MP 2019 2020 dm03 pt07 Correction

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Lycée Fénelon Sainte-Marie Classe de MP

Année 2019-2020 Mathématiques

Devoir maison n◦ 03 – éléments de correction

Partie A
1. On trouve sans détour :

T2 (X) = 2XT1 − T0 = 2X 2 − 1 ,

T3 (X) = 2X(2X 2 − 1) − X = 4X 3 − 3X ,

T4 (X) = 2X(4X 3 − 3X) − (2X 2 − 1) = 8X 4 − 8X 2 + 1 .

2. Effectuons une récurrence forte. On fait l’hypothèse de récurrence suivante, pour n ≥ 1 :


(Hn ) : le polynôme Tn est de degré n et le coefficient de X n est 2n−1 .
1
Pour n = 0, le polynôme T0 est bien de degré 0 mais son coefficient dominant ne vaut pas .
2
Par définition de T1 et d’après la question précédente, les hypothèses (H1 ), (H2 ), (H3 ) et (H4 ) sont bien vérifiées.
Supposons (Hk ) vérifiée pour tout 1 ≤ k ≤ n avec n ≥ 2, et montrons que (Hn+1 ) est bien vraie. En effet
Tn+1 = 2XTn − Tn−1 avec deg(2XTn ) = 1 + deg(Tn ) = n + 1 et deg(Tn−1 = n − 1, d’où Tn+1 est bien de degré
n + 1 et de coefficient dominant 2n .
Conclusion : pour tout n ≥ 1, Tn est de degré n et de coefficient dominant 2n−1 .
3. Déterminons la parité de Tn par récurrence forte. On fait l’hypothèse de récurrence suivante :
(Hn ) : Tn a la parité de n.
Comme précédemment (H0 ), (H1 ), (H2 ), (H3 ) et (H4 ) sont bien vérifiées.
Supposons (Hk ) vérifiée pour 0 ≤ k ≤ n et n ≥ 1. Remarquons que 2XTn et Tn−1 ont la parité de n + 1 (car
n − 1 et n + 1 sont de même parité), donc Tn+1 est de la parité de n + 1.
Ainsi comme attendu Tn a la parité de n .
4. Calcul de Tn (1), Tn (−1) et Tn (0).
(a) Effectuons une récurrence forte sur n. Tout d’abord T0 (1) = T1 (1) = T2 (1) = T3 (1). Supposons que
Tk (0) = 1 pour tout k ≤ n. Alors Tn+1 (1) = 2 · 1 · Tn (1) − Tn−1 (1) = 1.
(b) Compte-tenu de la parité de Tn , on en déduit que

T2p (−1) = T2p (1) = 1 et T2p+1 (−1) = −T2p+1 (1) = −1,

d’où Tn (−1) = (−1)n .


(c) Encore compte-tenu de la parité de T2p+1 , il vient T2p+1 (0) = 0. Par ailleurs T0 (0) = 1, T2 (0) = −1 et
T4 (0) = 1, donc on conjecture que T2p (0) = (−1)p . À nouveau par récurrence forte, déjà initialisée pour p
valant 0, 1 et 2, supposons que l’on a prouvé que T2k (0) = (−1)k pour tout k ≤ p. Alors

T2p+2 (0) = 2 · 0 · T2p+1 (0) − T2p (0) = −(−1)p = (−1)p+1 .

Finalement Tn (1) = 1, Tn (−1) = (−1)n , T2n (0) = (−1)n et T2n+1 (0) = 0 pour tout n .
5. Relation Tn (cos θ) = cos(nθ) pour tout θ ∈ R.
• Pour l’existence et unicité d’un polynôme Pn tel que Pn (cos θ) = cos(nθ), il suffit d’utiliser la formule de
Moivre puis celle du binôme de Newton :
n  
X n
cos(nθ) + i sin(nθ) = einθ = (cos θ + i sin θ)n = (i sin θ)k (cos θ)n−k
k
k=0

1
et d’identifier les parties réelles et imaginaires des deux membres :
k≤2n
X   k≤2n
X n
n k 2k n−2k
cos(nθ) = (−1) (sin θ) (cos θ) = (−1)k (1 − cos2 θ)k (cos θ)n−2k = Pn (θ)
2k 2k
k=0 k=0

avec
k≤2n
X  
n
Pn (X) = (−1)k (1 − X 2 )k X n−2k .
2k
k=0

• Montrons que Tn = Pn . Il suffit pour cela de prouver que la suite (Pn )n vérifie les mêmes propriétés que la
suite (Tn )n . En effet P0 (X) = 1, P1 (X) = X et la relation bien connue
   
cos (n + 1)θ + cos (n − 1)θ = 2 cos θ cos(nθ)

peut s’écrire    
cos (n + 1)θ = 2 cos θ cos(nθ) − cos (n − 1)θ
soit
Pn+1 (cos θ) = 2 cos θPn (cos θ) − Pn−1 (cos θ).
Or l’ensemble des cos θ pour θ ∈ R est infini, ce qui implique l’égalité entre polynômes :

Pn+1 (X) = 2XPn (X) − Pn−1 (X).

Finalement Tn est le seul polynôme vérifiant : ∀θ ∈ R, Tn (cos θ) = cos(nθ) .


6. On suppose dans cette question que n 6= 0.
π
(a) Les valeurs de θ telles que Tn (cos θ) = 0 sont les θ tels que cos(nθ) = 0, soit nθ = + kπ, c’est-à-dire
2
(2k + 1)π
θk = ,k∈Z.
2n
(b) Prouvons que le polynôme Tn possède n racines réelles distinctes dans [−1, 1].
 
(2k + 1)π
Les n nombres xk = cos , pour k ∈ [[0, n − 1]] , sont distincts dans [−1, 1] car cos : [0, π] → R
2n
est injective. Ils vérifient par construction Tn (xk ) = 0 pour tout k ∈ [[0, n − 1]].
Enfin, étant donné que Tn est de degré n, les réels xk sont les n racines de Tn .
7. Pour les racines de Tn0 , on part de la relation Tn (cos θ) = cos(nθ), pour θ ∈ R. Dérivons par rapport à θ :

− sin θTn0 (cos θ) = −n sin(nθ). Le membre de droite s’annule en les pour k ∈ [[0, n − 1]]. Il faut éliminer de
n
ces nombres celui qui annule aussi le sinus dans le membre de gauche. Ainsi
 
0 kπ
les xk = cos pour k ∈ [[1, n − 1]] sont des racines de Tn0 .
n

De plus comme auparavant ces x0k sont distincts dans [−1, 1] par injectivité du cosinus entre [0, π] et [−1, 1].
Enfin puisque Tn0 est de degré n − 1, les x0k pour k ∈ [[1, n − 1]] sont les n − 1 racines de Tn0 .

Partie B
1. Un certain nombre de propriétés :
• Si L(P ) = 0, alors P (t) = 0 pour tout t ∈ [−1, 1]. Le polynôme P admet une infinité de racines, donc il est
nul. La réciproque étant immédiate, il vient comme annoncé L(P ) = 0 si et seulement si P = 0 .
• Si N (P ) = 0, alors pour tout k, ak = 0 ; par conséquent P est nul. La réciproque étant immédiate, on en
déduit que N (P ) = 0 si et seulement si P = 0 .

2
• Il vient sans détour L(λP ) = sup |λP (t)| = sup |λ| · |P (t)| = |λ| sup |P (t)| = |λ|L(P ). De même
t∈[−1,1] t∈[−1,1] t∈[−1,1]
n
X n
X
N (λP ) = |λak | = |λ| |ak | = |λ|N (P ). Ainsi L(λP ) = |λ|L(P ) et N (λP ) = |λ|N (P ) .
k=0 k=0
• Pour t ∈ [−1, 1] il vient

|(P + Q)(t)| = |P (t) + Q(t)| ≤ |P (t)| + |Q(t)| ≤ L(P ) + L(Q),

d’où sup |(P + Q)(t)| ≤ L(P ) + L(Q). Par suite L(P + Q) ≤ L(P ) + L(Q) .
t∈[−1,1]
n
X n
X
Notons P = ak X k et Q = bk X k , où n = max(deg(P ), deg(Q)). Pour tout k ∈ [[0, n]], il vient :
k=0 k=0

|ak + bk | ≤ |ak | + |bk | = N (P ) + N (Q)

puis en prenant la borne supérieure N (P + Q) ≤ N (P ) + N (Q) .

On en déduit que L et N sont deux normes sur R[X] .


2. Soit γn = n + 1. Pour tout t ∈ [−1, 1], il vient :
n n n
X X X
k
|P (t)| = ak t ≤ |ak | · |t|k ≤ N (P ) · 1 = (n + 1)N (P )


k=0 k=0 k=0

d’où en prenant la borne supérieure : L(P ) ≤ (n + 1)N (P ) .


n
X n
X
k
3. Pour P = X , nous avons L(P ) = n + 1 et N (P ) = 1, d’où L(P ) = γn N (P ) pour P = Xk .
k=0 k=0

On en déduit que γn est le plus petit nombre réel a vérifiant : ∀P ∈ Rn [X], L(P ) ≤ γn N (P ) .
4. Nous avons Tn (cos θ) = cos(nθ) pour tout réel θ. Par conséquent

L(Tn ) = sup |Tn (t)| = sup |Tn (cos θ)| = sup | cos(nθ)|
t∈[−1,1] θ∈R θ∈R

d’où L(Tn ) = 1 .
5. Notons tout d’abord que θ 7→ P (cos θ)Q(cos θ) est continue sur le segment [0, π] comme produits et composées
de fonctions continues sur [0, π] et sur [−1, 1], et que par conséquent ϕ(P, Q) a bien un sens.
(a) Le caractère bilinéaire symétrique est le résultat de : la commutativité du produit des fonctions, la distri-
butivité de la multiplication par rapport à l’addition, la linéarité de l’application intégrale.
(b) L’application ϕ est clairement
Z π positive. Prouvons qu’elle est également définie positive. Supposons que
ϕ(P, P ) = 0, c’est-à-dire P (cos θ)2 dθ = 0. La fonction θ 7→ P (cos θ)2 est positive et continue, d’intégrale
0
nulle sur [0, π], donc identiquement nulle sur [0, π]. Le polynôme P admet donc une infinité de racines, d’où
sa nullité.
Finalement ϕ est un produit scalaire sur R[X] .
6. Soient n et m deux entiers naturels distincts.
• Sans détour :
Z π Z π Z π
2 2 1
ϕ(Tn , Tn ) = Tn (cos θ) dθ = (cos(nθ)) dθ = (1 + cos(2nθ))dθ.
0 0 2 0

π
Par conséquent ϕ(T0 , T0 ) = π et ϕ(Tn , Tn ) = si n > 0 .
2

3
• Pensez à apporter des chocolats à la prof de Terminale qui a tant insisté sur les formules de trigonométrie :
Z π Z π
ϕ(Tn , Tm ) = Tn (cos θ)Tm (cos θ)dθ = cos(nθ) cos(mθ)dθ
0 0
1 π
Z 
= cos((n + m)θ) + cos((n − m)θ) dθ = 0.
2 0

Il s’ensuit que ϕ(Tn , Tm ) = 0 si n 6= m .


7. La famille (T0 , . . . , Tn ) de polynômes de Rn [X] est libre puisqu’orthogonale et ne contenant pas le polynôme nul
(question précédente). Or Rn [X] est de dimension n + 1, cardinal de cette famille. Par conséquent
(T0 , . . . , Tn ) est une base de Rn [X] .
Ainsi tout polynôme P ∈ Rn [X] s’écrit de manière unique comme combinaison linéaire des Tk , 0 ≤ k ≤ n :
n
X
il existe un unique (n + 1)-uplet (α0 , . . . , αn ) ∈ Rn+1 tel que P = αk Tk .
k=0

Maintenant, afin de majorer |αk | par 2L(P ), utilisons l’orthogonalité des polynômes Tk (question précédente) :
1 π
Z
• Nous avons ϕ(P, T0 ) = α0 ϕ(T0 , T0 ) = πα0 donc α0 = P (cos θ) × 1dθ d’où
π 0
1 π 1 π
Z Z
|α0 | ≤ |P (cos θ)|dθ ≤ L(P )dθ = L(P ).
π 0 π 0

2 π
Z
π
• Pour tout k ≥ 1, il vient ϕ(P, Tk ) = αk ϕ(Tk , Tk ) = αk , d’où αk = P (cos θ)Tk (cos θ)dθ et ainsi
2 π 0
2 π 2 π
Z Z
|αk | ≤ |P (cos θ)| · |Tk (cos θ)|dθ ≤ L(P )| cos(kθ)|dθ ≤ 2L(P ).
π 0 π 0

Finalement |αk | ≤ 2L(P ) pour tout k ∈ [[0, deg(P )]] .


8. Dans cette question, on suppose n ≥ 1. Rappelons que Tn+1 = 2XTn − Tn−1 . D’après l’inégalité triangulaire de
N , il vient
N (Tn+1 ) ≤ N (2XTn ) + N (Tn−1 ).
Or N (2XTn ) = 2N (XTn ) = 2N (Tn ) puisque les coefficients intervenant dans XTn sont les mêmes que ceux
intervenant dans Tn , à leur indexation près. Par conséquent N (Tn+1 ) ≤ 2N (Tn ) + N (Tn−1 ) .

9. Posons q = 1 + 2. Effectuons une récurrence forte sur n pour prouver la propriété recherchée.

Pour n = 0, on a N (T0 ) = 1 qui est bien inférieur à (1 + 2)0 = 1.

Pour n = 1, on a N (T1 ) = 1 qui est bien inférieur à (1 + 2)1 .
Supposons que N (Tk ) ≤ q k pour tout k ∈ [[0, n]]. D’après la question B.8, nous avons

N (Tn+1 ) ≤ 2N (Tn ) + N (Tn−1 ) ≤ 2q n + q n−1 = q n−1 (2q + 1).


√ √ √
Or q 2 = (1 + 2)2 = 1 + 2 2 + 2 = 3 + 2 2 = 2q + 1, d’où N (Tn+1 ) ≤ q n+1 .
Par conséquent N (Tn ) ≤ q n pour tout n ∈ N .
n
X
10. Fixons P = αk X k , alors d’après l’inégalité triangulaire puis les questions B.7 et B.9 :
k=0

n
! n n
X
k
X X q n+1 − 1 q n+1 − 1
N (P ) = N αk X ≤ |αk |N (Tk ) ≤ 2L(P )q k = 2L(P ) = 2L(P ) √
q−1 2
k=0 k=0 k=0


puis comme attendu N (P ) ≤ q n+1 2L(P ) .
L’espace Rn [X] étant de dimension finie, on sait que les normes N et L sont équivalentes. Les questions B.2
et B.10 permettent de trouver des constantes explicites telles que αN ≤ L ≤ βN .

4
Partie C
1. L’application Φ est bien linéaire, par linéarité de la dérivation et distributivité de la multiplication par rapport
à l’addition des polynômes.
L’application Φ est bien à valeurs dans Rn [X] pour des raisons de degré évidentes.
Finalement Φ est un endomorphisme de Rn [X] .

2. Il vient Φ(1) = 0 et Φ(X) = X puis, pour tout k ≥ 1 :

Φ(X k ) = (X 2 − 1)k(k − 1)X k−2 + X k X k−1 = k 2 X k − k(k − 1)X k−2 .

3. D’après la question précédente, un polynôme de degré non nul a pour image par Φ un polynôme de degré non
nul, donc un polynôme non nul. Ainsi le noyau de Φ est constitué des polynômes constants : Ker (Φ) = Vect(1) .
4. D’après le calcul de la question C.2, la matrice de Φ relativement à la base canonique (1, X, . . . , X n ) est :
 
0 0 −2 0 ··· ··· 0
 .. .. .. .. 
 0 1
 . . . .


 . ..
 . .. .. ..

. 22 . −k(k − 1) .

 . . 
 .
 
A =  .. .. .. .. .. .

 . . . . 0 
 . .. ..
 ..

. 2 .
 k −n(n − 1) 
 . .. .. 
 . . .
 . 0


0 ··· ··· ··· ··· 0 n2

5. La trace de Φ est la trace de la matrice de Φ relativement à une base quelconque de Rn [X]. On trouve donc que
n
X n(n + 1)(2n + 1)
tr (Φ) = k2 = .
6
k=1

6. La matrice de Φ relativement à la base canonique étant triangulaire supérieure, on lit son spectre sur sa diagonale.
Par conséquent les valeurs propres de Φ sont les k 2 pour k ∈ [[0, n]] .
L’endomorphisme Φ admettant n + 1 valeurs propres distinctes et l’espace Rn [X] étant de dimension n + 1, on
en déduit que Φ est diagonalisable et que chaque sous-espace propre est de dimension 1 .
7. D’après la question précédente, l’endomorphisme Φ admet n + 1 sous-espaces propres de dimension 1. Il suffit
pour leur trouver une base de déterminer un vecteur non nul.
Fixons θ ∈ R, alors nous avons vu dans la question A.7 que sin θTk0 (cos θ) = k sin(kθ). Dérivons à nouveau cette
égalité par rapport à θ :
cos θTk0 (cos θ) − sin2 θTk00 (cos θ) = k 2 cos(kθ)
c’est-à-dire
(cos2 θ − 1)Tk00 (cos θ) + cos θTk0 (cos θ) = k 2 cos(kθ).
L’ensemble des cos θ, θ réel, étant infini, on en déduit l’égalité entre polynômes :

(X 2 − 1)Tk00 + XTk0 = k 2 Tk ,

et ainsi Φ(Tk ) = k 2 Tk , ou encore Tk est un vecteur propre pour la valeur propre k 2 .


En d’autres termes pour tout k ∈ [[0, n]], l’espace propre associé à la valeur propre k 2 est Vect(Tk ) .

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