Risque Chimique

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HST PR 50 - 230

POINT DE REPÈRE
h Pascal POIROT, 
INRS, département Ingénierie des procédés,
h Frédéric CLERC, 

APPROCHE DES RISQUES CHIMIQUES


INRS, département Métrologie des polluants

DANS LE SECTEUR DU TRAITEMENT


DES DÉCHETS DE BOIS DANGEREUX

Cet article dresse un panorama des risques chimiques encourus par les salariés sur les plates-formes
de traitements de déchets de bois dangereux. Les résultats montrent la présence de trois polluants
principaux : les poussières de bois et/ou les matières particulaires totales (MPT), le chrome VI et les
hydrocarbures polycycliques aromatiques (HAP). L’exposition des salariés aux poussières de bois est
en moyenne supérieure à la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) et peut atteindre des
valeurs très élevées en fonction du travail réalisé et de la configuration des lieux. Les concentrations
en chrome VI et en benzo[a]pyrène (BaP) sont également préoccupantes (50 % des valeurs sont
supérieures à la VLEP ou à la valeur recommandée) sur certaines plates-formes urbaines traitant
des bois de réseau (poteaux et traverses). Cependant, une forte réduction de l’empoussièrement au
niveau du broyage et des transferts de matière permettrait de réduire l’exposition des opérateurs à
ces polluants chimiques. L’étude, présentée dans cet article, montre que le broyage de panneaux de
particules ne libère du formaldéhyde qu’en faible concentration. De même, les concentrations en
composés organiques volatils (COV) sont très faibles lors du broyage quel que soit le type de déchets
de bois. En revanche l’utilisation de sciures pour la valorisation de déchets organiques peut conduire
à des concentrations significatives en COV. L’étude a également mis en évidence que les caissons
filtrants sur les engins mobiles étaient inefficaces dans certains cas.

L
es déchets dangereux (DD) connue, la filière de traitement de ces
représentent 11 000 kt produites déchets l’est beaucoup moins. Il existe
chaque année en France et cependant des solutions de recyclage
peuvent être répartis en 20 caté- appliquées à certains de ces déchets.
gories provenant de divers secteurs d’ac- Les déchets de bois ou bois de rebut
tivité. Parmi ceux-ci, les déchets de bois correspondent à des produits « en fin de
occupent une place prépondérante avec vie  » ou usagés. Ils associent plusieurs
presque 30 % de l’ensemble des déchets sous-produits générés tout au long de
dangereux [1 - 6]. Depuis 2002, la régle- différentes étapes telles que l’industrie,
mentation classe en effet les déchets de l’exploitation et la transformation du
bois traités en tant que déchets dange- bois.
reux et en interdit la réutilisation et la Comme la majorité des déchets, les
mise en décharge. Or, si l’origine des déchets de bois peuvent se caractériser
déchets de bois dangereux est assez bien par leur nature, les secteurs produc-

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teurs, les gisements des déchets ou les TABLEAU I
filières de traitement associées [7].
L’INRS propose ici de dresser un Catégorie de déchets de bois dangereux et producteurs
inventaire des risques chimiques dans Catégorie
Classification
Producteur
6 chiffres
le secteur du traitement des déchets de
bois dangereux. Les principaux agents Déchets de bois dangereux 03 01 04* Industrie de la première et seconde
chimiques CMR présents dans l’air sont de production transformation du bois
identifiés et quantifiés. L’ensemble des Déchets de bois dangereux de chantier 17 02 04* Entreprises du BTP
données recueillies sur diverses plates-
Bois de réseaux en fin de vie 17 02 04* SNCF/RFF, ERDF, France Telecom
formes a pour objectif d’orienter et de
définir au mieux les actions de préven- Aménagements agricoles en fin de vie 20 01 37* Agriculteurs et viticulteurs
tion.
Aménagements extérieurs en fin de vie 17 02 04* Collectivités locales, gestionnaires
Remarque : cette étude s’est appuyée (GC) d’infrastructures
sur les travaux préliminaires confiés
au cabinet ERDYN CONSULTANT qui Aménagements extérieurs en fin de vie 20 01 37* Particuliers, professionnels,
(jardins) collectivités locales
a, d’une part, caractérisé les flux de
déchets de bois dangereux, les subs-
IMAGE 1
tances concernées et l’évaluation des
gisements par voie documentaire et, Broyage de traverses de chemin de fer
d’autre part, réalisé une enquête chez les
professionnels du secteur (producteurs,
experts et traiteurs).

DU DÉCHET À LA MATIÈRE
PREMIÈRE SECONDAIRE

TYPOLOGIE DES DÉCHETS


DE BOIS DANGEREUX
La majorité des déchets de bois sont
des déchets non dangereux. La régle-
mentation spécifie qu’un déchet de bois
est dangereux lorsqu’il a été souillé
par une matière dangereuse (exemples :
ajout d’un produit de préservation en © Serge Morillon/INRS
profondeur du bois ou de la sciure souil-
lée par des produits dangereux comme IMAGE 2
les huiles, les peintures). Par contre, un Poteaux France Télécom en attente de broyage
élément bois recouvert d’une peinture
ou d’un vernis (armoires, charpentes…)
n’est pas considéré comme un déchet
dangereux. Il entre dans la catégorie
des déchets industriels non dangereux.
La classification des déchets établie
par le décret n°2002-540 du 18 avril
2002 [8] définit quatre types de déchets
de bois dangereux qui rentrent dans
le cadre de l’étude mais pour mieux
identifier les problématiques à chaque
niveau de la filière, six catégories prin-
cipales de déchets de bois dangereux
ont été définis comme présentées dans
le Tableau I.
Les déchets de bois dangereux pré-
sentent des caractéristiques diverses et
peuvent se différencier selon :
1 la granulométrie : allant de la
poussière de ponçage aux panneaux de
particules ; © Serge Morillon/INRS

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1 la composition chimique : le Les bois contenant d’autres FILIÈRES ET TECHNIQUES


bois est traité ou imprégné par des adjuvants DE TRAITEMENT
substances dangereuses soit pour
sa préservation soit pour apporter Il s’agit principalement des bois Les techniques de traitement des
d’autres fonctionnalités (colles, addi- reconstitués (panneaux de particules, déchets de bois dangereux varient selon
tifs divers…). contreplaqués, lamellé-collé, panneaux le type de valorisation envisagée. Le
de fibres…). Ces matériaux contiennent Tableau II présente une synthèse de la
en effet des colles diverses (urée-for- filière déchets de bois dangereux selon
LES DÉCHETS DE BOIS mol, phénol-formol, mélamine-for- les catégories définies.
DANGEREUX mol…) en quantité variable entre 1 et
13 %. Le formol, agent classé cancéro- Le broyage
Les bois créosotés gène, mutagène, reprotoxique (CMR),
qui est un intermédiaire de synthèse Le broyage est une étape intermé-
Il s’agit des bois de réseaux en fin de ces résines, est susceptible de se diaire largement répandue, préalable
de vie essentiellement des traverses de dégager des matériaux lors de l’usinage aux traitements présentés ci-après et à
chemin de fer, des poteaux de ligne ou du broyage. D’autres composés CMR la « revalorisation matière » notamment
EDF et des produits destinés aux amé- peuvent également être présents dans des panneaux de particules pour une
nagements extérieurs (GC) (cf. Image 1). des peintures contenant des métaux, nouvelle fabrication.
La créosote agit comme xyloprotecteur des vernis, des produits de traitement
et imperméabilisant assurant aux bois (de charpente), des produits ignifuges L’incinération
traités une durée de vie de l’ordre de qui imprègnent ou recouvrent le bois
30 à 40  ans. C’est un liquide huileux ainsi que dans les revêtements de sur- Cette filière constitue un moyen
obtenu par distillation fractionnée des face type panneaux mélaminés ou stra- efficace d’élimination d’une grande
goudrons de houilles qui contient des tifiés [9, 10]. partie des déchets toxiques comme les
hydrocarbures polycycliques aroma- déchets organiques et concerne tout
tiques (HAP). Il est à noter que, parmi Les sciures et copeaux imprégnés type de déchets de bois dangereux. Le
les nombreux HAP, les plus légers, fort pouvoir calorifique de ces déchets
formés de 2 à 4 cycles aromatiques Les sciures et copeaux (de «  vrai en fait une solution couramment utili-
et présents en grande quantité dans bois  » ou issus de panneaux de parti- sée. Un broyage ainsi qu’un déferrail-
la créosote, ne sont pas cancérogènes cules) peuvent servir pour absorber des lage sont souvent nécessaires.
alors que les plus lourds, formés de 5 produits dangereux tels que des huiles,
cycles aromatiques ou plus et présents des peintures, des hydrocarbures, etc. La co-incinération
en plus faible quantité, sont classés lors de déversements accidentels ; ce
cancérogènes catégorie 2A ou 2B par sont alors des déchets dangereux (DD). La co-incinération consiste à utili-
le Centre international de recherche Mais la principale utilisation des sciures ser l’incinération de déchets dangereux
sur le cancer (CIRC). Les bois traités à base de bois propres ou traités est liée comme combustible d’appoint dans
contiennent en moyenne 6 à 18 % de à la fabrication de combustible solide des installations dont la vocation pre-
créosote en masse. de substitution (CSS) à destination des mière n’est pas l’incinération (exemple :
cimenteries. Dans ce cas le but recher- les cimenteries). La co-incinération en
Les bois imprégnés par des métaux ché par l’entreprise n’est pas seulement cimenterie est surtout utilisée pour les
la valorisation du déchet de bois sous sa broyats de bois créosotés et pour les
Ces bois constituent un marché forme initiale mais bien le traitement et CSS, produits à fort pouvoir calorifique.
diversifié. Sont principalement concer- la valorisation des déchets industriels D’autres techniques de traitement
nés par ces types de traitements à organiques par ailleurs prépondérants plus ou moins spécifiques présentées ci-
base de sels ou d’oxydes de chrome, en masse dans les CSS. Les principaux dessous existent et pourraient se déve-
cuivre et arsenic (traitement CCA) : les risques chimiques sont dus aux pous- lopper [12].
poteaux (France Télécom et EDF – cf. sières de bois et aux COV issus des
Image 2), mais aussi le bois utilisé déchets. La thermolyse
dans le bâtiment, dans le génie civil et
les aménagements extérieurs. D’autres Les poussières de bois Ce procédé consiste à chauffer les
traitements existent à base de chrome déchets de bois créosotés dans un four
cuivre bore (CCB) et uniquement Les poussières de bois générées entre 450 et 750°C en l’absence d’air.
chrome cuivre (CC). Le chrome est un par les opérations de broyage des Actuellement, une société applique ce
agent de complexation ; au moment de déchets de bois ou de manipulations procédé et traite ainsi 20 kt/an de bois
l’imprégnation du bois, par du bichro- des sciures rentrent dans la catégorie créosotés (vieilles traverses de chemins
mate de sodium ou de potassium, il des DD en raison de leurs propriétés de fer) pour transformation en charbon
se trouve sous sa forme hexavalente cancérogènes [11]. de bois. Cette technique ne s’applique
(chrome VI) qui est la plus toxique. Cette liste, non exhaustive, cite des pas aux bois traités CCA.
Le caractère réducteur de la cellulose composés CMR présents dans les bois
le transforme ensuite en chrome III. traités et neufs qui ne se retrouvent Le procédé CHARTHERM
L’arsenic, également présent dans ces pas obligatoirement sous cette forme
bois, agit comme insecticide. Il est et dans des teneurs identiques dans Le procédé CHARTHERM [13]
sous forme pentavalente (acide arsé- les bois en fin de vie au moment du consiste en un traitement thermique
nique ou arséniate de sodium). recyclage. à basse température (< 400°C) des

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TABLEAU II

Synthèse de la filière déchets de bois dangereux


Volume collecté (2005) Substances Principaux CMR
Type de déchets Producteurs Traitements
kt / an contenues cités par les traiteurs

Formol, phénol Valorisation matière


Industrie de 1ère et
Déchets de production seconde transformation nd Diverses Poussières bois Co-incinération
du bois
Incinération
Valorisation matière
Déchets de chantier Entreprises du BTP 2 500 (1) Diverses Métaux lourds Centre de stockage
Broyage
Traverses SNCF RFF (2) ~ 20 Créosote HAP Thermolyse
Bois de
réseaux Poteaux EDF ERDF (3) 3‹4 Créosote et CCA HAP, CCA Broyage
en fin de vie
Poteaux FT France TELECOM 20 ‹ 30 CCA CCA Co-incinération
Aménagement agricole en fin de vie Agriculteurs, viticulteurs nd CCA, CCB, CC Jamais cités ?

Collectivités locales, Broyage


Aménagement extérieur Créosote et CCA,
gestionnaires nd Huile de vidange
en fin de vie (GC) CCB, CC Co-incinération
d’infrastructures

Aménagement extérieur Valorisation matière


Particuliers, campings… nd CCA, CCB, CC ?
en fin de vie (jardin) Co-incinération
Huiles, peintures,
Sciures (imprégnées) Divers nd Divers Co-incinération
solvants
(1) évaluation
(2) RFF : Réseau ferré de France
(3) ERDF : Réseau électricité de France

déchets préalablement broyés en atmos- risque dû aux poussières de bois est bien sition atmosphérique aux HAP cancéri-
phère neutre ce qui provoque une « dis- quantifié dans les menuiseries, il ne l’est gènes est quasi nulle mais que l’expo-
tillation  » du bois avec séparation du pas pour le broyage de déchets de bois, sition est surtout liée aux HAP légers.
carbone et des éléments minéraux. Ce activité se déroulant de surcroît la plupart Il convient néanmoins de prendre en
procédé s’appliquerait aux bois créoso- du temps en extérieur. L’exposition des compte le fait que les créosotes utilisées
tés et aux bois CCA. Une unité pilote salariés aux agents CMR imprégnant il y a 30 ou 40 ans étaient bien plus
a fonctionné mais la plate-forme, qui les déchets de bois lors des opérations concentrées en HAP qu’elles ne le sont
devait fonctionner fin 2010, n’a pas été de recyclage n’est pas plus connue. En aujourd’hui.
construite. revanche, les concentrations en métaux
CCA et en hydrocarbures aromatiques Les poussières de bois
Le procédé ANCOR polycycliques (HAP) ont déjà été mesu-
rées lors de l’usinage et de l’imprégnation La seconde étude citée ci-dessus
Le procédé ANCOR ou procédé PGI des bois neufs. En l’absence d’autres réfé- a mis en évidence des taux d’empous-
(pyrolyse-gazéification-inertage) permet rences, les résultats de ces mesures ont sièrement supérieurs à la VLEP et une
le traitement des bois imprégnés CCA servi d’indicateurs de base pour l’évalua- corrélation entre les concentrations de
ou créosotés par pyrolyse à température tion des concentrations lors du recyclage HAP et celles de poussières de bois.
élevée (1 110°C à 1 500°C), en lit fluidisé de ces types de bois.
ou sur grille et produit du gaz. Cette inno-
vation est brevetée mais il n’existe pas Les CCA
d’unité en fonctionnement en France.
La littérature mentionne également la Deux études [14, 15] ont montré
ASPECT
valorisation de copeaux de bois dangereux que, globalement, lors de l’usinage MÉTHODOLOGIQUE
en les utilisant comme charge pour béton. des bois traités CCA, les expositions
à ces métaux étaient nettement infé-
rieures aux VLEP en vigueur, toutefois
le niveau d’empoussièrement n’avait pas L’enquête de filière réalisée auprès
RISQUES CHIMIQUES été mesuré. des traiteurs, des producteurs et des
experts s’est traduite par de nombreux
POTENTIELS Les HAP contacts via des guides d’entretien ; les
réponses positives obtenues de la part
Deux études menées par la SNCF des traiteurs ont été largement représen-
[16], la première au cours d’imprégna- tatives du marché du déchet de bois dan-
Le risque chimique généré par les tion par de la créosote de traverses de gereux. L’enquête a permis de lister les
activités de traitements des déchets de chemin de fer, la seconde lors de l’usi- entreprises et de cibler les voies de trai-
bois dangereux est peu connu. Si le nage de traverses, indiquent que l’expo- tement de déchets de bois à privilégier.

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TABLEAU III

Caractéristiques des plates-formes


Producteurs Traitement du déchet de bois
Finalité
Entreprise Acheminement du bois Acheminement
Type déchets Quantité (T) Traitement/dispositif en sortie d’entreprise
avant traitement du déchet traité

Panneaux Bande transporteuse


Incinération sur place du
de particules, Chariot élévateur, bande 1 broyeur fixe et transport pneuma-
A 3 000 broyat dans une chaudière
stratifiés, transporteuse (lieu couvert) tique vers silo (système
et récupération d'énergie
palettes fermé)
Panneaux
de particules, 1 broyeur mobile Par chargeur vers aire Fabrication de broyat, envoi
B 33 000 Pelle à grappin
stratifiés, (en extérieur) de stockage chez un autre traiteur
palettes
Panneaux
de particules, 1 broyeur fixe Par chargeur vers aire Mélange 50/50 des 2 types de
? Chargeur sur pneus
stratifiés, (lieu couvert) de stockage broyats, incinération sur place
C palettes dans une chaudière et récupé-
Traverses 2 broyeurs mobiles Par chargeur vers aire ration d'énergie
300 t/J Pelle à grappin
créosotées (en extérieur) de stockage

2 broyeurs fixes Bandes transporteuses Broyat de poteaux


Poteaux CCA Pelle à grappin
en série,dispositif vers aire de stockage pour cimenterie
D1 35 000*
Traverses de captage au niveau Bandes transporteuses Broyat de traverses
Pelle à grappin du second (en extérieur)
créosotées vers aire de stockage pour cimenterie
Par benne entre broyeur
et affineur, par bande Broyat de poteaux
Poteaux CCA Pelle à grappin
2 broyeurs mobiles en transporteuse vers pour cimenterie
série + affineur fixe avec stockage
D2 35 000*
dispositif d'aspiration Par benne entre broyeur
Traverses (en extérieur) et affineur, par bande Broyat de traverses
Pelle à grappin
créosotées transporteuse vers pour cimenterie
stockage
Retournement des
Traverses 3 fours à thermolyse Fabrication de charbon
E 20 000 Pelle à grappin enceintes dans une
créosotées (en extérieur) de bois
trémie
Pelle à grappin, broyeur
Sciures Chargeur vers aire de Fabrication de CSS
15 000 Chargeur sur pneus mobile, granulateur,
propres stockage pour cimenterie
F trommel (en intérieur)
Sciures Mélange via chargeur Chargeur vers aire de Fabrication de CSS
? Chargeur sur pneus
imprégnées (en intérieur) stockage pour cimenterie
Mélange via pelle Fabrication de CSS pour
Sciures Bandes transporteuses
G 10 000 Chargeur sur pneus à grappin, broyeur fixe, cimenterie et/ou envoi dans un
propres vers aire de stockage
trommel (en intérieur) autre centre de traitement
Pelle à grappin,
Sciures Camion benne vers aire Fabrication de CSS
H 4 000 Chargeur sur pneus 3 broyeurs fixes série,
propres de stockage pour cimenterie
trommel (lieu couvert)
* capacité

LES PLATES-FORMES et trois valorisent deux types de déchets dans un broyeur fixe et sont valorisés
DE TRAITEMENT qui peuvent être mélangés ou non. Le sous forme énergétique en étant brû-
Tableau III résume les caractéristiques lés. Les sites disposent d’une chaudière
Les entreprises visitées ont été prin- des installations visitées. classée incinérateur, l’énergie produite
cipalement sélectionnées à la suite des étant récupérée pour la fabrication des
résultats de l’enquête. Des visites préli- Déchets bois de production, panneaux.
minaires ont permis d’étudier la faisabi- de chantier/broyage La société B réceptionne essentielle-
lité d’une intervention. Neuf campagnes ment des déchets de bois dangereux de
de mesures ont été réalisées dans huit L’entreprise A reçoit des déchets chantier (portes, fenêtres, palettes) et de
entreprises choisies de façon représen- de production, panneaux de particules production (panneaux de particules) et
tative par rapport aux types de déchets et stratifiés d’une usine de fabrication en effectue le broyage qui est valorisé sur
entrants et au traitement ou procédé située à proximité immédiate. L’usine C, une autre plate-forme.
de recyclage. Dans l’ensemble, les ins- dont la principale activité est la produc-
tallations sont relativement importantes tion de panneaux en tout genre, traite in Bois de réseaux en fin de vie/
puisque six d’entre elles traitent plus de situ ses rebuts de production. Dans les broyage
15 000 tonnes de déchets de bois par deux cas, les panneaux de particules au
an. Parmi celles-ci, cinq unités trans- rebut souvent mélangés à des palettes L’entreprise C importe également
forment un seul type de déchets de bois (déchets non dangereux) sont broyés des bois créosotés sur son site pour

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TABLEAU IV

Type de prélèvement par plate-forme


Prel ind et
Prel amb , Nb de points de prel Nb opérateurs/ Type de prélèvements réalisés
poste
Entreprise Type de déchets
Durée Durée
Lieu M ; AM ; Cr VI et Formal-
moy Lieu int Lieu ext moy MPT Métaux HAP COV
abrité J As déhyde
(min) (min)

Panneaux de
ind + ind +
A particules, stra- 455 6 290* 3 ; 3 ; 0 amb
amb amb
tifiés, palettes
Panneaux de
ind + ind + ind +
B particules, stra- 423 5 458 0 ; 0 ; 2 amb
amb amb amb
tifiés, palettes
Panneaux de
ind +
particules, stra- 1 2 2 ; 2 ; 0
ind + amb
C tifiés, palettes 445 284* amb
amb
Traverses ind +
3 0 ; 0 ; 2
créosotées amb
Poteaux CCA
ind + ind + ind +
D1 Traverses 472 6 280* 2 ; 2 ; 1 amb amb
amb amb amb
créosotées
Poteaux CCA
ind + ind + ind +
D2 Traverses 404 4 2 486 3 ; 3 ; 1 amb amb
amb amb amb
créosotées
Traverses ind + ind +
E 492 3 2 1 405 0 ; 0 ; 8 amb
créosotées amb amb
Sciures propres 3
ind + ind + ind +
F Sciures 486 416 3 ; 4 ; 2 amb
3 amb amb amb amb
imprégnées
ind + ind + ind +
G Sciures propres 466 5 1 356 4 ; 5 ; 0
amb amb amb
ind + ind + ind +
H Sciures propres 462 6 422 5 ; 4 ; 0
amb amb amb
* durée moyenne des prélèvements (prélèvement sur personnel en poste matin, après-midi et journée)

valorisation énergétique in situ. Les plosion dû aux poussières, les broyats (cas de B, D2) dans le cas d’utilisation
traverses de chemin de fer sont broyées de bois sont stockés sous hall large- de broyeurs mobiles.
en extérieur, le broyat mélangé en pro- ment ouvert ce qui facilite également
portions identiques avec celui issu des l’évolution des chargeurs. Le broyage Bois de réseaux en fin de vie/
panneaux de particules alimente la en lui-même s’effectue soit en lieu cou- thermolyse
chaudière de l’usine avec un pouvoir vert soit en extérieur. Les broyeurs pri-
calorifique accru en raison de la nature maires sont alimentés en bois par des L’entreprise E retraite sous forme
du combustible. pelles hydrauliques munies de grappin matière les traverses de chemin de
La plate-forme D traite un volume ou par des chargeurs sur pneu. Ces fer usagées par procédé de thermo-
très important de traverses de chemin derniers alimentent les broyeurs secon- lyse. Les traverses sont introduites
de fer. Ces bois créosotés sont broyés daires, effectuent tout mélange néces- dans des fours à l’aide d’une grue à
pour en faire un CSS valorisé par co- saire et chargent les semi-remorques grappin. Après la thermolyse qui dure
incinération en cimenterie. Cet établis- pour expédition. 18 heures et un refroidissement com-
sement broie également les poteaux Sur les plates-formes effectuant du plet, les fours sont retournés déversant
traités CCA de France Telecom. En broyage, les sources d’émission parti- le charbon de bois dans une trémie
raison de la spécificité du site, deux culaire sont multiples mais principale- qui alimente via des bandes trans-
campagnes de mesures ont été effec- ment dues de façon continue au broyage porteuses les ensacheuses. Le produit
tuées sur cette plate-forme (notées D1 lui-même et de façon discontinue aux fini est stocké dans un hall fermé.
et D2 dans la suite de l’article). reprises de produit par chargeur pour Le procédé utilisé ne nécessitant pas
Généralement sur l’ensemble des affinage ou chargement d’un camion. de broyage, les poussières de bois ne
sites effectuant du broyage, les déchets Certaines plates-formes sont munies constituent pas l’exposition principale
de bois avant traitement sont stockés à de dispositifs d’aspiration au niveau pour les salariés, en revanche chaque
l’extérieur sauf les sciures qui le sont des broyeurs fixes, d’autres pratiquent opération sur le charbon de bois génère
sous hall. Pour limiter le risque d’ex- par intermittence l’abattage à l’humide des empoussièrements conséquents

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TABLEAU V mélangés à de la sciure par une pelle à


grappin subissent un pré-criblage, un
Valeurs limites d’exposition des composés dosés déferraillage magnétique, un broyage,
France USA (ACGIH) VLEP CE un ou des criblages pour séparer les
Polluants VME VLCT TLV-TWA TLV-STEL 8 heures Courte durée différentes fractions de CSS du refus.
mg/ mg/ mg/ mg/ mg/ Toutes les opérations de fabrication
ppm mg/m3 ppm ppm ppm ppm ppm
m3 m3 m3 m3 m3 ainsi que le stockage et le chargement
MPT - 10, 5a - - - - - - - - - - de camion sont des sources potentielles
Poussières 1,
de pollution tant en poussières (de bois)
- 1 - - - - - - - - - qu’en COV.
de bois 0,5**
Aluminium
(métal)
- 10 - - - 1 - - - - - -- Sources de pollution sur les plates-
formes
Arsenic - 0,2 - - - 0,01 - - - - - -
Chrome Hormis les sources émissives de
- 0,5 - - - 0,5 - - - - - -
(métal)
particules déjà citées et spécifiques à
0,05 b
Chrome VI - 0,001 - 0,005 -
0,01 c
- - - - - - chaque procédé, des opérations clas-
siques, comme le nettoyage à l’air com-
Cadmium
(métal)
- 0,05 - - - 0,01 - - - - - - primé des engins (notamment les filtres
à air de moteur), le décolmatage et le
Fer - - - - - - - - - - -
balayage des sols, sont susceptibles de
Cuivre produire des empoussièrements plus ou
- 1 - - - 1 - - - - - -
(poussières)
moins intenses de courte durée. A noter
Nickel également, que la circulation des engins
- 1 - - - 1,5 - - - - - -
(métal)
sur sol sec entraîne, en fonction de
Plomb l’empoussièrement du sol et de l’hygro-
- 0,1 - - - 0,05 - - - - - -
(métal)
métrie, une remise en suspension d’une
Zinc (métal) - - - - - - - - - - - - partie des poussières (de bois).
formaldéhyde 0,5 - 1 - - - 0,3 - - - - - Les entreprises emploient rarement
150 ng/ plus de quatre opérateurs par poste
BaP* - - - - - - - - - - -
m3 de travail au niveau du traitement du
Hexane 20 72 - - 50 - - - - - - - déchet de bois. L’équipe-type sur un site
est constituée d’un conducteur de pelle,
Methyléthyl-
200 600 300 900 200 - 300 - - - - - d’un ou deux conducteurs de chargeuse
cétone
et d’un opérateur polyvalent qui peut
Acétate
400 1 400 - - 400 - - - - - - être le chef d’équipe. La conduite des
d’éthyle
engins (pelle à grappin, chargeuse sur
Benzène 1 3,25 - - 0,5 - 2,5 - - - - -
pneus…) représente environ 80 % du
Acétate de n temps de travail des opérateurs. Les
200 840 - - 200 - 250 - - - - -
propyle
cabines des engins sont en principe
Méthylisobu- équipées de système de filtration au
20 83 50 208 50 - 75 - - - - -
tylcétone
moins pour les poussières. Par ailleurs,
Toluène 20 76,8 100 384 20 - - - 50 192 80 306 le travail des salariés est très varié -
Acétate de n
150 710 200 940 150 - - - - - - -
entretiens divers, interventions sur les
butyle installations en cas d’incident - ce qui
Ethylbenzène 20 88,4 100 442 100 - 125 - - - - - rend l’exposition potentielle individuelle
Xylènes 50 221 100 442 100 - 150 - 50 221 100 442 très variable.
Les salariés ont à leur disposition
Cumène 20 100 50 250 50 - -- - - - - -
un appareil de protection respiratoire
Triméthy- (APR) qu’ils portent la plupart du temps
20 100 50 250 25 - - - - - - -
benzènes
de façon discontinue et de façon obliga-
* Il s’agit d’une valeur atmosphérique recommandée par la CNAMTS, ** Western red cedar toire seulement dans une entreprise.
a : fraction alvéolaire ; b composés du chrome VI solubles dans l’eau ; c : composés du chrome VI insolubles dans l’eau

STRATÉGIE DE PRÉLÉVEMENTS
depuis le déchargement dans une tré- destiné aux cimenteries. L’entreprise F ET MESURES
mie jusqu’à l’ensachage. retraite également des sciures impré-
gnées de matières organiques (huiles, Pour chaque entreprise, les mesu-
Sciures imprégnées peintures, solvants…) en provenance rages chimiques ont été réalisés respec-
d’autres sites non utilisables en l’état tivement durant trois jours consécutifs.
Les unités de recyclage F, G et H par les cimentiers, elles sont mélangées Par ailleurs, le faible nombre de salariés
importent des sciures qui sont mélan- avec des sciures propres pour en faire un potentiellement exposés aux substances
gées et incorporées à des broyats de CSS acceptable par la profession. Dans nocives sur les sites a conduit à multi-
déchets organiques pour en faire un CSS ces types d’usine, les déchets en vrac plier les prélèvements en ambiance en

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2013 - 230 / 43


TABLEAU VI

Concentrations et expositions aux MPT


Prél en ambiance MPT, poussières de bois : Prél individuels MPT, poussières de bois :
Entreprises Type de déchets C en mg/m3 C en mg/m3
n n ≥ VLEP moy médiane max écart type n n ≥ VLEP moy médiane max écart type

Panneaux, stratifiés,
A 17 0 0,28 0,23 1,00 0,20 16 0 0,49 0,425 1,10 0,31
palettes

Panneaux, stratifiés,
B 12 3 1,06 0,89 2,74 0,81 6 1 1,05 0,66 3,39 1,18
palettes

Panneaux, stratifiés,
C palettes + traverses 14 10 2,8 2,61 6,60 2,00 22 13 8,36 2,95 54,00 13,34
créosotées

Poteaux CCA +
D1 traverses créoso- 17 10 8,15 2,30 68,00 16,24 15 8 4,65 2,70 14,40 4,93
tées

Poteaux CCA +
D2 traverses créoso- 35 21 3,30 2,16 10,91 3,22 20 7 2,44 1,50 12,11 1,67
tées

Traverses
E 17 0* 1,40 1,10 5,50 1,31 24 7* 12,24 8,10 110,00 21,61
créosotées

Sciures « propres »
F 18 4 1,05 0,57 4,29 1,08 24 3 1,29 1,23 4,46 0,93
et imprégnées

G Sciures « propres » 15 9 2,87 2,16 6,48 1,83 29 12 1,69 1,22 6,50 1,53

H Sciures « propres » 21 0 0,25 0,23 0,42 0,08 32 0 0,44 0,42 0,72 0,17
* VLEP = 10 mg/m3

TABLEAU VII

Exposition des opérateurs par fonction aux poussières de bois


Prél individuels MPT, poussières de bois : C en mg/m3
Entreprises Type de déchets Fonction/poste de travail
n n ≥ VLEP moy médiane max écart type

Cond chargeur 7 0 0,68 0,86 1,10 0,37


A Panneaux de particules, stratifiés, palettes
Autres opérateurs 9 0 0,35 0,38 0,55 0,15
Cond chargeur 3 0 0,35 0,33 0,46 0,10
B Panneaux de particules, stratifiés, palettes
Cond pelle 3 1 1,75 1,01 3,39 1,42
Cond chargeur 8 4 5,67 1,92 27,00 8,96
Panneaux, stratifiés, palettes + traverses
C Cond pelle 2 2 4,30 4,30 5,10 1,13
créosotées
Autres opérateurs 12 7 10,84 3,25 54,00 16,54
Cond chargeur 6 4 3,28 3,00 6,60 2,22
D1 Poteaux CCA, traverses créosotées Cond pelle 6 1 2,14 0,55 10,00 3,85
Autres opérateurs 3 3 12,43 12,90 14,40 2,24
Cond chargeur 5 3 5,31 3,89 12,11 4,73
D2 Poteaux CCA, traverses créosotées Cond pelle 6 1 1,43 1,48 2,25 0,49
Autres opérateurs 9 4 1,52 1,53 2,18 0,46
Opérateurs charbon 12 6* 19,38 10,55 110,00 29,25
E Traverses créosotées
Autres opérateurs 12 1* 5,10 4,05 10,00 3,12
Cond chargeur 6 2 1,62 1,49 3,27 0,93
F Sciures propres, imprégnées Cond pelle 6 0 0,85 0,82 1,40 0,43
Autres opérateurs 12 1 1,34 1,23 4,46 0,96
Cond chargeur 7 5 2,28 1,87 6,50 2,00
G Sciures propres Cond pelle 6 6 3,40 3,15 4,92 0,94
Autres opérateurs 16 1 0,78 0,64 2,03 0,51
Cond chargeur 14 0 0,45 0,42 0,72 0,16
H Sciures propres Cond pelle 7 0 0,54 0,55 0,71 0,14
Autres opérateurs 11 0 0,36 0,27 0,71 0,17
* VLEP = 10 mg/m3

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2013 - 230 / 44


HST PR 50 - 230

raison des polluants multiples recher- utilisant cette technique. Par conséquent, le D lors des deux campagnes D1 et D2
chés. Le nombre de prélèvements indi- mesurage par dispositif ACCU-CAP s’avère pour éviter la surcharge des opérateurs
viduels était également limité par le fait défavorable pour une comparaison à la déjà équipés de deux autres dispositifs
que les salariés portent au maximum VLEP des poussières de bois mais ref lète de prélèvement. Dans ce cas, les pré-
deux dispositifs de prélèvement. mieux les concentrations réelles correspon- lèvements ambiants ont été également
Les prélèvements d’air à poste fixe à dant à la fraction inhalable. réalisés par badge pour harmoniser
une hauteur de 1,70 m regroupant l’en- l’ensemble des mesurages. Ce badge,
semble des dispositifs de prélèvements Quelle que soit la technique de pré- développé par l’INRS et commercialisé
chimiques ont été réalisés à proximité de lèvement, la détermination de la concen- par la société ARELCO – France, est un
sources potentielles de pollution telle que tration en poussières de bois se fait par échantillonneur passif de vapeurs et de
le broyage, le stockage, le criblage. Les six gravimétrie, technique qui ne permet polluants organiques présents dans les
points par entreprise ont été choisis en pas de différencier les particules de bois atmosphères de travail. Le principe de
concertation avec les responsables de site des autres particules éventuellement pré- prélèvement est basé sur la diffusion
en raison du danger permanent lié à la sentes. des vapeurs de solvants au travers d’une
circulation des engins. Ce sont des lieux couche adsorbante de charbon actif. La
susceptibles de passage du personnel. Les éléments traces métalliques (ETM) surface de diffusion circulaire est de
Sur l’ensemble des plates-formes, 7 cm2. La connaissance de la quantité de
les prélèvements d’ambiance en inté- L’analyse et le dosage des traces de solvant piégée, de la vitesse d’échantil-
rieur (milieu clos) représentent 28 % des métaux ont été réalisés par spectromètrie lonnage et de la durée d’exposition de ce
mesurages, le reste étant partagé entre ICP après solubilisation de la membrane badge permet de calculer l’exposition du
des endroits abrités mais souvent large- de la capsule ACCU-CAP dans l’acide salarié. Très léger, ce dispositif se fixe à
ment ouverts sur l’extérieur type hall ou perchlorique. proximité des voies respiratoires.
totalement en extérieur notamment pour
les opérations de broyage. Le Tableau IV Le chrome VI et l’arsenic III Le formaldéhyde
résume la stratégie de prélèvement adop-
tée en fonction de chaque plate-forme. La méthode de prélèvement et de Le formaldéhyde a été prélevé à un
dosage des ETM ne permet pas la spécia- débit de prélèvement compris entre 0,2
tion des différentes formes de ces métaux et 1 l/min sur cartouche spécifique conte-
PRÉLÉVEMENTS CHIMIQUES et notamment des composés du chrome nant du gel de silice imprégné à 1 %
(hexavalent ou chrome VI) et de l’arsenic de 2,4-dinitrophénylhydrazine (DNPH)
Les méthodes de prélèvements et de (trivalent). pour former l’hydrazone correspondante.
dosages mises en œuvre sont regroupées Par conséquent, les composés du Après désorption par de l’acétonitrile, le
dans le recueil de méthodes MetroPol de chrome VI ont été prélevés sur une dérivé est analysé par chromatographie
l’INRS [17]. Les valeurs limites d’exposi- cassette porte-filtre de diamètre 37 mm liquide haute performance (HPLC) avec
tion des principaux composés CMR ainsi contenant un filtre en fibre de quartz détection UV. Les prélèvements et les
que des autres substances [18, 19] ayant traité à haute température à un débit analyses des filtres sont faits selon le pro-
été prélevés et dosés sont indiquées dans d’environ 2 l/min. Les échantillons ont tocole décrit dans la fiche MétroPol 001.
le Tableau V. été traités selon le protocole décrit dans
la fiche MétroPol 084. Les hydrocarbures polycycliques aro-
Les poussières de bois et/ou les Les composés de l’arsenic total, y matiques (HAP)
matières particulaires totales (MPT) compris sous la forme trivalente, ont été
prélevés sur cassette porte-filtre conte- Les HAP particulaires ont été préle-
Les poussières totales ont été préle- nant un filtre de quartz imprégné de vés sur cassette porte-filtre de diamètre
vées sur capsule ACCU-CAP avec mem- carbonate de sodium pour retenir les 37 mm fermée contenant un filtre en
brane en PVC (diamètre 37 mm) montée composés particulaires volatils de l’arse- fibre de verre ou quartz à un débit de
sur cassette fermée à un débit de prélè- nic à un débit d’environ 1 l/min. L’analyse 2 l/min. Après désorption du filtre par
vement de 2 l/min (+ 5 %) sélectionnant des filtres est faite selon protocole décrit le dichlorométhane et rinçage des parois
la fraction inhalable de l’aérosol durant 7 dans la fiche MétroPol 023. de la cassette par du méthanol, le dosage
à 8 heures. La concentration pondérale du BaP (benzo(a)pyrène) a été réalisé par
en MPT est mesurée par gravimétrie à Les composés organiques volatils HPLC couplée à une détection fluorimé-
hygrométrie compensée. (COV) trique.

Remarque : Les COV ont été prélevés sur tube de


Les concentrations mesurées par le dispositif charbon actif SKC 226-06 à un débit de
ACCU-CAP sont en moyenne plus élevées
d’environ 70 % que celles mesurées par un
200 ml/min (+ 5%) pendant 7 à 8 heures,
ce qui correspond à un volume maximal
RÉSULTATS
dispositif cassette/filtre PVC [20]. En effet, possible avec le matériel utilisé. Après
le prélèvement sur filtre PVC sous-estime la désorption par du sulfure de carbone,
fraction inhalable notamment en présence l’analyse qualitative et quantitative a été LES POUSSIÈRES DE BOIS
de particules > 20 µm puisqu’il ne prend pas effectuée par couplage chromatogra- ET MPT
en compte le dépôt sur les parois de la cas- phie en phase gazeuse/spectrométrie de
sette (on ne pèse que le filtre). Cependant, masse (GC-MS). Environ 350 prélèvements ont été
la comparaison à la valeur limite des pous- Le badge GABIE a également été réalisés sur les plates-formes. Les résul-
sières de bois a été initialement établie en utilisé notamment dans l’entreprise tats sont présentés dans le Tableau VI.

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2013 - 230 / 45


FIGURE 1
Distribution des concentrations atmosphériques ambiantes en poussières (de bois)
100 10
VLEP
Concentrations atmosphériques (mg/m3)

10

1,7

1 1

0,1

0,01 0,1
A B C D1 D2 F G H E

FIGURE 2 FIGURE 3
Distribution des expositions (sauf E) Distribution log normale des expositions aux poussières de bois

conducteur de chargeur
Exposition aux poussières de bois

100 0,0014
41
N = 54 (41 ‹ 2 mg/m3, 13 › 2 mg/m3)
0,0012
Mg = 1,1 mg/m3 Sg = 3,0
0,001 P(X › 1,7 mg/m3) = 35 %
10
(mg/m3)

0,0008

0,0006
1
0,0004
8
0,0002
1 2 2
0,1 0
cond. cond. autres 0 2 4 6 8 10
chargeur pelle Concentration (mg/m3)

Dans cette étude, l’hypothèse a été faite L’empoussièrement est généré par l’en- pond à des chargements de sciures dans
que les poussières prélevées étaient semble des opérations s’effectuant en des camions via un chargeur avec vent
essentiellement constituées de bois, ce extérieur allant du broyage au transfert défavorable alors que les concentrations
qui est le cas pour les entreprises A, de matière et au chargement de silo mesurées à ce point étaient d’environ
B, C et D mais l’est sans doute moins ou de camion. De surcroît, le dépla- 10 mg/m3 les deux autres jours pour
pour les entreprises F, G et H qui cement des chargeurs sur sol, sec et une activité sensiblement équivalente.
fabriquent des CSS à partir de sciures. empoussiéré occasionne la remise en Ces écarts de concentration montrent
Les prélèvements ayant été réalisés sur suspension dans l’air d’une partie des la variabilité temporelle des concen-
capsule ACCU-CAP, un facteur correctif particules. Sur les sites C et D2, l’abat- trations en extérieur due aux condi-
de 1,7 a été attribué à cette VLEP (soit tage à l’humide, pratiqué de façon épi- tions climatiques (direction et vitesse
1,7 mg/m3) pour comparer directement sodique au niveau du broyage, n’a pas des vents). A l’instar des concentrations
les concentrations obtenues à la VLEP permis d’apprécier la réduction du taux mesurées en ambiance, l’exposition des
des poussières de bois (voir remarque d’empoussièrement. opérateurs est également très variable
ci-dessus). A l’exception de la plate-forme A selon le travail effectué. Ainsi, l’exposi-
peu empoussiérée en raison des faibles tion maximale d’un des opérateurs sur
Broyage (entreprises A, B, C, D1 et D2) quantités broyées (10 fois moins que le site C est de 54 mg/m3 en raison du
sur le site C) et d’installations relative- nettoyage du broyeur en fin de poste
Dans les entreprises effectuant ment étanches dès la sortie du broyeur alors que l’exposition moyenne pour
du broyage, le niveau d’empoussière- jusqu’au silo de stockage, les concen- cette fonction dans l’entreprise est de
ment est globalement élevé puisque trations mesurées sur les plates-formes 11 mg/m3. De même, les résultats obte-
47 % des mesures en ambiance et 38 % de broyages peuvent être très élevées nus sur le site D au cours de la seconde
des mesures individuelles sont supé- mais aussi très variables. Par exemple, campagne de mesure D2 montre que le
rieures à la VLEP des poussières de la valeur maximale de 68 mg/m3 rele- taux d’empoussièrement et l’exposition
bois (cf. Tableaux VI, VII et Figure 1). vée en extérieur sur le site D1 corres- des opérateurs (C moy = 2,48 mg/m3)

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2013 - 230 / 46


HST PR 50 - 230

FIGURE 4 FIGURE 5
Probabilité de dépassement de la VLEP Probabilité de dépassement de la VLEP des poussières de bois pour les conducteurs
des poussières de bois (sauf E) de chargeur

40 % Conducteurs de chargeur
35 % 76 %
69 %
30 %
64 %
25 %
20 % 50 %

15 %
38 %
10 %
5%
0%
cond. cond. autres
chargeur pelle 6%

5% 0% 0%

A B C D1 D2 F G H

sont deux fois plus faibles que lors de la


première campagne D1 (C moy = 4,65
mg/m3) alors que l’activité de l’entre-
prise était plus intense au cours de la
seconde campagne de mesure.

Thermolyse (entreprise E) FIGURE 6


Probabilité de dépassement de la VLEP des poussières de bois pour les conducteurs
Dans cette entreprise valorisant des de pelle
traverses créosotées, les MPT sont consti-
tuées de poussières de charbon de bois. Conducteurs de pelle à grappin
Si le taux d’empoussièrement mesuré
en ambiance est inférieur à la VLEP des 100 % 99 %
MPT (sans effets spécifiques), avec une
concentration moyenne de 1,4 mg/m3 et
maximale de 5,5 mg/m3, les opérateurs
affectés à l’ensachage du produit sont
en revanche particulièrement exposés 41 %
aux poussières de charbon de bois avec 30 %
26 %
50 % des concentrations supérieures à
10 mg/m3 et une valeur maximale à 8%
0%
110 mg/m3. L’exposition des autres opé- 5%
rateurs est significative sans toutefois A B C D1 D2 F G H
dépasser la VLEP.

Sciures imprégnées (entreprises F, G


et H)

Sur ces installations, produisant des


CSS à partir de déchets industriels sol-
vantés et de sciures (imprégnées), l’em- FIGURE 7
poussièrement est deux fois moindre Probabilité de dépassement de la VLEP des poussières de bois pour les autres
que sur les sites effectuant du broyage opérateurs
avec 24 % des mesures en ambiance et Autres opérateurs
18 % des mesures individuelles supé-
rieures à la VLEP des poussières de bois. 100 %
Sur le site G, l’empoussièrement impor-
tant est dû au déversement de sciures
67 %
dans les fosses de déchets, au mélange
avec une pelle à grappin, le tout s’effec-
38 %
tuant en intérieur. Dans l’usine F, qui
24 %
produit du CSS, les concentrations plus
faibles résultent en partie d’une faible 0%
7%
0%
5%
activité, due à des problèmes techniques
sur la ligne de traitement, alors que A B C D1 D2 F G H

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2013 - 230 / 47


TABLEAU VIII LES ETM
Concentrations en chrome VI et arsenic L’analyse et le dosage des métaux
Prél en ambiance  : C en μg/m3 ont été réalisés essentiellement dans
Entreprises Type de déchets
n n ≥ VLEP moy médiane max écart type les entreprises F, G et H qui fabriquent
des CSS. Les métaux (principalement
Cr VI 18 9 2,8 1,0 10,2 3,3
Poteaux CCA + fer, aluminium et zinc) présents en
D1
traverses créosotées As 17 0 5,5 4,1 23,5 5,6 (très) faibles concentrations sont proba-
Cr VI 36 5 0,7 0,3 7,5 1,3 blement issus des produits imprégnant
Poteaux CCA +
D2
traverses créosotées les sciures mais ils peuvent également
As 36 0 1,7 1,4 5,5 1,5
provenir du broyage des déchets. Les
concentrations maximales sont de 256
et 66 µg/m3 pour le fer et l’aluminium
pour une concentration (maximale dans
l’empoussièrement relativement faible fonction de conducteur de chargeur et la l’entreprise G) de 6,5 mg/m3 en pous-
du site H par rapport à G est probable- probabilité (norme EN 689, annexe D) sières de bois.
ment dû à la configuration des lieux de dépasser la VLEP est indiquée sur la
(fermé pour G et semi ouvert pour Figure 3. Il ressort de cette analyse que,
H) mais aussi peut-être au fait que le pour toutes entreprises confondues, les LE CHROME VI ET L’ARSENIC III
ratio sciures/déchets était environ deux probabilités de dépasser la VLEP sont
fois plus faible sur le site H que dans très voisines, de 33 à 35 % quelle que Ces prélèvements spécifiques n’ont
l’usine G. soit la fonction occupée (cf. Figure 4). été réalisés qu’en ambiance lors de deux
Cependant, une analyse plus détaillée campagnes de mesures D1 et D2 sur la
Analyse statistique des expositions par entreprise, illustrée par les Figures plate-forme D en raison de sa spécifici-
individuelles aux poussières de bois 5, 6, 7, montre une grande disparité té à valoriser des bois traités CCA. Tous
sur la probabilité de dépassement de les résultats (cf. Tableau VIII) concer-
Trois fonctions de travail ont été la VLEP quel que soit, là aussi, le poste nant ces deux polluants majeurs du
définies pour les entreprises, sauf E, à occupé dans l’entreprise. Cette analyse traitement CCA des bois montrent que
savoir les conducteurs de chargeurs, les indique clairement, qu’à l’exception de les concentrations mesurées en arsenic
conducteurs de pelle et les autres opé- l’entreprise H, les opérateurs sont pro- sur les poussières sont inférieures à la
rateurs. La Figure 2 montre la distribu- bablement exposés à une concentration VLEP. Par contre, pour la campagne
tion de l’exposition des trois catégories au-delà des seuils tolérables. En effet, D1, 50 % des concentrations en chrome
d’opérateurs aux poussières de bois. Les selon la norme EN-689, le seuil de 5 % VI sont supérieures à la VLEP actuelle
probabilités de dépassement de la VLEP de la VLEP ne doit pas être dépassé. de 1 µg/m3, la valeur moyenne étant
ont été calculées pour chacune des fonc- Remarque : de 2,8 µg/m3 . Il convient cependant de
tions suivant l’hypothèse de loi log nor- Les barres en clair sur les Figures 5 et 6 réa- préciser que cette valeur correspondait
male. A titre d’exemple, la distribution lisées avec moins de 6 valeurs (minimum) à une concentration de 11 mg/m3 en
des concentrations individuelles pour la sont présentes à titre indicatif. poussières de bois. Lors de la cam-

TABLEAU IX

Concentrations en COV
Prél en ambiance COV : I.pol Prél individuels COV : I.exp
Entreprises Type de déchets
n n ≥1 moy médiane max écart type n n ≥1 moy médiane max écart type

Panneaux, stratifiés,
A 18 0,01 ‹ C en alpha pinène ‹ 0,12 mg/m3
palettes
Panneaux, stratifiés,
B 16 Concentrations ‹ 0,05 mg/m3
palettes
Panneaux, stratifiés,
C palettes + traverses 18 Concentrations ‹ 0,05 mg/m3
créosotées
Poteaux CCA +
D1 18 I.pol ‹ 0,06 15 I.exp ‹ 0,06
traverses créosotées
Poteaux CCA + Concentrations ‹ 0,1 mg/m3 Concentrations ‹ 0,1 mg/m3
D2 38 21
traverses créosotées (0,1 ‹ C en α pinène ‹ 2,7 mg/m3) (0,1 ‹ C en α pinène ‹ 1,1 mg/m3)
Traverses
E 18 Concentrations ‹ 0,05 mg/m3
créosotées
Sciures « propres » et
F 18 0 0,15 0,10 0,42 0,12 24 0 0,10 0,09 0,28 0,06
imprégnées
G Sciures « propres » 18 4 0,66 0,75 1,26 0,40 29 1 0,26 0,08 1,17 0,31
H Sciures « propres » 12 0 0,34 0,36 0,62 0,17 18 0 0,30 0,23 0,88 0,24

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2013 - 230 / 48


HST PR 50 - 230

pagne D2, la concentration moyenne FIGURE 8 FIGURE 9


en chrome VI est de 0,6 µg/ m3 et 15 % Distribution des expositions aux COV Probabilité de dépassement de la VLEP
des valeurs sont au-delà de la VLEP. des COV
Il convient cependant de préciser que
les concentrations plus faibles mesu- 6%
rées lors de la seconde campagne D2 10 5%
peuvent correspondre à un empous-
sièrement général plus faible sans tou- 4%
tefois qu’il soit possible d’établir une 1

ind.exp
3%
corrélation entre les poussières de bois
et les métaux en raison de broyage de 2%
0,1
traverses créosotées effectué en alter-
nance. 1%

0,01 0%
cond. cond. autres
cond. cond. autres
LES COV chargeur pelle
chargeur pelle

Les COV ont été prélevés et dosés


dans l’ensemble des entreprises. Pour TABLEAU X
les sites A à E, les analyses quantita-
tives ont surtout mis en évidence des Exposition par fonction des opérateurs aux COV
hydrocarbures aromatiques et des ter- Type de Fonction/ Prél individuels COV : I.exp
Entreprises poste de
pènes en très faibles concentrations. déchets travail n n≥1 moy médiane max écart type
Les indices d’exposition ou de pollution
calculés sont pour la plupart d’entre Cond
6 0 0,13 0,13 0,18 0,05
Sciures chargeur
eux inférieurs à 0,05. L’exposition aux
propres,
COV sur les plates-formes assurant du F Cond pelle 6 0 0,10 0,10 0,17 0,03
impré-
broyage de bois est donc négligeable. gnées Autres
12 0 0,09 0,08 0,28 0,07
En revanche, elle est significative sur opérateurs
les sites F, G et H qui fabriquent du Cond
7 1 0,54 0,39 1,17 0,42
CSS. Dans l’entreprise G, les opéra- chargeur
teurs notamment les conducteurs d’en- Sciures
G Cond pelle 6 0 0,50 0,52 0,59 0,09
propres
gins évoluant essentiellement en lieu
Autres
clos sont potentiellement exposés (port 16 0 0,06 0,05 0,09 0,02
opérateurs
de protection respiratoire équipé de
Cond
cartouches filtrantes de type A2BKP3 chargeur
9 0 0,33 0,15 0,88 0,30
y compris dans leur cabine) puisque Sciures
H Cond pelle 4 0 0,38 0,37 0,55 0,15
la moyenne des indices d’exposition propres
est d’environ 0,5 mais que les valeurs Autres
5 0 0,17 0,14 0,33 0,10
opérateurs
maximales sont supérieures à la VLEP
(Iexp max = 1,2). Les résultats sont pré-
sentés dans les Tableaux IX et X.

Analyse statistique des expositions TABLEAU XI


individuelles aux COV
Concentrations et exposition au formaldéhyde
L’analyse statistique a été réalisée Prél amb formaldéhyde : Prél ind formaldéhyde :
avec les mêmes fonctions de travail Type de C en μg/m3 C en μg/m3
Entreprises déchets
dans les entreprises F, G et H présen- n moy médiane max écart n moy médiane max écart
type type
tant un niveau de pollution signifi-
catif aux COV. La Figure 8 montre la Panneaux,
distribution de l’exposition des trois A stratifiés, 17 9,9 10,0 12,7 2,2 19 8,4 8,2 14,7 3,3
palettes
catégories d’opérateurs aux COV. Les
probabilités de dépassement de 1 pour Panneaux,
l’indice d’exposition ont été calculées B stratifiés, 9 1,1 1,3 2,2 0,6
palettes
pour chacune des fonctions suivant
l’hypothèse de loi log normale (cf. Panneaux,
stratifiés,
Figure 9). Les résultats indiquent, pour C palettes + 13 14,3 10,2 29,7 7,5 16 24,5 21,5 61,0 12,2
ces 3 entreprises, que les fonctions de traverses
conducteur de chargeur et de pelle ont créosotées
respectivement une probabilité de 6 et Sciures
4 % de dépasser la VLEP d’un mélange F
"propres"
18 7,7 7,4 11,6 1,7
de solvant ; les autres opérateurs étant et impré-
gnées
plus faiblement exposés.

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2013 - 230 / 49


TABLEAU XII

Concentrations et exposition au BaP


Prél en ambiance BAP : C en ng/m3 Prél individuels BAP : C en ng/m3
Entreprises Type de déchets
n n ≥ VLEP moy médiane max écart type n n ≥ VLEP moy médiane max écart type

Panneaux, stratifiés,
C palettes + traverses 4 0 31 29 48 14 5 0 48 65 75 28
créosotées
Poteaux CCA +
D1 traverses créoso- 18 10 634 168 5 138 1 298 14 5 246 88 1 115 326
tées
Poteaux CCA +
D2 traverses créoso- 35 21 493 183 6 006 1 040 20 9 257 113 1 293 358
tées
Traverses
E 14 1 30 4 216 58 14 0 25 14 104 30
créosotées
Sciures « propres »
F 9 Concentrations ‹ 2 ng/m3
et imprégnées

LE FORMALDÉHYDE (campagne D1), 30 % des concentrations les plates-formes spécifiques traitant des
individuelles et 50 % en ambiance sont bois de réseaux.
Le formaldéhyde a été prélevé et supérieures à la valeur recommandée ; les Le degré d’empoussièrement globa-
dosé dans les entreprises A, B et C valeurs maximales étant respectivement lement élevé est néanmoins très variable
effectuant du broyage de panneaux de de 1 100 et 5 100 ng/m3 et les concentra- selon les plates-formes. Il dépend de
particules. Sur l’ensemble des plates- tions correspondantes en poussières de plusieurs paramètres dont l’activité des
formes concernées, les concentrations bois étant également très élevées (10 et engins mécanisés et le degré de confine-
en formaldéhyde sont en moyenne (très) 68 mg/ m3). Ces résultats sont confirmés ment du lieu de travail. Les reprises de
faibles. Les plus fortes concentrations par les concentrations en BaP lors de la broyats par chargeurs semblent être les
en ambiance et individuelles ont été seconde intervention D2. opérations les plus polluantes en exté-
mesurées à un poste de broyage semi- Les mesures de BaP dans l’usine E rieur sur les plates-formes de broyage.
ouvert sur le site C avec respectivement fabriquant du charbon de bois par ther- Dans les entreprises utilisant des sciures,
30 et 60 µg/m3 soit le dixième de la molyse de bois créosotés montrent que les concentrations en poussières de bois
VLEP. Les résultats sont détaillés dans l’exposition des opérateurs à ce composé dépendent du niveau de confinement et
le Tableau XI. CMR est, dans l’ensemble, inférieure à des systèmes d’aspiration mis en place.
la limite recommandée. Toutefois, l’expo- Globalement, les opérateurs sont exposés
sition des opérateurs affectés aux fours aux poussières de bois avec la probabilité
LES HYDROCARBURES n’est pas négligeable, la valeur maxi- d’une exposition supérieure à la VLEP
POLYCYCLIQUES male étant de 103 ng/m3 alors les concen- d’environ 35 % quelle que soit la fonction
AROMATIQUES (HAP) trations les plus fortes en ambiance se occupée. Cependant, si l’exposition des
trouvent logiquement à proximité des opérateurs est acceptable sur le site H
Les HAP ont été prélevés dans les fours avec une valeur maximale à 216 avec une probabilité nulle de dépasse-
entreprises C, D et E traitant des bois ng/m3. En revanche, l’exposition des opé- ment de la VLEP. A contrario, les concen-
créosotés. Les concentrations sont présen- rateurs à l’ensachage du charbon de bois trations élevées sur les plates-formes trai-
tées dans le Tableau XII. ainsi que les concentrations mesurées tant des bois de réseaux entraînent de fait
En ce qui concerne les entreprises C dans cet environnement sont très faibles : une très forte probabilité de dépassement
et D, les concentrations atmosphériques 3,3 ng/m3. de la VLEP pour tous les postes. Les résul-
en HAP sont très variables et dépendent tats font également apparaître des écarts
du niveau d’empoussièrement, du taux relativement importants des concentra-
de créosote imprégnant les bois (de 6 à tions individuelles ou d’ambiance sur un
18 %), de la teneur en BaP dans la créo-
sote et, probablement, de la granulomé-
DISCUSSION même site. La variabilité de l’exposition
pour une fonction peut s’expliquer par
trie des broyats et des poussières. Ainsi, la durée et le nombre d’opérations ponc-
dans l’entreprise C, les résultats montrent tuelles polluantes réalisées au cours d’un
que toutes les concentrations en BaP sont Cette étude a mis en évidence la pré- poste de travail, le fait de fermer ou non
inférieures à 150 ng/m3, la valeur maxi- sence d’un polluant majeur présent sur la la vitre d’une cabine d’engin et par les
male pour un opérateur étant de 75 ng/ plupart des plates-formes : les poussières conditions atmosphériques alors que les
m3 alors que l’exposition correspondante de bois et deux autres polluants princi- variations de concentrations atmosphé-
en poussières de bois est de 5,5 mg/m3. paux dont les concentrations dépendent riques d’un jour à l’autre en un point
A l’inverse, les concentrations moyennes directement du niveau d’empoussière- donné pour une activité identique ne
en BaP sont très élevées sur le site D ment : les HAP et le chrome VI sur semblent dépendre que des conditions

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2013 - 230 / 50


HST PR 50 - 230

atmosphériques. Le taux d’empoussiè- à un niveau de connaissance variable en mesures de prévention adaptées à mettre
rement peut également varier de façon fonction du type de déchet. Des lacunes en œuvre s’appuieront sur des disposi-
plus générale entre les deux campagnes subsistent notamment sur les quanti- tifs :
de métrologie sur la même plate-forme. tés de bois des déchets d’aménagements 1 limitant la pollution générale
Ainsi, les concentrations mesurées sur le agricoles, de génie civil et des particuliers en atténuant l’émission notamment à la
site D, tant en ambiance qu’individuelles et leur élimination, l’enquête n’ayant pas source au niveau des broyeurs fixes, des
sont environ deux fois plus faibles lors de apporté de réponses pour ces types de zones avec transfert de matière ;
la seconde campagne pour une activité déchets. La typologie de la production, la 1 permettant de réduire la pollu-
pourtant accrue. nature du déchet en quantité dispersée tion particulaire au niveau des engins
Les salariés travaillant sur ces plates- sont autant de paramètres qui rendent mobiles par la mise en place de cabine
formes sont de surcroît exposés à deux difficile le suivi de la filière. Pour les surpressée (> 40Pa) à air épuré, si pos-
autres CMR, le chrome VI et les HAP déchets de chantiers émanant du BTP, la sible climatisée ;
qui imprègnent ces bois. Les concen- filière est mieux connue mais elle reste 1 ayant recours à des systèmes
trations de ces substances qui peuvent néanmoins «  noyée  » dans l’ensemble de filtration dont les performances sont
atteindre des seuils très élevés (respec- des déchets dangereux produits par le adaptées à la pollution particulaire pré-
tivement 10 fois la VLEP et 7  fois la secteur. Les déchets de production de sente (notamment au niveau des cabines
valeur recommandée) dépendent avant l’industrie du bois sont quant à eux étroi- des engins mobiles), et dont la main-
tout des concentrations atmosphériques tement liés à l’industrie de panneaux tenance est assurée. Un filtre H13 sera
en poussières de bois. Les risques induits de particules. Les quantités de déchets recommandé pour les polluants à risque
par les poussières de bois traités ne sont produits en interne ou traités en entre- spécifique tel que les poussières de bois ;
pas connus à l’heure actuelle. Il est pro- prise pour valorisation énergétique ou 1 limitant le niveau de pollution
bable que les poussières de bois traitées matière sont basées sur des estimations. générale en renforçant la ventilation des
présentent autant de risques sinon plus En revanche, la filière des déchets de zones particulièrement polluantes sur la
que les poussières non traitées. Les HAP bois de réseaux est bien connue tant des base de résultats de simulation numé-
se rencontrent également en plus faible producteurs que des traiteurs. Les acquis rique.
concentration à proximité des fours de imparfaits des flux de certains types de
thermolyse du site E qui comporte, par déchets de bois n’impactent pas à ce jour
ailleurs, un secteur très empoussiéré (10 la connaissance des modes de traitement Remerciements
fois la VLEP) exposant particulièrement existants et de leurs risques chimiques Les auteurs remercient : Jérôme
les opérateurs. associés. Grosjean, Nathalie Monta, Juliette
Les mesures de COV réalisées dans La présence d’agent chimiques Kunz-Iffli, Thérèse Nicot de
les usines fabriquant des CSS montrent CMR, notamment les poussières de l’INRS pour leur participation
que les concentrations ne sont pas négli- bois, est avérée. Les concentrations en à l’étude.
geables et que l’exposition des opérateurs poussières sont élevées et très variables
aux vapeurs de solvant est significative et selon les sites, y compris sur la plate-
pourrait être supérieure à la VLEP en cas forme spécifique fabriquant du char-
de conditions défavorables (notamment bon de bois. A l’instar des mesures
en cas de forte chaleur). en ambiance, les opérateurs sont expo-
Bien que des mesurages n’aient pas sés à des concentrations également très
été réalisés dans les cabines d’engins, variables mais néanmoins supérieures
les résultats concernant l’exposition aux à la VLEP dans la plupart des cas.
poussières de bois des conducteurs qui Cependant, l’exposition réelle est réduite
passent en moyenne 70 à 80 % du temps en cas de port d’EPI. Une estimation a
en cabine suscitent des interrogations priori des expositions en fonction de dif-
sur la ou les causes de ces niveaux de férents paramètres (saison, quantité de
concentration. On peut supposer que les produit traités…) est incertaine et seules
systèmes de filtration sont peu efficaces, des campagnes de mesures permettent
que l’étanchéité au niveau de la cabine fait d’évaluer avec précision les niveaux d’ex-
défaut et/ou que les conducteurs ont été position sur un site donné.
exposés hors de leurs cabines. Il convient La présence d’autres CMR (BaP,
donc de s’assurer du bon fonctionnement Cr VI) pouvant imprégner les poussières
des caissons de filtration (poussières et n’appelle pas à des mesures complémen-
COV) pour assurer une meilleure protec- taires de prévention. Leurs concentra-
tion des conducteurs d’engin. tions atmosphériques dépendent avant
tout du taux d’empoussièrement.
Il convient de limiter par tous les
moyens les émissions de matières par-
CONCLUSION ticulaires en optimisant, par exemple,
la reprise des broyats par chargeurs,
en pratiquant un abattage humide des
poussières au niveau du broyage (bien
L’étude présentée dans cet article a que l’étude n’ait pu en démontrer les
tout d’abord permis de caractériser les effets bénéfiques) et en maintenant les
gisements de déchets de bois dangereux sols propres par temps sec. D’autres

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2013 - 230 / 51


POINTS À RETENIR

1 Le niveau d’empoussièrement sont également très élevées (C max = 1 Les concentrations en formal-
sur les plates-formes, globalement 6 000  ng/m3) mais dépendent essen- déhyde lors du broyage de panneaux de
élevé, est néanmoins très variable d’une tiellement des concentrations en pous- particules sont faibles.
entreprise à l’autre mais aussi sur un sières de bois. 1 Les cabines des engins mobiles
même site et dépend de nombreux 1 Les concentrations en chrome sont empoussiérées.
paramètres (configuration des lieux, VI lors du broyage de poteaux traités
niveaux d’activité, conditions météoro- CCA peuvent dépasser la VLEP (C max
logiques…). = 10 µg/m3) mais dépendent égale-
1 Les concentrations en HAP ment des concentrations en poussières
lors du broyage des bois créosotés de bois.

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