La Légitimité Par A (... ) Blanc de bpt6k944822 PDF
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Blanc de
Saint-Bonnet
LEGITIMITE
A~-BLANC DE SAt~T-BONNET.
TOURNAI
"\7VK H. CASTERMAN
PARIS LEIPZIG
L!<AtR)K !STKRtt~T)O~A'.H CATtmr.tQHE f.. A. KtTTI~HR, Cf)MM!SS!O~~A'RK
f:ue Bonaparte, 66 Querstrasse, 34
ROME
fKÉD&RtC CH!APPER!N!, HBRAtRK
Place du Collège Romain.
!87~
Tous 'tt'Otts t'~ervAs.
LES événements, qui se hâtent, vont confirmer
ces pages, déjà trop lentes à paraître, et presser
les hommes de bien de proclamer hautement les'
principes auxquels nous devrons le salut. Le pays
ne peut demeurer plus longtemps dans l'angoisse.
On s'est vu sur le point de périr, et l'on est à la
veille des grandes catastrophes. La civilisation,
elle-même, n'a jamais été aussi près de sa fin. Le
monde semble au moment de voir la raison s'étein-
dre, les droits s'évanouir, l'envie s'étendre encore,
et la Société succomber. Tromper à cette heure les
peuples, les retenir dans le faux jour, dans le
mensonge, ce serait les trahir et les mener volon-
tairement à la mort.
En niant toutes les légitimités, on a fini par
abolir la civilisation entière. L'Europe, cependant,
échapperait au cataclysme qui la menace, si les
peuples pouvaient comprendre la légitimité de tous
les éléments dont la Société se compose, depuis
celle de la famille, de la propriété et de l'hérédité,
jusqu'à celle des lois, des droits acquis, des corpo-
rations, des aristocraties enfin des rois et de
l'Eglise. Si les hommes voyaient la Société justifiée
dans sa composition comme dans son principe,
dans les moyens qu'elle met en usage comme dans
son but supérieur, quel serait leur mépris pour une
révolution qui n'est venue tout renverser que parce
qu'elle n'a rien su comprendre
Toutefois, qu'on se mette à la place de ceux qui
ne voient ni pourquoi ils doivent obéir, ni pour-
quoi ils subissent le joug de l'inégalité des condi-
tions humaines. La foule se soulève à la fois contre
l'autorité, dont la raison disparaît à ses yeux, et
contre les détenteurs de la richesse, dont les titres
ne lui sont plus visibles.. Rien ne préservera la
civilisation d'une chute finale, si l'Europe persiste à
écarter la Loi qui porte les trois explications sur
lesquelles repose le monde l'explication du pauvre,
l'explication du riche, l'explication des rois.
Il semble qu'on n'ose pas toucher à la Révolu-
tion. La première des nations s'écroule, et l'on
s'obstine encore à tourner autour des questions. On
n'en aborde résolument aucune et nos idées
comme enchaînées, ne peuvent faire un pas vers la
lumière. C'est une confusion et une dissolution de
toutes les notions supérieures, de tout ce qui doit
éclairer les peuples et les préserver de la ruine.
Nous succombons par l'oubli des doctrines, et nous
écartons constamment tout ce qui a le caractère
d'une doctrine! Nous trahissons les idées, et nous le
comprenons si bien, que toute notre curiosité se
porte sur les faits. Or, les faits marchent, et résol-
vent les questions sans nous.
Faut-il donc tant se débattre pour conserver
quelques lambeaux d'erreur? Nos principes mo-
dernes sont une. absence de tout principe et un
voile tiré sur le vide qui s'est fait au sein de la
pensée et de la conscience. Dépouillons-nous de
ces détours et de tout ce qui est équivoque. Mon-
trons plus de vaillance, sachons aller droit à la
vérité, et nous verrons bien qu'elle existe!
Témoins de cette débilité, les étrangers même
nous crient Vous allez succomber par les divisions
qu'entraînent parmi vous les questions secondaires
et l'impuissance à la fois sociale et dogmatique des
partis. Ralliez-vous sur les principes supérieurs;
de là découle la lumière qui peut seule éclairer
vos questions politiques! Hâtons-nous donc de
remonter vers ces principes libérateurs, et de
ren-
trer dans le sens vrai de notre constitution his-
torique.
On a perdu la Société à peu près tout entière il1
s'agit de la retrouver! Mais d'abord, ouvrons-nous
un passage vers elle, l'erreur est si considérable
qu'elle a fermé tous les chemins.
Môaomptea de la Révolution.
II.
(i) H ne fut pas ici question de chercher avec loyauté la délimitation des
LÉGtT.
Tous les points d'appui se dérobent. Que signifie une
égalité théorique devant la loi, sans une égalité pratique
devant l'or? La propriété individuelle apparaît à cette
heure comme un énorme privilége, comme un monopole
odieux. Cherchez dans tout le monument qui abritait les
hommes, le pan de mur qui soit resté debout? Le droit
des rois contre le Vicaire du Christ leur parut évident
le droit des grands contre le Roi leur parut manifeste
le droit des riches contre le noble, leur parut naturel le
droit des foules contre le riche, leur parait aujourd'hui
le plus sacré de tous.. La logique a passé comme un fleuve
emportant ses rivages.
Comment relever l'édince? Comment replacer la pre-
mière pierre? nombre de gens ne veulent même plus
qu'on emploie la seconde, un plus grand nombre encore
rejette la troisième, et la multitude survient pour briser
la dernière. On le demande, comment ferez-vous?
Où prendre maintenant la justice pour rétablir un
équilibre, et la paix pour verser le calme dans l'océan des
masses? Ces hordes qui menacent notre existence, c'est
nous qui les avons formées. C'est notre oubli de Dieu qui
les a arrachées au devoir, notre rébellion qui les a sou-
levées, notre littérature qui les a dépravées, notre cupidité
qui les a amassées dans les villes, notre luxe qui les a
excédées. Ces hordes sont semblables à nous ces haillons,
ces imprécations et tous ces appétits, c'est notre cœur
mis au dehors. Dites à Dieu maintenant de purger cette
terre, et d'en ôter la race que nous avons engendrée
contre Lui
Il est deux faits qu'on ne saurait non plus nier c'est
pour former des saints que Dieu a mis les nations sur la
terre, et c'est par les soins de l'Eglise que se forment les
(i) Eite a voulu se créer des princes: m;us quand vint ie péril, elle n'a
plus vu de princes, et au jour du malheur son Prince ne pouvait point k
secourir.
institutions séculaires; elle ne voulait écouter que ses
rêves. Qui aurait pu la dissuader de l'opinion qu'elle avait
d'elle-même? Elle n'avait plus pour amis ses enfants,
mais ses flatteurs. En vain parmi ses fils, des hommes se
sont levés, ont quitté la famille pour lui conserver la
lumière, pour lui garder les biens qu'elle répudiait, ou
pour panser ses plaies. Quelques-uns sont venus l'avertir
du mensonge fatal dont on l'enveloppait et de la proximité
de l'ablme elle les prenait tous en horreur Elle voulait
être trompée.. Si, du moins, comme d'autres peuples, elle
avait mis sa vanité à grandir en quelque chose, à s'élever
dans l'art, à croître dans une vertu, à progresser dans
sa population ?
Mais elle mettait sa gloire à renier l'expérience, à mé-
priser tout le passé de l'homme, à désavouer son histoire,
à écarter Dieu de ses lois, à le bannir des sciences, à
l'ôter de l'Etat, à l'extirper des cœurs. Elle ne s'est réjouie
que des progrès de son orgueil, et elle n'a tiré vanité que
de sa corruption. Elle avait dit Périssent les colonies
plutôt que mon principe Hier elle criait au sein de ses
désastres Et périsse la France plutôt que la Révolu-
tion Un peuple ne revoit pas deux fois une situation
semblable. Une nation ne rentre pas dans un pareil état
sans périr.
IV.
qu'on ne savait pas. Les portefeuilles étaient le prix de celui qui pouvait
le commerce et la
le mieux discourir, et pour lui la diplomatie, la guerre,
liturgie n'avaient plus de secret.
Parler, c'était avoir l'expérience, montrer la vraie capacité, posséder la
grande sagesse et surtout l'art de gouverner. Comme on parlait de toutes
les vitrines et
parts, des célébrités venaient en foule spintiller derrière
offrir le tableau piquant de notre société française. Là, sans que la
police
intervint, au milieu des honneurs de la caricature, la danseuse trônait
auprès de la princesse, l'agioteur auprès du ministre, l'acteur auprès de
l'œil
l'orateur, tout ravis de voir leur commune gloire éclater a la fois sous
enchanté du passant.. Et vous, nations de l'Europe étonnée, venez danser
chez nous venez voir ce que la Révolution a fait du peuple de Charlemagne,
ce que l'athéisme a tiré de la
nation de saiut Louis 1
(i) Les Indiens se donnèrent au culte du fétiche immobile, les
Egyptiens
choisi celui du médiocre..
au culte de la mort; en France on a
Comment s'est opéré ce changement? Le voici Autrefois les esprits sim-
de Dieu en politique ou en histoire, s'élever
aux causes
finales c'était du solennel. Interroger les lois de
notre
âme, remonter aux causes morales, invoquer la philoso-
phie, c'était habiter les nuages.
Il était ridicule, chez nous, d'invoquer la Théologie,. de
recourir à la philosophie, ou même aux idées du bon
sens. Notre pays attendait sa lumière des discours des
littérateurs et ses solutions des événements, loin de savoir
les préparer par ses croyances et
par ses mœurs. Il vient
un âge où l'homme n'apprend plus pour nous cet âge
commençait au sortir du collége. D'école, il n'y en avait
plus. Le génie dépourvu des honneurs demeurait
partout
sans disciples, on ne fêtait que les individus dont on tirait
de For, des dignités ou des emplois. Hors de
ces con-
ditions, tout homme supérieur était évité
par les autres
comme un accusateur. Dans son isolement, il pouvait
dire que « l'exilé partout est seul )) Au reste parmi tant
d'esprits dénués de figure et d'originalité, chacun
en soi
se considérait comme un maître, favorisé des plus grands
dons.
Sur aucun point, la pensée ne devait dépasser la
mesure
commune. Mais elle admettait trois degrés. Le premier
correspondait à l'aptitude universelle d'un bon voyageur
de commerce le deuxième, au talent de l'homme qui fait
rapidement fortune; et le plus élevé, au génie que
suppose
le discours d'un premier ministre. Du haut
en bas, il
n'était plus question d'élever l'homme, mais seulement de
le dresser. L'Université développait les esprits
par le
moyen des mots. Les prix pour la plupart allaient à la
mémoire, et la mémoire était la grande faculté. Tout était
disposé de manière à établir en même temps le rèo-ne
et
la mode du médiocre.
Ecartant les hautes études, remplaçant la raison par la
rhétorique, faisant de notre intelligence un mécanisme et
p!es et les ignorants écoutaient; car ils ne perdaient pas l'attrait qu'ont ied
âmes pour les choses élevées. Ils entrent en fureur, aujourd'hui, contre
toua ceux qui leur en parlent..
de tous les hommes des spécialités, comme s'ils étaient de
simples ouvriers, notre Université avait su joindre au
venin de ses doctrines, le poison sûr de sa méthode
d'abaissement. S'efforçant d'enlever les traces de toute
intervention intérieure de Dieu dans le principe de for-
mation de la pensée; transfusant dans nos veines cet
athéisme intime et sûr enseignant à l'esprit à prendre la
place de la raison et au moi la place du cœur, elle a
inondé le pays d'hommes médiocres. La rhétorique et
l'Université sont une des causes de l'affaiblissement de
la raison publique en France. Qui nous dira leur part
dans la perte de nos batailles, puis dans les stupides mas-
sacres dont la France, épuisée de larmes, a pu suivre le
lamentable enchaînement ?
Les règles mêmes de notre esprit avaient changé, et il
ne fallait plus se fier aux principes L'idée de cause et
d'unité, l'induction et la déduction ne devaient plus
paraître ceux qui obéissaient aux lois de la raison
n'étaient que des ~6M~. Bien que tout ce qui s'exécute
dans la nature vienne d'ailleurs, que toute explication des
causes par la matière ne soit qu'un cercle vicieux, dans
les régions officielles on se débarrassait des esprits qui
recherchaient les causes, car on devait ne plus sortir de
la matière. L'étude outrée des sciences physiques n'avait
pour but que d'interdire à l'homme l'emploi de ses plus
hautes facultés. Autrement, il aurait pu passer, comme
Aristote, de la physique à la métaphysique, et de là peut-
être à la Foi.. Et l'on s'étonne de l'appauvrissement de la
pensée', du dépérissement et de la chute de la nation
VII.
(1) Ces deux malheurs dëcoutent de l'absence de Foi. Cette absence elle-
même est issue de notre guerre contre l'Eglise. Pas de milieu 1 Ou voir régner
l'Eglise dans nos mœurs, ou voir régner la Révolution..
supernuité. En posant des limites à leur luxe à leur
cupidité, elles en auraient posé à la Révolution.
Et néanmoins, maîtresses de la France depuis 89, ces
classes puisent une sorte de justification dans un concours
inouï de circonstances. Elles se sont vues tout à coup
enfermées dans la série des erreurs à la fois philoso-
phiques, politiques, économiques et sociales qui accou-
raient sur les pas du protestantisme. Arrivées à l'heure
où la Foi commençait à s'éteindre, ces classes n'ont pas
eu la faveur d'assister aux grands éclats de la lumière.
Les préjugés répandus par l'hérésie et par Voltaire obscur-
cissaient déjà les yeux. Aucune science, aucun élan ne
retirait la bourgeoisie d'une obscurité qui devenait tou-
jours plus profonde. Aussi, pour l'éclairer, Dieu se sert
aujourd'hui de la voix des événements.
Il lui donne cet enseignement afin de la sauver, parce
que, semblable à Adam, elle a été séduite par un autre,
et qu'il existe encore de bonnes races dans son sein.
VIII.
Gouvernementsde la RévotuLion.
IX.
Finances de la Révolution.
(t) Ses évêques le lui ont dit; et celui qui nous rapporta la grande
etoquenee~ en parlait en ces termes La raison de ce renversement de
fortune, s'écrie Mgr Pie, c'est que, n'obéissant pius ù la voix du Seigneur,
nous avons failli à notre apostolat sur la terre; c'est que, missionnaires de
la vérité, nous nous sommes faits les propagateurs du mensonge. Mais il est
écrit en tête de la charte originelle de la Nation Vive le CAW~ qui aime
les Francs Or cet amour est trop profond et date de trop loin pour se
laisser déconcerter par des infirmités passagères. »
N'entendez-vous pas le Chef de l'Eglise, qui ne fonde que sur les miséri-
cordes envers !a France le gage du secours divin qu'il attend? « Ayez bon
courage, nous dit-il, ô peuple de Dieu 1 Vous avez ét6 assujetti à l'étranger,
non point pour votre perte entière, mais parce vous avez provoque le
courroux de Dieu. Souffrez avec patience, et bientôt vous verrez la perte
e de t'enuemi qui vous poursuivait'à outrance.
Les mauvais qui vous ont châtiés périront, et la joie de votre rivate
deviendra la mesure de sa desoiatiou. 0 mes nts. criez au Seigneur: cciui
qui vous a conduits pendant tant de siècles se souvienJra de vous ·
LÉGIT.
tout enflammées par l'ardent esprit de l'amour. France i
France! s'écriait une sainte voix, combien tu es ingé-
nieuse pour irriter et pour calmer tour à tour la justice de
Dieu Si tes crimes ont fait tomber les châtiments
sur toi, ta charité a fait monter sa voix au Ciel.
Et que la France ici ne soit point étonnée d'elle-même
Comme par ses Saints, par ses Rois, par ses grands hom-
mes, par sa puissance au-dessus des autres nations
par ses destinées et sa gloire, elle avait reçu le plus
de faveurs du Ciel, c'est elle sans doute que <( Satan a
demandé de passer au crible c, et c'est elle qui a été
mise à l'épreuve du grand Mensonge. Elle a été passée
au blutoir de l'erreur sociale, philosophique et religieuse
la plus redoutable Dieu sans doute a permis qu'une lutte
si terrible fût offerte à la France, certainement parce
qu'elle l'a mérité, mais aussi parce qu'elle restait mora-
lement la plus forte des nations; parce que, fille aînée de
l'Eglise, c'est elle qui avait en apanage le plus de dons, le
plus de grâces parce qu'ayant accueilli la Foi la première
en Europe, elle saura la recouvrer la première, et, par le
mouvement prompt de son généreux cœur, recourir la
première à Dieu pour se régénérer! Aussi, chacun cher-
chait à s'expliquer le mystère de la France.
C'est en France que la Révolution, l'hérésie du présent,
l'hérésie de l'orgueil social, a constitué son pouvoir et
c'est néanmoins de ce peuple que sort la multitude des
missionnaires, des sœurs de Charité et des idées toutes
vivantes qui luttent contre cette Révolution 1 Voit-on
quelque autre peuple épuisé et mis par elle à l'état
de ruine, puis tombé dans l'étrange condition où nous
sommes, qui aurait pu échapper comme nous à la dis-"
persion ?
Eh bien, c'est la France qu'on verra se soustraire à
sa propre anarchie pour rétablir le Pape dans son gou-
vernement. Pleine, à cette heure, de désordres, c'est elle
qui va rétablir l'ordre par excellence et sauver humai-
nement l'Autorité suréminente qui fait l'ordre dans les
esprits et porte la raison de toute souveraineté sur la
terre Mais avouons, alors, que sans cette mission provi-
dentielle, dès aujourd'hui la France était perdue.. On le
voit maintenant, le mal a pris de telles forces, qu'il est
impossible aux hommes de sortir par eux-mêmes de la
situation dans laquelle ils se sont plongés. a Il est prouvé,
dit Donoso-Cortès, que le mal ici-bas finit par triompher
du bien, et que le triomphe sur le mal est, si l'on peut
s'exprimer ainsi, réservé à Dieu personnellement.
Toutefois, que la France n'aille pas abuser des délais de
la bonté divine 1 Si elle ne sait pas profiter du secours
miraculeux qui lui sera donné pour rétablir la Foi chez
elle et cesser d'être pour l'Europe un sujet de pitié, ses
ennemis du dehors, comme ceux du dedans, l'étouSeront
dans leur dernière étreinte. On la verra se débattre encore
comme un blessé dans son suprême effort, puis pour tou.-
jours elle succombera. Avec elle succombera l'Europe,
dont elle é~ait la tête; avec l'Europe succombera le
Monde, dont l'Europe est 'la vie. De là une anxiété et
une attente générale chez les peuples.
Certes Dieu ne demande qu'à nous sauver. Mais Celui
qui nous a donné la liberté, ne peut en laisser décliner le
concours. Tout ce que Dieu a fait, tout ce qu'il a entrepris
dans ce monde a pour but de fonder le mérite de l'homme.
Aussi ne pouvons-nous être sauvés sans notre coopération
bien réelle. C'est à nous de hâter par nos œuvres la misé-
ricorde divine. La condition à laquelle il sera permis à la
France de recouvrer son rôle, a dit Mgr Pie au début des
événements, n'est pas autre que celle qui fut autrefois
intimée par Daniel à Nabuchodonosor a TON RÈGNE TE
B SERA RENDU APRÈS QUE TU AURAS RECONNU QUE TA PUIS-
8ANCE NE VIENT PAS DE L'HOMME, MAIS DE DIEU. ')
XII.
(.h)s'(";tf~fugi6)nvienntion~!e.
La Mcunaia
dans la nuit, la Providence pouvait-elle parler plus
clairement ?
Parce que les fondements de nos sociétés chancellent,
l'Eglise leur fait voir le terrain sur lequel elles doivent
fonder; parce qu'elles vont crouler, elle. leur montre
à nu la PIERRE qui demeure toujours! Sont-elles donc
destinées à périr? 1
Guidé par Dieu, le Souverain Pontife aurait-il défini
l'Immaculée Conception de la Vierge pour n'attirer sur
nous que des malheurs? En outre, par la définition de
l'Infaillibilité pontificale, n'a-t-il pas démontré au monde
que la souveraineté est en Dieu, non dans le peuple, non
dans l'homme? Et, de la sorte, n'a-t-il pas replacé l'au-
torité sur sa base au moment où tout allait tomber en
ruine? Est-ce donc sans dessein de la Providence, que ce
grand Pape a convoqué un concile œcuménique dans ces
circonstances critiques, et au moment où ce concile était
considéré comme impossible?
Un tel dessein d'En-Haut ressort également de l'oppo-
sition qui fut faite, dans le concile même, aux doctrines
à définir. Car cette opposition a mis les Pères de la sainte
assemblée dans la nécessité de promulguer, de la manière
la plus formelle, et d'inscrire au rang des dogmes la vérité
qui, en se retirant, eut laissé vaciller la terre. Perdre de
vue la liaison de semblables événements serait fermer les
yeux à ce~qu'on appelle l'esprit de l'histoire.
Or Dieu eut-il permis la manifestation d'une vérité si
capitale, au moment où elle devenait inutile? Nous eut-il
rapporté la base de la société, lorsque la société devait
périr ?Ennn, eut-il lancé le grand principe de la cons-
titution catholique au moment où la Prusse pouvait
étoufFer sous son hérésie les populations de la France, et
après elle les autres nations catholiques? La consolidation
du pouvoir de la Prusse ne serait-elle pas en Europe la
prépondérance déûoitive du protestantisme? Or l'Europe
formant la tête du genre humain, le monde unirait donc
sur le protestantisme?.
En vérité, ce serait croire que Dieu s'est fait protes-
tant1 Ne doit-on, pas dire, au contraire, que la France,
punie, mais épurée, triomphera dès que la vérité triom-
phera chez elle?
Les esprits rénéchis et les peuples eux-mêmes sont
pleins de ces pressentiments. Nul homme de quelque
portée en. Europe ne voudrait infirmer en entier l'une
de ces propositions 1" La Révolution n'a été qu'une né-
gation du christianisme, aboutissant à l'athéisme social;
c'est la Révolution qui a mis la France en décadence
et qui est cause de ses revers 3° la société aussi bien que
la France, est dans l'impossibilité de sortir par elle-méme
de l'état dans lequel elle s'est précipitée; 4° Dieu seul,
dessein de sa miséricorde, délivrera la France
par un
quand celle-ci l'invoquera 5" la France alors ira délivrer
Rome et rendre ses Etats au Saint-Siége 6° elle aidera
pareillement à tirer les autres peuples des servitudes du
césarisme, né du protestantisme et fécondé par la Révo-
lution 7° dès ce moment s'établira une prépondérance
catholique en Europe, et l'on y verra successivemement
crouler ces contre-forts et ces annexes de la Révolution,
nommés suivant les lieux, gallicanisme, joséphisme,
anglicanisme, protestantisme, prussianisme, russianisme,
tous connnant au césarisme, qui en est l'accomplissement.
Notre phare est en vue et la voile est enflée par l'es-
pérance Nous reverrons la société réelle, nous mouil-
lerons au, port ouvert pour l'avenir. Tout cet ordre de
choses soulevé contre Dieu périra. La Révolution est
le fléau vengeur. Pour un jour encore, elle sera la con-
sécration de l'envie, l'accomplissement de la haine, l'ex-
tinction de la liberté, l'apothéose de l'athéisme et l'exercice
de la mort. Mais Dieu n'a jamais permis tant de mal à la
fois! En voyant ces horreurs, les hommes prendront peur
de leur aveuglement. Après le cataclysme, ils resteront
stupéfaits de leur iniquité.. Dieu alors les prendra par
la main et les ramènera vers la lumière.
Les sociétés prétendaient prendre leur plus grand
espéraient
essor, et les sociétés périssent. Les hommes
parvenir à la plus haute prospérité, et ils s'enfoncent dans
44 PRÉLIM.: CAUSHS HEHLLHS
le malheur. Si, dans une telle discordance, ils entendent
un démenti, et si certaines classes voient le reproche les
atteindre tout à l'heure, qu'elles pardonnent cette offense
et en oublient l'amertume A travers tant de voix qui s'élè-
vent pour les flatter et les replier dans leurs maux, elles
distingueront l'accent plus intrépide de la sincérité.
Mon Dieu, sauvez les peuples qui courent dans la mort
et qui croient s'avancer vers la gloire
1
XIII.
Secs de la Révolution francaise.
XIV.
(i) Il est à croire aussi que Dieu a flxé un temps à la Révolution. Après
cette durée limitée, son règne disparaîtra pour faire place à un nouveau
triomphe de la Foi. Dieu mesure des époques à la liberté humaine, à ses
épreuves comme à ses expansions car le temps est à la fois pour elle une
base, une meaure et un remède.
des expia-
parce que les calamités qu'elle entraîne sont les
tions, et parce que les hommes, en voyant tous maux
qu'ils se sont attirés, reculeront d'horreur et se porteront
Cela coostituera
comme d'eux-mêmes vers la lumière.
tout un ordre nouveau.
D'ailleurs, une révolution morale est elle-même com-
mencée des rayons de lumière intellectuelle
sont a la
veille de verser leur clarté sur notre horizon. Jamais
Dieu
fut aussi près, jamais il ne fut si visible. Malgré la
ne écla-
cécité générale produite par le Libéralisme, le jour
subitement, et l'on sera surpris de voir que la
tera presque
nuit voilait tant de clarté, que les ténèbres pouvaient
cacher tant de merveilles.
l'attente
Personne ne niera que le moude ne soit dans
d'or
de quelque grand événement. Sans espérer que l'âge
puisse apparaître sur la terre, tout semble annoncer
l'approche d'une rénovation. Cet avenir ne peut pas être
fort éloigné; il apparaissait aux esprits qui, attentifs vers les
derniers jours du siècle précédent, se rendaient
mouvement la Révolution française allait opérer
au que
dans le monde.
réûexiona
Qui ne serait surpris, par exemple, de ces
1799J « La
tirées d'un ouvrage étranger, publié en
grande moisson a commencé par le champ de la France
Seigneur.
de là elle s'étendra sur tout le champ du
Europe
Tenons nous prêts la nation française était en
la première en tout, il n'est pas surprenant que, la pre-
L'ange
mière aussi, elle ait été mûre dans tous les sens.
elle. Mais lorsque la
de la moisson commencera par
alors le
moisson sera prête dans toute la chrétienté,
~e~' et mettra fin à toute moisson et à tout
la terre. Puis. ces paroles ~< Babylone
pressurage sur
le temps des
est tombée, sa prostitution est renversée,
LYS est arrivé. n
r 4.
le de derniers mots, il-i faut
Pour saisir tout sens ces
paroles tout aussi surprenantes dites
se reporter aux
antérieurement par des saints «
C'est de la
encore s'écrie dans le
France dont parlait l'Epouse quand elle
5
u'-or.
L.E(Ïlr,
Cantique Mon bien-aimé se plaît parmi les LYS. » « II
semble, comme s'exprime pareillement la sainte reine
d'Alise, que l'Epouse des cantiques, pa.r un esprit de
prophétie, ait parlé de la France quand elle dit que son
bien-aimé prenait plaisir à se trouver parmi les LYS~.
«
II faut nous tenir prêts, concluait M. de Maistre, pour
un événement immense dans l'ordre divin, vers lequel
nous marchons avec une vitesse accélérée qui doit frapper
tous les observateurs. Il n'y a plu~ de religion sur la terre
le genre humain ne peut demeurer dans cet état. Des
oracles redoutables annoncent, d'ailleurs, que les temps
sont arrivés Or Machiavel fait cette observation « C'est
» un fait attesté par toute l'histoire ancienne et moderne,
» que jamais il n'y a eu dans le monde de grands événe-
» ments qui n'aient été prédits de quelque manière,
»
« Nous en avons un dernier exemple dans la Révolution
française, prédite de tous côtés et de la manière la plus
incontestable. On est allé jusqu'à dire que la nation
XVI.
désolé
Après les hérésies qui ont diminué la vérité et
l'Europe, parut donc la dernière hérésie, celle qui les con-
suspendre les
tient toutes, l'hérésie dont Dieu seul pourra Celle-ci
Révolution.
ravages, et que l'on nomme la a
rendu les autres erreurs inutiles, car elle nie définitive-
négations
ment Celui dont ces erreurs n'étaient que des
partielles. Elle n'a plus besoin de repousser les traditions,
ici n'ont
les vérités, les droits; droits, traditions et vérités
plus d'objet. Ils naissaient des rapports de Dieu avec
n'existe
l'homme; or, Dieu disparaissant, l'être moral
plus..
A la vue de ce cataclysme et de l'abîme resté ouvert,
l'Eglise énonça de nouveau les vérités sur lesquelles
qui en accélèrent
repose le monde, et frappa les erreurs lueurs
la fin. Elle étendit le bras pour dissiper les sinistres
qui troublent les intelligences, et montrer aux Etats
les
poursuivirent
moyens de salut. Mais les gouvernements
leurs voies et les nations, jusqu'alors guérissables, conti-
nuèrent d'écouter la Révolution et d'accorder à ses men-
tremblait à tous
songes tous les droits de la vérité. Le sol
les horizons éclatait la tempête; et les chefs ne voulaient
pas comprendre. L'erreur les rendait maîtres de la foule,
et tous continuaient de boire ensemble aux eaux de la
présomption.
L'aveuglement devenait surhumain. Les démonstra-
tions de la raison ou de la conscience ne pouvaient rien
sur nous. Députa longtemps les ennemis de la civilisation
n'entendent plus la langue humaine. Ils se croient des
droits sur la morale, sur l'histoire et sur l'âme comme ils
s'en sont arrogé sur la société. Pour leur ouvrir les yeux,
pour nous les ouvrir à nous-mêmes, il fallait qu'ils vins-
sent se briser avec nous sur les événements! La France
aurait pu dire qu'elle était oubliée de la Providence, si
elle avait été laissée, suivant un désir presque universel,
dans son mortel état de paix. En observant l'impuissance
des hommes, en voyant la foule se perdre et le mal tou-
jours grandir, que de fois l'homme sérieux s'est dit
Quand Dieu paraîtra-t-il?
Au lieu de s'opposer à leur marche eS'rayante, Dieu
vint se placer cette fois derrière eux, pour les frapper de
verges et les mener lui-même au gouffre qu'ils avaient
ouvert.
Jamais on ne connut une humiliation comparable à la
nôtre, parce que jamais on n'avait vu une nation si éclai-
rée et si favorisée faire publiquement profession de re-
pousser le Créateur. Le libéralisme, sous le nom de sécu-
larisation, poursuivait partout une entière, séparation de
Dieu et de la société. Celle-ci devait être entièrement
fondée sur l'homme. Ni la justice, ni l'enseignement, ni
le mariage, ni les lois, ni le Pouvoir ne devaient échapper
cet athéisme odieux. Qu'elle fut entre les mains des
libéraux parlementaires, des libéraux impérialistes ou
des libéraux républicains, la France depuis quatre-vingts
ans a été constamment en révolte ouverte contre le
Créateur..
Cette suite inouïe de défaites et d'humiliations, telle que
jamais il ne s'en était présenté dans i'histoire, ne se peut
comparer qu'à cette incalculable série d'offenses faites à
Dieu par nos idées, par nos désordres et par nos lois. Ces
désordres, à la fois dans l'intelligence, dans le gouverne-
ment et dans les mœurs, excitaient la surprise du rnonde.
Atteignant jusqu'à la nature, ils appelaient, dans notre
intérêt même, une très.prompte répression
La France pouvait-elle croire que les âmes continue-
raient en foule de se perdre sans que Dieu en fût irrité?
Comme son chef en 1813, elle demandait si l'excommuni-
cation ferait tomber les armes des mains de ses soldats.
Elle semblait dire Qui donc me punira? lorsque Celui
qui l'a créée la mit à même de mesurer les offenses qu'elle
commettait à l'étendue de ses malheurs. Toutefois, qu'elle
mesure aux coups qu'elle a reçus,
la grandeur de la
Miséricorde Dieu ne nous touche que pour nous guérir!
S'il eût laissé la France à ses dérèglements, c'était une
nation perdue. Elle n'a tant souffert que parce que Dieu
veut la sauver, et ses tribulations ne sont qu'un trtii-
ternent.
Combien faut-il que Dieu aime la France pour la sou-
mettre à une semblable humiliation! La livrant à sa pro-
afin qu'en
pre chute, il la rappelle de', bords du néant,
voynnt son inanité, elle n'ait plus qu'à laisser tomber
l'orgueil qui est la cause de sa ruine. Ici la France
découvrira l'étendue de son ingratitude. Elle pourra con-
cevoir son erreur, et de là, retourner aux sources de
la vie.
Ne perdons pas de vue les lois primordiales Dieu
félicité. Etant la Perfec-
sono-e avant tout à notre vraie
tion~ il a besoin d'être aimé comme tel pour soutenir le
monde, car ce monde n'existe que puur former des saints
Dieu sera
et peupler les cités éternelles Du moment où
banni des lois et exilé des cœurs, on verra crouler nos
cités comme autrefois Ninive et Babylone.
Or, eu mai 1870, il y avait chez nous sept à huit mil-
lions d'hommes, c'est-à-dire tous les hommes, bien déci-
dés à vuir les intérêts moraux des populations de la
France sacrifiés aux intérêts matériels.. Tel fut le sens
des résultats du Plébiscite le dévoùment à Napoléon III
ne signifiait pas autre chose. On sentait que le mal arri-
vait au comble, que la société était au moment du
nau-
frage. Dans ce sauve-qui-peut de notre civilisation,
ce
n'était point l'honneur que nous méditions de sauver,
ce
n étaient point nos lois,
nos traditions, notre Foi, mais
c'était notre argent~ î
On devait oublier tous les intérêts
moraux, quels qu'ils
fussent, pour mettre à l'abri les fortunes.. Notre ordre
social était réduit à l'état de société d'assurance contre le
pillage; notre gouvernement, à une association
pour le
maintien des positions acquises. L'état des âmes était la
chose dont on ne parlait plus! Eh bien, quand
un peuple
en est là, là gît le mal, là même est le péril..
Quelques semaines plus tard, que de sang il fallu
a
verser, que de trésors il a fallu quitter, pour faire remon-
ter les cœurs au niveau qu'ils avaient perdu Toutes ces
âmes détrempées dans l'erreur, ramollies dans le vice,
par
quelle autre voie les sauver? En outre, comment leur
faire entendre que tous ces intérêts matériels,
ces choses
que nous laisserons ici-bas, dépendent avant tout du
triomphe des intérêts de l'âme?
XVII.
Répartition des chtHuncnt.s.
(t) Une tettrc du 5 septembre 1810, adressé' par uti chef de l'rt-
~a/c l'un des .délègues, contenait l'exposé qui suit c Batthaxar est.
n tombe, mais [e pouvoir est. aux maiua des Jules Favre, Camb&tt.a ft Cr6"
e mieux. Lais~ons-iessc charger dt's soucis de la guerre et. des ditïi<;uH.es
d'un traité de paix. Apres, nous t'erons !a revo!ut.iou veritubie, uou point.
o pour substituer uu gouvernement, a un gouvernement,mais pour detruin'
jusqu'au dernier les bourgeois et les prêtres, en procédant par te pitiag'
t'incendie et t'assassinât M. Ces gens-)a. ne demandent, qu'a tout dévorer.
an point (le vue des principes qu'une classe élevée doit
onrir aux populations.
Les commandes huaient quand le 18 mars éclata.
Alors ces hommes qui prennent leur cupidité pour les
vrais besoins de la France, direntt à la Révolution
N'avez-vous pas ce que vous désiriez, la République et
nos affaires! Mais,
tous ses droits? laissez-nous donc à
répond la Révolution, ces droits, Messieurs, sont dérisoi-
Il faut d'abord votre pain. On me le doit en vain
res. me
j'ai réclamé jusqu'à ce jour l'égalité devant les biens
répandus sur la terre souverain, il est temps que j'entre
le
dans mon repos! Ensuite, il me faut votre sang. On me
doit en vain je réclamais la mort de ceux dont
l'existence
dispa-
est devant moi comme une oQ'ense. Je dois voir
raître ceux dont l'inteliigence, l'honneur ou les vertus ne
cessent de blesser mon orgueil. Plus d'équivoque! vous
avez la richesse et nous le
dénurnent. Vous nous avez
pris l'espérance, vous nous avez ôté le Ciel, dont la pensée
calmait autrefois nos misères, nous venons prendre notre
part dans le reste. Voilà quatre-vingts ans que nous vous
écoutons mais les richesses s'accumulent plus
rapide-
paupérisme
ment que jamais sur vos têtes, tandis que le
s'ouvre de plus en plus profond sous nous.
Pour échapper à cette thèse, il faudrait briser la logique
en un jour!
Dieu a voulu que nous vissions un gouffre s'ouvrir
même au fond de l'ablme, pour que nous pussions mesu-
rer la profondeur de notre
iniquité. Classes enrichies,
sortirez-vous de la situation que vous avez vous-mêmes
faite? Saurez-vous maintenant le comprendre? la paix ne
peut rentrer, l'ordre ne peut se faire qu'avec la Foi.
XVI!f.
XiX,
St'rts''t')Ku'aUt'dc)i).vn;toir'
(i) Nous disons tes enfanta car popu'.aUon muiLipHc <~ raison d~s
[a
conservant. <-t.s~
sab=isLancM; c~t-a-dir~qu.; les enfants, unn fois n6~sc
te Lravai!, pui~
dcveIoppL-nL eu prunurt.ion dL-s produits fourni, par
U-m~ par la u.odcraLion dans tes jouissance. C'L-sL snr ces
deux verLus unies
toute Hati.'n se déploie, et que s'assied dcfmUivcn~nt. uuc popu!ation.
que
et qui, d'après cela, s'est
rendu compte des grands mou-
vements de la civilisation sur ia terre, le rapprochement
des deux faits paraissait gros d'événements et de menaces.
U était di~icile d'échapper à cette douloureuse réflexion,
que dans un temps peut-être rapproché, des faits inat-
tendus apparaîtraient sur les champs de bataille en Eu-
rope, au profit de la race allemande et au détrimenr de
la race française
En outre, si l'on jetait les yeux sur l'Allemagne, il était
impossible de n'être pas frappé du sérieux qu'on y donnait
H tout.es choses, surtout à ce qui est relatif au
développe'
ment des facuhés humaines. En. France, on était au con-
traire frappé de 1 insouciance orgueilleuse qu'on apportait
à tout, de l'iudin'érence an'ectée pour ce qui est supérieur
et du dénigrement jeté sur les choses sacrées. Partout les
âmes étaient ployées sous la main de l'orgueil. Partout
on assistait à la chute du respect, conséquemment à la
chute de l'homme~
Tandis qu'en France ou se livrait au scepticisme, à la
frivolité, à la cupidité, à l'impulsion des appétits, qu'on
vivait par la vanité, en Allemagne, le peuple vivait par
(1) C'est toujours une idée. vraie ou fausse, qui soulève les peuples. La
Prusse, si bien nommée le péché de l'Europe, est elle-même animée par une
idée philosophique qui netendrait à rien moins qu'à produire en Europe un
nouvel Islamisme. La preuve en jaillirait de la couver'ation suivante, tenue
par un Allemand, LH f'-JOURHEJturf 1870!
a Dans quinzejours, vous aurez par
notre concoursune révolution sociale.
Nous avons besoin de voir anéantir vos capitalistes, vos prêtres, et toute lit
partie riche do la population, parce qu'elle entrave nos projets. La Répu-
blique opérera la dissolution de vos forces, et 800,000 Allemands, aux ordres
de la Prusse, entreront dans Paris. Il est temps de réduire la prétention de la
France gouverner l'Europe. H est juste que la seule nation intelligente,
qui'porteen elle le flambeau de la raison, gouverne désormais le monde.
Il est temps que cette race latine et cette religion catholique, tombées en
décompositionliquide et infectant le monde, soient anéanties pour faire place
a la raison. Dieu vent donner a la nation allemande la puis grande puissance
en Europe pour y accomplir ses desseins. Pour atteindre ce but, il nous
faut de l'argent la France seule en possède assez. Vous avez la H.'mque un
milliard et demi qui nous attend, et l'on vous en imposera sept. antres,
payables :'t de courtes échéances; puis, en nous retirant, nous retiendrons
la Lorraine et l'Alsace. Enfin, nous prendrons la Mediterr.mùc par l'Italie,
qui n'est qu'une esclave; c'est là que règne le Pape, vieille idole, qui abrutit
tes populations et se met en obstacle au règne de la raison, etc.
On ne saurait confondre les destinées auxquelles est
appelée l'Allemagne avec celles de la Prusse..
II est deux faits que nulle puissance humaine ne sau-
raient changer. D'une part, un mouvement anticatholique
a porté la Prusse au pinacle et peut seul l'y maintenir
de l'autre, la France reste le centre du mouvement con-
servateur et catholique de l'Europe actuelle. La question
est donc celle-ci: M. de Bismark et son église nationale
sont-ils plus aptes que le S. Père et les Evêques de la
Chrétienté pour décider des choses de la Foi et des mœurs,
de manière à fixer l'avenir du monde? Le bon sens est là
pour répondre.
Dès que les Français consentiront à rentrer dans la Foi,
à reprendre leurs mœurs~ à rappeler leur Roi, ils com-
prendront tout ce qu'ils ont perdu par leur orgueil, par
leurs désordres, par leur frivolité et leur insubordination.
Ils sauront que la chasteté fait les gros bataillons porteurs
de la victoire, et que Dieu punit pour le régénérer un
peuple infidèle à sa vocation élevée. Pour nous, il faut le
croire, c'est une expiation; maia pour nos ennemis, c'est
bien plutôt ce qu'on appelle une récompense en cette vie.
Dieu ne détruit, dans l'économie de ce monde, que ce
qu'il doit remplacer avantageusement. Où la Prusse pui-
serait-elle ce qu'il faut pour tenir la place de la France?
Mais où la France pourrait-elle à son tour récupérer ses
forces, si elle niait à la fois la cause de ses maux et le
siège de ses erreurs?
I.
III.
Troisième obstacle an salut de la France Ses classes libérales.
(i) J6r<miH.chap.'V,VI.
espèce d'idiotisme. Un tel état s'explique par un mot,
l'ingratitude.. Cette abomination a lassé la patience
éternelle.
l'on retrouve ainsi,
pas quelques hommes que
Cenesont
classe, et
mais une série entière! C'est une race, c'est une
une classe qui enseigne, qui
fait les lois, qui fait les mœurs,
et
qui dispose de la fortune, qui règne, qui gouverne
formé par
décide de tout. Jugez des tendances du peuple
soins! Tant cette race fâcheuse constituera la
ses que
majorité, et
société française, tant qu'elle en formera la
relever.
surtout l'aristocratie, la France ne peut se dessiller
Les humiliations ne lui sont envoyées que pour
sur cette domination funeste. Toutefois, que la
ses yeux libérales tou-
France espère, car un tel règne des classes
nuée qui,
che à sa fin. Dieu voudra dissiper cette épaisse
l'ombre
depuis près d'un siècle, retient les royaumes dans
et dans l'aridité. perdent,
Ces hommes ne regardent pas si les âmes se
le but de
mais si les affaires se font. Manquant ainsi
dans la nécessité
toutes choses, ils mettent la Providence obstacle à la
de dissiper une œuvre qui fait hautement
serait manquée
sienne. Il faut comprendre que la création
société
si les hommes pouvaient se mettre parfaitement en
dehors de la loi religieuse; s'ils trouvaient une paix
en Etat athée,
fertile au moyen d'une loi athée et au sein d'un
qu'une pareille combinaison nous laissât dans la
sans
pourriture. le mal
Si chez nous le salut des âmes n'était pas en jeu,
serait moins profond. Ce monde n'est organisé hum~ne, que pour
conduire les âmes à leurs fins et la société
crouler dès que
faite pour les mûrir et les guider, d~it
chez nous des
les lois divines disparaissent. Réinstaller
maintenir l'état de
lois systématiquement humaines, c'est
debout en
ruine; y rétablir les lois divines, serait mettre
l'ordre social en en-
même temps les lois humaines et
tier. Ce qui semble une idée mystique est la question
vitale en politique.
de la France est<-
Si la première cause des malheurs
dans sa présomption, la seconde viendra de l'opiniâtreté
à placer hors de la religion le fondement des mœurs, à.
mettre hors de la Foi la source de la justice et la base de
la société. Une telle. opiniâtreté, qui est un état de ré-
volte et lâcheté, conduirait la France à sa fin
v une .&&.4V
Cette opiniâtreté nous porte à chercher en dehors des
causes morales l'origine de nos revers. Au fond, disent nos
classes libérales, nous ne pouvions échapper aux défaites,
car noua n'étions pas prêts; mais pourquoi n'étions-nous
pas prêts? Nos administrations étaient en désarroi; mais
d'où provenait ce désordre? Nos fournisseurs volaient
l'armée; mais pourquoi étaient-ils voleurs? Des régi-
ments refusaient de se battre mais pourquoi des français
lâchaient-ils pied ainsi? C'est par des trahisons que la
France a été livrée; mais pourquoi est-elle devenue un
pays de traîtres? Nos soldats désobéissaient, blasphé-
maient, poussaientjusque sous l'ennemi leur vie de liber-
tinage mais d'où naissait cette dépravation? et la réponse
ici ne devient-elle pas claire?
Ne savez-vous point d'où sortent les désordres, les
escroqueries, les lâchetés, les trahisons, le manque de
conscience et l'absence de mœurs? Nos oniciers, disait-on,
en*éminés, sans instruction, sans élan, continuaient dans
les camps leur vie de paresse et d'indifférence nos géné-
raux, au-dessous de leur tâche, reprenaient en campagne
leurs habitudes de mollesse et de luxe, sauf, bien entendu,
de nobles exceptions. Eh bien, sur qui portaient les excep-
tions ? N'est-ce point sur ceux qui gardaient les croyances
d'où découlent les sentiments d'honneur, le mépris du
danger, les mœurs, le caractère et l'instinct du devoir?
Nierons-nous Ce qui manque à la France pour posséder
des officiers capables, des fournisseurs intègres, des sol-
dats vigoureux, et une armée qui sache vaincre? Cher-
cherons-nous encore des explications pour nous perdre?
Nourrirons-nous un jour de plus la vanité pour nous pré-
cipiter de plus en plus dans le malheur? La lâcheté veut-
elle encore nous empêcher d'envisager nos vrais devoirs?.
Si c'est elle qui vient, elle nous porte le coup de la
luurl..
DE NOS ERREURS.
Nous seuls pourrons secouer une opiniâtreté qui attri-
Q
f E,
(i) Dans une E~c s~r l'armée, portant cette épigraphe Songez à. vos
ancêtres et & vos descendants [ le capitaine d'état-major, Prince de Polignac
nous le dit Chez les chefs, il faut ajouter l'élévation des idées au senti-
ment du devoir. Ils doivent joindre le courage moral au courage physique,
se souvenant que le caractère est un des attributs de l'héroïsme, plus rare
chez nous que la bravoure.
LÉGIT. 7
Depuis quatre-vingts ans, quelle lumière et quels exem-
ples lui ont offerts les aristocraties issues de la Révo-
lut.ion?.
Le peuple a amplement fourni le travail exig-é
pour
l'exploitation du capital de l'industrie, et de là. ces profits
croissants qui ont produit une classe nouvelle. Mais cette
classe a-t-elle proportionnellement pourvu à la diffusion
des principes, des mœurs et des croyances indispensables
pour établir ce peuple dans la vertu et dans la paix?
Des fortunes, souvent acquises avec une scandaleuse
rapidité, portaient-elles toujours avec elles des principes
et des vertus qui leur fussent proportionnés? La cupi-
dité unie au scepticisme peut-elle former l'âme d'une
nation?
Tout peuple, en outre, par suite de son infériorité
intellectuelle, est considéré comme mineur. Sur qui donc
va frapper la colore et sur qui tomberont les avertisse-
ments appelés H rétablir la société réelle? Quand Dieu
détruisit Babylone ou Jérusalem, est-ce à cause de l'ido-
lâtrie et des cupidités des communeux d'alors, ou à cause
de celles des marchands et des princes du peuple?
Alors les prophètes n'ont-ils pas dit aux hommes que
cette cupidité n'était qu'une idolâtrie, qu'elle desséchait
les âmes et les privait du grand amour? Chez
nous, elle
n'a pas conduit seulement les hommes à une idolâtrie
qui, du moins, laissait encore debout le nom de Dieu,
mais à un athéisme qui l'efface déûnitivement! Elle n'a
pas seulement tari le grand amour, elle a pu créer la
haine contre Dieu même..
IV.
V.
résul-
Cette perversité, ces aberrations, ces malheurs
tent des points de vue faux où nous enfermait le libéra-
lisme. Falsification politique de notre liberté, le libéra-
lisme, qu'il le comprenne ou qu'il l'ignore, est la source
et forme l'essence de la Révolution. 11 a
voulu substituer
la volonté de l'homme aux lois divines, à ce qu'il nomme
par dérision le ~'o~ divin.
Une telle suppression de Dieu entraîne naturellement,
dans l'ordre intellectuel, la souveraineté de la raison,
dans l'ordre moral, la souveraineté de notre volonté, et
reli-
dans 1 ordre politique, la souveraineté de la foule. En
gion, c'est le rationalisme avec ses conséquences, scepti-
cisme, sensualisme et athéisme en politique, c'est la sou-
veraineté du peuple avec ses résultats, césarisme. oligarchie
et anarchie; puis en économie, c'est
l'individualisme avec
monopole, luxe,
tous ses effets, concurrence, cupidité,
appétits et misère. Survient ici la guerre sociale, née du
conflit des divers éléments de la production que met en
l'homme
contact l'envie, surexcitée par la souveraineté de
succédant à celle de Dieu.. En suscitant la guerre contre
Dieu, le libéralisme l'alluma contre l'homme.
Le libéralisme n'est pas une forme de gouvernement,
mais la dissolution de tout gouvernement. Cette apothéose
de l'homme devait amener une pratique étrange en
lui
l'impré-
tout recevait une consécration! Le mérite et
voyance, l'honnêteté et la bassesse
arrivaient au même
niveau; du même coup, tous les hommes montaient au
premier rang.. Mais jusqu'où portera-t-on l'extrava-
gance ? Donnerez-vous les droits, l'honneur, les
biens et
le talent à ceux qui
ne les ont pas acquis? Nous gratifie-
rez-vous tous de l'estime, de la capacité, du droit d'écrire,
du pouvoir de régler FEtat? Ferez-vous obtenir justice
celui qui n'y a, point droit? Enfin
à
mettrez-vous au pillage
la civilisation? Car tel est le terrain pratique
libéralisme. ou entre le
Aussi, a-t-on vu partout aboutir, d'une 4
part, à bannir
Dieu des lois et de l'enseignement, et de l'autre,
à détruire
la nature humaine, tout en prétendant l'exalter!
Quand
on ne veut tenir compte ni de la tradition, ni de l'histoire,
ni dès lors de l'expérience, il est aisé de bâtir
une théorie'
Mais lorsque arrive l'application,
on voit s'ouvrir un
gouffre où disparaissent les Etats.
Les libéraux sont encore persuadés
aujourd'hui Fordre social, il n'y a qu'à que pour rétablir
venir se replacer
avant 1870 Eh bien, il faudrait aussi revenir et
2 décembre, et sur 48, et sur le
sur 1830~ et jusque sur 89 Il
faudrait rétablir ce qui fut successivement démoli
dans
ces révolutions nées du libéralisme Evidemment,
parle pas ici des abus, qui suivent on ne
partout les hommes.
mais des principes que ces abus mêmes ruinaient.
Cepen-
dant, si l'on doit écarter les produits légitimes de
liberté, si l'on veut accorder tous les droits à l'Homme,notre
qui n'est qu'une abstraction, à dessein de les refuser
divers citoyens qui les ont acquis, l'homme lui-mêmeaux
détruit, et nous restons dans le chaos. est
1870 dans les établissements d<js R. P. jésuites, par exemple, il suffit de lire
l'article que les dictionnaires français ont consacré aux mots ta Jésuite a
et «Jésuitisme..M »
(1) Comme on l'a observé « La mesure de la Commune de Paris qui
déclare les églises biens communaux, parait révolutionnaire; mais elle
n'est que l'application des doctrines d'Etat de nos anciens ministres, de
MM. Dupin, Baroche, Rouland, Bonjean, Duruy. Notre législation ne recon-
naît ni au clergé, ni aux congrégation, retigieuses le droit de propriété. La
commune de Paris peut donc avec des textes de lois, des arrêtés
du Conseil
d'Etat, des circulaires miniatérieHes. expulser les religieux de leurs maisons
et s'approprier les églises.
pas hors de ses Etats pour ébranler tout en Europe
enfin, qu'on ôtàt Dieu de nos sciences, de nos arts, de
nos mœurs, du mariage et de l'enseignement, mais non
pas tout à fait de la conduite de nos fils qu'on-Févinçàt
des institutions et des lois, mais non de celles qui sou-
tiennent la propriété et la sécurité personnelles! Ils vou-
draient tous ces principes, mais non toutes leurs consé-
quences. Or c'est justement là ce que Dieu ne veut pas.
Combien doivent souffrir les gens honnêtes qui appar-
tiennent au Libéralisme! Eternels girondins, couvrant le
gouffre de leur anarchie intellectuelle sous leurs théories
puériles de progrès social, ils tiennent la porte ouverte au
mal, et ils espèrent le maîtriser; ils proclament des prin-
cipes faux, et ils prétendent en éviter les suites De
telles inconséquences nous ontdéjà conduits quatre fois au
malheur.
Comme intention philosophique le libéralisme est
certainement odieux, comme conception politique, il est
absolument nul. L'homme est un paresseux qui voudrait
vivre sans rien faire, l'homme est un vicieux qui s'appli-
que à fuir la lumière, l'homme est un ambitieux qui ne
veut pas de supérieurs, l'homme est un orgueilleux qui se
refuse à obéir, enfin l'homme est en proie au mal, qu'il ne
voudrait pas voir guérir! Et le libéralisme vient dire à
l'homme: «En tout, tu as raison, et la Révolution arrive pour
satisfaire tes grands désirs s Etonnez-vous des suites.
Le propre du Libéralisme est de ne point observer ce
qui est. Il ne voit pas que le christianisme a pu seul élever
une société réelle chez les hommo.5.. Qu'il faut avoir peu
de portée en politique pour écarter la Foi de l'ordre
social! Disciples du libéralisme, arrêtez maintenant l'effu-
sion du sang!
Contrefaire le christianisme,prétendre en appliquer les
dogmes à la politique tout en ouvrant le passage à
l'orgu.eil, c'était, pour entraîner les hommes, arriver au
comble de l'art. Le libéralisme eut achevé le travail du
protestantisme. Ramenant partout l'homme à la place de
Dieu, il aurait étendu le césarisme au reste de l'Europe,
chute la Chrétienté. La sagesse inspirée
et c'eût été la de
Ce sera
du. Pontife de Rome arrêtera le mal à temps..
suffrage
évidemment à l'aide des idées libérales et du
universel que l'antechrist un jour montera sur le trône du
empê-
monde. Du reste, on ne lutte aujourd'hui que pour
cher, ou du moins ajourner ce règne redouté.
le
Le Libéralisme est notre plaie interne; c'est mensonge
et
inaperçu d'où découlent à cette heure nos erreurs nos
maux.
VI.
Catholicisme libéral.
(I) C'est pour cela que les cond.unnat.:ons de Rome ont tant, de peine à
éclairer les fervents du libéralisme. C'est ici le commencement de l'illusion
terrible du Mensonge:, que le monde verra peut-être croître jusqu'à la fin.
En 1848, M. de Moutatembcrt., découvrant la fragijité des appuis qui res-
tent à la société, lui demandait pardon d'une opposition trop constante.
Aujourd'hui, ses disciples ont trop de loyauté pour ne pas voir à quel point
ces idées spécieuses en théorie ontébrauté chez nous les bases de la société et
l'empire sacré de la Foi..
et de l'Etat, sans entrevoir qu'une telle séparation n'a
jamais amenée qu'une substitution de l'Etat à l'Eglise.
Leur théorie a sa pratique en Italie. Avec des iutentions
évidemment meilleures que celles des libéraux purs, les
catholiques libéraux marchaient au même résultat la
sécularisation, ou l'athéisme politique. Cela vient de
l'habitude où nous sommes, depuis un siècle, d'envisager
l'homme au point de vue de ce qu'on nomme l'état de
nature, et non au point de vue donné par la Théologie.
Cette science fait partout défaut. De cette négation de
l'ordre surnaturel en politique résulte nécessairement
l'abrogation des lois divines.
Telle est l'erreur commune, la source encore vivante de
la Révolution, le principe de tous nos maux.. Pour échap-
per cette erreur, il faudrait plus de portée philophique
que n'en possède notre époque. Si, à l'instar de la Révo-
lution, les catholiques libéraux ne croyaient point à un
hornme meilleur qu'il ne l'est, ils ne rêveraient pas une
sphère où il puisse se passer de la tutelle de l'Eglise.
L'orgueil est donc, sans qu'ils s'en. doutent, l'une des deux
racines de leur conception.
Renversant la donnée chrétienne sur l'homme et met-
tant le comble à l'anarchie intellectuelle, une telle pensée
chez des chrétiens nous eut finalement enchaîné dans
l'abîme. Cette thèse eût complété l'aveuglement du
siècle et donné son achèvement à la Révolution. La Chré-
tienté eût disparu. Le seul moyen qu'eut l'erreur de s'ins-
taller dans le sanctuaire, les catholiques libéraux le lui
donnaient! Comprenons-nous la vérité ouvrant elle-même
place et lui
ses portes à l'orgueil, puis lui cédant -sa
remettant ses pouvoirs? la vérité surprise, mystifiée, et
prêtant sa voix au mensonge? C'est-à-dire que si après
l'Arianisme, après tout les protestantismes, le christianis-
me a couru un dernier péri!, c'est
celui-là~.
saire de son pontincat, le Pape a fait entendre ces paroles, qui donnent, à
reûediir a Je ne puis exprimer tous les sentiments qui m'agitent.. Pauvre
France! J'aime et j'aimerai toujours la France,elle est imprim'e dans mon
cœur. Je prie tous les jours pour eue! Cependantje dois lui dire la vérité.
Ce qui ulïlige votre pays, ce qui t'empêche d'obtenir les bénédictions, c'est
le mélange ou piutôt la mixtion de principes contradictoires. Et je dirai ie
mot il y a en France un mal plus redoutable que la Révolution, que tous
les misérables de la Commune, sorte de démons échappés de l'enfer, C'EST
m LJBËRAL!S3tf: CATnoUQCE. Là est le véritable neau. Je l'ai dit plus de
quarante fois, je te~'epete à cause de l'amour que je vous porte. n
LL. EE. les cardinaux Pitra et Bonaparte, Mgr de Nevers, le Général des
Dominicains, le Supérieur du séminaire français, le R. P. Bonnet, l'abbé
Dugas, le comte de Maumigny, et environ cent autres étaient présents quand
Pie IX a prononcé ces paroles émouvantes.
Ma), en effet, plus ~edoM~~e ~t/c la Révolution, puisqu'elle en recevait.
son accomplissement P/<~ o'i~re que la Co~M:~c, puisque ce mal
nous donnait le coup de la mort. La Révolution n'attendait que ce consente-
ment des catholiques elle passait désormais pour la 'vérité, et l'Eglise était
définitivement évincée de l'Etat. De l'édifice de Charlemagne, il ne restait
pas une pierre.
de leur faire accepter. Mais serait-il sage d'en user de la
sorte avec un gouvernement légitime? N'y aurait-il pas
une extrême imprudence à rendre
vassal de l'opinion,
forme dernière de la souveraineté de la foule, le pouvoir
paternel qui doit nous délivrer, quand Dieu ramènera le
Roi? Devons-nous voir recommencerla Comédie de quinze
ans contre une Restauration à laquelle le libéralisme n'a
pu reprocher que de l'attachement à la Foi de nos pères
et des égards pour le clergé?
Les catholiques libéraux se font eux-mêmes, en outre,
une idée trop insuffisante de la liberté. C'est ce qui a perdu
leur politique, et ce qui les empêchera maintenant de
comprendre comment on doit substituer les véritables
libertés à la liberté fausse, et les droits véritables aux
droits faux apportés par la Révolution. Tl y a un côté vrai
dans le libéralisme, qui est d'avoir la liberté en vue mais
aussi un côté faux, qui- est d'en appliquer les fruits, non
au mérite acquis, mais à l'org-ueil universalisé.
De même, il y a un côté vrai dans le rationalisme, qui
est d'amrmer le rôle de la raison, mais pareillement un
côté faux, qui est de l'ôter de son ordre et de la détourner
de son but. Comme il y a quelque chose de vrai dans le
protestantisme, savoir, de reconnaître la vérité de l'Ecri-
ture, mais quelque chose de faux, qui est d'en abuser ou
de l'interpréter en dehors de l'autorité.
Mais il n'est pas plus au pouvoir du libéralisme de
détruire la liberté, qu'il fausse, et que dans le fait il
annule, qu'au rationalisme d'infirmer la raison, qu~il
dérobe à son rôle, ou qu'au protestantisme d'abolir l'Ecri-
ture, dont il fait un mauvais emploi. Aussi le Pape con-
damne-t-il les catholiques libéraux, mais non ceux qui
réclament des libertés et des pouvoirs publics. De même,
il condamne les protestants et les rationalistes, mais non
la
ceux qui se servent de l'Ecriture ou s'éclairent avec
raison.
Les sectaires n'ont cessé d'opposer à Dieu une raison et
une liberté qu'il a faites pour nous conduire à
Lui Comment
mettre a proot en politique une liberté ainsi dénaturée?
vu.
Erreur première d'où provient le Libéralisme.
VIII.
IX.
hommes d'affaires.
Ces libéraux devaient se changer en
X.
des
C'est dans les points de vue et les inspirations
puisé ses
maîtres du libéralisme, que la démagogie a
exprimer
raisons Celle-ci du moins a la franchise de les
fondée sur
hautement. Notre société, dit-elle, n'est pas
doit donc pas enseigner sa parole & l'en-
Dieu on ne
(1) Plût au Ciel qu'on revint à la dime! car, pour soutenir la société
entière, religion, enseignement, assistance, justice, armée, propriét.é, sécurité
intérieure et extérieure, l'ancien régime n'employait que la dixième partie
des produits récoltés, tandis que pourvoir sacrifier ces choses, nous payons
le sixième et quelquefois le quart des produits présumes Et si l'on tenait
compte de l'octroi, des cotes mobilières, de tous les enregistrements,à quel
chiure arriverait l'impôt? Ajoutez-y les frais de succession, de timbre, de
greffe et d'hypothèque Enna, si l'on ~observe que l'industrie moderne a dé-
capa chez tous les occasions de perdre leur fortune, il reste, que pour un
petit nombre d'individus démesurément enrichis par l'agiotage et l'indus-
trialisme, des familles sans nombre ont disparu dans la misère.
Avant la Révolution de Juillet, faite, dit-on, pour obtenir un gouverne-
ment à bon worc/~ la France payait de six à huit cent millions d'impôts.
Et ce gouvernement les porta au chiffre progressif de quatorze cent mil-
lions 1 Plus tard, le 24 février proclama le gouvernement d« pays par le
pays il ne devait plus rien coûter. Et l'empire aussitôt, pour contenter son
monde, éleva nos impôts a deux milliards et trois cent millions
A ce chiffre ajoutons les emprunts d'Etat, l'encaissement occulte des
fonds
provenant des compagnies d'assurances, des sociétés de secours mutuels, des
caisses d'épargne, des bons du Trésor, etc., et nous approcherons du chiffre
de trois milliards, chaque année prélevés par l'impôt sur nous, au lieu de
six à huit cent millions. Trois milliards prélevés sur dix milliards, non
quoi? Parce que les plus absurdes calomnies sont mainte-
nant acceptées parle peuple, pourvu qu'elles soient diri-
gées contre eux Eh bien, les voilà dans la situation qu'ils
ont faite à l'Eglise: il faut bien qu'ils connaissent la loi
du Talion. Ils sauront que, pour persuader la foule de
tout ce qu'il y a de pius insoutenable et de plus odieux,
il suffit d'en accuser les riches, le clergé ou les Rois.
XII.
Profits du LibfraUsnne.
pas de produit net, mais bieu de produit brut, qui forment le rendement
annuel de la France 1
Et le libéralisme s'indigne contre la réaction Il ne faut donc
pas réagir
contre la ruine et contre le malheur?
Etre à la fois, comme on l'a dit plus haut, la plus
grande illusion et la meilleure des spéculations, c'est tout
avoir pour réussir parmi les hommes. Depuis bientôt cin-
quante ans, c'est avec le Libéralisme qu'on arrive à tous
les emplois, sans excepter celui de Souverain; qu'on
acquiert toutes les réputations, sans excepter celle de
philosophe. Si l'on porte les yeux sur les Trônes, dans
les Conseils, dans la Diplomatie, dans les Académie~
dans les Chambres, dans toutes les administrations, et
dans les Loges maçonniques, on cherche vainement une
place qui ait été acquise ou conservée en dehors du Libé-
ralisme.
Et non-seulement dans plus des deux tiers de l'Europe,
les Rois pour conserver leurs trônes, les Princes pour s'as-
seoir sur ceux qu'ils ne possédaient pas, les hommes poli-
tiques pour atteindre aux emplois les mieux rétribués,
mais presque tous les écrivains pour trouver une place
dans l'opinion, se sont vus obligés de recourir au Libéra-
lisme. Des milliers de savants et d'auteurs ont pu ae cons-
tituer ainsi d'excellentes fortunes, et des Rois sur le point
de se voir annexés, ont positivement réussi à
s'annexer
tous leurs voisins
Qu'on le dise! depuis 1820, est-il en Europe un homme,
Roi, prince, ministre, ambassadeur, magistrat,
financier,
académicien, professeur, publiciste, ou grand industriel,
qui se soit fait une position brillante sans user avec dis-
d'ob-
cernement des idées libérales? Car ici tous ont soin
server les nuances. Il y a
libéralisme pour celui qui règne,
libéralisme
et libéralisme pour celui qui aspire au Trône;
libéralisme pour le mi-
pour le ministre en fonctions, et
nistre en expectative. Toutes les proportions sont ordinai-
rement connues, depuis celles qui font l'ambassadeur,
l'orateur modéré, le financier en vogue, jusqu'à la dose
indispensable aux journalistes à effet, ainsi qu'aux écri-
Victor-Emma-
ai)Pour le moment, du moins, le Libéralisme a rapporté à
ancêtres dans les
nuel plus de provinces que les combats glorieux de ses
Lieux Saints.
vains qui n'existeraient plus s'ils étaient un instant négli-
gés par le libéralisme.
Depuis 89, il n'était pas de thèse creuse qui ne fut
Il
pleine de science, pour peu quelle encensât l'idole.
n'était pas de vaniteux, de pédant, d'orateur ridicule, de
grand seigneur quittant son rang pour mendier la popu-
larité, d'ambitieux nottant à tout vent de doctrine, enfin
d'existence amphibie, qui n'ait trouvé du relief et rétabli
palinodies, quelle
son unité si elle disait, à travers ses
avait toujours défendu, quoi? la liberté; Et notez que
DÉFINIR. Comme leurs plus grands types,
PAS UN N'A su LA
gloire ou
les Bonapartes, ils étaient des escamoteurs de
des escrocs de popularité.
.Quant la vérité, on en faisait litière, et la société por-
tait tout. Déclarer que les peuples, naturellement magna-
nimes, luttaient avec grandeur contre le despotisme,
naturellement inféodé aux rois, c'était être déjà libéral.
Ajouter que les campagnes gémissaient sous la domina-
main du
tion des prêtres ou des nobles, saisir partout la
jésuitisme ou'les piéges de la police, c'était être encore
plus libéral. Exiger que ni la Foi ni les mœurs ne
fussent protégées, signifier que toutes les religions sont
proie à
bonnes, que les hommes ont le droit de rester en
consi-
l'erreur, et que les prêtres catholiques doivent être
de
o.nés dans leurs sacristies, c'était donner des preuves
dis-
moins en moins douteuses de son libéralisme. Enfin,
suader vaillamment les âmes de l'ultramontanisme, c'est-
délivrer
à-dire de l'obéissance à la plus haute autorité,
l'Italie de l'oppression de Rome, faire crouler l'idole
du
civiles, pu-
Vatican, élever nos enfants suivant les lois
blier que les Ordres sont inutiles, qu'ils ne
doivent point
posséder, que l'Eglise est trop riche et que la vérité peut
protéger toute seule, c'était être de plus en plus libéral!1
se le privi-
Mais alors, vouloir qu'on nous ôte à nous-mêmes
n'était plus,
lége féodal de la propriété et de l'hérédité, ce
devenir honteusement
cette fois, se montrer libéral, mais
socialiste' Ici, pourquoi s'arrêter en chemin? le peuple
ne le comprend guère.
Dès qu'un prêtre passait pour être libéral, il avait du
g'énie; et peu s'en faut que le laïque pouvant unir le libé-
ralisme à la Foi, ne fut considéré comme un Père de
l'Eglise! Le public français attend encore de tout homme
prenant la plume, qu'il défende les idées libérales, sinon
cet homme est privé de talent. Issue de la littérature, la
Révolution avait intérêt à ce que l'on pût confondre la
capacité littéraire avec la capacité pratique. Les libéraux
brillaient sans doute par la première, car chaque fois
qu'ils prenaient en mains le timon des affaires, l'Etat
arrivait plus près de l'abîmer Mais à partir du 2 décem-
bre, ils employèrent la capacité littéraire avec tant de
succès, au Pouvoir et dans toutes leurs lois, que, si Dieu
n'intervient, la France, ses armées, ses finances, son sol,
ses habitants, disparaîtront sous l'opprobre de la con-
quête, de l'incendie et de la dispersion..
Depuis le trône jusqu'à l'échoppe, la société fut enlacée
dans le Libéralisme. Comme il était le moyen du succès.
ne vit-on pas jusqu'à des membres du clergé sourire dis-
crètement à quelques idées libérales pour mieux ramener
l'attention sur la Chaire? Plusieurs même ont cru que la
doctrine sainte en affectant, sous le nom de gallicanisme,
une allure libérale envers l'Autorité spirituelle, serait
mieux accueillie de l'Etat et de la société dite moderne~.
(1) Où ils se sont montrés tout-a-fait supérieurs, c'est dans le soin de leurs
auairt's. Arrivés sur la scène avec leurs idées pour tout patrimoine, ils s'en
sont retira, les uns après les autres, escortés de millions, sans doute légale-
ment bénéficies.
Toutefois,rappelons pour mémoire que cette Restauration, qu'ils ont cons-
puée, n'present~it du moins l'honnêteté. Ses ministres, passés en jugement
pour ne s'être pas assez tôt retirés devant eux, sortirent des aûaires littéra-
lement sans fortune
M. de Chautelauze fut rencontré sur la route de Bruxelles avec 3 fr. dans
ses malles; M. Guernon de RanviHe, qui fignore? n'avait u rien dans sel
poches; M. de Montbet fut se réfugier auprès de Charles X; et chacun sait
la situation modeste ou sont restés les Polignac. Quinze ans auparavant,
M. de Richelieu, qui avait traité avec l'étranger la question de nos milliards
d'indemnité, vivait dans une simplicité si proche du détiùment que le Pays,
reconnaissant, a du s'en émouvoir.
(2) <' Le gallicanisme, dit le R. P. Montrouzier, rampait devant le grand
LÉntT.
Les gouvernements attiraient dans l'épiscopat ceux qui
raisonnaient de la sorte. Celui qui ne maudissait pas en
tout la pensée libérale était évidemment un ami de César.
Dans cette distribution savante des positions et des em-
plois, des trônes et des renommées, le Libéralisme, du
moins, ne mettait en oubli personne!t
Il n'était pas seulement la meillenre des spéculations;
il fut encore le vrai moyen de conserver la paix. N'être
point libéral, c'était se condamner à ne plus être considéré
comme un compatriote. C'était défier la fortune, insulter
la pensée, mépriser ses contemporains, braver la justice
elle-même, se montrer un esprit étroit, refuser d'être « un
homme de son temps. Un tel homme, évidemment hos-
tile aux nobles aspirations modernes, devait. être un dé-
fenseur du despotisme, un contempteur de ses semblables,
un ennemi du genre humain.. Et l'ostracisme privé
s'ajoutait de la sorte à celui que les gouvernements fai-
saient peser sur lui.
Le temps était venu où, pour trouver faveur ou simple-
ment justice, il faHait apostasier la raison, déserter le
véritable honneur et montrer la marque libérale! Mais
par malheur, le temps viendra, aussi, où pour avoir du
pain, l'homme devra montrer la marque de l'apostasie
définitive.. Ce dernier esclavage soldera les bassesses ren-
fermées dans les autres.
0 servitude!1 ô défaillance! que d'esclaves et que de
mendiants, depuis ceux qui présentent leur requête aux
nations pour obtenir des Trônes, jusqu'à ceux qui la pré-
sentent à la foule, pour obtenir la popularité, et par elle
un peu d'or 1 Parmi tant d'hommes qui se disaient si
fiers, a-t-on entendu une voix dénoncer cette honte, pro-
tester contre une telle servitude et rappeler le siècle à la
pudeur?
On vit l'Eglise seule condamner le Libéralisme; seule
oser dire en face à ce triste siècle qu'il nous humiliait et
XIII.
Coutumes du Lib6raHsma.
Qm n'a vu de près les habiles qui nous ont fait ces des-
tinées ? Quand nous étions enfants, nous entendions des
hommes raisonnables accuser violemment le bon roi
Charles X de pressurer et d'opprimer son peuple. Puis
nous les vîmes tous un peu plus tard servir L. Philippe,
conduit à mitrailler ce peuple dans les rues et à doubler
tous les impôts pour se maintenir au pouvoir! Aussitôt
d'autres hommes traitèrent L. Philippe de tyran, d'ennemi
de l'égalité et de corrupteur de la France. Et peu après
nous les vîmes ëgalementencenserun nouveau Bonaparte,
accepter de sa main les charges et les dignités. L'égalité
était leur idéal, leur amour, leur caprice c'était le dogme
de l'humanité, et tous allaient ramasser les décorations,
les places, l'argent surtout qu'on leur livrait 1.
Quoique jeunes, nous comprîmes le peu de sérieux qu'il
l'opinion
y avait dans ces esprits et le peu de valeur de
qu'ils professaient. Bien nous en prit; car ne prêtant plus
l'oreille à leurs discours, nous cherchâmes la vérité ail-
leurs. On avait beau changer de lieux et d'interlocuteurs,
partout les libéraux se ressemblaient, au point que chez
France,
(1) La chute de Charles X devait amener la grandeur de la
fortune Ils voulaient parier de
comme ce!le de L. Philippe devait en faire la
la leur.. Quant aux mœurs, chacun peut dire
qu'on n'a guère observé chez
les sectateurs du tiberalistne que l'ambition et
l'illusion. L'illusion occupait
leur esprit ettenait lieu d'idées, l'ambition occupait leur cœur et servait de
point
mobile. On en connaissait peu qui eussent réellement des mœurs, et
avoir, au
qui ne sollicitassent des emplois d'un pouvoir triomphant, après
le pouvoir qui leur refusait ce pro6t.
nom du désintéressement, combattu
eux les idées, lac onduite et le caractère
paraissaient sbrtir
d'un seul moule. Hélas! c'était celui d'une nullité d'idées
et de caractère portée par l'ambition. Partout on les trou-
vait combattant le Pouvoir, les lois, la religion, même la
société, quand ils étaient hors des fonctions publiques;
partout célébrant les lois, exaltant un Pouvoir qui, sui-
vant eux, sauvait la patrie et régénérait la France, dès
qu'ils arrivaient aux emplois.
Ne les a-t-on pas vus à leurs débuts, farouches envers
les grands, mépriser la naissance, .pousser des cris contre
les dignités, contre l'hérédité des titres, contre les iné-
galités, contre les supériorités; puis, dès que la for-
tune leur arrivait par l'industrie ou par
l'agiotage,
monter leurs équipages, porter des armoiries, tenir bas
leur chapeau autour de la noblesse de manière à la
coudoyer; et, malgré leur cupidité dominante, rechercher
pour rieurs filles des hommes titrés, ces derniers fussent-
ils sans fortune? Ils purent même, en fait de titres, se con-
tenter de l'apparence, tant ils étaient préoccupés de tenir.
honneurs 1
ne fût-ce que par un fil, aux
XIV.
Crime du libéralisme.
(1) Qui n'a entendu des fila, pour désigner te~r përe, se servir,
non sans
quelque affection. de ces mots c'est le t)tsf/.r/
suffisant'. Par le chômage, par les faillites, de même que
côtés, cet homme
par les vices qui le pressent de tous dans un
voyant tout ce salaire se dissiper, disparatt
gouffre qui n'existait point avant vous, un gouffre encore
inconnu hors des villes, celui du paupérisme.
Aux champs, que Dieu même avait faits, les
familles
possédaient une vie immortelle; au milieu de nos villes,
elles s'évanouissent dans la misère ou dans la
stérilité.
de pre-
Les champs sont créés pour produire les objets
mière nécessité, les richesses qui nourrissent l'homme,
multiplient les familles et forment les nations. Vous avez
augmenté sans mesure les villes, où, pour accroître votre
gain, vous avez fait produire les objets de superfluité,
richesses qui corrompent l'homme, dévorent les famil-
ces peuples à
les, détruisent les générations, conduisent les
la mort.
Une telle direction, une telle aristocratie n'est-elle pas
condamnée moralement, économiquementet socialement?
Avouez-le, son règne détruit l'homme et détruit la nation.
Cette aristocratie a produit l'abaissement moral, maté-
riel et politique du pays. Elle a répandu dans nos mœurs
les instincts qui ont fait battre nos armées, dans le peu-
ple, le délire qui le porte à vouloir tout incendier et c'est
elle qu'on entendra déclarer, sans gémir, que la France
estjo~ appelée à subir le sort de la Pologne qu'au
reste toute grandeur a sa un Pour de tels hommes, que
la
résignation serait bientôt complète! Ils se diraient que les
du Dieu.
(t) Là, au lieu de toucher son salaire en nature, et de la main
l'or, qui
qu'on a prié, il le reçoit de votre main, non en denrées, mais avec
lui brûle la main. Que deviennent la prévoyance, la simplicité,
l'ordre et la
garantie?
sobriété, puis toutes les vertus dont celtes-ci raient la racine et la
Dites-leur que,
(2) Quc-lquea-uus ont déjà touche le sol de l'effronterie..
ils ont volé les fonds publia
par l'agiotage ou des marchés scandaleux,
lorsau'tls étaient ministres, qu'ils ont mis la justice aux enchères quand ils
l'ennemi
étaient arbitres ou administrateurs, qu'ils se sont sauvés devant
Babylonis. Autrefois, par la voix des prophètes, Dieu
n'a tant nagellé l'avarice et la cupidité, que parce qu'elles
dessèchent le cœur et le privent du grand amour; com-
ment l'amour de la patrie aurait-il résisté ici?
Ah! que celui qui veut se décharger de responsabilités
redoutables, se détourne de tout ce qui s'est fait depuis
quatre-vingts ans sous le nom de progrès, de liberté et de
prospérité des peuples 1
Pour vous, qui desséchiez le cœur de la France en taris-
sant la Foi, et qui, d'un ceil serein, regardiez les mœurs'
s'évanouir avec les nobles sentiments, ces rénexioas ne
vous sont point offertes pour vous humilier, mais pour
vous laisser voir d'où il faut ramener les cœurs Dieu a
lancé ses flèches c'est le moment de les retirer de la plaie
pour en faire dégorger. tout le sang vicié. L'histoire même
tient ce langage la France sera grande dès qu'elle sera
chrétienne. On ne peut espérer une restauration nationale
que d'une restauration morale, et une restauration morale
que d'une restauration chrétienne.
Ne disons rien, ou disons les choses utiles! Comme le
libéralisme est, depuis quarante ans, en pleine possession
de la France, qu'il en
a formé les esprits, préparé les
idées et rédigé les lois, on l'adjure de considérer ce qu'il
a fait de la France moralement, économiquement et
nationalement! On lui demande si, en conscience, il croit
devoir encore la gouverner, à moins de recevoir une trans-
formation morale et politique, telle qu'on l'expliquera plus
loin.
quand ils étaient officiers généraux dites-leur qu'ils ont fait des faillites
scandaleuses quand ils étaient marchands, et pour toute répons H.s vou~
r~ar~'ront on j'itié..
XV
Race n6edu libéralisme.
XVI.
L.HOT. 100
XVII.
xvur.
Les honnêtes gens peuvent-ils nous sauver!
XIX.
la
Résumons-nous. Une erreur sur la liberté a obscurci
politique et perdu l'ordre social. On eût dit que l'époque
nnissait par tomber dans l'erreur invincible. Les vérités
étant déclara des erreurs, et les erreurs des vérités, peu
d'hommes voyaient ie mal dont ils devenaient les auteurs.
Ceux mêmes qui gouvernaient ne voyaient plus tout celui
qu'ils faisaient.
Et cependant si la portée philosophique de l'erreur
échappait au libéralisme, il ne tenait qu'à lui d'en voir la
portée sociale Dépouiller un peuple de sa Foi, faire dans
ses lois et dans ses idées le vide de l'athéisme, est un cri-
me si vaste qu'il n'a point encore de nom dans la langue.
Exposer d'un seul coup tant d'âmes à se perdre, toute une
nation à se détruire, est un tel attentat, que l'on doit s'em-
presser de dire de ceux qui l'ont commis Ils n'ont point
su ce qu'ils faisaient! Dieu ôté du Pouvoir et des lois,
évincé des idées, des sciences et des mœurs, c'était l'abo-
lition de l'hornme, l'anéantissement des peuples.
Et c'est au nom de cette liberté remise à l'homme pour
s'élever de lui-même vers Dieu, que l'on parvint à en
détourner si complètement l'homme
C'est alors, il est vrai, que l'orgueil, prenant le nom de
liberté, envahissait le monde. Nous l'avons dit sans ce
déguisement il n'aurait pu inonder les peuples sous ia
triple qualification de liberté intrinsèque des consciences,
de liberté absolue des cultes et de liberté illimitée de la
presse! L'illusion n'avait plus de bornes; la mutation de
nos erreurs en vérités et de nos vices en vertus s'étaitt
déjà. pleinement opérée.
A mesure que se faisait le travestissement, que le mal
prenait plus d'empire, que les hommes devenaient plus
mauvais et les méchants plus redoutables, nos littérateurs
criaient au progrès, à la prospérité, au triomphe de la
civilisation La décadence arrivait à grands pas, déjà la
mort occupait les issues, l'orgueil lui-même par mo-
ment menaçait- de tout écraser; rien n'y faisait! Jamais
peuple ne fut jeté dans un mensonge plus profond, ne fut
en proie à une fourberie plus universelle. Tout un siècle
mystifié dut subir avec allégresse le règne d'une liberté
qui rendait les peuples esclaves et les inondait de leur
sang.·
Les hommes parlaient tons de leur liberté. Mais lors-
qu'on la réclamait pour l'Eglise, c'est-à-dire pour leurs
âmes on voyait ces mêmes hommes, déconcertés,
déclarer que par ce fait nos libertés allaient périr.. Puis
h la fin, ne pouvant plus dissimuler, et forts des succès
de l'orgueil, un certain nombre leva le masque et
demanda ouvertement l'abolition de Dieu au sein des
sociétés humaines. Et nombre d'honnêtes gens préten-
dent qu'il y a du bon à prendre dans la Révolution Phi-
losophie, sciences, éducation, lois, mœurs, enseignement,
idées religieuses, économie, armées, finances, est-il chez
elle une de ces choses qui ne dénote une imposture? Est-il
un de ses actes qui ne renferme un piège, ou un de ses
triomphes qui ne nous laisse dans le malheur? Or c'est
redoutable
au moyen du libéralisme que s'était préparée la
mystification.
Le libéralisme tenait lieu de génie. Il tenait lieu
d'idées, de principes, d'expérience. Il tenait lieu de la
raison comme il tenait lieu de la Foi. L'un construisait
une philosophie, c'était du libéralisme l'autre composait
une histoire, c'était du libéralisme; un troisième traitait
de l'éducation, du mariage, etc., et c'était du libéralisme
Celui-ci s'occupait du droit, discutaitt les institutions;
celui-là écrivait sur les finances, sur le commerce, sur
les douanes; un autre s'élevant à des considérations reli-
gieuses, traitait des rapports de l'Egtise avec l'Etat, avec
l'enseignement, avec la liberté, avec la société moderne,
même avec ses progrès, et toujours du libéralisme, tou-
jours l'exaltation de l'homme hors de l'autorité, la glori-
fication de la société hors de Dieu, ou l'installation de
l'orgueil.
Toute idée, tout projet, toute science devait aboutir à la
négation des principes réclamés avec instance par l'Eglise
pour sauver les sociétés chrétiennes ainsi le voulait-cette
liberté Elle avait évincé celle qui réclamait le règne de
la vérité, et le savoir politique se bornait à contredire
les principes du Syllabus. Depuis quatre-vingts ans, les
songe-creux unis aux politiques,'étaient tous d'accord sur
ces points. L'Elise devait se retirer pour faire plus de
de place à l'Etat, Dieu devait s'effacer et laisser cette terre
aux enfants des hommes. Alors devait éclater dans la joie,
dans la liberté, dans la gloire,-le règne désiré de l'homme
0 France il t'a fallu traverser ces extravagances
Si l'on se ngurait un être que des insectes auraient le
pouvoir d'envelopper dans un linceul, venant y faire
leur maille les uns après les autres, envahir peu à peu
les membres, gagner le tronc, couvrir la bouche, cacher
les yeux, environner la tête, on aurait une imag'e de la
nation en proie depuis un demi-siècle au travail du libé-
ralisme. On chercherait en vain la partie du corps social
qui a pu échapper à cet ensevelissement. C'est quand la
France entière aurait été enfermée dans ces bandelettes,
qu'elle aurait été bien vivante C'est quand elle aurait
tout à fait quitté la main de l'Eglise pour tomber jusqu'au
fond du césarisme, qu'elle aurait été glorieuse! Eh bien,
c'est d'une telle vie et d'une telle gloire que le 4 sep-
tembre est venu l'affranchir.
XX.
(1) Le déluge est venu pour sauver des hommes livrés aux excès de )a
chair et tous exposés à mourir ec'mme ils avaient vécu. Evidemment, sans
cette mort effrayante, rien n'aurait pu les arracher alors à leur aveugtement.
humaine, comment croire que Dieu D'ait pas déjà porté
jugement?.. Le monde finirait dans un suicide plus
un
manifeste que jamais~.
Il est toutefois un motif qui permet d'espérer que Dieu
les hommes.
ne voudra pas surprendre en ce momentgouvernement.
Depuis 89, ils ont été dépossédés d'un vrai
Depuis plus d'un siècle, les classes inférieures sont pri-
vées d'une aristocratie véritable, et Dieu veut
secourir ce
peuple deshérité. Il entend que l'ensemble de ceux qui
désirent revenir à lui, le puissent aujourd'hui.
Les esprits semblent avoir le pressentiment d'une époque
reconquise.
où toute injustice sera réparée et toute vérité
déplacée
La montagne d'erreur qui nous couvre se verra
précipitée dans la Alors toute chose sera remise a
et mer.
place. Une lumière, aussi grande que l'obscurité dont
sa
les peuples étaient enveloppés, redescendra sur tous, et
donnera au peuple
nous verrons le monde agenouillé. Dieu n'en posséda
un roi magnanime, un clergé comme on
le
jamais, et les exemples d'une aristocratie rétablie dans
bien. L'heure du Seigneur viendra, et il fera ce beau
miracle, de ressusciter la Foi dans le monde. Nous entre-
rons dans une lumineuse paix.
En cette époque, la France ne sera si grande que parce
Dieu sera avec elle, et c'est ce qui deviendra visible
afin de
les Tout ce qui vivait de bonne foi au
ramener cœurs. le
milieu de l'erreur, tout ce qui ne veut pas le mal pour
mal, reviendra à la sincérité de la vertu. Faut-il
aussi
définitive
le dire? alors s'opèrera peut- être la démarcation
entre les bons et les méchants.
Il ne tiendra qu'aux hommes, ainsi favorisés, d'assurer
à la terre un nouvel avenir. Mais un trop
grand nombre a
l'indépendance, pour ren-
connu le mal de l'orgueil et de
n'est plus là pour
trer dans la simplicité; et le Déluge
renouveler notre race et étouffer le mauvais plant.
XXI.
CHAPITRE L
Source de la politique.
CHAPITRE II.
elle a observe ce
(i) Telle est, au reste, la méthode que l'histoire a
suivie
C'est pourquoi les esprits, même peu élevés, qui ont
été guidés simplement par les faits, se sont trouvés près
du vrai et comme transportés au sein de la pratique, soit
pour y suivre, soit pour y conduire les hommes. Ils
avaient avec eux ce que la modestie possède le bon sens
et l'inestimable expérience. Les autres, en dirigeant leur
vol dans la pensée pure, au sein de l'illusion, devinrent
plus chers au vulgaire, qu'attristera toujours l'austère
réalité. Ils entretinrent d'autant mieux la force des révo-
lutions et l'argument des hérésies.
L'a pnor~ la théorie sera toujours le danger chez les
hommes. La répugnance commune à se contenter des
faits, et les conclusions facqes où nous sommes toujours
prêts à entrer, nous conduisirent de tout temps hors du
possible, et nous amènent cette pluie d'erreurs quelque-
fois innocentes mais souvent redoutables, qui se partagent
la foule et ses littérateurs. L'homme de lettres ne cesse
de combattre et de détruire l'homme d'Etat.
La raison pure, toujours obscurcie par la Chute,
n'est que de la théorie pure. Certes!1 il i'aut écouter la
rftison, mais pour en chercher l'application indiquée par
l'expérience.
En outre, l'utopie perd de vue ce qu'il y a de plus
sacré dans l'histoire, les traditions, les mœurs, les droits
acquis, les lois, l'action de Dieu sur nous. Des faits qui
vivent six mille ans font assez voir la volonté du Créateur.
Ces faits, avec leur interprétation, sont tout !c secret du
génie, qui consiste à les entendre de mieux en mieux. On
peut s'en rapporter à la pratique divine!1 On sait d'ail-
qui est et l'a ju~é à tnmi~re de ce qui doit être. Tel est aussi le point de
vue dans lequel ou rétablira toutes les sciences politiques.
leurs que la vraie connaissance de l'homme conduit à
l'indulgence, en même temps qu'à la saine pratique des
affaires. Au lieu que la théorie pure mène aux déduc-
tions du fanatique ou du sectaire, de là aux œuvres du
conspirateur.
En politique, toute la question porte en définitive sur
l'homme est-il né bon, ou bien est-il en proie au ma!
originel? Pourra-t-il se passer de défense et de lois, ou
devra-t-il garder cet ordre politique qui, depuis l'origine,
a protège tous ses progrès?
On raisonne parfaitement de
part et d'autre il ne reste donc qu'à choisir entre le fait
et l'utopie, entre les traditions et Rousseau.
D'un côté toute l'histoire, les lois, les rois, une tutelle,
des nations qui s'élèvent et rccuei!)cnt des droits acquis
des révolu-
une pratique de six mille ans De l'autre,
tions, le bien désarmé, comme s'il était sùr du triomphe,
le capital non protégé, comme s'il venait de la nature,
l'homme livré à ses instincts, comme si tous étaient bons
siècle de désastres D'une part, l'Eglise et l'expérience
un
du monde, de l'autre, des rêveurs, puis des scélérats.
La société, surtout depuis un siècle, n'a pu se défendre
contre la Révolution, parce qu'elle oublie d'en remonter
le cours pour la détourner à sa source.
CHAPITRE III.
De la pratique en politique.
)j
d'une extrémité à l'autre avec force et dispose tout avec
N
douceur, car elle a l'intelligence de toutes choses 1. »
Faite de lumière et de condescendance, la sagesse pro-
portionne le plan de Dieu aux possibilités de t'homme;
elle unit la justice à l'expérience, elle est la voie en
politique.
De ces principes élevés, que devons-nous directement
conclure? Tout d'abord un point capital qu'il faut, en
politique, écarter !a pure théorie, se faire éclairer par la
Foi, s'en tenir aux renseignements de l'histoire, recueillir
les droits et les biens obtenus, garder les précieux e!c-
(!) La Sagesse, chap. VII et suiv. « Lamultitude des sages est le salut
du monde et le roi sage, le fondement de son peuple. H Idem. chap. VI.
Et l'esprit du Seigneur rpposfra. sur lui, l'esprit de sagesse et d'intelli-
gence. a Isaïe, chap. 11. D'où l'on comprend que la sagesse donne l'intelli-
gence et qu'elle est l'esprit du Seigneur.
ments de toute civilisation acquise, pour Fcmpécher de
tomber dans t'abîme du despotisme ou des révolutions.
Rentrer dans la lumière et dans l'expérience, c'est-à,-
dire dans la sagesse, savoir de l'homme ce qu'il est en
realite, quel terme il doit atteindre, quel obstacle l'arrête,
et comment, ma!gre sa misère, on peut le conduire à ses
uns, est d'une grande politique en tout temps, mais sur-
tout à cette heure.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
Objet de la Société constituer la liberté et la nature humaine.
CHAPITRE VII.
(i) Les blessures faites par le dernier Bonaparte a ta France, ne sont pas
datées de Sedan! 1 Le meurtre a commencé le jour où, d~accord avec nos
instincts, il la tivrait tout entière au luxe, a ~immoralité et t'oubH de
Dieu où, d'accord avec nos erreurs, il lançait la presse otucieuse contre le
Souverain Pontife, dans le but de livrer ses Etats l'avidité du Piémont où,
d'accord avec nos folies, il nattait les instincts révolutionnaires, dans le but
d'affermir un trône acquis par les voies révolutionnaires; ou, d'accord avec
nos passions, par dédain pour la vertu, pour t'bonneur et la vie modeste,
il mettait la gloire dans l'argent, raitumant les flammes de la jatousse dans
la classe:modeste, celles de la cupidité dans la classe moyenne, celles du
dérèglement dans la classe élevée; le jour où, pour ministre de l'instruction
publique, il choisissait celui qui nous donnait un singe pour ancêtre; où,
Nous ne pouvions manquer d'accuser Bonaparte de
tous nos maux. Mais d'où vient Bonaparte? Ne
sort-d pas
de la Révolution? Et don vient !a Révolution? Ne sort-
elle pas de nous? C'est donc nous qu'il faut corriger. Si
Bonaparte, suivant ce point de vue, avait été chez nous
un fait dcnuc de racine, le
mal aurait disparu avec lui,
après d8io. Muis le mal reparait et produit un second
Bonaparte. Avouons donc que Bonaparte n'est que le
symptôme d'un mal qu'il faut guérir en nous. Ses satur-
nales et ses erreurs sont les nôtres. Sa lâcheté ne date
complaire et
pas de Sedan, mais du jour où pour nous
les plus pressants
pour s'étayer de la populace, H déserta
intérêts de l'Eglise. Et nous, en persistant, pour satisfaire
la présomption française, à rejeter tous nos torts sur
autrui, pourrons-nous sortir du malheur?
H est vrai, depuis que les Etats existent, jamais gou-
vernement n'avait, à l'aide du mensonge, amené si avant
l'affaire de la démolition de l'ordre social. Mais il y fut
conduit par la nécessité où il crut être de céder à
l'erreur et d'accorder les lois de l'Etat avec celles de la
dévolution.
CHAPITRE IX.
Fimmensite de l'effet et
(i) Pui~qu'H n'y a plus ici de proportion entre
d'autant
l'exige de la cause, c'est une raison pour étudier celle-ci avec
de sotUcimde 1
plus de soin, et l'entourer d'autant plus
mauvais plier sons les lois faites par les meilleurs, autre-
ment dit, le plus grand nombre céder au plus petit!
Or une telle autorité, venant régler les libertés humaines,
ne peut être établie que dans l'âme; elle ne peut procéder
que de Dieu, ni s'exercer qu'au nom de Dieu sinon ici
les libertés ne seraient plus libres. Et déclarer que cette
autorité provient des hommes, et non de Dieu comme
notre être, n'est-ce pas, du même coup, violer la liberté
humaine, détruire le respect dans sa source et~renverser
l'Etat ?
Aussi, longtemps avant le 4 Septembre, nous n'étions
plus en société. La force du dehors nous y maintenait
seule. Il a sufïi d'ôter le pouvoir qui l'exerçait pour voir
mettre en question ia Société entière lois, religion,
famille, sécurité, propriété. Nous n'étions plus la branche
qui neurit, mais le faisceau que l'on dé!Ie.
Si nous avions été une Société, autrement dit, si le
respect eut soutenu les droits, ou les rapports qui doivent
s'établir entre les hommes, la rupture de la force n'eut
à peu prés rien dérangé. On a vu perdre des batailles,
et les royaumes restaient debout, parce qu'en eux la
Société était toujours vivante. On ne niait ni les droits
du propriétaire, ni ceux du chef de famii!e, ni ceux du
magistrat, ni ceux du souverain, ni ceux de t'homme,
dont la liberté ne peut se confier qu'a un pouvoir qui
s'exerce au nom de Dieu et dans sa Loi. On ne niait
aucune légitimité. Chez nous, la Société ne subsistant
plus qu'au moyen de la force extérieure, un choc nous
réduit à l'état de ruine.
Depuis longtemps les hommes s'étaient mis dans cet
état de ruine d'où il leur était impossible de sortir par
eu~-mcmes. Seulement aujourd'hui un tel état est. devenu
LOIS D'OR DE LA SOCIÉTÉ. i85
visible. Pour nous sauver, voit-on maintenant ce qu'il
convient d'abord de faire?
Ne devons-nous pas dire avec l'Ecriture « Tout pou-
voir vient de Dieu. » Pense-t-on, d'une part, que l'homme
doive obéir à l'homme, et de l'autre, cumuler les avan-
tages de la Société avec ceux de l'orgueil? Peut-on placer
la souverainetédans le peuple, c'est-à-dire dans l'homme,
puis trouver au milieu d'un tel athéisme la liberté, les
droits, les biens et la sécurité?
Toujours pour s'éloigner de Dieu, les hommes se disaient
encore N'est-ce pas à nous seuls de choisir notre sou-
verain ? L'élection se portera toujours sur le plus apte,
sur le meilleur. L'hérédité peut mettre au contraire sur
le trône le plus inepte et le plus mauvais. Que leur
ont répondu les faits, notamment les derniers sept mil-
lions et demi de suffrages?. C'est que dans l'élection ce
sont les hommes qui choisissent, et dans l'hérédité c'est
Dieu.
La Société ne doit pas être plus étonnée que l'homme,
de trouver Dieu à la source première
Ah! plaignez-vous de l'homme de Sedan, et vous
n'aurez pointt tort. Dans le cours de l'histoire, vit-on
jamais capituler un souverain ayant en main et sur son
propre territoire une armée tie quatre-vingt mille hommes,
puis une armée plus forte encore postée un peu plus loin?
La France n'avait pas de princes; l'un avait brûlé la
cervelle chez lui à des gens venus pour l'appeler en duel
l'autre partit du côté du Midi quand on eut déclaré la
guerre du côté du ~ord; et leur chef livra la France à
l'ennemi pour s'assurer du pain et une captivité plus favo-
rable. C'est la conduite du mercenaire, de celui qui n'est
point pasteur. Oui, plaignez-vous de l'homme de Sedan;
mais remarquez qu'il est issu de vos suffrages. Suffrage
universel erreur universe!!e*.
On voit déjà comment la Société s'élève harmonieuse-
ment sur la nature humaine. Si nous portions plus avant
nos regards, nous serions sans doute surpris de la mer-
veille que renferment les plus simples faits de !a hiérar-
chie sociale.
CHAPITRE X.
CHAPITRE XI.
CHAPITRE XII.
Lois d'or de la politique.
CHAPITRE XIV.
CHAPITRE XV.
tous nos biens, nous mettre autant qu'il est en elle à l'abri
de la corruption, nous faire aimer le bien, apprécier le
vrai et admirer le beau, nous conduire au vrai but, autre-
ment dit, nous Gouverner.
En dehors de ces soins donnés par la Société les
hommes, semblables aux animaux sauvages, se détruisent
et se mangent entre eux. L'homme de !a nature, dont
parle la Révolution, n'est qu'un enfant robuste, inhumain,
dépravé, et néanmoins guérissable. H faut dès lors le
captiver par la lumière, !e protéger par la justice, cul-
tiver ses vertus, mettre à l'abri le fruit de ses efforts,
reconnaître ses droits, estimer ses mérites, récompenser
ses œuvres, glorifier tous ses bons sentiments.
L'homme est perdu si, le livrant à ses caprices, on lui
retire la lumière, on dédaigne ses mérites, on abandonne
bons
ses vertus, on néglige sa perfection, on méprise ses
sentiments, pour le remettre sur le pied d'égalité qui
caractérise l'état sauvage. Il est perdu si, prenant le
change sur le vrai but de ses efforts, il quitte la direction
d'une aristocratie qui développe sous ses yeux les éléments
supérieurs de la nature humaine, pour subir l'influence
d'une aristocratie qui n'en connaît que les éléments infé-
rieurs. Il est perdu conséquemment, si la Société accorde
la principale
son estime et ses récompenses à ceux dont
fonction est de faire fortune, de préférence à ceux qui
versent la lumière, cultivent les vertus, exercent la cha-
rité, donnent les grands exemples, acquièrent de l'hon-
neur, ou se consacrent au bien de l'Etat.
L'homme est perdu si la Société le laisse retomber dans
méconnaissant
son état originel, qui est la barbarie, en
les lois du développement de sa nature, ou en dédaignant
le mérite qui consiste à les suivre. Il est perdu si, tou-
jours possédé du principe de la Révolution, c'est-à-dire
méprisant les fruits de notre liberté humaine, l'Etat mé-
connait ceux qui parmi les hommes se montrent les men-
leurs; s'il refuse de les avouer et de les constituer
comme
tels, en leur laissant la charge d'instruire, d'administrer,
de gouverner les autres, en
un mot s'il condamne les aris-
tocraties elles-mêmes. Car ce sont elles qui
nous consti-
tuent en civilisation.
CHAPITRE XVI.
Par qui nous sommes maintenus dans le droit.
CHAPITRE XVIII.
L~ fait de la Société.
CHAPITRE XX.
LefattdetaRevoi'ition.
CHAPITRE XXt.
CHAPITRE XXII.
Le fait de l'Autorité.
poli-
C'est dans le plan de Dieu que se tient toute la
tique. Pour conduire la Société, il faut savoir comment
comportent les hommes et ne point oublier leur état
se
monde,
réel. On croit que l'homme, depuis l'origine du
cherche la vérité. Et cependant, victime de l'or-
ne que
gueil, vieilli dans la concupiscence, l'homme n'a peur que
qui peutt
de la vérité, et cherche depuis l'origine tout ce
débiles vou-
la remplacer. Redoutant la vertu, nos cœurs
draient éviter la lumière.
craintes
Ne point voir que la vérité est l'objet de nos
c'est s'exposer à rien entendre aux choses de
secrètes, ne
Si la vérité disait Ecoute la nature, suis
ce monde. nous
inclination, n'obéis qu'à la loi que tu as toi-même faite,
ton
n'est pas dans ce monde, elle serait l'objet
mon royaume
langage,
de notre amour'. Mais elle tient un tout autre
de tout qui passe ici-bas,
et là nous avons le secret ce se
politique..
depuis les affaires de l'âme jusqu'à celles de la
qu'elle
L'Eglise n'est en butte à tant de colères que parce
l'orgueilleux veut
prète une voix à cette conscience que
Mais Jésus-Christ
(i)He~ clair que le Ciel ne saurait être sur la terre.
inonde,
dit Mon royaume n. vient po<~ non
d-En-Haut.
décontent des lois
pour établir précisément que les lois d-ici-h.s
monde, il a'y senut po.ntt
Si Dieu ne devait point fouder de royaume en ce
dt'aCCUtiu.
étouffer, et l'Etat, que parce qu'il prête
une force à cette
loi que le méchant voudrait détruire.
Cependant les hommes et leurs droits
ne subsistent que
dans la vérité. Celui qui
a la Foi avoue la vérité, il la
reconnaît devant Dieu et la proclame devant Hiom'me;
le grand effort est accompli. Mais celui qui redoute
la
vérité la contourne et la nie;
sa conscience voudrait y
échapper. Dès lors comme sur la terre la vérité n'est
L
acceptée complétement que par les saints, i! faut qu'elle
soit garantie chez les autres
par ce qu'on nomme l'Auto-
rité, afin qu'elle profite au grand nombre
L'Autorité protège,
non pas toute la vérité, car il faut
ménager une certaine liberté à l'homme
pour lui conserver
le mérite, mais le fondement de la vérité,
car il faut que
celle-ci subsiste pour que l'homme puisse exister.. Voilà
pourquoi l'Autorité doit protéger le Dogme.
De là, comme deux parts dans la vérité. La première,
indispensable à la vie des sociétés et rég!ant les
rapports
entre les hommes, se nomme la Morale soutenue
par
l'Etat, elle sert de base aux lois civiles. La seconde,
offrant un secours sans mesure au développement de l'in-
dividu, se nomme Religion maintenue
par l'Eglise, elle
sert à la fois de base à la morale et aux lois i.
Aussi la Foi ne saurait-elle s'imposer
comme la morale.
Celle-ci apporte à la Société la condition de l'existence,
celle-là, la condition du développement, bien qu'elle soit
à jamais le fondement de l'autre. Si la Foi
se retire, la
loi morale, perdant l'énergie qui lui vient de la
con-
science, s'affaiblit en grande partie; et si l'Autorité s'en
(t) C'est pourquoi Dieu permet alors le despotisme, uon pour sauver en
plein la Société qui continue de se déduire, mais afin de préserver les Mints
et les hommes de bien qui restent et qui peuvent la rétablir.
CHAPITRE XXIII.
Lefuit.dei'At'isLucratie.
(t) cet oubli découlent a la fois nos poHtiques et nos romans modernes,
De
notamment ceux où l'on met la misère sur le compte de Dieu, ou l'on s'en
prend à la société, et non & la nature humaine. iMais d'où provient cette
gociete?.
au sein d'une population, celles qui les premières ont suivi
la lumière, pratiqué la justice, rendu possible une action
plus modérée du Pouvoir. Elles sont la tète de lâ nation.
Les autres sont celles qui ont suivi leurs traces, qui ont
accepté l'impulsion imprimée par les mœurs et les lois.
Renverser les premières classes, c'est précipiter les se-
condes au fond du despotisme et de la mort.
CHAPITRE XXIV.
(t) Soit que Dieu ait disposé ses créations dans un ordre ascendant, soit
que le mérite, issu de la liberté soutenue par la grâce, contruise lui-même
cet ordre.
de !a hiérarchie; elle n'élevé le supérieur que pour le voir
s'incliner vers l'inférieur.
On voit que sans la religion chrétienne, qui à la fois
forme l'individualité et la mène à la charité, la Société
humaine ne peut ni s'élever~ ni demeurer debout quand
elle est élevée. Les nations qui s'arrêtent à moitié de
la Foi, comme les peuples protestants, pourront fonder
des civilisations, mais non les conserver toujours, ni sur-
tout les conduire au faîte.
C'est notre liberté qui produit l'inégalité. L'égalité ne
saurait s'établir que dans la servitude' Ceux qui pensent
que la Société doit bon gré mal gré ramener notre race
à l'égalité ne sont donc pas des hommes! Le niveau,
nécessairement, partirait de la médiocrité pour descendre
à la turpitude.
L'erreur où la Révolution prend sa source ne manque
pas de dire que tous les hommes sont égaux. Dieu, effec-
tivement, ne fait acception de personne, et tous les hommes
sont égaux en dehors du mérite. Mais, ni devant Dieu,
ni devant l'homme, ils ne sont égaux en mérite.. Tous ont
un droit égal à la justice et à l'estime, mais tous, en raison
de leurs actes, n'obtiennent pas le même arrêt de la jus-
tice ni le même accueil de l'estime. Nous demandons avec
raison la liberté acceptons-en les conséquences fiers de
ce que le Créateur~ par ce noble moyen, pose le pied de
l'homme à l'échelle des perfections immortelles.
CHAPITRE XXV.
La liberté et le libéralisme.
CHAPITRE XXVI.
Le fait de la Chute renverse le libéralisme.
CHAPITRE XXVII.
Libéralisme, ruine des libertés.
CHAPITRE XXVHI.
CHAPITRE XXX.
CHAPITRE XXXII.
Education publique.
La politique ne doit
pas moins se préoccuper de la
formation des esprits que de la direction des hommes.
Leibnitz n'a-t-il pas dit
« Donnez-moi pendant siècle
un
l'instruction publique, et je changerai le monde »
Chez nous, tout est tari, tout a baissé mais
pourquoi
vouloir absolument enlever clergé l'éducation publique?
au
Les idées font partie de l'homme,
comme elles font partie
de la politique. Il faut qu'elles soient éclairées
pour placer
les esprits au sein de la lumière et de la paix. Or,
par sa
manière d'écourter les principes, de mutiler l'histoire, de
fausser la philosophie, par son parti-pris odieux d'affaiblir
la raison et d'y substituer la mémoire
et l'imagination,
notre Université a fini par ne plus produire qu'une espèce
de petits hommes ennés de présomption d'incrédulité.
et
Elle sait la figure qu'ils ont fait, soit en face des mœurs,
soit en face des armées prussiennes.
Si elle eut encore possédé deux générations, nous aurions
eu vraiment, en France, plus de chinois que de français
A force d'exclure le clergé et d'écarter toute théologie,
l'Université n'offrit plus qu'un résida des idées jan-
sénistes, gallicanes et libérales mis au moule de la
Renaissance et rafraîchi au souffle des visées d'Outre-
Rhin. Un historien trouverait sa gloire à indiquer par
quelle transition la Chine a pu passer de l'état de peuple
policé à celui de peuple pétrifié. L'enseignement fourni
par l'Université mettrait sur la voie d'une telle recherche..
La jeunesse des classes gouvernantes doit trouver au
sein même de l'instruction qu'elle reçoit, les croyances
sublimes sur lesquelles repose la civilisation, aussi bien
que les sources de l'enthousiasme et des sentiments qui
constituent les aristocraties. Il est un exercice de la raison
et un emploi de l'âme plus fertile pour l'homme que
l'acquisition des sciences ou l'exercice de la mémoire,
c'est l'exercice de son cœur.
En France, un préjugé issu du dix-huitième siècle a
porté un terrible coup aux classes élevées on a placé la
grandeur de l'homme non dans le cœur, mais dans l'es-
prit~; puis on a placé la grandeur de l'esprit, non dans
l'étude des plus hautes idées de la philosophie, mais .dans
celle des sciences physiques. Les idées succombèrent avec
la philosophie; la pensée descendit dans des ténèbres où
CHAPITRE XXXUL
(i) On ne parle ici, bien entendu, ni du vrai savant, ni des sciences tbéolo-
giques et morales, ni de la science à sa place, illustrant l'homme qu'ennoblit
déjà la pensée; mais de l'esprit de science se substituant chez les hommes
Si
aux croyances et aux élans spontanés de la conscience et du cœur.
l'homme veut toujours s'arrêter à ce qu'il a pu savoir, le voilà exposé
il rester bien petit. Chaque savant sait un métier, et l'homme
de coeur
sait être un homme.
point pour s'élever dans les idées, mais
pour retomber
dans les sens. Dès lors tout croule après les
croyances,
les principes; après les principes, les caractères; après
les caractères, les aristocraties après les aristocraties, la
foule, et l'on se trouve en face du despotisme
ou de la
barbarie.
Il faut ramener l'homme à l'étude des sciences morales,
à la Théologie, à la philosophie/à l'histoire; là s'ouvrent
les grandes questions; là se tiennent les nobles idées,
et
sur leur seuil naissent les caractères. Il faut déplacer
notre centre d'admiration. Comment avoir pu le fixer sur
un vieux monde éteint qui recelait l'erreur et l'esclavage,
ou même sur la matière étendue sous nos pieds, lorsque
le christianisme a révélé les splendeurs du Ciel, lorsqu'il
a fait mûrir les fruits de la nature humaine en attirant sur
elle les grands rayons de l'Innni? Pourquoi le scepticisme
suit-il les pas des sciences physiques? sinon
parce qu'elles
nous distraient de la grande merveille, et qu'elles n'exercent
dans l'homme que ses moindres facultés.
Ces petites sciences ne nous prennent point d'assez haut,
et d'ailleurs elles tournent les tètes. 1/expérience apprend
que la plupart des hommes n'ont pas assez d'étendue dans
l'esprit pour se voir absorber par des sciences naturelles
dont l'étude exclusive les porte à nier l'Ordre surnaturel.
Notre siècle disait que de telles sciences élèvent la pensée
et améliorent les nations il aurait bien dû le prouver.
Nous voyons au contraire que lorsque cet esprit de science
envahit tout, c'est la raison qui s'affaiblit et l'âme qui est
mise à la porte. L'erreur, alors, est donnée pour la vérité,
le mal est appelé le bien, la loi est déclarée athée et
l'homme est souverain
La France a passé par cette crise intellectuelle si dou-
loureuse de 1830 à d848, puis de i848 à 1870. Qu'on
s'étonne du sentiment de répulsion qu'inspire généralement
en Europe une époque qu'on pourrait appeler l'ère de
la
~e~oc~c. Sous ce règne on a vu ce qu'il y a de plus
élevé chez les hommes, c'est-à-dire la Foi, passer par les
dédains des hommes d'Etat, les sifflets de la littérature et
le jugement des docteurs. Ils méprisaient la Foi, dédai-
gnaient le passé au moment où se déployaient sous
leurs yeux les pauvres thèses du panthéisme, du fou-
riérisme et du césarisme! Toute fierté disparaissait..
L'égoïsme fut avoué, et l'on a vu les hommes s'encourager
ouvertement à la médiocrité des sentiments, comme dans
le bas peuple.
M. Guizot ne cessait d'annoncer le règne des classes
moyennes et tout fut effectivement très-moyen les
idées, les arts, la manière de sentir, la manière de gou-
verner et d'instruire les hommes. Notre grande civilisation
perdait son allure. L'ancienneté, l'honneur, le respect, la
modestie, la piété, la sainteté, tout ce qui se comprend
surtout par le cœur, fut relégué parmi tes choses dédai-
gnées. Jeunes, nous avons vu des hommes réduire leurs
sentiments pour être de mise auprès des autres, et celui
qui méditait de grandes choses se faire petit esprit pour
réussir. C'était le règne du tiers-Etat.. Selon le rêve de
Sieyés, il est devenu tout. Mais à son tour la Commune
s'avance, et voilà qu'il ne sera plus rien..
Le scepticisme, source des esprits médiocres, n'est qu'un
mépris des idées supérieures. Ici le peuple ne tarda
pas à comprendre les choses comme nous et, ce jour-là,
(1) Cela nefut point arrivé si la noblesse n'eût, pas Écouta la voix du
dix-huitième siècle. Elle ne se réparera qu'en écoutant celle de l'Eglise.
éclata la Révolution. Non, ce n'est point par les sciences
sur la matière que les civilisations commencent, mais c'est
par là qu'elles finissent'. Dieu n'a point confié l'homme
a ces sciences c'est la terre qui est livrée â la dispute
des mucf~.
Le régime introduit par i830 a établi le règne du
médiocre. Partant de là, le régime de l'Empire a établi
celui de l'erreur. Encore un tiers de siècle, et le règne de
la raison moderne nous eut fait disparaître comme le Bas
Empire. Par un de ces décrets qui lui sont familiers, Dieu
a voulu que ce fussent les hommes les plus intéressés au
maintien de ce règne qui en rompissent les mailles à force
d'impudence et de scandales. C'est la science et la !itté-
rature du jour qui ont fini par i'étouffer sous. le mépris
dans lequel il espérait noyer l'éternelle vérité!1
La difïiculté où l'on se voit aujourd'hui de remonter à
un Pouvoir élevé, vient des soins qu'ont mis ces deux
règnes à éteindre toute grandeur, à substituer partout le
mensonge à la vérité. En France, la Société est décapitée
aussi bien que le Pouvoir et aussi bien que la raison. Où
rencontrer des coeurs quand il n'y a plus de croyances?
Ou rencontrer l'honneur quand il n'y a plus de hauts
rangs ?
(i) Raison qui eut soin, pour se distinguer de l'ancienne, de perdre l'idée
de cause, c'est'a-dire la raison.
CHAPITRE XXXIV.
CHAPITRE XXXV.
Les grands sentiments se placent avant les sciences.
f<) Les expédients, les méthodes faciles font tort notre liberté. On les
emploie dans les écoles pour élever les enfants an niveau des idées techni-
ques de leur époque; il ne faut pas y soumettre les hommes. C'est leur ôter
toute spontanéité, c'est éteindre tonte flamme, bannir !c règne de i'ame,
Hb&tardir la société, pour en faire plier les branches jusqu'à terre. Enfin
c'est rendre les hommes impropres a la civilisation,qui n'est que le triomphe
de l'enthousiasme sur l'6goïsme. du cœur sur la fatatite..
On a vu les peuples savants tomber du char de ta civilisation pour n'y
plus remonter.
sur tous ies points pour la décadence de l'homme, que de
prétendre encore ici lui appliquer des moyens faciles.
C'est le traiter comme un cheval. Dieu offre ici-bas l'obs-
tacle il n'y a de grand que celui qui sait le franchir.
Partout les hommes n'ont de valeur qu'autant qu'ils
s'élèvent au-dessus de la terre par leur élan, c'est-à-dire
par leurs croyances et leurs vertus. Les lier au sol est le
terme de la stupidité. Ici, l'homme s'egarcra-i-i! au point
de souhaiter sa défaite? Au moment de la mort, quand
nous entrerons sur le seuil des lois immuables, que nous
verrons le monde si petit, nous serons pris d'un effrayant
regret d'avoir perdu ce faible instant qui, dans l'éternité
sans rives, fut offert à notre liberté..
Cultivons les grandeurs de notre âme Que les sciences
et l'étude de la matière soient une occupation et non l'objet
d'un culte. Toute civihsation doit posséder les choses d'uti-
htc prémière. On doit honorer les savants et les enrichir,
mais non leur confier le sceptre de nos âmes. Quand agi-
rons nous donc en hommes
Mettons ce qui est de Dieu, ce qui est de Famé,
autrement dit les sentiments et la raison, au-dessus de la
pure science..Nous ne diminuerons pas la lumière en nous
rapprochant de sa source. Alors nous comprendrons ce
qu'a fait le passe, autrement dit le genre humain aidé de
Dieu. Reconduits par l'histoire au sein' des vérités pre-
mières, nous comprendrons et le Pouvoir et sa haute ori-
gine, et les grandeurs de notre obéissance et celles de nos
traditions nationales. C'est à la vérité, et à la Foi qui la
contient, que Dieu confia les nations.
Cette terre n'est point tout ce qu'il faut conquérir, mais
ce qu'il faut mettre sous nos pieds. Déclarer deyce monde
de quel côte est Dieu, et s'y porter, voilà la liberté. Pour
joie est d'obéir à la
tout être, la gloire aussi bien que la
loi qui lui vient avec l'existence..
Par son essence, par cette liberté céleste, par ce pouvoir
lui montre
de faire le bien, l'homme dépasse tout ce qu'on
la terre. La politique évidemment n~est point sa grande
sur
loi, mais elle est la garde d'honneur de cette loi sacrée.
La politique est la voie transitoire bordée d'un parapet
déchue.
contre lequel vient s'appuyer la nature
CHAPITRE XXXVI.
CHAPITRE XXXVII.
L'ancien régime et le nouveau.
(1) Mis la mode par- Voltaire, pour attirer les rires grossiers sur la Foi
&
et sur Jeanne d'Arc, l'esprit, ou ce qui porte ce nom en France, fit surtout
irruption en 1830. Du sublime au ridicule il n'y a qu'un pas, que le sot
est toujours disposé à faire. Laisserait-il échapper l'occasion de ravaler les
1
choses élevées ?
'?
L'homme devrait avoir honte de se laisser ainsi dégrader lui-même. Le
beau plaisir, de faire jaillir à tout propos un rapport absurde entre des
choses qui n'en ont pas, de dépraver nos facultés, de fausser notre intelli-
gence Comment aimer à voir mettre toute notre âme en caricature?
L'art de faire grimacer la pensée pour obtenir l'attention du vulgaire,
a été un des plus terribles moyens de dépression morale. Ce ne fut pas
un de ses moindres chefs-d'œuvre, d'avoir donné le jour à toutes les igno-
minies de la caricature. Il a fiai par réduire l'homme et ses manières à ce
je ne sais quoi qui fit dire à ut) étranger venant de visiter Paris a J'ai cru
voir des maisons de fous habitées par des singes.. o Que ce reproche, evi-
demmeat outre, nous serve de teçou 1
vables à Dieu de l'existence sociale, veulent la Société
sans
Dieu ceux qui, redevables à Jésus-Christ de la famille,
de la moralité, de la sécurité, de la propriété et de l'invio-
labilité personnelle, veulent effacer
son nom de l'ordre
politique; ceux qui, redevables
au droit chrétien des
moeurs dont ils profitent et de la supériorité de nos lois,
chassent le christianisme des lois, du droit, des
mœurs,
de la famille, de l'éducation, du cœur de tous les hommes
ceux enfin qui, à quelque rang qu'i!s appartiennent, tra-
vaillent par l'indifférence, par le mépris,
par la haine ou
par la violence, à bannir une religion doù leur viennent
si gratuitement les biens dont ils
se voient comblés! Mal-
heureux qui, ne voulant soun'rir au sein des hommes
aucune
supériorité, aucune hiérarchie répondant aux mérites
acquis, vont droit à l'écrasement de l'homme ~et du
corps
social, et qui, si on les livrait à eux-mêmes, crouleraient
dans l'état sauvage.
Mais ils commencent à avoir conscience de la lumière.
Ils sentent que leur esprit les trompés, ils
a sont surpris
de se trouver les ouvriers du ma! L'humanité
en larmes
les adjure d'ouvrir enfin les yeux, de
ne pas se faire plus
longtemps les meurtriers de leurs semblables et de la
Société.
CHAPITRE XXXVIII.
CHAPITRE XXXIX.
L'Etat doit condamner les points condamnés par l'Eglise.
CHAPITRE XL.
CHAPITREI.
lesdroits
Remplacer véritab)es.
fauxparlesdroits
CHAPITRE II.
Ne point confondre la France et i'Angtetei're.
Constitution française.
CHAPITRE IV.
4
()) Nous donner not.re loi, 6[re cotume des dn'ux, StC~ Dii! erreur qui n'a
que six mille uns.
CHAPITRE Vf.
CHAPITRE VIII.
CHAPITRE IX.
CHAPITRE X.
Aristocratie de la France.
CHAPITRE XI.
Hérédité du mérite.
(i) Les principes de 89 étaient dirigés, non coutre les abus, mais contre
principe d'autorité', contre toute aristocratie et contre l'Eglise elle-même.
le
Au:si a-t-on vu sortir de 89 le suffrage universel, le système de t'égale, et
celui de la loi athe~.
LÈCiT. 22
.CHAPITRE XII.
Véritable Aristocratie.
CHAPITRE XXIII
De l'excès d'industrie.
()) Un homme qui sait. observer disait Il est chez nous toute une série
de capitalistes et de trafiquants prêts à passer sous le joug de la Prusse, si
celle-ci, annonçant qu'elle va s'emparer de FE~t de la France, leur promet
de les affranchir des droits de douane et d'impôt, puis d'ouvrir a leur com-
merce un )ar~e débouché en AHema~nH.
I! ne peut exister de doute sur les causes de notre
décadence. Ne sont-ce pas les classes moyennes et indus-
trielles qui ont fait la Révotuiion, et qui sont incapables
aujourd'hui de lui opposer un rempart? Ne sont-elles pas
encore le foyer de ce Iibéra!isme, source toujours jaillis-
sante de la Révolution et de notre athéisme politique ?
Ne sont-ce pas e!ies aussi qui dénaturent les populations
de la France en les attirant dans les villes, où elles forment
aussitôt les armées du socialisme? Enfin, par les rapides
gains de l'industrie et de l'agiotage, ne sont-ce pas ces
classes, telles qu'elles sont constituées aujourd'hui, qui
peuplent les sommets de la, société de familles privées
de traditions et de sentiments de grandeur? Peut-on con-
tinuer à marcher de la'sorte ?
On ne saurait ni laisser des classes aussi importantes
dans cet état, ni leur permettre d'achever la démolition de
la société Française. N'est-il pas urgent d'imprimer aux
classes moyennes une transformation spéciale, (dont on
parlera plus loin), et de préparer aux classes ouvrières les
modifications que voici ?
Pour retirer le peuple de la situation où on l'a mis, ne
faut-il pas opérer une immigration des villes dans les
campagnes, puis, par des corporations nouvelles et par
des intérêts collectifs, l'arracher au pouvoir sans frein du
monopole de l'industrie 1? Tranchons le mot nous devons
peu à peu retirer ces foules délaissées de la main des
classes qui en abusent, pour les remettre peu à peu dans
(i) C'est par des maîtrises et des corporations nouveHes, réglées par la
législation, que les élasses ouvrières présenteront ces t~~r~ co~ec~
~r~«.cqui auront naturellement le droit d'être représenta et entendus. ·
(Parotesroyatcs)
celle d'une aristocratie agricole, les replaçant sous la
tutelle de la Foi.
Sinon, point de salut, point de solution pour les trois
grands problèmes du paupérisme, de l'industrialisme et du
socialisme, d'où dépend l'avenir.
Nous voilà en présence de l'obstacle que ne peut plus
franchir !a société moderne, savoir l'antagonisme qui
s'es.t établi entre le capital et la classe ouvrière, sous le nom
de socialisme
D'un côte, l'autorité des lois qui s'en va, de l'autre, la
puissance de la masse ouvrière qui grandit. Une doctrine
s'anirme et une armée s'avance sous le nom d'interna-
tionale. Elle possède la puissance politique dans le suffrage
universel la puissance sociale, dans le nombre de l'orga-
nisation, et la' puissance morale, plus terrible encore,
dans le néant où nous a mis l'absence de doctrine.
Cette armée effrayante va emporter d'assaut le capital,
c'est-à-dire la société moderne. Elle crie « Oui, nous
la haine, nous avons besoin de haïr Nations
« sommes
modernes, que ferez-vous ? Dieu sans doute veut vous
délivrer aujourd'hui même, sans quoi la société disparaî-
trait dans la cendre et dans le sang. Mais demain?. Cette
armée, comme celle d'Attila, ne peut changer ni de but,
ni de haine, et elle va grossissant. Que faire donc?
L'arrêter c'est-à-dire l'empècher de prendre de telles
proportions. C'est un fleuve qui déborde en entrainant
toutes les digues il faut le maintenir dans son lit.
Ce fleuve rentrera dans son lit le jour où vous en con-
serverez et en aménagerez les sources, où
vous empêcherez
les campagnes de jeter inconsidérément dans les villes ces
jeunes hommes qui viennent y satisfaire et leurs passions
et leur cupidité, puis bientôt leur envie. L'antagonisme
n'existe point entre le capital agricole et ceux qui cu!tivcntt
les champs réf!échissez
Vous demandez aussi pourquoi il y a tant de haine ?
parce que vous avez tué Ja religion d'amour.
CHAPITRE XV.
Ou l'aristocratie ou Ja bureaucratie.
CHAPITRE XVI.
Bureaucratie et gajficanisme, ou suppression de !a nation.
CHAPITRE XVII.
Les droits des hommes.
(i) « L'ordre social, a dit Rousseau sans y prendre garde, est un droit
sacré qui sert de base à tous les autres, o (CoM~. Soc. cbap. JLJJ
droit à la protection comme homme, comme époux, comme
père, puis à la garde de la loi comme citoyen, dans la
mesure où il concourt à l'entretien de la cité, selon qu'il
est roi, prêtre, législateur, guerrier, magistrat, proprié-
taire ou prolétaire tels sont les véritables droits de
l'homme.
Droits naturels, dérivant tous du droit glorieux que
Dieu remet à l'homme dans la liberté, ce pouvoir sublime
d'accomplir sa loi, ce pouvoir insigne de remplir son
devoir Droits naturels, dont l'homme ne peut être privé
sans perdre l'exercice de sa liberté légitime, seul moyen
de se développer; droits dont il ne saurait être dépouillé,
à moins qu'il ne s'en soit dépouillé lui-même par l'abus de
sa liberté.
Ces principes sont invincibles. Ils ne sont empruntés
à aucune école; ils dérivent de la nature même des
choses. Tout autre système tiré de droits prétendus
naturels n'est qu'une mutilation de la nature et ne peut
amener qu'un chaos.
CHAPITRE XVIII.
Véritables libertés des hommes.
CHAPITRE XIX.
Cercle vicieux de la démocratie et du despotisme. Remède.
(i) Ecoutons ceux qui savent et qui ont pratiqué: a Tout pouvoir, disait
faire illusion, et c'est lui donner la charge de pourvoir à
sa propre existence au lieu de celle de gouverner. Mais,
bien qu'en fait de pouvoir il ne puisse y en avoir qu'un,
il doit être prolonge, et c'est précisément l'œuvre de la
hiérarchie.
Ne sortons jamais du bon sens. Etablissons la lutte, ou
la pondération sur le point où elle est un progrès, où
elle est une vie, et non pas sur celui où elle est un combat
et bientôt une destruction. Que l'émulation de l'honneur,
des devoirs ou des intérêts embrase les familles quelle
les élève sur l'échelle progressive du mérite ou de la
fortune, et favorise cette immense circulation du sang
d'une nation. Mais, que l'ambition. entière d'un peuple ne
se donne pas rendez-vous dans le sein du pouvoir Or,
en produisant l'harmonie dans la nation elle-même, où
elle est un bien, l'unité se trouve faite dans le Pouvoir, où
elle est une nécessité. Mais lorsque tous les éléments sont
confondus et en lutte, comme cela arrive au milieu de
nous, la bataille se livre sur le terrain du Pouvoir c'est
sur la tête que le coup porte, et tout peut-être anéanti.
Qui pourra croire que les conditions sur lesquelles a
vécu la société française étaient absurdes, qu'il faut en
prendre le contre-pied pour lui assurer l'avenir? Où est
cette puissance de génie qui vient nous amrmer que les
idées d'aujourd'hui valent celles de l'expérience, celles de
nos glorieux ancêtres? Quand les hommes se disentt
CHAPITRE XXI.
Centralisation et Parlementarisme.
CHAPITRE XXII.
J)
de tant de petits peuples, de tant de mœurs, d'idées et de langues, a cons-
n titué l'unité nationale? Qui a uni, fondu, DÉNATURÉ tous ces éléments
divers? qui les a transmués, qui en a fait un corps? ~ra~c~
tome I.
« la féodalité, qui est la prédominance de {'individualité
sociale, opposait une barrière au césarisme, qui est la
prédominance de l'Etat sur la propriété foncière. La
féodalité, ajoute-t-il, déplaçait le pouvoir; elle l'établis-
sait à la campagne et sur la terre. Le droit féodal a créé
l'inviolabilité du patrimoine et la perpétuité des familles
rurales. Au communisme de la cité il oppose la, dis-
tinction des biens, et il transforme la commune elle-
même par les corporations. Le droit romain, ou le césa-
sarisme, a trois caractères il nie audacieusement le droit
de propriété, il annule par des fictions le droit de tester,
et il anéantit la religion en la transportant à l'Etat. Le
socialisme d'aujourd'hui n'est qu'un réchaune de Sparte
et de Rome, la France est submergée dans le romanisme.
En Angleterre, un autre phénomène s'est produit; là,
c'est la propriété foncière qui a étouffé le droit. romain,
et la féodalité qui a triomphé. Nous avons aujourd'hui
un droit nouveau ce droit, c'est la souveraineté du
peuple; cette souveraineté passe .de fait dans le manda-
taire, et se réalise dans le césarisme. La souveraineté du
peuple est l'argument de la dictature, et celle-ci est le
dernier mot de la souveraineté du peuple, qui est la toute-
puissance de l'homme érigée en principe. »
Voilà pourquoi, après avoir été féodale, la Société doit
rester communale et provinciale. Voilà pourquoi cette
société féodale fut un point de départ vrai des sociétés
modernes, une formation des parties, une constitution
des éléments qu'il fallait améliorer et ramener à l'unité,
mais non à l'anéantissement dans le pouvoir central. Voilà
pourquoi les écrivains, dont le libéralisme inconsidéré ana-
thématisait le principe de la féodalité ou des véritables
droits individuels, ont par suite aboli la commune, la
province, la noblesse, les ordres et la propriété, dans un
communisme dont le césarisme est aujourd'hui la con-
séquence et l'excuse. La monarchie chrétienne ramena
ces parties.a l'unité, et la Révolution les amena
l'anéantissement..
Alors, qui le croirait? après avoir professé la centra-
lisation, la concentration politique, les mêmes hommes
mirent en principe la décentralisation religieuse. D'une
part, broyer l'individu, et de l'autre, le priver de la vérité
C'était renverser la Société du faite à la base; c'était
ouvrir une voie fatale, remettre à l'Etat le droit redou-
table de commander aux consciences et à la Foi. Mais
ces hommes ne visaient qu'à flatter les peuples pour saisir
le Pouvoir!1
Rupture de la vérité et enchaînement de la liberté,
dissolution du lien des âmes et identification politique,
telle est la double thèse de la tyrannie absolue, tel est le
fait du césarisme. Quelle leçon, quelle doctrine!1 Notre
époque et son despotisme ne furent qu'un suintement des
idées du libéralisme. Les principes, ces éternels gardiens
de l'homme, ont disparu devant des idées mal conçues el
soudées par l'orgueil.. La nature humaine, au contraire,
n'aspire qu'à conserver l'unité dans la Foi et la libre
variété dans l'ordre politique! Aussi le mal est devenu
visible. a Il est étrange, a dit l'historien cité, que les
peuples aient. perdu dans la liberté la dignité qu'ils avaient
dans la servitude.)) Pas si étrange, car vous nommez ser-
vitude la liberté se déployant au sein de ia lumière, et
liberté une servitude allant se perdre dans la nuit de la
tyrannie absolue.
Avec une semblable thèse, quel peut être l'idéal de
l'unité, sinon l'anéantissement des individualités?, il le
LR'.rr. 24
faut, arrivons au problème généra! de la poétique. Nous
savons comment la théorie le pose, voyons comment l'éta-
blit la raison.
CHAPITRE XXIII.
Le grand problème en politique (unit6-van6té).
CHAPITRE XXIV.
Solution du Problème.
CHAPITRE XXVI.
La Révolution abolit l'homme tout entier.
CHAPITRE XXVII.
(i) La liberté reuferme une valeur ignorée de ceux qui s'en goût dits les
doseurs. Du moins, ici, devrait-oa croire, lorsqu'on fst incapable .le
conL'evuir ou de penser..
vescence dans les idées et de mécontentement chez les
hommes de cœur. C'est en vain que l'on voudrait croire,
avec la Révolution, que l'homme est né sans orgueil
sans ambition, sans envie, préférant la patrie à lui même,
et la vérité à tout le reste.
En faveur du régime parlementaire, on cite toujours
i'Ang!eterre, parce qu'on ne t'étudie jamais. L'Angleterre,
nous l'avons remarqué, doit sa puissance et ses libertés à
son aristocratie. L'Angleterre est assise sur son aristo-
cratie, et cette aristocratie repose sur la constitution de
la propriété. Or, avec une aristocratie, on peut se passer
de bureaucratie, dès lors, de centralisation. Avec une
aristocratie, on conserve ses traditions, ses coutumes, ses
droits privés, ses libertés publiques. L'Angleterre dé-
montre précisément notre thèse'. Imitons-là en tout, et
«
nous pourrons la suivre i Qu'avons-nous gagne à vouloir
CHAPITRE XXIX.
(i) Il faut qu'il y ait en France, comme partout, un corps politique, une
pairie, qui conserve, avec les droits de la famille et de la propriété, les tra-
ditions et les coutumes de la nation. Toute Chambre serait anti-politique,
si, livrant passage l'envie et aux convoitises, elle venait attaquer nos cou-
tumes, nos traditions, nos droits et nos ienn~unit6s.
respect et pourvus d'une fortune garantissant leur indé-
pendance, leur conduite et leur capacité?
En outre, il nous faut un corps protecteur. Tout peuple
sans aristocratie appartient déjà au despotisme. H faut
un corps protecteur pour le peuple à l'égard du souve-
rain, et pour le souverain à régard de la multitude. Toute
nation doit avoir une aristocratie pour conserver ses li-
bertés tout Pouvoir doit avoir une aristocratie pour pos-
séder ses contre-forts. Le peuple ne peut pas toujours
compter sur le pouvoir, et le pouvoir ne peut pas compter
sur le peuple.
Les Droits publics sont ceux que possédaient les pro-
vinces, les cités, les communes, les corporations, les
Ordres et les individus avant 89, droits qui prirent con-
sistance dans ces champs de Mars et de Mai où nos pre-
miers Rois réunissaient les Francs~. Les ~ro~ politiques
sont ceux dont Rousseau désirait investir la fouie au nom
des prétendus droits de l'homme. Ces droits ont détruit
tous nos droits 1
Il y avait alors des abus -Oui, et il y en aura partout
où il y aura des hommes. Mais pour éviter des abus, il ne
faut pas se perdre dans l'abus lui-même. Les nations
doivent avoir un progrès! Oui, mais en suivant leur
loi, et non en la détruisant tout entière. On ne brise l'his-
toire d'un peuple, on n'abolit sa constitution et ses droits
acquis qu'en abolissant l'homme. Depuis lors, l'Etat a
pénétré jusque dans les âmes, jusque dans la famille!
(i) L'auteur faisait ces réflexions en 1859. On lit dans une correspondance
russe « La Russie mystifie l'Europe en atBrmant qu'elle travaille à éman-
ciper les serfs cet affranchissement ne sera en réalité qu'un servage per-
/'cc<tOMKd avec tendance vers l'association coMtMMMt~ dans la commune
agricole, »
Il est dit dans les savants travaux du prince Dolgoroukow, notabilité
moscovite « que la lèpre déjà attachée aux flancs de la Russie est la cama-
rilla et la bureaucratie; l'une et l'autre isolent l'Empereur du pays et
» entratnent l'Etat vers un abime. La MW~ sur la Russie.
l'ceuvre de la nature, abattre son aristocratie, lui r~vir son
action, ses fonctions, son rôle immense, pour lui substituer
le système de la Révolution, l'expédient du despostime, la
centralisation ?
Est-ce sur un peuple à peine formé qu'on pourrait
opérer une amputation de ce genre? Qu'adviendrait-il
quand on aurait anéanti ce qu'il y a de plus précieux pour
lui, cette administration donnée par la nature, formée par
les besoins, admise par les coutumes, pliée à tous les
intérêts? Quand la Russie aurait détruit ces milliers
d'organes qui fonctionnaient passablement en son sein,
suspendu en partie la force qui civilisait dans ses moindres
fractions un immense pays, elle verrait s'il est aisé de
mouvoir la nouvelle machine au moyen d'une' adminis-
tration artificielle, dont les agents seraient pris dans un rang
inférieur! Elle verrait si la Providence a agi jusqu'ici à la
légère dans sa manière d'élever les nations.; si elle a eu
tort de couvrir le sol de petites souverainetés nées peu à
peu des besoins, des affections et des coutumes de confier
les peuples à cette action autonome et rapprochée, à ce
système libre et paternel de gouvernement qu'on nomme
l'aristocratie agricole
Cette précieuse Société humaine, formée à petits espaces
afin de conserver partout le fait humain par excellence de
la spontanéité, de la vie propre et de l'expansion de chaque
famille, fut-elle donc préparée avec tant de soins
par son
divin auteur pour venir s'enfermer un jour dans les étreintes
d'une machine Les peuples ont une constitution que les
hommes ne peuvent changer, parce qu'elle est Fceuvre de
Dieu même. Avant de jeter un pays dans ce nivellement
destructeur de sa liberté, attendez qu'il en ait abusé à ce
point que tout autre régime mette en danger son existence.
~il faut en quelque sorte cercfer à neuf une nation
détruite, dont le peuple dissous par les révolutions a
perdu le respect qui cimente tout Fédince, ce serait étouner
un peuple nouveau, formé à peine, et dont l'aristocratie,
quels que soient ses défauts, est pleine de puissance et de
vie. Ce serait vouloir remettre sur étais sa maison cons-
truite de la veille. Quand il faudrait embrasser, conduire,
alimenter, civiliser, faire payer tant de populations dissé-
minées, la Russie saurait ce qu'il arrive à un gouver-
nement qui veut se substituer au travail de la nature
Si le Souverain, représentant de Dieu, canal de son
autorité, ici déjà interceptée par lui sur un point prin-
cipal, croyait pouvoir tout faire et tout produire, les
coutumes, les mœurs et les lois, l'expérience lui fournirait
une triste leçon Toujours pour prendre le même exemple,
les populations de cet empire s'appauvrissant avant peu
par leur imprévoyance, se lasseraient, se désagrégeraient,
laisseraient s'épuiser les terres, et tout ce despotisme s'en
irait en fumée au sein de ces royaumes vides! Le Czar a
devant lui une oeuvre plus importante, plus certaine, plus
digne de ses soins, c'est de veiller sur les mœurs de son
aristocratie, sur la manière dont elle pratique la justice; et
surtout de ramener ses peuples aux sources vives de la Foi.
Aristocratie, formation monarchie, perfection despo-
tisme, dissolution. Les Etats, aristocratiques, quand les
peuples commencent, monarchiques quand ils montent à
leur perfection, deviennent despotiques quand ils succom-
bent, parce que la multitude, débordant ceux qui l'ont
formée et maintenue, appelle un despote pour les tyranniser
et pour la contenir elle-mème. Despotisme, centralisation,
dernier moyen de contenir les masses que l'envie replonge
dans la barbarie, de relier les hommes que la mort des
croyances et legoïsme ont désunis. Etat suprême qu'il est
criminel de simuler et que l'on reconnaît toujours à ceci
que l'aristocratie n'a plus la force de reprendre ses mœurs
et de contenir le despote, ni le peuple, le bon vouloir de
se
rattacher aux gens de bien. Encore une fois,
un peuple
sain, un pays libre, ne saurait
pas plus se concevoir sans
aristocratie qu'un édifice
sans murailles.
CHAPITRE XXXII.
Fonctions supérieures des aristocraties.
CHAPITRE XXXIV.
Anohlissements de la. bourgeoisie.
(i) Pour le vutgaire, les principes supérieurs sont moins visibles que les
idées; on n'aperçoit ceux-ci que des points élevés du cœur. En dehors du
génie, toujours rare, les principes demandent des classes qui aient )a mission
classe mais entraînant les mœurs et les idées encore plus
loin des principes, il achève de jeter à bas la nation. Le
remède à ce fait est dans l'anoblissement des familles qui,
par leur conduite et par leurs sentiments, se sont plus ou
moins ennoblies.
On ne peut ni détruire la seconde classe, ni laisser périr
la Société il faut donc faire entrer en partie la seconde
classe dans la première. Le trop plein d'un bassin doit
refluer dans l'autre, et le vase d'argent se verser dans le
vase d'or. C'est alors que la lie se sépare. La situation le
commande.
La justice ne parle pas moins haut. Chez nous, comme
au sein de tout peuple vivant, il s'est formé naturellement
de la noblesse; et il n'y a pas eu, depuis certaine époque,
d'anoblissements réguliers. L'enceinte s'est fermée, et la
foule de ceux qui assiégeaient les portes n'a pu que se
multiplier. Les hommes, nous dit-on, repoussent toute aris-
tocratie 1. Cependant, comme nous l'avons dit, partout ils
veulent des académies, partout'ils briguent les honneurs et
les décorations, partout ils s'empressent vers la richesse,
hommes,
source la plus ordinaire de distinction chez les
partout ils n'ont vraiment de considération que pour ce qui
appartient à l'aristocratie. Non, jamais on n'eut un plus
grand désir d'entrer dans l'aristocratie, et jamais la Société
n'eut un plus grand besoin de consolider, d'élargir cette
CHAPITRE XXXV.
CHAPITRE XXXVI.
Constitution de la Propriété.
CHAPITRE XXXVII.
De la constitution de la propriété sortira la paix de ia France.
CHAPITRE XXXIX.
Ne l'oublions pas ce
que l'on nomme ici une représen-
tation de la France, n'est qu'une représentation de tous
les ambitieux de France 1. Le pays réel disparait.
C'est par des provinces, établies elles-mêmes sur la
constitution de la propriété, qu'on peut établir une véri-
table représentation du pays. Là existe, quand on le
voudra, le moyen vrai de représenter les intérêts mul-
tiples de toutes les populations d'un empire; le moyen
vrai d'en maintenir les traditions, qui sont les intérêts les
plus chers; le moyen vrai de protéger les droits, de res-
pecter les hommes, d'arriver en politique a une œuvre
sérieuse. Comment la centralisation ne serait-elle pas la
destruction de l'individualité même? Comment cette re-
présentation universelle et dérisoire ne serait-elle pas !e
(1) M. Thiers, dont toutes les illusiuns en politique et toutes les erreurs
en religion viennent évidemmentdes mots, a dit lui-même < Je donne un
» conseil à mon pays,
c'est de se mener des mots. Avec des mots on l'a mène
bien loin t Quand on est sous le despotisme, le mot liberté est magique
quand la liberté fait des fautes, le mot ordre reprend son prestige. Avec
» le mot fraternité on a
fait les massacres de septembre, et on l'a rajeuni
.)
dans le mot solidarité. Un mot qui nous a perdus, c'est ic mot natinna-
lite. n –Or les orateurs sont les hommes qui mettent en usage ces mots..
Q!<on!'a~ 7ion co~/tout~e~<~ dit le Psalmiste, ~'o~o :?t polen-
~asDo~ (Ps. Lxx, v. 16.)
même d'une révolution, le mal est dans le dogme et dans
la morale, et non dans la constitution politique, laquelle
fut toujours fondée sur la nature de la nation.
Possédant une aristocratie assez puissante pour dominer
partout la foule, et un esprit national assez fort pour la
conduire, l'Angleterre cède à son peuple les mêmes droits
à peu près qu'à l'aristocratie, parce que le peuple ne peut
pas en user pour la détruire. Mais si, comme nous, l'An-
gleterre avait tenté les théories, si elle s'était mise dans
nos situations politiques, elle aurait depuis longtemps suc-
combé.. Sa richesse est moins sûre, son instinct moins
noble, sa religion moins élevée, son aristocratie moins
sacrée, son peuple inGniment plus malheureux; elle ne
possède ni l'enthousiasme, ni les ressources, ni les revi-
rements soudains du caractère français. Notre malheur
est de négliger ces ressources, de nous détourner de cette
richesse et d'abdiquer tous nos instincts.
Les Anglais ont tiré le meilleur parti possible de leur
situation les Français ont constamment abusé de la leur
sans parler des grâces et des dons prodigués avec tant
d'abondance à ce pays privilégié. Si, avec leur instinct
politique, les Anglais eussent possédé notre terre, ils y
eussent, fondé, non pas la première des nations, mais peut-
être la plus puissante. En France, les Anglais eussent
dominé le monde à la façon de Rome. Mais le Ciel, qui
ne pouvait compter sur la conscience de ce peuple orgueil-
leux devant Dieu, n'a pas voulu lui confier les destinées
du monde. Ici encore, l'homme, quoique faible, fut pré-
féré à l'ange rebelle. Une vierge, également, devait rejeter
le dragon clans les flots et l'enchaîner sur son ile..
Même dans ses révoltes contre Dieu, la France a con-
servé une habitude du dévouement, une passion des
grandes choses, qui révèlent les biens que Dieu lui laisse
en réserve, et tout ce qu'il en attend au jour ou, rappelé
chez elle par la prière, et réintégré dans l'Etat par la Foi
du monarque, il viendra en reprendre le gouvernail pour
le bien de ta terre
CHAPITRE XL.
(i) Pages écrites, en 1839, au moment où l'on crût que L. Napoicon aUait.
succomber, par suite de t'ebranlemant eaus6 ù l'Europe dans sa campagne
d'Italie.
(2) « J'étais à moi seul une Révolution écrivait Bonaparte. Toute la
» nation se soulevait poMr~e~er..te
n'ai pas invente ce système (celui de
')
t'ega)it6) il est sorti des ruines de la Bnsti!!e. On essaiera en vain de le
» détruire H se
/<
maintiendra par h force des cho:-es, parce qne le /a!'<
~r
~o:<y'our~ se placer là o~ est la /brcc. a Le monde a toujours été
pour moi dans !c fait, et non dans le droit, (lit-il crûment dans le même
écrit. 3~{/ <~ .S't/c-e7f'/)c.
s'est détruit lui-même. Au lieu que la vraie force et la
loi édiucnt.
Rappelons le principe qui, éclairant la politique en-
tière, peut seul en rétablir la marche et sauver de la
destruction les Sociétés modernes. Remontons de la sorte
jusqu'à la source de la Révolution, pour en interrompre
le cours.
La Chute originelle et notre liberté forment la trame
de notre destinée sur la terre. La politique n'est que l'ex-
pression de l'état où toutes deux ont mis l'homme car
les deux faits ne se séparent plus. C'est le laiton revêtu
d'or dont la filière propage indéfiniment le double métal.
Comme l'histoire entière, la politique est une corrélation
d'antagonisme entre la force libre, ou morale, qui produit
les vertus et les droits, et la Chute, ou l'abus, qui les
compromet et les borne. Dès qu'on sépare les deux termes,
on devient socialiste en prenant l'un, absolutiste en pre-
nant l'autre..
La Chute et notre liberté forment la trame de la Société,
comme elles forment la trame de l'histoire la première,
en nous révélant l'origine et la nature du mal, contre
lequel la Société tout entière est en armes la seconde,
en nous révélant l'origine et le prix du mérite, sur lequel
toute la Société s'établit. Or, si c'est à cause et en raison
du mal qu'il y a des lois et un pouvoir muni de la force
dans toute Société humaine, c'est à cause et en raison du
mérite que chaque société renferme une aristocratie et une
hiérarchie reconnues.
La Chute et notre liberté reparaissent, avec' leur carac-
tère, dans les applications les plus lointaines de la poli-
tique et de la législation partout la liberté et partout sa
limite, le droit et la répression de l'abus du droit; partout
BASES RÉELLES DES LIBERTÉS. 4i5
la faiblesse du bien, de la justice, du mérite, du capital
et de la distinction, que partout il faut protéger..
Ni le droit paternel, ni le droit politique, ni le droit
civil, ni le droit économique, ni le droit international ne
sauraient être à jamais exempts de l'abus tous ces droits
sont aux mains des hommes. En aucune de ces déductions
innombrables on ne peut donc, à cause de la Chute,
saisir une thèse absolue, une solution pure, un fait
Ajon'oW. Les révolutions néanmoins y travaillent, telle
est leur démence et tout a la fois leur danger. Il faut
savoir supporter la Société telle qu'elle peut subsister sur
la terre et parmi des hommes.
Filles de la théorie pure, c'est-à-dire de l'oubli de la
Chute et de l'orgueil que celle-ci nous laisse, les révo-
lutions renverseront des peuples, mais ne parviendrontt
pas à changer notre essence. C'est l'expérience, c'est la
pratique, c'est l'histoire, produitt net ou résultante des
deux thèses, qui seule indique jusqu'où le droit peut aller
sans se rompre, jusqu'ou la répression doit se faire sentir
sans lier la nature humaine, sans comprimer la force
libre donnantt le bien. La leçon de l'expérience est la
leçon de Dieu même, leçon que l'homme n'a pas le droit
de mépriser.
Ceux qui détruisent la constitution historique des peu-.
ples, l'oeuvre sacrée des faits, déchirent la toile du maitre
en prétendant la reproduire. Ceux qui repoussent cette
constitution historique, démolissent la liberté même, ren-
versent. la civilisation, éloignent peut-être à jamais le
triomphe du droit, et jettent une nation dans l'état où
nous voyons la France. Tout est de nouveau plongé dans
l'anarchie, le hasard des conquêtes et le malheur des
guerres civiles. On verse à flots le sang, on rompt plus
avant l'équilibre, on, détruit jusqu'aux derniers moyens
de salut.
Quand les révolutions ont passé, les fnits perdent eux-
mêmes leur précieuse signification. Ceux que nous offre
un passé légitime se confondent avec ceux dont le torrent
nouveau a recouvert la plage.
Entre la thèse du droit et celle du péché, c'est-à-dire
de l'abus que les hommes font du droit, entre la liberté
du bien et celle que veut prendre le mal, comment alors
fixer artificiellement !e point réel en politique? comment
s'en rapporter au nouveau courant établi chez les hommes ?
De ces majorités passagères, il faudrait défalquer l'orgueil,
qui se range toujours du côté de la thèse du droit idéal et
trompeur.
Dans toutes nos questions, la liberté et le mai, le droit
et sa limite, qui président au double mouvement des civi-
lisations, présentent un double problème, et dès lors une
double solution politique. Partout il est donc nécessaire
de contenir la théorie, interprétée par notre orgueil, pour
fixer les yeux sur les faits, interprétés par la sagesse et
par la vérité; conséquemment, de restreindre la presse
et d'affranchir l'Eglise.
Pour nous, on nous l'a dit souvent, il s'agit de choisir
entre la liberté de la Révolution, qui veut détruire l'Eglise
et la Société, et la liberté de l'Eglise et de la Société, qui
seule peut nous dégager de la Révolution.
LÉUtT. 28
MOYENS DE GOUVERNER.
CHAPITRE I.
Droitde!a.Société.
(1) Toute blessure faite au Pouvoir atteint l'ensemble des citoyens dans
les biens précieux qu'ils tiennent de la civilisation. Ebranter la constitution
Le droit de la société est d'être gouvernée; et les
moyens de gouverner se résument à cette heure en un
point rétablir la puissance du bien,
ou l'action de la Foi
sur les hommes. Le Pouvoir a pour objet le bien public.
Mais comment l'opérer? N'est-ce pas d'abord
en protégeant
la vraie source du bien? N'est-ce
pas ensuite en secondant
la liberté du bien, ou le mouvement
par lequel les individus
s'enbrcent de l'atteindre?
Le véritable gouvernement va prendre ici le contre-pied
des idées libérales, autrement dit, rendre à l'Eglise
son
empire sur les esprits, pour restreindre d'autant l'empire
de la force et décharger le rôle de la loi, tout en réta-
blissant la paix au sein des masses.
Pour ne point laisser rompre le cours des idées qui
précèdent, nous devrons remarquer d'abord comment la
Royauté française vient relier et couronner tous les élé-
ments politiques. Après avoir admiré les lois d'or d'une
société établie sur la terre pour élever tous ies hommes
vers Dieu, nous avons reconnu les bases de nos libertés
légitimes. Portons maintenant nos regards
vers cette
liberté éminente, vers cette légitimité souveraine,
appe-
lée à garantir les nôtres, à en entretenir la vie.
ïi est urgent de rétablir à la fois la notion de la royauté,
que tant d'erreurs ont affaiblie, celle du Pouvoir, que nous
avons peine à saisir, celle des fonctions vitales de !'Egtise,
que nous comprenons moins encore, puis, à leur suite,
les notions politiques, qu'on a presque perdues de
vue.
On a pu remarquer l'importance de la Foi, le rôle des
aristocraties, et la nécessité d'une sage décentralisation
historique d'un peuple fut toujours dit le crime le ptu3 grand après celui du
décide, qui de nos jours se renouvelle par l'athéisme politique.
on a compris les conséquences de la constitution de la pro-
priété et des anoblissements légitimes, mais le tout au
point de vue d'une reconstruction sociale ici nous devons
en montrer l'urgence au point de vue d'une reconstruction
politique.
L'aristocratie, la pairie, la propriété, l'enseignement,
les chambres, le principe des élections, la presse, les abus
de l'industrialisme et les sources du paupérisme, etc.
offrent autant de points de fait, appelés à passer profnpte-
ment de la logique dans la pratique.
(1) En s'en tenant au Bréviaire Romfuo, qui d'ailleurs mentionne les saints
canonisés les plus connus, on s'aperçoit que les familles nobles reunies-en
ont produit près de trente-sept sur cent, et les seules familles royales près
de six, c'est-à-dire plus d'.i vingtième! 1
En admettant une famille noble sur cent, et une famille royale ou prin-
cière sur deux cent mille, on aurait donc cette proportion le même nombre
de familles a produit, dans la noblesse, cinquante fois plus de saints
que
dans le peuple, et. dans les maisons rayales, quatre cents fois plus
que dans
)a noblesse, ou, chose ~) remarquer, vingt mine fois plus
que dans !e peuple.
Il y a donc élévation réelle et iegitime dans ce qui s'élève au sein de~
hommes. La hiérarchie sociale n'est donc point arbitraire, ou purement
politique. Dès lors comment accuser les rangs d'être, dans leur ensemble
contraires a la nature, eux qui en expriment la )<
sièc!es; la seconde n'a pu dépasser le point de départ.
a La dignité de la maison de David, remarque Bossuet,
s'augmentait à mesure qu'on en voyait naître les Rois; et
l'on réclamait avec amour le Messie, sous le nom de fils
de David »
C'est parce que les Rois sont voulus de Dieu, c'est parce
qu'ils représentent la loi divine, et c'est parce qu'ils
demandent l'obéissance au nom de Dieu, qu'ils sont de
droit divin. S'il n'existait un droit divin, comment
pourrait-on commander à l'homme, et comment dans son
âme voudrait-il obéir? Le droit divin est la realite du droit;
c'est le droit dans sa source et dans sa légitime applica-
tion. Les hommes sont heureux de penser que les Rois
sont de droit divin pour garantir leur liberté et glorifier
ici-bas leur nature!
CHAPITRE III.
11
y a des races que Dieu a dès longtemps choisies à
cause des vertus de leurs pères, et dont il fait l'instrument
de ses lois pour le monde. « Dieu a donné un chef à chaque
peuple, » dit !'Ecriture, parce qu'il respecte eh tous la
dignité humaine, et qu'il conserve le pouvoir de les con-
duire à ses desseins. C'est pourquoi aucun trône n'appar-
tient en propre à un roi.
Tout trône est à Celui pour qui règnent les rois; et
ceux-ci viennent exercer Je pouvoir en son nom. Les
droits publics et privés, ou les institutions civiles, sont, en
pratique, de droit humain, car ils émanent des coutumes,
des vertus, des mérites de l'homme. Mais la loi de l'héré-
dité, le principe de la souveraineté, la raison du Pouvoir
sont de droit divin car toute autorité découle de la source
de l'existence.
Aussi, suivant la Liturgie, FEvéque consécrateur dit au
Roi « Recevez et
gardez fermement cette dignité qui
» vous est déléguée par
l'autorité du Dieu tout-puissant,
» et que vous tenez
de la succession paternelle par droit
» héréditaire.
Que le médiateur de Dieu et des hommes
» vous
fasse médiateur du clergé et du peuple. »
Comme les rois sont appelés à diriger le monde, leur
désignation fait partie de l'ordre providentiel. Il serait
d'une imprudence extrême de vouloir écarter les princes
que la Providence nous offre par l'hérédité, dussent-ils ne
correspondre à leur mission que d'une manière imparfaite.
En leur substituant des hommes qui, d'ordinaire, se mettent
en évidence par leurs erreurs, les peuples ne tardent pas
à Je payer fort cher.
Les changements illégitimes de dynasties sont cons-
tamment accompagnés de grandes effusions de sang, de
spoliations, de pertes de territoire ou de pertes morales
plus sensibles encore et plus nuisibles à la grandeur de la
nation. Clément XI, condamnantl'usurpation du margrave
de Brandebourg, dit très-expressément « Par cet acte,
il s'est impudemment rangé au nombre de ceux que ré-
V.
CHAPITRE
(1) Ils ont égorgé Louis XVI, parce qu'il représentait le Pouvoir chrétien,
c'est-à-dire le pouvoir du bien, le droit divin, la dignité de l'homme. Pour-
quoi tant d'hommes aujourd'hui se refusent-ils encore au retour du roi, ou
travaillent-ils d'avance à restreindre son pouvoir? Uniquement parce que
le roi rapporte le pouvoir du bien, ou la vérité religieuse
unie a la vérité
politique. Déjà il est aisé de voir que l'amour du bien et l'amour du roi se
confondent..
L&GM.
paternelle. faut donc croire que les grands sentiments
H
s'éteignent quand ;un peuple consent à être dépouillé de
son Roi. Et t'on voit au contraire que le respect, la véné-
ration, la probité, l'honneur, tous les' sentiments élevés,
restent un besoin des cœurs chez les peuples quand ils
demandent à satisfaire un si noble besoin envers la per-
sonne sacrée d'un Roi.
Un roi représente Dieu sur la terre ce qui explique le
sentiment d'idolâtrie que les bons peuples éprouvent pour
leur Roi, et l'espèce de culte que sa présence éveille dans
les âmes. Sans cela, comment se rendre compte de cet
amour si vif des peuples et des cœurs nobles pour leur
Roi, et, par opposition, de l'espèce de haine et d'envie
que ce roi éveille chez ceux qui n'ont pas le cœur bien
placé ?.
Ils ne veulent pas de rois, parce qu'ils ne veulent pas
honorer, parce qu'ils ne veulent pas servir, parce qu'ils
ne veulent pas aimer. Un de leurs organes dans la presse
a osé.dire hier encore que « la royauté leur est odieuse
parce qu'elle repose s~y respect. » le respect, cette
ombre de Dieu qui arrive sur l'homme Ils ne supportent
rien de ce qui les oblige à s'élever au-dessus d'eux-
mêmes. Ils ont en horreur ce qui est grand ils ont les
germes de l'instinct qui, s'embrasant tout à coup dans la
foule, a produit les septembriseurs
Le culte des français pour leur Roi est l'éloge complet
de la beauté de leur caractère. La page d'étonnement que
Thomas Moore, voyageant en France, écrivait sur ce point,
(1) le
Sous la Conventiou, ils se prisaient à dire tyran n en parlant du
saint roi Louis XVI préludant par cet acte d'aliénation mentale au meurtre
~ui les couvre d'opprobre.
renferme la louange la plus sérieuse qu'un peuple puisse
recevoir.
«Le mot roi, dit-il, excite dans l'esprit d'un Français
des idées de bienfaisance, de reconnaissance et d'amour
autant que ceux de grandeur et de félicité. Bien que le
français sache que son roi est susceptible des mêmes
faiblesses que les autres hommes, il ne lui est pas moins
attaché par un sentiment pur, composé de respect et
d'amour. Accourant en foule à Versailles les dimanches
et les fêtes, les Français regardent leur roi avec une
avidité toujours nouvelle, et le voient la vingtième fois
avec autant de plaisir que la première, ils l'envisagent
comme leur ami, quoiqu'ils n'en soit pas connus comme
leur protecteur, quoi qu'ils n'aient rien plus à redouter
qu'une lettre de cachet; et comme leur bienfaiteur, tout en
portant !e poids de ses impôts. Ils donnent une grande
importance à ses actions les plus indifférentes, imputant
qui ont néces-
ses erreurs et ses fautes à des ministres,
sairement perverti la droiture deses intentions. Ils répètent
complaisamment les moindres choses qu'il a dites, et y
cherchent des étincelles de génie. Pour eux, les circons-
tances les plus minutieuses deviennent importantes, telles
que l'habit qu'il porte, le cheval qu'il monte, l'appétit qu'il
avait à diner. S'il arrive que le Roi ait une légère indis-
position, tout Paris et toute la France sont alarmés comme
s'ils étaient menacés d'un fléau. Lors des revues, les spec-
tateurs à portée de voir le monarque ne font aucune atten-
tion aux manœuvres des troupes. « Avez-vous vu le
(i) Un bien terrestre s'attache aux peuples qui suivent cette loi. Prévenan t
les troubles, supprimant toutes les ambitions et mettant un principe d'unité
dans les esprits, l'hérédité soustrait la désignation du souverain aux caprices
des passions et au jeu des partis, Les voJontés s'inclinent plus aisément
devant une autorité mise en dehors des contestations, n dit M. Coquille
'celui-tà seul dont le droit n'est contesté par personne, dit le comte
Dougias, peut assurer les droits de tout le monde. A
C'est le coté pratique; il est important chez les hommes. Pour trancher la
question, il sumt de comparer aujourd'hui les nations d'hérédité royale aux
autres par exemple celtes de l'Europe prospère et victorieuse du Nord. a
celtes du Midi, qui s'effondrent sous !'t loi d'élection.
actes. Partout où se sont établies ces trois choses, on
a vu les peuples grandir et
s'élever au-dessus des autres
partout où elles n'ont pas été instituées avec la coopération
des hommes, on a vu au contraire les populations végéter.
Mais partout où elles ont été renversées, les nations sont
aussitôt tombées en ruine.
L'absence de légitimité, ou d'origine divine du pouvoir,
partout retenu les 'peuples dans un état de médiocrité
a
spirituelle, civile et économique. L'absence de l'unité pro-
duite par la justice et par les croyances/les a fixées dans
humaine en
un despotisme qui annule peu à peu nature
la
la privant de ses lois supérieures. Et l'absence de souve-
raineté les laisse retomber dans l'état sauvage.
1
(i) Que les monarchistes évitent avec soin un cercle vicieux, en disant au
peuple de se prononcersur le gouvernement qu'il veut. Car justement, ici.
le peuple ne peut pas savoir ce qu'il veut. Aussi ne s'est-H plus prononcé
depuis que, le 2i janvier, on lui ôta son organe traditionnel, la voix qui
prononce pour lui sur )a paix ou ta guerre.
Consulté depuis lors, le peuple n'a pu répondre que des choses contradic-
toires. Le plébiscite de 1869 n'a précédé que de bien peu les foiïes acclama-
tions du 4 septembre, o Le peuple, remarque M. Coquille, s'est déjugé autant
de fois qu'on l'a interrogé. Tour à tour il s'est montré royaliste, impérialiste
et républicain jusqu'à l'ivresse. Les plébiscites, les fusions et le suffrage
universel sont un chapitre de ce traité de l'athéisme et de la déraison, qu'on
intitule La Mu~ratn~du peuple.
cette foule est une nation. Par cela seul, son roi est légi-
time, puisqu'il est sa première condition d'existence
Tout ce qui n'est pas un, n'est pas tout ce qui n'est plus
un, se dissout.
Ici, les vérités accourent et s'additionnent. Légitimité
de la Société, condition de l'existence de l'homme légi-
timité du Pouvoir, condition de l'existence de la Société
et légitimité du Roi, condition de l'existence du Pouvoir,
pour que la nation soit, pour que l'homme grandisse, que
l'athéisme disparaisse et que le germe de la Révolution
périsse. La légitimité politique s'enchâsse comme un joyau
du plus haut prix dans le cercle des légitimités humaines.
CHAPITRE VII.
CHAPITRE IX.
(1) N'oublions plus jusqu'où nous porte l'imagination, nous qui avons
égorgé Louis XVI comme étant un « TYRA~. et banni Charles X comme
étant un « despote 1 Nierons-nous que les Bourbons furent trop bons, eux
qui souffrirent un amoindrissement de leur autorité, et par là hâtèrent les
causes qui ont entraîné nos matheurs? Sont-ce les autres souverains de
l'Europe qui se fussent laissé enlever de la sorte la meiUeure part de
leur pouvoir?
La souveraineté est l'élément primordial, l'élément dont
les autres dépendent et sans lequel la société n'est pas. Ce
n'est donc point la société, dont l'existence sans lui n'est
mais bien la
pas assise, qui constitue la souveraineté,
souveraineté qui constitue la société. Après tant de leçons
de
reçues, nous devons donc placer en elle la forte part
cette confiance que nous mettions sans réflexion en nous..
Peut-on, d'ailleurs, toujours ajouter foi à la sincérité
des hommes? Combien de royalistes, en ce moment
demandent leur part de royauté, comme les galli-
encore,
certains
cans voulaient leur part d'Infaillibilité, et comme
philosophes, en Prusse, veulent leur part de divinité.
Combien d'hommes sont moins pressés de faire valoir
leurs justes droits que les ardeurs d'une vanité turbu-
lente f
Le vulgaire, à son tour, est porté à mettre en doute la
conscience chez les Rois. Il oublie que cette conscience
est engagée par les mœurs, par les coutumes, par les
institutions et par l'amour que les rois portent à leurs
peuples; qu'en outre cette conscience a pour garantie, au
sein de la chrétienté, un Souverain qui, consacrant sa vie
entière à l'étude de la justice, au maintien de la loi de
Dieu, est établi le père de tous les peuples. Evidemment
ce Pasteur des pasteurs n'est
point leur souverain. Mais
quand les Rois vivent en harmonie avec cet homme choisi
de Dieu pour dispenser toute justice, les peuples ont Ja
certitude d'être gouvernés dans la véritable justice, dans
la parfaite liberté.
Le vulgaire, toujours léger, déclare la conscience
chose vaine mais les esprits sensés voient que les deux
cent millions d'âmes éclairées par le catholicisme
n'ont,
pour les empêcher d'en sortir,
d'autre barrière que
conscience. Faudra-t-il donc mépriser cette grande voix,
qui s'adresse à nous tous pour
nous enseigner nos devoirs?
En fait de garanties, demandons-nous toujours si
ce sont
les hommes ou les Rois
que la politique a pour objet de
contenir', et si nous nous croyons mieux inspirés ici que
le pouvoir envoyé pour notre salut. Pour
nous, en ce
moment, porter imprudemment la main sur le pouvoir du'
Roi, ne serait-ce pas attenter à notre
propre vie?.
Nous avons, il est vrai,
presque totalement perdu la
notion de gouvernement.
CHAPITRE XII.
CHAPITRE XIII.
(i)i~.LS Pett),n,U.
son autorité soit respectée et son enseignement protégé
par le pouvoir politique. Rien n'accroit les forces vives
de l'Etat comme son accord avec i'Egiise. Rien ne l'affai-
blirait plus dans l'essence que de lui ravir le concours qui
résulte d'un tel accord, sous le prétexte d'une prétendue
séparation de l'EgHse et de l'Etat. Mais s'il n'y a pas ici
séparation, il y a distinction dans la nature même des
fonctions; car FEgHse agit sur ceux qui l'écoutent, et
l'Etat sur ceux qui ne l'écoutent pas.
CHAPITRE XIV.
Situation politique Premier moyen d'en sortir.
CHAPITRE XV.
La Société libre.
(<) Telfut le plan de la Porte et de la Russie tel est à cette heure celui de
M. de Bismark.
CHAPITRE XVII.
(t) On sait que dans ces deux pays, où l'autorité est mdiEférente a la
religion, les conversions au catholicisme s'opërent &
peu près exclusivement
chez les hommes instruits et distingues. La religion devient alors
un apu-
nage dea classes e!ev6es. Inique par le fait, ce système, qui est celui du
libéralisme, a été condamné dans le ~/a&t~.
U est aisé de comprendre comment le libéralisme est !a
mort de la société libre. i° II croit que l'action de la vérité
toute pure, dépouillée de celle de l'autorité, est sufrisante
pour créer une société chez les hommes. 2~ Par ce prin-
cipe, il est contraint de mettre l'erreur sur le même pied
que la vérité, ce qui entraine les populations au scepticis-
me. 3° Alors, usurpant, par ie fait, les fonctions de ré-
gulateur de l'ordre moral, il le fixe dans le Césarisme'
Le libéralisme intervient ici comme s'il était le droit divin,
puisqu'il nie et restreint le droit qu'ont les consciences
d'obtenir la vie éternelle par tous les moyens préparés ici-
bas 11 se pose, il agit comme étant la souveraineté
CHAPITRE XVIII.
(1) II semblerait que l'on réclame, ici, beaucoup trop d'unité eu égard
à la Foi, et, ailleurs, beaucoup trop de liberté eu égard à la politique; ce
qui parait une contradiction.
Mais loin de là entre l'unité en religion et la variété en politique, il y a
un accord souverain en faveur de la nature humaine. C'est au sein de
l'unité de Foi que notre liberté se meut dans un champ sans limites, puis-
qu'ici l'unité, qui est la vérité, ouvre les portes sur l'Infini. Et c'est au sein
des libertés publiques, des variétés, des distinctions en politique, que l'on
répond tout à la fois à la diversité des développements de la nature humaine
et aux diverses zones hiérarchiques dans lesquelles les âmes prennent leurr
essor au sein d'un peuple.
Ici l'Eglise ne s'adresse a l'Etat
que pour le voir marcher
lui-même le premier dans la lumière. Qu'on ne s'y trompe
pas i'Egnsc n'a recours au bras séculier
que dans un
simple but de défense. Elle demande, en dénnitive, à 'se
voir abritée contre !a destruction. La protéger n'est autre
chose que ~i laisser la vie. Elle ne reclame,
pour nous
sauver, que sa parfaite et libre action sur les intelligences.
Qu'elle se voie affranchie des dédains du Pouvoir, du
mépris des institutions, des querelles de la loi et des persé-
cutions du mai Respectant, chérissant tous les hommes,
elle veut être aimée et respectée
par les premiers d'entre
les hommes il n'y a pas autre chose dans
ce qu'on nomme
la protection due à !'Eg!ise.
CHAPITRE XX.
n où, comme dans la demeure du Dieu vivant, les 6dè!es seront régis par !<j
» lien d'une seule foi et d'une seule charité.
Cot! ~w. pn~. sur ~'EGLISE. Cone. du Vat. ~8 juillet 18TfO.
Observationsen partie empruntées at'eminenttheotogiende l'u'ucr~,
(1)
Du Lac, grand esprit que la Providence adjoignit au grand polémiste!
Pages écrites depuis un an, quand on apprit la mort de cet homme de bien.
(2) Est Mrapcr/'ec<a<yMe socielas, etc..S~/a6~, propos. "XIX ad LV.
(3)AHocnt. du n Déc. i860.
Un pouvoir d'origine divine ne peut évidemment relever
que de Dieu. Comme société directement divine, l'Eglise
échappe donc à tout pouvoir humain. En outre, comme
société universelle, elle ne saurait être comprise dans le
domaine ou l'administration d'aucun Etat particulier, à la
manière des Universités ou des différents ordres de la
nation. «L'Eglise, ajoute Pie IX, est indépendante et ne
peut être contenue dans les bornes d'aucun empirer ?
N.-S. n'est pas présent sur la terre pour y tenir école,
mais pour y établir son autorité souveraine, et y fonder
un royaume libre, sublime, universel te royaume sacré
des âmes. Pouvait-il laisser la garde des vérités nécessaires
au salut, à un corps de docteurs dépendant des puissances
terrestres? Livrée aux hommes, la vérité disparaîtrait du
monde. Les hommes trouvent tout simple de croire ce qui
leur plait comme si la vérité était déterminée par notre
volonté, qui ne se détermine, au contraire qu'au moyen
de la vérité.
Le Sauveur a voulu qu'il y eût deux puissances: la
puissance spirituelle, gardienne des intérêts divins, et la
puissance temporelle, gardienne des intérêts du temps, H
l'a voulu pour notre liberté car elle serait compromise si
celui qui a un pouvoir sur le corps en pouvait avoir un sur
les âmes. i! a voulu qu'au-dessus de la puissance qui doit
nous garantir les intérêts du corps, il y eût celle qui
protége et sauve les àmes~. Chacune des deux puissances
se trouve donc indépendante et souveraine dans son ordre
(l)Attocut.du 9 D6c.l854.
(2) Il y a une grande autorité dans le Souverain Pontife; mais elle ne
détruit pas, elle édiSe; elle n'opprime pas, elle soutient, n Premières
paroles de l'allocution de Pie ÏX, Sess. du i8 juillet i870, Conc. du
Vatican.
«
Rendez à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est
à Dieu. »
Mais l'ordre temporel n'ayant point ce qui.lie les con-
sciences et constitue sûrement les obligations, reste subor-
donné ici aux lois de l'ordre spirituel. Au fait, il en dépend
et en relève dans l'essence l'homme qui ne reconnaît
plus les lois de tordre spirituel, n'étant plus lié que par
son intérêt ou son plaisir, échappe aux lois de l'ordre
temporel, et ne travaille qu'à les détruire.
Les intelligences, d'ailleurs, ne peuvent réellement
s'unir que dans la vérité, et les volontés elles-mêmes ne
peuvent solidement s'unir que dans le bien. En sorte que
le meilleur gouvernement sera celui qui, à l'égard de la
morale et des lois, sera en quelque sorte comme le pouvoir
exécutif de l'Eglise.
L'effet relève nécessairement du principe, le particulier
de l'universel, le nombre de l'unité, le corps de l'âme qui
s'en sert, le temporel de ce qui est éternel. La puissance
temporelle n'a point par elle-même le pouvoir d'éclairer
les esprits, ni dès lors celui de lier les consciences, ni par
suite celui de décider les volontés et de faire accomplir
sérieusement les lois. C'est en vertu de la puissance spiri-
tuelle, de celle qui agit sur les âmes, que l'homme
s'assujétit aux lois de l'ordre temporel, et se trouve fran-
chement ramené à la société civile. C'est pourquoi celle-ci
tient dans la société chrétienne la racine qui la porte et
qui l'entretient.
Si tout-à-coup l'ordre spirituel se retirait, la société
disparaîtrait, comme cela s'est vu de nos jours en France.
Quand l'Etat, par des lois conformes'à la morale,
restreint les désordres et les crimes qui anéantiraient la
société, i! est le continuateur de l'œuvre de l'Eglise, il est
son pouvoir à l'extérieur. L'Eglise est ie pont sur lequel
passent les àmes, et l'Etat est le garde-fou qui les garantit
dans la nuit.
CHAPITRE XXI.
(i) Nous réprouvons les sentiments de ceux qui disent que i'on peut
«
M empêcher les communicationsdu Chef suprême de l'Eglise avec les Pas-
)' leurs ou avec les troupeaux ou qui rendent sa puissance dépendante de
H la puissance séculière. »
Cône. du Vat. Primauté c~ Pont. ~o~.
On voit le Saint-Siège partout occupé à reconstruire la Société réelle.
de l'Etat, c'est ignorer les premiers éléments de la société
humaine, et vouloir ramener les âmes sous la loi de César.
Le césarisme, en effet prétend que l'Eglise,
en fixant les
principes, en éclairant les esprits par la Foi, en les formant
en les guidant par sa doctrine, commet une ingérence dans
Je domaine de l'Etat et en paralyse l'autorité. Mais
nos
âmes n'appartiennent pas à l'Etat; et l'Eglise a justement
pour but de les soustraire au joug de l'homme, autrement
dit, au despotisme.
.Avec le mot séparation, qu'a produit le libéralisme? La
servitude politique qui opprime partout les âmes
en ce
moment. Le libéralisme produisit le sécu!arisme le sécu-
larisme amena l'athéisme, et l'athéisme entraîna la haine
et l'asservissement, ou la destruction de la société libre.
Quoi? séparer deux sociétés qui n'ont qu'un seul objet,
Fhomme!1 Innomme dans toute sa dignité et toute
son
intégrité N'ont-elles pas la même patrie, les mêmes affec-
tions, le même peuple à soigner?
L'Eglise ne peut se séparer de la société temporelle, d'où
elle tire, avec la protection, les pierres vivantes dont elle
construit l'édifice de Dieu. A son tour, la société civile
ne
saurait se passer de la société spirituelle, d'où lui vient la
lumière, la vie morale, l'autorité, enfin la vertu du travail
et de l'épargne dont elle vit. L'ordre civil établit les lois,
la justice extérieure, les obligations et les droits qui le
constituent, et l'Eglise déploie en nous les grands mobiles
qui font volontairementt accomplir la justice, les lois et les
obligations. L'ordre civil est comme un arbre, et l'Eglise
en forme les racines.
L'autorité spirituelle fait ce qu'aucune autorité terrestre
CHAPITRE XXII.
CHAPITRE XXIV.
CHAPITRE XXV.
CHAPITRE XXVI.
(i) Bonaparte fut plus grand par les dons qu'il avait reçus que par la ma-
nière dont il en fit usage. Déclarer qu'il prenait toujours sop point de départ
dans l'opinion, c'était se vanter d'une erreur et d'une lâcheté. Pour sauver
la France de la Révolution, il lui aurait fallu le génie des doctrines, qu'il
n'avait pas du moins aurait-il pu réaliser l'œuvre matérielle en suspendant
le fait, et en protégeant de la sorte le retour de la vérité en Europe.
Mais, infidèle à la mission de Dieu, il s'est servi de la Révolution comme
d'un escabeau pour son élévation personnelle. Son code civil n'est que la
destruction de l'ordre civil, et son despotisme savant, que celle de l'ordre
spirituel. Les grands souverains s'illustraient en faisant valoir les idées des
hommes les plus élevés ou les plus saints de leur époque, et non point eu
organisant les erreurs qui leur venaient d'en bas..
Mais prendre le monde dans le fait/non dans le droit,
avait pour Bonaparte une signification singulière. Les
«
» royalistes, disait-il, ne se doutaient pas que la monar-
» chie que j'éditais n'avait pas de rapport avec la leur. La
mienne était toute dans le /<
la leur, toute dans le
» droit. La leur n'étaitt fondée que sur des habitudes
(singulière façon d'indiquer les coutumes et les traditions
» d'un peuple!); la mienne marchait en ligne avec Je
» génie du siècle. » Aveu du rôle déshonorant que joue
toujours le souverain élu s
Assurément le grand point chez l'homme d'Etat est de
voir le monde dans les faits, mais pour les régir dans leur
loi. Car suivre l'opinion pour en dérober la puissance,
c'est abuser de la débilité des peuples, et gouverner les
hommes pour leur ruine. Les clefs d'un tel empire sont
dans l'habileté et non dans le génie. Si l'opinion, formée
toujours des plus faibles idées d'une époque, devait gou-
verner chez les hommes, ils n'auraient pas besoin des
rois si elle devait éclairer les 'esprits~ ils n'auraient pas
besoin de l'Eglise.
Certeson doit aussi voir la société dans te fait, car, au
sein des temps régulièrement historiques, le fait offre les
droits acquis, les intérêts constitués, les coutumes, les
moeurs. C'est pourquoi le fait a quelque chose de sacré,
et le droit chimérique ou pur, opposé à la tradition, est
une erreur capable de renverser la civilisation elle-même.
De la sorte, c'est nous qui voyons en réalité la société,
non dans le fait, mais bien dans le droit, et dans le droit
réel~. C'est en révolution surtout qu'il faut retrouver la
(i) QueHe chose effrayante, si le fait ne contenait déjà ie droit, après dix-
huit cents aus de christianisme Ce serait dire que Dieu abaudonna un tiers
société, non dans un droit que suppose l'erreur mais
dans le fait conservé par l'histoire et. par la tradition.
Aussi pressent-on que le Prince appelé à nous délivrer
saura, par le génie propre a nos rois, retrouver la société
dans le fait de cette constitution historiquequi s'est nourrie,
pendant quatorze siècles, des lumières du christianisme et
des instincts du plus chevaleresque des peuples!I
Quoi qu'il en soit, dans une circonstance grave, l'or-
ganisateur véritable de notre centralisation s'est vu lui-
même obligé de dire que la politique qui entretient la vie
des provinces, et dès lors des aristocraties, assure aussi
celle des Etats. Séduit en i798 par les effets du pouvoir
absolu, il comprit, en exil, qu'un remède héroïque et
momentané, fait pour tirer le pays des mains du Directoire,
ne pouvait pas nous donner la vitalité. Car telles furent
de la durée du monde, et que nos pères ont vécu pendant ces dix-huit siècles
au milieu de l'absurdité. La Société doit désespérer d'elle si, pendant le cycle
du monde où elle fut le mieux éclairée, elle n'a point su fixer le droit au
sein du fait.
Aurait-elle donc Rxé tout le droit dans le fait? Non certes 1 mais
elle a fondé l'œuvre que chacune de ses générations vient continuer, et
non point renverser. Quand l'homme rejette le passé, c'est lui-même qu'il
méprise..
Bonaparte ne tarda pas à voir, comme il l'avoue, « que l'ancien et le nou-
»veau régime avaient des intérêts en sens inverse; que la Révolution
n'aurait de garanties qu'en traitant avec son ennemi ou en l'écrasant.
(Manière nouvelle de gouverner! ) Cette lutte, poursuit-il, devait décider
n du renouvellement de l'ordre social en Europe, et j'étais à la tête de la
grande faction qui voulait anéantir le système sur lequel ROt'LAH LE MO~DR
» depuis la chute des Romains. »
Délégué de la Révolution, ennemi victorieux du monde, pouvait-il plus
clairement lui dire qu'il venait renverser la constitution historique des peu-
ples, et les soumettre à celle qu'inventait l'utopie pour les enfermer dans
le Césarisme? Il ajoutait, à la veille de son départ pour l'ile d'Elbe « La
cause de la Révolution était perdue, puisque j'étais vaincu.
LÉGtT. 34~i
ses réflexions lorsqu'il vit que l'Autriche, jusqu'alors plus
faible que lui sur le champ de, bataille, unissait par
triompher sur celui de la nationalité.
« La cour de
Vienne, dit-il, a une politique que les
')
événements ne dérangent jamais. ( Pesons toutes les
»
paroles J'ai été longtemps avant ~u~
/? M~c.
Je me suis enfin aperçu, MAIS TROP TARD, que cet Etat
)) n'avait de si profondes racines que parce que !e gouver-
» nement aboutit à I'o!igarchie ( Nom qu'il donne à l'aris-
D
iocraiie). Cette oligarchie, qui possède le territoire, (mais
» ce territoire ne porte-t-il aucune vertu?) dispose des
» finances et de la guerre. Or les oligarchies 'ne changent
» jamais d'opinion, parce que leurs intérêts sont toujours
»
!es mêmes. Peut-être font-elles mal ce qu'elles font; mais
» elles !e font toujours, parce qu'été ne meurent jamais.
Eiies supportent admirablement,les revers, parce qu'elles
') !es supportent en société. L'Autriche dut QUATRE FOIS
H SON SALUT A CETTE FORME DE GOUVERNEMENT'. »
«Soulever à cette heure la nation, s'écriait-il en i8M-,
quand l'ennemi "était en France, chimère! chimère!
» Soulever la nation dans un pays où la Révolution a
')
détruit !a noblesse et les prêtres, ou j'ai moi-même détruit
» la Révolution. »
(t) L'Autriche est très-loin d'être oligarchique. Quoi qu'il en soit, par ses
concessions faites à l'esprit de province, comme par sou désir profond de
rester fidèle au Saint-Siège, l'empereur François-Joseph a. montra une
[oyaut6 rare et un grand amour de ses peuples car il aurait paru bon
de centraiis'r jusqu'ù uu certain point rAutriche, dont les' peuples, qui
forment ses provinces, tritures à la fois par les juifs et par la H6vointiou.
semblaient devoir trouver un certain avantage a rentrer sous la main tut~-
luire et patcrnc)te de ses empereurs.
C'est en An~eterrcquc règne''oligarchie, c'est ià quête pouvoir du mo-
narque s'évanouit dans celui de chambres oligarchiques, Mais en Autriche
C'est-à-dire qu'il t'avait enfermée dans des institutions.
Cet homme vit alors qu'une fois t'armée vaincue, ne il
restait plus rien debouten France que derrière ses soldats
et sa bureaucratie, il n'y avait plus de citoyens. Si l'Au-
triche, en effet, au lieu de rester vivante dans ses droits
historiques, n'eût été, comme nous, qu'un peuple pris et
cou!édansie moule de la centralisation, on peut douter
qu~e!!e eut alors trouvé quatre fois son salut, et surtout
qu'eite puisse aujourd'hui se sauver encore!
i! est curieux, en unissant, de consulter l'observation
faite par Bonaparte, à l'île d'Elbe: « Il me parut évident,
dit-il, que Louis XVHI avait connu le secret de son siècle,
et compris que !a majorité en France avait voulu la Ré*
volution, mais que son parti était trop faible pour résister
à cette majorité. Pour régner avec la majorité, c'est-
à-dire avec la Révolution, et n'être pas révolutionnaire
lui-même, il fallait donc qu'il refit la Révolution. L'idée
était ingénieuse. En rendant les Bourbons révolutionnaires
en sûreté de conscience, elle rendait les révolutionnaires
royalistes. ?
Rendre les royalistes révolutionnaires n'eût été qu'une
duperie de plus; mais ici, du premier coup d'ceH, Bona-
parte jugeait la portée de la charte de 1814!
Mais aujourd'hui, comme il faudra du temps à la vérité
(Quatrièmepoint de fuit.)
(1) Ce sont des historiens protestants, Voigt, Eiurter, Ranke. qui r~habiti-
tèrcut la Papauté et justifièrent les Pontifes les plus calomniés par le galli-
canisme. Ces aHemand:! protestant, remarque AI. l'abbé de Ladouo
paraissent avoir reçu une mission d'En-Haut, celle de justiciers de Dieu à
t'egard des peuples catholiques. Il
(2) Les hommes qui appartiennent, à ces séries sont les senls snr lesquels
le monde puisse aujourd'hui compter. Sans eux, la France n'aurait peut-
être plus un fil pour la soutenir sur l'abîme
historique; à queiques-uns qu'il renferme la vérité géolo-
gique~ et à un plus grand nombre qu'il contient la vérité
économique, si cela seul a sum pour que des esprits si
divers revinssent, chacun de leur côté, proclamer Ja divi-
nité et ie génie du christianisme quel effet produirait
sur la jeunesse entière l'enseignement chargé de réunir
tous ces rayons en un seul corps de science?..
CHAPITRE XXVIII.
(i) Notre aveug:cment était tel, que personne ne mettait de borues ù son
admiration pour l'Université. < L'Empereur,s~crinit M. Couëiuà )a chambre
M des Pairs, le 21 avril 1844 avait surtout enjoint, n ]'Uaiver?iM f~-e
conservatrice de ~Ot~M idées libérales. Paroles subiimes 1le moderne
e Charlemagne ajoutait que rUniversite est rRtaL )ui-meme. En effet,
mais t'Etat s'est déclaré athée, et ils ont t'un et l'autre formé
une géné-
ration de déistes et d'athées. H fallait toute la cécité liberté pour donner le
nom de Cbariemagneà un homme qui gagnait des batailles, mais qui détrui-
sait la Chrétienté civilement et politiquement 1 v
le Dieu qui est venu, non pas détruire la nature, mais
l'accomplir/et qui, nxant la distinction des deux pouvoirs,
a établi l'Etat à côté de l'Eglise, avait ses raisons lorsqu'il
suscita des laïques pour opérer la réaction chrétienne dont
on a précédemment parlé.
Il faut observer avec d'autant plus d'attention la nature
et le mode de cette miraculeuse réaction, qu'elle a ouvert
l'cre nouvelle dans laquelle le monde est sur le point
d'entrer. Elle est le début de « l'événement immense dans
l'ordre divin » qu'annonçait le comte de Maistre, vers les
derniers jours du xv!ii° siècle. A une époque comme la
nôtre, il importe doMc de chercher la part qui doit être
assignée a l'élément laïque, à côté de la place primordiale
qui appartient à l'élément religieux.
Car ici l'élément laïque, qui exprime surtout la nature,
n'arrive pas en antagoniste, mais en coadjuteur. C'est,
comme, une note expressive se faisant entendre à sa place
dans une grande symphonie. La Foi demande elle-même à
soutenir tous les accents de la raison. Si l'on se reporte à
soixante ans en arrière, alors que MM. de Chàteaubriand/
de Maistre, de Bonald et Cuvicr n'avaient pas encore opéré
l'effet voulu sur la pensée, on se rappellera que le clergé, au
sortir il est vrai de la Révolution, était dans l'impossibilité
de supporter seul le choc universel de l'opposition anti-
religieuse car il y a des laïques qui ne se rendent qu'aux
laïques.
Cela vient de ce que la science doit être avant toutt
naturelle, c'est-à-dire dégagée des solutions pressenties
d'avance ou empruntées à une sphère qui n'est pas la
sienne. Dieu même ne voulut point faire nos sciences,
puisqu'il chargea Adam de nommer tous les animaux à
mesure qu'ils passaient devant lui, et que les noms donnés
par Adam « furent les véritables noms. » Si la sphère de
la contingence s'égare en se détachant de la sphère de la
philosophie et de celle de la théologie, si l'élément laïque
court !e plus grand danger dés qu'il se détache de l'élément
religieux, ce dernier perd de sa puissance sur les esprits
dès qu'i! n'emprunte. rien au premier. U n'est pas facile
à tout prètre, comme au P. Secchi, de contracter cette
liberté d'allure, de se livrer à ce désintéressement dans
les résultats qui fait !'éioquence et l'attrait des sciences.
ti faut donc, tout en les éclairant, leur maintenir leur
liberté de mouvement. Les motifs de persuasion se forment
secrètement et de plein gré; ils disparaissent ou perdent
de leur force devant l'esprit qui veut atteindre les solutions
avant d'avoir suivi la route qui y mène. Car c'est pendant
la route qu'apparaissent les preuves et que se forment
les convictions.
Dieu condamne l'homme à l'effort. L'esprit humain ne
se développe pas à la vue d'une liste de solutions, mais
dans le mouvement qu'il opère vers elles. H faut que, tout
en gardant la grande ligne, l'enseignement ne se substitue
point à ce qu'il y a de naturel dans l'élément laïque et de
naïf dans la marche de la raison. La Somme de S. Thomas
offre sous ce rapport le plus parfait modèle à suivre. Sans
doute, avec cette candeur d'allure, la science peut tomber
un moment dans l'erreur, et toutefois c'est de la sorte
qu'eue finit par atteindre frrévocabtement le vrai.
Ce qui manque à la génération actuelle, ce sont des
principes fermes, ce sont des' convictions puissantes il
faut donc les créer~ et prendre garde de les rompre en
séparant, dès le début, les trois sphères dans lesquelles
l'esprit humain est obligé d'entrer. Si l'élément religieux
demeurait isolé, la science 'et la philosophie, restant par
le fait livrées à leur impulsion propre entraineraient
les esprits dans l'obscurité où ils se heurtent avec tant de
violence aujourd'hui. Au total, si le premier bien de la
science est la vérité, son premier besoin est une certaine
liberté de mouvement dans ceux qui vont à sa recherche,
car elle ne saurait avoir l'air de vivre de jugements tout
faits. Que la science devienne une servante de.la Foi, rien
de plus désirable; mais qu'elle ne se présente pas d'abord
comme telle à l'esprit humain.
CHAPITRE XXIX.
(t) <' Ne devrait-on pas, dit M. Arthur Loth, faire deux parts du temps?
empioyer [a première aux études fondamentales, telles que la théologie, la
philosophie, l'histoire, etc., et réserver la seconde pour les études littéraires?
on reviendrait ainsi a la nature. VoirI'C/ht'Mrs-du 4 novembre -1872
et du 3 janvier i8'?3..
(2) Une juste réserve interdit de designer ici les
noms, dont quelques uns
appartiennent au sanctuaire.
la rédaction succincte, sous forme de sommaire, de la leçon
que tous les professeurs de son ressort enseigneraient dans
les collèges réserves par le gouvernement.
Ces leçons sommaires avec le sens des solutions, que
le,Conseil royal enverrait imprimées par séries~ à chaque
professeur, serviraient de texte et de point de départ à la
leçon enseignée dans toute la France. Est-il besoin de dire
qu'il pourrait y avoir un commissaire du Roi auprès du
Conseil, soit pour tenir le Roi au courant des principales
questions élaborées, soit pour maintenir le Conseil sous
l'inspiration royale; et que des inspecteurs pourraient
visiter les collèges comme lieutenants de ce Conseil,
d'où partiraient tous les rayons de' cet enseignement
sublime? Ce sont la les principes l'Etat fera les rè-
glements.
Nous aurions donc 1~ comme toujours, les séminaires,
sur lesquels l'Eglise seule a juridiction; 2° les établisse-
ments conduits par le clergé et par les Ordres, soutenus
s'il le faut par l'Etat dans certaines provinces 3° les collé-
ges, dont l'internat serait tenu par des ecclésiastiques, mais
le professorat par des laïques, recevant les leçons et l'im-
pulsion du Conseil royal
il s'agit ici du mode et non de la méthode. Cependant
(t) H importe que les sommaires des leçons soient distribues par série,
car le professeur a besoin de voir un peu d'avance ce qu'il aura a. faire. On
ne marche sûrement que lorsqu'on voit devant soi, à une certaine distance.
(2) L'Etat ne doit point d'ailleurs se priver de permettre a uo homme de
génie, par exemple, d'ouvrir un externat pour professer une speciatitc.
Dans les établissement réservés par l'Etat, tout le CÔL6 de l'éducation
(comprenant les aumôniers, proviseurs, censeurs et ma!tres d'études) doit
être conii6 à des ecclésiastiques. L'enfant qui a quitté le toit paleruel ne
trouvera de sûreté et de patt'rnite que ta. Les ctasscs seufes seraient r~ser-
v~es aux laïques.
il faut remarquer qu'une éducation trop exclusivement
littéraire, où la rhétorique l'emporte, multiplie aujour-
d'hui les esprits vides et en proie à terreur. Une facilité
de parole ou de plume, dépourvue de savoir et d'expé-
rience, est aux yeux de ceux-ci un titre suffisant pour régler
le sort des empires. D'autres, persuadés que la langue
dispense d'étude et de philosophie, promènent une perpé-
tuelle infécondité au sein de toutes les questions, sans voir
qu'en traitant des su jets si divers ils disent toujours la
même chose. On ne peut oublier que nous sommes dans
une époque où des orateurs sans idées deviennent maîtres
du Pouvoir et des positions d'où l'on peut agir sur les
hommes'.
Observant combien notre baccalauréat nuisait à l'intelli-
gence, en surchargeant hors de proportion la mémoire
mécanique, un étranger disait On construit en France
un édifice pourvu d'une infinité de chambres, avec tou
relies et rnachicoulis, mais auquel manque Je corps de
bâtiment principal.
(t) Chez nous, oo préfère de beaucoup l'éloquence des mots à celle des
idées. Pour suivre une question, on préférera l'orateur disert qui la cotoie
et qui l'embrouille, à l'homme compétent qui l'élucide et la résout. Ce défaut
de la race française était neutralisé par le bon sens de ses rois. Mais quand
on voit, depuis un siècle, à quelles fausses idées, à quels faux grands
hommes, à quels scélérats, à.quelles impostures ce défaut a donné la main,
on se demande s'il est pour nous quelque chose de plus nuisible, et si rien
ne pourra nous conduire à mettre enfin, dans les idées, le bon sens dout
nous faisons preuve dans les affaires de la vie t
CHAPITRE XXX.
Enseignement supérieur.
CHAPITRE XXXI.
1
CHAPITRE XXXII.
(i) L'expérience fait voir aujourd'hui rénorme diŒcutté qu'ont les hom-
mes même cultivés, & revenir au christianisme, quand leur éducation les a
laissés en dehors de l'enseignement religieux. Quant aux hommes non cul-
tives placés dans la. même condition il est à peu près impossible de les
éclairer, si ce n'est au moment où les premières lueurs de l'Eternité leur
arrivent avec la mort..
Les femmes, elles qui dans le christianisme portent si haut la sainteté, et
qui partout sont les dernières à abandonner les principes, ne s'y élèvent
point d'elles-mêmes. Eties n'échappent ni au protestantisme chez les protes-
tants, ni au schisme grec chez les Russes, ni à t'istamisms chez les Turcs!1
Comme à une élévation e~ceptionneUe de sentiments, il faudrait joindre ici
une rare étendue d'esprit et une grande humiUté de cœur, il est de toute
nécessité de former les esprits au sein des principes, comme les peuples au
sein de la Foi. I! le faut, dans leur plus strict intérêt.
A
~étroitesse~ordinaire du cceur et !a tyrannie des cupidités.
La raison est tout ce qu'il y a de plus dtnLiie à développer
chez t'hommc, et chacun a pu observer combien l'envie rétré
cit partout les'esprits. Si on pouvait-les voir à l'intérieur,
on s'apercevrait vite que la raison est peut-être encore
plus abandonnée que la Foi.
C'est que, pour atteindre aux principes, la culture de
l'esprit ne suffit pas: il lui faut la grandeur. !l'!ui faut
s'élever au-dessus des considérations personnelles, presque
toujours dépasser ses propres lumières et toucher an
sommet de ses plus hautes inspirations. Aujourd'hui
même, faute'de ces vues supérieures, des hommes par-
faitement honnètes voudraientt opérer la fusion de prin-
cipes contradictoires, comptant fonder sur cette incompa-
tibilité une politique durable
Le seul remède à cet état de choses est dans l'enseigne-
ment i 0 du christianisme, qui confie les principes aux
croyances, 2~ des hautes études, qui les confient à la
raison. Dans l'intérêt de la science, le développement de la
raison par !a théologie et la philosophie est dé la plus
haute importance; car, tout en fournissant à l'esprit le
véritable point d'appui, la raison allume au sein de
l'homme ce besoin des idées étevécs, ce besoin des prin-
cipes supérieurs qui les lui fait embrasser pour toujours.
Bref, il y a pour nous trois mondes Dieu, i'àme et la
nature; il ne faut pas que Famé se voie fermer l'entrée de
l'un d'entre eux. Les clefs qui les lui ouvrent et qui les lui
font parcourir, sont ce qu'on nomme les principes. H
importe de les lui mettre en main par l'enseignement;
car c'est la chute des principes qui entraîna celle des
intelligences.
La dissolution de la France ne vient pas de l'invasion
prussienne, mais d'une invasion du scepticisme qui,
détruisant tout principe, conséquemment toute lumière
supérieure dans les esprits, a éteint la pensée, puis rompu
les rapports qui unissaient les hommes et déterminé l'anar-
chie. Si la France n'avait pas péri religieusement, c'est-à-
dire par l'absence des principes métaphysiques et poli-
tiques, on ne la verrait pas tout entière à la Révolution
Séparées de leur tige, les idées, les sciences, les mœurs,
les lois ont été bientôt désséchées. Les esprits se sont
réveillés dans le vide, et les coeurs, désormais sans appui,
ont glissé dans la dissolution t:
Ne soyons pas surpris si la grande nation catholique,
en proie la première aux flammes de l'incrédulité, s'est vue
chassée ainsi des régions intellectuelles. Sous elle, depuis
long-temps, se creusait un abime invisible. Sans qu'on
s'en fût aperçu, le cartésianisme y poursuivait la secrète
démolition des plus grands principes et, par suite de
l'absence des hautes études théologiques, le jansénisme
parvenait à ruiner dans les cœurs ce qui subsistait encore
de la Foi. A un certain moment, le niveau même des
croyances fut plus bas parmi' nous que chez les peuples
protestants. L'impiété et la Révolution n'éclatèrent que
plus tard chez ces populations, où la réforme n'introduisait
encore qu'une diminution de la Foi et des mœurs, avant
d'en entrainer la ruine. Chose singulière: on vit alors
le protestantisme maintenir un instant chez ses peuples
plus de mœurs, plus de principes et plus de politique,
(despotique il est vrai), qu'un catholicisme à la fois isolé
CHAPITRE XXXIII.
Soutenir les hautes études.
(<) Les hommes eo cet état seront la proie du cesarismc. Et de là, ce der-
nier inaugurait la bifurcation des études, pour jeter d'un seul coup dans la
servitude la moitié d'une ëea~ration.
(2) oLe~ reformes et les chartes constitutionnelles, disait M. Staht, de
Berlin, au lieu d'éteindre la Révolution, sont autant d'aliments à sa uamme.
tation, à l'homme et à la société leur conception explicative.
Et c'est de ridée même de l'Infini, de cette notion merveil-
leuse du Souverain-bien vivant, que le christianisme tire
la clarté dont il inonde tout, dont il éclaire tout, dont il
explique nos conditions d'existence intellectuelle et morale,
aussi bien que nos conditions d'existence politique et écono-
mique Un moyen sûr d'étoufïer à jamais le christianisme
et la nature humaine, d'anéantir dès lors toute société, c'est
d'abaisser l'esprit humain, d'endormir la raison, bref, de
rendre l'homme physiologiquement incapable de répondre
à la transcendance, qui est l'âme du christianisme.
Sans cette transcendance, nous ne serions plus qu'une
race vouée à l'esclavage.
Jeunes encore, nous entendions nos pères proférer déjà
cette plainte il n'y a plus d'idées philosophiques en
France!1 Plus d'idées, c'est-à-dire plus de lumière, plus
d'élévation, plus de générosité dans la pensée humaine;
plus de génie, plus de sublimité les sciences retombant
dans la nuit, les esprits se heurtant au sein des ombres
de l'athéisme, les hommes désertant les nobles travaux pour
se livrer comme des mercenaires à l'entretien de leurs
passions et au soin de leur cupidité, puis la foule tombant
dans l'envie et l'ignominie! Ici la vie intellectuelle, comme
une lampe sur le point de s'éteindre, n'aboutit plus qu'à
des polémiques sans fin. C'est un choc dans un couloir
étroit, une lutte à outrance dans un réduit obscur, au lieu
d'une ascension grandiose, portant Jes âmes vers les
vérités éternelles.
Dès ce moment nous vîmes en effet la nuit descendre
La Révolution ne peut avoir qu'un seul ennemi sérieux, qu'un peut vain-
queur le christianisme. 1
plus épaisse, mé!er bientôt la fange et la démence à tantt
d'obscurité, puis produire la confusion où tout s'écrase, et
où va ruisseler notre sang. Un des moyens de ramener
la lumière sur ce chaos, d'y faire renaître les idées, de
ranimer les esprits, de les rapprocher de la Foi, de les rendre
aptes au christianisme, dès lors de rétablir l'ordre au sein
des intelligences, un des moyens conséquemmentde gou-
yerner, c'est de rétablir les hautes études.
De l'Ordonnance dans les esprits, passons à celle
qui doit régner entre les citoyens au sein du monde
politique.
CHAPITRE XXX.IV.
Principepremier de l'éjection.
(t) Ainsi, nous n'avons rien fait. pour avoir l'existence; mais c'e~ noua
confier..
d.' l'employer eL<Ie td. conserver quand Dieu daigne nous la
d'une civilisation un très-grand nombre d'hommes, elle
n'en serait que plus puissante; on lui en ôterait d'autres en
petit nombre, elle disparaitraitt tout-à-fait. Une nation
doit sérieusement distinguer le point sur lequel elle existe
du point sur lequel elle n'est pas encore car chez elle la
vitalité ne saurait s'étendre que du premier vers le second.
Il lui importe de discerner ceux qui par le fait la repré-
sentent, et ceux qui, pour le moment, ne peuvent encore
que l'entraver ou l'incliner du côté de la ruine.
Si tout à coup, par exemple, il se faisait une dissolution
de l'état social, une foule considérable, s'abandonnant à la
paresse et à l'ivrognerie, rentrerait dans l'état sauvage.
Mais une première série, pourvoyant à ses besoins par le
travail, constituerait ce qu'on nomme le peuple. Une
seconde, plus intelligente, recueillant les agents de ~ute
production, constituerait une classe moyenne. Une troi-
sième, enfin, voudrait voir avant tout régner la justice et
ies mœurs pour rendre la société possible.
A laquelle de ces trois séries la nation devrait-elle la
condition première de son existence? Le travail pourrait-il se
développer sans l'épargne et sans le capital; le capital,
sans la justice et sans les moeurs les moeurs, sans la
lumière et sans l'exemple puis ces choses, n leur tour,
sans un Pouvoir qui les protége toutes?
Déjà les faits révèlent la proportion qui doit, autant
qu'it est possible, régler le pouvoir d'élection, parce qu'il
est un pouvoir social.
Un tel pouvoir ne peut pas ètre un privilége; it ne .sau-
rait être donné à ceux qui ne concourent en rien à l'ordre
social. !t s'agit d'une fonction, elle doit s'attachera celui qui
effectivement t'exerce. Elle est fixée, non pas seulement
d'après la justice, mais d'âpres la Celui dont l'acte
concourt le plus directement à l'existence sociale ne reste-
t-il pas muni du plus grand pouvoirsociat?Dans notre corps,
ia poitrine et !a tète remplissent des fonctions qu'on ne peut
leur reprendre aussi la nature a pris soin de les protéger
avant toutes les autres. La société pourrait-eHe tixer sa base
dans la foule qui tout-à-l'heure l'a désertée? Eh bien,
c'est ce qu'a fait la Révolution, par le suffrage universel.
Ce suffrage, on le voit, est une rupture universelle.
C'est la constitution la plus radicalement subversive de la
société humaine. Le second Bonaparte n'a pu se dérober
aux suites de cette extravagance et détourner le flot qui
allait Fétouner, qu'en déclarant subitement la guerre sans
avoir pu la préparer.
Un déplacement du pouvoir social est le renversement
de la société même. Seulement, on doit examiner plus
loin si, à t'égard de ceux qui restent socialement incapables,
il ne faut pas, pour les moraliser, leur en transmettre
quelque partie, mais toutefois sans entraîner un tel
renversement.
CHAPITRE XXXV.
CHAPITRE XXXVI.
Chambre des pairs.
(1) Le libéralisme affirmait que tout homme pris dans la foule présentait
Dès que ces classes font valoir les intérêts premiers de
la société, elles étendent invisiblement leur action
sur
celles qui s'emploient à faire valoir leurs intérêts, parti-
culiers. La Pairie a pour but de s'opposer à une séparation
funeste entre l'ordre moral et l'ordre matériel. QueHeidée
se ferait-on des intérêts matériels séparés des intérêts
moraux ? Une telle séparation n'est, comme celle de FËgIise
et de l'Etat, qu'une criminelle fiction. Il faut nécessairemen t
rattacher la sécurité, la production, l'épargne et surtout
la consommation à leurs causes morales. Or, pour main-
tenir cette union et cette coordination, il faut que la
Chambre des pairs soit le premier corps de l'Etat.
(1) Telle fut l'application du système de A!. Guizot, annonçant que le but
de la civilisation est dans l'avènement des classes moyennes.
Aux vertus domestiques, la bourgeoisie unit certainement des vertus
sociales; mais elle n'a pas de portée politique. C'est elle qui, maîtresse de-
puis 89, nous a conduits à un état si précaire en Europe. II faut être inspiré
par de grands sentiments pour atteindre aux grandes pensées. Cette classe,
isolée de l'autre, et surtout livrée & elle-même, ne cessera de prendre les
Lafitte, les Schneider, les Péreire et les Thiers pour de grands politique:
parcequ'ils ont fait de très-grandes fortunes..
(2) Les classes populaires, dit M. Coquille, n'ont pas renversé la royauté
en i'!89; c'est de la classe des légistes que la royauté reçut !e coup de ta
mort. Ils encombraient l'Assemblée constituante; ils se retrouvèrent sous
la Convention. Les corporations d'arts et métiers remontaient à l'iustitution
royale, et se flattaient d'avoir le Roi pour Chef, comme il était le chef des
diverses bourgeoisies et de la noblesse, u
notions que les hommes ne doivent, en générai, qu'à
l'étude de la théologie, ou à une haute éducation affran-
chie des mobiles intéressés. Hors de ces deux condi-
tions~ notre époque en fait foi, les esprits ne montrent
point la portée nécessaire pour se vouer à la défense des
principes élevés.
Notre histoire elle-même le montre la classe dont la
première préoccupation est de faire des an'aires, n'a jamais
pu suffisamment comprendre l'importance des trois grandes
fonctions qui se lient à la protection due à l'Eglise., à
l'initiative du Roi, à la constitution des aristocraties.
Manquant à ces trois principes de l'ordre social, elle en
entraîne peu à peu la ruine.
CHAPITRE XXXVIII.
Chambre élective ses attributions.
CHAPITRE XXXIX.
CHAPITRE XL.
(<) Le moindre des individus doit au moins & la société la preuve d'une
vie honnête, indiquée parte domicHe. Le domicile dénote ces re!atior)sde
voisinage dans lesquelles l'individu se fait connaître de ses semblables, se
appartenant par le fait à l'état sauvage, ne sont-ils pas
dans l'impossibilité de représenter aucun des éléments de
la Société? Le premier degré de l'élection commence
nécessairement avec la famille et les premiers linéaments
de la propriété, ces deux signes non équivoques de la
capacité morale, et dés lors du devoir social accompli.
La famille est la molécule organique; le père en est le
centre. L'homme n'est pas un grain de poussière, mais
l'anneau d'une iongue chaîne. li identine son existence,
ses intérêts, ses souvenirs, ses espérances, à l'existence,
aux intérêts, aux espérances de ceux qui lui sont liés par
le sang, et de là découlent presque tous les faits sociaux.
Si individu tend à la dispersion, il y a une force qui
retient constamment les anneaux prêts à se séparer, les
ramène à ta Société, et fixe le centre ou tout se rallie. Cette
force ou ce centre, c'est l'autorité paternelle.
Ainsi l'Etat se forme de petits états, la société de petites
sociétés, la nation de petites nations. Le père de famille
est le pivot de la nation, et le gouvernement une extension,
une généralisation du pouvoir paternel. C'est pourquoi
celui-ci est l'élément électoral. Une nation n'est pas formée
d'individualités isolées, mais de familles constituées. La
Société n'est pas une agglomération de parcelles, mais une
formation dont l'élément est déjà une cristallisation formée
sur le même plan que l'ensemble. L'Etat, enfin, n'est pas
un assemblage art ificiel, mais une structure hiérarchique
des autorités sociales fournies par la nature même. Au
tient sous leurs regards, s'attirant leur estime ou leur mésestime. Dans cette
situation, il se trouve contraint d'accomplir les plus indispensables devoirs
de l'homme. Aussi, le terme .flétrissant de vagabond s'attache à quiconque
ne veut séjourner nulle part.
Le domicile est la dernière trace de capacité sociale, et le point au deii't
duquel toute indice de civilisation expire..
lieu de ces réalités, la Révolution nous offrait, toutes
ses
abstractions théoriques.
Aussi voit-on la Société grandir sur tous les points où
l'autorité paterneHe reste intacte, et déchoir partout où
cette autorité s'affaiblit. Tout se rattache à cette première
autorité directement divine croyances, loi naturelle,
traditions, vertus et apprentissage; tout ce qui produit
l'ordre se transmet par ce canal. Le sang et le capital
sentent bien, aujourd'hui, que leur planche de salut est
l'autorité paternelle. La France périt par la destruction de
l'ordre social, et celui-ci périt par la destruction politique
de la famille.
Te!!es sont les raisons à la fois naturelles, sociales et
politiques, pour lesquelles le pouvoir d'élection ne se peut
rattacher qu'au pouvoir paternel. Et si le prêtre, le
magistrat, ou le président de corporation a aussi la qualité
d'électeur, c'est qu'il est précisément ici le père d'une plus
grande famille. Le Pouvoir politique n'est, à le bien com-
prendre, qu'une extension à la société entière du pouvoir
paternel pourrait-il commencer par le méconnaître, !e
détourner ou l'affaiblir?
Dans un ouvrage à consulter sur La fa1nille et la
Société en France avant la Révolution, M. de Ribbe
résume ainsi le premier Article des constitutions muni-
cipales de l'ancienne France « Est électeur tout chef de
famille, propriétaire, ayant des intérêts dans la commu-
nautélocale à laquelle il est incorporé. H est également éligi-
b!e à la condition d'offrir des garanties par l'inscription au
cadastre d'une certaine valeur foncière~. »
femmes et les enfants ne sont pas alora exclus toute la famil!e vote par son
chef. n Tel est le véritable suffrage universel « honnêtement pratiqué. Il
Sur ce dernier point, voir les judicieuses observations que M. le vicomte
d'Anthenaisp a présentées dans sa brochure intitulée Une solution aux
questions sociales.
« Henri V. ajoute encore M.
Coquille, c'est la France gouvernée, non pas
par un homme, mais par une famille royale ce sont toutes les familles
françaises élevées et devenues, par anatogie. les principes de notre orga-
nisation sociale. Ne voyous-nous pas que la famille royale, la famine aînée.
invite immédiatementles autres familles, ses sœurs, à participera son action
et à prendre part au vote politique? Voilà donc le suffrage universel dans
sa plénitude, etenréaHteuti suffrage universel quatre fois plus considé-
rable que le suffrage qui découle de i.T. loi actuelle. »
576 TROISIÈME PARTIE.
H ne s'agit* pas ici d'am~iorer l'ouvrage de la Révolution,
mais de le renverser de fond en comble. Pour arrêter la
violence du mal, il faut recourir à un traitement plus pro-
fond, à un remède plus radical qu'une réforme.
On comprend que l'individu qui n'a rien su constituer,
qui n'a pas eu le cœur de fonder une famille pour rendre
a la société le premier bien qu'il en a reçu,
n'a pas encore
posé le pied sur le premier échelon social. Celui qui ne
représente ni une famille, ni un champ, ni un logis, que
peut-il représenter, et à quoi peut-il concourir? Sa
position même démontre qu'il est moins apte encore à
concourir à l'existence de la justice, à celle de l'ordre ou
de la loi. Alors, que peut-on attendre de lui? Refusant
d'apporter le moindre concours à la nation, il ne lui ap-
partient que comme force négative. Il ne peut en attendre,
après l'ilnstruction religieuse, que de la protection et des
secours.
La capacité sociale commençant au père de famille et au
propriétaire, les pères de famille et les propriétaires sontt
donc les véritables électeurs communaux. Ils nomment,
suivant le chiffre de la population, les électeurs au canton,
ceux-ci nomment les électeurs à l'arrondissement, ces
derniers les électeurs au département, lesquels nomment
les députés à la Chambre élective~.
On comprend que des électeurs communaux soient aptes
à nommer des conseillers municipaux, ceux-ci à nommer
des conseillers d'arrondissement, ces derniers à nommer
des conseillers généraux, et ceux-ci enfin à élire les
CHAPITRE XLII.
Là solution est déjà entrevue par ceux qui ont suivi les
données qui précèdent, puisqu'e!!e-sc trouve dans !a cons-
titution de la propriété. Mais ici, plus de circonlocutions!
il s'agit du salut du peuple, il est temps de
nommer les
choses par leur nom la plaie, la grande plaie, c'est
l'Industrialisme
Et, d'abord, faut-il placer de nouveau sous nos yeux
les calamités qu'il entraîne? dépopulation des campagnes,
abandon des populations ouvrières à la corruption des
villes et à l'infection de l'atelier, développement de toutes
les cupidités à la vue de fortunes brusquement amassées,
goût désolant du luxe, fureur pour le plaisir chez tant de
faibles hommes rendus témoins de cet entraînement
aux
jouissances qui caractérise les familles nouvelles,
perma-
nence des masses au sein d'idées fausses et perverses, que
les demi-savants et les déclassés répandent dans les grands
centres, affluence excessive de familles nouvelles et
CHAPITRE XLIII.
Nullité des solutions. Légitimité du travail..
(ij Faire des promesses et saturer le peuple demensonge, tel fut l'expédient
de tous les ambitieux L. Napoléon aspirant à l'empire, disait Les classes
ouvrières ne possedeht rien, il faut les rendre propriéLaires! Comment
rendre ou plutôt maintenir propriétaires, ceux qui n'ont pu fonder un
capital? la vertu seule peut produire un tel fait. Il ajuutait e Ces classes
sont sans droit et saus avenir, il faut leur assurer l'un et l'autre par la loi
civile. Dans les champs, où l'on travaille, où l'on économise, les hommes
sont-ils sans droit, sans avenir?
r
aurait immédiatement suivi les transactions faites déjà sur
ces deux points. Eh bien, il faut !e reconnaitre ici le butt
des ouvriers, en généra! leur vrai désir, est d'avoir plus
d'argent pour mieux s'amuser.
Demandons aux économistes eux-mêmes ce que produit
cette augmentation de sa!aire? Ils répondront Un accrois-
sement d'ivrognerie. Demandons-leur quel est le résultat
de la diminution des heures de travail? Ils répondront
C'est de donner à l'ouvrier le temps de manger la journée
qui commence ou celle qui vient de finira
Voita ou aboutissent les solutions données par le libéra-
lisme. Voila ce qu'il arrive quand on s'avance sans con-
sulter les lois de Dieu. Pourquoi Dieu a-t-il fait le travail,
et pourquoi le travail vient-il enlacer l'homme depuis
l'instant de son réveil jusqu'à celui de son repos? Le
Créateur, à l'aide de la faim, et malgré tous les inconvénients
que certainement elle entraine, rend inexorable la loi du
travail et nous, sans plus de souci, notre premier mouve-
ment est de la détourner et, s'il se pouvait, de l'abolir!
La nature nous aurait-elle traité plus rigoureusement
que les moindres insectes, qui, sans travail, rencontrent
autour d'eux une pâture prête? Ne pouvait-on se
demander pourquoi?
L'oublions-nous? au fond, l'homme est concupiscence,
c'est-à-dire gourmandise, paresse et volupté. Constamment
(i) Tous les fahricants avouent que les ouvriers les mieux payes sont les
plus adonnés à l'ivrognerie. En Angfeterre on dit proverbialement que les
artisans les mieux payés sont les plus débauches. La Chambre de commerce
de Paris a déclare « que les ouvriers qui gagnent les plus forts salaires sont
ceux qui font le moins d'économies, e Voir J. Simon, /o<r/e/'c;
Congrès de Francfort VH)ernie,.ra& des OMU.; Congrès de
BruxeUes Statistique de l'industrie de Paris, 1851.
il côtoie trois abîmes, dont un seul pour jamais l'en-
gloutit. Mais le travail accourt pour dévorer les heures et
saisir cette main toujours prête à ouvrir l'une des portes
de la mort. Ce n'est pas tout, le travail, chose merveilleuse!
est l'etlort appliqué à cette volonté détendue par la Chute
et à ce cœur qui retombe sur lui pour s'aimer. Le travail
se tient là pour relever, retremper à chaque seconde cette
volonté ramollie, et retirer ce cceur du sépulcre que lui
creuse le moi. Sans le travail, sans la nécessité de
répondre à la faim, le genre humain ne serait plus. Il serait
tombé épuisé, non pas sous le coup de la faim, mais sous
celui de sa concupiscence, de sa dissolution..
Le travail est l'acte libérateur! Dieu l'a fait incessant
pour ne pas accorder un/seul moment au vice. II faut que
l'homme s'endorme au moment où le marteau lui tombe
des mains, sinon la volupté ou l'ivrognerie sont prêtes à
le frapper. Le travail est son ange gardien, son tuteur et
son rédempteur. C'est l'invention de Dieu au moment où
s'écroulait l'homme; c'est le sceptre avec lequel celui-ci se
redresse et se remet debout. En est-ce assez pour justifier
la journée de l'homme, reconnaître le prix et la tégitimité
du travail?
II y a donc moins à le restreindre, qu'à surveiller la
manière dont se consomment ses produits! Et, quant à
écarter cette action régénératrice, pense-t-on que Dieu
Feùt permis*? On n'a qu'à voir ce qui arrive aux familles
ou aux classes qui, tout à coup affranchies du travail
manuel, ne se consacrent pas aussitôt à un travail plus
relevé, mais plus assujettissant encore.
CHAPITRE XLV.
Solution du prob!ôme.
CHAPITRE XLVI.
(<) On sait que les corporations, étourdiment abolies par Turgot dans le
but de flatter le peuple avec des mots, se rf''taMirei)t quelques mois
après par
la force des choses.
consacrant à l'agriculture, fixeront leur principal établis-
sement au sein de nos campagnes.
En outre, et la justice nous
en fait un devoir, il faut
que le capital agricole, proportionne!!emcnt si peu pro-
ductif en rente, soit peu à peu décharge d'une certaine
part de l'impôt, qui serait reportée surle capital employé
à ia production des objets de luxe
ou des industries lucra-
tives. Avant 89, il est vrai, l'Etat faisait porter les impôts
sur ie capital agricole, mais pourquoi? Parce qu'il était fi
peu près le seul, et que les capitaux, encore rares,
demandaient eux-mêmes a être protégés. Aujourd'hui,
par le même principe, ce sont les champs qui réclament
la protection. C'est donc l'inverse
que l'on doit faire,
puisque, d'une part, les grandes fortunes viennent surtout
du capital industriel, sans parier de l'agiotage,
et que, de
l'autre, les profits et les rentes afférents à la terre sont
loin de croître dans la même proportion.
L'Etat accordera la protection des lois à l'industrie,
comme étant une branche indispensablede la production
mais, refoulant l'industrialisme, le Roi portera
ses faveurs
sur ceux qui se livreront a des créations agricoles et
assoiront leur influence au sein de nos populations
rura-
les. La propriété territoriale, support le plus réel de la
famille, base la plus certaine de la fortune et du bonheur,
fondement ie plus sur de l'Etat,
source à peu près unique
des populations; la. propriété territoriale, assise désormais
sur le droit de tester, sera la route conduisant aux emplois
élevés, et notamment à la Pairie..
Les anobiissements légitimes nedoivent-i!s
pas surtout
revenir aux hommes qui, unissant à la fortune territoriale
l'exemple de la piété et l'exercice de la charitc,
versent le
bien, i ordre et la paix sur ceux qui les entourent? Hicn
LKG.T.
9
n'empêche ici les fortunes industrielles de se transformer
à leur tour, comme elles le faisaient autrefois, et de pren-
dre racine dans le sol, pour y constituer ces familles qui
sont presque les seules dont l'aristocratie se compose
aujourd'hui.
Toute la politique se base sur la constitution de la pro-
priété, qui est en même temps celle de la famille et celle
de l'Etat! Cette constitution, aussi ancienne que le monde,
subsiste encore chez tous les peuples actuellement puis-
sants. L'avenir n'est que là avenir moral, avenir poli-
tique, avenir économique, et avenir de la population.
Seuil de la famille, dément de la commune, source de
la population, assise de l'Etat et des mœurs, la propriété
est le diamant d'une nation, et sa constitution est le point
culminant des institutions sociales. Sur elle tout repose, à
elle tout doit se rattacher à nous dès lors de lui rendre
sa base et sa continuité 1
Cette base, cette continuité, est dans le droit de tester;
et là, du même coup, se résoudrait le problème navrant
de la décroissance de ia population française. C'est de
l'absence du droit de tester, survenant au milieu d'une
époque d'immoralité et de scepticisme, qu'il faut dire
elle a fait à la veine française une'ouverture plus profonde
que les plus sanglantes campagnes!
La constitution de la propriété est celle de tous les
droits de l'homme!
C HAPITRE XLVII.
Cause du paupérisme.
(~)Chaque récolte, puisqu'ici tel est le salaire, n'arrivant qu'une fo:s t'an.
oblige à la prévoyDoce chaque famille de cultivateur.
CHAPITRE XLVIII.
(1) Mais, ici, qm n'eutend sortir de mille usines empestées, les cris joyeux
CHAPITRE XLTX.
«
Comment est-il arrivé, disait le comte de Maistre,
qu'avant le christianisme, l'esclavage ait toujours été une
pièce nécessaire à l'existence des nations? C'est, répond-i!,
que l'homme, s'il est réduit à lui-même, est trop méchant
pour être libre » Ajoutons, trop paresseux et trop
immodéré.
La réponse du comte de Maistre donne la solution poli-
tique, et les deux mots qui suivent offrent la solution
économique. Il faut donc placer l'homme dans les condi-
tions qui l'engagent à travailler, puis à réserver, pour
l'entretien du capital, une part de ce qu'il a produit.
L'Epargne là est le seul moyen de se soustraire au paupé-
risme. Là est la délivrance là est le capital, ce fruit de la
vertu, cette source des libertés économiques et politi-
ques, que, privée du christianisme, l'antiquité n'a point
connues..
Et par quoi i'a-t-etîe remplace? Nous le savons par
(1) La Pairie recevra sans doute tes chefs ilhstres de la noble phalange
qui n'a pas craint de venir sur ce sol pour y combattre le bon combat..
du tocsin? Ces hommes on travesti la parole, contrefait la
raison, mis à l'encan ia conscience et paré le mensonge.
Ils ont déguisé Je néant, afin qu'on le prit la
pour gran-
deur, le vice afin qu'on le prit pour le courage, la bas-
sesse afin qu'on la prit pour l'honneur; ils ont masqué le
mal afin qu'on le prit pour le bien, défiguré le bien afin
qu'on le prit pour le mal! Comment fera la vériLé? Com-
ment se sauvera le monde?
Parmi ces trafiquants de rame humaine, les moins
cou-
pables sont les littérateurs, c'est-à-dire
ceux qui, faisant
profession de ne rien apprendre, veulent juger de tout.
C'est par eux que le médiocre s'est répandu France. Le
en
littérateur est réduit à viser au succès
or Je succès, à
notre époque, n'est obtenu que par l'erreur, surtout par
la pire de toutes, celle qui singe la vérité. Depuis qu'il
n'y a plus d'études théologiques, Ja littérature été
a un
instrument de ruine; et le mal que
ces littérateurs ne
pouvaient faire, devenait l'oeuvre des cabaretiers.
Tout en semant les causes du paupérisme, les cabarets,
les restaurants, les cafés et des cercles
sans nombre~ ont
achevé d'abolir l'esprit de famille. A l'esprit de famille
se
lie l'autorité du père, et à l'autorité du père, ia force de
l'Etat. On n'a travaillé qu'à tout démolir!i I! faut donc
sacrifier ici ou l'Etat ou les cabarets.
Ces cabarets, aussi nombreux dans les bourgades
que
dans les villes, sont les écoles primaires du socialisme, le
point de départ des grèves, la source effective du paupé-
risme et le foyer actif de la Révolution. C'est Jà
que les
hommes perdent le peu de raison qui leur reste, et
que les
(1) On parle ici des cercles d'oisifs et de joueurs, et non bien entendu de
ceux que fonde l'éloquent comte de Mun, pour arracher aux cabarets tes
ouvriers célibataires.
LÉGIT.
~0
femmes voient disparaître, avec les dernières ressources,
les moyens d'assurer du pain à leurs enfants. Ne tolérer
qu'un seul cabaret, ou plutôt qu'une auberge par village,
limiter autant que possible, dans les vi:!es, le nombre des
cafés d'après celui des habitants, est une mesure que récla-
ment à la fois les familles, les mères indigentes~ la santé des
populations, le salut de l'Etat. Quand les hommes agissent
comme des enfants, ne faut-il pas les traiter comme tels?
Crée par Fégoïsme, Je cabaret a été mu!tip!ié par l'Empire,
dont il était !c plus grand instrument politique. Ici
ne parlons-nous pas dans l'intérêt des véritables joies des
hommes? Qu'ils se réunissent comme autrefois chez eux,
et qu'ils s'invitent en famille ils verront renaitre deux
sentiments qu'ils ont perdus, l'amitié, et l'inestimable
sérénité du foyer.
Trouvera-t-on en France une femme, mère, HUe,
épouse ou religieuse, qui ne demande la réduction des
cabarets et des cafés? Voi!a donc la moitié de la popu-
lation réduite, par ses propres souffrances, à faire cette
réclamation. HéJas ce ne sont ni les saints ni les prédi-
cateurs, ce sont les cabaretiers qui ont le pouvoir d'assem-
bler maintenant les peuples pour leur donner des fêtes à
leur gré\
(t) Le Siècle publie lui-même ta statistique suivante On compte dans la
phtpnrt dt's villes 200 cabarets pour 10,000 habitants. En n'en admettant
que la moitié ponr la moyenne générale, une recette brute de 20 francs par
jour, pour chaque cabaret, donne un total de 7 millions par jour pour ta
France, ou 2 nUHiards et demi par an, c'est-à-dire le quart présumé du
produit de tout le territoire, et la moitié de la rançon qu'exigent les
Prussiens.
Le Siècle ajoute '< temps passé au cabaret fait perdre a l'ouvrier une
Le
CHAPITRE LL
Dernier danger, recours à fa constitution de la propriété.
(1) Ne nous faisons pas illusion sur l'état auquel les avocats des principes
de 89 ont réduit des populations d'où sortirent autrefois ces marins, ces
soldats et ces grands capitaines qui ont fait l'admiration de l'Europe,.ce
cierge, et ces saints qui sans doute ont fait cellede Dieu; ettoutesces classes
dirigeantes qui ont fait si longtemps la gloire de la France! La noblesse
restée sur ses terres n'a jamais eu à se plaindre des populations rurales,
même durant ces longues absences des croisades, qui ne laissaient dans les
châteaux que les femmes et ies enfants. Mais tout changea dès que Louis XIV
attira les seigneurs à la cour, dès qu'on les vit manger et dissiper- leurs rentes
de façon ne plus inspirer le respect.
CHAPITRE LU.
(1) aLa racine des maux présents, s'écrie Pie IX, consiste en ce que les
hommes ont expressémentrejeté Dieu loin d'eux. Et ils se sont placés dans
une condition telle qu'ils ne pourront être rappelés à Dieu que par un fait
à ce point en dehors des causes secondes que le monde soit contraint de
reconnaltre la main de Dieu. Car la lutte est si grave, que Lui seul peut
l'emporter sur ses ennemis.
branches que celle des deux classes.. outre, dans un
acte que la magnanimitc du Roi rendrait certainement
facile, la politique ne voit qu'une soumission celle du
principe qui nous a perdus au principe qui doit
nous
sauver! Soumission qui serait suivie d'une union, non-
seulement des deux branches, mais des nobles
cœurs,
aspirant tous au salut du pays, et des conservateurs,
con-
voitant tous une paix durable.
Mais si l'on veut altérer le principe,
tout est perdu et
c'est là ce que comprend celui à qui Dieu
en a donné la
garde. Déjà pourvu de ses grâces d'état, il dit à
a ceux
qui voulaient fusionner d815
avec 1830 et recouvrir les
idées révolutionnaires du manteau de !a légitimité
« Je
ne serai jamais le roi légitime de la Révolution M: A
ceux
qui lui demandent d'établir la souveraineté de l'homme.,
reparaissant d'abord sous la forme du parlementarisme
pour éclater ensuite sous cette du césarisme, le Roi répond
« Je n'abdiquerai jamais mon devoir!1 » En effet,
l'abdiquer eût été nous abandonner. JI
ne veut rien céder
de son principe, ne voulant rien céder de
ce qui doit faire
notre bien.
Comment s'affranchir du devoir le p!us grand qui soit
conféré sur la terre?
Le Roi ne fait ici que se montrer attaché à
ses obli-
gations. Les hommes ne songent pas assez à la situation
des rois. En sacrifiant son principe, le Prince serait
impuissant à pourvoir au salut du pays. Mon devoir,
«
» s'écrie-t-it (Le Prince ne cesse d'appeler son droit un
» devoir !) est de conserver dans son intégrité le principe
» dont j'ai la garde, principe en dehors duquel je ne suis
» rien, et avec lequel je puis tout c'est ce qu'on ne veut
» pas asséz comprendre ~). Èt Pie IX, ici, s'écrie «
~OM~
» c~re~ J~c~?~ que tout ce qu'il dit est bien dit., et que
~OÏ~ te ~M' est ~'CM ~2'
»
Dans notre scepticisme, nous oublions que le principe
d'hérédité monarchique n'est pas une propriété dont ie
Prince dispose. Cetui-ci n'est qu'un dépositaire la Cou-
ronne de France n'est qu'une substitution. r< Le principe
d'hérédité monarchique, a dit aussi le Roi, n'appartient à
personne; il est !e patrimoine de la nation ». N'ayant pas
en propriété la Couronne, le Roi ne peut ni la briser, ni la
réduire, ni la léguer. Il est à certains égards dans la
situation de l'EgUse envers l'Ecriture et la tradition. Lui
aussi doit conserver intact un dépôt celui que la tradition
nationale lui confie.
La légitimité est notre p!anche de salut; faut-il donc la
céder à la Révolution? Nous aurons beau fermer !es yeux,
le dilemme se dresse, il y va maintenant deia vie.. La
!égitimité est notre ressource suprême en face de la
Révolution et de ses nouveaux pièges, l'intégrité, c'est-à-
dire la solidité du principe est un dernier espoir. Transiger,
de la part du Prince, c'eut été nous trahir~.
Raccourcissez son droit, vous abrégez nôtre existence;
annulez-le, et le salut s'évanouit.
Si, au lieu de nous ratiier au principe qui nous a donné
quatorze siècles d'existence, nous voulons lui allier l'erreur
qui mène au césarisme, non-seulement les étoiles tom-
son vrai drapeau Le drapeau que la Prusse emporte à Berlin n'est que
celui de la Révolution.
Des Français peuvent-ils l'imposer à leur Prince?
beront du ciel, mais le sotei! s'obscurcira, et la
!ui-meme
nation rentrera dans la nuit. La légitimité est le bien de
la France, il la lui faut complète. Dieu
ne veut plus
d'athéismcs déguisés, conduisant les peuples à la mort. La
Providence ne viendra pas
sauver la France pour la rendre
à la Révolution.
Or la fusion ( peut-être sans le voir,) posait la pierre
d'attente sur laquelle la Révolution s'apprêtait à rebâtir 1.
se
Qu'e!!e!e comprenne ou qu'elle l'ignore, la fusion obligeait
le Prince à reconnaître, dans une certaine
mesure, le prin-
cipe de la souveraineté du peuple, se faisant jour
par un
gouvernement parlementaire; qu'elle le comprenne ou
qu'elle t'ignore, la fusion avait pour résultat l'abdication du
Roi. Désavouant son droit, venant comme un vaincu se
mettre au service de la Révolution, le Roi commettait un
suicide. Ici, ce n'est pas lui seul qu'il eu! tué, mais la
France, et, peu après, l'Europe.
Il importe àJa France, à l'Europe elle-même, d'extirper
des esprits, et d'abord du Pouvoir, le dernier
germe de
l'erreur révolutionnaire. La nation sera sauvée par l'inflexi-
biiité.de ce Roi qui, dans une époque si critique du monde,
se montre à ia hauteur de sa mission sublime. Cette
inf!exibi!ité seule prouverait la mission royale. En arborant
le 'drapeau réel de la France, il coupe la dernière retraite à
la Révolution. Les hommes de sens doivent le déclarer
LE Roi A D~JA SAUVÉ LA FRANCE I
(i) Dans ce naufrage des id~ës, comment surnagerhient les idées provi-
dentieHes?Mais toutes les idées ont péri dans la raréfaction intellectuelle
produite par le scepticisme..
Pour retrouver ces grandes !oh, que la raison recueille la iumiërequii
jaillit des Mandements de nos cvëques, de ces chefs-d'œuvre de N. S. du
Poitiers, de Moulins, d'Angers, de Rouen, d'ailleurs de tous,
car ce sont
eux qui soutiennent en ce moment la raison et la Société expirantes..
avait les défauts du peuple, comment pourrait-i! le
sauver~?
Cependant la situation si é!evée du Roi repond en France
a toutes les situations. Les hommes dans les affaires,
dont les idées ne peuvent aujourd'hui s'c!evcr jusqu'à celle
d'un roi légitime, demandent cependant à grands cris un
droit royal. En ce
homme énergique au Pouvoir. Or le premier moyen, le
premier élément d'une telle énergie, est dans t'integrité du
droit, le ftoi rétablirait un
état provisoire, ruinerait les classes moyennes et par suite
les classes inférieures.
LËGtT.
CHAPITRE LIV.
(t) Les céments que Fou persiClcici sont précisément ceux de la monar-
chie tempérée.
la Royauté n'ira pas plus loin Elle se brisera donc le jour
où des circonstances impérieuses l'obligeront d'aller plus
loin? Au sein d'une nation, les Pouvoirs ne sont pas des
bois de charpente tout prêts et tout coupés d'avance, il n'y
a rien de complètement prévu chez les hommes voilà
pourquoi précisément Dieu nous donne des rois.
(i) Cenombre serait limité, pour mieux honorer les personnes admises
à cette dignité. Dans un pays où le sentiment de l'honneur est si vif, on
aurait là un moyen d'y répondre honorablement.
(2) Si le clergé, avant 89, jouissait d'une large représentation,
en vue
sans doute aussi de'ses biens territoriaux, il doit en posséder une tout au
moins égale actuellement, en vue du capital moral, d'une nécessité plus
grande encore, que nous lui devrons aujourd'hui.
Les pairies provinciales se rattacheraient à la Pairie
nationale,par le droit qu'elles auraient de choisir chacune
dans son sein un pair de France à vie~. Ces derniers se
joindraient aux pairs à vie que le Roi élirait lui-même
parmi les individualités éminentes ayant rendu d'éctatants
services au pays. Car, pour la pairie viagère, de même
que pour la pairie héréditaire, comme il s'agit des intérêts,
de l'ordre supérieur, qu'une Chambre de cette nature
est appelée à protéger, et qu'it faut dès lors à'ses membres
d'autres mérites que ceux de la richesse ou du talent, IL
appartient avant tout au Roi, juge désintéressé de ces
mérites, de choisir les familles d'où sortiront les pairs.
Au surplus, ce n'est !à qu'une conjecture. Comme, après
chaque révolution, il y a toujours un intérim où l'on
s'occupe de reconstituer, le Roi convoqueràit sans doute
des Etats généraux pour un temps, afin de traiter les
questions importantes, sauf à transformer un peu plus
tard ces premiers essais en institutions nationales.
CHAPITRE LVI.
(<) L'histoire est remplie de chartes jurées par des princes en faveur de
libertés, non pas comme aujourd'hui idéales, mais de fait. Ainsi, le Dau-
phiné, la Provence, la Bresse, la Lorraine, l'Alsace, avant d'entrer dans le
domaine de la couronne de France, stipulèrent la conservation de leurs
libertés propres.
villes, les communes, les Provinces, ies parlements, les
universités, les Ordres, les abbayes, les chambres syndi-
cales, les confréries religieuses et les
corps de métiers,
petites principautés munies de leur législation, de leur vie
propre et de leurs droits; toutes plus ou moins indépen-
dantes, toutes révélant l'exubérance de l'autonomie natio-
nale, toutes enfin, ayant un bien
pour objet, et non,
comme aujourd'hui, l'orgueil.
Mais si le passé ne peut renaître,
on peut du moins
remonter aux principes, recourir à l'autorité et faire
appel à la sagesse. Certes! on s'occupera des grands
besoins, on interrogera les droits, on entendra la justice,
on appuiera la charité, on rétablira le courant de
l'histoire et, cependant, qui pourra remplacer le travail
du temps, ia simplicité des coutumes, l'indulgence des
cœurs, l'ceuvre de nos progrès chréiiens~cette œuvre que
i789prétenditrajeunir etqu'ilasi profondément ébranlée?
Car, bien que les révolutions n'aient rien de légitime,
comme les maladies, elles sont le dénouement et la crise
finale d'un état antérieur. Comme les maladies, elles restent
nos punitions; et, après les avoir subies, la Société,
semblable au corps humain, a perdu sa première vi-
gueur.
CHAPITRE LVII.
Question de vie ou de mort pour l'aristocratie française.
HIÉRARCHIE ET DÉMOCRATIE.
LIBERTÉ VÉRITABLE.
Le despotisme, ou le déisme
en politique, vient
suspendre l'admirable opération de l'Eglise et la mission
temporelle de l'Esprit-Saint. Cette substitution, dans le
.Pouvoir, de la volonté humaine à la loi divine <(césarisme),
coïncidant avec une semblable substitution dans la Foi
(protestantisme), dans les arts (renaissance), dans la philo-
sophie (rationalisme), etc., semble punir les hommes
par
où ils ont péché, en les faisant tomber du joug de Dieu
sous celui de l'homme. Cet athéisme croissant toujours,
fit explosion par la Révolution française.
Il faut nécessairement obéir à Dieu
ou aux hommes.
Par son gallicanisme, Louis XIV donnait à l'ordre social
un principe opposé à celui sur lequel reposaient jusque là
les sociétés chrétiennes. Un Pouvoir
venu du bon plaisir,
quittait les mains de Dieu pour passer dans celles ~e
l'homme. Comment les âmes pouvaient-elles désormais
s'appuyer sur un fondement, et l'Etat s'appuyer
sur un
autre ? Tenir en équilibre une nation ainsi scindée
en
deux eùt été un prodige.
L'équilibre se rompit donc en 89, à l'époque qui déclara
vouloir enlever Dieu des lois; et tout ce que garantissait
encore l'autorité divine descendit tout-à-coup dans le sang,
en attendant d'y voir périr tout ce qu'une loi purement
humaine espérait préserver. Un ordre de choses juxtaposant
deux principes contraires, maintenant les mœurs
sur une
base, mais appuyant les institutions
sur une autre, avait
creusé l'abîme qui s'ouvrit tout-à-coup. Le despotisme,
ou
l'installation de l'homme à la place de Dieu, demanda
naturellement à se compléter par la démocratie. Depuis
longtemps l'orgueil aspirait à
renverser la hiérarchie hu-
maine, de manière à tout niveler..
Le catholicisme disparaissant, la souveraineté descendait
en effet dans l'hornme, héritant désormais de tous les droits de
Dieu. Mais l'homme, c'est le peuple et celui-ci, détenant
tout pouvoir, entend se mettre en possession de toute vie
et de toute propriété. Comment échapper à ce cataclysme
sans rentrer dans le droit de Dieu?
(1) Vous étahfirez roi, dit le Deutéronome, celui que le Scigoeur votre
Toutefois, divin dans son essence et dans son origine,
ce droit est national dans son application; il se lie au
consentement tacite ou exprès des générations qu'i! a
constituées en un peuple réel. Ennn si, d'une part, le
droit divin n'appartient pas en propre à celui qui en est
investi, d'autre part, les nations sont les premières
intéressées à maintenir le Pouvoir de fait à celui qui possède
le Pouvoir de droit.
Dieu aura choisi.Que le Dieu de tous les hommes, dit Moï~e, établisse
a
lui-mcme un homme qui veille sur ce peuple 1 e
délégation de Dieu à son ministre pour le bien
« La
souveraineté ne vient donc pas au Roi par le peuple,
mais pour le peuple; la puissance paternelle n'arrive
pas
au père par la famille, mais pour la familier Néanmoins si,
selon l'Apôtre, il n'y a point de souveraineté qui
ne vienne
de Dieu, il peut y avoir des souverains qui viennent des
hommes (non ex Dco ~c~ NMM~), et qui, dès lors,
se lais-
sant inspirer par ce qui est de l'homme, détruisent dans
son essence la souveraineté.
Le souverain légitime est celui qui, tout à la fois,
est
donné par l'hérédité et reste conforme à la loi. L'absolutisme
gallican, inspiré par la Renaissance, est l'opposé du Légi-
timisme, ou de la théorie chrétienne. Celle-ci déclare
hautement que ia souveraineté est en Dieu, dont le prince
n'est que le ministre; que dès lors, dans l'essence, elle,
n'est pas conférée à ce dernier par la nation, mais pour la
nation, pour se mettre en correspondance avec ses
cou-
tumes et ses droits acquis.
ici, cornue partout, les hommes coopèrent ils forment
l'alliance de -leurs droits avec le droit divin,
ou de leurs
légitimités avec celle du souverain. Son mariage
avec la
nation s'opère par le sacre c'est là que le Roi lui jure
fidélité. II épouse la loi divine et les coutumes nationales.
« Le prince, dit M. de Nlaumigny, ne peut abdiquer,
ni le peuple se révolter; car Dieu sanctionne leur union,
et l'homme ne peut séparer ce que Dieu a uni. »
HÉRÉDITÉ, FUSION.
ENSEIGNEMENT PUBLIC.
CHRISTIANISME ET REVOLUTION.
Même dans l'opinion des masses, dit M. Ad. Ravelet, deux choses
(1) «
assurent le triomphe de i'Egtise l'état bien constaté de la civilisation qu'eue
avait faite, et l'impuissance de tous les régimes par lesquels on a voulu la
remplacer. La Révolution a été mise en demeure de faire le bonheur de la
France, et chacun voit où la France aboutit. ')
« Tandis que tous les hommes d'ordre, dit à son tour M. Arthur Loth,
s'avancent vers le catholicisme, l'irréligion rapproche tons les hommes de
ta Révolution conservateurs et catholiques deviennent synonymes,
comme
radicaux et fibres-penseurs.
Mais comment dire la transformation qui
va s'opérer?
Un avenir prochain appartient
au catholicisme. Déjà ia
France, maigre les apparences contraires, court à la
Légitimité de toute la vitesse que lui imprime le besoin de
la paix, et avec un ensemble dont la base s'accroît de tout
le terrain que la vérité gagne chaque jour
sur l'erreur.
Seulement, elle ne peut pas encore faire entendre voix à
sa
travers les cris confus que poussent les partis. Mais elle
n'attend qu'un signe pour croire à la mission de celui qui,
proclamant hautement le bon sens, viendra la délivrer des
folies odieuses et impies de'la Révolution. Voilà l'homme
à qui la France appartient déjà dans son cceur.
(i) Qu'il serait bon, ou de ne point cultiver les talents littéraires chez
l'individu privé de génie, ou de pouvoir d'abord lui assurer du jugement
C'est sur ce dernier point que les Ordres excellent. Mettons un terme à l'in-
vasion de la sottise cultivée..
Peut-être devrait-on n'accorder les diplômes qu'aux jeunes gens assez
sérieux pour couronner leurs études par la Théologie. Si la Chambre des
pairs ne prend pas sous sa garde la question de l'enseignement, il n'y aura
bientôt plus en France qu'une instruction utilitaire. Nous aurons des mar-
chauds comme il Tunis ou à New-York, mais nous n'aurons plus d'hommes.
Les religieux seuls ont échappé en tout, idées, beaux-arts, philosophie,
littérature, histoire, à l'influence du jansénisme et de la Révolution. La
piété n'est pas une fonction du prêtre c'est son essence. Mais adminis-
trer les sacrements, donner l'exemple, surtout verser la lumière, telles sont
ses fonctions..Eun~M docf/e/ La puissance du prêtre, c'est la vérité.
Recueillons donc les forces qui nous restent, et luttons contre la dissolution
qui menace l'Europe entière..
fâcheux de voir le prêtre considéré comme un fonctionnaire
par nos gouvernements, quand les émoluments qu'on lui
vote ne sont qu'une restitution Faut-fl encore qu'il soit
dans la nécessité, surtout dans nos carnpagnes, de recevoir
un casuel de la main de ceux qui doivent l'environner de
leur respect?
Avec quel art la Révolution a saisi les moyens
d'humilier le prêtre aux yeux des populations pour les-
quelles il serait si nécessaire de voir en lui une existence
noble et indépendante! Parlons avec sincérité qu'il soit
d'abord bien reconnu que, sur le faible traitement qu'il
touche, le Clergé rentre dans une part de ce qui lui est
dû; qu'on lève ensuite tout obstacle aux dons que pourra
faire ia pipté. Peu à peu celle-ci rétablirait, comme autre-
fois pour la plupart des cures, le petit domaine
ou la
prébende dispensant le prêtre de recevoir la rétribution
attachée à certaines fonctions du ministère. Et si, en
pa-
reille matière, on persiste à oublier la règle
pour ne voir
que l'abus, c'est-à-dire l'exception, il n'y a plus d'institu-
tion possible sur la terre, pas même la magistrature,
pas
même l'autorité du père.
ARISTOCRATIE ET ROYAUTÉ.
ANOBLISSEMENTS LÉGITIMES.
(i) Les classes moyennes, en 1830, étaient sans haine contre le roi; elles
ne l'ont renverse que pour abattre !a noblesse, qu'elles enviaient. Elles ne se
seraient point levées contre ce qu'elles nommaient des ~r/t'c~ si elles en
avf)ienteu leur part On voit presque tous les hommes parvenus à la fortune,
PAIRIE.
surtout quand ils sont libéraux, ménager à leurs filles des alliances dans
la noblesse.
Supposons qu'à partir de 1815 on eut pu anoblir Guizot, Laffite, Royer-
Collard et les Bertin, & coup sûr, le gênera! Foy, Benjamin Constant, Casimir
Périer, Thiers et Cousin eussent modéré leur ton et trouvé le bon roi
Charles X moins étranger aux vrais progrès de la pensée..
Depuis lors, un nombre plus grand encore de familles est arrivé à la for-
tune et constitue, en face de la noblesse mais sans en avoir les tra-
d'tions, une seconde classe plus nombreuse et plus riche, en opposition
avec la première. Au lieu d'être une étape, la bourgeoisie devient chez
nous une situation fixe et anormale tandis que la noblesse, ne pouvant
réparer ses pertes, marche à une extinction qui entrainera celle de toute
notre aristocratie.
Substituons donc t'émutation à i'envie, qui déjà ravage les hommes.
français, aux délègues des ordres religieux,
aux plus
anciennes familles de la nation, peut-être
aux pairs élus à
vie par les pairs provinciaux, puis
aux premières dignités
de l'armée, de la magistrature, de la grande propriété,
et
aux notabilités désignées par le Roi. La Pairie est à la fois
la tête de la nation et le contrefort de la royauté. EUe
aide
celle-ci à maintenir les traditions, à affermir les lois
fondamentales, enfin à contrôler et à enregistrer les lois
nouvelles, lorsqu'elles ne sont contraires ni
aux intérêts
du pays, ni à ces lois premières d'où dépend l'existence
de la nation.
Aussi importe-t-il que les évoques, unis
aux détégués
envoyés par chacun des Ordres religieux, forment
une part
notable de la Pairie. Leur admission totale à la Chambre
des pairs est un obstacle aux tendances révotutionnaires
qui chez nous poursuivent avec plus d'acharnement la
re-
h'gion que le capital même. En outre,
avec une Pairie ainsi
composée il serait difficile à
un gouvernement égaré de
rallier la majorité à une politique déplorable. Une telle
chambre ne saurait elle-même tenir
une conduite sembla-
ble à celle du Sénat des deux Empires.
Pour nous, ensuite, quel avantage de pouvoir confier les
hautes doctrines à leurs éminents défenseurs,
et de ren-
contrer chez les mêmes hommes la modération pratique
et les principes qui fixent les consciences! Par leur
con-
naissance des hommes, leur esprit de justice de conci-
et
liation, leur habitude de garder des ménagements
avec le
personnel qu'ils gouvernent, les Evèques
nous offrent, en
administration, des hommes bien plus aptes
que les avocats
et les publicistes.
Les deux qualités essentielles
pour une Chambre haute,
sont l'indépendance et l'absence de préjugés des partis. Or
la première a sa base dans la fortune chez le laïque, et
la seconde, dans Fétévation des idées chez l'évoque
D'autre part, il n'y a pas à craindre ici qu'un Pouvoir
abusé passe outre sur la résistance d'une telle assemblée,
comme si, par exemple, elle était entièrement composée
de membres du cierge. Ce dernier, ne formant ici par ses
chefs vénérables qu'un seul corps avec la Pairie, se confond
dans l'ensemble tout en y portant la lumière, et son action
légitime et profonde, sans y être exclusive, n'y fait pas.
moins dominer la politique des gens de bien.
FONCTIONS PUBLIQUES.
DÉCENTRALISATION.
(i) Notons bien que le prêtre n'est pas payé, puisqu'on ne fait que le
nourrir.
il se gouverner lui-même? et de l'autre, doit-il être livré
dans tous les détails à des employés? Toute nation,
au
contraire, doit être gouvernée, mais elle doit, en grande
partie, s'administrer e!!e-rnéme. Pour elle, c'est
ce qui
constitue la liberté dans l'ordre.
D'autre -part, la centralisation, issue du parlementa-
risme, dirige vers la capitale toutes les ambitions et tous
les émeutiers d'un pays. Et comme il faut
au Souverain
une puissance exceptionnelle pour soutenir un semblable
choc, une décentralisation judicieuse, c'est-à-dire
ame-
née peu à peu par la constitution de la propriété,
ren-
versera du même coup en France le despotisme et la
Révolution~
Seulement, comme la décentralisation ne saurait donner
des résultats immédiats, il importe, dans les premiers
moments, de ne point trop ébranter l'unité gouvernemen-
tale par une décentralisation administrative précipitée.
Peut-être fera-t-on bien de commencer par les anoblisse-
ments légitimes et par l'établissement des pairies provincia-
les, appelées à entretenir ~a Pairie nationale, Pairie
que le
Roi, sans doute, érigera d'abord pour ranimer les. grandes
existences qu'enlevait au pays !a centralisation. Gardons-
nous de confondre ce qui résultera plus tard de la pra-
(i) « Le pouvoir central une fois renversé, dit M. Coquille, vingt mille
émeutiers exproprient de leur gouvernement trente millions de Français,
qui n'ont pas même le temps de protester (juillet i830, février 1848, 4
sep-
tembre 1870). Les émeutes n'aboutissent pas en Angleterre, parce qu'il n'y
a pas là de gouvernement central à renverser. Qu'on supprime un instant
la reine et les deux chambres, l'Angleterre sera. troublée; mais tous les
propriétaires resteront à la tête des administrationset de l'armée; ils auront
toutes les forces du pays à leur disposition pour reprendre Londres, qui n'est
qu'une capitale nominale. e
tique des lois nationales, avec l'ordre, qu'il faut obtenir
sur-le-champ de l'unité du Pouvoir!
Assurer l'avenir par les institutions; mais assurer !e
présent en r:)ssemb!ant tes renés de l'Autorité! Elle seule
peut aussitôt imprimer une forte impulsion vers le bien.
PAUPKrUSMK.
LIBERTÉ DE LA PRESSE.
(i) Les plus forts imposés forment ainsi une pairie de la commune,
au
moins égt~e en droit aux coBgeiHers élus.
t~(HT. ~5a
LES NATIONS et le premier venu userait de la presse pour
publier ses vices et verser sa haine dans la foule La
Société doit-elle se laisser dévorer par l'erreur, et une cala-
mité publique deviendra-t-elle une institution?
N'est-il pas indispensable, en tout cas, d'exiger de
celui qui se sert de la presse les brevets de docteur en
Théologie, en histoire et en économique? Sinon, que vient-
il enseigner ? L'Etat, la dignité humaine, nos droits
publics et privés réclament, comme garantie de la liberté
assurée au bien, de ne laisser paraître en France (comme
avant 89), que les livres munisde cette honorable mention
Avec privilége du Roi! Du moins l'écrivain penserait à
se rendre digne de paraître sous cet antique palladium.
Dés lors, qu'une commission d'hommes instruits et graves
se voie chargée de tout examiner, et que le Roi puisse
donner son agrément sur rapport motivé.
Comprenons la différence de ce mode avec celui de la
censure. Le premier fera renaître la gratitude, et le second
les mécontentements. Avec la censure, tout littérateur
croit posséder, sur les esprits, un droit auquel il ne voit
pas sans colère poser des restrictions avec le privilége du
Roi, l'écrivain reçoit une faveur qui le ravit, faveur que
l'Etat peut lui retirer s'il en abuse. Il suffit de se rappeler
l'affaire encore si récente du malheureux H. Loyson, pour
se convaincre qu'en dehors même de la méchanceté et
(1) Il est douloureux de songer qu'une foule de ceux qui comptaient sur
la Révolution pour vivre, peuvent se trouver sans emploi. Mais comment
faire? Qu'une peuplade de Caraïbes fasse irruption dans nos campagnes, tar-
derait-oa de prendre des mesures pour s'en garantir?
H faudra ucceasairetnent pourvoir à ces existences victimes de l'illusion
révolutionnaire, en leur accordant des secours, ou des emplois (iaus cer-
taines administrations.
d'une noire envie, un homme peut aller jusqu'aux derniè-
res extravagances, toutt en se persuadant qu'il parcourt
une voie raisonnable et qu'il est digne d'être suivi
A un si grand danger, se joint pour nous celui d'être
Si les nations ont péché, que les rois à leur tour s'exa-
minent.. N'est-ce pas entre leurs mains que le monde a
péri? Ce fait doit amener la royauté et l'aristocratie à
faire de grandes rénexions.
Elles ont laissé peu à peu s'affaiblir les principes et les
construire le
mœurs, sur lesquelles elles avaient aidé à
monde. Les Rois, dont le pouvoir est de droit divin, virent
sans frayeur nier le pouvoir de celui qui, sur la terre, est
le type du droit divin La noblesse, dont l'existence est
liée au respect, fit tomber le respect par la chute des
prendre
mœurs. C'est à quoi les aristocraties devront
garde! Les rois se sont détruits, les aristocraties se sont
tuées de quelle modestie doivent- ils être pénétrés quand
Dieu les reconstituera?
Quant aux peuples, qu'i!sje sachent le christianisme
seul a porté le monde au-dessus de l'esclavage antique, et
l'a tenu en quelque sorte élevé vers le ciel. Otez le chris-
tianisme, et vous rentrerez dans la nuit.
Dites que la faiblesse où vous laisse aujourd'hui l'erreur
appelle tous les ménagements dites que vous avez besoin
de recevoir à la fois la lumière et l'exemple, et que ceux
qui les apportent, n'ayant pas été sans péché, devront unir
les manières conciliantes au sourire de la bonté. Mais
quand vous recouvrerez la vie, ne forcez plus les Rois à
n'admettre la justice et la vérité qu'à demi, la royauté et
le règne de Dieu qu'à demi, en un mot, la Société qu'à
demi vous rentreriez dans le malheur'
Et prenez garde à ceux qui se disent monarchistes, et
qui s'opposent aux premiers principes de la monarchie,
comme à ceux qui se disent catholiques, et qui s'opposent
aux premiers fondements du catholicisme. C'est le siècle
des prétextes il en a pour éloigner le Roi, pour écarter
la Foi,pour évincer l'Eglise, pour ajourner le bien, pour
conserver l'industrialisme et ce dernier en trouverait
pour partager la France entre ses ennemis.
(i) On ne se demande pas sans crainte si nos comptes ont tous été réglés
par les immolations de 93, renouvelées par les massacres des deux empi-
res.. Toujours en vue d'écarter Dieu des sociétés humaines, nous avons
rallumé par trois fois la Révolution en i830, en 1848, en iSTfO.
Dans la première, si l'on peut parler de la sorte, Dieu sembla nous donner
comme un premier Avis sans frais; dans la seconde, il y eut un Avertisse-
ment avec frais et dépens; dans la troisième, il y a prise de corps et de biens.
Craignons qu'à la prochaine fois il n'y ait condamnation mort, comme
pour Ninive et Babylone.
LIMITES DE L'AUTORITÉ.
(t) Le Sauveur nous l'apprit, lui qui, loin de revêtir de la force les Douze
qu'il envoyait conquérir les nations, les arma de la charité. Le seul point
sur
lequel l'autorité est absolue et sans limites, c'est dans la défense du bien,
car c'est la défense de l'homme.
LA FRANCE HT LES BOURBONS.
(i) La foute sent déjà que la Révolution échoue dans toutes ses tentatives,
et que le Roi est le symbole de toutes les vérités que lui seul peut nous ren-
dre la véritable monarchie et nos alliauces en Europe.
Il est vrai, deux haines persistent celle des scélérats, observant que tout.
leur échappe et voulant s'en venger par l'incendie et les massacres; etceHe
diminuer notre héritage et attenter à notre
propre vie.
Pour nous sauver, le Roi n'a que sa dignité. Où
est sa
force hors de notre respect, et sa défense hors de
notre
affection? Et, d'ailleurs, quelle dénance pourrait naître
envers une race de rois qui descendit chez nous comme
une bénédiction? î/avoDS-nous oublié? la France, avant
Hugues Capet, n'était formée que des cinq départements
du Loiret, de la Seine, de Seine-et-Marne, de l'Oise
et
de Seine-et-Oise. C'est depuis lors
que, s'étendant de
t'ite-de-France à l'Algérie, elle s'est agrandie de plus de
quatre-vingts départements î
On s'écriait déjà au commencement de
ce siècle
« Quelle est cette famille à qui toutes les grandeurs
paraissent appartenir, toujours majestueuse dans la
pros-
périté, toujours sublime dans le malheur? A qui
compa-
rer ces êtres privilégiés dont chacun a son héroïsme?
Sur le trône, près du trône, en exil ou
aux pieds des
autels, ils sont les mêmes. Toutes tes situations de la vie
les trouvent prêts. Ils dominent les
unes, tirent des
autres des ressources qui excitent une longue admiration,
et leurs adversités se changent en gloire. Pour eux, le
jour des épreuves est l'heure des triomphes. Lorsqu'une
courcnne tombe de leur front, une auréole la remplace,
et lorsque la terre n'a plus d'espace pour leur trône, ils
en ont d'avance conquis un dans le Ciel1 Saurait-on,
J
sans leurs catastrophes, ce qu'il y a de magnanimité dans
ces cœurs, plus heureux de leurs dévoùments que d'au-
tres ne le sont de leur gloire? Quel est donc leur secret
pour se montrer si grands, devant Dieu et devant tes
hommes? »
(1) Dans ces mots, le Sauveur a présenté leur type aux prêtres et aux
rois.
enfants de l'orgueil, et délivrer sa nation d'une tyrannie
plus déplorable que celle de l'esclavage ancien. Rompant
les liens de l'imposture, il vient arracher l'homme à la
servitude de l'homme, faire revLvre l'honneur, la justice et
!'honnèteté, affranchir les classes distinguées du joug de
l'industrialisme, et les classes ouvrières de celui de l'erreur
s'alliant à la faim. Rendant le peuple au mouvement
ascensionnel qui relie les classes entre elles, il rouvre
en même temps pour lui le sanctuaire de la Foi, celui de
la famille et celui de la propriété.
La nation se ranime en retrouvant un roi, un défen-
seur, un père!
(i) Les paroles que l'Eglise nous met en ce jour sous les yeux, s'écriait
dernièrement Pie IX, peuvent fort bien s'appliquer à la France Pendant un
tMC feuerres.
ccr~n'M ~ewp~,vous Mf me i~resde
uo;~ manifesterai p<Mnouveau
MOM & M~ nation
la grande
encore ~p~ <~ fo</<!n
pCM de catholique,
me reverrez. Je me manifesterai de nouveau à la grande nation catholique. n
Paroles de Pie IX, en réponse à l'Adresse des Pèlerins français.
Cette insigne façon d'agir va croître jusqu'au moment où
l'antique devise-: Gesta/~j~co~, se changera ma-
nifestement en cette autre ~e~ .F~~c~jM~j9~
En rendant à la France tout ce qu'elle a perdu, Dieu
fait reparaître en Europe la Foi, l'honneur, l'enthou-
siasme, l'urbanité, le dévoûment, les mœurs chevale-
resques il rend l'essor aux grandes missions, aux arts et
au bon sens; il relève la Chrétienté entière. Que la Prusse,
au contraire, tienne pendant quinze ans le sceptre, et
l'Europe, ramenée à la déification de l'homme et au culte
avéré du' néant, entre en pleine civilisation antédilu-
vienne. Comme son origine, sa science et l'extrava-
gance de sa pensée l'annoncent, la Prusse ne remplira
qu'un rôle apocalyptique.
Le baron d'Eckstein disait « Nous, hommes du Nord,.
nous sommes libéraux, car nous souffrons du despo-
tisme. » Il aurait dû dire du schisme 1 Car ce n'est.
point par l'erreur sur la liberté que ces peuples se ver-
ront délivrés, mais par la liberté réelle, par le Catho-
licisme. Pendant que le protestantisme réunissait les
deux Pouvoirs sur la tête du prince, le libéralisme, rem-
plaçant tous les droits acquis par des droits illusoires,
établissait partout l'omnipotence absolue de l'Etat. Le
libéralisme consomme parmi nous l'œuvre de servitude.
Restreignant d'une part l'action de l'Eglise, et annulant
de'l'autre le rôle des aristocraties, il achève de plonger
les peuples au plus profond du despotisme.
Le despotisme a suivi trois degrés. D'abord, il a subs-
titué la pensée de l'homme à la pensée divine, et aboli la
société des âmes, c'est-à-dire l'Eglise, tout en laissant
encore subsister les aristocraties, comme chez les peu-
ples protestants; ensuite~, il a substitué la fois la
volonté de l'homme, et à la loi des âmes et à celle des
aristocraties, comme à Constantinople et dans tout l'isla-
misme enfin, il a substitué cette volonté à la Société
tout entière, placé la souveraineté dans la foule, et
poussé le libéralisme jusqu'au socialisme, comme il est
arrivé en France.
Le despotisme, débutant par une substitution de la
volonté de l'homme à la loi divine, finit par une substi-
tution totale de l'Etat aux droits de~a nation. Or le
libéralisme introduisit le despotisme en se donnant com-
me l'application du christianisme à l'ordre
politique. Les
autres hérésies ont pu se circonscrire, mais le libéra-
lisme, prenant tous les noms de la vérité, apparaît chez
les peuples sous un déguisement tel, que,~ si Dieu ne
vient pas renverser cette grande imposture, c'est elle qui
achèvera la ruine de la Chrétienté.
Pour délivrer les peuples, il faudrait donc affran-
chir du protestantisme les nations du Nord, puisqu'elles
ont encore leurs aristocraties puis délivrer du Pouvoir
libéral les races latines, puisqu'elles ont conservé le
culte catholique; enfin rétablir à la fois l'Eglise et l'aris-
tocratie chez les populations musulmanes, puisque le des-
potisme y a tout aboli. La France, pour rentrer dans
sa gloire, n'a donc besoin que de son Roi.
La Prusse hâtera cette rénovation universelle. Expul-
sant de l'Allemagne l'Eglise catholique, et attaquant au
même instant la première aristocratie, elle prend les
deux voies pour arriver plus vite au despotisme. A la
persécution par les idées, toujours invisible à la foule,
succède ici la persécution par la force, qui devient alors
ostensible. Actuellement, il ne saurait y avoir pour la Foi
d'événement plus favorable M. de Bismark achève d'ou-
vrir les yeux aux peuples sur~ës résultats du libéralisme.
Prises dans le mensonge, les nations catholiques sont,
il est vrai, aussi incapables d'échapper au libéralisme
que les nations protestantes. Mais Dieu sauvera les pre-
m~res parce qu'elles om ~ainteur le H~oeau au
y
milieu de la nuit et, à l'aide des premières, il délivrera
les secondes, parce qu'elles vivaient de bonne foi, éo-a-
rées qu'elles étaient par leurs princes.
Les esprits vont sortir de l'illusion du libéralisme. En
ce moment, il soulève encore les peuples contre Dieu
mais il lui serait pus aisé de mesurer son crime que de
prévoir la honte qui l'attend.
Le libéralisme une fois écarté, au même instant l'Eglise
voit ses fonctions se rétablir, l'Autorité renaît, les aris-
tocraties respirent, la vérité revit, la masse des âmes
s'élève, la civilisation entière se ranime, les peuples
croissent dans la paix.
En Allemagne, en Espagne, en Italie, en France, les
hommes du libéralisme sont à la veille de succomber. Le
triomphe est à ceux que Dieu va susciter pour les com-
battre. Quoique en exil, Henri V est, de tous les souve-
rains de l'Europe, celui qui possède la plus grande
situation. Du jour au lendemain le Roi de.France aura
pour lui les premières alliances. Déjà la Révolution
s'ébranle sous la réprobation des peuples; sa chute entraî-
nera les trônes qu'elle soutenait. Le descendant des Rois
qui, pendant ces trois siècles de démolition, soutenaient
le Saint-Siège, sera mis à la tête de cette rénovation, et
les rois rechercheront l'amitié de celui que sa propre
famille méconnaissait encore hier.
Le doute n'est plus possible les âmes ont assez souf-
fert, assez langui, assez gémi. L'avenir est au bien, la
délivrance approche. Que les œuvres ne s'arrêtent pas,
et que la prière s'exalte La volonté humaine garde une
place essentielle au plan divin dès qu'elle arrive, par
la persévérance et par le sacrince, a prendre à cœur les
grandes causes comme si c'étaient les siennes propres,
elle est certaine de combattre à côté de Dieu, et d'être à
la veille du triomphe!
Jetons, jetons vers Lui notre cri de repentir et d'espé-
rance 9 Si les hommes, justement effrayés, nous disent
Où allons-nous? répondons-leur Jusqu'au point où nous
saurons comprendre que Dieu seul peut nous délivrer.
Il veut sauver les peuples, mais pour sauver les âmes
que renferment les peuples. C'est pourquoi il appelle
leur coopération. Il se souviendra de la France et
bénira de nouveau le monde! A la vue de tant de bonté,
la Foi et la reconnaissance renaîtront alors sur la terre
FIN.
TABLE DES MATIÈRES.
PRÉLIMINAIRES.
I.
CAUSES RÉELLES DE NOS REVERS.
AVANT-PROPOS
I.MëcomptesdetaRévotutioa.
1
i
H.OùsetientnotreespOtr
HL Causes morales de nos
IV. Notre horreur
revers.
del'autoritë H
4
9
Révolution.
la 23
26
28
X. Situation providentiellede la France 32
providentieHe.
Xf.
Xtt.
XIII.
Où s'est réfugiée la vie
Sens de la Révolution
nationale.
Persistance de notre mission
française
36
40
44
XtV. égard
Voies de la Providence à notre 48
XV. Temps qui suivront la Révolution 52
VI. Urgence de nos tribulations 57
guerre.
X
Libéralisme.
)H i
~4
XIII. Coutumes du
XIV. Crime du
XV. Hacenéedu
Libéralisme.
Libéralisme.
~n
~2
125
XVI. Abtme ouvert par le Libéralisme 129
XVII. Le Libéralisme conduit à la Commune i34
sauver?
présents.
XV!!î. Les honnêtes gens peuvent-ils nous
XIX. Nullité déûnitive du Libéralisme. 137
i4ii
Société.
XX. Les temps 146
XXI. Fin de la Révolution. Nécessité de recourir à la conception
même de la ~5< f
PREMIÈRE PARTIE.
.<
LOIS D'OR DE LA SOCIËTË.
1. Source de la politique.
Il. Source des théories et valeur de l'histoire~
159
~6~
politique
111. De la
!V. La sagesse
pratique en
est la voie de la politique. 64
167
V. La politique, progressive et non immuable < 69
VI. Objet de la Société constituer la liberté et la nature
humaine
VII. Nature de l'erreur politique i 76
IX. Essence du pouvoir
X. Lois d'orde la
politique
VIII. Essence de la Société
Société.
humaine 180
83
XL Partout ces lois d'or se font
X!L Lois d'or delà politique
jour j
193
~86
89
XIII. Lois d'or dés nations }gg
XIV. Tiges fécondes et tiges mortes de la civilisation. i99
XV. Par qui nous sommes constitués
en civilisation. 203
XVI. Par qui nous sommes maintenus dans le droit
206
XVII. Lois d'or de la nature humaine
209
Société.
XVIII. La liberté est le pouvoir d'accomplir de soi-même
sa loi
XIX. Le fait de la
< 212
2~7
XX1. Société.
XX. Le fait de la Révolution
l'Autorité.
L'erreur de fait sur la
XXII. Le fait de
~~9
222
22H
XX!)LLefaitdeI'Aristocratie.
XX! V.
XXV. La liberté et le
.231
libéralisme.
Fait de la démocratie et fait do la hiérarchie
228
234
t
mœurs.
Moyen de relever les idées et les
250
~~3
257
XXXIV. Notre littérature achève d'établir le règne du médiocre. 26 t
XXXV. Les grands sentiments se placent avant les sciences 264
,XXXVI.
laSociété.
Devoirs des gouvernements pour réédider l'homme et
nouveau. ~y
XXXVII. L'ancien régime et le
270
XXX V<H. Le danger peut renaître d'une alliance
DEUXIÈME PARTIE.
.297
t. Remplacer les droits faux par les droits véritables
!f. repeint confondre la, France et l'Angleterre
289
<
292-
Constitution française
IV. Rendre la France à sa nature et à ses !o!s 299
V. Rétablir nos droits pubUcs etprivés 302
VI. Le despotisme vient de l'absence d'aristocratie 306
V! notre
L'aristocratie anglaise e}t la 309
V!H. Aristocratie agricole et aristocratie industrielle 3<3
tX. Le paupérisme provient de l'industrie 3i5
X. France
Aristocratie de la 38
X!. mérite
Hérédité du 32 i
Xi! Véritable Aristocratie 326
XIII. l'excès d'industrie
De 328
s.
X!V. Classes moyennes, problème de l'avenir 333
XV. Ou l'aristocratie, ou la bureaucratie 336
XVI. Bureaucratie et gallicanisme, ou suppression de la
nation
XVtL Les droits des hommes.
XVIII. Véritables libertés des hommes
338
34~
443
XIX. Cercle vicieux de la démocratie et du despotisme.
Remède 345
XX. Pluralité d'ordres et non pluralité de Pouvoirs. 348
XX t. Centralisation et Parlementarisme 35t
XXII. Parlementarisme. Centralisation. Césarismc.. 354
XXIII. Le grand problème en politique (unité-variété). 358
XXIV. Solution du Problème 360
XXV. La Révotution détruit notre droit dans son germe 364
XXVI. entier
La Révolution abolit l'homme tout 366
t XXVII. Ou les provinces, ou ledespotisme 369
XXVIII. Enseignements que nous-donnel'histoire 373
XXIX.
XXX.
Droits publicsetdroits politiques.
aristocratie.
La décentralisation suppose une
375
379
XXXI. La centralisation tue l'aristocratie et la nation 383
XXXII. Fonctions supérieures des aristocraties 386
XXX! Cachet de la vraie noblesse, Société do Saint-Vincent-
de-Paul 389
XXXtV. Anoblissementsdé la bourgeoisie. (Premier point de
fait) 392
XXXV. Des anoblissements sortira Favenir de la France 396
XXXVI. Constitution de la propriété. (Deuxième point de fait). 399
XXXVII, De la constitution de la propriété sortira la paix de la
France. 402
XXXVIII. Pratique actuelle
représentation de la France. 405
XXXIX. Le parlementarismeest l'abolition du pays 409
XL. Récapitulation~ retour au principe générateur de la
poUtique 43
TROISIEME PARTIE.
MOYENS DE GOUVERNER.
LDroitdeJaSociëté 434
IL Elément que nous apporte la Royauté 426
!!L Hérédité des familles royales 429
IV. Dieu choisit les rois 433
rois.
V. L'amour des peuples pour leurs rois
VLLégitimitédesrois.
VIL Avantage pratique de cette Légitimité
437
44~f
448
VIII. Divine investiture des 448
IX. Opération nationale des rois 45 i
X. La Liberté, en politique, vient de la Légitimité. 455
XI. Garanties royales 459
X!L Vraie notion du gouvernement 464
XIII. Distinction et situation des deux Pouvoirs 468
XIV. Situation politique Premier moyen d'en sortir. 472
XVLLaSociétélibre.
XV. Le grand moyen de gouverner. (Premier point de fait).
Césarisme.
XVII. Libéralisme, ou retour au
475
478
48 i
XVIII. Césarisme~ ou abolition de la Société libre 484
X!X. L'Etat doit-il protection à l'Eglise? (Deuxième point de
~)
XX. L'Eglise
f. L'Eglise fonde les sociétés
XX
libres.
libre et les sociétés
libres
483
492
496
XX! Gouvernement parlementaire; l'Autorité ne se partage
pas en trois 500
XXIII. Choisir entre un orateur et un roi 504
XX!V. L'Autorité s'étend du Roi à tous les hommes 507
XXV. Insuffisance des gouvernements, nécessité des aristo-
craties. (Troisième point de fait) 5<0
XXVI. Résistance et solidité nationale des aristocraties 514
XXVIf. Retour au véritable enseignement. (Quatrième point
de fait) 52~i
XXVIII. Elément religieux et élément !aïque
au sein de l'en-
seignementt 525
XX!X. Formation du conseil royal de l'instruction publique 529
XXX. Enseignement supérieur 533
XXX). Philosophie et exercice de la raison 534
XXXII. Hautes études Entretien des principes 54i
études 545
XXXIII.
XXXIV.
XXXV.
Soutenir les hautes
Premier principe de
Pourquoi il existe deux
l'élection.
chambres. 549
552
XXXVI. Chambre des pairs (Cinquième point de fait) 556
XXXVII. Chambre élective: ses éléments 561f
XXXVIII. Chambre élective: Ses attributions (Sixième point de
fait) 563
XXXIX.
XL. Véritable élément électoral.
Tout doit être représenté par l'élection 567
57 i
XL!.
XL!
XLIII.
Suffrage rationnel
Question des classes ouvrières.
travail
~u!Hté des solutions. Légitimité du
575
580
583
XL!V. Effets de l'augmentation des salaires et de la dimi-
nution du travail 587
XLV. Solution du problème (Septième point de fait) 590
XLVL Moyen de salut Constitution de la propriété (Huitième
XLVIL
point de fait)
Cause du paupérisme
594
599
XLVIH.
XLIX.
locapital.
Remède au paupérisme. Où se construit, où détruit
se
SoIutionpoUtiqueduprob!ème(Neuviemepointdefait). 606
603
638
LVjf. Question de vie ou de mort pour l'aristocratie française.
(Douzième point de fait) 643
edittON.~
Nouvelle