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UE 211/531 : Gestion juridique fiscale et sociale Année 2020-2021

DEVOIR 4 2017-2018
Auteur : Henri-Bruno Leroy et Haiying Wang-Foucher

DOSSIER 1 : SOCIETE BUREAUMEUBLES (9 points)

Monsieur et Madame DUBOIS possèdent ensemble 84,7 % du capital de la SA BUREAUMEUBLES au capital de


100 000 € divisé en 1 000 actions au nominal de 100 € et dont l’objet social est la vente de mobilier de bureau.
Madame DUBOIS est Présidente du conseil d’administration et Directrice Générale et son mari Directeur
Général Délégué et administrateur.
Madame Carole DUBOIS, leur fille aînée, et Madame Maria DUSSARE, ancienne salariée qui détient 15 % du
capital, sont aussi administrateurs. Il y aussi trois autres actionnaires : les autres enfants majeurs de Monsieur
et Madame DUBOIS qui détiennent chacun une action.
Approchant de l’âge de la retraite, Monsieur et Madame DUBOIS s’interrogent sur la forme sociale de leur
société afin d’en faciliter la transmission. Monsieur et Madame DUBOIS décident de transformer la SA et ils
hésitent entre la SAS et la SARL.

Travail à faire:
1-Dans la perspective d’une vente ultérieure des titres de la société BUREAUMEUBLES, les droits
d’enregistrement sont-ils les mêmes en cas de cession de titres de la SAS ou de la SARL ?
2-Quelle est la mission du commissaire aux comptes de la société BUREAUMEUBLES en cas de transformation
soit en SAS soit en SARL?

Depuis son départ à la retraite, Madame Maria DUSSARE ne s’intéresse plus vraiment au fonctionnement de la
société et elle pourrait céder ses actions à Monsieur et Madame DUBOIS.

Travail à faire:
3-La SA BUREAUMEUBLES peut-elle acheter les actions à la place de Monsieur et Madame DUBOIS ? Dans
cette hypothèse, quelles en sont les conséquences fiscales pour la société BUREAUMEUBLES ? Est-ce une
solution avantageuse ?

Finalement, la participation de la famille DUBOIS dans la société BUREAUMEUBLES transformée en SAS a été
vendue à Madame RAVEL. Le contrat de cession d’actions de la société BUREAUMEUBLES comportait une
clause de garantie d’actif et de passif souscrite par les cédants au profit de la cessionnaire. Celle-ci imposait en
outre à la cessionnaire une obligation d’information dans un délai de 10 jours et ne prévoyait en revanche
aucune sanction en cas de non-respect de cette obligation. Suite à un redressement fiscal de la société
BUREAUMEUBLES, Madame RAVEL a demandé la mise en œuvre de la garantie de passif, ce qui a été refusé
par les cédants. Ces derniers ne contestent pas les conditions de fond de mise en œuvre de la clause de
garantie mais ils estiment qu’ils ont été avertis tardivement du redressement, les empêchant de formuler des
observations.

Travail à faire:
4-Madame RAVEL, qui a manqué à son obligation d’information, est-elle automatiquement sanctionnée par
une déchéance de la garantie ?

DOSSIER II : SAS DISTRI-PLUS (11 points)

La SAS DISTRI-PLUS est une société spécialisée dans la distribution de matériels à destination de l’industrie
électronique.
Les difficultés financières de la société se sont aggravées lorsque son principal partenaire a rompu le contrat de
distribution. La société a introduit une action devant le tribunal de commerce et une décision favorable a été
rendue avec exécution provisoire, la société a donc perçu des dommages et intérêts mais en appel, la décision
de première instance a été infirmée et les dommages et intérêts devront donc être remboursés. Cependant,

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préalablement à la signification de l’arrêt, la société a demandé l’ouverture d’une procédure de sauvegarde car
les sommes perçues ayant été investies et elle n’est pas en mesure de les reverser.
Travail à faire:
1-Les conditions d’ouverture d’une procédure de sauvegarde sont-elles remplies au cas particulier ?
2-Sur quel fondement le tribunal peut-il convertir la procédure de sauvegarde en procédure de
redressement ?

Par ailleurs, la SAS DISTRI-MANAGEMENT détient plus de 99% de la SAS DISTRI-PLUS. Elle facture son mandat
de Président à sa filiale qui est son unique filiale. Les deux sociétés sont dirigées par la même personne,
Monsieur ROBERT.
La procédure de sauvegarde de la société DISTRI-PLUS a été convertie en procédure de redressement durant la
période d’observation et un audit des comptes de cette société a mis en évidence les éléments suivants :
-la société mère exerçait la même activité que sa filiale ;
-les comptes de bilan de la mère sur la fille n’étaient pas réciproques et étaient contestés par la mère bien que
les deux sociétés aient le même expert-comptable et le même commissaire aux comptes et que les comptes de
la fille aient été approuvés lors de la dernière assemblée générale ordinaire ;
-un accord transactionnel unique avait été conclu avec un créancier commun assorti d’engagements solidaires
et interdépendants, toute défaillance de l’une des deux sociétés emportant défaillance vis-à-vis de l’autre.

Travail à faire:
3-Au vu des faits relevés lors de l’audit, que risque la société DISTRI-MANAGEMENT et pour quel motif ?

Après ce premier audit, un audit complémentaire a révélé une cessation des paiements antérieure de six mois
à la date d’ouverture de la procédure de redressement. Egalement, à partir de cette date, avec la complicité
d’un fournisseur, des factures fictives ont été enregistrées en charges au profit de Monsieur ROBERT.
Néanmoins, le tribunal estime que la société DISTRI-PLUS est viable et qu’il convient d’adopter un plan de
redressement judiciaire.

Travail à faire:
4-Quel est la qualification pénale des détournements commis par Monsieur ROBERT ?
5-La cession forcée des actions détenues par Monsieur ROBERT peut-elle être décidée par le Tribunal ?
6-Monsieur ROBERT peut-il être condamné pour insuffisance d’actif ?

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CORRIGE DEVOIR 04
Auteur : Henri-Bruno Leroy et Haiying Wang-Foucher

DOSSIER I : SOCIETE BUREAUMEUBLES

1-Dans la perspective d’une vente ultérieure des titres de la société BUREAUMEUBLES, les droits
d’enregistrement sont-ils les mêmes en cas de cession de titres de la SAS ou de la SARL ? (1 point)
Règle de droit :
Les droits d’enregistrement sur les cessions d’actions s’élèvent à 0,1% et ceux sur les cessions de parts sociales
à 3%. Une SAS est une société par actions alors que le capital social d’une SARL est divisé en parts sociales. (1
point)

Application :
Le choix de la SARL n’est pas judicieux dans la perspective d’une cession ultérieure des titres car les droits
d’enregistrement seraient plus élevés.

2-Quelle est la mission du commissaire aux comptes de la société BUREAUMEUBLES en cas de transformation
soit en SAS soit en SARL? (3 points)
Règle de droit :
La décision de transformation d’une SA est prise sur le rapport des commissaires aux comptes (CAC) de la
société, s’il en existe. Le rapport atteste que les capitaux propres sont au moins égaux au capital social (art. L.
225-244, C. com.). (2 points)

Application :
Le CAC de la société BUREAUMEUBLES doit attester dans un rapport que les capitaux propres de la société sont
au moins égaux au capital social. (1 point)

3-La SA BUREAUMEUBLES peut-elle acheter les actions à la place de Monsieur et Madame DUBOIS ? Dans
cette hypothèse, quelles en sont les conséquences fiscales pour la société BUREAUMEUBLES ? Est-ce une
solution avantageuse ? (3 points)
Règle de droit :
Dans une SA, l’assemblée générale qui a décidé une réduction de capital non motivée par des pertes, peut
autoriser le conseil d’administration à acheter un nombre déterminé d’actions pour les annuler (art. L. 225-207,
C. com.). (1 point)
Cette réduction de capital n’emporte aucune conséquence fiscale pour la société. (0,50 point)
Lorsque la situation financière de la société le permet, cette solution est avantageuse. (1 point)

Application :
La SA BUREAUMEUBLES peut acheter les actions de Madame DUSSARE à la place de Monsieur et Madame
DUBOIS si l’assemblée générale décidant la réduction de capital non motivée par des pertes l’autorise. Cette
solution est avantageuse puisque la charge financière de l’achat pèse sur la société et non sur le couple
DUBOIS. (0,50 point)

4-Madame RAVEL, qui a manqué à son obligation d’information, est-elle automatiquement sanctionnée par
une déchéance de la garantie ? (2 points)
Règle de droit :
En cas de silence de la clause de garantie de passif sur la question de la sanction à appliquer lors de
l’inobservation du délai d’information au profit du cédant, il appartient aux juges du fond, dans l’exercice de
leur pouvoir souverain d’appréciation de la volonté des parties, de décider de sanctionner ou non le non-
respect du délai d’information par la déchéance de la garantie (Cass. com., 18 mai 2016, n° 14-22354). En
principe, le non-respect du délai d’information n’est pas de nature à priver à elle seule le cessionnaire du
bénéfice de la garantie, mais peut donner lieu au paiement de dommages et intérêts. (1 point)

Application :

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C’est au juge du fond d’apprécier au cas d’espèce la sanction à prononcer. S’il estime que le manque
d’information a fait perdre aux cédants une chance raisonnable de réduire les conséquences dommageables du
redressement fiscal alors qu’il n’est pas certain que ces conséquences soient effectivement réduites si des
observations avaient été produites, les cédants ne peuvent pas se prévaloir d’une déchéance de garantie et ils
peuvent être condamnés au paiement d’une partie du coût du redressement fiscal. (1 point)

DOSSIER II : SAS DISTRI-PLUS

1-Les conditions d’ouverture d’une procédure de sauvegarde sont-elles remplies au cas particulier ? (1 point)
Règle de droit :
Une société qui, sans être en cessation des paiements, justifie de difficultés qu'elle n'est pas en mesure de
surmonter, peut demander l’ouverture d’une procédure de sauvegarde (art. L. 620-1, C. com.). (0,50 point)

Application :
Les sommes à rembourser ayant été investies, la société ne sera pas en mesure de les verser lors de la
signification de l’arrêt lorsque ces sommes deviendront exigibles. Les conditions d’ouverture sont bien remplies
car la difficulté est bien insurmontable. (0,50 point)

2-Sur quel fondement le tribunal peut-il convertir la procédure de sauvegarde en procédure de


redressement ? (1 point)
La conversion de la procédure de sauvegarde en procédure de redressement peut avoir deux causes :
-soit la société était déjà en cessation des paiements avant l’ouverture de la procédure de sauvegarde et par
conséquent c’est une procédure de redressement qui aurait dû être initiée et non une procédure de
sauvegarde ; (0,50 point)
-soit l’adoption d’un plan de sauvegarde est manifestement impossible et la clôture de la procédure aurait pour
effet d’aboutir à la cessation des paiements. (0,50 point)

3-Au vu des faits relevés lors de l’audit que risque la société DISTRI-MANAGEMENT et pour quel motif ? (3
points)
Règle de droit :
Un groupe de sociétés n’a pas la personnalité morale, seules les sociétés constituant le groupe bénéficient de la
personnalité morale et elles sont juridiquement indépendantes les unes vis-à-vis des autres. Par conséquent,
l’ouverture d’une procédure collective vis-à-vis d’une filiale n’entraine pas automatiquement l’ouverture d’une
procédure collective vis-à-vis de la société mère. La procédure collective affectant un débiteur peut en
revanche être étendue à d’autres personnes (par exemple société mère) lorsque ce débiteur et ces personnes
ont confondu leurs patrimoines ou lorsqu’il apparaît que l’un d’eux est fictif. (1 point)
Le critère de la confusion des patrimoines est apprécié à partir d’un faisceau d’indices, par exemple, l’existence
de relations financières ou de flux financiers anormaux suffit à caractériser l’imbrication inextricable des
patrimoines. Les flux financiers anormaux sont des mouvements financiers sans contrepartie réelle. (1 point)

Application :
Les faits relevés lors de l’audit caractérisent l’existence de relations financières anormales qui sont
constitutives d’une confusion de patrimoine des deux sociétés. La procédure de redressement judiciaire de la
fille devrait être étendue de la fille DISTRI-PLUS à la mère DISTRI-MANAGEMENT. (1 point)

4-Quel est la qualification pénale des détournements commis par Monsieur ROBERT ? (4 points)
Règle de droit :
Il convient d’étudier les éléments constitutifs du délit de banqueroute.
D’abord, élément légal. Le délit est réprimé par les articles L. 654-1 à L. 654-7 du Code de commerce. Il vise
toute personne qui en droit ou en fait a dirigé le débiteur. La commission de la banqueroute est subordonnée
aux conditions suivantes : l’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire et le fait
que les actes aient été commis après la cessation des paiements mais avant le jugement d’ouverture. (1 point)
L’élément matériel est par exemple le détournement d’une partie de l’actif du débiteur. (1 point)
L’élément intentionnel est la mauvaise foi de la personne. En pratique, il suffit d’établir que l’intéressé a eu
conscience de causer un préjudice aux intérêts patrimoniaux d’autrui. (1 point)

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Application : (1 point)
Monsieur Robert est dirigeant de droit de la société DISTRI-PLUS faisant l’objet d’une procédure collective et il
entre donc dans le champ d’application du délit.
Une procédure de redressement judiciaire est ouverte et les actes ont été commis après la cessation des
paiements mais avant le jugement d’ouverture de la procédure de redressement judiciaire.
L’élément matériel est le détournement d’une partie de l’actif du débiteur au profit de Monsieur Robert, qui
est caractérisé ici.
Monsieur Robert ayant agi de mauvaise foi, l’élément intentionnel est caractérisé.
Le détournement de Monsieur Robert peut recevoir la qualification pénale du délit de banqueroute.

5-La cession forcée des actions détenues par Monsieur Robert peut-elle être décidée par le Tribunal ? (1
point)
Règle de droit :
Lorsque le redressement de l'entreprise le requiert, le tribunal, sur la demande du ministère public, peut
subordonner l'adoption du plan au remplacement d'un ou plusieurs dirigeants de l'entreprise. A cette fin et
dans les mêmes conditions, le tribunal peut ordonner la cession des droits sociaux détenus par ces mêmes
personnes, le prix de cession étant fixé à dire d'expert (art. L.631-19-1, C. com.). (1 point)

Application :
Dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire, le ministère public peut demander la cession forcée
des actions détenues par Monsieur Robert et le Tribunal de commerce peut le décider au vu de ses
agissements frauduleux.

6-Monsieur Robert peut-il être condamné pour insuffisance d’actif ? (1 point)


Règle de droit :
Lorsque la liquidation judiciaire d'une personne morale fait apparaître une insuffisance d'actif, le tribunal peut,
en cas de faute de gestion ayant contribué à cette insuffisance d'actif, décider que le montant de cette
insuffisance d'actif sera supporté, en tout ou en partie, par le dirigeant de droit ou de fait, ayant contribué à la
faute de gestion. (0,50 point)

Application :
L’action en comblement de passif contre le ou les dirigeants sociaux ne peut être intentée qu’en cas de
liquidation judiciaire ce qui n’est pas le cas ici. Monsieur Robert ne peut pas être condamné pour insuffisance
d’actif. (0,50 point)

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