Polynômes (Chap19)
Polynômes (Chap19)
Polynômes (Chap19)
Polynômes
Olivier Sellès, transcrit par Denis Merigoux
5 Polynôme dérivé 26
5.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
5.1.1 Définition et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
5.1.2 Dérivation multiple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
5.2 Polynômes et formule de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5.2.1 Petite histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5.2.2 Caractérisation de l’ordre d’une racine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
6 Composition 32
6.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
6.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1 La K-algèbre K rXs
Dans la suite, K désigne un corps.
On définit aussi un autre produit sur KN : pour u, v P KN , u ‹ v est la suite w définie par @n P N :
ÿ
wn “ uk vl
k`l“n
(
La somme porte sur En “ pk, lq P N2 |k ` l “ n . Il est clair que En est fini car si pk, lq P N2 avec k ` l “ n,
alors k ď n et l ď n. On a d’autre part : En “ tpk, n ´ kq |k P v0, nwu “ tpn ´ l, lq |l P v0, nwu. Ainsi :
ÿ ÿ
n
uk vl “ uk vn´k
pk,lqPEn k“0
ÿn
“ un´l vl
l“0
“ u0 vn ` u1 vn´1 ` ¨ ¨ ¨ ` un´1 v1 ` un v0
(
Cette dernière ligne de calcul mérite de plus amples explications a . En effet, notons Λn “ pp, q, lq P N3 |p ` q ` l “ n Ă
v0, nw3 . Pour k P v0, nw, on pose Λ1k “ tpp, q, lq P Λn |p ` q “ ku. Par conséquent, tΛ10 , Λ11 , . . . , Λ1n u forme une par-
tition de Λn . Ainsi, d’après le principe de sommation par paquets,
ÿ ÿ
n ÿ
up vq wl “ up vq wl
p`q`l“n k“0pp,q,lqPΛ1k
Le passage à la dernière ligne de calcul est ainsi expliqué. Transformons maintenant cette expression de manière
à obtenir pu ‹ pv ‹ wqqn : pour l P v0, nw, on pose Λ2l “ tpk, p, qq P Λn |p ` q “ lu. À nouveau, les Λ2l forment une
partition de Λn d’où :
ÿ ÿ
n ÿ
uk vp wq “ uk vp wq
p`q`l“n k“0pk,p,qqPΛ2l
ÿ
n ÿ
“ un´l vp wq
k“0 pk,p,qqPΛ2k
˜ ¸
ÿ
n ÿ
“ un´l vp wq
k“0 p`q“l
“ pu ‹ pv ‹ wqqn
w ‹ pu ` vq “ w ‹ u ` w ‹ v
` ˘
On déduit de toutes les propriétés précédentes que KN , `, ‹ est un anneau commutatif.
On note KpNq l’ensemble des suites d’éléments de K à support fini : par définition, pour u P KN , u est dite à
support fini si et seulement si l’ensemble tn P N|un ‰ 0u est fini. Cette condition est équivalente à u P KpNq ô
DN P N{@n ě N, un “ 0.
KpNq est l’ensemble des polynômes à coefficients dans K.
pαuq ‹ v “ u ‹ pαvq “ α pu ‹ vq
En effet, @n P N,
ÿ ÿ ÿ
α up vq “ pαup q vq “ up pαvq q
p`q“n p`q“n p`q“n
` ˘
Par conséquent, KpNq , `, ‹, ¨ est une K-algèbre.
ÿ
X s’appelle l’indéterminée. Soit u P KpNq , la somme uk X k a un sens puisque un nombre fini de uk sont non
kPN
ÿ
nuls. Cette somme désigne en fait uk Xk où J “ tk P N|uk ‰ 0u. Soit maintenant n P N, on a :
kPJ
˜ ¸
ÿ ÿ ´ ¯
k
uk X “ uk X k
n
kPN n kPN
ÿ
“ uk δnk
kPN
“ un
On confond donc la suite et la somme, puisque ces deux quantités sont strictement égales.
On notera désormais K rXs la K-algèbre KpNq des polynômes à coefficients dans K. Tout polynôme P s’écrit (de
façon unique) :
ÿ
P “ λk X k avec pλk q P KpNq
kPN
ÿ ÿ
En réalité, P n’est autre que pλk qkPN . De plus, pour P “ λk X k et Q “ µk X k :
kPN kPN
– P “ Q ô @k P N, λk “ µk ;
ÿ
– P `Q “ pλk ` µk q X k ;
kPN
ÿ
– P ‹Q“ pλ ‹ µqk X k ;
kPN
ÿ
– pour α P K, αP “ pαλk q X k .
kPN
1.2 Degré
ÿ
Soit P “ λk X k P K rXs z t0u. L’ensemble tk P N|λk ‰ 0u est une partie finie non-vide de N par définition,
kPN
dont on définit le plus grand élément comme étant le degré de P . Le degré de P est noté deg P .
ÿ
d
Si on note d “ deg P , P “ λk X k et λd ‰ 0. λd s’appelle le coefficient dominant de P que l’on notera
k“0
cd pP q. P est dit unitaire ou normalisé si cd pP q “ 1.
Opérations et degrés Par convention, deg 0 “ ´8 avec les règles suivantes : @n P N, ´8 ă n, ´8`p´8q “
´8 et ´8 ` n “ ´8. ÿ ÿ
Soient P, Q P K rXs z t0u, d “ deg P et l “ deg Q. On note P “ λk X k et Q “ µk X k .
kPN kPN
donc P Q ‰ 0.
En récapitulant les résultats précédents, pour P, Q P K rXs z t0u :
Cette proposition est vérifiée pour tous les polynômes grâce aux conventions prises pour les polynômes nuls.
Si P, Q P K rXs, on a
deg pP ` Qq ď max pdeg P, deg Qq
Il y a égalité si deg P ‰ deg Q.
Généralisations
(1) Soient r P N˚ , P1 , P2 , . . . , Pr P K rXs, alors
˜ ¸
ź
r ÿ
n
deg Pi “ deg Pi
i“1 i“1
Et si Dj P rr1, rss tel que deg Pj ą deg Pi pour tout i P rri, rss z tju, alors
˜ ¸
ÿr
deg Pi “ deg Pj
i“1
Pour x P K, on pose :
ÿ
d
Pr pxq “ λk xk P K
k“0
ÿ
Č
αP ` Q pxq “ pαλk ` µk q xk
kPN
ÿ ÿ
“ α λk x k ` µk xk
kPN kPN
“ αPr ` Q
r
ÿ ÿ
(2) P Q “ νk X k où νk “ λq µp “ pu ‹ vqk . Soient d, l P N tels que n ą d ñ λn “ 0 et n ą l ñ µn “ 0.
kPN k“p`q
Alors @n ą l ` d, νn “ 0 d’où pour x P K :
ÿ
l`d
Ą
P Q pxq “ ν k xk
k“0
Et d’autre part,
ÿ
d ÿ
l
PrQ
r pxq “ λk xk µ k xk
k“0 k“0
ÿd ÿl
“ λp µq xp`q
p“0q“0
ÿ
“ λp µq xp`q
pp,qqPrr0,dssˆrr0,lss
Pour k P v0, l ` dw, posons Ek “ tpp, qq P v0, dw ˆ v0, lw |p ` q “ ku. Il est clair que tE0 , E1 , . . . , El`d u est
une partition de v0, dw ˆ v0, lw donc :
ÿ ÿ
l`d ÿ
λp µq xp`q “ λp µq xp`q
pp,qqPv0,dwˆv0,lw k“0pp,qqPEk
¨ ˛
ÿ
l`d ÿ
“ xk ˝ λp µ q ‚
k“0 pp,qqPEk
Ainsi, PrQ
r pxq “ PĄ Q pxq.
Il est clair que r
1 et l’application x P K ÞÝÑ 1K donc r
1 est bien l’élément neutre de F pK, Kq pour le produit.
' $
r “ IdK donc l’application
De plus, X
„: pK, `, ‹, ¨q ÝÑ pF pK, Kq , `, ˆ, ¨q
P ÞÑ Pr
& %
est K-linéaire et c’est un morphisme d’anneaux. C’est donc un morphisme de K-algèbre.
Racines Une fonction f : Ω Ă K ÝÑ K est oolynômiale s’il existe P P K rXs tel que f “ Pr.
Pour P P K rXs, une racine de P dans K est un élément x P K tel que Pr pxq “ 0K .
– Il n’existe pas toujours de racines. Par exemple, pour K “ R et P “ X 4 ` 1, P n’admet pas de racines
réelles. Plus généralement, un polynôme constant non nul n’a jamais de racines.
– À l’inverse, tout élément de K est racine de 0KrXs .
– Un polynôme de degré 1 admet toujours une unique racine. Pour a P K˚ , b, t P K,
Č
aX ` b ptq “ a ` tb
ˆ ˙
´b
“ a t´
a
ˆ ˙
´b b
et a t ´ “0ôt“´ .
a a
– Le théorème de d’Alembert-Gauss stipule que tout polynôme de C rXs de degré supérieur ou égal à 1
admet au moins une racine dans P b .
– Pour A, B P K rXs, on dit que A divise B (ou B est multiple de A) s’il existe C P K rXs tel que A “ BC.
1
On a alors @λ P K˚ , @A P K rXs, λ | A car A “ λ ¨ A, et de même λA | A.
λ
– On définit ainsi pour A P K rXs les polynômes associés à A comme ceux de la forme λA avec λ P K˚ .
Les unités de K rXs et les associés de A sont toujours des diviseurs de A, on les qualifie de triviaux et leur
étude ne présente pas d’intérêt particulier.
Propriétés
(1) @A P K rXs, A | 0. Cependant, 0 | A ñ A “ 0.
(2) Si A | B et B | C, alors A | C.
(3) Si A | B et A | C, alors @U, V P K rXs, A | BU ` CV .
(4) Pour A, B P K rXs z t0u, B | A ñ deg B ď deg A.
En effet, A “ BC avec C “ K rXs z t0u d’où deg A “ deg B ` deg C d’où le résultat.
Remarques
– Si B | A et deg B “ deg A, alors B est un associé de A.
– Si B | A et A | B, alors A et B sont associés.
– Si A ‰ 0, les diviseurs de A de degré 0 sont les unités de K rXs et les diviseurs de A de degré deg A sont
les associés de A.
– Si A admet un diviseur B non trivial, alors 1 ď deg B ă deg A, ce qui impose deg A ě 2.
Polynôme irréductibles
Soit P P K rXs un polynôme non-constant, P est irréductible dans K rXs si les seuls diviseurs de P dans K rXs
sont les diviseurs triviaux.
– Tout polynôme de degré 1 est irréductible car pour qu’un polynôme admette des diviseurs non-triviaux
il est nécessaire qu’il soit de degré supérieur ou égal à 2.
– Si A P K rXs non-constant n’est pas irréductible, A possède un diviseur B tel que 1 ď deg B ă deg A et
A “ BC avec C P K rXs d’où 1 ď deg C ă deg A.
Théorème
Soit A P K rXs non constant, alors A s’écrit comme un produit de polynômes irréductibles de K rXs.
Démonstration Soit Hn : « Tout polynôme de degré n de K rXs non constant est produit d’irréduc-
tibles. ».
– H1 est vrai car tous les polynômes de degrés 1 sont irréductibles.
– Soit n P N˚ , supposons que @k P v1, nw, Hk est vraie. Soit A P K rXs de degré n ` 1 :
˝ Si A est irréductible, Hn`1 est validée.
˝ Si A n’est pas irréductible, alors DB, C P K rXs tel que A “ BC avec 1 ď deg B ă deg A et 1 ď deg C ă
deg A. D’après Hn , B et C peuvent s’écrire comme un produit de polynômes irréductibles donc A aussi.
Soit A P K rXs, B P K rXs z t0u, alors il existe un et un seul couple pQ, Rq P K rXs2 appelé division euclidienne
de A par B dans K rXs tel que :
(1) A “ BQ ` R
(2) deg R ă deg B
Q est le quotient et R le reste de cette division euclidienne.
Démonstration
Unicité : Si pQ1 , R1 q , pQ2 , R2 q P K rXs2 vérifient les deux conditions, alors A “ BQ1 ` R1 “ BQ2 ` R2 d’où
B pQ1 ´ Q2 q “ R2 ´ R1
Si Q1 ´ Q2 ‰ 0, alors deg pB pQ1 ´ Q2 qq “ deg B ` deg pQ1 ´ Q2 q ě deg B et d’autre part,
deg pR1 ´ R2 q ď max pdeg R1 , deg R2 q ă deg B d’où la contradiction. Donc Q1 ´ Q2 “ 0 puis
R2 ´ R1 “ 0.
Existence : Soit Hn : « Si A est un polynôme de degré inférieur ou égal à n, alors D pQ, Rq P K rXs2 avec
A “ BQ ` R et deg R ă deg B ».
– H0 est vraie : soit A un polynôme constant.
˝ Si deg B ě 1, on a A “ 0B ` A et deg A ă deg B a . Le ˆ couple˙p0, Aq fait l’affaire.
A A
˝ Si deg B “ 0, alors B “ λ P K˚ et A “ ¨ λ ` 0 donc , 0 fait l’affaire.
λ λ
– Supposons Hn vraie pour n P N et montrons Hn`1 . Soit A P K rXs de degré plus petit que n ` 1.
˝ Si deg A ď n, l’hypothèse de récurrence valide le résultat.
˝ Si deg A “ n ` 1, A “ αX n`1 ` S avec deg S ď n.
Ñ Si deg B ą n ` 1, alors p0, Aq fait l’affaire d’après la note a.
Ñ Si deg B ď n ` 1, B s’écrit B “ βX m ` T avec m P N˚ , deg T ă m et β ‰ 0. On pose alors :
α
A1 “ A ´ X n`1´m B
β
n`1 α
“ αX ` S ´ αX n`1 ´ X n`1´m T
β
α n`1´m
“ loomoS on ´ X T
loooomoooon
β
degďn degďn
Remarque Soit L un corps, K un sous-corps de L. Il est clair que K rXs Ă L rXs. Soient maintenant
A, B P K rXs avec B ‰ 0 et pQ, Rq la division euclidienne de A par B dans K rXs ; alors pQ, Rq est aussi la
division euclidienne de A par B dans L rXs.
En effet, pQ, Rq P L rXs2 , deg R ă deg B et A “ BQ ` R.
On en déduit que B | A dans K rXs si et seulement si B | A dans L rXs. En effet :
ð C’est clair.
ñ Soit pQ, Rq la division euclidienne de A par B dans K rXs, c’est aussi la division euclidienne de A par B
dans L rXs d’après la remarque ci-dessus. Comme B | A dans K rXs, R “ 0 donc A “ BQ dans L rXs
donc B | A dans L rXs.
Théorème
Démonstration
ñ Soit pQ, Rq la division euclidienne de P par X ´ x dans K rXs, deg R ă 1 donc R “ λ P K. Ainsi, P “
pX ´ xq Q ` λ, donc pour t P K, Pr ptq “ pt ´ xq Q
r ptq ` λ or Pr pxq “ 0 donc λ “ 0 puis R “ 0 donc
X ´ x | P.
ð P s’écrit P “ pX ´ xq T avec T P K rXs donc pour t P K, Pr ptq “ pt ´ xq Tr ptq et Pr pxq “ 0 donc x est bien
racine de P .
On remarque que si A | B, toute racine de A est aussi racine de B.
Conséquence 1
Soit P P K rXs z t0u, alors P admet au plus deg P racines distinctes dans K.
Démonstration Soit Hn : « Si P P K rXs z t0u est de degré n, alors P admet au plus n racines dans K ».
– H0 est vraie car tout polynôme constant non nul n’admet pas de racines.
– Supposons Hn vraie pour n P N et soit P un polynôme de degré n ` 1.
˝ Si P n’a pas de racine dans K, le résultat est validé car 0 ă n ` 1.
˝ Si P a une racine x P K, alors X ´ x | P et P s’écrit P “ pX ´ xq Q avec Q P K rXs z t0u. De plus,
n ` 1 “ deg P “ deg pX ´ xq ` deg Q d’où deg Q “ n. Pour t P K, Pr ptq “ pt ´ xq Q
r ptq donc
L’ensemble des racines de P dans K est la réunion des racines de Q et du singleton txu. Or l’ensemble
des racines de Q est de cardinal inférieur à n d’après l’hypothèse de récurrence donc P admet au plus
n ` 1 racines.
Corollaires
(1) Soit P P K rXs, n P N, on suppose que deg P ď n et P admet n ` 1 racines distinctes, alors P est nul.
(2) Soit n P N, P, Q P K rXs avec deg P ď n et deg Q ď n. Si Pr et Q r coïncident en n ` 1 points de K, alors
P “ Q.
En effet, il suffit d’appliquer la propriété précédente à P ´ Q.
(3) Soit P P K rXs, si P admet une infinité de racines, alors P est nul.
(4) Soient P, Q P K rXs, si Pr et Q r coïncident en une infinité de points, alors P “ Q.
(5) daK est infini, alors „: P P K rXs ÝÑ Pr P F pK, Kq est injective.
En effet, si P P Ker „, Pr “ 0F pK,Kq est la fonction nulle donc @x P K, Pr pxq “ 0. K étant infini, P admet
une infinité de racines dans K donc P “ 0KrXs donc „ est injective.
Exemples
(1) Trouvons tous les P P R rXs tels que pour tout nombre premier p, Pr ppq “ p2 ` 1.
Si P convient, alors Pr et XČ 2 ` 1 coïncident sur l’ensemble P des nombres premiers qui est infini donc
(2) Montrons l’unicité des polynômes de Chebychev a . On rappelle que pour n P N, il existe un unique
polynôme de Chebychev P P R rXs tel que @θ P R DPr pcos θq “ cos pnθq.
Si P, Q P R rXs conviennent, @θ P R, Pr pcos θq “ Q r pcos θq. Pr et Q
r coïncident donc sur tcos θ|θ P Ru “
r´1, 1s infini donc P “ Q.
(3) Montrons l’unicité des polynômes interpolateurs de Lagrange. Soit n P N, x0 , x1 , . . . , xn des éléments
distincts de K et y0 , y1 , . . . , yn des éléments quelconques de K. Alors il existe un unique polynôme L de
degré plus petit que n tel que @i P v0, nw, L r pxi q “ yi .
Si L et S conviennent, L r et Sr coïncident en n ` 1 points et deg L ď n, deg S ď n donc L “ S.
Conséquence 2
Soit P P K rXs, r P N˚ , x1 , x2 , . . . , xr des points distincts de K. Tous les xi sont racines de R si et seulement si
źr
pX ´ xi q | P dans K rXs.
i“1
Démonstration
r
ź
ð En posant A “ pX ´ xi q, @i P v1, rw, xi est racine de A et A | P donc xi est aussi racine de P .
i“1
ź
r
ñ Soit Hr : « Si T P K rXs admet r racines distinctes x1 , x2 , . . . , xr , alors pX ´ xi q | T ».
i“1
– H1 est vrai d’après le théorème principal page 11.
– Soit r P N˚ tel que Hr est vrai et soit T P K rXs admettant r ` 1 racines distinctes x1 , x2 , . . . , xr`1 .
xr`1 est racine de T donc pX ´ xr`1 q | T donc DQ P K rXs tel que T “ pX ´ xr`1 q Q. Pour t P K,
Tr ptq “ pt ´ xr`1 q Q
r ptq donc pour i P v1, rw,
0 “ Tr pxi q “ looooomooooon
pxi ´ xr`1 qQ r pxi q ñ Q
r pxi q “ 0
‰0
ź
r
Ainsi, x1 , x2 , . . . , xr sont des racines distinctes de Q donc d’après Hr , Q s’écrit Q “ pX ´ xi q S avec
i“1
ź
r`1
S P K rXs d’où T “ pX ´ xi q S.
i“1
a. Notre grand ami Pafnouti est de retour ! Pour l’existence de ces fabuleux polynômes, se reporter à la section 1.2.5.2 du cours
complet page 19.
Exemples
(1) Soit K un corps fini et q “ Card K. Alors pK˚ , ˆq est un groupe fini et Card K˚ “ q ´ 1. Ainsi, @x P K˚ ,
xq´1 “ 1K . Soit P “ X q´1 ´ 1 de degré q ´ 1, il admet q ´ 1 racines distinctes qui sont les éléments de
K˚ donc ź
P “ pX ´ xq
xPK˚
ź
Pour t P K, Pr ptq “ tq´1 ´ 1 “ pt ´ xq donc en particulier :
xPK˚
Pr p0K q “ ´1K
ź
“ ´x
xPK˚
ź
“ p´1qq´1 x
xPK˚
ź
Ainsi, x “ p´1qq . En particulier, pour K “ Fp avec p premier impair,
xPK˚
źˆ
n´1 ˆ
p2k ` 1q π
˙˙
n´1
Tn “ 2 X ´ cos
k“0
2n
(3) Intéressons-nous de nouveau aux polynômes interpolateurs de Lagrange b et montrons leur existence par
construction. Soit n P N˚ , x0 , x1 , . . . , xn P K distincts et y0 , y1 , . . . , yn P K. Alors trouvons un polynôme
Ln de degré inférieur ou égal à n tel que @i P rr0, nss, L Ăn pxi q “ yi .
– Soit j P rr0, nss, prouvons qu’il existe un polynôme Qj de degré inférieur ou égal à n tel que Q Ăj pxj q “ 1
Ă
et pour i P v0, nw z tju, Qj pxi q “ 0.
˝ Si Qj existe, alors Qj ‰ 0 et, pour i P v0, nw z tju, xi est racine de Qj , ce qui fait n racines distinctes.
źn
On a donc deg Qj ď n et deg Qj ě n donc deg Qj “ n et Qj “ Cj pX ´ xi q avec Cj P K˚ . Mais on
i“0
i‰j
doit aussi avoir :
ź
n
1
Ăj pxj q “ Cj
1“Q pxj ´ xi q ñ Cj “
ź
n
i“0 pxj ´ xi q
i‰j
i“0
i‰j
źn
X ´ xi
ñ Qj “
x ´ xi
i“0 j
i‰j
Par exemple, t0u uneK rXs sont des idéaux de K rXs. De plus, t0u “ t0P |P P K rXsu “ 0K rXs et de même,
K rXs “ 1K rXs.
Plus généralement, si A P K rXs, AK rXs “ tAP |P P K rXsu est un idéal. En effet :
– AK rXs ‰ ∅ et @P, Q P K rXs, AP ´ AQ “ A pP ´ Qq P AK rXs.
– @P, Q P K rXs, pAP q Q “ A pQP q P K rXs.
Théorème
Soit I un idéal de K rXs non-réduit à t0u. Alors D!A P K rXs unitaire tel que I “ AK rXs.
Démonstration Soit A P Iz t0u tel que deg A “ min tdeg P |P P Iz t0uu. Pour α P K˚ , αA P I et deg A “
deg αA donc on peut supposer que A est unitaire.
– Soit A1 P I donc @S P K rXs, A1 S P I donc A1 K rXs Ă I.
– Soit P P I, P “ AQ ` R avec deg R ă deg A or R “ loomo omoon P I donc R “ 0 au vu de la définition
P on ´ loAQ
PI PI
du degré de A. Ainsi, P “ AQ P K rXs donc I “ AK rXs.
– Soit B un autre polynôme unitaire tel que I “ BK rXs. Ainsi AK rXs “ BK rXs donc A et B sont associés
donc égaux car ils sont tous deux unitaires.
Démonstration
Unicité : On remarque que si pA, Bq ‰ p0, 0q et que D vérifie p1q, alors D ‰ 0.
– Supposons A “ B “ 0, si D vérifie p1q et p2q, alors 0 | D donc D “ 0.
– Si A ou B est non nul, alors soient D1 et D2 des polynômes vérifiant p1q et p2q donc D1 | D2 et
D2 | D1 d’où D1 “ D2 car ils sont tous les deux unitaires.
Existence : – Si A “ B “ 0, on prend D “ 0.
– Si A ou B est différent de 0, soit I “ AK rXs ` BK rXs “ tAU ` BV |U, V P K rXsu. A et B
appartiennent à I donc I ‰ t0u. I est un idéal de K rXs. En effet, soient P, Q, U, V P K rXs :
˝ pAU ` BV q ´ pP A ` QBq “ A pU ´ P q ` B pV ´ Qq P I ;
˝ pAU ` BV q P “ AP U ` BP V P I.
Ainsi, d’après le théorème de la section 2.2.3 page ci-contre, il existe un unique D P K rXs tel que
I “ DK rXs. D vérifie alors bien p1q et p2q :
(1) A P I “ DK rXs donc D | A et de même, D | B.
(2) D P DK rXs “ I donc D s’écrit AU ` BV avec U, V P K rXs. Si S P K rXs divise A et B,
alors S | AU ` BV donc S | D.
Remarques
– 0 ^ 0 “ 0.
– Pour A, B P K rXs, B | A ô A ^ B est associé à B. En effet, soit D “ A ^ B :
ð D | A et B est associé à D donc B | A.
ñ B | A et B | B donc B | D, or D | B donc B et D sont associés.
Algorithme d’Euclide Prenons A, B P K rXs avec B ‰ 0. L’algorithme d’Euclide est le processus suivant :
variables R,R1 ,temp
RÐA
R1 Ð B
tant que R1 ‰ 0 faire
temp Ð R
R Ð R1
a. Pour toutes les démonstrations qui vont suivre, se reporter à la section 18.2.1.3 du cours complet page 295. Il suffit de remplacer
Z par K rXs et les minuscules par des majuscules.
Principe Cet algorithme se termine bien car deg R1 à la sortie de la boucle est strictement inférieur à
deg R1 à l’entrée de la boucle. est continuenale renvoyée est un associé de A ^ B. Prouvons ce résultat :
(1) Si A, B, Q, R P K rXs tels que A “ QB ` R, alors A ^ B “ B ^ R. En effet :
A ^ B | A et A ^ B | B donc A ^ B | B et A ^ B | R donc A ^ B | B ^ R. Réciproquement, B ^ R | B et
B ^ R | R donc B ^ R | A “ BQ ` R donc B ^ R | A ^ B. Ces deux polynômes étant unitaires ou nuls,
B ^ R “ A ^ B.
(2) Ici, le processus s’écrit :
Remarques
– L’algorithme d’Euclide donne aussi des polynômes U et V tels que AU ` BV “ D.
– Soit K un sous-corps de L, A, B P K rXs. Posons D “ A ^ B dans K rXs et ∆ “ A ^ B dans L rXs,
montrons que D “ ∆.
˝ D | A et D | B dans K rXs donc D | A et D | B dans L rXs donc D | ∆ dans L rXs.
˝ D’autre part, D s’écrit D “ AU ` BV avec U, V P K rXs donc ∆ | A et ∆ | B dans L rXs donc
∆ | AU ` BV “ D dans L rXs. D et ∆ sont unitaires donc ∆ “ D.
– A et B sont premiers entre eux si et seulement si les seuls diviseurs communs de A et B sont les polynômes
constants non nuls. En effet :
ñ Soit P un diviseur commun de A et B, alors P | A ^ B “ 1 donc P P K rXs˚ .
ð Si A ^ B divise A et B, alors A ^ B P K˚ or A ^ B est unitaire donc A ^ B “ 1.
– Soit P un polynôme irréductible de K rXs, alors pour A P K rXs, P | A ou P ^ A “ 1.
En effet, P ^ A | P donc, puisque P est irréductible, P ^ A P K rXs˚ donc P ^ A “ 1 ou bien P ^ A est
associé à P d’où P | A.
– Soient P, Q deux polynômes irréductibles de K rXs, alors P ^ Q “ 1 ou P et Q sont associés.
En effet, si P ^ Q “ 1, alors P | Q or P R K rXs˚ est irréductible donc P est associé à Q.
– Si P et Q sont irréductibles unitaires, alors P ^ Q “ 1 ou P “ Q.
Par exemple, pour a, b P K et a ‰ b, pX ´ aq ^ pX ´ bq “ 1 car pX ´ aq et pX ´ bq sont irréductibles
unitaires distincts.
Théorèmes
– Bézout II : pour A, B P K rXs, A ^ B “ 1 ô DU, V P K rXs {AU ` BV “ 1.
– Théorème de Gauss et variantes : soient A, B, C P K rXs,
˝ A | BC et A ^ B “ 1 ñ A | C ;
˝ A | C, B | C et A ^ B “ 1 ñ AB | C ;
˝ A ^ B “ 1 et A ^ C “ 1 ñ A ^ BC “ 1 ;
˝ A ^ B “ 1 ñ @p, q P N, Ap ^ B q “ 1.
– @a, b P K avec a ‰ b, @m, n P N, pX ´ aqn ^ pX ´ bqm “ 1.
– Soit P un polynôme irréductible, si P | AB, alors P | A ou P | B.
– Plus généralement, pour A1 , A2 , . . . , An P K rXs, si P | A1 A2 ¨ ¨ ¨ An , alors Di P v1, nw tel que P | Ai .
Soit P P K rXs non-constant, alors P s’écrit de façon essentiellement unique (à l’ordre près des termes) :
ź
r
P “C Pi
i“1
Autres formulations Soit P P K rXs non constant, alors P s’écrit de façon unique :
ź
r
P “ C Piαi
i“1
ź
r ź
r
Remarques Soient A, B P K rXs z t0u. A et B peuvent s’écrire A “ a Piαi et B “ b Piβi avec r P N˚ ,
i“1 i“1
α1 , α2 , . . . , αr P N˚ , β1 , β2 , . . . , βr P N˚ car 1KrXs est irréductible unitaire.
– Alors A “ B ô a “ b et @i P v1, rwFoαi “ βi .
– A | B si et seulement si @i P v1, rw, αi ď βi . En effet :
b ź βi´αi ź αi
r r
ð B“ Pi a¨ Pi donc B “ AC avec C P K rXs.
a i“1 i“1
ź
r ź
r
ñ Si B “ AC avec C P K rXs, alors B “ a Pi ˆ c Piγi ˆautres polynômes irréductibles unitaires.
αi
i“1 i“1
Par unicité de l’écriture en produit d’irréductibles, βi “ αi ` γi ě αi .
źr
– A^B “ P minpαi ,βi q .
i“1
ź
r
En effet, soient D “ A ^ B et ∆ “ P minpαi ,βi q .
i“1
Pour un polynôme irréductible unitaire, on note VP pAq l’exposant de P dans l’écriture de A P K rXs sous
forme de produit d’irréductibles (en particulier, VP pAq “ 0 si P n’y apparaît pas).
avec a “ cd pP q. Ceci est en fait l’écriture de P sous forme de produit d’irréductibles unitaires. Nécessairement,
l’ensemble des racines de P est dans K est txi |i P v1, rwu. Alors @i P v1, rw, αi est effectivement l’ordre de la
racine xi (ce que l’on n’avait pas supposé au départ).
a. Après avoir écrit cette dernière ligne, M. Sellès, visiblement perturbé par l’attitude de ses élèves, quitta précipitamment la
classe en effaçant ce début de résultat. Votre serviteur ayant toutefois eu le stylo suffisamment leste pour sauver cette remarque, et
grâce à l’aide précieuse de M. Dong (ou To-Til pour les intimes), il vous en propose ici une démonstration qui tient la route.
Résultats
ľ
n ÿ
n
– Si D “ Ai , DU1 , U2 , . . . , Un P K rXs tel que D “ Uk Ak .
i“1 k“1
ľ
n ÿ
n
– Ai “ 1 ô DU1 , U2 , . . . , Un P K rXs { Ai Ui “ 1.
i“1 i“1
PPCM
Démonstration
ł
n
Existence : Pour i P v1, nw, Ii “ Ai K rXs est un idéal de K rXs donc I “ Ai K rXs aussi. Ainsi, DM P K rXs
i“1
nul si I “ t0u, unitaire sinon tel que I “ M K rXs :
– pour i P v1, nw, M P I Ă Ii donc Ai | M ;
– si @i P v1, nw, Ai | P avec P P K rXs, P P I donc M | P .
Unicité : Si P et M vérifient p1q et p2q, P | M et M | P donc M “ P car les deux polynômes sont unitaires
ou nuls.
Remarques
– Si l’un des Ai est nul, alors M “ 0.
ł
n ł
n
– Pour α1 , α2 , . . . , αn P K˚ , il est clair que pαi Ai q “ Ai . On pourra donc supposer que les Ai sont
i“1 i“1
unitaires ou nuls.
– Pour A, B P K rXs, pA ^ Bq pA _ Bq “ AB.
źr
– Pour A “ Piαi avec r P N˚ , P1 , P2 , . . . , Pr P K rXs irréductibles unitaires, α1 , α2 , . . . , αr P N et B “
i“1
ź
r
Piβi avec β1 , β2 , . . . , βr P N, on a
i“1
ź
r
maxpαi ,βi q
A_B “ Pi
i“1
Soit K un corps, P P K rXs non-constant. P est scindé sur K si P est un produit de polynômes du premier
degré.
Remarques
(1) P P K rXs est scindé si et seulement si P s’écrit
P “ λ pX ´ x1 q pX ´ x2 q ¨ ¨ ¨ pX ´ xn q
Démonstration
p1q ñ p2q Cette implication est claire puisque tout polynôme de degré 1 admet toujours une racine.
p2q ñ p3q Soit P P K rXs un polynôme irréductible dans K rXs, montrons que P est de degré 1. On sait que
deg P ě 1 donc P admet une racine x dans K. Ainsi, X ´ x | P or P est irréductible et X ´ x n’est pas
constant donc c’est un associé de P . P est donc de degré 1.
p3q ñ p1q Soit P P K rXs non constant, P peut s’écrire comme un produit d’irréductibles de degré 1 donc P
est scindé.
Conséquences
– On sait décrire l’ensemble I des polynômes irréductibles unitaires de C rXs : ce n’est autre que l’ensemble
tX ´ z|z P Cu.
– Soient A, B P C rXs z t0u, A | B dans C rXs si et seulement si @z P C, VX´z pAq ď VX´z pBq, et si et
seulement si toute racine de A d’ordre de multiplicité α P N˚ est aussi racine de B d’ordre de multiplicité
β ě α.
– Soit K un sous-corps de C (par exemple Q ou R), pour A, B P K rXs z t0u, A | B dans K rXs ô A | B
dans C rXs. Ainsi, A | B si et seulement si toute racine x de A dans C d’ordre de multiplicité α est aussi
racine de B d’ordre de multiplicité β ě α.
Par exemple, trouvons les entiers naturels non nuls n tels que 1 ` X ` X 2 | 1 ` X n ` X 2n dans R rXs.
1 ` X ` X 2 admet j et j pour racines complexes, ce sont des racines simples donc
1 ` X ` X 2 | 1 ` X n ` X 2n ô j et j sont racines de 1 ` X n ` X 2n
ô j est racine de 1 ` X n ` X 2n
– Soit P P C rXs non-constant, R “ tx P C|x est racine de P u. Pour z P R, soit α pzq l’ordre de multiplicité
de z dans P et λ “ cd pP q. Alors
ź
P “λ pX ´ zqαpzq
zPR
“ Pr pzq
Propriétés
(1) P P R rXs ô P “ P
(2) Pour P, Q P C rXs, P ` Q “ P ` Q, P Q “ P ¨ Q.
(3) P “ P a .
a. « Lui c’est P -Attila. Parce que P -Attila c’est un P barre-barre ! »
' $
Pour A P C rXs et z P C :
Donc, si A P R rXs et z P C :
& %
z est racine de A d’ordre de multiplicité α ô z est racine de A d’ordre de multiplicité α
Ici, le même polynôme P pris dans C rXs est non-constant et P admet une racine z P CzR. On sait que z
est également racine de P et z ‰ z car z R R. Ainsi, pX ´ zq pX ´ zq | P dans C rXs. Or pX ´ zq pX ´ zq “
X 2 ´ 2ℜe pzq X ` |z|2 P R donc ce polynôme est un diviseur non-constant de P dans R rXs donc c’est un associé
de P car P est irréductible, donc deg P “ 2.
Il reste donc à trouver quels sont les polynômes irréductibles de degré 2.
Lemme général Soit K un corps, P P K rXs avec deg P P t2, 3u. Alors P est irréductible dans K rXs si et
seulement si P n’admet pas de racines dans K.
ñ Si P admet une racine x P K, X ´ x divise P dans K et X ´ x est non-trivial, donc c’est impossible.
ð Si P n’est pas irréductible, P s’écrit P “ ST avec S, T P K rXs et deg S, deg T P v1, deg P w or deg P “
deg S ` deg T P t2, 3u donc deg S “ 1 ou deg T “ 1 donc S ou T est irréductible et admet une racine.
Posons ∆ “ b2 ´ 4ac. ˆ ˙
∆ b 2 ∆
– Si ∆ ă 0, 2 ă 0 et @t P R, t ` ´ 2 ą 0 donc Pr ne s’annule jamais, P est irréductible.
4a 2a 4a
– Si ∆ ě 0, alors pour t P R,
ˆ ˙ ˆ ˙ ˜ ? ¸2
b 2 ∆ b 2 ∆
t` ´ 2 “ t` ´
2a 4a 2a 2a
˜ ? ¸˜ ? ¸
´b ` ∆ ´b ´ ∆
“ t´ t´
2a 2a
Bilan
Les polynômes irréductibles de R rXs sont :
– les polynômes de degré 1 ;
– les polynômes de degré 2 à discriminant strictement négatif.
Conséquences
– Tout polynôme P P R rXs de degré impair a au moins une racine réelle.
˝ C’est vrai pour les polynômes de degré 1.
˝ Soit m P N˚ , supposons que tout polynôme de degré impair inférieur à 2m ` 1 admet une racine. Soit
P P R rXs de degré 2m ` 3, P n’est pas irréductible car deg P ě 3 et p s’écrit P “ ST avec deg S ě 1,
deg T ě 1 et deg S ` deg T “ 2m ` 3 donc deg S ou deg T est impair inférieur à 2m ` 1 donc S ou T
admet au moins une racine donc P aussi.
– Tout P P R rXs de degré supérieur ou égal à 1 s’écrit donc
ź
r ź
s ` ˘βi
P “C pX ´ xi qαi X 2 ` bi X ` ci
i“1 j“1
avec C P R˚ , r, s
P N tels que r`s ě 1, x1 , x2 , . . . , xr P R distincts, α1 , α2 , . . . , αr P N˚ , pb1 , c1 q , pb2 , c2 q , . . . , pbs , cs q
R distincts avec @i P v1, sw, b2i ´4ci ą 0 et β1 , β2 , . . . , βs P N˚ . On a tout de suite C “ cd pP q, x1 , x2 , . . . , xr
2
sont les racines réelles de P et pour i P v1, rw, αi est l’ordre de multiplicité de xi .
Comment obtenir cette écriture en pratique ? On factorise d’abord P dans C rXs. Pour z P CzR, z
est racine de P d’ordre α si et seulement si z est racine de P d’ordre α. Les éventuelles racines non-réelles se
regroupent par 2 : z1 , z1 , z2 , z2 , . . . , zs , zs et @i P rr1, sss on désigne par βi l’ordre de zi et zi .
Soient x1 , x2 , . . . , xr les éventuelles racines réelles de P , et @i P rr1, rss, αi l’ordre éventuel de xi . Dans C rXs,
ź
r ź
s
P “ C pX ´ xi qαi pX ´ zj qβi pX ´ zj qβi
i“1 j“1
źr źs ´ ¯
“ C pX ´ xi qαi X 2 ´ 2ℜe pzj q X ` |zj |2
i“1 j“1
ÿ
n
σ1 px1 , x2 , . . . , xn q “ xi
i“1
ÿ ÿ ź
σ2 px1 , x2 , . . . , xn q “ xi xj “ xα
1ďiăjďn APP2 pnqαPA
..
.
ÿ ÿ ź
σk px1 , x2 , . . . , xn q “ xi1 xi2 ¨ ¨ ¨ xik “ xα
1ďi1 㨨¨ăik ďn APPk pnqαPA
..
.
ź
n
σn px1 , x2 , . . . , xn q “ xi
i“1
On rappelle que pour k P v1, nw, Pk pnq est l’ensemble des parties à k éléments de v1, nw.
Exemples
– Pour n “ 2 et px1 , x2 q P K2 , σ1 px1 , x2 q “ x1 ` x2 et σ2 px1 , x2 q “ x2 x1 .
– Pour n “ 3, px1 , x2 , x3 q P K3 :
σ1 px1 , x2 , x3 q “ x1 ` x2 ` x3
σ2 px1 , x2 , x3 q “ x1 x2 ` x1 x3 ` x2 x3
σ3 px1 , x2 , x3 q “ x1 x2 x3
– Pour n “ 4, px1 , x2 , x3 , x4 q P K4 :
σ1 px1 , x2 , x3 , x4 q “ x1 ` x2 ` x3 ` x4
σ2 px1 , x2 , x3 , x4 q “ x1 x2 ` x1 x3 ` x1 x4 ` x2 x3 ` x2 x4 ` x3 x4
σ3 px1 , x2 , x3 , x4 q “ x1 x2 x3 ` x1 x2 x4 ` x1 x3 x4 ` x2 x3 x4
σ4 px1 , x2 , x3 , x4 q “ x1 x2 x3 x4
ÿ
n
Par exemple, soit f px1 , x2 , . . . , xn q “ x2i . on notera pour simplifier σk au lieu de σk px1 , x2 , . . . , xn q. On
i“1
a alors :
ÿ
n ÿ
n
σ12 “ xi xj
i“1 j“1
ÿ
“ xi xj
i,jPrr1,nss
ÿ n ÿ
“ x2i ` xi xj
i“1 i‰j
ÿ n ÿ
“ x2i ` 2 xi xj
i“1 iăj
D’où σ12 “ f ` 2σ2 ô f “ σ12 ´ 2σ2 . On a bien écrit f comme fonction polynômiale des fonctions symétriques
élémentaires.
Théorème
Pour n P N˚ , px1 , x2 , . . . , xn q P Kn :
ź
n ÿ
n
pX ´ xk q “ X ` n
p´1qk σk X n´k
k“1 k“1
Démonstration
– Vérifions le résultat pour n “ 2. Soient x, y P K,
pX ´ xq pX ´ yq “ X 2 ´ loooomoooon
px ` yq X ` looxy
moon
σ1 px,yq σ2 px,yq
– Supposons le résultat vrai pour n P N, on note Ă σ1 , Ă Ăn les n fonctions symétriques élémentaires sur
σ2 , . . . , σ
Kn et σ1 , σ2 , . . . , σn`1 les n ` 1 fonctions symétriques élémentaires sur Kn . On notera pour simplifier σ Ăk
au lieu de σĂk px1 , x2 , . . . , xn q. Tout d’abord :
ź
n`1 ź
n
pX ´ xk q “ pX ´ xn`1 q pX ´ xk q
k“1 k“1
ź
n`1 ` ˘
pX ´ xk q “ pX ´ xn`1 q X n ´ Ă σ2 X n´2 ` ¨ ¨ ¨ ` p´1qn σ
σ1 X n´1 ` Ă Ăn
k“1
“ X n`1 ´ σ1 ` xn`1 q X n ` pĂ
pĂ
loooooomoooooon Ă1 q X n´1 ` ¨ ¨ ¨ ` p´1qn`1 σn`1 px1 , x2 , . . . , xn`1 q
σ2 ` xn`1 σ
σn`1 px1 ,x2 ,...,xn`1 q
ÿ ź
σk px1 , x2 , . . . , xn`1 q “ xα
APPk pn`1qαPA
ÿ ź ÿ ź
“ xα ` xα
APPk pn`1qαPA APPk pn`1qαPA
n`1RA n`1PA
ÿ ź ÿ ź
“ xα ` xn`1 xα
APPk pnqαPA APPk pn`1q αPAztn`1u
n`1PA
ÿ ź
Ăk ` xn`1
“ σ xα
APPk pn`1qαPAztn`1u
n`1RA
loooooooooooomoooooooooooon
ÿ ź
xα
BPPk´1 pnqαPB
Ăk ` xn`1 σ
“ σ Ć k´1
ÿ
n ź
n ÿ
n
an X `n
an´k X n´k
“P “C pX ´ xi q “ CX ` n
C p´1qk σk px1 , x2 , . . . , xn q X n´k
k“1 i“1 k“1
' $
Ainsi, pour k P v1, nw,
an´k
an´k “ C p´1qk σk px1 , x2 , . . . , xn q ô “ p´1qk σk px1 , x2 , . . . , xn q
an
En particulier, pour k “ 1 et k “ n :
an´1 ÿn
a0 źn
“ ´ xk et “ p´1qn xi
& %
an k“1
an i“1
5 Polynôme dérivé
5.1 Généralités
5.1.1 Définition et propriétés
ÿ
Soit P P K rXs, P “ ak X k , on définit le polynôme dérivé de P par :
kPN
ÿ
P1 “ kak X k´1
kPN˚
Propriétés
' $
(1) est linéaire : pour P, Q P K rXs et α P K,
D pαP ` Qq “ αD pP q ` D pQq
& %
(3) Soit P P K rXs de degré plus grand que 1, alors deg P 1 “ deg P ´ 1. P 1 “ 0 ô P est constant.
Démonstrations
ÿ ÿ ÿ
(1) Notons P “ ak X k et Q “ bk X k , alors αP ` Q “ pαak ` bk q X k donc :
kPN kPN kPN
ÿ
D pαP ` Qq “ k pαak ` bk q X k´1
kPN˚
ÿ ÿ
“ α kak X k´1 ` kbk X k´1
kPN˚ kPN˚
“ αD pP q ` D pQq
ÿ ÿ
(2) On a P Q “ ck X k où ck “ ap bq . Ainsi
kPN p`q“k
ÿ
D pP Qq “ kck X k´1
kPN˚
ÿ
“ pk ` 1q ck`1 X k
kPN
Or
ÿ ÿ
D pP q “ pk ` 1q ak`1 X k et D pQq “ pk ` 1q bk`1 X k
kPN kPN
ÿ ÿ ÿ ÿ
Donc D pP q Q “ uk X k où uk “ pp ` 1q ap`1 bq et D pQq P “ vk X k où vk “ ap bq`1 pq ` 1q
kPN p`q“k kPN p`q“k
d’où ÿ
D pP q Q ` D pQq P “ puk ` vk q X k
kPN
Montrons alors que @k P rr1, nss, uk vk “ pk ` 1q ck . Pour k P N :
ÿ
uk ` vk “ pp ` 1q ap`1 bq ` ap pq ` 1q bq`1
p`q“k
ÿ
k ÿ
k
“ pp ` 1q ap`1 bk´p ` ak´q pq ` 1q bq`1
p“0 q“0
ÿ
k`1 ÿ
k`1
“ jaj bk`1´j ` ibi ak`1´i
j“1 i“1
ÿ
k`1 ÿ
k
“ jaj bk`1´j ` pk ` 1 ´ jq bk`1´j aj
j“1 j“0
ÿ
k
“ pk ` 1q ak`1 b0 ` pk ` 1q aj bk`1´j ` pk ` 1q a0 bk`1
j“1
« ff
ÿ
k
“ pk ` 1q ak`1 b0 ` a0 bk`1 ` aj bk`1´j
j“1
ÿ
k`1
“ pk ` 1q aj bk`1´j
j“0
“ pk ` 1q ck`1
n!
D k ppX ´ aqn q “ pX ´ aqn´k
pn ´ kq!
´ ¯ pn ` 1q!
˝ Si k “ 0, alors D 0 pX ´ aqn`1 “ pX ´ aqn`1 et pX ´ aqn`1 “ pX ´ aqn`1 d’où le résul-
pn ` 1 ´ 0q!
tat.
˝ Si k ě 1, D k pX ´ aq “ δ1k car deg pX ´ aq “ 1 donc
´ ¯ ˆ ˙ ˆ ˙
n`1 k n k
k
D pX ´ aq “ k 0
D ppX ´ aq q D pX ´ aq ` D k´1 ppX ´ aqn q D pX ´ aq
0 1
“ Dk ppX ´ aqn q pX ´ aq ` kDk´1 ppX ´ aqn q ¨ 1
ÿ
m
D’où @P P K rXs, m P N˚ , D pP m q “ P 1 P m´1 “ mP 1 P m´1 .
k“1
X k “ rpX ´ aq ` ask
ÿk ˆ ˙
k k´p
“ a pX ´ aqp
p“0
p
ÿ
Donc P peut s’écrire P “ µk pX ´ aqk . C’est toujours en fait une somme finie, DN P N tel que @k ě N ,
kPN
λk “ 0 d’où µk “ 0. Soit alors j P N :
˜ ¸
ÿ
D j pP q “ Dj µk pX ´ aqk
kPN
ÿ ´ ¯
“ µk D j pX ´ aqk
kPN
loooooooomoooooooon
0 si jąk
ÿ ´ ¯
“ µk D j pX ´ aqk
kěj
ÿ k!
“ µk pX ´ aqk´j
kěj
pk ´ jq!
ÿ k!
“ µj j! ` µk pX ´ aqk´j
kěj`1
pk ´ jq!
ÿ k! Č
D j pP q paq
Č
Or, pour t P K, D j pP q ptq “ µ j! `
j µk pt ´ aqk´j donc DČ
j pP q paq “ µ j! donc µ “
j j .
kěj`1
pk ´ jq! j!
' $
Ainsi, @P P K rXs et @a P K, P s’écrit
ÿD Č
j pP q paq
P “ pX ´ aqk
kPN
j!
& %
Cette somme est finie puisque D k pP q “ 0 si k ą deg P .
Théorème
En particulier :
Ă1 pxq ‰ 0 ;
(1) x est racine simple de P si et seulement si Pr pxq “ 0 et P
Ă1 pxq “ 0 et P
(2) x est racine double de P si et seulement si Pr pxq “ 0, P Ă2 pxq ‰ 0 ;
Ă1 pxq.
(3) x est racine multiple de P si et seulement si 0 “ Pr pxq “ P
Démonstration Ă1 pxq “ ¨ ¨ ¨ “ PĆ
Montrons que pour k P N˚ , pX ´ xqk | P ô 0 “ Pr pxq “ P k´1 pxq
Donc pX ´ xqk | P .
ñ Supposons que pX ´ xqk | P , on écrit P “ pX ´ xqk Q avec Q P K rXs. Pour p P v0, k ´ 1w,
” ıppq
ppq k
P “ pX ´ xq Q
ÿp ˆ ˙ ´ ¯
p
“ D j pX ´ xqk Dp´j pQq
j“0
j
ÿp ˆ ˙
p k!
“ pX ´ xqk´j Dp´j pQq
j“0
j pk ´ jq!
D’où
p ˆ ˙
ÿ p k!
PĄ
ppq pxq “
moon Dp´j pQq
lo0ok´j
j pk ´ jq!
j“0 0 car kěj
“ 0
le résultat.
– P n’a que des racines simples dans K si et seulement si P et P 1 n’ont pas de racines communes, c’est-à-dire
si P ^ P 1 “ 1.
En particulier, soit K un sous-corps de C. Soit P P K rXs irréductible, deg P ě 1 ñ deg P 1 “ deg P ´ 1,
P 1 est non nul et deg P 1 ă deg P donc P ∤ P 1 donc P ^ P 1 “ 1 dans K rXs car P est irréductible. On a
vu que alors P ^ P 1 “ 1 dans C rXs donc P n’a que des racines simples dans C.
6 Composition
6.1 Définition
ÿ
Pour P “ ak X k , Q P K rXs, P ˝ Q est le polynôme
kPN
ÿ
P ˝Q“ ak Qk
kPN
6.2 Propriétés
Composition et degré
Si Q est constant, alors @P P K rXs, P ˝ Q est constant. Si P n’est pas nul et Q non-constant, alors
Et de plus, cd pP ˝ Qq “ cd pP q cd pQqdeg Q .
Propriétés de la composition à droite Soit Q fixé dans K rXs, alors ϕQ : P P K rXs ÝÑ P ˝ Q P K rXs
est un morphisme de K-algèbre : @S, T P K rXs, @α P K,
– ϕQ pαS ` T q “ αϕQ pSq ` ϕQ pT q ;
– ϕQ pST q “ ϕQ pSq ϕQ pT q ;
– ϕQ p1q “ 1.
ÿ
N ÿ
N
En effet, soit α P K et S “ sk X k , T “ tk X k , alors
k“0 k“0
˜ ¸
ÿ
N
pαS ` T q ˝ Q “ pαsk ` tk q X k ˝Q
k“0
ÿ
N
“ pαsk ` tk q Qk
k“0
ÿ
N ÿ
N
k
“ α sk Q ` t k Qk
k“0 k“0
“ αS ˝ Q ` T ˝ Q
De plus,
N
ÿ N
ÿ
pS ˝ Qq pT ˝ Qq “ s k Qk t j Qj
k“0 j“0
N ÿ
ÿ N
“ sk tj Qk`j
k“0j“0
˜ ¸
ÿ
2N ÿ
“ s k tj Ql en convenant sm “ tm “ 0 pour m ą N
l“0 k`j“l
“ pST q ˝ Q
Propriétés diverses
– X ˝ Q “ Q et
˜ ¸
ź
m ź
m
pX ´ ai qαi ˝Q “ pX ´ ai qαi ˝ Q
i“1 i“1
ź
m
“ ppX ´ ai q ˝ Qqαi
i“1
ź
m
“ pQ ´ ai qαi
i“1
P ˝ pQ ˝ Rq “ pP ˝ Qq ˝ R
pP ˝ Qq ˝ R “ ϕR pP ˝ Qq
“ ϕR pϕQ pP qq
“ ϕR ˝ ϕQ pP q
ÿ ÿ
– Pour P “ λm X m , P ˝ Q “ λm X m ˝ Q d’où
mPN mPN
ÿ
D pP ˝ Qq “ λm D pX m ˝ Qq
mPN
ÿ
“ λm Q1 D pX m q ˝ Q
mPN
ÿ
“ Q1 λm pD pX m q ˝ Qq
mPN
˜ ¸
ÿ
“ Q1 λm D pX m q ˝Q
mPN
˜ ¸
ÿ
“ Q1 D λm X m ˝Q
mPN
` ˘
“ Q1 P 1 ˝ Q
Remarque
Ă1 ptq. Plus généralement, @t P R
– Pour P P C rXs, t P R ÞÝÑ Pr ptq est de classe C 8 et on a @t P R, Pr1 ptq “ P
et @k P N, Prpkq ptq “ PĄ
pkq ptq.