’aimerai remercier Mireille Blais pour toute son aide apportée au laboratoire et au pilote. Mireille
tu es une superwoman, une femme à tout faire! Merci de m’avoir aussi bien formée pour opérer
mon pilote. Merci d’avoir tant donné de ton temps et de ton énergie sur ce projet. Merci pour toutes
les fois où tu es allée au pilote à ma place et pour toutes les fois où tu as surveillé mon pilote jour
et nuit. Merci pour ton grand cœur et pour tes encouragements incessants.
Benoit, Isabelle et Mireille je vous suis tellement reconnaissante pour tous les acquis que j’ai appris
à vos côtés. Avoir eu votre expertise combinée sur mon projet, représente un privilège pour moi.
Merci à mon jury Michèle Prévost et Daniel Thibault d’avoir accepté d’examiner mon mémoire,
c’est grandement apprécié.
Je voudrais aussi remercier tout le personnel de la Chaire pour l’environnement de travail agréable,
pour leurs supports et leurs expertises : Julie, Jacinthe, Kim, Valentin et Hana. Un grand merci à
Yves, Gabriel et Tetiana pour votre aide et support pour la mise en route et l’opération du pilote.
Merci à Laura et Adèle de m’avoir facilitée la vie tant de fois. Merci à Éric et Samuel de m’avoir
aidée avec les essais de granulométries. Merci à mes collègues de la Chaire et amis que j’ai
rencontrés durant cette maîtrise : Raja, Lena, Mathieu, Sanaz, Loic, Baptiste, Élodie, Andrea,
Elham, Hamed, Saber, Lya, Pauline, Tahere, Louis-Clément, Otmane, Zhen, Oluchi, Flavia et
Émile. Un grand merci à Raja pour cette belle amitié qui s’est développée entre nous, merci de
v
m’avoir supportée, encouragée et surtout de m’avoir inspirée à toujours faire mieux et plus! Un
merci spécial à Mathieu, de m’avoir toujours proposée son aide et d’avoir bien répondu à mes
questions. Aussi, Lena, merci pour ta douceur, ta gentillesse, merci de m’avoir encouragée et de
m’avoir donné tant d’espoir quand je ne voyais plus clair. Merci pour toute ton aide pour que mon
mémoire puisse voir le jour.
J’aimerai remercier mon mari Ahmed pour son amour, sa patience, sa compréhension et ses
encouragements. Ahmed, merci d’avoir toujours été là pour moi. Merci pour tous les sacrifices que
tu as faits pour que je puisse faire cette maîtrise. Sache que je n’y serai jamais arrivée sans toi et
que je te serai toujours redevable. Je considère que si notre couple a pu survivre à cette aventure,
il survira à tout!
Merci au personnel de la Ville de Montréal pour leur étroite collaboration, leur accueil chaleureux,
leur gentillesse et d’avoir rendu notre passage à l’usine Charles-J.- Des Baillets des plus agréables.
I would like to thank Trevor Johnson from Sapphire Water and Leca International for having
provided the needed support with the media Filtralite®.
J’aimerai enfin remercier l’espace Thèsez-vous. Merci d’exister et de m’avoir permis de rédiger
dans un espace aussi agréable et de faire de belles rencontres.
RÉSUMÉ
L’usine Charles-J.-Des Baillets de la Ville de Montréal munie d’un procédé de filtration en ligne,
traite généralement une eau brute de bonne qualité. En période de pointe de turbidité, cette dernière
se voit affectée par les modifications apportées aux régimes hydrauliques du fleuve Saint-Laurent
et de la rivière des Outaouais, particulièrement au printemps lors de la fonte des neiges. C’est ce
qui fait en sorte que l’usine éprouve des difficultés à rencontrer les objectifs de turbidité à l’eau
filtrée et à conserver une productivité acceptable de ses filtres à sable monocouches.
L’étude pilote a démontré qu’en temps normal, le filtre à sable témoin est le seul à avoir respecter
l’objectif de turbidité à l’eau filtrée ≤ 0,15 UTN, mais qu’il n’a pas pu respecter l’objectif de durée
de cycle ≥ 60h (32h). Il est suivi par le filtre Filtralite® monocouche qui a permis de maximiser la
durée de cycle (84h) jusqu’à 2,6 fois celle du filtre à sable, contre une turbidité à l’eau filtrée
légèrement supérieure (0,16 UTN). L’étude a donc permis de conclure que la réduction du ratio
L/d10, notamment des filtres grossiers par rapport au filtre à sable afin de réduire les pertes de
charge se fait au détriment de la turbidité à l’eau filtrée produite.
Il a été démonté que le ratio de l’usine 81-19 a permis d’obtenir les turbidités à l’eau filtrées les
plus élevées pour les 4 filtres et les durées de cycle les plus faibles. Le ratio 20-80 a globalement
permis d’améliorer les turbidités aux eaux filtrées et de maximiser les durées de cycles de filtration.
Il est ainsi recommandé d’augmenter le dosage du coagulant organique polyDADMAC C592 et de
vii
réduire celui du coagulant inorganique PAX-XL1900. Un ratio variable qui dépendra de la qualité
de l’eau brute serait plutôt à privilégier.
Les résultats des mesures de potentiels zêta avec les 4 ratios de coagulants en période de pointe de
turbidité ont permis de constater que les doses permettant la neutralisation des charges sont
extrêmement élevées et que l’utilisation de cet outil ne peut constituer un bon indicateur de la dose
optimale pour une telle application en filtration directe.
En période de pointe, aucun des 4 filtres n’a pu respecter ni l’objectif de turbidité à l’eau filtrée ≤
0,15 UTN, ni la durée de cycle ≥ 24h. Néanmoins, le filtre à sable était le plus performant avec une
turbidité moyenne de 0,16 UTN qui dépasse de justesse le premier objectif mais pour une durée de
cycle moyenne de 19h. L’étude pilote a dans ce sens permis de révéler la déficience de l’étape de
la floculation à l’usine qui ne semble pas permettre d’augmenter la taille des flocs pour favoriser
leur rétention sur des médias plus grossiers que le filtre témoin de l’usine. Une caractérisation de
la taille des flocs formés à l’usine avant d’atteindre les filtres serait pertinente à réaliser pour
appuyer cette hypothèse.
viii
ABSTRACT
The Charles-J.-Des Baillets plant of the City of Montreal, equipped with an in-line filtration
process, generally treats raw water of good quality. During peak turbidity periods, the latter is
affected by changes in the hydraulic regimes of the St. Lawrence River and the Ottawa River,
particularly in the spring during snowmelt. This makes it difficult for the plant to meet filtered
water turbidity objectives and maintain good productivity in its single-layer sand filters.
The main objective of this research project is to optimize the in-line filtration stage at the Charles-
J.- Des Baillets plant in terms of turbidity reduction and production capacity. As a first step, a pilot
study was conducted during the months of March to July 2019 with the CREDEAU mobile unit.
On the one hand, the study compared the following four filter configurations: (1) sand/anthracite
(S/A), (2) two-layer Filtralite® (F/F), (3) plant control sand (S) and (4) single-layer Filtralite® (F).
In parallel, the study compared the following 4 ratios of inorganic coagulant PAX-XL1900 vs
organic polyDADMAC C592: 0-100, 20-80, 81-19 and 100-0. The impacts of (i) filter
configuration and (ii) coagulant ratio were assessed with respect to the turbidity of filtered water
and filtration cycle time. In a second step, zeta potential measurements were carried out at the
laboratory level to identify the doses required for each coagulant ratio, allowing total charge
neutralization during peak turbidity periods.
The pilot study showed that under normal circumstances, the control sand filter is the only one to
have met the filtered water turbidity objective ≤ 0.15 NTU but was unable to meet the cycle time
objective ≥ 60h (32 hours). The single-layer Filtralite® filter improved the cycle time (84 hours)
by up to 2.6 times that of the sand filter, while producing a slightly higher filtered water turbidity
(0.16 NTU). The study therefore concluded that the reduction in the L/d10 ratio aiming to reduce
pressure drops, particularly of coarse filters compared to the sand filter, is at the expense of
turbidity in the filtered water produced.
It has been demonstrated that the 81-19 plant ratio achieved the highest filtered water turbidity for
the 4 filters as well as the lowest cycle times. The 20-80 ratio generally improved turbidity in
filtered water and maximized filtration cycle times. It is therefore recommended to increase the
dosage of the organic coagulant polyDADMAC C592 and to reduce the dosage of the inorganic
coagulant PAX-XL1900. A varying ratio that will depend on the quality of the raw water would be
preferable.
ix
The results of the zeta potential measurements with the 4 coagulant ratios during turbidity peak
periods showed that the doses allowing total charge neutralization are extremely high and that the
use of this tool cannot constitute a good indicator of the optimal dose for such an application in
direct filtration.
During turbidity peak periods, none of the 4 filters were able to meet either the filtered water
turbidity target ≤ 0.15 NTU or the cycle time ≥ 24 hours. Nevertheless, the sand filter was the most
efficient with a turbidity of 0.16 NTU, which just exceeds the first objective but for an average
cycle time of 19 hours. In this sense, the pilot study revealed the deficiency of the flocculation
stage at the plant, which does not seem to increase the size of the flocs to promote their retention
on media coarser than the plant's control filter. A characterization of the size of the flocs formed at
the plant before reaching the filters would be relevant to support this hypothesis.
x
REMERCIEMENTS ..................................................................................................................... IV
RÉSUMÉ....................................................................................................................................... VI
4.1.2 Paramètres utilisés pour la comparaison des performances du filtre à sable témoin et
des filtres de l’usine................................................................................................................ 55
4.1.3 Comparaison des performances du filtre à sable témoin et des filtres de l’usine
Charles-J.-Des Baillets ........................................................................................................... 56
4.2.1 Résultats des essais pilotes en dehors de la période de pointe de turbidité (≤ 5 UTN)
....................................................................................................................................63
4.2.2 Performances des filtres durant la période de pointe de turbidité printanière (≥ 5 UTN)
avec le ratio de coagulant 81-19 ............................................................................................. 89
4.3 Impact des conditions de mélange sur les performances de la filtration directe ............ 95
6.1.1 Impact des conditions de mélange sur les performances de filtration ...................... 103
6.1.2 Impact de la configuration des filtres sur leurs performances ................................. 104
6.1.3 Impact du dosage de coagulant sur les performances de filtration .......................... 106
6.1.4 Impact de la qualité de l’eau brute sur le choix du ratio de coagulants ................... 106
6.1.5 Impact du choix du ratio de coagulants sur les performances de la filtration .......... 107
6.1.6 Rôle du potentiel zêta dans la sélection du dosage de coagulant ............................. 108
Tableau 2.6 Critères requis pour les eaux brutes admissibles à un traitement en filtration directe.
................................................................................................................................................ 21
Tableau 2.7 Crédits d’enlèvements des microorganismes cibles obtenus par la filtration directe
assistée chimiquement (avec ou sans floculation préalable) (MELCC, 2019). ..................... 23
Tableau 2.8 Ratios L/d10 recommandés selon le type d’application (Kawamura, 2000). .............. 25
Tableau 2.9 Caractéristiques physiques des médias conventionnels retrouvés dans la littérature
(Crittenden et al., 2012).......................................................................................................... 27
Tableau 2.10 Critères de conception des filtres rapides à lavage intermittent (MELCC, 2019a). . 27
Tableau 3.2 Scénario de fonctionnement à l’usine considéré pour la conception des floculateurs
hydrauliques. .......................................................................................................................... 45
Tableau 3.3 Caractéristiques des ratios de coagulants testés et calendrier des essais 2019. .......... 46
Tableau 4.1 Points de consignes pour le traitement des données pilotes pour l’évaluation de la
représentativité du filtre pilote avec les filtres de l’usine Charles-J.-Des Baillets. ................ 56
Tableau 4.2 Paramètres utilisés pour la comparaison des performances du filtre témoin du pilote
aux filtres de l’usine Charles-J.-Des Baillets. ........................................................................ 56
Tableau 4.3 Caractéristiques moyennes de l’eau brute à l’usine et au pilote pour la période évaluée.
................................................................................................................................................ 57
Tableau 4.4 Sommaire des performances des filtres à sable de l’usine dans le cadre de l’évaluation
de la représentativité de l’usine Charles-J-. Des Baillets. ...................................................... 60
Tableau 4.5 Sommaire des performances du filtre à sable témoin du pilote dans le cadre de
l’évaluation de la représentativité de l’usine Charles-J.- Des Baillets ................................... 61
Tableau 4.6 Performances des meilleurs filtres par galerie à l’usine en comparaison avec le filtre
témoin du pilote...................................................................................................................... 62
Tableau 4.7 Comparaison des performances du filtre témoin du pilote aux filtres de l’usine pour
une perte de charge en fin de cycle moyenne équivalente (1,50 m). ..................................... 62
Tableau 4.8 Sommaire de la qualité de l’eau brute durant les essais pilotes en dehors de la période
de pointe de turbidité. ............................................................................................................. 63
Tableau 4.9 Sommaire des durées de cycle de filtration par filtre en dehors de la période de pointe
de turbidité.............................................................................................................................. 67
Tableau 4.10 Sommaire des pertes de charge initiales et totales et des progressions des pertes de
charge par filtre en dehors de la période de pointe de turbidité. ............................................ 69
Tableau 4.11 Rapports des diamètres effectifs des deux couches de médias et de leurs densités
respectives pour les filtres bicouches. .................................................................................... 69
Tableau 4.12 Sommaire des propriétés des médias filtrants testés (granulométries, profondeurs,
porosités, sphéricités et ratios de performances). ................................................................... 72
xv
Tableau 4.13 Classement des meilleurs ratios par filtre en moyenne du 95e centile. .................... 77
Tableau 4.14 Sommaire des performances moyennes des durées et des pertes de charges des filtres
selon les ratios de coagulants testés. ...................................................................................... 81
Tableau 4.15 Concentrations d’aluminium total à l’eau filtrée par filtre selon les 4 ratios
volumétriques de coagulants (PAX-XL1900 : C592). ........................................................... 88
Tableau 4.16 Sommaire des caractéristiques de l’eau brute pour un cycle typique en période de
pointe de turbidité................................................................................................................... 91
Tableau 4.17 Moyennes des pertes de charges initiales et finales et taux de progression des pertes
de charges pour les 4 filtres durant et avant la période de pointe de turbidité. ...................... 94
Tableau 5.1 Principales caractéristiques de l’eau brute en pointe de turbidité printanière. ........... 97
Tableau 5.2 Sommaire des doses en mg liq./L permettant des potentiels zêta de -10, -5 et 0 mV.
.............................................................................................................................................. 100
Tableau 5.3 : Estimation des coûts d’achat des coagulants .......................................................... 102
xvi
Figure 2.1 Concentrations des espèces hydrolysées d’Al (III) en équilibre avec les hydroxydes à
25°C à force ionique nulle (Duan & Gregory, 2003). .............................................................. 6
Figure 2.2 Structure du polymère cationique polyDADMAC Bolto et Gregory (2007). .............. 14
Figure 2.3 Cycle de filtration typique d’un média granulaire (maturation, filtration efficace et
percée) (Crittenden et al., 2012). ............................................................................................ 29
Figure 3.5 Temps de résidence hydraulique après l’injection du coagulant jusqu’au dernier filtre de
la galerie (scénario 3 pompes BP). ......................................................................................... 44
Figure 3.7 Configuration des filtres pilotes de gauche à droite : sable/anthracite, MonoMulti
Filtralite®, Sable et Filtralite® NC. ....................................................................................... 48
Figure 4.1 Configuration des galeries de filtration à l’usine Charles-J. Des Baillets. ................... 57
Figure 4.2 Sommaire des performances des filtres à sable de l’usine par galerie. Les barres
représentent la médiane, les boites représentent les 25e et 75e centiles et les moustaches
représentent le minimum et le maximum. .............................................................................. 59
Figure 4.3 Critères fin de cycle de filtration pour les 4 filtres (S/A : sable/anthracite, F/F : Filtralite®
bicouche, S : sable, F : Filtralite®). ....................................................................................... 64
Figure 4.4 Turbidité en fonction du temps de filtration pour un cycle typique de filtration (S/A :
sable/anthracite, F/F : Filtralite® bicouche, S : sable, F : Filtralite®). .................................. 65
Figure 4.5 Perte de charge en fonction du temps de filtration pour un cycle typique de
filtration (S/A : sable/anthracite, F/F : Filtralite® bicouche, S : sable, F : Filtralite®). ........ 66
xvii
Figure 4.6 Pertes de charge finales par filtre en fonction de la durée de cycle de filtration en dehors
de la période de pointe de turbidité où le point représente la moyenne et les barres représentent
le minimum et le maximum. .................................................................................................. 68
Figure 4.7 Progression des pertes de charge en fonction de la perte de charge initiale par filtre en
dehors de la période de pointe de turbidité. ........................................................................... 70
Figure 4.8 Turbidité moyenne à l’eau filtrée des 4 filtres au 95e centile par cycle de filtration
(moyenne, min, max) en dehors de la période de pointe de turbidité (S/A : sable/anthracite,
F/F : Filtralite® bicouche, S : sable et F : Filtralite® monocouche). ..................................... 73
Figure 4.9 Critères de fins de cycles de filtration par filtre selon les 4 ratios de coagulants testés en
dehors de la période de pointe. ............................................................................................... 76
Figure 4.10 Turbidité moyenne à l’eau filtrée au 95e centile par cycle par filtre, pour les 4 ratios de
coagulants (moyenne, +- écart type, minimum et maximum)................................................ 77
Figure 4.11 Durées de cycle par filtre en fonction des 4 ratios de coagulants en dehors de la période
de pointe de turbidité (moyenne, +- écart type, min et max). ................................................ 78
Figure 4.12 Pertes de charge en fin de cycle moyennes par filtre en fonction du ratio de coagulant
(PAX-XL1900 : C592) (moyenne, +- écart type, min et max). ............................................. 79
Figure 4.13 Pertes de charges initiales moyennes groupées par filtres en fonction des différents
ratios de coagulants. ............................................................................................................... 80
Figure 4.14 Progressions des pertes de charges moyennes groupées par filtres en fonction des
différents ratios de coagulants. ............................................................................................... 82
Figure 4.15 Profil des pertes de charge des 4 filtres pour le ratio 81-19 en fin de cycle opérés à 6
m/h. ......................................................................................................................................... 83
Figure 4.16 Profil des pertes de charge du filtre bicouche Filtralite® (F/F) en début et fin de cycles
pour les ratios de coagulants 20-80 et 0-100. ......................................................................... 84
Figure 4.17 Profil des pertes de charge du filtre bicouche à sable/anthracite en début et fin de cycle
pour les ratios de coagulants 20-80 et 0-100. ......................................................................... 85
Figure 4.18 Comparaison de la turbidité à l’eau brute en période de pointe de turbidité de 2019
avec les données historiques de 2003-2018. .......................................................................... 90
xviii
Figure 4.19 Critères fin de cycles de filtration (%) pour les 4 filtres en période de pointe de turbidité
pour le ratio de coagulant volumétrique 81-19 (PAX-XL1900 : C592). ............................... 90
Figure 4.20 Turbidité à l’eau filtrée en fonction du temps en période de pointe de turbidité pour le
ratio volumétrique 81-19 (PAX-XL1900 : C592) avec une dose de 7,85 mg liq. /L. ............ 92
Figure 4.21 Pertes de charges en fonction du temps en période de pointe de turbidité pour le ratio
volumétrique 81-19 (PAX-XL1900 : C592) avec une dose de 7,85 mg liq. /L. .................... 92
Figure 4.22 Turbidité moyenne à l’eau filtrée au 95e centile par cycle en fonction de la durée
moyenne en période de pointe de turbidité (moyenne, minimum et maximum). .................. 95
Figure 5.1 Potentiels zêta en fonction du ratio de coagulant volumétrique (PAX-XL1900 : C592)
et de la dose appliquée : a) en mg liquide/L, b) en mg Al/L et c) en mg sec /L. ................. 101
xix
Al Aluminium
BP Basses pressions
Cu Coefficient d’uniformité
DC Densité de charge
DMA Diméthylamine
F Filtralite® monocouche
HC Densité élevée
NC Densité normale
NDMA N-nitrosodiméthylamine
N-E Nord-Est
xxi
NH2Cl Chloramine
MA Maladie d’Alzheimer
PM Poids moléculaire
S Sable
S/A Sable/anthracite
S-E Sud-Est
S-O Sud-Ouest
THM Trihalométhanes
CHAPITRE 1 INTRODUCTION
La qualité de l’eau potable est une préoccupation majeure de santé publique qui est toujours
d’actualité au Québec. L’objectif premier du traitement de l’eau potable est de prévenir le risque
d’exposition de la population à des microorganismes pathogènes. Depuis l’adoption du Règlement
sur la qualité de l’eau potable (RQEP) en 2001, les exigences relatives au traitement de l’eau
potable et à sa distribution se sont davantage resserrées. Afin de s’y conformer, la Ville de Montréal
a procédé à la mise aux normes de ses usines (MNU) de production d’eau potable, notamment
l’usine Charles-J.-Des Baillets. L’inauguration de l’usine Charles-J.-Des Baillets remonte à l’année
1973 et elle offre une capacité de production journalière de 1 136 000 m3/d. Les usines Charles-J.-
Des Baillets et Atwater desservent environ 1 539 000 personnes, ce qui représente 88% de la
population de l’île de Montréal.
Initialement, la filière de traitement en place comprenait une étape de filtration directe rapide sur
sable (sans coagulation), une ozonation et une chloration. La filtration est la dernière barrière
physique pour l’enlèvement des microorganismes pathogènes de l’eau potable. Depuis la mise aux
normes, l’étape de post-ozonation a été conçue principalement pour contrôler les problèmes de
goûts et odeurs et pour oxyder la matière organique et les micropolluants.
L’usine puise son eau brute du fleuve Saint-Laurent à environ 500 mètres de la berge en amont des
rapides de Lachine. La localisation stratégique de sa prise d’eau lui confère globalement une eau
brute de bonne qualité sur toute l’année avec respectivement une turbidité et une concentration de
carbone organique dissous (COD) inférieures typiquement à 5 UTN et à 3 mg C/L (Kazza, 2015).
Des modifications aux régimes hydrauliques du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais
au cours des dix dernières années, particulièrement au printemps lors de la fonte des neiges, ont été
2
associées à des turbidités élevées atteignant 20 UTN. L’occurrence de ces évènements rares semble
cependant de plus en plus fréquente. Face à ces changements de qualité d’eau, la Ville de Montréal
souhaite optimiser l’étape de la filtration en ligne à l’usine Charles-J.-Des Baillets de manière à
augmenter la résilience de la filière de traitement. Plus précisément, la Ville a décidé d’évaluer la
possibilité d’adopter une stratégie de coagulation annuelle plutôt que saisonnière dans le but de
doter les réacteurs UV d’une redondance quant à l’atteinte du taux d’élimination du
Cryptosporidium requis par le RQEP. En revanche, la conception des filtres à sable monocouches
n’a pas été révisée lors de la mise aux normes de l’usine. Par conséquent, la productivité de l’étape
de filtration est limitée durant la période critique de pointe de turbidité par la progression de pertes
de charge qui dictent la fin de cycles de filtration.
L’objectif de ce projet est d’optimiser la filtration en ligne à l’usine Charles-J.-Des Baillets pour
assurer une meilleure gestion des pointes de turbidités saisonnières et pour rencontrer les exigences
du RQEP en tout temps. À cette fin, une étude pilote a été menée sur site avec l’unité mobile du
CREDEAU. D’une part, il est visé d’optimiser l’étape de coagulation annuelle afin de garantir
l’atteinte du taux d’élimination requis pour les protozoaires parasites. Ceci implique une
optimisation du ratio de coagulants inorganique et organique nécessaire pour maintenir une
turbidité à l’eau filtrée ≤ 0,15 UTN en tout temps et même ≤ 0,10 UTN en dehors de la période
pointe de turbidité pour se conformer au Programme d’Excellence en Eau Potable (PEXEP).
D’autre part, il est proposé de tester d’autres médias filtrants plus légers et plus poreux en
remplacement du sable de l’usine pour diminuer les pertes d’eau lors des rétrolavages des filtres et
pour augmenter les durées de cycle de filtration. La Filtralite®, un média à base d’argile expansée
chauffée à 1200°C, est prisée pour sa structure poreuse et sa surface de contact élevée, permettrait
une meilleure rétention des particules et favoriserait des cycles de filtration plus longs que les filtres
à sables de l’usine. Il est donc d’intérêt d’évaluer si un simple remplacement du média filtrant
permettrait d’accroître la productivité de l’étape de filtration sans compromettre la qualité de l’eau
filtrée produite.
Le présent mémoire est composé de 7 chapitres. Le chapitre 2 présente la revue de littérature axée
principalement sur la filtration directe, mais aussi sur l’impact des procédés de
coagulation/floculation sur cette dernière. Cette revue est suivie par les objectifs de recherche et
3
les hypothèses utilisés dans le cadre de ce projet. Le chapitre 3 présente la méthodologie des essais
en continu avec l’unité mobile du CREDEAU et celle des essais au laboratoire. Les chapitres 4 et
5 présentent respectivement les résultats obtenus à l’échelle pilote et à l’échelle laboratoire.
Ensuite, le chapitre 6 discute les résultats obtenus et présente les conclusions tirées du projet. Enfin,
le chapitre 7 résume les principaux résultats obtenus sous forme de conclusion générale.
4
La présente revue de littérature porte sur le procédé de filtration directe, soit l’opération d’un filtre
en absence d’un prétraitement de décantation. L’efficacité de la filtration directe dépend de
l’efficacité de la coagulation. Dans un premier temps, les procédés de coagulation/floculation
seront donc abordés, incluant la sélection des coagulants et aides-coagulants les plus couramment
utilisés, leurs mécanismes d’action ainsi que leur effet sur les performances de la filtration directe.
En second lieu, les conditions d’application de la filtration directe, ses critères de conception ainsi
que l’impact du choix des médias filtrants seront présentés.
Les procédés de coagulation et de floculation sont largement utilisés en traitement des eaux pour
obtenir une séparation liquide/solide à l’aide des procédés subséquents tels que la décantation et/ou
la filtration. Le rôle de la coagulation est de déstabiliser les particules présentes dans l’eau, qui sont
généralement chargées négativement et qui ont donc tendance à se répulser (Crittenden, Trussell,
Hand, Howe, & Tchobanoglous, 2012). Ce processus se caractérise par l’ajout d’un produit
chimique appelé coagulant et par sa dispersion rapide. La coagulation est suivie dans la majorité
des cas d’une étape de floculation avec un mélange lent qui a pour objectif de favoriser
l’agglomération des particules déstabilisées et ainsi former un agrégat appelé floc.
Les coagulants inorganiques à base de sels d’aluminium sont largement utilisés en traitement des
eaux. Leur efficacité a été éprouvée pour le traitement de plusieurs types d’eau et ce, à moindre
coût et pour l’enlèvement d’un large éventail d’impuretés notamment les particules, les colloïdes
et la matière organique dissoute (Duan & Gregory, 2003); Edzwald, J. K. (1993); (Wang, Y., Gao,
Xu, Xu, & Xu, 2009). Le coagulant le plus populaire est le sulfate d’aluminium dit Alun
(Al2(SO4)3·14H2O) en raison de sa disponibilité, sa facilité de mise en œuvre et sa rentabilité
(Kawamura, Susumu, 1991). Les principales caractéristiques de l’alun sont présentées dans le
Tableau 2.1.
5
Aussitôt que l’alun est introduit dans l’eau, il se dissocie d’abord pour former des ions Al3+. Ces
ions trivalents s’hydratent et procèdent rapidement à des réactions d’hydrolyse d’aluminium de
manière incontrôlée pour former des espèces ioniques solubles et un précipité solide (Werner
Stumm, 1962). Van Benschoten et Edzwald (1990) énoncent que la majorité des espèces formées
sont des monomères caractérisées par leur courte durée de vie et leur rapide précipitation en un
hydroxyde d'aluminium amorphe, soit Al (OH) 3. Ce précipité serait responsable du mécanisme de
neutralisation des charges vu la rapidité de son processus de formation qui est de l’ordre de 1-2
secondes (Licsko, 1997).
𝐴𝑙 3+ + 3 𝑂𝐻 − ↔ 𝐴𝑙(𝑂𝐻)3(𝑠𝑜𝑙𝑖𝑑𝑒)
𝐴𝑙 3+ ↔ 𝐴𝑙𝑂𝐻 2+ + 𝐻 +
+
𝐴𝑙𝑂𝐻 2+ ↔ 𝐴𝑙(𝑂𝐻)2 + 𝐻 +
+
𝐴𝑙(𝑂𝐻)2 ↔ 𝐴𝑙(𝑂𝐻)3 (𝑎𝑞𝑢𝑒𝑢𝑥) + 𝐻 +
−
𝐴𝑙(𝑂𝐻)3 (𝑎𝑞𝑢𝑒𝑢𝑥) ↔ 𝐴𝑙(𝑂𝐻)4 + 𝐻+
La réaction d’hydrolyse permet la libération des ions H+, ce qui a pour effet de réduire le pH et de
consommer l’alcalinité. Le pH de la solution impacte grandement l’efficacité de la coagulation. Il
existe une plage de pH optimale pour chaque coagulant à base de sels où sa solubilité est minimale.
La Figure 2.1 présente la plage de pH optimale pour l’aluminium. La plage optimale de pH où les
hydroxydes d’aluminium sont abondants se situe entre 6,0 et 7,5; contribue à former des flocs de
plus grandes tailles qui sont favorables à une séparation solide/liquide (McCurdy, Carlson, &
Gregory, 2004). À cet effet, Packham (1962) suggère une zone de pH optimale comprise entre 5,5
et 7,2, néanmoins, la charge positive des hydroxydes ainsi formés y est plus faible. Dans le cas où
6
Figure 2.1 Concentrations des espèces hydrolysées d’Al (III) en équilibre avec les hydroxydes à
25°C à force ionique nulle (Duan & Gregory, 2003).
- Réagissent moins avec l’alcalinité et ont donc peu d’effet sur la réduction du pH de la
solution;
Parmi les quatre mécanismes de la coagulation des eaux, deux ont été reconnus les plus impliqués
dans la déstabilisation des particules lorsque des coagulants préhydrolysés sont utilisés : (1)
adsorption et neutralisation des charges et (2) emprisonnement des particules dans un précipité plus
connu sous le nom de «sweep flocculation» (Duan & Gregory, 2003). Le premier mécanisme est
obtenu par l’ajout d’une quantité suffisante de cations qui s’adsorbent à la surface des particules
chargées négativement de manière à neutraliser leurs charges. Une re-stabilisation des particules
est possible lorsque la quantité de coagulant dosée est très élevée résultant en une adsorption
excessive de cations et donc en une inversion des charges (O'Melia, 1969). Quant au deuxième
mécanisme, il est dominant lorsque la dose de coagulant est suffisamment élevée pour former un
précipité qui emprisonne les flocs formés de particules chargées négativement. Étant donné que
l’objectif de la filtration directe est de former des flocs de petites tailles filtrables connus sous le
nom de « pin flocs» (Cleasby, J. & Logsdon, 1999), le mécanisme dominant de la coagulation pour
une telle application repose sur la neutralisation des charges.
Les principaux coagulants préhydrolysés à base de sels d’aluminium utilisés en traitement des
eaux sont le polyaluminium sulfate silicate (PASS), le polychlorure d’aluminium (PACl) et le
chloro-hydrate d’aluminium (CHA). Le Tableau 2.2 présente leurs principales caractéristiques.
Le PACl est plus efficace que les sels d’aluminium conventionnels tels que l’alun et le AlCl3 pour
différents types d’applications. Outre sa vitesse d’agrégation rapide, il est moins sensible aux
variations de la température et de pH (Gao, Hahn, & Hoffmann, 2002; Matsui, Yuasa, Furuya, &
Kamei, 1998). Les espèces composant le polyaluminium ont une densité de charge supérieure à
celles de l’alun lui procurant une forte capacité de neutralisation des charges réduisant ainsi les
dosages et les volumes de boues produits (McCurdy et al., 2004). De plus, les flocs formés avec
des coagulants à base de polyaluminium sont plus gros et plus robustes que ceux formés avec l’alun
(Gregory, J. & Rossi, 2001). Pour des densités équivalentes, la déposition des grosses particules
est plus rapide que celle des plus petites (Jarvis, Jefferson, Gregory, & Parsons, 2005), résultant en
une meilleure efficacité d’abattement (Boller & Blaser, 1998). Il a été démontré que l’efficacité du
PACl était supérieure à celle de l’alun pour la réduction de la turbidité et des concentrations
d’aluminium résiduel à l’eau finie en filtration directe et qu’aucun ajustement de pH n’était
nécessaire en amont de son injection (Zarchi, Friedler, & Rebhun, 2013; Zouboulis, Traskas, &
Samaras, 2008). Les performances de la filtration directe utilisant du PACl avec un degré de
basicité élevée ont été améliorées en termes d’abattement de la turbidité et de réduction du taux de
développement des pertes de charges comparativement à celles de l’alun (Edzwald J.K., 2000).
Pour le coagulant à base de polyaluminium, une base est ajoutée (e.g. NaOH) lors de sa production
pour le préhydrolyser. Ceci est fait dans des conditions contrôlées de mélange et de température
pour former des polymères d'hydroxyde d'aluminium chargés positivement (Zarchi et al., 2013).
Les coagulants à base de chlorure de polyaluminium n’ont pas une formule chimique unique
contrairement à l’alun. Ils sont toutefois caractérisés par leur pourcentage de basicité qui représente
leur degré de neutralisation r. La basicité B se définit comme étant le rapport molaire des ions
hydroxydes [OH-] par les ions aluminium [AlTot]. En d’autres mots, des coagulants avec des
basicités élevées sont moins enclins à réduire le pH de l’eau. Saltnes, T. (2002) indique qu’en
général, r est compris entre 0,3 et 2,5 dans une solution pour les produits commercialisés,
équivalent à une basicité entre 10 et 83%. En contrepartie, les polymères formées deviennent
moins stables à mesure que le ratio r augmente, ce qui rend l’entreposage du PACl plus
problématique (Crittenden et al., 2012). La basicité est décrite par l’équation suivante :
9
Équation 1 :
[𝑂𝐻 − ]
𝐵𝑎𝑠𝑖𝑐𝑖𝑡é (%) = (100/3) ×
[𝐴𝑙 𝑇𝑜𝑡 ]
Quand le polyaluminium se dissout dans l’eau, les espèces formées dépendent de la basicité du
produit. Le polyaluminium tient son nom des espèces polynucléaires formées. Par exemple, les
espèces monomériques telles que Al3+ et AlOH2+ sont dominantes lorsque la basicité est faible
(inférieure à 33%), ce qui est le cas pour l’alun. Cependant, pour une basicité supérieure à 40%, le
polymère cationique Al137+ est dominant. La neutralisation des charges est reconnue comme étant
le mécanisme responsable de la coagulation pour l’Al13. De plus, une adsorption des particules
chargées négativement est obtenue avec la charge positive élevée du coagulant.
Ces espèces peuvent être classifiées sous trois catégories à l’aide de la technique par spectroscopie
27
de résonance magnétique nucléaire (RMN) du noyau Al : (i) Al mono représentant les espèces
d'aluminium monomères et dimères, (ii) Al13 sous la forme d’AlO4 Al12 (OH)24 H2O127+ et (iii) Al
colloïdal comprenant des polymères d’aluminium et des précipités Al(OH)3 (Wang, Y. et al., 2009).
Plusieurs facteurs influencent la charge et la dominance des types d’espèces d’hydroxyde
d’aluminium formées tels que la qualité de l’eau brute, le compte de particules et le pH de la
solution (Zarchi et al., 2013).
10
Les espèces d’hydrolyse d’Al(III) formées impactent les mécanismes de la coagulation et par
conséquent les performances obtenues (Yan, Wang, Qu, He, & Chow, 2007). L’interaction entre
l’alun et les particules dans l’eau se fait principalement à travers les monomères et le précipité
Al(OH)3, alors que celle du PACl, elle se fait avec le polymère tridécamère Al13.
Les différentes espèces formées dans le coagulant ainsi que leurs mécanismes d'adsorption
interviennent de manière distincte dans la processus de déstabilisation des particules et leur
agrégation (Wu, Ge, Wang, & Tang, 2007). Ye et al. (2007) ont admis que le mécanisme
d’adsorption prépondérant du PACl est de nature électrostatique, contrairement à l’alun où le
mécanisme d’adsorption repose majoritairement sur la précipitation chimique. En plus des
mécanismes de neutralisation des charges et du « patch électrostatique » reconnus responsables du
processus de la coagulation du PACl, le pontage y serait aussi impliqué dans le cas où des espèces
de plus grandes tailles seraient formées à l’avance ou in-situ; tandis que pour l’alun, les mécanismes
dominants sont la neutralisation des charges et le « sweep flocculation » vu la présence d’espèces
hydrolysantes dans la solution (Wu et al., 2009). Par conséquent, l’utilisation du PACl plutôt que
de l’alun serait plus adaptée pour former des micro-flocs en amont de la filtration directe (Wu et
al., 2009).
neurotoxique puissant et que les liens entre sa présence dans l’eau potable et la maladie
d’Alzheimer (MA) ne peuvent être écartés (Flaten, 2001). Les avis demeurent encore controversés,
où certains affirment qu’il constitue un des éléments responsables de la pathogenèse de la MA,
mais qu’il n’est pas encore possible de reconnaître son mécanisme de toxicité sur cette maladie
(Gupta et al., 2005). Tandis que d’autres avancent que le lien de cause à effet reste encore à établir
(Flaten, 2001). D’où l’intérêt de contrôler les dosages de coagulants à base d’aluminium dans les
usines de traitement d’eau potable.
Santé Canada (1998) n’avait pas déterminé de recommandation basée sur la santé pour l’aluminium
dans l’eau potable, vu l’absence de preuves irréfutables à cette époque attestant qu’il causerait des
effets nocifs chez les humains. Aucun objectif esthétique n’a non plus été établi. Santé Canada
(2019a) a toutefois suggéré des valeurs opérationnelles recommandées (VOR) afin de minimiser
les concentrations d’aluminium résiduel. Dans de telles considérations, les usines de purification
d’eau potable utilisant des coagulants à base de sels d’aluminium ne devraient pas dépasser une
VOR en aluminium (i) de 100 µg/L pour celles munies de traitements conventionnels et (ii) de 200
µg/L pour celles munies d’autres types de traitement notamment la filtration directe. Le contrôle
du pH de la coagulation peut être une option pour favoriser le respect de ces deux VOR respectives,
et doit être compris pour l’alun entre 5,6 et 7,1 et entre 5,4 et 7,4 (Nilsson, 1992). Pour un coagulant
à base de PACl, le pH de coagulation devrait être compris entre 6,8-7,3 à faible température
(≤10°C) et entre 6,3-6,8 à température tiède (≥10°C) pour obtenir un résiduel d’aluminium entre
0,02 et 0,05 mg Al/L (Santé Canada, 2019a).
Des études menées sur des animaux particulièrement des rats ont démontré la neurotoxicité de
l’aluminium lorsqu’il est ingéré en fortes concentrations (World Health Organization, 2017). Ces
résultats corroborent les effets observés dans les études épidémiologiques sur les humains (Santé
Canada, 2019a). À la lumière de ce qui précède, Santé Canada a émis en 2019 un document
technique pour consultation publique visant à revoir les valeurs recommandées dans le passé au
sujet de la présence de l’aluminium dans l’eau potable. À cette fin, il est proposé d’une part de
fixer la concentration maximale admissible (CMA) de l’aluminium total dans l’eau potable à 2900
µg/L et d’autre part, d’appliquer une VOR de 50 µg/L dans le but d’optimiser le traitement d’eau
potable et les réseaux de distribution. La VOR proposée serait particulièrement contraignante pour
les applications en filtration directe utilisant l’alun comme coagulant.
12
2.3 Polymères
L’utilisation des polymères pour la coagulation/floculation des eaux a débuté depuis 1950 (Leu &
Ghosh, 1988). La sélection du type de polymère et de sa dose appropriée est déterminante pour
maximiser l’efficacité de réduction des particules en filtration. Le choix du polymère est fonction
de ses paramètres intrinsèques notamment sa densité de charge, son poids moléculaire et de sa
concentration active en solution. Ce choix dépend non seulement des interactions complexes entre
les polymères et les particules, mais aussi, de l’influence des caractéristiques de l’eau sur ces
interactions mêmes, qui ne sont pas tout à fait bien comprises (Crittenden et al., 2012). De ce fait,
la sélection du polymère demeure encore empirique et se fait à l’aide d’un jar test au laboratoire
ou à l’aide d’essais pilotes.
Il existe des polymères ioniques appelés polyélectrolytes qui sont de nature cationique ou anionique
et des polymères non ioniques. Un polymère est caractérisé par son poids moléculaire (PM)
(longueur de sa chaîne) et par sa densité de charge (DC). L’efficacité des polymères dépend de ces
deux paramètres (O'Melia, 1974). Bolto et Gregory (2007) ont classifié les polymères selon leurs
poids moléculaires. Typiquement, un poids moléculaire est considéré comme faible lorsqu’il est
inférieur à 105, moyen lorsqu’il est compris entre 105 et 106 et élevé lorsqu’il dépasse 106 g/mole.
Les polymères avec des chaînes plus longues ont des viscosités plus élevées. En effet,
l’augmentation de la viscosité est proportionnelle au carré du poids moléculaire du polymère
(Black & Riddick, 1960). La densité de charge peut être exprimée en milliéquivalent par gramme
de polymère ou plus communément en pourcentage molaire des regroupements chargés (% mol).
Ainsi, les densités de charges de 10%, 25% et de 50 à 100% sont classées dans l’ordre comme
faibles, moyennes et élevées (Bolto & Gregory, 2007).
Des polymères cationiques peuvent être employés en tant que coagulants primaires seuls ou en
combinaison avec un coagulant inorganique. Lorsque les polymères cationiques sont utilisés
comme coagulants primaires, les volumes de boues produits sont réduits en raison de la diminution
des dosages appliqués en comparaison avec les coagulants inorganiques à base de sels métalliques
(Crittenden et al., 2012). En effet, les polyélectrolytes cationiques ont l’avantage de neutraliser les
13
charges des particules sans former d’excès de précipité contrairement aux coagulants inorganiques
(Bolto & Gregory, 2007). Les flocs formés avec les polymères sont plus déformables et prennent
moins d’espace que ceux formés avec des coagulants inorganiques, ce qui augmente moins
rapidement les pertes de charge à travers le lit filtrant et prolonge les durées de cycles de filtration
(Bolto & Gregory, 2007; Coccagna, 1989).
Toutefois, la qualité du filtrat produite par le polymère cationique n’est pas toujours équivalente à
celle produite par un coagulant inorganique, notamment un sel d’aluminium. En effet, l’efficacité
du polymère cationique n’est pas éprouvée pour la réduction des substances dissoutes telles que la
matière organique naturelle, l’arsenic ou le fluor (Crittenden et al., 2012). Il est aussi connu que
l’efficacité des polymères cationiques pour la réduction de la couleur n’est pas aussi bonne que
celles des sels métalliques; à moins que l’objectif premier du traitement de l’eau soit la réduction
de la turbidité (AWWA, 1980). Ainsi, l’usage de polymère cationique seul ne serait pas
économique pour le traitement d’une eau avec des teneurs élevées en substances humiques car les
doses nécessaires seraient plus élevées qu’avec l’utilisation d’un coagulant à base de sels
inorganiques (Bolto & Gregory, 2007). Étant donné que le coût du polymère est élevé, il augmente
par le fait même les coûts d’opération, lorsqu’il est utilisé comme coagulant primaire. Par
conséquent, l’usage de coagulant organique seul n’est pas commun en traitement des eaux, sauf en
filtration directe (Crittenden et al., 2012). Dans ce cas, les dosages typiques de polymères
cationiques peuvent varier entre 0,1 et 5 mg/L (Culp, 1977).
Le polymère cationique est utilisé d’une manière extensive en combinaison avec un coagulant
inorganique à base de sels métalliques, permettant de diminuer les doses nécessaires de ce dernier
de 40 à 80% (Crittenden et al., 2012). Dans ce sens, l’utilisation d’un polymère cationique de
densité de charge élevée tel que le polyDADMAC est populaire en filtration directe, permet de
réduire les précipités métalliques formés (Bolto & Gregory, 2007). Le mécanisme d’action de ce
dernier est la neutralisation des charges des particules non pas leur pontage dans la perspective de
grossir les flocs, bien que leur taille soit toujours augmentée (Rebhun, Fuhrer, & Adin, 1984).
Faust et Aly (1998) recommandent d’ailleurs cette utilisation afin d’améliorer la qualité de l’eau
produite. Cette approche permet également de prolonger les durées de cycle de filtration.
14
Le polyDADMAC est un polymère cationique soluble dans l’eau produit par polymérisation du
chlorure de diallyldiméthyle ammonium (Bolto & Gregory, 2007). Il est ajouté en tant que
coagulant pour améliorer l’élimination de la turbidité durant la filtration. La structure du
polyDADMAC est présentée à la figure suivante, et ses caractéristiques principales sont résumées
dans le Tableau 2.3 suivant. La densité de charge du polyDADMAC est faiblement influencée par
la variation de pH (Crittenden et al., 2012) .
Quelques exemples de polyDADMAC retrouvés sur le marché ainsi que leurs principales
caractéristiques sont présentés au Tableau 2.4, sachant qu’ils ont tous une densité de charge très
élevée. Il est à noter que les polyDADMAC de type Superfloc® série C-500 (fournis par Kemira)
et de type Magnafloc® LT (fournis par BASF) sont certifiés NSF/ANSI 60 pour l’utilisation en eau
potable spécialement pour la coagulation/floculation.
Contrairement aux différents polymères cationiques utilisés en traitement des eaux tels que les
polyamines et les polyacrylamides, l'ozonation du polyDADMAC génére la quantité la plus élevée
de NDMA (Padhye et al., 2011). En effet, ces derniers ont constaté que l’ozonation transforme le
polyDADMAC en diméthylamine (DMA) et qu’il existe une corrélation entre la formation de
NDMA et la dégradation du polyDADMAC et la libération de DMA. Schreiber et Mitch (2006)
ont démontré que outre la chloramine (NH2Cl), la dichloramine (NHCl2) augmente
significativement la formation de NDMA en présence de DMA.
Puisque la NDMA est cancérigène pour l’humain, Santé Canada a émis une recommandation dans
l’eau potable d’une valeur maximale acceptable (CMA) de 0,04 µg/L (Santé Canada, 2011).
Toutefois, aucune norme n’a encore été établie au Québec. Afin de réduire la formation de NDMA,
il serait nécessaire d’éliminer à la source les précurseurs organiques azotés notamment les
substances humiques. Par ailleurs, les réacteurs UV seraient efficaces pour la réduction de NDMA
(Santé Canada, 2011). Cependant, les fluences requises (>250-500 mJ/cm2) excèdent largement
16
celles appliquées pour la désinfection (40 mJ/cm2) et nécessitent parfois l’injection de peroxyde
d’hydrogène en amont du réacteur UV.
Équation 2 :
𝑃
G̅ = √
µ×𝑉
𝐾𝑔 ×𝑚2
où P, µ et V représentent respectivement : la puissance transmise au mélange en Watts , la
𝑠3
𝐾𝑔
viscosité dynamique en 𝑚×𝑠 et le volume du bassin de mélange en m3.
Pour les étapes de coagulation et de floculation, l’énergie transmise au mélange peut provenir d’un
mélangeur mécanique ou d’un mélangeur hydraulique. La puissance du mélange dans ce dernier
cas est exprimée par l’équation suivante :
Équation 3 :
𝑃 = 𝜌𝑔𝑄𝛥𝐻
𝐾𝑔 𝑚
où ρ exprime la masse volumique de l’eau ( 𝑚3 ), g est l’accélération gravitationnelle ( 𝑠2
), Q est
𝑚3
le débit dans le bassin de contact ( ) et ΔH est la perte de charge (m).
𝑠
17
Un temps de contact plus long est nécessaire pour la floculation pour favoriser l’agrégation des
particules. L’efficacité de la floculation est évaluée par le nombre de Camp Gt qui est le produit du
gradient de vitesse G appliqué au mélange et du temps de contact t dans le bassin (Camp, Thomas
R. & Stein, 1943). Un nombre de Camp variant entre 2×104 et 2×105 est suggéré pour obtenir une
bonne floculation; sachant qu’au-delà de cette plage un cisaillement des flocs peut être obtenu en
raison d’un temps de contact très long et/ou d’une forte énergie de mélange (Amirtharajah, Clark,
& Trussell, 1991).
Pour une filtration directe, l’ajout d’une étape de floculation a permis de réduire la turbidité en fin
de cycle à l’eau filtrée ainsi que les taux de développement des pertes de charge (Cleasby, J. L. et
al., 1992). Lorsque la floculation est omise, il est recommandé de mélanger rapidement pendant un
temps de contact minimal de 5 minutes (Culp, 1977; Faust & Aly, 1998). Cleasby, J. et Logsdon
(1999) ont suggéré une énergie de mélange à 100 s-1 pour un temps de rétention assez faible de 10
minutes en filtration directe. Monscvitz, Rexing, Williams et Heckler (1978) ont remarqué que les
doses de coagulants requises pour la filtration directe ont été réduites et que les durées de cycles
de filtration ont été augmentées lorsqu’une étape de floculation a été ajoutée avec un nombre de
camp Gt variant entre 25 000 et 50 000. En contrepartie, les bienfaits de la floculation sur les
performances de la filtration directe ont été réduits lorsqu’un polymère cationique de type
polyDADMAC a été ajouté en plus d’un coagulant à base de sel métallique (Ball, 2008).
optimales (Xu et Fitzpatrick 2006). Grâce au suivi en continu du potentiel zêta, il est possible
d’évaluer précisément le processus de neutralisation des charges requis pour une coagulation
optimale. Chang, Chu, Lee et Huang (1997) ont trouvé que les potentiels zêta ont passé de négatifs
à positifs à mesure que les doses de polymères avaient été augmentées. Liu et al. (2019) ont
démontré que le potentiel zêta à l’eau filtrée est un paramètre clé dans la détermination de la dose
de polymère en filtration directe. En effet, les meilleurs enlèvements d’impuretés à l’eau filtrée ont
été obtenus pour les doses donnant les potentiels zêta les plus élevés. Pernitsky et al. (2011) ont eu
recours au potentiel zêta pour optimiser le traitement d’une usine de filtration directe avec de
faibles turbidités et des teneurs de 2,4-4,5 mg/L de COT. Ils ont recommandé un dosage combiné
de 1,35 mg/L Al de coagulant et de 4 mg/L de polymère pour un PZ= - 3 mV. D’ailleurs,
l’American Society of Testing and Materials (ASTM) suggère des valeurs comprises entre -5 mV
et +5 mV, bien qu’en pratique une plage plus large entre -10 mV et +5 mV serait aussi acceptable
(Pernitsky et al., 2011).
Le potentiel zêta des flocs formés est fortement influencé par le pH de la solution; puisque la
concentration des protons impacte la densité de charge de ces derniers à travers la réaction
d’hydrolyse (Chang et al., 1997). Toutefois, il s’est avéré que lorsque le pH est élevé, les
performances de la filtration ont été maintenues sur une large plage indépendamment de la mesure
du potentiel zêta (Gregory, D., Carlson, & Bellamy, 2004).
La filtration directe est un procédé vulnérable aux changements brusques de la qualité de l’eau
brute compte tenu de l’absence de l’étape de décantation. C’est pourquoi, un suivi rigoureux en
continu doit être fait pour garantir les performances de l’eau filtrée. Les colloïdes peuvent passer
à travers le lit filtrant sans y être capturés en l'absence d’un conditionnement chimique adéquat. Le
choix du conditionnement chimique doit être fait avec soin car il influence grandement l’efficacité
de la filtration directe (Faust & Aly, 1998). L’objectif de la filtration directe est différent de celui
de la filtration conventionnelle. En fait, les doses de coagulant employées pour cette dernière sont
assez élevées pour former de gros flocs décantables. Tandis que la filtration directe vise à former
des flocs de petites tailles filtrables connus sous le nom de « pin flocs » (Cleasby, J. & Logsdon,
1999). Dans ce cas, la formation de gros flocs n’est pas optimale, elle est voire même
désavantageuse, car ces derniers augmentent le colmatage des filtres en surface et réduisent donc
19
leurs durées de cycle de filtration (Liu et al., 2019). Tel que mentionné plus haut, des doses élevées
de coagulant pourraient aussi entraîner une inversion de charges des particules, menant
potentiellement à leur re-stabilisation et même à leur re-dispersion, c’est ce qui réduit les
performances de la filtration (Tien & Payatakes, 1979). En contrepartie, il est possible que de
faibles doses de coagulant ne puissent pas promouvoir l’agrégation des particules. En d’autres
mots, une taille des flocs trop faible ne permet pas d’atteindre les objectifs de traitement à l’eau
filtrée (Crittenden et al., 2012; Edzwald, James K., Becker, & Tambini, 1987).
Référence Turbidité
Coagulant polyDADMAC Performances à
Eau brute
inorganique (mg sec/L) l’eau filtrée
(UTN) (mg Al/L)
(Kazza, 2015) 4 PAX-XL6 : 0,20 Superfloc® <0,30 UTN (95e
C-595 : 0,25 centile)
(Ball, 2008) 2,9 Alun : 0,02; 0,05 Magnafloc® <0,20 UTN
(moyenne) ; 0,08 mM/L LT7995 : 0 -
PASS100 : 0,05 0,25
mM/L
(Annie 9 Alun : 0,50 Magnafloc® <0,30 UTN (95e
Carrière & LT-7995 : 0,25 centile) et
Barbeau, 2008) Superfloc® durées de cycle
C-595 : 0,25 ≥24h
(Tchio, 1-5 Alun: 4 mg/L Percol® LT35: <0,5 UTN
Koudjonou, sec
Desjardins, 0,15
Gadbois, & (d10 = 0,4 mm)
Prévost, 2003) Alun: 9 mg/L
sec 1 (d10 = 2 mm)
(Barbeau, - PASS/ PACl : 5 - <0,15 UTN et
Morissette, & à 15 mg/L durées de cycle de
Prévost, 1999) 24-40h
La filtration est un procédé physico-chimique utilisé en traitement des eaux qui consiste à faire
passer un volume d’eau à travers un média filtrant poreux pour obtenir une séparation
liquide/solide. Un traitement conventionnel comprend généralement des étapes de coagulation,
floculation et filtration suivie d’une décantation. La particularité de la filtration directe c’est qu’elle
se caractérise par l’absence 1) de l’étape de sédimentation ou 2) des étapes de floculation et de
sédimentation, connue sous le nom de filtration en ligne ou encore de filtration de contact (Culp,
1977). Plusieurs avantages découlent de l’utilisation de la filtration directe tels que la réduction des
doses de coagulants et par association des quantités de boues produites et de l’empreinte au sol vu
l’absence des bassins de décantation. Des économies majeures sont ainsi réalisées sur les coûts
21
La filtration directe peut être employée lorsque l’eau brute est considérée de très bonne qualité soit
présentant de faibles teneurs en turbidité, couleur et carbone organique total (COT) (MELCC,
2019). Dans son Guide de conception des installations de production d’eau potable (Volume 1), le
MELCC énonce les critères d’admissibilités d’une eau brute à un traitement par filtration directe
d’après les recommandations de l’AWWA (AWWA, 1980; MELCC, 2019), tel que résumé dans
le Tableau 2.6 suivant :
Tableau 2.6 Critères requis pour les eaux brutes admissibles à un traitement en filtration directe.
Certaines études ont démontré que des eaux brutes avec des turbidités excédant 5 UTN peuvent
être traitées avec la filtration directe allant jusqu’à 10 UTN voire même 50 UTN (MELCC, 2019).
À cet égard, Faust et Aly (1998) ont pu respecter l’objectif de traitement à l’aide d’une coagulation
adéquate, pour non seulement une eau brute de 12 UTN avec de faibles teneurs d’algues tout en
dosant de d’alun, mais aussi, pour une eau brute de 16 UTN avec l’ajout d’un polymère cationique.
Une autre étude a démontré qu’il était possible, quoique non idéal, de traiter une eau brute de très
mauvaise qualité (turbidité de 80-110 UTN, couleur >70 uc et faible concentration d’algues) avec
un filtre direct à sable/anthracite, opéré à 10 m/h, en dosant de l’alun et du polymère et de respecter
les objectifs de traitement à l’eau filtrée (turbidité <0,50 UTN et couleur <5 uc) contre une faible
durée de cycle (6h) (Craig, 1985). Les dosages typiques de coagulants ont toutefois été
excessivement élevés avec 10-35 mg/L d’alun en combinaison avec un polymère (i) sous forme de
poudre avec une dose de 0,35 mg/L ou (ii) sous forme liquide avec un dosage de 0,9-2 mg/L (Craig,
1985). Cette même étude a pu traiter une eau brute de meilleure qualité (turbidité moyenne de 10-
20 UTN et couleur 25-30 uc), aux mêmes critères d’opération, et a pu obtenir des durées de cycles
22
acceptables de l’ordre de 26-30h pour une bonne qualité de filtrat (0,2-0,3 UTN, <5 uc) (Craig,
1985). Il a été démontré que la filtration directe ne constitue pas un traitement adapté pour une eau
brute nécessitant un dosage d’alun supérieur à 15 mg/L. Elle serait plutôt adaptée à un dosage mixte
d’alun de 6 à 7 mg/L en combinaison avec une faible dose de polymère (MELCC, 2019).
Typiquement, la filtration est la dernière barrière physique pour l’enlèvement des particules qui
peuvent renfermer des microorganismes pathogènes. À cet effet, des crédits d’enlèvement des
microorganismes pathogènes de référence tels que le Cryptosporidium, la Giardia et les virus sont
octroyés par le MELCC en fonction du type de filtration et de la turbidité à la sortie des filtres
(MELCC, 2019). La mesure de turbidité constitue un indicateur indirect pour prédire et évaluer
l’efficacité de la filtration. Ainsi, il a été démontré qu’un lien existait entre la réduction de la
turbidité et la réduction de microorganismes pathogènes cibles (Emelko, Huck, & Coffey, 2005;
Santé Canada, 2019b). Dans ce sens, il est nécessaire de maintenir une faible turbidité à l’eau
filtrée pour prévenir le risque sanitaire. D’ailleurs, les installations de traitement d’eau munies de
filtration conventionnelle ou directe doivent viser une turbidité cible de 0,10 UTN à l’eau filtrée en
tout temps (Santé Canada, 2019b). Santé Canada (2019b) énonce que dans le cas où il ne serait pas
possible de respecter cet objectif, il est requis de réduire la turbidité à une valeur inférieure ou égale
à 0,30 UTN tout en visant 0,10 UTN. Ceci est en accord avec l’étude réalisée par Patania et al.
(1995), qui a démontré qu’une turbidité à l’eau filtrée inférieure ou égale à 0,10 UTN a produit
jusqu’à 1 log d’enlèvement supplémentaire pour les parasites (Cryptosporidium et Giardia) par
rapport à une turbidité située entre 0,10 et 0,30 UTN, malgré l’inexistence de corrélation uniforme
entre la réduction de la turbidité et la réduction de ces parasites. Par ailleurs, Logsdon, Symons,
Hoye et Arozarena (1981) ont observé qu’une augmentation de la turbidité à l’eau filtrée de 0,10
UTN a entrainé une augmentation des kystes de Giardia de 8 à 12 microns de 10 à 50 fois.
Les crédits d’enlèvements des microorganismes cibles octroyés à la filtration directe assistée
chimiquement sont présentés dans le Tableau 2.9 (MELCC, 2019). Il est à noter qu’aucun crédit
d’enlèvement ne lui est accordé en absence de conditionnement chimique.
23
Tableau 2.7 Crédits d’enlèvements des microorganismes cibles obtenus par la filtration directe
assistée chimiquement (avec ou sans floculation préalable) (MELCC, 2019).
Plusieurs paramètres influencent l’efficacité de la filtration tels que les propriétés physiques du
média filtrant ainsi que les conditions de son opération et l’efficacité du conditionnement chimique
en amont (Kawamura, S., 2000). La conception des filtres dépend des caractéristiques du média
filtrant notamment sa granulométrie, densité, forme, porosité, surface spécifique, disposition du lit
et de la charge superficielle qui lui est appliquée (Crittenden et al., 2012).
Les médias filtrants se distinguent par les charges superficielles qui peuvent leur être appliquées.
Pour des types de filtration (i) rapide et (ii) très rapide, les vitesses de filtration sont (1) comprise
entre 5 à 10 m/h et (2) supérieure à 10 m/h respectivement (MELCC, 2019). Il est à noter que le
taux de charge maximal admissible pour un filtre à sable monocouche ne doit pas excéder 5 m/h,
à moins qu’il n’ait fait l’objet d’une demande de dérogation l’autorisant à aller au-delà de cette
valeur (MELCC, 2019). Pour les autres configurations de filtres, le MELCC (2019) autorise
également une vitesse maximale de 10 m/h.
24
Un média granulaire peut être caractérisé par son diamètre effectif (d10), coefficient d’uniformité
(Cu), sa granulométrie, et sa densité relative. Le d10 représente le diamètre nominal du tamis où
10% des grains de média ont pu le traverser. Le Cu est un indicateur de la distribution de la taille
des grains composant le média filtrant et il se calcule tel que suit :
Équation 4 :
𝐶𝑢 = 𝑑60 /𝑑10
où d60 représente le diamètre nominal du tamis où 60% des grains de média ont pu passer à travers.
Pour des filtres bi- ou multicouches, il est crucial de sélectionner des combinaisons appropriées de
tailles des grains et de leurs densités pour chaque couche de média en considérant les contraintes
de rétrolavages et de pertes de charge engendrées dans le lit (Kawamura, S., 2000). Une
stratification du média peut survenir après des rétrolavages répétitifs. C’est ce qui se traduit par
une reclassification des grains de média où les particules les plus grosses restent au fond du filtre,
et que les plus fines remontent à la surface, y favorisant une hausse des pertes de charge (Crittenden
et al., 2012).
Pour un média bicouche à sable/anthracite, le ratio des diamètres effectifs des deux couches (d1/d2)
devrait se situer entre 2 et 3 afin de prévenir l’intermélange à la frontière des deux couches pendant
le rétrolavage (Camp, T. R., 1961). Cet intermélange est d’autant augmenté à mesure que le ratio
d1/d2 est augmenté (Camp, T. R., 1961). Dans le cas où un intermélange surviendrait, la porosité
du média filtrant est réduite et par conséquent les pertes de charges sont augmentées à la limite des
deux couches médias filtrants (Cleasby, J. L. & Sejkora, 1975).
La taille des grains de média et leurs densités constituent des paramètres majeurs dans la sélection
du filtre, tout en considérant les contraintes du rétrolavage et des pertes de charges (Kawamura, S.,
2000). Une attention particulière doit être portée aux conditions de lavage des filtres pour prévenir
la perte de média filtrant. Un choix non adéquat des paramètres des couches de média peut résulter
en un nettoyage partiel du lit (Crittenden et al., 2012) .
25
L’équation suivante proposée par Kawamura, S. (1975) permet de sectionner un filtre selon les
tailles et les densités des particules constituant les couches de média, de façon à s’assurer que ces
particules ont la même vitesse de déposition.
Équation 5 :
𝑑1 ρ2 − ρ 0,667
=( )
𝑑2 ρ1 − ρ
Où d1 et d2 représentent respectivement les d10 des grains des médias le plus grossier et le plus fin,
ρ1 et ρ2 représentent leurs densités relatives respectives et 𝜌 est la densité de l’eau.
La configuration d’un lit bicouche est telle que la taille des grains décroit alors que la densité
augmente dans le sens de l’écoulement pour un débit descendant (Saltnes, Torgeir, Ødegaard, &
Eikebrokk, 2002).
Pour des essais de filtration en colonne, le choix du diamètre de la colonne doit être basé sur un
ratio entre le diamètre de la colonne et le diamètre effectif d10 du média supérieur à 50 pour éviter
les effets de paroi (Lang, Giron, Hansen, Trussell, & Hodges Jr., 1993). Une étude menée par
McLellan, McLeod et Emelko (2011) a toutefois permis d’affirmer qu’il était envisageable
d’utiliser un ratio plus petit que 50 (ratios testés de 15, 35 et 45) sans forcément expérimenter les
effets de paroi.
La conception du filtre peut être faite selon le ratio L/d10 où L représente la profondeur de la couche
de média constituant le filtre (mm) et d10 le diamètre effectif (mm). Kawamura, S. (2000) suggère
des ratios selon la granulométrie du filtre tels que résumés dans le Tableau 2.8 suivant :
Tableau 2.8 Ratios L/d10 recommandés selon le type d’application (Kawamura, 2000).
Il est recommandé d’augmenter le ratio L/d10 de 15% quand la turbidité à l’eau filtrée nécessite
d’être maintenue en dessous de 0,10 UTN sans l’ajout d’un polymère comme aide-filtrant
26
Kawamura, S. (2000). Le calcul du ratio total L/d10 d’un lit filtrant constitué de plus d’une couche
de média se fait en additionnant les ratios individuels de chaque couche. Vigneswaran et Chang
(1989) ont trouvé que l’enlèvement des particules (exprimé en log) était proportionnel au ratio
L/d10, tel que stipulé par la théorie mécanistique de la filtration. Les ratios proposés par Kawamura,
S. (2000) sont simples d’application et pratiques mais ne prennent pas en considération tous les
mécanismes d’enlèvement des particules en filtration.
La forme des grains et leur disposition dans le lit filtrant sont des paramètres importants dans la
sélection des filtres (Davies & Wheatley, 2012). La forme peut être estimée selon le coefficient de
forme (φ) soit le degré de sphéricité des grains, qui représente le rapport entre la surface d’une
sphère ayant un volume équivalent par le d10 des grains (surface réelle des grains). Ainsi, une
porosité initiale (ɛ0) est attribuée au lit filtrant qui est décrite par le rapport entre l’espace vide dans
les grains constituant le lit filtrant divisé par son volume total. Cleasby, J. et Logsdon (1999) ont
trouvé que les porosités des médias anguleux étaient plus élevées pour une granulométrie de média
donnée. La porosité influence grandement l’efficacité de la filtration en termes d’enlèvement de la
turbidité et des particules. Ainsi, les pertes de charge sont augmentées lorsque les particules se
déposent dans le lit (Trussell, Trussell, Lang, & Tate, 1980). Une étude pilote menée par Cleasby,
J. L. et al. (1992) a montré que les profondeurs du filtre à sable nécessaires pour respecter l’objectif
de turbidité à l’eau filtrée étaient réduites de 2,4 à 1,5 m lorsque la forme des grains était angulaire
plutôt qu’arrondie pour un même diamètre effectif.
La configuration du filtre peut être monocouche, bicouche ou multicouche. Les filtres bicouches
conventionnels à sable/anthracite sont les plus populaires en traitement des eaux au Québec
puisqu’ils sont compacts et efficaces (MELCC, 2019). Généralement, la couche du bas est
composée de sable fin surmontée d’une couche plus grossière d’anthracite. Pour un flux
descendant, cette disposition permet de retenir dans la couche supérieure les particules les plus
grossières, puis le sable permet d’affiner le traitement. Par ailleurs, le sable étant le média le plus
lourd, évite donc un soulèvement du lit lors du rétrolavage du filtre.
L’utilisation d’un filtre à sable/anthracite est recommandée par rapport à un filtre à sable
monocouche lorsque la qualité de l’eau brute présente des variations, tandis que le second y serait
plus adapté quand celle-ci présente une certaine stabilité (Crittenden et al., 2012).
27
Les principales caractéristiques physiques des médias granulaires utilisés en traitement des eaux
sont résumées dans le Tableau 2.9.
Tableau 2.9 Caractéristiques physiques des médias conventionnels retrouvés dans la littérature
(Crittenden et al., 2012).
Au Québec, le Guide de conception recommande des critères de conception pour les filtres
granulaires sans émettre nécessairement de distinction entre un filtre conventionnel et un filtre
direct, tel que résumé dans le Tableau 2.10.
Tableau 2.10 Critères de conception des filtres rapides à lavage intermittent (MELCC, 2019a).
Étant donné que la progression des pertes de charges est plus faible pour les médias bicouches, leur
charge superficielle peut être plus augmentée par rapport aux médias monocouches (Camp, T. R.,
1961; Cleasby, J. L. & Sejkora, 1975). Tate, Lang et Hutchinson (1977) ont observé que les pertes
de charges initiales et le taux d’accumulation des pertes de charge sont augmentés pour les médias
granulaires ayant les plus faibles diamètres effectifs. Un filtre de faible diamètre effectif est plus
efficace pour l’enlèvement des petites particules qu’un média plus grossier. Pour contrecarrer ces
effets, Ives et Sholji (1962) propose d’augmenter la profondeur de média, mais les pertes de charges
seront aussi augmentées (Ives & Sholji, 1962).
28
Lorsqu’un filtre granulaire opéré gravitairement termine son cycle de filtration, il est lavé à contre-
courant « backwash ». Le rétrolavage du filtre peut être initié selon trois contraintes : soit qu’il ait
atteint (1) une percée de turbidité, (2) une perte de charge maximale ou (3) une durée de cycle
maximale. L’opération optimale des filtres nécessite l’atteinte de la contrainte de turbidité à l’eau
filtrée maximale et de perte de charge totale idéalement au même temps (Crittenden et al., 2012).
Le maintien d’une limite de turbidité maximale est nécessaire pour maintenir la qualité
microbiologique à l’eau filtrée et pour l’octroi des crédits d’enlèvements pour les microorganismes
pathogènes de références le cas échéant. La contrainte de perte de charge maximale permet de
prévenir le développement de pressions négatives (pression en dessous de la pression
atmosphérique) à travers le lit connu par l’embolie gazeuse. Dans ce cas, des bulles d’air se forment
dans le média, et si elles ne sont pas enlevées par l’eau, une diminution de la surface de filtration
et une augmentation du taux de développement des pertes de charges sont observées (Crittenden et
al., 2012).
Par ailleurs, il est requis de fixer une durée de cycle maximale dans le but d’éviter qu’il y ait un
nombre élevé de filtres en attente de lavage au même temps et d’éviter l’accumulation de biomasse
dans le lit filtrant qui sera plus laborieuse à déloger. D’après Kawamura, S. (2000), une durée de
cycle de filtration peut être comprise entre 1 et 3 jours et peut durer jusqu’à 4 jours (Crittenden et
al., 2012).
Un cycle typique de filtration est représenté à la figure 2.3 suivante. Le filtre nécessite une période
de maturation dite « Ripening period » après son lavage pour que la qualité de l’eau filtrée se
stabilise. La période suivante représente la filtration efficace « Effective filtration » avant d’atteindre
la percée de turbidité « Breakthrough ».
29
Figure 2.3 Cycle de filtration typique d’un média granulaire (maturation, filtration efficace et
percée) (Crittenden et al., 2012).
Les agrégats formés dans un procédé de filtration directe sont capturés dans les filtres vu l’absence
des bassins de décantations. C’est ce qui a pour effet d’augmenter rapidement les pertes de charge
et de réduire les durées de cycle de filtration (Crittenden et al., 2012). Par conséquent, les
fréquences des rétrolavages des filtres ainsi que les pertes d’eau associées sont augmentées
entraînant une réduction de la productivité de l’usine. La progression des pertes de charges et donc
les fréquences de lavages des filtres dépendent non seulement des facteurs opérationnels tels que
la qualité de l’eau brute, l’efficacité du conditionnement chimique, la vitesse de filtration,
l’efficacité du rétrolavage, mais aussi des propriétés physiques du filtre notamment sa
granulométrie, sa profondeur, sa porosité, et sa densité, etc (Kawamura, S., 2000).
favorisant une surface spécifique élevée et une texture rugueuse (Phillip D., 2012). Plusieurs
avantages en découlent tels qu’une capacité de rétention des particules élevée, des faibles pertes de
charge initiale et progressive ce qui a pour effet de prolonger les durées de cycles, de réduire les
pertes d’eau associées aux rétrolavages des filtres et par conséquent de réduire les coûts
énergétiques (Mikol, Fitzpatrick, Chipps, Steele, & Bayley, 2007).
Pour produire la Filtralite®, l’argile est chauffée à 1200 °C, broyée/concassée puis tamisée pour
obtenir des granulométries et des densités selon les applications désirées. Lorsque la Filtralite® est
concassée, une grande surface spécifique est exposée. La Filtralite® est fabriquée par Leca Norge
As (Groupe Saint-Gobain) en Norvège et elle est distribuée au Canada par Sapphire Water
(maintenant Delco Water). La Filtralite® Pure est certifiée NSF/ANSI/CAN 61 pour l’utilisation
en eau potable, peut servir comme média granulaire en filtrations physique ou biologique et en
prétraitement au dessalement d’eau de mer. C’est un média inerte en céramique à base
d’aluminosilicate, peu soluble au contact de l’acide. Les composants chimiques de la Filtralite®
sont résumés dans le Tableau 2.11 suivant :
Les médias Filtralite® Pure peuvent être utilisés en filtration granulaire comme média monocouche
ou média bicouche tel que suggéré avec le filtre Mono-Multi pour l’enlèvement des particules
(https://www.filtralite.com/fr, 2019). La couche supérieure du Mono-Multi est constituée du média
NC 1,5-2,5 mm qui est léger et de porosité très élevée. Quant à la couche du bas, elle est composée
du média HC 0,8-1,6 mm qui est plus lourd et moins poreux comparativement à la couche du haut.
Le Tableau 2.12 présente quelques exemples du média Filtralite® Pure utilisés pour le traitement
de l’eau potable.
Depuis plus de deux décennies, la Filtralite® fait l’objet de différentes études pilotes pour évaluer
son application en traitement de l’eau potable comme média alternatif au filtre à sable/anthracite
(S/A).
Eikebrokk, Bjørnar et Saltnes (2001) ont été les premiers à étudier les performances de la
Filtralite® en filtration physique granulaire en ligne pour l’enlèvement de la matière organique. La
configuration des deux filtres était basée sur des diamètres effectifs et des profondeurs équivalentes
des couches respectives (Eikebrokk, Bjørnar & Saltnes, 2001). Les auteurs ont recommandé
l’utilisation de la Filtralite® pour remplacer l’anthracite dans la couche du haut d’un média
bicouche conventionnel, car elle a réduit le taux de progression des pertes de charges, augmenté
les durées de cycles et les capacités de rétention des particules et ce, indépendamment du coagulant
testé. La Filtralite® a pu conserver une même qualité du filtrat à l’égard de la turbidité, la couleur
et la matière organique (Eikebrokk, Bjørnar & Saltnes, 2001).
Des études pilotes connexes en coagulation/filtration en ligne ont investigué les performances d’un
média bicouche à S/A par rapport à un bicouche de Filtralite® (F/F) pour l’enlèvement des
substances humiques (Eikebrokk, Björnar & Saltnes, 2002; Saltnes, T., Eikebrokk, & Ødegaard,
2002; Saltnes, Torgeir et al., 2002). Les résultats obtenus ont démontré que la coagulation à base
d’alun a produit une percée de turbidité pour la Filtralite® par rapport au filtre témoin ainsi qu’une
concentration de métal (Al) résiduel élevée. Toutefois, elle a produit une qualité de filtrat
acceptable en utilisant un coagulant préhydrolysé à base de polychlorure d’aluminium (PAX, 9,02
wt %Al) pour un pH optimal (i) de 6,5 pour une eau brute avec une couleur de 15 uc qui a nécessité
une dose de 0,8 mg/L et (ii) un pH de 6 pour une eau brute avec une couleur de 50 uc, avec un
dosage de 2,5 mg/L (Eikebrokk, Björnar & Saltnes, 2002; Saltnes, T. et al., 2002; Saltnes, Torgeir
32
et al., 2002). De plus, la Filtralite® a réduit significativement les pertes de charges initiales et les
taux de développement des pertes de charge (Eikebrokk, Björnar & Saltnes, 2002; Saltnes, T. et
al., 2002; Saltnes, Torgeir et al., 2002)..
Une comparaison similaire en filtration grossière sans ajout de coagulant a révélé que le filtre
bicouche Filtralite® Mono-Multi par rapport au filtre témoin à sable/anthracite (S/A) a augmenté
les durées de cycles de filtration tout en produisant une qualité d’eau filtrée similaire en termes de
turbidité et de compte de particules, de carbone organique particulaire et de chlorophylle-a (Mikol
et al., 2007). Les performances hydrauliques élevées de la Filtralite® seraient potentiellement dues
à sa forme irrégulière, sa porosité élevée et à la disposition des grains de média dans le lit filtrant,
ce qui lui procure une capacité de stockage des particules élevée sans colmatage de surface
significatif des vides (Mikol et al., 2007).
Mitrouli et al. (2008) ont comparé le remplacement de l’anthracite par la Filtralite® dans la couche
supérieure d’un média bicouche dont la couche du bas était constituée de sable, ceci comme
application en pré-traitement au dessalement de l’eau de mer par osmose inverse et ce, pour des
vitesses de filtration de 5, 10 et 15 m/h, durant l'été et l'hiver. Les résultats obtenus ont démontré
que le filtre à S/F a obtenu des performances semblables au filtre témoin S/A en ce qui concerne la
turbidité à l’eau filtrée, l’indice de colmatage SDI (Silt Density Index) et le carbone organique total
(COT) pour les deux saisons pour différentes vitesses de filtration. Néanmoins, le filtre à S/F a
mieux performé lorsque testé à 5 m/h durant l’hiver. De plus le filtre à S/F a produit les plus faibles
pertes de charge par rapport au filtre S/A.
Une autre étude connexe réalisée par les mêmes auteurs a comparé un filtre Mono-Multi Filtralite®
à un filtre à sable/anthracite selon les critères de préfiltration en amont d’une osmose inverse
(Mitrouli, Karabelas, Yiantsios, & Kjølseth, 2009). Globalement, la Filtralite® a obtenu les
meilleures performances pour la qualité de l’eau produite et pour le taux de développement des
pertes de charge. Les bonnes performances de la Filtralite® sont attribuables à la rugosité de la
surface des grains très poreuse qui favorise une meilleure capacité de rétention des microparticules
et des agrégats (Mitrouli et al., 2009).
Une seule étude a documenté l’utilisation d’un filtre monocouche de Filtralite® en comparaison à
un filtre monocouche de sable pour une vitesse de filtration de 7,4 m/h (Davies & Wheatley, 2012).
C’est une application en filtration conventionnelle où les filtres reçoivent une eau décantée de très
33
faible turbidité (0,15-0,20 UTN). Il s’est avéré que la Filtralite® a réduit les pertes de charge en
raison de sa porosité élevée, augmenté les durées de cycle jusqu’à 3,5 fois comparativement au
sable tout en respectant l’objectif de turbidité à l’eau filtrée inférieur à 0,10 UTN. Toutefois, la
turbidité à l’eau filtrée produite par la Filtralite® était légèrement inférieure à celle du filtre à sable
en raison de sa grande taille des grains qui procure au lit filtrant une structure de pores plus ouverte.
Conséquemment, les distances à parcourir par les particules en suspension sont augmentées pour
être transportées vers la surface des grains pour s’y déposer (Davies & Wheatley, 2012).
Finalement, Cescon, Jiang, Haffey, Moore et Callaghan (2016) ont investigué les performances de
filtres bicouches à base de verre recyclé (V) et de Filtralite® en comparaison avec un filtre témoin
à sable/anthracite, avec une coagulation optimisée pour une filtration conventionnelle lente à 2,3
m/h. Il a été démontré que les deux filtres ont produit une eau de qualité similaire en termes de
COD et de compte de particules, mais que le filtre à V/F a réduit de 50% les pertes de charge totales
par rapport au filtre à S/A. Malgré les faibles comptes de particules obtenus globalement sur toute
la durée de cycle pour les filtres comportant la Filtralite®, les comptes de particules initiaux après
les rétrolavages des filtres étaient significativement élevés suggérant ainsi l’augmentation de la
période de maturation (Cescon et al., 2016). Comme la durée de cycle de filtration est courte en
filtration directe, une maturation peu efficace peut peser lourdement sur l’atteinte des critères de
turbidité basés sur des 95e centile.
Le Tableau 2.13 résume les principales caractéristiques des filtres Filtralite® en comparaison avec
les filtres témoins testés en eau potable issues des études recensées plus haut.
34
Tableau 2.13 Sommaire des configurations de filtres testés utilisant la Filtralite® (suite).
Tableau 2.13 Sommaire des configurations de filtres testés utilisant la Filtralite® (suite).
Tableau 2.13 Sommaire des configurations de filtres testés utilisant la Filtralite® (fin).
Les coagulants préhydrolysés ont été reconnus plus efficaces que les coagulants traditionnels pour
le contrôle de la turbidité en eaux froides et des concentrations d’aluminium résiduel à l’eau traitée.
Toutefois, leurs mécanismes d’actions ne sont pas encore bien compris, principalement ceux de la
neutralisation des charges et de la formation de précipités d’hydroxyde (Duan & Gregory, 2003).
Les mécanismes impliqués dans la déstabilisation des particules et leurs agrégations utilisant le
PACl sont la neutralisation des charges, la patch électrostatique et le pontage qui serait aussi
impliqué lorsque des espèces de plus grandes tailles ont été préformées ou sont formées in-situ
(Wu et al., 2009). Par conséquent, l’utilisation du PACl est adaptée pour former des micro-flocs en
amont de la filtration directe (Wu et al., 2009). D’ailleurs, différents modèles ont été développés
pour les mécanismes de formation de l’alun, cependant les modèles pour le PACl ne sont pas encore
bien établis (Wu et al., 2009). Peu de documentation existe quant à l’interaction entre le PACl et
le polyDADMAC lors de la coagulation. Peu d’études présentent des informations au sujet de
l’interaction entre le pDADMAC et le chlorohydrate d’aluminium (ACH), une variante fortement
préhydrolysée du PACl. De ce fait, leurs mécanismes d’action impliqués dans la coagulation ne
sont pas encore tout à fait bien compris. De plus, l’utilisation des mesures de potentiel zêta peut
constituer une option intéressante pour déterminer la dose de coagulant optimale. Toutefois, son
utilité en filtration directe n’est pas bien documentée. Étant donné que l’objectif de la filtration
directe est de former des « pin flocs » (Cleasby, J. & Logsdon, 1999), il est donc nécessaire de
statuer sur le besoin d’une neutralisation des charges partielle ou totale pour une telle application.
Les travaux documentant l’usage de la Filtralite® en eau potable comme média granulaire en
filtration physique sont limités. La Filtralite® a fait l’objet de quelques études pilotes pour des
applications en filtration granulaire rapide de types : en ligne, directe, conventionnelle, grossière
en amont d’un traitement membranaire ou d’un filtre à sable lent, en prétraitement au dessalement
d’eau de mer et en filtration lente conventionnelle. Afin de comparer les performances des filtres,
ces derniers ont été dimensionnés selon des granulométries, densités, profondeurs de couches et
des ratios L/d10 équivalents ou distincts. Tous les résultats obtenus confirment le principal
avantage de la Filtralite® pour la réduction de la perte de charge initiale et du taux de
développement des pertes de charge lorsqu’elle : (i) est utilisée dans un média bicouche avec des
granulométries et densités différentes F/F (Eikebrokk, Björnar & Saltnes, 2002; Mikol et al., 2007;
38
Mitrouli et al., 2009; Saltnes, T. et al., 2002; Saltnes, Torgeir et al., 2002), (ii) remplace la couche
supérieure du média conventionnel bicouche à sable/anthracite (Badalians Gholikandi et al., 2012;
Eikebrokk, Bjørnar & Saltnes, 2001; Mitrouli et al., 2008), (iii) constitue la couche supérieure
d’un média bicouche à base de verre recyclé et de Filtralite® par rapport à un sable/anthracite
(Cescon et al., 2016) et finalement, (iv) lorsqu’elle est utilisée dans un média monocouche en
comparaison avec un filtre à sable (Davies & Wheatley, 2012). Cet avantage serait attribuable en
partie à sa porosité élevée telle que générée lors de sa production et à la forme du grain de média
qui augmente sa rugosité de surface (Cescon et al., 2016). Il a été reconnu que la rugosité de surface
des grains favorise une meilleure capacité de rétention des microparticules et des agrégats
(Mitrouli et al., 2009).
Concernant la qualité du filtrat produit, la majorité des études ont affirmé que les filtres de
Filtralite® ont pu maintenir une qualité d’eau filtrée similaire à celles des autres filtres témoins
testés en termes d’abattement de turbidité, de carbone organique, de SDI ou de comptes de
particules (Badalians Gholikandi et al., 2012; Eikebrokk, Bjørnar & Saltnes, 2001; Mikol et al.,
2007; Mitrouli et al., 2008). Pour d’autres études, la turbidité à l’eau filtrée a été améliorée pour
des filtres Filtralite® dimensionnés avec les mêmes granulométries et profondeurs pour chaque
couche respective que le filtre témoin à S/A en application comme (1) filtre bicouche Mono-Multi
(Mitrouli et al., 2009) et comme (2) remplacement de la couche d’anthracite pour une condition
testée à 5 m/h durant l’hiver (Mitrouli et al., 2008). Tandis que d’autres auteurs ont énoncé que le
filtre bicouche MonoMulti a détérioré la qualité de l’eau filtrée à l’égard de la turbidité et des
concentrations de métal résiduel lorsqu’il était comparé à un filtre conventionnel à S/A de plus
faible granulométrie (Eikebrokk, Björnar & Saltnes, 2002; Saltnes, T. et al., 2002; Saltnes, Torgeir
et al., 2002). Enfin, une seule étude pilote a comparé les performances d’un filtre monocouche
sable à un filtre monocouche Filtralite® pour la réduction de la turbidité en filtration
conventionnelle avec une granulométrie plus fine pour le premier (Davies & Wheatley, 2012).
L’auteur a statué tout de même que la Filtralite® a présenté une moins bonne turbidité à l’eau
filtrée en raison de la taille grossière de ses grains qui permet aux particules en suspension de
pénétrer plus profondément dans le lit filtrant sans être retenues et dans une certaine mesure d’y
échapper (Davies & Wheatley, 2012).
Aucune étude n’a documenté l’utilisation d’un filtre monocouche ou bicouche Filtralite® par
rapport à un filtre monocouche sable avec un dosage combiné de coagulant préhydrolysé à base
39
de sels métalliques et de polymère cationique. Le sable est le média granulaire le plus utilisé en
filtration gravitaire rapide en raison de sa disponibilité et de son faible coût (Davies & Wheatley,
2012). De plus, l’expérience extensive développée avec ce média conduit assez souvent à des
résultats prévisibles pour une qualité d’eau brute relativement stable (Davies & Wheatley, 2012).
Cependant, lorsque cette dernière subit des changements brusques et que le conditionnement
chimique n’est pas adéquat, les cycles de filtration sont terminés rapidement sur une perte de
charge très élevée ou sur une percée précoce. Par conséquent, les fréquences de lavages des filtres
et par association les pertes d’eau et les coûts énergétiques et de production sont donc augmentés
significativement. Par ailleurs, le risque microbiologique à la suite de percées se voit aussi
augmenté.
Il est donc d’intérêt d’évaluer les performances de la Filtralite® en filtration directe comme
alternative à un filtre témoin à sable monocouche, avec un dosage mixte de coagulant préhydrolysé
à base de chlorohydrate d’aluminium (CHA) et un polyélectrolyte cationique de type
polyDADMAC optimisé pour l’enlèvement de la turbidité dans le but d’augmenter la productivité
des filtres ainsi que leur résilience microbiologique.
L’objectif principal de ce projet de recherche est d’optimiser la filtration en ligne à l’usine Charles-
J.-Des Baillets en matière d’abattement de turbidité et d’augmentation de la productivité des filtres.
La Ville désire atteindre :
1. Des durées de cycles moyennes ≥ 60h en dehors de la période de pointe de turbidité tout en
maintenant la turbidité à l’eau filtrée à moins de 0,15 UTN dans 95% des cas par cycle ;
2. Des durées de cycle moyennes ≥ 24h en période de pointe de turbidité tout en maintenant
la turbidité à l’eau filtrée à moins de 0,15 UTN dans 95% des cas par cycle.
Trois facteurs seront ainsi évalués pour atteindre ces objectifs : l’apport du coagulant
inorganique, l’apport du polymère cationique et la configuration de filtre.
40
CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE
L’objectif de cette étude pilote est d’optimiser les procédés de coagulation et de filtration directe à
l’usine Charles-J.-Des Baillets en termes de réduction de la turbidité à l’eau filtrée et
d’augmentation de la capacité de production. À cet effet, différentes stratégies de coagulation ont
été testées en parallèle à différentes configurations de médias filtrants. Les essais pilotes se sont
déroulés en continu pendant 6 mois (de mars jusqu’en juillet 2019).
L’unité mobile du CREDEAU utilisée pour les essais pilotes à l’usine Charles-J.-Des Baillets
comprend des étapes de coagulation et de floculation ainsi qu’une étape de filtration directe avec
2 trains constitués de 2 colonnes chacun. Le pilote fonctionne en mode automatique et en continu.
Les photos du pilote sont présentées aux figures 3.1 et 3.2. Le schéma du montage du pilote utilisé
dans le cadre de ces essais est présenté à la figure 3.3.
Figure 3.1 Photo du pilote (vue de côté). Figure 3.2 Photo du pilote
et de l’unité télescopique
(vue de derrière).
42
3.1.1.1.1 Coagulation
Les produits chimiques utilisés au pilote ont été mélangés sur place dans des proportions
volumétriques et injectés simultanément à l’aide d’une pompe seringue duplex de type Cole-
Parmer® 200 Touch Screen. La pompe était raccordée à un tube Masterflex no 13 en silicone de la
série L/S avec un diamètre interne de 0,031 po (0,8 cm). Ses caractéristiques sont résumées dans
le Tableau 3.1.
Il est à noter que l’injection du coagulant à l’usine se fait dans la chute du bassin de mise en
commun des pompes basses pressions (BP). Pour des contraintes d’échelle associées au pilote, un
mélangeur statique a été installé en aval du point d’injection pour favoriser un mélange optimal
ainsi qu’une dispersion uniforme des produits injectés. Cette étape n’est donc pas représentative
des conditions actuelles de l’usine telles que présentées à la figure suivante.
43
3.1.1.1.2 Floculation
Figure 3.5 Temps de résidence hydraulique après l’injection du coagulant jusqu’au dernier filtre
de la galerie (scénario 3 pompes BP).
Ces floculateurs ont été dimensionnés pour un scénario de fonctionnement de 3 pompes basses
pressions (BP) à capacité maximale avec un débit de 14,79 m3/s, soit 56 filtres en fonction sur 60
où un filtre par galerie est à l’arrêt. Ce scénario de fonctionnement à l’usine représente un temps
de résidence hydraulique nécessaire de 9 min dans la première section avant d’atteindre la vanne
modulante, et un second TRH après la vanne modulante jusqu’à l’entrée du dernier filtre de 17 min
dans la galerie. Au pilote, ces TRH ont nécessité donc des sections de conduites rigides de diamètre
150 mm et de longueurs respectives de 2,03 m et 4,06 m. Tenant compte du temps de contact
disponible dans les sections de tuyauteries flexibles (i) à la sortie du pilote pour rejoindre la section
rigide du floculateur hydraulique et (ii) du temps disponible avant d’atteindre les filtres, les temps
de contact résiduels sont de 7,05 et 16,3 minutes pour les première et deuxième sections du
floculateur respectivement, correspondant donc à des sections de longueurs respectives de 1,67 et
3,86 mètres. La photo du floculateur est présentée à la Figure 3.6.
Le pourcentage d’ouverture de la vanne est ajusté manuellement selon le débit du train de façon à
maintenir une perte de charge différentielle de 2 PSI, mesurée par deux manomètres en amont et
en aval de cette dernière. Le Tableau 3.2 résume les principaux critères de conception des
floculateurs hydrauliques.
45
Tableau 3.2 Scénario de fonctionnement à l’usine considéré pour la conception des floculateurs
hydrauliques.
Paramètre Valeur
Débits pompes basses pression en fonction 4,93 m3/s unitaire (3)
Nombre de filtres en fonction 56/60
Temps de séjour après injection coagulant 26 min
Vitesse de filtration 5,91 m/h
Température 2°C
formés par le polymère cationique (Bolto & Gregory, 2007). Étant donné que les durées de cycles
de filtration ont été prolongées avec l’ajout du polyDADMAC (Annie Carrière & Barbeau, 2008)
et que la turbidité à l’eau filtrée a été améliorée (Kazza, 2015), il est proposé d’augmenter sa portion
et de réduire celle du PAX-XL1900. Les essais réalisés dans le cadre de la stratégie de coagulation
visaient à déterminer le ratio optimal entre le PAX-XL1900 et le SUPERFLOC® C592 quant à la
rencontre des critères de performances établis à savoir la turbidité de l’eau filtrée et la durée de
cycle de filtration.
Initialement, un mélange des deux produits de coagulants a été proposé, partant de la prémisse que
le PAX-XL3932G était formé du SUPERFLOC® C595, qui est 5 fois plus visqueux que le C592,
et qui ne serait donc pas pompable à l’usine tel quel. Toutefois, il s’est avéré que le PAX-XL3932G
était formé du C592, et donc son pompage seul ne constitue plus un enjeux à l’usine. Le plan
expérimental a été de tout de même maintenu. Les différents ratios testés et leurs périodes de
réalisation sont les résumés dans le Tableau 3.3.
Tableau 3.3 Caractéristiques des ratios de coagulants testés et calendrier des essais 2019.
Le calcul de la dose liquide de coagulant (mg liq. /L) est présenté à l’équation 6 :
47
60 min
(Qs × ×ρ mélange )
h
Dose liquide = Équation 6
QEB
𝑑𝑜𝑠𝑒 𝑙𝑖𝑞𝑢𝑖𝑑𝑒
𝐷𝑜𝑠𝑒𝑝𝐷𝐴𝐷𝑀𝐴𝐶 = ( ) × % 𝑝𝐷𝐴𝐷𝑀𝐴𝐶 × 𝜌𝑝𝐷𝐴𝐷𝑀𝐴𝐶 × % 𝑚𝑎𝑡𝑖è𝑟𝑒 𝑠è𝑐ℎ𝑒 Équation 8
𝜌𝑚é𝑙𝑎𝑛𝑔𝑒
Le remplacement des filtres à sable actuels de l’usine par des médias alternatifs a été évalué afin
de réduire les fréquences de lavage et d’augmenter la productivité de l’usine. Quatre configurations
de filtres différentes ont été testées en parallèle, telles que résumées dans le Tableau 3.4 (Figure
3.7).
Les performances des filtres bicouches sont comparées au moyen du train 1 qui comprend un filtre
à sable/anthracite (S/A) et un filtre MonoMulti® qui est une bicouche de Filtralite® de deux
granulométries et densités différentes (F/F). L’utilisation de médias bicouches permet de réduire la
progression des pertes de charges sur le lit filtrant par rapport aux médias monocouches (Cleasby,
48
J. L. & Sejkora, 1975). Quant au train 2, il sert à évaluer les performances des filtres monocouches
soit un filtre à sable (S) représentant le témoin de l’usine et un filtre Filtralite® (F) de densité
normale (NC). Tous les médias Filtralite® ont été fournis par Leca International/Sapphire Water.
L’anthracite provient du fournisseur Anthrafilter Media & Coal Ltd. Il est à mentionner que le sable
constituant les filtres 1 et 3 est celui de l’usine Charles-J. Des Baillets (Temisca Inc.; d10= 0,65
mm) et a donc été récupéré de l’un de ses filtres. Pour la configuration du S/A, seulement une partie
du filtre à sable serait substituée par une couche d’anthracite. Le filtre à sable a la granulométrie la
plus fine des 4 filtres.
Les ratios entre le diamètre de la colonne (152 mm) et le d10 des médias sélectionnés respectent
largement la recommandation de 50 et permettent d’éviter les effets de paroi (Lang et al., 1993).
La conception des 4 filtres est basée sur une profondeur de média totale de 1170 mm telle que le
filtre témoin à sable de l’usine. Elle est aussi basée sur un ratio L/d10 supérieur à 1000. Malgré qu’il
soit reconnu qu’un média plus fin retient mieux les plus petites particules et qu’il est de coutume
d’exagérer la profondeur du média pour compenser ces effets. Ceci n’a pas été appliqué pour deux
raisons : (1) la disposition du filtre actuel à l’usine constitue une contrainte à une telle
augmentation, (2) l’objectif de l’étude est de sélectionner un conditionnement chimique adéquat
qui permettrait de compenser l’effet de l’augmentation de la taille des grains.
Figure 3.7 Configuration des filtres pilotes de gauche à droite : sable/anthracite, MonoMulti
Filtralite®, Sable et Filtralite® NC.
49
Cu 1,2 1,42 - -
Couche
Afin de répondre aux objectifs de traitement énoncés dans le Tableau 3.5, les paramètres suivants
ont été comparés : la dose de coagulant inorganique PAX-XL1900, la dose de polymère cationique
SUPERFLOC® C592 et la configuration de filtre. Au moins trois cycles de filtration stables ont été
complétés pour chacun des filtres par stratégie de coagulation. Évidemment, les filtres avec les
50
cycles les plus longs gouvernaient la stratégie de dosage. L’ajustement de la dose de coagulant a
été fait en général de manière à maintenir une turbidité moyenne à l’eau filtrée ≤ 0,10 UTN à la
sortie du filtre à sable en dehors de la période de pointe et ≤ 0,15 UTN en période de pointe à la
sortie du filtre monocouche Filtralite®.
Le lavage des filtres s’effectue automatiquement sur l’atteinte de l’une des contraintes suivantes
(Tableau 3.6). Dans le cas où plus d’un filtre atteint un point de consigne au même moment, l’un
des deux filtres sera lavé pendant que l’autre attendra son tour. Il est à noter que pour déterminer
la fin de cycle de chaque filtre lors du traitement des données, (i) une turbidité à l’eau filtrée ≥ 0,30
UTN doit être maintenue pendant 15 minutes consécutives ou (ii) une turbidité ponctuelle ≥ 0,50
UTN doit être atteinte.
Paramètres Valeurs
La séquence de lavage des filtres au pilote a été ajustée pour reproduire celle de l’usine actuelle
telle que résumée dans l’annexe A. Un lavage à l’air à 24,6 m/h est appliqué pendant 3 minutes
suivi d’un lavage à l’eau à 15 m/h pendant 10 min.
Les paramètres de suivi au pilote sont enregistrés automatiquement en continu et sont résumés dans
Tableau 3.7.
Les paramètres mesurés ponctuellement au pilote ainsi que leurs fréquences d’échantillonnage
sont résumés dans le Tableau 3.8 :
52
Il est à noter que les mesures de pH, température ainsi que les prélèvements pour chaque échantillon
pour les mesures d’alcalinité, absorbance UVA @254nm, aluminium résiduel ont été effectuées au
même temps, par souci d’efficience. L’échantillonnage s’est fait sur l’eau brute, l’eau filtrée du
filtre 1 jusqu’au filtre 4 successivement. Ceci s’est fait de manière à éviter les prélèvements
répétitifs qui risquent de déstabiliser le système et de générer des pics de turbidité ou de perte de
53
charge. Les échantillons d’aluminium résiduel ont été acidifiés avec de l’acide nitrique (HNO3)
pour pouvoir être conservés pendant une plus longue période.
Tel que mentionné dans la revue de littérature, l’objectif de la coagulation pour la filtration directe
est gouverné par la neutralisation des charges. Ce mécanisme est favorable à la formation de « pin
flocs » (Cleasby, J. & Logsdon, 1999) qui implique l’utilisation de plus faibles doses de coagulants
contrairement à une filtration conventionnelle. Généralement, l’application de la filtration directe
est recommandée pour une faible concentration de particules à l’eau brute avec une turbidité ≤ 5
UTN (MELCC, 2019). Toutefois, lorsque la turbidité à l’eau brute dépasse cette recommandation,
il serait utile de déterminer le mécanisme prépondérant de l’agrégation des particules déstabilisées.
L’objectif de ces travaux est de comparer l’efficacité de chaque ratio de coagulants testés (PAX-
XL1900 : SUPERFLOC® C592) à neutraliser les charges et de déterminer le besoin d’une
neutralisation complète ou partielle pour une application en filtration directe en pointe de turbidité.
Les ratios sont les suivants dans des proportions volumétriques entre le PAX-XL1900 et le C592 :
100/0, 80/20, 20/80 et 0/100. Ces mesures aident à interpréter les performances de la filtration
obtenues au pilote et à statuer sur les conditions de coagulation.
La mesure du potentiel zêta est un bon indicateur de la stabilité des particules dans une solution
(Morfesis et al., 2009). Il est reconnu que des conditions optimales d’agrégation sont atteintes
lorsque le potentiel zêta se rapproche de zéro (Xu et Fitzpatrick 2006). Le potentiel zêta des
particules est déterminé par la mesure de leur mobilité électrophorétique. Ce principe repose sur la
technique de l’électrophorèse par laser Doppler définit par la mesure de la vitesse de déplacement
des particules sous l’influence d’un champ électrique. Cette vitesse est proportionnelle à l'intensité
du champ et au potentiel zêta. Ainsi, les particules chargées négativement migrent vers l’électrode
positive. Ensuite, un laser traverse la solution et une partie de la lumière est diffusée par les
particules en mouvement.
Les mesures de potentiel zêta ont été effectuées avec la machine Zetasizer série Nano ZSP modèle
ZEN5600 de Malvern Instruments Ltd. La cellule capillaire utilisée est de type DTS1070 (de
longueur 5 cm et de volume 1 mL). La limite de détection de l’appareil est de 10 6 particules/ mL.
54
Les données en continu issues du pilote ont été traitées avec le logiciel Statistica (version 12.0) et
sont présentées au chapitre 4. Le format du diagramme à barres d’erreur a été sélectionné pour
représenter les résultats de la turbidité à l’eau filtrée, les pertes de charges en fin de cycle et les
durées de cycle de filtration en fonction du ratio de coagulant et/ ou de la configuration du filtre.
Le point représente la moyenne de la distribution et les barres représentent le min et le max
respectivement, ou tel que spécifié sur la figure.
55
Ce chapitre présente les résultats des essais pilotes qui se sont déroulés à l’usine Charles-J.-Des
Baillets de mars à juillet 2019.
Les premiers tests de mise en route du pilote se sont déroulés du 9 au 20 mars 2019 et ont permis
de valider le fonctionnement de l’unité mobile et d’apporter des correctifs aux instruments et
équipements problématiques. Les essais de validation de la représentativité du filtre à sable témoin
du pilote ont suivi du 21 au 31 mars 2019, et avaient pour but d’évaluer la reproductibilité à
l’échelle pilote du comportement des filtres à sable de l’usine Charles-J.-Des Baillets afin de
pouvoir utiliser les résultats avec confiance. À cet effet, les mêmes conditions d’opérations
appliquées à l’usine en termes de vitesse de filtration, de dosage de coagulant et de séquence de
lavage des filtres ont été utilisées à l’unité pilote. Ainsi, le débit moyen horaire des pompes basses
pressions considéré à l’usine était de 9,97 m3/s et correspondait à la période de pompage du 1er
février 2018 au 27 février 2019. Ce scénario représente un fonctionnement de 54 filtres en mode
filtration, pour une vitesse de filtration de 4,15 m/h. La dose de coagulant appliquée au pilote est
de 1,22 mg liq. /L du PAX-XL3932G, correspond à celle utilisée à l’usine le 4 mars 2019. Ensuite,
ce dosage a été augmenté jusqu’à 1,39 mg liq./L pour s’ajuster à l’augmentation de la turbidité à
l’eau brute.
Afin d’évaluer la représentativité du pilote, les résultats des cycles obtenus au pilote pour le filtre
à sable ont été traités selon des points de consigne différents de ceux fixés au SCADA (système de
contrôle et d'acquisition de données en temps réel) pour initier un lavage automatique. En effet, les
points de consignes utilisés sont les mêmes qu’à l’usine et sont résumés dans le Tableau 4.1
suivant :
56
Tableau 4.1 Points de consignes pour le traitement des données pilotes pour l’évaluation de la
représentativité du filtre pilote avec les filtres de l’usine Charles-J.-Des Baillets.
Paramètres Valeurs
Perte de charge 158 cm
Durée de cycle de filtration 72 h
Turbidité à l’eau filtrée (ponctuelle) 0,50 UTN
Turbidité à l’eau filtrée soutenue pour 15 minutes 0,30 UTN
Tableau 4.2 Paramètres utilisés pour la comparaison des performances du filtre témoin du pilote
aux filtres de l’usine Charles-J.-Des Baillets.
Paramètres Pilote Usine
Turbidité à l’eau filtrée Moyenne des données Moyenne de chacune des
répertoriées galeries
95e centile par cycle 95e centile par filtre/ par galerie
Perte de charge initiale Moyenne par cycle Moyenne par filtre/par galerie
Perte de charge en fin de cycle Moyenne des 3 cycles et Moyenne par filtre/par galerie
variations observées
Durée de cycle Moyenne des 3 cycles Moyenne par filtre/par galerie
Progression des pertes de charge Moyenne des 3 cycles Moyenne par galerie
légèrement. Par ailleurs, elle est en général un peu moins turbide que celle de l’usine mais la
différence est négligeable.
Tableau 4.3 Caractéristiques moyennes de l’eau brute à l’usine et au pilote pour la période évaluée.
Les performances des filtres de l’usine ont été évaluées par galerie de filtration. Il est à rappeler
que l’usine est composée de 4 galeries et que chacune contient 15 filtres pour un total de 60 filtres.
Les galeries 1, 2, 3 et 4 représentent respectivement les galeries : Nord-Ouest (N-O), Sud-Ouest
(S-O), Nord-Est (N-E), Sud-Est (S-E), telles que présentées à la Figure 4.1. Au moment de
l’évaluation de la représentativité de l’usine, les filtres 14, 29 et 45 étaient hors fonction.
Figure 4.1 Configuration des galeries de filtration à l’usine Charles-J. Des Baillets.
La figure 4.2 et le Tableau 4.3 montrent qu’il existe une certaine variabilité entre les performances
des filtres de chaque galerie. Les filtres de la galerie S-E (4) sont lavés selon une contrainte de perte
de charge moyenne (1,55 m) un peu plus élevée que la moyenne des 3 autres galeries (1,48 m). La
galerie S-E (4) a présenté également les durées de cycles les plus faibles et les taux de progression
des pertes de charges les plus élevées comparées aux 3 autres galeries. La turbidité à l’eau filtrée
de la galerie N-O (1) évaluée au 95e centile (0,21 UTN) dépasse de 0,05 UTN la moyenne des
58
valeurs des 3 autres galeries (0,16 UTN). Cette différence de performances peut être attribuée à
divers facteurs notamment: (i) à la variation de la profondeur de sable dans les filtres de l’usine où
certains ont en perdu beaucoup à cause des lavages répétitifs, (ii) à la variation des vitesses de
filtration de chaque filtre qui ne peuvent être estimées avec exactitude vu l’absence de débitmètre
à la sortie de chaque filtre, (iii) à la variation de l’efficacité de lavage de chaque filtre étant donné
l’absence de débitmètre sur la conduite d’entrée d’eau de lavage et que les lavages sont effectués
selon une séquence de temps et finalement (iv) à des différences potentielles de calibration de
certains équipements/instruments de capture et/ou d’enregistrement de données sur chacun des
filtres.
Les fins de cycles de filtration au pilote étaient dictées par la perte de charge soit l’atteinte du point
de consigne de perte de charge maximale de l’usine (1,58 m), avec une durée de cycle moyenne de
58h et une turbidité moyenne à l’eau filtrée est de 0,12 UTN. Les filtres de l’usine ont été arrêtés à
1,50 m de perte de charge en moyenne, donc avant l’atteinte de la contrainte maximale de la perte
de charge. Ceci dans la perspective d’éviter les longs temps d’attentes pour les lavages des filtres.
Aucun filtre n’a fini son cycle ni sur une contrainte de turbidité ni sur une contrainte de durée
maximale.
La turbidité moyenne à l’eau filtrée (0,10 UTN) des 4 galeries à l’usine est légèrement meilleure
que celle du pilote (0,12 UTN), mais relativement semblables. Lorsque évaluée au 95e centile, les
performances des filtres de l’usine sont meilleures (0,17 UTN) que celles du pilotes (0,23 UTN)
malgré la même qualité de l’eau brute. Au fur et à mesure que le temps de filtration évolue, les
filtres à sable retiennent plus de particules, ce qui réduit leurs pores et augmente donc les pertes de
charges. C’est ce qui peut expliquer les plus faibles turbidités à l’eau filtrée à l’usine ainsi que les
taux de progression des pertes les plus élevés.
Les pertes de charges initiales moyennes à l’usine (0,47 m) dépassent légèrement celles du pilote
(0,43 m). Il est à rappeler que le média du filtre à sable du pilote a été prélevé de l’un des filtres de
l’usine et que la séquence de lavage du filtre pilote imite celle de l’usine. Toutefois, les progressions
des pertes de charges à l’usine (3,0 cm/h) sont nettement supérieures en moyenne à celles du pilote
(2,0 cm/h) pour des vitesses de filtration équivalentes (4,15 m/h). Donc les filtres à sable de l’usine
sont plus susceptibles au colmatage et s’encrassent plus rapidement que le filtre au pilote. La durée
moyenne des cycles de filtration à l’usine est de 36h ce qui représente 20h de moins que le filtre à
59
sable au pilote (58h). Cependant, le filtre témoin au pilote se comporte comme les meilleurs filtres
de chaque galerie à l’usine, tels que résumés dans le Tableau 4.5, principalement le filtre 12 (galerie
S-O (2)) avec un taux de progression des pertes de charges de 1,8 cm/h et une durée de cycle de
53h.
0,9 60
Pertes de charges initiales
0,8
50
0,7
40
Durée (h)
0,6
(m)
30
0,5
0,4 20
0,3 10
0,2
N-O S-O N-E S-E 0
N-O S-O N-E S-E
Galerie
Galerie
1,8
9
Pertes de charges finales
8
1,7
7
charges (cm/h)
1,6 6
5
1,5 4
3
1,4
2
1,3 1
0
N-O S-O N-E S-E N-O S-O N-E S-E
Galerie Galerie
Figure 4.2 Sommaire des performances des filtres à sable de l’usine par galerie. Les barres
représentent la médiane, les boites représentent les 25e et 75e centiles et les moustaches
représentent le minimum et le maximum.
60
Tableau 4.4 Sommaire des performances des filtres à sable de l’usine dans le cadre de l’évaluation de la représentativité de l’usine
Charles-J-. Des Baillets.
Tableau 4.5 Sommaire des performances du filtre à sable témoin du pilote dans le cadre de l’évaluation de la représentativité de
l’usine Charles-J.- Des Baillets
# cycle Dose moy. Vitesse Turbidité Turbidité - Eau filtrée Perte de charge Durée Progression
coagulant filtration EB (UTN) cycle (h) pertes de
(m)
moy. charge
moy.
(cm/h)
mg mg (m/h) moy. 95e Fin de Initiale Fin de
(UTN)
liq./L Al/L centile cycle cycle
1 1,12 0,12 4,15 1,10 0,11 0,28 0,08 0,43 1,58 58 2,0
2 1,3 0,14 4,15 1,39 0,12 0,15 0,11 0,42 1,58 55 2,1
3 1,35 0,14 4,15 1,30 0,13 0,23 0,1 0,43 1,57 62 1,9
Moy. 1,26 0,13 4,15 1,29 0,12 0,23 n.a. 0,43 1,58 58 2,0
EF : eau filtrée, moy. : moyenne, min : minimum, max : maximum, n.a. : non applicable
62
Tableau 4.6 Performances des meilleurs filtres par galerie à l’usine en comparaison avec le filtre
témoin du pilote.
Étant donné que les filtres à sable de l’usine ont été arrêtés sur une perte de charge moyenne de
1,50 m et donc avant l’atteinte de la contrainte maximale de 1,58 m, il était d’intérêt d’évaluer les
performances du filtre témoin à sable du pilote pour cette même perte de charge en fin de cycle,
telles que présentées au Tableau 4.7 :
Tableau 4.7 Comparaison des performances du filtre témoin du pilote aux filtres de l’usine pour
une perte de charge en fin de cycle moyenne équivalente (1,50 m).
Pour conclure, le filtre à sable au pilote ne représente pas les performances moyennes de l’usine
vu la différence non négligeable entre les deux paramètres en termes de (i) durée de cycle de
filtration (18h), (ii) progression des pertes de charge (1 cm/h) et de (iii) turbidité à l’eau filtrée au
95e centile (0,05 UTN). Toutefois le filtre témoin du pilote peut représenter fidèlement les
performances des meilleurs filtres.
Les résultats des essais pilotes présentés ci-dessous sont divisés en deux sections soit : (i) en dehors
de la période de pointe de turbidité (≤ 5 UTN) et (ii) durant la période de pointe de turbidité (≥ 5
UTN).
63
Le Tableau 4.8 présente les principales caractéristiques de l’eau brute durant les essais pilotes selon
le calendrier des différentes stratégies de coagulation appliquées. La qualité de l’eau brute a fluctué
avec une hausse progressive de la température moyenne de 4,7 à 17,2o C. De plus, une légère
réduction du pH a été observée de 8,0 à 7,7 entre le premier et le deuxième essais pour retrouver
progressivement la valeur habituelle au dernier essai. La turbidité moyenne a diminué de 3,4 UTN
à 1,8 UTN entre le 1er et le 4e essais. La teneur moyenne en carbone organique total est de 2,7 à mg
C/L. Il est à mentionner que les données du 18 au 23 avril 2019 représentent les essais en période
de pointe de turbidité et seront donc présentées ultérieurement (à la section 4.2.2.).
Tableau 4.8 Sommaire de la qualité de l’eau brute durant les essais pilotes en dehors de la période
de pointe de turbidité.
Cette section présente les résultats obtenus durant les essais pilotes avec comme objectif d’évaluer
les performances des 4 filtres indépendamment du ratio de coagulant utilisé (PAX-XL1900 :
C592). Étant donné que les quatre filtres ont été opérés à une même vitesse de filtration et que la
qualité de l’eau de l’alimentation était identique, leurs écarts de performances seraient attribuables
64
à leurs différentes propriétés physiques, notamment : la profondeur du média, la taille des grains,
leurs angularités ainsi que leurs porosités.
La Figure 4.3 présente les critères de fin de cycles des 4 filtres. Tel que mentionné dans le plan
expérimental, un filtre est mis hors fonction pour être lavé quand il atteint l’une des 3 contraintes
suivantes : (i) une percée de turbidité ≥ 0,30 UTN maintenue pendant 15 minutes consécutives ou
une valeur ponctuelle ≥ 0,50 UTN, (ii) une perte de charge maximale établie pour l’opération à
2,20 m ou (iii) une durée de cycle maximale arbitraire fixée à 96 h.
100%
Critères fin de cyles (%)
80% Percée de
turbidité
60% Perte de
charge
40% Durée
20%
0%
S/A F/F S F
Filtre
Figure 4.3 Critères fin de cycle de filtration pour les 4 filtres (S/A : sable/anthracite, F/F :
Filtralite® bicouche, S : sable, F : Filtralite®).
Globalement, le filtre à sable (S) est le seul filtre qui a terminé tous ses cycles de filtration sur une
perte de charge maximale de 2,20 m. Les deux filtres Filtralite® F et F/F ont terminé 75% de leurs
cycles sur l’atteinte de la contrainte de durée maximale et 25% des cas sur une percée de turbidité.
Ainsi, ces derniers ont pu réduire les pertes de charges sur les lits filtrants et augmenter les durées
de cycles conformément à ce qui est attendu. Les critères de fin de cycle pour le filtre S/A sont tels
que suit : 46% sur une percée de turbidité, 46% sur une perte de charge maximale et 8% sur une
durée maximale.
65
Cette section présente un cycle de filtration pour le ratio du coagulant 81%-19% et son influence
sur la turbidité à l’eau filtrée (Figure 4.4) et sur la perte de charge (Figure 4.5) en fonction du temps.
Les caractéristiques moyennes à l’eau brute sont les suivantes : turbidité de 2,7 UTN, température
de 3,3°C et une dose de coagulant appliquée de 2,76 mg liq. /L (0,29 mg Al/L, 0,14 mg sec/L). La
vitesse de filtration moyenne est de 6 m/h. C’est un cycle typique où les filtres S/A, F/F et F ont
terminé sur la percée de turbidité alors que le filtre S a terminé sur une perte de charge maximale.
Figure 4.4 Turbidité en fonction du temps de filtration pour un cycle typique de filtration (S/A :
sable/anthracite, F/F : Filtralite® bicouche, S : sable, F : Filtralite®).
La première figure illustre une différence de performances entre les 4 médias en termes de période
de maturation et de turbidité à l’eau filtrée. Le filtre S a obtenu la plus faible période de maturation
et la plus faible turbidité à l’eau filtrée car il a la plus petite taille de grains (d10=0,65 mm). Il est
suivi par le filtre monocouche F (d10 = 0,98 mm), lui-même légèrement meilleur que le filtre F/F
(bas : d10= 0,85 mm, haut : d10= 1,59 mm) et qui est meilleur que le filtre S/A (bas : d10= 0,65 mm,
haut : d10=1,4 mm). La turbidité est améliorée après la phase de maturation pour les 4 filtres car la
porosité interne du filtre est réduite à mesure que les particules s’accumulent dans le lit filtrant. La
maturation est d’autant plus rapide que la taille des pores est petite. D’où les bonnes performances
des filtres S et F. Le filtre S est celui qui a présenté le plus de stabilité où sa turbidité a atteint
rapidement un plateau ≤ 0,10 UTN. Bien que le filtre S/A ait des couches avec des tailles plus
66
petites que les couches du filtre F/F, sa disposition de lit le désavantage. L’enlèvement des
particules dans le lit filtrant dépend de la taille des flocs formés et de la taille des grains de média.
Pour des petits flocs, un meilleur enlèvement se fait principalement dans la couche avec la
granulométrie la plus fine, alors ici c’est le sable qui travaille en profondeur mais sa profondeur est
limitée à 325 mm en faveur de la couche grossière de l’anthracite de 845 mm. Les profondeurs de
couches du F/F, quant à elles, sont égales à 585 mm. Ceci explique pourquoi le filtre S/A a obtenu
de moins bons rendements : sa couche supérieure d’anthracite était trop grossière.
Figure 4.5 Perte de charge en fonction du temps de filtration pour un cycle typique de
filtration (S/A : sable/anthracite, F/F : Filtralite® bicouche, S : sable, F : Filtralite®).
Le filtre à sable (S) a atteint la contrainte de pertes de charge maximale de 2,20 m lui attribuant la
durée de cycle la plus courte (28h). Quant au filtre S/A, il a obtenu une durée de 40h pour une perte
de charge de 1,52 m. Ensuite, le filtre F/F a fini son cycle à 1,38 m de pertes de charge pour une
durée de 46h. Les courbes des deux Filtralite® se confondent malgré les granulométries, porosités
et profondeurs différentes, mais le filtre monocouche (F) a pu prolonger davantage la durée de
cycle de 7h pour obtenir la durée la plus élevée de 53 h.
Pour les filtres S/A, F/F et F, la fin de cycle de filtration était dictée par une percée de turbidité
sans que les pertes de charges n’aient beaucoup augmentées. Cela indique que les lits filtrants n’ont
pas été utilisés à leurs capacités maximales pour la rétention des particules. Cette situation n’est
pas souhaitable de point de vue de conception. Cependant, le filtre S a terminé prématurément son
cycle sur une perte de charge maximale mais sur une faible turbidité à l’eau filtrée. Cette
67
performance peut s’expliquer par le caractère colmatant des flocs filtrés ou bien par une
granulométrie trop fine.
Les durées résumées dans le Tableau 4.9 suivant ont été calculées selon la moyenne des durées de
chaque cycle de filtration par filtre. Le filtre monocouche Filtralite® est celui qui a produit la durée
de cycle la plus élevée de 84h, permettant un gain majeur de 52h par rapport au filtre S. Il est suivi
par le F/F (60h) puis par le filtre S/A (54h). En moyenne, seuls les filtres Filtralite® ont pu respecter
l’objectif de durées de cycles ≥ 60h établi dans le plan expérimental pour l’opération des filtres.
Cependant, le filtre S a pu se rendre à un peu plus qu’à la moitié de la durée ciblée. Ce dernier a pu
produire au maximum une durée de cycle de 60h, alors les 3 autres ont pu aller jusqu’à 96h. Au
minimum, le filtre S a produit une durée de cycle de 19h, ce qui est très faible et peut être limitatif
dans une usine de filtration. Comme conséquences, les fréquences de lavages seront augmentées et
par association les volumes de rejet d’eau.
Tableau 4.9 Sommaire des durées de cycle de filtration par filtre en dehors de la période de
pointe de turbidité.
F/F 60 12 96
S 32 19 60
F 84 47 96
Pour ces durées de cycle de filtration, il est intéressant d’évaluer les pertes de charge obtenues en
fin de cycle, telles que présentées à la figure suivante.
68
Figure 4.6 Pertes de charge finales par filtre en fonction de la durée de cycle de filtration en
dehors de la période de pointe de turbidité où le point représente la moyenne et les barres
représentent le minimum et le maximum.
Le Tableau 4.10 suivant présente les pertes de charge initiales et totales ainsi que les taux de
progression des pertes de charges moyens pour les 4 filtres. La perte de charge d’un lit propre est
proportionnelle au ratio L/(d10)2 (Crittenden et al., 2012). Le filtre à sable, ayant la granulométrie
la plus fine et le ratio le plus élevé (L/(d10)2 = 2769), a obtenu la perte de charge initiale la plus
élevée de 57 cm, tandis que le filtre F en a produit la plus faible avec 17 cm, ce qui représente un
grain significatif de 40 cm. Théoriquement, le filtre F/F est censé obtenir les pertes de charge
initiales et progressives les plus faibles car il a le plus faible ratio (L/(d 10)2 = 1041) et la
granulométrie la plus grossière, et qui devrait être suivi par le filtre S/A (L/(d10)2 = 1200).
Cependant, le filtre F/F a été devancé par le filtre monocouche F avec une réduction de 0,12 cm
pour la perte de charge initiale. Le filtre F permet d’offrir une réduction non négligeable des
progressions des pertes de charge de 3,4 cm/h de moins que le filtre S.
69
Tableau 4.10 Sommaire des pertes de charge initiales et totales et des progressions des pertes de
charge par filtre en dehors de la période de pointe de turbidité.
Les pertes de charges initiales élevées des filtres F/F et S/A pourraient être dues aux rétrolavages
des filtres qui ont engendré de l’intermélange à l’interface des deux couches. Afin de prévenir ce
phénomène, les ratios des diamètres effectifs des deux couches (d1/d2) et des densités respectives
des deux couches devraient se situer entre 2 et 3 (Camp, T. R., 1961). Pour le filtre S/A, malgré le
respect de cette recommandation (d1/d2 = 2,15), de l’intermélange a été observé visuellement sur
la colonne au pilote. Pour le filtre F/F, le ratio d1/d2 est égal à 1,87, n’est donc pas conforme à la
recommandation. Également, il y a eu de l’intermélange à l’interface des deux couches de
Filtralite® observé au pilote. C’est ce qui a eu pour effet de réduire la porosité du lit et d’augmenter
les pertes de charges. Ces performances peuvent aussi être validées avec leurs profils de pertes de
charge prélevés à travers les piézomètres installés sur toute la profondeur du média qui seront
présentés à la section 4.2.1.3.5. Par ailleurs, un mauvais rétrolavage du filtre F/F pourrait être la
cause des pertes de charges initiales élevées, étant donné que les débits de rétrolavages n’ont été
validés qu’occasionnellement.
Tableau 4.11 Rapports des diamètres effectifs des deux couches de médias et de leurs densités
respectives pour les filtres bicouches.
Média/Rapport 𝒅𝟏 𝛒𝟐 − 𝛒 𝟎,𝟔𝟔𝟕
𝒅𝟐 ( )
𝛒𝟏 − 𝛒
S/A 2,2 2,4
F/F 1,9 5,8
Étant donné que la corrélation entre le ratio L/(d10)2 et la perte de charge n’est pas bien établie, il
est intéressant d’évaluer les progressions des pertes de charges pour les 4 filtres en fonction de
70
leurs pertes de charge initiales, telles que présentées à la figure suivante. Ces dernières représentent
la moyenne de toutes les valeurs obtenues pour les 4 essais mentionnés plus haut qui ont été testés
à des températures différentes. Il est à remarquer que la progression des pertes de charges est
d’autant importante pour une perte de charge initiale élevée.
Figure 4.7 Progression des pertes de charge en fonction de la perte de charge initiale par filtre en
dehors de la période de pointe de turbidité.
La taille des grains et la profondeur du lit filtrant ne sont pas les seuls paramètres qui impactent les
performances de la filtration. La forme et la porosité du média doivent aussi être considérées, telles
que présentées dans le Tableau sommaire suivant. Les pertes de charges d’un lit filtrant dépendent
de la porosité des grains de médias, qui dépendent à leurs tours de leurs granulométries respectives
et du type de matériau. Étant donné que l’accumulation des particules capturées dans les grains de
média est progressive, ça prendra plus de temps à réduire les pores des médias les plus grossiers.
Vu que la forme des grains de médias impacte leur disposition dans le lit filtrant, il s’avère qu’elle
joue un rôle prépondérant dans la prédiction des performances de la filtration. Due à sa forme
concassée, les sphéricités de la Filtralite® NC 1,6-2,5 (0,54) et HC 0,8-1,6 (0,66) sont plus faibles
par rapport à celle du sable (0,75). Il est à noter que les sphéricités de l’anthracite (0,53) et de la
Filtralite® HC 0,8-1,6 (0,54) sont presque équivalentes. Ainsi, une angularité élevée augmente
l’espace entre les grains, ce qui augmente la porosité du lit et favorise la création de zones de
perméabilité faibles et élevées (Davies & Wheatley, 2012). Comme conséquences, des chemins
71
préférentiels sont créés à travers le lit filtrant où les particules sont transportées pour s’attacher
dans les zones avec les porosités les plus élevées, là où elles ont moins d’impact sur le taux de
progression des pertes de charge (Davies & Wheatley, 2012). C’est ce qui explique les meilleures
performances obtenues avec le filtre F qui est suivi du filtre F/F. Théoriquement, le filtre F/F est
censé produire la perte de charge initiale la plus faible, car il est le plus grossier, le second plus
poreux (0,60), possède le ratio (L/(d10)2 =1041) le plus faible et il est le second moins sphérique
(0,6) après le S/A. Toutefois, il est devancé par le filtre F, malgré qu’il soit plus sphérique (0,64)
que le F/F, il a la particularité d’être formé d’une monocouche de NC 0,6-1,6 mm de plus grande
taille des grains, donc le filtre monocouche F n’a pas d’enjeux liés à l’intermélange, contrairement
au filtre F/F qui ont pu réduire sa porosité initiale et augmenter sa perte de charge. Tel qu’attendu,
le filtre à sable est celui qui a produit les pertes de charges moyennes initiales et progressives (5,0
cm/h) les plus élevées car il est le plus fin (d10 = 0,65 mm), le plus sphérique (0,75) et le moins
poreux (0,43). Il est suivi par le filtre S/A mais qui offre un gain de 2,3 cm/h par rapport au filtre
témoin S. La présence de la fine couche de sable dans le filtre S/A réduit la porosité du lit total ce
qui justifie l’augmentation des pertes de charges pour ce média, qui se classe en 3e position.
72
Tableau 4.12 Sommaire des propriétés des médias filtrants testés (granulométries, profondeurs,
porosités, sphéricités et ratios de performances).
La figure suivante présente la turbidité à l’eau filtrée en fonction de la durée de filtration pour tous
les ratios de coagulants confondus. Pour chaque filtre, la turbidité a été calculée au 95e centile par
cycle de filtration en incluant les périodes de maturation et de filtration efficace jusqu’à l’atteinte
d’une contrainte d’opération maximale pour effectuer un lavage. Le point sur les figures représente
la moyenne du 95e de turbidité par cycle, de tous les filtres en fonction de la moyenne de durée.
Des barres d’erreur ont été rajoutées sur chacun des paramètres et représentent les valeurs
minimales et maximales. Le carré en vert (trait discontinu) indique la zone visée pour répondre aux
objectifs établis dans le plan expérimental.
73
CIBLES
Figure 4.8 Turbidité moyenne à l’eau filtrée des 4 filtres au 95e centile par cycle de filtration
(moyenne, min, max) en dehors de la période de pointe de turbidité (S/A : sable/anthracite, F/F :
Filtralite® bicouche, S : sable et F : Filtralite® monocouche).
Il est reconnu que l’efficacité d’enlèvement des particules est proportionnelle au ratio L/d 10
(Vigneswaran & Chang, 1989). Tel qu’attendu, le filtre à sable est celui qui a présenté la turbidité
à l’eau filtrée la plus faible en moyenne du 95e centile de 0,10 UTN puisqu’il a un ratio L/d10 de
1800 qui est largement supérieur aux autres ratios. Il est ainsi le seul à avoir respecté l’objectif de
turbidité à l’eau filtrée ≤0,15 UTN. Toutefois, il n’a pas pu respecter l’objectif de durée de cycle
moyenne ≥ 60h. La durée de cycle hors pointe était en effet de seulement 32 heures. Il est à rappeler
que le dosage de coagulant a été appliqué de manière à obtenir un plateau de turbidité à la sortie
du filtre à sable de 0,10 UTN.
La deuxième meilleure performance de turbidité (0,16 UTN) est celle du filtre (F) monocouche
Filtralite® avec un ratio de L/d10 de 1194. Toutefois, les performances de filtres F et S ne sont pas
significativement distinctes puisque leurs barres d’erreur verticales se chevauchent. Sinon les
performances des filtres bicouches S/A et F/F sont quasi-identiques avec une turbidité moyenne du
74
95e centile de 0,23 UTN mais légèrement supérieure pour le deuxième filtre F/F, ce qui est
conforme avec la théorie puisque son ratio (L/d10 =1056) est le plus faible des 4 filtres et qu’il a la
taille des grains la plus grossière et la porosité la plus élevée.
Bien que les deux filtres Filtralite® F/F et F aient des angularités élevées, leurs turbidités aux eaux
filtrées n’ont pas été améliorées par rapport au filtre S car leurs tailles des grains grossières les
désavantagent. Normalement, un dosage optimal de coagulant doit être fait en tenant compte de la
granulométrie du média. En effet, un média plus grossier nécessite un dosage de coagulant plus
élevé (Tchio et al., 2003). Dans ce sens, la stratégie de coagulation appliquée au pilote est
uniquement adaptée pour un média fin et il va de soi que le filtre à sable (d10= 0,65 mm) soit le
seul à avoir respecté l’objectif de turbidité à l’eau filtrée ≤ 0,15 UTN. Comme le coagulant utilisé
ne peut être dilué, un système d’injection avec une pompe-seringue a dû être utilisé pour doser le
produit. Une dose unique de coagulant devait donc être appliquée pour tous les filtres car une seule
pompe-seringue était disponible. Il est possible que cette stratégie de traitement ait nuit à la
performance des filtres avec des matériaux plus grossiers.
4.2.1.3 Performances des filtres selon les 4 ratios de coagulants testés en dehors de la période
de pointe de turbidité
En plus de l’impact des caractéristiques physiques des filtres sur leurs performances, les filtres ont
été comparés en fonction de la contribution respective du coagulant inorganique et du polymère
cationique polyDADMAC. Cette relation est définie par le ratio volumétrique PAX-XL1900 :
C592, où les 4 ratios suivants ont été testés dans l’ordre : 81-19, 20-80, 0-100 et 100-0, tels que
décrits plus haut (section 4.2.1.2). Les critères utilisés pour la comparaison sont : la turbidité à l’eau
filtrée, les pertes de charge et la durée de cycle de filtration. Étant donné que les quatre filtres ont
été opérés à une même charge superficielle, les différences de performances dues à ce paramètre
seront écartées. Bien que la turbidité à l’eau brute soit ≤ 5 UTN pour les 4 essais, des changements
physico-chimiques à l’eau brute ont été observés en termes de température, de pH et de
concentrations en matière organique et en particules. Ainsi, la température a augmenté en moyenne
de 4,7 à 21,3 °C lors de la période d’essai du premier ratio (81-19) jusqu’à la dernière période
d’essai du ratio 100-0, respectivement. Également, le pH de la coagulation moyen était de 8,0, ce
qui est élevé par rapport à la plage de pH optimale pour un coagulant à base de sel d’aluminium,
qui devrait se situer entre 6,4 et 6,9 pour un coagulant à base de PACl (Santé Canada, 2019a).
75
4.2.1.3.1 Critères fins de cycle de filtration pour les 4 filtres selon les 4 ratios de coagulants testés
La figure suivante présente les critères de fins de cycles pour les 4 filtres à l’étude selon les 4 ratios
de coagulants testés en dehors de la période de pointe. Concernant le filtre S/A, il a expérimenté
les 3 critères de fins de cycles. L’ajout de plus de polymère pour ce filtre soit du ratio 20-80 au
ratio 100-0 a permis de prolonger les durées de cycles, tandis que l’ajout de seulement du coagulant
inorganique (100-0) a augmenté les pertes de charges, tel qu’attendu. Quant au filtre à sable, il a
fini 100% de ses cycles sur une perte de charge maximale de 2,20 m indépendamment du ratio de
coagulant sélectionné. Pour le ratio 81-19, les filtres S/A, F/F et F ont terminé 100% de leurs cycles
sur une percée de turbidité. Les deux filtres Filtralite® ont eu des comportements similaires, où ils
ont fini 100% de leurs cycles sur une durée maximale de 96h pour les 3 ratios suivants : 0-100, 20-
80 et 100-0. Pour ces derniers, il est n’est possible d’observer clairement l’effet de l’ajout de plus
de coagulant/polymère sur l’augmentation des pertes de charges ou sur l’augmentation de la durée
de cycle. Pour une opération idéale, la percée de turbidité devrait survenir au même moment que
la perte de charge maximale. Toutefois, il est préférable que la fin de cycle soit gouvernée par (i)
une perte de charge maximale précoce telle que le filtre à sable, quoique non optimale, que sur (ii)
une percée de turbidité précoce notamment le cas pour des filtres S/A, F/F et F. Dans le premier
cas, les désavantages associés à une terminaison de cycle sur une perte de charge maximale précoce
sont l’augmentation des fréquences de rétrolavages des filtres et des pertes d’eau occasionnées et
en conséquence la réduction de la productivité des filtres. Dans le deuxième cas, en plus des
désavantages cités plus haut, il est requis de maintenir en tout temps une faible turbidité à l’eau
filtrée ≤ 0,10 UTN dans la perspective de prévenir le risque sanitaire (Santé Canada, 2019b).
D’ailleurs, il a été démontré qu’une turbidité à l’eau filtrée comprise entre 0,10-0,30 UTN peut
réduire l’efficacité d’enlèvement des parasites de référence (Cryptosporidium et Giardia) de 1 log
par rapport à une turbidité égale à 0,10 UTN (Patania et al., 1995).
76
Figure 4.9 Critères de fins de cycles de filtration par filtre selon les 4 ratios de coagulants testés
en dehors de la période de pointe.
La figure suivante exprime les turbidités à l’eau filtrée de chaque filtre groupées selon les 4 ratios
de coagulants volumétriques (PAX-XL1900 : C592). La barre représente la moyenne du 95e centile
par cycle, les limites de la boite représentent les écarts types et les moustaches représentent les
valeurs minimales et le maximales. Le choix de l’évaluation de la turbidité au 95e centile par cycle
plutôt que la moyenne est plus conservateur, car il tient compte des périodes de maturation et de
percée ainsi que des événements rares.
Globalement, le filtre à sable (S) a obtenu les plus faibles turbidités à l’eau filtrée ≤ 0,10 UTN pour
les 4 ratios testés avec la meilleure performance utilisant le ratio 20-80 (0,07 UTN). D’ailleurs, le
filtre S est le seul à avoir respecté en moyenne du 95e centile l’objectif de turbidité à l’eau filtrée
de 0,15 UTN établi dans le plan expérimental. Le ratio de l’usine 81-19 a produit les turbidités
moyennes au 95e centile les plus élevées à la sortie des 4 filtres : S/A (0,29 UTN), F/F (0,33 UTN),
S (0,12 UTN) et F (0,26 UTN). Durant cet essai, la qualité de l’eau brute a le plus fluctué. De plus,
77
la turbidité moyenne (3,4 UTN) et la concentration moyenne en carbone organique total (3,3 mg
C/L) étaient les plus élevées des 4 essais. C’est ce qui justifie les plus grandes variabilités observées
pour les 3 premiers filtres, principalement pour les médias bicouches. L’augmentation du COT a
possiblement exercé une demande initiale sur la coagulation et donc la dose restante n’était plus
suffisante pour coaguler les particules présentes dans l’eau, d’où les faibles performances de
turbidités aux eaux filtrées. Quant au ratio 0-100, il a produit les meilleures performances pour les
filtres bicouches S/A (0,16 UTN) et F/F (0,15 UTN). Concernant le filtre F, sa meilleure
performance (0,09 UTN) a été obtenue avec le ratio 100-0. Le filtre F, malgré sa granulométrie
plus grossière (d10= 0,98 mm) que le filtre témoin (d10= 0,65 mm), s’est quand même bien comporté
et a pu respecter l’objectif établi pour 3 ratios sur 4, tels que suit : 100-0 (0,09 UTN), 20-80 (0,11
UTN) et 0-100 (0,15 UTN). Le Tableau 4.13 présente le classement des meilleures performances
de turbidité par ratio pour chacun des filtres.
Tableau 4.13 Classement des meilleurs ratios par filtre en moyenne du 95e centile.
S/A F/F S F
Ratio 1 20-80 0-100 20-80 100-0
Ratio 2 100-0 20-80 0-100 20-80
Ratio 3 0-100 100-0 100-0 0-100
Ratio 4 81-19 81-19 81-19 81-19
Figure 4.10 Turbidité moyenne à l’eau filtrée au 95e centile par cycle par filtre, pour les 4 ratios
de coagulants (moyenne, +- écart type, minimum et maximum)
78
La Figure 4.12 et la Figure 4.11 présentent respectivement les durées de cycle de filtration par filtre
et les pertes de charges en fin de cycle selon les 4 ratios de coagulants volumétriques testés (PAX-
XL1900 : C592). Le filtre à sable a terminé 100% de ces cycles sur une perte de charge maximale
de 2,20 m pour les 4 ratios testés. En général, l’augmentation de la portion du polymère cationique
C592 a eu pour effet de prolonger les durées de cycle, tel qu’attendu. Les durées de cycle pour le
filtre à sable se classent dans l’ordre suivant : 52, 38, 29 et 24 heures pour les ratios suivants
respectivement : 0-100, 20-80, 81-19 et 100-0. Les filtres bicouches se sont comportés
similairement face à l’usage de coagulants où le ratio 20-80 a permis de maximiser les durées de
cycles pour le filtre S/A (93h) et le filtre F/F (96h) et que le ratio 81-19 leur a raccourci les durées
de cycles à 29h et 38h respectivement. Il est à noter que l’efficacité de rétention des particules
impacte grandement le taux d’accumulation des pertes de charge à travers le lit filtrant. Durant
l’essai du ratio 81-19, les pertes de charge finales n’ont pas augmenté pour les filtres S/A, F/F
malgré qu’ils aient été testés pendant la période la plus froide (4,7 °C) et qu’il y ait eu le plus de
particules (3,4 UTN). Ceci est dû à leurs faibles abattements de turbidité, car ils ont plutôt percé
prématurément avant d’avoir le temps d’augmenter les pertes de charges, ce qui a réduit ainsi leurs
durées de cycles de filtration.
Figure 4.11 Durées de cycle par filtre en fonction des 4 ratios de coagulants en dehors de la
période de pointe de turbidité (moyenne, +- écart type, min et max).
79
Figure 4.12 Pertes de charge en fin de cycle moyennes par filtre en fonction du ratio de coagulant
(PAX-XL1900 : C592) (moyenne, +- écart type, min et max).
Le Tableau 4.14 présente les résultats des pertes de charges (initiales, finales et les taux de
développement) selon les 4 ratios de coagulants par filtre, indépendamment du dosage appliqué.
Les pertes de charge initiales dépendent de la température de l’eau brute. Ainsi, une augmentation
de la température a pour effet d’augmenter la viscosité de l’eau ce qui crée plus de friction à mesure
que l’écoulement traverse le lit filtrant. Dans ce sens, il est attendu d’obtenir une augmentation des
pertes de charge initiales à plus faibles températures. La plus faible température moyenne de l’eau
brute a été observée durant l’essai du ratio 81-19 (4,7 °C), où les pertes de charge initiales ont été
les plus élevées pour le filtre S/A (0,40 m) et le filtre monocouche F (0,33 m) par rapport aux autres
ratios. Pour les filtres F/F (0,35 m) et S (0,61 m), elles ont été les plus élevées durant l’essai du
ratio 100-0, soit à la température moyenne la plus élevée de 20,7°C, ce qui indique que le coagulant
à base d’aluminium cause le plus de perte de charges. Le ratio 20-80 est celui qui a produit les
pertes de charges initiales les plus faibles pour les filtres S/A (0,31 m), F/F (0,20 m) et S (0,54 m)
à une température moyenne de 14,1°C. La meilleure performance du filtre F a été notée avec le
ratio 100-0 à une température de 20,7°C. Outre la température qui joue un rôle prépondérant dans
l’augmentation des pertes de charges, ces dernières dépendent de la variabilité de la qualité de l’eau
brute, de l’efficacité des lavages des filtres qui n’a pas été contrôlée en tout temps et du
conditionnement chimique appliqué en termes de type et de dose de coagulant. Par ailleurs, les
80
propriétés physiques du lit filtrant impactent les pertes de charges. Tous ces paramètres
complexifient davantage la comparaison et rendent les performances des filtres moins prévisibles.
Globalement pour tous les filtres testés, l’augmentation de la portion du coagulant inorganique
PAX-XL1900 a eu pour effet d’augmenter la progression des pertes de charges. De telles
performances sont conformes avec ce qui a été recensé dans la littérature et peuvent être expliquées
par le fait que les flocs formés avec les polymères cationiques sont plus déformables et prennent
donc moins d’espace dans le lit filtrant que ceux formés avec des coagulants à base de sels
d’aluminium (Bolto & Gregory, 2007; Coccagna, 1989). C’est ce qui a réduit la progression des
pertes de charges et a prolongé les durées de cycles de filtration. Pour le filtre S/A, cette progression
est passée de 1,6 cm/h pour le ratio 0-100 à 3,6 cm/h pour le ratio 100-0. La tendance est claire
également pour le filtre à sable, où la progression des pertes de charge a doublé entre le ratio 0-100
(3,3 cm/h) et le ratio 100-0 (6,6 cm/h). Concernant le filtre F/F, le ratio 20-80 a obtenu la meilleure
performance avec un grain de 1,7 cm/h par rapport au ratio 0-100. Quant au filtre F, le ratio 81-19
est celui qui a eu la progression des pertes de charge la plus élevée (2,6 cm/h), alors que le ratio
20-80 a pu les réduire à un peu moins que la moitié (1,2 cm/h). Le filtre Filtralite® monocouche
(F) a obtenu les progressions de pertes de charge les plus faibles de tous les filtres pour les ratios
0-100, 20-80 et 100-0.
Figure 4.13 Pertes de charges initiales moyennes groupées par filtres en fonction des différents
ratios de coagulants.
81
Tableau 4.14 Sommaire des performances moyennes des durées et des pertes de charges des
filtres selon les ratios de coagulants testés.
Figure 4.14 Progressions des pertes de charges moyennes groupées par filtres en fonction des
différents ratios de coagulants.
4.2.1.3.4 Comparaison des profils des pertes de charge des lits filtrants pour le ratio 81-19
Les profils des pertes de charges ont été prélevés d’une façon hebdomadaire pour valider d’une
part l’absence d’embolie gazeuse à travers les lits filtrants qui aurait pu perturber leurs bons
fonctionnements, et d’autre part, pour identifier les endroits où les particules s’accumulent le plus.
La figure suivante présente un exemple de profils des pertes de charge à travers les filtres en fin de
cycle pour le ratio 81-19. Il est à noter que l’ordonnée à l’origine (y= 0) représente le bas de la
colonne et donc l’élévation à la sortie de l’eau filtrée de chaque filtre. Pour les filtres bicouches, le
changement de couche est indiqué par une barre horizontale à 585 cm pour le filtre F HC (0,8-1,6)
/F NC (1,6-2,5) et à 325 cm pour le filtre à S/A. Les caractéristiques à l’eau brute pour cet essai
sont les suivantes : turbidité de 0,9 UTN avec une dose de 2,81 mg liq./L du PAX-XL3932G (0,27
mg Al/L; 0,14 mg sec/L). Une accumulation des pertes de charge est davantage observée en surface
pour le filtre à sable, où environ plus que la moitié des pertes de charges (124 cm) se retrouvent
dans les premiers 37 cm du média filtrant. Le filtre à sable a la plus faible granulométrie (d10= 0,65
mm) et aussi la plus faible porosité (0,43) comparativement aux autres médias. Ce dernier est suivi
par le filtre F, qui réduit les pertes de charges totales de plus que la moitié par rapport au filtre S.
La couche du haut du filtre F/F (du haut de la colonne à 585 cm) est la moins colmatée de toutes
avec uniquement 26 cm de pertes de charge. Quant à sa couche du bas qui détient les plus faibles
83
granulométrie (d10= 0,85 mm) et porosité par rapport à la couche du haut (d10= 1,59 mm), le
colmatage est plus élevé avec 55 cm, ce qui démontre qu’ici la couche HC 0,8-1,6 est celle qui
travaille le plus. Pour le filtre S/A, la perte de charge dans la couche du haut soit les premiers 85
cm est de 48 cm, donc plus importante que celle de la couche du haut du F/F, ce qui est normal vu
que la granulométrie de l’anthracite est plus faible (d10= 1,40 mm). Le filtre S/A a également obtenu
la perte totale la plus faible (66 cm) sur la totalité du lit filtrant, réduisant ainsi les pertes de charge
totales d’un facteur de 2,83 par rapport au filtre témoin. L’enlèvement des particules impacte le
taux d’accumulation des pertes de charge. Tel que démontré précédemment, le filtre à sable est
celui qui retient le plus de particules. Il est alors logique que son profil de pertes de charge soit le
plus colmaté et que sa perte de charge totale soit la plus élevée des 4 filtres. De plus, la figure
montre que le filtre S est le plus vulnérable à expérimenter une embolie. Cependant, même à 37
cm de média (en partant du haut de la colonne), il reste encore 87 cm ((37+180) -130) de tête d’eau.
Figure 4.15 Profil des pertes de charge des 4 filtres pour le ratio 81-19 en fin de cycle opérés à 6
m/h.
4.2.1.3.5 Comparaison des profils des pertes de charges des filtres bicouches
Cette section a pour objectif de valider les profils de pertes de charges des filtres bicouches en
début et fin de cycles prélevés à l’aide des piézomètres installés sur toute la profondeur de média,
pour confirmer la présence d’intermélange à l’interface de leurs deux couches respectives. Les
profils sélectionnés pour des dosages de ratios 20-80 et 0-100.
84
La Figure 4.16 et la Figure 4.17 présentent les profils de pertes de charges pour le filtre bicouche
F/F et le S/A respectivement. Pour le filtre F/F, la couche de surface formée du média grossier NC
1,5-2,5 mm, sert à accumuler un maximum de volume de flocs. La couche du bas formée du HC
0,8-1,6 mm, quant à elle sert à raffiner la qualité de l’eau produite. Il est certain que plus le stade
du cycle avance, plus on retient plus de particules, qui réduisent la porosité du média et qui
augmentent les pertes de charge. C’est ce qui explique l’efficacité de la couche grossière en fin de
cycle, bien que les 2 couches aient les mêmes profondeurs. Les deux profils en fin de cycle
permettent d’affirmer qu’il y ait eu de l’intermélange à la frontière des deux couches car il y a eu
une augmentation pentue des pertes de charges avant le passage à la couche du bas soit à l’élévation
75 cm.
Pour le filtre S/A, de l’intermélange a été observé sur une zone de 30 cm, ce qui réduit la porosité
du lit et justifie l’augmentation des pertes de charges initiales. Pareillement, ici la couche du haut
travaille plus que la couche du bas, car elle a la granulométrie la plus grossière.
Figure 4.16 Profil des pertes de charge du filtre bicouche Filtralite® (F/F) en début et fin de
cycles pour les ratios de coagulants 20-80 et 0-100.
85
Figure 4.17 Profil des pertes de charge du filtre bicouche à sable/anthracite en début et fin de
cycle pour les ratios de coagulants 20-80 et 0-100.
4.2.1.3.6 Aluminium total résiduel et turbidité à l’eau filtrée hors pointe de turbidité
Durant les essais pilotes, l’aluminium total a été mesuré à l’eau brute et à l’eau filtrée de chaque
filtre pour chaque ratio de coagulant (PAX-XL1900 : C592). Le Tableau 4.15 suivant présente les
résultats obtenus pour les tests effectués selon un ordre chronologique. Il est à noter qu’aucune
mesure n’a été effectuée durant la période de pointe de turbidité.
Globalement, tous les filtres ont pu respecter la valeur maximale recommandée (VOR) de 0,2 mg
Al/L pour la filtration directe de Santé Canada (1998), sauf pour l’essai avec le ratio 81-19 à une
dose de 0,33 mg Al/L. Ainsi, les concentrations d’aluminium étaient très élevées aux eaux filtrées
avec 1,29; 1,65 et 2,13 mg Al/L pour respectivement les filtres S/A, F/F et F telles qu’indiquées en
rouges dans le Tableau 4.15, ce qui représente un dépassement de cette VOR d’environ 6 à 11 fois.
Pour tous les essais, le pH de coagulation a varié entre 8,0 et 8,2, ce qui est supérieur à la plage de
pH optimal de coagulation (6,4 et 6,9) suggérée pour un coagulant de type PACl où sa solubilité
est minimale (Santé Canada, 2019a). Tel que mentionné plus haut, il est connu qu’une
concentration d’aluminium résiduel élevée peut se retrouver à l’eau traitée quand les conditions
physico-chimiques (e.g. de pH) ne sont pas propices à sa précipitation (Nilsson, 1992). Pour
respecter les VOR de 0,1 et 0,2 mg Al/L, il est recommandé de maintenir le pH de coagulation
entre 5,6 et 7,1 et entre 5,4 et 7,4 respectivement (Nilsson, 1992). Par ailleurs, pour obtenir un
résiduel d’aluminium entre 0,02 et 0,05 mg Al/L utilisant du PACl comme coagulant, le pH devrait
86
être compris entre 6,8-7,3 à faible température (≤10°C) et entre 6,3-6,8 à température tiède (≥10°C)
(Santé Canada, 2019a).
En outre, le coagulant préhydrolysé utilisé n’a pas réduit le pH de coagulation par rapport au pH
de l’eau brute, tel qu’attendu. Il est important de mentionner que si l’alun avait été utilisé, il aurait
baissé le pH de coagulation contrairement à un coagulant préhydrolysé.
La concentration d’aluminium résiduel à l’eau filtrée a excédé celle retrouvée initialement à l’eau
brute (0,07 mg Al/L) seulement pour la dose de 0,12 mg Al/L du ratio 81-19 (PAX-XL3932G)
avec le filtre F/F (0,14 mg Al/L).
Les meilleurs ratios (PAX-XL1900 : C592) qui ont obtenus les plus faibles concentrations
d’aluminium à l’eau filtrée pour les 4 filtres confondus sont dans l’ordre suivant : 0-100 (pas de
coagulant à base d’aluminium); 20-80; 100-0 et 81-19. Il va de soi que le ratio 0-100 a pu obtenir
les meilleures performances aux eaux filtrées (0,02 mg Al/L), puisque l’apport du coagulant en
aluminium est nul et que la concentration à l’eau brute était déjà faible (0,07 mg Al/L).
Quatre différentes mesures ont été analysées pour le ratio 81-19. Bien que les deux premières doses
de coagulant appliquées (0,13 et 0,12 mg Al/L) ainsi que les concentrations résiduelles à l’eau brute
(0,06 et 0,07 mg Al/L) soient presque équivalentes, les performances à la sortie des eaux filtrées
sont différentes. Pour un pH légèrement plus élevé de 8,0 à 8,2, les concentrations d’aluminium
résiduelles aux eaux filtrées ont augmenté de 0,02 à 0,14 mg Al/L pour le filtre F/F et de 0,02 à
0,09 mg Al/L pour le filtre S. Pour un pH de coagulation de 8,1 et pour une dose de 0,30 mg Al/L,
la concentration d’aluminium résiduel total est de 0,12 mg Al/L pour les filtres S/A et F/F. Ces
concentrations dépassent la nouvelle valeur opérationnelle provisoire recommandée (VOR) par
Santé Canada (2019a) de 0,05 mg/L qui vise à optimiser le traitement de l’eau potable ainsi que les
réseaux de distribution.
Le dosage de coagulant est contrôlé par la matière organique plutôt que par les particules, c’est-à-
dire que lorsque la dose de coagulant n’est pas suffisante pour coaguler la matière organique, les
concentrations d’aluminium résiduels dissous à l’eau filtrée peuvent augmenter. Par conséquent,
l’élimination des particules serait également non optimale. Pour remédier à ce problème, il serait
nécessaire d’augmenter le dosage de coagulant et/ou de contrôler le pH de la coagulation (Santé
Canada, 2019a).
87
En résumé, les résultats indiquent qu’il est préférable d’utiliser un ratio avec plus de
polyDADMAC que d’aluminium afin de réduire la concentration d’aluminium total résiduel. Cette
option offre également l’avantage de prolonger les durées de cycle, telle que vue précédemment.
Le filtre à sable (S) est celui qui a le mieux performé globalement pour l’Al résiduel car c’est le
média le plus fin (d10 = 0,65 mm), sauf pour la dose de 0,12 mg Al/L. Il est suivi de près du filtre
monocouche F, qui est le second plus fin (d10 = 0,98 mm). Les concentrations d’Al pour les filtres
bicouches S/A et F/F sont très similaires, avec une légère amélioration pour le filtre S/A qui est
plus fin que le premier. Cependant, le stade d’avancement de chaque filtre est différent au moment
de son échantillonnage, ce qui rend la comparaison des concentrations d’aluminium entre les filtres
moins adéquate. En effet, la rétention des particules par les filtres est moins efficace en début de
cycle telle que décrite par la phase de maturation. Aussi, en fin de cycle, les particules sont plus
enclines à se détacher du média et donc l’efficacité de rétention de l’aluminium particulaire serait
réduite. La présence de l’aluminium particulaire à l’eau filtrée peut indiquer que la rétention des
particules par le filtre n’est pas optimale. Tandis que la présence de l’aluminium dissous à l’eau
filtrée peut être associée à des conditions de pH et/ou de dose suboptimales. Des mesures
complémentaires de l’aluminium dissous auraient été nécessaires pour statuer sur de telles
performances.
88
Tableau 4.15 Concentrations d’aluminium total à l’eau filtrée par filtre selon les 4 ratios
volumétriques de coagulants (PAX-XL1900 : C592).
Cette section étudie les performances des 4 filtres durant la période de pointe de turbidité
printanière qui s’est déroulée du 18 au 23 avril 2019, utilisant le coagulant préhydrolysé de l’usine
Charles-J.-Des Baillets soit le PAX-XL3932G. Ce coagulant est formé dans des proportions
volumétriques de 81% de PAX-XL1900 et de 19% du Superfloc™ cationique de type
polyDADMAC C592. Il est à mentionner que l’usine à l’étude se considère en période de pointe
quand la turbidité à l’eau brute est supérieure ou égale à 5 UTN. L’objectif de cet essai était
d’évaluer à court terme la stratégie de dosage adéquate à employer par cette usine pour opérer ses
filtres à sable actuels advenant qu’une autre pointe de turbidité surviendrait avant qu’il ne soit
possible de changer de ratio de coagulants ou de rajouter d’autres points d’injections.
Contrairement à la stratégie de dosage de coagulant appliquée durant les essais hors pointe de
turbidité qui ciblait l’atteinte d’un plateau de turbidité ≤ 0,10 UTN à la sortie du filtre à sable, le
dosage pour cet essai en pointe de turbidité a été ajusté de manière à obtenir une turbidité inférieure
≤ 0,15 UTN pour le filtre bicouche F/F.
Pour cet essai, la période de pointe printanière à la suite de la fonte des neiges est caractérisée par
une augmentation significative de la concentration des particules et de la turbidité avec une
moyenne de 8,5 UTN et un maximum de 20 UTN. La Figure 4.18 présente les données de turbidité
à l’eau brute à l’usine au printemps 2019 en comparaison avec les données historiques de 2003 à
2018. Il est à remarquer que la pointe de turbidité de cette année (2019) est survenue un peu plus
tardivement par rapport aux années précédentes mais qu’elle a duré plus longtemps. Une baisse de
l’alcalinité moyenne de 86 à 75 mg/L CaCO3 a été observée durant cette période. Le pH a fluctué
entre 8,0 et 8,6. Également la teneur en carbone organique total a augmenté de 1,7 mg C/L par
rapport à la normale (2,8 mg C/L). La température moyenne durant cet essai était de 6,6°C. Le
changement de la qualité de l’eau brute était associé aux modifications des régimes hydrauliques
du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais, où la contribution de cette dernière au débit
du fleuve Saint-Laurent a augmenté jusqu’à 22%. La rivière des Outaouais a la particularité d’avoir
une eau plus acide avec une moins bonne qualité microbiologique.
90
Figure 4.18 Comparaison de la turbidité à l’eau brute en période de pointe de turbidité de 2019
avec les données historiques de 2003-2018.
4.2.2.2 Critères de fin de cycles des 4 filtres en période de pointe de turbidité printanière
La Figure 4.19 présente les critères de fin de cycles des 4 filtres (%) durant la période de pointe de
turbidité printanière utilisant le ratio de coagulant de l’usine 81-19 (PAX-XL1900 : C592). Il est à
remarquer que les filtres S/A, F/F et F ont fini 100% de leurs cycles sur une percée de turbidité,
tandis que le filtre témoin S a fini 50% des cas sur une percée de turbidité et 50% sur une perte de
charge maximale.
Figure 4.19 Critères fin de cycles de filtration (%) pour les 4 filtres en période de pointe de
turbidité pour le ratio de coagulant volumétrique 81-19 (PAX-XL1900 : C592).
91
Cette section présente les données en continu d’un cycle typique de filtration en période de pointe
de turbidité printanière. La Figure 4.20 et la Figure 4.21 présentent respectivement la turbidité à
l’eau filtrée et les pertes de charge en fonction du temps. Pour cet essai, la vitesse d’opération
moyenne était de 6 m/h et les caractéristiques de l’eau brute sont résumées dans le Tableau 4.16 :
Tableau 4.16 Sommaire des caractéristiques de l’eau brute pour un cycle typique en période de
pointe de turbidité
Malgré la grande variabilité de la turbidité à l’eau brute qui est quasiment passée du simple (8,8
UTN) au double (16,6 UTN), la dose de coagulant appliquée pour cet essai a été maintenue
constante en moyenne. Il aurait fallu agir instantanément et augmenter le dosage lorsque la turbidité
à l’eau brute a commencé à augmenter pour mieux coaguler les eaux et éviter la percée précoce.
Pour ce cycle, les 4 filtres S/A, F/F, S et F ont terminé leurs cycles de filtration sur une percée
précoce de turbidité alors que leurs pertes de charges sont demeurées très faibles. Ceci indique que
les lits filtrants n’ont pas été utilisés à leurs pleines capacités pour la rétention des particules. Bien
que les filtres aient pu respecter en moyenne l’objectif de turbidité à l’eau filtrée ≤ 0,15 UTN, ils
n’ont pas pu rencontrer l’objectif de durée de cycles ≥ 24h. Les résultats indiquent que les deux
filtres bicouches S/A et F/F ont eu des comportements similaires pour les turbidités à l’eau filtrée
et les pertes de charge, de même que les filtres monocouches S et F. Les performances de ces
derniers ont été meilleures car ils ont pu prolonger les durées de cycles jusqu’à 6 h de plus, mais
demeurent toutes inacceptables pour une usine de traitement (durée maximale de 12,5h). Face aux
fluctuations de la turbidité à l’eau brute, le filtre à sable est celui qui a affiché le plus de stabilité
alors que sa turbidité à l’eau filtrée a pu conserver un plateau ≤ 0,10 UTN. Il est normal que le filtre
à sable obtienne les plus faibles turbidités car son ratio L/d10 est le plus élevé (1800) et sa
granulométrie est la plus fine (d10= 0,65 mm).
92
Malgré l’injection d’une dose de coagulant aussi élevée que 7,85 mg liquide/L, les pertes de
charges n’ont pas augmenté. Les doses de coagulant ont davantage été augmentées jusqu’à 15,6
puis à 23,4 mg liq./L, qui dépassent largement les dosages typiques en filtration directe, dans
l’objectif de valider leurs impacts sur l’encrassement des lits filtrants. Les profils de pertes de
charge des filtres S/A, F/F et F sont encore demeurés linéaires indiquant une faible accumulation
des particules dans les lits filtrants (ces résultats ne sont pas présentés en détails dans ce mémoire).
Figure 4.20 Turbidité à l’eau filtrée en fonction du temps en période de pointe de turbidité pour le
ratio volumétrique 81-19 (PAX-XL1900 : C592) avec une dose de 7,85 mg liq. /L.
Figure 4.21 Pertes de charges en fonction du temps en période de pointe de turbidité pour le ratio
volumétrique 81-19 (PAX-XL1900 : C592) avec une dose de 7,85 mg liq. /L.
93
La Filtralite®, par sa forme angulaire qui lui attribue une forte porosité, est réputée prolonger les
durées de cycles de filtration par rapport aux médias conventionnels à sable et à sable/anthracite
conformément à ce qui a été observé précédemment et relevé de la littérature. Toutefois, elle a
étonnamment produit en moyenne des très courtes durées de cycles qui sont de l’ordre de 8-9h. Ce
qui est d’autant plus surprenant, c’est que le filtre à sable a pu obtenir les durées de cycles les plus
élevées malgré sa faible porosité, qui est suivi par le filtre S/A avec une durée de 11h.
Tableau 4.17 Moyennes des pertes de charges initiales et finales et taux de progression des pertes
de charges pour les 4 filtres durant et avant la période de pointe de turbidité.
L’octroi des crédits d’enlèvement pour les microorganismes pathogènes est basé sur le respect d’au
minimum une mesure de turbidité aux quatre heures à la sortie combinée des filtres évaluée sur 30
jours consécutifs (MELCC, 2019). Il n’est pas possible de se baser sur ce type d’évaluation au
pilote pour des contraintes de durées des essais et de nombre de filtres à l’étude. Le calcul de la
turbidité a plutôt été évalué selon la moyenne du 95e centile par cycle par filtre, ce qui est donc
plus contraignant que la recommandation plus haut. Ce calcul est plus conservateur que la
moyenne, car permet de tenir compte des événements rares notamment des périodes de maturation
et de percée.
La Figure 4.22 exprime la moyenne du 95e centile de la turbidité à l’eau filtrée calculée par cycle
par filtre en fonction de la durée de cycle de filtration. Le point représente la moyenne, et les barres
représentent les valeurs minimales et maximales. Il est à noter qu’aucun des 4 filtres n’a pu
respecter les deux objectifs de l’étude fixés pour la période de pointe qui visaient à maintenir (i)
une turbidité à l’eau filtrée au 95e centile ≤ 0,15 UTN et (ii) une durée de cycle ≥ 24 h. Néanmoins,
le filtre à sable était le plus performant avec une turbidité de 0,16 UTN qui dépasse de justesse le
premier objectif mais pour une durée de cycle moyenne de 19h. Il est suivi par le filtre F (0,19
UTN), mais leur différence de performance n’est pas significative car leurs barres d’erreur
verticales se chevauchent. Les turbidités issues des filtres bicouches sont les plus instables avec
une distribution assez étalée. En résumé, il n’est pas possible de conclure sur les performances de
95
la filtration en période de pointe étant donné la déficience de l’étape de la floculation révélée plus
haut.
CIBLES
Figure 4.22 Turbidité moyenne à l’eau filtrée au 95e centile par cycle en fonction de la durée
moyenne en période de pointe de turbidité (moyenne, minimum et maximum).
Il est à rappeler que l’usine Des Baillets est dotée d’une filtration en ligne qui se caractérise par
l’absence de bassins de floculation, outre l’absence de bassins de décantations. L’eau coagulée
traverse une multitude de canaux, de conduites et de chutes avant d’atteindre la galerie des filtres.
96
Étant donné que les vannes modulantes de 72 pouces à l’entrée de chaque galerie ont été
surdimensionnées, leur pourcentage d’ouverture est limité à environ 40% pour un débit d’opération
maximal. Une section de conduites (floculateur hydraulique) a été rajoutée au pilote en amont des
trains de filtration dans l’objectif de reproduire le temps de rétention hydraulique à l’usine avant
d’atteindre les filtres et de simuler l’impact de la vanne modulante sur les performances de la
filtration. Un long temps de contact avec une énergie de mélange insuffisante ne contribue pas à
grossir les flocs formés. La caractérisation des particules en période de pointe au pilote et à l’usine
à l’eau brute et à l’eau coagulée a été évaluée au laboratoire au Brightwell (Dynamic Particle
Analyzer) et a permis de constater que la taille des flocs n’a pas augmenté. Par ailleurs, des études
complémentaires au laboratoire avec la Jar FlocCAM® ont révélé que le long temps de contact
avant l’atteinte de la vanne modulante, contribue potentiellement à briser les flocs formés, qui
induit à son tour un fort cisaillement affectant ainsi le taux de rétention des particules sur les filtres.
L’ensemble de ces résultats au laboratoire n’est pas présenté dans ce mémoire.
L’étude pilote a donc révélé que l’infrastructure en place à l’usine ne semble pas permettre de
floculer de façon optimale pour pouvoir grossir les flocs formés et que la présence d’une vanne
modulante à l’entrée des filtres nuit potentiellement à leur devenir dans les filtres.
97
La teneur en matière organique dissoute mesurée durant cet essai est de 3,8 mg C/L. Pour évaluer
l’efficacité de la coagulation sur l’abattement de la matière organique naturelle, il est possible de
calculer l’indice SUVA. Le SUVA est le rapport entre l’absorbance UV à 254 nm (m-1) et la
concentration en matière organique dissoute exprimée en COD (mg C/L). Le SUVA obtenu est de
2,1, ce qui indique que la coagulation abattra peu de MON. Par ailleurs, le pH de coagulation est
de 7,6 ce qui est élevé pour la zone recommandée pour coaguler la matière organique (4 à 6).
du polyDADMAC a globalement aidé à neutraliser les charges, toutefois, le ratio 20-80 est celui
qui a nécessité les plus faibles dosages.
Typiquement, la filtration directe est retenue comme procédé de traitement lorsque la qualité de
l’eau brute est considérée bonne avec une faible teneur en matière organique et une faible turbidité
(<5 UTN) MELCC (2019). À cette fin, les dosages de coagulants nécessaires sont faibles et visent
à former de petits flocs filtrables. Par conséquent, la neutralisation des charges est le principal
mécanisme responsable de la déstabilisation des particules coagulées. Dans ce cas-ci, la turbidité à
l’eau brute était de 14 UTN comparable à un traitement conventionnel, ce qui dépasse la
recommandation du MELCC (2019) pour l’application de la filtration directe (voir Tableau 2.6).
D’autant plus que la concentration significative de COD à l’eau brute (qui est supérieure à la
normale < 3 mg C/L) tend à stabiliser les particules et la matière organique. C’est ce qui contrôle
le dosage de coagulant. Les mécanismes d’action des coagulants utilisés qui sont impliqués dans
la déstabilisation des particules dépendent à la fois de la composition de l’eau brute, des conditions
de coagulation et des dosages appliqués. La coagulation d’une telle eau en condition de pointe
requiert donc des doses plus élevées que ce qui est habituellement appliqué. Initialement, à de
faibles doses, le coagulant préhydrolysé à base de sels d’aluminium PACl adsorbe les particules
chargées négativement en plus de neutraliser leurs charges de surface. À de fortes doses de
coagulants, d’autres mécanismes interviennent dans le processus de coagulation notamment
l’emprisonnement des particules dans un précipité connu sous le nom de « sweep flocculation », la
« patch électrostatique » et le pontage. C’est pourquoi, son efficacité est limitée pour neutraliser
les charges et qu’il a nécessité les dosages les plus élevés (ratios 100-0 et 81-19).
Bien qu’il soit reconnu qu’un dosage optimal de coagulant s’obtient quand le potentiel zêta
s’approche de zéro (Xu et Fitzpatrick 2006), les doses permettant une neutralisation totale des
charges sont excessivement élevées pour une application en filtration directe pour tous les
99
coagulants testés. Au mieux, il a fallu une dose de 6,3 mg liq./L pour le ratio 20-80 pour obtenir
un potentiel zêta nul. Cette dose est 5 fois plus élevée pour le ratio 100-0 (32 mg liq./ L). Il est à
noter que toutes les doses qui permettent un potentiel zêta nul sont quand même en dessous des
recommandations de NSF/ANSI 60 pour des applications en eau potable (i) de 250 mg liq./L de
PAX-XL1900 (31 mg Al/L) et (ii) de 25 mg liq/L (10 mg sec/L) de C592. Cependant, les doses
requises pour neutraliser les charges d’une telle eau avec les ratios 81-19 et 100-0 sont
excessivement élevées et dépasseraient certainement la recommandation pour l’aluminium résiduel
à l’eau traitée actuelle de 0,20 mg Al/L en filtration directe et l’éventuelle VOR de 0,05 mg Al/L
de (Santé Canada, 2019a).
Par ailleurs, le pH de la solution influence grandement le potentiel zêta des flocs formés; puisque
la concentration des protons impacte leurs densités de charge à travers la réaction d’hydrolyse
(Chang et al., 1997). Tel qu’attendu, lorsque le pH de coagulation est élevé, le potentiel zêta ne
peut constituer un bon indicateur de la dose optimale, ce qui est en accord avec les travaux de
Gregory, D. et al. (2004).
Parallèlement, les essais au pilote en période de pointe de turbidité ont été effectués avec le ratio
de l’usine 81-19 (PAX-XL3932G). Une dose moyenne de 7,8 mg liq./L a été testée, ce qui est
presque équivalent à un potentiel zêta de -10 mV. En raison des problèmes de floculation
expérimentés au pilote tels que mentionnés plus haut, il est difficile de conclure sur l’efficacité de
cette dose globalement. Tout de même, le filtre à sable ayant la granulométrie la plus fine, a été le
moins impacté par cette problématique et a donc pu obtenir une turbidité moyenne de 0,09 UTN à
l’eau filtrée et de 0,16 UTN pour la moyenne des 95e centiles. À l’usine, pour cette même qualité
d’eau brute, le dosage du coagulant (ratio 81-19) a varié entre 5 et 7,8 mg/L (donc l’équivalent
d’un potentiel zêta de -10 mv pour la 2e dose), cette zone est indiquée sur la figure 5.2 a) au carré
rouge. Cependant, ce dosage a résulté en des durées de cycles très courtes avec des terminaisons
de cycles sur des percées de turbidité ou de pertes de charges maximales. L’augmentation du
dosage de coagulant n’a pas résolu le problème de changement de la qualité de l’eau, ceci est
potentiellement dû à la déficience des étapes de coagulation et de floculation, qui devraient être
mieux documentées dans le futur.
À la lumière de ce qui précède, il n’est pas nécessaire de viser un potentiel zêta nul pour maximiser
l’efficacité d’enlèvement des particules puisque d’autres mécanismes sont impliqués dans le
100
processus de la coagulation outre celui de la neutralisation des charges. Une neutralisation partielle
avec des potentiels zêta de -10 voire -5 mV pourrait être envisagée dépendamment de la qualité de
l’eau brute et des conditions de coagulation, telle que résumée dans le Tableau 5.2.
Tableau 5.2 Sommaire des doses en mg liq./L permettant des potentiels zêta de -10, -5 et 0 mV.
a)
b)
c)
Figure 5.1 Potentiels zêta en fonction du ratio de coagulant volumétrique (PAX-XL1900 : C592)
et de la dose appliquée : a) en mg liquide/L, b) en mg Al/L et c) en mg sec /L.
102
Les coûts d’achat ont été estimés pour les 4 ratios de coagulants pour une dose moyenne permettant
un potentiel zêta de -10 mV, en période de pointe de turbidité. Cette dose a été retenue pour
l’estimation des coûts car elle représente non seulement une dose applicable en filtration directe,
mais aussi, l’usine opérait à environ ce potentiel zêta pendant cette période de pointe. Le débit
moyen de l’usine utilisé est d’environ 928 800 m3/d, ce qui correspond à un fonctionnement de 2,5
pompes basses pressions à 4,3 m3/s chaque. Les coûts pour les deux ratios 81-19 et 20-80 ont été
calculés selon leurs ratios massiques respectifs (84-16) et (76-24) et non volumétriques pour
assurer une consistance dans les unités utilisées. Ainsi, les coûts estimés sont présentés dans le
Tableau 5.3 mais n’incluent pas les coûts connexes notamment de transport.
La dernière colonne du tableau plus haut représente les coûts dépensés pour l’achat de coagulants
si la période de pointe durait 30 jours, et ce à débit moyen. Durant les essais pilotes de 2019, une
turbidité à l’eau brute ≥ 5 UTN a été soutenue pendant quasiment 30 jours consécutifs. À une dose
moyenne de 2,4 mg liq. /L du ratio 20-80 au lieu de 7 mg liq. /L du ratio de l’usine 81-19, des
économies non négligeables de 45 000 $ pourraient être obtenues.
103
CHAPITRE 6 DISCUSSION
L’efficacité de la déstabilisation des particules est dictée par la cinétique de réaction du coagulant
et par les conditions de mélange appliquées. La dispersion du coagulant dans ce cas-ci doit être
rapide dès son injection étant donné que le mécanisme dominant en filtration directe repose sur la
neutralisation des charges (Amirtharajah, Clark, & Trussell, 1991). Au pilote, le mélange de
coagulant à la suite de son injection est effectué d’une manière uniforme et rapide à l’aide d’un
mélangeur statique. Quant à l’usine à l’étude, l’injection du coagulant est faite à même les chutes
des bassins de mise en commun des pompes basses pressions.
Par ailleurs, il existe un biais méthodologique pour l’étape de floculation entre le pilote et l’usine,
car pour le premier un floculateur hydraulique a été rajouté pour reproduire principalement le temps
de rétention hydraulique mais ne permet pas de reproduire l’impact des conditions de mélange sur
le devenir des flocs dans l’usine, étant donné que l’eau coagulée passe par une multitude de canaux,
de chutes, de réservoirs et de conduites, etc.
À notre avis, les conditions de mélange à l’usine ne sont pas optimales en termes d’intensité et de
temps de contact et devraient donc être revues afin d’assurer une meilleure dispersion du coagulant
injecté. Selon les contraintes de faisabilités à l’usine, il serait pertinent de déplacer le point
d’injection du coagulant sur une conduite d’alimentation à l’entrée de l’usine qui nécessitera
104
également l’ajout d’un mélangeur statique ou directement à même le bassin des pompes basses
pressions.
L’étude pilote a révélé que l’infrastructure en place à l’usine ne semble pas permettre de floculer
de façon optimale pour pouvoir grossir les flocs formés. L’ajout de chicanes dans les différents
canaux à l’usine pourrait constituer une solution intéressante à cette problématique, compte tenu
du long temps de contact disponible en canal. Il serait pertinent de caractériser la taille des flocs
formés avant la vanne modulante et après soit à l’entrée des filtres à l’échelle réelle, pour
documenter davantage les impacts des conditions de mélange sur le devenir du floc et par
conséquent sur l’efficacité de la filtration.
En dehors de la période de pointe de turbidité, le filtre à sable (S) est le seul à avoir respecté
l’objectif de turbidité à l’eau filtrée ≤ 0,15 UTN au 95e centile par cycle de filtration. Toutefois, il
a produit en moyenne une durée de cycle de 32h qui ne respecte pas l’objectif de durée établi ≥
60h. Il est suivi de près par le filtre monocouche Filtralite® (F) avec une turbidité à l’eau filtrée de
0,16 UTN et une durée de cycle de 84h, permettant de prolonger la durée de cycle de 2,6 fois par
rapport au filtre à sable. La Filtralite® semble donc une option intéressante pour réduire les pertes
de charge. Il serait d’intérêt de tester un filtre avec de la Filtralite® tamisée pour obtenir un diamètre
effectif (d10) équivalent à celui du filtre à sable. Cette option permettrait de valider si la rétention
de la turbidité est efficace tout en permettant des durées de cycle plus longues.
granulométries grossières en considérant qu’elles auraient pu être meilleures sous des conditions
de coagulation et de floculation optimales. Cette hypothèse mériterait donc d’être validée avec une
autre étude pilote notamment en ajoutant un floculateur mécanique. Les essais pilotes ont tout de
même permis de conclure que la réduction du ratio L/d10, notamment des filtres grossiers par
rapport au filtre à sable dans la perspective de baisser les pertes de charge se fait au détriment de
la turbidité à l’eau filtrée produite.
Par ailleurs, il existe quelques limitations sur le plan expérimental dans la conception des
équipements (floculateur, filtres, etc.) et dans l’opération du pilote qui sont discutées ci-dessous :
(1) Le filtre à sable est le plus avantagé des 4 filtres testés par sa fine granulométrie (d10 = 0,65
mm), ce qui le rend le plus efficace pour l’enlèvement des petites particules par rapport à un média
plus grossier, mais aussi, la stratégie de dosage de coagulants a été ajustée en fonction de la turbidité
à l’eau filtrée de celui-là.
(2) Puisqu’il est reconnu que l’efficacité d’enlèvement des particules est proportionnelle au ratio
L/d10 (Vigneswaran & Chang, 1989), la conception des 4 filtres a été basée sur un ratio minimal de
L/d10 ≥ 1000 tel que recommandé pour un média monocouche à sable ou pour des médias bicouches
conventionnels (Kawamura, S., 2000). Certes, les ratios proposés sont simples et pratiques mais
leur application a des limitations et ils devraient donc servir uniquement de guides. Ainsi, la
comparaison d’un média fin par rapport à un média de granulométrie plus grossière aurait nécessité
l’augmentation de la profondeur de ce dernier (Ives & Sholji, 1962). Toutefois, ceci n’a pas été
appliqué pour des contraintes liées notamment à la localisation de la goulotte à l’usine qui
engendrait potentiellement la perte de média lors du rétrolavage des filtres.
(3) La conception des filtres bicouches F/F et S/A avec une couche plus fine plus profonde en
défaveur de la couche la plus grossière du haut, permettrait potentiellement de conserver une
qualité de filtrat acceptable tout en prolongeant les durées de cycles.
(4) Afin de pouvoir comparer les performances d’un filtre par rapport à un autre, il serait préférable
que leur conception soit plutôt basée sur (i) des couches avec des granulométries équivalentes, (ii)
des profondeurs équivalentes ou (iii) des profondeurs et granulométries équivalentes à la fois.
Cette conception permettrait de mieux identifier les caractéristiques qui avantagent un filtre ou le
désavantagent par rapport à un autre. Dans cette étude, le train 1 a pu comparer des filtres avec la
même profondeur. Pour le train 2, les caractéristiques des filtres étaient différentes ce qui rend la
106
comparaison plus complexe. Par ailleurs, cette deuxième façon de conception avait pour objectif
de valider si un filtre peut fonctionner mieux qu’un autre d’une manière générale, faisant
abstraction de leurs caractéristiques respectives.
Il est à rappeler que l’injection de coagulant a été faite au moyen d’une pompe seringue commune
aux 2 trains de filtration et que le changement de dosage s’est effectué manuellement. Le pilote a
nécessité une surveillance en continu, qui s’est effectuée à distance durant le jour et même à des
heures tardives ou sur site selon la disponibilité des ressources. L’ajustement du dosage de
coagulant au pilote constitue une limitation car il n’a pas toujours été effectué rapidement face à
l’augmentation de la turbidité à l’eau brute notamment en période de pointe pour éviter la percée
précoce. Par ailleurs, puisque la dose de coagulant est fonction de la granulométrie du média, un
dosage séparé par train de filtration serait plus approprié. Ainsi, deux pompes seringues seraient à
prévoir : (i) une pour le train des filtres monocouches et (ii) une deuxième pour le train des filtres
bicouches.
Les périodes d’essais des 4 ratios de coagulants (PAX-XL1900 : C592) en dehors de la pointe de
turbidité se sont effectuées d’avril à juillet 2019. Bien que la turbidité à l’eau brute n’ait pas
beaucoup changé d’un essai à un autre (≤ 5 UTN), la température moyenne quant à elle, est passée
de 5 à 21°C. Une température plus faible augmente la viscosité de l’eau ce qui crée plus de friction
et augmente en conséquence les pertes de charges sur les lits filtrants. Le changement de
température impacte également l’efficacité de lavage des filtres. En effet, les conditions de lavage
en eau chaude sont plus contraignantes qu’en eau froide. Étant donné que le débit de lavage utilisé
était maintenu constant selon une contrainte de temps, l’efficacité de lavage des filtres est réduite
en eau chaude.
contrôler tous ces paramètres dans le cadre d’essais pilotes en continu, la comparaison des
performances des ratios de coagulants entre eux devient plus difficile.
Les résultats obtenus à l’échelle laboratoire et à l’échelle pilote suggèrent (i) l’augmentation du
dosage du polyDADMAC C592 et (ii) la réduction du dosage du coagulant inorganique PAX-
XL1900. Le dosage de coagulant en filtration directe est sensible aux changements brusques de la
qualité de l’eau brute. L’injection du polymère cationique C592 tout seul ne serait pas suffisante
pour abattre la matière organique et pour obtenir la qualité de l’eau filtrée souhaitée, alors que
l’injection du coagulant inorganique seul (PAX-XL1900) réduirait les durées de cycles de filtration
et pourrait engendrer des concentrations élevées d’aluminium à l’eau filtrée supérieures à 0,2 mg
Al/L en filtration directe et possiblement supérieure à la nouvelle recommandation (VOR) de 0,05
mg Al/L (Santé Canada, 2019a).
Le ratio 81-19 a permis d’obtenir : les turbidités à l’EF les plus élevées pour les 4 filtres et les
durées de cycle les plus faibles. Le ratio 20-80 a permis d’obtenir : (i) les meilleurs abattements de
turbidité aux eaux filtrées du filtre à sable (S) et du filtre bicouche Filtralite® (F/F) ainsi que (ii)
les durées de cycles les plus élevées pour les filtres à sable/anthracite (S/A), (F/F) et Filtralite®
monocouche (F). Il serait possible par la même occasion de réduire les concentrations d’aluminium
résiduel à l’eau filtrée. Du fait que le filtre à sable semble être le moins affecté par la déficience de
la floculation par rapport aux autres filtres, la recommandation du ratio PAX-XL1900 : C592 est
émise uniquement pour celui-là. Le ratio 20-80 a permis d’obtenir la meilleure turbidité à l’eau
filtrée au 95e centile de 0,07 UTN, ce qui corrobore les résultats de mesures des potentiels zêta. Ce
dernier a obtenu une durée de cycle moyenne de 38h. Le ratio 0-100 a permis de maximiser les
durées de cycle moyennes jusqu’à 51h. Alors que le ratio actuel de l’usine 81-19 a obtenu les plus
faibles performances (0,12 UTN et 23h). Puisque les variations de la qualité de l’eau brute ne
peuvent être prédites, l’utilisation d’un seul coagulant serait contraignante et n’est donc pas à
recommander. Il serait plutôt préférable d’avoir deux points d’injections séparés, soit un par type
de coagulant. Dépendamment de la qualité de l’eau brute, il est possible de fixer une dose de PAX-
XL1900 et d’ajuster la dose du C592 selon les durées de cycles souhaitées. Advenant le cas qu’il
ne soit pas possible de changer de ratio actuel 81-19 à court et moyen termes, il est recommandé
108
d’ajouter un deuxième point d’injection du polyDADMAC C592. D’autant plus que le dosage du
C592 ne constitue plus un enjeu de pompage à l’usine, puisqu’il est 5 fois moins visqueux que le
C595 anciennement dosé à l’usine. Étant donné que le polyDADMAC aide à former des flocs plus
robustes face aux différentes forces de cisaillement, la possibilité de localiser le point d’injection
après la vanne modulante à l’entrée de la galerie des filtres mériterait d’être examinée, en tenant
compte que cette dernière nuirait à la croissance des flocs formés. Il est recommandé de procéder
à la caractérisation de la taille des flocs formés (1) juste après le mélange rapide pour permettre de
statuer sur les performances de la coagulation, et (2) avant /après la vanne modulante à l’usine pour
conclure sur les performances de la floculation.
Les résultats obtenus en pointe de turbidité avec les 4 ratios de coagulants ont permis de constater
que les doses permettant la neutralisation des charges (PZ= 0 mV) sont extrêmement élevées pour
une application en filtration directe. Par conséquent, une neutralisation partielle des charges serait
suffisante en visant des PZ de -5 ou -10 mV dépendamment de la qualité de l’eau brute et des
conditions de coagulation. L’ajout de plus de polyDADMAC aide à neutraliser plus rapidement les
charges. Toutefois, le ratio 20-80 a permis d’obtenir les meilleures performances. Ces observations
démontrent l’existence d’une synergie entre le coagulant inorganique PAX-XL1900 et le
polyDADMAC C592.
Il est peu probable qu’un analyseur de potentiel zêta en continu soit utile pour sélectionner la dose
optimale pour cette application en filtration directe. Du fait que l’usine ait en général une bonne
qualité d’eau brute avec une faible concentration en particules, les mesures de potentiels zêta
seraient difficiles à réaliser dans des eaux peu chargées. Étant donné qu’une neutralisation partielle
des charges soit visée, la plage de variation attendue à la suite de la coagulation serait assez
restreinte. De plus, à de fortes doses de coagulants en pointe de turbidités, outre la neutralisation
des charges, d’autres mécanismes seraient impliqués dans le processus de la coagulation, ce qui
réduit l’importance du potentiel zêta dans l’optimisation des performances de la filtration.
109
CHAPITRE 7 CONCLUSIONS
La réalisation des essais pilotes avec quatre configurations de filtres et quatre différents ratios de
coagulants a permis de conclure que :
• Le filtre pilote monocouche à sable est représentatif uniquement des meilleurs filtres de
l’usine et non de la moyenne des performances de tous les filtres de l’usine.
• Les résultats des essais pilotes suggèrent que les flocs formés sont très petits ce qui
désavantage les configurations de filtres utilisant des matériaux plus grossiers. Améliorer
la floculation qui semble peu efficace et/ou prévoir des dosages de coagulant spécifiques
(i.e. plus élevés) pour ces configurations seraient nécessaires pour rehausser leurs
performances. Il est donc recommandé de réaliser un audit sur les installations à pleine
échelle afin de documenter les performances de la coagulation/floculation.
• Parmi les trois options alternatives au filtre à sable, le filtre monocouche de Filtralite® a
offert les meilleures performances. Ce dernier a permis de prolonger la durée de cycle
jusqu’à 2,6 fois par rapport au filtre à sable pour une turbidité de l’eau filtrée légèrement
supérieure en temps normal. Au moment où l’étude a été effectuée, le média Filtralite® le
plus fin disponible sur le marché était le HC 0,8-1,6 mm (d10= 0,85). Actuellement, il existe
un nouveau média plus fin HC 0,5-1 mm de granulométrie comparable à celle du sable.
Dans ce sens, le remplacement du filtre à sable par la Filtralite® HC 0,5-1 mm pourrait
s’annoncer prometteur s’il est combiné avec un dosage de coagulant adéquat. Cette
combinaison mériterait donc d’être testée dans le cadre d’une future étude pilote avec des
conditions de coagulation et de floculation optimisées. Parmi les différentes stratégies de
coagulation mises à l’essai, il est recommandé de retenir un ratio plus élevé de
polyDADAMAC que de PAXL1900. Le ratio 20-80 a par exemple démontré de bons
110
résultats. Cependant, il est plutôt recommandé d’utiliser un ratio variable qui sera fonction
de la qualité des eaux brutes (COD et turbidité). La Ville pourrait potentiellement injecter
une dose fixe du mélange PAXL1900/C592 et puis ajuster le traitement en ajoutant une
dose supplémentaire de C592 qui serait variable selon la demande en coagulant des eaux
brutes. Cette stratégie permettrait d’augmenter les durées de cycles de filtration et
minimiserait la concentration d’aluminium résiduel à l’eau traitée.
111
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