HYDRO

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Introduction à la l'hydrodynamique et à la MHD

Equations générales
- équation de conservation de la masse (masse volumique, densité de qté de mouvement)
- cinématique des fluides: divergence, vorticité, écoulements à potentiel des vitesses
- dérivée particulaire, équation d'Euler et forces: pression, gravité, viscosité
- nombre de Reynolds, temps diffusif et temps dynamique, régime laminaire et turbulent
(exemple de l'atmosphère solaire)
- régime stationnaire: loi de Bernouilli et ses applications
- gaz parfait, équation d'état, énergie interne et enthalpie
- équation de conservation de l'énergie
- équation du mouvement dans un tube magnétique: effets des forces de pression, de gravité et du
champ magnétique (Laplace); écoulement longitudinal et équilibre transversal
- nombre "beta" du fluide en présence d'un champ magnétique; exemple de l'atmosphère solaire

Diffusion/advection du champ magnétique


- équation de diffusion/advection
- nombre de Reynolds magnétique, temps dynamique et temps diffusif
- temps caractéristique de déchirement d'une nappe de courant; reconnexion magnétique

Ondes et chocs
- ondes de pression longitudinales
- ondes magnétiques transversales dites d'Alfvèn
- ondes de gravité: la houle
- discontinuités: ondes de choc hydrodynamiques
- un exemple d'écoulement transsonique: le vent solaire

L'hydrodynamique traite des mouvements fluides et est basée sur la description du milieu
comme constitué d’un gaz de vitesse macroscopique v et de masse volumique ρ, sous l’action de
forces comme les forces de pression, de viscosité, de pesanteur ou encore de Laplace (s'il y a des
courants électriques). En présence de champ magnétique, l'hydrodynamique devient la magnéto
hydrodynamique ou MHD, résultat du couplage entre les équations de l'hydrodynamique et de
l'électromagnétisme (Maxwell). Dans ce qui suit, les vecteurs sont écrits en gras.

I – Les équations de base de l'hydrodynamique

1 - Remarques générales sur les équations de conservation


Les lois de conservation d'un champ scalaire ρ (x, y, z, t) (exemple: densité volumique de masse ou
d'énergie) suivent une équation de conservation du type :
ρv dS
∂ρ/∂t + div(ρv) = s
dS
V
S

où v est le vecteur vitesse et s un terme source ou perte (selon son signe). Par intégration sur un
volume V fermé par une surface S, on obtient en appliquant le théorême d’Ostrogradski, où dv est
un élément de volume et dS un élément de surface orientée (dS = n dS, n normale à la surface) :

∂/∂t [∫∫∫ ρ dv] + ∫∫ ρ v.dS = ∫∫∫ s dv


∫∫ ρ v.dS est le flux de la quantité ρ à la frontière entourant le volume V. Introduisons vn,
composante normale de v à la surface fermée S qui enveloppe le volume :

∂/∂t [∫∫∫ ρ dv] + ∫∫ ρ vn dS = ∫∫∫ s dv


On constate, à partir de cette équation, que la quantité ∫∫∫ ρ dv (par exemple: masse, énergie du
volume V) est conservative à condition que :
- il n’y ait pas de terme source ou perte (s = 0)
- le flux de ρ sur la frontière soit nul, ∫∫ ρ vn dS = 0 (les entrées compensent les sorties aux
frontières)

En régime stationnaire et en l'absence de terme source s, div(ρv) = 0 se traduit par ∫∫ ρ v.dS = 0 sur
la surface fermée S, ce qui signifie que les entrées sont compensées par les sorties aux frontières.

Remarque: l'équation de Maxwell flux div B = 0 a la même signification: ∫∫ B.dS = 0 sur la surface
fermée S entourant le volume V implique que le flux magnétique entrant est égal au flux sortant.

2 - Equation de conservation de la masse (équation de continuité)


∂ρ/∂t + div(ρv) = 0 ρv est la densité volumique de quantité de mouvement

En régime stationnaire, div(ρv) = 0 signifie ∫∫ ρ v.dS = 0 sur la surface fermée S entourant le


volume V; c'est la conservation du débit massique (en kg s-1): masse entrante = masse sortante.
Si le fluide est incompressible, ∫∫ v.dS = 0 est la conservation du débit volumique (en m3 s-1):
volume entrant = volume sortant.

3 - cinématique des fluides


div v caractérise les mouvements convergents/divergents

Un champ de vitesse, en coordonnées polaires, tel que v = vr er = k r er,


k constante, est tel que:
rot v = 0 et div v = 1/r ∂(r vr)/∂r = 2 k k>0 k<0

k > 0: les mouvements sont divergents


k < 0: les mouvements sont convergents

rot v caractérise les mouvements de rotation, les tourbillons

Un champ de vitesse, en coordonnées polaires, tel que v = vθ eθ = ω r eθ,


ω constante, est tel que:
div v = 0 et rot v = 1/r ∂(r vθ)/∂r ez = 2 ω ez

ω > 0: le fluide est en rotation dans le sens trigonométrique, ω<0 ω>0


sa vorticité 2 ω est positive
ω < 0: le fluide est en rotation dans le sens horaire,
sa vorticité 2 ω est négative

rot v est la vorticité


Ω = 1/2 rot v est le vecteur tourbillon

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Lignes fluides ou lignes de courant

Lignes du champ des vitesses définies en un point M par la colinéarité entre v (vx , vy , vz) et la
tangente locale à la ligne de champ dOM, soit v = k dOM (k réel), ce qui donne les équations:

dx / vx = dy / vy = dz / vz

Ecoulement incompressible

Un tel écoulement est à divergence nulle: div v = 0

Ecoulement irrotationnel à potentiel des vitesses

Un écoulement est dit irrotationnel lorsque sa vorticité est nulle: rot v = 0

Dans ce cas, il existe une fonction potentiel des vitesses φ telle que v = grad φ

et si en plus le fluide est incompressible, ce potentiel obéit à l'équation de Laplace ∆φ = 0

Analogie cinématique des fluides incompressibles et magnétostatique

div v = 0 div B = 0
rot v = 2 Ω rot B = µ0 j

sont des équations analogues; v est à flux conservatif et obéit au "théorême d'Ampère":

∫ v.dl = 2 ∫∫ Ω. dS

La circulation du champ de vitesse v sur un contour fermé C est égal au flux de la vorticité au
travers de la surface S enlacée par ce contour

→ exemple: cas d'un vecteur tourbillon constant, écoulement orthoradial

On choisit un contour circulaire de rayon r surlequel s'appuie le disque de surface π r²

∫ v.dl = 2 π r v
∫∫ Ω. dS = Ω π r² d'où l'écoulement orthoradial (tourbillon) v = Ω r

Analogie écoulements irrotationnels incompressibles et électrostatique

div v = s div E = ρ/ε0


v = grad φ E = - grad V
rot v = 0 rot E = 0

où s est un terme source ou perte en s-1 (selon son signe); ces équations sont analogues; v est à
circulation conservative et obéit au "théorême de Gauss":

∫∫ v.dS = ∫∫∫ s dV = S (m3 s-1)

Le flux du champ de vitesse v à travers une surface fermée S est égal au débit S de la source
intérieure au volume V entouré par cette surface

3
→ exemple: cas d'une source à symétrie sphérique de débit d pour r < R et nul pour r > R

L'écoulement est radial; on choisit une surface de Gauss sphérique de rayon r

si r < R: v 4π r² = s 4/3 π r3 d'où l'on déduit v = s r/3

si r > R: v 4π r² = s 4/3 π R3 d'où l'on déduit v = s R3 / 3r²

Ecoulements 2D irrotationnels incompressibles dans un plan xOy

Un tel écoulement est tel que div v = 0 et rot v = 0.

C'est l'analogue des champs potentiels en magnétostatique. On a ∆v = 0 équation de Laplace.

Dans un espace à deux dimensions (plan xOy) avec v (vx, vy, 0) dépendant seulement des
coordonnées x et y de l'espace, on peut écrire v = grad φ(x,y) fonction potentiel d'une part, et
d'autre part v = rot (ψ(x,y) ez), ce qui implique v = grad ψ Λ ez, avec grad (∂/∂x, ∂/∂y, 0).

φ(x,y) = constante est l'équation des lignes équipotentielles


ψ(x,y) = constante est l'équation des lignes de champ ou lignes fluides

De l'égalité v = grad φ = grad ψ Λ ez,


on voit que les fonctions φ(x,y) et ψ(x,y) obéissent aux conditions de Cauchy:

vx = ∂φ/∂x = ∂ψ/∂y
vy = ∂φ/∂y = - ∂ψ/∂x

impliquant ∆φ = ∆ψ = 0. Les deux fonctions sont donc harmoniques car leur Laplacien est nul.

Posons z = x + i y et z* = x - i y son conjugué et considérons la fonction complexe f(z,z*) = φ + i ψ

On peut évaluer assez aisément ∂f/∂z ainsi que ∂f/∂z*.


Par exemple, ∂f/∂z = (∂f/∂x) (∂x/∂z) + (∂f/∂y) (∂y/∂z) et ∂f/∂z* = (∂f/∂x) (∂x/∂z*) + (∂f/∂y) (∂y/∂z*)
A l'aide du changement de variable:
x = 1/2 (z + z*) et y = -i/2 (z - z*),
on trouve: ∂x/∂z = 1/2, ∂y/∂z = -i/2, ∂x/∂z* = 1/2 et ∂y/∂z* = i/2.

Sachant que f(z,z*) = φ + i ψ, on obtient finalement: ∂f/∂z = ∂φ/∂x - i ∂φ/∂y et ∂f/∂z* = 0

On a donc démontré les deux conclusions essentielles suivantes:

- la fonction complexe f(z) = φ + i ψ est une fonction analytique de la variable z = x + i y

- df(z)/dz = vx - i vy

Le champ des vitesses complexe vx - i vy dérive donc du potentiel complexe f(z) = φ + i ψ

→ exemple: si l'écoulement se fait à vitesse constante,


f(z) = (vx - i vy) z = (vx - i vy) (x + i y) = (x vx+ y vy) + i (- x vy + y vx) = φ + i ψ
φ(x,y) = x vx+ y vy donne les lignes équipotentielles y = - (vx/vy) x + cte (droites)
ψ(x,y) = - x vy + y vx donne les lignes de champ y = (vy/vx) x + cte (droites)

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4 - Equation d'Euler du mouvement fluide

ρ dv/dt = - grad P + f

où f désigne les forces par unité de volume (N m-3) autres que les forces dûes à la pression P.
dv/dt s'appelle dérivée particulaire de la vitesse. Comme la vitesse du fluide en un point M(x,y,z) de
l'espace dépend de x, y, z et t (description eulérienne à 4 variables), on peut écrire:

dv = ∂v/∂x dx + ∂v/∂y dy + ∂v/∂z dz + ∂v/∂t dt


d'où dv/dt = ∂v/∂x dx/dt + ∂v/∂y dy/dt + ∂v/∂z dz/dt + ∂v/∂t
= vx ∂v/∂x + vy ∂v/∂y + vy ∂v/∂z + ∂v/∂t = (vx ∂/∂x) v + (vy ∂/∂y) v + (vy ∂/∂z) v + ∂v/∂t

dv/dt = v.grad(v) + ∂v/∂t

Dans la description Lagrangienne, qui suit le fluide, la quantité dv/dt est l’accélération. Dans la
description Eulérienne (position fixe), l’accélération est la somme de l'accélération locale ∂v/∂t et
de l'accélération convective v.grad(v). L'opérateur v.grad est vx ∂/∂x + vy ∂/∂y + vy ∂/∂z.

Remarque: on a l'identité v.grad(v) = grad(v²/2) + rot v Λ v où rot v = 2 Ω (vecteur tourbillon);


un écoulement irrotationnel est tel que v.grad(v) = grad(v²/2).

L'équation du mouvement ou équation d'Euler devient:

ρ [ ∂v/∂t + v.grad(v) ] = - grad P + f (f en N m-3)

Par exemple, f = ρ g + j Λ B + ν ρ ∆v (en N m-3), expression de la force dans laquelle:

1) ρ g est le poids volumique

2) j Λ B est la force de Laplace volumique, j désignant la densité de courant (A m-2) reliée à


l’intensité du courant électrique total I (Ampères) par la loi I = ∫∫ j dS (flux de la densité j).

3) µ ∆v sont les forces de frottement visqueuses par unité de volume; l'équation d'Euler en présence
de viscosité porte alors le nom d'équation de Navier Stokes; dans cette expression, ∆v est le
Laplacien du vecteur vitesse; µ est la viscosité dynamique en Poiseuille (Pa s ou encore kg m-1 s-1);
on définit aussi la quantité ν = µ/ρ comme étant la viscosité cinématique en m² s-1.
Numériquement, et en première approximation pour un gaz, on a :
µ = ν ρ = 2.2 10-17 T5/2 kg m-1 s-1 (Poiseuille), où T est la température en Kelvins;
- dans les conditions de la photosphère solaire, avec T = 104 K et ρ = 10-7 kg m-3, la viscosité
dynamique µ est voisine de 10-7 Poiseuille et que la viscosité cinématique ν est voisine de 1 m² s-1.
- dans la couronne solaire, avec T = 106 K et ρ = 10-12 kg m-3, on trouve µ voisin de 10-2 Poiseuille
et ν voisin de 1010 m² s-1.

Equation de Navier Stokes stationnaire: exemple de l'écoulement de Couette plan

y
plaque mobile vitesse u ex

v = v(y) ex
a fluide visqueux
plaque fixe
x
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Dans cet écoulement entre deux plans (y = 0 et y = a), le fluide visqueux est entraîné par une plaque
mobile horizontale en y = a. Le problème ne dépend que de la variable y et la vitesse du fluide est
selon Ox. Dans la direction Oy, l'équation de Navier Stokes est celle de l'équilibre hydrostatique:

- dP/dy - ρ g = 0 d'où P(y) = P(0) - ρ g y (si incompressible)

Dans la direction Ox, il n' a pas de gradient de pression, l'équation de Navier Stokes se réduit à:

∆v = 0 soit d²v/dy² = 0 avec les conditions aux limites v(0) = 0 et v(a) = u, d'où v(y) = u (y/a)

Equation de Navier Stokes stationnaire: exemple de l'écoulement de Poiseuille plan


y

v = v(y) ex fluide visqueux


2a
x
PA > PB PB

l
Dans cet écoulement entre deux plans (y = - a et y = a), le fluide visqueux est entraîné vers la droite
par un gradient de pression uniforme et égal à (PB - PA)/l < 0. Le problème ne dépend que de la
variable y et la vitesse du fluide est selon Ox où l'équation de Navier Stokes se réduit à:

- dP/dy + µ ∆v = 0 soit d²v/dy² = (PB - PA)/ µ l < 0

avec les conditions aux limites v(- a) = v(a) = 0, on obtient v(y) = 1/2 [(PA - PB)/ µ l] (a² - y²)

Le profil des vitesses est parabolique entre les deux plans.

La force de frottement fluide exercée sur les plans y = ± a de surface S est donnée par la loi:

F = - µ |dv/dy| S ex en y = ± a (unité: N), elle est opposée au mouvement.

ce qui donne en module: F = [(PA - PB)/ l] S a

Le débit volumique D est obtenu par intégration du profil des vitesses v(y) sur la section entre les
plans y = ± a, il est proportionnel au gradient de pression, qui fait avancer le fluide:

D =2/3 [(PA - PB)/ µ l] a3 d (unité: m3 s-1)

où d est une dimension caractéristique orthogonale au plan de la figure, selon Oz (la section entre
les plans étant de surface 2 a d)

Les échelles de temps caractéristiques: temps dynamique et temps diffusif


En l’absence de forces autres que visqueuses, l’équation du mouvement sécrit:

ρ [ ∂v/∂t + v.grad(v) ] = ν ρ ∆v

la partie diffusive ∂v/∂t = ν ∆v (il s'agit d'une équation de diffusion pure) possède une constante de
temps caractéristique, dite temps diffusif:

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τdiff = L²/ ν

et la partie convective ∂v/∂t = - v.grad(v) possède une constante de temps, dite temps dynamique:

τ = L/v

Le rapport de ces deux temps caractéristiques est appelé nombre de Reynolds (L et v sont
respectivement des longueurs et vitesses caractéristiques du système fluide):

Re = τdiff / τ = L v/ ν

Re représente aussi le rapport entre la force convective ║ ρ v.grad(v)║ et visqueuse ║ ρ ν ∆v║.

Dans les conditions de la photosphère solaire, avec T = 104 K, L = 104 km, v = 1 km/s, ν = 1 m² s-1,
Re est voisin de 1010, ce qui signifie que les termes visqueux sont négligeables dans ce régime.
Dans la couronne, avec T = 106 K, L = 105 km, v = 100 km/s, ν = 1010 m² s-1, Re avoisine103.

Ecoulement permanent laminaire, turbulent

L'équation du mouvement devient en régime permanent et en ne considérant que les forces de


pression et de frottement:

ρ v.grad(v) = - grad P + ν ρ ∆v

Si Re << 1, alors ║v.grad(v)║ << ║ν ∆v║; il reste - grad P + ν ρ ∆v = 0; cette équation est linéaire
en v et l'écoulement est laminaire car sa solution est unique.

Si Re >> 1, alors ║v.grad(v)║ >> ║ν ∆v║; il reste grad P + ρ v.grad(v) = 0; cette équation est non
linéaire en v et l'écoulement est turbulent; il développe des petites échelles locales de variation.

Force d'inertie de Coriolis

La force d'inertie de Coriolis a une action sur le mouvement d’un fluide dans un référentiel en
rotation, comme une étoile. Si Ω est la vitesse angulaire de rotation de l’étoile autour de son axe, la
force d'inertie de Coriolis est, par unité de volume, f = - 2 ρ Ω Λ v (en N m-3). Le temps
caractéristique associé est:

τc = 1/Ω

Sachant que τ = L/v est le temps dynamique, on appelle nombre de Rossby le rapport :

Ro = τc / τ = v /(Ω L)

Ro représente aussi le rapport entre la force advective ║ ρ v.grad(v)║ et de Coriolis ║ ρ Ω Λ v ║.

Dans les conditions de la photosphère solaire, avec L = 104 km, v = 1 km/s, Ω = 2.5 10-6 rd s-1, Ro
est voisin de 100, ce qui signifie que la force de Coriolis peut souvent être négligée. Cependant, aux
grandes échelles (L > 105 km), elle joue un rôle dans la déformation des régions actives.

- Exemple du rôle de la force d'inertie de Coriolis: écoulement géostrophique

On rencontre de tels écoulements en météorologie terrestre ou sur les planètes géantes gazeuses.

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Dans un tel écoulement, la force d'inertie de Coriolis est équilibrée par le gradient de pression:

- grad P - 2 ρ Ω Λ v = 0 où Ω = Ω ez eZ
ez
on en déduit: ez Λ v = - (1/ 2 ρ Ω) grad P M eY

Considérons un point M à la surface d'une Ω eX


planète en rotation autour de l'axe Oz à la
vitesse angulaire Ω.
Soit (ex, ey, ez) le trièdre fixe et (eX, eY, eZ) λ
le trièdre local au point M, le plan (eX, eY) étant ey
horizontal en M, et eZ la verticale locale. O

eZ Λ (ez Λ v) = - (1/ 2 ρ Ω) eZ Λ grad P ex

Nous supposons que le vecteur vitesse v est contenu dans le plan tangent en M donc horizontal de
sorte que eZ .v = 0.
eZ Λ (ez Λ v) = (eZ .v)ez - (eZ.ez) v = - sinλ v où λ est la latitude du lieu (positive au Nord).

En conséquence, v = (1/ 2 ρ Ω sinλ) eZ Λ grad P

Cette équation montre que la vitesse v est orthogonale au gradient horizontal de pression; or pour
une altitude Z fixe, les isobares (P = constante) sont aussi orthogonales à grad P puisque dP =
gradP.dOM = 0. Les lignes fluides d'un écoulement géostrophique sont donc parallèles aux
isobares du champ de pression. On pourrait aussi écrire v = rot [- P / (2 ρ Ω sinλ) eZ] si ρ varie peu.

v v

grad P
dépression
grad P

v
v
Ecoulement dans le sens antihoraire autour d'une
dépression dans l'hémisphère Nord (λ > 0)

v v
anticyclone
La grande tache rouge de Jupiter, un
anticyclone dans l'hémisphère Sud en grad P grad P
rotation antihoraire (les sens s'inversent v
entre les hémisphères car sinλ change v
de signe) Ecoulement dans le sens horaire autour d'un
anticyclone dans l'hémisphère Nord (λ > 0)

L'exemple fonctionne aussi pour la circulation des vents en météorologie terrestre.

Force d'inertie centrifuge d'entraînement et applatissement des corps en rotation

La force d'inertie centrifuge d'entraînement est à l'origine de l'applatissement des corps en rotation.
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Son expression est, au point M, de projection H sur l'axe de rotation, par unité de volume:

f = ρ Ω² HM (en N m-3) er
ez
M
La force d'inertie d'entraînement est équilibrée en M
par le gradient de pression et la gravité G:

- grad P + ρ G + ρ Ω² HM = 0 où Ω = Ω ez r

Supposons le corps de densité uniforme, soit λ


ey
ρ = constante (cette hypothèse est fausse, car O
ρ varie en fonction de la distance au cente O).
ex
Le champ de pesanteur d'un corps de densité ρ
uniforme est donné par le théorême de Gauss du champ de gravitation (voir électromagnétisme).

Flux à travers une sphère de rayon r = G 4π r² = (- 4π K) x masse intérieure = (- 4π K) 4/3 π r3 ρ

d'où G = - 4π K ρ r /3 avec r² = OM² = x² + y² + z².

En surface d'une sphère de rayon R, g = 4π K ρ R /3 , d'où G = - g r/R et G = - grad(g r²/2R)

Or HM = x ex + y ey = grad (x²+y²)/2

D'où l'équation d'équilibre: grad ( - P - ρ g (x²+y²+z²)/2R + ρ Ω² (x²+y²)/2 ) = 0

On en déduit: P + ρ (g/R - Ω²) (x²+y²)/2 + ρ g z²/2R = constante

qui sécrit: [(1/R² - Ω²/gR) (x²+y²) + z²/R² ] = 2 (constante - P) / ρ g R

P = constante donne l'équation d'un ellipsoïde de révolution autour de l'axe de rotation Oz. C'est une
sphère si Ω = 0.

Les demi axes sont donnés par 1/a² = 1/R² - Ω²/gR et 1/b² = 1/R²

d'où a = R (1 - Ω²R/g )-1/2 et b = R avec a > b (renflement équatorial)

Comme le renflement équatorial est généralement faible, on peut écrire: a = R ( 1 + Ω²R/2g )

L'applatissement est défini par e = (a - b)/b = Ω²R/2g

Pour la Terre, T = 2π/Ω = 24 heures, g = 9.8 m s-2, on trouve e = 1.7 10-3 (facteur 2 trop faible)
L'ellipsoïde porte le nom de géoïde.

Pour le Soleil, T = 2π/Ω = 26 jours, g = 275 m s-2, on trouve e = 10-5 (bonne valeur)

5 - Mouvement d'un fluide en régime stationnaire

L'équation du mouvement en présence de gravité dans un fluide incompressible mis en mouvement


par les gradients de pression (sans autre force que la gravité) s'écrit:

9
ρ [ ∂v/∂t + v.grad(v) ] = - grad P + ρ g

Elle se simplifie en régime stationnaire où ∂/∂t=0: ρ v.grad(v) = - grad P + ρ g


où g = - grad(g z)Or v.grad(v) = grad(v²/2) – v Λ rot(v)
B
Donc grad(ρ v²/2 + P + ρ g z) – ρ v Λ rot(v) = 0 v
Prenons la circulation le long d’une ligne fluide de A à B:
B B
A
dl
∫ grad(ρ v²/2 + P + ρ g z).dl – ∫ ρ [v Λ rot(v)].dl = 0
A A
B
Or le long d’une ligne fluide, v et dl sont colinéaires, donc ∫ ρ [v Λ rot(v)].dl = 0
A
B
il reste alors: ∫ d(ρ v²/2 + P + ρ g z) = 0
A
d’où ½ ρ v² + P + ρ g z = constante sur une ligne fluide loi de Bernouilli

Cas particulier de l’écoulement incompressible et irrotationnel tel que rot(v) = 0

grad(ρ v²/2 + P + ρ g z) – ρ v Λ rot(v) = 0 s’écrit grad(ρ v²/2 + P + ρ g z) = 0


D’où ½ ρ v² + P + ρ g z = constante uniforme pour toutes les lignes fluides
t
Equation compressible dans le repère de FrênetDans un système de coordonnées curvilignesv z
(repère de Frênet local t, n) où v = v t: B
v.grad(v) = v d(v t)/ds = d(v²/2)/ds t + v² n/r M
r
Selon t : ρ d(v²/2)/ds = - dP/ds - ρ g dz/ds
n
Selon n : ρ v²/r = dP/dr + ρ g dz/dr C
s est l’abscisse curviligne de M le long de la ligne fluide AB et A
r = ||CM|| est le rayon de courbure en M, C étant le centre de courbure.
En l’absence de gravité dans la direction CM, dP/dr = ρ v²/r > 0 effet Coanda
Autour d’un obstacle, la pression augmente en s'éloignant du
centre de courbure: c'est l'effet Coanda
exemple: aile d'avion
la pression loin de l'aile est P0 pression atmosphérique.
Sur l'extrados (dessus): dP/dr > 0 → PE < P0 dépression
Sur l'intrados (dessous): dP/dr > 0 → PI > P0 surpression

Si le milieu est est incompressible (ρ = constante), l'équation selon t devient simplement:

½ ρ v² + P + ρ g z = constante sur une ligne fluide, on retrouve la loi de Bernouilli

Exemple d'application n°1: loi de Torricelli (fluide incompressible)


Entre A et B points à la pression atmosphérique P0:
A, v=0
½ ρ v² + P + ρ g z = constante
h
s'applique ainsi: P0 + ρ g h = ½ ρ v² + P0
B, vitesse v
d'où v =(2 g h)1/2

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Exemple d'application n°2: siphon ou vidange d'un tube compressible de section constante

ρ v = constante (conservation de la masse)

ρ v dv/ds = - dP/ds - ρ d(gz)/ds avec ρ v = constante donne une


nouvelle équation:
PA, vA P B , vB d(ρv² + P)/ds = - ρ d(gz)/ds
PA > PB
1) si l'on néglige la gravité: ρv² + P = constante entre A et B
Mécanisme du siphon ρAvA = ρBvB
de A vers B ρAvA² + PA = ρBvB² + PB = ρAvAvB + PB

→ ρAvA(vB- vA) = PA - PB → vB = vA + (PA - PB)/ρAvA


2) si l'on néglige la pression,

1/2 v² + g z = constante

mécanisme de vidange (chute libre)

Ecoulement de Bernouilli dans des "tuyaux" magnétiques de l'atmosphère solaire: à gauche,


densité de matière, à droite, vitesses Doppler (projection du vecteur v sur la ligne de visée; en
rouge mouvements d'éloignement, en bleu mouvements d'approche)
Exemple d'application n°3: pression d'arrêt sur un obstacle

Entre A et B: ½ ρ v² + P + ρ g z = constante

d'où ½ ρ vA² + PA = PB > PA PA, vA PB


obstacle
PB est la pression d'arrêt. vB = 0

Application: sonde de Pitot pour la mesure de la vitesse


d'un avion. La mesure de la surpression PB - PA permet une mesure de vA connaissant ρ.

Exemple d'application n°4: effet Venturi (col, obstacle)

Section SB,
P B , vB Conservation du débit volumique du
11 fluide incompressible:
S A vA = S B vB
S A > S B → vB > vA
Section SA,
PA, vA

obstacle

Exemple d'application n°5: Tourbillon de Rankine incompressible à vitesse angulaire ω constante


(vortex, tornade, cyclone...)

Considérons un écoulement symétrie cylindrique autour de l'axe vertical Oz (vortex, tourbillon)


dont le vecteur vitesse v = v(r) eθ est orthoradial et ne dépend que de la variable radiale r (distance à
l'axe Oz du tourbillon). On choisit les coordonnées cylindriques (r, θ, z); la gravité s'écrit g = - g ez,
et l'écoulement obéit à la loi:

rot(v) = 2 ω ez
ω ez est le vecteur rotation du tourbillon; la vorticité vaut 2 ω.
ω, vitesse angulaire, est telle que pour 0 < r < R, ω = ω0 = constante et pour r > R, ω = 0

- champ des vitesses (fonction de r) déterminé par le théorème d’Ampère de la mécanique des
fluides (basé sur le théorème de Stokes):

∫∫ rot(v).dS = ∫ v.dl = 2 ∫∫ ω dS = 2 ω S où S est la surface (disque de surface πr²) enlacée par un


contour circulaire fermé de rayon r quelconque et de périmètre 2πr:

r < R : v 2πr = 2 ω0 πr² → v(r) = ω0 r


r > R : v 2πr = 2 ω0 πR² → v(r) = ω0 R²/r
dans ce second cas r > R, la densité volumique de moment cinétique [ρ v r] est constante et il existe
un potentiel des vitesses Φ(θ) = ω0 R² θ ; l’écoulement est irrotationnel (rot(v) = 0).

- champ de pression déterminé par l’équation d’Euler:


grad(ρ v²/2 + P + ρ g z) – ρ v Λ rot(v) = 0 où v Λ rot(v) = v(r) eθ Λ 2 ω ez = 2 ω v(r) er
Soit en projection sur er : d(ρ v²/2 + P + ρ g z)/dr = 2 ρ ω v(r)
r < R : ω = ω0 ; v = ω0 r → d(ρ ω0² r² /2 + P + ρ g z)/dr = 2 ρ ω0² r

→ ρ ω0² r² /2 + P + ρ g z = ρ ω0² r² + cte → P + ρ g z –1/2 ρ ω0² r² = P0


La constante P0 est la pression en z = 0 et en r = 0.
4
r > R : ω = 0 ; v = ω0 R²/r → P + ρ g z +1/2 ρ ω0² R /r² = constante telle que

les deux équations se raccordent en r = R, d’où P + ρ g z + ρ ω0² R² ( R²/2r² - 1) = P0

- surface libre: son équation z(r) est donnée par la relation P(r,z) = constante
r < R : ρ g z –1/2 ρ ω0² r² = cte → z = 1/2 (ω0²/g) r² + z0 (z0 constante): c'est une parabole
4 4
r > R : ρ g z +1/2 ρ ω0² R /r² = cte → z = - 1/2 (ω0²/g) R /r² + cte
Les deux équations se raccordent en r = R, d’où z = (ω0² R²/g) (1 – R²/2r²) + z0
Lorsque r → ∞, z → (ω0² R²/g) + z0: il se forme une dépression de profondeur h = ω0² R²/g
- gradient radial de pression

12
r < R : dP/dr = ρ ω0² r = ρ v²/r > 0 dirigé vers l’extérieur du vortex
4
r > R : dP/dr = ρ ω0² R /r3 = ρ v²/r > 0 dirigé vers l’extérieur du vortex

- cas limite R → 0
rot(v) = 0 d'où v(r) = C / r pour tout r > 0 (C moment cinétique constant)
L'équation de Bernouilli ρ v²/2 + P + ρ g z = cte,
ce qui donne pour la surface libre z = z∞ – C² / 2gr² (la dépression est de profondeur infinie)
- Cas où z = 0
r < R : ω = ω0 ; P = P0 + 1/2 ρ ω0² r² > P0 (P0 pression en z = 0 et r = 0)
r > R : ω = 0 ; P = P0 + ρ ω0² R² (1 - R²/2r²) > P0
lorsque r → ∞, P → P∞ = P0 + ρ ω0² R² (par exemple, P∞ est la pression atmosphérique)
on obtient alors en introduisant la pression à grande distance P∞ :
r < R : ω = ω0; P = P∞ + ρ ω0² R² (r²/2R² - 1) < P∞
r > R : ω = 0 ; P = P∞ - ρ ω0² R4/2r² < P∞

La dépression maximale est ainsi égale à ∆P = P∞ - P0 = ρ ω0² R²


1/2
Un phénomène de cavitation (P = 0) survient si P0 = P∞ - ρ ω0² R² < 0 soit si ω0 > (P0/ρR²)

La force verticale, vers le haut, exercée sur le vortex de rayon R de surface πR² vaut:
R R
0
F = ∫ (P∞ - P) 2πr dr = ∫ ρ ω0² R² (1 - r²/2R²) 2πr dr = ¾ ∆P πR² force d'arrachement
0

P∝ P∝
cas limite R → 0
1/2
Cavitation possible si ω0 > (P0/ρR²)

P0 Cavitation certaine quand r → 0


0
0 R r 0 r

6 - Equation d’état du gaz


La pression cinétique P dûe aux collisions dans un gaz à la température T et composé de N
particules par unité de volume est donnée par la loi des gaz parfaits:

P=NkT

Pour un gaz constitué de particules de masse m, on peut écrire N = ρ / m,

alors P = ρ k T / m = ρ R T / M ou encore P V = n R T
avec:
P pression (Pa)
T température (Kelvins)
V volume du gaz (m3)
k constante de Botzmann (1.38 10-23 SI) et R constante des gaz parfaits (R = kN = 8.32 J K-1 mole-1,
avec N constante d’Avogadro égale à 6.02 1023 particules/mole)
N densité volumique de particules (m-3) et ρ masse volumique (kg m-3)
m masse atomique du gaz (kg) et M masse molaire du gaz = m N (kg)

13
n nombre de moles

Dans la couronne solaire où le milieu est totalement ionisé, on utilise P = 2 ρ k T / m, car pour un
proton de masse m, il y a un électron de masse négligeable, mais qui contribue à la pression.

7 - Milieu isentropique (adiabatique réversible)

L'entropie S de n moles de gaz parfait découle de l'identité thermodynamique:

dU = - P dV + T dS d'où dS = dU/T + P dV/T

Or dU = n Cv dT = n R/(γ-1) dT (loi de Joule) et PV = nRT (loi des gaz parfaits); on en déduit

l'entropie du gaz parfait: S = [n R/(γ-1)] ln(P/ργ) + cte

Pour une transformation isentropique sans échange de chaleur, on a donc P / ργ = constante

dans laquelle γ est l’exposant adiabatique (γ = Cp/Cv = 5/3 pour un gaz monoatomique, rapport des
capacités calorifiques à pression et volume constants, 7/5 pour un gaz diatomique).

Variations comùpressibles autour de la loi de Bernouilli

considérons l'équation du mouvement stationnaire: d(v²/2)/ds = - (1/ρ) dP/ds - d(gz)/ds

- Dans le cadre d'une transformation isentropique:

P / ργ = P0 / ρ0γ = constante implique dP/P = γ dρ/ρ, d'où:

d(v²/2)/ds = - (γP/ρ²) dρ/ds - d(gz)/ds = - (γ P0/ρ0γ) ργ-² dρ/ds - d(gz)/ds

Cette équation s'écrit aussi: d(v²/2)/ds = - (γ/γ-1) (P0/ρ0γ) dργ-1/ds - d(gz)/ds

soit en intégrant: v²/2 + (γ/γ-1) (P0/ρ0) (ρ/ρ0)γ-1 + g z = constante

La quantité (γ P0/ρ0) est le carré de la vitesse du son (voir plus loin).

En introduisant h = (γ/γ-1) (P/ρ) enthalpie massique, on obtient: v²/2 + h + g z = constante.

- Dans le cadre d'une transformation isotherme:

P / ρ = P0 / ρ0 = constante implique dP/P = dρ/ρ, d'où:

d(v²/2)/ds = - (P/ρ²) dρ/ds - d(gz)/ds = - (P0/ρ0) (1/ρ) dρ/ds - d(gz)/ds

Cette équation s'écrit aussi: d(v²/2)/ds = - (P0/ρ0) dlnρ/ds - d(gz)/ds

soit en intégrant: v²/2 + (P0/ρ0) ln(ρ/ρ0) + g z = constante (P0/ρ0 carré de la vitesse du son).

8 - La loi de conservation de l’énergie

14
Cette loi de conservation est la plus difficile à établir. Elle résulte du premier principe de la
thermodynamique :

dU = - P dV + δQ

avec U fonction énergie interne, V volume, P pression, Q quantité de chaleur échangée. A masse
constante, on a m = ρ V, soit V = m / ρ, ce qui donne par unité de masse:

dU/m = - P d(1/ρ) + δQ/m

Appelons u et q respectivement l’énergie interne et la quantité de chaleur échangée par unité de


masse. Il vient : du = (P/ ρ²) dρ + δq, soit encore par unité de temps :

du/dt = (P/ρ²) dρ/dt + δq/dt

Avec d/dt = ∂/∂t + v.grad dérivée particulaire, l’équation ci dessus devient :

∂u/∂t + v.grad u = (P/ρ²) [∂ρ/∂t + v.grad ρ] + δq/dt

L’équation de continuité de la masse nous donne ∂ρ/∂t = - div(ρv) = - ρ div v – v.grad ρ d’où

∂u/∂t + v.grad u = - (P/ρ) div v + δq/dt

Multiplions maintenant les deux membres de cette dernière équation par ρ et combinons là avec
l'équation de continuité; on obtient tous calculs faits l’équation de continuité de l’énergie interne:

∂(ρu)/∂t + div(ρuv) = - P div v + ρ δq/dt

Utilisons maintenant l’équation d'Euler du mouvement ρ [ ∂v/∂t + v.grad(v) ] = - grad P + f


dont on fait le produit scalaire avec le vecteur vitesse v, ce qui donne une puissance:

ρv [ ∂v/∂t + v.grad(v) ] = - v.grad P + f.v

En combinant cette équation avec l'équation de continuité de la masse, on obtient l’équation de


continuité de l’énergie cinétique:
∂(½ ρv²)/∂t + div(½ ρv² v) = - v.grad P + f.v

On peut maintenant sommer l'équation de continuité de l’énergie interne et l'équation de continuité


de l’énergie cinétique en remarquant que div(Pv) = P div v + gradP.v, de sorte que finalement :

∂(ρu + ½ ρv²)/∂t + div[(ρu + ½ ρv² + P) v] = f.v + ρ δq/dt

Appelons maintenant U l’énergie interne par unité de volume et H l'enthalpie par unité de volume.
Comme U = ρu et H = U + P, l’équation de conservation de l’énergie s'écrit :

∂(U + ½ ρv²)/∂t + div[(H + ½ ρv²) v] = f.v + ρ δq/dt (W m-3) avec H = U + P

C'est l'équation de conservation de l’énergie.

Dans cette équation, ρ δq/dt est le taux de production (si positif) ou de perte (si négatif) de chaleur
par unité de volume et de temps (W m-3). Il se met sous la forme phénoménologique:

15
ρ δq/dt = – ρ² Q(T) + div F + autres termes...

relation dans laquelle:

1) ρ² Q(T) est le taux de pertes par rayonnement (la fonction Q(T) est expérimentale, elle est tabulée
et présente un maximum autour de 105 K et décroît en 1/T à haute température, voir ci dessous).

Pertes radiatives.
Fonction Q(T) définie par morceaux en unités MKSA :
Q(T) = χ Tα / mp²
avec mp masse du proton = 1.67 10-27 kg

2) div F est le taux de conduction électronique de la chaleur (parallèle aux lignes de champ
magnétique); F est le flux ou courant de chaleur mesuré en W/m² donné par la loi de Fourier:

F = - k// gradT avec k// = k0 T5/2 = 10-11 T5/2 MKSA, conductivité thermique du milieu

La conductivité thermique dépend de la température. Lorque T varie peu, div F = k// ∆T.

Remarque: la loi de Fourier est à l'origine de l'équation de diffusion de la chaleur.


Si la vitesse est nulle, en posant U = ρ Cv T

∂U/∂t + div F = 0 où U = ρ Cv T (J m-3) avec Cv chaleur massique (J kg-1).

L'équation de diffusion de la chaleur porte sur la température T et s'écrit: ρ Cv ∂T/∂t = k// ∆T


où ∆T est le Laplacien de la température.
Equation de conservation de l'énergie en présence de pesanteur

Si f = ρ g avec g = - grad φ, φ = g z étant le potentiel de pesanteur local, alors f.v = - ρv.grad φ

En combinant avec l'équation de continuité de la masse, on obtient f.v = - div(ρφv) - ∂(ρφ)/∂t, d'où

∂(U + ρφ + ½ ρv²)/∂t + div[(H + ½ ρv² + ρφ) v] = ρ δq/dt

U + ρφ + ½ ρv² est la densité volumique d'énergie interne + potentielle + cinétique.

Considérons maintenant un volume V fermé par une surface S.


La quantité ∫∫ [(H + ½ ρv² + ρφ) v.dS] représente le flux d'énergie aux frontières sur la surface S.
Il y a conservation de l’énergie totale ∫∫∫ (U + ρφ + ½ ρv²) dV dans le volume V si :
- le terme source ou perte δq/dt est nul
- les entrées et sorties d'énergie par la surface frontière fermée S se compensent de sorte que
∫∫ [(H + ½ ρv² + ρφ) v.dS] = 0

16
En régime stationnaire, l'équation de conservation se résume à:

div[(H + ½ ρv² + ρφ) v] = ρ δq/dt

9 - Formulation de l’énergie interne U et de l’enthalpie H par unité de volume/masse


Pour un gaz parfait, la loi de Joule s'écrit: U = (ρ/M) Cv T et H = (ρ/M) Cp T = U + P

M est la masse molaire du gaz ; Cp et Cv sont les capacités calorifiques molaires à pression et
volume constant.
Avec γ = Cp/Cv, Cp – Cv = R (constante des gaz parfaits), on a Cv = R/(γ – 1) et Cp = R γ /(γ – 1)

Les fonctions U et H s’écrivent par unité de volume avec m masse atomique :

U = (ρ/m) kT / (γ – 1) = P/(γ – 1) et H = (ρ/m) kT γ / (γ – 1) = P γ / (γ – 1) (J m-3)

Pour un gaz monoatomique, γ = 5/3 entraîne U = 3/2 N kT et H = 5/2 N kT (N densité en m-3).

Pour un gaz d’hydrogène totalement ionisé (dans la couronne solaire), on aurait en raison de la
neutralité électrique ρ = 2 ρ protons

On utilise aussi l'énergie interne massique u et l'enthalpie massique h définis par:

u = kT / [m (γ – 1)] = [1/(γ – 1)] (P/ρ) et h = (kT/m) γ/(γ – 1) = (P/ρ) γ/(γ – 1) (J kg-1)

10 - Equation de conservation de l'énergie en présence de champ magnétique


Pour mémoire seulement, en présence de champ électro-magnétique, l'équation devient:

∂( U + ρφ + ½ ρv² + ε0E²/2 + B²/2µ0)/∂t + div[(H + ½ ρv² + ρφ) v + P] = ρ δq/dt - j²/σ

où P = (E Λ B)/µ0 est le vecteur de Poynting vu en électromagnétisme,

ou puissance électromagnétique transportée par unité de surface (W m-2).

Un terme de perte par effet Joule - j²/σ (σ conductivité électrique en S m-1) s'ajoute négativement au
taux de production ou de perte de chaleur ρ δq/dt (W m-3).
σ = 8 10-4 T3/2 S m-1 pour le plasma solaire à la température T.

U + ρφ + ½ ρv² + ε0E²/2 + B²/2µ0 est la densité volumique d'énergie interne + potentielle


+ cinétique + électrique + magnétique (J m-3).

En régime stationnaire, div[(H + ½ ρv² + ρφ) v + P] = ρ δq/dt - j²/σ

II – Ecoulement en régime stationnaire dans un tube de courant

17
Un tube de courant est tel que ses parois latérales sont des lignes du champ des vitesses, appelées
aussi lignes de courant.
Le vecteur vitesse v est donc tangent aux parois.
En régime stationnaire, avec ∂/∂t = 0, on a:

Conservation de la masse:
div(ρv) = 0

Conservation de l'énergie:
div[(H + ½ ρv² + ρφ ) v] = ρ δq/dt

1 - mouvement longitudinal le long du tube de courant

D'après le théorême d'Ostrogradski sur le volume dV:


dV div(ρv) dV = ∫∫ ρv.dS
flux entrant flux sortant Le long du tube de courant, ρv.dS = 0 sur les surfaces
latérales; il reste pour le volume dV = S ds:
div(ρv) S ds = flux sortant - flux entrant
abscisse s s + ds = [ρvS](s+ds) - [ρvS](s)
section S(s) S(s+ds) = ∂[ρvS]/∂s ds
débit [ρvS](s) [ρvS](s+ds)
d'où: div(ρv) = 1/S ∂[ρvS]/∂s

Le long d’une ligne de courant, en un point d’abscisse curviligne s et de section S(s), div(ρv) = 0
s’écrit, en supposant que le diamètre du tube est petit partout devant sa longueur L (soit en ordre de
grandeur S1/2 << L):

1/S d(ρvS)/ds =0, d'où: ρ v S = constante

Le long de cette même ligne fluide, en un point d’abscisse curviligne s et de section S(s), l'équation
de conservation de l'énergie s'écrit:

1/S d[(H + ½ ρv² + ρφ) v S]/ds = ρ δq/dt


soit d[(H + ½ ρv² + ρφ) v S]/ds = ρ S δq/dt

et avec ds = v dt, on obtient: d[(H + ½ ρv² + ρφ) v S] = ρ S v δq

Utilisons de nouveau l'enthalpie h par unité de masse (H = ρh); comme ρ v S = constante, il vient:

d(h + ½ v² + φ) = δq

soit finalement: ∆(h + ½ v² + φ) = q ( J kg-1)

ou le symbole ∆ désigne la variation massique de la quantité h + ½ v² + φ entre l'entrée et la sortie;


q est la chaleur échangée par unité de masse.

Si le fluide est incompressible, on a ∆(H + ½ ρv² + ρφ) = Q ( J m-3)


ou le symbole ∆ désigne la variation volumique de la quantité H + ½ ρv² + ρφ entre l'entrée et la
sortie; Q est la chaleur échangée par unité de volume.

18
Cependant, H = U + P, donc ∆H = ∆U + ∆P et le premier principe de la thermodynamique indique,
à volume constant, que ∆U = Q. On retrouve ainsi la loi de Bernouilli:

∆(P + ½ ρv² + ρφ) = 0

Si l'écoulement a lieu dans un tube magnétique, les lignes de courant étant supposées colinéaires
aux lignes du champ magnétique, on doit adjoindre l'équation de Maxwell flux div B = 0.

Le long d’une ligne de champ de section S variable, div B = 0 s’écrit 1/S d(BS)/ds = 0, s étant
l'abscisse curviligne, d'où

B S = constante

2 - Force de Laplace; mouvement longitudinal et équilibre transversal


En présence de champ magnétique, la force de Laplace par unité de volume est f = j Λ B

La densité de courant j provient de l'équation de Maxwell Ampère dans l'Approximation des


Régimes Quasi Stationnaires (ARQS):

rot B = µ0 j

On a négligé dans cette approximation le courant de déplacement ε0 ∂E/∂t, la vitesse caractéristique


du fluide v étant négligeable devant C vitesse de la lumière. Sachant que :

grad B² = 2 B Λ rot B + 2 B.grad B

on en déduit f = (rot B / µ0) Λ B = B.grad B / µ0 - grad (B²/2µ0)

tension magnétique pression magnétique

Dans le repère de Frênet, avec t vecteur unitaire tangent aux lignes de champ, on a B = B t, et :

B.grad B = B d/ds(Bt) = B² dt/ds + B dB/ds t


Or dt/ds = n / R, R rayon de courbure de la ligne de champ, et n normale à la ligne de champ

donc f = j Λ B = - grad (B²/2µ0) + B²/(µ0R) n + d(B²/2µ0)/ds t

f = j Λ B = - grad┴(B²/2µ0) + n B²/(µ0R)

où grad┴ est le gradient dans la direction perpendiculaire aux lignes de champ (orthogonale à t).

En présence d’un écoulement stationnaire parallèle aux lignes de champ magnétique, le vecteur
vitesse est v = v t, et le terme v.grad v = v d(vt)/ds se décompose en :

v.grad v = v²/R n + d(v²/2)/ds t

de sorte que l’équation du mouvement ρ v.grad v = - grad P + ρg + j Λ B

devient avec le champ de pesanteur g = - grad (g z):

19
ρv²/R n + ρ grad//(v²/2) = - grad┴(P+B²/2µ0) + n B²/(µ0R) – grad//P - ρ grad//(gz) - ρ grad┴(gz)

où grad// = d/ds est le gradient dans la direction des lignes de champ (direction t).

En projection dans la direction t du mouvement et du champ magnétique, on obtient:

ρ grad//(v²/2) = – grad//P - ρ grad//(g z)

En projection dans la direction n orthogonale au mouvement et au champ magnétique:

(ρv² - B²/µ0)/R n = - grad┴(P+B²/2µ0) - ρ grad┴(g z)

Pour un fluide incompressible, dans la direction du mouvement et du champ magnétique, on a:

grad// (ρv²/2 + P + ρgz ) = 0

c'est la loi de Bernouilli ρv²/2 + P + ρgz = constante sur une ligne de champ

dans laquelle le champ magnétique n'intervient pas; le fluide glisse donc le long de "tuyaux
magnétiques".

Pour un fluide incompressible dans une configuration de lignes fluides et magnétiques telles que le
rayon de courbure R → ∞, la projection dans la direction orthogonale donne:

grad┴ (P + B²/2µ0 + ρ g z) = 0

C’est la loi de l’équilibre transversal entre pression gazeuse et magnétique

P + B²/2µ0 + ρ g z = constante dans laquelle la vitesse n'intervient pas.

B²/2µ0 est la pression magnétique.

Le paramètre β du plasma est égal au rapport de la pression gazeuze à la pression magnétique:

β = P / (B²/2µ0) (nombre sans dimension)


Si β >1, les forces de pression dominent ; et si β <1, les forces magnétiques dominent.

β varie énormément dans l’atmosphère solaire, non pas à cause de la variation du champ
magnétique en altitude, mais parce que la pression du gaz varie très vite en fonction de l'altitude z:

- dans la photospère calme, β >>1 car P = 103 Pa et B²/2µ0 est voisin de 1 Pa (avec B = 10-3 T)
- dans la chromosphère calme, β ≈ 1 car P = 1 Pa et B²/2µ0 est voisin de 1 Pa (avec B = 10-3 T)
- dans la couronne, β << 1 car P = 10-4 Pa et B²/2µ0 est voisin de 1 Pa (avec B = 10-3 T)

La chromosphère solaire réalise une sorte de transition entre un milieu dominé par les forces de
pression et un milieu dominé par les forces magnétiques.

Les taches (champ fort de l'ordre de 0.1 T) ont toujours β << 1. En effet, P = 103 Pa et B²/2µ0 est
voisin de 104 Pa ou plus.

20
III - Equation de diffusion et d’advection du champ magnétique
On prend le rotationnel de l'équation de Maxwell Ampère en ARQS: rot B = µ0 j

or rot rot B = grad(div B) – ∆B = µ0 rot j; on obtient donc ∆B = - µ0 rot j car div B = 0

Avec la loi d’Ohm j = γ (E + v Λ B) où γ est la conductivité électrique du plasma, on trouve :

∆B = - µ0 rot ( γ (E + v Λ B) ) = - µ0 γ rot ( E ) - µ0 γ rot ( v Λ B )

où on a fait l'hypothèse simplificatrice que la conductivité γ ne varie pas dans l’espace (ce qui n'est
pas vrai, pour l'atmosphère solaire, à cause de la température hétérogène car γ = 8 10-4 T3/2 S m-1).

Avec l'équation de Maxwell Faraday rot E = - ∂B/∂t , on obtient:

∆B = µ0 γ ∂B/∂t - µ0 γ rot ( v Λ B )

soit l' équation de diffusion et d’advection du champ magnétique :

∆B / µ0 γ + rot (v Λ B) = ∂B/∂t

- Dans un milieu de conductivité infinie, on a simplement rot (v Λ B) = ∂B/∂t


qui constitue une équation de transport ou d’advection du champ magnétique dont le temps

caractéristique est le temps dynamique égal à τ = L/v (avec L dimension caractéristique).

- Dans un milieu au repos, ∆B / µ0 γ = ∂B/∂t est une équation de diffusion pure,

dont le temps caractéristique (temps de diffusion) est égal à τd = L² µ0 γ

1 - Echelles de temps caractéristiques dans le cas du soleil


Numériquement, on trouve avec la loi γ = 8 10-4 T3/2 Ω-1m-1 :
γ ≈ 103 S m-1 dans la photosphère solaire (10000 K)
γ ≈ 106 S m-1 à106 K dans la couronne solaire (proche de la conductivité 107 S m-1 d'un métal).
On en déduit les temps caractéristiques τd et τ dans les structures solaires:
- structures fines photosphériques: L = 103 km, v = 1 km/s : τd = 109 s, τ = 103 s
- structures coronales: L = 105 km, v = 100 km/s : τd = 1016 s, τ = 103 s

On constate qu'aux échelles des structures solaires observables (L > 100 km), le temps de diffusion
τd est toujours très long devant le temps dynamique τ; la diffusion du champ magnétique est donc
inefficace, sauf sur des échelles minuscules de l’ordre du mètre, ce qui laisse supposer que les
phénomènes purement diffusifs ne se produisent que sur ces petites échelles spatiales qui sont
inobservables. Pour L = 1 km, on trouve par exemple τd = 103 s dans la photosphère.
Mais il existe une échelle de temps intermédiaire qui concerne l’instabilité de déchirement
(« tearing mode ») dans une région de champs magnétiques anti parallèles ou nappe de courant.
Cette instabilité se produit sur l’échelle de temps caractéristique égale à :

τt = (τd τ)1/2
ce qui donne numériquement pour une région d’épaisseur L = 100 km (minimum
observable) à T = 10000 K et v = 1 km/s : τd = 107 s, τ = 103 s, et τt = 105 s soit une journée.

21
Cependant, ce temps peut être nettement inférieur en cas de conductivité anormale réduite par la
turbulence locale (on a vu que le plasma solaire est très turbulent car Re >> 1). Le rapport

Rm = τd / τ = L µ0 γ v

est appelé nombre de Reynolds magnétique et le temps de déchirement est alors τt = τ (Rm)1/2

Dans la couronne solaire avec les valeurs ci dessus, Rm ≈ 1013 ; dans la photosphère, on aurait Rm ≈
106. Rm est de l’ordre de 1 seulement aux petites échelles spatiales diffusives (L < 1 km).

Modes de déchirement du champ


magnétique dans une configuration anti
parallèle (nappe de courant); seuls les
points X (encadrés en rouge) de la
nappe (hachurée) sont des sites
efficaces et rapides de diffusion
magnétique.

nappe
nappe

Observation d’une nappe de courant dans un site éruptif (TRACE, NASA, à gauche en EUV et
SOHO/MDI, ESA/NASA, à droite en champ magnétique longitudinal)

2 - Diffusion dans quelques cas simples


- Diffusion d'un pic isolé de champ magnétique et étalement

On se place dans un espace à 1 dimension x et on suppose connue à l’instant t = 0 la distribution du


champ magnétique vertical B(x,0). B(x,t) est donné par la résolution de l’équation de diffusion :

∂²B/∂x² / µ0 γ = ∂B/∂t
+∞
dont la solution est: B(x,t) = (µ0γ / 4πt)1/2 ∫ B(u-x,0) e-µ0γu²/4t du
-∞

Si B(x,0) = B0 δ(x) pic de Dirac, nul partout sauf à l'origine, on obtient la fonction d'étalement:

B(x,t) = B0 (µ0γ / 4πt)1/2 e-µ0γx²/4t

22
L'étalement du champ magnétique possède une longueur caractéristique L telle que µ0γL²/4t = 1
soit un étalement L variant en t1/2.

- Nappe de courant et point neutre de type X

Une nappe de courant dans le plan yOz infiniment fine peut être décrite par un modèle simple:

B = B(x,t) ey avec: B(x,0) = B0 pour x > 0 et B(x,0) = –B0 pour x < 0. On trouve le résultat :

y B(x,0)
B(x,t) = (2 B0 /√π) ∫ e-u² du pour y = x / (4t/µ0γ)1/2
0

où l'intégrale n'est pas calculable analytiquement, mais seulement numériquement.

On a B(0,t) = 0 (point neutre X) et lim B(x,t) = ± B0 lorsque x → ± ∞

La densité de courant est donnée par jz = (1/µ0) dB/dx = [2B0/(µ0√π)] (µ0 γ /4t)1/2 e-µ0γx²/4t

En x = 0 dans la nappe, jz (0) diminue avec le temps en t-1/2. Néanmoins, le courant total
+∞
jtot = ∫ jz dx = 2B0/µ0 est conservé, ce qui signifie que le courant diffuse en s’étendant.
-∞

La longueur caractéristique d'étalement L est encore telle que µ0γL²/4t = 1 soit L variant en t1/2.

Exemple de diffusion du champ magnétique dans


une nappe de courant. Le champ magnétique est
initialement antiparallèle dans l’espace x > 0 et
x < 0. On a représenté B/B0 en fonction de x
pour différentes valeurs de t, normalisé par le
temps diffusif τd. L'espace x est normalisé par l
définie par τd = l² µ0 γ
Courbes présentées pour t/τd =
0.01 ________ 0.1 …………… 0.5 -------
2.0 _ . _ . _ . _ 10.0 _ … _ … _

3 - Reconnexion magnétique
Ainsi que nous l’avons remarqué, une diffusion efficace et rapide ne peut se développer qu’aux
petites échelles, au voisinage d’un point d’annihilation des champs magnétiques dans une nappe de
courant très fine dont l’épaisseur l est gouvernée par les mouvements de convergence du milieu vers
le point central diffusif X (rond rouge) comme le montre la figure ci dessous.

23
Points X et nappes de courant au dessus d’une région éruptive (TRACE, NASA, en EUV)

y
Reconnexion
magnétique. La partie
hachurée est une région
centrale purement
Vout diffusive, et d’épaisseur
Vout l petite dans laquelle le
x nombre de Reynolds
magnétique Rm est voisin
de 1.

Le temps diffusif dans la couche d’épaisseur l s’écrit : τd = l² µ0 γ. Si v∞ désigne la vitesse de


convergence de la matière vers la nappe, alors l = τd v∞ = l² µ0 γ v∞ d’où l’on tire l'épaisseur l de la
région de diffusion:
l = 1 / (µ0 γ v∞)

En prenant v∞ = 1 km/s, γ ≈ 103 Ω-1m-1, l’ordre de grandeur de l’épaisseur l de la couche est


seulement le mètre !

La matière est éjectée du site diffusif à la vitesse d’Alfven vout = B/(µ0 ρ)1/2, vitesse en général
élevée mais inobservable vu la faible épaisseur l du site de reconnexion. B est la valeur du champ
externe à la nappe de courant; ρ est la masse volumique interne. Voici des exemples:
- photosphère solaire: B = 10-3 T, ρ = 10-6 kg m-3 donne vout = 10 km/s
- taches solaires: B = 0.1 T, ρ = 10-6 kg m-3 donne vout = 100 km/s
- couronne solaire: B = 10-3 T, ρ = 10-12 kg m-3 donne vout = 1000 km/s

La longueur L de la région diffusive est donnée par la conservation de la masse : ρin L v∞ = ρout l vout
Ce qui donne L de l’ordre de 10 m dans la photosphère solaire, et du km dans les conditions de la
couronne, avec v∞ = 1 km/s et ρin ≈ ρout en première approximation.

24
Par ailleurs, la conservation du flux magnétique donne v∞ B∞ = vout Bout. Comme v∞ << vout, on en
déduit que B∞ >> Bout. La nappe de courant convertit donc l’énergie magnétique en énergie
cinétique et en chaleur (effet Joule).

La topologie locale des lignes de champ peut être décrite par le modèle simple de champ
magnétique B (y, α² x, 0) dans le repère Oxy de la figure, avec α² << 1. Les lignes de champ
magnétique sont des hyperboles d’équation y² - α² x² = constante, ayant pour asymptotes y = ± α x.

La densité de courant est alors donnée par j = rot B/µ0 = (α²-1)/µ0 ez

D’où la force de Laplace F(x,y) = j Λ B = [ (1-α²) α² x ex - (1-α²) y ey ]/µ0

Cette force montre que la matière est poussée le long de l’axe Oy vers la nappe de courant et éjectée
de la nappe le long de l’axe Ox.

va Reconnexion
magnétique dans la
couronne solaire:
v∞ observations satellite
nappe SDO NASA
Instrument AIA
v∞ Extrême Ultra Violet
T = 107 K
va Site diffusif au point
X de la nappe de
S courant
N

IV – Ondes acoustiques, ondes magnétiques, ondes de gravité

1 - Ondes de pression longitudinales (force de rappel: pression gazeuse)


On dispose des équations de base suivantes en négligeant la gravité :

∂ρ/∂t + div(ρv) = 0 conservation de la masse


ρ [ ∂v/∂t + v.grad(v) ] = - grad P mouvement (force de rappel = gradient de pression)

Le milieu est initialement au repos de pression P0 et masse volumique ρ0 uniformes, et on se place


dans l’hypothèse de petits mouvements de vitesse v le long de l’axe des x et on pose:

P = P0 + P1 où P1 est la surpression par rapport à l'équilibre (négatif ou positif)


ρ = ρ 0 + ρ1 où ρ 1 est la surdensité par rapport à l'équilibre (négatif ou positif)
avec |P1| << P0 et |ρ1| << ρ0
En négligeant les termes du second ordre comme v.grad(v), on obtient des deux équations en
projetant celle du mouvement selon Ox, avec v = v(x,t) ex, P1 et ρ1 étant fonctions de x et t:

25
∂ρ1/∂t + ρ0 ∂v/∂x = 0
ρ0 ∂v/∂t = - ∂P1/∂x

Pour aller plus loin, il faut relier P1 à ρ1:

Soit χ le coefficient de compression caractéristique du gaz: χ = (1/ρ) ∂ρ/∂P

Pour une transformation isotherme du gaz parfait, χ = 1/P0


Pour une transformation isentropique du gaz parfait, χ = 1/γP0

Or χ = (1/ρ0) ρ1/P1, d'où ρ1 = χ P1 ρ0

χ ∂P1/∂t + ∂v/∂x = 0
ρ0 ∂v/∂t = - ∂P1/∂x

d’où il vient ∂²v/∂x² = χ ρ0 ∂²v/∂t² équation de d'Alembert; c'est donc l'équation de

propagation d’une OPPH du type v = |v| ei(ωt - kx) et de vitesse de phase Cs = 1/( χ ρ0)1/2

- dans un milieu isotherme, Cs = (P0/ρ0)1/2 = (R T0/M)1/2

avec R constante des gaz parfaits, T0 température et M masse molaire.

- dans un milieu adiabatique, P/ργ = constante, Cs = (γ R T0/M)1/2

la relation de dispersion est ω = Cs k

La linéarisation de l'éauation ρ0 ∂v/∂t = - ∂P1/∂x pour une OPPH donne, avec ∂/∂t = i ω et ∂/∂x =
- i k:

ρ0 ω v = k P1 d'où P1 = ρ0 Cs v et ρ1 = χ ρ0² Cs v

Exemple du soleil:
- dans la chromosphère solaire, avec T = 8000 K, on trouve Cs = (γkT0/m)1/2 = 11 km/s
- dans la couronne solaire, avec T = 1.5 106 K, on trouve Cs = (γkT0/m)1/2 = 144 km/s
avec γ = 5/3 et M masse molaire du proton (10-3 kg).

Aspects énergétiques

Le vecteur de Poynting de l'onde sonore est Π = P1 v, où P1 désigne la surpression (P = P0 + P1


avec P1 << P0) . L'équation de conservation de la puissance a pour expression:

div Π + ∂(1/2 ρ0 v² + 1/2 χ P1²)/∂t = 0


1/2 ρ0 v² et 1/2 χ P1² sont respectivement les densités volumiques d'énergie cinétique et potentielle.

La surpression P1 étant reliée à la vitesse v par P1 = ρ0 Cs v, il y a équipartition entre énergie


cinétique et potentielle. La puissance instantanée
transportée par l'onde est Π = ρ0 v² Cs et en moyenne <Π> = 1/2 ρ0 |v|² Cs (W m-2)

2 - Ondes magnétiques d’Alfven transversales (force de rappel: magnétique)

26
On dispose des équations de base suivantes, dans lesquelles on néglige la gravité et la pression:

∂ρ/∂t + div(ρv) = 0 conservation de la masse


ρ [ ∂v/∂t + v.grad(v) ] = j Λ B mouvement (Euler, force de rappel magnétique)
j = rot B / µ0 Maxwell Ampère
rot (v Λ B) = ∂B/∂t équation de Maxwell Faraday en conductivité infinie
avec E + v Λ B = 0

On se place dans l’hypothèse de petits mouvements v = v ez


le long de l’axe des z dans un champ uniforme B0 = B0 ex
z
porté par l’axe des x, ρ0 étant la masse volumique uniforme (figure).
Les quantités dépendent de la variable x et de t.
Si on considère ρ comme constante (pas de force de pression),
alors l'équation de conservation de la masse est vérifiée
car div v = 0 (v est porté par ez et ne dépend que de x).
Soit B1 la perturbation du champ magnétique (B1 << B0); v
B = B0 + B1 et ρ = ρ0 (incompressible) d'où les deux équations: k

ρ0 ∂v/∂t = rot B1 Λ B0 / µ0 y
∂B1/∂t = rot (v Λ B0)
x B0
On a éliminé les termes du second ordre. B1
Avec B1 = B1 ez, rot B1 = - ∂B1/∂x ey
→ ρ0 ∂v/∂t = (B0/µ0) ∂B1/∂x

Avec v Λ B0 = v B0 ey, rot (v Λ B0) = B0 ∂v/∂x ez


→ ∂B1/∂t = B0 ∂v/∂x

Dérivons la seconde équation par rapport à x:

B0 ∂²v/∂x² = ∂²B1/∂t∂x = (ρ0µ0/B0) ∂²v/∂t² et finalement, on trouve :

∂²v/∂x² = (µ0ρ0/B0²) ∂²v/∂t² équation de d'Alembert,

qui est une équation de propagation d’une OPPH du type v = |v| ei(ωt - kx) de vitesse de phase:

va = B0 / (µ0ρ0)1/2 La relation de dispersion est ω = va k

va est appelée vitesse d’Alfvèn, de l’ordre de 1000 km/s dans la couronne solaire, 100 km/s dans les
taches solaires (valeurs très supérieures à la vitesse du son Cs); dans le soleil calme (champ
magnétique faible), par contre,va est petit devant la vitesse du son Cs (< 10 km/s).

La seconde équation ∂B1/∂t = B0 ∂v/∂x donne la perturbation de champ magnétique B1 en utilisant


les opérateurs valables pour une OPPH, à savoir:
∂/∂t = i ω et ∂/∂x = - i k , d'où: i ω B1 = - i k v B0 → B1 = - B0 (v / va) << B0

En présence de la force de pression (- grad P), on obtiendrait des ondes magnéto acoustiques.

Aspects énergétiques

Le vecteur de Poynting de l'onde magnétique est Π = (E Λ B1)/µ0 , où E = - v Λ B0.

27
E = - v ez Λ B0 ex = - v B0 ey d'où Π = (E Λ B1)/µ0 = - v B0 ey Λ B1 ez /µ0 = - v B0 B1 ex /µ0

Avec B1 = - B0 (v / va), on déduit Π = (B1²/µ0 ) va ex

où B1²/µ0 est la surpression magnétique à une constante près (en effet, la pression magnétique totale
est (B0 + B1)²/2µ0 = B0²/2µ0 + B1²/2µ0 car B0 et B1 sont orthogonaux). L'équation de conservation de
la puissance a pour expression:

div Π + ∂(1/2 ρ0 v² + 1/2 B1²/µ0)/∂t = 0

1/2 ρ0 v² et 1/2 B1²/µ0 sont respectivement les densités volumiques d'énergie cinétique et
magnétique. Comme B1 = - B0 (v / va), il y a équipartition entre les deux.

La puissance transportée par l'onde est Π = (B1²/ µ0) va = ρ0 v² va et en moyenne,

<Π> = 1/2 ρ0 |v|² va (W m-2)

On remarque que le rapport entre la puissance acoustique <Πs> et magnétique <Πm> vaut:

<Πs> / <Πm> = Cs/va = β1/2

β >> 1 dans la photosphère solaire calme, β <<1 dans les taches (champ magnétique fort).

3 - Application des ondes: chauffage de l’atmosphère solaire

Température T (échelle
LOG) dans l'atmosphère
solaire en fonction de
l'altitude z. La surface est la
photosphère en z = 0 où T =
6000 K. La température
remonte brusquement de
104K à 106K en l'espace de
100 km seulement dans la
zone de transition
chomosphère couronne.

e transport acoustique (période 300 s ou fréquence 3 mHz) domine dans le soleil calme car β >> 1
(champs magnétiques faibles);ρ varie en e-z/h, où z est l'altidude et h l'échelle de hauteur
hydrostatique (h = RT/gM ≈ 200 km), la conservation de la masse ρ v = constante suggère que la
vitesse v varie approximativement en ez/hv > Cs se former et dissiper l’énergie en chauffant
localement le plasma. Ceci se produit pour z = 2 h ou z = 3 h dans la chromosphère.

4 - Ondes de gravité dans un fluide incompressible: la houle

28
Nous considérons un fluide incompressible de masse volumique ρ tel que div v = 0, soumis aux
forces de pression et de gravité, initialement au repos et en équilibre hydrostatique, selon le modèle
suivant de profondeur h:

y vague A l'équilibre hydrostatique, la


pression P0(y) du fluide est
η(x,t) donnée par la loi:
H
vy(x,y,t) P0(y) = P0(0) - ρ g y
h g La vitesse du fluide en M (x,y)
fluide M vx(x,y,t)
est v(x,y,t) avec 2 composantes
(vx, vy) et l'élévation du fluide
x en H(x,h) est appelée η(x,t).

Le PFD ou équation d'Euler s'écrit: ρ ∂v/∂t + ρ v.grad v = - grad P + ρ g

On s'intéresse aux petits mouvements à partir de la position de repos du fluide, de telle sorte que le
terme v.grad v peut être négligé (second ordre) devant ∂v/∂t (premier ordre). Appelons maintenant
P1(x,y,t) la surpression (positive ou négative) par rapport à l'équilibre hydrostatique P0(y) du fluide:
on a donc P = P0 + P1 et, en raison de l'équilibre hydrostatique initial, - grad P0 + ρ g = 0.

L'équation d'Euler devient donc: ρ ∂v/∂t = - grad P1

Prenons sa divergence; comme div v = 0 (fluide incompressible), il vient ∆P1 = 0

La surpression vérifie donc l'équation de Laplace.

Nous allons rechercher une solution en ondes progressives selon Ox de la forme P1 = f(y) e i(ωt-kx)

L'équation de Laplace devient alors: d²f/dy² - k² f = 0

qui a pour solution f(y) = A eky + B e-ky

Nous devons maintenant examiner les conditions aux limites du problème:


- en y = 0, vy(x,0,t) = 0
- en y = h, vy(x,h,t) = ∂η(x,t)/∂t et P1(x,h,t) = ρ g η(x,t)

On peut calculer vy = Vy(y) e i(ωt-kx) par l'équation d'Euler: ρ ∂vy/∂t = - ∂P1/∂y


ρ i ω vy = - k e i(ωt-kx) (A eky - B e-ky)
d'où vy = i (k / ρ ω) e i(ωt-kx) (A eky - B e-ky)

La condition aux limites en y = 0, vy(x,0,t) = 0, implique A = B

Alors, P1 = 2 A ch(ky) e i(ωt-kx) et vy = 2 i A (k / ρ ω) sh(ky) e i(ωt-kx)

La seconde condition en y = h donne d'une part η(x,t) = (2 A / ρ g) ch(kh) e i(ωt-kx)

et d'autre part, vy(x,h,t) = ∂η(x,t)/∂t = i ω (2 A / ρ g) ch(kh) e i(ωt-kx)

29
que nous pouvons comparer à l'expression vy(x,h,t) déduite de l'équation d'Euler, à savoir:
vy(x,h,t) = 2 i A (k / ρ ω) sh(kh) e i(ωt-kx)

L'égalité entre les deux expressions donne la relation:

i ω (2 A / ρ g) ch(kh) = 2 i A (k / ρ ω) sh(kh)

c'est à dire la relation de dispersion des ondes: ω² = k g th(kh)

Examinons deux cas intéressants:

a) en eau profonde (pleine mer): h → ∞ donne ω² = k g indépendant de la profondeur h

La vitesse de phase v = ω/k = g / ω dépend de ω, le milieu est dispersif

b) en eau peu profonde (plage): h → 0 donne ω = k (gh)1/2 dépendant de la profondeur h

La vitesse de phase v = ω/k = (gh)1/2 ne dépend pas de ω, le milieu n'est pas dispersif

Traçons dans le cas général la longueur d'onde λ = 2π/k en fonction de h à ω fixé.

λ
pleine mer La longueur d'onde de la houle
2πg/ω² augmente avec la profondeur pour
une période T = 2π/ω donnée. Elle est
plus grande en pleine mer que sur la
plage où elle tend vers zéro.
plage
h

Application au soleil:
ω² = k g donne le mode fondamental des ondes de gravité observées dans l'atmosphère de l'étoile,
de fréquence voisine du milli Hertz.
Il existe aussi des ondes acoustiques de quelques milli Hertz telles que ω = Cs k où Cs est la vitesse
du son égale à (γRT/M)1/2, voisine de 9 km s-1 pour T = 6000 K, γ = 5/3 et M = 10-3 kg (hydrogène).

5 - Ondes élastiques longitudinales dans les liquides et les solides

Considérons un barreau élastique de longueur l au repos et de section S, soumis à une force de


traction, subissant ainsi un allongement ∆l.

Force de traction agissant


sur la section S du barreau

longueur au repos l allongement ∆l


Loi de Hooke
Il apparaît au sein du barreau une contrainte ou surpression σ proportionnelle à son allongement ∆l
et donnée par la loi de Hooke:

30
σ = E (∆l / l) en Pascals (Pa)

E est un coefficient caractéristique du matériau appelé module d'Young ou module d'élasticité. E se


mesure en Pa (ou MPa). Pour un solide métallique, E est voisin de 1011 Pa.

Soit χ le coefficient de compression du matériau que nous avons défini par: χ = (1/ρ) ∂ρ/∂P

Pour un matériau de masse m donnée, m = ρ V implique χ = - (1/V) ∂V/∂P


Dans le cas présent, V = S l et |∂V/∂P| ≈ S ∆l / σ, dont on déduit: χ = 1/E

Nous avons vu que dans un gaz, l'onde se propage à la vitesse de phase Cs = 1/( χ ρ0)1/2

Dans le cas d'un milieu élastique, cette relation donne Cs = ( E / ρ0)1/2


où ρ0 est la masse volumique au repos.

Exemples: vitesses de propagation de l'onde élastique longitudinale dans un solide, liquide, gaz
acier (solide): ρ0 = 7800 kg m-3, E = 2 1011 Pa, Cs = 5000 m s-1
eau (liquide): ρ0 = 1000 kg m-3, E = 2 109 Pa, Cs = 1400 m s-1
air (gaz): ρ0 = 1.3 kg m-3, E = 1.4 105 Pa, Cs = 330 m s-1

V - Chocs hydrodynamiques : relations de Rankine Hugoniot


Nous traitons un choc comme une discontinuité de vitesse, température, densité et pression. En
amont, le nombre de Mach (rapport de la vitesse du fluide à la vitesse du son) est supérieur à
l’unité. Un choc engendre une compression du plasma en aval. Appelons v1, P1, ρ1 les vitesse,
pression, masse volumique en amont du choc, et v2, P2, ρ2 les vitesse, pression, masse volumique en
aval du choc. On s'intéresse au régime stationnaire monodimensionnel adiabatique (axe Ox).

La conservation de la masse div(ρv) = 0 donne ρ v = constante, donc ρ 1 v1 = ρ 2 v2

L’équation du mouvement ρ v.grad(v) + grad P = 0 donne ρ 1 v1 ² + P 1 = ρ 2 v2 ² + P 2

L’équation de conservation de l’énergie div[(H + ½ ρv²) v] = 0 (adiabatique) donne :

(H1 + ½ ρ1v1²) v1 = (H2 + ½ ρ2v2²) v2,

Comme ρ1 v1 = ρ2 v2, on obtient avec l'enthapie massique du gaz parfait h = H/ρ =[γ /(γ – 1)] P/ρ :

[γ /(γ – 1)] P1/ρ1 + ½ v1² = [γ /(γ – 1)] P2/ρ2 + ½ v2²

En fonction du nombre de Mach incident M1 = v1/Cs1 où Cs1 = (γP1/ρ1)1/2 est la vitesse du


son incidente, on obtient pour M1 > 1,
les relations de Rankine Hugoniot :

v1/v2 = ρ2/ρ1 = (γ+1) M1² / [2 + M1² (γ-1)] > 1 (compression)

P2/P1 = [ 2 γ M1² - (γ-1) ] / (γ+1) > 1 (compression)


v1 ρ 1 P 1 v2 ρ 2 P 2
M2² = [ M1² (γ-1) + 2 ] / [2 γ M1² - (γ-1) ] < 1 (subsonique) supersonique subsonique

31
T2/T1 = (P2/P1 ) / (ρ2/ρ1) > 1 (chauffage)
amont CHOC aval
S2 - S1 = nR/(γ-1) ln[ (P2/P1 ) / (ρ2/ρ1)γ ] > 0

Ci dessus, S = nR/(γ-1) ln[ P / ργ ] est l'entropie de n moles de gaz parfait (R constante des gaz
parfaits).
Lorsque M1 varie de 1 à l’infini :

1 < v1/v2 = ρ2/ρ1 < (γ+1)/( γ-1) (maximum 4 pour γ = 5/3)


1 < P2/P1 < ∞ (compression)
1 < T2/T1 = (P2/P1) / (ρ2/ρ1) < ∞ (chauffage puisque T2/T1 > 1)
0 < S2 - S1 < ∞ (augmentation d'entropie)

Onde de choc de Moreton déclenchée par une éruption dans l'atmosphère solaire. Observations
SOHO EIT, raie du fer ionisé (Fe XII) à 19.5 nm de longueur d'onde (extrême ultra violet). L'onde
peut se déplacer jusqu'à 500 km/s et balayer la surface du soleil en 10 minutes.

Observations SDO, raie du fer ionisé (Fe XII) à 19.5 nm de longueur d'onde (extrême ultra violet).

32
Rapports ρ2/ρ1
(noir) et P2/P1
(rouge) en fonction
du nombre de
Mach amont (> 1).
Il y a compression.
ρ2/ρ1 > 1
P2/P1 > 1

Rapport T2/T1 et
variation d'entropie
par mole S2 - S1 en
fonction du nombre de
Mach amont (> 1). Le
choc adiabatique
s'accompagne d'une
augmentation
d'entropie et de
chauffage (T2/T1 > 1),
c'est une
transformation
irréversible.

VI - Exemple d'écoulement transsonique: le vent solaire (solution de Parker)


On s'intéresse pour finir à l'écoulement du vent solaire, constitué de particules (protons, électrons)
qui s'échappent du soleil en permanence vers le milieu interplanétaire. Les équations
fondamentales, en régime stationnaire, et en négligeant toute force magnétique, ainsi que toute
source d’énergie, ont été établies précédemment:

div(ρv) = 0
ρ v.grad(v) = - grad P + ρ g

avec P = 2 ρ kT/m, loi des gaz parfaits (m est la masse atomique du proton, le facteur 2 provient du
fait que le milieu est totalement ionisé dans la couronne solaire); on supposera que le milieu est
isotherme (T = constante), ce qui donne 3 équations à 3 inconnues, P, ρ et v.

On se place dans un système de coordonnées sphériques, dans lequel la seule variable est r. Le
vecteur vitesse est purement radial. La gravité dépend de r (loi de Newton g = - KM/r²).
Dans ce cas, div(ρv) = 1/r² d/dr(r²ρv) = 0 ; on en déduit :

r²ρv = constante (= ρ0 v0 r0²)

33
L’équation du mouvement devient : ρ v dv/dr = - dP/dr - ρ KM/r²

M est la masse du soleil. On choisit v comme variable, et on exprime ρ et P en fonction de v:

ρ = ρ0 v0 r0² / (v r²)
et
P = 2 ρ kT/m = 2 (kT/m) ρ0 v0 r0² / (v r²)

avec les condition aux limites suivantes à la surface du soleil de rayon r0: ρ = ρ0 et v = v0.

L’équation du mouvement s'écrit:

dv/dr (v – vs²/v) = 2 vs²/r – (vl²/2) (r0/r²)

où vs = (2 kT/m)1/2 est la vitesse isotherme du son


et vl = (2KM/r0)1/2 est la vitesse de libération du corps attractif

Remarque: on trouve vl en écrivant que la somme de l’énergie cinétique et de l’énergie potentielle


en r = r0 (rayon du soleil) est égale à celle que l’on aurait à l’infini, c’est à dire nulle:

1/2 m vl² - K m M/r0 = 0 + 0 (à l'infini)

d'où l'expression de vl = (2KM/r0)1/2. La vitesse de libération est donc la vitesse minimale d'éjection
de la surface solaire pour échapper à l'attraction du soleil. Elle est de 600 km s-1, très supérieure à
celle du son.

L'équation différentielle s’intègre facilement:

½ (v² - v0²) – vs² ln(v/v0) = 2 vs² ln(r/r0) + (vl²/2) (r0/r – 1)

L'équation différentielle admet une singularité lorsque le terme de gauche et le terme de droite sont
nuls simultanément : v = vs et r = rs = ¼ r0 (vl/vs)²

La solution est alors transsonique (v < vs pour r < rs et v > vs pour r > rs). Cette solution est atteinte
pour la condition initiale v0 telle que :

½ (vs² - v0²) – vs² ln(vs/v0) = 2 vs² ln(¼ (vl/vs)²) + (vl²/2) (4(vs/vl)²– 1)

Numériquement, avec T = 1.5 106 K (température de la couronne solaire), M = 2 1030 kg (masse du


soleil), r0 = 700000 km (rayon du soleil), m = 1.67 10-27 kg (masse du proton), k = 1.38 10-23
(constante de Boltzman), K = 6.67 10-11 (constante de gravitation), on a:

vs = 157 km/s
vl = 600 km/s

dont on déduit rs = 3.9 r0.

Dans ce modèle, l’écoulement devient supersonique pour rs = 4 r0 = 4 rayons solaires lorsque v0


satisfait l’équation ci dessus, ce qui donne v0 = 6.3 km/s.

A grande distance du soleil, on a les solutions asymptotiques :

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v = 2 vs [ln(r/r0) ]1/2 et ρ = ρ0 v0 r0² / [ 2 vs r² (ln(r/r0))1/2]

Ce sont des fonctions à variation spatiale lente. A l’orbite de la Terre (1 UA = 150 millions de km),
cette solution asymptotique donne 365 km/s (la valeur observée est voisine de 400 km/s).

La masse volumique observée y est voisine de ρ =1.7 10-20 kg m-3. La solution de Parker permet de
calculer la masse volumique dans la couronne à la naissance du vent solaire à partir des mesures à 1
UA par la relation ρ0 = r² ρ v / (r0² v0), ce qui donne ρ0 = 5 10-14 kg m-3.

La situation réelle est plus complexe en raison du champ magnétique solaire et de la rotation de
l’étoile. Le mouvement radial des particules se combine à la la rotation du Soleil, et le fluide
emporte avec lui les lignes de champ magnétique solaires qui forment une spirale (la spirale de
Parker) non plane, avec une alternance de secteurs à polarité N ou S dans le plan de l’écliptique.

solution
transsonique Solutions de Parker v/vs(r) du
vent solaire selon les valeurs
de la vitesse initiale v0; la
solution transsonique
(subsonique dans la basse
couronne, puis supersonique)
est la seule convenable.

vent solaire

Le vent solaire permanent est souvent doublé d'une composante


sporadique, celle des éjections de masse coronale lors des phases actives (éruptions)

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