Apprentissage de La Lecture - Le Numérique Face Au Support Papier
Apprentissage de La Lecture - Le Numérique Face Au Support Papier
Apprentissage de La Lecture - Le Numérique Face Au Support Papier
JUSTINE MERGAUX
APPRENTISSAGE DE LA LECTURE
-
Le numérique face au support papier
J’aimerais ici remercier les personnes qui m’ont aidée et soutenue lors de la
réalisation de ce mémoire.
Langage à l’Université de Limoges. En tant que Directrice de mémoire, elle m’a guidé
3
Sommaire
Remerciements ..................................................................................................................................... 3
Sommaire ................................................................................................................................................ 4
Introduction ........................................................................................................................................... 5
Conclusion ............................................................................................................................................ 65
Annexes ................................................................................................................................................. 68
Bibliographie....................................................................................................................................... 74
4
Introduction
encore, les défauts et les intérêts de chaque méthode font l’objet de nombreux
aussi, connus des chercheurs. C’est aujourd’hui le numérique (et plus largement les
scientifique et la recherche.
adolescents et des enfants liées à la lecture sur écran (ou LSE). L’Éducation
éduthèque pour les enseignants, des banques de ressources éducatives (ou BRNE,
accessibles aux élèves du CM1 à la 3e), mais aussi Édu-up, un dispositif de soutien à
des enseignants et des parents d’élèves. Le numérique est donc un pari d’avenir pour
5
l’Éducation Nationale, qui voit en lui un accompagnement dans la scolarité des
serious games consacrés, le livre numérique et la lecture sur écran. Les méthodes
pédagogique et leurs utilisateurs, que sont les élèves et les enseignants, alors cette
révolution numérique de l’École pourrait bien avoir un impact positif sur les
apprenants, qu’ils soient porteurs de troubles ou non, ainsi que sur la pédagogie des
enseignants.
plus, s’intéresser aux différents types de lecteurs présente également un intérêt, car
il existe, à l’heure actuelle, différents profils de lecteurs qui ne cessent d’évoluer. Les
lecteurs sont multiples et sont tous dotés de spécificités propres, pour lesquelles le
numérique présente ou non un intérêt. Enfin, une étude de terrain se penchant sur
pour la lecture des enfants, en classe comme à domicile. En proposant cette enquête,
6
1. Les différentes méthodes de lecture en France
7
Il existe plusieurs méthodes pour apprendre la lecture. Les méthodes sont au
games.
basée notamment sur les centres d’intérêt des élèves. Cette méthode a été
Les travaux de DECROLY seront, par la suite, complétés par SEGERS et WALLON
notamment.
8
et mise au point par Jean FOUCAMBERT. Cette méthode consiste à apprendre la
lecture sans passer par la découpe des mots en syllabes ou par les lettes en
amont de la lecture des mots. Ces mots sont appris dans le contexte des
(l’alphabet) passe après. C’est notamment pour cela que la méthode globale est
largement critiquée : elle serait trop intense pour certains enfants, les fatiguant vite.
CP, on ne peut pas stocker plus de 100 mots au visuel » (interview France 5, octobre
2015). La mémoire des élèves de CP serait donc trop restreinte pour que les élèves
puissent mémoriser tous les mots qu’ils rencontrent. Pour elle, « La méthode globale
ne peut pas permettre de lire puisqu'on ne stocke qu'une centaine de mots par la
Cependant, cette méthode se révèle souvent très efficace avec les enfants entrant au
CP. En effet, la méthode globale reprend les méthodes utilisées dans les classes
reconnaissance des mots ainsi qu’à l’entraînement tout au long de l’année scolaire,
l’acquisition de la lecture se fait étapes par étapes : d’abord les mots, ensuite les
les syllabes et à identifier les sons produits. Cet apprentissage par étape permet aux
9
élèves d’apprendre à former de nouveaux mots mais surtout, il leur permet
méthode permet aux enfants, et ce dès leur plus jeune âge, de comprendre le
fonctionnement des sons mais surtout de comprendre qu’un son peut avoir
plusieurs « orthographes ». Prenons un exemple très simple : le son [o] peut s’écrire
eau, au, o. Mais pour faire comprendre cela aux élèves, les enseignants doivent
La méthode syllabique a été mise au point par le pasteur STUBER (1722- 1797) en
1762 qu’il présente dans son ouvrage Alphabet méthodique pour faciliter l'art
synthétique ». C’est aussi une des premières méthodes de lecture de l’école moderne
du XIXe siècle : la méthode syllabique est mise en place dans les écoles en 1880 par
l’Éducation Nationale puisqu’à cette époque il était capital que les enfants soient de
bons lecteurs pour comprendre ce qu’ils lisaient bien évidemment, mais surtout
L’objectif de la méthode syllabique est d’amener les élèves de CP à faire le lien entre
les graphèmes (les lettres) et les phonèmes (les sons) au cours de leur apprentissage
de la lecture. L’enfant doit comprendre que l’ordre des lettres et leur assemblage
forment des sons très précis pour développer une sorte de « mécanisme associatif »
des lettres et des sons. Par exemple, la lettre B et la lettre A forment le son [BA]
comme dans le mot « Banane » mais si on les inverse, elles forment alors le son [AB]
10
comme dans le mot « Abdiquer ». Lors de cette phase, l’enfant développe ce que l’on
sons formés par les syllabes (formées par les lettres) et de pouvoir ainsi les utiliser
comme il le souhaite. L’enfant pourra alors maîtriser langue orale et langue écrite.
l’apprentissage de l’alphabet (ou sa révision car souvent les élèves l’ont vu en GS)
ainsi que par les règles d’association des lettres et les règles de prononciation. Par
exemple, on ne prononce pas le h dans « haricot » ou encore connaître les mots qui
prennent un -x au pluriel : bijou, chou, pou, caillou, hibou et genou ou encore château
par l’enfant puisqu’ils ne se prononcent pas comme on les écrits (femme ne prend
pas de -a et on ne dit pas « mONsieur » [məsjø]. L’enfant apprend aussi que certains
mots comportent des lettres muettes lorsque nous les disons : sept (où le –p est
muet).
Ces règles sont fondées sur une approche dite synthétique de la langue française
La méthode syllabique montre certains avantages pour les enfants car elle s’appuie
sur des notions déjà abordées par l’enfant à l’école comme la connaissance de
l’alphabet, enseigné en GS. L’élève est donc plus en confiance lors de son
méthode syllabique est aussi fortement répétitif (découpage des mots selon les
syllabes et les sons qu’elles produisent), ce qui peut vite lasser l’enfant et/ou le
11
décourager de faire des efforts. Il y a aussi le risque que l’enfant se désintéresse
collection de volumes qui date de 1906 lorsque son créateur français Mathurin
illustration mais n’a rien de semblable avec les autres cahiers de méthode et se
maîtriser et savoir analyser les sons produits par la parole. Grâce à cela, l’enfant
apprend aussi à parler mais surtout à s’exprimer en public (le premier public étant
12
Il existe une autre méthode syllabique d’apprentissage de la lecture plus récente :
La Méthode des Alphas, plus connue sous le nom La Planète des Alphas. Cette
Chaque lettre est interprétée par un personnage avec une histoire et un caractère
qui lui sont propres. Cette personnification suscite l’imagination des enfants et capte
rigolos et ludiques pour stimuler l’imagination enfantine des élèves. De plus, cette
méthode fait appel à plusieurs sens chez l’apprenti lecteur : la vue (la lecture de
l’alphabet et du nom des personnages), l’ouïe (avec des CDs audio) et le toucher
L’histoire des Alphas (une autre planète, l’opposition gentils/méchants mais surtout
13
tous les codes des contes, dessins-animés et autres histoires que les enfants
connaissent, ce qui permet de focaliser leur attention sur les leçons de lecture. Du
participe et devient actif. De plus, la méthode des Alphas peut aussi être utilisée lors
a pour but de mettre à jour, de matérialiser en quelque sorte le lien entre phonèmes
(sons) et graphèmes (lettres) afin que l’apprenti lecteur puisse découvrir le principe
alphabétique.
Afin de rendre cette découverte plus simple, et comme dit précédemment, chaque
lettre est représentée par un personnage (qui sont les Alphas) dont le nom
commence toujours par la lettre qu’il illustre comme la Botte bavarde pour la lettre
d’apprentissage de la lecture qui sont celles que nous venons de voir, c’est-à-dire la
syllabique (déchiffrage des mots grâce à l’analyse des phonèmes qu’ils contiennent,
d’apprendre par cœur un nombre défini de mots, en général des mots de liaison,
généralement en passant par des textes très courts et illustrés puisque l’enfant ne
14
connaît pas le sens des mots qu’il doit retenir. C’est ce que les manuels appellent
déchiffrage des mots grâce à l’apprentissage du lien entre lettre et son. Pendant cette
seconde étape, la première est un peu moins présente mais reste toutefois en
arrière-plan dans l’apprentissage de la lecture par la méthode mixte. C’est donc une
méthode analytique puisqu’elle part du texte pour aller vers l’unité qui le compose :
la lettre.
Largement adoptée par les enseignants depuis une trentaine d’années, elle demande
maîtrise des deux méthodes d’apprentissage combinées par la méthode mixte. C’est
Certains de ses détracteurs accusent par ailleurs la méthode mixte de créer des
lettres BRIGHELLI qui critique violemment la méthode mixte dans son ouvrage La
Fabrique du crétin (2005). Cet ouvrage fait partie de quatre ouvrages critiquant et
entre 2005 (avec La Fabrique du crétin) et 2008 (avec Fin de récré). L’orthophoniste
OUZILOU cherche également à nuire aux méthodes mixtes dans son livre Dyslexie, une
vraie-fausse épidémie (2001). Dans cet ouvrage, elle affirme que « l’utilisation des
15
dans la section Commentaire et Critique, p.82 du chapitre 4 consacré à la méthode
mixte)2.
Les enseignants qui l’utilisent, et qui la défendent, estiment que cette méthode
des livres de leçons illustrés ; ce qui permet à l’enfant de faire le lien entre ce qu’il
entend, l’image qu’il voit et le mot sur lequel il se concentre. Les enseignants qui
Cette méthode d’apprentissage s’appuie sur des textes basés sur la parole des
enfants, souvent sur des textes qu’ils ont eux-mêmes écrits. En effet, puisqu’il
n’existe que très peu d’ouvrage consacrés à cette méthode, les enseignants qui
l’utilisent se basent sur des textes produits par les enfants. Ils n’auront alors aucunes
plus, les thèmes abordés intéressent les enfants, ce qui est primordial pour les
pistes de réflexion à l’enfant et le met sur la bonne voie. L’enfant doit alors
comprendre par lui-même. Au début, les enfants doivent mémoriser des phrases du
quotidien que chaque élève de la classe a proposée et expliquée. Cet univers est
suite, l’enseignant va complexifier les phrases que les élèves devront mémoriser. Par
2. LE LIVRE DE OUZILOU ETANT EPUISE (EDITION 2001 COMME REEDITION 2010), NOUS N’AVONS PU
ACCEDER QU’AU SOMMAIRE.
16
la suite, il y aura une phase syllabique dans l’apprentissage afin d’évoquer les sons
commencer par décortiquer les phrases puis les mots pour enfin arriver aux
syllabes.
L’enfant travaille et trouve la solution par lui-même, ce qui lui permet également de
fierté chez l’enfant qui est motivé pour continuer son apprentissage, ce qui est la clé
du succès. La méthode naturelle a été recommandée par FREINET, qui met au point
d’ailleurs décrit sa méthode dans un ouvrage paru en 1964 : Les techniques Freinet
nouvelle qui s’intensifie à la fin du XIXe siècle, grâce au pédagogue FERRIERE. Pour
FREINET, l’école doit se concentrer sur l’enfant et moins sur les matières à enseigner,
Mais cette méthode a elle aussi ses détracteurs, qui l’accusent notamment de
dangereuse pour l’enfant, qui apprend par cœur plus qu’il ne lit voire pire, qu’il
17
1.5. La méthode Borel
l’apprentissage de la lecture par les enfants sourds, cette méthode est reprise pour
les enfants qui connaissent des difficultés d’expression. La méthode est un ensemble
de gestes qui ont pour objectif de faciliter l’entrée de l’enfant dans le monde du
langage et de l’expression.
figure 3 ci-dessous :
18
L’utilisation des gestes permet aux enfants de mieux se souvenir (de fixer dans leur
mémoire) l’association son/geste en lien avec le mot écrit. La partie visuelle de cette
méthode ne peut donc pas être dissociée de l’apprentissage de la lecture par l’enfant.
est voisé, nasal ainsi que de connaître la position de la langue lorsque l’on
1949 puis en 1956 dans le Bulletin mensuel de la Société Alfred Binet. Avoir
D’après le blog SeriousGame.be, un serious game (ou « jeu sérieux » en français) est
19
d’ordre pédagogique, informatif, publicitaire, communicatif ou
Enfin, pour Julian Alvarez, auteur d’une thèse sur le sujet, le serious game est
ludiques issus du jeu vidéo (game). Une telle association a donc pour but de
La gamification, pour l’agence Drimlike, est « l’application d’une logique de jeu afin
d’engager une audience au bénéfice d’une marque ou d’une cause. Elle invite le
prendrait au jeu. On peut par exemple citer l’application Imagana, un serious game
imaginé pour lutter contre l’illettrisme. Cette application ludique a pour objectif de
faire progresser ses utilisateurs en écriture mais aussi en lecture, voire de débuter
20
bien construit : l’utilisateur doit rassembler tous les morceaux du cristal du savoir
qui renferme tous les savoirs connus des humains. Ce dernier a été brisé par des
êtres maléfiques qui en ont éparpillé tous les morceaux. Ces morceaux, représentées
sous forme de cristaux contenant les phonèmes. Ce jeu ludique fonctionne par
niveau : l’utilisateur progresse à chaque niveau franchi. Chaque niveau peut être
décomposé en deux phases. La première où l’utilisateur se rend compte qu’il est face
à un obstacle puis mobilise les ressources nécessaires pour faire face à cet obstacle
Le point fort de cette application est certainement le fait que les morceaux
renferment les phonèmes. Par le biais du jeu, l’utilisateur voudra finir la quête
l’apprenti lecteur progresse sans même s’en rendre compte. De plus, la méthode
21
Figure 4 : L’application Imagana
22
2. Les différents profils de lecteurs
23
Dans cette deuxième partie, nous proposons de balayer les différents profils de
lecteurs, puis les profils troublés que sont la dyslexie et l’hyperlexie. Enfin, nous
mettrons en lien ces différents profils avec les différents types de supports possibles
Dans une étude menée en 2008, Jean-Philippe Rivière et al. ont étudié le niveau de
lecture des 695 219 jeunes passant leur JAPD (Journée d’Appel et de Préparation à
la Défense) en 2008. Les sujets ont tous 17 ans minimum. À partir des résultats
obtenus aux tests, les chercheurs ont différenciés cinq catégories de lecteurs :
Ce sont les jeunes en difficulté de lectures qui sont représentés dans les catégories
1 à 4.
2.1.1. Profil 1
(difficultés sévères). Ces jeunes sont en échec sur l’ensemble des épreuves
proposées, ce qui les fait apparaître comme analphabètes malgré une scolarisation.
En 2008, 2700 jeunes (soit 0,38%) classés dans ce profil disent avoir arrêté leur
24
scolarisation à l’école primaire tandis que les autres ont continué jusqu’au collège,
Les chiffres associés à ce profil restent assez stables : 2,4% en 2004, 2,6% en 2006
et 2,5% en 2008.
Figure 5 : Tableau représentant les profils de lecteurs en 2008 (résultats en pourcentage), Rivière et al., p.128
2.1.2. Profil 2
Mis ensemble, les profils 1 et 2 représentent 4,9% de la population testée. Ces jeunes
possèdent des mécanismes de traitement des mots fonctionnels mais ont un niveau
capacités suffisantes pour reconnaître les mots écrits mais ne sait pas en déduire le
sens.
Ce profil est souvent rencontré chez des personnes qui ne lisent pas, c’est-à-dire qui
n’ont pas investi leur apprentissage dans une réelle pratique de la lecture. Leur
25
savoir-faire s’est donc « figé » au début de leur apprentissage de la lecture car il ne
2.1.3. Profil 3
très faibles capacités de lecture ». Ce sont de faibles lecteurs mais contrairement aux
impossibles pour cette population. Ce profil peut être associé à une dyslexie
phonologique : cette population n’associe pas les graphèmes aux phonèmes et peut
avoir essayé de retenir « globalement » les mots rencontrés. Cela suppose l’absence
l’apprentissage de la lecture.
2.1.4. Profil 4
aux faibles lecteurs (11,8%) avec de très faibles capacités de lecture (6,9%). Cette
maîtrise pas la lecture complexe. Il semble donc que ces jeunes ne réussissent pas à
construire le sens d’un énoncé bien qu’ils connaissent les mots qui le composent.
L’activité de reconnaissance des mots est donc importante en lecture mais pas
suffisante. Il faut également que les contenus sémantiques soient pris en charge
pour en décoder le sens, ce qui semble poser un problème aux jeunes du profil 4.
26
2.1.5. Profil 5
Le profil 5 recouvre les lecteurs peu efficaces (9,8%) et les lecteurs efficaces
• Profil 5a ;
• Profil 5b ;
• Profil 5c ;
• Profil 5d ;
Jen Philippe Rivière et al. (2008) ont décidé, aux vues des résultats de regrouper les
2.1.5.1. Profils 5a et 5b
Ces deux profils sont regroupés sous la catégorie « lecteurs peu efficaces » et
représentent 9,8% de la population testée en 2008. Ces deux profils manifestent une
Le profil 5b représente 7,5% de la population testée. Comme le profil 5a, les jeunes
connaissances lexicales.
27
2.1.5.2. Profils 5c et 5b
Ces deux profils sont quant à eux regroupés sous la catégorie « lecteurs efficaces »
appartenant à ce profil ont réussi tous les tests. Ce sont les lecteurs les plus efficaces.
Les différents types de lecteurs sont donc organisés par niveaux en fonction de leurs
méthodes de lecture actuelles. Cependant, il ne faut pas perdre de vue les 21,6% de
lecteurs qui présentent des difficultés. Le numérique pourrait être un atout non
origines.
2.2.1. Dyslexie
28
dans l’acquisition et l’automatisation des mécanismes nécessaires pour la maîtrise
de l’écrit tels que la lecture, l’orthographe et bien évidemment l’écriture. Au fil des
recherches, les définitions de la dyslexie se sont succédées, mais depuis 2010 une
graphème. C’est pour cette raison que les personnes dyslexiques inversent ou
confondent les lettres ou les syllabes d’un mot (vallon peut devenir ballon par
exemple).
8% et 10% des enfants, mais trois fois plus de garçons que de filles. Autrefois
controversé, ce fait est aujourd’hui prouvé, notamment grâce à l’imagerie, bien que
la recherche peine à découvrir les raisons de cette prévalence. Lorsque l’on parle de
29
prédisposition à la dyslexie » mais ces troubles ne seront pas traités comme de la
dyslexie.
En ce qui concerne sa prise en charge, les sciences cognitives ainsi que l’orthophonie
sont des pistes sérieuses. En effet, la dyslexie ayant été reconnue tardivement, ses
origines restent floues mais les sciences cognitives ont pour but de résoudre ce
mystère. Les orthophonistes sont souvent en première ligne, lors d’une phase de «
après un travail d’orthophonie qui n’a pas porté ses fruits, ou lorsque les difficultés
restent. Le travail des neurosciences, dans ce cadre, ne s’intéresse pas aux difficultés
La lecture est un procédé complexe : avant l’œil, c’est notre conscience phonologique
qui est la base de la lecture automatisée et qui fait défaut aux dyslexiques. Cette
biais des rimes, des comptines, etc., permet à l’enfant de connaître les lettres de
dyslexique est déjà perdue à ce stade-là de son apprentissage. Plus tard, en CP,
30
significativement déviants dès le départ. Le problème vient également du
déchiffrage des mots ainsi que de l’accès au lexique : les dyslexiques peuvent très
bien ne pas donner le mot « ballon » si on leur montre un ballon même s’ils
connaissent ce mot.
(Frith, 1985) :
langue.
Chez les enfants dyslexiques, l’effet de longueur ainsi que la deuxième étape ne se
déroule par correctement, ce qui explique les difficultés de lecture rencontrées par
ces enfants.
résultats ont été obtenus grâce à l’imagerie des sujets durant une lecture implicite
L’étude de Turkeltaub et al. montre donc qu’au départ, il y a une plus forte activation
de l’hémisphère droit chez les enfants sans trouble puis une baisse de cette
31
activation avec l’âge couplée à une plus forte activation de l’hémisphère gauche.
essayer de connaître les évolutions du cerveau des enfants qui sont en adéquation
la dénomination rapide des mots mais aussi des images ainsi que la mémoire de
Turkeltaub et al. démontrent que ces trois paramètres, lorsqu’ils sont mesurés
(dénomination rapide des images). Mais cette corrélation semble se modifier avec
l’apprentissage de la lecture.
Sur la figure 6, la partie jaune semble être le « point d’ancrage de la lecture » dans
phonologique. Ces régions font partie de la chaîne de traitement du langage chez les
phonologiques.
32
Figure 7 : L'hypoactivation de l'hémisphère gauche chez les dyslexiques, Paulesu et al., p.2166
(région occipito-temporale, faces ventrale et latérale). Cette étude a été réalisée sur
Bretagne (les dyslexiques français et britanniques ont été diagnostiqués tandis que
les dyslexiques italiens sont présumés porteurs du trouble car il n’y a pas de «
33
Ces résultats sont souvent retrouvés par d’autres chercheurs et sont donc «
2006 réalisée sur des adolescents allemands. Comme le montre la figure 8, les
gauche.
Il y a donc, chez les enfants dyslexiques une « balance » entre un surplus d’activité
frontale et une plus faible activation des réseaux temporaux et pariétal inférieur.
Les causes et les conséquences de la dyslexie ne sont pas encore bien connues des
être une cause à la dyslexie plutôt qu’une de ses conséquences d’après la recherche.
dans le cerveau) pourrait être également à l’origine des difficultés de lecture des
enfants dyslexiques.
La dyslexie existe donc dans toutes les langues mais peut se révéler plus présente
2.2.2. Hyperlexie
compréhension, ainsi que par des capacités de lecture acquises très tôt par l’enfant
34
également par une forte attirance pour le matériel écrit. Elle est souvent associée au
spectre du trouble autistique : dans 84% des cas (Ostrolenk, Forgeot d’Arc, Jelenic
et Samson, 2017). Selon Silberberg et Silberberg (1967), qui ont découvert, nommé
âgés de moins de cinq ans à lire des mots sans les avoir appris ». Ces enfants auraient
puisqu’ils arrivent à faire le lien entre graphème et phonème sans avoir appris ce
hyperlexie peut donc être vue comme une capacité hors du commun à déchiffrer les
mots. Il faut cependant noter que certains hyperlexiques présentent des difficultés
de compréhension à l’oral.
Une étude menée sur un enfant hyperlexique montre que l’hyperlexie pourrait être
étude menée par imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle ou IRMf (qui
indirectement l’activité cérébrale) montre que les zones actives lors des activités
liées à la lecture chez les personnes dyslexiques sont moins sollicitées, notamment
hyperlexique et ses IRM montre une activité du gyrus frontal inférieur gauche ainsi
que du cortex temporal supérieur. Or, ces deux zones du cerveau sont impliquées
Gareau, Eden, 2004). Autrement dit, ces zones sont impliquées dans la lecture
adulte, une fois l’apprentissage de la lecture effectué. En effet, ces deux zones jouent
35
phonétiques » (Hagoort et al. 1999, Poldrack et al., 1999, Pugh et al., 1996b). Il est
également intéressant de souligner que cette même étude a mis en lumière le fait
que l’activité cérébrale dans le cortex frontal inférieur gauche et le cortex temporal
supérieur était « modulée par la prise de conscience phonologique des enfants dits
normaux ». Plus les enfants apprennent, plus leur conscience phonologique est forte
et plus l’activité cérébrale est modulée. De plus, les régions temporale inférieure
beaucoup plus sollicitées que chez les enfants au même stade d’apprentissage de la
lecture qu’Ethan. Ceci, en plus de ses capacités à déchiffrer des mots inconnus,
Eden, 2004) ont démontré une hypoactivité dans le cortex temporal supérieur
postérieur gauche chez les lecteurs dyslexiques par rapport aux lecteurs dits «
normaux ». Bien que d’autres régions aient également une activité anormale comme
nombreuses études (Rumsey et al. 1992, Shaywitz et al. 1998, Shaywitz et al. 2002
par exemple) menées sur des enfants et des adultes dyslexiques montrent une
36
supérieur qui montre une hyperactivité chez Ethan, l’enfant hyperlexique sujet de
l’étude menée par Turkeltaub et al. L’hémisphère gauche est donc important pour la
Mais qu’en est-il alors du rôle joué par l’hémisphère droit ? Au début de
entre en jeu. Cette région est impliquée dans la reconnaissance visuelle des formes
(Tanaka, 1997). Les enfants activent cette zone du cerveau au début de leur
apprentissage car ils s’appuient sur la reconnaissance visuelle des mots et non sur
par Turkeltaub et al. (2004) suggère que les enfants n’activent plus cette zone du
cerveau lorsqu’ils apprennent à lire. De plus le sujet de cette même étude montre
une forte activité dans cette zone cérébrale, activité qui ne diminue pas au cours de
reste trop élevée par rapport à ce qu’elle devrait être au niveau de lecture d’Ethan.
Chez cet enfant hyperlexique, l’hémisphère droit (la reconnaissance visuelle des
mots) semble donc jouer un grand rôle, mais pas aussi important que les systèmes
venons d’évoquer avec les différents supports possibles s’accordant au mieux à ces
37
2.3.1. L’intérêt du support numérique pour les lecteurs
dyslexiques
Dans un article rédigé par BACQUELE (2014), on apprend qu’en 2013, « environ 20%
adapté » (p.2). On apprend également que 30% des élèves se voyant attribués du
Comme nous l’avons dit précédemment, la dyslexie est définie comme « la difficulté
manifeste principalement par des difficultés pour lire et écrire, difficultés en lien
l’identification des mots. Pour une personne dyslexique, des erreurs de plusieurs
types sont identifiables lors d’une tâche de lecture, on note également un manque
développement des compétences de lecture chez les enfants dyslexiques n’est pas
simple et que la maîtrise de la lecture chez ces élèves peut se révéler très
Nous allons donc nous intéresser de plus près aux outils de compensation des
troubles de la lecture chez les enfants dyslexiques. C’est également ce qu’a déclaré
André TRICOT lors d’une conférence en janvier 2016 (La pépinière 4.0, 2016). Selon
38
contournement qui se met en place grâce à l’outil numérique : le numérique est une
Depuis la loi sur l’égalité des chances en 2005, chaque élève en situation de handicap
définit, entre autres choses, les aides dont l’élève peut bénéficier et le matériel
pédagogique adapté aux déficiences de l’enfant fait partie de ces aides qui se
au sens du texte. L’écoute rend le contenu accessible à l’élève qui ne sera plus freiné
dans son apprentissage par une lecture qui n’est pas automatisée.
Cependant, la lecture d’un texte via la synthèse vocale n’est possible que si ce texte
a été préalablement scanné. Les outils à la disposition des enfants, de leurs parents
39
La synthèse vocale a ici une fonction de suppléance afin que l’enfant dyslexique ait
accès au sens du texte. L’acte de lecture (l’acte technique) est abandonné au profit
de la compréhension du document.
informatique mis à leur disposition ? Selon une étude menée sur 52 élèves
pouvons alors nous demander pourquoi. Qu’est-ce qui empêche les 37 élèves
scolarisés dans le second degré, dénombrés dans son département (Rhône) sur
l’année scolaire 2012-2013. Sur ces 63 élèves, 50% présentent « d’autres difficultés
plupart des enfants ont un problème avec le graphisme ou avec la praxie (cf. figure
40
Figure 9 : Graphique des troubles associés à la dyslexie (Bacquelé, 2014, p.6)
Chez ces enfants, le recours à l’informatique répond donc à un double besoin : celui
du geste graphique et celui des transcriptions entre le langage oral et le langage écrit
Pour avoir de plus amples informations quant au suivi des élèves, l’étude (Bacquelé,
2014) s’est également portée sur 41 familles afin de connaître plus en détail les aides
41
montre la figure 11, nous constatons que les aides viennent majoritairement de la
Certaines familles n’ont bénéficié d’aucune aide humaine pour l’installation des
Figure 11 : Les aides humaines apportées aux familles (Bacquelé, 2014, p.7)
Il y a donc des obstacles à l’utilisation des aides fournies aux élèves. Ces obstacles
peuvent être de nature différente. L’étude citée tend à mettre trois obstacles en
lumière :
fait qu’un élève puisse utiliser un ordinateur en classe passe souvent pour du
favoritisme aux yeux des autres élèves, dont le regard devient inquisiteur.
42
compréhension du cours. Le problème de l’autonomie de la batterie est
l’élève.
dessous :
Figure 12 : Difficultés rencontrées par les élèves dyslexiques (Bacquelé, 2014, p.8)
Pour TRICOT, cette absence d’aide humaine vient du fait que les enseignants (et plus
largement notre société) pensent que les digital natives savent utiliser le numérique
même dans un cadre scolaire car c’est de leur génération (Amadieu et Tricot, 2014).
Le chercheur objecte en expliquant que les digital natives (ou enfants du numérique
en français ; ce sont les enfants qui ont grandi entourés du numérique) savent
utiliser le numérique mais pour des usages personnels (comme l’usage d’une
console de jeux par exemple) et développe son propos en distinguant cet usage
personnel de l’apprentissage scolaire qui, lui, suppose des « tâches spécifiques qui
D’après Tricot, ce qui compte c’est le couple tâche/outil pour la maîtrise. Afin
43
d’illustrer son propos, il prend l’exemple de l’usage du MP3 pendant un cours
d’allemand (Roussel et al., 2008). Les élèves choisis savent tous utiliser un MP3 pour
des usages personnels. Mais lorsqu’ils doivent l’utiliser dans le cadre scolaire, le
MP3 n’est utile que si l’élève a une bonne maîtrise de la langue allemande car cet
outil induit une double tâche : comprendre le document audio (ce qui est difficile si
l’élève n’a pas un bon niveau d’allemand) et la prise des décisions d’autorégulation
Les élèves ayant des difficultés en allemand ne bénéficient donc pas de l’utilisation
du lecteur MP3 car leur niveau est trop faible pour s’autoréguler en plus du travail
scolaires. En effet, l’erreur commise par les enseignants est d’oublier la spécificité
des tâches scolaires. Même si le numérique est fortement présent dans la vie des
digital natives, ce n’est que pour des usages personnels. Il faut distinguer le couple
(1) personnel : écoute de musique grâce au MP3 du couple (2) scolaire : tâche
Il faut donc envisager l’outil informatique dans le cadre scolaire et non pas
seulement comme un soin (il ne suffit pas à l’apprenant dyslexique d’avoir une aide
informatique, il faut aussi envisager cette aide dans son ensemble et cela passe par
sa maîtrise en cadre scolaire, sinon elle est caduque). Il faut repenser les outils et les
aides donnés aux enfants pour qu’ils se mettent au service de l’école et des élèves
porteurs de troubles.
44
En ce qui concerne spécifiquement la lecture, les élèves dyslexiques se plaignent de
la voix trop synthétique du logiciel de synthèse vocale. Cette voix ne respecte que la
qu’en soit le coût. Or, la synthèse vocale a pour but la fonction de suppléance dont le
disposition des élèves, du contexte humain et pratique de sa mise en place mais aussi
Il faut donc adapter le matériel à l’élève et non plus l’inverse. L’outil doit être au
Lors d’une conférence consensus sur la lecture les 16 et 17 mars 2016, l’intervention
lecture numérique.
traditionnelle, sur papier, ne possède pas. Tout d’abord, ce sont les textes qui sont
modifiés : les formats ainsi que la lisibilité ont changé. En ce qui concerne le format,
il y aura moins d’informations sur une page Internet car la définition, la visibilité est
moindre sur un ordinateur que sur papier. L'information sera émiettée : le lecteur
devra alors établir des liens lors de sa lecture. La conséquence de cette information
lecture numérique n’est pas une lecture continue. En effet, elle est basée sur le
On observe aussi une mutation des processus éditoriaux avec la lecture numérique.
Sur Internet, le lecteur doit se demander si l’information qu’il lit est valide, si elle
plutôt des SMS. Lorsque vous désirez avoir des informations sur les aides de la CAF
par exemple, vous n’allez plus à un guichet : tout est accessible en ligne. Il y a,
oral.
46
o Une composante procédurale qui fait référence à la représentation de
Lors de la lecture numérique sur internet, ce sont donc les textes et les contextes de
lecture ainsi que les processus mis en jeu lors de l’activité de lecture qui sont en
mutation. Le texte numérique sur le web est plus émietté, plus connecté aussi grâce
aux liens hypertextes mais aussi plus facilement identifiable que le texte papier
classique.
classique. Certains de ces processus de haut niveau sont connus des chercheurs :
compétence est généralement acquise par les lecteurs ayant un très bon
niveau de lecture ;
47
informations, il faut avoir une compréhension fine du texte lu mais aussi
des mots écrits peut être facilitée par le numérique dédié à cette tâche. En effet, il y
a des apports reconnus du numérique en cas de troubles par exemple comme nous
numérique qui n’a pas pour vocation la pédagogie et le milieu scolaire, n’a, pour
compréhension de l’écrit car ce qui est important ici c’est la compréhension et non
ROUET (2016).
effet, les documents de travail offrent plus de richesse et plus de possibilités. Mais la
48
d’acquérir les compétences de haut niveau imposées par la lecture numérique. Pour
49
9- Utiliser des animations pour des Si la difficulté est trop importante dès
apprentissages avancés et des le début, les élèves se décourageront.
images fixes au début.
Figure 13 : Les neuf caractéristiques des supports de l’apprentissage (Mayer, 2014 ; Sweller et al., 2011)
maîtrise des nouveaux outils mais surtout leur place dans la salle de classe. Ces
enjeux sont mis en lumière par des tests empiriques mesurant l’efficacité (le temps),
l’utilisabilité (la maîtrise) et l’acceptabilité (la place dans la salle de classe) des
nouveaux outils numériques. Ces nouveaux outils, comme les anciens, posent un
problème lié à l’acceptabilité, à leur place dans les écoles : « ce n’est pas parce qu’un
outil est efficace qu’il va forcément être utilisé dans les salles de classes » (Tricot et
al., 2003). Le chercheur au CNRS donne l’exemple d’un outil (le WTS) pour illustrer
du geste grapho-moteur, le WTS a largement fait ses preuves. C’est un grand succès,
l’outil est très simple à utiliser mais pas en classe. En effet, son application dans une
classe se révèle impossible car l’enseignant n’aurait pas le temps d’accorder assez
de temps à tous les élèves. Le WTS est donc très efficace appliqué sur de petits
groupes mais cet outil n’a pas sa place en classe. Prouver l’efficacité d’un outil n’est
donc pas suffisant pour affirmer que les enseignants devraient ou vont s’en emparer
en classe.
notable entre les 1990 et les années 2000. Au début du numérique, dans les années
1990, la lecture était plus difficile qu’aujourd’hui, notamment à cause des couleurs
50
de police et de fond choisies, les polices en elles-mêmes ; un exemple frappant est
une police de caractère blanche ou jaune sur un fond cyan : c’est illisible (cf. figure
14). Dans les années 2000, l’amélioration des technologies a permis de faciliter les
Dans les années 1990, la lecture numérique était plus compliquée, à cause des choix typographiques
notamment
Dans les années 1990, la lecture numérique était plus compliquée, à cause des choix typographiques
notamment
Cependant, les documents sur supports numériques sont aujourd’hui plus difficiles
à comprendre car il faut, encore une fois, corroborer les informations, vérifier la
source. Les tâches de compréhension sont donc plus complexes de nos jours
être parfois inadapté, plus exigent voire paradoxal entraîne une détérioration des
Les informations sont donc plus riches, plus complexes et plus nombreuses lorsque
l’on parle de lecture numérique. Cela rend les tâches de lecture plus intéressantes
bien que plus exigeantes, apportant de nouvelles exigences et les compétences qui
y sont liées. Cependant, le numérique ne va pas modifier le statut des savoirs, des
51
sont des connaissances secondaires : elles nous préparent à la vie future (sociale et
attention : l’apprentissage est conscient, lourd et lent fondé sur l’enseignement. Les
connaissances scolaires représentent tout ce que l’on ne peut pas apprendre seul
inconscient, fondé sur les relations sociales, l’exploration et le jeu (Geary, 2008 ;
c’est-à-dire que l’on apprend à l’école ce que l’on n’apprend pas seul, de façon
fondés sur la distinction entre la tâche (le moyen) et la connaissance (le but),
mobilisent et ont des effets sur la représentation de soi, de la tâche alors qu’ils ne
Une étude menée en 2014 par Chi et Wylie montre qu’il existe différents niveaux
d’attention et d’engagement chez les élèves. Comme le montrent les figures 15 et 16,
52
Niveau d’attention et d’engagement Description
Figure 15 : Les différents niveaux d’attention et d’engagement chez les élèves (Chi et Wylie, 2014, p.221)
Ces tableaux montrent que, pour apprendre en classe, les élèves ne font pas que
s’adapter : ils réalisent aussi des tâches scolaires spécifiques. Les moteurs des
faisaient leur entrée dans les salles de classes, peut-être les résultats seraient-ils
Figure 16 : Les moteurs des apprentissages adaptatifs et les niveaux d’engagement sollicités (Chi et Wylie, 2014,
p.228)
53
d’apprentissage atteignable et qui sera perçu comme utile par les apprenants (cela
et enfin la réalisations de tâches qui sont des exercices d’entraînement afin que les
sur l’engagement des élèves dans les tâches, sur le dispositif de régulation des
apprentissages ainsi que sur les dispositifs d’évaluation des apprentissages. Les
En ce qui concerne les profils troublés tels que la dyslexie, les différents supports
numériques comme les livres audio ou encore la synthèse vocale présentent une
concerne la lecture sans trouble, la lecture sur écran (sur internet) est bien plus
un retour direct sur les compétences de l’élève et donc un meilleur ancrage des
connaissances. De plus, les documents de travail sur support numérique offrent une
54
3. Étude statistique
55
Nous proposons dans cette troisième et dernière partie une étude de terrain portant
sur la pédagogie de lecture à l’école au travers des professeurs des écoles, et à la
maison, au travers des parents. Nous allons analyser et commenter les avis des
parents et des professeurs quant à l’utilisation du numérique pour la lecture des
enfants, permettant un aperçu de la réalité.
réponses, 85 (dont 31, soit 36,47% concernent des élèves de CP) nous ont semblées
pertinentes, les autres ne répondant pas du tout à nos recherches, ont été écartées.
En effet, les 25 réponses mises de côté concernaient le plus souvent des élèves du
La grande majorité (soit 85,9%) des parents ayant répondu au questionnaire ont
la lecture de leurs enfants. En effet, sur les 85 parents répondants, 97,6% lisent avec
répondants) lisent avec leurs enfants sur support papier comme le montre les
graphiques suivants :
56
Figure 17 : La lecture à la maison
Lire avec l’enfant est important pour son apprentissage : cela consolide les
compétences déjà acquises par l’enfant. Ici on peut voir que cette notion est bien
Les parents ont donc une nette préférence pour le support papier. Cependant, cela
57
(15%), les applications éducatives (55%) et les serious games (30%), comme le
58
On peut noter que les applications ludiques sont plus utilisées (55%) que le livre
numérique (15%). En effet, certains parents pensent que la lecture sur écran fatigue
les yeux des enfants. L’absence de rétroéclairage sur les liseuses est d’ailleurs l’un
des arguments les plus avancés. Mais les réponses laissent surtout apparaître que le
préfèrent un support plus traditionnel. Cette préférence peut s’expliquer par le fait
que leurs enfants apprennent majoritairement (81,2%) à lire sur support papier ou
Il semble donc que les parents veulent mettre en application l’apprentissage de leurs
enfants pour ne pas les bousculer. De plus, à la question « Selon vous, votre enfant
(dernière question du questionnaire adressé aux parents) les parents dont les
enfants présentent des difficultés pour lire répondent préférer le papier car l’enfant
59
peut écrire, décomposer les mots et écrire les différentes syllabes et les sons
associés.
En réponse à cette même question, d’autres pensent que les deux supports sont
complémentaires. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils donnent accès à leurs enfants à des
supports numériques et ludiques, mais également à des CDs audio (3,1%), à une
Enfin, une minorité pense que le numérique aide mieux les enfants à progresser
grâce à son côté ludique, interactif. Le fait que leurs enfants soient des « digital
natives » (ou enfants du numériques, ce terme caractérise les jeunes ayant grandi
Une donnée ressort tout particulièrement des réponses des parents : ils ont une
lecture à la maison. Mais cette préférence ne semble pas se baser sur des faits
concrets, scientifiquement prouvés mais plutôt sur des convictions propres aux
parents. En effet, lorsqu’on leur pose la question, les parents répondent préférer le
60
papier au numérique par tradition ou habitude personnelle et non après s’être
travaillent avec des classes de CP, les deux autres travaillent en CE1. La grande
majorité (82,6%) des professeurs des écoles ayant répondu travaillent dans le
De plus, 91% des répondants travaillent avec des élèves de CP. Les autres travaillent
avec des élèves de CE1. Les classes oscillent entre 12 et 31 élèves et la moyenne se
(87%) car pour eux, le numérique est à la base de leurs outils de travail ; cela leur
permet aussi de proposer des outils d’apprentissage plus variés aux élèves, ou
61
encore de faciliter les leçons de phonologie et la compréhension grâce, notamment,
Kimamila, Alphas, Etincelles ou encore Dire, Lire, Ecrire). La méthode Borel est
mixte.
cette dernière rend la lecture plus abordable pour les enfants et facilite
Malgré tout, 60% des sondés disent avoir changé de méthode d’apprentissage
durant leur carrière professionnelle, soit par lassitude, soit à leur arrivée dans un
nouvel établissement, soit pour s’adapter au niveau des élèves. Cependant, même en
62
essayant de s’adapter au niveau des élèves, les professeurs voient que les élèves ne
maison seul ou avec les parents, ou encore le fait que certaines familles ne parlent
avec certains élèves. Afin d’y remédier, les professeurs concernés ont personnalisé
leur approche en première intention. Pour certains, une solution est le recopiage du
texte en grand avec les syllabes en couleurs, ainsi que la lecture de textes plus courts.
Associer une couleur à un son complexe semble également faire ses preuves (10%).
Les APC (ou activités pédagogiques complémentaires) sont aussi largement utilisées
(30%) par les enseignants. La méthode des Alphas ainsi que la méthode Borel sont
63
elles aussi utilisées (10%) pour pallier les problèmes rencontrés par les enfants
organisent des groupes de travail et/ou de soutien où les élèves en difficulté sont
Les enseignants utilisent donc le numérique dans leur méthode éducative, mais plus
en tant que support de travail (comme les TBI par exemple) qu’en tant que méthode
à proprement parler. Ils n’y sont pas opposés mais préfèrent faire travailler leurs
élèves sur papier, notamment lorsque les enfants rencontrent des difficultés. En
effet, le support papier leur permet de recopier un texte qui peut poser problème,
64
Conclusion
dyslexie.
Les enseignants, quant à eux, n’utilisent pas le numérique dans leur méthode
d’apprentissage, celui-ci est plutôt utilisé comme support de travail. Ce qui est
méthode globale, qui se base sur la mémoire visuelle des enfants. Ce serious game
serait un jeu de mémoire : une voix prononcerait un mot à trouver (on peut le
répéter autant de fois qu’on le souhaite) puis, il faudrait le retrouver dans des cartes
du mot). Par exemple, le mot « oiseau » serait retrouvé avec la carte où il serait écrit
En ce qui concerne la méthode syllabique, nous avons déjà présenté Imagana, mais
nous avons pensé à un autre serious game : des syllabes seraient tirées au sort
aléatoirement dans une base de données. Le but du jeu serait de former des mots
grâce à ces syllabes afin de remporter des points. Cela pourrait également être
décliné sous forme de mini-jeux en marge d’une histoire, les mini-jeux rapportant
Pour la méthode naturelle, qui s’appuie sur des textes produits par les enfants, nous
avons imaginé une plateforme où l’enfant pourrait écrire un texte qui serait ensuite
65
corrigé par une intelligence artificielle ou par des humains. Une fois corrigé, ce texte
serait stocké dans une base de données où il sera tiré au sort aléatoirement pour la
lecture par d’autres enfants. Le texte pourrait également être corrigé par les enfants
entre eux (bien que le texte corrigé par la plateforme soit celui lu par les enfants par
la suite).
Pour les apprenants « normaux », des classes de soutien pourraient être organisées
par niveau : très faible, faible, moyen. Les bons lecteurs seraient dispersés dans ces
groupes qui seraient, au mieux composés de 12 élèves (dont 4 bons lecteurs). Ces
12 élèves seraient répartis en 4 petits groupes de 3 (avec un bon lecteur dans chacun
des groupes) autour d’une tablette. L’objectif seraient de faire, par groupe, une
la manche. Les meilleurs élèves ne sont pas répartis dans un groupe à part pour
éviter qu’ils ne s’ennuient. Dans cette configuration, c’est l’entraide qui prime,
puisque les meilleurs peuvent aider les plus faibles pour remporter la manche : un
vrai travail d’équipe. Ce travail d’équipe aboutirait à limiter les trop grands écarts
présentant ces troubles dyslexiques. En plus des aides mises à disposition des
enfants dyslexiques (qui devront passer de 20% à 100% de prises en charge), ainsi
que l’amélioration de la synthèse vocale, on peut imaginer un serious game avec une
vocale d’un texte choisi par l’enfant. Au fur et à mesure de la lecture, les mots lus
66
sont colorés. Il serait possible de cliquer sur n’importe quel mot pour le réentendre,
avoir la découpe des syllabes et écouter ces syllabes, ou encore pour obtenir une
de cliquer sur une cible spéciale au milieu d’autres cibles (qui seraient en fait des
syllabes afin de former un mot donné) ; ou encore un jeu de carte type memory dont
l’objectif est de former des pairs (travail de mémoire visuelle), ou bien un mini-jeu
d’aventure en plusieurs niveaux dont l’objectif est de repérer des indices donnés
67
Annexes
68
Annexe A
https://goo.gl/6R98Ln
69
Annexe B
https://goo.gl/9GkwRk
70
Annexe C
71
Table des figures
Figure 1: Méthode Boscher, 1906 ............................................................................................... 12
Figure 2 : La méthode des Alphas ............................................................................................... 13
Figure 3 : Les gestes Borel-Maisonny ........................................................................................ 18
Figure 4 : L’application Imagana ................................................................................................. 22
Figure 5 : Tableau représentant les profils de lecteurs en 2008 (résultats en
pourcentage), Rivière et al., p.128 .............................................................................................. 25
Figure 6 : La chaîne de traitement du langage, Turkeltaub et al., p.772 ...................... 32
Figure 7 : L'hypoactivation de l'hémisphère gauche chez les dyslexiques, Paulesu et
al., p.2166 ............................................................................................................................................. 33
Figure 8 : Résultats de Kronbichler et al. Convergence des résultats ........................... 33
Figure 9 : Graphique des troubles associés à la dyslexie (Bacquelé, 2014, p.6) ....... 41
Figure 10 : Suivi des élèves dyslexiques (Bacquelé, 2014, p.7) ...................................... 41
Figure 11 : Les aides humaines apportées aux familles (Bacquelé, 2014, p.7) ......... 42
Figure 12 : Difficultés rencontrées par les élèves dyslexiques (Bacquelé, 2014, p.8)
.................................................................................................................................................................. 43
Figure 13 : Les neuf caractéristiques des supports de l’apprentissage (Mayer, 2014 ;
Sweller et al., 2011) .......................................................................................................................... 50
Figure 14 : Les choix typographiques dans les années 1990, un exemple ................. 51
Figure 15 : Les différents niveaux d’attention et d’engagement chez les élèves (Chi
et Wylie, 2014, p.221) ..................................................................................................................... 53
Figure 16 : Les moteurs des apprentissages adaptatifs et les niveaux d’engagement
sollicités (Chi et Wylie, 2014, p.228) ......................................................................................... 53
Figure 17 : La lecture à la maison ............................................................................................... 57
Figure 18 : Le support au cœur de la lecture à la maison .................................................. 57
Figure 19 : Utilisation du numérique par les parents ......................................................... 58
Figure 20 : Les supports numériques ........................................................................................ 58
Figure 21 : L'apprentissage à l'école .......................................................................................... 59
Figure 22 : Les supports numériques utilisés par les enfants ......................................... 60
Figure 23 : Le secteur des enseignants répondants ............................................................ 61
Figure 24 : La place du numérique dans la méthode éducative des enseignants .... 62
Figure 25 : La progression des élèves ....................................................................................... 63
Figure 26 : Les problèmes rencontrés lors de l'apprentissage de la lecture ............. 64
72
73
Bibliographie
• Ouvrages
Renaissance, 2001.
http://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1951_num_4_5_1199 [consulté le
17.03.2018]
74
L. SPRENGER-CHAROLLES, « Acquisition de la lecture et de l’écriture en français »,
http://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_1992_num_95_1_5771 [consulté le
18.03.2018]
https://www.cairn.info/revue-enfance1-2004-3-page-245.htm [consulté le
29.03.2018]
445 p.
• Sites internet
75
lillettrisme/ [consulté le 15.03.2018] ; vidéo du projet disponible sur
https://www.youtube.com/watch?v=yhXU5FAoBwU
• Ouvrages
2014.
• Conférences
N. BLAESIUS, S. FLECK, « Quinze minutes de jeu vidéo : apports pour la prise en charge
le 13 janvier 2016.
et 17 mars 2016.
76
• Articles sur support numérique
JM. RUMSEY, P. ANDREASON, AJ. ZAMETKIN, T. AQUINO, AC. King, SD. HAMBURGER, et al.,
and Discourse : Evidence from the N400 », Journal of Cognitive Neuroscience, 1999,
p. 657-671.
E. PAULESU et al., « Dyslexia : Cultural Diversity and Biological Unity », Science, vol.
291, p. 2165-2167.
Neural Basis of Hyperlexic Reading : An Fmri Case Study », 2004, Neuron, vol. 41,
p.11-25.
77
Cours de S. DEHAENE, « Les mécanismes cérébraux de la lecture », Psychologie
2018]
J-P. RIVIERE, F. DE LA HAYE, J-É. GOMBERT, ET T. ROCHER, «Les jeunes français face à la
p.121-144.
L. BEN ALI, D. LEVEILLET, S. PAC, J-M. PASTOR ET J. SCHMITT, « Lecture sur support
numérique en fin d’école primaire : un peu plus d’un élève sur deux est capable
78
Table des matières
Remerciements ..................................................................................................................................... 3
Sommaire ................................................................................................................................................ 4
Introduction ........................................................................................................................................... 5
1. Les différentes méthodes de lecture en France .............................................................. 7
1.1. La méthode globale ............................................................................................................ 8
1.2. La méthode syllabique ................................................................................................... 10
1.3. La méthode mixte ou « semi-globale » .................................................................... 14
1.4. La méthode naturelle ..................................................................................................... 16
1.5. La méthode Borel ............................................................................................................. 18
1.6. Les serious games ............................................................................................................ 19
2. Les différents profils de lecteurs ....................................................................................... 23
2.1. Les différents profils de lecteurs ............................................................................... 24
2.1.1. Profil 1 ......................................................................................................................... 24
2.1.2. Profil 2 ......................................................................................................................... 25
2.1.3. Profil 3 ......................................................................................................................... 26
2.1.4. Profil 4 ......................................................................................................................... 26
2.1.5. Profil 5 ......................................................................................................................... 27
2.2. Les profils de lecteurs présentant des troubles ................................................... 28
2.2.1. Dyslexie ....................................................................................................................... 28
2.2.2. Hyperlexie .................................................................................................................. 34
2.2.3. Dyslexie et Hyperlexie........................................................................................... 36
2.3. L’intérêt des différents supports en fonction des types de profils ............... 37
2.3.1. L’intérêt du support numérique pour les lecteurs dyslexiques ............ 38
2.3.2. Les apports du numérique à la lecture « normale » .................................. 45
3. Étude statistique ...................................................................................................................... 55
3.1. Questionnaire dédié aux parents d’élèves de primaires .................................. 56
3.2. Questionnaire dédié aux professeurs des écoles ................................................ 61
Conclusion ............................................................................................................................................ 65
Annexes ................................................................................................................................................. 68
Annexe A........................................................................................................................................... 69
Annexe B........................................................................................................................................... 70
Annexe C ........................................................................................................................................... 71
Table des figures................................................................................................................................ 72
Bibliographie....................................................................................................................................... 74
79
80