ORSA
ORSA
ORSA
Introduction
Version 2.9
Janvier 2021
Formation
du 2 février 2012
Frédéric PLANCHET
[email protected]
Les objectifs du pilier 2, qui se traduit en pratique par la mise en place d’un
système de gestion des risques et de l’ORSA, sont les suivants :
- s'assurer que la compagnie est bien gérée et est en mesure de
calculer et maîtriser ses risques ;
- s'assurer qu’elle est bien capitalisée.
Le premier de ces points constitue un développement majeur par rapport à
Solvabilité 1.
Il encourage les compagnies à adopter la démarche ERM (Enterprise Risk
Management) afin qu'elles soient en mesure par elles-mêmes d'apprécier et de
mesurer leurs risques.
Plus d’informations sur l’ERM : http://fr.wikipedia.org/wiki/COSO
Les articulations entre les piliers un et deux peuvent être schématisées comme
suit :
Trois évaluations distinctes sont demandées dans le cadre de l’ORSA (cf. ACPR
[2014], dont on reprend ci-après les intitulés) :
- l’évaluation du besoin global de solvabilité ;
- l’évaluation du respect permanent des obligations réglementaires
concernant la couverture du SCR, du MCR et des exigences concernant le calcul
des provisions techniques ;
- l’évaluation de la mesure dans laquelle le profil de risque de l’organisme
s’écarte des hypothèses qui sous-tendent le calcul du SCR.
Les risques pris en compte sont d’une part les risques quantifiables (contre
lesquels on peut se prémunir par la détention de capital) et les risques non
quantifiables (risque de réputation, de liquidité).
La deuxième évaluation traduit spécifiquement, une préoccupation liée au respect
prospectif des exigences du pilier 1 compte tenu du plan d’activité de l’organisme.
La préoccupation est plus clairement prudentielle, même si l’évaluation se fait en
tenant compte du plan d’activité de l’organisme. (ACPR [2014])
1. Modèle de base
2. Extensions
SOMMAIRE
3. Application numérique
5. Le cas de l’assurance-vie
At = At −1 (1 + Rt ) − Ft + Ct
At − Lt
t =
SCRt
Mais pour que le modèle soit utilisable en pratique il faut être capable de
calculer le SCR figurant au dénominateur.
NB : attention au biais induit par une approche « en moyenne » (voir ce billet)
SCRt
Ft +1 + 1 + Dt +1 BELt +1 − Ct +1
SCRt =
1 VaR BELt ; 99, 5% − BELt
1 + Dt t
1 + Rt +1
qui est une équation implicite satisfaite par le SCR.
RM t Dt SCRt
c2 2
Ct +1 = Ct exp c − + c e t +1,c t +1 = exp − + e t +1,
2 2
2p a2
BELt +1 = BELt exp p −
+ p e t +1, p + t +1 Ct +1
St +1 = St exp a − + a e t +1,a
2 2
avec la contrainte
p ( t ) = r + ln (1 − )
avec = 1−
BELt = Et ( e − r ( Ft +1 + BELt +1 − t +1 Ct +1 ) )
SCRt
avec ct = 1 + Dt
BELt
Compte tenu de la forme des lois conditionnelles des variables BEL, C et 1+R,
on approche la loi de xhi par une loi log-normale dont les paramètres sont
choisis pour que les deux premiers moments soient exacts.
Cela implique que les 2 premiers moments conditionnels des facteurs de risque
définis ici sont de la forme :
Et (Yt +1 ) = Yt e Y ( )
Vt (Yt +1 ) = Yt 2 e2 Y eY − 1
2
avec :
c + BEL e p − 1 − c C e c
( ) ( t ) t
(
t2 = ln 1 + t2 ) t = ln t
t
1 + 2
t
( ct + )
2
BEL e 2
t
2p
e ( 2p
)
−1 + c e
2
t
2
( 2
)
− 1 Ct2 e2 c + c +
2
t =
C e
t
2 2 c
( c2
)
e − 1 (1 − ct )
2
( ct + ) BELt e − (1 − ct ) Ct e
p c
SCRt =
1
1 + Dt
(
exp ( t ( ) + t ( ) −1 ( 99, 5%) ) − BELt )
Cette équation est implicite car le SCR en t est présent dans les paramètres t ( )
et t ( ) . Elle se résout simplement par dichotomie.
2
Le calcul de la valeur nette de l’actif (NAV / BOF) repose quant à lui sur les
équations déjà mentionnées :
At = At −1 (1 + Rt ) − Ft + Ct
1. Modèle de base
2. Extensions
SOMMAIRE
3. Application numérique
5. Le cas de l’assurance-vie
( F + BELtj+1 − Ct j+1 ) + RM t +1
n
j
t +1
j =1
t +1 =
1 + Rt +1
et on peut donc utiliser encore une approximation par une loi log-normale de la loi
conditionnelle de xhi, seul le calcul des deux premiers moments du numérateur est
modifié. Il est simple de prendre en compte la dépendance entre les branches,
pour autant que celle-ci soit mesurée par des coefficients de corrélation entre les
lois normales sous-jacentes. On prend ainsi en compte l'effet de l'évolution des
primes sur le mix-produit et peut identifier des arbitrages dans le politique de
souscription.
p2
BELt +1 = BELt exp p − + p e t , p + t +1 Ct +1 + e ( t +1 − 1) Ct
2
avec Zt+1 les nouveaux engagements financés par Ct+1. Zt+1 peut typiquement être
de la forme
- Z t +1 = t +1 Ct +1
Nt +1
- Z t +1 = X i
i =1
Une fois calculé le taux de cession, le montant des cotisations cédées est trivial à
calculer.
Pour ce qui concerne les flux de prestation, on peut proposer comme
approximation de les répartir entre l’assureur et le réassureur au prorata du taux
de cession associé au traité : ce n’est pas tout à fait exact, mais raisonnable.
FX ( x ) x f
FR ( x ) =
FX ( x + p ) x f
1. Modèle de base
2. Extensions
SOMMAIRE
3. Application numérique
5. Le cas de l’assurance-vie
3.1. Paramétrage
Soit une compagnie d’assurance commercialisant un contrat frais de santé :
• ratio combiné moyen de 100 % ;
• commercialisation de 75 M€ de cotisations et allocation 20 % d’actions et
80 % d’obligations (OAT 1 an) ;
• ratio de couverture initial du SCR de 204 % ;
• plan stratégique : maintenir le profil de risque actuel.
3.1. Paramétrage
Préalablement à la mise en œuvre à proprement parler, on valide le caractère
log-normale la loi de xhi.
X − E(X )
P − s p
E(X )
Estimer les paramètres s et p n’est pas simple et nécessite a priori de se
tourner vers des travaux d’économie expérimentale (cf. HOLT et LAURY [2002])
pour imaginer une loterie ad’hoc.
Les résultats présentés ci-avant indiquent que sur la base du plan stratégique
actuel l’ensemble des contraintes définies dans le cadre de la définition de
l’appétit du risque sont vérifiées.
Cependant, la compagnie doit fixer des limites de risque et donc définir des
intervalles d’allocations.
- commercialisation de 75 M€ à 80 M€ ;
1. Modèle de base
2. Extensions
SOMMAIRE
3. Application numérique
5. Le cas de l’assurance-vie
4.1. Contexte
Dans le cas de prestations en rentes on peut observer que
(
Ft = rj 1t ; Tx ( j ) )
jJ
=
Ft (1 + i ) −t
= (1 + i )t rj 1t; (Tx( j ) ) = rj
1 ( ) = r X
1t ; Tx ( j )
(1 + i ) t j j
t =1 t =1 jJ jJ t =1 jJ
(1 + i )t rj P (Tx( j ) t )
1
E () =
t =1 jJ
4.1. Contexte
On trouve facilement
Sx (t )
Sx (t ) +
1 1
ax = E ( X ) = (1 + i )t ( ) = (1 + i )
E X 2
t =1
2t
+ 2
t = 2 (1 + i )
i t
−
1
(1 + i )
2 t +1
Sx (t )
t =1
On peut intégrer ces contraintes en s’appuyant sur GUIBERT et al. [2010] et utiliser
l’approximation :
VaR99,5% ( )
−1
BEL0
SCR = BEL0
VaR99,5% ( )
1 − D0 − 1
BEL0
F1 + BEL1
avec = .
1 + R1
On peut alors observer que la loi de peut raisonnablement être approchée par
L er
1 + R1
qui est (asymptotiquement) gaussienne, conditionnellement aux facteurs de risque
systématiques (risque financier au travers de R1 et, le cas échéant, incertitude sur
la loi de provisionnement). On utilise alors
x − (a )
F ( x ) = P ( x ) = E P ( x a ) → Fa ( da )
(a )
J →+
Et ( t ) = BELt = Et ( e − r ( Ft +1 + BELt +1 ) )
peut s’écrire
Et ( e − r ( Ft +1 + BELt +1 ) − t ) = 0
ce qui légitime l’approximation de F1 + BEL1 par e r (cf. GUIBERT et al. [2010] pour
la justification complète).
Le calcul est donc effectué par simulation des facteurs de risque systématiques :
• Tirage de K réalisations du facteur de risque
Etape n°1 systématique ak
1 K x − ( ak )
• Calcul de la fonction F ( x ) FK ( x ) =
K k =1 ( ak )
Etape n°3
xq
• Inversion pour le calcul du SCR xq = FK−1 ( q ) −1
Etape n°4 BEL0
SCR = BEL0
xq
1 − D0 − 1
BEL0
Dans le cas considéré ici, il s’agit d’un risque de contrepartie de type 1 (cf. art. 138
du règlement délégué) dont les modalités de calcul sont précisées aux articles 200
et 201 et conduisent simplement, avec une seule contrepartie à
SCRdef = c PD (1 − PD ) (1 − RR ) BERec
4.4. Application
Une fois le calcul du SCR en place, on peut utiliser le cadre présenté supra de
manière statique (modèle interne pour le risque de souscription par exemple) ou
dynamique dans le cadre de l’ORSA.
4.4. Application
qxa qx
ln = ln +e
1 − qx 1 − qx
a
a exp ( lg ( qx ) )
q =
a
1 + a exp ( lg ( qx ) )
x
4.4. Application
1. Modèle de base
2. Application numérique
SOMMAIRE
3. Extensions
5. Le cas de l’assurance-vie
5.1. Le contexte
Dans le cas d’un contrat d’épargne ou de retraite, supposer que les risques sont
distribués selon des lois log-normales ou normales n’est pas évident à justifier. Au
surplus, on ne peut plus supposer l’indépendance entre l’actif et le passif :
5.1. Le contexte
Il est donc en pratique nécessaire de développer un modèle de projection ad’hoc
pour le calcul des provisions techniques. Ce modèle s’appuie, pour respecter le
cadre de la « valorisation économique » sur une projection sous une probabilité
risque neutre des facteurs de risque financiers.
L’objectif de ce modèle sera de fournir une évaluation simplifiée des engagements
dont le calcul numérique soit efficace, compte tenu du fait qu’il devra être effectué un
grand nombre de fois, le long de chaque trajectoire (projetée en probabilité
historique) des facteurs de risque.
On présente dans la suite une première approche, bien adaptée aux contrats
d’épargne, qui s’appuie sur BONNIN et al. [2014]. Une variante adaptée à la retraite
est proposée dans BONNIN et al. [2015a].
T
( t , T ) = Si ,t ( u ) ( i ( u ) 1 ( ( t ) , u − t ) + 2 ( ( t ) , u − t ) ) du + Si ,t (T ) 1 ( ( t ) , T − t )
t
( )
T
( t, T ) = (t, T , (t )) = qu −1 1 ( ( t ) , u − t ) + 2 ( ( t ) , u − t )
lu −1
u =t +1 lt
1 ( ( t ) , T − t )
lT
+
lt
s ,a 1 − s2,a − 2
d ( t ) = k ( − ( t ) ) dt + dB A ( t ) + dB ( t )
1− 2 1− 2
( )
A ( t + 1) = A ( t ) exp A + A ( Br ( t + 1) − Br ( t ) ) + 1 − 2 A ( BA ( t + 1) − BA ( t ) ) − F ( t + 1)
A ( t ) e A − r ( t )+ Ae r (t +1)+ 1− 2 Ae A (t +1)
−r t
(
SCRt Et − VaRt − PM ( t ) e ( ) 1 − (1 − qi ( t ) ) e ( ) ) t
− PM ( t ) e(1+ ) ( t ) (1 − qi ( t ) ) ( t + 1, T , ( t + 1) )
La construction d’un modèle pertinent nécessite une réflexion préalable sur les
facteurs de risque principaux et leurs interactions.
ACPR [2014] « Préparation à Solvabilité II : enseignements de l’exercice d’ORSA pilote », Document d’information, Version 1.0.
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In Proceedings of the 2010 ICA congress.
BERA A., JARQUE C. [1980] « Efficient Tests for Normality, Heteroscedasticity and Serial Independance of Regression
Residuals », Economic Letter, 255-9.
BONNIN F., DE CLERMONT-TONNERRE A., PLANCHET F., SAPONE D., TAMMAR M. [2015b], « Valeur économique de
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BONNIN F., COMBES F., PLANCHET F., TAMMAR M. [2015a] « Un modèle de projection pour des contrats de retraite dans le
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