VD-ouvrage FTSD 2019
VD-ouvrage FTSD 2019
VD-ouvrage FTSD 2019
Avant-propos
Cet ouvrage regroupe les contributions des principaux intervenants de la deuxième édition du
colloque international «Commerce Equitable et Développement Durable» qui s’est tenu à l’Ecole
Supérieure de Technologie de l’Université Ibn Zohrd’Agadir et la chambre d’agriculture d’Agadir ;
les 16, 17et 18 Avril 2019. Les éditeurs de cet ouvrage tiennent à remercier sincèrement chacun des
auteurs pour leurs contributions et éclairages enrichissants. Les textes restent la propriété des
auteurs respectifs et les opinions émises n’engagent aucunement les éditeurs.
Le colloque organisé conjointement par l’Ecole Supérieure de Technologie d’Agadir (Département
Techniques de Commercialisation et de Communication) et l’association scientifique « Fairness–
Africa »(http://www.fairness-africa.com/ ) dans le cadre de son programme de rechercheet en
collaboration avec d’autres organismes publics et privés. En outre, ce colloque a été l’occasion de
réunir des chercheurs, enseignants chercheurs, étudiants chercheurs, opérateurs professionnels et
acteurs locaux issus des différents pays du monde (Algérie, Canada, France, Grande Bretagne,
Maroc, Tunisie et Sénégal) autour des axes thématiques du colloque. Les projets de communication
sélectionnés par le comité scientifique ont été répartis entre deux conférences plénières, deux tables
rondes et dix ateliers parallèles.
Ce 2 ème colloque, qui a pour thème spécifique « les Expériences locales du Commerce Equitable »,
s’inscrit dans la continuité de la première édition qui était axée sur la contribution du commerce
équitable au développement durable.
Cette publication a été financée avec le soutien du projet « Centre National de l’Arganier », projet
porté par l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier
(ANDZOA) et appuyé par l’Agence Allemande de Coopération Internationale pour le
Développement Durable (GIZ).
Contact
Lahcen BENBIHI, représentant de l’association scientifique Fairness-Africa
Enseignant à EST-Université Ibn Zohr Agadir et et chercheur au Lirsa, Cnam, Paris-France et à
l’ENCG, Agadir Maroc
[email protected] / [email protected]
1
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Table de matières
Conferences plénières...........................................................................................................................11
Fair trade & Geographical Indications: complementary quality schemes to ensure sustainable
consumption and production patterns? ...............................................................................................15
«Fairtrade Towns as campaign spaces and drivers for sustainable development» ...............................16
« Commerce équitable, jeux politiques des acteurs locaux et développement communautaire : Cas des
producteurs biologiques de mangues au Burkina Faso » ......................................................................18
Mesure de l’impact du Fairtrade sur les producteurs de café d’une région de piémont andin au Pérou
.............................................................................................................................................................40
Evaluer la performance globale de la certification commerce équitable selon une approche par les
parties prenantes et les territoires : cas des coopératives de production de l’huile d’argan au Maroc .53
La filière de l’huile d’argan, une image de produit équitable qui cache des disparités de situations ...67
Les nouvelles filières des produits de terroir oasiens – grenades et dattes- : quand la promotion
dulocal ne rime pas toujours avec équitable. Le cas des oasis de Tozeur et Gabès (Tunisie) ................77
Power and Resistance in Global Supply Chains: A Review of Fair Trade and Supply Chain Management
Literature .............................................................................................................................................87
Commerce équitable des produits bios et développement local: cas de la coopérative les jardins de
TOUZAIKOU .........................................................................................................................................89
2
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
La fiscalité écologique et le commerce équitable au Maroc : Etat des lieux et impact. ......................112
«Essai sur les indicateurs territorialisés du développement durable. Cas de la Région Sous- Massa».
...........................................................................................................................................................133
Attractivité des investissements et développement durable des territoires. Cas de la Région Souss
Massa - Maroc....................................................................................................................................144
Les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) pour une Agriculture Durable : cas des OPA et Plan
Agricole Régionale de GuelmimOued Noun. ......................................................................................167
Impact des investissements dans les énergies renouvelables sur la balance commerciale: Éléments
théoriques et essai de modélisation du cas marocain M. KHANNIBA, ENCG, Université Hassan II -
Casablanca, Maroc Énergies et théories de croissance : Un survol .....................................................177
Enjeux stratégiques de la RSE des PME marocaines labellisées: Une approche par la vision des
dirigeants ...........................................................................................................................................193
Contribution à la compréhension des effets des signes d’origine et de qualité (SDOQ) sur la décision
d’achat des produits de terroir ...........................................................................................................225
Impact des pratiques de développement durable sur la performance globale de la chaine logistique
de la filière agro-halieutique ..............................................................................................................241
L’impact des labels sur la performance commerciale des coopératives Marocaines : Cas d’une
Coopérative de la région d’Essaouira .................................................................................................250
L’étude de l’impact de la RSE sur l’attachement des salariés. Cas des entreprises labellisées ............258
3
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
La prise de la relève des PME familiale par le genre et l’empowerment des femmes ........................266
Le rôle de l’entrepreneuriat coopératif dans l’inclusion socioéconomique des femmes dans le secteur
de pêche : Cas de la coopérative féminine des produits de la mer de Douira « COFEPROMER » ........304
Le financement de l’Economie Sociale et Solidaire dans les pays du sud de la méditerranée .............319
Suivi-évaluation des activités génératrices de revenus soutenues par l’initiative nationale pour le
développement humainCas : la préfecture d’Agadir Ida-Outanane ....................................................344
Le rôle de l’INDH dans la promotion de l’économie sociale solidaire dans la région Souss Massa ......350
4
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Anne Marchais Roubelat, Lirsa, Cnam-Paris, France & Lahcen Benbihi, EST d’Agadir, Université Ibn Zohr,
Maroc
Mohamed IRGUI, Administrateur Principal à l’ODCO, Délégation Régionale Souss Massa Draa
5
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
l’arganier conduisent à proposer, dans une logique de développement territorial, des pistes de travail
organisées selon quatre thèmes mis en évidence par lesdiscussions :
1) Protéger la biodiversité par l’organisation de la cogestion de l’amont de la filière avec les populations
locales ;
2) Participer au développement économique local par l’animation d’un réseau de coopératives ;
3) L’émergence d’un cadre juridique adapté aux problématiques du commerce équitable sous-tend les
questionnements actuels et les futures solutions, il constitue par conséquent un troisième thème à explorer ;
4) Inciter au développement de la recherche.
1
L’afyach est la noix d’argan séchée.
2
Marchais-Roubelat A., Roubelat F., « Designing a moving strategic foresight approach: ontological and
methodological issues of scenario design », Foresight, vol.17, n°6, 2015, pp.545-555.
7
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
…). La croissance économique est toujours tirée par l’argan, mais n’en est plus dépendante. Les
coopératives utilisent les réseaux de commercialisation créés grâce à l’argan, et développent de
nouveaux réseaux, notamment en mettant en place des systèmes participatifs de garantie avec les
consommateurs (exportations mais aussi circuits courts). La règle de ce dernier scénario est de
mécaniser pour diversifier.
En fonction du scénario que les parties prenantes veulent privilégier, des mesures différentes pourront être
prises en ce qui concerne :
- Les stratégies de certification des coopératives et l’aménagement de capacités à se coordonner pour
rétroagir sur les critères de certification dans une logique de co-construction d’un développement
durable et équitable avec les parties prenantes existantes ou de nouvelles parties prenantes ;
- Une possible révision du contenu des chartes (par exemple : réutiliser le label Indication
Géographique comme outil pour gérer les modalités de la production), voire une création de
nouvelles chartes adaptées aux spécificités du scénario, ou/et la proposition de projets de loi adaptés;
- La mise en place de programmes spécifiques de formation à la gestion (gestion de projet,
management international, éthique) et au management des coopératives (formation continue, fondée
sur l’acquisition de blocs de compétences bien définis) et à la vie coopérative (démocratie, éthique,
prise de parole des plus faibles…) ;
- La conception d’un programme de communication internationale sur internet contenant notamment :
o Une présentation des coopératives (chiffres actualisés),
o Une intégration de leur engagement CE et de leurs projets de développement (en trois
langues : arabe, français, anglais),
o Une politique de e-marketing à l’échelle de réseaux de coopératives
o …
1
Fair Trade International Symposium
8
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Dans cette optique il serait envisageable d’organiser, autour de l’association Fairness Africa, des partenariats
et une veille internationale qui pourront s’appuyer sur les membres du comité scientifique. Parmi les projets
qui pourraient en découler figure l’organisation d’une troisième édition pour 2021 du colloque, qu’il
conviendrait de commencer à préparer dès maintenant en vue de la diffusion d’un appel à communications
en 2020.
9
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
10
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Conferences plénières
Fair trade & Geographical Indications: complementary quality schemes to ensure sustainable consumption
and production patterns? ............................................................................................................................15
«Fairtrade Towns as campaign spaces and drivers for sustainable development» .......................................16
M. ANDERSON, Senior Lecturer in Business Ethics, Portsmouth Business School, University of Portsmouth,
UK
« Commerce équitable, jeux politiques des acteurs locaux et développement communautaire : Cas des
producteurs biologiques de mangues au Burkina Faso »..............................................................................18
Dr. Lahchem Kasmia Faculté des sciences économiques, commerciales, et sciences de gestion Université
Ali Lounici Blida 2
11
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
12
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
13
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
6. References
- Botta M. (2016), “Evolution of the slow living concept within the models of sustainable
communities”,Futures, 80, 3–16.
- Cairns G., Goodwin P., Wright G. (2016), “A decision-analysis-based framework for analysing
stakeholder
- behaviour in scenario planning”, European Journal of Operational Research, 249:3, 1050-1062.
- Fuller T., Warren L. (2006), “Entrepreneurship as foresight: A complex social network perspective
onorganisational foresight”, Futures, 38, 956-971.
- Marchais-Roubelat A., Roubelat F. (2016), “Dominance, stakeholders’ moves and leadership shifts:
Newdirections for transforming futures”, Futures, 80, 45-53.
- Marchais-Roubelat A., Roubelat F. (2018), “The sustainability of the making of global
communities.Functions, dysfunctions, scenarios”, FTA 2018, European Commission, Brussels.
- Roberts J. (2010), “Community and international business futures: Insights from software
production”,Futures, 42, 926–936
- Roubelat F., Marchais-Roubelat A., Brassett J. (2019), The futures of communities. Call for
papers,Futures.
- Samaa C., Crespo-Cebadaa E., Díaz-Carob C., Escribanoc M., Mesías F. J. (2018), “Consumer
- Preferences for Foodstuffs Produced in a Socio-environmentally Responsible Manner: A Threat to
FairTrade Producers?”, Ecological Economics, 150, 290–296.
- Stevenson T. (2002), “Communities of tomorrow”, Futures, 34, 735-744.
- Stevenson T. (2006), “Organizing tomorrow”, Futures, 38, 619-625.
- Watson R. T., Boudreau M.-C., Greiner M., Wynn D., York P., Gul R. (2005), “Governance and
globalcommunities”, Journal of International Management, 11, 125–142.
- Wangel J. (2011), “Change by whom? Four ways of adding actors and governance in
backcastingstudies”, Futures, 43:8, 880-889.
14
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
15
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Home to over 50% of the world’s population and generating more than 70% of the global emissions (UN,
2018) cities and local authorities have a crucial role to play in the transition towards sustainable
development. Their position as key actors in driving the change has been established since the adoption of
Agenda 21 plans (UNCED, 1992, p. 285) and reconfirmed with the launch of Agenda 2030 (UCLG, 2018).
In OECD countries, cities are increasingly recognized as key partners in localising the Sustainable
Development Goals (SDGs), building on key principles of ownership and decentralised cooperation for
development (OECD, 2018). In several areas such as social innovation and public services, cities have the
scope and responsibility to translate the Agenda into action, by taking into account territorial specificities
and cultural patterns (EU SDG Platform, 2018). Local and regional municipalities themselves are
increasingly taking ownership of the process of implementing and monitoring SDGs (CEMR, 2018).
Cities and towns also play a dynamic and innovative role in the development of the Fair Trade movement.
From the early 2000s, the creation of a “Fairtrade Town award” provided citizens with new opportunities and
pathways for consumer-oriented activism (Barnett et al., 2005; Coscione, 2015). The Fair Trade movement
has welcomed Agenda 2030 as an opportunity to scale its impact in tackling inequalities and power
imbalances (FTAO, 2015). Within Fair Trade scholarship, there is growing interest in understanding how the
principles of Fair Trade align with this framework (FTIS, 2018). In this paper we look at the role towns and
cities are playing in achieving the SDGs through Fairtrade Town campaigns – what Malpass et al. (2007) call
“Fairtrade urbanism”.
Fairtrade Towns (FTTs) are grassroots campaigns that create a local focus for Fairtrade by rethinking the
public space as a place for activism and political participation (Lyon, 2014; Malpass et al., 2007; Peattie &
Samuel, 2015) - they represent a community approach to localising sustainable development. The initiative
began in 2001 in Garstang, a market town in the North West of England, when the local community started
to lobby local retailers, organisations and public sector to supply and consume more Fairtrade products in the
town. As a result, local activists successfully persuaded the Fairtrade Foundation to award the town with
“Fairtrade status”, acknowledging the local commitment to Fair Trade and sustainable development values.
The initial scepticism was overcome relatively quickly, and the Fairtrade Foundation began to officially
extend the award to cities, villages, islands, boroughs, counties or zones (FTF, 2011).
Since 2001, the campaign has witnessed an international expansion with a total of 2014 FTTs in 30 countries
across the world and more than 600 FTT in the UK (FTTI, 2019). Although it is a voluntary initiative, the
campaigns gained political recognition, with the European Parliament (EU, 2005) defining FTTs as an
important device for strengthening citizen-to-citizen cooperation and raising awareness about North-South
relations.
Despite the potential of Fairtrade towns and cities to contribute to sustainable development, a detailed
reflection on the relation with the Agenda 2030 is currently missing. This research aims at extending the
knowledge base about what constitute a “sustainable city” within the Fair Trade movement and the process
of locally implementing SDGs.
The paper begins with a critical discussion of the existing research on FTTs; building on this context, we
then explore how the practices of FTT campaigns engage with the discourse surrounding SDGs. By applying
power analysis framework (Gaventa, 2006) we investigate FTT campaign material produced by the Fairtrade
Foundation and explore the experience of local campaigners advocating for Fair Trade in their towns and
16
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
17
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé de la communication
Le commerce équitable est considéré comme une pratique commerciale alternative au commerce classique
entre pays développés et en développement. Ce commerce classique tend à faire une part belle aux
partenaires occidentaux au détriment de partenaires locaux dont le sacrifice au travail n’est pas
équitablement récompensé par le jeu de l’offre et de la demande. Le commerce équitable entre pays
développés et en développement vise à réduire ce gap en proposant des conditions de transactions
commerciales plus justes et équilibrées qui favorisent plus les partenaires locaux. Dès lors, le succès de ce
commerce repose beaucoup sur un engagement militant de la part des partenaires occidentaux. De nombreux
travaux ont été menés sur le phénomène du commerce équitable aussi bien dans les pays développés que
dans les pays en développement. La plupart des résultats tentent à accréditer l’idée que le commerce
équitable peut constituer une solution à la pauvreté des populations dans les pays en développement. On peut
donc conclure que le commerce équitable est le fruit de la solidarité des partenaires occidentaux envers les
pays en développement. Toutefois, très peu de travaux s’intéressent à la question des jeux politiques internes
entre les acteurs locaux impliqués dans le commerce équitable. Cette recherche a pour objectif de
comprendre le jeu des acteurs locaux dans le processus du commerce équitable. Qui sont les acteurs? Quels
positionnements adoptent-ils? Quelles stratégies poursuivent-ils?
Pour parvenir à cet objectif, nous avons mené des entretiens 12 semi-directifs ainsi que des observations non
participantes dans deux organisations de producteurs biologiques de mangues au Burkina Faso. Il ressort de
ces entretiens que le commerce équitable permet aux producteurs locaux d’améliorer leurs revenus et leurs
conditions économiques, en vendant leurs produits à des prix avantageux. Les résultats indiquent par ailleurs,
que les fruits du commerce équitable permettent de bâtir et d’entretenir des infrastructures indispensables à la
vie communautaire (écoles, dispensaires et forages, etc.). Par contre, les résultats ont montré que les jeux
politiques entre acteurs locaux profitent plus aux grands producteurs au détriment des petits producteurs. Ces
grands producteurs s’accaparent de l’essentiel des revenus, des terres et exercent sur les petits producteurs
une domination sans partage. Cette situation semble être un paradoxe par rapport à l’objectif initial de
solidarité prôné par les partenaires occidentauxdu commerce équitable. Cependant, cette situation n’est pas
nouvelle car certains chercheurs ont toujours soutenu que l’homme a toujours été mu par ses propres intérêts
égoïstes, le fameux homoeconomicus. Par ailleurs, Crozier et Friedberg ont déjà démontré, dans l’acteur et le
système, que les acteurs sont toujours guidés par leurs intérêts individuels. Enfin, des recommandations pour
renforcer la solidarité locale (entre les acteurs locaux) et internationale (entre les acteurs locaux et
occidentaux) ont été formulées.
Mots clés : commerce équitable, producteurs locaux, partenaires occidentaux, développement
communautaire, prospérité économique.
Bibliographie
Crozier, M. et Friedberg, E., L'Acteur et le système, Paris: Seuil, 1977.
Daniel M et Sirieix L, Les pratiques durables: une forme de résistance ordinaire? Décisions
Marketing, 2012, 68: 11–24
McSween, N., La contribution du commerce équitable au développement local au Burkina Faso :
les cas de l’Union fruitière et maraîchère du burkinafaso (UFMB) et du Cercle des sécheurs (CDS).
18
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
19
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Un peu plus de 25 ans après l’adoption de la Convention sur la diversité biologique (CDB, 1992), 15 000
scientifiques nous avertissent sur l’état catastrophique du monde, notamment sur la destruction de la
biodiversité – la 6ème extinction – provoquées par nos modes de production, de consommation et
d’échanges (Ripple et al., 2017). Afin d’éviter une misère globale et une perte massive de biodiversité, les
auteurs de ce manifeste nous exhortent à mettre en œuvre des alternatives environnementales plus justes et
plus durables que les pratiques économiques actuelles (business as usual). Cet appel réinterroge le rôle que
pourraient jouer les alternatives au commerce conventionnel, dont le commerce équitable (désormais CE),
vis-à-vis de ces enjeux environnementaux.
Cette dimension environnementale est, du reste, une des motivations d’achat de produits équitables
(Connolly et Shaw, 2006). Toutefois, au moins deux problèmes subsistent au sein de ce mouvement :
- un scepticisme toujours conséquent dans l’esprit des consommateurs (Pernin et Petitprêtre, 2012 ;
Sirieix et al., 2004), scepticisme en partie lié au manque de visibilité de ses résultats ;
- un décalage, au niveau environnemental, entre les croyances des consommateurs et les règles effectives
du CE, notamment en ce qui concerne la protection de la biodiversité. Ainsi, selon Pernin et Carimentrand
(2012, 11), 64,8% des consommateurs jugent probable que le critère du maintien de la biodiversité
constitue une des règles environnementales du CE, alors que l’analyse des principaux standards du CE
(Max Havelaar et Ecocert Equitable), au niveau de la production de café, montre peu de critères dédiés à
cette protection et à la lutte contre la déforestation.
Notons, également, que dans l’article 3 du décret n° 2015-1311 du 19 octobre 2015 concernant la
reconnaissance des systèmes de garantie du commerce équitable, la protection de la biodiversité est l’un des
six critères inscrits. Malgré les progrès du CE pour tenir compte de ce critère, par exemple en favorisant
l’agroforesterie, on ne peut que prendre acte du peu de solutions offertes au consommateur/citoyen pour
agir, dans son quotidien, en faveur de la biodiversité là où elle est la plus menacée, notamment dans les pays
à faibles revenus.
Pour tenter d’apporter des solutions à ce problème, Pernin et al. (2018) ont réalisé une recherche concernant
la faisabilité de produits équitables :
- soit provenant d’une zone périphérique à un parc national en France
- soit provenant d’une zone périphérique à un parc national dans un pays à faibles revenus
Leurs résultats montrent que 25% des individus enquêtés auraient l’intention d’acheter de tels produits
(réponses 6 et 7 sur une échelle de 1 pas du tout d’accord à 7 tout à fait d’accord). Ces résultats montrent
également une meilleure attitude des individus envers de potentiels produits équitables provenant d’une zone
périphérique à un parc national en France par rapport à des produits provenant d’une zone périphérique à un
parc national dans un pays à faibles revenus. Toutefois ces derniers reçoivent de meilleurs scores en ce qui
concerne la valeur perçue. Autrement dit, les consommateurs seraient prêts à faire davantage de sacrifices
pour la solution « pays à faibles revenus » que pour la solution « France » (ibid., p.60).
Ces résultats amènent à se poser la question des solutions articulant le local et le global. Deux propositions
peuvent être formulées :
La création d’associations entre les marques des espaces naturels français (par exemple, la marque « Esprit
Parc » des parcs nationaux) et/ou celles du CE Nord-Nord (par exemple, les marques « Paysan d’ici »
d’Ethiquable ou « Ensemble » de Biocoop)et un dispositif visant à financer des opérations de protection de la
20
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
biodiversité dans les pays à faibles revenus au titre du « Paiement pour service environnemental » (PSE) (Le
Coq et al., 2016).Il pourrait s’agir, par exemple, de financer des emplois d’assistants gardes forestiers ou,
plus globalement, de permettre une meilleure politique d’implication des populations locales dans la gestion
des parcs. En effet, les travaux de recherche montrent que c’est l’implication des populations locales dans la
cogestion des aires protégées qui donne les meilleurs résultats pour leur protection (pour une méta-analyse,
voir Andrade et Rhodes, 2012). Ce résultat correspond à la dynamique de la « conservation intégrée » initiée,
dès le début des années 1970, par l’UNESCO avec son programme Man and Biosphère (MAB) et les
réserves de biosphère. Pour le CE, ceci serait un dispositif qui dépasserait ses propres limites en associant
une démarche de CE à une relation équitable au profit des agriculteurs qui, en périphérie des espaces naturels
protégés au Sud, mettent en place des stratégies de co-viabilité Homme-Nature, sans avoir la possibilité d’en
retirer un revenu. C’est le cas, par exemple, des agriculteurs qui plantent des piments rouges en lisière de
champ pour éviter l’intrusion des éléphants sur leurs plantations. Cette équité environnementale, au titre du
PSE, portée par ces marques, permettrait au consommateur de s’engager dans des achats responsables au
niveau de la protection de la biodiversité là où elle est la plus menacée.
La création/extension de jumelages territoriaux Nord-Sud autour de la protection de la biodiversité. Cette
idée reprend l’avis du Comité des régions de l’Union européenne pour le CE : celui-ci invite à activer
d’autres possibilités de pratiquer le CE, par exemple en faisant davantage appel au lien existant entre la
coopération décentralisée au développement et le CE (Comité des Régions, 2015, 10).Ces jumelages
pourraient s’appuyer sur les projets REDD+ (réduction des émissions issues de la déforestation et de la
dégradation des forêts) qui sont un des principaux outils permettant la protection de la biodiversité au niveau
international. Ces projets pourraient servir de certification pour ces jumelages et, inversement, ces derniers
serviraient les projets REDD+ en offrant la possibilité à tous les acteurs des territoires, au Nord, de s’engager
efficacement pour la protection de la biodiversité. Actuellement, la mise en œuvre des projets REDD+ est
centrée sur les « bénéfices carbone » (stockage du carbone par les forêts) et sur les populations au « Sud ».
Les « bénéfices non carbone » (éducation à l’environnement, éducation à la diversité culturelle, amélioration
des conditions de vie des populations via l’accès à l’eau, à la santé, à l’éducation, etc.) ne sont pas, ou peu,
pris en compte. Des jumelages Nord-Sud pourraient permettre d’exploiter les « bénéfices non carbone » des
projets REDD+, que ce soit au « Sud » comme au « Nord ». Ceci rejoint également le besoin de dispositifs
innovants permettant d’opérationnaliser la responsabilité sociétale des organisations (et des citoyens),
notamment en ce qui concerne la protection de la biodiversité.
L’urgence face à la 6ème extinction de masse de la biodiversité nous oblige à trouver/tester des modalités
permettant de donner des solutions aux citoyens et aux territoires pour agir pour la protection de cette
biodiversité ; ceci sachant qu’il est vain d’attendre que les Etats jouent pleinement leur rôle sur ce sujet.
BIBLIOGRAPHIE
ANDRADE G. S., RHODES J. R. (2012) Protected areas and local communities: an inevitable partnership
toward successful conservation strategies?, Ecology and Society, 17(4),14.
COMITÉ EUROPÉEN DES RÉGIONS (2015) Soutien local et régional au commerce équitable en Europe,
Rapporteure : Barbara Duden, 112e session plénière des 3 et 4 juin 2015, CIVEX-VI/003.
CONNOLLY J., SHAW D. (2006) Identifying fair trade in consumption choice, Journal of strategic
marketing, 14(4), 353-368.
LE COQ J.-F., MÉRAL P., FROGER G., CHERVIER C. (2016). Les paiements pour services
environnementaux ou écosytémiques, in P. Méral et D. Pesche (coord.) Les services écosystémiques, Paris,
Editions Quæ, 181-200.
PERNIN J.-L., CARIMENTRAND A. (2012) Quels critères environnementaux pour le commerce équitable ?
Croyances et attentes chez les consommateurs, Mondes en développement, tome 40, n° 160, 45-58.
PERNIN J.-L., PETITPRÊTRE B. (2012) Commerce équitable et scepticisme : une typologie des
consommateurs, Décisions Marketing, 66, 47-58.
PERNIN J.-L., ERIKSSON A., GEORGES L. (2018) Commerce équitable et espaces naturels protégés :
évaluation comparée de deux propositions, Mondes en développement 2018/3 (n° 183), p. 49-70
21
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
RIPPLE W. J., WOLF C., NEWSOME T. M., GALETTI M., ALAMGIR M., CRIST E., MAHMOUD M. I.,
LAURANCE W. F. (2017) World Scientists’ Warning to Humanity: A Second Notice, Bioscience, 67(12),
1026-1028.
SIRIEIX L., MEUNIER A., SCHAER B. (2004) Les consommateurs et le commerce équitable : scepticisme,
confiance accordée et disposition à s'engager, Économies et Sociétés, série "Systèmes agroalimentaires", 26(3),
571-590.
22
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé:
L’entreprenariat socialeest une forme d’entreprenariat apparu dans les années 90 en Europe et aux États-
Unis, qui est au service de l'intérêt général, et qui recouvre l’ensemble des initiatives économiques dont la
finalité principale est sociale ou environnementale, et c’est dans ce cadre que s’inscrit le projet “Bab Rezk”
quiest un social business model, de développement à but non lucratif, adhérant aux principes de l`économie
sociale et solidaire, visant à lutter contre la pauvreté en Algérieà travers la création de micros/petites
entreprise.
A ce jour l’association a réussi à créer 49 petites entreprises lancées dans 17 domaines d`activités, nous en
concluons que les modèles d’affaires sociaux constituent bel et bien un relais fondamental qui permet aux
entrepreneurs sociaux de contribuer activement au développement durable.
Mots clés :entreprenariat social, social business model, économie sociale et solidaire, développement
durable, lutte contre la pauvreté.
Introduction :
Les évolutions en cours, liées à la mondialisation des économies ont contribué à déstabiliser les systèmes
économiques existants, engendrant des problèmes socio-économiques, écologiques et environnementaux,
notamment dans les pays émergents. L’accroissement des disparités entre nations, l’épuisement des
ressources naturelles, l’émergence des problèmes liés à la pauvreté, au chômage, à l’exclusion sociale sont
autant de phénomènes qui se sont développés avec l’accélération des changements induits par
l’internationalisation des activités économiques. Face à ces mutations profondes, des organismes, conscients
de la nécessité d’adopter des démarches de développement durable, ont souhaité s’engager dans la voie de la
durabilité via des projets entrepreneuriaux forts, ambitieux, offensifs, mais surtout pérennes.
A cet effet, nous proposons de montrer que l’entrepreneuriat social, en tant que moyen privilégié de
résolution des problèmes sociaux non directement pris en compte par l’Etat, pourrait offrir un cadre
d’analyse et apporter une réponse potentielle aux défis soulevés par le développement durable. Pour ce faire,
nous nous appuyons sur le social businesmodèledéveloppé par l’association Algérienne “Kafel el yatim
Blida”,qui est une association caritative spécialisé dans la prise en charge des veuves et orphelins, créé le 02
janvier 1989.
Le projet “Bab Rezk” est un social business model, de développement à but non lucratif, adhérant aux
principes de l`économie sociale et solidaire, visant à lutter contre la pauvreté en Algérieà travers la création
de micros/petites entreprise au bénéfice des plus démunies et des plus faibles(nécessiteux, pauvres, veuves,
handicapés physiques...),visant un développement économique, social, et humanitaire, en leur offrant un
travail, un moyen de gagner leur vie dignement, pour sortir de la précarité d’une manière durable.Pour ce
faite, la problématique de cette étude est la suivante :
Quel est l’impact de l’introduction de l’entreprenariat social dans le secteur associatif algérien ? Et
quel sont les résultats atteint par le projet « Bab Rezk » de l’association Kafil el yatim Blida?
1-Introduction à l’entreprenariat social :
L'entrepreneuriat social est un domaine aux définitions multiples, qui ne fait pas encore l'unanimité. La
littérature scientifique tentant de la définir clairement s'accorde néanmoins sur des caractéristiques
23
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Revue, Finances & Développement du FMI, publication trimestrielle, décembre 2012, volume 49, numéro 4, page 15.
2
Carlo Borzaga, Jacques Defourny, The emergence of social entreprise, 2001, p 10.
24
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
sociale et solidaire.
1-1-2 Approches du monde oriental :
Afin de compléter cette approche culturelle, il est également possible de croiser ces représentations avec
celles du monde orientalqui offre également une version toute particulière de l'entrepreneuriat social : 1
• Le Social business :
Développé par Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix pour la création de la Grameen Bank : un Social
business est une entreprise sociale qui lutte contre la pauvreté et ne verse aucun dividende. Les profits sont
entièrement réinvestis dans l'activité du Social business. Les investisseurs peuvent en revanche récupérer leur
mise initiale.2
Cette approche fondée sur la philanthropie des apporteurs de capital, a donné lieu à une autre branche : Le
Bottom of the pyramid. Cette dernière à développe l'idée que la pauvreté et la subvention aux besoins du bas
de la pyramide de Maslow est un immense marché auquel les entreprises devraient s'intéresser pour s'enrichir
tout en luttant contre la pauvreté. 3
• Les initiatives de l'Asie de l'Est :
Selon certains auteurs, si on compare le cas du Japon, de la Chine, de la Corée du Sud, de Taiwan et de Hong
Kong, on se rend compte qu'en matière d'entrepreneuriat social, les occurrences sont également riches en
Asie de l'Est, au même titre qu'en Europe ou outre-Atlantique mais qu'elles ne convergent pas toujours vers
un cadre opérationnel commun.
Néanmoins, dans ces pays, l'émergence du secteur est corrélée à des caractéristiques distinctes que sont les
suivantes :
- la vision harmonique du monde (Confucius/Bouddhisme) ;
- l'absence d'une réelle société civile en orient ;
- des crises économiques et écologiques comme ciment de la solidarité ;
- un état fort, moteur et central de la dynamique social.
1-2- Spécificités et difficultés consubstantielles à l'entrepreneuriat social :
Les outils classiques du management peuvent être utiles aux entrepreneurs sociaux (par exemple l’entretien
individuel annuel du salarié), aussi bien que les techniques d’« alter-management ». Ces outils peuvent être
vus comme neutres, et être utiles donc à plusieurs fins, aussi bien capitalistique que sociale.
Il existe depuis quelques années en France des syndicats d’employeurs de l’économie sociale, mais encore
rien d’équivalent dans le domaine de l’entrepreneuriat social. Cependant, certaines écoles de commerce
françaises commencent à s'y intéresser.
Pionnière en la matière, l'ESSEC a créé l'Institut de l'Innovation et de l'Entrepreneuriat Social4 ; HEC a peu
après créé une chaire "Social Business, Entreprise et pauvreté")5.
Certains Instituts d’études politiques, comme celui de Lille, proposent des cours obligatoires de
1
Shin-Yang Kim, Jacques Defourny, Emerging models of social entreprise in Eastern Asia: a cross-country analysis,
Social Entreprise Journal, 2012
2
http://www.yunussb.com/index.php/social-business.
3
http://www.yunussb.com/index.php/social-business
4
http://entrepreneuriat-social.essec.edu/
5
Chaire "Social Business, Entreprise et pauvreté" sur le site d'HEC Paris,
http://www.hec.fr/Partenariats/Devenez-Partenaire/Developper-un-partenariat-de-long-terme/Fondation-
HEC/Chaires/Chaires-et-Centre/Chaire-Social-Business-Entreprise-et-Pauvrete [archive] Chaire "Social Business,
Entreprise et pauvreté" sur le site d'HEC Paris
25
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
« http://www.univ-catholille.fr/documents/VE-n61-encart.pdf » sur www.univ-catholille.fr (consulté le 1er Mars
2019).
2
Site de l'Université Paris-Dauphine, http://www.entrepreneur-social.dauphine.fr
3
https://e-rse.net/definitions/entrepreneuriat-social-definition/#gs.25l5xc
26
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
L’éducation ;
La dignité.
2-2- Objectifs de Kafil El Yatim Blida :
Kafil El Yatim Blida a pour objectifs de fournir un soutien financier, moral et sanitaire auprès des orphelins
démunis et des veuves pour les aider à se construire un avenir.
Cette associationse charge de veiller au bien-être des orphelins ainsi que des veuves dans les domaines
suivants :
Identifier les besoins financiers des familles et des orphelins puis apporter l’aide nécessaire pour leur
assurer une vie convenable ;
Fournir aux familles des orphelins leurs droits sociaux ;
Identifier l’état de santé de tous les membres de la famille ;
Prendre en charge les consultations médicales, les analyses et les échographies des malades ;
Suivre l’état de santé des orphelins hospitalisés ;
Établir des conventions avec les médecins privés et publiques pour traiter les malades et les
pharmacies pour fournir les médicaments nécessaires ;
Fournir les articles scolaires aux orphelins scolarisés ;
Accompagner les enfants scolarisés et leur fournir le soutien nécessaire à sa réussite.
KAFIL EL-YATIM Blida accompagne les veuves dans l’éducation de leurs enfants.
3- Lesocial business model « Bab Rezk »:
Le projet “Bab Rezk” est un social business model, de développement à but non lucratif, adhérant aux
principes de l`économie sociale et solidaire, visant à lutter contre la pauvreté en Algérie à travers la création
de micros/petites entreprise au bénéfice des plus démunies et des plus faibles, qui répondent aux conditions
suivantes :
- Etre chômeurs, ou sans revenues,
- Avoir plus de 18 ans,
- Accepter de fonder une micro-entreprise potentiellement rentable qui répond aux principes de “Bab
Rezk”,
- Avoir une qualification ou une formation dans un domaine d`activité, sinon accepter de faire une
formation dans un domaine défini,
- Le financement du projet doit être possible par un micro crédit (petit financement).
3-1- L’idée du projet de Bab Rezk :
L`idée principale est d`essayer de trouver une solution radicale au problème de la pauvreté, un model
structuré, qui utilise les outils moderne de gestion, et qui assure la pérennité et la durabilité au projet
associatif.
Cela passe par la création d`emplois et l`éradication du chômage, et de la est venu la proposition d`un projet
qui œuvre pour la création de petites entreprise au bénéfice des pauvres et des chômeurs, selon leur capacités
et leur savoir-faire respectifs, au lieu de leur fournir une aide éphémère qui ne satisfais leur besoins que pour
une courte durée.
3-2- Objectifs du projet Bab Rezk:
Le faite que Bab Rezk est un social business model, caritatif et social implique qu`il est des objectifs de
27
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
développement économique, social, et humanitaire, en offrant aux pauvres un travail, un moyen de gagner
leur vie dignement, pour sortir de la précarité, et cela dégage les objectifs suivants :
Elaborer un social business model Algérien reproductible à l`infini, permettant ainsi de
promouvoir le secteur caritatif,
Lutter contre la pauvreté à travers la lutte contre le chômage qui contribue énormément a
l`augmentation de la misère sociale,
Promouvoir la valeur de la solidarité sociale entre les membres de la société algérienne en
rétablissant la confiance dans le secteur caritatif et en luttant contre la corruption qui le détruit ;
Rechercher continuellement des moyens nouveaux et novateurs pour combattre la pauvreté ;
Adopter le principe du « développement pour tous » et fixer des objectifs stratégiques de
développement dans le secteur de l'éducation, de la formation et des services sociaux (formation de
militants et bénévoles sociaux ... etc) ;
Augmenter le taux d'emploi des femmes et des mères au foyer (surtout les veuves, et les familles
monoparentales) en tant que force de développement, leur permettant de mettre en place de petits
projets générateurs de revenus et de soutenir leurs familles pauvres ;
Construire une entité interne forte et une structure organisationnelle professionnelle pour gérer les
investissements caritatifs afin de servir les objectifs ;
Mettre en place des normes professionnelles pour suivre et évaluer les investissements
caritatifs existants et rechercher de nouvelles opportunités d'investissement, et développé un guide
professionnel d'investissement caritatif pour l'organisation, et d'autres organisations caritatives
algériennes;
Continuer la recherche sur de nouvelles opportunités d'investissement caritatives afin de maximiser
le retour sur investissement dans le secteur caritatif.
3-3-La population ciblée par le projet (les bénéficiaires):
Le projet agit sur le marché des demandeurs d'emploi pauvres (nécessiteux, pauvres, veuves, handicapés
physiques...), capables d`exercés une activité (de toutes sortes), qui peuvent être divisés en segments de
marché selon un ensemble de critères de segmentation du marché, mentionnés dans le tableau suivant:
28
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Sans logement
Sans diplôme
Plus de 3 ans
3-4-Le
Le processus de création de PME dans le cadre du projet Bab rezk:
La création d`entreprises nécessite un mécanisme et un ensemble de procédures bien structure, et planifier au
préalable comme le démontre le schéma suivant:
Schéma N01 : le processus de création de PME dans « Bab Rezk »
29
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
En Septembre 2017 l’association Kafil El Yatim Blida à adopter L’idée du social business model Bab Rezk,
en ciblant la création de PME à l’intérêt des veuves et des orphelins adhérents à l’association.
Pour cela l’association, et par le biais de ses différents branches et bureaux exécutifs communaux, à lancer
un appel d’offre pour toutes celles qui ont une idée de projet, et qui veulent créer une micro ou une petite
entreprise, les invitants à déposées leur candidatures auprès des bureaux de proximité.
L’opération a rencontré un franc succès, traduit par le flux très important de demandes de financement de
projet qui à atteins à la fin de 2017 les70 demandes, qui ont étés évalués et notés par un comité d’experts
(enseignants universitaires, hommes d’affaire, retraités d’organismes financiers tel que les impôts, ministère
des finances…).
4-1- Le financement des PME Bab Rezk :
Le financement des projetsPME Bab Rezk a étais plafonné à 300 000 DA, obtenue par le bénéficiaire comme
crédit sans intérêt, remboursé sur 36 mois avec une année en différé.
L`association offre la possibilité aux bénéficiaires d`obtenir un autre crédit si besoin, pour avoir un fond de
roulement supplémentaire et nécessaire à la survie de l`entreprise.
Les bénéficiaires ont également la possibilité de de développer leurs activité par un deuxième crédit, une fois
le premier remboursé dans sa totalité.
Le financement des projets acceptés dans le cadre de Bab Rezk, s’effectues par la caisse de ce dernier, qui est
alimenté à son tour via les trois sources de financement suivants :
- La caisse de l’association Kafil El Yatim Blida : cette caisse est la premier source de financement
des projets, mais vue ces capacités de financement extrêmement limités elle ne prouvé pas assuré
seul le cette opération, c’est pour cela que les responsables de Bab Rezk étais obligés de trouver
d’autres ressources ;
- Les dons et legs des donateurs : à ce jour cette source de financement ne contribue que faiblement
30
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
a la caisse de Bab Rezk, et c’est pour cela que les responsables du projet sont en cours de
développement desmécanismes susceptible d’activé encore plus cette voie de financement. (voir les
perspectives)
- Al SALAM BANK :l’association
l’association Kafil El Yatim Blida à signer une convention stratégique avec Al
Salam Bankk prévoyant le soutier de ce dernier au actions de l’association d’une manière générale, et
du financement des projets Bab Rezk, cela fait que Al Salam Bank est devenue la principale source
de financement des PME Bab Rezk.
La contribution de chaque une dedess trois sources dans le financement des projets Bab Rezk peut être
démontrée dans le schéma suivant :
Schéma N02 : le financement de la caisse Bab Rezk
28%
Dons et Legs
63%
Caisse de
l'association
Source : déclaration du responsable du projet Bab Rezk, rapport de l’audit interne, Janvier 2019.
Commee le démontre le schéma si dessus la caisse de Bab Rezk est financée a auteur de 63% par Al Salam
Bank (partenaire économique), 28% des dons et legs des généreux donateurs (partenaire social), et enfin 9%
vient de la caisse centrale de l’association Kafil El Yatim.
4-2- Les réalisations de Bab Rezk :
Après à peu près de 18 mois du lancement du projet Bab Rezk par l’association Kafil El Yatim Blida, une
mise au point est nécessaire pour évaluer le pourcentage de réalisation des objectifs tracés au démarrage,
démarrage et
identifier les écarts s’ils existent, pour y remédier le plus rapidement possible.
31
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
32
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
33
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Willaya:.............................................. commune:..........................................
Nom du bénéficiaire:......................... nom de l`entreprise:............................
Adresse:............................................................................................................................................
1 Le lancement
2 Taux d`avancement
3 Lieu du projet
4 Nombre de clients
6 Equipement
7 Réaction du marché
8 Accécibilité du projet
9 Réussite du projet
14 Observations:
manière locale dans la willaya de Blida uniquement, c’est pour cela que porter par la réussite du projet
les responsables visent une généralisation du projet ;
Extension des micro-entreprises créées :celles qui ont été fructueuses, ayant remboursées
totalement leur prêt, et offre des perspectifs de développement ;
Diversification des sources de financement de la caisse de Bab Rezk :L`association est en phase
finale de signature d`une convention avec Algérie Postepour créer un nouveau service de retenue à la
source, ciblant les détenteurs de comptes CCP désirants de donner une somme fixe chaque mois pour
financer les projets “Bab Rezk” que l`association Kafel el Yatim Blida aurais étudié au préalable.
Elargir le nombre de bénéficiaires du projet : les responsables visent à atteindre le financement de
1000 micro-entreprises aux horizons de 2020, au bénéfice des orphelins et des veuves.
Conclusion:
Les entreprises sociales sont au cœur du nouveau modèle économique que les crises actuelles rendent chaque
jour plus indispensable. Créatrices d’emplois utiles, partageant équitablement les richesses qu’elles créent,
refaisant du profit un moyen et non une fin, elles apportent des réponses concrètes à de nombreux défis qui
se posent à la société.
Pionnières de l’économie de demain, elles sont très efficaces dans la lutte contre les exclusions, la création
d’emplois sur des territoires fragiles, et garantir un juste revenu aux producteurs, à aider les personnes âgées
à mieux vivre, à protéger l’environnement ou encore à répondre à de nouveaux besoins sociaux. Elles savent
combiner le goût de l’intérêt général de la sphère publique, l’efficacité de la sphère économique et
l’innovation des citoyens.
Leur potentiel de création d’emplois durables et d’utilité sociale est important, notamment sur les marchés
éthiques (bio, équitable, écoproduits, recyclage...) et les activités d’intérêt général (santé, social, dépendance,
environnement, culture, éducation, énergie...).
Et pour rependre à notre problématique posée au tout début de cette étude, l’impact de l’introduction de
l’entreprenariat social peut être très bénéfique dans le secteur associatif Algérien, si on prend le cas de Bab
Rezk de Kafil El Yatim Blida, et les résultats atteints à ce jour, car l’association a réussi à créer 120micro-
entreprises lancées dans 10 domaines d`activités (L`élevage de bétail, la couture, confiserie, la coiffure,
agence publicitaire, La restauration, artisan aluminium, les cours de soutien, la plomberie, fleurs
synthétiques), et cela en 18 mois d’activité seulement (de septembre 2017 à janvier 2019),ce qui confirme
que les modèles d’affaires sociaux constituent bel et bien un relais fondamental qui permet aux entrepreneurs
sociaux de contribuer activement au développement durable.
Bibliographie :
Yvette Veyret, Le développement durable: Approche global, édition lire. comprendre. maintenant,
Paris , 2017.
Amandine Barthélémy &Romain Slitine, Entrepreneuriat social - Innover au service de l'intérêt
général, 2éme édition, édition vuibert, Paris, 2014
Vincent Maymo et Geoffroy Murat, La Boîte à outils du Développement durable et de la RSE- 53
outils et méthodes, édition Dunod, Paris, 2017
Gilles Cappe et Philippe Delforge, Développement durable : 30 situations pour comprendre les
enjeux et agir, édition RETZ, Montréal, 2015.
Amandine Barthélémy, Sophie Keller et Romain Slitine, Stratégie et financement des entreprises
sociales et solidaires, édition rue de l’échiquier, Paris, 2014.
Frédéric Petitbon, Renouveler le modèle social de l'entreprise - Du business model au modèle social
d'entreprise, Dunod, Paris, 2013.
35
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Carlo Borzaga, Jacques Defourny, The Emergence of Social Entreprise, Routledge, 2001
Virginie Seghers, L’Audace des entrepreneurs sociaux, coécrit avec Sylvain Allemand, éditions
Autrement, 2007
Muhammad Yunus, Bertrand Moingeon et Laurence Lehmann-Ortega, "Building Social Business
Models: Lessons from the Grameen Experience”, avril-juin, vol 43, no 2-3, Long Range Planning,
2010, p. 308-325 [archive]"
Tarik Ghezali et Hugues Sibille, Démocratiser l'économie, Grasset, 2010
Amandine Barthélémy et Romain Slitine, Entrepreneuriat social, Innover au service de l'intérêt
général, Vuibert, 2011
Shin-Yang Kim, Jacques Defourny, Emerging models of social entreprise in Eastern Asia: a cross-
country analysis, Social Entreprise Journal, 2012
"Alejandro Agafonow, The Puzzled Regulator: The Missing Link in Our Understanding of Social
Enterprises, 19 Jun 2013
36
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
37
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Mesure de l’impact du Fairtrade sur les producteurs de café d’une région de piémont andin au Pérou .....40
Evaluer la performance globale de la certification commerce équitable selon une approche par les parties
prenantes et les territoires : cas des coopératives de production de l’huile d’argan au Maroc53
La filière de l’huile d’argan, une image de produit équitable qui cache des disparités de situations ...........67
David Goeury,Docteur en géographie, enseignant chercheur au laboratoire Espace Nature et Culture UMR
8185 de Sorbonne-Université, Maison de la Recherche, Bureau SE 06, 28 rue Serpente 75006 Paris France,
Les nouvelles filières des produits de terroir oasiens – grenades et dattes- : quand la promotion dulocal ne
rime pas toujours avec équitable. Le cas des oasis de Tozeur et Gabès (Tunisie) .........................................77
Power and Resistance in Global Supply Chains: A Review of Fair Trade and Supply Chain Management
Literature .....................................................................................................................................................87
Commerce équitable des produits bios et développement local: cas de la coopérative les jardins de
TOUZAIKOU .................................................................................................................................................89
Meryam ADERDOUR,Doctorante à l’Université Mohammed Cinq RABAT, Faculté des Sciences Juridiques
Economiques et Sociales Agdal.
38
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
L’impact de la certification sur la promotion des produits équitables et sur la valorisation du territoire. .100
La fiscalité écologique et le commerce équitable au Maroc : Etat des lieux et impact. ..............................112
Mme. Bouchra RADI, Enseignante chercheur, LAREFA,ENCG d'Agadir, Université Ibn Zohr
39
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Sur le piémont andin de San Ignacio au Nord Pérou, la certification Fairtrade, au travers de son prix
minimum et de sa prime, a jouéun rôle fondamental dans le maintien et le développement des coopératives
locales et a permis à leurs membres et leurs familles d’augmenter significativement leur revenu, aujourd’hui
15 à 50% supérieur à des producteurs non certifiés. Cependant, la certification ne gomme ni les différences
de revenus agricoles qui restent dépendants de l’accès à la terre, ni la spécialisation caféière qui repose sur
des travailleurs salariés paupérisés, eux-mêmes producteurs de café mais n’ayant pas suffisamment de
surfacespouratteindre la quantité et qualité exigées par les coopératives certifiées. Des enjeux clés ont été
identifiés pour assurer la performance et durabilité de la production de café certifiée Fairtrade, tel que l’appui
à la diversification culturale dans les systèmes de production, ou encore un encadrementet un meilleur
ciblage des avantages du Fairtrade pour les plus petits producteurs.
Mots clés : impact, Fairtrade, Pérou, café, agriculture comparée
Introduction
Produit emblématique du commerce équitable, le café représente plus de 50 % du chiffre d’affaire des
produits labellisés Fairtrade en France, tandis que le Pérou est le plus important exportateur de café Fairtrade
en volume. Les coopératives de la région étudiée, le piémont andin de San Ignacio au Nord Pérou, accèdent à
la certification à partir de 2005 et regroupent aujourd’hui environ la moitié des producteurs de café de cette
région. Près de quinze années après, cet article s’intéresse à l’impact de la certification sur les producteurs de
cette région. Cette recherche a été commanditée par Max Havelaar France et le Réseau Latino-américain et
caribéens de commerce équitable des petits producteurs et travailleurs. Elle repose sur un travail de terrain
approfondi réalisé de mars à août 2018 par le premier auteur de cet article (Bouëdron, 2018) dans la région
de San Ignacio.
Pour appréhender l’impact de la certification sur les exploitations agricoles qui en ont bénéficié, à l’échelle
de cette petite région agricole, nous avons développé une approche d’agriculture comparée (Cochet et all,
2007, Cochet 2011). Un grand soin a été apporté à l’étude diachronique du système agraire pour identifier à
la fois les transformations contemporaines des unités de production qui ont bénéficié de cette certification et
les trajectoires de celles, tout aussi nombreuses, qui n’ont pas été intégrées dans les circuits de certification.
Pour ce faire, une trentaine d’entretiens historiques approfondis ont été conduits et ont permis de mettre en
lumière les dynamiques d’évolution et les processus de différenciation de la situation agraire. Cette approche
historique couplée à une analyse détaillée du paysage et des conditions écosystémiques dans lesquelles
opèrent les agriculteurs nous a permis d’identifier les principaux types d’unités de production opérant
aujourd’hui dans la région (Cochet et Devienne, 2006).
Pour appréhender cette diversité de situations, un échantillon raisonné d’exploitations a ensuite été constitué
de façon à embrasser les principaux types d’exploitations. C’est ainsi qu’une cinquantaine de visites
d’exploitation et d’entretiens technico-économiques approfondis ont été réalisés auprès des producteurs de la
région (démarche complétée par des enquêtes auprès d’acteurs de la filière). Une typologie de systèmes de
production a ainsi été élaborée, chaque système de production représentant un ensemble d’exploitations qui
ont le même accès aux ressources que sont la terre, la main d’œuvre et l’équipement et qui mettent en œuvre
les mêmes combinaisons de systèmes de cultures et/ou d’élevage (Cochet et Devienne, op cit). Trois à quatre
40
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
enquêtes technicoéconomiques ont été menées pour chacun des seize systèmes de production préalablement
identifiés (cf. annexe).
Les entretiens approfondis réalisés auprès des producteurs avaient à la fois pour objectif de comprendre le
processus de production lui-même dans tous ces aspects techniques (ressources utilisées, itinéraires
techniques et conduite, performances agronomiques) et de rassembler les données nécessaires à la mesure
des résultats économiques des exploitations étudiées selon une batterie d’indicateurs présélectionnés (produit
brut, consommations intermédiaires, dépréciation du capital fixe, valeur ajoutée nette, revenu agricole…1).
La première partie de cet article nous rappellera le rôle déterminant du café arabica dans le développement
agricole de la région de San Ignacio. Nous montrerons dans une seconde partie comment les pouvoirs publics
ont favorisé, pendant les dernières décennies du XXe siècle, la spécialisation des producteurs dans cette
activité et ses conséquences, notamment en termes de fragilisation des plus modestes d’entre eux. La
troisième partie fera le point sur l’orientation récente des marchés vers la qualité et la certification, ainsi que
sur le rôle de Fairtrade dans la renaissance des coopératives. L’impact positif de la certification sur le revenu
des producteurs sera analysé dans la quatrième partie, mais aussi son effet collatéral de marginalisation des
producteurs les plus modestes. Enfin, la cinquième partie introduit une réflexion portant sur les conditions à
réunir pour aller vers un système Fairtrade plus inclusif et plus pérenne.
1- Le café arabica : moteur du développement économique de la région
1-1 Des conditions agroclimatiques propices à la culturede l’arabica
Le piémont andin de San Ignacio au nord du Pérou (figure 1) est une zone de selva alta, c’est-à-dire de forêt
tropicale d’altitude comprise entre 700 et 2300 m d’altitude. Sur ces pentes de moyenne montagne, le climat
tropical tempéré par l’altitude permet la culture d’un café arabica de qualité. Le café y est cultivé
manuellement ; il est la principale culture de rente et occupe la quasi-totalité de la surface agricole utile. Il
est cultivé en association avec des plantes vivrières les premières années de son développement (manioc,
bananier plantain, maïs, etc.), puis en association avec des arbres d’ombrage (agroforesterie). L’altitude joue
une grande importance dans la variation des conditions agroclimatiques et les producteurs y adaptent les
variétés et la densité de l’ombrage. Les rendements et la qualité du café dépendront de l’altitude. Dans les
vallées creusées dans un substrat andésique, l’humidité empêche le bon développement du café mais le fond
plat permet l’installation de prairies pour l’élevage bovin mixte dont les produits sont à destination du
marché local. Le climat propice à la pousse de l’herbe tout au long de l’année (1200 mm de précipitations
annuelles et une saison sèche peu marquée en altitude) permet une alimentation exclusivement au pâturage.
Les familles élèvent aussi pour leur consommation propre des volailles, des cochons d’inde et/ou des
cochons, nourris généralement au grain de maïs, à la banane plantain et au manioc produits sur l’exploitation.
Figure 1. Localisation de la région d’étude [réalisation : Elise Bouëdron ; source : openstreetmap.org et gadm.or
g]
1
Les calculs ont été faits avec le système de prix en vigueur sur la période 2012-2017.
41
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
producteurs subissent aussi la concurrence de négociants en fruits et légumes sur le marché de San Ignacio
de mieux en mieux desservi par la route.
D’autre part, alors que l’afflux de migrants se poursuit, les nouveaux arrivants peinent à accéder à
suffisamment de surface pour ne vivre que de sa mise en valeur. On voit donc apparaitre une classe de petits
producteurs minifundistes dont le revenu dépend plus de la vente de leur main d’œuvre aux autres familles
que de leur propre activité agricole.
2-2 Politiques néolibérales et crise du café : les petits et moyens producteurs sont fragilisés par leur
spécialisation
En 1989 est actée la fin de l’Accord international sur le café. Les quotas étant supprimés, les stocks sont
déversés sur le marché et le prix du café chute(Prix FOB du café pour le Pérou, FAO stat.).Au même
moment,les coopératives de la région perdent leur principal débouché, lorsque la coopérative Nororiente, en
charge de l’exportation du café de l’ensemble des coopératives du nord du Pérou, fait faillite dans les années
90. De plus, le pays connait alors un virage libéral avec l’élection du Président Fujimori. Pour lutter contre la
crise économique et l’inflation, il applique les directives du FMI et metfin, notamment, à la Banque
Agrairequi finançait les producteurs et surtout l’activité commerciale des coopératives. Privées de
financement, ces dernières peinent à payer les producteurs à la livraison de leur café.Ces trois
facteursmarquent la fin de l’ère des coopératives : elles s’effondrent ou bien cessent d’acheter du café. Pour
les producteurs de la région d’étude, cela se traduit par une dépendance accrue vis-à-vis des acheteurs privés.
: la vente est alors contrôlée par des exportateurs privés qui sont présents sur une grande partie de la chaîne
de valeur, depuis la collecte jusqu’à l’export.Par ailleurs, la spécialisation caféière croissante des systèmes de
production rend les producteurs plus sensibles à la variation des cours. La baissedu prix du café des années
90 couplée à l’effondrement des coopératives plongent les petits et moyens producteurs dans une crise qui
motivera l’intervention des bailleurs nationaux et internationaux pour la mise en place de projets de
développement.
3- Une orientation vers les marchés de qualité et certifiés : la recherche d’une meilleure valeur ajoutée
3-1 Les projets de développement forment les agriculteurs à la production de qualité et préparent la
renaissance des coopératives
Dans les années 1990 et 2000 s’installent dans la région de nombreux projets de développement financés par
l’aide publique au développement, des ONG et par le gouvernement régional local. Le but est d’aider les
producteurs à améliorer leur situation sociale et économique dans un contexte de monopole des exportateurs
privés. Ils ont tous plus ou moins la même stratégie : augmenter lerendementet la qualité du café afin d’en
retirer un meilleur prix,et former à la gestion des coopératives pour encourager leur reformation sur des bases
plus solides et rééquilibrer le rapport de force avec les acheteurs. Tous ces projets exigent des producteurs
qu’ils s’organisent en groupes pour recevoir les formations. Cela les pousse donc à s’organiser, certains
groupesdeviennent par la suite des associations de base de coopératives.
Ces projets de développement ont apporté les ressources et l’expertise nécessaires à la production et à la
vente à des marchés plus rémunérateurs que sont les marchés de qualité. Pour augmenter les rendements,
l’itinéraire technique est modifié : installationde pépinières, plantationen ligne en suivant les courbes de
niveau, optimisation de la densité de plantation, fabrication de compost pour fertiliser, gestion de l’ombrage,
désherbage, etc.Le second objectif est d’améliorer la qualité du café produit pour mieux le valoriser. Jusque
dans les années 2000, le café arabica péruvien étaitconsidéré de mauvaise qualité sur le marché international
et subissait une décote par rapport au cours calculé à la Bourse de New York. Cependant, la région, de par
son altitude, a le potentiel de produire des cafés d’excellente qualité, dits spéciaux. On encourage alors les
producteurs à semer des variétés comme le Pache, le Bourbon, le Mondonovo, qui ont le potentiel de
produire des grains de grande qualité gustative, mais qui sont aussi très sensibles aux maladies fongiques. La
43
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
basse température qui règne en altitude les rend moins sensibles aux maladies qu’à moyenne et basse
altitude ; c’est donc à haute altitude que se produira le café de meilleure qualité.Par ailleurs, la production de
qualité exige plus de soin, et donc plus de temps dans les opérations culturales et de post-récolte. Lors de la
récolte, il faut sélectionner les cerises une à une, et les grains sont de nouveaux triésaprès la fermentation et
après le séchage. Les producteurs qui trient leurs grains selon leur qualité pour faire des lots, parviennent
alors à obtenir de meilleurs prix. Il faut veiller à ne pas abimer les grains lors du dépulpage, mais aussi à ce
que la fermentation soit suffisamment longue et que le séchage soit optimal, dans une région à la
pluviométrie importante. Cela exige des investissements : bac de lavage, dépulpeuse en bon état et
motorisée, séchoir suffisamment grand et entretenu.
3-2 La renaissance des coopérativesest soutenue par Fairtrade
A la fin des années 90 et au début des années 2000, de nouvelles coopératives apparaissent, d’autres
renaissent de leurs cendres.Elles s’appuient sur les groupes de producteurs et sur les gestionnaires formés par
les projets de développement. Contrairement aux négociants privés, les coopératives doivent représenter
l’intérêt de leurs membres et les prix et services proposés au producteur doivent être le reflet de décisions
prises démocratiquement. A partir de 2005, grâce aux trois certifications « commerce équitable Fairtrade »,
« biologiques » et « durables » (Rainforest Alliance, UTZ, etc.), elles gagnent de nouveaux marchés et
commencent à exporter directement, et non plus à travers d’un exportateur privé. La prime de la certification
Fairtrade a été essentielle à leur développement : toutes leurs infrastructures ont été financées en partie ou
totalement par cette prime (centres de collecte, bâtiments administratifs, laboratoires d’analyse
organoleptique, séchoirs collectifs, etc.). Aujourd’hui la quasi-totalité des coopératives ont ces trois types de
certification.
C’est aussi à cette période que l’entreprise Huancaruna (aujourd’hui Perhusa, premier exportateur de café du
Pérou) crée son propre programme qualité en proposant à ses clients des cafés haute qualité et avec les
certifications biologiques et durables (RainForest, UTZ). Ces programmes privés, bien que reposant sur des «
associations de base » de producteurs dans chaque village, ne sont pas dirigés par les producteurs eux-mêmes
ou leurs représentants, et une partie plus importante de la marge est captée par l’exportateur. Pour assurer son
approvisionnement, l’exportateur privé propose des services aux producteurs ayant un potentiel de
production de qualité. D’autres grands exportateurs comme Volcafé copieront le modèle quelques années
plus tard.
Les coopératives et les programmes qualité des grands exportateurs ont comme principal débouché le marché
du café de qualité. C’est autour de ces deux types d’acheteurs que s’organise localement la filière du café de
qualité. Bien que les certifications justifient en elles-mêmes un prix au-dessus de celui du marché quel que
soit la qualité du café, les clients (importateurs et torréfacteurs) qui achètent selon ces certifications exigent
une très bonne qualité (rendement physique élevé, score en tasse1). Au départ, les programmes privés et
coopératives s’appuient majoritairement sur les producteurs et les équipes techniques préalablement formés
par les projets de développement. Puis la majorité des producteurs possédant plus de 2 hectares de café
rejoignent peu à peu ces structures, attirés par un prix plus élevé. On observe alors un changement profond
de systèmes de production pour s’adapter aux exigences du marché de qualité certifié. Ces structures aident
leurs membres à s’équiper dans le matériel nécessaire à travers des crédits, tout en les formant et en les
conseillant techniquement. Dans les coopératives, une part importante de ces services est financée par la
prime de développement Fairtrade.
Si au début des années 2000 les exportateurs privés sont plus compétitifs que les coopératives en terme de
1
Score en tasse : mesure la qualité organoleptique du café. Les coopératives et certains acheteurs privés emploient des
goûteurs spécialisés qui attribuent une note sur 100 au café selon une grille internationale.
Rendement physique : pourcentage de café vert exportable obtenu à partir d’un quintal de café en parche (café en
parche = café vert exportable + enveloppe + café avec défauts). C’est la qualité physique du café car visuelle, on le
transforme en grain vert, on trie les mauvais grains visuellement, et on pèse ce qui reste.
44
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
prix et de services au producteur, les coopératives parviennent progressivement à les surpasser grâce au
nouveaux débouchés ouverts par le Fairtrade et à sa prime de développement. Aujourd’hui on observe donc
un afflux de producteurs en provenance de ces programmes privés vers les coopératives.
4- De meilleurs revenus pour les membres des coopératives mais qui reposent en partie sur l’exclusion
des plus modestes
4-1 Des revenus plus élevés en Fairtrade
Nos enquêtes ont mis en évidence que depuis le développement des filières qualité dans la région, les
familles intégrées au marché de la qualité (coopératives et programmes de qualité des exportateurs
privés)peuvent maintenir leur revenuau-dessus du seuil de survie1 avec leur seule activité agricole (figure
2).Leur revenu journalier représente désormais 1.3 à 4 fois le salaire journalier d’un ouvrier non qualifié dans
la région, seule alternative au café pour la plupart des producteurs. Par ailleurs, les familles intégrées au
Fairtrade par l’intermédiaire d’une coopérative (environ 40% des producteurs de la région selon nos
estimations) auront enmoyenne un revenu agricole familial215 à 50% plus élevé que des familles pratiquant
un système de production équivalent dans un programme de qualité privé d’un grand exportateur (10% des
producteurs de la région) certifié seulement agriculture biologique et « durable ». Cela s’explique d’une part
par des prix plus élevés proposés au producteur (grâce à une meilleure répartition de la valeur ajoutée entre
producteur et organisme exportateur, et grâce à la part de contrats au prix minimum Fairtrade), et d’autre part
par de meilleures performances agronomiques en termes de rendement et de qualité, qui peuvent être reliées
aux investissements dans les formations agronomiques financées en totalité par la prime Fairtrade.
Si en théorie le prix minimum doit fonctionner comme un filet de sécurité lorsque le cours mondial chute, en
pratique il semble être d’abord lié à la capacité de la coopérative à produire des cafés spéciaux. En effet, dans
la région étudiée, les contrats en Fairtrade correspondent généralement à des contrats pour des cafés spéciaux
dont les prix sont toujours supérieurs au cours mondial. Le reste des contrats correspond à des cafés
biologiques, « durables » ou conventionnels, dont le montant varie selon le cours mondial.Cependant, bien
que les cafés spéciaux soient hautement valorisables même sans les conditions Fairtrade, la certification
permet aux coopératives de se démarquer des programmes de qualité des exportateurs privés auprès des
importateurs et torréfacteurs qui la valorisent auprès du consommateur. Une part plus importante revient au
producteur, puisqu’à qualité égale, la coopérative lui reverse un prix plus élevéque l’exportateur privé, et les
20 USD/quintalversés sous forme de prime Fairtrade seront investis dans les services qui lui sont offerts par
la coopérative. De plus, les coopératives de la région ont fait le choix d’une certaine solidarité entre les
membres au niveau de leur politique de prix.En effet, même si la coopérative paie plus cher au producteur un
café bio, « durable » ou spécial 3 , une part du prix des contrats Fairtrade pour les cafés spéciaux est
redistribuée à tous les producteurs, indépendamment de la qualité de leur café. Les services financés par la
prime Fairtrade, et donc par la vente des cafés spéciaux, profitent aussi à tous les producteurs et participent
de cette solidarité entre membres. Si les certifications biologiques ou « durables » concernent aussi les
exportateurs privés et ne permettent pas de garantir cette plus juste répartition de la marge entre producteur et
l’acheteur, Fairtrade, en ne choisissant de certifier que les organisations de producteurs au sein desquelles la
répartition est décidée de façon démocratique, permet aux producteurs membres de mieux profiter des gains
de l’ensemble des certifications. Ces certifications sont donc complémentaires.
Les enquêtes détaillées que nous avons menées dans la région permettent cependant de mettre en évidence le
1
Le seuil de survie est estimé en calculant les besoins annuels de base d’une famille dans la région d’étude pour
l’alimentation, l’habillement, l’hygiène et l’éducation.
2
Le revenu agricole familial reflète le revenu économique moyen annuel d’un système de production « en vitesse de
croisière ». C’est le revenu que la famille possède en moyenne durant sa période d’activité pour vivre et accroitre son
capital. Il est égal à : valeur ajoutée nette – salaires des actifs non familiaux – intérêts des emprunts.
3
En 2017, la coopérative Cenfrocafé payait un bonus de 12 USD/quintal pour café biologique ou durable, auquel se
cumulait un bonus progressif selon la qualité de minimum 10 USD/quintal. 5 USD/quintal étaient versés à tous les
producteurs comme redistribution du prix minimum Fairtrade, quel que soit le prix auquel avait été valorisé leur café.
45
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
fait que la certification Fairtrade ne permet pas de gommer les inégalités préexistantes d’accès aux
ressources.Les producteurs possédant de larges surfaces en café ou un élevage bovin ont des revenus bien
plus élevés que les autres membres des coopératives. Dans le cadre de ce travail de recherche, nous avons
élaboré une typologie des producteurs qui tient compte, notamment, de leur surface en café : on parlera de
« petits », de « moyens » et de « grands » producteurs (cf annexe), seules les deux dernières catégories étant
membre des coopératives.Pourtant, selon les standards du Fairtrade, une coopérative certifiée doit être une
organisation de « petits producteurs » selon une définition qui diffère de celle que nous proposons, adaptée
spécifiquement à la région de San Ignacio. Pour Fairtrade, un petit producteur « ne dépend pas
structurellement d’une main-d’œuvre salariée permanente, et gèreson exploitation essentiellement par sa
propre main d’œuvre et celle de sa famille. Il peut engager des travailleurs si le travail fourni par sa famille
n’est pas suffisant pendant les saisons hautes, pour les semailles et la récolte. Cependant, lestravailleurs ne
sont habituellement pas employés de façon permanente pendant toute l’annéede production de ces cultures»1.
Les petits et moyens producteurs de notre classification répondent bien à cette exigence. En revanche, les
« grands producteurs », qui représentent une part non négligeable des membres des coopératives, sont bien
dépendants d’une main d’œuvre salariée toute l’année.Cependant, en tant que membres, les grands
producteurs bénéficient au même titre que les autres des conditions Fairtrade alors que l’on s’éloigne de la
petite agriculture familiale avec des travaux agricoles réalisés à plus de 50% par une main d’œuvre salariée
contre 20 à 30% chez les producteurs moyens. Le revenu d’un grand producteur peut représenter jusqu’à 3
fois le revenu d’un autre membre de la coopérative, et s’il combinele café à un élevage bovin, jusqu’à 4.5
fois le seuil de survie. D’après nos estimations, ces grands producteurs représentent à peu près 10% des
producteurs de la région.
40000
10000
Revenu agricole familial/actif familial
20000 5000
0 0
0 2 hectares/actif familial
Grande4surface, alt. moy, bov, coop
6 8 10 12
Grande surface, alt. haute, bov, coop
Grande surface, alt. moy, coop
Grande surface, alt. haute, coop
Figure 2. Revenu agricole familial par actif familial en fonction de la surface totale par actif familial (prairies
incluses), (alt. : altitude ; bov : élevage bovin ; coop : coopérative) [Réalisation : Elise Bouëdron à partir de
données d'enquêtes]
4-2-L’exclusion des plus petits producteurs
Si la surface moyenne en café chez les membres des coopératives est autour de 3ha par famille de deux actifs
familiaux, à l’échelle de la région elle tombe à 1.5 ha(Agence Agraire de la Province de San Ignacio). Les
plus petits producteurs ne sont donc pas intégrés auxcoopératives, et de façon générale aux marchés de
qualité. Une des principales raisons en est que la transition vers une production de café de qualité exige des
investissements. Or, même si les coopératives et les programmes de qualité privés soutiennent leurs membres
à travers des crédits, ils ne financent pas la totalité de l’investissement. Sont donc exclus les plus petits
1
Standard Fairtrade pour les organisations de petits producteurs :
https://www.fairtrade.net/fileadmin/user_upload/content/2009/standards/documents/SPO_FR.pdf
46
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
producteurs, notamment ceux dont la surface caféière est insuffisante pour assurer leur revenu avec le seul
café et dont l’activité économique secondaire permet à peine d’atteindre le seul de survie. Ces producteurs
ont adopté une partie des techniques qu’ont apportées les projets de développement, mais pas celles qui
demandent des investissements importants, comme le séchoir ou le bac de lavage. Ils n’achètent pas de
fertilisant, ne cherchent pas à semer des variétés à haut potentiel de qualité qu’ils ne pourront pas valoriser
car leur matériel de post-récolte n’est pas assez performant pour que cette qualité soit préservée.Le café est
alors fermenté dans des sacs en plastique et séché à même le sol, sans protection contre les intempéries. Le
café produit n’est donc valorisable que sur le marché standard, ou les prix sont bas. Ils n’ont pas accès au
crédit ou au conseil agronomique. Ces petits producteurs devront travailler chez les autres producteurs pour
compléter leurs revenus pour une rémunération journalière équivalente au salaire minimum péruvien. Dans
les exploitations caféières les plus grandes, celles qui font largement appel à la force de travail salariée, on
constate que le revenu dégagé par journée de travail familial est largement supérieur à la rémunération
journalière des salariés(figure 3). Ces petits producteurs, vendeurs de force de travail,représentent presque la
moitié des familles dela région. Ils sont les plus nombreux, et les plus disponibles puisque leur faible surface
leur demande peu de travail.
Figure 3. Comparaison de la rémunération journalière des actifs familiaux, des salariés et de la productivité
du travail journalière (HJ : journée de travail ; VAN : Valeur Ajoutée Nette ; Prog : programme qualité
exportateur privé) [Réalisation : Elise Bouëdron à partir de données d'enquêtes]
140
120
100
80
60
40
20
0
1
L’ensemble de la production d’une coopérative certifiée Fairtrade est certifiée, mais la demande actuelle de café
certifié ne permet pas d’absorber toute la production ; une part plus ou moins importante (30 à 70% de la production)
doit être vendue hors conditions Fairtrade.
47
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
problème, puisque le revenu de la plupart des familles en est extrêmement dépendant. Elle les soumet
d’autant aux aléas du marché.
Le café de la région est cultivé en système agroforestier, ce qui est en termesde biodiversité et de protection
de la fertilité des sols est plus performant qu’un système en plein soleil comme il peut être courant dans
d’autres filières. Cependant,le reste cultivé en monoculture (sans rotation culturale),et il est courant qu’une
variété de café prédomine largement dans une parcelle. Les caféiers seraient alors plus sensibles aux attaques
de nuisibles, phénomène aggravé par le changement climatique (Toniutti et al, 2017). Dès lors,la course aux
variétés résistantes (les nuisibles s’adaptent, le recours à une nouvelle variété est nécessaire régulièrement)
semble privilégiée par rapport à une réflexion de fond qui rechercherait l’adaptation du système de
production dans son ensemble. En outre, bien que les producteurs pratiquent en majorité une agriculture
biologique, ils sont dépendants de l’usage de fertilisants pour assurer le niveau de production minimal exigé
par certaines coopératives pour amortir les coûts de service au producteur, mais aussi pour assurer une
meilleure résistance des caféiers aux nuisibles. Les fertilisants autorisés en agriculture biologiques sont deux
fois plus chers qu’en agriculture conventionnelle, c’est d’ailleurs leur principal poste de dépense. Enfin, si
l’action combinées des fertilisants du commerce et l’adoption de variétés à haut rendement a permis de
doubler(d’après les statistiques Agence agraire de la Province de San Ignacio et les enquêtes)les rendements
à l’échelle de la région depuis 2000, cela signifie aussi un travail de récolte beaucoup plus important. Les
producteurs sont donc très dépendants de la main d’œuvre extérieure à la famille, qui est aujourd’hui
principalement salariée et issue de la classe des petits producteurs exclus des filières de qualité. Le niveau de
rémunération est bas, mais pour les producteurs cela reste un poste de dépense important.
5- Vers un système Fairtrade plus équitable et pérenne
5-1- Recentrer les avantages du Fairtrade sur les petits et moyens producteurs et assurer un revenu
décent aux petits producteurs
L’objectif de soutien au producteur est atteint en ce qui concerne les producteurs moyens. Fairtrade pourrait
réfléchir à des solutions pour intégrer les petits producteurs, qui constituent la moitié des familles de la
région, et éviter l’accumulation de richesse de la part des plus grands. Ce qui empêche les plus petits
producteurs de produire la qualité exigée par le marché des certifications, c’est leur faible capacité
d’investissement, limitée par le faible prix qu’ils touchent pour leur café de basse qualité. Il s’agirait donc de
les soutenir dans l’investissement pour la production d’un café de meilleure qualité, acheté au prix des
coopératives. Le revenu des producteursen coopératives, et situés à moyenne et haute altitude, dépasse le
seuil de survie à partir de 1.5 ha de café par famille. Même s’ils recevaient un soutien pour améliorer la
qualité, les producteurs qui possèdent moins d’1.5ha de café ne pourraient donc pas vivre du seul café. Pour
qu’une famille puisse survivre avec un hectare de café, le prix payé à la coopérative devrait correspondre au
prix minimum Fairtrade1 pour un café bio arabica par voie humide, hors prime, dont les coopératives ne
bénéficient que sur une partie de leurs ventes. Si le mouvement Fairtrade décide d’augmenter son prix
minimum, le risque que les importateurs et les torréfacteurs accentuent leur jeu des remises sur le café
standard est élevé. En plus de progresser sur les méthodesde contrôle renforcé des coopératives certifiées et
des pratiques des clients, ainsi que sur l’augmentation de la demande, on pourrait imaginerque les
coopératives ou la Coordination latino-américaine du Commerce Equitable,mettent en place un quota pour
limiter le nombre de quintaux vendus par producteur via la coopérative, afin d’accroître le nombre de
bénéficiaires des avantages Fairtrade. Cependant si ce quota est mis en place à l’échelle continentale, cela
supposerait d’identifierun seuil de café vendu à partir duquel on observe une accentuation des inégalités
valable dans tous les pays producteurs.Une autre piste à explorer seraitde réserverune part de la prime
àl’intégration de ces petits producteurs. Cependant, la coopérative aura sans doute des problèmes à
1
D’après nos calculs, pour faire vivre une famille avec un hectare de café seulement le prix moyen payé à la
coopérative pour un café arabica bio voie humide à 70% de rendement physique devrait être de 170 USD le quintal de
café vert, soit environ 4400 USD la tonne.
48
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
s’autofinancer le temps que ces producteurs puissent atteindre un niveau de production en termes de qualité
et de quantité qui amortit le coût de leur adhésion.
Pour diminuer l’accentuation des écarts de richesse entreles petits producteurs, contraints de vendre une
grande part de leur force de travail, et les plus grands producteurs, on pourrait imaginer l’ajout dans les
standards Fairtrade d’un salaire journalier minimum supérieur au salaire minimum légal dans le pays
producteur pour les tâches hors récolte. En effet, ce sont en général les grands producteurs qui ont recours à
de la main d’œuvre salariée en dehors de la récolte.
5-2 Réintroduire de la diversité culturale
Au-delà de l’aspect économique, les producteurs associés aux coopératives ont en général une meilleure
image du métier, et une meilleure estime d’eux-mêmes, alors que les producteurs exclus du marché de la
qualité ne considèrent par leur activité comme une profession, au sens où ils ne sentent pas qualifiés. Ils
l’exercent car ils n’ont pas d’autre choix, n’ayant pas pu apprendre d’autre métier ; c’est pour eux seulement
une activité de subsistance. Cependant, associés ou non, les producteurs considèrent que le métier de
caféiculteur est pénible, car très manuel, et que le prix du café ne reconnait pas leur effort. La diminution des
revenus issus du café couplé à la pénibilité du travail, pousse de plus en plus les jeunes à s’orienter vers
d’autres activités économiques (et quitter la région) ; la province a aujourd’hui un solde migratoire négatif.
Cela pose la question de la pérennité des exploitations caféières de la région, exploitations des organisations
certifiées Fairtrade inclues. Pour lutter contre la sensibilité au cours de l’arabica, la dépendance à une main
d’œuvre salariée paupérisée et la dépendance à des intrants coûteux pour maintenir les rendements, ilpourrait
être envisagé à long terme de revenir à des systèmes plus diversifiés avec de plus petites parcelles en café, et
moins dépendants de la main d’œuvre extérieure pour alléger les dépenses des ménages. Introduire de
nouvelles cultures au sein du café et développer les activités d’élevage, pourrait permettre de diversifier les
sources de revenus et donc de les stabiliser, d’entretenir/d’améliorer la fertilité des sols, pour une dépendance
moindre aux engrais achetés. Pour les familles concernées, cela pourrait s’accompagner d’une
rediversification de l’alimentation. Il serait intéressant pour les coopératives et le mouvement Fairtrade de
réaliser des analyses fines de filières, pour ensuite soutenir chez les producteurs la mise en placed’une ou
plusieurs activités agricoles compatibles avec les conditions agroécologiques de la région, complémentaires
du café, et pour lesquelles il existe un marché.
Conclusion
Dans la région de San Ignacio, les agriculteurs ont tiré parti des conditions agroclimatiques favorables et
d’une demande mondiale en expansion pour faire du café une source de revenus complémentaire à
l’agriculture vivrière. Cependant la politique menée par le gouvernement dans les années 70 et 80 a
encouragé la spécialisation caféière a rendu les plus petits producteurs plus vulnérables à la variation des
cours. Aujourd’hui, le marché du café de qualité et certifié biologique et « durable » permet aux producteurs
qui ont pu réaliser les investissements nécessaires de mieux valoriser leur café et de vivre de cette seule
activité. Le revenu journalier représente désormais 1.3 à 4 fois le salaire journalier d’un ouvrier non qualifié
dans la région, seule alternative au café pour la plupart des producteurs.Cependant, les certifications
organiques et durables ne garantissent pas une décision démocratique quant à la répartition du prix entre
producteur et organisme collecteur. Fairtrade, en ne certifiant que les organisations de producteurs, permet
aux producteurs des coopératives de la région de mieux profiter des prix élevésofferts pour les autres
certifications et permet aux coopératives de se démarquer de leurs concurrents privés. De plus, par sa prime
elle soutient la pérennité et le développement des organisations de producteurs en finançant une large part de
leurs investissements et de leurs services au producteur.Grâce au travail des coopératives, le revenu des
producteurs certifiés Fairtrade est aujourd’hui 15 à 50% supérieur à celui des familles accédant à des
ressources comparables et produisant un café de qualité équivalente, dans des filières non certifiées
Fairtrade.Cependant, si Fairtrade a participé à une réelle amélioration des conditions de vie des producteurs
qui ont été intégrés à ces filières, les investissements nécessaires pour la production de qualité exclue des
49
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
filières qualité près de la moitié des producteurs de la région. Paradoxalement, ce sont ces exclus de la filière
qui constituent la main d’œuvre bon marché sur laquelle reposent les filières de qualité, notamment celles
certifiées Fairtrade, biologique et/ou « durable ».Pour leurs membres, les certifications ne suffisent pas à
contrer les effets de la spécialisation, les producteurs sont dépendants d’une main d’œuvre elle-même
paupérisée et de l’achat d’intrants au prix élevé, et ils restent sensibles aux cours malgré le filet de sécurité
que devrait jouer le prix minimum. Encadrer pour permettre un meilleur ciblage des avantages du Fairtrade
pour les petits producteurs, proposer un salaire plus élevé pour les travailleurs agricoles paupérisés etappuyer
la réintroduction de la diversité dans les systèmes de production, apparaissent donc commedes enjeux clés
pour la pérennité de la filière dans la région.
Bibliographie
AGENCE AGRAIRE DE LA PROVINCE DE SAN IGNACIO, statistiques agricoles (données brutes),
disponible à l’agence.
AUBRON, Claire. Le lait des Andes vaut-il de l’or ? Logiques paysannes et insertion marchande de la
production fromagère andine, thèse de doctorat en agriculture comparée, sous la direction d’Hubert
Cochet, Institut National Agronomique Paris-Grignon, 2006, 549p.
BOUËDRON, Elise. Diagnostic agraire d’une région de piémont productrice de café au Pérou, mémoire
de fin d’études en agriculture comparée, sous la direction d’Hubert Cochet, AgroParisTech, 2018, 93p.
COCHET Hubert, DEVIENNE Sophie.Fonctionnement et performances économiques des systèmes de
production agricole : une démarche à l’échelle régionale, Cahiers Agricultures vol. 15, n° 6, novembre-
décembre 2006, p.578-583.
COCHET Hubert, DEVIENNE Sophieet DUFUMIER Marc. L’agriculture comparée : une discipline de
synthèse ?, Economie rurale, 297-298/janvier-mars 2007 :99-110.
COCHET, Hubert. L’Agriculture Comparée, QUAE/NSS-Dialogues, coll Indisciplines, 2011, 159 p.
EBERHART, Nicolas. Dispositif de mesure d’impact du commerce équitable sur les organisations et
familles paysannes et leurs territoires. Proposition méthodologique, VSF-CICDA, Max Havelaar-FLO
FAIRTRADE INTERNATIONAL, standard Fairtrade pour les organisations de petits producteurs,
disponible en ligne sur :
www.fairtrade.net/fileadmin/user_upload/content/2009/standards/documents/SPO_FR.pdf
FAOSTAT, Food and Agriculture Organization, Café vert exporté par le Pérou en valeur et en tonnage,
1970-2017 (données brutes), disponible en ligne sur : http://www.fao.org/faostat/en/#data/TP
TONIUTTI Lucile, BREITLER J.C., ETIENNE Hervé, CAMPA Claudine, DOULBEAU Sylvie, URBAN
Laurent, LAMBOT Charles, PINILLA J.C.H, BERTRAND Benoît. Influence of environmental conditions
and genetic backgroud of Arabica coffee (C. Arabica L) on leaf rust (Hemileia vastatrix) pathogenesis.
Frontiers in Plant Science, 2017.
50
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
ANNEXE
Typologie et principales caractéristiques des systèmes de production de la région de San Ignacio
Notes : Coop : coopérative certifiée Fairtrade ; Prog : programme qualité d’exportateur privé ; kg cv/ha : kilogrammes
de café vert par hectare.Source : enquêtes international de solidarité nord sud, reste à l’échelle locale, un marché
en quête de nouvelles solidarités.
Bibliographie :
Battesti Vincent. 2009. Tourisme d’oasis, les mirages naturels et culturels d’une rencontre ?. Cahiers
d’études africaines, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2009, XLIX (1-2) (193-194), pp.551-582.
51
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
<halshs-00350921v2>
Campagne Pierre, Pecqueur, Bernard,Le développement territorial. Une réponse émergente à la
mondialisation, Éd. Charles Léopold Mayer, 2014, 268p.
Carpentier I., 2018, Les révolutions silencieuses des oasis du sud tunisien. Crise des modèles et réponses
locales, thèse de doctorat. Géographie. Paris 1 Panthéon Sorbonne, 523p.
Le Velly, R. (2009). Quel commerce équitable pour quel développement durable ?. Innovations, 30(2), 99-
113. doi:10.3917/inno.030.0099.
Ministère de l’environnement, Direction Générale de l’Environnement et de la Qualité de la Vie (DGEQV),
« Stratégie de développement durable des oasis en Tunisie », Tunis, mars 2015, 184p
52
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé:
L’arganier est l’une des rares filières où les coopératives se chargent de tous les maillons de la chaîne de
valeur. En effet les coopératives organisées en structures plus performantes peuvent y réaliser une plus-
value. Cependant la performance des coopératives productrices d’argan est moyennement satisfaisante du
fait de l’intervention des intermédiaires (particuliers, courtiers, entreprises privées) qui accaparent une bonne
part de marché.
Les coopératives se tournent vers le commerce équitable (CE) dans le but d’améliorer leur performance.
Notre recherche consiste à apporter quelques éléments de réponse à la problématique « Comment le CE
améliore la performance des coopératives productrices d’argan ? », en se basant sur les données et les
informations relevées lors des entretiens semi-directifs avec les administrateurs et les responsables du GIE
Targanine certifié selon le label « Bio-équitable » du référentiel éthique, Solidaire et responsable (ESR).
Les résultats de l’étude ont montré que le CE a des effets positifs sur les performances, organisationnelle,
économique et sociale des coopératives et de leur groupement, toutefois ces effets restent limités et peuvent
être améliorés dans un contexte marocain marqué par un CE qui se développe sans contrôle en raison d’un
cadre juridique qui tarde encore à voir le jour.
Mots clés : commerce équitable; coopératives productrice d’argan; performance ;
INTRODUCTION
Les organisations de commerce équitable (FTO) cherchent à créer des impacts positifs le niveau de vie des
producteurs des pays en développement en établissant des partenariats commerciaux directs avec les
organisations de producteurs, en particulier les coopératives (Huybrechts, 2012, Reed, 2015).
En vue étudier l’impact du commerce équitable sur les producteurs et les travailleurs au sud de la planète
(objectif ultime du commerce équitable selon FINE), il est nécessaire d’étudier les effets induits par ce
commerce alternatif sur les organisations de producteurs (Ronchi, 2002).
En effet, d’après les critères établis par l’institution de normalisation du commerce équitable, Fair Labelling
Organization(FLO),seuls les producteurs organisés démocratiquement peuvent prétendre à la certification du
commerce équitable. Les bénéfices que peuvent retirer les producteurs du commerce équitable, dépendent
essentiellement des capacités des organisations dont ils sont membres (Hopkins, 2000).
Ce constat nous a conduits à nous intéresser à une étude de l’impact du commerce équitable sur la
performance des coopératives des produits d’argan, dont la valorisation est l’une des activités les plus
rentables de la région souss Massa.
En plus de la production familiale, l’huile d’argan est produit au sein des coopératives qui ont connu
un essor remarquable depuis les années 1990. Ces coopératives sont spécialisées dans la production
mécanisée et artisanale des produits d’argan et la commercialisation de ces produits. Si on constate
aujourd’hui une meilleure organisation au niveau des unités de production mises en place par ces
coopératives, et la certification de certaines coopératives selon les normes du commerce équitable, il est
53
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
également judicieux d’analyser les effets du commerce équitable sur ces coopératives.
La problématique de recherche soulevée dans ce contexte consiste à répondre à l’interrogation principale
suivante :
« Comment les pratiques du commerce équitable améliore la performance des coopératives des produits
d’argan ? »
Dans le but d’apporter quelques éléments de réponse à notre problématique, nous avons structuré notre
travail en deux axes principaux :
Dans le premier axe, nous allons aborder le cadre conceptuel de notre recherche, et qui consiste à situer
les coopératives des produits d’argan dans le commerce équitable, ainsi que leur performance.
Le deuxième axe sera consacré à la présentation des résultats de notre étude empirique auprès du groupement
des coopératives Targanine dont les produits sont certifiées selon le label «bio équitable», à travers le
référentiel Equitable solidaire responsable (ESR) d’Ecocert.
I- LE CADRE THEORIQUE: COOPRATIVES DES PRODUITS DE TERROIR ET COMMERCE
EQUITABLE:
Avant d’analyser l’impact du commerce équitable sur la performance des coopératives des produits
arganiers, nous essayerons de cerner le sujet théoriquement. Nous commençons d’abord par l’étude du
mouvement du commerce équitable (définition, principes et objectifs). En suite nous passerons en revue la
situation des coopératives au Maroc. Enfin nous essayerons de situer les coopératives dans le commerce
équitable, et ce après avoir étudié les liens susceptibles d’exister entre eux.
1- LE COMMERCE EQUITABLE
• définition, principes et objectifs
Le commerce équitable a connu un développement spectaculaire en l’espace de quelques années et constitue
une alternative crédible à des pratiques commerciales dominantes largement inéquitables.
Le commerce équitable est fréquemment identifié comme étant un outil ayant des impacts positifs et au
service du développement durable aussi bien au niveau des pays du Nord qu’au niveau des pays du sud.
Ainsi le réseau de commerce équitable FINE1 qui regroupe les grandes organisations de commerce équitable
définit le commerce équitable comme suit : «Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé
sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le
commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions
commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout
particulièrement au Sud de la planète.» (EFTA, 2001).
Les objectifs stratégiques du commerce équitable sont d’aider à faire passer des producteurs et des
travailleurs marginalisés d’une position de vulnérabilité à la sécurité et à l’autosuffisance économiques, de
leur donner plus de poids en tant que parties prenantes dans leurs organisations, et de jouer activement un
plus grand rôle dans l’arène mondiale pour parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial.
Le commerce équitable repose sur différents critères et principes que s’engagent à respecter, d’une part,
les producteurs et leurs organisations au Sud, et d’autre part, les acheteurs et les organismes du commerce
équitable du Nord. Pour l’European Fair Trade Association (EFTA, 1998), le Commerce Equitable (CE)
révèle les caractéristiques suivantes2:
1
Ce réseau, fondé en 1998, regroupe Fair Trade Labelling Organisation International (FLO), International
Federation for Alternative Trade (IFAT), Network of European World Shops (NEWS !) et European Fair
Trade Association (EFTA).
2
Véronique Bisaillon, Corinne Gendron et Marie-France Turcotte ; « Commerce équitable comme vecteur de
développement durable ? » ; Nouvelles pratiques sociales, vol. 18, n° 1, 2005, p. 73-89.
54
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
En ce qui concerne les producteurs, ceux-ci sont généralement de petite taille et doivent être organisés de
façon démocratique et transparente, et favoriser la participation. Ils doivent aussi s’engager à protéger
l’environnement et à suivre certaines normes quant à la santé et la sécurité. Dans le cas de travailleurs
salariés, l’employeur doit respecter certaines conditions : permettre la syndicalisation, offrir un salaire
décent, respecter certaines normes quant à la santé et à la sécurité des travailleurs, respecter certaines
conventions internationales quant au travail forcé et au travail des enfants.
Du côté des acheteurs, ils doivent payer le produit à un prix dit « équitable », c’est-à-dire qui couvre les
coûts d’un mode de production durable. Ils doivent être en mesure d’offrir du préfinancement aux
organisations de producteurs et établir des relations commerciales à long terme avec leurs partenaires du Sud
desquels ils achètent le plus directement possible.
Selon Fair labellising organization, les critères de certification équitable varient selon le produit et selon le
mode de production (petit producteur ou plantation). Les critères sont de deux types : les critères minimaux
sont nécessaires à l’obtention de la certification alors que les critères de progrès encouragent les producteurs
à continuellement améliorer les conditions de travail, la qualité de la production, la durabilité
environnementale de leur production et à investir dans le développement de l’organisation et le mieux-être
des producteurs (FLO, 2005).
• Les Impacts du commerce équitable :
Le Commerce Equitable est souvent présenté comme une nouvelle opportunité, voire «comme une approche
alternative au commerce conventionnel qui a pour objectif d’améliorer les conditions de vie et le bien-être
des petits producteurs en favorisant leur accès au marché, en renforçant leurs organisations, en leur offrant
un prix juste minimum garanti, et en leur fournissant des partenariats commerciaux de long terme ».
(Giovannucci et Koekoek ; 2003).
Pour les producteurs du Sud, le commerce équitable est une source d’améliorations sur les plans
économique, social, environnemental et culturel. Le réseau FINE a constaté en 2001 que la plupart des
études en relations avec le commerce équitable se sont focalisées sur son impact sur les principaux «
bénéficiaires attendus » de l’adoption de cette norme, à savoir les «producteurs marginalisés du Sud». Pour
les promoteurs du CE, les études d’impact s’avèrent indispensables pour légitimer le discours du
mouvement, et crédibiliser l’initiative au niveau des consommateurs et des politiques publiques, bailleurs, et
autres ONG, sources importantes de financement et d’appui à sa mise en œuvre. Le monde scientifique s’est
également intéressé à la question de l’impact de cette norme, suite à l’ampleur qu’a gagné le mouvement du
commerce équitable au niveau international, aussi bien en terme de croissance des marchés de produits
certifiés équitables au Nord que de la diffusion de la norme CE au Sud dans les systèmes de production et
d’échanges.
L’étude d’impact du commerce équitable consiste donc à analyser les effets induits par ce mouvement sur les
producteurs et leurs organisations tout au long de la chaine de valeur, ainsi que sur le développement socio-
économique dans un territoire bien délimité.
Notre recherche se propose d’étudier l’impact du CE sur la performance économique des coopératives
regroupant des petits producteurs des produits à base d’argan dans la région Souss-Massa. Pour ce faire il est
donc nécessaire de cerner théoriquement le concept de coopératives, leurs liens avec le commerce équitable
et leur performance.
2-SITUATION DES COOPERATIVES AU MAROC
Dans cette partie nous essayons de définir la coopérative, préciser ses spécificités, son rôle
socioéconomique et sa performance.
• Qui ce que une coopérative ?
La loi n° 112-12 relative aux coopératives au Maroc définit la coopérative comme un groupement de
personnes physiques et/ou morales, qui conviennent de se réunir pour créer une entreprise" (article 1), leur
55
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
permettant la satisfaction de leurs besoins économiques et sociaux, et qui est gérée conformément aux
valeurs et principes fondamentaux mondialement reconnus en matière de coopération. Parallèlement, la
procédure de création des coopératives est simplifiée, de même que l’obligation de l’obtention d’un
agrément est supprimée. Le capital minimum pour leur constitution est fixé à 1 000 dirhams.
Il est également à évoquer la définition des coopératives retenue par l’Alliance Coopérative Internationale
(2010)1selon laquelle « Les coopératives sont des entreprises détenues et régies de manière démocratique et
guidées par les valeurs de l’entraide, de l’auto responsabilité, de la démocratie, de l’égalité, de l’équité et de
la solidarité. Elles axent leurs activités sur la personne et permettent aux membres, par le biais de décisions
prises démocratiquement, de déterminer de quelle manière ils veulent réaliser leurs aspirations économiques,
sociales et culturelles ». Cette définition souligne que l’homme est très important que le capital. Il reste par
la suite, à préciser les types, les caractéristiques et les principes des coopératives.
• Caractéristiques et principes des coopératives
Les coopératives sont fondées et gérées par des principes reconnus universellement, par les instances
mondiales. Ainsi, les principes coopératifs énoncés dans la Déclaration sur l’identité internationale des
coopératives (Alliance Coopérative Internationale, 1995) constituent des lignes directrices qui permettent
aux coopératives de mettre leurs valeurs en pratique :
- Adhésion volontaire et ouverte à tous : Liberté et Responsabilité Personnelle.
- Pouvoir démocratique exercé par les membres : Egalité et Démocratie
- Participation économique des membres : Responsabilité mutuelle et Partage.
- Autonomie et indépendance : Equité et Probité.
- Éducation, formation et information : Transparence.
- Coopération entre les coopératives : Solidarité.
- Engagement vers la communauté : Responsabilité sociale et Citoyenneté.
• Impact Socio-économique
Le secteur coopératif occupe une place non négligeable dans le tissu économique national, il joue un rôle
prédominant dans le développement durable, dans la mesure où il représente une part importante dans les
programmes de développement économique et social du pays. Ce secteur a ouvert des horizons porteurs pour
créer des projets économiques et sociaux qui concourent pour combattre la pauvreté, l’exclusion, et
l’intégration des petits producteurs dans le marché2. Ces horizons qui sont renforcés par l’Initiative Nationale
du Développement Humain(INDH). Ce qui s’est traduit par l’évolution significative tant de l’effectif que de
la qualité des coopératives. Cet effectif est passé de 5 749 à 15.735 coopératives entre les années 2007 et
2017, soit un accroissement de 174% durant cette période.
Les coopératives jouent un rôle socio-économique prépondérant sur la population et ce à travers l’objet et
les buts définis par les textes qui régissent le secteur coopératif entre autres :
Améliorer la situation socio-économique de leurs membres.
Réduire, au bénéfice de leurs membres et par l’effort commun de ceux-ci, le prix de revient et, le cas
échéant, le prix de vente de certains produits ou de certains services.
Améliorer la qualité marchande des produits fournis à leurs membres ou de ceux produits par ces derniers et
livrés aux consommateurs.
Développer et valoriser, au maximum, la production de leurs membres.
1
Alliance Coopérative Internationale, « Déclaration sur l’Identité Coopérative Internationale », cité dans
:http://www.entreprises.coop/images/documents/outilscom/qu_est_ce_qu_une_coop-coopfr.pdf
Cité par Develter P. (1998), Economie
2
www.odco.gov.ma
56
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
base des ses objectifs économique, en terme de chiffre d’affaires, de résultat …etc. pour les coopératives des
produits certifiés équitable la performance peut être mesurée à partir des indicateurs établis en relation avec
les principes et les pratiques du commerce équitable.
3-PLACE DES COOPERATIVES DANS LE COMMERCE EQUITABLE
Avant de situer les coopératives dans le commerce équitable, il est judicieux d’étudier les liens susceptibles
d’exister entre le modèle coopératif et le mouvement du commerce équitable tant au niveau des raisons de
leur apparition qu’au niveau de leurs principes et leurs faits.
• Complémentarité entre le commerce équitable et le modèle coopératif
Les coopératives et le commerce équitable sont deux «objets» de natures bien différentes, car le terme «
coopérative» fait référence à une forme organisationnelle donnée, et le terme «commerce équitable» est un
processus, une manière de faire du commerce selon certains principes.
Malgré que les deux objets soient de natures différentes, le choix de s’organiser sous forme coopérative pour
mener une activité économique selon les normes du commerce équitable ne se fait jamais par hasard.
Derrière ces choix, il y a en effet des principes et des valeurs qui fondent le mouvement coopératif et le
mouvement du commerce équitable, et qui présentent, dans leur ensemble, une grande complémentarité1.
Quant aux raisons qui ont conduit à la fondation de ces mouvements :la recherche d’une alternative à
l’organisation capitaliste de l’économie dans le cas des coopératives (cf. la Société des Equitables Pionniers
de Rochdale) et la recherche d’une alternative à des pratiques commerciales injustes pour les petits
producteurs du Sud dans le cas du commerce équitable.
Sur le plan des principes, l’OIT et l’ICA constatent En 2005 que «les principes du commerce équitable sont
compatibles avec ceux des coopératives. Dans les deux cas, le but ultime est d’améliorer les conditions de
vie des travailleurs»2.
En comparant les principes et les valeurs coopératifs établis par l’Alliance Coopérative Internationale, et
ceux du commerce équitable réalisé au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (WFTO)3,
nous pouvons constater qu’ily ait une grande complémentarité4.Ainsi, le principe du commerce équitable
visant la création d’opportunités pour les producteurs marginalisés économiquement est proche des
principes coopératifs de participation économique des membres et d’engagement envers la communauté.
Quant au principe de transparence et de crédibilité du commerce équitable, il peut être aisément relié aux
principes coopératifs de participation économique des membres et de coopération entre les coopératives.
Au niveau des faits des deux objets, la complémentarité apparaît très clairement. Le mouvement du
commerce équitable doit en effet une bonne partie de son développement des dernières décennies à
l’implication de coopératives convaincues de l’intérêt du commerce équitable.
• Situer les coopératives dans le commerce équitable
Le modèle coopératif est recommandé pour les producteurs voulant s’intégrer à ce commerce alternatif. En
effet cette forme d’organisation permet, d’un coté, aux producteurs de se regrouper et d’accéder à un canal
de distribution leur permettant de vendre leurs produits à un prix avantageux. De plus, d’un autre coté, la
forme coopérative permet aux producteurs d’adopter un modèle organisationnel qui permet d’assurer une
1
FRANÇOIS GRAAS ; des coopératives pour démocratiser l’économie ? Pistes de réflexion pour une organisation de
commerce équitable ; Janvier 2012.
2
Cité par CROWELL, Erbin, REED, Darryl, “Fair Trade: a Model for International Cooperation among
cooperatives?”, in REED, Darryl, MCMURTRY, J.J., Co-operatives in a Global Economy. The Chal-
lenges of Co-operation across Borders, Cambridge Scholars Publishing, Newcastle upon Tyne, 2009, p.150.
(traduction de FRANÇOIS GRAAS )
3
WFTO : World Fair Traid Organization est l’organisation mondiales du commerce équitable qui
regroupe des organisations du commerce équitable du sud et du nord.
4
Idem., pp.150-151.
58
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
redistribution équitable des revenus et qui respecte certains principes telle que la démocratie.
Pour illustrer la place des coopératives dans le système du commerce équitable, nous avons situé ces
dernières selon deux axes soit l’axe1 Nord / Sud et l’axe marché / société civile.
Le premier axe (Nord / Sud) est de nature géographique et fréquemment utilisé par le mouvement du
commerce équitable, ainsi le sud représente les pays en voie de développement d’où proviennent les
producteurs des produits de terroir et équitables, et le nord représente les pays développés d’où proviennent
les consommateurs des produits équitables.
Le deuxième axe (marché / société civile) permet de différencier l’entreprise traditionnelle (adhérent au
marché) et l’entreprise de l’économie sociale et solidaire (adhérent au marché et à la société civile). Nous
avons aussi souligné des facettes déterminantes de leurs interactions à l’aide de symboles (certification et
contrat de partenariat) et de minces flèches qui représentent les rapports qui existent entre ces différents
acteurs.
1
Catherine Tadros et Marie-Claire Malo "Commerce équitable,démocratie et solidarité : Equal Exchange, une
coopérative exceptionnelle au Nord." Nouvelles pratiques sociales 151 (2002): 76–97. DOI : 10.7202/008262ar
59
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Projet de loi n°11.72 relatif au commerce équitable consulté au site internet du ministère de l’artisanat et de l’économie
sociale
60
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
27
27 Mars 17 Février 16 Janvier 18 Janvier
Date de création Septembre
2002 1994 2005 2001 5 Août 2004
2004
Le GIE Targanine poursuit un but socio-économique en créant des opportunités de travail pour des femmes
souvent défavorisées, pour une partie seules ou veuves.
Les rôles du GIE Targanine consistent à fournir des services mutualisés aux coopératives féminines qui en
sont membres: la promotion des coopératives membres et de leurs produits, l’établissement et gestion des
relations commerciales, la gestion des commandes et des exportations et l’appui technique au niveau de la
qualité, l’hygiène, la sécurité et la traçabilité et l’obtention des certificats pour leur compte.
3-Analyse de résultats :
L’étude qualitative basée sur les entretiens semi-directifs nous a permis de collecter un ensemble
d’informations relatives aux pratiques du commerce équitable au sein du GIE Targanine, permettant de
déterminer les motivations ayant poussé le GIE à adopté le commerce équitable et de découvrir et d’analyser
les effets induits par le commerce équitable sur ses performances organisationnelle, économique et sociale.
• Motivations du choix du commerce équitable par le GIE Targanine:
Les valeurs du GIE Targanine s’intègrent parfaitement dans celles du commerce équitable: solidarité,
indépendance, participation, démocratie et responsabilité. C’est pourquoi le GIE a entrepris, depuis 2005 et
en collaboration avec ses partenaires 1 , une étude concernant l’intégration du GIE dans le réseau du
commerce équitable (CE), car le produit et le projet social et environnemental de Targanine correspondaient
déjà à ce mouvement du commerce équitable.
Plusieurs éléments ont incité le GIE Targanine à s’orienter vers le CE en raison des caractéristiques du
marché des produits de l’arganier: un marché déstabilisé, une augmentation de la concurrence au niveau
local, l’adhésion des coopératives au GIE Targanine.
Ces éléments ont poussé deux partenaires français à effectuer uneévaluation de la structure du GIE selon les
critères du commerce équitable, cette évaluation a permis de relever les facteurs qui ont motivé les
partenaires français à financer la certification du GIE selon le référentiel équitable, solidaire et responsable.
En effet les motivations qui ont poussé les deux importateurs français à financer cette certification sont des
motivations purement commerciales basées essentiellement sur la recherche de justifier le prix des produits
arganiers sur le marché européen.
Selon la responsable commerciale, C’est à partir de l’année 2007 que le GIE commercialise ses produits
selon les normes Fair Trad et par l’intermédiaire de deux importateurs français qui achètent l’huile d’argan
en vrac en vue de la valoriser, le premier la transforme en l’huile alimentaire vendue sur plusieurs point de
vente en Europe, le deuxième la transforme en produits cosmétiques qui seront distribués aux différents
distributeurs partout dans l’Europe.
La vision stratégique du groupe en matière de commerce équitable est limitée et motivée par les deux
principaux importateurs français qui cherchent à satisfaire une demande des produits arganier et justifier son
prix de vente sur la marché. Le GIE Targanine n’a donc pas de relations de partenariat avec les organismes
de commerce équitable au niveau national et international.
• Les effets du CE sur la performance des coopératives du GIE Traganine :
En fait, les pratiques du commerce équitables peuvent avoir des effets sur les performances
organisationnelle, économique et sociale du GIE.
Performance organisationnelle :
La gestion du GIE Targanine est assurée par un Conseil d’Administration (CA) composé de 3 membres élus
par l’Assemblée Générale des coopératives. Selon la responsable commerciale du GIE, les membres du CA
se réunissent fréquemment (chaque semaine) entre eux au sein du siège du GIE, Cependant les membres du
1
Association Ibn Al baytar
62
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
CA se réunissent périodiquement avec les représentants des six coopératives membres pour discuter quelques
problèmes et difficultés rencontrés et soulevés soit par les membres du CA soit par les cadres du GIE
(comme l’approvisionnement en matière première, la concurrence sur le marché, la conjoncture économique,
la prévision des ventes, les produits futurs et les nouvelles dispositions en matière de gestion).
Les représentants des coopératives sont des intermédiaires entres les femmes adhérentes et les instances du
GIE, ainsi ils sont tenus de transmettre et de communiquer les résultats et les recommandations des réunions
avec les membres du CA aux adhérentes de leurs coopératives.
Les membres du CA se rencontrent chaque jour dans le siège du GIE, toutefois des réunions formelles sont
tenues et déclenchées soit par la présidente, soit par l’un des deux membres du CA. Les éléments discutés et
les résultats des réunions formelles font l’objet des procès verbaux(PV) rédigés et archivés et communiqués
aux autres membres de l’AG du GIE.
La structure organisationnelle du GIE est composée de 12 salariés qui travaillent sous la direction immédiate
du CA. Cette structure s’explique, selon la responsable commerciale du GIE, par la recherche de la souplesse
et la communication directe entre le CA et les différents services du GIE.
Chaque coopérative du GIE dispose d’un règlement interne qui règlemente son fonctionnement et qui précise
les rôles, les responsabilités de chaque adhérente ainsi que la conduite du travail de production, la
rémunération et les sanctions en cas de son non respect. Le règlement interne établi après la constitution de
chaque coopérative est signé et approuvé par chaque adhérente, toutefois il peut être modifié ou actualisé
lorsque de nouvelles circonstances l’exigent.
En vue d’améliorer davantage son fonctionnement, le GIE a élaboré un manuel de procédures pour toutes les
coopératives membres afin de normaliser et de renforcer le coté formel d’organisation et répondre aux
exigences externes de certification ESR.
Les conditions du travail au sein des coopératives sont améliorées grâce aux pratiques du commerce
équitable. Ainsi l’horaire du travail est bien précis et adapté aux spécificités des femmes adhérentes. Les
femmes travaillent six jours sur par semaine, le jour de repos hebdomadaire est généralement le vendredi.
Les principales décisions concernant la vie du GIE (approbation des comptes, budgets, investissement….)
sont prises lors de l’assemblée générale des adhérentes tenue annuellement dans le siège social du GIE. Les
membres du GIE doivent y assister, selon les statuts.
Quant à la prime sociale, le GIE constitue un fond équitable alimenté annuellement par des primes sociales,
calculées sur la base du chiffre d’affaires réalisé au titre de l’année qui se termine, versées par les
importateurs au début de chaque année. Ce fond est géré par un comité désigné par l’assemblée générale.
Pour assurer la pertinence des informations financières et comptables, qui servent de base à la prise de
décision, et alléger la structure du groupement, le GIE Targanine externalise la fonction comptable à un
cabinet comptable qui est chargé de traiter toutes les opérations financières et d’établir des états de synthèses
qui seront certifiés par un expert comptable.
Performance économique :
- L’impact du CE sur l’accès du GIE Targanine à l’information sur les marchés : le CE a permis
au GIE, en éliminant de nombreux intermédiaires de s’ouvrir au commerce international et ainsi d’en
comprendre les rouages. Par le moyen du CE avec ses deux acheteurs français, le GIE s’est progressivement
familiarisé avec le fonctionnement des marchés, et exigences de consommateurs distants.
Quant à l’accès à l’information sur le marché, les effets du CE restent limités du fait de l’absence de
partenariat solides avec les organismes du commerce équitable du Nord (comme Max Havllar, magasin du
monde, plate forme pour le commerce équitable…) capables de fournir au moment opportun les informations
pertinentes et susceptible d’influencer la décision du GIE en matière du commerce équitable.
En plus des news lettres reçus auprès de son certificateur Ecocert, le GIE échange des informations avec ses
63
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
clients importateurs en matière des exigences des clients, d’évolution du marché…etc. Mais ces informations
restent limitées vue l’opportunité dont dispose le GIE d’intégrer les réseaux du commerce équitable à
l’échelle international, sans passer par un intermédiaire capitaliste.
- Impact sur le pouvoir de négociation du GIE Targanine : les relations commerciales établies avec ses
acheteurs français permettent au GIE un accès à l’information et une compréhension des mécanismes de
marchés, les deux conditions nécessaires pour asseoir son pouvoir de négociation. En plus, les acheteurs
sont des partenaires impliqués dans tout le processus et sont en contact direct avec le groupement ce qui
permet de fixer un prix raisonnable, tout en assurant une marge bénéficiaire, qui permet de rémunérer les
femmes adhérentes d’une manière juste et équitable.
- L’impact sur la viabilité économique et financière :le CE a permis au GIE de renforcer sa santé
économique et financière car il dispose de partenariats stables et solides dans le temps avec ses deux
clients. En effet le GIE a signé deux conventions commerciales avec ses clients pour une durée de trois ans
renouvelable. En plus le mode de paiement adopté dans les pratiques du CE et qui consiste, dans la plupart
des cas, à percevoir 50% du montant au moment de la commande, le reste doit être réglé soit au moment
de la livraison, soit au plus tard 30 jours après la date de facturation, ce qui a permis à asseoir la stabilité
économique et financière du GIE. Ce dernier ne demande pas des préfinancements malgré qu’il est cité
dans ses conventions commerciales avec ses clients. Ainsi les coopératives sont payées dés la livraison des
produits au groupement.
- L’impact sur le résultat :ici nous présenterons l’impact en terme de résultats générés par les activités du
CE, en adoptant une logique comptable selon laquelle le résultat est la différence entre les produits et
charges. Depuis 2007, l’année d’obtention du certificat ESR, le chiffre d’affaires généré par les produits
certifiés équitables a connu une augmentation très remarquable, et représente actuellement environ 80% du
chiffre d’affaire global du GIE. En contrepartie, le coût de la certification ESR qui s’élève à 15 000 DH par
an est financé par les deux acheteurs européens qui ont investi pour satisfaire leurs clients. Quant aux coûts
de production et selon les responsables du GIE, le coût de revient d’un litre d’huile d’argan est de 230 DH
pour l’huile alimentaire et 220 pour l’huile cosmétique, et se vend en vrac à 250 DH le litre aux acheteurs,
ce qui permet de dégager une marge bénéficiaire moyenne de 25 Dh par litre vendu par le GIE. Cependant
les charges varient légèrement d’une coopérative à l’autre, et dune période à l’autre du fait principalement
de la disponibilité de la matière première qui est liée aux aléas climatique et à la spéculation sur les
marchés d’approvisionnement en amont.
L’approvisionnement du GIE en matière première est assuré par les femmes adhérentes à hauteur de 40%,
pour le reste le GIE s’approvisionne auprès des autres coopératives sur le marché qui ont un excédent et des
négociants intermédiaires spécialisés dans l’achat revendu des fruits d’argan (entretien du 30 Novembre avec
Madame Anaouch Latifa Responsable commerciale du GIE).
La performance sociale :
La performance sociale du GIE s’explique en grande partie par la performance économique, dit la
responsable commerciale du GIE. Grâce au CE les femmes adhérentes des coopératives Targanine reçoivent
une rémunération qui dépasse le SMIG. En effet la rémunération des femmes est égale à 40 DH par Kg
d’amendons concassés, plus leurs parts dans le bénéfice réalisé à la fin de chaque année (en moyenne
10 000DH par an), plus les primes octroyées à l’occasion des fêtes religieuses (Aide Al Adha, Aide Al
Fitr.. .).
Pour les motiver, les femmes adhérentes qui apportent des matières premières (appelées Afyach selon la
langue locale) sont rémunérés par un prix qui doit être supérieur au prix moyen du marché.
En effet, ces rémunérations constituent des ressources très importantes et permettent d’améliorer le niveau de
vie des femmes en leur permettant de ramener leurs enfants à l’école, d’améliorer le régime alimentaire,
d’accéder aux à la santé, etc.
En outre, le GIE emploie, en plus des emplois crées pour le comptes des femmes adhérentes, des salariés tant
64
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
au niveau des coopératives qu’au niveau du groupement, ainsi le nombre des salariés permanent au niveau
du GIE est de 12 avec un salaire décent.
Depuis 2009, et grâce à l’accompagnement de l’un des ses client, le GIE a crée un fond social à travers la
commercialisation des tourteaux d’argan (56% du prix payé par l’acheteur est versé au fond) et prime
équitable versée par les acheteurs des produits équitables et qui est égale 3 à 5% du chiffre d’affaires réalisé
à la fin de chaque année.
Le fond social du GIE Targanine est géré par un comité désigné par l’assemblée générale, et utilisé pour le
financement des actions sociales, de santé ou culturelles proposées par les coopératives afin d’améliorer les
conditions de vie et de travail des coopératrices du groupement Targanine.
Le comité de gestion du fond social est composé des représentants des coopératives dans l’Assemblée
général, toutefois l’assemblée générale peut déléguer la gestion de ce fond au conseil d’administration. Après
chaque assemblée générale, le comité désigné procède à l’étude des actions proposées par les coopératives en
vue de solliciter le financement. Ces propositions sont classées selon des critères pertinents établies sur la
base des effets de chaque action sur les performances des femmes adhérentes ou de leurs coopératives.
Les principales actions financées par ce fond sont :
- L’amélioration des conditions de travail , l’équipement des salles de concassage par des climatiseurs, des
tapis et des chaises permettant aux femmes de travailler plus à l’aise et d’améliorer leur productivité ;
- La mise en place des services sociaux, il s’agit des services rendus au profit des femmes adhérentes des
coopératives : la construction des crèches dans les coopératives au profit des enfants des femmes
adhérentes, distribuer des paniers de ramadan, participation au financement des fêtes familiales, signature
des conventions avec des médecins et des pharmaciens, en plus les femmes des coopératives Targanine ont
suivi un programme d’alphabétisation (lecture, écriture, calcul), éducation civique, religieuse, hygiène
et santé.
- La formation, Les femmes des coopératives Targanine ont bénéficié de plusieurs actions de
formations : Formation juridique pour la constitution de la coopérative, formation en éducation
environnementale, formation en gestion des petits projets, formation sur la technique d’extraction, la
qualité de l’huile, la traçabilité, l’hygiène, la sécurité alimentaire etla gestion administrative et financière
des coopératives.
4-Synthèse et recommandations
Plusieurs éléments ressortent clairement de cette étude. Ils sont à prendre en compte dans une réflexion
globale sur le commerce équitable et peuvent aider à améliorer la performance des coopératives des
producteurs des produits d arganiers au Maroc.
Globalement, le commerce équitable a des effets positifs sur les performances, organisationnelle,
économique et sociale des coopératives et de leur groupement, toutefois ces effets peuvent être améliorés par
l’adoption d’une stratégie claire en matière du commerce équitable, et motivée par la volonté des femmes
adhérentes des coopératives à s’intégrer aux marchés du commerce équitable en suivants des circuits seins
avec l’existence des organismes du commerce équitable ayant pour finalité d’aider les petits producteurs ou
les travailleurs marginalisés tout particulièrement dans le milieu rural.
En effet, le cas du GIE Targanine se caractérise par l’absence d’un organisme du commerce équitable et à
but non lucratif dans ses canaux de distribution, ce qui pose la question de l’équité de ce commerce selon les
principes et valeurs reconnu mondialement, d’où la nécessité de comparer les prix de vente des produits au
consommateur final avec ceux de vente des produits pars les coopératives Targanine.
Pour que le commerce soit équitable, il faut qu’il impacte positivement les petits producteurs, surtout les
producteurs de la matière première dans le milieu rural, ces derniers se trouvent généralement dans une
situation défavorable sur le marché d’approvisionnement informel en amont, à cause de la spéculation
exercée par les capitalistes qui achètent la matière première pendant la haute saison pour la stocker en vue
65
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
66
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Qui réunit les organisations FLO, IFAT (WFTO), NEWS !, EFTA
67
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
filière qui s’est mise en place et la permanence du secteur informel, dont on ne jugera pas ici de la dimension
équitable.En vingt ans, les coopératives féminines d’extraction, d'abord créées à l’initiative de la coopération
internationale, se sont démultipliées avec le soutien des acteurs locaux au nom d'un modèle de
développement rural intégré.La coopérative est censée permettre aux femmes rurales de développer une
activité génératrice de revenus, supposée contribuer à leur autonomisation et à leur empowerment, tout en
contribuant au rayonnement de la région (Charrouf, 2007) pour une production destinée notamment à
l’industrie cosmétique des pays du « Nord » (même si une grande partie de la production réelle reste destinée
aux marchés locaux).Tout cela également dans une optique de développement « gagnant-gagnant », puisque
la valorisation économique de l’huile est censée conscientiser les populations quant à l’intérêt de la
protection de la ressource (Romagny, 2009). On constate bien que la filière a été mise en place de manière à
s’intégrer et à correspondre à des logiques d’économie sociale et solidaire, de développement durable et de
commerce équitable.
En achetant de l’huile d’argan issue de coopératives féminines, les consommateurs du Nord et les industriels
ont l’impression de contribuer au développement économique et social des femmes rurales berbères, pauvres
et marginalisées, dans le cadre également d’un intérêt croissant pour la consommation responsable (Pleyers,
2011). On constate ainsi le fort usage de la dimension équitable de l’huile d’argan d’un point de vue
commercial et marketing dans le discours (Berriane et Michon, 2016). Une des principales critiques du
commerce équitable de façon générale, repose sur les retombées réelles pour les producteurs, au-delà des
bonnes intentions et des discours commerciaux, pour des produits qui sont vendus plus chers et qui viennent
de loin. Dès lors, on peut se demander si pour l’huile d’argan, la dimension réellement éthique et équitable
avancée par les acteurs dominants de la filière ne relève pas principalement d’un élément de marketing
servant leur profit ? On cherchera tout d’abord à présenter et analyser les différentes initiatives équitables en
faveur des femmes qui existent au sein d’une filière qui s’est construite selon ce modèle. Ensuite, on
montrera pourquoi celles-ci demeurent trop partielles et minoritaires, cachant des situations contrastées, qui
remettent en cause l’image internationale dominante autour de la filière.
D’un point de vue méthodologique, les analyses évoquées ici sont issues d’une étude quantitative menée au
premier semestre 2018 sur l’ensemble de la filière de l’huile d’argan au Maroc. Deux types de questionnaires
quantitatifs avaient été réalisés :un portant sur l’insertion économique des coopératives d’argan et sur leur
organisation (auprès de 87 coopératives) et un auprès de 356 adhérentes de 22 coopératives de la région de
Souss-Massa (nommées et localisées sur la figure 1), portant sur leurs activités au sein des coopératives et
sur leur niveau de vie. Différents types d’acteurs et de parties prenantes impliqués dans la filière ont aussi été
rencontré. Les enquêtes ont été réalisées pour et grâce au soutien de l’ERC "EU project 695674 - TARICA"
dirigé par Alia Gana.
68
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1-Les
Les coopératives d’argan, structures d’une filière marocaine de commerce équitable :
1-1-Le
Le modèle de la coopérative féminine d’huile d’argan, activité génératrice de revenus destinée aux
femmes à vocation sociale :
La structuration de la filière de valorisation de l’huile d’argan en coopératives féminine et la mise en place
d’un modèle de développement local par l’accès à une activité génératrice de revenus à vocation sociale,
semble correspondre à unee initiative d’activité commerciale à vocation équitable. En effet, à l’échelle de la
région, la valorisation de l’huile d’argan, un produit aux fortes potentialités économiques à l’échelle
internationale, a été identifiée par différents acteurs à l’échell
l’échellee régionale comme un bon support de
développement local, autant économique que social de par sa dimension genrée et sa dimension territoriale
originale. En effet, l’huile d’argan était déjà valorisée de manière domestique par les femmes de la région,
peu éduquées
duquées avec peu de perspectives économiques locales car vivant dans un milieu rural enclavé. Les
bénéfices de cette mise en activité des femmes était supposée également rayonner à différentes échelles
(douar, village, province, région) avec le développeme
développementnt d’infrastructures aux diverses retombées (Charrouf,
2007).
69
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
liés à la filière. Tout d’abord,d’un point de vue de la production, les coopératives doivent valoriser
principalement les ressources des femmes en noix d’argan, en utilisant la matière première des femmes
qu’elles ramassent et qu’elles utilisaient avant principalement de façon domestique. Après le concassage des
fruits par les femmes, le but est de produire une huile de qualité de manière mécanisée selon des règles
d’hygiène et de traçabilité strictes. Cette huile de qualité, répondant à des critères internationaux, peut ainsi
être mise en valeur par des labels, notamment biologiques ou d’Indication Géographique Protégée (IGP)
(Romagny, 2009), qui représente une forte valeur ajoutée pour l’accès aux marchés internationaux,
notamment dans le secteur cosmétique et pour atteindre des marchés de niche. L’adhésion à un GIE,
Groupement d’intérêt Economique, ou à une Union qui regroupe plusieurs coopératives permet aux
coopératives de leur déléguer la commercialisation des produits pour que celles-ci se concentrent sur la
production. Les groupements s’occupent de la promotion, de la prospection des clients et de trouver des
débouchés aux coopératives, tout en défendant les intérêts de la coopérative et en les aidant à répondre aux
attentes des clients internationaux. La promotion de l’émancipation des femmes grâce à la coopérative passe
aussi par la structuration et l’organisation de la coopérative, censé être basée sur la démocratie (Charrouf,
2007), la mise en commun des intérêts individuels et sur la participation. D’un point de vue organisationnel,
la coopérative est composée d’un bureau de femmes membres de la coopérative, élu démocratiquement qui
prennent part aux décisions concernant le développement de la coopérative avec les autres femmes, mais
aussi des femmes salariées, (notamment une présidente) qui viennent assister les femmes dans la gestion de
la coopérative et dans le bon fonctionnement de la coopérative ;ainsi que des techniciennes, qui fabriquent
l’huile de manière mécanisée. Tout cela est supposé permettre une réussite économique de la coopérative et
donc de fortes retombées économiques pour les femmes, avec des prix d’achat justes pour les femmes
productrices et avec une valeur ajoutée du produit qui revient à la coopérative et aux femmes.Au-delà des
revenus générés individuellement, la réussite générale de la coopérative n’a pas que des implications
individuelles mais aussi plus générales, à différentes échelles. En effet, elle doit valoriser le développement à
l’échelle locale, en permettant de faire des investissements dans certains domaines, afin d’améliorer les
conditions de vie des femmes, en termes d’accès à différentes structures : éducatives, de santé notamment.
Le modèle idéal de la coopérative féminine d’argan tel qu’il est proposé correspond donc à une appropriation
locale et marocaine d’une filière de commerce équitable, à vocation à la fois économique et sociale, comme
on peut le constater grâce à diverses initiatives.
1.2. Exemples d’initiatives solidaires formaliséesen faveur des femmes au sein de la filière :
1.2.1. Le programme Argan du GIE Targanine et L’Oréal :
Le Groupement d’Intérêt Economique (GIE) Targanine, leader du marché pour la commercialisation d’huile
d’argan,qui regroupe 6 coopératives réparties dans les différentes provinces de l’arganeraie, est le fournisseur
principal du laboratoire pharmaceutique BASF, qui possède des marques comme L’Oréal.Un programme
Argan a été mise en place pour ces coopératives, grâce àun partenariat entre L’Oréal et l’ONG locale
marocaineYamana (qui faiten fait du consulting en RSE). Ce programme à dimension équitable se déploie
dans plusieurs champs. En effet, d’abord en termes d’achat, l’huile est achetée aux coopératives à des prix
supérieurs à ceux du marché, avec des prévisions d’achat faites sur le long terme. Une prime équitable sur les
bénéfices annuels (qui représente 5% des bénéfices) a aussi été mise en place. Les sous-produits issus de
l’arganier, comme les coques ou les feuilles sont aussi achetés par l’entreprise pour être valorisés au sein de
produits cosmétiques et génèrent donc d’autres revenus complémentaires pour les femmes.Un fond social
destiné aux femmes a été créé grâce à la prime équitable.Grâce au fond social, les femmes reçoivent des
primes pour le Ramadan et l’Aïd, des dons de vêtements ainsi que des consultations médicales. Les femmes
reçoivent également des cours d’alphabétisation et des formations techniques, censées contribuer à leur
empowerment.Cette initiative aboutie, issue d’un partenariat entre une entreprise transnationale et un
groupement de coopérative d’argan est unique et donc notable. Cette initiative est assez médiatisée puisque
le GIE Targanine est le premier exportateur d’huile d’argan en dehors du Maroc, ce qui renforce l’image de
l’argan comme d’un produit équitable.
70
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
71
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
II-De manière générale, des progrès restent à faire au sein des coopératives pour renforcer leur
dimension équitable :
2.1-Des retombées économiques généralement encore trop limitées pour les femmes :
72
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Il y a donc une différence en termes de rémunération au kilo pour les femmes, qui accomplissent toutes le
même travail.De manière compensatoire, les coopératives les moins intégrées sont aussi celles qui ne sont
pas mécanisées et qui font appel aux femmes pour extraire l’huile manuellement contre une rémunération au
litre d’huile extraite. Comme on peut le voir dans le tableau ci-dessus, les femmes sont payées entre 15 et 25
dirhams par litre d’huile extrait au sein des coopératives visitées. Les revenus que peuvent espérer toucher
les femmes au sein des coopératives dépendent donc deux facteurs. Ils dépendent d’abord de l’insertion
économique de la coopérative dans des réseaux commerciaux nationaux et internationaux qui génèrent
l’activité des coopératives. Dans les coopératives recevant peu de commandes et avec une quantité de travail
disponible faible, le travail des femmes est donc irrégulier et aléatoire. Ensuite, les revenus des femmes
dépendent de leur présence à la coopérative et de leur productivité, puisque celles-ci sont payées uniquement
au travail effectué. Si l’on tient compte de la réalité de l’emploi féminin au Maroc, notamment en milieu
rural et dans le contexte de faible accès à des ressources monétaires, les revenus que peuvent générer les
femmes ne sont pas négligeables et ne peuvent constituer qu’une amélioration dans leur vie quotidienne,
pour une activité qu’elles faisaient auparavant de manière non rémunérée (Gillot, 2017).Pourtant, ces
revenus demeurent assez faibles par rapport au travail accompli et aux promesses du modèle. C’est ce qu’on
peut constater dans les usages dont font les femmes de leurs revenus. En effet, comme le montre le tableau
ci-dessous, la grande majorité des femmes achètent principalement des biens de consommation courante
avec leurs revenus (97%). 29% d’entre-elles contribuent à payer leurs frais médicaux. 16% d’entre-elles
paient les frais de scolarité de leurs enfants avec leurs revenus.
73
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Il y a peu de différences en termes d’utilisation des revenus entre les coopératives intégrées et celles qui le
sont moins, sauf en termes d’épargne, puisque que 15% des femmes interrogées dans les coopératives
intégrées épargnent un peu de leurs revenus. Si les femmes gagnent probablement plus d’argent dans les
coopératives intégrées, elles n’élargissent pas l’éventail de leurs dépenses. Les sommes que les femmes
touchent dans leur travail à la coopérative passent donc des dépenses courantes et peu de femmes peuvent
estimer gagner assez d’argent pour se créer de nouvelles dépenses, mettre de l’argent de côté et faire des
projets différents. La coopérative contribue peu à augmenter les revenus des ménages et à réellement lutter
contre la pauvreté (Gana et Terrazonni, 2009, Romagny et Guyon, 2009) et la valeur ajoutée de l’huile ne
retombe pas sur les femmes alors qu’elles sont les principales actrices de la filière en vue de leur rôle
indispensable. Ce sont donc principalement des revenus d’appoint, ponctuels et complémentaires, qui
parviennent difficilement à combler les attentes des femmes et qui ne sont pas assurés, puisqu’ils dépendent
du travail des femmes au quotidien. Cette faiblesse des retombées économiques de l’huile sur les
productrices remet en question le principe d’autonomisation économique des femmes, et la notion de justesse
des prix par rapport au travail, puisqu’on constate bien que les femmes ne sont pas les principales
bénéficiaires de la valeur ajoutée de l’huile d’argan.
2.2-Une autonomisation sociale et un empowerment par le travail faible :
Au-delà de la dimension purement économique de génération de revenus, la dimension sociale de la
coopérative, supposée offrir aux femmes des conditions de travail correctes et les conditions d’une
émancipation est souvent peu développée et survalorisée dans les discours. Tout d’abord, les initiatives pour
aider concrètement les femmes restent minoritaires, en ce qui concerne leur meilleur accès à des
infrastructures, à des soins ou à l’éducation. Très peu de coopératives possèdent des fonds sociaux destinés
aux femmes afin de financer des projets. Peu d’entre elles ont réussi à mettre en place des systèmes de crèche
pour les enfants pour aider les femmes dans leur vie quotidienne. En ce qui concerne l’accès à la santé,
celles-ci n’ont pas accès à la CNSS1 ou à une autre protection sociale, de parleur statut de coopérante et non
de salariée et le paiement de frais médicaux ou de visites de santé est très rare. Les conditions de travail
demeurent pourtant très précaires (Gillot, 2017) dans beaucoup de coopératives (sauf les plus intégrées qui
possèdent des locaux neufs), pour des coopératives qui ont souvent des problèmes de locaux et pour un
travail qui demeure extrêmement physique et difficile. Concernant l’accès à l’éducation et la mise en place
de cours d’alphabétisation pour les femmes, présenté comme une mesure phare au sein des coopératives, la
situation est différente, puisque ceux-ci existent dans la majorité des coopératives, même les plus en
difficulté, car cela est perçu comme une mesure incontournable du développement des douars visant à
renforcer les capacités des femmes. En effet, 80% des femmes déclarent avoir reçu des cours
d’alphabétisation pratique. Mais dans les faits, les femmes estiment que les cours d’alphabétisation sont peu
utiles, qu’ils leur apportent peu de connaissances et on un faible impact sur elles. Peu de femmes au contraire
déclarent avoir reçu d’autres types de formations plus pratiques, celles-ci étant destinées à une minorité de
femmes plus éduquées ou plus influentes dans la coopérative. Car en effet, la majorité des femmes ne sont
pas actrices des décisions de la coopérative ce qui empêche leur réelle prise de pouvoir par le travail. On
1
Caisse Nationale de Sécurité sociale
74
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
notera que malgré les initiatives mises en place, les femmes sont souvent encore des actrices faibles au sein
de la filière, au profit d’une minorité d’acteurs notamment masculins ou de femmes plus éduquées qui
viennent reproduire des logiques de domination traditionnelle. La majorité des femmes est considérée et se
considère que comme des concasseuses et donc de simples ouvrières, faiblement rémunérées et
valorisées.D’après Guérin et al (2010), les politiques de développement par le genre, ne créeraient qu’une
illusion du changement, maintenant un statu quo duquel il est difficile de faire sortir les femmes vis-à-vis
d’un contexte économique et social qui leur est déjà défavorable. Cette faible amélioration des conditions de
vie des femmes et le faible rayonnement des coopératives à l’échelle locale (douar ou village) remet en
question la dimension réellement équitable de l’huile d’argan au sein des coopératives, telle que la filière est
organisée actuellement.
Autant économiquement que socialement, la majorité des coopératives ne correspondent pas au modèle type
de la coopérative, tel qu’il avait été imaginé afin de faire des coopératives d’argan un secteur équitable. Les
femmes ne sont pas encore payées à des prix réellement justes, par rapport à leur travail et à leur implication
au sein de la filière, pour des bénéfices qui sont fait notamment par des intermédiaires et par les acheteurs
industriels du Nord. Socialement, l’émancipation promise par le travail au sein des coopératives et le
rayonnement positif de celles-ci sur la vie locale demeure faible. Pourtant, malgré ce type de conclusions qui
perdurent dans le temps (Gana et Terrazonni, 2009) sur la situation réelle des femmes dans les coopératives,
cette image équitable des coopératives d’argan semble perdurer.
Conclusion : Le commerce équitable comme argument marketing au sein de cette filière ?
75
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
les femmes des coopératives elles-mêmes, de façon à financer et à mettre en avant de initiatives sociales pour
les femmes (la mise en place de fonds sociaux par exemple) mais qui devient problématique quand elle sont
utilisée par d’autres acteurs qui exercent un pouvoir de domination sur les femmes des coopératives (des
entreprises par exemple, les hommes qui dirigent des coopératives), et qui amassent la valeur ajoutée de
l’huile. De manière générale, si les bonnes initiatives sont à soutenir et que la filière de l’huile d’argan ouvre
la voie au Maroc concernant le développement du commerce équitable et des produits du terroir, de
nombreuses améliorations sont encore à faire pour que l’huile d’argan soit produite de manière réellement
équitable, au-delà des discours généraux. Une des pistes intéressante reste par exemple le recours à la
certification Fair Trade qui valorise les bonnes pratiques déjà existantes et les encourage en les encadrant,
mais aussi de manière plus globale, la mise à niveau qualitative de la filière.
Bibliographie :
- BERRIANE, Mohamed et MICHON, Geneviève, Les terroirs au Sud, vers un nouveau modèle ? : une
expérience marocaine, Maroc/France, Marseille : IRD Éditions ; Rabat : Faculté des Lettres et des Sciences
humaines de Rabat, 2016, 392 pages, ISBN : 978-2-7099-2243-2
-Bucolo Elisabetta, «Le commerce équitable, une pratique d'économie solidaire »,Ecologie & politique,
2004/1 (N°28), p. 27-44. DOI : 10.3917/ecopo.028.0027. URL :https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-
politique1-2004-1-page-27.htm
- CHARROUF, Zoubida (2007), « 20 ans de recherche-action pour faire de l’arganier un levier du
développement durable du milieu rural marocain », dans Actes du Colloque international ; L’Arganier levier
du développement humain du milieu rural marocain, Rabat, pp. 3-14
- CHRISTOPHE Bernard (2016), Agro-ressources et écosystèmes : Enjeux sociétaux et pratiques
managériales, « Analyse de la stratégie marketing des produits du terroir : cas de l’huile d’argan cosmétique
des coopératives de la région Souss-Massa-Drâa », p323-341, Les Presses Universitaires du Septentrion.
- DAMAMME, Aurélie, Genre, action collective et développement, Discours et pratiques au Maroc,
L’Harmattan, « Logiques sociales. Sociologie du genre », 2013, 244 pages, ISBN : 233629303X
- DOUSSIN Jean-Pierre (2009), Le commerce équitable, « Que-sais-je », Presses Universitaires, 128p
- GANA, Alia et TERRAZONNI, Liza, « Le rôle de l’arganeraie dans les économies familiales et la
promotion socioéconomique des femmes rurales dans le Sud-ouest marocain », CNRS, Prodig, 2009, 35
pages
- GILLOT Gaëlle, « Les coopératives, une bonne mauvaise solution à la vulnérabilité des femmes au
Maroc ? », Espace populations sociétés [Online], 2016/3 | 2017, Online since 31 January2017, URL :
http://journals.openedition.org/eps/6619
-GUERIN Isabelle, HERSENT Madeleine, FRAISSE Laurent, Femmes, économie et développement. De la
résistance à la justice sociale. ERES, « Sociologie économique », 2011, 384 pages. ISBN : 9782749212982.
URL : https://www.cairn.info/femmes-economie-et-developpement--9782749212982.htm
- NOUIAM Rachida, L’Arganier au Maroc, entre mythe et réalités, L’Harmattan, 2005, 250pages, ISBN :
978-2336-27274-0
-PLEYERS G. Dir (2011), La consommation critique : mouvements pour une alimentation responsable et
solidaire, DDP, 328p
- ROMAGNY, B., GUYON, M., « Des souks aux marchés internationaux. La valorisation économique de
l’huile d’argan marocaine : un cas d’école des contradictions du développement durable », In Localiser les
produits : actes du colloque international organisé par le CIRAD, l’IRD, le Mab/UNESCO et le MNHN,
Paris, UNESCO, 2009, 16 pages
- SIMENEL, Romain et al (2009), « L'argan : l'huile qui cache la forêt domestique De la valorisation du
produit à la naturalisation de l'écosystème », Autrepart, vol. 50, no. 2, 2009, pp. 51-73.
76
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
renouvelées de se positionner sur un nouveau marché, celui des formes « alternatives » de développement,
consolidant ainsi des positions de domination et garantissant une forme d’insertion internationale des
territoires locaux, au détriment de l’équité entre les producteurs locaux. Cela souligne l’intérêt d’une
approche territoriale, centrées sur les pratiques d’acteurs, qui interroge les liens entre insertion globale et
développement local.
Nous tenterons de souligner les enjeux sociaux et politiques associés à l’émergence de ces projets, et les
ambivalences de projets « alternatifs » en revenant dans un premier temps sur le paradoxe de la situation des
milieux oasiens anciens, marginalisés par les politiques de développement nationales et réinvestis par les
politiques de développement patrimoniale. Puis, nous soulignerons la manière dont la diversification des
expériences de promotion des produits de terroir redéfinit les enjeux localement, pour finir par la mise en
lumière des conséquences sociales et politiques de ces nouveaux projets à l’échelle des territoires oasiens du
sud tunisien.
I- Paradoxe des milieux oasiens : marginalisés et attractifs, la transformation des territoires autour de
la valorisation des ressources locales
1-Marginalisation des territoires oasiens : la fragilisation des petits agriculteurs.
Le commerce équitable apparaît comme un concept bâti pour répondre aux besoins de territoires et de
producteurs marginalisés par les processus de mondialisation, dans un système où la libéralisation des
échanges accélère la mise en concurrence des acteurs et des espaces. C’est dans ce contexte de tournant local
et qualitatif de l’économie mondiale (Campagne et Pecqueur, 2014) qu’il importe d’analyser la diversité des
réponses locales aux crises des modèles de gestion des ressources locales. Le terrain oasien, conçu comme
configuration spatiale spécifique plutôt que milieu écologique, permet d’observer les enjeux, impacts et
conséquences de l’émergence d’expériences de relocalisation des modes de gestion et d’accès aux ressources
insérés dans l’espace global.
1.1 La Deglet Nour, un produit symbole de la modernisation de l’activité agricole, et de la
marginalisation des agricultures familiales historiques
Les politiques de développement du Sud tunisien ont contribué,depuis la période coloniale, à la
marginalisation des oasis anciennes. La priorité donnée à l’ancrage de l’économie nationale dans la
mondialisation donne lieu au développement de nouvelles activités qui entrent en concurrence avec les
territoires oasiens anciens, en particulier dans l’accès et l’exploitation des ressources en eaux et en terre.
Dans le gouvernorat de Tozeur, l’intensification des systèmes de production agricole se traduit par
l’expansion de nouveaux périmètres irrigués dans les zones historiques de pastoralisme saharien. Ces
nouvelles palmeraies en monoculture de palmiers dattiers de variété Deglet Nour sont tournées presque
exclusivement vers l’exportation sur les marchés européens et mondiaux et représentent près de 65% des
oasis du gouvernorat en 2016 (Ministère de l’environnement, 2015), les oasis anciennes devenant nettement
minoritaire.Ainsi, le projet politique de modernisation des espaces oasiens sahariens et d’insertion de ceux-ci
au marché mondial passe par l’expansion continue de la variété Deglet Nour qui s’impose progressivement
comme la seule datte commerciale à l’internationale, et fragilise les petits producteurs des oasis anciennes.
En effet, le maintien d’un taux important de variétés de dattes locales y limite la commercialisation sur les
marchés extérieurs, et contribue à la marginalisation économique et sociale de ces territoires. La conversion
en variété Deglet Nour devient un projet pour l’ensemble des acteurs qui tentent de diversifier leurs
débouchés, et d’échapper aux limites d’un marché local sous pression.Le palmier est roi au Jerid, et constitue
un symbole de l’identité visuelle des oasis.
C’est dans ce contexte que la mise en tourisme des gouvernorats du sud oasien, au début des années 1990, en
réponse à la saturation du tourisme littoral balnéaire, va renforcer et figer ces représentations, en même
temps que deredéfinir l’équilibre économique régional. Cela se traduit par la tertiarisation des activités de la
78
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
région (66.74%1 de la population active travaille dans les services). Un aéroport international est construit, et
une zone d’hôtels s’établit à proximité des sources historiques de l’oasis. Le paysage des oasis devient ainsi
une ressource économique territoriale de premier ordre, et le palmier dattier en est le symbole principal.
Cependant, les productions oasiennes en tant que telles sont peu mises en valeur par une activité touristique
qui repose plutôt sur la consommation d’un paysage oasien figé et idéalisé (Battesti, 2009). L’étagement des
cultures traditionnel, pourtant mis en cause par le développement des variétés commerciales de dattes comme
la Deglet Nour, se maintien dans certaines zones de passage des touristes, parfois de manière artificielle,
pour la satisfaction des visiteurs.
1.2 L’industrialisation : modernisation économique et crise de l’agriculture d’oasis, un
appauvrissement de la biodiversité cultivée
A Gabès, l’industrie de transformation du phosphate, incarnée par l’ensemble d’entreprises étatiques
constituant le Groupe Chimique Tunisien (GCT), s’implante en 1972 dans une zone située sur le littoral du
Golfe de Gabès, à 2km au Nord de la frange littorale de l’oasisancienne, dans le cadre du projet de
« modernisation » de l’économie nationale, et de l’industrialisation du développement. L’activité industrielle
s’affirme comme une activité stratégique aussi bien à l’échelle nationale, où l’économie des phosphates –
portés par les villes de Gafsa-Gabès- occupe un rôle important (10% du budget national avant 20112), qu’à
une échelle régionale où elle emploie une part non négligeable de la population. Ainsi, près de 35% des
actifs du gouvernorat travaillent aujourd’hui dans le secteur industriel. Le développement de l’activité
industrielle entre en concurrence avec les activités agricoles de l’oasis, notamment en ce qui concerne l’accès
aux ressources, en eaux, en terre, et en main d’œuvre. Cette nouvelle orientation industrielle met en cause la
vocation productive agricole des espaces oasiens anciens de la région de Gabès, qui se trouvent relégués au
rang d’espace agricole marginal, tant sur le plan productif que social et politique. Si l’agriculture familiale
persiste, elle est soumise à une diversité de pressions qui en font une activité fragile. L’étagement historique
des cultures, qui faisait la réputation de l’oasis de Gabès est mis en cause, au profit d’une spécialisation
maraîchère ou arboricole, et l’introduction de l’élevage bovin intensif dans le courant des années 1990
contribue à transformer largement le paysage des exploitations, qui se tournent vers les cultures fourragères,
au détriment de la diversité des cultures arboricoles historiques. Seul le grenadier reste largement présent
dans toute l’oasis, et incarne la culture phare de Gabès.
2- Des choix politiques qui participent à la dégradation des environnements et productions locales
A Tozeur comme à Gabès, ces nouvelles activités ont doncprofondément transforméles conditions de
pratiques de l’agriculture oasienne et l’équilibre des écosystèmes sur lequel les oasis étaient historiquement
fondées. Le transfert des ressources hydrauliques artésiennes vers le pompage profond, les pollutions issues
des activités industrielles et touristiques, la pression foncière, la concurrence sur la main d’œuvre
représentent autant de menaces pour les milieux oasiens anciens.À l’échelle de l’oasis, l’accroissement des
pressions sur les ressources se traduit par une dégradation de la qualité des eaux et des sols. Ainsi, la
salinisation, mais aussi les risques de désertification, d’abandon des terres agricoles et d’urbanisation
contribuent à accroitre les dynamiques de différenciation socio-spatiale dans l’oasis : entre acteurs qui se
concentrent dans les zones où l’accès aux ressources est préservé et ceux qui sont cantonnés aux périphéries
salinisées, mal drainées, confrontées à des problèmes de vétusté des infrastructures. Le paysage étagé,
historiquement célébré par les voyageurs pour sa richesse, constitue un élément central du patrimoine oasien,
et fait aujourd’hui l’objet de plus en plus de rapports visent à en cerner la qualité et l’importance, dans une
stratégie générale de lutte contre l’érosion de la biodiversité et de sauvegarde de l’environnement.
Erosion de la biodiversité et de l’étagement, la transformation des systèmes de productions agricoles et
enjeux de commercialisation
En effet, l’étagement des cultures est remis en question, dans un contexte général de spécialisation des
1
INS, 2014
2
Webdo.tn : http://www.webdo.tn/2016/10/15/scenario-catastrophe-compagnie-phosphates-de-gafsa-secroulait/
79
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
systèmes de productions. A Tozeur et Gabès, 23% des exploitants ne cultivent ainsi plus les trois étages, et
7% n’en cultivent plus qu’un seul (Carpentier, 2018).
A Gabès, les palmiers ne représentent que 11% de l’effectif national (CRDA, 2014). En effet, la primauté de
la variété Deglet Nour, qui ne pousse pas dans les conditions littorales, contribue à reléguer le palmier au
rôle de simple coupe-vent. La diversité de l’étage arboricole –pêchers, abricotiers, poiriers, muriers, citrons,
vigne-, qui faisait la réputation de Gabès dans les années 1960, est aujourd’hui fortement remise en question,
concurrencé à la fois par les dattiers des oasis de l’intérieur, les cultures maraîchères, et plus largement la
baisse de l’humidité du milieu, en partie liée à la bétonisation du réseau d’irrigation interne.Le nombre
d’espèce cultivée diminue fortement, et aujourd’hui, seulement 1/ 3 des exploitants de l’oasis cultivent une
autre espèce arboricole que le grenadier. Ce dernier est présent sur près de 80% de la surface de l’oasis,en
moyenne à hauteur de 150 pieds/ha. C’est souvent la seule culture arboricole qui représente une source de
revenus pour l’exploitation. Le grenadier, de variété locale « gabsi », apparaît ainsi comme l’arbre
symbolique de la résilience de cette agriculture oasienne en transformation.
À Tozeur, où l’on trouve 30% de l’effectif de palmier dattier national, c’est la présence des cultures
maraîchères qui est remise en question, avec la spécialisation des paysages vers la production de palmier
dattier. Les variétés locales de piments « jeridi », de tomates et de corètes sont cultivées dans une minorité
d’exploitations (moins de 10%), et les cultures maraîchères n’occupent plus qu’une part limitée de la
superficie cultivée de l’oasis (CTV, 2013).
La reconfiguration du paysage des oasis anciennes s’inscrit doncdans ce contexte de dégradation du milieu,
de reconfiguration des conditions économiques, et de différenciations socio-territoriales des stratégies de
production, toujours plus orientées vers les cultures marchandes pour l’exportation. En effet, on distingue de
grandes exploitations spécialisées, bénéficiant d’infrastructures hydrauliques importantes, orientées vers les
marchés d’exportations, des exploitations familiales spécialisées, insérées sur le marché régional, et des
exploitations plus diversifiées. L’émergence d’activité de service sur les terres agricoles contribue également
à transformer les formes de commercialisation des ressources oasiennes. Si l’érosion de la biodiversité
cultivée et la spécialisation générale des exploitations apparaît comme associée à une dynamique de crise de
l’activité agricole oasienne et du milieu oasien, elle s’inscrit aussi dans un contexte de requalification
patrimoniale des territoires oasiens, aux productions susceptibles d’incarner la qualité d’un terroir historique.
3- Requalification patrimoniale et promotion du local
3.1 Développement durable : les acteurs de la valorisation
En effet, à l’heure où le développement durable est intégré dans l’agenda des politiques publiques, et que la
promotion de la qualité des territoires constitue une caractéristique de la mondialisation contemporaine
(Pecqueur, 2014), la dynamique de patrimonialisation des territoires oasiens apparaît étroitement lié aux
projets de développement local. La sauvegarde de l’environnement oasien, la protection et réhabilitation de
ses ressources, mobilisent ainsi une diversité d’acteurs autour de projets qui contribuent à « brancher »
l’espace local au système monde. Reposant sur une vision souvent idéalisée des systèmes traditionnels, ces
projets de patrimonialisation, portés par des acteurs associatifs urbains, visent à souligner la valeur
exceptionnelle d’espaces fragilisés par les dynamiques contemporaines de la mondialisation. Dès le début
des années 1990, des associations sont créées afin de garantir la protection et la promotion des territoires
oasiens, et leur inscription dans le cadre global des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO. À Gabès, dès
1992, le club Unesco local entame la démarche pour une inscription au patrimoine mondiale de l’UNESCO.
L’oasis est d’abord labellisée « trésor du monde » à la fin des années 1990, et en 2008, l’oasis est placée sur
la liste indicative pour un classement au patrimoine de l’Unesco. Ce classement vise à souligner
l’engagement de la population locale pour la sauvegarde de l’oasis, et l’originalité de sa situation littorale.
S’il souligne la qualité esthétique des paysages, il contribue à minorer largement la diversité des logiques
sociales et politiques de ces espaces. A Tozeur, l’activité touristique participe également à l’insertion du
territoire local dans un espace d’échange globalisé, et l’attractivité du territoire local est lié à sa capacité à
80
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
groupement, qui affirme son ambition de participer à la dynamique locale du développement. Au départ
centré sur la certification des dattes, les activités sont désormais diversifiées : énergie solaire, diversification
des cultures, écotourisme...
Composé aujourd’hui de 107 producteurs labellisés « Fairtrade », de 8 salariés, et employant chaque année
près de 450 ouvrières dans l’usine de conditionnement, le groupement de Hazoua, « EcoHazoua », fait figure
de projet pionnier de développement local et durable en Tunisie. Les activités de formations et de suivis, qui
se sont multipliées, confère au groupement un statut de référence promue par les pouvoirs publics et
institutions. Ceux-ci sont directement associés au sein de multiples partenariats contractés par le groupement
depuis sa création, en particuliers avec le ministère de l’Agriculture (Centres Techniques, Institut
d’Agronomie, Représentation régionale). La délégation de Hazoua est ainsi une des quatres délégations
tunisiennes désignée « délégation pilote » pour le développement de l’agriculture biologique. Mais le
groupement apparaît aussi comme un modèle pour les associations locales de développement oasien des
autres gouvernorats, notamment de Kebili et Gabès, et de nombreuses visites sont organisées pour la
diffusion et l’échange d’expériences autour des pratiques de biodynamies, de l’organisation en groupement,
et de la labellisation. Par ailleurs, les bailleurs de fonds internationaux soutiennent les activités du
groupement (GIZ et FEM depuis 2012), et les partenariats commerciaux permettent de sécuriser la
commercialisation des productions du groupement de Hazoua en Italie, en France, et en Allemagne. Ces
multiples partenariats permettent la conquête de nouveaux marchés à l’exportation, aux Etats Unis, Canada,
en plus des marchés européens et de la Turquie. Ce statut de projet modèle repose sur l’originalité d’un
collectif qui s’est rassemblé pour garantir la maîtrise de l’ensemble d’une filière très fortement
concurrentielle, et objet de monopole, la filière datte, de la production à la commercialisation, en passant par
le conditionnement et la transformation. Cette maîtrise repose par ailleurs sur des pratiques agricoles
innovantes et des formes d’organisation collectives non conventionnelles, ayant fait très tôt l’objet de
labellisation et par là d’une insertion internationale. La diversification des projets pour atteindre l’ensemble
des secteurs économique souligne la volonté du groupement de s’affirmer comme acteur d’interface entre
réponses aux demandes et revendications sociales pour le développement local et orientation stratégiques de
clients internationaux partenaires.
2- Les grenades de Gabès. Valoriser l’oasis, labelliser les « Gabsi »
A Gabès, la labellisation biologique des grenades offre un autre exemple de ces expériences locales de
promotion des produits du terroir dans le cadre de la mise en place de filières commerciales « innovantes ».
La grenade est au cœur des enjeux de valorisation gabésien et incarne la qualité du terroir local. La réputée
variété « Gabsi » a plutôt bien résisté aux mutations du milieu oasien, en partie en raison de sa capacité à
supporter la forte salinisation des sols. Depuis la loi du 13-02-2009, elle est l’une des cinq cultures possédant
le label « Indication à la Provenance », label tunisien de protection de l’origine. Elle symbolise ainsi la
recomposition de l’agriculture et de la commercialisation des productions dans un contexte de mondialisation
des échanges et d’industrialisation de l’économie régionale.
Projet porté par une association locale, l’ASOC (Association de Sauvegarde de l’Oasis de Chenini), depuis
2005, la labellisation en agriculture biologique des productions de l’oasis s’inscrit dans cette dynamique.
L’ASOC travaille ainsi avec l’institut italien de certification IMCERT (Istituto Mediterraneo di
Certificazione), pour la conversion en agriculture biologique de l’ensemble des cultures de l’oasis. En 2011,
on comptait 88 exploitants convertis, pour une superficie de 42,9 ha (ASOC, 2011). En 2016, 147
exploitations sont certifiées, ce qui représente près d’une centaine d’hectares dans l’oasis. Les grenades
labellisées sont vouées à l’exportation, et avant la révolution, les marchés européens étaient les premiers
destinataires des grenades de l’oasis. Si le label « fairtrade » n’est pas utilisé, la volonté de constituer un
« groupement de producteurs bio » pour la valorisation des productions et la maîtrise de l’ensemble des
éléments de la filière, est présent dès l’origine du projet.
Par ailleurs, ce projet de labellisation s’insère dans une activité militante ancienne et diversifiée pour la
82
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
valorisation et la protection de l’oasis. L’association, active depuis le début des années 1990, a construit son
action sur la diversité d’activités de développement local, allant de la diffusion de pratiques agro-écologiques
dans l’oasis, comme le compostage, à la valorisation écotouristique. Au fil du temps, cet activisme local a
permis de construire une diversité de réseaux, associatifs ou institutionnels, qui participent, comme à
Hazoua, a l’intégration de l’espace local oasien dans le marché mondial. Là encore, la diversification des
actions de développement local souligne l’ambition de ne pas se limiter à une approche par filière, mais
plutôt de se positionner à l’interface d’une diversité d’acteurs. Les formations proposées, dans une diversité
de domaine, de l’apiculture à la conduite d’élevage ovins, contribuent à faire de l’association un acteur de
référence du développement local, en ce qui concerne la promotion d’une agriculture plus « durable » et plus
« équitable ». Là encore, l’association bénéficie du soutien de bailleurs de fonds internationaux, comme le
FEM, ou la GIZ, et du soutien des pouvoirs publics et des institutions. Projet promu comme « modèle »pour
le développement local, la labellisation des grenades pour l’exportation s’inscrit dans un contexte plus
général de redéfinition des stratégies de mise en valeur des ressources des territoires.
4- Diversification des projets et des acteurs
Au même titre que la labellisation, la transformation des produits est l’une des voies privilégiées par les
acteurs locaux pour la valorisation de la commercialisation des produits oasiens. Considéré comme un levier
important de diversification des revenus oasiens, la transformation des produits répond à une demande locale
de valorisation innovante des produits de bases de l’oasis et s’inscrit dans une forme de marketing territorial.
Nous ne reviendrons pas ici en détails sur ces projets, mais nous rappellerons simplement qu’ils s’inscrivent
dans le contexte post 2011 de multiplication des programmes d’aides à l’entreprenariat 1 , aux « emplois
verts », et de diversification accrue des associations et projets de valorisation des produits dits « de terroir ».
En lien également avec le développement d’une activité touristique plus attentive à la valorisation des
produits locaux, dattes et grenades sont valorisées sous formes de sirop-confitures-jus-café. Ces projets, qui
impliquent l’émergence d’un nouveau type d’acteur, la petite entreprise, contribuent à la production de
nouvelles ressources des territoires. C’est l’idée que la valorisation des sous-produits oasiens peut agir
comme un levier social pour l’emploi, outil de redéfinition des modèles économiques locaux.
III- Disparités sociales et territoriales, politisation des enjeux du développement local
Le local en question : limites et contradictions de projets « modèles »
Présentés comme des références pour le développement local et légitimés par les pouvoirs publics et
bailleurs de fonds internationaux, ces expériences locales de promotion des produits du terroir, qui passent
par la labellisation et la commercialisation internationale, offre un bilan contrasté quand on en analyse les
impacts à l’échelle des territoires. En effet, inscrits dans les nouveaux cadres normatifs que représentent la
labellisation et la durabilité du développement local, ces projets participent autant à la diversification des
débouchés et à la valorisation des productions qu’à l’accroissement des inégalités sociales et territoriales
dans les oasis.
En effet, à Hazoua, l’expérience de commerce équitable en agriculture biodynamique est autant un outil de
lutte contre la marginalisation du territoire que de consolidation d’une culture de rente. A Gabès, la tentative
d’organiser un collectif d’exploitants écologiqueset économiquement viables devait répondre aux difficultés
de commercialisation des petits exploitants par la valorisation par l’exportation des grenades biologiques.
Pourtant, en dépit de l’expansion du nombre de participants, ce projet a connu un certain nombre de
difficultés. La disponibilité des traitements biologiques, l’écoulement à l’international de la production
labellisée dans le contexte économique et sécuritaire fragile post-révolution, posent problème. Les prix, pas
toujours compétitifs par rapport aux producteurs de grenades conventionnelles, deviennent un obstacle pour
l’écoulement des productions des agriculteurs certifiés. Par ailleurs, les franges littorales de l’oasis, dans la
zone de Jara Chott Essalem en particulier, directement exposées aux fumées et rejets polluants des usines du
1
WES : Women’s Entreprise for Sustainability, financé par le fond américain
83
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
GCT (Groupe Chimique Tunisien) sont de fait exclues de telles dynamiques de valorisation.
Un nouveau marché ?
Ces expériences locales de promotion des produits de « terroir » s’inscrivent ainsi dans le marché émergent
de « l’agriculture durable » internationale. Celui-ci offre de nouvelles opportunités à des collectifs et acteurs
organisés de consolider des positions de domination dans la gestion des ressources locales. En effet, en
Tunisie, le secteur du bio est en pleine expansion, multipliant par 27 sa production totale entre 2002 et 2010
et par 4.5 la valeur de ses exportations et faisant passer ses superficies de 18 600ha à 330 000ha,
essentiellement en oliviers et palmiers dattiers (1 100ha). Dans le gouvernorat de Tozeur, la labellisation en
agriculture biologique des dattes de variétéDeglet Nour vise à répondre au besoin d’optimiser les débouchés
d’une production en expansion et d’une demande extérieure de qualité (+25% à l’exportation entre 2017 et
2018). L’administration, qui fait la promotion de la conversion en agriculture biologique dans les nouveaux
périmètres irrigués, appuie le mouvement général de spécialisation et d’extraversion de la filière datte, au
détriment des plus petits producteurs et des autres productions. La labellisation concerne ainsi
essentiellement les plus grands exploitants de ces espaces, comme à Hazoua. Les oasis anciennes se
retrouvent là encore marginalisées par ce processus, du fait de la faible proportion de datte Deglet Nour
(moins de 50%) et l’exiguïté des parcelles. Stratégie d’optimisation des revenus issus de la filière datte,
l’inscription dans les nouveaux cadres normatifs que représentent l’agriculture biologique et le commerce
équitable apparaît comme un moyen pour les acteurs les mieux insérés de se positionner sur un nouveau
marché, plutôt qu’une logique de protection de l’environnement ou de promotion d’un nouveau modèle
agricole.
Promotion de la qualité, au détriment du local ?
Par ailleurs, le développement local apparaît toujours au centre de l’argumentaire de ces projets de
valorisation des produits de terroir. Erigés en symbole d’un terroir par les procédures de labellisation, dattes
et grenades cristallisent les enjeux et contradictions des projets de valorisation du territoire. En effet, si la
promotion du « local » apparaît, c’est souvent en réponse à une demande et un marché extérieur. Les divers
labels « fairtrade », « bio », en distinguant ces produits, les « débranchent » d’une certaine manière de leurs
contextes locaux. Animé par des acteurs associatifs implantés dans la ville, le marché extérieur est
systématiquement privilégié, du fait du manque de soutien de la part des pouvoirs publics au niveau local
pour ce type de produits, et par l’idée selon laquelle la demande locale est inexistante, le consommateur local
n’étant pas sensible à ce type de productions « de qualité ». En effet, le marché local reste très peu stimulé,
tous les projets étant tournés vers l’exportation des productions. Ce sont les marchés extérieurs qui sont
visés, et la valorisation des produits locaux n’est pas associée à l’idée de circuit court.
Cette promotion du local est donc avant tout une reconfiguration des formes d’insertion des territoires à
l’espace global. Plutôt qu’une relocalisation des formes de valorisation, il s’agit de promouvoir la qualité
d’un produit local à l’international. C’est le paradoxe de ces projets, qui se heurtent à une sorte de conflit
d’échelles. La démarche de qualité que constitue la labellisation, se fait au détriment d’une valorisation plus
général de l’espace local. Insérés dans le marché mondial, le produit de terroir ne perd-il pas sa capacité à
être un véritable outil de développement local ?
Politisation, les ressources d’une reconfiguration des rapports de force locaux ?
Ce qui caractérise ces projets c’est finalement la mise en place de processus de différenciation sociale et
spatiale. Car dans ces nouvelles formes de commercialisation, c’est la dimension « équitable » qui doit être
finalement interrogée. En quoi un groupement qui emploie des ouvrières la moitié de l’année avec des
contrats précaires peut-il être qualifié d’équitable ? Si la filière des dattes biodynamique de Hazoua est
maîtrisée par les producteurs adhérents au groupement, la main d’œuvre sur laquelle repose le
fonctionnement de la production reste un angle mort du projet. A Gabès, on l’a vu la labellisation des
grenades n’est pas accessible pour tout le monde. La multiplication des intermédiaires, inhérente au
processus de labellisation, constitue également un frein à son expansion vers les producteurs les plus
84
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
marginalisés. L’adhésion au collectif associatif, nécessaire pour insérer le projet, apparaît parfois aux plus
fragiles comme une tentative de mise sous contrôle. La mise en place d’espace de stockage et de
conditionnement contribuent au développement de nouvelles concurrences, et le contrôle de ces maillons
stratégiques de la chaîne de production est un enjeu de pouvoir à l’échelle locale.
Ces projets ne touchent pas le territoire oasien de manière homogène et consacrent la différenciation sociale
du processus de « promotion des produits de terroir » oasien, au détriment d’une petite agriculture familiale
marginalisée par ces nouvelles dynamiques, mais idéalisée dans les représentations de la « durabilité
traditionnelle » oasienne. Les dynamiques de valorisation des territoires restent conditionnées par la capacité
des porteurs de projets à investir de manière autonome et s’adapter aux besoins des consommateurs locaux
ou extérieurs.
Au-delà d’une simple reconfiguration économique des échanges et de l’ouverture de nouveaux débouchés
pour des produits symboliques des oasis, caractérisées par une promotion accrue de la qualité et de la
proximité, ces initiatives de promotion des produits du terroir participent d’une reconfiguration des rapports
de force localement. En effet, cette recomposition des modes de valorisation de l’oasis, par et pour le
renforcement de l’insertion dans l’économie mondiale, apparait alors comme une clé d’analyse des processus
de reconfiguration du pouvoir à l’échelle locale.
Expériences locales de promotion des produits de terroir, un enjeu de pouvoir
Cette transformation des pratiques recompose le territoire d’action du développement local dans le sens à la
fois d’une concentration foncière, et d’une fragmentation des territoires.Ces projets sont présentés comme
des leviers de réponse à la crise de l’emploi, de l’agriculture, mais aussi de la ville, et du développement
local. Avec ces nouvelles filières de commerce, qui revendiquent une dimension critique de lutte contre la
marginalisation territoriale, contre le monopole commercial, et pour la justice sociale, se fabriquent de
nouvelles ressources politiques, de nouvelles arènes de concurrences pour affirmer sa légitimité sur le
territoire local. L’émergence de groupement de producteurs, de collectifs associatifs, d’un petit
entrepreneuriat, présenté comme des modèles vertueux d’équité et de durabilité soulignent pourtant la
complexification des enjeux liés à la maîtrise des ressources des territoires et à leurs commercialisations. Ce
marché du durable et de l’équitable n’est donc pas dénué de conflits, et les concurrences accrues sur les
nouvelles ressources restent l’apanage d’une élite hétéroclite, disposant de capitaux et de leviers, permettant
le maintien d’une position de domination.
La petite agriculture familiale, plutôt diversifiée et tournée vers le marché local, bénéficiaire désignée de ces
projets, apparaît pourtant largement en retrait de ces initiatives. Elle reste pourtant présente dans de larges
pans des oasis et doit permettre de relativiser l’ampleur de ces projets dont l’emprise reste relativement
limitée sur l’ensemble des oasis.
Conclusion
L’oasis est replacée au centre du jeu politique par une population locale désireuse de repenser les conditions
de commercialisation et de valorisation de ses productions locales. La multiplication des projets -collectifs,
individuels, coopératifs, ou d’entreprises- met en lumière les conflits potentiels entre tentatives de réponse à
une demande extérieure, et nécessité de réorienter les projets vers la valorisation des territoires et besoins
locaux.
La fabrique de nouvelles ressources territoriales issues de ces expériences de promotion des produits locaux
contribue ainsi à l’émergence de nouvelles disparités, et à l’accroissement d’inégalités. Entre les collectifs
« modèles » bénéficiant de soutiens internationaux et les petits exploitants diversifiés et marginalisés,
l’émergence de ces filières ne représentent pas le même type d’opportunités. L’appropriation politique de ces
nouvelles formes d’insertion sur le marché global par des acteurs organisés soulignent l’enjeu représenté par
l’insertion sociale des exploitants et leurs capacités à recevoir le soutien des institutions, au-delà d’une
valorisation économique des productions. Du producteur au consommateur, la diversification des formes
85
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
d’actions, -entre création d’un nouveau marché, réponses à des revendications locales, et incitations
globales-, souligne combien la fabrique de ressources territoriales disputées, se formule rarement en termes
de justice sociale. Dans un contexte post révolutionnaire qui a contribué à mettre en lumière les enjeux
politiques nationaux des transitions, la reconfiguration des rapports de force à l’échelle fine, en lien avec les
mutations des filières agricoles et des formes de commercialisation, souligne combien la promotion du local
ouvre une nouvel espace d’action pour le politique. Le commerce équitable, projet international de solidarité
nord sud, reste à l’échelle locale, un marché en quête de nouvelles solidarités.
Bibliographie :
Battesti Vincent. 2009. Tourisme d’oasis, les mirages naturels et culturels d’une rencontre ?. Cahiers
d’études africaines, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2009, XLIX (1-2) (193-194), pp.551-582.
<halshs-00350921v2>
Campagne Pierre, Pecqueur, Bernard,Le développement territorial. Une réponse émergente à la
mondialisation, Éd. Charles Léopold Mayer, 2014, 268p.
Carpentier I., 2018, Les révolutions silencieuses des oasis du sud tunisien. Crise des modèles et
réponses locales, thèse de doctorat. Géographie. Paris 1 Panthéon Sorbonne, 523p.
Le Velly, R. (2009). Quel commerce équitable pour quel développement durable ?. Innovations,
30(2), 99-113. doi:10.3917/inno.030.0099.
Ministère de l’environnement, Direction Générale de l’Environnement et de la Qualité de la Vie
(DGEQV), « Stratégie de développement durable des oasis en Tunisie », Tunis, mars 2015, 184p
86
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
This article makes several timely contributions to literature in the areas of FT and SCM. We expand the FT
literature from ethical decision-making and marketing viewpoints to discussions of how organisations and
supply chains can be managed (and resisted) to make them more sustainable and successful from a business
and society perspective. We extend the use of existing SCM constructs to provide a structured discussion of
87
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
FT supply chains that begins to realign the fields of SCM, sustainability and Fair Trade. We demonstrate the
limitations of existing FT supply chain research and use social critical theories and frameworks to develop
propositions for future research aimed at addressing power relations within FT supply chains.
References
- Adriani, F., Becchetti, L., (2004),“Fair trade: a “third generation” welfare mechanism to make globalisation
sustainable”, CEIS Tor Vergata - Research Paper Series, Vol.21, No. 62, 1-30.
- Amaeshi, K. M., Osuji, O. K., &Nnodim, P. (2008). “Corporate social responsibility in supply chains of
global brands: a boundaryless responsibility? Clarifications, exceptions and implications”, Journal of
Business Ethics, 81, 223-234.
- Awaysheh, A., Klassen, R., (2010), “The impact of supply chain structure on the use of supplier socially
responsible practices”, International Journal of Operations & Production Management , Vol. 30, No.12,
pp.1246-1268.
- Becchetti, L. &Huybrechts, B., (2008), “The Dynamics of Fair Trade as a Mixed-form Market”, Journal of
Business Ethics, 81, 733-750.
- Carter, C., Easton, L., (2011), “Sustainable supply chain management: evolution and future directions”,
International Journal of Physical Distribution & Logistics Management, Vol. 41Issue: 1, pp.46-62.
- Davies, I., Ryals., L., (2010), “The Role of Social Capital in the Success of Fair Trade”, Journal of
Business Ethics, Volume 96, Number 2, Pages 317-338.
- Fairtrade International, (2016). “Fairtrade Global Strategy: Changing Trade, Changing Lives 2016-2020”,
available at: http://www.fairtrade.net/about-fairtrade/our-vision/our-strategy.html
- Gimenez, C., Tachizawa, E., (2012), “Extending sustainability to suppliers: a systematic literature review”,
Supply Chain Management: An International Journal, Vol. 17 Issue: 5, pp.531-543.
- Karjalainen, K., Moxham, C., (2013), “Focus on Fairtrade: Propositions for Integrating Fairtrade and
Supply Chain Management Research”, Journal of Business Ethics, 116, 2, 267- 282.
- Miemczyk, J., T. Johnsen, and M. Macquet (2012), "Sustainable purchasing and supply management: a
structured literature review of definitions and measures at the dyad, chain and network levels," Supply Chain
Management: An International Journal, Vol. 17 Iss.5, pp. 478-96.
- Moore, G., (2004), “The Fair Trade Movement: Parameters, Issues and Future Research”, Journal of
Business Ethics, Volume 53, Issue 1-2, pp 73-86.
- Moxham, C., Kauppi, K., (2014), “Using organisational theories to further our understanding of socially
sustainable supply chains”, Supply Chain Management An International Journal, 19, 4, 413-420.
- Mueller, M., dos Santos, V.G. &Seuring, S., (2009), “The Contribution of Environmental and Social
Standards Towards Ensuring Legitimacy in Supply Chain Governance”, Journal of Business Ethics, 89: 509-
523.
- Nicholls, A., (2010), “Fair Trade: Towards an Economics of Virtue”, Journal of Business Ethics, 92, 241-
255.
- Randall, D.C. (2005), “An Exploration of Opportunities for the Growth of the Fair Trade Market: Three
Cases of Craft Organisations”, Journal of Business Ethics, 56: 55-67.
- Wild, N., Zhou, L., (2011), “Ethical procurement strategies for International Aid Non‐Government
Organisations”, Supply Chain Management: An International Journal, Vol. 16 Issue: 2, pp.110-127.
- Yawar, A., Seuring, S., (2017), “Management of Social Issues in Supply Chains: A Literature Review
Exploring Social Issues, Actions and Performance Outcomes”, Journal of Business Ethics, 141, 3, 621-643.
88
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Introduction
Manger saint constitue une priorité des consommateurs dans le monde entier, et l’agriculture biologique
semble être la réponse logique à ce besoin. La tendance à consommer bio est expliquée non seulement par le
souci de santé, mais aussi par l’intérêt porté au sujetdu développement durable et la protection de
l’environnement.
En effet l’agriculture conventionnelle a prouvé ses effets néfastes sur l’environnement à cause de la
surexploitation du sol, la pollution des eaux par les produits chimiques et bien d’autre raisons. La conversion
vers une agriculture biologique respectant la nature et la santé gagne plus de place dans le monde.
Le marché marocain n’échappe pas à cette prise de conscience et s’adapte de son mieux à ce changement.
Aujourd'hui, on trouve des étalages de produits bios presque partout au Maroc, que ce soit dans des magasins
spécialisés ou dans les grandes surfaces. Cependant,les petits producteurs de produits bios sont de plus en
plus vulnérables à la pression des règles du commerce international. En effet, les producteurs de bio n’ont
pas l’occasion de profiter pleinement des bénéfices de leurs productions, malgré les prix élevés proposés aux
consommateurs.
Le commerce équitable propose un nouveau modèle basé sur une relation plus équilibrée entre les différents
partenaires commerciaux. Soutenu par les consommateurs, ce commerce garantit aux producteurs des pays
en voie de développement l'achat de leurs marchandises à un prix juste, à l'abri des fluctuations du marché et
lutte pour la conservation de l’environnement.
89
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Dans cet article, nous nous intéresserons au sujet du commerce équitable et de l’agriculture biologique dans
le contexte mondiale en général et dans le contexte marocain en particulier. Nous proposerons, à partir de la
littérature, des rapports et des études ayant traité le sujet. Nous illustrerons le dynamisme des spécialistes de
l’agriculture biologique au Maroc en faveur du commerce équitable à travers l’exemple de la coopérative
TIBHAR TOUZAIKOU, en nous appuyant sur une étude qualitative que nous avons réalisée auprès de la
coopérative.
Dans un premier temps, nous expliciterons la notion du commerce équitable et de l’agriculture biologique,
leurs intérêts et leurs objectifs. Nous exposerons la littérature relative à ce sujet ainsi que la prise de
conscience vis-à-vis du commerce équitable à l’échelle mondiale. Dans un deuxième temps, nous essaierons
de montrer le développement de l’agriculture biologique au Maroc et les initiatives prises dans ce sens pour
accompagner ce changement. Nous présenterons ensuite le cas de la Coopérative TIBHAR TOUZAIKOU
qui demeure un exemple parfait d’organisations qui s’inscrivent pleinement dans une logique de commerce
équitable en l’intégrant dans la gestion quotidienne de ses activités et dans ses projets avenir.
1-Le commerce équitable : revue de littérature
Le commerce équitable et l’agriculture biologique sont deux concepts assez récents et assez différents ce qui
peut mener à une confusion concernant le vrai sens des termes. Cette revue de la littérature vise à définir le
commerce équitable et l’agriculture biologique ainsi que les relations existant entre ces deux concepts.
1-1-Définition du commerce équitable :
Le commerce équitable vise le maintien de relations équitables et solidaire entre les producteurs ruraux du
Sud et les consommateurs du Nord à travers plusieurs pratiques socioéconomiques différentes de celles du
commerce international (Johnson, 2005). Contrairement aux pratiques du commerce international qui visent
principalement la maximisation du profit, les pratiques du commerce équitable valorisent les bénéfices et les
intérêts des petits producteurs à travers des négociations transparentes, une symétrie d’information et une
prime de prix accordée aux petits producteurs (Bird et Hughes, 1997).
Le FINE, Coordination informelle des acteurs du commerce équitable, rassemble plusieurs organismes du
monde entier. En 2001, quatre grandes associations, Fairtrade Labelling Organization International (FLO),
maintenant connue sous le nom Fairtrade International, la World Fair Trade Organization (WFTO), le
Network of European Worldshops (NEWS!) et la European Fair Trade Association (EFTA), ont établi une
définition du commerce équitable qui est maintenant largement acceptée. « Le commerce équitable est un
partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à
une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de
meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs
marginalisés, tout particulièrement dans le Sud. Les organisations du commerce équitable, soutenues par les
consommateurs, s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener
campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel »
(Fair Trade Advocacy Office, 2011)1.
1-1-1-Principes du commerce équitables
L’association européenne du commerce équitable EFTA fair trade 2 distingue au moins 11 principes du
commerce équitable on peut citer :
1
http://www.fairtrade-advocacy.org
2
EFTA FAIRTRADE Association européenne du commerce équitable
Créé en 1987, Efta est un réseau de neuf importateurs / détaillants du commerce équitable basé dans huit pays
européens (Autriche, Belgique, France, Allemagne, Italie, Espagne, Suisse et Royaume-Uni). L’objectif de l’AELE est
de créer des synergies et de faciliter la coopération entre ses affiliés dans différents domaines (commerce, échange
d’informations, division de la main-d’œuvre, exécution de projets communs) afin d’accroître l’efficience et l’efficacité
de leurs activités.
90
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Max Havelaar France agit en faveur d’une économie mondiale éthique et responsable. Nous mobilisons et
accompagnons les entreprises, les consommateurs et les pouvoirs publics pour transformer leurs pratiques et
développer un commerce équitable.
Créé pour lutter contre les injustices causées par le commerce mondialisé et améliorer la situation des producteurs des
régions pauvres du monde, le commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar est une approche globale reposant sur des
leviers de développement durable : économiques, sociaux et environnementaux.
91
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
L'International Federation of Organic Agriculture Movements ou IFOAM, est une association
internationale d'agriculture biologique, aussi appelée Fédération internationale des mouvements d'agriculture
biologique.Son but est l'adoption au niveau mondial de systèmes économiquement, écologiquement et socialement
solides fondés sur les principes de l'agriculture biologique
92
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Ministère de l’agriculture et de pêche maritime; « Stratégie de développement de la filière biologique et son impact
sur la préservation de l’environnement et le développement durable »Direction Du Développement des Filières de
Production ; 20 Octobre 2015.
94
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
10000
8000
6000 primeurs
4000
2000 agrumes
0
produits
transformés
Les primeurs représentent la première catégorie exportée des produits biologiques avec une contribution
annuelle de l’ordre 65 % dans le volume global. Durant la campagne 2010/2011, le volume de primeurs
exporté a atteint le pic avec 8707 tonnes, soit une évolution de 26% par rapport à la campagne précédente.
5- Commerce équitable et agriculture biologique, des démarches complémentaires.
Le respect de l’environnement est déjà l’un des principes du commerce équitable qui encourage la
conversion à l'agriculture biologique. Mais est ce que l’agriculture biologique implique toujours un
commerce équitable?
Le consommateur s’intéresse de plus en plus à la qualité de ses aliments, de ses origines et des conditions de
production, et ne veut plus etre obligé de faire un choix entre acheter équitable ou bio.
En effet, équitable ne veut pas dire biologique, même si aujourd'hui les producteurs et productrices se
convertissent à l'agriculture biologique qui suppose des pratiques culturales respectueuses des équilibres
naturels, garantissant la protection de l’environnement.
Un produit biologique répond aux critères de l’agriculture biologique sans pour autant être équitable. La
production peut respecter le biologique dans les aspects techniques (interdiction des pesticides et des engrais
chimiques, etc.) sans honorer les critères de prix, les critères sociaux ou humains inclus dans le commerce
1
L’Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE) est un organisme public placé
sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts. Il
est administré par un Conseil d’Administration paritaire composé des représentants de l’Administration et du secteur
privé d’exportation des produits alimentaires. Créé en 1986, suite à la libéralisation de la commercialisation à
l’exportation des produits agroalimentaires, L’EACCE avait une mission majeure, à savoir, le contrôle technique des
exportations. En 2013, il a été investit par de nouvelles missions afin d’accompagner la dynamique insufflée par les
stratégies « Plan Maroc Vert » et « Plan Halieutis » visant notamment le développement soutenu des exportations
agricoles et maritime
95
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
équitable.
Un produit équitable quant à lui n’est pas nécessairement biologique malgré le grand intérêt porté au respect
de l’environnement et au développement durable.
Par ailleurs, un produit peut être à la fois biologique et équitable et donc intègre à la fois les pratiques du
commerce équitable pour des produits biologique.
La labellisation pouvant parfois être couteuse, les producteurs hésitent à chercher les deux certifications bio
et équitable. En effet on retrouve plusieurs produits combinant les deux critères sans avoir de certification
leur permettant d’intégrer plus de marché et d’être identifiables par les consommateurs.
6- La Coopérative TIBHAR TOUZAIKOU : un exemple en production bio équitable dans la région du
Souss Massa :
6-1 -Méthodologie
Notre étude se présentera sous forme d’étude du cas de la coopérative TIBHAR TOUZAIKOU, une
approche de recherche empirique qui consiste à enquêter sur un phénomène, un événement, un groupe ou un
ensemble d’individus, sélectionné de façon non aléatoire, afin d’en tirer une description précise et une
interprétation qui dépasse ses bornes (Roy, 2009, p. 207). Le choix de l’étude de cas semble être le plus
évident, vue la nature du sujet. L’étude de cas est la plus adaptée quand les questions posées sont de la forme
« comment ? » ou « pourquoi ? » (Yin 2003).
Nous nous sommes basé sur un entretien semi directif avec monsieur SAADI Hassan coopérant chargé de
mission de développement qui a eu l’amabilité de nous accueillir dans le village TOUZAIKOU et de
répondre à nos questions .
6-2- Présentation de la coopérative :
La Coopérative TIBHAR TOUZAIKOU (Jardins Touzaiko) pour l'agriculture bio et solidaire a été créé
13.07.2018, en collaboration avec l’agence de développement social, à Douar Touzaikou Commune Ait
Amira, Province Chtouka Ait Baha. Elle est constituée de 17 membres dont 15 femmes exploitants en
commun dans une première Phase du terrain totalisant 3 hectares
TIBHAR opère dans la production de légumes, plantes aromatiques et fruits bio ainsi que les produits du
terroir comme Amlou et le couscous etc. Elle vise l'épanouissement matériel et personnel de femmes
coopérantes.
Son champ d’action comprend la maîtrise des différentes techniques de production et de transformation des
produits agricoles bio et leur transmission en communauté, le tourisme agricole à travers la réception des
clients pour le partage du vécu, la sensibilisation à la Protection de l'environnement et la création d'une
bourse d'échange de Graines paysannes
La création de la coopérative elle-même s'inscrit dans le cadre de la dynamique que connaît la le village
TOUZAIKO située à 30 kilomètres au sud d'Agadir sur la route nationale 1 en direction de TIZNIT. Le
village est géré par une association créée en novembre 1994 et qui est en charge du développement du
village à travers la gestion d'eau potable, l'électrification rurale, la gestion de l'eau d'irrigation, le préscolaire
et le transport des écoliers, la protection de l'environnement et l'utilisation des engins renouvelables.
Désignation La Coopérative TIBHAR TOUZAIKOU (Jardins Touzaiko) pour l'Agriculture bio et
solidaire
Activité principale Distribution de paniers de légumes et plantes aromatiques bio.
96
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
rapport aux salaires locaux convenus, sans trop peser sur le cout de production. Elles sont donc payée 10dh
/heure et travaillent en moyenne 6h/jour, 6jours / semaine.
6-4-4- Prix équitable
Chaque semaine, la coopérative propose à ses clients des paniers de fruits et légumes de 10 à 15 kilos à des
prix variant entre 130 et 150 DH selon le poids.C’est un prix extrêmementraisonnable par rapport aux prix
du marché qui varient entre 150 et 200 dh le panier.
Le prix prend en considérationplusieurs variable,notamment couvrir les frais de production et garantir la
rémunération des membres de la coopérative tout en gardant un bon positionnement dans le marché en
expansion avec une concurrence de plus en plus acharnée.
6-4-5- Transparence et confiance mutuelle
La coopérative est transparente dans sa gestion et ses relations commerciales. Elle est responsable devant
toutes ses parties prenantes. Elle trouve des moyens appropriés et participatifs d’impliquer les employés, les
membres et les producteurs dans ses processus décisionnels. Elle veille à ce que des informations pertinentes
soient fournies à tous ses partenaires commerciaux.
6-4-6- Développement social local communautaire
La coopérative TIBHAR TOUZAIKOU a été créée en collaboration avec l’agence de développent sociale.
Cette collaboration est signe de volonté d’améliorer la situation sociale de la région. D’ailleurs,grâce aux
activités de la coopérative plus de producteur commencent à se convertir à l’agriculture bio et à aménager les
terrains.
La coopérative contribue aussi à la lutte pour la scolarisation des enfant et surtout desjeunes filles en
interdisant le travail des enfants mais aussi en assurant un revenu au foyers qui ne serons plus tenter
d’obliger leurs enfants à quitter l’école et travailler.
Le village commence à gagner une notoriété dans la région grâce aux efforts de la coopérative. En effet, celle
ci encourage le tourisme agricole à travers la réception des clients pour lepartage du vécu, la sensibilisation à
la protection de l'environnement et la création d'une bourse d'échange de graines paysannes.
6-4-7-Obstacles aux pratiques du commerce équitable dans la coopérative TIBHAR TOUZAIKOU
L’un des plus grands obstacles que rencontre la coopérative en matière de commerce équitable est la
certification commerce équitable. Déjà que la certification bio est couteuse et doit être renouveler
annuellement, l’ajout d’une nouvelle certification pourra peser lourd sur les couts de production et donc sur
le prix des produits.
Les procédures administratives peuvent être très longues à cause de la spécificité des terrains agricoles dans
les zones rurales. En effets, dans le village de TOUZAIKOU, on retrouve une majorité de terres collectives.
Cette caractéristique rend l’approbation de l’exploitation par l’administration extrêmement compliquée.
Il y a une certaine indifférence des consommateurs marocain vis-à-vis des produits issus commerce
équitable. Malgré la prise de conscience majoritaire de l’impact de l’alimentation bio sur la santé, le
consommateur reste mal informé au sujet du commerce équitable. La justification des prix un peu plus élevés
en raison d’application du principe de rémunération équitable peut toutefois ne pas être acceptée comme
pour d’autres raisons comme les frais de l’agriculture biologique.
Conclusion
Cette étude exploratoire nous a permis de réaliser l’intérêt porté au sujet du commerce équitable et de
l’agriculture biologique par les gouvernements et les entreprises à l’échelle mondial. Les travaux des auteurs
et chercheur qui ont abordé le sujet ont contribué au développement des domaines et ont déclanché le
changement des mentalités.
On peut voir clairement que le Maroc définit une vision et une stratégie nationale efficace propre à
98
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
l’agriculture biologique, dans le cadre d’un commerce équitable protégeant les intérêts des producteurs, des
consommateurs, de la société et de l’environnement.
A travers cette analyse, nous avons aussi montré que la coopérative TIBHAR TOUZAIKOU reste un modèle
et un exemple de réussite des organisations marocaines qui s’inscrivent pleinement dans une de commerce
équitable. La coopérative a mis en place un ensemble de pratiques et d’initiatives qui répondent aux
exigences à la fois économiques, sociales et environnementales de l’agriculture biologique et essaie de
dépasser les obstacles liés à la règlementation, à la sensibilisation des consommateurs et surtout à la
rentabilité et la durabilité.
Plusieurs perspectives peuvent émerger de cette étude exploratoire notamment l’étude du comportement
consommateur vis-à-vis de l’approche coopérative solidaire et équitable de la coopérative. Des recherches
sur l’importance de sensibilisation et d’amélioration de la prise de conscience des pratiques du commerce
équitable par les producteurs marocains seront aussi nécessaires.
Bibliographie :
• Bird .K. & Hughes D. R; «Ethical consumerism: The case of "fairly–traded" coffee»; Business Ethics 6;
page: 159–167; 1997.
Bérard L., Marchenay P. ; « Produit de terroir comprendre et agir »; Bourg-en-Bresse, CNRS - Ressources
des terroirs, 64 p ; 2007.
DIAZ Pedregal V., « Le commerce équitable dans la France contemporaine: idéologies et pratiques »,
Editions L’Harmattan ; p .172 ; 2007.
El Baz F. ; « Les déterminants de la demande de signes de qualité des produits agroalimentaires au Maroc,
cas de Rabat » ; mémoire d’ingénieur agroéconomiste sous la direction de R. Hamimaz, IAV Hassan II ;
2005.
Hamimaz. R. ; « Le développement des produits du terroir au Maroc : quelques préalables, Les produits de
terroir, les indications géographiques et le développement local durable des pays méditerranéens ressources
» ; 2009.
Johnson. P. W ; « Commerce équitable et mondialisation » ; Revue du MAUSS 2003/1 (no 21), pages 73 à
79.
KENNY.L, HANAFI.A ; « L’agriculture biologique au Maroc, situation actuelle et perspectives futures » ;
Bulletin mensuel d’information et de liaison du PNTTA ; n°82 ; Pp1-4;juillet 2001,
KENNY .L ; « Culture biologique, Comment doper la filière : L'avis d'un spécialiste » ; l’Economiste,
n°1642, Novembre 2003.
• Lavallée S. Et Parent G. ; « Qu’y a-t-il derrière l’étiquette bio ? » Une étude de l’encadrement juridique
de l’agriculture et de la certification biologiques au Canada; Revue de droit de McGill ; Vol 50 ; 2005 ;
Ministère de l’agriculture et de pêche maritime; « Stratégie de développement de la filière biologique et son
impact sur la préservation de l’environnement et le développement durable »Direction Du Développement
des Filières de Production ; 20 Octobre 2015 .
Richardson M. ; « À la recherche de savoirs perdus Expérience, innovation et savoirs incorporés chez des
agriculteurs biologiques au Québec » ; 2005 ; VertigO la revue électronique en sciences de l’environnement,
Volume 6, n° 1, mai, http://vertigo.revues.org/2926
Yin, R. ; «Applications of case study research (2e éd.) » ; London : Sage ; 2003.
Roy, S. N. ; « L’étude de cas. Dans B. Gauthier (Éd.), Recherche sociale de la problématique à la collecte de
données » (5 e éd., pp. 199-225). Québec : Presses de l’Université du Québec ; 2009.
99
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
100
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Plateforme Marocaine du Commerce Equitable
2
Agence de Développement Agricole
3
PME française engagée et spécialisée dans l’importation et la distribution de produits bio issus du commerce
équitable
4
Organisation Mondiale de Commerce Equitable, créée en 1989
101
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
engouement de la part des Français, les enseignes distributrices de produits du Commerce Équitable ont pris
l’initiative d’augmenter les volumes et de diversifier la variété des produits proposant ainsi du café, des
fruits, des jus de fruits, du riz ainsi que des vêtements et des meubles labellisés.
1-1- Définition du commerce équitable
Bien qu’il n’existe pas de définition qui soit universellement acceptée (Sterns, 2000 ; McDonagh, 2002 ; De
Ferran, 2006 ; Poret, 2007, Philipe Robert-Demontrond, 2008 ; PFCE, 2011), selon le consensus FINE2 : «
Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect,
dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au
développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des
producteurs et des travailleurs salariés, en particulier ceux du Sud. »
Cette définition répond à six objectifs (News, 1999 ; De Ferran, 2006 ; Diaz Pedregal, 2007) :
- - Améliorer les conditions de vie et de bien-être des producteurs en facilitant leur accès au marché,
en assurant une meilleure rémunération et des relations durables
- - Informer et sensibiliser les consommateurs sur les enjeux du commerce équitable de façon à ce
qu’ils exercent leur pouvoir d’achat de manière positive ; mener des campagnes pour faire changer
les règles et pratiques du commerce international conventionnel
- - Encourager les possibilités du développement des producteurs défavorisés, en particulier les
femmes et les populations autochtones, et protéger les enfants de l’exploitation dans le processus de
production
- - Favoriser la préservation de l’environnement
- - Garantir le respect des droits fondamentaux des personnes
- - Proposer aux consommateurs des produits de qualité.
L’une des grandes étapes de l’évolution du commerce équitable est la création de labels dont l’objectif est de
signaler aux consommateurs les produits qui respectent les critères équitables. Contrairement aux autres
formes de certification, qui concernent les conditions de production, les critères de labellisation «
équitable » couvrent à la fois la production et les échanges des biens (Raynolds, 2000, Poret, 2007, De
Ferran, 2006). Le label « équitable » permet d’assurer aux producteurs un prix minimum garanti, qui
comprend le prix minimum et une prime de développement qui varie selon le produit. Du côté des
consommateurs, le label permet d’introduire une différenciation à travers le caractère « juste » du bien et de
garantir celui-ci. Ce sont les consommateurs qui décident, par leur achat de soutenir ou non le projet. Ils sont
de plus en plus nombreux à déclarer être prêts à payer un prix plus élevé pour un produit respectant des
critères équitables. Cependant, jusqu’à quel point sont-ils prêts à surpayer ces produits labellisés du
commerce équitable ? Quelle importance le label « équitable » représente-il dans les décisions d’achat des
consommateurs ? Quels sont les déterminants du consentement à payer des consommateurs pour les produits
labellisés du commerce équitable ?
1-2-Les grands acteurs du Commerce Équitable :
- • Plate-Forme pour le Commerce Équitable (PFCE) : Collectif national qui œuvre pour la
promotion et le renforcement des systèmes de garantie et possède un centre de ressources et
d’études.
- • NEWS : Réseau européen qui assure la coordination des magasins du commerce équitable,
contrôle les centrales d’importations, sensibilise et informe les consommateurs et les décideurs
politiques et économiques, enfin harmonise les critères et s'assure du respect de ces derniers tant par
les distributeurs que par les producteurs.
- • International Fair Trade Association (IFAT) : Réseau international qui regroupe un grand
102
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
nombre d’acteurs du Commerce alternatif. Cet organisme a créé en 2004 la marque FTO (Fair Trade
Organization) qui identifie les organisations du Commerce Équitable.
- • EFTA (European Fair Trade Association): Elle intervient dans la réglementation internationale
des échanges commerciaux en proposant une politique en faveur des pays du Sud notamment avec
l’assouplissement du protectionnisme européen dans les exportations.
- • FINE (acronyme de FLO-I/IFAT/NEWS/EFTA): Un réseau informel dans lequel les acteurs du
Commerce Équitable échangent des informations et coordonnent des activités. Ces organisations ont
un fonctionnement collectif et transparent. Elles agissent en faveur d’un développement durable au
niveau social, économique et environnemental, en assurant notamment aux travailleurs des pays du
Sud des rémunérations décentes, dans de bonnes conditions de travail.
1-3- Le commerce équitable international
Définition de la FINE (regroupement des 4 structures majeures du commerce équitable) « Le Commerce
Équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l'objectif est
de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en
offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs
marginalisés, tout particulièrement dans les pays du Sud.»
Le commerce équitable agit sur trois dimensions :
- •Socio-économique, permettant de lier échanges commerciaux équitables et développement durable
- •Éducative, permettant la mise en place d’autres modes de relations commerciales basées sur la
confiance et la transparence
- •Politique, avec un engagement plus juste dans les règles du commerce international Avantages pour
les acteurs du Commerce Équitable
- • Le Commerce Équitable permet aux travailleurs de bénéficier d’un revenu plus juste et régulier
- • Pour les producteurs les plus pauvres, ce type de commerce alternatif permet l’accès à un métier
valorisant
- • Pour les producteurs professionnels, le Commerce Équitable est source de nouveaux revenus leur
permettant d’investir pour développer leur activité
- •Les artisans eux, trouvent dans le Commerce Équitable la possibilité de se professionnaliser, se
valoriser et développer des liens sociaux locaux favorables au développement de nouvelles
compétences.
1-4- Les systèmes de garanties internationaux
Ces labels permettent de certifier de la provenance des produits, de la production à la distribution.
La garantie « Produits »
FLO :
Cette garantie concerne essentiellement les produits agricoles, tels que le café ou les bananes. Créée en 1997,
FLO, Fairtrade Labelling Organisations s’occupe de la certification des produits, en s'assurant que les
producteurs perçoivent effectivement le revenu de leurs produits, et que tous les critères Commerce
Équitable sont respectés. Des visites régulières chaque année permettent de s’assurer que les règles
internationales sont respectées et appliquées.
Les garanties « Organisation »
Ces garanties assurent la provenance équitable au niveau de la structure. Dans certains cas il est impossible
de garantir la provenance équitable des produits artisanaux peu standardisés car élaborés par plusieurs petits
groupes empêchant ainsi de définir précisément les coûts de certification.
103
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Développement durable. La marque s’étend peu à peu et devient visible en grandes surfaces, ce qui favorise
considérablement son développement et la mise en œuvre de projets à l'international. Aujourd’hui, ce sont
plus de 100 produits, issus d’une cinquantaine de coopératives dans près de 29 pays et employant 45 salariés.
AlterEco est membre de la Plateforme Française pour le Commerce Équitable et la Fédération Internationale
du Commerce Équitable. www.altereco.com/
AlterEco Afrique et Moyen Orient est une filiale de ce groupe. Elle a pour mission de fédérer les
coopératives et les associations des petits agriculteurs défavorisés selon le concept du Commerce Équitable
permettant ainsi d’augmenter leurs revenus grâce à des commandes régulières, notamment sur le réseau
international du Commerce Équitable.
Amappe : Association Marocaine d'appui à la promotion de la petite entreprise
- Cette association marocaine a pour but d'aider et de financer les projets de petites entreprises, en les
adaptant aux besoins des futurs promoteurs. Son objectif est de permettre un développement durable,
économique et social du Maroc. Elle dispose de 5 missions principales :
- • Aider à mobiliser les ressources nécessaires à la création et à l'extension des activités économiques,
au développement de l'esprit d'entreprise et au renforcement des actions génératrices d'emplois et de
richesses
- • Aider au développement de l'esprit d'entreprise parmi les groupes sociaux moins favorisés
- • Assurer la participation de coopératives ou de sociétés dans le développement économique et social
- • Favoriser l'épargne pour l'investir dans des petits projets productifs notamment à travers le
microcrédit
- • Entretenir un réseau d'informations avec les autres organismes (Organisations Gouvernementales
ou non) qui s'intéressent au domaine du développement.
Le développement du Commerce Équitable au Maroc tend à devenir important. Même si les associations,
entreprises, organisations et labels spécialisés ne sont encore que peu développées, il est possible de trouver
certains produits dans les magasins spécialisés et les grandes surfaces
Charte du commerce équitable et solidaire
- • Travailler en priorité avec les personnes parmi les plus défavorisées, dans une optique de
développement durable
- • Refuser le travail des jeunes filles et des enfants
- • Les points essentiels :
- - Une juste rémunération de tous
- - Qualité des produits
- - Versements d'acomptes pour acheter la matière première
- • Privilégier des relations commerciales durables
- • Assurer la transparence dans le fonctionnement
- • Une libre expression de chacun
- • Le respect de chacun
- • La valorisation des potentiels locaux des travailleurs avec l'utilisation des matières premières et
savoir-faire locaux
- • Une production et une distribution favorisant une utilisation raisonnée des matières premières et
des sources d'énergie, ainsi que leur renouvellement
105
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
107
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
MENACES
OPPORTUNITES/OUVERTURES
108
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
AOP IGP
Appellation d’origine protégée Identification géographique protégée
Nom d’une aire géographique (lieu, région) qui sert à désigner un produit agricole ou une denrée
alimentaire
dont la qualité ou les caractères sont dus dont une qualité déterminée, la réputation ou une
essentiellement ou exclusivement au milieu autre caractéristique peut être attribuée à cette
géographique comprenant les facteurs naturels et origine géographique.
humains
Suivant l’exemple de la France (pionnière depuis 1 siècle des politiques de valorisation et de protection), de
l’Europe du Sud, puis de l’UE, des Etatsen nombre croissant prennent des mesures pour promouvoir et
protéger leurs produits de terroirs. Ainsi par exemple :
- Le Costa Rica, la Colombie, l’Ethiopie l’Indonésie, la République dominicaine et certains Etats du Brésil
ont été pionniers pour faire respecter l’origine de leurs cafés (chaque région de production est un «cru»).
- De grands pays asiatiques comme la Chine et l’Inde ont mis en place des systèmes importants de promotion
et de reconnaissance des identifications géographiques.
- L’Inde protège son riz basmati et le thé darjeeling, la Jamaïque son café « blue mountain », le Sri Lanka
son « thé de Ceylan », le Kenya son « café Gethumbwini ».
- Le Maroc considère les produits et les dynamiques de terroirs comme d’importance majeure pour le Pilier
II du Plan Maroc Vert (sa nouvelle stratégie agricole) dédié au développement solidaire de la petite
agriculture. Deux nouvelles divisions de son administration centrale ont été créées pour s’occuper
respectivement de la labellisation et du développement des produits de terroirs. Il a déjà fait en 2009 de
l’huile d’argan sa première IGP (indication géographique protégée) et d’une huile d’olive locale (l’huile de
Tyout Chiadma) sa première AOP (appellation d’origine protégée), et d’autres produits sont venus les
rejoindre en 2010.
Des produits non délocalisables
Les produits de terroir ont un immense atout au plan de l’économie : ils ne peuvent être délocalisés. Ainsi,
tout investissement les concernant est de l’intérêt à long terme du territoire concerné. Leur valorisation
permet donc une accumulation durable pour les acteurs du territoire considéré, pour les ressources naturelles
spécifiques à ce territoire et pour le territoire lui-même.
Les terroirs peuvent être aussi l’occasion d’un maintien (et de la production) de la diversité, et de renouveau
culturel et scientifique, et leur contribution à la sécurité alimentaire quantitative et qualitative (alimentation
de santé) est très importante. Producteurs de biens publics, les terroirs sont ainsi placés au cœur des questions
de « développement durable ».
Ainsi plusieurs chercheurs éminents plaident pour une nouvelle double rencontre entre agronomie et
écologie, comme entre savoirs formels et savoirs locaux, pour produire « plus et mieux » en mettant à profit
les potentialités productives de chaque système agro‐écologique, de chaque terroir. Ils invitent ainsi à
promouvoir une «révolution doublement verte », une « agriculture productive à haute valeur
environnementale » (on parle aussi d’ « intensification écologique ») et une « agronomie intégrale ». Une
109
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
tourisme responsable », Management & Avenir, 2015/2 (N° 76), p. 157-168. DOI : 10.3917/mav.076.0157
- Delphine Pouchain « Les labels au sein du commerce équitable : entre délégation et démission du
consommateur », Mondes en développement, 2012/4 (n°160).
- Roustang Guy, « Mondialisation et économie solidaire », Hermès, La Revue, 2003/2 (n° 36), p. 175-182.
- Blanchet Vivien, Carimentrand Aurélie, Dictionnaire du commerce équitable. Editions Quæ, « Hors
collection », 2012, 264 pages. ISBN : 9782759217939. DOI 10.3917/quae.blanc.2012.01.
- BAHOLET S. et BEREAU G. (2011), « Biodiversité et tourisme : des opportunités pour les entreprises et
les destinataires », Direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services, dgcis, Journée
technique, Paris.
-Bocquet Anne-Marie, Gérardin Hubert, Poirot Jacques, « Économie sociale et solidaire et
développement durable : quelles spécificités pour les coopératives et les mutuelles ? », Géographie,
économie, société, 2010/3 (Vol. 12), p. 329-352
- Samer Hobeika, Jean-Pierre Ponssard, Sylvaine Poret. Le rôle stratégique d’un label dans la formation
d’un marché. Le cas de l’ISR en France. 2014. Cahier n° 2013-0 « Éditorial », Innovations, 2009/1 (n° 29),
p. 5-8. DOI : 10.3917/inno.029.0005.
-Malo Marie-Claire, Taboubi Sihem, Audebrand Luc K, « L'avenir du commerce équitable. Les enjeux
de gestion venir du commerce équitable : les enjeux de gestion », Gestion, 2008/1 (Vol. 33), p. 38-40. DOI :
10.3917/riges.331.0038.
- Robert-Demontrond Philippe, Joyeau Anne, « Le label « commerce équitable » comme praxème :
diversité des acteurs, diversification des significations », Revue de l’organisation responsable, 2007/2 (Vol.
2), p. 54-69. DOI : 10.3917/ror.022.0054.
- Peeters Anne, « La responsabilité sociale des entreprises », Courrier hebdomadaire du CRISP, 2004/3 (n°
1828), p. 1-47. DOI : 10.3917/cris.1828.0005.
- Bucolo Elisabetta, « Le commerce équitable », Hermès, La Revue, 2003/2 (n° 36), p. 109-118. URL:
https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2003-2-page-109.
- Abdelgawad Walid, « Le commerce équitable et la société civile internationale : Une chance pour la
mondialisation d'un droit de l'économie solidaire », Revue internationale de droit économique, 2003/2 (t.
XVII, 2), p. 197-232. DOI : 10.3917/ride.172.0197.
- E. Bucolo, « Le commerce équitable », Hermès, La Revue, 2003, vol. 36, no 2, p. 109‑118.
- E. Bucolo, « Le commerce équitable », Hermès, 2003, no 36, p. 109.
- P. W. Johnson, « Commerce équitable et mondialisation », Revue du MAUSS. 2003, vol. 21, no 1, p. 73.
- rapport sur l’Economie Sociale et Solidaire : un levier pour une croissance inclusive, 2015
- http://www.agrimaroc.ma/produits-terroir-labels/
- http://www.agriculture.gov.ma/pages/actualites/creation-de-la-fondation-initiative-aaa
- http://www.commercequitable.org/
- http://www.worldshops.org/
- http://www.wfto.com/
- http://www.efta.int/
- http://www.fairtrade.net/
- http://www.boutique-ethique-maroc.com
- http://www.scenethik.com
111
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
La fiscalité écologique peut être, brièvement, définiecomme un ensemble de prélèvements fiscaux sous
forme d’impôts et taxes supportés par le contribuable et encaissé par le trésor public ou sous forme de
dépenses fiscales supportées par l’Etat (exonérations et autres avantages fiscaux) en vue d’instaurer chez la
population fiscale des comportements favorables à l’environnement.
Le Maroc en tant que membre signataire de la convention internationale sur les changements climatiques au
sommet de Rio en 1992 (conférence de l'ONU de Rio de Janeiro de 1992), a instauré un arsenal juridique
important en matière de protection de l’environnement. Ainsi, plusieurs lois ont été promulguées telles que
la loi sur la mise en valeur de l’environnement adoptée en 2003, la loi relative à la lutte contre la pollution de
l’air (mai 2003) et la loi-Cadre portant charte nationale de l’environnement et du développement durable
(mars 2014).La première loi qui a instauré la fiscalité écologique est la loi-cadre 99-12 du 06 mars 2014 ;
cette loi, a imposé des taxes et redevances aux activités à caractères polluants et gaspillant des ressources
naturelles.
L’objectif de cet article est d’étudier le rôle de la fiscalité écologique, en tant qu’instrument de protection de
l’environnement, dans la création d’un contexte favorable pour le commerce équitable.A ce titre, nous allons
essayer de répondre à la question suivante, la fiscalité écologique, au Maroc, est-elle au service du commerce
équitable ? La première partie, de cet article, va étudier la mise en place d’une fiscalité écologique au
Maroc et cerner les contraintes économiques et budgétaires rencontrées lors de de son application. Dans la
deuxième partie, nous allons répondre à notre question en essayant, en premier lieu, d’approfondir notre
étude sur les principes du commerce équitable, notamment, le principe de préservation de l’environnement,
et en deuxième lieu, nous étudierons la contribution apportée par la fiscalité écologique à quelques produits
marocains considérés comme faisant partie du commerce équitable.
1- FISCALITE ECOLOGIQUE
1-1- Etat des lieux de la fiscalité écologique au Maroc
L’adoption de la fiscalité écologique au Maroc, date de 2014. En effet, selon l’article 28 de la loi cadre 99-12
du 06 mars 2014 portant charte nationale de l’environnement et du développement durable, « Des
dispositions législatives et réglementaires fixent les mesures d’incitations financières et fiscales destinées à
encourager le financement des projets portant sur la protection de l’environnement et le développement
durable ainsi que le financement des programmes de recherche et développement mentionnés à l’article 18
ci-dessus. Ces dispositions précisent, notamment les subventions, les exonérations partielles ou totales des
droits de douanes, de taxes ou d’impôts, les prêts à long terme, les crédits à intérêt réduit et toutes autres
mesures d’incitation que l’Etat peut accorder aux secteurs d’activités répondant aux objectifs de la présente
loi-cadre, en soumettant, toutefois, les incitations accordées par l’Etat au suivi, au contrôle et à la reddition
des comptes. ».
L’analyse des dispositions de cet article, montre la volonté du Maroc d’intégrer les incitations fiscales dans
la vie économique des citoyens. Ces incitations prennent la forme des exonérations pour les encourager à
s’orienter vers des investissements verts ou/et la forme des taxes et redevances supplémentaires pour
limiterles comportements portant atteinte à l’environnement.
Par ailleurs, l’article 30 de la même loi stipule qu’il « est institué un système de fiscalité environnementale
composé de taxes écologiques et de redevances imposées aux activités caractérisées par un niveau élevé de
pollution et de consommation des ressources naturelles. Ces taxes et redevances peuvent être appliquées à
tout comportement caractérisé, individuel ou collectif, portant préjudice à l’environnement et enfreignant les
principes et règles du développement durable. Des dispositions législatives préciseront les règles
d’organisation et de fonctionnement ainsi que le mode de répartition du produit dudit système entre l’État et
les collectivités territoriales concernées ».
Cet article confirme la volonté de l’Etat de pousser la fiscalité à jouer le rôled’un instrument
environnementale en plus de son rôle économique et financier, à travers l’instauration d’un ensemble de
113
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
taxes et redevances. En effet, le système fiscal marocain prévoit deux mesures pour agir sur les
comportements de la population fiscale envers l’environnement.
La premièremesureest sous la forme des impôts et taxes supplémentaires, visant à lutter contre les actes anti-
environnement, dont on cite à titre d’exemples :
Tableau n°1.
Taxes Sources Base Taux
Loi de finances Ventes et importations de matière
Taxe écologique sur 2013 plastiques 1,5% sur les ventes et
la plasturgie le coût d’importa-ion
Loi de finances
Taxe spéciale sur le
2013 Ventes de fer à béton fabriqué 0,10dh/Kg
fer à béton
localement ou importé
Loi de finances - Mètre cube des sables de dunes,
Taxe spéciale sur le 2013 de dragage et des cours d’eau. 50 dh/m3
sable - Sable de concassage
20 dh/m3
Loi de finances
Taxe spéciale sur le
2002 - Ciment produit localement ou 0,15dh/Kg
ciment
importé
Loi n° 47-06 -Quantité (en m3) de roche extraite 20 dh/ m3
Taxe sur l’extraction relative à la fiscalité : Roche ornemental et cosmétique.
des produits de des collectivités - Variété de marbre 15 dh/ m3
carrière locales - Roches à usage de construction et
(06/12/2007) industriel 3 dh/ m3
Exonération de la TVA pour les métaux de récupération Encourager le recyclage des déchets.
114
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
faible pression fiscale des taxes environnementales.L’objectif des taxes écologiques n’est pas d’être recouvré
mais d’être un moyen de pression fiscale pour lutter contre les actes d’atteintes à l’environnement. Lorsque
les recettes fiscales générées par les écotaxes sont importantes, cela signifie que le contribuable ne respecte
pas l’environnement, ce qui peut être considéré comme un signal négatif.
Ceci dit, en comparantle coût de la dégradation (1)de l’environnement entre le Marocet certains pays pionniers
en Europe nous pouvons affirmer que la pression fiscale des taxes écologiques au Maroc reste faible.
En effet, le coût de dégradation de l’environnement au Maroc représente,en 2014, 3.52% du PIB (Croitoru.L
et Sarraf.M, 2017).Ce coûtest estimé, en moyenne, à 2,6 % du PIB des pays de l’union européenne,alors
qu’en France, par exemple, ilne représente que 2.3% du PIB (Benhrimida.M et Chaltoute.M.N, 2015).
Cette faiblesse ne peut être qu’un avantage concurrentiel pour les activités du commerce conventionnel, dans
la mesure où le coût de revient des matièrespremières et des produits polluants utilisés par ces activités reste
faible, par conséquent, une marge bénéficiaire importante. On peut donc conclure que la fiscalité écologique
au Maroc est plutôt favorable aux produits du commerce conventionnel.
La fiscalité écologique et le commerce équitable se fixent comme objectif/principe la protection de
l’environnement, ce qui nous amène à poser la question suivante « la fiscalité écologique, au Maroc, est-elle
au service d’un commerce équitable ? ».
Pour répondre à cette question, nous allons étudier, en premier lieu, les principes du commerce équitable,
notamment, le principe de protection d’environnement, ainsi, nous allons étudier le cas de quelques produits
marocains considérés comme faisant partie du commerce équitable.
2- LA FISCALITE ECOLOGIQUE ET LE COMMERCE EQUITABLE
2-1 La protection de l’environnement et le commerce équitable
Le commerce équitable comme l’a défini l’organisation internationale du commerce équitable (WFTO :
World Fair Trade Organization) est «un partenariat commercial basé sur le dialogue, la transparence et le
respect, qui recherche une plus grande équité dans le commerce international. Il contribue au développement
durable en apportant des meilleures conditions commerciales, assurant les droits des producteurs et des
travailleurs marginalisés des pays du Sud. Les organisations du Commerce équitable, soutenues par les
consommateurs, sont activement engagées dans l’aide aux producteurs, dans la sensibilisation et dans les
campagnes pour changer les règles et les pratiques du commerce international conventionnel»(Poos.S, 2009).
Cette définition associe le commerce équitable au concept du développement durable. Ce concept qui se
compose de trois dimensions économique, social et environnemental.
Les deux premières dimensions constituent la base du commerce équitable, dans la mesure où neuf parmi les
dix principes du commerce équitable, s’intéressent aux volets économiques et sociaux du développement
durable, tandis que le volet environnemental reste un principe, isolé malgré son importance significative. Ce
volet environnemental qui est lié au concept de durabilité doit constituer un fondement de base du commerce
équitable, dans la mesure où son développement implique une garantie à long terme des objectifs
économiques et sociaux du commerce équitable. C’est pour cette raison que notre étude s’intéresse au volet
de protection de l’environnement, dans le contexte marocain,entant que principe parmi les dix principes
énumérés par l’Organisation Internationale du Commerce Equitable.
L’organisation en coopératives, le partenariat Nord-Sud et des perspectives de contrats à long terme sont
aussi des caractéristiques du commerce équitable (Poos.S, 2009).Pour assurer cette relation de long terme,la
prise en compte des facteurs de protection de l’environnement constitue une nécessité, dans la mesure où une
sur exploitations des ressources naturelles menace l’atteinte des objectifs du commerce équitable. La
1
Les dégâts causés par l’émission du gaz à effet de serre à l’environnement global, sont exprimés en pourcentage du
PIB marocain pour montrer le poids de ces dommages par rapport à cet indicateur macro-économique. (Croitoru.L et
Sarraf.M, 2017).
116
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
protection de l’environnement et le commerce équitable ont un même souci qui est la préservation et
l’amélioration des conditions de vie des populations au sud.
Cependant, la recherche d’une valorisation et une rentabilisation des produits du commerce équitable
entraine une exploitation excessive des ressources naturelles et « une pression insoutenable de l’espèce
humaine sur l’environnement naturel » (Poos.S, 2009). Les dégâts, sur l’environnement, engendrés par les
acteurs du commerce conventionnel et de l’industrie constituent une concurrence indirecte aux acteurs du
commerce équitable, notamment les petits producteurs du Sud. Ces derniers qui constatent également une
rareté des produits commercialisés et une concurrence déloyale des produits issus du secteur informel
(Hamimaz R.2009). En effet,le consommateur ignore la valeur économique, culturelle et sanitaire de certains
produits du commerce équitable.Par exemple, le consommateur perçoit mal l’huile d’olive conditionnée de
type industriel, jugée de moins bonne qualité que l’huile vendue en vrac par le système informel. (Hamimaz
R.2009).
Pour encourager les produits du terroir, le Maroc a mis en place une charte nationale qui prévoit des écotaxes
imposées aux activités portant atteinte à l’environnement. Ces différentes taxes et redevances, que nous
avons étudiées dans la première section, vont faire l’objet d’une étude d’impact sur quelques produits faisant
partie du commerce équitable. C’est, donc, l’objet de la deuxième partie de cette section.
2-2 La fiscalité écologique et les produits marocains du commerce équitable
Au Maroc le commerce équitable n’a fait son apparition que récemment avec le développement des
politiques de développement économique, social et solidaire. Le premier organisme de commerce équitable a
vu le jour en 2004,avec la création de la Plateforme Nationale de Commerce Equitable (PNCE) représentée
par Maroc Taswiq.Cette plateforme, qui est une initiative de l’Office de Commercialisation et d’Exportation
(OCE), compte parmi ses actions parmi ses actions la commercialisation des produits relevant du commerce
équitable.
Ce projet offre aux coopératives marocaines un espace pour la commercialisation de leurs produits sous le
respect des principes reconnus par les organisations internationales de commerce équitable. Aujourd’hui,
Maroc Taswiq collabore avec plus de 800 coopératives (selon les chiffres publiés par le portail de Maroc
Taswiq) en leur offrant des magasins locaux et à l’étranger, et des sites web pour la commercialisation de
leurs produits. Il affiche plusieurs produits du commerce équitable qui sont fabriqués par des coopératives et
des petits producteurs marocains.
Afin d’étudier l’impact des écotaxes sur les produits équitables, nous avons choisi quelques produits
sélectionnés à partir de la plateforme et issus des deux domainesles plus dominants à savoir le secteur
agricole et artisanal comme le montre le tableau suivant :
Tableau n°3.
117
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Tableau n°4.
Produit du
Secteur Impact sur le commerce
commerce Mesures fiscales favorables
d’activité équitable
équitable(CE)
118
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
119
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Tableau n°5.
1957 62
1983 2 000
2007 5 749
2010 7 804
2013 12 022
2015 15 735
Source : ODCO
Conclusion :
Pour conclure cetarticle, on peut remarquer que malgré les efforts déployés, par le Maroc, dans le domaine
de fiscalité écologique, les mesures introduites restent insuffisante pour instaurer une obligation de suivre un
comportement de production respectueux de l’environnement et répondant aux principes du commerce
équitable. Cependant, le souci dominant dans ces mesures est d’éviter l’imposition des activités à caractère
social et d’encourager l’investissement.
Toutefois, les produits du commerce équitable ne sont pas, directement, visés par la législation fiscale pour
qu’ils soient distingués et favorisés par rapport aux autres produits
Nous pensons qu’après l’organisation de la COP22 à Marrakech et l’engagement du Maroc pour le
développement de tous les outils protection de l’environnement, la prochaine réforme fiscale va tenir
compte, des axes de développement de la fiscalité écologique.
En effet, les assises fiscales qui seront organisés au cours du mois de Mai de cette année, vont être une
occasion pour une réforme fiscale globale.Les acteurs du commerce équitable, notamment les coopératives,
seront invités à imposer leurs exigences en matière de mesures fiscales favorables à leurs produits et
répondant aux principes énumérés par l’organisation internationale du commerce équitable.
Bibliographie :
- Acot (P.), 1988, « Histoire de l'écologie », PUF, collection La politique éclatée, 1ère édition, France, p9.
- Arthur. (L), 1980, « courbe de Laffer. ».
- Benhrimida.M et Chaltoute.M.N, 2015,« La fiscalité écologique : un rempart face à la dégradation de
l’environnement. »,12p.
-Bovy.M, 2013, « commerce équitable, développement durable : approche juridique »,458p.
-Chohin-Kuper (A.), 2010, « De la théorie à la pratique : le commerce équitable de l’huile d’olive au
Maroc », 17-22,6p, doi : 10.1684/agr.2009.0351.
- Caruana (N.),« La fiscalité environnementale :Entre impératifs fiscaux et objectifs environnementaux, une
approche conceptuelle de la fiscalité environnementale », thèse sous la direction de M.M. Thierry
LAMBERT, AIX-MARSEILLE UNIVERSITE ,473p.
- Chiroleu (M.), 2015, « la fiscalité environnementale en France peut-elle devenir réellement écologique ?
État des lieux et conditions d’acceptabilité », OFCE | « Revue de l'OFCE », p 129-165, ISBN
9782312033778.
- Croitoru.L et Sarraf.M, 2017, « Le coût de la dégradation de l’environnement au Maroc »,World Bank
120
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
121
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
«La gouvernance des coopératives agricoles : le cas de la coopérative ‘COPAG’-Analyse qualitative» .......124
AbdelkaderEL MOUTAOUKILPH à la FSJES (Agadir)[email protected]
«Essai sur les indicateurs territorialisés du développement durable. Cas de la Région Sous- Massa». .......133
Attractivité des investissements et développement durable des territoires. Cas de la Région Souss Massa -
Maroc ........................................................................................................................................................144
Nihal ES-SALLAK ,Doctorante en Economie et GestionFaculté des FSJES d’Agadir,Université Ibn Zohr
Les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) pour une Agriculture Durable : cas des OPA et Plan
Agricole Régionale de GuelmimOued Noun. ..............................................................................................167
122
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Impact des investissements dans les énergies renouvelables sur la balance commerciale: Éléments
théoriques et essai de modélisation du cas marocain M. KHANNIBA, ENCG, Université Hassan II -
Casablanca, Maroc Énergies et théories de croissance : Un survol .............................................................177
123
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé :
A la recherche d’un nouveau modèle de développement économique plus viable et plus adéquat en termes de
création de richesses et de prospérité et pour répondre aux aspirations des populations locales, l’Etat
marocain a mis en place depuis les années 90 des stratégies sectorielles avec des objectifs très précis.
L’initiative nationale de développement humain (INDH) lancée en 2005 par sa Majesté en est un exemple
illustrant qui a permise une augmentation exponentielle, en termes de nombre, des organisations de
l’économie sociale et solidaire (OESS) notamment les associations et les coopératives.
Cependant, malgré le progrès quantitatif boosté essentiellement par les incitations publiques, les dites
organisations affichent des malaises et dans la plus part des cas subsistent et peinent à se développer (EL
MOUTAOUKIL et al 2017).
Dans ce travail de recherche, nous avons choisi une étude de cas d’une coopérative agricole ‘COPAG’ qui
opère dans la région de ‘Souss’ et qui a su dépasser les entraves pour afficher une performance qui ne cesse
d’augmenter dans le temps au niveau national et à l’international.Nous allons surtout nous focaliser sur
l’étude de certaines pratiques de gouvernance en mesure d’expliquer pourquoi une telle expérience de
développement local a abouti.
Notre méthodologie consiste d’une part en une analyse documentaire et d’autre partun entretien semi-
directifadministréauprèsdu Président-Fondateur de COPAG.
facteur travail à la différence d’une société capitaliste qui privilégie le capital comme facteur clé de
production.
Le concept de coopérative étant défini, voyons le deuxième concept en l’occurrence la gouvernance d’une
coopérative.
1-2- Gouvernance d’une coopérative :
Dans la littérature économique, le mot ‘gouvernance’ a suscité l’intérêt des différentes sciences
économiques, de gestion, de management, sociologiques, politiques…et bien d’autres. Chaque discipline
définit le concept selon un angle bien déterminé. C’est ce qu’explique au moins en partie le caractère
polysémique du terme et donc l’absence d’une définition unique.
La montée en puissance du mot s’est manifestée à la suite d’une part des scandales affichés par un certain
nombre de firmes multinationales dans les années 80 (Exemple de la multinationale américaine ‘ENRON’
dans le secteur énergétique). D’autre part, à la suite des déclarations des experts des institutions
internationales, à la fin des années 90, qui considèrent que la gouvernance est au cœur du développement elle
est un facteur clé qui explique l’échec des réformes dans les PVD.
Cela étant signalé, la gouvernance d’une coopérative peut être définit comme étant l’ensemble des
institutions, de règles et de pratiques qui permettent d’encadrer l’exercice des pouvoirs dans l’organisation.
Elle comprend les organes de contrôle et de gestion et leurs relations mutuelles (EL MOUTAOUKIL et all,
2017).
Quant aux théories sur la gouvernance d’organisation, elles se focalisent sur les problèmes de la création et
de la répartition de la valeur crée. Historiquement, on distingue plusieurs approches dans ce cadredont les
plus citées dans la littérature théorique sont le paradigme dominant, l’approche partenariale, la théorie
cognitive, la théorie des conventions et la théorie de l’intendant (CHARREAUX 1998, 2004 et 2011).
Jusqu’à une date récente, il y a un consensus pour considérer que compte tenu des intérêts conflictuels et les
asymétries d’information, la gouvernance a pour mission de réguler et maîtriser les comportements des
gestionnaires pour que ces derniers agissent dans l’intérêt de l’organisation.
Ce paradigme dominant affiche un certain nombre de limites dont les plus importantes sont d’une part,
l’instauration d’un climat de méfiance vis-à-vis des managers de l’organisation et donc considérer que ces
derniers ne sont pas digne de confiance. D’autre part, un tel paradigme restreint le rôle du système de
gouvernance à la défense des seuls intérêts des actionnaires. D’où l’apparition d’autres approches en
l’occurrence l’approche partenariale, l’approche cognitives, la théorie des conventions et l’approche de
l’intendant.
Pour l’approche partenariale, elle privilégie l’implication, la participation, la mobilisation de toutes les
parties prenantes dans les prises de décisions. Le rôle de la gouvernance est donc de défendre toutes les
intérêts des parties prenantes de l’organisation.
Quant à l’approche cognitive, elle considère que la mission principale de la gouvernance c’est plutôt de
trouver une solution à l’asymétrie des connaissances et donc essuyer d’harmoniser les schémas mentaux fort
différents des acteurs pour favoriser l’apparition de nouvelles idées, la créativité et l’innovation.
Pour la théorie des conventions, le système de gouvernance a comme mission la définition des conventions et
des normes qui facilitent aux parties prenantes les prises de décisions.
Enfin, la théorie de l’intendant oppose diamétralement le paradigme dominant. Ainsi, elle favorise l’octroi
davantage d’autonomie et de pouvoirs aux managers et considère que ces derniers ne peuvent exercer leurs
missions que s’ils sont dignes de confiance.
En somme, il apparaît que les différentes théories envisagent la gouvernance selon des logiques très
différentes mais chacune souligne des éléments qui peuvent se révéler importants pour la maximisation de la
valeur et sa répartition au sein des organisations.
125
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Dans la deuxième partie qui suit, nous allons présenter notre étude de cas de terrain en l’occurrence COPAG.
Ce qui va nous servir dans la partie empirique pour caractériser le système de gouvernance de cette
entreprise performante qui ne cesse d’impressionner les différents acteurs à différentes échelles.
2-COPAG : un modèle de développement local réussi : une coopérative agricole qui ne cesse
d’impressionner
COPAG est une coopérative agricole crée en 1987 dans la localité ‘Ait Iazza’ dans la province de Taroudant.
Un ancien instituteur du secteur public au nom de haj Oultiti était à l’origine de sa création dans l’objectif de
fédérer 39 producteurs d’agrumes. Depuis lors, l’entreprise ne cesse de s’élargir et d’augmenter en termes de
taille. Ainsi, elle compte actuellement 186 adhérents dont 117 sont des personnes physiques et 69personnes
morales. Au total, elle travaille avec 20 000 agriculteurs (adhérents) dont 95% sont des petits agriculteurs.
En 2015, ces derniers sont au nombre de 15000 soit une évolution de 34% prés. Cette augmentation de taille
ne peut être justifiée que par la performance affichée par la coopérative. Cette dernière a su donc assurer
l’inclusion des petits agriculteurs dans un système de production local fortement intégré et contrôlé depuis la
production jusqu’à la consommation.
Une telle entreprise sociale est devenue donc au fils du temps un acteur incontournable dans le domaine de
l’agriculture rurale et elle est devenue attractive aux yeux des petits agriculteurs dont le nombre ne cesse
d’augmenter.
Dés le départ, la COPAG vise la contribution à la mise en place d’une agriculture prospère et durable au
service de développement humain. Pour concrétiser une telle vision, elle a d’une part, privilégié certaines
valeurs telles que la performance, la qualité des produits, l’intégrité, la méritocratie, la transparence et la
solidarité. D’autre part, elle a fixé comme missions, l’intégration de tous les maillons de la chaîne de valeur
du producteur au consommateur, l’accompagnement des producteurs pour l’amélioration de la productivité et
la qualité des produits, la création des outils de valorisation pour garantir une rémunération équitable à toutes
les parties prenantes de la coopérative.
D’un point de vue organisationnel, comme le montre le diagramme ci-après, COPAG a privilégié au fils du
temps une diversification des activités agricoles qui se complètent mais aussi une remontée en filières en
créant des outils de valorisation.
Diagramme 1 : Organisation de la coopérative COPAG
126
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Les différentes statistiques employées dans ce travail proviennent du site officiel de COPAG.
127
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Il apparaît donc de cette brève analyse descriptive que COPAG est une entreprise fascinante qui ne cesse de
séduire les différentes parties prenantes compte tenu de ses performances durables dans le temps. Dans ce
qui suit, nous allons nous intéresser au système de gouvernance de l’organisation afin de dégager certains
traits les caractérisant.
3- La gouvernance de la coopérative agricole COPAG :
3.1 Les aspects de gouvernance retenus :
Loin de mettre à l’épreuve les différents paradigmes qu’on asurvolés dans le cadre théorique, nous allons
plutôt nous intéresser à certains aspects de gouvernance des organisations. Des aspects dérivés d’une part,
des différentes théories qu’on vient d’esquisser. D’autre part, des principes tels que préconisés par l’alliance
coopérative internationale (ACI). Il s’agit notamment de la question de la séparation des pouvoirs (le régime
de gouvernance), de la démocratie représentative et participative, de l’existence d’un leadership fort, de la
transparence informationnelle et l’éducation et la formation à la culture coopérative.
Le schéma ci-après retrace les aspects de gouvernance retenu dans notre étude de cas.
128
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Séparation
des pouvoirs
Démocratie Démocratie
représentative participative
Bonne
gouvernance
d’une
coopérative
Transparence
Leadership informationnelle
Education
&Formation
COPAG est une association détenue collectivement et gérée démocratiquement. Dans la deuxième catégorie,
nous entamons la vision et la conviction du Président concernant les facteurs clés de la performance de
l’organisation. Dans la troisième et quatrième catégorie, nous cherchons des informations sur les pratiques de
développement humain et durable et donc voir dans quelle mesure COPAG est centré sur le facteur travail et
applique des logiques de développement durable.
Dans la cinquième catégorie de questions, nous commençons à s’intéresser à l’information primaire. Nous
gaugeons donc en premier lieu la connaissance du concept de gouvernance par le leader. Dans la sixième
catégorie composée de six questions, nous nous interrogeons en second lieu sur la pratique de la démocratie
représentative et participative. Dans la septième, nous focalisons l’attention sur la transparence
informationnelle. Dans la huitième catégorie de question, nous nous intéressons à l’importance de leadership
et sa place dans l’explication de la performance organisationnelle.
Dans la neuvième catégorie, nous cherchons à déterminer la nature du régime de gouvernance de COPAG.
Enfin, dans la dernière catégorie d’interrogations, nous voulons avoir une idée sur les pratiques de formation
à la culture coopérative dans COPAG.
Ce ci étant dit, il est temps maintenant de présenter dans la quatrième et dernière partie de ce travail, les
principales informations collectées.
4- Synthèse des résultats obtenus:
Sur la base de l’analyse du contenu du guide rempli par le président fondateur de COPAG, nous pouvons
regrouper les informations collectées en deux grandes catégories en l’occurrence les informations
secondaires et les informations primaires.
4.1 Les informations secondaires :
4.1.1 Informations générales :
Le président fondateur a un âge de 74 ans,lauréat de l’école publique marocaine et il a travaillé au départ
comme fonctionnaire instituteur. Il a accumulé une expérience de 30 ans au sein de la coopérative qui l’a
l’idée de créer en 1989.
Le président considère que le choix d’une coopérative au lieu d’une entreprise classique est fondé sur le rôle
incontestable que peut jouer une organisation sociale dans la création de la richesse dans les zones rurales et
dans la promotion d’une agriculture prospère et solidaire.
4.1.2 Les facteurs clés de la réussite de COPAG (ordre décroissant d’importance) :
Le fondateur a cité en premier lieur le rôle et la résistance du président vis-à-vis des obstacles de démarrage
rencontrés. Il a donc considéré que sans leadership, la COPAG ne peut pas être ce qu’elle est actuellement.
En deuxième lieu, il a mis l’accent sur la solidarité entre les membres adhérents. En troisième lieu, le climat
de transparence qui règne au sein de la coopérative. Le quatrième facteur cité est relatif au savoir faire et
l’expérience accumulée par le leadership. Le cinquième facteur est lié au capital humain. Enfin, le dernier
facteur cité est celui de la confiance des établissements de crédit qui ont assuré l’accompagnement et le
financement de la coopérative.
4.1.3 : COPAG et le capital humain :
Selon le fondateur, la coopérative a une stratégie bien définie en matière du capital humain. Il s’agit d’une
part des formations régulières (plus de 4 fois par an)en faveur du personnel. D’autre part, les voyages et les
visites dont bénéficient les cadres pour permettre à COPAG d’adopter les connaissances et les bonnes
pratiques dans ses domaines d’activité. Mais aussi la création d’une association des œuvres sociales au
service du personnel. On peut donc dire que la coopérative a une stratégie claire a su mettre ses ressources
humaines au service du développement de COPAG.
130
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
132
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé :
Le concept du développement durable s’impose progressivement comme un enjeu majeur pour l’humanité, à
l’articulation entre les préoccupations écologiques, sociales, économiques et démocratiques en parallèle avec
le devenir générations futures. En effet, processus complexe cristallise la volonté d’une triple intégration
entre le développement économique, l’amélioration des conditions sociales et la pérennité des conditions de
vie sur la planète, via la préservation de l’environnement écologique, en mettant l’accent essentiellement sur
les questions de long terme, de prospective, de temporalités et de transition.
En fait, les indicateurs classiques du développement (tels que le PIB/PNB/RNB/ENB), taux de croissance
économique, d’inflation/indices des prix) ont bien montré leurs limites et la mesure des différents
mouvements de ressources ou de pollution ne permettent pas d’évaluer la durabilité des systèmes.
D’où, la nécessité de mettre en œuvre des indicateurs spécifiques du développement durable (fiables et
partagés et conçus avec les parties prenantes) qui peuvent être exploités en tant que référence confirmée pour
prendre des décisions à tous les niveaux (national, territorial), orienter les interventions des acteurs et
contribuer à la durabilité autorégulatrice des systèmes intégrés de l’environnement et du développement.
Certes, les indicateurs sont avant tout envisagés comme des aides à la décision, qui peuvent intervenir en
amont ou en aval de l’action publique. En amont, il s’agit de faire progresser la connaissance des réalités
régionales. Ces données peuvent servir de support aux grands projets, stratégies et schémas régionaux. En
aval, l’objectif peut correspondre à l’évaluation des effets produits par des politiques sectorielles en termes
de développement durable (élaborer un plan stratégique régional, développer des outils de communication,
de sensibilisation, et d’information, comparer les situations régionales).
En fait, en étant conscientes des menaces et des enjeux environnementaux comme des inégalités sociales ou
territoriales, les Régions ont un rôle déterminant à jouer dans la promotion du développement durable et sont
engagées dans des politiques visant cet objectif depuis de nombreuses années.
C’est dans ce sens, que s’inscrit l’objet de cette communication. A ce titre, la problématique soulevée dans
ce contexte, consiste à s’interroger dans quelle mesure, il serait pertinent de transposer (territorialiser) des
indicateurs du développement durable d’ordre national, en vue de refléter au mieux les réalités économiques,
sociales et environnementales des régions visées et aider à la prise des décisions territoriales. Le champ
d’application ciblé par cette étude empirique correspond au territoire couvert par la « Région du Souss-
Massa ».
Sur le même registre, la Charte nationale de l’environnement et du développement durable (CNEDD), la loi-
cadre portant cette charte, adoptée en 2014 etla stratégie nationale pour la protection del’environnement et de
développement durable (SNPEDR) ont servi de référentiels dans le cadre de cette analyse.
De même, la base de données, qui inspire cette étude, correspond à la matrice synthétique des IDD. Celle-ci
se compose de 56 indicateurs qui assurent la couverture de 14 modules du développement durable. Cette
matrice retrace la tendance globale et l’évolution de chaque indicateur pris individuellement avant de
synthétiser leurs interactions respectives.
133
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Ce faisant, elle présente les données sous forme de graphique(s) ou de tableau(x) et fait le point également
sur la situation et la tendance de chaque IDD (tels que l’eau, l’air, les déchets solides, l’environnement
urbain, les sols et le milieu naturel et le littoral).
Ainsi, les données traitées sont présentées sous forme de séries temporelles si l’information est disponible.
L’évolution est analysée en fonction des données disponibles sur les avancées stratégiques, politiques,
juridiques entreprises dans le pays.
En outre, la démarche suivie, dans le cadre de cette étude, se décline respectivement à travers la réalisation
d’une enquête par sondage, menée auprès d’un échantillon représentatif des différentes parties prenantes du
territoire ciblé. Elle est étayée par des entretiens semi- directifs tenus avec les responsables de la région de
référence, ainsi que l’exploitation des données secondaires recueillies à partir des études documentaires
significatives.
Par ailleurs, le plan adopté pour cette communication s’articule en trois axes consécutifs. Le premier axe est
consacré aux fondements conceptuels et théoriques inhérents aux indicateurs du développement durable. Le
second axe se focalise sur la méthodologie mise à contribution pour réaliser ce travail et le champ
d’application ciblé. Quant au troisième volet, il est dédié à l’analyse, l’interprétation et l’exploitation des
résultats de l’étude empirique.
Mots clés : Indicateurs du développement durable- environnement-territoire - décision et actions publiques-
parties prenantes - Région Souss-Massa.
134
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
CAENTI est une action de recherche européenne qui vise à intégrer les recherches sur les outils d’intelligence
territoriale conduites par quinze participants appartenant à huit pays. Elle a débuté le premier mars 2006 pour une
durée de trois ans.
136
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
principes du développement durable mais s’inscrivant aussi et surtout dans une perspective de réalisation du
« bien être humain » (Stiglitz, Sen, Fitoussi, 2009)1.
Si l’approche descendante ne considère pas le territoire individuellement, l’approche ascendante fait au
contraire du territoire un acteur endogène de son propre développement ; cette différence constitue même la
principale source de divergences entre les deux notions. Pour Maud Pélissier, les territoires deviennent de
fait non substituables les uns aux autres puisque, dans cette logique, il devient aussi nécessaire de considérer
les ressources immatérielles du territoire : son savoir, ses compétences, son organisation. Ces dernières
forment ainsi les «ressources construites spécifiques» de chaque territoire et c’est ce capital que
l’intelligence territoriale va chercher à valoriser : c’est «l’avantage clé» d’un territoire (Maud Pélissier parle
alors de «territoire apprenant») (Pélissier, 2009).
L’intelligence territoriale ascendante se place également dans le contexte du développement durable. En
effet, contrairement à la vision descendante, cette approche ne se place pas dans le seul contexte de la
compétitivité économique. Ainsi pour Jean-Jacques Girardot, le lien entre cette vision ascendante et le
développement durable (approche globale et équilibrée, partenariat et participation) forment les normes
éthiques de l’intelligence territoriale. Ainsi, l’intelligence territoriale descendante s’intéressera à la création
d’un collectif réticulaire alors que l’intelligence territoriale ascendante aura pour problématique majeure
l’élaboration contractuelle d’un collectif sociétaire à fort degré d’engagement et d’appartenance de ses
membres.
L'intelligence territoriale pour Bouchet (2003) est un nouveau processus permettant l'échange d'informations
stratégiques au niveau local. Dès lors, le système territorial s'approprie un processus d'apprentissage social
et la territorialité devient un système apprenant.Selon Damien Bruté de Rémur, maître de conférences à
l'université de Montpellier, l'intelligence territoriale ne se résume pas, à la territorialisation de l'intelligence
économique qui n'est pas finalement que la déclinaison au niveau des découpages territoriaux de la politique
nationale d'intelligence économique(Damien, 2006).
Les définitions de l'intelligence territorialeprésentent quatre points en commun :
une organisation mutualisée d'acteurs qui forment un réseau implanté sur le territoire;
un processus de travail basé sur la collecte, l'échange et le traitement d'informations et de
connaissances;
une attention particulière portée au développement durable et à l'attractivité des territoires ;
un travail collectif impliquant les parties prenantes du territoire.
1.3. Enjeux et objectifs de l'intelligence territoriale :
Pour Philippe CLERC et Agnès BRICARD (2006), quatre enjeux se distinguent, sur lesquels les décideurs et
les entreprises devront être vigilants :
Le premier enjeu est celui des capacités de diagnostic permanent et d'alerte en temps réel.
Le second concerne la mise en place de coopérations et de stratégies interrégionales.
Le troisième enjeu consiste dans l'intégration progressive des dynamiques de la gouvernance
socialesur les territoires.
Le quatrième se situe au niveau de la politique de sécurité économique. Les décideurs territoriaux,
économiques et politiques devront veiller en permanence à garantir deux équilibres : entre l'ouverture
indispensable à la compétitivité et la protection ; entre les entreprises dites du périmètre stratégique et
celles qui n'ont pas ce « label », afin d'éviter que s'établisse « une fracture compétitive » sur les
territoires.
1
La commission Stiglitz-Sen-Fitoussi a remis en septembre 2009 un rapport sur la mesure de la performance
économique et du progrès social.
137
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Dans la même perspective,Jean-Jacques Girardot et Cyril Masselot (2007) soulignent cinq objectifs de
l'intelligence territoriale à savoir :
Elle vise à mieux comprendre collectivement pour mieux agir ensemble.
Elle compare et intègre les connaissances pluridisciplinaires et interculturelles sur les structures et les
dynamiques territoriales.
Elle adapte les méthodes fondamentales et les outils génériques de large applicabilité pour analyser
les territoires et l'information territoriale.
Elle évalue les principes de gouvernance qui garantissent une prise en compte équilibrée des besoins,
une distribution équitable et la pérennité des ressources, grâce au partenariat et à la participation.
Elle conçoit et réalise des outils avec les acteurs territoriaux qui aspirent à développer leurs
territoires dans le respect de ces principes éthiques.
1.4. Principes d'intelligence territoriale :
Le concept d'intelligence territoriale repose sur une analyse plus fondamentale concernant le développement
de la société de l'information et le développement durable. Il en ressort six principes éthiques et
méthodologiques.Le développement durable repose sur trois principes qui ont été validés par de nombreuses
instances morales et politiques :
La participation de tous les acteurs du développement, au premier rang desquels les citoyens ;
L’approche globale des situations, caractérisée par un équilibre adéquat entre les considérations
d'ordre économique, social et environnemental.
Le partenariat des acteurs.
Pour Girardot, le développement durable est une tendance profonde qui bouleverse les principes politiques
fondamentaux de gouvernance. Nous considérons ces principes qui guident le développement territorial
comme les normes éthiques de l'intelligence territoriale. Nous proposons trois principes méthodologiques
susceptibles de garantir le respect de cette éthique:
Appréhender le territoire comme l'espace de l'action ;
Diffuser la gestion par projet et la culture de l'évaluation ;
Développer l'accessibilité des technologies de la société de l'information.
1.5. L'intelligence territoriale au service du développement local:
Pour Rémy PAUTRAT et Eric DELBECQUE (2009), il est indispensable de familiariser nos territoires avec
la culture et les outils opérationnels de l'intelligence économique, à savoir la veille, la sécurité économique et
l'influence.
Multiplier les initiatives, susciter les partenariats entre les entreprises, les universités, les collectivités locales,
les centres d'expertise et de compétence régionaux. Ce qu'apporte finalement la politique d'intelligence
territoriale (sous la forme de l'organisation de la coopération public/privé), c'est la reconnaissance de deux
réalités décisives pour notre avenir collectif:
L'emploi dépendra de notre compétitivité, laquelle repose en grande partie sur notre capacité au
travail coopération, en réseau.
La production de savoir à haute valeur ajoutée et la conquête de marchés reposent notamment sur des
dynamiques d'influence qui réclament la connivence de l'État et partenaires locaux.
Enfin, il faut insister sur le fait que l'intelligence territoriale constitue un levier puissant au service de
la modernisation de l'action des pouvoirs publics et de l'édification de l'Etat stratège. L'heure est en
effet à la concertation, à la collaboration et l'agrégation des énergies des multiples intervenants du
138
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
développement économique local, notamment régional. L'État n'impose plus abruptement : il définit
les règles du jeu national, propose des initiatives, supervise l'interaction des divers acteurs et contrôle
la conformité des mouvements aux règles définies démocratiquement.
1.6. La mise en application opérationnelle d'intelligence territoriale :
Il faut sortir de la théorie sur l'intelligence territoriale et la mettre concrètement en pratique au sein d'un
territoire.Dans la littérature d'intelligence territoriale, la première phase du processus d'intelligence
territoriale est celle d'analyse des besoins, les suivantes concernent l'acquisition de l'information, son
traitement, sa diffusion et son utilisation.
Il est important de comprendre que l’intelligence territoriale est avant tout une dynamique cohérente
fonctionnant grâce à la mise en réseau des compétences des secteurs privés et publics. Ce réseau va ainsi
permettre de :
Aider les entreprises à utiliser l’intelligence territoriale. Les collectivités territoriales ont intérêt à développer
cette démarche au sein de leurs entreprises afin de créer un cercle vertueux de partage d’informations et de
compétences, au travers d’un réseau multi-acteurs.
Faire du territoire un vecteur d’union. L’intelligence territoriale permet de prendre en compte son histoire,
ses paysages, ses folklores et ses personnages pour construire une économie adaptée à son bassin de vie.
Créer une dynamique cohérente et durable. L’attractivité d’un territoire dépend de la qualité des échanges
d’information entre les collectivités et les entreprises.
2. L’intelligence territorialeface aux exigences du développement durable(Etude empirique sur
la région Souss-Massa)
Le Maroc, pays en développement a mis en place un nouveau régime administratif dénommé
« Régionalisation Avancée », voulu et décidé par le Roi du pays, ce système vise essentiellement à
augmenter la force d’attractivité des différentes régions du pays pour réussir la compétitivité, la création des
emplois, l’attraction des investissements, la création des richesses et positionner leur région sur l’échiquier
national et international en terme d’attractivité.
Au niveau macroéconomique, le pays connaît certains problèmes économiques qui handicapent son
développement : une dette publique en hausse, un taux de chômage conséquent, des entreprises marocaines
pour leur grande majorité ne sont pas compétitives, des investissements étrangers sont rares, les villes
connaissent une migration intra et extra régionale de leurs populations,… . Devant un tel constat, et dans le
cadre de la régionalisation avancée, les douze nouvelles régions doivent désormais appliquer des méthodes
de gestion capables d’apporter des solutions aux défis posés.
2-1- Dispositifs adoptés
Afin de mener notre étude, nous nous sommes basés pour collecter les données sur le questionnaire adressé à
des entreprises dedifférents secteurs d’activité.Les questions sont étalées sur quatre principaux axes:
Profil social du questionné : effectif, taille… ;
Parcours des entreprises au niveau de développement durable.
Les politiques de développement durable entamées par les entreprises ;
L’intégration de l’intelligence territoriale par les entreprises comme étant exigence de développement
durable.
Nous avons diffusé 37 questionnaires dans des entreprises de la région Souss-Massa, nous avons pu collecter
20 qui constitueront notre échantillon. Nous avons fait recours au logiciel Sphinx Lexicaversion 7 pour la
saisie et le dépouillement de notre questionnaire.
139
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
45,0%
Commerce de détail
Autres services
Plus la moitié (55%) des entreprises de notre échantillon ont un effectif de ressources humaines entre 50 et
249 salariés. La plupart de ces entreprises (45%) appartiennent au secteur d’activité agriculture, foresteries,
pêche et chasse, et ceci tout à fait compatible avecles caractéristiques de notre région Souss-Massa.
60,0% 75,0%
40,0%
25,0%
Oui Non
oui non
60% de nos entreprises disposentd’un service en charge des questions de sécurité /qualité /environnement.
Alors que seulement 25% des entreprises disposent d’un système de management environnemental, sous
forme de projet de développement durable spécifique à chaque entreprise.
50,0%
Environ la moitié des entreprises mènent des actions ou une politique relative au développement durable
140
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
mais ceci s’est avéré récemment puisque 25%parmi eux ont commencé cette politique depuis seulement une
année.
Graphique 5: Les facteurs incitant la réalisation des projets de développement durable
Plusieurs facteurs ont incité les entreprises à la réalisation des actions et des projets de développement
durable, les plus important sont : les exigences des marchés internationaux (55%), les valeurs et les
convictions de la haute direction (50%) et la pression des donneurs d’ordres (40%).
Graphique 6 : Les obstacles à l’intégration de critères environnementaux et sociaux dans le
l système lié
à la gestion de la production ou des services
75,0%
60,0%
50,0%
45,0%
l’établissement.
Graphique 8: L’intégration de l’intelligence territoriale
concept
5,0%
Non réponse
Oui
Non
40,0%
55,0%
Cahiers du Centre d’études et de Recherche, Humanisme et Entreprise, La Sorbonne Nouvelle Paris, Article
n º 156.
Bouchet, Y. (2003), « Dispositif d’intelligence économique territoriale et gouvernance hybride », Université
Jean Moulin, Lyon 3.
Carayon, B. (2003), « Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale », La Documentation
française, Collection des rapports officiels.
Christian, H. (2012), « Manuel d'intelligence économique », Presses universitaire de France, collection
Major.
Clerc, Ph. et Bricard, A. (2006), « L’expérience française : L’intelligence territoriale au service du
développement local », Journal algérien « Alayam », numéro 164.
Damien,B-R. (2006), « ce que intelligence économique veut dire », avril, Editions d’Organisation 1ère
édition, Collection Regards croisés.
Girardot, J-J. (2000), « Principes, Méthodes et Outils d’Intelligence Territoriale. Évaluation participative et
Observation coopérative », Actes du séminaire européen de la Direction Générale de l’Action Sociale du
Portugal, EVORA, DGAS LISBONNE décembre 2000, p : 7-17.
Pautrat, R. et Delbecque, É. (2009), « L'intelligence territoriale : la rencontre synergique public/privé au
service du développement économique », février 2009, Revue internationale d'intelligence économique,
Vol. 1, p. 15-28.
Porter,M. (1993), « L’avantage concurrentiel des nations », Inter-Editions.
Pélissier,M. (2009), « Etude sur l’origine et les fondements de l’intelligence territoriale : l’intelligence
territoriale comme une simple déclination de l’intelligence économique à l’échelle du territoire ? », février
2009, Revue internationale d’intelligence économique, Vol, P. 291-303.
Pecqueur, B. et Peyrache-Gadeau, V. (2010), « Fondements interdisciplinaires et systémiques de l’approche
territoriale », Revue d'Économie Régionale & Urbaine 2010/4 octobre, p. 613-623.
Rapport du Conseil Economique Social et Environnemental (2016), « Exigences de la régionalisation
avancée et défis de l’intégration des politiques sectorielles », Auto-Saisine n° 22/2016.
143
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Nihal ES-SALLAK ,Doctorante en Economie et GestionFaculté des FSJES d’Agadir,Université Ibn Zohr
Résumé
L’attractivité d’un territoire a pour principal objectif d’attirer et retenir à un moment donné l’implantation
des facteurs de production sur un territoire particulier. Une attractivité économique vise à faire d’un
territoire, et selon sa spécificité, un lieu qui accueille et développe un niveau suffisamment important
d’activités entrepreneuriales génératrices de richesses et d’emplois.
Le but de cette communication est de démontrer l’intérêt d’intégrer le développement durable dans les
politiques publiques d’attractivité territoriale, en prenant le cas de la région Souss-Massa, afin de concevoir
les grands axes sur lesquels peut reposer une offre territoriale mettant en avant les potentialités et ressources
de la région.
Nous prenons le cas dans ce travail de la Région Souss Massa, une région à fort potentiel économique et
humain au Maroc et qui œuvre à renforcer sa compétitivité aussi bien au niveau national qu’à l’international.
Mots clés :Attractivité territoriale, investissement, compétitivité, développement durable, territoire.
Introduction :
De nos jours, aucune politique d’aménagement et de développement de territoire ne saurait se permettre de
négliger la recherche de l’attractivité économique. Le concept se trouve, donc, au cœur des préoccupations
de tous les acteurs et décideurs d’un territoire.
Une politique d’attractivité territoriale a pour principal objectif d’attirer l’implantation des facteurs de
production sur un territoire. Une attractivité économique vise à faire d’un territoire un lieu qui accueille et
développe, suivant sa spécificité, un niveau suffisamment important d’activités entrepreneuriales
génératrices de richesses et d’offre d’emploi.
Cette politique est basée sur une analyse approfondie du comportement des acteurs économiques, réputés
choisir des territoires où s’implanter, qui offre un environnement de qualité avec un avantage concurrentiel.
Le renforcement de l’attractivité des investissements pour un territoire donné passe nécessairement par une
démarche de mercatique territoriale.
Une démarche qui fait appel à des techniques et des méthodes capables de promouvoir et de mettre en valeur
les potentialités d’un territoire. Cette notion est en corrélation positive avec plusieurs autres disciplines
comme le développement local, l'économie des biens publics, la politique d'aménagement du territoire, etc.
Le Maroc, dans sa stratégie actuelle de développement, a opté pour une politique de développement durable.
Un développement qui répond à aux besoins présents, sans pour autant négliger les besoin des générations
futures. Un développement qui cherche l’équilibre entre les dimensions environnementales, économiques et
sociales, pour une gestion et un aménagement durable des territoires, et une promotion des activités
économiques respectueuses de l’environnement.
Dans cette perspective, le Maroc s’est engagé dans le cadre des sommets de la Terre de Rio (1992) et de
Johannesburg (2002) à mettre en place les fondements d’une réforme nationale intégrée de développement
durable. Cette réforme est initiée en juillet 2009 par l’adoption de la Charte nationale de l’environnement et
du développement durable, est caractérisée par l’organisation en Novembre 2016 de la COP22.
La transition du Maroc vers un développement durable de ses territoires se fait d’une manière progressive, où
toutes les composantes du pays sont amenées à y participer, aussi bien les personnes privées, les personnes
morales que les pouvoirs publics nationaux et territoriaux. Cette transition se fait avec l’assainissement du
144
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
climat des affaires et l’adoption du principe de la responsabilité commune. Une transition vers l’économie
verte, qui suppose un changement de comportement et une prise en compte des aspects environnementaux et
sociaux liés aux enjeux de long terme.
L’incarnation du développement durable dans la vision et les pratiques managerielles de nos territoires, se
présente ainsi, comme une nouvelle donne pour la concrétisation d’une vision de croissance économique qui
s’inscrit dans la durabilité.
1-Attractivité territoriale : rappel théorique
L’analyse théorique du concept d’attractivité territoriale est fortement liée à la notion du territoire, qu’il
convient de présenter pour mieux appréhender ses interactions respectives.
1-1- Le territoire :
Le concept duterritoire est polysémique, il revêt un caractère multidisciplinaire et renvoi à des définitions
variées. Le concept a fait l’objet de plusieurs travaux scientifiques, des sociologues (Barel, Ganne, etc.), des
géographes (Raffestin, Roncayolo, Brunet, Frémont, etc.), et des économistes (Bagnasco Becattini, Brusco,
etc.).
Selon la définition donnée par le dictionnaire de géographie1, il en ressort trois interprétations du mot
territoire. Ainsi :
Le territoire peut désigner un espace administratif ;
Le territoire peut être limité par des frontières et habité par une population particulière;
Le territoire peut désigner un espace approprié par ses habitants, qu’elle que soit sa taille.
Cette définition met essentiellement le point sur le territoire en tant qu’espace limité par des frontières
(administratives, géographique…) et dans lequel un groupe d’individus cohabite.
Certaines définitions du concept de territoire et d’espace géographique sont très proches:
-«L’espace géographique est l’étendue terrestre utilisée et aménagée par les sociétés en vue de leur
reproduction, non seulement pour se nourrir et s’abriter, mais dans toute la complexité des actes sociaux »
(Brunet et al., 1993) ;
- « Le territoire est la portion de surface terrestre appropriée par un groupe social pour assurer sa production
et la satisfaction de ses besoins vitaux » (Le Berre, 1992).
« Comprendre un territoire signifie d’abord mettre en évidence les interactions entre un groupe social et son
territoire. On peut considérer que cette entité constituée par l’ensemble des interactions qu’un groupe
entretient dans le temps avec son territoire, en liaison avec le monde extérieur est un espace géographique ».
(Le Berre, 1992).
Dans ce sens, le territoire occupe aujourd’hui le centre des stratégies d’attractivité et devient un véritable
sujet d’action et de politique de développement pour renforcer son attractivité.
1-2- L’attractivité territoriale
L’analyse théorique de l’attractivité territoriale fait l’objet quant à elle d’une abondante littérature théorique
et empirique. Ainsi nous pouvons retenir deux principaux cadres d’analyse théorique de l’attractivité, à
savoir, la nouvelle économie géographique (NEG) et l’économie industrielle.
La nouvelle économie géographique analyse les mécanismes qui composent et expliquent l'espace
économique. P. Krugman (1991) est considéré comme étant l’initiateur de cette approche de l'économie qui
étudie les déterminants de la concentration spatiale des activités économiques, l'attractivité des territoires et
les déterminants de la décision de localisation des firmes.
1
Baud P., Bourgeat S., et Bras C., 2003, Dictionnaire de géographie, Hatier, Collection
initial, 544p, pp. 137-138.
145
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Toutefois, elle se limite à la prise en compte de facteurs généralement économiques. Alors que d’autres
approches ont poussé l’analyse à l’étude des relations entre acteurs et institutions pour expliquer le
phénomène d’agglomération des entreprises et d’attractivité des territoires.
L’économie industrielle s’intéresse quant à elle, au fonctionnement des marches et des industries. Elle
analyse le phénomène de la concurrence entres les firmes sur les marchés et sa répercussion sur l’économie
de manière générale.
C’est aussi l’objet de la microéconomie, mais l’économie industrielle approfondit l’analyse de la
concurrence entre les firmes en prenant en considération les variables non tarifaires (stratégies de
communication, innovation, etc.).
Elle apporte un éclairage complémentaire pour comprendre les choix d’implantation d’une entreprise sur un
territoire donné. Ce choix peut porter sur des variables naturelles, mais aussi sur des ressources dites
spécifiques (matériels ou immatériels) du territoire.
1-3- Les différentes approches théoriques de l’attractivité territoriale
Les territoires dits attractifs, sont des territoires qui ont une « capacité à fournir, grâce à leurs ressources, des
conditions d’implantations plus intéressantes que celles des territoires concurrents pour les projets mobiles »
(Hatem, 2004). Fabrice Hatem, en s’interrogeant sur l’existence d’une réelle compétition entre sites pour
l’accueil de projets d’investissements mobiles, affirme que l’on définit désormais les territoires comme «
acteurs de la compétition pour l’accueil des investissements mobiles », alors que a priori cette compétition
n’opposerait pas les territoires à proprement parler, mais plutôt « les gouvernements locaux censés prendre
en charge leurs intérêts économiques supposés ». Hatem, F. (2004a), Investissement international et
politiques d’attractivité, Paris, Economica.
En effet, Fabrice Hatem (2004) définit dans ses travaux de recherche, cinq catégories de l’attractivité :
Tableau 1 : les catégories de l’attractivité selon (Hatem,2004)
Approche Principale définition
Macro basée sur des indicateurs globaux, qui s’intéresse en général à l’attractivité
d’un pays ou d’une région. Cette approche, aussi, a donné lieu à
l’approche économétrique.
Méso s’intéresse à étudier les facteurs d’attractivité d’une zone particulière à un
secteur particulier d’activité ;
Micro porte sur l’analyse comparative des avantages ouverts par plusieurs sites
d’un même territoire ;
En termes d’image étudie l’effet de l’image ou de la réputation d’un territoire sur la prise de
décision de localisation des investisseurs;
Par les processus de Se base sur des études académiques et empiriques pour étudier les
décision processus de prise de décision.
On peut définir par défaut l’attractivité comme « la capacité pour un territoire d’offrir aux acteurs des
conditions qui les convainquent de localiser leurs projets sur leur territoire plutôt que sur un autre » (Hatem
2004b), ou encore comme « la capacité d’attirer de la main d’œuvre qualifiée et des compétences comme des
moyens pour favoriser le développement économique la régénération urbaine » (OCDE, 2005).
1-4- Les déterminants de l’attractivité territoriale :
Dans un contexte international caractérisé par une grande mobilité des facteurs de production, des idées et
des modes de gestion, un territoire quel qu’il soit, petite ou une grande agglomération, un territoire rural, une
146
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
région ou un État, est appelé à définir ses capacités et potentialités territoriales pour cibler d’une manière
durable la compétitivité, l’innovation et l’investissement. « Si les territoires ont besoin des firmes
multinationales, les entreprises, à leur tour, ont besoin des territoires » (Hatem, 2004).
Parmi les critères supposés renforcer l'attractivité d'un territoire on peut citer :
Politique d’aménagement du territoire ;
Présence d’une infrastructure moderne (bon réseau interconnecté de desserte (routes, canaux, ports,
aéroports, voies ferrées, métro, tram, axes piétons, cyclistes...etc.) ;
Offre/Coût d'emploi et qualité de la main-d'œuvre qualifiée ;
Sécurité des biens et personnes et qualité de vie
Climat et situation géographique;
Proximité et accessibilité des ressources naturelles ;
Incitations fiscalité et fiabilité du système administratif ;
Présence et accessibilité des services, sociaux, médicaux, culturels administratifs…etc.
Le renforcement de l’attractivité d’un territoire passe par unegouvernance et une politique de Marketing
territorial basées sur offre économique et financière attractive aux investisseurs et à l’implantation des
capitaux.Cette notionest fortement liée à plusieurs disciplines comme l’intelligence économique, l’économie
de l’espace, le développement local, l'économie des biens publics, l’économie urbaine et rurale,
l'aménagement du territoire…etc.
2- Attractivité et développent durable : offre territoriale de la Région Souss Massa-Maroc
La qualité de l’accueil, la disponibilité des infrastructures et l’efficacité des dispositifs publics
d’accompagnement d’un investisseur sont à la base d’une décision d’implantation sur un territoire donné.
Pour renforcer son attractivité économique, et considérant l’investissement comme un facteur déterminant
pour assurer une croissance économique durable et soutenue, le Maroc s’est engagé depuis les années quatre-
vingt, dans une libéralisation de son économie en assouplissant les procédures, en offrant une meilleure
protection aux opérateurs privés et en adoptant de nouvelles lois visant l’amélioration des conditions
d'investissement, l’objectif étant de capter un flux significatif de capitaux privés nationaux et étrangers.
En comparaison avec les pays de l’OCDE, le Maroc est désormais l’un des pays les plus compétitifs de la
région par rapport aux charges salariales, coûts à l’export et Charges fiscales.
A travers les différents accords de Libre-échange signés par le Maroc, le pays donne accès à un marché de
plus d’un Milliard de consommateur au niveau mondial.Selon un récent rapport réalisé par le World
Economic Forum intitulé «Global Competitivness 2015», le Maroc dispose des meilleures infrastructures en
Afrique du Nord. Le rapport où le World Economic Forum évalue la compétitivité dans le monde, établit un
147
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
distance de la frontière permet de montrer la distance de chaque économie par rapport à une « frontière » qui
représente la meilleure performance observée à travers l’ensemble des économies couvertes par le projet
Doing Business depuis 2005. La distance de la frontière d’une économie est calculée sur une échelle de 0 à
100, où 0 représente la performance la plus basse et 100 représente la « frontière ». Les économies sont
classées de 1 à 190 par rapport à la facilité d'y conduire des affaires.
2-1 Régionalisation avancée et développement durable au Maroc
La région de Souss Massa, représente l’une des régions les plus dynamiques du pays. Important pôle
économique du royaume, elle offre des opportunités naturelles et humaines considérables capables d’y faire
émerger des activités économiques de grande envergure.
Avec la nouvelle réforme nationale de régionalisation avancée et de déconcentration administrative, la région
est dotée d’une stratégie et des ressources financières propres pour définir ses axes de développement et
outils d’attractivité économique pour garantir un développement durable et soutenu dans le temps.
Faire de Souss Massa une plateforme dynamique qui attire les investissements, crée de l’emploi et de la
valeur ajoutée, est une ambition partagée par tous les acteurs de la région. C’est dans cette perspective que
plusieurs questions s’imposent et qui méritent d’être analysées :
Sur quelle base peut-on dire que Souss Massa est attractive ou plus attractive que d’autres régions du
royaume ? Quels sont les indicateurs qui permettent de classer l’attractivité d’une région ou d’un territoire ?
A quel point une politique d’attractivité économique d’un territoire, pourrait attirer durablement des
investissements.
148
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
149
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Tableau 2 : les critères d’évaluation de l’environnement des affaires du rapport Doing business
Délais (jours)
Malgré, un environnement favorable aux affaires, la Région de Souss Massa est aujourd’hui appelé à
développer une véritable offre territoriale plus attractive à l’investissement basée sur le développement d’une
infrastructure d’accueil compétitive et des incitations réelle répondant aux besoins des investisseurs.
Selon le Haut-Commissariat au Plan, Comptes régionaux de l’année 2016, la région se classe comme étant le
6ème pôle économique du Royaume devancée par plusieurs autres régions (Casablanca-Settat, Rabat-Salé-
Kénitra, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès, et Marrakech-Safi.).
Ce résultat implique une réflexion approfondie et des actions structurées centrées sur le développement des
potentialités de la région de Souss Massa et l’accélération de sa croissance économique.
Les institutions et acteurs régionaux se sont lancés récemment dans la mise en œuvre d’une vision
stratégique arrêtée à l’horizon 2022 et déclinée en des Plans de Développement sur 6 ans. Cette stratégie vise
essentiellement la consolidation des secteurs traditionnels, dits productifs de l’économie de la région, à
savoir, le tourisme, l’agriculture et la pêche, mais aussi, y faire émerger de nouveaux moteurs de
développement comme l’industrie, la logistique, l’offshoring, etc.
2-2 Principaux axes de développement durable sur lesquels repose le Plan de Développement
Régional :
La Région de Souss Massa a été toujours connue par ses riches agricoles, première région exploratrice au
Maroc des fruits et légumes, l’économie régionale vise à se positionner sur l’agriculture à forte valeur
ajoutée faisant face à plusieurs enjeux : Prise en compte du stress hydrique pour la poursuite du
développement agricole (Développement de nouvelles ressources hydriques, amélioration de l’efficience des
cultures).
Dans le secteur de la pêche : l’orientation est focalisée sur une gestion durable et rationnelle des stocks,
Développement des produits transformés, montée en gamme de la production et Développement de
l’aquaculture.
Pour le secteur de tourisme la destination d’Agadir et sa région, doit miser sur une offre touristique multi-
produit comme moteur de croissance, une destination de premier choix avec une signature unique autour du
tourisme écologique, de santé et de bien être intégrant le balnéaire, la montagne, le rural et le culturel.
150
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Accompagnement et Allègement du
coût d’investissement l’investissement
(financement, subventions, terrain,
Concevoir une offre territoriale attractive pour la région Souss Massa aura comme objectif principal de
favoriser l’emploi et la création de la richesse. Cette offre s’articule autour de trois composantes essentielles,
celle de soutenir l’investissement, en développant des mécanismes spécifique de financement et de
subvention garantissant l’aboutissement des projets à des couts maitrisables, mais aussi de moderniser les
infrastructures et développer des équipements d’accueil qui assurent le relais avec les marchés nationaux et
étrangers.
Troisième composante clé, demeure la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée et un accompagnement
institutionnel facilitant les démarches et contribuant à la continuité la pérennité des entreprises.
Le quatrième axe fondamental est celui du respect du développement durable, via la bonne gestion des
ressources hydriques, la lutte contre la pénurie d’eau et la désertification, la protection de la biodiversité et
du système écologique régional.
Conclusion :
Au terme de cette communication, nous avons essayé de mettre en lumière les déterminants majeurs de
l’attractivité territoriale, et de démontrer l’intérêt d’intégrer le développement durable dans les politiques
publiques d’attractivité territoriales, en prenant le cas de la région Souss-Massa, et ce, afin de concevoir les
grandsaxes sur lesquels peut reposer une offre territorialemettant en avant les potentialités et ressources de la
région.
Les travaux de recherche menés jusqu’à présent dans ce domaine sont dominés par des aspects de généralité.
Les études économiques, et encore à caractère managérial, sont rares et insuffisantes pour permettre la
compréhension et la maîtrise des mécanismes techniques relatifs à ce principe.
Toutefois, la donnée collectée confirme le caractère multidimensionnel des facteurs explicatifs de
151
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
l’attractivité territoriale, (cadre de vie, disponibilité de certains services, etc.) et son impact sur le
développement et l’employabilité.
Références bibliographiques :
Ouvrages :
- Hatem, F. 2004, « Investissement international et politiques d’attractivité », Economica.
-Michalet, C-A. 1999, « La séduction des nations ou comment attirer les investissements », Economica.
- Michalet, C-A. 1998, « Le capitalisme mondial », collection Quadrige, Presses Universitaires de France.
- Michalet, CA. 1999, « Un nouvel impératif de la politique industrielle dans la globalisation : l’attractivité »,
in Bouet (A.) et Le Cacheux (C.), Eds, Globalisation et politique économique : les marges de manoeuvre,
Economica.
- Mucchielli, J-L. 1985, « Les firmes multinationales : mutations et nouvelles perspectives »,
Paris, Economica.
-Porter, M. 1993, « L’avantage concurrentiel des nations », Dunod.
-The attractiveness of foreign direct investments Case of the Moroccan manufacturing industry Mohammed
Bijou And Mohammed Elhassouni Université Mohammed V, (thèse 2016)
- Mucchielli, J-L. & Mayer, T.H. 1999, « La localisation à l’étranger des entreprises multinationales »,
Economie et Statistiques, n° 326-327.
- Buckley, P.J. & Casson, M. 1976, « The future of the multinational entreprise », MacMillan,
London.
- Noisette (P) et Vallérugo (F) ; « Le marketing des villes : un défi pour le développement stratégique». Les
éditions d’organisation, Paris, 1996.
- Savy, M. & Veltz, P. 1993, « Les nouveaux espaces de l’entreprises », Datar/ Edition de l’Aube.
- Siroen, J.M. 2002, « Relations économiques internationales », Bréal Édition, Paris, 68 pages.
Articles de périodiques et de revues et lettres d’information :
- Delapierre, M. & Michalet, C-A. 1989, « Vers un changement des structures des multinationales : le
principe d’internalisation en question, Revue d’Economie Industrielle, n°47.
- Bouklia-Hassan, R., Zatla, N. 2001, « L’IDE dans le bassin méditerranéen : ses déterminants et son effet
sur la croissance économique », in Les Cahiers du CREAD, n°55/2001.
- Bouoiyour J., Hanchane H. et Mouhoud E. M., « Investissements directs étrangers et productivité. Quelles
interactions dans le cas des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ? », Revue Economique, 2009/1
volume 60.
- Michalet, C-A. 2000, « L’évolution de la législation sur les investissements directs étrangers et la
dynamique de la mondialisation » in « Souveraineté étatique et marchés internationaux à la fin du 20éme
siècle », travaux du Centre de Recherche sur le Droit des marchés et des Investissements Internationaux,
volume 20, Litec.
- Mucchielli, J-L. 1992; « Déterminants de la localisation et firmes multinationales » in Revue Economique,
volume 43, n°4, juillet.
- Mucchielli, J-L. 1992, « Attraction des territoires nationaux et implantation des firmes multinationale en
Europe », in Revue Economique, juin.
- Définition de référence de l’OCDE des investissements directs internationaux Quatrième Édition 2008
- Charte de l’investissement (Bulletin Officiel n°4336 du 06/12/1995)
-Rapport Doing Business Maroc 2018 :
http://francais.doingbusiness.org/fr/data/exploreeconomies/morocco
152
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
LA GOUVERNANCE TERRITORIALE
ET L’INNOVATION SOCIO-SPATIALE
Étude des aspects innovants des coopératives agricoles de la région
d’Agadir
CHAKIR Kamal,LERASE, FSJES Agadir, Université IBN ZOHR
EL MOUTAOUKIL Abdelkader,LERASE, FSJES Agadir, Université IBN ZOHR,
MAZZAOUROU Abdeljalil,LERASE, FSJES Agadir, Université IBN ZOHR,
RÉSUMÉ : Cet article s’inscrit dans le cadre d’un essai en économie des territoires, en quête d’étudier
l’innovation et la gouvernance territoriale, tout en appréhendant les spécificités théoriques et les outils
d’analyses empiriques. Dans ce sens, nous avons essayé de survoler les particularités théoriques et pratiques
relatant la gouvernance territoriale et l’innovation. En outre, nous avons mené une enquête par questionnaire
auprès de 98 coopératives agricoles opérant dans la région d’Agadir, dont les données ont été extrapolées
pour estimer notre modèle SEM suivant l’approche PLS. Les résultats obtenus nous ont permis de répondre à
la problématique soulevée et fournir des éléments de réponse aux mécanismes spatiaux de l’innovation dans
un contexte de gouvernance territoriale.
Mots clés : Gouvernance ; territoires ; innovation ;coopératives ; PLS.
ABSTRACT: This article is part of an essay on territorial economics, in search of studying innovation and
territorial governance, while apprehending theoretical specificities and tools of empirical analysis. In this
sense, we have gone over the theoretical and practical peculiarities relating to territorial governance and
innovation. In addition, we conducted a questionnaire survey of 98 agricultural cooperatives operating in the
Agadir Region, whose data were extrapolated to estimate our SEM model following the PLS approach. The
results enabled us to answer the problem raised and to provide elements of response to the spatial
mechanisms of innovation in a context of territorial governance.
Keywords: Governance; Territories; Innovation; Cooperatives; PLS
INTRODUCTION
Cepapier s’inscrit dans le cadre d’un essai en économie des territoires, en quête d’étudier l’innovation et la
gouvernance territoriale, tout en appréhendant les spécificités théoriques et les outils d’analyses empiriques.
Dans ce sillage, et partant d’un constat en vertu duquel le développement des coopératives, sur le plan
spatial, constitue un tremplin pour aboutir à une bonne gouvernance territoriale, nous avons essayé de
répondre à la problématique suivante : « Les aspects innovants des coopératives peuvent-ils servir de
pratique pour aboutir à une bonne gouvernance des territoires ? ».
Pour répondre à cette problématique nous avons envisagé une réflexion méthodologique qui se base sur une
approche hypothético-déductive, partant d’un cadre théorique et conceptuel, passant par le choix des
variables de l’étude et allant jusqu’une vérification empirique moyennant une modélisation SEM (structural
equations model).
Par ailleurs, le survol des genèses conceptuelles et évolutives des concepts clés nous a permis de dresser un
aperçu théorique sous-tendant la politique de l’innovation socio-spatiale, et la gouvernance des territoires. Il
s’agit essentiellement des travaux de Pacqueur (2001), de N. Alter (2002) et de Filippi & Triboulet (2006).
En outre, après avoir défini les variables et le modèle de l’étude, nous avons mené une enquête par
questionnaire auprès de 98 coopératives agricoles opérant dans la région d’Agadir (Base de données de
l’Office de Développement et de la Coopération, 2018), dont les données ont été extrapolées pour estimer
notre modèle SEM suivant l’approche PLS (Partial Least Square). Les résultats obtenus nous ont permis de
153
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
répondre à la problématique soulevée et fournir des éléments de réponse aux mécanismes sociaux et spatiaux
de l’innovation dans un contexte de gouvernance territoriale.
C’est ainsi que nous avons subdivisé cet article en trois axes. Le premier axe est dédié aux genèses
conceptuelles et théoriques relatant les concepts clés ; le second axe renvoie à la méthodologie adoptée et aux
variables de l’étude ; le troisième axe est consacré à l’analyse et à la discussion des résultats obtenus.
1- Innovation et gouvernance territoriale : Genèses conceptuelles et acceptions théoriques
Dans le présent axe,nous allons essayer de brosser avec finesse les acceptions théoriques qui se rapportent à
l’innovation socio-spatiale et à la gouvernance des territoires, dans le but de déceler les relations de causalité
et dresser le modèle de recherche.
1-1- L’innovation comme processus socio-spatial
L’innovation peut être assimilée à un changement dans un processus organisé, soit un nouveau produit, soit
un nouveau procédé, soit une nouvelle organisation. Innover correspond souvent à la volonté de s’adapter ou
d’anticiper les conditions de la concurrence (Bellon, 2002).
Nonobstant, nombreuses sont les disciplines qui abordent la question de l’innovation, et ce de manières
parfois très différentes, néanmoins la plupart s’accordent à faire de l’innovation le fruit d’un processus social
et non pas uniquement d’un processus scientifique ou technique comme peut l’être l’invention
technologique.
Dans ce sens (Alter, 2002) considère l’innovation comme un processus social et économique qui amène
l’invention à être mise en exergue ou pas dans un territoire donné. Cela dit que pour parler del’innovation, il
faut suivre un cheminement spatio-temporelrespectant, entre autres,les lois du temps et de l’espace, en
particulier à celles qui permettent l’interaction entre les acteurs territoriaux.
Dans le prolongement de ces observations, il s’avère quele concept de l’innovation socio-spatiale, en tant
qu’outil d’analyse, permet d’ajouter des éléments robustesau fonctionnement organisationnel et aux actions
collectives, dans la mesure où la connaissance et l’accumulation des expériences organisationnelles des
producteurs se développent, dans le but defavoriser de nouvelles activités visant à remédieraux problèmes
sociaux et économiques des populations locales des territoires.
Grosso modo, l’innovation est un processus social et spatial impliquant la connaissance, les apprentissages et
le relationnel dans le processus de valorisation, en dépit de l’hétérogénéité productive, où les producteurs
primaires jouent un rôle capital auprès des agro-industries, des instituts de recherche, des gouvernements et
des politiques, tout en intégrant de nouvelles connaissances, notamment des connaissances tacites locales. Le
concept permet, donc, une activation collective des ressources pour faire face aux conditions de pauvreté et
de précarité.
Par ailleurs, la sécurité alimentaire constitue un socle pour lutter contre la précarité, la vulnérabilité et la
pauvreté. Dans ce sillage, l’innovation socio-spatiale peut être vue comme une locomotive pour s’adhérer à
ces objectifs.
Toutefois, l’innovation seule ne suffit pas, la coopération reste une condition nécessaire pour assurer une
meilleure valorisation économique de la production. D’où, les coopératives, dotées de formes
organisationnelles diversifiées, peuvent jouer le rôle de tremplin pour garantir une meilleure inscription
socio-spatiale de l’innovation.
Les coopératives ont comme spécificité, par rapport aux entreprises ordinaires, de pouvoir gérer des
contraintes liées à une inscription territoriale obligatoire, tout en assurant une valorisation économique à la
production de leurs adhérents (Filippi&& Triboulet, 2006). La première dimension à travers la localisation
de leurs adhérents, leur donne un rôle majeur dans le développement territorial. La seconde dimension les
confronte à des processus concurrentiels leur imposant de s’extraire d’un positionnement à l’amont des
filières pour descendre vers l’aval, plus rémunérateur en termes de valeur ajoutée.
En parallèle avec les réflexions menées sur l’innovation socio-spatiale et sur le fonctionnement socio-
154
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
économique du territoire, de nouvelles lectures politiques centrées sur la notion de gouvernance ont été
développées à propos de la nature de l’action publique et des moyens mis en œuvre pour organiser et réguler
les sociétés dans l’espace. C’est ainsi que nous allons décortiquer les rouages et les spécificités relatant la
gouvernance territoriale.
1-2- La gouvernance territoriale : Spécificités théoriques, enjeux et acteurs
La gouvernance est une notion polysémique qui couvre une littérature très vaste et un arsenal de jargons
considérable. Ce renouveau est lié aux mutations opérées au sein du système productif mondial et à la
complexification des besoins institutionnels qu’il est appelé à satisfaire, notamment par l’exploration et
l’exploitation d’une série d’outils pour exprimer et évaluer les portées de certaines visions et politiques.
Nonobstant, les débats sur la gouvernance ne sont pas uniformes, le concept reste pluridisciplinaire et son
acception diffère suivant le champ d’analyse, la discipline voire l’objet de l’étude.
Dans ce sens, la gouvernance dite territoriale renvoie à une panoplie de définitions permettant chacune
d’exprimer un angle de vision et une idée particulière. Elle peut être vue comme une interdépendance entre
les pouvoirs des institutions associées à l’action collective qui fait intervenir un ensemble complexe
d’institutions et d’acteurs qui n’appartiennent pas tous à la sphère du gouvernement, et des réseaux d’acteurs
autonomes. Elle part du principe qu’il soit possible d’agir sans s’en remettre au pouvoir ou à l’autorité de
l’État (Stocker, 1998 in (Pecqueur 2001)).
À la lumière des définitions précitées, nous pouvons proposer une synthèse qui nous semble pertinente basée
sur des concepts clés avancés par (Rey-Valette, Pinto et al. 2011). La gouvernance territoriale est un
processus dynamique de coordination entre parties prenantes soient les acteurs publics et privés ayant des
identités multiples et aux des ressources asymétriques autour d’enjeux territorialisés visant la construction
collective d’objectifs et d’actions en mettant en œuvre des mécanismes multiples qui reposent sur des
apprentissages collectifs et participent à des innovations institutionnelles et organisationnelles au sein des
territoires.
Cette définition nous paraît complète, car regroupant les différentes composantes clés du processus de
gouvernance territoriale, le processus est vu comme une coordination entre acteurs, mais sa nature est
précisée : il s’agit d’acteurs publics et privés, les premiers représentant un intérêt général, les seconds un
intérêt privé. Le caractère asymétrique de la relation de coordination est également souligné : tous n’ont pas
à disposition les mêmes qualités et quantités d’information, de moyens, de temps…etc.
La coordination de ces acteurs est par essence organisée autour d’intérêts différents, et donc de relations de
pouvoir. On retrouve également dans cette définition la finalité du processus, la construction collective
d’objectifs. L’idée de dispositif comme outil permettant d’atteindre ce but est introduite.
Enfin, la définition précise l’importance des apprentissages collectifs, à la fois résultants du processus
puisque de nouveaux savoirs sont produits, liés aux innovations produites, mais aussi comme facilitateurs de
la gouvernance.
On retrouve bon nombre de ces composantes de la gouvernance territoriale dans ce que (Chappoz and
Pupion 2014) nomment la « nouvelle politique publique » : des actions et projets qui s’appuient sur une
vision stratégique, un ensemble de parties prenantes, une organisation de ces parties prenantes souvent sous
forme de réseau, des outils d’évaluation des politiques publiques, et un périmètre territorial et institutionnel.
La gouvernance territoriale est donc un concept qui a évolué depuis les années 80, passant à un nouveau
paradigme utilisé chez les praticiens comme chez les chercheurs. La multiplication des acceptions et
définitions de ce paradigme aboutit non pas à un flou global dans la compréhension des mécanismes de
gouvernance, mais bien un enrichissement, chaque domaine ou courant apportant une nouvelle face à ce
prisme.
La définition proposée ci-dessus permet à la fois d’englober les définitions existantes, mais également de
proposer un cadre opérationnel à l’analyse de la gouvernance. Cependant, les enjeux scientifiques et socio-
155
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
économiques de l’étude de cette gouvernance territoriale dépendent véritablement des spécificités locales et
du point de vue avec lequel elle est abordée.
Par ailleurs, l’acteur territorial doit rendre possible une mobilisation de l’ensemble des autres acteurs -privés,
associatifs et publics- et institutions sur des objectifs communs de développement dans le cadre d’un projet
intégré et cohérent, partageant ou acceptant de partager une même vision à moyen et long terme du territoire.
C’est ainsi que nous allons essayer de décortiquer le rôle des coopératives, comme étant un acteur territorial
privé, dans la mise en exergue de la gouvernance d’un territoire à travers des pratiques innovantes.
2- Méthodologie, modèle de recherche et spécifications des variables
Dans le but de fournir des éléments de réponse à notre problématique, nous avons envisagé une
méthodologie positiviste. En effet, nous avons consulté les travaux traitant, de près ou de loin, les mots clésà
travers un survol des genèses conceptuelles et des littéraires, permettant de dresser un cadre d’analyse
adéquat. Dans ce sens, le premier axe renseigne sur les soubassements théoriques relatant l’innovation socio-
spatiale et la gouvernance territoriale.
Par la suite, et suivant la logique dictée par notre paradigme adopté dans cet essai, nous avons procédéà la
modélisation des faits pour mieux appréhender les questions de gouvernance et d’innovation. Toutefois, le
modèle conceptuel, dressé dans la figure 1, permet de visualiser les relations de causalité entre les aspects
innovants, le comportement des coopératives et la gouvernance territoriale.
FIGURE 6 : MODELE CONCEPTUEL DE RECHERCHE
Coopératives
agricoles
Innovation SS
Coopétition Compétition
(Coopération) (Rivalité)
Succés de la
Échec de la GT
GT
Source : Auteurs
Il convient de signaler que nous avons supposé que les pratiques d’innovation socio-spatiale expliquent la
gouvernance territoriale. Or ; cette relation passe principalement par des variables manifestes caractérisantles
comportements des coopératives susceptibles de réussir, ou non, la gouvernance territoriale.
Par la suite, nous avons essayé de définir les variables latentes et les instruments de mesures, issues de la
théorie, dans le but de mener une modélisation par les équations structurelles (SEM). L’idée est d’estimer le
présent modèle à travers une approche SEM basée sur l’algorithme PLS. Pour ce faire, nous avons dressé le
tableau, ci-dessous, décrivant les variables latentes et les instruments de mesure respectifs.
156
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Asymétrie d’information
Est diamétralement opposée à la (ASYM) ;
Compétition coopétition. Synonyme de concurrence et
Absence de synergies(ABSS) ;
de rivalité.
Rivalité (RIVA)
Source : Auteurs
Enfin, nous avons mené l’étude auprès des coopératives agricoles de la région d’Agadir, dont le nombre est
de 98 coopératives moyennant une enquête par questionnaire. Dans ce sens, le taux de réponse avoisine
84 %, les résultats ont été extrapolés pour tester le modèle spécifié et fournir des éléments de réponse aux
questions sous-tendant la contribution de l’innovation à la gouvernance territoriale.
3-Analyses et discussions des résultats
Pour tester notre modèle SEM, nous avons utilisé la méthode PLS, désormais plus adaptée que les méthodes
basées sur la covariance à la fois dans ses objectifs et ses contraintes d’utilisation. Dans ce sens, elle permet
de tester des modèles en développement, de prendre en compte des données non normalement distribuées et
de travailler sur des échantillons réduits. C’est ainsi que nous allons procéder aux analyses et aux discussions
des résultats.
3-1- Analyses des données et modélisation SEM
Après avoir extrapolé les données résultantes du questionnaire, nous avons testé notre modèle en utilisant les
développements récents de l’algorithme du PLS, sous procédure SmartPLS v.3. Toutefois, la modélisation
SEM passe, normalement par cinq étapes, à savoir : La spécification du modèle ; L’identification du modèle ;
L’estimation du modèle ; L’évaluation de la qualité d’ajustement du modèle ; et finalement l’analyse
confirmatoire du modèle.
Spécifier le modèle repose sur une représentation graphique du schéma de mesure du modèle globale (Path
model). Dans cette phase sont précisés les divers éléments du modèle et les relations supposées entre eux,
comme la montre la figure ci-dessous.
157
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Source : Auteurs
Le modèle, à confirmer, est présenté par neuf variables observées. En théorie, ces variables sont supposées
être des mesures de trois facteurs qui sont des variables latentes. Elles sont représentées par des rectangles
jaunes et les variables latentes par des cercles bleus.
L’identification du modèle est désormais la deuxième phase de notre démarche méthodologique de
modélisation SEM. Dans ce sens (Schumacker & Lomax 2004) préconise l’évaluation de la condition
d’ordre par le nombre de degrés de liberté qui doit être supérieur à zéro. Pour notre modèle, la condition
d’ordre est bien vérifiée et le degré de liberté est positif (dll=61).
La troisième phase de la démarche renvoie à l’estimation du modèle moyennant l’algorithme « centroïde »
du PLS sur l’ensemble des unités statistiques, en l’occurrence 84 % des coopératives agricoles opérant dans
la région d’Agadir (soit 82 coopératives). Dans ce sillage, nous avons obtenu la figure ci-dessous.
FIGURE 8 : ESTIMATION DU MODELE SEM PAR L’ALGORITHME DU PLS (SMARTPLS V.3.)
Source : Auteurs
Les résultats de l’estimation des paramètres du modèle confirment que tous les items ont eu des valeurs de
158
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
contributions (loading factors) supérieures à 0,7, hormis la certification, le recours aux nouvelles
technologies et la rivalité, ayant enregistrédes coefficients de corrélation relativement faibles. Ainsi les items
de mesure utilisés permettent de saisir les dimensions des trois variables latentes.
En outre, le coefficient de corrélation dégagé entre l’innovation socio-spatiale et la coopétition est
relativement plus fort par rapport à celui enregistré entre l’innovation socio-spatiale et la compétition.
Évaluer la qualité de l’ajustement du modèle constitue la quatrième étape de l’approche méthodologique de
modélisation. En général, les résultats affichent un bon ajustement du modèle, puisque les valeurs des indices
dépassent les valeurs critiques nécessaires pour un bon ajustement. Il convient de signaler, à ce stade, que la
fiabilité et la validité du construit exigent une valeur supérieure ou égale à 0,7 pour l’alpha de Cronbach et le
rho de Dillon-Goldstein (voir le tableau 2).
TABLEAU 4 : FIABILITE ET VALIDITE DU CONSTRUIT (SMARTPLS 3.)
Alpha de Fiabilité Average Variance Extracted
rho_A
Cronbach composite (AVE)
Compétition 0,75 0,82 0,77 0,67
Coopétition 0,91 0,94 0,89 0,82
Innovation
0,72 0,73 0,70 0,54
SS
Source : Auteurs
Par ailleurs, les conditions de validité convergente et discriminante ont été vérifiées. Dans ce sens, la validité
convergente renvoie à l’examen des corrélations des items avec leur variable latente qui doivent être
supérieures à 0,7, chose que nous avons déjà mentionnée. En outre, l’examen de la validité discriminante
stipule que chaque variable latente doit être liée plus fortement à ses indicateurs qu’aux autres variables
latentes du modèle. Cela dit que la corrélation au carré entre deux variables latentes (voir le tableau 3)doit
être inférieureà la variance moyenne extraite(AVE) de chaque variable latente (Tenhenhaus et al., 2005). Il
convient de noter que (Chin, 1998) préconise une valeur supérieure ou égale à 0,5 pour l’AVE.
TABLEAU 5 : COEFFICIENTS DE DETERMINATION DES VARIABLES LATENTES (SMARTPLS 3.)
R² R Carré Ajusté
Compétition 0,64 0,53
Coopétition 0,78 0,67
Source : Auteurs
En définitive, tous ces résultats vont nous permettre de fournir des réponses concrètes à la problématique
soulevée à travers des discussions argumentées.
3-2- Discussions des résultats
À la lumière des résultats obtenus, il s’avère, que la majorité des coopératives enquêtées, ont tendance, à
travers les aspects innovants, à coopérer entre-elles. En effet, l’innovation socio-spatiale entraine la
coopétition qui constitue un mode de coordination permettant de créer des synergies.
Plus précisément, l’innovation socio-spatiale peut être vue comme une condition nécessaire, mais
insuffisante, pour réussir la gouvernance territoriale. Cette dernière nécessite une mobilisation de l’ensemble
des autres acteurs territoriaux sur les objectifs communs de développement dans le cadre d’un projet intégré
et cohérent, partageant ou acceptant de partager une même vision à moyen et long terme du territoire.
En outre, la gouvernance territoriale doit constituer une autre façon de comprendre et d’évaluer les
mécanismes de création de valeur mettant en relation les flux physiques et d’informations induites par les
activités humaines.
159
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
CONCLUSION
Dans le présent papier, dédié à l’étude des aspects innovants des coopératives agricoles de la région d’Agadir
dans un contexte de gouvernance territoriale et d’innovation socio-spatiale, nous avons développé une
panoplie de conceptions théoriques, de définitions et d’outils analytiques relatant les concepts clés à travers
une démarche positiviste étalée sur trois axes.
Au cours du premier axe, consacré aux genèses conceptuelles et aux acceptions théoriques de l’innovation
socio-spatiale et de la gouvernance territoriale, nous avons présenté les rouages conceptuels et évolutifs
susceptibles de fournir des définitions concrètes avant de mettre en exergues les liens qui peuvent être
éventuellement décelés.
Par la suite, nous avons présenté, dans le second axe, les choix méthodologiques, le modèle conceptuel et les
variables retenues.Dans ce sens, nous avons mené une enquête par questionnaire auprès de 98 coopératives
agricoles opérant dans la région d’Agadir, dans le but d’extrapoler les données et procéder aux analyses.
C’est ainsi que nous avons consacré le troisième axe à l’analyse des données et à la discussion des résultats
obtenus. Dans ce sillage, nous avons utilisé les développements récents de l’algorithme « centroïde » du PLS
sous procédure SmartPLS v.3. Les résultats de l’analyse nous ont permis de déduire des conclusions
concernant l’innovation socio-spatiale et la gouvernance territoriale.
Grosso modo, il s’est avéré que les pratiques innovantes permettent, en grande partie, la coordination des
coopératives pour réaliser des synergies entre elles. Ce constat nous a permis d’affirmer que l’innovation
socio-spatiale peut servir de tremplin pour réussir la gouvernance territoriale. Nonobstant, la gouvernance
territoriale relève conjointement d’autres acteurs privés à l’origine desdifférentes activités et d’acteurs
publics en charge de la gestion du territoire.
À cet égard, pour fournir des éléments de réponse robustes sur les questions relatant la gouvernance des
territoires, nous envisageons mener une étude intégrant, non seulement les coopératives, mais aussi
l’ensemble des acteurs, publics et privés, impliqués dans le territoire de la région d’Agadir.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Alter N. & al. (2002). Les logiques de l'innovation. Paris, La Découverte, p. 275.
Bellon, B. (2002). L'innovation créatrice. Arte Éditions. Economica.
Chappoz, Y. & P-C. Pupion. (2014). « Une finance propre aux organisations publiques? ». Gestion et
management publi, n° 16.
Chin, WW. (1998). « Méthode des moindres carrés partiels pour la modélisation par équations
structurelles ». Méthodes modernes de recherche commerciale, n°1, p. 295-336.
Filippi, M., & Triboulet, P. (2006). « Coordination des acteurs et valorisation de produits liés à l'origine. Les
signes d'identification comme signes d'exclusion? ». Revue d’Economie Regionale Urbaine, n°1, p.103-129.
Pecqueur, B. (2001). « Qualité et développement territorial: l'hypothèse du panier de biens et de services
territorialisés ». Économie rurale, n° 26, p. 37-49.
Rey-Valette, H., M. Pinto, & al. (2011). « Guide pour la mise en œuvre de la gouvernance en appui au
développement durable des territoires », rapport de recherche auto-saisine, p.155.
Shumacker, R. & Lomax, RG. (2004). Guide du débutant sur la modélisation par équation structurelle. NY:
Groupe Taylor & Francis. 2ème édition.
Tenenhaus, M., Vinzi, VE, Chatelin, YM et Lauro, C. (2005). « Modélisation de chemin PLS ». Statistiques
de calcul et analyse des données , n° 48, p. 159-205.
160
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé : La problématique du Développement Durable et de l’Economie est de plus en plus au cœur des
débats entre décideurs, tant politiques qu’économiques; puisqu’elle est au croisement de trois piliers du
développement humain : l’environnemental, le social et l’économique. A cet égard, le présent travail se veut
une étude de la communication qui emmaille les multiples enjeux dudit développement au sein de la
Chambre DesPêches Maritimes De L'Atlantique Centre Agadir (C.P.M.A), en tant qu'institution chapeautant
plusieurs parties prenantes de la pêche, situées dans la région du Sous Massa du Maroc.
A cet effet, cette contribution est une étude exploratoire qui vise àsonder le développement durable et les
relations que celui ci noue avec la communication des organisations, aussi, elle vise à mieux comprendre la
façon dont la communication responsable peut contribuer à faire avancer l'engagement des professionnels et
ce dans le cadre du développement durable.Par ailleurs, elle nous permettra de mieux appréhender la manière
de s’adapter et de répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux.
Pour ce, nous tenterons de répondre aux questions suivantes : En quoi la communication responsable peut
aider ou aide les responsables de la communication parmi les professionnels et administrationshalieutiques à
mieux s’adapter aux enjeux environnementaux et sociétaux? Comment la communication responsable peut
avoir un apport et contribuer positivement au développement durable?
Mots-clés :Développement Durable - Communication des Organisations - Communication Responsable –
Responsabilité sociale de l’entreprise – PME du secteur halieutique d’Agadir.
Introduction :
De nos jours,les questions environnementales deviennent préoccupantes et ne cessent d’attirer l’attentiondes
gouvernements ainsi que desorganisations afin d’appliquer des démarches de développement durable et de
s’engager dans la voie de la durabilité à travers des projets entrepreneuriaux ambitieux, forts, mais surtout
stables.
Récemment, les entreprises ont intégré la question environnementale dans leur stratégie commerciale qui
constitue maintenant une condition nécessairedans leur développement. A cet effet, l’entreprise doit non
seulement être productive et rentable mais il est nécessaire qu'elle soit un projet responsable devant les
citoyens par rapport aux problèmes liés à l’environnement.
Dans ce sens, la responsabilité sociale de l’entreprise est à l’origine de plusieurs débats qui soulèvent de
multiples interrogations dans le milieu académique. Elle est devenue un aspect nécessaire des stratégies de la
communication des organisations.
A cet égard, de nombreux chercheurs affirment que l’entreprise doit avoir une politique de communication
interne et externe cohérente, afin de construire une image positive et transparente de l’entreprise sur le long
terme. Ce genre de communication englobe son personnel et s’avère un préalable important pour la
communication environnementale globale.
161
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
- 1Brundtland, H. G., (1989). Notre avenir à tous. Rapport de la Commission mondiale sur l’Environnement et le
Développement. Montréal : Les Editions du Fleuve. [Trad. française de Our common future (1987)].
2
- Paul Watzlawick, J. Helmick-Beavin, Don D. Jackson, Une logique de la communication, Points Essais, Paris, 2014.
3
- Caron-Malenfant, J. et Conraud, T. (2009). Guide pratique de l’acceptabilité sociale : pistes de réflexion et d’action.
Montréal, Québec : Éditions D.P.R.M.
162
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Nous élargirons notre approche en suivant une démarche qualitative et ce par de courts entretiens individuels
avec des responsables usant de la communication commearsenal afin de sensibiliser et de fédérer les
professionnels de la pêche et parties prenantes agissant sous l'égide de la CPMA afin de jeter la lumière et
nous répondre sur nos questionnements de départ.
Le premier entretien concerne une personne qui fait partie d'une flotte de barques de petits pêcheurs et ne
faisant partie d’aucune association. Il s’agit d’un groupe de pêcheurs qui sont sis à Imi Waddar. L’entretien a
été conduit sur place et sa retranscription s’est faite sur enregistrement audio.
Le deuxième entretien concerne Madame S. R., haut cadre de la CPMA. L’entretien a été conduit en face à
face et sa retranscription a été faite à partir de prises de notes.
Le troisième est conduit avec Monsieur A. S. ancien président de la CPMA pour deux mandats successifs.
L’entretien a été conduit partéléphoneet sa retranscription a été faite à partir de prises de notes.
Conclusion
En guise de conclusion, nous allons faire la synthèse de notre enquête et répondre à la question de notre
problématique de départ.
En effet, il y a une prise de conscience de l’importance de la communication dans le développement des
performances. Aussi, il faut souligner que l’existence d’une entité fédératrice et chapeautant l'ensemble des
professionnels du secteur de la pêche et ce à différents paliers; veut dire aussi le développement de la
communication sous toutes ses formes : communication interne, communication externe, relations publiques.
Cependant, notre enquête a démontré que les professionnels de la pêche et les représentants de la CPMA
n’ont pas assez développé la communication sociale et responsable par rapport aux petits pêcheurs, car
l'implication de ces derniers ne constitue pas leur priorité et ce pour deux raisons principales :
Les mareyeurs, grands chalutiers et pélagiques sont plus nombreux et leur apport est plus important en terme
de quantités et employabilité qu'ils offrent.
Pourquoi consacrer du temps et un gros budget pour la communication et la sensibilisationpour le
développement durable du littoral si la motivation principale des petits pêcheurs, et le principal élément
attractif reste le revenu ?
Selon A. S., l’importance du secteur halieutique au Maroc est primordiale. Le secteur de la pêche en effet
contribue à hauteur de 3% du PIB et emploie environ 500.000 personnes, de façon directe ou indirecte et le
nombre de personnes vivant de la pêche est estimé à 3 millions d’individus(décembre 2013)1. Pour autant, le
statut des pêcheurs, et plus particulièrement des petits pêcheurs artisans, n’est pas hautement considéré et les
revenus tirés de la pêche sont bien en deçà de la moyenne nationale.
Néanmoins, le Maroc fait partie des pays où le secteur de la pêche est managé de façon plutôt durable. Le
niveau de pêche reste assez contrôlé et le respect des normes est bien plus rigoureux que dans d’autres pays
de la région. Surtout que le Gouvernement Marocain a renforcé le secteur de la pêche à travers sa stratégie
des pêches, formulée dans le programme Halieutis. Ce dernier qui vise essentiellement les trois axes suivants
: l'exploitation durable des ressources halieutiques, le développement d'une pêche performante ainsi que
l'amélioration de la compétitivité afin de conquérir de nouvelles parts de marché.
A cet effet, le plan Halieutis reconnaît, implicitement et explicitement, qu'au niveaudes professionnels de la
pêche artisanale, l'instabilité des revenus et la vétusté de la flotte rend l'engagement et la prise de conscience
des petits pêcheurs quant à leur impact à eux aussi et leur rôle dans le développement durable etpérenne de
leur secteur, assez altérable. (Propos de Monsieur A. S. ancien président de la CPMA)
Pour ce faire, de grandes actions ont été engagées sous l'égide de la CPMA, et toujours d'après Monsieur A.
S., et ce dans le cadre du plan Halieutis. Essentiellement, des garanties bancaires et des subventions
1
-Banque mondiale, Rapport sur le programme d’Appui Analytique à la Stratégie Changement Climatique du Maroc;
décembre 2013.
164
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
financières, sont entreprises à travers des opérations adaptées à différents niveaux des professionnels de la
pêche de la région. Dans ce sens, le programme IBHAR, vise, comme son slogan l'avance : "à redonner le
sourire à nos pêcheurs". Donc, un meilleur accompagnement, communicationnel, financier et de mise en
valeur leur est assuré. Ainsi, les professionnels de la pêche artisanale, ont également leur présence aux stands
de grands salons internationaux, afin d'expliciter et de partager leur engagement dans le développement
durable du secteur de la pêche.
En somme, la communication sociale n’a pas encore su prendre la place et l’importance qu’elle mérite parmi
les priorités des professionnels de la pêche en interface et interaction avec la CPMA, malgré une certaine
prise de conscience.
Les efforts y sont continuellement déployés, et dans quelques années, avec un développement économique et
social,cet engagement deviendra plus pérenne et moins fluctuant;subséquemmentàl’avènement d’une
nouvelle génération des parties prenantes du secteur de la pêche,plus ancrée dans le développement durable
de la région et plus à même à le communiquer socialement et de façon responsable.
Références bibliographiques
ACQUIER A., « Aux sources de la responsabilité sociale de l’entreprise : à la découverte d’un ouvrage
fondateur, Social Responsibilities of the Businessman d’Howard Bowen », Finance Contrôle Stratégie –
Volume 10, n° 2, juin 2007, p. 5 – 35. (2005).
AFNOR (2003), SD 21000 – Développement durable – Responsabilité sociétale des entreprises – Guide pour
la prise en compte des enjeux du développement durable dans la stratégie et le management de l’entreprise,
fascicule de documentation FD X 30-021.
Allemand, S. (2010). Pourquoi le développement durable?.France: Belin.
Audouin, A., Courtois, A., & Rambaud-Paquin, A. (2009). La communication responsable. Eyrolles,
Éditions d'Organisation.
Beatrice P., « La communication sociétale vs communication responsable », HAL, n° 655622, (2012).
BONNEVILLE Luc, GROSJEAN Sylvie (Dir.), Repenser la communication dans les organisations,
L’Harmattan, Paris, 2007.
BOUGNOUX Daniel , Introduction aux sciences de la communication, Repères, Paris, 2002.
Boutaud A., « Développement durable, économie verte, résilience : Quelles continuités, quelles ruptures,
quelles conséquences pour les villes ? », France, Grandlyon, pp 2-20. (2013).
Brundtland, H. G., (1989). Notre avenir à tous. Rapport de la Commission mondiale sur l’Environnement et
le Développement. Montréal : Les Editions du Fleuve. [Trad. française de Our common future (1987)].
Brunel, S. (2012). Le développement durable. Paris:PUF.
Banque mondiale, Rapport sur le programme d’Appui Analytique à la Stratégie Changement Climatique du
Maroc; décembre 2013.
CABIN Philippe, DORTIER J.F., La communication : Etats des savoirs, Ed. Sciences humaines, Paris, 2005
Caron-Malenfant, J. et Conraud, T. (2009). Guide pratique de l’acceptabilité sociale : pistes de réflexion et
d’action. Montréal, Québec : Éditions D.P.R.M.
CHAUVEAU A : LUMIERES P. (Juillet 2001), « Les pionniers de l’entreprise responsable » - Edition
d’Organisation.
DEMONT Liliane, KEMPF Alain, Communication des entreprises : stratégies et pratiques, Editions Nathan,
Paris, 2001.
DETRIE Philippe, BROYEZ Catherine, La communication interne au service du management, Edition
Liaisons, Paris, 2001.
165
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
166
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé
une agriculture durable est celle qui répond aux besoins des générations présente et futures quant aux
services et produits tout en respectant une équité sociale et économique, ainsi qu’une rentabilité et une santé
environnementale.
La nouvelle stratégie agricole du pays, le plan Maroc vert (PMV), réaffirme l’importance stratégique de
l’agriculture pour le développement économique et sociale du Maroc. Le Plan initie une nouvelle dynamique
d’engagement et d’action, particulierement tournée vers les acteurs et les opérateurs du secteur ce qui
suppose la professionnalisation des filières de production en vue de leur restructuration. L’organisation
professionnelle agricole (OPA) s’est fortement reconsidérée comme étant un des préalables clés à la
réalisation des objectifs affichés du PMV pour une agriculture durable.
Les chambres d’agriculture, récemmentrestructurées, les organisations professionnelles, l’interprofession et
les investissements privés se sont alors engagés au travers des conventions de partenariat, des contrats
programme et des contrats d’agrégation sur des objectifs clairement définis.
Au niveau déconcentré, ces orientations se déclinent en plans agricoles régionaux (PAR) dont la mise en
œuvre et le pilotage revient aux directionsrégionales d’agricultures.la mobilisation des parties prenantes du
secteur agricole, le développement de l’organisation professionnelle agricole, l’accompagnement de la
chambre d’agriculture, la promotion de l’agrégation et l’appui au partenariat, sont autant de prérogatives qui
vont de concert avec l’atteinte des objectifs des plans agricoles régionaux.
Partant du tout cela, cette étude analytique vise à mettre le point sur l’offre agricole régionale de
GuelmimOued Noun à partir de la situation globale et l’état des lieux des OPA de la région afin de dégager
quelques perspective de promotion et en deuxième lieu de se focaliser sur les attributions ,activités et
mesures que devrait remplir les services du ministère de l’agriculture au sein de la région de Guelmim Oued
Noun avec propositions d’orientations et dispositions à prendre pour l’appui, l’accompagnement et le
renforcement de la professionnalisation et du partenariat autour du Plan Agricole Régionale de Guelmim
Oued Noun pour permettre une agriculture durable.
Mots clés : agriculture durable, OPA, plan Maroc vert, plan agricole régional, interprofession.
Lancé en Avril 2008,le Plan Maroc Vert (PMV) est une stratégie ambitieuse qui s’est fixée comme objectif
d’ériger le secteur agricole en véritable levier de développement socio-économique au Maroc. Elle s’articule
autour d’une approche globale intégrée dont la mise en place a été appuyée par la réalisation de nombreuses
réformes et restructurations préalables.
La plan Maroc vert initie une nouvelle dynamique d’engagement particulièrement tournée vers les acteurs et
les opérateurs professionnels du secteur qui opèrent désormais dans un cadre de partenariat définissant le
champ d’action et de responsabilisation de chaque intervenant.les chambres d’agricultures, récemment
restructurées ,les organisations professionnelles, l’interprofession et les investisseurs privés se sont alors
engagés au travers des conventions de partenariat, des contrats programme et des contrats d’agrégation sur
167
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Site du ministère d’agriculture marocaine http://www.agriculture.gov.ma (consulté le 02/01/2018).
2
Cités dans la nouvelle stratégie agricole marocaine ;
168
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Monographie de la région oued noun 2017
169
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Filières végétales
Rendement moyen brut
Superficie (ha) Production moyenne (T)
Filière (T/Ha)
Feid/Bour Irrigué Feid Irrigué Feid Irrigué
Céréales 100 442 2000 142 938 4 600 1,42 2,3
Blé dur 7 661 0 10 393 0 1,4
Blé tendre 40 741 0 6 5053 0 1,6
Orge 52 040 2000 67 492 4 600 1,3 23,0
Fourages 0 1 360 0 420 280
Luzerne 0 1 240 0 414 880 335
Maïs Fourrager 0 120 0 5 400 45
parfaitement s’aligner au processus d’appui et d’accompagnement de la réalisation des projets. Seules les
OPA à capacité institutionnelles et organisationnelles renforcées peuvent approprier la logique du PMV,
contribuer à la concrétisation des objectifs et assurer la durabilité des acquis et leur consolidation, finalité du
développement de l’organisation professionnelle.
Ce développement de l’OPA va de concert avec le développement des filièresprometteuses ,objet de projet
définis dans le cadre du PAR ,l’organisation professionnelle au tour de chaque filière doit être adaptée voire
spécifique et permettre de promouvoir des OPA disposant de plans d’action dont la réalisation converge vers
l’atteinte des objectifs des projets.
Partant de l’analyse des filières retenues dans le PAR, ayant fait l’objet de lancement de 15 projets
d’envergure, l’organisation professionnelle doit se concentrée principalement autour des filières suivantes :
Filières de cactus
les périmètres de plantations de cactus potentiels dans la région, localisés principalement par ordre
d’importance au niveau des provinces de Guelmim,Tantan et Assa-Zag,s’étendent sur des superficies
relativement importantes (30000 Ha)et sont localisés le long de la cote atlantique bénéficiant des influences
océaniques et en altitude notamment dans les versants ouest avec des pentes relativement fortes.
Potentiels :
-Un important potentiel de production avec une superficie totale plantée de 30000 ha et une production
annuelle de 240000 tonnes de fruit et 420000 tonnes de fourrage vert.
-Des conditions édapho-climatiques favorables sur des milliers d’hectares associés à l’intérêt croissant
de la population porté à cette culture offrant des possibilités d’extension considérables.
-Un savoir faire ancestral en matière destechniques d’installation de vergers et de valorisation des
produits du cactus et une volonté exprimée par la population pour la participation à la mise en place de
programmes de développement desfilières et de la valorisation des produits.
-Un germoplasme important s’adaptant aux conditions de la zone et dont la production s’étale sur une
période pouvant aller jusqu’à sept mois (juin -décembre).
-Une culture nécessitant moins d’investissement que les autres spéculation dans la région et fournie des
fruits de meilleure qualité apparaissant les premiers sur le marché national.
-Des possibilités de développement des activités apicoles en parallèle.
-Un potentiel important pour l’écoulement des produits de la culture du cactus au niveau national.
-Une meilleure intégration de la culture du cactus dans les systèmes de production dans la zone,
-Il couvre une part assez importante des besoins alimentaires du cheptel et constitue un moyen de lutte
contre l’érosion et de valorisation des terrains marginaux.
-Une vocation pastorale de la région qui nécessite une meilleure valorisation des parcours collectifs
notamment ceux localisés sur les versants de la frange atlantique.
Filière du maraichage
Secteur attractif à l’investissement agricole en raison de l’importance de sa productivité :productivité
moyenne variant entre 13000 et 30000dhs/ha, emplacement stratégique des zones de production (zone de
guelmim)favorisant la commercialisation des produits.
Au niveau de la région ,les cultures maraichères sont localisées principalement dans la province de
guelmim.la superficie cultivée est estimée à 3050 ha avec une production annuelle à l’ordre de 65300
tonnes.les principales cultures pratiquées dans la zone sont la tomate, lescarottes et les cucurbitacées
(pastèque et melon) qui représentent environ 58% de la superficie maraichère.
L’installation des cultures maraichères sous serre dans la zone de guelmim a commencé à partir de 1999 avec
171
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
l’avènement des investisseurs provenant des régions limitrophes notamment la région de souss –massa.
Filière de l’huile de l’olive
avec la promotion de l’organisation professionnelle de second ordre (OPSO) en particulier la création des
groupements d’interetéconomique (GIE),capitalisant sur l’expérience initiée dans le cadre du programme
MCA.la généralisation de ces organisations devra êtreperçue dans un objectif de promotion d’un GIE pour
chaque terroir de production de l’huile d’olive. Cette forme d’organisation cadre avec un modèle auto-
agrégation ou agrégation sociale dont l’objectif étant la création de la masse critique .en pilier I ,des
conventions de partenariat avec les associations provinciales et l’association oléicole régionale,
dernièrementcrée, doiventêtre préparées et concrétisées dans un objectif de contribuer à la restructuration de
la filière au travers la transformation et la commercialisation voire l’exportation de l’huile d’olive bénéficiant
du cadre incitatif (FDA) et des opportunités à l’international.
La filière céréalière
La céréaliculture occupe une superficie de 46290 ha dans l’assolement soit 47.5% de la superficie
emblavée.la céréaliculture irriguée concerne une superficie de 7950 Ha (17%) et la céréaliculture en bour
(FAID) occupe 38340 Ha (83%).
Le secteur céréalière en grains est estimée à 40200 tonnes dont 62% en Bour (faid)et 38% en irrigué.40% de
la production est destinée à l’autoconsommation ,25% est commercialisée localement alors que 35% est
réservée pour l’alimentation du cheptel.
Par ailleurs, les chaumes et la production en paille constituent une source importante pour l’alimentation du
cheptel dans la zone.
Pour concrétiser la réalisation des projets prévus dans le PAR de Guelmim Oued Noun, la recherche d’autres
partenaires est nécessaire.
Les filières de terroir
En incitant à la promotion de l’organisation professionnelle agricole appropriée.les associations de
producteurs, les coopératives et les GIE selon l’échelle de production et le niveau d’organisation possible.
L’huile d’olive, l’huile d’argan, lecactus, lemiel, lesdattes, autant de produits méritant la revalorisation en
particulier par les signes distinctifs d’origine et de qualité (SDOQ).les projets doivent être portés par des
OPA dont le niveau d’autopromotion permet la durabilité des certifications obtenues (motivation et
autonomie),objet des actions à initier dans le cadre des projets de développement des produits de terroir.
2 -les organisation professionnelles agricoles de la région oued noun :perspectives de promotion et
stratégies en faveur des OPA pour une agriculture durable
Les reformes du secteur agricole entreprise parl’Etat depuis le début des années quatre vingt font appel à une
nouvelle forme de partenariat avec les agriculteurs, qui nécessite le renforcement de leur organisation
professionnelle agricole (OPA) devront remplir les fonctions multiples qui vont de la représentation des
intérêts des producteurs à l’organisation de la production et de la commercialisation .ces missions ont été
davantage renforcées avec l’avènement du plan Maroc vert qui prône la promotion ,l’accompagnement et le
partenariat avec les OPA, perçues comme principaux acteurs dans le processus de définition, de mise en
œuvre et de suivi des projets PMV.
2.1-évolution historique des OPA dans la région oued Noun
Le développement des OPA dans la région ON a connu une évolution importante correspondant à un
changement d’orientation dans la politique agricole nationale pendant la période du PAS de l’agriculture en
début des années 80,le désengagement de l’Etat de certaines activités, la libéralisation du commerce des
produits agricoles et l’initiation du partenariat dans le développement agricole, ont poussé les pouvoirs
publics à opter pour la promotion des OPA autonomes, viables et capable de prendre en charge les
compétences ,les responsabilités et les activités dans le domaine et secteurs qui leurs étaient ou seraient
172
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
désormais confiés.
Avec l’avènement de la nouvelle stratégie agricole ,le PMV ,une attention particulière s’est donnée aux
OPA, perçues en tant que partenaire effectif du développement agricole. Elles sont appelées à jouer un rôle
majeur dans la mobilisation des producteurs ,la professionnalisation du secteur et la restructuration des
filières. c’est ainsi que, la refonte de la chambre d’agriculture s’est alors opérée (loi 27-08),dans l’objectif de
renforcer sa contribution au développement agricole et rural.
En outre l’approche poursuivie par le PMV dans la mise en œuvre des projets a favorisé l’émergence de
nombreuse coopératives et la formalisation de groupement locaux et association de développement local
(ADL) en coopératives.376 coopératives agricoles ont été crées depuis 2012.
2.2-les coopératives agricoles de la région de guelmim oued noun
le secteur coopératif agricole est actuellement constitué de 646 coopérative agricole,524 coopératives ont été
crées à la veille du PMV, ces coopératives sont pour une majorité jeune de création puisque 81% d’entre
elles ne se sont constituées que depuis l’an 2009.Avec l’avènement du PMV, le mouvement coopératif a
connu un essor important avec la création de 88 coopératives en moyenne par an .les coopératives agricoles
sont solidement implantées dans des branches d’activités liées à un certain nombre de filières.
Le développement des coopératives agricoles dans la région 1 a contribué de façon significative à
l’organisation et au renforcement de la production dans plusieurs filières stratégique du secteur à savoir en
particulier la filière de production animal. Dans le cas de production de niche ce mouvement était en faveur
du développement de la filière d’argan. Toutefois et malgré les potentialités oléicoles de la région ,les
coopératives autour de la filière olive et huile d’olive ne suivent pas encore la dynamique que suscite le
développement du secteur oléicole dans la région.
2.3-perspectives de promotiondes OPA pour une agriculture durable
Plusieurs perspectives de promotion ont été mises en place par la chambre d’agriculture la région oued
noun,il s’agit de :
-elle veille à défendre les intérêts des agriculteurs et des éleveurs dans leurs circonscriptions
territoriales
-contribuer à la vulgarisation des informations scientifiques, techniques et économiques dans le
domaine de l’agriculture et du développement rural ainsi que des méthodes modernes de travail au
profit des agriculteurs, des éleveurs et des jeunes prometteurs etau développement des techniques de
production et de commercialisation notamment via la coopération durable avec les établissements de
recherche et de formation agronomiques et technologiques et tous les organismes gouvernementaux et
professionnels concernés.
-contribuer à la formation et à l’information des agriculteurs et des éleveurs notamment par
l’organisation de sessions de formation ,dejournées d’information et la création ou la gestion de
centres de formation professionnelle ,de formation alternée et de formation par apprentissage
-créer des établissements à caractère industriel ou commercial destinés à servir les intérêts de
l’agriculture et du développement rural
-Contribuer à l’appui de l’investissement et de l’emploi dans le milieu rural et mettre en place des
banques de données sur les conditions et les spécificités de chaque région et instaurer un partenariat
avec les intervenants dans le secteur pour la promotion de l’investissement local et régional.
-proposer toutes es mesures pouvant aider à la simplification des procédures administratives liées à
l’investissement et au développement agricole et rural.
1
Site de l’office de développement de la coopération au Maroc
(consulté le 30/01/2018):http://www.odco.gov.ma.
173
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
-encourager les agriculteurs et les éleveurs à s’organiser dans le cadre d’organisation professionnelle
pour défendre leurs intérêts,à développer leurs capacités internes et à instaurer un mode
d’organisation collégiale du processus de production et de commercialisation et jouer le rôle
d’intermédiaire entre eux et es professionnels et organisation étranger œuvrant pour le même but.
-réaliser des projets ,enquêtes sur le terrain et des études techniques d’intérêt général pour appuyer la
production agricole, le développement rural et la protection de la santé animale.
3-stratégies en faveur des OPA pour une agriculture durable
Au niveau de la DRA un service tout entier s’occupe de l’accompagnement des OPA, il s’agit du service
de relation avec la chambre d’agriculture et les organisations professionnelles agricoles dont la mission est
piloter l’organisation professionnelle agricole au niveau régional, le but est de centraliser la responsabilité
double liée à la promotion de cette organisation ,le renforcement de ses capacités et sont accompagnement
d’une part, et à la formalisation des engagements de ces OPA dans la réalisation du plan agricole régional
dans un cadre de partenariat et le suivi des partenariats avec les OPA.
Certes, Plusieurs stratégies en faveur des OPA à savoir :
3.1-donner la priorité à la professionnalisation de l’agriculture en pilier II
la petite agriculture dans la région oued noun est principalement de type polyculture-élevage caractérisant
l’agriculture de subsistance, la commercialisation ne concerne souvent que quelques produits particuliers,
latrès petite taille des exploitations agricoles est une caractéristique essentielle. Dans la zone saharienne et
montagneuse les exploitations de moins de 5 ha sont les plus dominées.
Partant de ces considérations et pour favoriser la dimension d’échelle, laprofessionnalisation de la petite
agriculture s’impose pour passer d’une stratégie de subsistance investissant très peu et soumise au différent
type de risque à une stratégie de croissance visant l’amélioration du revenu avec une dynamique
entrepreneuriale et d’investissement. Ce passage nécessite que les exploitations s’inscrivent dans une logique
de projet justifiant une rentabilité financière voire une viabilité économique de plus en plus exigée pour
l’éligibilité au financement de l’Etat dans le cadre du PMV.
Il en résulte que la professionnalisation de l’agriculture impose de s’organiser dans le cadre des OPA
permettant de réunir les producteurs individuels volontaires dans une démarche organisationnelle collective
pour atteindre le seuil économique et réussir la mise en marché. Cette approche de regroupement
économique inspire largement le plan Maroc vert .elle gagnera à être de type inclusif pour que les différentes
exploitations d’un terroir puissent adhérer au groupement collectif.
3.2-raisonner le choix des échelles de l’organisation professionnelle
l’organisation professionnelle agricole peut s’opérer à plusieurs échelles territoriales :le Douar peut être une
échelle pertinente pour la constitution de groupement de base de type associatif ou coopératif. Leur
regroupement à l’échelle d’une commune peut permettre de créer l’union de coopératives ou des
groupements d’intérêt économique qui peut avoir en charge la transformation et la commercialisation de
volumes suffisants pour intéresser des marchés extérieurs à la commune.
A l’instant des expériences vécu dans certains la provinces, la commune rurale jouer un rôle important en
mettant à disposition du foncier ainsi que des infrastructures et services facilitant la réalisation des unités de
production et conditionnement d’huile d’olive et d’Argane ,d’extraction et de conditionnement du miel et
valorisation des dattes ou du cactus. Ces unités peuvent jouer un rôle important de déclenchement de la
création de plus values ,de la professionnalisation de l’agriculture et la restructuration des filières.
Selon la dimension et la l’importance de la filière, des coopératives peuvent se regrouper dans le cadre
d’unions des coopératives ou GIE à une dimension plus élargie que la dimension communale et prendre
une échelle plus importantes qui permettront d’intervenir sur des marchés régionaux ,nationaux ,voire
internationaux et la réussite de montée en échelle .c’est le cas de la filière d’élevage (petits ruminant et
174
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
camelin).
3.3- promouvoirl’organisation du second ordre:création de GIE
Les organisations professionnelles de Second Ordre (OPSO)correspondent à des structures
organisationnelles d’une échelle supérieure du niveau local .Elles regroupent des organisations du premier
ordre telles des coopératives pour intervenir sur des maillions supérieurs de la chaine de valeur .il s’agit
généralement d’organisations visant l’intégration des marchés régionaux, nationaux ,voire internationaux et
la réussite de la montée en échelle de la filière, c’est le cas des GIE .
En effet ,dans un GIE ,l’objectif est de développer l’activité économique des ses membres et d’améliorer les
résultats de cette activité. Contrairement aux autres structures organisationnelles le GIE présente les
avantages suivant :
La souplesses d’adhésion au GIE qui demeure volontaire et qui peut s’ériger à partir de deuxpersonnes
morales quelque soit leurs statuts .En effet ,un GIE peut comprendre parmi ses membres des coopératives
,des associations et des sociétés par contre une Union de Coopératives ne peut être constitué que par des
coopératives .
Les avantages que présente le GIE sue le plan opérationnel dans la mesure où il est actuellement la seule
organisation qui , dès sa constitution dispose d’un certificat négatif, d’une patente et d’un registre de
commerce , ce qui lui confère la qualité d’acteur à plein droit sue les marchés local et international .
Le GIE peut se charger de la vente des produits de ses membres ,étant entendu que cette activité est le
prolongement de l’activité économique de ses membres .La coopérative se charge de la vente de la
production de ses membres .Par contre, il est interdit à une association de faire du commerce au nom de ses
membres .
Le GIE constitue un cadre juridique intermédiaire entre la société et l’association pour la mise en commun de
certains activités . il est constitué entre des personnes morales en vue de mettre en œuvre tous les moyens
propres à faciliter ou à développer l’activité économique de ses membres et améliorer ou accroitre les
résultats de cette activité .
3.4 -favoriser la mise en synergie des opa avec d’autres secteurs :le tourisme
Dans la vision de développement agricole du Pilier II, la création d’une synergie réussie entre
développement de l’agriculture et du tourisme est important . En effet les agriculteurs peuvent devenir les
premiers acteurs majeurs du développement du tourisme vert et le développement de l’agrotourisme
(création de gites dans les exploitations ,chambres et tables d’hôtes ,auberges, aires de camping ,…. ) peut
permettre d’augmenter le revenu agricole de nombreuses exploitations e favoriser la commercialisations des
produits locaux à qualité spécifique.
L’essor du tourisme dans les oasises de la région ouvre pour les agriculteurs de nouveaux marchés locaux
rémunérateurs , y compris pour les produits de base (dattes ,cactus ,céréales, légumes et fruits ,lait ,viande,
huile d’olive,….)qui pendant longtemps vont encore constituer l’essentiel des productions .Les touristes , de
retour dans leurs pays ,peuvent devenir des ambassadeurs des produits typiques de ces régions et contribuer
au développement d’un commerce équitable .
4-CONCLUSION
Dans le cadre du PMV, les organisations Professionnelles Agricoles dont les chambres d’agriculture
acquièrent un rôle important , en tant que partenaires formellement engagées dans la réalisation des projets et
l’atteinte des objectifs des PAR .Pour qu’elles soient fonctionnelles ,peuvent remplir les missions qui leur
sont assignées et contribuer à l’atteinte des ambitions affichés de la nouvelle stratégie ,la DRA est appelée à
se rapprocher Des avantage des OPA ,les accompagner et renforcer leurs capacités pour permettre une
agriculture durable.
La volonté de s’engager avec les partenaires professionnelles sur des objectifs claires du développement
agricole s’est manifestée à travers plusieurs réformes réorganisationnelles des acteurs :l’organisationdes
175
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
interprofessions et la mise en place des contrats programme .Ces réformes se sont accompagnées par un
renforcement de la réglementation traduisant la vision du PMV en termes d’encadrement du secteur
,d’amélioration de ses normes et d’appui aux agriculteurs.
Au niveau déconcentré ,tirer profit des réformes engagées ,du cadre réglementaire et des contrats
programmes reste largement tributaire des capacités de la DRA à mobiliser les partenaires régionaux (OPA
,Chambre d’agriculture, interprofession),les accompagner et les faire adhérer au processus de concrétisation
du PAR .Au niveau de la DRA ,cette mission est largement attribué au Service de Relation avec la chambre
d’Agriculture et les Organisations Professionnelles Agricoles qui a la charge de contribuer à la promotion de
ces OPA et le développement du partenariat autours des filières phares .
Références bibliographiques
Articles et rapports
D. Rousseliere et J. Iragael (2015). « A propos de la capacité à survivre des coopératives :une étude de la
relation entre âge et mortalité des organisations coopératives agricoles françaises»,HAL archives –ouvertes.
S.AHROUCH (2010). «Les coopératives au Maroc : enjeux et évolutions ».Revue internationale de
l’économie sociale .
S.Kouytchizki ,R.Mauget 2003. « Le développement des groupes coopératifs agricoles depuis un demi-
siecle»,Recma,n° 287 p.14-40 .
V.Chloé, E.Abdellaoui, P.Dugué et al (2015). «Apprendre à coopérer: un défi pour l’adhésion des
agriculteurs au plan Maroc vert»,Newmedit n°2 page 13-21.
Rapport et note du ministère d’agriculture marocaine 2014 à 2018.
Rapport de la monographie de la région Guelmimoued noun.
Ouvrages
D.Demoustier (2003). «L’économie sociale et solidaire».Paris, La Découverte, 216 p .
D.Guerraoui (1985). « Agriculture et développement au Maroc».casablanca,editions maghrébines .
M.Villeneuve (1971). « La situation de l’agriculture et son avenir dans l’économie marocaine». Paris, centre
national de la recherche scientifique.
web graphie
Site de l’office de développement de la coopération au Maroc (consulté le
30/01/2018):http://www.odco.gov.ma.
176
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
à l'aide des séries chronologiques qui sont très utilisées pour analyser et prévoir les résultats des politiques
économiques.
1- Revue de littérature : Investissements, production et croissance économique
1.1- Chronologie des courants de pensées économiques
La validation de l'impact global des investissements sur la production a généré une vaste littérature
économique.
Depuis les premiers développements théoriques de l'économie classique avec Adam Smith et David Ricardo,
l'accumulation du capital se fait par les investissements au sein des entreprises, ils prétendent par ailleurs que
ce capital subit une dépréciation permanente qui, à son tour, doit être compensée par
l'investissement.(Robert, B., Maynard, K. J., Robert, L., Karl, M., David, R., Baptiste, S. J., ... & Léon, W.
Les théories économiques.)
Le courant de pensée Keynésien, quant à lui, estime que l’épargne conservée auprès des banques est égale à
l'investissement, ce qui mène à dire que ce dernier est l'élément déclencheur de la production.1
Ce tournant de pensée macro-économique suggère que les profits réalisés décroissent en général avec le
capital fixe installé, ce qui veut dire que les investissements les plus prometteurs sont réalisés en premier.
Cela n'empêche que les investissements peuvent se poursuivre tant que le taux de rendement souhaité par les
entreprises reste supérieur au taux d'intérêt.(Robert, Les théories économiques)
Dans la théorie Keynésienne, le profit joue un rôle fondamental, ce qui explique le comportement des
entrepreneurs qui essayent de prévoir leurs taux de profit qui est le facteur clé de la prise de décision
d'investissement et donc de l'activité économique.
Pour résumer les propos de ce courant de pensée, selon Keynes, la production n'atteint son plafond que si le
taux de profit reste positif et la demande reste suffisante : Le multiplicateur Keynésien met en évidence le
lien entre le niveau de production et celui de l'investissement net. Ce dernier ne peut être entrepris que s'il va
accroître le niveau de production et que la demande est considérée suffisante.(Kabaka, P. I. (2016).
L'importance des dépenses d'investissement sur la croissance économique.)
L'étendu de la théorie générale de Keynes dans le temps est entrepris par les post-keynésiens (Harrod,
Domar) qui mettent l'accent sur le caractère instable de la croissance économique et suggèrent que tout
investissement a deux effets : Le premier à court terme où la demande globale est augmentée puisque les
biens de production sont sollicités, ensuite sur le long terme il permet d'accroître les capacités de production
et donc de l'offre (Hormis les investissements de remplacement), ce dernier effet est négligé volontairement
par la théorie générale qui ne se concentre que sur le court terme et sur la demande, effet qui dépend selon lui
du multiplicateur d'investissement.
La problématique de (Harrod, Domar) prolonge le raisonnement keynésien sur le long terme: ils veulent
déterminer les conditions d'un équilibre entre l'offre qui suscite l'investissement et la demande.
Dans les années 50-60, l’émergence du nouveau courant de pensée de la croissance économique exogène par
fondateur Solow a donné un tournant à l’étude et affirme que les économies vont atteindre un niveau ou
l'augmentation des facteurs de production n'engendrera plus une augmentation de la production, c'est ce que
nous appelons l'état stationnaire. Selon lui, la croissance n'est pas expliquée par le capital ou le travail mais
plutôt par le progrès technique qui reste cependant exogène au modèle et n'est pas expliqué.(Solow, R. M.
(1956). A contribution to the theory of economic growth. The quarterly journal of economics, 70(1), 65-94.)
Au début des années 90, l’apparition du nouveau courant de pensée de la croissance économique endogène a
donné un tournant à l’étude de la croissance économique et intègre le critère de durabilité. Le premier
modèle de Romer en 1986 fait ressortir une fonction de production incluant un nombre variable de
1 (http://www.comptanat.fr)
178
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
paramètres de la croissance. Nous identifions quatre facteurs principaux de la croissance à savoir les
rendements d'échelle, la recherche et innovation, le capital humain et l'intervention de l'état.(Diemer, A.
(1995). Theories of Endogenous Growth and Convergence Principle. Endogenous Growth and
Convergence]. MCF IUFM D'Auvergne, http://www. oeconomia. net/private/cours/croissanceendogene.
Pdf.)
L'ensemble de ces indicateurs doivent être mesurés et reliés avec le rythme de croissance.
1.2- Rôle de la disponibilité d'énergies dans la croissance économique
(Toman, M. A., & Jemelkova, B. (2003). Energy and economie development: An assessment of the state of
knowledge. The Energy Journal, 93-112) confirment dans leur article qu'ils existent plusieurs canaux par
lesquels une disponibilité accrue de l'énergie pourrait augmenter la productivité. Ces mécanismes de
transmission diffèrent selon le stade de développement du pays.
Dans les pays industrialisés par exemple, une disponibilité et une flexibilité accrues de l'énergie peuvent
faciliter l'utilisation des machines plus modernes et augmenter ainsi le ratio capital/travail effectif qui va à
son tour augmenter la productivité.
La fiabilité accrue des services énergétiques est un autre élément clé de la qualité encore une fois, surtout
pour l'électricité : Si la fourniture de l'électricité est améliorée par une fiabilité accrue, les blocages de
capitaux dans les générateurs de secours par exemple peuvent être évités.
Dans les pays moins développés, la disponibilité de l'énergie à un bon prix favorise la productivité du capital
humain et étend la durée de journée du travail.
La disponibilité de différents types de services énergétiques tend également à améliorer la santé et par
conséquent la productivité des employés.(Toman, Energy, p.93-112)
(Ezzati, M., & Kammen, D. M. (2002). Household energy, indoor air pollution, and health in developing
countries: knowledge base for effective interventions. Annual review of energy and the environment, 27(1),
233-270.) ont évoqué également que l'augmentation de la disponibilité des énergies propres ou renouvelables
permet :
- l'amélioration de la qualité de l'air
- - l'accès à une eau potable plus sûre
- - la réduction des maladies d'origine alimentaire
- - la fourniture des services de santé à domicile dans lesquels l'énergie est évidente
Une plus grande disponibilité de l'énergie dans n'importe quel pays interagit positivement avec l'amélioration
des infrastructures, des réseaux routiers et des moyens de télécoms.
Nous concluons que la disponibilité de l'énergie pourrait affecter de manière disproportionnée les
développements et favoriser l'indépendance énergétique.
Les auteurs notent toutefois que la littérature pertinente sur le sujet est assez limitée et il était difficile de
séparer les diverses influences dans l'étude pour voir comment l'énergie pourrait exercer un rôle distinct des
autres influences, ce qui souligne l'importance d'une analyse économique globale.
Cependant, (Bretschger, L. (2009). Energie et croissance. La lettre de l’AFSE, 74, 15-18.), affirme qu'une
''rareté'' de l'énergie ou la réduction de sa consommation n'est pas toujours défavorable pour la croissance
économique et qu’à long terme elle peut agir positivement sur le développement.
En résumé, on peut prédire que les investissements devraient augmenter significativement si l'énergie devient
rare (et plus chère). A long terme, une réduction d'énergie a un effet positif sur la création de capital
physique et de savoir, ce qui favorise la croissance si l'accumulation de capital est dynamique.(Bretschger,
Energie et croissance, p.15-18)
179
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
2-Transition énergétique :
2.1- Contexte et besoin de la transition énergétique
Le choc pétrolier de 1973 qui a engendré une envolée du prix des hydrocarbures a attiré l'attention sur une
possible pénurie d'énergie, d'où la prise de conscience collective de la nécessité d'un nouveau modèle de
développement.
Tandis que la plupart des modèles d'approvisionnement et de consommation d'énergie sont non-
renouvelables, cet élément déclencheur a poussé les pays développés à se tourner vers les énergies
alternatives.
Les régions au monde qui n'ont pas un approvisionnement en énergie fiable et sécurisé sont nombreuses, ce
qui constitue une limite pour le développement économique. Encore un tiers de la population mondiale
dépend des combustibles et de l'énergie des animaux, d'autres n'ont même pas accès l'électricité.
D'un autre côté, pour atteindre un développement dit durable, les préoccupations environnementales
devraient être abordées et les efforts doivent être consacrés à la découverte de ressources
impérissables.(Dincer, I. (2000). Renewable energy and sustainable development: a crucial review.
Renewable and sustainable energy reviews, 4(2), 157-175.)
L’effet de serre est pratiquement le problème environnemental le plus important en rapport avec l’utilisation
de l’énergie.
Les énergies renouvelables semblent être la solution la plus intéressante parmi les diverses solutions
potentielles aux problèmes environnementaux.
Etant donné l'augmentation de la population mondiale de plus de 1,2%, le besoin en énergie est de plus en
plus intensifié.
(Dincer, Renewable energy, p.157-175) prétend que la demande en énergie primaire devrait augmenter de
1,5 à 3 fois plus qu'aujourd'hui et simultanément les préoccupations environnementales liées à l'énergie vont
augmenter.
2.2-Energies renouvelables et croissance économique : Liens théoriques avec le PIB
Chien et Hu (2008) ont construit un modèle d'équations structurelles qui valide la relation positive entre les
énergies renouvelables et le PIB : Ils ont déduit qu’une augmentation de l’utilisation de l’énergie
renouvelable améliore l'efficacité de l'économie contrairement à l'énergie fossile.(Jammali, D.,& Liouane, N.
(2017). Energies Renouvelables, Efficacité Energétique Et Croissance Verte En Tunisie. International
Journal of Scientific Research & Engineering Technology, Vol.5 pp.32-47 )
Sadorsky (2009) confirme qu’à long terme, une augmentation de 1% du revenu réel par habitant a augmenté
la consommation d'énergie renouvelable par habitant d’environ 3,5% pour ces économies.
D'autres empiriques se sont penchés vers l'analyse de la relation directe entre la consommation des énergies
renouvelables et le PIB, la plupart d'entre eux ont conclus l’existence d'un lien de causalité (Apergis et
Payne, 2010 ; 2011 ; Apergis et al., 2010 ; Tugcu, Ozturk et Aslan, 2012 ; Al-mulali et al., 2013, A. Omri et
al.,2015, R. Inglesi-Lotz 2016.,).
N. Apergis et J.E. Payne (2011) ont étudié la relation entre l’énergie électrique renouvelable et non-
renouvelable et le développement économique pour 16 pays émergents, leurs résultats indiquent une relation
dans un sens entre le PIB et la consommation électrique renouvelable à court terme et dans les deux sens sur
le long terme (Salaheddine, S. H., & Mohammed, M. (2018) Etudier l’Impact des Energies Renouvelables
sur le Facteur Economique du Développement Durable en Algérie: Essai de Modélisation.)
C.T. Tugcu et al (2012) ont conclus également une relation de causalité dans les deux sens entre le PIB et la
consommation d’énergie renouvelable et non renouvelable pour le panel étudié.
E. Yildrim et al (2012) ont affirmé pour le cas des USA une seule causalité bidirectionnelle entre la
180
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
consommation de la biomasse et le PIB, mais pas entre les autres dérives des énergies renouvelables.
En aval, Abanda et al. (2012) ont mesuré la corrélation entre la production des énergies renouvelables et la
croissance économique dans plusieurs blocs du continent africain. Ils ont déduit l’existence d’une corrélation
positive entre les deux variables dans l'ensemble des pays sauf pour l'Afrique australe où la corrélation est
négative.(Salaheddine,Etudier l’Impact des Energies Renouvelables)
Les études de M.S.B Aïssa et al (2014) et M.B. Jebli et B.Y. Slim (2015) qui ont examiné la relation entre la
consommation des énergies renouvelables, le commerce et la production économique dans plusieurs pays,
ont conclus qu'il n'y a pas de causalité entre ces variables sur le court terme, cependant M.B. Jebli et B.Y.
Slim (2015) ont conclu une causalité bidirectionnelle entre les 2 variables sur le long
terme.(Salaheddine,Etudier l’Impact des Energies Renouvelables)
Ozturk et Bilgili (2015) ont examiné la littérature sur les effets de la biomasse et ont constaté d'après une
étude des panels dynamiques qui inclut 51 pays africains qu'une augmentation de 1% de la biomasse
augmenterait le PIB de 0,82% dans ces pays.(Bilgili, F., & Ozturk, I. (2015). Biomass energy and economic
growth nexus in G7 countries: Evidence from dynamic panel data. Renewable and Sustainable Energy
Reviews, 49, 132-138.)
(Bhattacharya, M. , Paramati, S. R., Ozturk, I., & Bhattacharya, S. (2016). The effect of renewable energy
consumption on economic growth: Evidence from top 38 countries. Applied Energy, 162, 733-741) ont
également établi un lien de causalité bidirectionnelle entre la consommation des énergies renouvelables et la
croissance économique pour 18 pays émergents
M. Kahia et al (2016) ont trouvé dans le cas de deux groupes des pays du MENA qu'une augmentation de 1%
dans la consommation des énergies renouvelables va accroître le PIB de 0,058%.
La majorité des études qui ont suivi en 2017 (F. Amri, D.S. Armeanu et al, M. Kahia et al, A.A. Rafindadi et
I. Ozturk) ont établi des relations entre production, utilisation ou consommation des énergies renouvelables
et le PIB.(Salaheddine,Etudier l’Impact des Energies Renouvelables)
Ci-dessous, un tableau de littérature résumé par (Bhattacharya, M. et al 2016) qui présente les résultats des
études effectués sur le lien entre les énergies renouvelables et le PIB
181
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
la croissance économique (Mesuré par le PIB dans la quasi-majorité des études) à long terme.
Cependant, la voie de la recherche reste ouverte à des explorations au niveau d'autres pays.
Références Bibliographies :
Bhattacharya, M., Paramati, S. R., Ozturk, I., & Bhattacharya, S. (2016). The effect of renewable energy
consumption on economic growth: Evidence from top 38 countries. Applied Energy, 162, 733-741.
Bilgili, F., & Ozturk, I. (2015). Biomass energy and economic growth nexus in G7 countries: Evidence from
dynamic panel data. Renewable and Sustainable Energy Reviews, 49, 132-138.
Bretschger, L. (2009). Energie et croissance. La lettre de l’AFSE, 74, 15-18.
Diemer, A. (1995). Théories de la Croissance endogène et principe de convergence. Croissance Endogene et
Convergence. Theories of Endogenous Growth and Convergence Principle. Endogenous Growth and
Convergence]. MCF IUFM D'Auvergne, http://www. oeconomia. net/private/cours/croissanceendogene. pdf.
Dincer, I. (2000). Renewable energy and sustainable development: a crucial review. Renewable and
sustainable energy reviews, 4(2), 157-175.
Jammali, D.,& Liouane, N. (2017). Energies Renouvelables, Efficacité Energétique Et Croissance Verte En
Tunisie. International Journal of Scientific Research & Engineering Technology, Vol.5 pp.32-47
Kabaka, P. I. (2016). L'importance des dépenses d'investissement sur la croissance économique.
Omri, A. (2016). Analyse de la transition vers les énergies renouvelables en Tunisie: Risques, enjeux et
stratégies à adopter (Doctoral dissertation, Université llCôte d'Azur). P
Robert, B., Maynard, K. J., Robert, L., Karl, M., David, R., Baptiste, S. J., ... & Léon, W. Les théories
économiques.
Salaheddine, S. H., & Mohammed, M. (2018) Etudier l’Impact des Energies Renouvelables sur le Facteur
Economique du Développement Durable en Algérie: Essai de Modélisation.
Solow, R. M. (1956). A contribution to the theory of economic growth. The quarterly journal of economics,
70(1), 65-94.
Toman, M. A., & Jemelkova, B. (2003). Energy and economie development: An assessment of the state of
knowledge. The Energy Journal, 93-112.
Sites web :
www.comptanat.fr (Francis Malherbe )
182
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
zones protégées est impossible pour des raisons socioéconomiques ou politiques. Ils sont plus simples à
administrer et ils prévoient une gamme plus flexible d’utilisations des terres et d’activités extractives qui
favorisent tant le développement économique que la protection de l’environnement.
Le premier défi dans l’élaboration d’un système de PSE consiste à définir, mesurer et quantifier les services
environnementaux recherchés. Cela exige des connaissances scientifiques approfondies et une consultation
des parties intéressées, afin de déterminer quels services attireront la participation des bénéficiaires. Le plus
important est d’identifier les services exigés et les bénéficiaires intéressés, puis de déterminer les niveaux de
service recherchés.
La mise en place d’un système de PSE exige également la création d’un mécanisme de financement qui
permettra de recueillir et de gérer l’argent versé par les bénéficiaires. En théorie, le prix payé par les
bénéficiaires ne devrait pas dépasser la valeur des services fournis. Donc, l’estimation de la valeur des
services environnementaux constitue un des plus gros défis de la mise en place des systèmes de PSE. Ce
processus d’évaluation nécessite une analyse économique et de vastes consultations auprès des bénéficiaires
afin de déterminer des contributions qui sont, d’une part, acceptables à leurs yeux et, d’autre part,
suffisamment élevées pour financer le système de PSE et la prestation des services environnementaux
recherchés. Un des grands objectifs des systèmes de PSE est de générer un apport stable et continu de
revenus qui assureront la pérennité du système. Les revenus peuvent provenir des plusieurs sources : taxes,
redevances ou droits d’utilisation, subventions publiques, contributions directes, subventions ou prêts
consentis par des institutions internationales, dons d’ONG ou de fondations internationales.
PRESENTATION DE LA RBA
L’application de ce programme se réalisera à la réserve de biosphère de l’Arganeraie (RBA) , un territoire
unique au sud du Maroc. Elle a décrochée ce statut en 1998 grâce à son écosystème, sa forêt d’arganier
unique au monde et les multiples activités socioculturelles Amazighes qui en découlent. La RBA regorge de
potentialités touristiques naturelles, humaines et culturelles.
En effet, l’arganeraie ou forêt d’arganiers est une espèce qui a une valeur forestière, fruitière et fourragère
unique autour de laquelle s’est développé un système socioculturel complexe et particulièrement bien
adapté à la mise en valeur durable du milieu et aux sociétés locales.
Cet arbre est également le symbole de la lutte contre la désertification et l’érosion et participe pleinement au
développement local des communautés autochtones voire, dans certains cas, à leur survie.
23.3% de la superficie totale, entourant les aires centrales ou y sont juxtaposés, sont désignées selon des
critères spécifiques liés notamment à la place de l’arganier et son rôle dans la protection environnementale et
dans le développement socio- économique. Ces zones tampons sont consacrées à des activités durables
(écotourisme, recherche...) ; Les activités humaines (agriculture, artisanat, tourisme), quant à elles sont
développées dans la zone C qui s’étale sur 76% de la superficie de la RBA.
Au fil de la longue histoire de la région, nombreux ont été les spécialistes, toutes disciplines confondues, qui
se sont intéressés à l’arganier. Cet arbre a été évoqué pour la première fois par les géographes et médecins
arabes au Xème siècle cités par Ali ibn Rodhouan, puis au XIème par El Bakri et au XIIème siècle par El
Idrisi. En 1219, le célèbre médecin Egyptien Ibn Al Beitar dans son « Traité des simples » a cité l’arganier
en l’appelant « Ardjàn ». Il a précisé d’ailleurs que l’huile de herdjàan que les Amazighs du Maroc appellent
ardjàn ou argane est très estimé par les habitants. En 1515, Jean-Léon l’Africain (Hassan Ben Mohamed Al
Ouazan) a évoqué l’importance de la forêt de l’arganier et surtout son huile qui est utilisée pour «
l’alimentation et l’éclairage ». En 1791, Hosst parle de l’utilisation de l’huile d’argane pour la
fabrication de savon surtout à Marseille. En 1801, Schousboe publie ses observations sur la flore au Maroc
et notamment l’arganier. Plusieurs autres auteurs vont par la suite compléter les caractéristiques
morphologiques de cette espèce.
Depuis les années 70, les chercheurs marocains ont commencé à s’intéresser à la forêt d’arganier et son
186
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
huile. Ainsi, des centaines de parutions scientifiques ont vu le jour entre 1970 et 2005. Cela a été possible
grâce à l’appui de plusieurs
usieurs bailleurs de fonds internationaux vu l’intérêt que suscite l’huile d’aragne au
niveau international. En plus de plusieurs chercheurs étrangers notamment de l’Europe. Nous comptons
aujourd’hui plus d’une quarantaine de chercheurs marocains représent
représentant
ant plusieurs institutions de recherche
qui travaillent sur l’huile d’aragne, l’arbre d’arganier et l’arganeraie.
l’arganeraie.Kenny
Kenny et al. (2007) :«Atlas de l'arganier
et de l’arganeraie»
La RBA est un territoire historiquement riche en patrimoine socioculturel où l’on retrouve l’influence de
plusieurs civilisations et cultures diverses qui ont marquées la région de leur empreinte. Ce patrimoine peut
être classé en deux grandes catégories : matériel et immatériel.
Nous pouvons évoquer l’essentiel du patrimoine immatérie
immatériell en particulier celui qui pourrait être valorisé au
niveau touristique, et plus particulièrement écotouristique, notamment lepatrimoine religieux. La région a
toujours été connue par la multiplicité des centres d’enseignements religieux appelés « Al Madariss
Madar Al Attika
», qui en plus de leur rôle d’enseignement religieux sont aussi attractifs et renommés pour l’attractivité «
scientifique » du territoire. Parmi les institutions religieuses dominantes dans la région, on cite les « zaouias
» qui, le plus souvent,
ent, abritent un marabout réputé ou le tombeau d’un saint vénéré.
En terme de patrimoine matériel, l’architecture traditionnelle amazighe est un modèle d’adaptation et
d’intégration de la population à son environnement. Les matériaux de base sont généralement
généralem la pierre sèche
ou la terre crue qui donne une architecture puissante et massive. Les réalisations architecturales les plus
connues sont les maisons amazighes locales, les greniers collectifs (agadir au singulier, igoudar au pluriel),
les kasbahs, , les
es gravures rupestres et les anciens ouvrages hydrauliques.
Carte Répartition de l’arganeraie (HCEFLCD. Maroc 2008)
pour leur part, des besoins économiques réels et immédiats. Ils vont continuer à utiliser leurs terres
forestières pour diverses activités économiquement, mettant ainsi en danger l'existence de paysages naturels
et de la biodiversité qui sont les principales attractions touristiques au niveau de la région Souss Massa.
Les produits proposés par les PSE seront donc l’écotourisme, le géotourisme et le programme de
préservation du patrimoine naturel et cuturel.
Les acheteurs de services environnementaux seront bénéficiaires et utilisateurs de certains services
environnementaux. Ce sont principalement les touristes individuels qui consomment biens et services (valeur
socio-culturelle des SE), les entreprises touristiques et hôtelières (profits et valeur économique directe). Les
acheteurs peuvent être aussi les organisations qui financent l’amélioration de la fourniture des services
écosystémiques pour le compte des touristes (Office National Marocain du Tourisme, l e Conseil Régional
du Tourisme, le Réseau de Développement du Tourisme Rural …).
Les vendeurs sont essentiellement les propriétaires et les gestionnaires de ressources notamment les ayant-
droits de l’arganier, les associations locales, les coopératives féminines d’argan, les Eaux et forêts, les
propriétaires fonciers institutionnels, les ONG environnementale...
En fait, les vendeurs peuvent tout aussi bien être des propriétaires fonciers que les gestionnaires des
ressources ou des groupes organisés agissant collectivement. Il sera question également de savoir quelle
utilisation des ressources (foncières) pourrait améliorer la fourniture des SE c’est-à-dire avec une plus grande
compatibilité avec la conservation de la biodiversité et de la beauté des paysages (Nelson et al., 2010).
Dans la RBA, cinq types d'acteurs peuvent être susceptible de conclure un accord pour PSE :
- Les touristes, lesTO et agences de voyages : ce sont les premiers bénéficiaires de la beauté des
paysages car c’est un argument fort de la vente des excursions et circuits touristiques dans la RBA. Il est
possible de transférer une partie des coûts du PSE à l'utilisateur final. Un prix des circuits légèrement
plus élevé ne serait pas un facteur susceptible d’influencer la décision des touristes. Toutefois, quand le
système des PSE sera mis en place, il deviendra indispensable de communiquer d’une façon claire aux
visiteurs sur son existence, ses modalités de fonctionnement et son utilité. Cela participera aussi à une
sensibilisation des touristes à l’environnement et aux nouveaux outils de conservation...
- Les hébergements ruraux : Etant donné que ces structures sont situées à proximité de sites naturels,
elles ont une prise en compte forte de la question environnementale, cela constitue un atout pour la mise
en place des PSE. Ces derniers seraient un argument de promotion supplémentaire pour leurs structures
via une certification PSE.
-Autres prestataires de services touristiques : Dans la RBA, plusieurs autres fournisseurs de services
touristiques devraient être impliqués dans le système PSE. Il s’agit des structures qui commercialisent
des activités récréatives et de découverte comme le surf, les randonnées et trekking, le parapente. Le
nombre de ces entreprises évoluent rapidement ce qui élargira de façon considérable l’assiette financière
potentielle des PSE.
Les intermédiaires sont indispensables pour garantir la réussite du système PSE. La délégation de tourisme,
le CRT, le RDTR, L’ANDZOA, le conseil régional Souss Massa et le Haut Commissariat aux eaux et Forêts
et à la Lutte Contre la Désertation pourraient intervenir à plusieurs niveaux notamment dans:
- La mise en relation acheteurs et vendeurs ;
- L’aide aux vendeurs à évaluer les services environnementaux à leur juste valeur ;
- L’identification des interventions de gestion des ressources spécifiques qui fourniront la prestation de
services;
- La gestion des activités liées à la mise en œuvre des PSE (surveillance, contrôle, certification etc.).
En effet, la formulation d’un plan de PSE fait face à une multitude de contraintes. L’identification des
188
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
services potentiellement recherchés par les utilisateurs/bénéficiaires, requiert souvent une connaissance
approfondie du système ainsi que des consultations avec les parties prenantes concernées car il faut
identifier quels services sont recherchés, par quels bénéficiaires, et à quel niveau. En outre, il est
primordiale de savoir que les PSE ne sont possibles que si la demande pour les SE existe pour pouvoir
engendrer un flot stable et continu de recettes et assure la durabilité à long terme des plans de PSE, pour
ce faire, il faut diversifier les services.
Concernant ces derniers, notre proposition (non finale) est :
-la résolution des problèmes des déchets ;
-l’amélioration de l’accès desservant la RBA ;
-la structuration de l’activité économique développée autour du site;
-l’information touristique notamment en ce qui concerne les panneaux de signalisation et
d’interprétation ;
- la surveillance et gestion des espaces d’arrêt et de parkings ;
- la valorisation des valeurs écologiques et culturelles de la RBA ;
-l’amélioration de la qualité des sentiers pédestres ;
-l’organisation du service guidage ;
-le renforcement des capacités des acteurs locaux et des prestataires touristiques ;
-la mise en place un hébergement touristique en plein air.
Cette tentative de donner une valeur monétaire à une action d’amélioration de l’environnement et d’éviter
une dégradation est une tâche difficile et controversée.
Nous avons tenté de l’appliquer sur « les acheteurs » potentiels de SE, notamment les touristes. Il existe une
approche standard en économie, une approche normative qui permet de sélectionner les mécanismes qui sont
socialement efficaces maximisant le bénéfice net de l’ensemble de la société, il s’agit du consentement à
payer (CAP) que nous avons évoqué auparavant. Dans notre cas, le CAP moyen prédit par le modèle
statistique sur échantillon unique de 140 personnes a démontré que les touristes sont prêts à payer en
moyenne une fourchette allant entre 30 DH à 40 DH pour la mise en place du programme de conservation.
CONCLUSION
Prétendre mettre une idée en pratique sans passer par le point de vue de ses acteurs, c’est essayer de résoudre
une équation à plusieurs paramètres sans utiliser des variables. Pour ce faire, nous avons contacté les
décideurs locaux dans la région, notamment la Commune d’Ameln et le Réseau de développement du
Tourisme Rural (RDTR). Nos premiers abords nous ont démontrés les efforts déployés par ces deux entités
dans le cadre de la gestion du tourisme durable dans le périmètre étudié. Des efforts qui peuvent être
considérés parallèles à notre vision du projet PSE qui a pour objectif le respect, la préservation et la mise en
valeur des ressources patrimoniales- naturelles, culturelles et sociales d'un territoire à l'attention des touristes.
Notre étude montre bien la possibilité de l’élaboration d’un modèle de PSE dans le site naturel de la RBA.
Toutefois, ce modèle doit être riche et élaboré par les décideurs locaux et la population touristique dans
l’esprit de développement des produits touristiques et de sauvegarde de la biodiversité au sein de cette
réserve naturelle.
Les touristes manifestent plus souvent l’intention de payer pour les sites naturels via une taxe de séjour.
L’application du principe de paiement pour les services environnementaux susceptibles d’allouer le
financement nécessaire aux frais de gestion et la mise en place du programme de conservation est donc une
alternative considérable.
189
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
BIBLIOGRAPHIE
- Aboutayeb H, (2011). « Tourisme durable dans la réserve de biosphère de l’arganeraie au maroc », éditions
universitaires européennes, 156 pages agence de développement social.
- ABOUTAYEB H, (2014). « Mise en pratique de tourisme durable : cas de l’ecolodge atlas kasbah dans la
reserve de biosphere de l’arganeraie ».
- Azerhoun M.(2016) :la réserve de Biosphère de l’Arganeraie : défis et enjeux de préservation de
l’écosystème arganier. Acte du forum international: payement pour les services écosystémiques. Agadir,
Maroc
- Benabid A, Fennane M (1994) : Connaissances sur la végétation du Maroc. Phytogéographie,
phytosociologie et séries de végétation. Lazaroa
- Bourchich ;N, Ezaidi A.et Kabbachi B (2016) : Faisabilité du système PSE lié à la géodiversité au niveau
du pays d’accueil touristique d’Imouzzer Ida Outanane. Région Souss-Massa. Acte du forum international:
payement pour les services écosystémiques. Agadir, Maroc
- Buttoud G, Benchekroun F., 1989, L’Arganeraie dans l'économie rurale du sud-ouest marocain,
Association Forêt Méditerranéenne, 14 rue Louis Astouin, 13002 Marseille, France
-Haux Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertation. Maroc 2008
- El Fasskaoui, B (2009) : Fonctions, défis et enjeux de la gestion et du développement durables dans la
Réserve de Biosphère de l’Arganeraie (Maroc). Études caribéennes, n.12
- Engel S., Pagiola S., Wunder S., 2008, Designing payments for environmental services in theory and
practice: An overview of the issues. Ecological Economics
-Karel M, Marc P (2004) : Le paiement pour les services environnementaux : Étude et évaluation des
systèmes actuels.Unisfera, Montréal.
- Pagiola S, Bishop J, Landell-Mills N (2004): Marchés de droits et environnement.
190
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Enjeux stratégiques de la RSE des PME marocaines labellisées: Une approche par la vision des dirigeants
..................................................................................................................................................................193
Contribution à la compréhension des effets des signes d’origine et de qualité (SDOQ) sur la décision d’achat
des produits de terroir ...............................................................................................................................225
Impact des pratiques de développement durable sur la performance globale de la chaine logistique de la
filière agro-halieutique ..............................................................................................................................241
L’impact des labels sur la performance commerciale des coopératives Marocaines : Cas d’une Coopérative
de la région d’Essaouira .............................................................................................................................250
Samira ELFARRI, Doctorante, Laboratoire de Recherche en Entrepreneuriat, Finance et Audit (LAREFA),
ENCG, Université Ibn Zohr Agadir, Maroc
L’étude de l’impact de la RSE sur l’attachement des salariés. Cas des entreprises labellisées ....................258
Abdelkbir ELOUIDANI, Professeur chercheur en Sciences de Gestion, FSJES, Université Ibn Zohr Agadir,
191
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Hajar KARIM, Doctorante en Sciences de Gestion, FSJES, Université Ibn Zohr Agadir, Maroc.
La prise de la relève des PME familiale par le genre et l’empowerment des femmes ................................266
Jean Renaud,Chercheur associé au laboratoire ICube UMR-7357, Professeur à l’INSA Strasbourg, ICube
UMR-7357, INSA, 24 Boulevard de la Victoire, Strasbourg, France
192
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
193
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
194
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Une multitude derecherchesa montré l’impact des réalités locales sur la stratégie RSE des PME (Biwolé,
2014 ; Coppa et Sriramesh, 2013 ; Elbousserghini et al., 2016 ; Hattabou et Louitri, 2011 ; Spence et al.,
2011 ; Turki, 2014 ; Vives, 2006). Il est donc essentiel de s’attarder sur la culture locale, qui s’entend ici
comme une caractéristique de l’environnement local de l’entreprise au sens de Biwolé (2014). L’auteure met
l’accent sur la culture nationale et la religion d’un pays et sa détermination de l’idéologie économique. Il est
donc impératif de s’intéresser aux spécificités du contexte local avant de s’attarder sur les problématiques
managériales, afin de pouvoir appréhender correctement le phénomène de la RSE dans les PME. Les
résultats des recherches de D’Iribarne (2008) sur le management dans les pays du Sud s’inscrivent dans la
même veine. Ils recommandent d’appliquer, pour chaque contexte culturel, une approche du management
adaptée à la conception de l’homme et de la société qui domine localement. Nous tentons ainsi d’explorer la
réalité marocaine quant aux questions du DD et de la RSE dans les PME. Pour ce faire, nous avons adopté
une démarche de contextualisation (Sahraoui, 2011 ; Louitri et Sahraoui, 2014) afin d’adapter au mieux les
grilles de lecture issues majoritairement des chercheurs occidentaux au contexte marocain.
1- Méthodologie de contextualisation
Notre démarche de contextualisation consiste à identifier certaines spécificités culturelles pour mieux cerner
la question de RSE en PME marocaines. La méthodologie de contextualisation est fondée sur la théorie des
représentations sociales afin de « comprendre comment une société « pense » à propos d’un domaine, d’un
objet déterminé, à partir de la façon de voir et de penser des membres de la société. » (Louitri et Sahraoui,
2014, p.91). La représentation sociale est présentée par Abric (1994) comme un noyau et ses éléments
périphériques susceptibles de changer. Louitri et Sahraoui (2014) considèrent cette voie comme extrêmement
intéressante dans l’étude du contexte du fait qu’il soit en perpétuel mouvement. En s’appuyant sur les
principes de cette théorie, les auteurs recommandent de procéder par des entretiens semi-directifs avec
différents experts marocains. Dans cette optique, nous avons mené des entretiens semi-directifs avec neuf
experts marocains de différents domaines pour cerner la spécificité de la réalité du DD et de la RSE au
Maroc. Les guides d’entretien débutent par une phase générale qui concerne le domaine de compétence de
l’expert et sa relation avec la thématique du DD et de la RSE. Ensuite, les questions s’orientent vers des
dimensions spécifiques qui relient le domaine d’expertise de l’interviewé avec l’entreprise, et spécialement
la PME, son dirigeant et ses pratiques RSE (le détail des guides d’entretien est présenté en annexe). Pour
apporter des éléments de réponse à nos questionnements, nous nous sommes dirigés vers cinq catégories
d’interlocuteurs choisis en fonction de leur expertise dans le domaine. Les experts interrogés sont les
suivants :
- Le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) est un organe constitutionnel qui donne
son avis sur les orientations générales de l’économie marocaine et du développement durable. Il était
donc indispensable de contacter ses membres permanents. Nous avons interrogé un membre
permanent de la catégorie des organisations et associations professionnelles et un expert permanent de
la commission environnement.
- Pour ce qui est du cadre législatif marocain, il a connu un fort développement et plusieurs réformes
en faveur du DD (les droits de l’Homme, le code du travail, les droits de consommateurs, les lois
environnementales, les lois de lutte contre la corruption, la gouvernance, les règles de concurrence…).
Nous nous sommes donc rapprochés d’un juriste.
- La CGEM (Confédération Générale des Entreprises Marocaines) est l’unique organisme habilité à
concevoir et à décerner un label RSE depuis 2006 au Maroc. L’institutionnalisation de la RSE au
Maroc a démarré avec le lancement de ce label, il était alors incontournable d’interroger un
responsable de la Commission RSE et label de la CGEM.
- Les consultants en management sont connus par leur adaptation aux situations problématiques
inédites à partir d’une synthèse de connaissances (Raymond et al., 2003). Ils possèdent généralement
un œil critique de théoriciens et l’expertise nécessaire des hommes de terrain. Leur vision du DD et de
197
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
la RSE en PME marocaines est indispensable. Nous avons ainsi interrogé deux consultants en RSE : le
Directeur Général d’un cabinet international d’évaluation de la conformité et de la certification (RSE,
qualité…), et un Directeur de la filiale marocaine d’un cabinet d’audit, d’étude et de conseil en
développement durable.
- Le fort ancrage de la PME dans sa société ainsi que l’encastrement territorial qui caractérise la RSE
des PME nous a incités à rencontrer deux chercheurs en sociologie.
- Le fait que la religion musulmane soit partie prenante de la société marocaine, et que la thématique
de la RSE en PME soit aussi ancrée dans la réalité locale d’une part, et les soubassements religieux de
la RSE d’autre part, impose d’éclairer la relation entre les fondements de la religion musulmane et la
RSE en PME. Nous avons donc mené un entretien avec un chercheur en islamologie.
Les entretiens ont duré entre 40 et 100 minutes. Ils ont été enregistrés, retranscrits et analysés par
thématiques par la technique du codage avec le logiciel Nvivo 7. Nous avons procédé à une triangulation des
données (Wacheux, 1996), entre les données secondaires issues des travaux antérieurs portant sur le Maroc
(revues de presse, sites internet, rapports officiels…) et les données primaires issues de nos entretiens.
2- Etat des lieux du DD et de la RSE des entreprises marocaines
Cette étude de contextualisation nous a permis de dresser un état des lieux de la RSE au Maroc qui se fonde
sur trois axes principaux : les politiques publiques en faveur du DD et de la RSE, l’institutionnalisation de la
RSE et la société marocaine et le DD (tableau 1).
Tableau 1 : Etat des lieux du DD et de la RSE au Maroc
Les politiques - Engagement intensifié depuis le début des années 2000
publiques en faveur du - Ratification des textes internationaux
DD - Promulgation du nouveau code de travail en 2004
- INDH (Initiative Nationale pour le Développement Humain) lancée en
2005
- Promulgation d’une loi pour les énergies renouvelables afin de répondre à
l’impératif du respect de l’environnement.
- Mise en place d’un ministère délégué chargé de l’environnement en 2013
Institutionnalisation de - Le discours royal aux Intégrales d’investissement en 2005 a clairement
la RSE invité les entreprises marocaines à être responsables, ce qui représente la
naissance institutionnelle de la RSE au Maroc
- Le lancement du label RSE de la CGEM en 2006
- Un label universel, adapté à toute entreprise, quel que soit sa taille, sa
région d’implantation, son secteur d’activité…
- Il répond aux problématiques sociales saillantes (égalité des genres,
insertion des personnes aux besoins spécifiques…)
- La CGEM assimile la démarche RSE à une approche d’amélioration
continue, notamment pour les PME
- La CGEM signalise l’existence de confusion entre la philanthropie et la
RSE chez les dirigeants marocains
La société marocaine et - Discours relatif au DD et à la RSE adopté par « une élite sociale »
le DD influencée par le développement occidental relatif à la thématique
- Le Marocain vit dans des contraintes, principalement économiques, qui
l’empêchent de penser à l’environnement
- Malgré la modernité observée dans la société, on ne peut parler de valeurs
sociales au Maroc en dehors de la religion, où les principes de DD et de
RSE sont omniprésents
- Certains Marocains, malgré leur niveau intellectuel modeste, adoptent des
pratiques prouvant leur intérêt aux questions de DD par conviction
religieuse.
Le Maroc a ratifié des lois et des textes internationaux relatifs au développement durable et à la RSE. C’est
198
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
ainsi qu’une institutionnalisation de la RSE a émergé dans le pays. Sauf que l’influence de ces institutions est
jugée insuffisante, notamment sur les PME, qui n’appliquent que faiblement les lois et textes ratifiés.
Parallèlement, les institutions informelles de la RSE à savoir les normes sociales, la culture ou encore la
religion, jouent un rôle important dans l’intégration de la RSE dans les PME. Celles-ci, souffrant souvent de
contraintes économiques, adoptent généralement une RSE sous forme de pratiques liées à la bienfaisance, à
la philanthropie et la recherche de la légitimité.
Cette démarche de contextualisation nous a permis de mettre en perspective la réalité marocaine relative à
notre problématique de départ. Nous nous basons ainsi sur ces résultats pour une meilleure interprétation des
données du terrain que nous présentons dans la troisième partie de ce travail.
III- Etude empirique : Cas de quatre PME labellisées RSE
Pour répondre à la problématique de recherche, nous avons mobilisé quatre cas de PME marocaines, dont les
six labellisées RSE par la CGEM. L’objectif est d’explorer les raisons de l’intégration stratégique de la RSE
au sein des entreprises ayant réussi à intégrer une démarche formelle de RSE.
1- Choix méthodologiques et présentation des cas étudiés
Dans cette recherche, nous mobilisons la méthodologie qualitative pour cerner une problématique jusque-là
peu abordée dans le contexte marocain, à travers une étude contextualisée. La méthode des études de cas
multiples (Roussel et Wacheux, 2005) permet l’analyse et l’interprétation des pratiques de RSE auprès de
quatre dirigeants de PME labellisées RSE pour identifier les raisons de cet engagement. Le choix d’étudier
des PME « exemplaires » distinguées par leur démarche de RSE au préalable à travers la CGEM, est justifié
par un apport de notre démarche de contextualisation. Les contraintes économiques dans lesquelles vit le
Marocain ne lui permettent pas de penser aux générations futures ni d’adopter un comportement responsable,
idem pour les dirigeants de PME. D’où la posture consistant à tirer des enseignements des cas exemplaires
pour explorer des pratiques jusque-là nouvelles au Maroc.
En 2016, 78 entreprises étaient labellisées RSE par la CGEM, dont six seulement sont de « vraies » PME au
sens de Julien (1990), c'est-à-dire qu’elles sont indépendantes juridiquement et répondant aux critères
qualitatifs et quantitatifs 1 de la PME. Nous étudions ainsi les quatre PME qui nous ont autorisé de les
investiguer, parmi les six labellisées RSE.
Les données primaires ont été collectées principalement par quatre entretiens semi-directifs avec les
dirigeants, d’une durée comprise entre 80 et 120 minutes. Ils commencent par un premier volet relatif aux
dirigeants, à leur formation, à leur expérience et à leur arrivée à la tête de leurs entreprises. Il se poursuit par
le volet dédié à l’environnement d’affaires, ses opportunités et ses difficultés. Par la suite, les dirigeants
évoquent des aspects relatifs à leurs produits et services et l’organisation de leurs entreprises. Enfin, nous
posons des questions directes sur les pratiques responsables dans leurs entreprises, leurs retombées, leurs
motivations et freins afin de retracer leurs représentations de la RSE. Pour enrichir les données recueillies de
ces entretiens, nous avons mené des entretiens semi-directifs complémentaires avec quatre employés de
chaque entreprise, un employé « clé » de la RSE, et trois autres issus de services différents. Les entretiens
ont d’une durée de 25 minutes en moyenne. Ils sont pour objectif deconfirmer (ou rejeter) les propos des
dirigeants. Afin d’étudier en profondeur les données collectées, la méthode d’analyse de contenu est adoptée.
Après avoir retranscrit les entretiens, nous avons procédé à la technique du codage des données recueillies
pour réduire leur complexité (Huberman et Miles, 2003). Nous avons également assuré une observation non
participante du contexte de l’entreprise et des différents acteurs (Wacheux, 1996) en visitant plusieurs fois
les lieux de travail et en mobilisant des données secondaires internes (rapports internes, conventions signées,
rapports officiels…).
Les quatre cas sont des PME dirigées par leurs créateurs ou repreneurs marocains (tableau 2).
1
Les PME sont déterminées par la CGEM à travers un chiffre d’affaires inférieur à 200 millions de Dirham Marocain,
soit l’équivalent de 20 millions d’euro.
199
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Après avoir présenté les cas que nous étudions, nous mettons en avant les résultats de notre étude empirique.
Présentation des différentes perceptions de la RSE
2-1- Le parcours vers la RSE
- Le dirigeant de l’entreprise A soulève une multitude de difficultés qui proviennent de son environnement et
auxquelles il fait face, entre la concurrence déloyale, le manque de régulation et des moyens financierset la
dégradation de la qualité des ressources humaines (RH). Pour une activité qui repose potentiellement sur la
R&D, et n’ayant que peu de pouvoir sur son environnement, le dirigeant focalise ses efforts sur le
développement de son entreprise en interne comme seule solution afin de surmonter les difficultés externes.
L’intégration des pratiques responsables envers le personnel a été indirectement imposée à l’entreprise par
son environnement pour surmonter les difficultés et conserver son positionnement sur le marché : « c’est par
le coaching quotidien et le travail en équipe … c’est en interne que ça se passe. ». Le dirigeant veille à faire
adhérer les salariés à la culture de l’entreprise et favorise un contact personnel et direct avec eux: «mon
bureau est dans le plateau pour coacher en permanence… ça donne plus de motivation, ça crée un
environnement de travail extraordinaire…».L’élément affectif est fortement souligné par le dirigeant et par
les salariés interrogés. Il est présent dans les relations au sein de l’entreprise, qui dépassent souvent le cadre
du travail : « l’entreprise pense à leur quotidien, à leur vie personnelle à la limite, pour travailler chez soi,
en famille».
- Quant à l’entreprise B, elle a été créée par un directeur retraité d’une multinationale pétrolière. Cette
dernière a souhaité profiter de son expertise et de son expérience et l’a encouragé à créer une entreprise qui
opère selon les normes internationales de sécurité, pour donner l’exemple et « tirer le secteur vers le haut ».
Depuis sa création, le dirigeant est conscient de la mauvaise concurrence qui existe dans ce secteur
désorganisé, où les règles de sécurité ne sont souvent pas appliquées : « il y a toujours ce problème de
mauvaise concurrence…, on m’a sollicité justement pour créer un nouveau mode de gestion dans ce type
d’entreprise. ». L’ancien employeur du dirigeant devient son principal client qui lui définit les standards de
conditions de travail, incluant des pratiques de RSE. D’après le dirigeant, ces demandes ne sont pas la
principale raison pour être responsable. Il déclare entretenir avec ce client une relation de confiance basée sur
sa notoriété personnelle qu’il a dans le secteur. Il affirme donc son besoin de préserver sa réputation, qui est
son principal avantage concurrentiel à conserver par des pratiques responsables. L’aspiration à fidéliser les
salariés est intégrée à la responsabilité sociale de ce dirigeant. Dans ce secteur d’activité connu pour son taux
200
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
de turnover élevé, il explique que la fidélisation des salariés est appréciée comme une source d’avantage
concurrentiel, car plus la personne accumule les formations et acquiert de l’expérience, plus elle devient
experte et se transforme en un capital à conserver : « quelqu’un qui a 10 ans d’expérience dans la rigueur, le
respect de la qualité, le respect de l’environnement… c’est un investissement important… il est devenu un
spécialiste… j’ai besoin de le garder».
- Le dirigeant de l’entreprise C la voit comme « une petite multinationale » du fait qu’elle revêt les
caractéristiques des multinationales tout en gardant sa taille de PME. Cette startup a été créée par un
ensemble d’experts dans le domaine de la sécurité monétique. Son siège est installé à Casablanca et possède
trois filiales, à Dubaï, Paris et Aix-en-Provence et vend ses solutions dans soixante pays. Depuis sa création,
l’orientation de l’entreprise était clairement définie, mais la principale difficulté rencontrée était de prouver
sa pérennité et ses compétences auprès des clients internationaux. Le dirigeant explique : « le fait qu’on soit
marocain, des fois ça peut nous jouer des tours, mais on a toujours réussi à les surmonter (les difficultés)…
notre technologie est utilisée aujourd’hui au Japon… une société marocaine de technologie exporte vers le
Japon, ça veut tout dire. ». Le dirigeant déclare que depuis la création de l’entreprise, il y a toujours eu une
forte mobilisation des équipes autour des objectifs ambitieux à atteindre. Ceci reflète l’importance cruciale
accordée aux RH dans l’activité qui dépend de salariés hautement qualifiés, surtout pour cette entreprise qui
investit massivement dans la R&D : « notre industrie n’est pas très capitalistique, il nous faut des gens, de la
matière grise… en grande partie nos salariés sont des ingénieurs. ». L’intérêt de formaliser la démarche
RSE était double. Premièrement, l’objectif était de renforcer l’image d’une entreprise responsable auprès des
salariés, pour plus d’implication et de fidélisation. Deuxièmement, la démarche s’inscrivait dans l’évolution
de la structuration de l’entreprise. Le processus de labellisation est venu répondre à un besoin de
formalisation de pratiques qui « étaient déjà là depuis toujours », tel que déclaré par le dirigeant, et confirmé
par les anciens salariés interrogés.
- Quant à la PME D, elle souffrait d’une absence de toute forme de structuration depuis sa création. Les
résultats étaient satisfaisants pour le père fondateur, et donc il n’y voyait aucun intérêt à se structurer. Cet
élément s’explique par l’objectif recherché de la création de cette entreprise. Le fondateur est un marocain
résidant en France. Il investissait ses épargnes en des projets dans son pays d’origine pour préparer sa
retraite. Cette PME fait partie de plusieurs entreprises créées par le père de famille, qui ne s’attendait pas à ce
qu’elle grandisse : «si on revient en arrière et qu’on demandait à mon père s’il imaginait ce qu’il y a
aujourd’hui il va dire non…», déclare le dirigeant, fils du père fondateur. La gestion de l’entreprise était
assurée suivant un modèle de traditionnel et non structuré. L’objectif ultime du dirigeant aujourd’hui reste de
continuer à se structurer. Ses aspirations futures se résument dans l’organisation de l’entreprise : «
s’améliorer, on ne va pas s’arrêter aujourd’hui… s’organiser, s’organiser toujours au mieux ». Il reporte
tout autre grand projet, essentiellement l’ouverture sur les pays d’Afrique Subsaharienne. La vision de
l’entreprise reste limitée par rapport au futur et se limite à l’urgence de se structurer : « Tout est possible, on
est accroché mais personne ne peut vous promettre demain… le long terme c’est loin, même le moyen terme
c’est loin, même demain c’est loin…». Le dirigeant explique cette difficulté de se projeter dans le futur par le
sérieux problème de structuration qu’il faut régler dans l’urgence, et qui prend du temps : « une nouvelle
manière de penser, une nouvelle manière de travailler et ça demande aussi du temps pour nous, ce n’est pas
facile…». Le manque de communication et la difficulté à avoir les informations en interne, que nous avons
soulevé dans les discours des salariés interrogés, témoignent du manque d’organisation dont souffre
la PMED.
2-2-Perceptions de la RSE dans les quatre cas de PME
- En demandant au dirigeant de l’entreprise A de décrire sa propre conception de la RSE, nous remarquons
l’absence du volet environnemental: « la RSE pour moi c’est quelqu’un qui a le souci quotidien de faire
améliorer son environnement de travail, c’est le proverbe qui est simple : être heureux c’est être entouré par
des gens heureux… que la boîte fonctionne normalement, que tu respectes la loi, que tu es transparent…».
D’après ce dirigeant, la RSE est reconnue comme « des valeurs, c’est la religion, c’est la culture marocaine
201
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
depuis le temps, c’est même avant la religion, c’est la tribu marocaine. ». La recherche d’une légitimité et
d’une reconnaissance sociale auprès de son environnement proche anime les pratiques responsables du
dirigeant qui déclare : « c’est le brand, on a pu brandé la société, elle est bien perçue chez les clients depuis
longtemps, les gens nous connaissent par le sérieux et par notre engagement».Tout au long de l’entretien, le
dirigeant n’évoque que quelques actions en faveur de l’environnementqui se limitent à des « éco-gestes »
(rationalisation de la consommation des énergies et du papier, sensibilisation du personnel aux bonnes
pratiques…). La responsabilité de cette entrepriseest basée principalement sur le volet social. Elle date de la
création de la PME selon les salariés les plus anciens interrogés. Elle prend la forme de primes lors des fêtes
religieuses, naissances, décès de proches, pèlerinage, octroi de prêts sans intérêts pour les logements, aides à
la scolarisation des enfants des employés… La formalisation des pratiques RSE résulte d’une démarche de
structuration de l’entreprise qui a démarré en 2003 avec une certification ISO 9001, suivie du label RSE de la
CGEM en 2013. Le dirigeant critique ouvertement la conception de ce label, car il ne convient pas à
l’entreprise et à la société marocaine, et le voit comme un prix qui ne distingue pas les vraies entreprises
responsables. Le dirigeant déclare : « si on parle du label pour moi tel qu’il est conçu aujourd’hui, la RSE ne
peut pas évoluer… on n’a pas encore atteint ce stade de modernisme où on a déshumanisé les relations,
donc il fallait adapter la RSE à autre chose… plusieurs entreprises font de la charité et donnent la ‘Zakate’
sans en parler ». Il refuse de renouveler sa labellisation car il n’y voit pas de valeur ajoutée pour son
entreprise : « Le label n’a rien donné à l’entreprise… ni par rapport aux commerciaux, ni par rapport aux
clients, ni par rapport aux employés…». Les salariés ne perçoivent aucun apport du label RSE ni dans leur
quotidien ni pour l’entreprise. Au niveau des relations qu’ils entretiennent avec leur dirigeant, ils soulignent
l’esprit protecteur de ce dernier. Ils le décrivent comme un patron soucieux de leurs problèmes quotidiens et
même de ceux de leurs familles. Il leur fournit un meilleur cadre pour travailler. Il les encadre, les forme et
met à leur disposition les moyens pour évoluer.
-Selon le dirigeant de la PME B, le principe sur lequel repose la RSE est « l’équité et la justice ». Il explique
que dans ses motivations pour la RSE, il y a une part de spiritualité religieuse : « on fait quand même
quelque chose qui n’est pas toujours lucratif sur le plan purement argent, on fait quelque chose pour Dieu ».
Il ajoute : « je ne suis pas un fanatique, mais j’estime qu’il faut payer la sueur des gens ». D’après lui, la
RSE est aussi équivalente au label RSE. Il juge qu’elle doit impérativement être formalisée et reconnue par
un label. Du moment où l’entreprise a été créée pour répondre à une demande spécifique qui repose sur la
bonne gestion, il a été naturel pour le dirigeant de se faire labellisé dès le démarrage de l’activité.
« Automatiquement et dès la création, on s’est certifié avec le label CGEM pour montrer aussi que sur le
côté social il fallait être une locomotive…». Malgré que l’entreprise soit au troisième renouvellement du
label RSE, le dirigeant ne voit pas de retombées concrètes du label en soi: « …il ne nous sert à rien du tout».
Son intention à continuer à s’engager dans un processus de labellisation RSE est très personnelle. Le label
représente pour lui une assurance au respect des lois. Il déclare : « nous ne communiquons absolument pas
sur ce label… c’est pour moi-même, je veux être rassuré qu’on respecte tous les intérêts du
personnel… ». Une approche gagnant-gagnant est remarquée dans la perception de la RSE envers le
personnel dans ce cas. Le dirigeant affirme : « c’est inadmissible de truander votre personnel, la moindre des
choses c’est d’être honnête vis-à-vis de son personnel, tant que vous leur exigez d’être honnête vis-à-vis de
vous». Dans leur relation avec le dirigeant, l’ensemble des salariés interrogés le perçoivent comme un père
protecteur, parfois autoritaire, qui les oriente, leur fournit un cadre convenable pour travailler et les
sanctionne en cas de faute. Le dirigeant évoque également le volet social externe de sa démarche
responsable. La participation à la construction de mosquées et l’octroi des dons pour les populations les plus
démunies sont les principales pratiques citées. Le volet environnemental est pourtant bien présent dans les
pratiques RSE de cette entreprise malgré qu’il n’a pas été abordé dans le discours du dirigeant. Ayant une
activité polluante, l’entreprise s’engage dans un ensemble de pratiques afin de réduire son impact sur
l’environnement (camions équipés de matériel spécifique pour ramasser les produits dangereux en cas
d’épandage, veille permanente sur la consommation des camions, exigenceenvers les fournisseurs de
pneumatique, de batteries et d’huile de vidange de détruire les déchets…).
202
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
- Le dirigeant de l’entreprise C a sa propre perception de la RSE. Il explique : « C’est un état d’esprit, c’est
plus un comportement que chacun doit avoir pour faire en sorte que l’environnement se porte mieux,
l’environnement… dans le sens le plus large possible ». La mise en place d’une démarche formalisée de la
RSE a été portée par le service RH car la RSE, selon lui, porte particulièrement sur le personnel :« le service
RH était le porteur dès le départ parce qu’on va dire c’est l’humain qui au centre de tout ça ». La RSE
reflète l’engagement de l’équipe de direction, ce qui est justifiée par l’absence de toutes pressions externes
car les cas de clients qui demandent des comptes rendus sur la responsabilité sociale de l’entreprise sont très
rares. Depuis sa création, l’entreprise est engagée sur le volet social interne et externe. Une responsable au
sein de l’entreprise depuis sa création, confirme les avancées du dirigeant à ce propos. L’entreprise a
toujours été engagée particulièrement envers les écoles publiques. Elle attribue un soutien financier pour leur
réaménagement, mobilise les salariés volontaires pour assurer des cours de soutien aux enfants en difficulté,
fournit des lunettes aux enfants dans le besoin… Avec la formalisation de la RSE dans le cadre du label, la
PME a mis en place une fondation qui se charge de collecter des dons et d’organiser des animations sociales.
Le volet environnemental est peu évoqué dans cette entreprise et se limite à quelques « éco-gestes » comme
dans le cas de l’entreprise A. La PME C s’est engagée dans une démarche de structuration. L’intégration du
label RSE s’inscrit dans ce sens, comme pour l’entreprise A : « Le label était un moyen de se doter d’un outil
de développement... » affirme le dirigeant. Pour une entreprise internationale comme celle-ci, un label
marocain de RSE comme celui de la CGEM n’a pas de réelle portée en termes de reconnaissance auprès des
partenaires internationaux. Le dirigeant exprime une satisfaction partielle des retombées du label : « Le label
CGEM n’est pas reconnu internationalement… certes on le fait entre autre pour le label et si jamais on a un
label international ce serait encore mieux». Ce label n’a apporté aucun changement au personnel selon les
salariés interrogés. Une ancienne responsable de l’entreprise témoigne de l’ancienneté des pratiques RSE :
« Ce genre d’action c’est depuis le début, quand on était dix j’entendais parler de ces actions humanitaires
que fait l’entreprise dans différents axes. ».
- D’après le dirigeant de la PME D, la RSE est liée à la charité, la bienfaisance et à la philanthropie. Il voit
qu’elle a permis de structurer la bienfaisance de l’entreprise pour aider principalement des associations : «
Pour la RSE, il y a quelques associations qu’on peut aider, elles ont une certaine manière de voir les choses,
ça nous aide nous aussi, ça nous apprend et puis ça nous force aussi, quand vous oubliez, on vous rappelle.
». D’après ce dirigeant, la société marocaine d’abord, et les chefs d’entreprises par la suite pratiquent de la
RSE, sans en être conscients : « je pense qu’il y a beaucoup de marocains qui sont RSE … parce qu’en
général quand le marocain fait, il ne va pas crier sur les toits ». Le dirigeant défend l’idée stipulant que les
principes de RSE, font partie de la culture des marocains : « la culture marocaine c’est l’hospitalité, c’est le
partage… il n’y a personne qui meurt de faim au Maroc… Les marocains savent partager ». La RSE, ne se
limite pas à pouvoir aider, mais permet également d’améliorer l’entreprise en interne : « déjà le côté social
c’est pouvoir aider, pouvoir s’améliorer dans sa vision du côté social à l’intérieur de l’entreprise. ». D’après
le responsable de la démarche formelle de la RSE au sein de la PME D ainsi que le dirigeant, la volonté de se
labellisation a été principalement animée par le besoin de structuration de l’entreprise. Les rapports d’audit
permettent à l’entreprise mieux structurer ses actions et de leurs donner un cadre formalisé.La démarche RSE
arrive comme une suite logique à la certification du management de l’environnement (ISO 14001) pour
améliorer l’organisation et la structurer davantage. Nous retrouvons trois principales motivations derrière le
label RSE. Premièrement, la recherche de continuer à structurer l’entreprise et de formaliser toute action
entretenue. Deuxièmement, la recherche d’un audit pour que l’entreprise puisse bénéficier de l’expertise des
cabinets et s‘organiser davantage : « c’est toujours bon un audit, ça te permet de t’organiser, de
t’améliorer… ça nous permet d’avoir un avis extérieur… c’est pour ça qu’on l’a fait. ». Enfin, le désir de
faire partir du réseau de la CGEM : « déjà d’avoir une relation avec la CGEM, de rencontrer certaines
personnes… », déclare le dirigeant.
3- Discussion des résultats
A la lumière de la revue de littérature et des résultats de l’étude de contextualisation, nous discutons les
203
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
204
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
PME A B C D
Rôle de la RSE Mise à niveau des Conformité aux Mise à niveau des Opportunités
RH pour répondre normes RH pour répondre commerciales et
au besoin de la européennes pour au besoin de la des opportunités
R&D satisfaire le R&D de développement
principal client interne
Il ressort de notre analyse que les pratiques RSE les plus développées au sein de ces PME répondent à un
besoin stratégique à chacune des firmes en question. Pour la PME A, elle souffre d‘une dégradation de la
qualité des RH et se voit dans l’obligation de développer celles-ci en interne. Les pratiques de RSE sociales
internes sont développées pour répondre à ce besoin stratégique et permettre à l’entreprise, à travers ses RH,
de se concentrer sur la R&D pour développer son activité. Pour la PME B, elle suit des normes européennes
non appliquées au Maroc pour créer une entreprise modèle qui donnera l’exemple sur son marché. Cette
posture permet à l’entreprise de développer les différents aspects de sa RSE et de conserver son principal
client qui lui impose le respect de la normalisation européenne. Quant à la PME C, elle opère dans un secteur
nécessitant de l’innovation en permanence. Celle-ci ne peut être atteinte sans RH de haut niveau. Cette
entreprise investit massivement dans la R&D
Quant à la PME D, elle est consciente que l’avantage concurrentiel parvient de l’écoute de l’environnement
d’affaires sauf que ladite PME souffre d’un manque de structure et d’organisation en interne. Elle s’est
engagée sur la voie de la RSE pour avoir un label. L’objectif principal était de bénéficier d‘un audit et d‘un
accompagnement d‘une part, et de s’insérer dans le réseau professionnel que procure la CGEM.
Nous soulignons également les pratiques environnementales peu fréquentes dans les PME en question.
D’une manière générale, les PME marocaines investissent peu dans les pratiques environnementales
(Elbousserghini et al., 2016 ; Cherkaoui, 2016). Dans une étude menée sur la RSE de PME camerounaises,
Sotamenou (2014) indique que l'adoption des pratiques environnementales est influencée positivement par la
présence d'un service chargé de l'environnement ainsi que la présence d’études menées par l’entreprise pour
protéger l'environnement de leur activité (cas de l’entreprise B). Le faible engagement environnemental des
entreprises marocaines n’est pas lié à la taille de l’entreprise selon Benaicha (2017). L’auteur montre qu’au
Maroc, les entreprises, quelle que soit leur taille, sont peu sensibles à la responsabilité environnementale. Le
même résultat apparaît dans des études camerounaises, nigériennes et jordaniennes (Farouk et Hassan, 2013 ;
Sotamenou, 2014 ; Nasif Al- Shubiri et al, 2012). Dans ces pays, les auteurs ont démontré l’inexistence de
relation entre l’engagement responsable de l’entreprise et sa taille. Contrairement aux cas français, italien et
canadien où la taille est déterminante dans l’engagement responsable des entreprises (Cabagnols et Le Bas,
2006 ; Labelle et St-Pierre, 2015 ; Perrini et al., 2007 ; Russo et Tencati, 2007), les PME mobilisées dans
cette recherche peuvent témoigner de l’inexistence de relation entre la taille et l’engagement responsable des
PME au Maroc. Une petite entreprise de 50 salariés (PME B) semblerait être plus engagée dans le volet
environnemental qu’une entreprise plus grande (PME C et D). Pour Hattabou et Louitri (2011), plus
l’environnement local sera prégnant, plus la vigilance du dirigeant sera accrue et il s’emploiera à avoir des
pratiques en conformité avec les attentes de son entourage, et veillera à ne pas occasionner de nuisance. Les
débats sur la RSE sont plus anciens dans les contextes européen et américain que dans d’autres, notamment
en Afrique. Ceci expliquerait le faible engagement environnemental des entreprises africaines, notamment
des marocaines. Le DD reste méconnu parmi la population marocaine en général, et les lois qui lui sont
relatives sont relativement récentes et fragiles. Ceci rend l’environnement peu encourageant en matière de
DD et de démarches RSE. Les pratiques de RSE dans les PME marocaines s’inscrivent souvent dans un
cadre philanthropique, animées par des valeurs sociales et religieuses.
205
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
A l’issu de l’ensemble de ces éléments, nous distinguons quatre types de PME, dites responsables, en
croisant la RSE et la vision stratégique de leurs dirigeants, les attentes du label RSE. Le point de départ de
notre analyse est constitué des attentes qu’ont les dirigeants de PME en mettant en place une démarche de
RSE en vue d’obtenir le label. Elles sont plus axées su surr la structuration de l’organisation en interne. Elles
varient entre des PME qui considèrent le label RSE comme un moyen de développer l’organisation de
l’entreprise en interne et d’autres qui ne le voient guère comme un levier de développement et remettent
remetten
même en question son utilité organisationnelle.Nous relevons des approches différentes de la RSE avec une
philanthropie certes présente, mais avec un degré moins important. Ces cas de figure sont des PME qui ont
une approche mécaniste de la RSE qui leur garantit la conservation d‘un client potentiel, ou une approche
opportuniste à travers les opportunités d‘ouverture que leur apporte la démarche responsable. La RSE dans
l’ensemble des cas étudiés est de type instrumental, car elle est mobilisée pour répondre
répon à un besoin au
niveau de l‘entreprise, malgré l‘aspect philanthropique mis en avant. Pour les PME qui s‘intéressent
davantage au volet social interne, nous pouvons dire que leur RSE est de type « instrumentale interne ».
Quant aux PME avec une RSE très orientée vers le business case, nous pouvons déduire que leur RSE est de
type « instrumentale externe ». Les cas mobilisés dans cette recherche ont permis de mettre en avant
l’ensemble de ces éléments et de confronter les approches RSE aux perspectives organisationnelles
or que les
PME attendent du label RSE. Nous proposons ainsi une matrice qui croise les deux principales visions de la
RSE dans les PME à savoir la philanthropie et le business case (Courrent, 2012), et les attentes
organisationnelles des dirigeants
geants de PME marocaines du label.
A travers les postures et les attitudes qu’ont les dirigeants de PME vis
vis-à-vis
vis de la RSE, nous proposons
quatre typologies de vision stratégique de dirigeants de PME marocaines labellisées (figure 2).
206
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Figure 2: Matrice des visions stratégiques des dirigeants de PME labellisées RSE
Vision stratégique pragmatique : Elle fait référence à un cas de PME ayant une multitude de pratiques RSE
déconnectées de son activité et qu’elle a réussies à développer, notamment au niveau sociétal, pouvant aller
jusqu‘à la création d‘une fondation qui se charge de ce volet de RSE. Ces pratiques sont accompagnées
d‘une GRH responsable qui reflète l‘engagement de la PME dans le volet social interne, dû à son activité qui
nécessite des investissements en termes de R&D et donc un personnel de haut niveau. Cette vision
pragmatique renvoie à une recherche permanente d’amélioration, ce qui justifie son recours à la labellisation
RSE pour une meilleure structuration de ses démarches en interne. La RSE est ainsi instrumentale interne
dans ce cas de figure.
Vision stratégique conservatrice: Ce cas développe plusieurs pratiques RSE déconnectées de l’activité de
la PME, notamment au niveau externe. Mais il détient également des pratiques sociales internes pour
répondre à un impératif de son environnement à savoir la R&D. La RSE de ce dirigeant qui adopte souvent
un style de gestion paternaliste, est ainsi un moyen de développer son personnel et renforcer son entreprise,
et d’être « bon » vis-à-vis d‘autrui. Aucune perspective d’organisation interne à travers le label n’est perçue
chez ce dirigeant qui peut même aller jusqu‘à la remise en cause de l’utilité d’un label RSE. Dans ce type de
PME, la RSE est de type instrumental interne.
Vision stratégique conformiste : Cette vision stratégique est présente chez un dirigeant qui cherche à se
conformer aux principes de la RSE pour adhérer à certaines normes internationales, dans l‘objectif de
conserver un client potentiel. Il ne cherche n’a pas forcément une motivation philanthropique derrière la
RSE. Ce que l’on cherche à travers le label dans ce cas n’est pas la structuration organisationnelle, mais plus
une assurance de conformité aux normes. Nous qualifions la RSE dans ce cas d’instrumentale externe.
Vision stratégique opportuniste : Cette vision correspond à un dirigeant qui perçoit des opportunités de
développement interne et externe à travers la RSE. Il vise à mettre en place une démarche RSE, à la
formaliser et à se doter d’un label pour améliorer sa structure en interne et à développer un réseau externe via
l’organisme de labellisation. Sa RSE est instrumentale basée fortement sur l’externe.
Conclusion
L’objectif de cet article est de s’attarder sur l’aspect stratégique de la RSE dans les PME, d’explorer la place
de cette responsabilité dans la vision stratégique des dirigeants et d’en déduire une proposition de typologie
de visions stratégiques des dirigeants de PME marocaines labellisées.
Sans prétendre à une quelconque généralisation, nous avons cherché à cerner le contexte de la RSE en PME
marocaines, avant de l’explorer à travers les représentations des dirigeants. Par une démarche qualitative
exploratoire, nos résultats révèlent que la RSE des PME étudiées s’inscrit dans une posture de « gagnant-
gagnant », et représente un levier important pour le développement de ce type de structures. Elle leur procure
un développement du réseau professionnel, un avantage concurrentiel et une amélioration de leur image
auprès des partenaires, puisqu’elle soutient la valorisation des RH.
Le mode familial de relations, caractéristique du management en PME, donne une base à la gestion par la
207
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
confiance et la bonne intention. Au-delà des éléments culturels renforçant ces aspects, l’effet de proximité
(Torrès, 1999) peut éclairer davantage ce constat. En effet, plus l’entreprise est petite, plus les effets de
proximité sont intenses, rendant les rapports plus affectifs. Ceux-ci, avec la recherche de la bonne réputation
et la reconnaissance sociale, régissent les relations professionnelles dans les PME. Ce fait explique
potentiellement l’intérêt particulier qu’accordent les dirigeants marocains au volet social de la RSE, et la
faible dimension environnementale qui se limite à quelques « éco-gestes » (rationalisation de la
consommation des énergies et recyclage des déchets). Nous constatons que la RSE des PME marocaines
labellisées se positionne entre le business caseet la philanthropie. Nous retrouvons une partie des pratiques
RSE mises en place pour répondre à un besoin stratégique (développement des RH et renforcement de la
R&D, application de standards et normes pour fidéliser un client principal), ainsi qu’une seconde partie qui
prend la forme de pratiques déconnectées de l’activité des PME et qui s’alignent davantage sur une posture
philanthropique.
Comme principal résultat de ce travail, nous avons déduit quatre typologies de vision stratégique à travers la
matrice illustrative qui est le croisement des deux principales visions de la RSE dans les PME à savoir la
philanthropie et le business case (Courrent, 2012), et les attentes organisationnelles des dirigeants de PME
marocaines du label. Nous avons proposé quatre types visions stratégiques : pragmatique, conservatrice,
conformiste et opportuniste. La RSE dans les quatre visions stratégiques est de type instrumental, car elle est
mobilisée pour répondre à un besoin stratégique au niveau des PME. Pour celles qui s’intéressent davantage
au volet social interne, nous pouvons dire que leur RSE est de type « instrumentale interne ». Quant aux
PME avec une RSE très orientée vers le business case, nous pouvons déduire que leur RSE est de type «
instrumentale externe ». Ces typologies ont permis de confronter les approches RSE aux perspectives
organisationnelles que les PME attendent du label RSE.
La typologie de visions stratégiques proposée témoigne de l’hétérogénéité des PME marocaines labellisées.
Toutefois, il nous semble judicieux de souligner que les quatre types de visions stratégiques s’appliquent
uniquement au cas des PME marocaines labellisées. Ce propos nous permet d’évoquer le concept
d’appropriation de la RSE de la part des dirigeants de PME. Cette typologie de visions stratégiques invite à
poser certaines questions. Les quatre cas ont donné lieu à quatre typologies de vision stratégique.
Garderions-nous la même typologie pour étudier un nombre plus élevé de PME ? L’hétérogénéité
caractéristique des PME et de leurs dirigeants donnera-t-elle lieu à d’autres types de vision stratégique ? Ces
questionnements permettent au concept d’appropriation de la RSE d’entrer en jeu. Nous abordons ainsi la
question de l’appropriation de la RSE par les dirigeants qui pose toujours problème au sein de la
communauté scientifique traitant de la question. Chaque PME aurait sa propre appropriation de la RSE, ce
qui expliquerait potentiellement l’approche instrumentale qui caractérise le comportement responsable des
PME étudiées. Nous envisageons ainsi de mener des recherches futures mobilisant le concept
d’appropriation de la RSE au sein des PME responsables.
Avant d’aller vers la généralisation de ces résultats issus du contexte marocain sur d’autres contextes des
pays du Sud ayant des spécificités culturelles semblables à celles du Maroc, notamment l’Afrique et le
Moyen Orient et qui représenterait une piste de recherche prometteuse que nous comptons explorer dans
l’avenir, il est essentiel de les tester tout d’abord, à travers une méthodologie quantitative.
Nous soulignons comme principales limites de ce papier, la faible représentation des éléments de l’étude de
contextualisation, malgré leur richesse. Nous avons tenté de présenter les points essentiels découlant de notre
étude sans nous attarder sur les verbatim de nos experts interrogés qui témoignent des résultats avancés. Sur
le plan théorique, nous avons limité l’importance du partage de la vision stratégique malgré que nous
n’ignorions pas son importance. Ces limites constituent autant de perspectives prometteuses pour de futures
recherches.
208
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Références bibliographiques
Abric, J.C. (1994), L’organisation interne des représentations sociales, Erès.
Allain, S. (1999), Approche cognitive de la gestion stratégique dans une entreprise monodécideur : le cas de
l’entrepreneur agricole, Revue Internationale P.M.E.: Économie et Gestion de La Petite et Moyenne
Entreprise, Vol. 12, n°1-2, p.31-60.
Amrhar, B. (2001), La vision en gestion : examen de la documentation, Cahier de recherche n°7, HEC
Montréal.
Asselineau, A. et Cromarias, A. (2011), La RSE, un catalyseur d’innovations au service de la ‘vision’
stratégique, Revue Sciences de Gestion, n° 84, p. 29-48.
Asselineau, A. et Piré-Lechalard, P. (2009), Le développement durable : une voie de rupture stratégique ?,
Management & Avenir, Vol. 6, n° 26, p. 280-299.
Baudry, B. et Chassagnon, V. (2014). Une caractérisation de la grande entreprise capitaliste moderne, La
Découverte.
Bayad, M. et Garand, D. (1998), Vision du propriétaire-dirigeant de PME et processus décisionnel: de
l’image à l'action, actes du 4ème Congrès International Francophone de La PME, Metz, France.
Benabdejlil, N. (2007), Les modes de management des entreprises au Maroc : entre contingences culturelles
et économiques, Revue internationale P.M.E. : économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, Vol.
20, n° 2, p. 89-122.
Benaicha, O. (2017), Proposition d’un modèle explicatif de la diffusion de la RSE au niveau des entreprises
au Maroc (thèse de doctorat en sciences de gestion, Groupe Institut Supérieur de Commerce et
d’Administration des Entreprises, Casablanca, Maroc).
Berger-Douce, S. (2007), Les stratégies d’engagement sociétal des entrepreneurs, Revue de
l’Entrepreneuriat, Vol. 6, n°1, p. 53–71.
Berger-Douce, S., Gautier, A., Badea, A, Courrent, J.-M. et Brodhag, C. (2014), Responsabilité sociétale et
performance en PME : une étude exploratoire en Rhône-Alpes, Gilles Lecointre. Grand Livre de l'Economie
PME 2015, Gualino Lextenso Editions, Partie 3, Chapitre 4, p.437-458.
Biwolé, F. J. (2014), Le choix d'une stratégie RSE. Quelles variables privilégier selon les contextes ?, Revue
française de gestion, Vol. 7, n°244, p. 11-32.
Biwolé, V. O., Spence, M., et Gherib, B. B. J. (2007), Stratégies de développement durable dans les PME :
Une étude exploratoire auprès des PME camerounaises, Revue Internationale Des PME, Vol. 20, n° 3-4, p.
17–42.
Brès, L., Raufflet, E. et Filion, L.-J. (2014), Développement durable et entrepreneuriat. Examen structurant
des écrits de recherche (1992-2008), Raymond Guillouzo. Entrepreneuriat, développement durable et
territoires, Hachette Supérieur, Partie 1, Chapitre 1, p. 25-48.
Cabagnols, A. et Le Bas, C. (2006), Les déterminants du comportement de Responsabilité sociale de
l’entreprise. Une analyse économétrique à partir de nouvelles données d’enquête. Cahier de recherche n°5,
ESDES Université catholique de Lyon.
Capron, M. et Quairel-Lanoizelée, F. (2016), La responsabilité sociale d’entreprise, La Découverte.
Carrière, J. (1990), La vision stratégique en contexte de PME : cadre théorique et étude empirique, Revue
internationale P.M.E. : économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, Vol. 3, n°3-4, p. 301–325.
Cherkaoui, A. (2016), Pratiques RSE des PME au Maroc : une analyse perceptuelle auprès des dirigeants
casablancais. Question(s) de management, Vol. 3, n°14, p. 13-26.
Coppa, M. et Sriramesh, K. (2013), Corporate social responsibility among SMEs in Italy.Public Relations
209
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Responsibility : A Critical Review, Journal of Business Ethics, Vol. 67, n°3, p. 257–273.
Lima, E. (2003), Stratégie de PME : De la perspective traditionnelle aux approches descriptives axées sur le
procès, Cahier de Recherche, HEC Montréal.
Lipton, M. (1996), Demystifying the development of an organizational vision, Sloan Management Review
Cambridge, Mass, Vol. 37, n° 4, p. 83.
Messeghem, K. et Varraut, N. (1998), Stratégies d’adoption d’une démarche qualité en PME, Revue
Internationale P.M.E. : Économie et Gestion de La Petite et Moyenne Entreprise, Vol. 11, n°1, p. 101-122.
Messeghem, K., Noguera, F. et Sammut, S. (2010), GRH, PME et Entrepreneuriat : regards croisés,
Management & Avenir, Vol. 9, n° 39, p. 87-95.
Morris, E. (1987), Vision and strategy: a focus for the future, Journal of Business Strategy, Vol. 8, n° 2, p.
51-58.
Nasif Al-Shubiri, F., Al-abedallat, A. Z. et Abu Orabi, M. M. (2012), Financial and Non Financial
Determinants of Corporate Social Responsibility, Journal of Knowledge Management, Economics and
Information Technology, Vol. 2, n°8, p. 1001-1014.
Ndjambou, R. et Sassine, M. (2014), Etude de la relation entre profil du dirigeant, culture et performance des
PME gabonaises: clarification des compétences et de la vision, La Revue Gestion et Organisation, n°6, p. 7-
19.
Nicolas, É. (2004), Apprentissage organisationnel et développement durable, La norme AB en PME, Revue
française de gestion, Vol. 2, n°149, p. 153-172.
Orlitzky, M., Schmidt, F. L. et Rynes, L. (2003), Corporate Social and Financial Performance: A Meta-
Analysis, Organization Studies, Vol. 24, n°3, p. 403-441.
Paradas, A. (2006), Perception du développement durable par des dirigeants de petites entreprises : résultats
d’enquêtes, actes du 8ème Congrès international francophone en entrepreneuriat et PME, Fribourg, Suisse.
Paradas, A. (2014), L’engagement responsable de dirigeants de petites entreprises (PE) : validation d’une
grille de lecture. Grand Livre de l'Économie PME 2015, Gualino Lextenso Editions, Partie 3, Chapitre 4,
p.609- 628.
Perrini, F., Russo, A. et Tencati, A. (2007), CSR Strategies of SMEs and Large Firms. Evidence from Italy,
Journal of Business Ethics, Vol. 74, n° 3, p.285–300.
Phanuel, D. (2011), Représenter la vision stratégique du dirigeant de PME-PMI : cartographier ses possibles,
ses souhaitables, ses impossibles et ses non souhaitables. L'exemple de « DECAPIN », Recherches en
Sciences de Gestion, Vol. 6, n° 87, p. 19-44.
Porter, M. E. et Kramer, M. R. (2006).Creating Shared Value.Harvard Business Review, Vol. 84, n°12, p.
78-92.
Quairel, F. et Auberger, M.-N. (2005), Management responsable et PME : Une relecture du concept de
responsabilité sociétale de l’entreprise, Revue des Sciences de Gestion : Direction et Gestion, Vol. 40, n°
211-212, p.111–126.
Roussel, P. et Wacheux, F. (2005), Management des ressources humaines. Méthodes de recherche en
sciences humaines et sociales, De Boeck.
Russo, A. et Tencati, A. (2009), Formal vs. Informal CSR Strategies : Evidence from Italian Micro, Small,
Medium-sized, and Large Firms, Journal of Business Ethics, Vol. 85, n°2, p.339-353.
Sahraoui, D. (2011), Pratiques ressources humaines et plafond de verre au Maroc : cas des femmes cadres au
sein de grandes entreprises privées (thèse de doctorat en sciences de gestion, Université Cadi Ayyad de
Marrakech, Maroc / Université de Toulouse I, France).
211
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
212
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Il s’ensuit que la notion est orientée vers des principes du fonctionnement de l’Etat de droit et, est basée sur
l’équité et la rationalisation de l’exploitation et de l’usage des ressources naturelles. Le CE est un mode du
commerce qui ne tranche pas avec le commerce conventionnel impliquant un producteur-un (des)
intermédiaire(s)-un (des) distributeur(s)- des consommateurs, mais constitue une alternative adaptée aux
inégalités engendrées par les échanges commerciaux contemporains.
Le législateur marocain a, de ce fait, tenté de prendre en considération les paramètres de la vision de
l’Organisation Internationale du Commerce Equitable 4 , en la subordonnant aux principes d’éthique et
1
- Le Professeur Stéphane PIEDELIEVRE considère que le commerce ≪ consiste dans les diverses négociations qui ont
pour objet d'opérer ou de faciliter les échanges des produits de la nature ou de l'industrie, dans la vue d'en tirer quelque
profit (…)≫. In MATRINGE-SOK (Bovy), Le commerce équitable, développement durable : approche juridique, sous
la direction de Monsieur Rémy CABRILLAC, Professeur à l'Université Montpellier I, présentée et soutenue
publiquement le 23 mars 2013, HAL, p. 15 et s.
2
- Charte des principes du Commerce Equitable, janvier 2009, World Fair Trade Organization et Fairtrade Labelling
Organizations International. Sur www.befair.be
3
- Il s’agit d’un projet de loi en gestation depuis 2011, contenant 27 articles afférents à la notion du CE, aux critères
rentrant dans son champ de détermination, aux différentes parties prenantes et à leurs obligations …
4
- En 1989, l’IFAT (International Federation for Alternative Trade) met en rapport producteurs du SUD et importateurs
du NORD ; en 1990, l’EFTA (European Fair Trade Association) réunit les importateurs européens ;
en 1994, NEWS (Network for European Worldshops) regroupe les différents groupes et associations de boutiques de
commerce équitable européennes ; en 1997 FLO (Fair Trade Labelling Organization) devient responsable de
l’établissement des normes internationales du commerce équitable, de la certification, de la production et du contrôle
des échanges effectués selon ces normes, ainsi que de la labellisation des produits ; en 1998, FINE réunit ces quatre
réseaux du commerce équitable et constitue le réseau y afférent.
213
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
d’intention, au lieu de règles fonctionnelles et économiques rigides et basées sur les schémas de la
concurrence parfaite, praticable et du prix du marché…
En effet, le législateur marocain a opté pour la mise en place d’un segment ad hoc dans les politiques
publiques d’industrie et de l’économie, en classant le CE sous l’égide de l’Economie Sociale (ES)1.
D’ailleurs, l’Etat marocain s’est doté d’un Secrétariat du Gouvernement chargé de l’Economie Sociale2 ,
ayant plusieurs programmes publics à exécuter dans plusieurs secteurs de l’économie. Il s’agit de
programmes esquissés soit à titre de prolongement des mesures exécutoires de dispositions d’accords avec
des partenaires internationaux (accords avec l’UE) 3 , soit à titre d’harmonisation de ses plans de
développement sectoriels avec les besoins des régions administratives de l’Etat.
L’ES est un système d’organisation des échanges focalisé sur la solidarité comme locomotive du rapport
contractuel entre le producteur ou l’artisan, premier acteur dans toute la chaîne contractuelle, et le
consommateur averti et solidaire avec le premier dans le but de réaliser une rémunération juste des artisans
détenteurs du savoir faire ayant donné naissance au produit et au commerce y afférent.
Une économie solidaire est destinée à s’instaurer graduellement dans un double objectif : d’abord réaliser des
rapports commerciaux plus équitables en prenant en considération les principes du droit du travail et d’une
manière générale les droits de l’Homme, ensuite permettre aux Etats développés d’équilibrer leurs moyens et
règles du commerce conventionnel international avec les pays dits « du Sud » où des corporations (firmes
multinationales) sont devenues de véritables détentrices de richesses en concurrence ou même dépassant le
PIB d’Etats.
Le législateur marocain se trouve, en conséquence, contraint de mettre en place un mécanisme juridique
visant la définition de l’ES, du CE, leurs moyens d’existence et les différents intervenants (parties prenantes)
dans le processus de commercialisation ou vente des produits du CE, de la réalisation des échanges
commerciaux en respectant les principes de protection des droits des salariés, du développement durable, de
la conservation des sources des produits du terroir, de la garantie de la qualité et de la provenance d’origine
de ces produits…
Il ne faut, cependant, pas confondre une « législation » avec une « réglementation » dans la mesure où la
première notion fait référence à l’ensemble des textes de lois, comprenant les lois cadres, régissant le secteur
de l’ES et les modalités de mise en œuvre du CE dans l’économie marocaine.
Tandis que la seconde notion se réfère aux normes de contrôle, aux garanties permettant la vérification de la
qualité, de la provenance, du respect d’un certain nombre d’obligations garantissant la propension du produit
ou service, à la consommation, et un degré satisfaisant de sa qualité.
Il s’ensuit que la présente communication sera axée sur l’aspect de la législation nationale du CE, non limité
à une description du contenu des dispositions légales, mais évoquant les dispositions phares et leurs
retombées sur le développement de ce mode alternatif du commerce et sur la concrétisation des règles de
plusieurs disciplines juridiques se chevauchant avec l’objectif d’échange équitable, de juste prix, de
protection du travailleur et du respect de conditions normales du travail, de la sacralité des droits de
l’Homme à l’instar du droit au travail et à la non discrimination pour cause de sexe- de catégorie sociale…
Ce premier volet sera complété par la revue des dispositions d’accords bilatéraux ou multilatéraux entre le
Maroc et l’Union Européenne (UE), généraux4 ou sectoriels5, ayant un impact direct sur le droit marocain et
par conséquent sur l’émergence de fait du CE local.
Dans cet ordre d’idées, l’hypothèse de recherche est à formuler comme suit :
1
- L’ES englobe les moyens du commerce échappant aux institutions et règles de la lex mercatoria.
2
- Il s’agit d’un SE indépendant chargé de l’élaboration des textes qui régiront LE ce AU Maroc.
3
- Il s’agit de l’accord d’association conclu entre le Maroc et l’UE, entré en vigueur en 2000.
4
- Par référence à l’accord d’association. Idem.
5
- C’est l’exemple de la Politique Européenne de Voisinage (l’émigration), la politique Agri 1 & Agri 2 …
214
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
« Dans le contexte de globalisation des règles du commerce international basée sur la concurrence libre, un
mode de commerce alternatif est né et prend de l’ampleur et dans les organisations internationales non
gouvernementales et dans les régimes juridiques des Etats, comme en témoigne les tentatives du Maroc de
mettre en place un cadre législatif adapté de l’ES et du CE profitant aux produits et services nationaux.
Or, la politique législative marocaine n’est pas isolée et s’inscrit dans le prolongement de l’harmonisation
de son droit avec l’Accord d’Association avec l’UE (AA), ainsi que les accords sectoriels portant sur un
segment de l’économie tels que les produits de la pêche maritime et l’agriculture ».
L’approche adoptée s’explique par la conscience des pouvoirs publics marocains de l’émergence de fait de
pratiques d’un commerce alternatif aux échanges réglementés, et conventionnels. Cet état a déclenché un
mouvement d’accompagnement des produits et services du terroir, principalement issus de régions de
l’arrière pays, mais caractérisés par un savoir faire millénaire cumulé par les artisans et producteurs
marocains.
Les efforts déployés, pour mettre en place un système législatif adéquat à l’émergence du commerce
équitable international, s’inscrivent dans la continuité de politiques publiques de mise en harmonie du droit
interne avec les dispositions du droit primaire et dérivé de l’UE.
Car il ne faut pas occulter l’intérêt porté sur le marché international par les organisations non
gouvernementales et les associations des consommateurs, dans les pays importateurs et industrialisés, au
processus de production exempté du recours aux pesticides et aux OGM dans l’agriculture d’une manière
générale. Le consommateur moyen dans ces pays est averti et dispose d’une connaissance de la qualité, de la
provenance d’origine, du degré du respect des conditions et de la dignité des producteurs, de l’impact des
processus de production sur le développement durable (DD) et les ressources naturelles.
Le Maroc est, de ce fait, un pays qui bénéficie d’innombrables ressources en matière du CE en ce sens qu’il a
cumulé des méthodes, des pratiques, un know-how dans plusieurs segments de ce nouveau marché.
Ainsi, le plan de la présente communication sera décliné comme suit :
Chapitre I Le Commerce Equitable : notion de mise en œuvre d’une protection consensuelle
Section 1 L’approche juridique du CE comme complément au commerce conventionnel
1- Le contournement légal à travers le projet de loi n° 11-72
2- Les apports aux paramètres de l’Equité
Section 2 La portée des garanties du CE
1- Au regard du droit économique
2- Au regard du droit de la propriété intellectuelle
Chapitre II Le Commerce Equitable : instrument juridique au service de politiques transfrontalières
Section 1 Les obligations issues des Accords conclus avec l’UE
1- L’ajustement progressif dans l’Accord d’Association (AA)
2- Les contraintes issues des politiques sectorielles
Section 2 L’impact des règles du CE dans la coopération Sud-Sud
1- L’intégration du CE dans la politique économique : exemple du Mali
2- La sous exploitation du CE dans la politique économique : exemple local
Chapitre I Le Commerce Equitable : notion de mise en œuvre d’une protection consensuelle
Le législateur marocain, pris dans la tourmente d’un mouvement politique et de la société civile
internationale, a initié le contournement juridique du Commerce Equitable (CE) comme partie intégrante
d’une Economie Sociale et Solidaire (ESS) (Section 1). Or, ce contournement même non encore adopté
215
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
risquerait de porter atteinte aux droits de certains acteurs économiques et, du consommateur (Section 2).
Section 1 L’approche juridique du CE comme complément au commerce conventionnel
Le CE est actuellement contourné par des subventions publiques (aides de l’Etat), des mesures incitatives à
travers des politiques sectorielles d’encouragement et de valorisation de certains produits d’artisanat et du
terroir, ainsi que la mise en place d’une plateforme étatique d’identification (labellisation), de
commercialisation et d’accompagnement à l’export des produits et services du CE « Maroc Taswik ».
Ces mesures éparpillées ne peuvent remplacer un dispositif législatif qui régirait le CE, les différentes parties
prenantes y impliquées, les garanties accordées aux commerçants – aux intervenants – et par ricochet aux
consommateurs, ainsi qu’aux obligations légales de la protection en découlant.
1- Le contournement légal à travers le projet de loi n° 11-72
Le projet de loi n° 11-72 relatif au CE, en gestation, aborde la notion dans son article 1er en l’assimilant à
« un mode de partenariat commercial fondé sur le dialogue, la confiance et le respect (…) ». Il en résulte
que les motivations de la mise en place de mécanismes du CE est la réalisation d’un rapport contractuel, à
titre de partenariat commercial, dont les obligations ne sont pas ipso facto coercitives.
En d’autres termes, ce contrat à caractère social puisqu’il est issu d’un plaidoyer de la société civile et des
ONG, ne produit pas des effets juridiques directs au sens propre du terme. Il sera basé sur le paramètre de
« l’équité », ayant à la fois une acception générale et une acception morale dans le monde des affaires et des
échanges commerciaux.
L’équité est perçue comme un indicateur de la contractualisation et de l’exécution des obligations de bonne
foi. C’est un moyen de mesure du respect des engagements légaux et contractuels dans la « lex mercatoria »
et le commerce international.
Et de poursuivre « …dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans les échanges et de
promouvoir, tant sur le marché national qu’à l’exportation, les produits et services issus du secteur de
l’économie sociale ».
L’Etat s’engage, par cette disposition, à prévoir un segment de l’activité économique dit « Economie
Sociale » ES, comme secteur où des règles de production, de commercialisation et de distribution seraient
imposées pour réaliser un Commerce plus solidaire, plus juste, plus équitable pour les parties faibles du
maillon de l’échange commercial.
Ce raisonnement puise, sans aucun doute, dans les mécanismes de protection du consommateur, personne
non avertie dans le rapport contractuel au professionnel, prévus par le droit de la consommation à l’instar de
l’interdiction des clauses abusives.
Il est également le prolongement, cette fois –ci dans les rapports entre professionnels, de la notion de « partie
la plus faible dans le contrat » et de « dépendance économique » comme état susceptible de caractériser
« une pratique anticoncurrentielle ».
Dans tous les cas, il en résulte implicitement une certaine légitimation des mesures d’incitation ou de
l’accompagnement par des organismes ad hoc durant le processus de commercialisation jusqu’à
acheminement au consommateur. Une telle prestation ne peut être assimilée à une mesure discriminatoire
puisque les structures du CE, en l’occurrence les artisans –travailleurs- producteurs, sont des acteurs au bas
de l’échelle des agents économiques.
Ils sont également les producteurs des matières premières situés en dehors du champ de l’intermédiation et,
par conséquent en dehors des transactions commerciales où le bénéfice réalisé est important. D’Où l’intérêt
de la notion de « juste prix » abordé par le législateur art. 1.2.1 « ….. la fixation d’un prix juste et équitable
sans corrélation avec le prix du marché et devant obligatoirement couvrir : a. les frais de production (…) /
b. les besoins élémentaires du producteur ou du prestataire de service et de sa famille / c. la marge
bénéficiaire suffisante (…) ».
216
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
En effet, il s’agit de problématiques longtemps débattues par les Organisations étatiques et les instances
internationales telles l’Organisation Mondiale du Commerce (l’OMC), mais ayant rencontré peu de succès à
cause du pouvoir de lobbying des firmes multinationales.
Dans tous les cas, ce projet de loi s’inscrit dans le cadre d’une tentative d’introduire l’Equité dans les
rapports contractuels du commerce, tout en le subordonnant à des critères écologiques, sociaux et humains.
Ainsi, les pouvoirs publics consentent à attribuer une « légitimité » au Commerce Equitable dans l’économie
traditionnelle1.
Cet état des choses est conforté par la suite des dispositions de l’article 1.1 du même projet de loi : « (…).Il
implique la mise en application et le contrôle de manière transparente et indépendante d’un ensemble
d’engagements réciproques convenus entre des partenaires commerciaux ». Ce qui fait référence au rôle
des pouvoirs publics dans le contrôle de la conformité de l’exécution des engagements des partenaires aux
règles mises en place (labels, certification et autres garanties légales).
2- Les apports aux paramètres de l’Equité
Il peut paraître tôt d’évoquer l’apport de dispositions légales, non encore promulguées, sur les rapports
qu’elle est destinée à régir. Mais il est judicieux de souligner que les dispositions afférentes à la consécration
de l’Equité dans les rapports contractuels et, extra contractuels dans le commerce, sont éparpillées dans
plusieurs textes de lois déjà mis en application.
Les paramètres de l’Equité se déclinent par rapport à la prise en considération de l’humain contribuant au
CE, à son environnement immédiat (conditions de travail), familial (besoins de la famille et protection d’un
seuil de rémunération juste et couvrant les moyens d’existence), à son environnement naturel (les ressources
naturelles) et la nécessité de préserver l’écosystème (Développement durable).
En premier lieu, le CE devrait se baser sur le respect des principaux droits de l’Homme tels
qu’universellement reconnus, à l’exemple du droit au travail et à la perception d’une contrepartie
« équitable » de son travail (rémunération)2. Il y a également l’exemple du « droit à l’alimentation » au sujet
duquel il fut relevé l’impact nuisible des grands commerçants sur deux (2) catégories de groupes de parties
prenantes : les travailleurs (agricoles) ou artisans et les petits exploitants ou producteurs dans les pays du
Sud3.
Le second paramètre est afférent aux conditions de travail, qui doivent correspondre à un minimum de
garantie de la sécurité et de l’hygiène pour les salariés. Il est également requis de leur garantir des conditions
respectant la dignité humaine (ne pas les obliger à faire leurs besoins tout en continuant de travailler, comme
c’est le cas du fameux scandale d’une société qui obligeait ses salariés à porter des couches d’enfants
pendant le travail).
1
- Les problématiques juridiques relatives au commerce équitable se rapportent essentiellement à l' « équité », estimée
nécessaire dans ce type de commerce, en le « soumettant à des critères économiques, écologiques et sociaux. Cette
équité affirmée n'a pas encore de légitimité. Certes, cette équité est issue de la société civile et a par conséquent « une
certaine » légitimité, au moins au regard d'une partie de la population du monde. Mais, cette équité affirmée dans le
commerce équitable doit aussi être reconnue par les pouvoirs publics ». MATRINGE-SOK (Bovy), Le commerce
équitable, développement durable : approche juridique, sous la direction de Monsieur Rémy CABRILLAC, Professeur à
l'Université Montpellier I, présentée et soutenue publiquement le 23 mars 2013, HAL, p. 27
2
- Et ce conformément aux stipulations de l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de1948 : «
toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail » …
« Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence
conforme à la dignité humaine » et « toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des
syndicats pour la défense de ses intérêts ».
3
- Il s’agit du rapport de la 13ème session du Conseil des Droits de l’Homme, présenté par Monsieur Olivier de Schutter,
le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation. DOUSSIN (Jean Pierre), le commerce équitable : instrument de mise
en œuvre concrète des droits de l’Homme, ancien professeur associé à la faculté de droit et des sciences politiques de
Nantes, Vice-président de l’association Max Havelaar France, Rencontres Lascaux « Se la terre à l’aliment, des valeurs
aux règles – 28 et 29 juin 2010, HAL, p. 3
217
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Il faut également mettre en place des dispositions spécifiques pour les catégories fragiles de travailleurs,
telles que les femmes et les mineurs. La plupart des règles de protection sociale sont prévues par la loi 06-99
formant code du travail et les textes réglementaires la complétant, mais il faut préciser que d’autres règles
protectrices sont également contenues dans des dispositions légales comme celles relatives au travail des
domestiques.
D’ailleurs, le projet de loi n° 72-11 prévoit un objectif important de la réglementation du CE :
l’autonomisation des personnes fragiles (c’est-à-dire des artisans et producteurs) de manière à les rendre
indépendants dans leur existence et, leur permettre de subvenir à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leurs
familles équitablement. C’est ce qu’il désigne dans les dispositions de l’article 1.3.3 par « enclencher un
processus d’autonomisation économique ». En dernier lieu, le paramètre à intégrer dans le CE est le
Développement Durable (DD), un concept désignant l’écologie et l’environnement naturel avec des
composantes et une vie à préserver.
Le DD se présente comme une conséquence de la prise en considération, par la communauté internationale,
de la biodiversité et de la préservation de l’écosystème en concomitance avec l’exploitation des ressources
naturelles et l’industrialisation. Son inclusion dans les textes de lois et les règlements relève, selon une
doctrine pertinente1 de « l'exécution d'obligation internationale de l'Etat ».
En effet, le DD 2 n’est pas une stratification de règles juridiques coercitives sanctionnées en cas de
manquement caractérisé. Il correspondrait à un concept de large acception incorporé dans divers textes
juridiques aux fins de régulation par le droit des rapports entre acteurs économiques, durant et après la phase
d’exploitation de l’activité.
Le législateur marocain a, par exemple, promulgué la loi cadre n° 99-12 formant Charte nationale de
l’Environnement et du DD dont les principaux apports consistent à déterminer les engagements de l’Etat, de
ses démembrements et des partenaires privés, ainsi que d’établir un régime de responsabilité
environnementale et de contrôle y afférent.
D’ailleurs, la notion de DD est définie par le législateur comme étant « une démarche du développement qui
s’appuie dans sa mise en œuvre sur le caractère indissociable de dimensions économique, sociale,
culturelle et environnementale des activités de développement et qui vise à répondre aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures dans ce domaine » 3 . C’est une valeur
fondamentale et une ligne de conduite que toutes les parties prenantes sont amenées à observer.4
Au regard de ce qui précède, le CE s’avère l’esquisse d’une réponse adéquate des Etats et des ONG aux
inégalités qui se creusent par les règles du jeu du commerce international conventionne. Mais son caractère
encore embryonnaire suppose la mise en place de mécanismes de garantie lors de sa mise en œuvre.
Section 2 La portée des garanties du CE
Le projet de loi n° 11-72 régit les droits et les obligations de chacune des parties prenantes au processus du
CE, depuis les conditions de la production ou de la prestation du service jusqu’à son acheminement vers le
1
- MATRINGE-SOK (Bovy), Le commerce équitable, développement durable : approche juridique, sous la direction de
Monsieur Rémy CABRILLAC, Professeur à l'Université Montpellier I, présentée et soutenue publiquement le 23 mars
2013, HAL, Idem.
2
- La notion du développement durable est apparue officiellement en 1980, puis dans le rapport Brundtland, en 1987.
L'idée de développement « écologiquement viable est née bien avant la naissance d'organisations non
gouvernementales (ONG) dédiées à la lutte pour la sauvegarde de l'environnement. En 1968, l'idée de ≪
développement écologiquement viable ≫ a été avancée par la conférence Biosphère de l'Unesco. Le mouvement dit ≪
hippie ≫ a lancé des critiques contre la société de consommation. En 1969 et en 1971, naissent deux grandes ONG
environnementales, Friends of the Earth et Greenpeace, qui dénoncent le gaspillage, la pollution et la disparition des
espèces. Ibidem. Vr. Aussi VAN HOOVE (Jean-Paul), le commerce équitable : une démarche exemplaire ?
L’Encyclopédie du Développement Durable, n° 70 - octobre 2008, 8 p.
3
- Par référence aux dispositions de l’article 9 du projet de loi n° 11-72
4
- Par référence aux dispositions de l’article 10 du projet de loi n° 11-72
218
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
consommateur.
Il fait ainsi référence à la Plateforme Nationale du Commerce Equitable (PNCE) qui a le monopole de
l’accréditation et du contrôle de conformité des Organismes du Commerce Equitable (OCE) chargés de la
commercialisation, la filière labellisée et la filière intégrée du CE1 . La corrélation entre celui-ci comme
mécanisme alternatif d’échanges égalitaires, équitables et respectueux des règles de la protection sociale et
environnementale, et entre les attributions des parties prenantes trouve son intérêt dans les moyens mis en
œuvre pour équilibrer le rapport contractuel entre producteurs - consommateurs et acteurs économiques en
concurrence sur le marché.
1- Au regard du droit économique
La question à se poser est la suivante : y-a-t-il un lien entre le CE et les disciplines juridiques réglementant
les activités économiques ?
Autrement dit, quelle est la qualification et la portée à attribuer aux Pratiques du CE. Peut-on les assimiler à
des pratiques élaborées dans l’intérêt du producteur et du consommateur comme parties clés de la
transaction, ou des pratiques qui s’inscrivent en dehors du contexte du droit économique et par conséquent
des règles régissant l’exercice de la concurrence.
Dans la première hypothèse, les pratiques du CE s’avéreront être un moyen innovant de redéfinition et
d’équilibre des obligations des parties au rapport contractuel. Dans la seconde, ces mêmes pratiques peuvent
être perçues comme une fausse concurrence par le recours à des notions floues et fluctuantes comme « le
juste prix »2.
En effet, l’élément déclencheur de la qualification des pratiques du CE comme étant des pratiques
compatibles avec les règles de la concurrence est l’intervention inégalitaire et affaiblissante des
intermédiaires, auxquels il est reproché d’imposer des prix d’achat à perte des matières premières.
Il n’y a qu’à se référer à l’exemple des « grilles du prix minimum d’achat » qui sont fixées par les grands
concurrents (FMI), pour localiser le piège de l’application des règles du commerce conventionnel à un
rapport contractuel déséquilibré sous couverture de « l’autonomie contractuelle » ou des « règles du libre jeu
de la concurrence ». Il est intéressant de relever, qu’à cet égard, l’Autorité de la Concurrence (AC) en France
a conclu3 que le recours à ces « grilles du prix minimum d’achat » ne peut être assimilé à une pratique
anticoncurrentielle.
D’autres pratiques, sont légitimées par les mécanismes du CE, à l’instar de l’augmentation des prix dans le
cadre de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE4).
Tant qu’opérateurs agréés à accréditer et à certifier les filières après épuisement de la procédure légale
prévue par les dispositions du projet de loi n° 11-72, sont compétents pour procéder à cette certification après
avoir été reconnus administrativement par la PNCE et de veiller au respect des principes du CE. Il s’agit
d’une mission à caractère administrative consistant à certifier et à labelliser les produits et services du CE.
Ces OCE ont eux-mêmes soumis à un contrôle par la PNCE sous réserve du retrait de la reconnaissance et
des produits portant les mentions ou le label de l’OCE en infraction.
1
- Par référence aux dispositions de l’article 13 du projet de loi n° 11-72.
2
- Art 1er du même projet de loi.
3
- Il s’agit de la saisine de l’AC par le Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie ayant donné lieu à l’avis
n° 06-A-07 du 22 mars 2006 relatif à l'examen, au regard des règles de concurrence, des modalités de fonctionnement
de la filière du commerce équitable en France : Bulletin officiel de la Concurrence, consommation et répression des
fraudes, n° 10 du 8 décembre 2006, p. 1028. MATRINGE-SOK (Bovy), Le commerce équitable, développement
durable : approche juridique, sous la direction de Monsieur Rémy CABRILLAC, Professeur à l'Université Montpellier
I, présentée et soutenue publiquement le 23 mars 2013, HAL, p. 75 et s.
4
- La RSE est un ensemble d’obligations et de mesures à respecter par l’entreprise dans le cadre d’une Charte interne
conforme à la Charte type de la Confédération Générale des entreprises marocaines (CGEM).
219
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
- OUASSOU (Fatima Zahra), LES AIDES D’ETAT SUR LE PORT MARITIME MAROCAIN AU REGARD DU
DROIT EUROPEEN, thèse dirigée par Hind TAK-TAK, Professeur de l’Enseignement Supérieur. Soutenue
publiquement le 27 juin 2015. Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales (FSJES), Université Hassan II
–Casablanca, p. 420
220
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
- Idem.
2
- Idem, 421
3
- Le droit primaire de l’UE est l’ensemble des conventions, directives, règlements et textes émanant des instances de
l’UE.
4
- Le droit dérivé de l’UE correspond aux règles dégagées de la jurisprudence et de l’interprétation du juge européen qui
en est faite.
5
- Vr. Thèse OUASSOU, Op. cit.
6
- Dahir n° 1-03-60 du 12 mai 2003 portant promulgation de la loi n° 12-03 relative aux études d’impact sur
l’environnement, publié au B.O 5118, du 19 juin 2003, p. 507 et s., où l’Etude d’Impact sur l’Environnement (EIE) est
définie dans son article 1.1.2 comme « étude préalable permettant d’évaluer les effets directs ou indirects pouvant
atteindre l’environnement à court, moyen et long terme, suite à la réalisation de projets économiques et de
développement et à la mise en place des infrastructures de base et de déterminer des mesures pour supprimer, atténuer
ou compenser les impacts et d’améliorer les effets positifs du projet sur l’environnement ».
221
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
les cas considérés, par l’inclusion du CE comme critère dans le cahier des charges.1
2- Les contraintes issues des politiques sectorielles
L’AA euro marocain est l’accord cadre de l’installation progressive d’une zone de libre échange (ZLE) entre
les deux parties, ce qui nécessite l’incorporation d’outils réglementaires pour harmoniser les textes de lois et
règlements nationaux avec le droit de l’UE.
Il en a résulté la mise en place de politiques dites sectorielles orientées vers l’exécution des objectifs de l’AA
par secteur économique, comme en témoigne le Programme d’appui à la politique sectorielle agricole du
Maroc « AGRI 2 » traduisant le soutien par l’UE du Pilier 2 du Plan Maroc Vert (PMV). Il y a lieu de
soulever que le PMV se rapporte à l’agriculture familiale et solidaire dans des régions cibles : Fès-Meknès,
l’Oriental, Draâ-Tafilalet, Souss-Massa.
En effet, des Plans d’Action Régionaux (PAR) furent établis pour consolider les acquis réalisés dans les
quatre régions-cibles, dans le respect des impératifs d’efficacité et de durabilité notamment par le
renforcement des capacités d’organisation des populations. Un second objectif consiste à faciliter l’accès au
marché pour les producteurs, puis d’intégrer les dimensions environnementales dans les méthodes des
politiques publiques.
Ces axes dénotent des objectifs du CE basé lui-même sur les engagements réciproques des partenaires
contractuels, dont la préservation des ressources naturelles, la mise en œuvre de mesures garantissant le
développement durable, la valorisation du savoir faire local…
Section 2 L’impact des règles du CE dans la coopération Sud-Sud
Les règles des échanges commerciaux dans le CE diffèrent de celles adoptées dans le commerce
international, sur le point juridique et économique. C’est l’absence du critère de l’équité dans les rapports
entre producteurs-prestataires et intermédiaires multinationaux qui a poussé à réfléchir un mode de
partenariat basé sur la dimension sociale et environnementale. Eu égard à ce constat, le CE peut tenir une
place de choix dans les économies fragilisées par le Commerce international (1) comme il peut s’avérer que
son potentiel n’est pas pleinement utilisé (2).
1- L’intégration du CE dans la politique économique : exemple du Mali
L’intégration du CE dans l’économie fait allusion au passage d’une économie conventionnelle (de marché) à
une économie sociale et solidaire. La première correspond à des échanges basés sur le prix défini par la
concurrence, tandis que la seconde réfère à des rapports de commerce ayant pour but la garantie d’une
rémunération juste et suffisante avec une protection plus prononcée de l’environnement humain et
écologique.
Le Mali, un pays africain connu pour la production et l’exportation du coton, a inscrit sa politique
économique dans l’objectif de « ne pas restreindre les bénéfices du commerce équitable aux seuls
producteurs certifiés »2.
Les professionnels de la filière ont opté pour une stratégie permettant aux producteurs de coton d’améliorer
leur situation sociale et financière, par l’atteinte d’un prix plus ou moins équitable (juste prix) et supérieur en
moyenne aux prix d’achat des marchés conventionnels.
D’ailleurs, l’expérience des pays africains rapportée par une doctrine3conclut à « la capacité du commerce
1
- MATRINGE-SOK (Bovy), Le commerce équitable, développement durable : approche juridique, sous la direction de
Monsieur Rémy CABRILLAC, Professeur à l'Université Montpellier I, présentée et soutenue publiquement le 23 mars
2013, HAL, p 105 et s.
2
- BALINEAU (Gaëlle), Le commerce équitable : un outil de développement ?, sous la direction de Mme Catherine
ARAUJO-BONJEAN et M. le Professeur Philippe DULBECCO, Présentée et soutenue publiquement le 6 Septembre
2010, FSEG, Université d’Auvergne, Clermont-Ferrand 1, 2010, p. 61
3
- Idem. Vr. Aussi JOURDAIN (Loïc), LECLERC (Michel), MILLERAND (Arthur), Economie collaborative & Droit -
Les clés pour comprendre, Collection « Innovation », FYP éditions, 2016, 162 p.
222
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
équitable à garantir des prix plus élevés et plus stables que ceux du secteur conventionnel, au moins pour les
filières agricoles ». Il y est également indiqué que les incitations instaurées, telles la prise de développement
à verser à la coopérative, contribue à « financer des investissements collectifs (école, dispensaire, matériel de
production) (…) ».
Les Organismes du Commerce Equitable (OCE) participent à la fourniture de services aux producteurs et à
leurs organisations, notamment par l’assistance technique, la formation et l’information sur les marchés
cibles. En parallèle, des Organisations de Producteurs (OP) ont pu bénéficier d’une structuration justifiée par
les exigences imposées dans les marchés publics (cahiers de charges), les exigences à l’export contenant les
normes de qualité et les délais de livraison.
Le développement des compétences « techniques et organisationnelles » des OP ne peut que renforcer les
capacités de négociation. Comme en témoigne le cas du café au Nicaragua, où fut recours à l’économétrie
pour démontrer « l’effet « commerce équitable », indépendant de « l’effet prix » et de « l’effet
coopérative»1.
2- La sous exploitation du CE dans la politique économique : exemple local
Le CE comme moyen d’échange et de partenariat fait partie de l’ESS, et est de la compétence du Secrétariat
d’Etat chargé de l’ESS. Il est reconnu par les pouvoirs publics comme outil de développement et de
préservation de l’environnement, tout en permettant la réalisation de bénéfices et l’autonomisation des
femmes marocaines subvenant à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
Mais il n’est toujours pas valorisé comme un moyen de promotion des capacités de production du terroir et
d’avancement en matière sociale. Ayant pointé du doigt les entraves au développement de l’ESS au Maroc,
le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) les a réuni dans « (i) la dispersion des actions en
faveur de l’ESS entre plusieurs entités et intervenants ce qui ne permet pas de procéder a une évaluation
et un suivi efficaces et exhaustifs de l’évolution du secteur (…) ; (ii) l’accès limité aux financements et la
dépendance des établissements de l’ESS par rapport aux fonds publics, aux dons et aux subventions, sans
omettre le coût élevé du microcrédit ; (iii) les déficits en termes de gouvernance et de capital humain
qualifié au niveau de ces établissements ; (iv) d’autres obstacles liés à l’accès aux marchés, à la
fiscalité »2. Il s’ensuit que le CE même reconnu comme locomotive du développement d’un commerce de
partenariat, ne suffit pas à l’ériger en outil inscrit dans le droit et produisant des effets juridiques certains. Ce
qui impose l’impératif d’adopter le projet de loi n° 11-72 et la loi cadre sur l’ESS.
1
- s’agit de l’étude RONCHI, Idem.
2
- Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Rapport annuel – année 2017, www.cese.ma, soumis par
Mr BARAKA Nizar, Président du CESE à sa majesté le Roi Mohamed VI, p. 67 et s.
223
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux
JOURDAIN (Loïc), LECLERC (Michel), MILLERAND (Arthur), Economie collaborative & Droit - Les
clés pour comprendre, Collection « Innovation », FYP éditions, 2016, 162 p.
- Thèses, mémoires
BALINEAU (Gaëlle), Le commerce équitable : un outil de développement ?, sous la direction de Mme
Catherine ARAUJO-BONJEAN et M. le Professeur Philippe DULBECCO, Présentée et soutenue
publiquement le 6 Septembre 2010, FSEG, Université d’Auvergne, Clermont-Ferrand 1, 2010, 374 p.
MATRINGE-SOK (Bovy), Le commerce équitable, développement durable : approche juridique, sous la
direction de Monsieur Rémy CABRILLAC, Professeur à l'Université Montpellier I, présentée et soutenue
publiquement le 23 mars 2013, HAL, 460 p.
- Articles & Actes de Colloques
ABDELGAWAD (Walid), le commerce équitable et la société civile internationale : une chance pour la
mondialisation d’un droit de l’économie solidaire, De Boeck Supérieur « Revue internationale de droit
économique», 2003/2 t. XVII, 2 | pages 197 à 232. Téléchargeable sur https://www.cairn.info/revue-
internationale-de-droiteconomique-2003-2-page-197.htm
DOUSSIN (Jean Pierre), le commerce équitable : instrument de mise en œuvre concrète des droits de
l’Homme, ancien professeur associé à la faculté de droit et des sciences politiques de Nantes, Vice-président
de l’association Max Havelaar France, Rencontres Lascaux « Se la terre à l’aliment, des valeurs aux règles –
28 et 29 juin 2010, HAL, 14 p.
VAN HOOVE (Jean-Paul), le commerce équitable : une démarche exemplaire ? L’Encyclopédie du
Développement Durable, n° 70 - octobre 2008, 8 p.
- Rapports et documents officiels
-Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Rapport annuel – année 2017, www.cese.ma,
soumis par Mr BARAKA Nizar, Président du CESE à sa majesté le Roi Mohamed VI, 191 p.
-CESE, Economie sociale et solidaire – un levier pour une croissance inclusive, Rapport suite à l’auto
saisine n° 19/2015, préparé par la Commission Permanente chargée des Affaires de la Formation, de
l’Emploi et des Politiques sectorielles sous la Présidence de Mr BOUKHLAFA Bouchta, Imprimerie
Sipama, 2015, 133 p.
-La Cour des Comptes, Synthèse du rapport relatif au contrôle de la gestion de L’Office de
commercialisation et d’exportation (OCE), mars 2016, 11 p.
- Lois & Règlements
-Décret n° 2-06-388 du 16 moharrem 1428 (5 février 2007) fixant les conditions et les formes de passation
des marchés de l'Etat ainsi que certaines règles relatives à leur gestion et à leur contrôle. Bulletin Officiel n°
5518 du 19 Avril 2007.
-Dahir n° 1-14-189 du 21 novembre 2014 portant promulgation de la loi n° 112-12 relative aux coopératives,
Bulletin Officiel n° 6696 du 2 août 2018.
-Projet de loi n° 72-11 relatif au Commerce Equitable, téléchargeable sur le site du Secrétariat d’Etat de
l’ESS.
-Charte des principes du Commerce Equitable, janvier 2009, World Fair Trade Organization et Fairtrade
Labelling Organizations International. Sur www.befair.be
224
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Ce constat nous amène à réfléchir sur l’influence des SDOQ sur la décision d’achat du consommateur. En
d'autres termes : est-ce que le consommateur donne une importance au SDOQ et les prend en considération
lors de l’achat d’un produit de terroir ?
Les produits du terroir sont de plus en plus reconnus par les consommateurs comme une alternative
rassurante à une production standardisée et généralement mondialisée. Cette différenciation renvoie, d’une
part, aux caractéristiques particulières des produits qui sont liées à son origine, et d’autres part, à la
combinaison de facteurs naturels et humains. Ces produits sont souvent élaborés dans des régions
défavorisées, par des réseaux de petites entreprises qui ont peu de moyens pour faire valider leurs efforts.
C’une façon pour maintenir et valoriser les ressources locales par les savoirs et les savoir-faire locaux. Leur
valorisation peut permettre de générer non pas seulement de la valeur ajoutée mais aussi de l’équité et de la
justice. Ils représentent une réponse à des consommateurs motivés par l’authenticité, l’originalité, le
rattachement culturel ou la nostalgie.
Pour répondre au mieux à cette problématique nous établirons, dans un premier temps, un état des lieux du
poids de ces SDOQ. Cette partie référencera notre cadre conceptuel et théorique, à partir duquel notre travail
s'est construit. Elle nous a notamment permise de rédiger notre guide d'entretien, et donc d'interviewer un
nombre conséquent de consommateurs.Enfin, notre dernier axe mettra en lumière les informations les plus
pertinentes de nos entretiens.
1. Fondements théoriques
1.1. Le terroir : cadre théorique
1.1.1. Le terroir, un concept complexe
Nous présentons ici la définition collectivement proposée par les chercheurs de l’INRA/INAO et reprise lors
des Rencontres Internationales à l’UNESCO (2005) et reprises pas d’autres : « Un Terroir est un espace
géographique délimité défini à partir d’une communauté humaine qui construit au cours de son histoire un
ensemble de traits culturels distinctifs, de savoirs et de pratiques, fondés sur un système d’interactions entre
le milieu naturel et les facteurs humains. Les savoir-faire mis en jeu révèlent une originalité, confèrent une
typicité et permettent une reconnaissance pour les produits ou services originaires de cet espace et donc pour
les hommes qui y vivent. Les terroirs sont des espaces vivants et innovants qui ne peuvent être assimilés à la
seule tradition » (UNESCO, terroir et cultures, 2005).
La notion de terroir intègre ainsi de nombreuses dimensions qui se complètent pour former un espace unique,
profond et polysémique :
un espaces géographique délimitée considéré par ses aptitudes pédoclimatiques et naturelles,
un espace de savoirs faires et de pratiques qui révèlent une originalité et confèrent une typicité,
des traditions et des usages localisés distinctifs fondés sur un système d’interactions entre le milieu naturel
et les facteurs humains.
Ainsi, le concept de terroir est aujourd’hui utilisé pour rendre compte de l’interaction entre l’espace et le
temps, d’un côté, et entre les hommes et le milieu, de l’autre.
L’appellation "terroir" est un droit collectif résultant de la reconnaissance qu’un produit existant a une
réputation et une histoire. Cette réputation est généralement liée à une qualité spécifique du produit (sa
typicité) qu’il faudra décrire. Cette typicité peut être liée à un goût distinctif, à un arôme spécifique, à une
forme particulière, à une couleur, à une composition chimique ou à toute autre élément ou combinaison
d’éléments permettant de distinguer le produit de tout autre produit similaire. La typicité du produit de
terroir, est le résultat des conditions naturelles dans lesquelles le produit est obtenu mais également des
méthodes et modalités d’obtention. D’où l’extrême importance du travail d’identification et de description de
ces conditions naturelles et humaines, en se concentrant sur les éléments qui contribuent à la typicité afin de
fournir des éléments de preuve du lien au terroir et d’aider ainsi à la délimitation de l’aire géographique
indispensable à l’identification du produit et donc à la reconnaissance de sa qualité de terroir.
226
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Pour les vendeurs, l’identité du terroir constitue sur les marchés un support de connaissance et de
reconnaissance d’abord, conduisant à la notoriété rémunératrice, ensuite. Du point de vue des
consommateurs, les produits de terroir représentent une charge affective très forte et matérialisent des
attentes aussi diverses que le goût, la santé, la nostalgie, la protection de l’environnement, le soutien aux
petits producteurs… (Aït Errays et Hattabou, 2015). Les représentations des consommateurs par rapport à ce
type de produits relèvent plus du « mythe » que de perception objectives d’attributs tangibles.
Les produits de terroir sont souvent liés aux zones rurales, notamment les zones de montagne. Leur
valorisation est considérée comme un vecteur principal de la dynamique de développement des zones
difficiles, dans le sens de la valorisation des ressources locales ou de la création-développement d’activités
économiques locales (FSA, 2003). Cependant il est nécessaire pour promouvoir les ressources et les produits
locaux que les acteurs locaux soient soutenus et appuyés pour organiser et coordonner leurs actions.
Toutefois, il n’y a pas que les producteurs et les consommateurs qui tentent de valoriser les produits de
terroir. Les politiques publiques s’y intéressent aussi dans la mesure où ces derniers peuvent contribuer au
développement local : augmentation du revenu des agriculteurs dans les régions isolées, maintien de la
durabilité environnementale, assurance du bien-être animal, création d’emplois ruraux… (Tregear., 2003).
Aujourd’hui, la notion de terroir est utilisée dans de nombreux contextes, en dehors de l’activité agricole
(tourisme de terroir, littérature de terroir, développement local, ...) (Prevost et Lallemand, 2010).
1.1.2. Les avantages escomptés de la valorisation des produits de terroir
La labellisation a été retenue parmi les principaux axes de la stratégie nationale de développement des
produits de terroir. Elle vise à valoriser et promouvoir la diversité et la qualité des produits de terroir et du
savoir-faire de la population locale, à développer une agriculture solidaire, plus productive et durable
notamment dans les zones à fortes contraintes naturelles et à leur créer des opportunités du marché.
En raison de la saturation croissante des marchés des produits standards, les exploitants agricoles des pays
développés mais aussi de plus en plus de pays en voie de développement tendent donc à différencier leurs
produits à partir de la qualité afin d'intervenir sur des segments de marché moins concurrentiels. Cependant,
cette différenciation ne peut se faire sans une intégration croissante de cette transformation dans la logique
de développement local. Mais cela exige aussi une définition par l'ensemble des acteurs locaux de la typicité
des produits fabriqués et donc du positionnement qualitatif souhaité.
Or, désormais, la qualité alimentaire ne s'entend plus seulement au sens classique du terme, à savoir
l'aptitude à l'usage et donc l'aptitude à satisfaire les besoins des utilisateurs. Elle comprend ainsi des éléments
qui se rattachent souvent aux notions d’origine, de patrimoine local, de justice, d'exigence écologique et
humaine, etc. Par ailleurs, l'existence d'une protection réglementaire des produits de terroir devient un moyen
de compensation de désavantages économiques subie par certains acteurs situés dans des régions
défavorisées (Pivot, 1998). Elle a pour objet de créer une rente collective, de la protéger et la pérenniser vis-
à-vis de l'extérieur, et de la réguler et redistribuer en interne (Sylvander et Pierre-Cornet, 2000). Cette
évolution est également liée à l’apparition d’un nouveau type de consommateur, dit « homme de culture »
(Aït Errays et Hattabou, 2015). Ainsi la notion de qualité dans le domaine du développement rural devient
l’essence d'un changement économique et culturel à mettre en œuvre (Hervieu, 1993).
Toutefois, le consommateur doit être informé de façon objective et claire sur les produits de terroir et leurs
caractéristiques. D'où l'intérêt de créer des dispositifs d'identification des produits dans un souci de valoriser
leur spécificité, d'éviter la concurrence déloyale entre producteurs et de faciliter le choix des consommateurs.
La définition d'un système des signes de qualité se traduit dans les faits par l'attribution d’avantage
concurrentiel collectif. Un avantage concurrentiel dont les autres agents, qui n’adhérent pas aux règles ou se
trouvant hors des frontières territoriales, ne peuvent pas en bénéficier. Ce mode d'organisation économique
repose sur l'institution de « barrières à l’entrée » dans les filières, concédant aux acteurs de chaque filière une
position de monopole locale. Dans ce contexte, la coopération entre les acteurs locaux sera à l’origine de la
227
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
réalisation d’un surplus qu’on appelle rente (Jeanneaux et Perrier-Cornet, 2011). C’est une rente dans la
mesure où le surplus est lié à une forme de monopole d'un groupe d'agents sur une ressource quelles que
soient les modalités de construction de celle-ci. C’est aussi une rente dans la mesure où le surplus provient de
la coopération d'agents qui mettent en commun des ressources complémentaires.
La qualité devient alors un facteur de compétitivité sur des marchés de plus en plus concurrentiels et
internationalisés et un facteur de développement pour les zones créatrices de qualité (Pivot, 1998). En se
distinguant des signes de qualité définis par l'entreprise, ils deviennent le symbole d'une volonté de
construction collective de la qualité mais aussi d'une prise en charge autonome du développement rural.
1.2. Les signes de qualité dans le domaine des produits de terroir
1.2.1. Les fondements législatifs et réglementaires
Le référentiel législatif et réglementaire à la base de la reconnaissance, de l’enregistrement et de la protection
des signes distinctifs d’origine et de qualité est composé des textes suivants :
Loi n° 25-06 relative aux SDOQ des denrées alimentaires et des produits agricoles et halieutiques
Décret n°2-8-403 pris pour l’application de la Loi n°25-06 relative aux SDOQ
Décret n°2-8-404 relatif à la composition et au mode de fonctionnement de la commission nationale des
SDOQ.
Arrêté n° 83-09 du 5 janvier 2009 du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime relatif aux modalités
de reconnaissance d’un SDOQ.
Arrêté n° 82-09 du 5 janvier 2009 du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime relatif à la
certification des produits bénéficiant d’un SDOQ.
Arrêté n° 81-09 du 5 janvier 2009 du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime relatif au règlement
intérieur de la commission Nationale des SDOQ (CNSDOQ).
Cette législation particulière ne se substitue pas à celle applicable en matière d’hygiène et de salubrité des
produits agricoles et des denrées alimentaires, elle la complète et ne concerne que la qualité liée à la
spécificité de ces produits (Aït Errays, 2017).
1.2.2. Les caractéristiques de différenciation des produits de terroir
-La provenance du produit : dans la mesure où la qualité supérieure est lié particularités spécifiques de la
terre (terroir), elle garantit que le mode de production incarne une histoire et un savoir-faire local, elle est le
résultat exprimé d’une volonté locale collective. Par exemple, « Tyout-chiadma, pour l’huile d’olive », «
Taliouine, pour le safran » ou « Ait Baamran, pour les figues de barbarie ». Il s’agit d’un identifiant qui n’est
pas encore contrôlé au Maroc (dans certains cas, elle risque d’induire l’acheteur en erreur). Il indique une
mention géographique sur l’étiquetage du produit uniquement liée à l’opération, l’étape de production et/ou
d’élaboration réalisée dans la zone considérée (Aït Errays, 2017).
- La signature du producteur : c’est le cas où les produits sont commercialisés sous une marque garantissant
leur authenticité pendant toute la durée du transport vers le consommateur. La marque est un signe
(dénomination, dessin, logo, etc…) servant à distinguer les produits ou les services d’une personne physique
ou morale dont la propriété et l’usage relèvent du droit privé. Elle peut être individuelle ou collective et
soumise à un cahier des charges non validé par les pouvoirs publics. Elle est un signe de reconnaissance pour
le consommateur, mais elle n’est pas un signe officiel de qualité.
La marque individuelle appartient généralement à une entreprise. À travers leur marque, les producteurs
(entreprises et les coopératives de terroir) et les distributeurs (les magasins spécialisés) garantissent une
qualité qui ne doit souffrir d’aucune défaillance, car les erreurs se payent cash. Par exemple, les conserves de
Meknès (LCM) qui commercialisent l’huile d’argan sous la marque "Aïcha". Au Maroc, cette pratique est
rare chez les coopératives de production et de commercialisation des produits de terroir (Aït Errays, 2017). À
sa place, les coopératives productrices préfèrent mentionner leur nom plus tôt que le nom de marque.
228
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
À la différence des marques d’entreprise, une marque collective ne peut pas être détenue par une structure
privée, mais bien par une structure collective qui assure la gestion et la promotion de cette marque. Ainsi, les
producteurs associés dans une structure collective peuvent créer une marque collective : elle permettra de
designer un ou plusieurs types de produits sous un dénominateur commun.
Au Maroc, l’Agence pour le Développement Agricole (ADA) a lancé le Label Collectif « Terroir du
Maroc ». Son objectif est de valoriser et promouvoir les produits de terroir marocains auprès des
consommateurs marocains et étrangers. L’obtention de l’autorisation d’usage du Label collectif « Terroir
du Maroc » se fait via le dépôt d’un dossier de demande auprès de l’Agence pour le Développement
Agricole. L’autorisation d’usage du label collectif est délivrée par ladite agence pour une durée de 3 ans
renouvelable.
Maroc Taswik a également mis en ligne, en partenariat avec de la Fédération Nationale du E-Commerce
au Maroc (FNEM), un ensemble de sites dédiés exclusivement à la vente de plus de 1500 références des
produits de terroir, alimentaires et cosmétiques, des coopératives des petits producteurs Marocains de
l’ensemble des régions du Royaume. Ces produits portent dorénavant une marque unique Amurinou
« mon pays en amazigh ». Une marque à travers laquelle Maroc Taswik vise à exprimer l’un des
symboles forts de la culture marocaine, traduire l’origine purement terroir et véhiculer un visuel
marocain bien ancré dans la mémoire collective internationale.
229
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
biologique pour le marché européen…) Les cahiers des charges pour le label marocain bio sont en cours
d’adoption. Au Maroc, il existe deux types de produits biologiques à savoir : les produits des plantes
aromatiques et médicinales (PAM) spontanées et les produits des plantes cultivées. L’arganier est la seule
espèce fruitière non cultivée dont la production est cert
certifiée bio.
D’autres logos voisins sont présentés dans le tableau suivants :
Le label Naturel ou 100% Naturel propose des produits ne contenant que des
ingrédients naturels ou d’origine naturelle présentées à la vente en état ou après
une transformation
sformation simple et non
non-polluante
polluante d'un végétal ou d'un minéral.
Certifie sur le marché des États-Unis que le produit est bio. Il existe 3 catégories
de produits bio :
« 100% organic » : garantit que 100% des ingrédients sont certifiés biologiques.
« organic » : garantit que 95% minimum des ingrédients sont certifiés
biologiques.
ologiques.
« Made with certified organic ingrédients » : que 70% minimum des ingrédients
sont certifiés biologiques.
(dans notre recherche nous n’avons pas spécifié un produit terroir quelconque). Nous n’avons ainsi interrogé
que les personnes qui ont effectivement acheté un produit de terroir et qui affirment en être aussi des
consommateurs réguliers. Par ailleurs, étant donné que la disponibilité des produits de terroir peut varie
fortement selon les régions, nous avons décidé de limiter la provenance des participants à la région du Souss-
Massa de manière à rendre homogène le niveau d’accès à ce produit.
3. Synthèse et discussion des résultats
L'analyse du contenu des réponses des participants nous a révélé des renseignements importants sur les labels
utilisés pour valoriser les produits de terroir.
Toutes les personnes rencontrées affirment qu’elles ont déjà entendues parler du mot « produit de terroir ».
En revanche, lorsque nous leurs avons demandés de nous dire ce que ce terme voulait dire, nous avons
constaté qu’elles le confondent avec d’autres termes voisin tels que « produit local », « produit naturel » et
« produit beldi –authentique – ».
Nos interlocuteurs ne font pas appel aux mêmes mots ni aux mêmes notions pour décrire un produit de
terroir de qualité. Certains mettent plus en avant destermes écologiques et évoquent davantage des critères
liés au système de production : sa traçabilité, origine, naturel, respect de l’environnement, issus de
l’agriculture biologique Ce constat a été perçu surtout auprès des interviewés de sexe masculin… Sans
employer tout à fait les mêmes mots, d’autres évoquaient davantage des critères plus pratiques et insistent
sur : l’effet sur la santé (« sain »), le prix, sa date de péremption, sa fraîcheur et son apparence. Ce résultat a
été perçu surtout auprès des interlocuteurs de sexe féminin.
Toutes les personnes rencontrées ont une attitude positive par rapport à l’importance des SDOQ. Ils leurs
permettent de garantir un produit bon pour la santé. C’est donc un outil efficace de reconnaissance des
produits labélisés de ceux qui ne l’ont pas, surtout dans un environnement où l’informel est très important
offrant des produits souvent risqués.
Toutefois, les SDOQ sont important surtout lorsque l’achat se fait en dehors des territoires d’origine. Si
l’achat est effectué sur le territoire d’originela signalisation importe peu et l’identité du vendeur suffit pour
inciter le consommateur à acheter un produit de terroir. Dans ce cas, les SDOQ sont important mais ne
constituent une condition sine qua non à leur achat.
Il est également nécessaire de prendre en compte les effets du circuit de distribution retenu (le réseau
coopératif, la grande distribution, les magasins spécialisés, les particuliers). Certains de nos interlocuteurs
ont affirmé que si leur achat est effectué directement auprès des coopératives ou les magasins spécialisés, la
signalisation ne constitue pas une condition pour acheter le produit.En revanche, si l’acte d’achat est effectué
dans une enseigne de la grande distribution, l’existence d’une signalisation et d’une marque commerciale
importe plus. Dans ce cas, les vendeurs doivent créer une harmonie entre les SDOQ utilisés. Si l’achat est
effectué auprès d’un particulier, dans ce cas, la confiance en cette personne est décisive et les SDOQ n’ont
aucune importance aux yeux de l’acheteur.
En outre, la multiplicité des labels apposés sur les produits complexifie l’identification des SDOQ officiels
de ceux qui sont utilisés pour des raisons exclusivement commerciales.Ils leurs est difficile de faire
confiance en les SDOQ dans un contexte où les labels officiels sont difficiles à distinguer de ceux qui sont
officieux. Pour cela, nos interviewés affirment que les SDOQ sont certes importants mais ils sont insuffisants
pour inciter à l’achat.Dans ce cas, la marque commerciale ou la confiance en le vendeur intervienne pour
combler ce vide.
La connaissance des signes de qualité semble être en lien direct avec leur notoriété. En réponse à la question
« Pouvez-vous me citer tous les signes de qualité apposés sur les produits de « terroir » alimentaires que vous
connaissez ? », les premières réponses étaient pour la mention AB (citée par tous les interviewés), la mention
naturel (cité par 60% des personnes rencontrées), l’AOC (cité par seulement deux personnes), l’origine (cité
par trois personnes). Nous constatons, donc, que l’AOC qui est un signe spécifique au produit de terroir
dispose d’une faible notoriété auprès des acheteurs. Cela peut s’expliquer par la faible communication des
pouvoirs publics autours de ce label.
231
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Les SDOQ, notamment la mention d’origine pour certains produits, constituent une indication
incontournable rassurant l’acheteur quant à la qualité du produit acheté, exemple du Safran de Taliouine ou
l’huile d’olive de El Kalâa des Sraghnas.Toutefois la signalisation de la qualité reste liée à la nature du
produit acheté. Dans ce sens, les interviewés ont révélé qu’elle serait importante lorsqu’il s’agit d’un achat
d’un produit alimentaire, sinon elle serait facultative.
Sur la crédibilité des SDOQ et si les consommateurs en sont convaincus qu’ils expriment forcément une
qualité supérieure, les personnes rencontrées perçoivent en ces signes une assurance que les précautions et
les contrôles ont été pris lors de la fabrication.
Pour l’ensemble des interviewés le prix, souvent demandé pour un produit de terroir qui porte un SDOQ
officiel, est certes élevé mais justifié étant donné les avantages qu’il procure aux vendeurs et aux
consommateurs. Pour les vendeurs, ils offrent une grande visibilité et crédibilité à leurs produits face à ceux
de la concurrence. Pour les consommateurs, ils leurs garantissent un produit de qualité : bon pour la santé,
nostalgique, naturel et traditionnel. Toutefois, nos interviewés affirment que les retombés sociales et
environnementales de l’utilisation des SDOQ sont difficiles à vérifier.
Conclusion
WEBER va ensuite avancer que les moteurs des choix peuvent être de quatre types. On retiendra
principalement la motivation par valeur et la motivation par finalité.
La perception de la qualité est déterminante dans la décision d’achat des produits de terroir. La décision
rationnelle pour un individu ne le sera pas pour un autre. Cela s'explique par le simple fait que la perception
de la qualité est subjective et que celle-ci à plusieurs significations qui dépondent souvent de la nature du
produit acheté. Elle est souvent relative aux attributs intrinsèques du produit. Ces attributs de la qualité
peuvent être très utiles pour construire une forte image de marque. Leur notoriété pourrait avoir des retombés
positifs pour les consommateurs, les producteurs et pour le territoire d’origine. Toutefois, la concurrence
entre les producteurs, la méfiance des consommateurs et même les intérêts des décideurs politiques ont
poussé les pouvoirs publics à vouloir réglementer les filières de terroir. C’est une volonté qui a été traduite
dans la stratégie Maroc vert, pilier 2.
Cette recherche nous a révélé que les labels officiels ne sont pas toujours reconnus dans leur totalité. Le réel
point négatif réside dans leurs multiplicités et dans le manque de communication de la part des pouvoir
public sur la diversité des signes officiels. La majorité des acheteurs n'arrivent pas souvent à exprimer les
caractéristiques relatives à chaque distinction. Les SDOQ sont certes importants mais leurs importances sont
relatives. Elles sont fonction de la nature du produit acheté, au lieu d’achat et à la présence d’une marque
commerciale. Par contre le prix ne semble pas avoir une influence directe sur la décision mais qui reste un
facteur à contrôler. Même si les acheteurs sont exigeants sur la qualité, ils restent attentifs au prix de vente
sur le marché. Si le rapport qualité/prix n’est pas un facteur de motivation pour les acheteurs, il peut
constituer un frein lorsqu’il est perçu négativement.
Les résultats peuvent aider les responsables de la valorisation des produits de terroir à cibler leurs compagnes
de promotion afin de maximiser leur efficacité et leur efficience. Faire du marketing des produits de terroir
c’est tenir compte de plusieurs contraintes. La perception de la qualité qui doit être contrôlée, surtout par
rapport au prix de vente. Il faut par exemple faire attention à la confusion qui peut exister chez les acheteurs-
consommateurs entre les labels. Les professionnels doivent également arriver à créer un équilibre entre les
labels utilisés et la marque commerciale. On peut ajouter aussi que la présence des produits de terroir sur des
lieux de vente intensifs comme les grandes surfaces peut avoir un impact positif sur les ventes du produit. Un
effet qui risque de disparaître à long terme. Dans ce cadre, les SDOQ peuvent être décisive pour les
acheteurs.
De notre point de vue, nous sommes conscients du caractère réducteur du choix méthodologique que nous
avons fait. Il serait donc risqué de faire des généralisations. Le but de ce travail de recherche n’était pas
forcément de donner des réponses concrètes mais d’essayer de contribuer, même si d’une façon limitée aux
232
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
233
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
234
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Les compétences émotionnelles les compétences émotionnelles selon inspiré de Goleman (2002)
etKotsou(2017) :
235
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
236
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
2-3) Les dimensions sous-jacentes des compétences émotionnelles d’après Goleman (1998)
237
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
par un effort structuré d’observation et d’empathie aux situations » (Roussel et Wacheux, 2005p13).
• Le constructivisme « coïncide avec une attitude ouverte de recherche, plutôt qu’avec un paradigme
définitif » (Wacheux, 1996, p42).
Résultats :
• C’est vrai que les citoyens sont éblouis par la dignité et la démocratie mais cette révolution a
bouleverser le pays à tous les niveaux, économique, social et éthique.
• Les femmes artisanes précisent que l’amour pour le métier et le partage non calculé sont des leviers
déterminants dans le travail de l’artisane.
• Suite au bouleversement de la métamorphose politique, socioculturelle et économique du pays, les
femmes artisanes se sont portées volontaires de travailler pour financer leurs familles.
• La communication fluide, la bienveillance, la chaleur et l’empathie sont des leviers pour la réussite
du métier de l’artisane.
• les femmes artisanes sont conscientes de l’importance de l’intelligence émotionnelle et sociale
pour réussir leur travail.
• L’intelligence émotionnelle et l’intelligence sociale sont des vecteurs pour réussir la carrière des
femmes artisanes.
• Le manque de sécurité social, la situation ambigüe du pays et le manque de soutien de l’Etat
n’empêchent pas les artisanes d’abandonner leur profession, elles gardent espoir et pensent de surcroit
aux générations futures.
• La confiance en Dieu et la foi renforcent leur courage et leur attachement pour leur métier.
• Le calme et la sérénité sont signe du bonheur et de spiritualisme selon les femmes artisanes.
• Les artisanes ont des diplômes scientifiques mais choisissent le secteur de l’artisanat par amour et
conviction.
• D’après les femmes artisanes : le monde passe par une crise d’humanité causée par le manque
d’attention consacré aux valeurs du respect mutuel, la gentillesse et la tolérance.
• les femmes artisanes précisent, d’après leurs échanges avec les touristes, que la différence au niveau
de l’appartenance religieuse n’empêche pas la paix, la diversité ou l’échange, au contraire la diversité
est source de richesse pour l’humanité.
• Les émotions positives sont déclencheuses de l’échange, de l’interactivité et d’ouverture.
• La gentillesse, comme la maitrise de la colère sont des valeurs universelles et reflètent d’intelligence
sociale qui caractérisent les femmes artisanes.
• Les compétences émotionnelles sont source de bien-être pour les femmes artisanes et permettent une
meilleure gestion du stress et une meilleure adaptions aux situations sociales.
• L’effet d’expérience et la culture de l’artisane ont un effet significatif sur son comportement avec les
touristes.
Apports :
• Les valeurs du leadership spirituel régissent les comportements les femmes artisanes et renforcent les
relations entre les personnes qui exercent ce métier.
• Le calme et la sérénité sont signe du bonheur et de spiritualisme selon les femmes artisanes.
• Les valeurs altruistes renforcent l’engagement de la personne à son travail et stimulent la
persévérance des femmes artisanes pour l’échange, le partage et l’implication dans la vie économique et
238
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
sociale.
• la spiritualité à travers ses différentes formes : la foi, le sens de la communauté , permet de dépasser
l’intérêt individuel, c’est la capacité de penser aux autres, aux générations futures aussi et renforcer
l’empowerment.
• Selon les femmes artisanes l’ambition, l’espoir et la positivité sont importantes pour persévérer et
résister.
• Savoir vivre avec l’espoir est une valeur spirituelle en soi.
• les artisanes exercent un rôle primordiale dans la favorisation et le rafraichissement du tourisme en
Tunisie.
• Le perfectionnisme au travail et la miséricorde avec autrui sont des valeurs humanitaires dans le
métier de l’artisane.
Les compétences émotionnelles, sources de motivations intrinsèque et extrinsèque, permettent aux
femmes artisanes de s’adapter mieux dans leur environnement.
• L’accueil chaleureux et le sentiment de responsabilité et de fraternité sont des actes purement
humains et altruistes sans lesquelles il sera impossible de réussir le métier d’artisanat.
• Les valeurs de confiance, de la vertu, du respect, du service d’autrui, de l’honnêteté, de la patience ,
de l’authenticité, de la justice et de la gentillesse sont essentielles pour l’exercice de ce métier et pour
vivre en harmonie.
• L’accueil chaleureux et le sentiment de responsabilité et de fraternité sont des actes purement
humains et altruistes sans lesquelles il sera impossible de réussir le métier d’artisanat.
• Les valeurs de confiance, de la vertu, du respect, du service d’autrui, de l’honnêteté, de la patience ,
de l’authenticité, de la justice et de la gentillesse sont essentielles pour l’exercice de ce métier et pour
vivre en harmonie.
• Dans un contexte nationale dominé par l’instabilité et un monde dominé par l’individualisme et
l’égocentrisme le style du leadership spirituel peut renforcer l’empowerment entre les femmes
artisanes.
• Le leadership spirituel renforce le comportement de citoyenneté chez les femmes artisanes et
accentue l’empowerment entre elles.
• Les valeurs altruistes, stimulent la capacité des femmes artisanes pour apprendre ensemble et
renforce la culture de « Nous », ce qui révèle la puissance de l’empowermnt féminin.
• La quête du sens, une dimension fondamentale du leadership spirituel, encourage le partage et
l’apprentissage chez les femmes artisanes et leurs permet de créer leurs propres emplois.
• L’empowerment est source d’inspiration en soi pour les femmes artisanes notamment pour la
création des projets pour les femmes artisanes rurales.
• L’empowermnt favorise la lutte contre l’isolement de la femme artisane rurale, refuse de limiter son
rôle dans le secteur agricole et met en exergue sa contribution pour l’économie sociale et solidaire du
pays.
• Le leadership spirituel est un levier pour l’empowerment , qui à son tour permet de réduire le taux de
chômage , notamment dans les régions défavorisées .
• Les créations artistiques des femmes artisanes attirent davantage les touristes et contribue à
l’accroissement du PIB nationale.
• La création des emplois et l’innovation artisanale,
239
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
240
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
241
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
L’objectif de cette recherche est d’évaluer la répercussion des pratiques de développement durable sur la
performance globale de la chaîne logistique et l’analyse de la problématique de développement durable dans
son inscription spatiale en mettant l’accent sur ses 3 dimensions territoriales.
A l’instar des autres pays, le Maroc s’est engagé dans une politique dedéveloppement durable à travers la
mise en place de la stratégie nationale de développement durable(SNDD). C’est dans cette perspective où se
situe l’apport de cette recherche, qui vise àétudier l’impact de l’ancrage territorial du développement durable
dans le secteur agro-halieutique et de mesurer les retombées de l’engagement durable des entreprises
opérant dans la région de Sous Massa. Ainsi, cette recherche va contribuer à l’élaboration d’un
systèmed’évaluation de la performanceglobalequi permettra aux acteurs de la filière agro-halieutique opérant
dans le territoire de la région Souss Massa, d’évaluer et d’accompagner le déploiement de leur stratégie de
développement durable.
Notre recherche sera scindée en deux parties : dans une première partie, nous allons présenter une revue de
littérature des recherches académiques relatives au management durable de la chaîne logistique, l’impact de
ses pratiques sur la performance de la chaîne logistique et l’ancrage territoriale du développement durable de
la supply chain. Dans une seconde partie, nous présenterons le modèle théorique qui regroupe l’ensemble des
hypothèses proposées dans le cadre de cette recherche et son application dans le secteur agro-halieutique.
A travers les résultats de l’analyse documentaire et de l’enquête exploratoire menée auprès des acteurs de la
filière agro-halieutique, nous avons pu ressortir l’impact notable des pratiques de développement durable sur
la performance globale de ces acteurs.
2. ANALYSE DE LA REVUE DE LITTERATURE
2.1 Définition de management durable de la chaîne logistique
L’ajout de la préoccupation environnementale au SCM la transforme en SCM verte « green SCM », mais
lorsque les deux préoccupations environnementale et sociale sont ajoutées simultanément à la préoccupation
classique de type économique le SCM devient durable (Munier,2010)[5].
Le concept de développement durable trouvait sa consécration mondiale à la conférence des nations unies
pour l’environnement et le développement de Rio de Janeiro en 1992. Au cours de ce sommet, il y a eu lieu
la constitution d’un groupe nommé BCSD « Business Concil for Sustainable Developement ». Ce groupe a
permis de généraliser les bonnes pratiques de certaines entreprises pour démontrer leurs contributions au
développement durable.
En 1997, le BCSD développe le concept de triple bottom line sur l’évaluation des résultats des entreprises en
fonction des 3 critères : économique, environnemental et social.
A partir de 1997 et après la signature des accords de kyoto qui engageaient les états à limiter leurs émissions
de gaz à effet de serre, les institutions internationales vont renforcer les concepts de RSE et développement
durable. Ainsi la communauté internationale va interpeller les entreprises pour s’impliquer au développement
durable. Toutefois leur implication reste toujours volontaire mais elle sera mieux renforcer après
l’élaboration de la norme ISO 26000 sur la responsabilité sociale des organisations (Capron, 2013)[7] et
(Mabrouk, 2015)[20].
L’association ou le couplage de la responsabilité sociale au développement durable est assez récent, les deux
notions ont eu des trajectoires parallèles mais ils ont fini par se converger(Capron et Quairel,2007)[|6].
Aujourd’hui, on considère que la responsabilité sociale des entreprises (RSE) est la contribution des
entreprises au développement durable (Capron et Quairel,2013)[7].
Dans ce contexte, La problématique de développement durable a impacté les acteurs de la chaine logistique
et les a pousser à intégrer des pratiques et développer des stratégies plus durable. A cet égard, le MDSC
apparait comme une opportunité pour les entreprises qui ont perçu les impacts économiques potentiels d’une
telle gestion ou comme une contrainte pour celles qui ne l’ont pas encore intégré dans leurs stratégies(Akno
242
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
et fernandes, 2009)[1]. Les motivations qui poussent une entreprise à se lancer dans une démarche de
développement durable revient à la pression de la législation sur l’environnement et la demande des clients
pour des produits plus « verts » et plus respectueux de l’environnement (Breka et Gaillard,2013)[8].
2.2 les pratiques de MDSC
L’intégration du développement durable dans la chaîne logistique devient d’une grande ampleur, il est relié
à chaque processus de la chaîne logistique.
- La conception durable : Il s’agit d’évaluer le cycle de vie des produits et d’identifier des moyens pour une
utilisation optimale des ressources dans le processus de fabrication et dans la conception du produit et ce à
travers l’intégration du recyclage dans le cycle de vie du produit (Fernandes et Steenberger, 2013)[4].
- Les achats durables : Pour la sélection de ses fournisseurs, l’entreprise ne se limite plus aux critères
classiques (délais, qualité et prix), mais elle prend en considération les dimensions environnementales et
sociales(Ageron et Spalanzani,2010)[9].
-La production durable : Les travaux de recherches de Srivastava (2007)[10] et Sarkis(2003)[11] démontrent
que la fabrication durable repose principalement sur L’optimisation des ressources, de l’énergie et Le
recyclage qui consiste à récupérer la valeur d'un Produit dans sa fin de vie a travers la réparation la
rénovation ou le remanufacturing.
- Transport durable : Cilitberti et al (2008)[12] définit le transport durable comme un transport qui répond
aux besoins de mobilité tout en préservant l’environnement et en améliorant la justice sociale.
-Reverse logistic : La définition de la logistique inverse d’un point de vue environnemental se concentre
principalement sur le retour des produits et matériaux recyclables ou réutilisables dans la chaine
logistique(Sarkis,2003)[11] et (Cilitberti et al ,2008)[12].
2.3 L’impact du développement durable sur la performance de supply chain:
L’évaluation de la performance d’une entreprise dans son engagement durable est souvent difficile. Cette
difficulté réside dans les indicateurs et critères d’évaluation qui sont parfois difficilement mesurable et
quantifiables[2] et [3]. Ce qui a été démontré par Munier(2008)[13] à travers l’analyse d’une revue de
littérature récente, elle a déduit que la plupart des chercheurs se limitent à la performance d’une seule firme
impliquée dans la supply chain et se concentrent sur un facteur explicatif ce qui explique la faible
significativité des résultats
Aujourd’hui le défi d’une entreprise socialement responsable qui cherche à mener à bien son changement
stratégique est la recherche des systèmes de contrôle de performance qui intègrent les dimensions de
développement durable. D’après l’étude réalisée par Dohou et Berland(2007)[14], nous avons déduit que le
sustainable balanced scorecard est un outil indispensable pour mesurer la performance en tenant compte des
3 dimensions de développement durable[18]et [22].
Force est de constater que la plupart des recherches ne clarifient pas comment choisir entre les différentes
architectures et modèles de SBSC. Crutzen et Van Caillie(2010)[15], suggèrent que si les préoccupations de
RSE de l’entreprise sont dominantes, dans ce cas on peut intégrer les 3 dimensions de développement
durable dans chaque axe du BSC. D’autre part, si la stratégie de RSE est une stratégie d’opportunité dans ce
cas il vaut mieux rajouter un cinquième axe au BSC qui va permettre de soulever la problématique sociétale.
3. CADRE PRATIQUE ET METHODOLOGIE DE TRAVAIL
3.1 Cadre conceptuel et proposition des hypothèses de recherche
A travers la revue de littérature nous avons dégagé 3 hypothèses de travail qui nous permettrons de proposer
un modèle de recherche.
H1 : le management durable de la supply chain est un mode de gouvernance capable de soutenir la
performance globale du secteur agro-halieutique.
243
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
H2-L’intégration du principe de durabilité dans l’ensemble du processus a des répercussions positive sur
l’amélioration de la performance de SCM
H3 : le degré de la mise en place des pratiques de développement durable influence sur la performance de la
chaîne logistique.
Notre modèle conceptuel est généré à travers le couplage des 2 modèles de recherches :
245
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Le but de cette étude est d’identifier les pratiques les plus génératrices de performance et de proposer les
indicateurs d’évaluation des pratiques durables dans la filière agro-halieutique
247
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Dans la filière agro-halieutique, la logistique inverse se révèle à travers les usines de farine et de l’huile de
poisson qui constituent une opportunité pour la valorisation des déchets des usines de traitement qui
représentent 30 à 60% du produit halieutique. L’étude exploratoire auprès de ces acteurs démontrent que
l’aspect environnemental et social est pris en considération à 45% par contre l’aspect économique est très
marginal et nécessite une valorisation des coproduits afin d’augmenter la valeur ajouté de la filière. Ainsi il
est important de rechercher de nouveaux débouchés pour les déchets de la filière de pêche notamment
s’orienter vers les marchés de niche comme l’industrie pharmaceutique et alimentaire [21].
On déduit que les critères et le degré de performance de la filière agro-halieutique varient en fonction des
processus dans la chaine logistique. Les résultats de l’enquête montrent que la logistique amont génère une
performance globalement élevée par rapport aux autres maillons de la chaîne ; elle atteint un taux de 60%.
Ces résultats confirment les travaux de recherche mené par Ageron,B et Spalanzani,A.(2010)[9], qui stipule
que la logistique amont est la plus impliquée dans le développement durable. En revanche, on constate que la
conception durable et le reverse logistique génèrent une performance globale modeste (21% et 31%).
A travers les résultats de l’étude exploratoire, on déduit que les pratiques de développement durable et leurs
degrés de mise en place ont des répercussions positives sur la performance globale de la chaine logistique
agro-halieutique.
4. CONCLUSION
A l’issue de ce travail, nous avons constaté la forte motivation des acteurs de la chaîne logistiques agro-
halieutique de s’impliquer dans une démarche de développement durable, ainsi que le rôle prépondérant des
collectivités territoriales pour la veille de la mise en place des actions durables.
La principale contribution de cette recherche est de positionner l’entreprise en fonction de ses pratiques de
développement durable. Ainsi de développer un modèle de référence en se basant sur les indicateurs de
performance issus du terrain pour l’évaluation de la performance globale afin d’accompagner les acteurs de
la chaine logistique de la filière agro-halieutique dans la déclinaison de leur démarche de développement
durable. Aussi nous avons essayer d’analyser les déterminants de l’ancrage territorial du développement
durable dans la chaine logistique agro-halieutique et sa répercussion sur la performance globale de la supply
chain.
Les résultats obtenus lors de l’étude exploratoire auprès des acteurs de la chaîne logistique agro-halieutique
peuvent aboutir à des perspectives intéressantes. Nous envisageons mener une étude empirique qui va nous
permettre de transposer notre modèle de recherche dans ce secteur.
Références
[1]Akono,D .Fernandes,V(2009). Impacts du développement durable sur les organisations logistique.
Management & Avenir, Vol.6, N°26, pp.241-255.
[2]Monnet,M.(2009). Quelle démarche de management d’un supplychain en contexte de
développement durable ? la gestion des DEEE . Logistique et management, Vol.17,N°1,pp.43-54.
[3]Brulhart,F.Moncef,B(2010). L’impact des pratiques de SCM sur la perofmence de l’entreprise :une
étude empirique dans le contexte francais.Finance contrôle stratégie, Association FCS, ,pp.33-66
[4]Fernandes,V.Steenberger,M,V(2013). Le management durable de la supplychain : quelles pratiques
pour réduire l’impact environnemental d’un site industriel. Gestion 2000,Vol.30, N°1,pp.53-67.
[5]Belin-Munier,C(2008). Logistique, Supply Chain management et stratégie orientée développement
durable :une revue de la littérature. Logistique &management ,Vol.18 , N°1, pp29-44.
[6]Capron,M.Quairel-Lanoizelée,F(2007). La responsabilité sociale d’entreprise, Paris, Editions La
Découverte, 122p.
248
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
249
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
recommandations.
I- Le label comme innovation au sein des coopératives d’argan :
Nous allons essayer de cerner le concept du label avant d’aborder son importance dans la commercialisation
des produits de terroir.
1- Le label : origine et enjeux de la création
L’apparition de l’industrie alimentaire et la multiplication des intermédiaires entre le producteur et le
consommateur constituent une mutation majeure dans le système de la production alimentaire au début du
XXème siècle. Et donc le consommateur devient exigeant et soucieux de la qualité des produits
commercialisés. C’est dans ce cadre que la loi du 1er Aout 1905 sur les fraudes et les falsifications en matière
des produits et services est mise en place par une stratégie exigeant un certain niveau de qualité en termes
d’origine et de méthode de production. Celle-ci qui va engendrer la création des labels officiels permettant la
distinction des produits grâce aux labels.
En 1935, les labels officiels d’origine et de qualité voient le jour grâce à la « Loi CAPUS » relative aux
Appellations d’Origines Contrôlées.
Ces labels ont pour but de valoriser des zones géographiques et le développement durable des territoires. Il
s’agit d’un marquage spécifique qui symbolise une qualité supérieure du produit sur un ou plusieurs critères
exprimés dans son cahier des charges. Pour obtenir et conserver son emblème de qualité, chaque producteur
doit respecter un cahier des charges.
L’ensemble des démarches : création, mise en œuvre, accréditation et contrôle de ces labels sont régies par
l’Etat via des organismes d’accréditation et de contrôle.
Il est à noter l’importance de la création d’un mouvement indépendant dans la mise en œuvre d’une
agriculture biologique, loin des pratiques agricoles qui ne respectent pas l’environnement et la santé
humaine. Ce mouvement, nommé l’Association Française pour la Recherche d’une Alimentation
Normale (AFRAN), est fondé en 1952 par un groupement de médecins praticiens sous le patronage du
professeur P.JOANNON de la faculté de Médecine de Paris.
Au Maroc, l’identification des produits de terroir par la démarche de labellisationconstitue un des
principaux axes d’intervention du Plan Maroc Vert. Il s’agit d’un élément essentiel pour développer,
valoriser et améliorer la notoriété d’un produit sur le marché. Depuis l’activation de la loi 25-06 relative aux
Signes Distinctifs d’Origine et de Qualité (SDOQ), 37 produits ont été labellisé : 30 Indication
Géographiques ; 5 Appellations d’Origine ; 2 Labels Agricoles (Ministère de l’Agriculture et des Pêches
Maritimes, 2019).
2- L’importance du label en tant qu’une innovationdans la commercialisation des produits de
terroir :
Selon D’aveni (1994), l’innovation est une mutation organisationnelle à travers laquelle des nouveaux
produits, processus, technologies ou structures sont adoptés. L’objectif est d’améliorer l’efficacité de
l’organisationpour s’adapter à l’évolution des marchéset des modes de la concurrence(Bellon, 2002). La
littérature a souvent traité les éléments favorisant l’innovation. On assiste à l’association entre la mise en
marché de produits innovants et les innovations de procédés ou organisationnels.
Les coopératives d’argan ainsi que les entreprises de l’industrie agroalimentaire sont de plus en plus
intéressées par des stratégies de valorisation des productions de matières premières et les politiques de
marque (Anvar, 2004). Elles s’investissent dans une démarche innovatrice incontournable permettant de faire
face à de nombreux défis, notamment la pénétration de nouveaux marchés, et le renouvellement des produits.
Alors l’enjeu pour les coopératives est de labelliser et normaliser leurs offres par la mise en place des
procédures de traçabilité et de sécurité alimentaire. Ainsi, elles favorisent la mise en œuvre des démarches
de qualité leur permettant d’acquérir un atout compétitif sur le marché national qu’international. Par
251
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
conséquent, la labellisation, comme innovation, permettra à la coopérative et à ses membres de disposer d’un
avantage compétitif consistant à améliorer sa performance, en proposant une gamme de produits certifiés
(l’amélioration du produit) destinés à un marché de niche, et à négocier des contrats plus favorables.
L’amélioration du produit permettra de valoriser son identité ainsi que son authenticité, en lui accordant une
image différencié et distingué, tout en optimisant sa valeur ajoutée. Pour ce faire, la coopérative d’argan peut
consacrer du temps davantage à la période qui suit la récolte, notamment pour le séchage. Cette faveur
consiste à améliorer et à optimiser le circuit de la commercialisation.
En mettant en œuvre cette innovation, notamment la labellisation et la certification, la coopérative peut
accéderà un marché plus avantageux en termes de prix et d’arrangement. Mais l’accès à ces marchés induit
des coûts liés au contrôle interne de la norme et au respect des exigences de qualité.
La labellisation est parfois présentée comme un moyen de développement et de progrès pour les
coopératives. Mais l’idée est risquée des lors cette innovation ne porte pas toujours ses fruits. Par ailleurs, la
labellisation n’est pas un but en soi, mais un moyen permettant l’amélioration de la situation en optimisant
les revenus ainsi qu’en protégeant l’environnement.
II- Etude empirique : objectif et méthodologie :
1- L’objectif de l’étude :
La présente communication a pour objectif de mesurer l’importance des labels pour le développement des
coopératives en s’engageant dans une démarche équitable ; cette importance évaluée en termes des coûts,
gains et rentabilité, de parts de marché, de chiffre d’affaires, et en terme de notoriété.La finalité recherchée
est d’évaluer les effets des labels sur la commercialisation des produits de coopératives d’argan. Pour
atteindre notre objectif, nous avons réalisé une étude empirique dans la région d’Essaouira précisément au
niveau de la commune rural de Tidzi.
2- Le choix de la zone d’étude :
Nous avons choisi la province d’Essaouira pour mener notre étude. Elle s’étend sur une superficie de
6335km². Sur le plan démographique, la population de la Province d’Essaouira est de 450.527 habitants, soit
9,96% du total de la population de la région Marrakech-Safi. (Recensement National de la population de
2014). Les ruraux représentent 77.6 % de la population, contre 22.4% qui vivent en milieu urbain. Au niveau
de cette province, l’arganier couvre une superficie de 136430 ha, soit environ 20% par rapport à l’arganeraie
nationale(Chriqui et al., 2003).
L’étude est élaborée auprès de la commune rurale de Tidzi relevant de Haha, province d’Essaouira. Deux
critères ont été à l’origine du choix de cette commune. Le premier est relatif à la superficie de la forêt qui est
importante (6350 ha). Tandis que le deuxième concerne l’importance du tissu coopératif, notamment les
coopératives féminines d’argan. En effet, la création des coopératives a contribué au développement local de
la région.
3- La collecte des données :
Nous avons procédé à une étude qualitative. Cette étude a été axée sur des entretiens semi-directifs. Nous
avons menés des entretiens personnels (Daunais, 1992)en se basant sur un guide d’entretienavec Mme.Zahra
KNABO, la présidente de la coopérative AJDIGUE, qui signifie la rose en la langue Berbere, de la commune
Tidzi.
Le thème abordé est l’importance du label, comme innovation, dans la commercialisation des produits de
cooperative.
4- La méthode d’analyse des données :
Pour analyser les données recueillies, nous avons eu recours à la méthode des cas, développée par l’Hlady-
Rispal (2002), dans la volonté de découvrir l’importance du label dans la commercialisation des produits
issus de coopératives. Notre étude a été axée sur un entretien semi directifs auprès de la directrice de la
252
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
coopérative.
III- Analyse de l’impact du label sur la performance commerciale et proposition des
recommandations :
1- Présentation de la coopérative Ajddigue:
La coopérative féminine Ajddigue pour la production et la commercialisation d’huile d’argan est fondée en
1997. Elle regroupe une cinquantaine d'adhérentes. Elle est considérée comme pionnière dans sa région. La
coopérative se trouve dans la commune rurale de Tidzi à 25 km d'Essaouira sur la route d’à Agadir.
Ajddigue, qui veut dire fleur en berbère, est reconnue pour sa responsabilité sociale auprès des adhérentes :
alphabétisation et formation au métier de la coopérative.
La coopérative suit un système managérial basé sur la qualitéet le respect des normes.
Possibilité d'avoir l'huile alimentaire, des produits cosmétiques sur place, dans leurs locaux, sur internet ou
dans les grandes et moyennes surfaces.
L'huile d'argane produite par la coopérative est garantie, 100% naturel et Biologique (certifié par
ECOCERT) avec une qualité supérieure, grâce à un processus optimal d'extraction ainsi qu’au soutien à la
recherche effectuée à la Faculté des Sciences de Rabat. Les produits sont labellisés et certifiés ; IGP
(Indication Géographique Protégée) ; AOP (Appellation d’Origine Protégée) ; AB (Agriculture Biologique et
Eurofeuille) et bien d’autres. En outre, la coopérative développe une stratégie fondée essentiellementsur la
recherche et la mise en place d’actions innovantes et responsables, malgré ses ressources limitées.
Elle est parmi les premières dans la région avoir adoptée la labélisation, comme innovation, de ses produits
et les exporter à l’étranger. Chose qui a facilité la tâche pour pénétrer un nouveau segment du marché
porteur : le marché européen (éléments d’entretien avec la présidente de la coopérative Ajddigue).
2- Analyse de l’impact du label sur la performance commerciale de la coopérative Ajddigue :
Pour pouvoir analyser l’impact des labels sur la performance commerciale de la coopérative, nous avons
déterminé les éléments de mesure, à savoir : le cout, le prix de vente, le chiffre d’affaires, la rentabilité, la
part de marché ainsi que le capital marque.
Le schéma qui suit résume les cinq éléments précités.
Coût
Capital Prix de
marque vente
Performanc
e
commercial
e du label
Chiffre
Part de
d’affaire
marché
s
Rentabilit
é
253
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
d’affaires, sa part de marché ainsi que de sa rentabilité tout en encrant dans l’esprit du consommateur une
image favorable veillant sur la protection de ses intérêts ainsi que le respect de sa santé, dans la mesure où
le cahier de charge lui garantit la traçabilité et la production d’une huile de qualité, répondant aux normes.
Références:
Anvar, «Agroalimentaire Bilan sectoriel 2003», Christine Ton Hu, juin, 50 p, 2004.(AFRAN, 1952) ;
Archive radiophonique INA.Programme : ÉDITION SPÉCIALE. En vue d'une alimentation rationnelle du
français.Diffusée le 20 février 1961
Boly V, « Ingénierie de l’innovation, organisation et méthodologie des entreprises innovantes », Lavoisier,
2004
Bellon B. « L’innovation créatrice», Paris, Economica, n° 232, 2002.
Chriqi, A., A. Ballouk, A.Houjjaji, A. Adnan, L. Bacha et R Addebbous, «Huile d’argan : un produit du
terroir : quelle stratégie pour sa valorisation ?», Terre et Vie, n° 70, 2003.
Comité Français pour la Solidarité Internationale (CFSI), discussion n°6 « Labellisation et outils
d’identification des produits locaux »,2018.
D’aveni, R.A. «Hyper Competition, managing the dynamics of strategiemaneuvering», New York, the Free
Press, 1994.
Daunais, J.P., «L’entretien non-directif», 20 pages, Gauthier B., Recherche sociale. «De la problématique à
la collecte de données», Presses de l’Université du Québec, Montréal, 273-293 pp, 1992.
Golan, E. &Kuchler, F. & Mitchell, L. «Economics of food labelling. Journal of Consumer Policy», 24, 117-
184, 2001.
Hlady-Rispal M., «Méthode des cas : application à la recherche en gestion», éditions de Boeck université,
2002.
Jeddi. N. &Zaiem. I. «The Impact of Label Perception on the Consumer’sPurchase Intention: An application
on foodproducts»,IBIMA Business Review, Article ID 476659, 14 pages, Vol. 2010 (2010),
Keller K.L. «Conceptualizing, measuring, and managingcustomer-based brand equity», Journal of
Marketing, 57, 1, 1-22, 1993.
Larceneux, F. «Impact des stratégies de labellisation sur le processus de décision des consommateurs : le
cas du label biologique», Actes du XXe Congrès AFM, 6 & 7 mai 2004, St-Malo
Marchesnay, M. «Les PME de terroir : entre « géo » et « clio » stratégies». Entreprise et Histoire, 2(28), 51-
63, 2001.
MasonCh et Sterbenz,«Imperfect Product Testing and Market Size », International EconomicReview 35,
1994.
Maurin D & al., «Guide des labels du commerce équitable. Etude comparée avec d’autres labels éthiques »,
plate-forme pour le Commerce Equitable, 2011
Moore G, «The fairtrademovement : Parametrs, issues and future research», Journal of business ehtics 53
(1-2), 73-86, 2004
Nes, Erik &Bilkey, Warren, J., «A Multi-Cue Test of Country-of-Origin Theory»,in Papadopoulos, New
York: Haworth Press, 1993, 179-195.
Nicholls A, & Opal C, «Fair Trade : Market-drivenethicalconsumption», Sage Publications, 2005
Pouchain D, «Commerce équitable et prix juste», Presses universitaires d’Aix-en-Provence, 2016
Pouchain D, «Le petit producteur du commerce équitable, un entrepreneur (presque) comme les autre? Une
perspective aritotélicienne», Innovations, 107-128, 2012
256
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Pernin JL, &Sénéchal S, «Le leadership d’opinion dans le commerce équitable : une lecture
institutionnaliste», 3 rd Fairtrade international Symposium, Montepellier, 14-16, 2008
Schumpeter J., 1911, «Théorie de l’évolution économique ». Site internet
:(http//www.uqac.uquebec.ca/zone30/ classiques des sciences sociales/index html)
Schooler, Robert, D. &Wildt, Albert, «Elasticity of Product Bias, »Journal of Marketing Research,
5,(February 1968), 78-81.
Rastoin, J.L. et Vissac-Charles, V. «Le groupe stratégique des entreprises de terroir». Revue internationale
PME, 12(1-2), 171-192, 1999.
http://www.agriculture.gov.ma/pages/publications/les-produits-labellises-au-maroc
https://www.itcilo.org/en/areas-of-expertise/rural-development/my-coop-manging-your-agricultural-
cooperative
257
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé :
Le concept de la RSE commence à prendre de l’ampleur dans notre pays par une prise de conscience aussi
bien chez les dirigeants que chez lesconsommateurs. Lorsqu’on évoque l’ambition et la volonté d’une
progression sociétales chez les entreprises, ces actions peuvent avoir des impacts sur les salariés. Les travaux
de recherche se sont principalement orientés vers les actionnaires, et néglige l’impact de la RSE sur les
employés. L’objet de notre travail estnon seulement de démontrer la relation entre la RSE et les indicateurs
de l’attachement, mais également de trouver dans quelle mesure la RSE peut-elle contribuer à l’attachement
des salariés au sein des entreprises.
Mots-clés : RSE, attachement des salariés, l’impact de la RSE, GRH, entreprises labellisées.
Abstract:
The concept of CSR is starting to grow in our country by raising awareness among both leaders and
consumers. When we talk about the ambition and the desire for societal growth in companies, these actions
may have impacts on employees. The research work focused mainly on shareholders and neglects the impact
of CSR on employees. Our study aims of our work is not only to demonstrate the relationship between CSR
and the attachment indicators, but also to find out to what extent CSR can contribute to the attachment of
employees within companies.
Keywords:CSR, employee attachment, the impact of CSR, HRM, labeled companies.
INTRODUCTION
Les entreprises s’intéressent de plus en plus à la RSE, elles deviennent plus responsables non seulement sous
son approche environnementale mais aussi sous son approche social et économique. L’entreprise change de
son objectiftraditionnel qui est de maximiserses profits, pour devenir un acteur socialement responsable.
Toutefois, la plupart des travaux se sont focalisées sur la relation entre la RSE et les actionnaires, et peu sur
la relation entre la RSE et les salariés.Même siles employés sont des parties prenantes essentielles, ils sont
perçus par l’entreprise comme étant un avantage concurrentiel(Poissonnier and Drillon 2008).
Le sentiment d’attachement chez les salariés est la clé du succès des entreprises,ce sentiment génère
plusieurs avantages, tels que l’augmentation de la productivité et de la réputation interne de
l’entreprise(Simon et al. 2015). Ce sentiment peut être refléter par le sentiment d’appartenance et de
participation(Hagborg 1998) ; parmi les indicateursdu sentiment d’appartenance selon l’approche RHDCC
on peut trouver : le travail, le logement, la vie familiale, participation sociale, loisirs, santé, sécurité,
environnement, sécurité financière et apprentissage (Carla Valle Painter Juin 2013).
L'accroissement de l'intérêt accordé à la RSE a entrainé une forte variabilité des pratiques et actions RSE
adoptés par les entreprises. Les facteurs explicatifs de cette variabilité dépassent ceux relevéspar l’aspect
institutionnel de la RSE, du fait que cet aspect est souvent identifié comme général et commun entre toutes
les entreprises (les normes). Plusieurs études empiriques ont souligné une forte corrélation entre la variabilité
et diversification de pratiques RSE adoptés et le niveau organisationnel des entreprises dont les dirigeants,
les actionnaires et les salariés constituent les principales composantes d’une entreprise.Ce qui influence le
nature des actions et pratiques RSE(Bowen 1953). Pour que la recherche soit plus pertinente il faut étudier
chaque dimension de façon séparée.Suite à ce postulat nous avions choisi d’étudier la dimension sociale, et
plus précisément comment la RSE influence l’attachement des salariés.
258
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
quivont constituerle management.Après la Première Guerre mondiale, le consensus est établi sur la
stabilisation que représentent les relations sociales dans la firme. La problématique se déplace vers les
conditions et les conséquences de la rapide croissance de la taille des grandes firmes et de la dispersion
croissante du capital. C’est la naissance de la «version managériale du capitalisme». Cette naissance entraîne
l’apparition du nouveau métier de manager et une nouvelle conception de la responsabilité de la firme à
l’égard de la société.»(Lépineux et al. 2016)
• En Europe
«Une mutation spectaculaire à une quasi- absence de la RSE en Europe au 20eme siècle succède une forte
émergence de la RSE européenne dans la première décennie du 21 siècle. Les professionnels européens
constatent que la RSE se développe désormais plus encore en Europe qu’aux États-Unis (Van Liedekerke
and Dubbink 2008).
Le début de l’expansion de la RSE en Europe à la fin des années 1990 a été expliqué par l’influence des
filiales des multinationales américaines ; l’expansion des modes américaines dans le management et la force
du lobbying anglo-saxon au siège de l’Union européenne à Bruxelles.Pendant la période des trente
glorieuses, la croissance permanente a conféré une grande crédibilité aux modèles européens de maîtrise
publique de la question sociale, mais tout a changé entre1975 et 2000 après avoir constaté les difficultés que
rencontre le modèle européen telles que: la crise pétrolière et énergétique de l’après-guerre; les menaces et
les contraintes qui pèsent sur l’environnement de la planète toute entière, les conséquences économiques et
sociales de la nouvelle mondialisation (délocalisations, chômage de masse, exclusion sociale).
La prise de conscience de ces défis et échecs conduit l’Union européenne à la création de The European
Business Network for Social Cohesion (EBNSC) à Bruxelles. En 2000, ce réseau se transforme en CSR
Europe, qui publie une étude des 500 meilleures pratiques de Responsabilité sociale et déclare : « Les
entreprises et les États vont unir leurs forces pour promouvoir l’emploi et la cohésion sociale et préparer
ensemble le sommet de Lisbonne de mars2000 ». Lors de ce sommet les chefs de gouvernements de l’UE
définissent la RSE comme un des moyens de: «Faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus
compétitive et la plus dynamique au monde, capable d’une croissance économique durable, à l’horizon
2010. »(Lépineux et al. 2016)
1-1-3- Les modèles de la RSE
(BRABET and MAUREL 2009) proposent quatre modèles essentiels de la RSE :
Pour le premier modèle : « La Primauté des actionnaires », il a pour but de maximiser la valeur en faveur des
actionnaires afin d’assurer un intérêt collectif.
Le deuxième modèle repose sur « le volontarisme des parties prenantes » a pour objectif de mettre en
harmonie les intérêts des actionnaires ainsi de la société en général, sans intervention de la régulation
publique.
Par rapport au troisième modèle « de la régulation démocratique de la RSE » cherche à remettre en question
le processus de la centralisation, c’est à travers la mobilisation et dynamisme des parties prenantes qu’on
peut favoriser la RSE dans notre société.
Quant au dernier modèle « de la défense des solidarités et des biens publics » il s’inscrit dans la même voie
du troisième modèle, qui a pour but de défendre et contrôler la démocratie durable et soutenable. La valeur
ajoutée du quatrième modèle c’est la relation du financement des biens publics avec la logique de marché, ce
qui va entrainer une coopération et solidarité et reconnaissance.
1-1-4- La Théorie Des Parties Prenantes (Stakeholder Theory).
• À la recherche d’un nouveau paradigme :
L’évangile de l’économie classique n’a pas été celui de la responsabilité mais celui de la propriété
(actionnaires) et de sa valeur d’échange sur les marchés.
260
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Au fil des décennies une grande transformation du management permettra d’identifier un nouveau paradigme
qui refuse l’évangile du droit de propriété exclusif de l’actionnaire: le stockholder (actionnaire) perd le droit
absolu qu’il détenait dès lors qu’il n’est plus qu’un stakeholder parmi les autres.
• La théorie :
Le changement de paradigme est né de l’idée de stakeholder définie par la constatation de la vie quotidienne
pratique de l’entreprise ce qui implique la capacité des managers à négocier avec divers groupes partenaires
internes et externes à l’entreprise.En conséquence ce n’est plus l’entreprise qui est au centre de son
environnement social mais les détenteurs d’enjeux qui deviennent le centre en fonction duquel le
management doit reconstruire la définition de l’entreprise et sa stratégie.
• Les applications :
L’objectif de la théorie est de fournir aux managers des politiques de négociation efficaces. Freeman soutient
que seule une véritable compréhension des buts des stakeholders permet de le faire.
Les résultats obtenus par Clarkson (1995) identifient trois constats:
-le concept de stakeholder est le plus performant pour recueillir des données ;
-Le mot «social» est trop large pour définir rigoureusement des obligations concrètes (flou sémantique) ;
-Il est nécessaire de proposer aux managers les moyens d’apprécier ce qui est stakeholder et ce qui ne l’est
pas.
La théorie pragmatique (Mitchell et al. 1997) a permis la construction d’une typologie des stakeholders par
combinaison de la présence/absence des trois attributs (la légitimité, le pouvoir et l’urgence) :
-Un stakeholder dépendant est celui qui peut se prévaloir d’exigences légitimes et urgentes sans disposer
d’aucun pouvoir sur l’entreprise.
-Un stakeholder dangereux est en position de force menaçante sans légitimité.
La tendance spontanée est de satisfaire le dangereux plutôt que le dépendant.
• Une construction collective et transdisciplinaire
Le mot stakeholder ne figure pas dans Oxford English Dictionary et de même « Les origines précises de la
Stakeholder Theory sont impossibles à déterminer » (Sturdivant, 1979).
La théorie s’est développée au fil des années par une élaboration collective et institutionnelle, renforcée par
des conférences, des réunions de différentes associations académiques comme Academy of Management et
Society for Business Ethics, dont on retiendra trois étapes :
-Le forum de 1999 établit une cartographie en positionnant dans les sciences du management les théories et
travaux empiriques autour des notions de RSE selon l’hypothèse de la valeur intégrative d’un stakeholder
management stratégique ;
-Le colloque de 2003 réunit un panel d’auteurs qui font autorité (Phillips et al. 2003) pour délimiter ce que la
Stakeholder Theory n’est pas ;
-En 2007 : le dialogue pour une meilleure Stakeholder Theory (Freeman et al. 2008).
L’étape marquée par ce symposium est le passage de la Stakeholder Theory à un Mode de pensée partie
prenantes (Stakeholder Thinking) qui est désormais partagé par la communauté académique du management
et celle des managers. »(Lépineux et al. 2016)
1-2- La gestion durable des ressources humaines :
« Les salaries : des parties prenantes essentielles :
Les travaux qui s’inscrivent dans le courant de la théorie de la firme basée sur les ressources ont en commun
261
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
avec les autres variables de la RSE, il cesse d’être significatif. Plus important encore, les résultats ont montré
que, bien que les quatre dimensions de la RSE soient des prédicteurs importants de la confiance.
Dans l’ensemble, les quatre dimensions de la RSE ont été évaluées de manière positive par les employés. La
responsabilité éthique a été jugée la plus élevée (M = 4,09, écart-type = 0,625), suivie des responsabilités
économiques (M = 4,01, écart-type = 0,648), discrétionnaires (M = 3,89, écart-type = 0,617) et juridiques (M
= 3,89, écart-type = 0,726).
En résumé, la première question de recherche visait à déterminer si les perceptions des employés à l’égard
des pratiques de RSE de leur organisation étaient liées de manière significative à leurs relations avec ces
organisations. Les résultats ont montré des liens forts, positifs et significatifs. La deuxième question de
recherche a demandé quelle dimension de la RSE était la plus significativement liée à chacune des
dimensions relationnelles. Les résultats ont montré que la dimension juridique était liée de manière
significative à la fois à l'engagement et à la satisfaction, à la dimension éthique de la confiance et à la
dimension discrétionnaire du contrôle de la mutualité.
Les résultats de cette étude apportent un soutien empirique à la RSE en tant que stratégie de maintien des
relations pouvant renforcer les relations entre les organisations et leurs employés en termes de confiance, de
contrôle de la mutualité, d’engagement et de satisfaction. Ces effets pourraient à leur tour engendrer d'autres
avantages tels que des attitudes positives et des taux de rétention plus élevés (Seltzer et al. 2012). Ainsi, ces
résultats renforcent empiriquement l’argument relationnel en faveur d’une implication dans la RSE. Plus
important encore, bien que les résultats aient révélé de fortes corrélations entre le concept multidimensionnel
de la RSE et lesrelations organisationpublic, les résultats de l'analyse de régression ont mis en évidence
l'importance des dimensions juridique, éthique et discrétionnaire par rapport à la dimension économique de
la RSE. La dimension juridique semblait être la plus importante, notamment en ce qui concerne l'engagement
et la satisfaction.
3-Méthodologie :
Avant de passer à l’étude empirique sur le terrain de recherche, Une revue de littérature s’avère nécessaire
qui visera à étudier les fondements théoriques des concepts de la responsabilité sociale des entreprises et de
la gestion des ressources humaines. Nous avons opté de réaliser une étude qualitative exploratoire afin de
contextualiser le thème.
Les références théoriques vont me permettre de formuler des hypothèses et de représenter un modèle
conceptuel. Afin de tester le modèle, nous allons réaliser une étude quantitative, qui sera menée par le biais
d’un questionnaire.
Les résultats de la recherche seront analysés par la suite pour valider les hypothèses et alimenter les
connaissances en matière de RSE.
CONCLUSION
Dans uncontexte de plus en plus compétitif,le changement des organisations, des métiers et des politiques
RH s’impose. Les entreprises cherchentà se positionner par rapport à leursconcurrents.Pour se différencier Ils
optent pour la mise en place d’une démarche RSE business case, censée rapporter plus que ce qu’elle ne
coûte , grâce aux gains générés par l’innovation, le développement de nouveaux marchés, l’augmentation de
la motivation du personnel…(BRABET and MAUREL 2009)
Les intérêts de l’attachementsont nombreux, tant pour le salarié, que pourl’employeur. Pour les salariés,
l’attachement est un enjeu majeur car laplupart d’entre eux s’investissent personnellement dans leur travail
avec beaucoup d’énergie et de passion. Pourles employeurs l’implication est une arme compétitive
facilitantl’atteinte des objectifs économiques ciblés. (MALHERBE and SAULQUIN 2003)
L’objet de notre travail estnon seulement de démontrer la relation entre la RSE et les indicateurs de
l’attachement, mais également de trouver dans quelle mesure la RSE peut-elle contribuer à l’attachement des
263
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
265
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé :
La prise de la relève des Petites et moyennes entreprises familiales par des femmes peut contribuer de
manière significative à l’empowerment des femmes et joue un rôle clé dans les stratégies en faveur de
l’égalité des sexes. En fait, l’esprit d’entreprise est un moyen permettant aux femmes de développer leur
qualité de vie par elles-mêmes et d’assurer l’équité sociale en dirigeant leurs avantages vers d’autres femmes
de la société (Mantok 2016, banque mondiale, 2012 ; OIT, 2008). Cependant, des différences par le genre
doivent être prises en compte pour réussir la transmission familiale (Cesaroni et Sentuti, 2015).
Ainsi, comprendre ces sujets ensemble est devenu important.L'originalité de cette recherche est d'adopter un
cadre théorique, centré à la fois sur le concept d'empowerment et sur la succession des PME familiale par le
genre afin explorer, dans le cadre d’une démarche qualitative, la perception qu’ont les femmes de leur
expérience vécue de la transmission familiale et son effet sur l’empowerement.
Mots clés : empowerment, PME familiale, genre, succession,
Introduction :
Les femmes ont commencé à réduire leur dépendance à l'égard des hommes en apprenant à acquérir des
compétences entrepreneuriales pour gérer leurs propres entreprises ou celles de leurs familles (Mantok 2016)
Ainsi, La prise de la relève des Petites et moyennes entreprises familiales par des femmes peut contribuer de
manière significative à l’empowerment des femmes et joue un rôle clé dans les stratégies en faveur de
l’égalité des sexes. Le concept de l’empowerment par le genre est adopté par la culture américaine pour
désigner le processus d’accroissement de la contribution active des femmes dans la société afin de faire face
aux inégalités et aux exclusions sociales des femmes.
En fait, l’esprit d’entreprise est un moyen permettant aux femmes de développer leur qualité de vie par elles-
mêmes et d’assurer l’équité sociale en dirigeant leurs avantages vers d’autres femmes de la société (Mantok
2016), donc, la compréhension générale de l’empowerment intègre la dimension individuelle et collective.
Cependant, des différences par le genre doivent être prises en compte pour réussir la transmission familiale.
En effet, le principal facteur qui entrave le cheminement des femmes vers un rôle de leadership semble
toujours être le sexe du successeur (Cesaroni and Sentuti, 2015). En générale, l’entrepreneuriat est souvent
perçu comme plus conforme à une identité masculine et les personnes qui s'identifient avec les traits les plus
masculins sont plus susceptibles de le poursuivre, quel que soit leur sexe (Odahl 2016).
En outre, Le rôle du genre dans la prise de la relève des PME familiales a reçu peu ou pas d'attention de la
part des chercheurs, même si les femmes sont de plus en plus considérées comme des successeurs potentiels
des entreprises familiales (Henry et al 2013).
Cette thématique essentielle fait l’objet de notre étude qualitative menée auprès d’une PME familiale
marocaine dans la région du Souss. Le choix de ce cas réside au fait qu’il s’agit d’une transmission familiale
inattendue et qui a affronté des obstacles de nature genre, mais qui a affecté favorablement l’empowerment
de la femme successeur pour s’étendre sur l’empowerment des femmes membres de la famille et celles du
village. Cette approche qualitative s’appuie sur deux méthodes d’analyse des données qualitatives : la
méthode biographique et l’étude de cas.
266
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1- Revue de la littérature :
1-1- La définition du genre :
Le sexe est un concept biologique qui s’appuie sur l’analyse des caractéristiques physiques et leurs
différences entre un homme et une femme alors que le genre se concentre sur les différences de
comportements entre un homme et une femme qui vivent dans un contexte économique, social, culturel,
religieux et juridique d’une société donnée (CGEM, 2008).
La conception du genre par Constantinidis s’oriente vers la vision de Kergoat, Ahl, Bruin, Ely, Padavich, et
Cornet. En effet selon ces auteurs, « le genre est comme le sexe socialement construit » (Constantinidis,
2010), ainsi, cette définition met l’accent sur les discriminations entre les hommes et les femmes au niveau
de la construction de leur vie au sein de la société.
Selon Constantinidis les rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes s’expliquent par des
phénomènes de séparation et de hiérarchisation entre les sexes :Le phénomène de séparation correspond
« aux constructions sociales différentes de la masculinité et de la féminité » (Constantinidis, 2010), Le
phénomène de hiérarchisation met en exergue la valorisation du masculin et la dévalorisation du féminin en
rapport avec l’environnement social.
Au Maroc, le système social n’accorde pas aux femmes plus de disponibilité indispensable au management
d’une entreprise. En effet, « la conciliation des rôles liés à la reproduction et l’absence des services et de
technologie appropriées pour alléger les corvées des femmes constituent des obstacles important au
développement de l’entrepreneuriat féminin » (CGEM, 2008). En plus les stéréotypes liés à la réputation de
la femme et celle de la famille influence l’attitude négative des femmes vis-à-vis des activités qui nécessitent
des déplacements fréquents ou des contacts souvent avec des hommes ou bien l’accès à des métiers
traditionnellement masculins (CGEM, 2008).
1-2- La prise de la relève des PME familiale par le genre
1-2-1- Les résistances du prédécesseur à l’égard des femmes successeurs
Le genre est considéré comme déterminant quant au choix du successeur de la part du prédécesseur. L’étude
de Constantinidis comme celle de Cesaroni et Sentuti (2015) confirme ce constat lié au choix du successeur.
Cette discrimination par le genre peut être expliquée par des résistances de la part des parents, qui sont des
fondateurs de l’entreprise, à accepter l’idée que les filles membres de la famille peuvent être des successeurs
futures de l’entreprise familiale (Constantinidis 2010 ). Ainsi les femmes doivent confronter plus de
contraintes s’elles veulent être acceptées comme successeur crédible et légitime vis à vie de leurs parents
(Constantinidis 2010). Au Maroc, ce résultat est de plus en plus marqué, au sein d’une société où le sexe
masculin est plus valorisé que le sexe féminin. En plus la femme n’est considérée que « invitée » chez ses
parents.
1-2-2- Les caractéristiques des femmes successeurs
Les motivations des femmes successeurs :
Constantinidis (2010) montre que l’ensemble des motivations des femmes successeurs changent selon le
contexte familiale, Il a identifié différents scénarios :Dans le cas de la présence d’un fils au sein de la famille,
la décision de la reprise de l’entreprise familiale dépend du choix de son frère qui est considéré prioritaire et
plus valorisé par la société. Ainsi, au départ, les filles n’expriment aucune volonté de reprendre l’entreprise
familiale tant que le fils est considéré comme successeur potentiel. Leur motivation de travailler au sein de
l’entreprise familiale est poussée soit par leur amour du métier des parents ou de l’entreprise familiale
(Engagement affectif). Cette intégration peut se faire directement ou après les études et/ou les expériences en
dehors de l’entreprise familiale.
Ces femmes sont appelées à diriger et à reprendre l'entreprise de leurs parents à l’imprévu quand leur frère
refuse d’assumer cette responsabilité et après un événement accidentel comme le décès du père.
Dans le cas de l’absence d’un fils au sein de la famille, les filles sont traitées comme successeurs légitimes
vis-à-vis de leurs parents dès le début. Ceci permet aux parents d’orienter leur fille vers la reprise de
267
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
l’entreprise familiale en l’encourageant à poursuivre des études et des formations dans le même secteur
d’activité de l’entreprise familiale ou dans le domaine de gestion. La phase d'intégration, qui peut être de
l’initiative de la fille ou de leurs parents, permet une bonne maîtrise du métier et plus d’expérience et les
motivations des filles successeurs potentiels de travailler au sein de l’entreprise familiale peuvent être
d’ordre affectif, calculateur, impératif ou normatif. Cependant les écarts entre les formes de motivations dans
le cas de l’absence d’un fils sont plus confus que dans le cas de sa présence.
Le profil psychologique et la personnalité du successeur
La personnalité du successeur et son profil sont déterminants dans le succès de la succession. L'étude de cette
problématique montre une différence par le genre. D’après Staffansson Pauli (2015), les femmes possèdent
des caractéristiques et des qualités particulières qui sont essentielles au succès de l'entreprise et que les
femmes sont une ressource précieuse, y compris en tant que conjointes. La plupart des femmes possèdent de
nombreuses compétences que les experts jugent nécessaires au succès des futurs gestionnaires et dirigeants.
Ces compétences comprennent la capacité d'effectuer plusieurs tâches à la fois et la capacité de faire
confiance à l'instinct et à l'intuition plutôt qu'à l'analyse et à la rationalité.
Au Maroc, les femmes entrepreneurs disposent souvent d'expérience professionnelle antérieure dont 50%
occupent déjà des postes d'encadrement ou de direction. (Rachdi, 2006). Ces femmes disposent d'expérience
à caractère administratif, dans des niveaux hiérarchiques moyens, qui touche des domaines liés aux services
plus que d’autres domaines ; industriels, financiers, techniques (Rachdi, 2006).
1-2-3- L’effet du genre sur le contexte familial de la succession
Dans le domaine de l’entrepreneuriat, le travail de Cesaroni et Paoloni (2016) reconnait que les familles
biologiques jouent un rôle central en influençant les choix de carrière d'une personne. Les familles peuvent
influencer les choix de carrière des membres de leur famille. Les membres qui appartiennent à une famille
d'affaires suivent très souvent le même chemin. Le contact direct et répétitif avec des personnes impliquées
dans des activités commerciales favorise un processus d'apprentissage qui encourage les autres membres de
la famille à choisir une carrière entrepreneuriale.
Cependant, selon Cesaroni et Paoloni (2016), Dans les entreprises familiales, par exemple, les fils sont
souvent toujours préférés comme successeurs, il est rare que les filles décident volontairement de ne pas
s'impliquer dans l'entreprise familiale. Plus souvent, les filles sont obligées d'abandonner la possibilité de
rejoindre l'entreprise familiale car elles sont convaincues d'avoir des enfants et d'autres engagements
familiaux qui sont des obstacles qui prennent du temps à l'entreprise.
1-2-4- L'effet du genre sur le processus de succession
Constantinidis (2010) souligne que le processus de succession peut avoir un effet de genre. Selon la présence
ou l'absence d’un fils au sein de la famille, le processus de succession des filles successeurs diffère. En effet,
on assiste à un effet de genre en amant du processus lors du choix des successeurs potentiels. Les parents
manifestent une préférence pour les fils en défaveur des filles ce qui peut influencer le cheminement
personnel et professionnel des filles successeurs.
1-3- L’empowerment des femmes
1-3-1- Notion de l’empowerment et de Pouvoir
Soulières (2007) souligne une confusion au niveau de l'utilisation du concept dans la littérature. En effet, en
plus des essais de traduction (reprise de pouvoir, autonomisation, pouvoir d'agir) s'ajoutent les multiples
définitions parfois contradictoires proposées par différents auteurs.Cependant le concept de l'empowerment
est compris comme étant un processus qui vise à développer ou renforcer l'autonomie décisionnelle des
individus et des groupes exclus ou marginalisés. Il s'agit du processus par lequel l'individu devient capable
d'influencer l'aménagement et le cours de sa vie en prenant les décisions qui le concernent directement ou
concernent sa communauté (Soulières, 2007).
La plupart des travaux sur l’empowerment s’inspire sur la méthodologie de conscientisation de l’auteur
268
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
brésilien Paolo Freire (Lazrak, 2015). En effet, Freire indique que la situation d’oppression déshumanise à la
fois des oppresseurs et des opprimés sans forcément avoir conscience et résulte d’un ordre injuste qui
provoque la violence et détériore le bien être. La prise de conscience de cette injustice est le premier pas
vers la libération et selon Freire cette prise de conscience nécessite un accompagnement pour arriver à une
transformation de la réalité d’injustice (Lazrak, 2015).Dans ce cadre Freire fait la distinction entre la
« conscience dominée » caractérisée par la domination exercée par un petit nombre de gens sur une grande
masse du peuple et « la conscience libérée » marquée par la mise en place des méthodes d’éducation active
permettant à l’homme, la prise de conscience de sa réalité et l’acquisition de ses propres moyens pour faire
des choix afin de l’aider à ressortir de cette injustice (Lazrak, 2015).
Dans le cadre de l’approche genre, Pour Véras (2015), l’empowerment des femmes peut être définit comme
leur capacité à faire des choix de vie stratégiques, cette capacité qui avait été précédemment refusée. Les
femmes sont encore économiquement et socialement désavantagées dans de nombreux pays. Mutume (2017)
indique que l’empowerment des femmes concerne le niveau de contrôle et de pouvoir que les femmes
peuvent atteindre.
A partir des définitions présentées ci-dessus, le concept de l’empowerment et éminemment lié à la notion de
pouvoir et dans ce cadre, on distingue plusieurs types de pouvoirs :
- Le «pouvoir intérieur» : la confiance en soi, l’estime de soi, l’identité, la conviction et la force
psychologique (Lazrak, 2015). Il s’agit de « la force spirituelle et au caractère unique de chacun/e d'entre
nous, qui nous rend véritablement humain. Il se fonde sur l'acceptation et le respect de soi, le respect et
l'acceptation des autres en tant qu'égaux à soi. » (CGEM , 2008).
- Le « pouvoir de » : Cette notion fait référence « aux capacités intellectuelles (savoir et savoir faire) et
économiques (avoir) ; à l'accès et au contrôle des moyens de productions et des bénéfices et finalement à être
dans la possibilité d’utiliser les moyens de production » (Lazrak, 2015).Selon la CGEM, il s’agit d’un
pouvoir créateur qui rend la femme apte à se débarasser de tout ce qui l’enchaîne, et ce qui l’empêche de
réaliser sa liberté (CGEM , 2008).
- Le « pouvoir sur » : ce concept suppose qu’une quantité limitée du pouvoir, donc une acquisition de
pouvoir par une personne provoque automatiquement la perte de pouvoir pour l’autre. « Ce pouvoir repose
sur des rapports de domination/subordination mutuellement exclusifs » (Lazrak, 2015).Selon le rapport de la
CGEM, le « pouvoir sur » correspond aux résistances des femmes face aux menaces de violence et
d’intimidation (CGEM , 2008).
- Le « pouvoir avec » : Il fait référence à une action collective, reconnaissant qu'il est possible d'atteindre
davantage de résultats pour un groupe agissant ensemble que pour des individus seuls. De nombreuses
interventions visent à autonomiser les femmes et à créer des opportunités pour que celles-ci passent du temps
avec d'autres femmes afin de réfléchir à leur situation et de reconnaître leurs forces de manière à élaborer des
stratégies pour atteindre les objectifs escomptés (Mutume 2017).
D'autres auteurs (Lazrak, 2015 ; Jo Rowlands, 1997) distinguent trois dimensions de l'empowerment :
- Individuelle : développer un sens de l'autonomie, de la confiance et la capacité de se défairedes effets de
l'oppression intériorisée ;
- Relationnelle : développer la capacité de négocier et d'influencer la nature d'une relation et desdécisions
prises dans cette relation ;
- Collective : quand les individus travaillent ensemble pour atteindre un objectif plus grand quecelui que
chacun aurait pu atteindre individuellement. Cela concerne l'engagement dans lesstructures politiques, mais
peut aussi couvrir les actions collectives basées sur la coopérationplutôt que la compétition (local, formel ou
informel).
1-3-2- L’empowerment des femmes dans le contexte marocain
Les femmes représentent, Selon le HCP en 2016, un effectif de 17305657 femmes soit 50,18 % de la
population totale et un taux d’activité féminin de 23% contre 70% masculin ;
Le nombre de femmes entrepreneurs représente environ 10% du total des entrepreneurs ce qui demeure
269
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Selon Global Gender Gap Index : La situation d’inégalité correspond à un score 0 et la situation d’égalité à un
score1.
2
HCP, « Prospective Maroc 2030, la femme marocaine sous le regard de son environnement social », septembre 2006"
3
Organisation des Nations Unis
270
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
ménage » qui représentent 20% des femmes dans le milieu urbain et 12% dans le milieu rural. Ces femmes
se caractérises par :
-Un taux d’analphabétisme très élevé
-Absence de revenus stables, qui est basés sur l’aide des parents, des proches ou les soutiens tirés du travail
domestique ou de la mendicité et le travail des enfants. (Zaoui et al:17)
-Une volonté de l’Etat marocain vers la vision de la généralisation de la scolarisation pour cibler les filles du
milieu rural (Bourqia et al.). Mais des progrès s’imposent dans le cadre de l’éducation et la sensibilisation
contre la non-discrimination, et la protection des droits des femmes.
Cependant, Rachdi (2006) indique que les inégalités culturelles constituent aussi des contraintes
supplémentaires qui entravent le succès des femmes dans le domaine des affaires. Cependant, une grande
partie de ces inégalités trouvent leur source dans les stéréotypes de genre liés à la religion islamique. Les
textes dans le Coran et Hadit mettant l'accent sur les notions d'égalité et de justice dans les rôles des hommes
et des femmes dans la société, qui sont complémentaires et égalitaires plutôt que hiérarchiques et inégale.
Autonomisation économique
La situation économique des femmes au Maroc, se caractérise par le poids de la pauvreté important rapport
aux hommes (Bourqia et al., 2004). Cette pauvreté peut s’expliquer par plusieurs réalités vécues par les
femmes tant dans la sphère professionnelle que sociétale :
Des paradoxes ont été constatés dans ce niveau ; en effet, d’une part, on note une présence des femmes dans
la majorité des organisations tant publiques que privées : Les entreprises privées, les administrations
publiques, les instituions de santé, de l’éducation… Mais, d’autre part, on assiste à un recul au niveau du
nombre des femmes salariées par rapport aux hommes. (Bourqia et al., 2004).
La séparation entre les métiers des hommes et ceux des femmes : Les métiers des hommes sont des métiers
qui demandent une force physiques où un travail complexe de grande responsabilité, alors que les métiers
des femmes se caractérisent par des tâches simples et peu qualifiés. (Laufer 2003)
Un écart important entre les textes législatifs et l’exécution de ces textes. En effet, le premier principe de
l’égalité entre les hommes et femmes, en matière professionnelle, est l’égalité des rémunérations alors que
dans la réalité, pour un même travail, on trouve une dévalorisation du travail féminin au regard des emplois
masculins (Laufer 2003)
Dans le domaine des entreprises, on observe le nombre rare des femmes qui sont dans les postes supérieurs
au sein de l’entreprise.
La CGEM (2007) déclare une ségrégation sur le marché du travail par le genre. Les emplois occupés par des
femmes sont moins rémunérés et sous-estimés. En effet, d’une part, les femmes se concentrent sur des
secteurs des services et dans l'enseignement et sont moins nombreuses dans les secteurs industriels
(ségrégation horizontale et d’autre part, malgré la présence des femmes dans des postes de direction, elles se
trouvent encore dans des postes bien inférieurs à ceux des hommes (ségrégation verticales).
L'autonomisation juridique
L’Etat marocain a réalisé, dès l’indépendance, des progrès énormes dans le cadre juridique et politique et ce
à travers :
- La révision d’un certain nombre de lois liées aux droits des femmes et à l’égalité entre les hommes et les
femme (Bourqia et al., 2004).
- L’accélération et la nature des réformes opérées à partir de l’année 2002 pour arriver à des problématiques
importantes des droits des femmes. Il s’agit des réformes opérées au niveau de la loi de travail, du droit pénal
et code de la famille (Bourqia et al., 2004).
- La participation politique des femmes se développe de plus en plus.
Cependant, ces avancés ne sont pas encore suffisantes pour assurer la non discrimination à l’égard des
femmes ce qui nécessite d’autres mesures et réformes pour améliorer le statut des femmes dans le contexte
marocain. Il s’agit de :
Généraliser la non-discrimination et l'égalité entre les hommes et les femmes dans tous les lois et dans tous
271
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
272
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
273
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
laisse pour une des nôtres pour la faire cuire après et tout le monde sort, il y’as ceux qui vont ramener de
l’herbe qu’on coupe à la forêt. D’autre ramènent l’eau pour la maison. Certaines donnent aux animaux à
boire. On prend le deuxième petit déjeuner et on part emmener le troupeau à la forêt. J’étais l’aîné de la
famille. Du coup, j’ai pris la responsabilité très jeune, j’ai subi aussi les punitions de ma grand mère et de
ma mère, ce n’était pas facile. » (Successeur Fatima).
« J’ai contacté mon père je lui ai annoncé ma décision suite au gaspillage de l’argent par mon frère. On a
décidé alors que je gère le projet. » (Successeur Fatima).
« Cette personnalité je l’ai forgé avant le décès de mon mari. Je constatais que quand il est encore en vie
que beaucoup de gens dans la station volent. Chacun a ses méthodes de vol, celui qui est responsable des
achats, il gonflait les factures et en plus il ramenait la marchandise manquante, le pompiste soustrait des
sommes de la recette du gasoil, jusqu’au cuisinier qui volait la viande qu’il devrait mettre dans les tajines.
C’est par ça que j’ai pu bien gérer l’affaire, j’ai commencé par ces vols que j’avais déjà constaté
auparavant ce qui nous a permis de gagner d’énormes sommes d’argent et économiser ainsi pour payer nos
dettes.» (Successeur Fatima).
-Par rapport aux ressources sociopolitiques : Absence d’associations, de coopératives ou des institutions
ayant pour vocation la solidarité, l’organisation et le travail en réseaux pour influencer voire transformer la
situation des femmes dans ce village
4-2-Les Raisons de la prise de la relève
• Manque de meilleures alternatives :
«En plus, je n’avais aucune autre ressource pour satisfaire les besoins de ma famille, une fois j’ai dit à mon
frère de m’envoyer une somme d’argent pour faire les courses, je n’ai rien à manger mes enfants et moi,
alors il m’a dit de faire du crédit jusqu’à ce qu’il vienne chez moi.» (Successeur Fatima).
• La perception d’un coût d'abandon :
«Les gens ont pris connaissance des difficultés de notre entreprise. Ils ont proposé de céder l’entreprise à
600 000 dirhams. Mon père me conseillait de vendre, mais lui n’est pas conscient de la valeur de
l’entreprise parce que c’est mon mari qui a fait les investissements » (Successeur Fatima).
4-3- Les obstacles de la prise de la relève de la PME familiale par les femmes :
Les successeurs, quelque soit le genre, doivent faire face à plusieurs types d’obstacles, mais, pour les
femmes successeurs, il s’agit surtout :
Des normes sociales et culturelles : « Après le décès de mon mari et ensuite de mon père, beaucoup de
personnes du village m’ont attaqué en justice en créant des procès fictifs et en demandant des choses qui ne
sont pas les leurs. Elles croyaient qu'en tant que femme je savais pas comment me défendre. Heureusement
ces procès je les ai gagnés, ce trajet était depuis son début semé d’épines, ce n’était pas facile et à tout
moment je pouvais céder mais heureusement grâce à mon fort caractère, j’ai pu dépasser tous ces maux. »
(Successeur Fatima).
Les conflits familiaux et le manque de synergie des membres de la famille : « Il n’est pas passé beaucoup de
temps, mon mari est décédé, mon père devenu seul, a donné droit à un de mes frères de gérer l’entreprise.
Mais mon frères aussi a gaspillé tout l’argent dans une seule semaine sans rien payer…Donc, j’étais obligé
de sortir en pleine nuit et chercher mon frère pour régler ce problème. » (Successeur Fatima).
En plus de ces obstacles, on peut relever aussi, la difficulté de conciliation entre la responsabilité familiale et
professionnelle, obstacles spécifiques aux femmes qui peuvent alourdir et exercer plus de pression sur les
femmes successeurs par rapport aux hommes.
«… s’il n’y a pas quelqu’un qui peut faire le ménage et préparer les repas à la maison , je le fais moi même
sinon je sors à 6h du matin » (Successeur Fatima).
« Après le décès de mon mari, j'étais obligé d'être toujours à l'entreprise, alors, pour me faciliter les choses,
j'ai construis une maison à côté du domicile de l'entreprise. » (Successeur Fatima).
274
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
4-4- L’impact de la succession des PME sur la situation de l’empowerment des femmes
- L’empowerment économique : « Après le décès de mon mari, j’ai hérité avec mes enfants 50% de la
propriété de l’entreprise, et après le décès de mon père, j’ai hérité d’autre part comme ça je suis devenue
l’actionnaire majoritaire et de fait je me suis mise dans la gestion.» (Successeur Fatima).
• L’amélioration des compétences techniques liées au métier :
«J’ai décidé d’être à la station du lever du soleil jusqu’à tard la nuit, j’ai envoyé la moitié des employés chez
eux et je n’ai laissé que ceux qui sont plus rentables. J’ai développé l’activité du restaurant, j’ai ajouté
d’autres menus ce qui a ramené d’autres clients qui s’alimentaient en carburant aussi. De 60 tonnes par an,
on est arrivé à liquider 120 tonnes par an…Pour une bonne gestion, il faut bien contrôler les salariés en
utilisant des caméras et d’autres outils qui le facilite ; et toujours faire les calculs, au début de la journée et
à la fin. Et après l’expérience j’ai une estimation du stock et de la production et à chaque vente je sais
combien reste dans le stock mais en cas de doute je me charge moi-même pour savoir d’où vient l’écart.»
(Successeur Fatima).
• Développement des compétences conceptuelles et relationnelles
«La première décision était d’aller rencontrer notre fournisseur de carburant à Casa, je me suis renseignée
d’abord, auprès des livreurs qui viennent chez nous pour connaître l’adresse exacte du siège. On est arrivé à
Casa, moi et mon père, on s’est dirigé directement au siège de la société de carburant, on s’est réuni avec
ses directeurs dans le but de trouver une solution et d’étaler notre dette sur plusieurs années et nous fournir
plus de carburant….J’ai cherché l’adresse de la mère du patron de la société fournisseur du carburant,
surtout qu’elle a vécu la même situation que moi, je suis partie chez elle, je l’ai rencontrée et je lui demandé
d’intervenir surtout que l’entreprise est la seule source de revenus pour moi et mes 4 enfants. Après cette
discussion, elle a accepté d’intervenir, et j’ai signé une lettre comme quoi je m’engage de payer cette dette
en mon nom si l’entreprise n’arrive pas à le faire. Après son fils a accepté d’étaler ma dette sur plusieurs
mois et la société a commencé à nous fournir du carburant. » (Successeur Fatima).
Les caractéristiques de la personnalité favorable à l’empowerement :
Forte personnalité: «Je peux même confirmer que sans mon intervention et la décision de gérer notre
patrimoine, il serait parti en fumée. C’est grâce à moi que tout s’est redressé. Tout le monde me disait qu’au
stade où est arrivé la dette de l’entreprise c’est impossible de la redresser et que la seule issue était de vendre
et payer nos dettes et prier Dieu pour que la somme de vente soit suffisante pour effacer l’ardoise sinon on
devrait vendre le mobilier de notre maison et déclarer faillite. » (Successeur Fatima).
Minutieuse et sens de l'ordre : « A mon avis la gestion d’une femme est beaucoup plus fructueuse que celle
d’un homme. D’après mon expérience, la femme dépense moins et fait beaucoup d’économies alors que
l’homme ne fait pas attention à ces détails. » (Successeur Fatima). « j’ai une bonne mémoire, une mémoire
d’éléphant, je ne sais ni lire ni écrire mais une fois entendu quoi ce soit je le mémorise. Je me rappelle des
mouvements des différentes caisses. Le solde de chacune, je m’en souviens chaque matin. Le compte
bancaire je suis son mouvement, et je constate les erreurs.... » (Successeur Fatima).
Très active : « Je me souviens encore de mes débuts , à la mort de mon mari j’ai beaucoup galéré ,je faisais
le travail de trois ou quatre personnes ,je dormais peu, une heure à deux heures , je rentrais tard chez moi à 1
heure du matin à 3heures je devrais me réveiller et descendre à la station service ,je m’occupe de tout au
restaurant : le ménage ,la préparation des repas ,le contact avec les clients, je devais répondre présente
partout. » (Successeur Fatima).
L'instinct de survie : « j’ai dit à mon père : « cette fois je peux résorber cette gaffe, mais tu dois savoir que je
ne vais pas vous laisser détruire ce que mon mari a construit, il ne l’a pas construit du jour au lendemain, ce
sont des années de travail, d’aspirations et sacrifices, mon père je ne vais pas vous laisser gaspiller l’héritage
de mes enfants, c’est à toi et à moi de prendre en main la direction de l’entreprise.», alors je lui ai retiré tous
les clés de l’entreprise » (Successeur Fatima).
o Confiance en soi : « Mon père me conseillait de vendre, mais il n’est pas conscient de la valeur de
275
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
l’entreprise parce que il n’a pas assister au montage de l’affaire, c’est mon mari qui avait exécuté tous les
investissements, donc, j’ai refusé la proposition et j’ai décidé de mettre la main à la patte…j’ai contracté
d’autres crédits pour que la station soit alimentée en carburant et que les employés soient payés. »
(Successeur Fatima).
4-5-Les résultats de l’empowerment des femmes après la prise de la relève de la PME familiale :
4-5-1-Par rapport aux ressources économiques
La PME familiale offre aux femmes successeurs, plus d’épanouissement personnel qui provient du fait qu’au
sein de la PME familiale, le successeur travaille dans sa propre entreprise donc l’effort fourni lui revient à la
fin. En plus, les résultats de son travail sont perçus rapidement par rapport au travail dans une entreprise non
familiale.
« J’ai agrandi l’entreprise d’une station évaluée à 600 000 dh à une entreprise d’une valeur de 20 000 000
dh. » (Successeur Fatima).
4-5-2-Par rapport aux ressources humaines
Le travail au sein de la PME familiale permet, aussi aux femmes membres de la famille, une flexibilité dans
les heurs de travail, une relation étroite avec la famille, bénéficier des avantages propres au métier de
l’entreprise, accéder à des métiers à prédominance masculine ;
La flexibilité des les horaires du travail des femmes successeurs contribue à la conciliation entre la
responsabilité familiale et professionnelle ;
Les conditions de travail favorables aux femmes permettent un changement de mentalité de la femme elle-
même en passant des valeurs traditionnelles à des valeurs plus modernes ;
Les femmes successeurs trouvent plus d’épanouissement personnel dans le travail d’une entreprise qui leur
appartient ;
Les qualités personnelles : La responsabilité et la forte personnalité, la persévérance et l’autonomie, la
confiance en soi, l’instinct de survie et la persévérance
4-5-3-Par rapport aux ressources sociopolitiques
- L’effet sur la famille : La femme successeur comme source d’empowerment des femmes membres
de la famille
« Ighorila gh ogjdi oryossi rwa », une seule personne dans la famille capable de gérer, peut sauver toute la
famille et son entreprise. C’est moi qui s’occupe de tout, je dois gérer tous les héritiers» (Successeur
Fatima).
L’effet sur le village : La femme successeur comme source d’empowerment des femmes de la région
« Je milite beaucoup pour notre région et je veux que les biens créés restent dans notre région et pour les
hommes et les femmes de notre région. Je n’admets pas qu’un étranger vient et exploite les richesses au
dépends des autochtones. On ne doit pas avoir un faible pour l’étranger, on doit être conscient qu’on peut y
arriver tant qu’on est uni, on doit vouloir du bien pour nos frères et nos proches. » (Successeur Fatima).
« Cette association nous ouvre de nouveaux horizons, des financements à l’international…On a crée aussi
une confédération de coopérative intra africaine, elle rassemble plus de 56 pays africains, toutes sortes de
coopératives, je suis responsable de formation et communication au sein de la confédération. » (Successeur
Fatima).
« J’étais adhérente dans une association de la femme artisane…Moi j’y ai adhéré contre ceux qui ont un
regard d’infériorité envers moi, j’écoutais leur sujet de discussion et je n’interviens pas, j’ai juré à leur
prouver par les faits et les actes pas par les paroles que ces villageoises vont aller très loin dans les
affaires… les femmes de notre région se satisfaisaient juste de ramasser les graines d’argan et de vendre
même brut à la forêt, elles n’essayent pas de faire valoriser le produit. J’ai rencontré au village une femme
qui a ramené un litre et demi de l’huile d’argan et voulait le vendre à l’épicier qui a refusé de l’acheter, la
femme pleurait et le suppliait de le prendre et de lui remettre en contrepartie de la farine pour préparer de
276
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
quoi manger à sa famille…J’ai demandé alors à la vieille femme de me rassembler les femmes intéressées
par la commercialisation de l’argan, on s’est rencontré une semaine après et on a décidé de créer une
coopérative. » (Successeur Fatima).
Conclusion :
Ce travail de recherche affirme le rôle des femmes marocaines, qui arrivent à accéder au poste de direction
des PME, dans l’accroissement économique et le développement de la société.
En effet, la prise de la relève par les femmes, permet à la société de bénéficier de nouvelles opportunités et
compétences pas encore exploitées, et sources de progression économique.
Mais, aussi, elle constitue,d’une part, l’origine de nouvelles ressources économiques pour les femmes
marocaines qui représentent le premier pas vers le processus d’empowerment et d’autre part, l’accélérateur
de l’empowerment psychologique, relationnelle, social et politique.
Cependant, le contexte culturel marocain pèse lourdement la situation de l’empowerment des femmes,
malgré des améliorations constatées au niveau juridique et social. D’où la nécessite d’adoption des politiques
nationales qui luttent contre la discrimination dans le domaine professionnel, et favorise l’accès des filles à
l’éducation.
Bibliographie :
Aurélie, DAMAMME. 2005. « Le genre à l’épreuve du développement au Maroc », 459.
Banque Mondiale. 2012. « World Development Report : Gender Equality and Development ». Washington.
https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/4391.
Belghazi, Saad, Maria José Moreno Ruiz, 2008. « Manuel de formation pour l’intégration du genre au sein
des entreprises marocaines ». In L’égalité des salaires entre les hommes et les femmes dans le secteur privé
marocain. Rabat: La CGEM. http://nbn-resolving.de/urn:nbn:de:101:1-2016042129247.
Cesaroni, Francesca Maria, et Paola Paoloni. 2016. « Are family ties an opportunity or an obstacle for
women entrepreneurs? Empirical evidence from Italy ». Palgrave Communications 2 (décembre): 16088.
https://doi.org/10.1057/palcomms.2016.88.
Cesaroni, Francesca, et Annalisa Sentuti. 2015. « Family Business Succession: A Female Perspective ». In .
Charlier, Sophie, Lisette Caubergs, Nicole Malpas, et Ernestine Mula Kakiba. 2007. « L’approche de
l’empowerment des femmes, un guide méthodologique - Genre en action ». Commission Femmes et
Développement. http://www.genreenaction.net/L-approche-de-l-empowerment-des-femmes-un-guide.html.
Christens, Brian D. 2012. « Toward Relational Empowerment ». American Journal of Community
Psychology 50 (1‑2): 114‑28. https://doi.org/10.1007/s10464-011-9483-5.
Conger, Jay A., et Rabindra N. Kanungo. 1988. « The Empowerment Process : Integrating Theory and
Practice ». The Academy of Management Review 13 (3): 471‑82. https://doi.org/10.2307/258093.
Constantinidis, Christina. 2010. « Entreprise familiale et genre. Les enjeux de la succession pour les filles ».
Revue française de gestion 36 (200): 143‑59. https://doi.org/10.3166/rfg.200.143-159.
Dane, Carole. 2007. « L’empowerment, un concept pour la France ? » Vie sociale N° 2 (2): 59‑72.
« Evaluation Du Dévelopment de l’entrepreneuriat Féminin Au Maroc / Assessment of the Situation for
Women’s Entrepreneurship Development in Morocco ». 2018. Report.
http://www.ilo.org/empent/areas/womens-entrepreneurship-development-wed/WCMS_541961/lang--
en/index.htm.
Fatima Ez zahra Rachdi. 2016. « Entrepreneuriat féminin au Maroc : une approche par le réseau personnel ».
Maroc: Groupe Institut Superieur de Commerce et d’Administration des Entreprises.
http://www.groupeiscae.ma/wp-content/uploads/2015/05/Th%C3%A8se-
L%E2%80%99ENTREPRENEURIAT-FEMININ-AU-MAROC-Fatima-Zahra-RACHDI.pdf.
277
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
278
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
« Stratégie de l’OIT pour le développement de l’esprit d’entreprise chez les femmes ». 2008, 17.
Tremblay, Marielle, Pierre-André Tremblay, et Suzanne Tremblay. 2002. Développement local, économie
sociale et démocratie. Presses de l’Université du Québec.
https://international.scholarvox.com/catalog/book/docid/88801313?searchterm=empowerment
Véras, Erika Zoeller. 2015. « Female Entrepreneurship: From Women’s Empowerment to Shared Value
Creation » 1 (3): 14.
Yépez, Isabel, Del Castillo, Sophie Charlier, et Sophie Grenade. 2009. « L’approche de l’empowerment des
femmes, un guide méthodologique - Genre en action ». Commission Femmes et Développement.
ZAOUI, Zahra, Mostafa CHANAOUI, et Fouad BEN SEDDIK. 2016. « Les dimensions sociales de l’égalité
entre les femmes et les hommes : constats et recommandations ». Auto-Saisine n°24 / 2016. Conseil
Economique, Social et en Environnemental. www.cese.ma.
279
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé :
Les alliances stratégiques sont des accords volontaires de coopération interentreprises visant à procurer un
avantage concurrentiel aux partenaires(DAS & TENG, 2000).Plusieurs auteurs estiment que les alliances
stratégiques et les partenariats sont essentiels au développement du commerce équitablemais leur succès est
difficile à atteindre (HARRIGAN K. R., Joint ventures and Competition Strategy, 1998), (KALE, 2002),
(DOZ, 1996)(DUSSAUGE, 1995)(GULATI, 1995)(BURT, 2004)(MOHR & SPEKMAN, 1994), ce travail
donne un aperçu des facteurs qui contribuent à la réussite d’une alliance stratégiqueà travers une analyse des
principaux travaux réalisés sur les alliances stratégiquesà la fois pour une amélioration de gestion de telles
alliances et le développement du commerce équitable.
Mots clefs : Alliance stratégique, commerce équitable, analyse des citations, réussite, facteurs.
I- Introduction
Le commerce équitable est un partenariat commercial qui vise à répondre aux besoins économiques, sociaux
et environnementaux (dans une optique de développement durable) des producteurs de communautés
défavorisées de ces pays. Il consiste en un réseau partageant des valeurs et objectifs misant sur la
coopération, l'équité, la justice sociale, le respect de l'environnement, l'autonomie et la
transparence(FORTIN, 2006 ).
Le commerce équitable accuse des difficultés qui limitent son développement. Les alliances stratégiques
sont une des stratégies adaptées aux particularités du commerce équitable et qui pourraient agir positivement
sur certaines limites nuisant au développement du commerce équitable, et en conséquence, bénéficier à tout
le réseau du commerce équitable. Plusieurs auteurs estiment que les alliances stratégiques et les partenariats
sont essentiels au développement du commerce équitable.Solagral (1998) a suggéré l'importance de renforcer
la coordination facilitée par les alliances stratégiques qui permet de favoriser la croissance du commerce
équitable. De plus, selon (Roozen, 2002) ont montré le lien entre le développement du marché pour les
produits du commerce et les partenariats commerciaux.
Malgré les avantages des alliances stratégiques pour remédier le commerce équitable, elles sont avouées à
l’échec. La documentation a été lente à adopter les facteurs associés à la réussite des alliances (MOHR &
SPEKMAN, 1994). Ce manque a permis de mettre en relief, le besoin d’examiner les facteurs associés à la
réussite d’une alliance stratégique regroupés selon chaque étape de son évolution à la fois pour une
amélioration de gestion de telles alliances et le développement du commerce équitable.
Pour cet état de l’art, nous suggérons une approche d’examen systématique plus transparente dans la
sélection de la documentation intéressée aux problématiques de succès d’alliance stratégique afin d’identifier
les facteurs clés de succès d’alliance stratégique présentés dans les principaux articles publiés.
Le présent document est réparti entrois parties. La première partie décrit la méthodologie de recherche
présentée. La partie résultats de l’étude est composée de deux parties, la première présente les résultats de
l’analyse des citations pour identifier les articles les plus cités sur le thème d’alliance stratégique, tandis que
la deuxième présente les facteurs contribuant au succès d’alliance.
280
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Figure 1: Evolution des publications sur les alliances stratégiques au cours de la période 1990 à 2017
Compte tenu des articles publiés sur les alliances stratégiques au cours de cette période, il n’est pas possible
d’examiner l’ensemble de la recherche publiée. Par conséquent, nous avons réalisé une analyse de citation
pour identifier les articles les plus cités et donc les plus pertinents dans le domaine présenté dans le tableau
suivant.
281
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1 1996 Interorganizational collaboration and the Powell, WW; ADMINISTRATIVE 3270 142.17
locus of innovation: Networks of learning in Koput, KW; SCIENCE
biotechnology SmithDoerr, L QUARTERLY
5 2004 Structural holes and good ideas Burt, RS AMERICAN 1422 94.8
JOURNAL OF
SOCIOLOGY
7 1996 Strategic alliances and interfirm knowledge Mowery, DC; STRATEGIC 1289 56.04
transfer Oxley, JE; MANAGEMENT
Silverman, BS JOURNAL
9 2005 Social capital, networks, and knowledge Inkpen, AC; ACADEMY OF 1220 87.14
transfer Tsang, EWK MANAGEMENT
REVIEW
10 1998 Between trust and control: Developing Das, TK; Teng, ACADEMY OF 1220 58.1
confidence in partner cooperation in BS MANAGEMENT
alliances REVIEW
12 2000 Learning and protection of proprietary assets Kale, P; Singh, STRATEGIC 1123 59.11
in strategic alliances: Building relational H; Perlmutter, MANAGEMENT
capital H JOURNAL
13 1995 Social structure and alliance formation Gulati, R Journal of 1067 44.46
patterns: A longitudinal analysis International Business
Studies
14 1995 Determinants of success in international Dussauge, SOCIAL SCIENCE & 1049 55.21
282
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
15 2000 Don't go it alone: Alliance network Baum, JAC; STRATEGIC 1048 55.16
composition and startups' performance in Calabrese, T; MANAGEMENT
Canadian biotechnology Silverman, BS JOURNAL
16 1999 Interorganizational endorsements and the Stuart, TE; ADMINISTRATIVE 999 49.95
performance of entrepreneurial ventures Hoang, H; SCIENCE
Hybels, RC QUARTERLY
18 1999 Network location and learning: The Gulati, R STRATEGIC 991 49.55
influence of network resources and firm MANAGEMENT
capabilities on alliance formation JOURNAL
19 2003 The network paradigm in organizational Borgatti, SP; JOURNAL OF 990 61.88
research: A review and typology Foster, PC MANAGEMENT
23 1998 Joint ventures and Competition Strategy HARRIGAN, Strategic Management 919 70.69
K. R. Journal
24 2000 A resource-based theory of strategic Das, TK; Teng, JOURNAL OF 890 46.84
alliances BS MANAGEMENT
25 2006 The reification of absorptive capacity: A Lane, Peter J.; ACADEMY OF 831 63.92
critical review and rejuvenation of the Koka, Balaji R.; MANAGEMENT
construct Pathak, REVIEW
Seemantini
28 2004 Taking stock of networks and organizations: Brass, DJ; ACADEMY OF 804 53.6
A multilevel perspective Galaskiewicz, J; MANAGEMENT
Greve, HR; JOURNAL
Tsai, WP
283
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
29 2001 Absorptive capacity, learning, and Lane, PJ; Salk, STRATEGIC 780 43.33
performance in international joint ventures JE; Lyles, MA MANAGEMENT
JOURNAL
32 2002 Alliance capability, stock market response, Kale, P; Dyer, STRATEGIC 726 42.71
and long-term alliance success: The role of JH; Singh, H MANAGEMENT
the alliance function JOURNAL
33 2000 Do firms learn to create value? The case of Anand, BN; STRATEGIC 714 37.58
alliances Khanna, T MANAGEMENT
JOURNAL
34 2001 Internal capabilities, external networks, and Lee, C; Lee, K; STRATEGIC 703 39.06
performance: A study on technology-based Pennings, JM MANAGEMENT
ventures JOURNAL
35 2002 Inter-firm R&D partnerships: an overview of Hagedoorn, J RESEARCH POLICY 683 40.18
major trends and patterns since 1960
36 2004 A knowledge accessing theory of strategic Grant, RM; JOURNAL OF 667 44.47
alliances Baden-Fuller, C MANAGEMENT
STUDIES
38 2001 Trust, control, and risk in strategic alliances: Das, TK; Teng, ORGANIZATION 640 35.56
An integrated framework BS STUDIES
39 2006 The competitive advantage of interconnected Lavie, Dovev ACADEMY OF 593 45.62
firms: An extension of the resource-based MANAGEMENT
view REVIEW
41 2000 The network as knowledge: Generative rules Kogut, B STRATEGIC 549 28.89
and the emergence of structure MANAGEMENT
JOURNAL
42 2006 Balancing exploration and exploitation in Lavie, Dovev; ACADEMY OF 461 35.46
alliance formation Rosenkopf, Lori MANAGEMENT
JOURNAL
284
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
45 2000 Walking a tightrope: Creating value through Barringer, BR; JOURNAL OF 425 22.37
interorganizational relationships Harrison, JS MANAGEMENT
46 2000 Instabilities of strategic alliances. An Das, TK; Teng, ORGANIZATION 400 21.05
internal tensions perspective BS SCIENCE
48 2003 Alliance form: A test of the contractual and Colombo, MG STRATEGIC 329 20.56
competence perspectives MANAGEMENT
JOURNAL
50 1985 Economic Action and Social Structure: The Granovetter, M. American Journal of 322 17,5
Problem of Embeddedness Sociology
A partir des résultats de l’analyse des citations, nous avons analysé le contenu de chaque article plus cité sur
les alliances stratégiques. Durant cette analyse nous avons sélectionné l’ensemble des définitions présentées
dans la littérature sur le terme alliance stratégique, les mesures qui ont été utilisé dans les études
antécédentes pour juger la réussite d’une alliance, suivie d’une description des facteurs qui contribuent à la
réussite d’une alliance stratégique identifiés dans les principaux articles les plus cités dans la base d’analyse
portant sur la réussite des alliances ou elles exposent les facteurs contribuant à la réussite d’une alliance
stratégique avec des illustrations sur la signification de chaque facteur et la manière dont ce facteur influe sur
la réussite.
2- Les facteurs de succès des alliances stratégiques
Avant d’identifier les principaux facteurs contribuant à la réussite d’une alliance stratégique présentés dans
la littérature. Il s’agit d’abord d’obtenir plus d’informations sur la définition des alliances stratégiques et les
mesures qui ont été utilisé pour juger la réussite d’une alliance.
Les alliances stratégiques prennent des différentes formes juridiques, (Das & Teng, 2000) a adopté une
typologie d’alliance selon quatre parties. L’alliance unilatérale fondée sur un contrat d’échange contre de
l’argent comptant sans aucune coordination ou collaboration. L’alliance bilatérale exige la mise en commun
des ressources et le travail conjoint sur une base continue. Les coentreprises de capitaux propres sont créées
pour l’intégration conjointe des efforts des partenaires dans une nouvelle entité. Et finalement, les alliances
de capitaux propres qui permettent à un ou plusieurs partenaires de prendre une participation dans les
autres(Das & Teng, 2000). (HARRIGAN K. R., Joint ventures and Competition Strategy, 1998),(Gulati,
1995), (Das & Teng, 2000) les considèrent comme des accords. Alors que d’autres (Eisenhardt &
Schoonhoven, 1996) et (MOHR & SPEKMAN, 1994), les considèrent comme des relations. Elles sont même
considérées comme des entités d’après (Elmuti, 2001). Elles peuvent être caractérisées en tant que contrat à
court terme dites récurrents ou à long terme dites relationnels (RING & VANDEVEN, 1992). Les ressources
partagées peuvent être complémentaires similaires ou de natures différentes (TEECE, 1992) et (Dussauge G.
, 1995). Elles peuvent être réalisées sur une ou des fonctions données, des fonctions qui nécessitent une
grande coordination comme les alliances de R&D et d’innovation et les alliances formées sur des fonctions
dites opérationnelles comme les fonctions de production et de marketing (Contractor, 2001) et (Koza, 1998).
Selon le marché, elles peuvent réunies des partenaires de différentes natures, entre concurrents ou des
285
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
entreprises dans les mêmes activités stratégiques et entre clients-fournisseurs (Dussauge, Garrette, &
Mitchell, 2000). Ces différences, et d’autres, sont susceptibles d’entrainer des dynamiques diverses et d’avoir
des impacts différents sur le rendement d’une alliance stratégique (Ariño, 2003).
La performance de l’alliance stratégique est définit par (Ariño, 2003) comme le degré de réalisation des
objectifs communs ou privés, initiaux ou émergents d’une alliance stratégique par les partenaires. Elle peut
être mesurée de plusieurs façons différentes. Certains auteurs ont utilisé des mesures opérationnelles qui
regroupent la stabilité, la longévité et la survie, des mesures objectives ou subjectives qui regroupent les
mesures de rentabilité, de croissance et de situation des coûts. Tandis que des autres, ont combiné entre les
deux types de mesure de rendement. Alors que pour d’autres, ils font appel aux mesures extérieures pour
mesurer la performance d’une alliance stratégique.
Afin de remédier aux difficultés auxquelles sont confrontées les alliances stratégiques, nous avons regroupé
une série de facteurs présentés dans les principaux travaux publiés sur les alliances stratégiques au cours de
la période 2000 et 2017 dans la base d’analyse Web of Science, qui peuvent contribuer à leur réussite
regroupés autour de deux catégories : les facteurs qui s’appliquent au moment de la formation d’alliance et
celles qui s’appliquent pendant le fonctionnement d’alliance.
Phase de formation d’alliance stratégique : Cette phase regroupe le choix du bon partenaire et la bonne
gouvernance et la fixation d’objectif d’alliance.
1)-Le succès d’alliance dépend du choix d’un bon partenaire. Le choix d’un bon partenaire signifie que
l’entreprise doit chercher les points de ressemblances entre les ressources, les objectifs et les stratégies (Das
& Teng, 2000) et d’un niveau élevé d’adéquation en termes de complémentarité ou de compatibilité des
partenaires (Kale, Singh, & Perlmutter, 2000). Une recherche approfondie et une analyse profonde doivent
être menées par les entreprises pendant la phase de constitution d’alliance qui permettent de choisir le bon
partenaire (Devlin & Bleackley, 1988) et (Glaister & Buckley, 1999). Cette recherche devrait inclure un
examen des compétences, des marchés, des capacités, d’expérience et le potentiel pour apporter une
contribution réelle (D, Eliot, & Timoth, 1995). 2)-Le choix d’une forme d’alliance le plus approprié est un
facteur clé de succès d’alliance stratégique qui permet de réduire le risque d’opportunisme. Le choix d’une
forme d’alliance peut être influencé par les caractéristiques des partenaires, les préoccupations
d’appropriation, les activités d’alliance et l’existence d’un réseau social (Gulati, 1995). 3)- Le partage des
objectifs communs représente la mesure dans laquelle les membres du réseau partagent une compréhension
et une approche communes pour la réalisation des objectifs du réseau qui mène à l’attraction, ce qui fait que
les attitudes deviennent positives, ce qui mènent à des résultats favorables (PARKHE, 1991).
La phase de fonctionnement d’alliance : Pour atteindre les résultats ciblés, il faut que les entreprises sachent
bien gérer d’une façon positive les alliances. Une série des facteurs présentée dans la littérature pour une
gestion efficace des alliances stratégiques. La phase de fonctionnement d’alliance regroupe le développement
de confiance entre les partenaires, la participation à l’information et le partage de l’information, le choix
d’un mécanisme de coordination, la gestion des conflits et la gestion de l’expérience.
4)- La confiance permet de créer des conditions favorables qui conduisent au succès d’alliance. Elle permet
d’échanger efficacement les informations et favorise également l’interaction entre les partenaires (Gulati,
1998). 5)- La participation à l’information fait référence à la mesure dans la quelle les partenaires s’engagent
ensemble dans la planification et l’établissement des objectifs (MOHR & SPEKMAN, 1994). La
planification intégrative permet d’établir les attentes et préciser les efforts de la coopération (MOHR &
SPEKMAN, 1994). Le partage d’information peut être en interne, entre les employés au sein de l’entreprise
et en externe, entre les membres de l’alliance. Le partage d’information entre les employés au sein de
l’entreprise peut limiter l’accès aux compétences propres du partenaire. Selon (Hamel, Doz, & Prahalad,
1989). En externe, le partage de l’information entre partenaire permet de s’informer mutuellement sur les
activités respectives et à temps et agir de façon indépendante pour maintenir la relation au fil du temps
(MOHR & SPEKMAN, 1994). Le succès d’alliance réside dans la capacité de l’entreprise à récupérer
286
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
l’information et à limiter les transferts involontaires ou informels de l’information (Hamel, Doz, & Prahalad,
1989). 6)- Selon (Kale & Singh, 2009), la coordination permet de gérer l’interdépendance et réaliser les
objectifs de l’alliance. Pour gérer efficacement la coordination, les entreprises sont invitées à choisir entre les
mécanismes de coordination. 7)- . La réussite d’une alliance réside dans la manière dont les conflits sont
gérés et résolus. Une gestion intégrative favorise une collaboration plus étroite entre les partenaires. Elle
implique une gestion conjointe des conflits dans un souci mutuel de gagnant-gagnant pour toutes les parties
concernées (Kale, Singh, & Perlmutter, 2000). 8)- Selon (Powell, Koput, & SmithDoerr, 1996), l’expérience
à elle seule, ne suffit pas à garantir des bonnes performances futures. Elle doit être intégrée dans un savoir
faire spécifique utilisé pour guider les actions futures (Powell, Koput, & SmithDoerr, 1996). Selon (Kale,
Dyer, & Singh, 2002), l’expérience de l’alliance est importante, si elle est internalisée à travers la création
d’une fonction dédiée. Il trouve que les entreprises qui disposent d’une fonction d’alliance dédiée qui permet
de saisir, partager et diffuser les activités liées aux alliances peut améliore leurs capacités à générer des
rendements élevés (Kale, Dyer, & Singh, 2002). Le succès d’alliance réside dans la capacité de l’entreprise à
saisir, partager et diffuser l’expérience (Kale, Dyer, & Singh, 2002).
3-Conclusion
Les alliances stratégiques sont considérées parmi les stratégies qui permettent de remédier à certaines
difficultés du commerce équitable. Malgré les avantages de ces stratégies pour le commerce traditionnel et
équitable, elles sont avouées à l’échec. Cette étude avait pour but d’identifier les facteurs associés à la
réussite d’une alliance stratégique présentés dans les principaux articles publiés sur les alliances stratégiques
au cours de la période 2000 et 2017 dans la base d’analyse Web Of Science à la fois pour une amélioration
de gestion de telles alliances et le développement du commerce équitable.
Bibliographie
Ahuja, G. (2000). The duality of collaboration: Inducements and opportunities in the formation of interfirm
linkages. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Anand, B., & Khanna, T. (2000). Do firms learn to create value? The case of alliances. STRATEGIC
MANAGEMENT JOURNAL .
ANDERSON. (1990). Two Firms, One Frontier: On Assessing Joint Venture Performance. Sloan
Management Review .
Ariño, A. (2003). Measures of Strategic Alliance Performance: An Analysis of Construct Validity. Journal
of International Business Studies .
Barringer, B., & Harrison, J. (2000). Walking a tightrope: Creating value through interorganizational
relationships. JOURNAL OF MANAGEMENT .
Baum, J., Calabrese, T., & Silverman, B. (2000). Don't go it alone: Alliance network composition and
startups' performance in Canadian biotechnology. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Berelson, B. ( 1959). The state of communication research. Public Opinion Quarterly .
Bleackley, G. D. (1968). Strategic Alliances Guidelines for success. Long Range Planning .
Borgatti, S., & Foster, P. (2003). The network paradigm in organizational research: A review and typology.
JOURNAL OF MANAGEMENT .
Brass, D., Galaskiewicz, J., Greve, H., & Tsai, W. (2004). Taking stock of networks and organizations: A
multilevel perspective. ACADEMY OF MANAGEMENT JOURNAL .
Buckley, P. C. (1988). A Theory of Cooperation in International Business. Contractor, F.J., Lorange, P.
(ed.) .
Burt, R. (2004). Structural holes and good ideas. AMERICAN JOURNAL OF SOCIOLOGY .
BURT, R. (2004). Structural holes and good ideas. AMERICAN JOURNAL OF SOCIOLOGY .
287
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
D, K., Eliot, L., & Timoth. ( 1995). Strategic Alliances: Choose Your Partners . Long Range Plan .
Das, T. K., & Teng. (2000). Instabilities of Strategic Alliances: An Internal Tensions Perspective.
Organization Science .
Eisenhardt, K., & Schoonhoven, C. (1996). Resource-based view of strategic alliance formation: Strategic
and social effects in entrepreneurial firms. ORGANIZATION SCIENCE .
Elmuti, D. Y. (2001). An overview of strategic alliances. Management Decision .
FORTIN, J. (2006 ). L'ADOPTION D'UNE STRATÉGIE DE DISTRIBUTION EN CONTEXTE DE
COMMERCE ÉQUITABLE . MÉMOIRE PRÉSENTÉ À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-
RIVIÈRES.
Galbraith. (1977). Organization design. Addison Wesley .
Gauthier, É. (1998). L’analyse bibliométrique de la recherche scientifique et technologique : Guide
méthodologique d’utilisation et d’interprétation. Montréal, Statistique Canada.
Glaister, K. W., & Buckley, P. J. (1999). Performance Relationships in UK International Alliances.
Management International Review .
Gulati, R. (1998). Alliances and networks. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Gulati, R. (1999). Network location and learning: The influence of network resources and firm capabilities
on alliance formation. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Gulati, R. (1995). Social structure and alliance formation patterns: A longitudinal analysis. Journal of
International Business Studies .
GULATI, R. (1995). Social structure and alliance formation patterns: A longitudinal analysis. Journal of
International Business Studies .
Gulati, R., & Singh, H. (1998). The architecture of cooperation: Managing coordination costs and
appropriation concerns in strategic alliances. ADMINISTRATIVE SCIENCE QUARTERLY .
Gulati, R., Nohria, N., & Zaheer, A. (2000). Strategic networks. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Hagedoorn, J. (2002). Inter-firm R&D partnerships: an overview of major trends and patterns since 1960.
RESEARCH POLICY .
HAGEDOORN, J. (1993). UNDERSTANDING THE RATIONALE OF STRATEGIC TECHNOLOGY
PARTNERING - INTERORGANIZATIONAL MODES OF COOPERATION AND SECTORAL
DIFFERENCES. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Hamel, Doz, & Prahalad, a. (1989). Collaborate with your competitors and win. HARVARD BUSINESS
REVIEW .
HAMEL, G. (1991). COMPETITION FOR COMPETENCE AND INTER-PARTNER LEARNING
WITHIN INTERNATIONAL STRATEGIC ALLIANCES. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Kogut, B. (1988). Joint ventures: theoretical and empirical perspectives. Strategic Management Journal .
Kogut, B. (2000). The network as knowledge: Generative rules and the emergence of structure. STRATEGIC
MANAGEMENT JOURNAL .
Koza, M. P. (1998). The co-evolution of strategic alliances. Organization Science .
Lane, P. J., Koka, B. R., & Pathak, S. (2006). The reification of absorptive capacity: A critical review and
rejuvenation of the construct. ACADEMY OF MANAGEMENT REVIEW .
Lane, P., Salk, J., & Lyles, M. (2001). Absorptive capacity, learning, and performance in international joint
ventures. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
288
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Lavie, D. (2006). The competitive advantage of interconnected firms: An extension of the resource-based
view. ACADEMY OF MANAGEMENT REVIEW .
Lavie, D., & Rosenkopf, L. (2006). Balancing exploration and exploitation in alliance formation. ACADEMY
OF MANAGEMENT JOURNAL .
Levinthal, & Fichman. (1992). The Role of Individual Attachments in the Dissolution of Interorganizational
Relationships. The Academy of Management Journal .
M, R., Petersen, & Handfield. (1998). Success Factors in Strategic Supplier Alliances:The Buying
CompanyPerspective. Decision Sciences .
M., C. (1986). The Intellectual Development of Management Information Systems. Management Science,
vol. 32, p. 156-172 .
MABRY, S. A. (1985). The Relative Importance of Journals Used in Management Research : an Alternative
Ranking. Human Relations, vol. 38, p. 139-149.
MATTESSICH, P., & MONSEY, B. (1998). Collaboration: What Makes It Work. Journal of Nutrition
Education , 349.
MOHR, J., & SPEKMAN, R. (1994). CHARACTERISTICS OF PARTNERSHIP SUCCESS -
PARTNERSHIP ATTRIBUTES, COMMUNICATION BEHAVIOR, AND CONFLICT-RESOLUTION
TECHNIQUES. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Powell, W., Koput, K., & SmithDoerr, L. (1996). Interorganizational collaboration and the locus of
innovation: Networks of learning in biotechnology. ADMINISTRATIVE SCIENCE QUARTERLY .
RING, P., & VANDEVEN, A. (1992). STRUCTURING COOPERATIVE RELATIONSHIPS BETWEEN
ORGANIZATIONS. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Saxton, T. (1997). The Effects of Partner and Relationship Characteristics on Alliance Outcomes. The
Academy of Management Journal .
Silverman, B., & Baum, J. (2002). Alliance-based competitive dynamics. ACADEMY OF MANAGEMENT
JOURNAL .
Simonin, B. (1997). The importance of collaborative know-how: an empirical test of the learning
organization. Academy of Management Journa .
Stuart, T. (2000). Interorganizational alliances and the performance of firms: A study of growth and
innovation rates in a high-technology industry. STRATEGIC MANAGEMENT JOURNAL .
Stuart, T., Hoang, H., & Hybels, R. (1999). Interorganizational endorsements and the performance of
entrepreneurial ventures. ADMINISTRATIVE SCIENCE QUARTERLY .
TEECE, D. (1992). COMPETITION, COOPERATION, AND INNOVATION - ORGANIZATIONAL
ARRANGEMENTS FOR REGIMES OF RAPID TECHNOLOGICAL-PROGRESS. JOURNAL OF
ECONOMIC BEHAVIOR & ORGANIZATION .
Zahra, S., & George, G. (2002). Absorptive capacity: A review, reconceptualization, and extension.
ACADEMY OF MANAGEMENT REVIEW .
Zollo, M., Reuer, J., & Singh, H. (2002). Interorganizational routines and performance in strategic alliances.
ORGANIZATION SCIENCE .
289
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Axe 4 : Entrepreneuriat
et Economie Sociale et Solidaire
L’autonomisation des femmes comme source de développement économique et social au Maroc : Etude
exploratoire du statut économique des femmes marocaines sur la base du Third Billion Index.................292
Le rôle de l’entrepreneuriat coopératif dans l’inclusion socioéconomique des femmes dans le secteur de
pêche : Cas de la coopérative féminine des produits de la mer de Douira « COFEPROMER » .....................304
Imane BARI,Enseignante chercheur à l’Ecole Supérieure de Technologie d’Agadir, Université Ibn Zohr,
Agadir
Salaheddine EL AYOUBI, Docteur en Sciences de la mer, Institut National de Recherche Halieutique, Agadir
Le financement de l’Economie Sociale et Solidaire dans les pays du sud de la méditerranée .....................319
L’entrepreneuriat social: Etat des lieux et perspectives de développement cas de la province de Chtouka Ait
Baha...........................................................................................................................................................338
Suivi-évaluation des activités génératrices de revenus soutenues par l’initiative nationale pour le
développement humainCas : la préfecture d’Agadir Ida-Outanane............................................................344
290
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Le rôle de l’INDH dans la promotion de l’économie sociale solidaire dans la région Souss Massa ..............350
ZEFZAF Abdellatif, Professeur d’Enseignement Supérieur, FLSH, Université Ibn Zohr, Agadir Maroc
Les équipes métiers, innovation organisationnelle pour accompagner le développement des coopératives
agricoles – Cas des coopératives agricoles de la Province d’Al Haouz ........................................................361
291
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Résumé :
De nos jours, la relation entre l’autonomisation économique des femmes et le niveau de croissance
économique et social n’est plus à démontrer. En effet, la majorité des études qui ont été menées dans le
cadre d’un contexte de pauvreté féminine et d’inégalité des genres ont révélé l’existence d’une corrélation
positive et très forte entre le niveau d’empowerment des femmes et la croissance économique. Ces études
font appel le plus souvent à des outils statistiques permettant d’analyser cette relation.
Parmices études, nous trouvons celle menée en 2012 par le cabinet d’étude américain Booz et Company et
portant sur l’indice du troisième milliard ou le Third Billion Index. L’objectif de notre travail étant d’utiliser
cet outil pour comprendre la nature de cette relation au Maroc.
Mots clés : Autonomisation économique des femmes, croissance économique, empowerment, le Third
Billion Index et le cabinet Booz& Company.
Introduction :
Au Maroc, l’égalité des genres a toujours été considérée comme étant le parent pauvre de toutes les
politiques et stratégies publiques et territoriales menées en matière de développement économique et social.
En effet, et malgré tous les efforts déployés, les inégalités entre les hommes et les femmes n’ont fait que
s’enfoncer durant les 10 dernières années et ce à plusieurs niveaux tels que : L’accès au marché du travail,
l’accès aux droits sociaux de base et aux infrastructures. Ainsi et selon les dernières estimations du Haut
Commissariat au Plan (HCP), le taux de participation des femmes à la population active est resté en dessous
des normes mondiales et régionales1.
L’objectif de notre travail étant d’explorer (décrire) la relation existante entre l’autonomisation des femmes
et le développement économique et sociale au Maroc, A cet effet plusieurs études récentes ont été menées
afin de déterminer la forme du lien existant entre l’égalité des genres et la croissance économique et sociale.
Et la majorité de ces études tournent autour d’un nouvel indicateur appelé Third Billion Index2. L’objet de
notre communication étant de transposer cet indicateur pour le contexte marocain en vue de déterminer
l’existence éventuelle d’une corrélation entre l’autonomisation économique des femmes et le développement
social.
Sur le plan théorique, et en matière de relation entre l’autonomisation économique des femmes et le
développement économique, trois courants de pensée s’opposent à savoir le courant « Intégration des
Femmes dans le développement » (W I D ), le courant «Femmes et développement » (W A D) et le
courant« Genre et développement » (G A D ).
Notre méthodologie est en même temps quantitative et exploratoire et elle va s’appuyer sur l’indicateur du
Third Billion. Pour la collecte de données nous avons fait appel à de l’information secondaire à savoir la
1
- Selon le dernier recensement qui a eu lieu en 2O14, ce taux avoisine les 25%
2
- Ce sont généralement les études menées par le cabinet d’étude Strategy & anciennement appelé cabinet Booz et
Company.
292
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
base de données issue du Forum économique mondial et de l’Economist Intelligence Unit. Les données ont
été collectées sur un échantillon de 128 pays et ce pour les années 2010 et 2012.
Notre communication est structurée en 3 parties : une première partie fera état du cadre conceptuel et
théorique de notre travail, la deuxième partie quant à elle présentera l’état de lieux des inégalités de genre au
Maroc et enfin une dernière partie sera consacrée à la méthodologie adoptée, la présentation de l’indice, la
collecte de données et la présentation des résultats.
1.Le cadre conceptuel et revue de la littérature :
Depuis plusieurs années, l’autononomisation des femmes comme facteur de développement économique a
suscité aussi bien l’intérêt des chercheurs que celui des praticiens, en effet, d’un côté, plusieurs courants de
pensée ont vu le jour afin de mettre en relief la place occupée par les femme dans le processus du
développement économique et social et de l’autre côté, plusieurs actions ont été mises en œuvre par les
pouvoirs publics et les organisations non gouvernementales (ONG) pour améliorer le niveau
d’autonomisation des femmes ; mais avant de faire le ratissage théorique de l’autonomisation économique
des femmes et son rôle dans le développement économique et social(1.2), nous allons d’abord définir les
principaux concepts liés à notre problématique (1.1).
1-1- Quelques éléments de définition autour des notions de genre et d’autonomisation économique des
femmes :
Dans le cadre de cette présentation conceptuelle, nous nous efforcerons de manière sommaire et brève
d’abord de définir la notion de genre ensuite nous tenterons de définir celle d’autonomisation des femmes ou
d’empowerment.
1-1-1- Présentation du concept de genre
Afin de définir le concept de genre, nous allons nous baser sur la définition de la Banque Mondiale (BM) et
celle de LuciaLizarzaburu.
Ainsi et selon le rapport de la BM publié en 20121 «le genre représente d’une part l’ensemble des attributs
sociaux, comportementaux et culturels et d’autre part, les normes et les attentes associées au fait d’être un
homme ou une femme »
Il ressort de la définition de la BM que la connotation du terme genre dépasse largement les caractères
biologiques liés au sexe. Autrement dit, le genre transcende les simples rapports basés sur un quelconque
déterminisme biologique en essayant de mettre en relief des rapports économiques et sociaux reliant les
hommes aux femmes.
Dans le même ordre d’idées et pour Lucia Lizarzaburu,2 la notion de genre renvoie généralement à « trois
principales dimensions que sont : l’accumulation des dotations (éducation, santé et biens physiques) ;
l’utilisation de ces ressources afin de créer des opportunités économique qui génèrent des revenus ; l’impact
de ces actions sur le bien être des individus et des ménages ».
L’une des conséquences de cette deuxième définition est que le genre représente généralement un processus
constitué de 3 aspects : - la possession d’un capital humain et social, l’accès aux ressources et leur allocation
optimale et l’effet de ces deux aspects sur le devenir des femmes.
Qu’en est-il maintenant de la définition de la notion d’empowerment ?
1-1-2- Présentation de la notion d’autonomisation ou d’empowerment
Le concept d’empowerment est le plus souvent défini comme étant l’acquisition depouvoir de la part des
1
-Cité par Lucia Lizarzaburu «Egalité des genres et développement économique: L’autonomisation économique des
femmes : un instrument clé pour le développement » BSI Economics.2014
2
- Lucia Lizarzaburu « Egalité des genres et développement économique: L’autonomisation économique des femmes :
un instrument clé pour le développement » BSI Economics.2014
293
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
femmes ce qui leur permet d’améliorer leurs conditions sociales et économiques de vie et une
meilleureinsertion dans la société. Ces mêmes éléments de définition vont se retrouver dans le rapport des
nations unies sur l’autonomisation économique des femmes publiée en août 2017 qui stipule que
« l’autonomisation économique des femmesest un processus qui permet d’augmenter le capital humain,
financier et matériel des femmes au fur et à mesure qu’elles bénéficient des opportunités économiques ». Il
ressort des deux définitions précédentes que l’autonomisation des femmes représente un processus
d’appropriation du pouvoir par les femmes, ce qui leur permet d’un côté, d’accéder aux ressources et aux
facteurs de production, et de l’autre côté, à faire des choix et prendre des décisions. En d’autres termes,
l’empowerment renvoie à la capacité d’une femme à agir de manière indépendante et ce à tous les niveaux
qu’ils soient économiques, sociaux ou politiques.
D’autres auteurs en l’occurrence, Amartya Sen, qui selon lequell’empowerment 5se définit comme « étant
une question de choix (en opposition auxanalyses de la pauvreté comme une fatalité subie et caractérisée par
l’absence de choix) :il s’agit « d’étendre la capacité des femmes à faire des choix de vie stratégiques dans un
contexte où elles étaient auparavant privées de cette capacité »
Dans le même ordre d’idées et pour Jacquet Isabelle6 «l’empowerment représente un processus qui tend vers
plus d’égalité entre les hommes et les femmes". Pour sa part, Linda Mayoux7 distingue trois niveaux
d’empwerment:
L’empowerment économique individuel ;
L’empowermpent par l’amélioration du bien être ;
L’empowerment social et politique.
En parallèle, plusieurs outils d’aide à l’analyse du niveau d’empowerment ont fait leur apparition, parmi ces
outils on trouve le cadre d’analyse de « Longwe Framework »8
Ce cadre recense 5 niveaux d’empowerment que sont :
Bien être : L’empowerment est réduit à son plus faible niveau à savoir celui de la femme bénéficiaire et
passive, ce niveau est donc synonyme d’assistanat ;
Accès : Il correspond à l’accès égal par rapport au sexe masculin aux ressources et aux facteurs de
production ;
Conscientisation : Ce niveau correspond à une division du travail juste et équitable entre les hommes et les
femmes ;
Participation : Il correspond à l’implication égale entre les hommes et les femmes dans la prise de
décision ;
Contrôle : Le contrôle sur l’accès aux ressources et des facteurs de production doit être exercé de manière
égale entre les hommes et les femmes.
Après avoir défini, les principaux concepts et notions liés à notre étude, nous allons maintenant présenter les
ressorts théoriques et idéologiques de notre travail.
5
- Citée par Elisabeth Hofman « Indicateurs de l’empowerment : comment mesurer des processus complexes ? Date de
mise en ligne le jeudi 21 janvier 2016 (IATU/STC, Uni versité Bordeaux3 et LAM, IEP de Bordeaux) Adresse :
http://www.adequations.org/IMG/article_PDF/article_a411.pdf
6
-Jacquet Isabelle, Développement au masculin, féminin- le genre, outils d’un nouveau concept, L’harmattan, Paris,
1995.
7
-Cité par Elisabeth Hofman, Kamala Marius-Gnanou « L’empowerment des femmes entre relativisme culturel et
instrumentalisation dans des évaluations de la microfinance en Inde » Premières journées du GRES, Bordeaux IV, 16-
17 Septembre 2004
8
-Cité par Elisabeth Hoffman, K.Marius-Ganou, L’intégration de la dimension genre dans une intervention de
développement : mythe ou réalité ? Journée d’études « Genre, inégalités et territoires » du 24 mai 2002 , Regards,
Maison des Suds, Bordeaux.
294
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
9
- Ce courant s’inspire de la théorie économique et essentiellement les théories modernes des besoins essentiels initié
par Théodore Shultz et la théorie du capital humain développé par Garry Becker.
10
-Cité par Elisabeth Hoffman, K.Marius-Gnanou (2002) « L’intégration de la dimension genre dans une intervention
de développement : mythe ou réalité ? Journée d’études « Genre, inégalités et territoires » Regards, Maisons des Suds,
Bordeaux.
295
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
reconnaissance des différents rôles qu’elles pourraient assumer dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.
Cette reconnaissance passe automatiquement par l’augmentation des niveaux d’empowerment des femmesà
tous les plans aussi bien économique que non économique.
Il ressort de cet exposé des différentes théories ayant approché la relation entre le genre et le développement
que le courant GED présente l’originalité d’introduire de nouvelles notions empruntées à différents champs
disciplinaires en l’occurrence la notion clé d’autonomisation économique des femmes ou d’empowerment.
Après avoir présenté les principaux concepts et théories attachés à notre travail, nous allons maintenant
dresser l’état de lieux des inégalités de genre au Maroc.
2- Etat des lieux des inégalités de genre et de l’autonomisation économique des femmes au Maroc
Au Maroc, les femmes représentent les principales victimes des inégalités liées au genre et ces inégalités
apparaissent à plusieurs niveaux. Dans le cadre de ce paragraphe, nous allons brièvement faire le point de
certains aspects attestant de ces inégalités.
2-1-Une faible participation des femmes à la population active :
En effet, et selon les données du dernier recensement général de la population et de l’habitat (2014), la
population totale féminine marocaine représente la moitié de la population totale marocaine tandis que la part
de la population active féminine n’est que de l’ordre de 25% et la majorité des activités occupées par les
femmes sont caractérisées par leur précarité.
Dans le même ordre d’idées et selon les statistiques du Bureau International du Travail pour l’année 2014, le
taux de participation des femmes marocaines à la population active reste l’un des taux les plus faibles
comparativement aux pays de la région MENA(Moyen Orient et Afrique du Nord) comme le montre le
graphique 1 ci-dessous :
Graphique 1 : Evolution du taux de participation des femmes à la population active âgée de 15 ans et plus
entre 1990 et 2014 dans certains pays
Source : Elaboré sur la base des données du BIT repris du Livre « Egalité de genre, politiques publiques et
croissance économique au Maroc », Réalisé en collaboration entre la direction des études et des prévisions
du ministère des finances et l’OCP policy center Publié en 2017.
Les difficultés des femmes marocaines à accéder au marché du travailapparaissent aussi au niveau du taux
de féminisation de l’emploi permanent comment l’atteste le tableau 1 ci-dessous :
296
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Source : Elaboré par la direction des études et prévisions financières du ministère des finances marocaine
sur la base des données du HCP (2017).
Le graphique 2 révèle l’existence d’un écart flagrant existant entre l’accès des hommes et des femmes à
l’éducation, en effet, seule 34% des filles arrivent à poursuivre des études supérieures, ce qui compromet
largement leurs chances d’autonomisation économique.
2.3. Difficultés d’accès à l’entreprenariat et à l’auto-emploi
Afin d’illustrer ces difficultés, nous allons utiliser l’indicateur de la proportion des entreprises possédées par
des femmes dans la région MENA et ce pour lapériode 2006-2011. Cet indicateur sera présenté dans le
tableau 2 ci-dessous :
Tableau 2 : Proportion des entreprises possédées par des femmes dans la régionMENA (en %)
Pays Participation des femmes à la propriété des entreprises
(%)
Maroc 13,1
Egypte 34
Irak 6,8
Algérie 15
Jordanie 13,1
Liban 33,5
Syrie 14,4
Mauritanie 12,3
Cisjordanie et Bande de Gaza 6,4
Moyenne MENA 6,6
Source : Base de données « enquête entreprises », Banque mondiale 2006-2011 repris du Livre « Egalité de
genre, politqiues publiques et croissance économique au Maroc » Réalisé en collaboration avec la direction
297
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
des études et des prévisions du ministère des finances et l’OCP policy center. Publié en 2017.
Il ressort de ce tabeau que les femmes marocaines éprovent beaucoup de difficultés à détenir des parts au
sein des entreprises.
Ce deuxième paragraphe dédiée à la présentation sommaire de l’état des lieux des inégalités de genre au
Maroc atteste d’un côté du niveau médiocre de l’autonomisation économique des femmes et de l’autre côté
du gachis accusé en termes de croissance économqiue et de lutte contre la pauvreté féminine.
Pour explorer le staut économqiue de la femmes marocaine, nous allons emprunter le Third Billion Index tel
qu’il a été initié par le cabinet d’étude américan Strategy& (anciennement appelé Booz et Comapny).
La présentation de cet indice, sa tranposition à l’économie du Maroc et la présenataion des différents
résultas de notre travail fera l’objectif du dernier paragraphe.
3.L’analyse du statut économique des femmes au Maroc via le Third Billion Index
3.1. Généralités et méthodologie de calcul de l’indice du troisième milliard
L’indice du troisième milliard est un indicateur agrégé qui permet d’évaluer le statut économique des
femmes autrement dit potentiel des femmes en participation économique. Cet indice a été initié par le cabinet
d’étude américain Booz et Company en 2012.
L’originalité de cet indice est qu’il associe entre deux notions importantes en matière d’égalité des genres à
savoir l’empowerment des femmes et la croissance économique.
Afin d’apprécier le potentiel de participation économique des femmes, cet indice divise les indicateurs
mesurant le statut économique des femmes en deux aspects :
Le premier aspect analyse les inputs :ils représentent le niveau de préparation des femmes (éducation et
formation) à l’intégration sur le marché d’un travail, les politiques et actions (mises en place par l’Etat, les
entreprises et les ONG) en matière d’accès au travail et le soutien entrepreneurial.
Ces inputsreflètent l’impact direct des mesures prises en matière d’éducation, de politiques d’emploien
faveur des femmes, accès au crédit sur le devenir des femmes.Pour compléter son analyse, l’indice un
second aspect représenté par les outputs.
Le deuxième aspect étant donc les outputs : ces derniers sont mesurés à l’aide de plusieurs paramètres ou
indicateurs tel que : le rapport de salaire entre les femmes et les hommes, le nombre de femmes parmi les
cadres, les chefs d’entreprises femmes et les employés ;
Ces outputs sont regroupés dans trois volets :
-Inclusion dans lapopulation active ;
-Le degré de progression ou d’avancement de l’économie nationale ;
-Un salaire égal pour untravail égal.
Dans le but de bien illustrer la composition de cet indice, nous allons nous baser sur la figure 1 suivante :
298
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Indice du
troisième
milliard
Inputs Outputs
Politique
Préparation d'accès au Soutien
entrepreneurial inclusion Progression Salaire égal
marché du
travail
* Ratio femmes
* Taux * Egalité de / hommes * Un salaire
d'alphabétisatio salaire égal parmi les * Ratio femmes égal pour un
(EIU) salairés / hommes travail égal
n hommes /
femmes (WEF) * Politique de employés parmi les
non- (WEF) travailleurs
*Taux global
d'alphabétisatio discrimination * Ratio de (WEF)
n des femmes (EIU) * Accès à la salaire femme / * Ratio femmes
(EIU) * Congé de technologie et à homme (WEF) / hommes
maternité et de l'énergie (EIU) * Ratio relativement à
* Ratio des
inscriptions paternité * Droits de d'insertion des postes
femmes / * Accès aux propriété (EIU) femme / supérieures
hommes dans services de homme sur le (WEF)
* Formation
l'enseignement garde d'enfants aux métiers marché du * Ratio femmes
secondaire (EIU) d'entreprenariat travail (WEF) / hommes
(WEF) * Restrictions (EIU) parmi
* Niveau légales sur employeurs
* Accès des (EIU)
d'éducation certains travaux femmes aux
primaire et (EIU) financements
secondaire
(EIU)
chez les
femmes, en * Prestation de
nombre services
d'années (EIU) financiers
(EIU)
* Ratio
d'inscription
féminine /
masculine dans
l'enseignement
supérieur
(WEF)
* Nombre
moyen d'années
de scolarité
(EIU)
* Niveau
d'enseignement
superieur des
femmes, en
nombre
d'années (EIU)
Le score final pour chaque pays traduit l’ensemble des efforts déployés de lapart des pouvoirs publics,
secteur privé et des ONG pour des fins d’autonomisation économique des femmes
3 .2. Collecte, origine des données et analyse du Third Billion Index dans le contexte marocain :
Les données utilisées pour le calcul de l’indice sont issues de la base de données issue du Forum
économique mondial et de l’Economist Intelligence Unit.
Les données représentent un échantillon de 128 pays et ont été collectées pour les années 2010 et 2012.
Les résultats de l’indice pour le contexte marocain sont présentés comme suit :
3.2.1.Au niveau de la caractérisation du profil du Maroc :
Afin de déterminer le profil de l’économie du Maroc, nous allons nous baser sur les résultats de l’indice. Ces
résultats sont fournis par le tableau 3 ci-dessous :
Tableau 3 : Scores des inputs et des outputs et le rang du Maroc
Score Rang
Source : Elaboration des auteurs sur la base des résultats du cabinet Booz et Company
Les scores et le rang du Maroc attestent d’une part des niveaux d’inputs médiocres voir faibles (Exception
du soutien entrepreneurialpour lequel le Maroc arrive à devancer pas mal de pays) et d’autre part des
performances (outputs) en dessous des objectifs affichés par les acteurs opérant dans le domaine de
l’autonomisation économique des femmes (Exception faite de l’égalité de rémunération)
Dans le même ordre d’idées, l’analyse du classement fondée sur l’indice global du troisième
milliardconfirme davantage les résultats tirés à partir des scores réalisés en matière d’inputs et d’outputs. Ce
classement est fourni par le tableau 4 suivant :
300
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Tableau 4 : Classement des différents pays selon l’indice du Third Billion Index
Australie 70.6 1
Norvége 70.6 2
Swede 69.5 3
Finlande 69.3 4
301
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Source: Third Billion Index (Booz & Company), data From World Economic Forum and Economic
Intelligent Unit.Extrait de “Women and the world of work in 2012” Strategy &
D’après le graphique 2, nous constatons que le Maroc se trouve dans la catégorie de « pays à la porte de
départ ». Cette catégorie est généralement caractérisée par des faiblesses qui se manifestent aussi bien au
niveau des mesures prises pour les fins d’empwerment des femmes (inputs) qu’au niveau des résultats
affichés (outputs).
A titre de comparaison avec les pays de la région MENA, Le Maroc se retrouve derrière l’Egypte (108) et les
Emirates arbes Unis (109) et devant l’arabie Saoudite (123ème).
Conclusion :
A l’issue de notre travail, nous pouvons dire que d’une part, l’autonomisation économique des femmes
représente l’un des facteurs déterminants pour la lutte contre la pauvreté féminine et la résorption des
inégalités de genre et que d’autre part, l’amélioration des pouvoirs essentiellement économiques impartis aux
femmes constitue une condition sine qua non pour la réalisation d’une croissance économique, sociale,
inclusive et durable.
Afin d’aboutir à cette conclusion sommaire, le Third Billion Index nous a fourni un cadre d’analyse
intéressant pour l’étude du statut économique des femmes marocaines via l’étude de la corrélation existante
entre l’autonomisation économique des filles et des femmes et la création de la richesse au niveau national.
Les principaux résultats de l’indice pour le contexte marocain révèlent des scores médiocres aussi bien au
niveau des inputs qu’au niveau des outputs. De tels scores attestent du retard accusé par le Maroc en matière
d’autonomisation économique des femmes.
L’indice montre aussi que d’un côté, et malgré les efforts menés de la part des décideurs qu’ils soient publics
ou privés, les résultats (outputs) restent en dessous des aspirations et objectifs affichés par tous les acteurs
opérant en matière d’empowerment des femmes et que de l’autre côté,la faiblesse d’autonomie économique
des femmes marocaines compromet les efforts menés en matière de lutte contre la pauvreté féminine et la
réduction des inégalités de genres.
Références bibliographiques :
Elisabeth Hofman (2016) «Indicateurs de l’empowerment: comment mesurer des processus complexes?
Date de mise en ligne le jeudi 21 janvier 2016 (IATU/STC, Uni versitéBordeaux3 et LAM, IEP de
Bordeaux) Adresse:
http://www.adequations.org/IMG/article_PDF/article_a411.pdf consulté le 10 janvier 2019.
Elisabeth Hofman, Kamala Marius-Gnanou (2004) « L’empowerment des femmes entre relativisme
302
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
303
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Imane BARI,Enseignante chercheur à l’Ecole Supérieure de Technologie d’Agadir, Université Ibn Zohr,
Agadir
Salaheddine EL AYOUBI, Docteur en Sciences de la mer, Institut National de Recherche Halieutique,
Agadir
Résumé
Au niveau de la région Souss Massa, la collecte des ressources littorales essentiellement les moules,
représente une des activités socioéconomiques de grande envergure. L’activité offre des revenus
supplémentaires aux ménages locaux. Le nombre des femmes pratiquant cette activité varie d’un site à
l’autre : Imessouane, Cap Ghir, Douira, Sidi Boulfdail.Cependant, une seule coopérative féminine
COFEPROMER de Douira qui existe au niveau de la région qui assure lacollecte et la valorisationdes
moules dans le Parc National de Souss Massa. La coopérative a comme vocation l'exploitation durable de
cette ressource, l’assurance d’un revenu à mêmed’améliorer la situation des femmes du site Douira et la
garantie de leur insertion socio-économique.
L’objectif de notre article estde présenterle rôle du modèle coopératif marocain dans l’inclusion socio-
économique des femmes dans le secteur de pêche, un secteur qui reste masculin et qui soulève la
problématique du genre, en se basant sur une étude de cas au sein d’une coopérative féminine des produits de
la mer de Douira « COFEPROMER ». Notre démarche est exploratoire basée sur un guide d’entretien
administré à la responsable et les femmes membres de la coopérative pour cerner la perception des impacts
socio-économiques.
Les résultats obtenus à travers la présente étude montrent l’importance socio-économique des activités
littorales compte tenu de sa contribution comme source de revenus supplémentaires aux familles
autochtones. En effet, la présence des coopératives au niveau des zones d’exploitation pourrait aider à la
diffusion de l’information, à la sensibilisation des exploitantes vis-à-vis de la préservation de la ressource et
à l’amélioration de la qualité des produits transformés.
Motsclés :Entrepreneuriat coopératif, Inclusion socioéconomique, Activités littorales, Développement
durable, COFEPROMER.
Le secteur des pêches maritimes est un secteur pionnier pour le développement économique et social du
Maroc. Il est doté d’une double façade maritime, méditerranéenne et atlantique qui est réputée parmi les plus
poissonneuses du monde et faisant du Maroc le premier producteur de poisson à l’échelle de l’Afrique ainsi
que le 1er producteur et exportateur mondial de sardine.
Cependant, ces ressources halieutiques sont sujettes à une exploitation de plus en plus accrue, ce qui a
nécessité la mise en place des plans d’aménagements des principales pêcheries du Royaume, ainsi que
l’ambition de développer le secteur aquacole. Etant un des 5 projets phares du plan Halieutis,l’aquaculture se
veut un relais de croissance du secteur halieutique qui vise à diversifier l’économie nationale, contribuer à la
sécurité alimentaire et intégrer le pays davantage dans le commerce international des produits de la mer.
Les plans d’aménagement aquacole lancés récemment au Maroc portent principalement sur la
conchyliculture. Les espèces ciblées des coquillages, notamment la moule, présentent une grande importance
sur le plan social et solidaire, sachant que l’exploitation de ces espèces est largement limitées aux femmes
ramasseuses de la population locale.
Au niveau de la région Souss Massa, la collecte des ressources littorales essentiellement les moules,
304
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
représente une des activités socioéconomiques de grande envergure. L’activité offre des revenus
supplémentaires aux ménages locaux. Le nombre des femmes pratiquant cette activité varie d’un site à
l’autre : Imessouane, Cap Ghir, Douira, Sidi Boulfdail... Cependant, toute la zone fait l’objet d’une
exploitation parfois intense et de façon anarchique. Sachant également qu’il s’agitd’écosystèmes fragiles et
vulnérables nécessitant une connaissance biologique et écologique approfondie pour l’assurance de sa
durabilité, l’exploitation doit être rationnelle et la production doit être valorisée pour une meilleure
rentabilité.
Une seule coopérative féminine COFEPROMER de Douira existe au niveau de la région qui assure
lacollecte et la valorisationdes moules dans le Parc National de Souss Massa. La coopérative entend
l'exploitation durable de cette ressource et garantir un revenu à mêmed’améliorer la situation des femmes du
site Douira et assurer leur insertion socio-économique.
L’objectif de notre article est d’engager un travail de recherche autour du rôle que revêt le modèle coopératif
marocain dans l’inclusion socio-économique des femmes dans le secteur de pêche, un secteur qui reste
masculin et qui soulève la problématique du genre,en se basant sur une étude de cas au sein d’une
coopérative féminine des produits de la mer de Douira « COFEPROMER ». Notre démarche est exploratoire
basée sur un guide d’entretien administré à la responsable et les femmes membresde la coopérative pour
cerner laperception des impacts socio-économiques.
Dans un premier temps, l’article présente un survol général sur le secteur de pêche au Maroc, en particulier
l’évolution de l’activité aquaculture avec une présentationdu classement des zones et des espèces exploités.
Ensuite, il se penchera à aborder le cadre légal et institutionnel des coopératives au Maroc et à démontrer
L’apport des coopératives au développement économique et social du pays.La communication sera
l’occasion également de montrer le rôle que revêt le modèle de l’entrepreneuriat coopératif dans l’insertion
socio économique des femmes à travers une étude de cas au sein d’une coopérative féminine des produits de
la mer de Douira « COFEPROMER ».
1- Présentation du secteur de la pêche et de l’aquaculture au niveau national et régional
Le Maroc dispose d’une double façade maritime atlantique et méditerranéenne, il dispose de 3500kms de
côtes riches et variées. Les eaux marocaines, constituées d’une zone économique exclusive de plus d’un
million de km réputées parmi les plus poissonneuses.Cependant, ces ressources halieutiques sont sujettes à
une exploitation massive, ce qui a nécessité la mise en place des principales pêcheries du Royaume, ainsi que
le développement du secteur aquacole afin d’intégrer le pays davantage dans le commerce international des
produits de la mer.
1-1- Le secteur de pêche et son organisation
Le Maroc occupe le rang du 1er producteur de poissons en Afrique ainsi que de 1er producteur et exportateur
mondial de sardine.Sa position stratégique dans ce secteur lui permet de signer un ensemble des accords de
pêche et de coopération négociés avec l’union Européenne et la Russie. Sa contribution de ce secteur au
Produit Intérieur Brut (P.I.B) a été de l’ordre de 2.3% en moyenne durant des 10 dernières années.
L’activité Halieutique contribue également à la sécurité alimentaire du Maroc, elle figure parmi les secteurs à
fort potentiel de croissance et d’emploi et occupe à ce titre une place stratégique et un rôle moteur dans
l’économie nationale. Le secteur génère plus de 170 000 emplois directs et près de 500 000 emplois indirects
et il emploie près de 97 000 personnes à terre, soit 84 %de l’objectif fixé en 2020 par le plan Halieutis1.
Halieutis est la stratégie nationale pour le développement du secteur de la pêche à l’horizon 2020, élaboré
conformément aux orientations stratégiques de sa majesté le roi Mohammed VI. Il a érigé la durabilité
comme un axe fondamental, pour lequel la recherche constitue une priorité.
Au niveau de la région Souss Massa, le secteur de la Pêche présente de réelles opportunités.Il s’agit d’une
1
RESAEGO le mensuel des décideurs, salon Halieutis 5ème édition, N°92, Février 2019.
305
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
activité faisant partie de la tradition des étendues côtières de la région. Elle possède une façade atlantique de
180km contribuant à une grande biodiversité de l’espace maritime, elle dispose d’un grand port de pêche à
Agadir (54 046 tonnes) et de 9 points de débarquement aménagés (PDA) avec une valeur de 457 138 KMAD
à Agadir et 21,5 entre les PDA d'Imssouane, Imiouadar et Taghazout.Au total, ce sont 465 unités côtières,
216 navires hauturiers et 1 450 unités de pêche artisanale qui emploient 660 000 personnes pour un PIB
régional de 6 % et 42% en National1.
Cependant, les effets du changement climatique et les risques d’épuisements des ressources Halieutiques
constituent des défis majeurs. Face à ces défis,Des évaluations de la qualité du milieu marin constituent une
partie intégrante des programmes de protection des zones marines et côtières afin de pouvoir analyser et
expliquer les changements, leurs causes et leurs conséquences, et déterminer les impacts exigeants une
intervention rapide des décideurs et gestionnaires de l’environnement.Les évaluations permettent de juger
l’efficacité des mesures prises et d’empêcher la dégradation du milieu marin, de protéger de précieuses
espèces et communauté et de restaurer des habitats et des écosystèmes marins dégradés.
A cet égard, la connaissance de l’état de l’environnement marin est d’une importance capitale. D’où la
nécessité d’établir et de publier à intervalle régulier des bilans de sa santé environnemental et de son
évolution.
La surveillance permanente des zones de production est menée par le biais d’un Réseau de Surveillance du
Milieu Marin de l’Institut National de la Recherche Halieutique (RSMM), ayant pour objectifs d’assurer la
protection du milieu marin et la préservation de la santé du consommateur des produits de la mer.
Les sites sont classés par ordre décroissant de salubrité en 4 catégories A, B, C, et D et ce selon l’estimation
de la qualité microbiologique et évaluation de la contamination chimique.
Après classement, les zones cibles font l’objet d’une surveillance sanitaire régulière, destinée à vérifier la
pérennité des caractéristiques ayant fondé leur classement et à dépister d’éventuels épisodes de
contamination. Cette surveillance porte sur la mesure des paramètres microbiologiques (E. coli), chimiques
(métaux lourds, Polychlorobiphényles (PCB), Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les
Dioxines), ainsi que des bio-toxines marines dans les mollusques bivalves et le phytoplancton nuisible dans
l’eau de mer.
Les mollusques bivalves vivants provenant d’une zone de protection de classe A peuvent être mis sur le
marché, pour la consommation humaine directe.Apres leur purification ou leur reperçage, les mollusques
bivalves vivants provenant de zones de production de classe B ou C doivent satisfaire à toutes les normes
sanitaires exigées.
Les mollusques bivalves vivants d’une zone de production de classe D sont interdis a la commercialisation et
à la consommation.
Lorsque les seuils réglementaires ont été dépassés, un bulletin d’alerte est émis, sans délai, vers l’autorité
compétente pour prendre les mesures nécessaires. La zone concernée par l’alerte sera fermée et sa
réouverture est conditionnée
Pour résoudre le problème de la surpêche, œuvrer pour la reconstitution des stocks, adapter l’effort de pêche
pour assurer la durabilité de la ressource sont autant des préoccupations qui ressortent du plan Halieutis. Afin
de surmonter ces défis, l’aquaculture apparait comme une des composantes essentielles de la nouvelle
stratégie de développement de la filière halieutique marocaine pour en faire un moteur de croissance majeur.
1-2- Etats des lieux de l’aquaculture au Maroc
L’aquaculture est la technique qui permet d’utiliser le milieu aquatique pour une production végétale et
animale. Les fermes aquacoles peuvent être installées en pleine mer, en bord de rivière, sur un lac ou un
étang, ou encore à terre. Sont entre autres concernées les productions de poissons (pisciculture), de
1
RESAEGO le mensuel des décideurs, Chiffres clés 2018, N°92, Février 2019
306
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Etude de l’état des lieux de l’aquaculture au Maroc et identification des marchés aquacoles cibles et de leur conditions
d’accés, FENIP, 9 juillet 2010.
2
RESAEGO le mensuel des décideurs, Chiffres clés 2018, N°92, Février 2019
307
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
création de nouvelles entreprises ou la gestion des organisations existantesde façon innovante ». Ainsi, les
entreprises d’entrepreneuriat socialsont des organisations dont le but est de connecter leur mission sociale
avecl’action entrepreneuriale (Oster, Massarsky et Beinhacker, 2004 ; Tracey etPhillips, 2007), ce qui les
différencie des entreprises collectives de l’économiesociale et solidaire qui ont principalement une mission
sociale (Fraisse,Gardin, Laville, Petrella et Richez-attesti, 2015).
Dans cette optique, l’entrepreneuriat social renvoie à la professionnalisationcroissante des organisations de
l’économie sociale et solidaire existantesou émergentes qui adoptent une démarche entrepreneuriale et des
outilsformels de gestion pour mieux répondre aux besoins sociaux et à une plusgrande échelle (Dardour,
2012).
Selon Majdouline et El baz (2019), le modèle européen est axé sur l’entreprise socialeet distinguée par une
approche collective proche de la perspective d’économiesociale et solidaire (Fayolle et Matlay, 2010 ; Bacq
et Janssen, 2011), lavision américaine met en exergue plutôt l’entrepreneur social, innovant, quidéveloppe
des activités marchandes mises au service d’une mission sociale(Dees et Anderson, 2006 ; Bornstein, 2004 ;
Short, Muss et Lumpkin, 2009).
De même, dans d’autres travaux, le modèle coopératif a été assimilédans les pays en voie de développement
à des agents de changement qui « permettent aux populationspauvres de s’intégrer dans le processus de
développement économique etsocial » (Mair et Marti, 2007). La majorité des travaux portant sur l’EC
ontmobilisé des approches qualitatives ou des études de cas (Sharir et Lerner 2006 ; Van Slyke et Newman
2006).
L’entrepreneuriat coopératif, l’entrepreneuriat philanthropique et l’entrepreneuriat social sont des nouveaux
concepts prise par une nouvellecatégorie d’entrepreneurs qui placent le progrès environnemental et social au
cœur de lamission d’entreprise, d’où vient le nom de l’entreprise durable. Ce type d’entreprise prenden
compte les impacts de son activité sur la société qui l’entoure et prend des engagementsvisant le bien-être
des populations vivant dans son environnement direct. Stefan Schalteggeret Marcus Wagner complètent la
définition de l’entreprise durable en insistant sur les aspectsqui la démarque : « conviction passionnée,
sensibilité aux marchés, et performanceincontestable ».
D’après, l’alliance coopérative internationale, organisation non gouvernementale qui regroupe les
coopératives du monde entier, la coopérative est comme une « association autonome de personnes
volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels
communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé
démocratiquement
La coopérative, par sa double nature comme une entreprise et association, favorise l’intégration sociale de
classes exclues et l’amélioration du niveau de vie à travers des activités génératrices de revenu et le contrôle
rigoureux des membres élus qui ont pour mission la gestion de la coopérative.
Ainsi, Le rôle des coopératives ne se limite pas à la satisfaction de ses membres, mais il tend à contribuer au
développement de la communauté sur le plan économique, social, environnemental et politique.
2.2- Les coopératives : un levier de développement durable
Les coopératives jouent un rôle important dans la création d’emplois du fait qu’elles soutiennent directement
le développement d’activités professionnelles autonomes et rémunératrices et créent des opportunités
d’emploi supplémentaires (FAO, 2010).De même, elles assurent la mise en place des formations adéquates,
ainsi que la diffusion des valeurs d’entraide, de l’équité et de solidarité. Elles visent également à garantir le
bien-être social et économique en intégrant les personnes marginalisées dans le but de réduire le chômage, la
pauvreté et la discrimination.
Les entreprises coopérativessont alors par nature une forme d’activité durable et participative
L’apport de la coopérative peut être appréhendé sous deux onglets ( BENNANI, 2013):
309
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
- Côté économique : la coopérative permet aux membres d’acquérir les moyens deproduction avec des coûts
moins élevés et de diviser le travail entre les membres réalisant ainsiun gain considérable de temps. Ce qui
entraîne nécessairement la baisse du prix de revient,l’amélioration de la situation matérielle des coopérateurs,
la mobilisation de l’épargne garantissantun niveau de vie convenable, résultat de l’accroissement du capital
de leur coopérative. Elles contribuent alors à la sécurité alimentaireen aidant les petits exploitants agricoles,
pêcheurs,éleveurs, sylviculteurs et autres producteurs à surmonterles nombreux défis auxquels ils sont
confrontésdans leurs activités de production alimentaire.
- Côté social : après la réalisation de l’objet principal de la coopérative, il lui incombed’élargir ses buts afin
de rendre des services sociaux à ses membres (éducation, loisirs,consommation, habitat….).
Les coopératives sont alors bien placées pourcontribuer aux objectifs fondamentaux du
développementdurable en matière économique, sociale etenvironnementale tout en satisfaisant leurs intérêts
socioculturelset en protégeant l’environnement.
Ellesproposent un modèle alternatif d’entreprise socialedont la contribution au développement durable
vabien au-delà de la création d’emplois à des questions locales, régionales, nationales et internationales.
Les coopératives contribuent également à l’égalité entre hommeset femmes, par une proportion croissante de
femmes parmi leurs membres.
2.3- Mouvement coopératif féminin
Actuellement, l’émergence du secteur coopératifdes femmes représente une structure adéquate decréation
d’emploi pour les femmes dans uncadre formel. Il consolide la stabilité sociale en particulierpour les femmes
dans les zones rurales, participe ainsi au développement local et préserve le patrimoine culturel,notamment
artisanal.
Toutefois, l’analphabétisme, le chômage ou encorel’absence de qualification dont ellessouffrent ne sont pas
des facteurs qui facilitent leur inclusion socioéconomiqueet par la suite leur participation au développement
du pays.Pour pallier à cette situation de pauvreté,diverses possibilités d’intégration des femmesse sont
présentées : aide financièreindividuelle et mesures d’accompagnemententre autres.
Cet intérêt émanait de la volonté des pouvoirspublics à créer des activités génératricesde revenu pour les
femmes en vue leurintégration dans l’activité économique ainsique l’intérêt et l’encouragement portés
auxfemmes par certains organismes des nationsunies, des ONG et des associationsde développement local.
La problématique du genre se pose en termesdifférents dans le secteur de la pêche. Les disparitésque l’on
rencontre dans ce domaine d’activité entre leshommes et les femmes sont connues (WorldFish, 2010
;Harrison, 2001). Toutefois, les femmes occupent une placeplus importante dans le secteur de la pêche qu’on
ne lecroit généralement ou que ne l’indiquent les statistiques(Kleiber et al.,2014 ; Weeratunge and Snyder,
2009).
Les femmes sont associées généralement aux activités de valorisation et decommercialisation des produits de
la pêche plutôt qu’àla pêche ou à l’aquaculture en tant que telles. Ainsi, en Chine et en Inde, les femmes
pratiquantla pêche et la pisciculture représentent respectivement
21 et 24 % du nombre total des pêcheurs (FAO, 2012).En Afrique occidentale, au Cambodge et en
Thaïlande,ce sont souvent les femmes qui possèdent et exploitentles bateaux de pêche et elles disposent
même parfois deleurs propres engins de pêche. Au Ghana, les revenusdes femmes de pêcheurs jouent un rôle
essentiel dansla viabilité du secteur, car elles investissent dans l’achatde pirogues et d’autres équipements et
accordent desprêts à leurs maris et aux autres pêcheurs. Au Congo, auCambodge, en Thaïlande et aux
Philippines, ainsi quedans la plupart des îles du Pacifique Sud, ce sont les femmes qui pratiquent la pêche.
(Kronen, 2015)
Les femmes jouent également un rôle moteur dansl’expansion rapide de l’aquaculture (poissons,
crevettes,moules, algues, grossissement des crabes) qui est considérée comme une stratégie
310
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
dedéveloppement porteuse car elle permet aux femmespauvres d’avoir une activité à faible intensité
technologique,ne nécessitant que peu d’intrants, et qui s’inscritdans le prolongement de leurs tâches
domestiques (Kronen, 2015). Au Bangladesh, les femmesreprésentent 60 % des pisciculteurs (FAO, 2012).
Au Sri Lanka,30 % des actifs dans la productionet l’élevage de poissonsd’aquariophilie sontdes femmes
(FAO, 2012).
Au niveau des politiques générales, la promotion del’égalité des sexes fait l’objet de nombreux traités
etinstruments internationaux, dont le Traité de Rome (article 119) adopté en 1957, la Conférence desNations
Unies sur l’environnement et le développement(CNUCED), tenue à Rio de Janeiro en 1992, la définition des
Objectifs du Millénaire pourle développement (OMD), à l’issue du Sommet duMillénaire organisé aux
Nations Unies en l’an 2000, le plan d’action sur l’égalité des sexes et l’émancipationdes femmes dans le
cadre de la coopération audéveloppement 2015, laquestion de l’égalité des sexes est de plus en plus
souventposée dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture.
L’équité et l’égalité des sexes sont des dimensionsclés du processus de décision en matière de gestiondes
ressources halieutiques, ainsi que de la chaînede valeur à tous ses niveaux, « du pont du bateaujusqu’au
poisson », dans laquelle aussi bien leshommes que les femmes ont un rôle important à jouer (Kronen, 2015).
2.4- Etat de lieux des coopératives au Maroc
Le lancement de l’INDH en 2005 a donné uncoup de pouce à la création des coopératives, notamment dans
le milieurural, qui souffrait de l’exclusion et de la pauvreté.
Aussi, la loi n° 112-12 relative aux coopératives a été adoptée par la chambre des représentants le 16 juillet
2014, la procédure de création des coopératives est simplifiée, de même que l’obligation de l’obtention d’un
agrément est supprimée. Le capital minimum pour leur constitution est fixé à 1 000 dirhams. Les
coopératives doivent effectuer leurs enregistrements dans le « registre des coopératives » tenu par l’Office de
développement de la coopération (ODCO) 1 et de registres locaux tenus par les secrétariats-greffes des
tribunaux de première instance. Il permet aussi de diffuser les informations afférentes et vulgariser leur
activité auprès des tiers.
Le tissu coopératif marocain est constitué au 31 Décembre 2015 de 15 735 coopératives et unions des
coopératives avec 536 920 adhérents, réparties en une vingtaine de secteurs et en une centaine de branches
d’activité. Quant à la répartition sectorielle l’agriculture est le secteur le plus important. Selon les mêmes
statistiques, il occupe le premier rang (67 %) dans le tissu coopératif, comme il l’occupe dans la participation
au PIB. Il est suivi respectivement par les secteurs de l’artisanat (16%) et l’habitat (7%). Notons aussi que la
structuration des activités liées à l’huile d’argan a donné naissance à plusieurs coopératives dans ce domaine
qui représente actuellement environ 2 % du tissu coopératif national. Ces coopératives, emploient 24.719
personnes (données relatives à 1.163 coopératives déclarantes en 2008) et détiennent au 31/12/2015 un
capital équivalent à 1 534 627 684 de dirhams. Dans le cadre de l’accompagnement assuré par l’ODCO, les
coopératives marocaines en phase de création profitent des conseils et d’orientations dans les domaines de la
gouvernance, de l’assistance technique et de la commercialisation à travers le programme d’appui post
création aux coopératives créées entre 2011 et 2015 : « Mourafaka » (MERGOUM, 2016)
Par ailleurs, le mouvement coopératif féminin n’a connu un véritable essor qu’à partir des années 2000.
Depuis, il a connu une évolution exponentielle, entre décembre 2010 et mars 2014, quelque 845 coopératives
de femmes furent agréer.
Au 1er trimestre 2014, le total des emplois dans les coopératives féminines depuis leur création est de l’ordre
de 32888, il reste dérisoire comparativement au total des femmes actives en chômage au 31 mars 2014 qui
1
Il s’agit d’un organisme administratif crée en 1975 dont la mission est l’accompagnement des coopératives dans la
création, la formation et l’information. L’objectif est de soutenir les coopératives pendant et après la phase de la
création en matière de formation, information, assistance juridique, gouvernance, œuvres sociales, mise à niveau et
restructuration.
311
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
entretiens ont été effectués tout en notant les réponses desinterviewés par écrit.
3-2- Caractéristiques générales de l’activité
Tout au long de la côte du Parc National de Souss Massa, il existe une multitude de sites favorables à la
reproduction des moules, qui fait que la récolte, le traitement et la commercialisation sont devenus une
activité traditionnelle. Dans la perspective de développement de cette activité génératrice de revenus, un
projet d’appui à la gestion durable et à la valorisation des produits de la mer a été élaboré et mis en œuvre au
profit des femmes exploitantes les gisements des moules de Douar de Douira. Ce projet est considéré pilote
au niveau régional et il a abouti à la création de la coopérative féminine des produits de la mer de Douira
« COFEPROMER ».
Elle vise l’amélioration de la qualité de vie des femmes tout en améliorant les conditions du travail et la
gestion rationnelle des ressources naturelles (bois de feu et moules). Elle a été constituée le 21 Mars 2007 en
partenariat technique du parc national de Souss Massa, unité genre et développement du ministère de
l’agriculture et de la pêche, agence de partenariat pour le progrès, ONSSA1 et l’ODCO2. Le financement a
été assuré par GTZ3, SeoBirdlife4, AECI5, INDH6 province de Chtouka Ait Baha et MCC7.
Cette coopérative est l'unique coopérative Féminine qui dispose d'un agrément sanitaire pour la
commercialisation des moules fraîches et/ou séchées, comme elle a remporté des prix d’HALIEUTIS en
2011 et en 2015.
Cependant, en raison de la faible marge bénéficiaire, cette activité n'a jamais constituée une source majeure
de revenus, spécialement pour les femmes. Elles cherchent avoir d’autres opportunités de travail qui ne
demandent pas de qualification mais qui garantissent une source supplémentaire de revenu pour leurs
familles. Parmi ces activités, on cite le travail en période de moisson, le pastoralisme et les activités
d’exploitation de l’arganier.
La majorité des ramasseuses sont autochtones et/ou en provenance des villages avoisinants surtout pendant
les jours de forte activité (les jours de grande marée).
De manière générale, l’activité est dominée par les femmes qui représentent souvent plus de 80% jusqu’à
100% des exploitants(toutes tranches d’âges, mariées ou célibataires). Les tranches d’âges les plus répondues
sont situées entre 20 et 40 ans.
La majorité des ramasseuses sont mariées de marins pêcheurs pratiquant parallèlement la pêche artisanale au
niveau des sites visités.
L’activité se fait de manière générale en groupes de familles, groupes d’amies et parfois individuellement.
Outre les difficultés liées aux particularités de l’activité (falaises, mer agitée, froids, etc.), le travail relatif à
l’exploitation proprement dite, le ramassage du bois pour les opérations de cuisson, traitement,
commercialisation et même le déplacement des femmes se fait dans des conditions difficiles.
3-3- Exploitation des ressources littorales
La production des moules passe par plusieurs étapes. L’ensemble des étapes, depuis le ramassage jusqu’à la
commercialisation de la production, se base sur des techniques traditionnelles (figure 1).
1
Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires.
2Office de développement de la coopération
3German Technical Cooperation Agency
4
Organisation espagnole de la conservation des oiseaux
5
Agence espagnole de la coopération internationale
6
Initiative nationale de développement Humain
7
Millenium challenge corporation
313
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Traitement de la production :
Ramassage des Mise en sacs en
- Cuisson et décorticage Commercialisation
moules plastique
- Séchage au soleil (2 à 5 jours)
Le matériel utilisé pour le ramassage des fruits de mer reste limité à l’utilisation des outils simples comme
les pioches, les couteaux, les marteaux et les burins. La production brute est généralement mise dans des
seaux ou des sacs en plastiques.
Si le produit est ramassé pendant la matinée, le traitement se fait le jour même, sinon le traitement est
programmé pour le lendemain. Ainsi, les ramasseuses procèdent à la cuisson de la production dans des
récipients en métal (barils ou marmites)entre 10 et 20min et peut aller jusqu’à 30min selon l’intensité du feu.
Les moules sont cuites dans ces récipients sans ajout d’eau. L’eau inter-valvaires des moules est jugée
suffisante pour la cuisson. Celle-ci s’effectue sur du feu en utilisant du bois ramassé localement comme elles
peuvent également, mais pas fréquemment, directement grillées sur le feu. Les femmes responsables de la
coopérative veillent au respect des normes de la qualité au cours de l’exploitation de la moule.
Le produit est ensuite décortiqué à l’aide d’un couteau et exposé à l’air libre sur des feuilles en plastique
pour séchage entre 2 et 5 jours. La moule est stockée par la suite dans des sacs en plastique aérés
(polypropylènes) avant qu’il soit emballé dans des boites en carton donnés par la GTZ qui porte la marque de
la coopérative et les caractéristiques de son produit.
Le produit peut être vendu au souk des villes et villages avoisinants ou directement à certains clients (Hôtels
et restaurants).
3-4- Analyse des aspects économiques de l’activité
L’activité est importante durant les jours qui coïncident avec les périodes des grandes marées. Ces périodes
s’enregistrent deux fois par mois : entre le 14ème et le 16ème jour et entre le 29ème et le 1er jour du mois
suivant. Le nombre des jours effectifs d’activité est déterminé en fonction des conditions hydro-climatiques.
Les mois d’activité se situent principalement en Hiver, entre le mois de décembre et le mois de janvier, et en
Eté, entre les mois de juin et d’octobre.
Pendant les matinées, l’activité pourrait commencer dès 7heures et continue pour une durée moyenne
d’environ 2heures 20min. Pendant les après-midis, l’activité débute à environ 16heures et pourrait durer
jusqu’environ 3heures 20min.
Au niveau de la zone de Douira - Sidi R’bat, la taille du groupe des ramasseuses varie entre 2 et 10
personnes avec une moyenne de 5 personnes par jour. Ce groupe de ramasseuses réalise une production
moyenne brute de 122Kg/jour de travail. Après traitement, cette production génère environ 24 kg de produit
net. Par personne, la production nette est d’environ 4kg/jour. En termes de valeur, la recette moyenne brute
correspondante est de 150Dh/ personne/ jour. Les critères de choix des moules exploitées sont
principalement : la taille et l’état d’engraissement(la grande taille est destinée au marché)
Par mois, à raison de 12 jours d’activités effectives, les recettes brutes peuvent atteindre 1700dh/personne.
Les coûts d’exploitation estimés sont relatifs aux dépenses liées aux :
- Outils de travail, environ 30dh/mois.
- Bois servant à la cuisson des moules, il est ramassé au niveau des forêts avoisinantes des sites de
ramassage (environ 6kg à 10kg de bois/7jours).
- Sacs en plastiques aérés (20dh/mois).
Cependant, ce montant n’est considéré que pour une personne active durant toute la période d’activité et
que si les conditions hydro-climatiques sont favorables. En réalité, selon les déclarations des personnes
enquêtées, les recettes nettes mensuelles sont plus faibles et ne dépassent généralement pas les
314
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1000dh/mois.
Toutefois, d’après les déclarations des personnes enquêtées, la production de la moule a chuté durant la
dernière décennie. Cette chute est due essentiellement à (INRH, 2015) :
- La demande en moule est de plus en plus croissante.
- Le nombre des collecteurs ne cesse de croitre dépassant ainsi les capacités des gisements naturelles de
la moule.
- L’effet négatif d’ensablement qui favorise la dispersion spatiale des gisements de la moule.
- La collecte non raisonnable de la ressource : Les ramasseurs collectent de petits individus attachés aux
grands individus sans donner importance à la notion de la durabilité de la ressource.
- Les activités touristiques au niveau du littoral pourraient contribuer négativement à la santé générale
des gisements naturels des ressources littorales.
3-5-Commercialisation et marchés de destination
Le prix du produit se fixe en fonction de l’offre et de la demande.Au niveau de la coopérative féminine des
produits de mer de Douira, le prix des moules "décortiquée et séchée"est de 50Dh/kg. Quant à la forme
"décortiquée fraîche", le prix ne peut atteindre 45dh/kg dans les meilleurs des cas. Le prix d’achat de la
moule fraîche à l’état entier est environ 20dh/kg. Généralement, les prix de la coopérative est plus chère vue
que ses produits respectent plus les conditions d’hygiènes.
Toutefois, les prix varient selon la demande, la disponibilité de la ressource et la saison. Les autres espèces
littorales sont rarement exploitées par les populations autochtones.
La commercialisation des produits collectés est assurée directement par les maris des ramasseuses eux-
mêmes qui sont généralement des commerçants de produits alimentaires (épiceries locales). Dans le cas où
les prix ne sont pas satisfaisants, des exploitantes préfèrent vendre la production directement au niveau des
souks des villages ou villes avoisinants. Les produits se vendent soit à des détaillants, soit directement mais
rarement à des consommateurs finaux.
Le produit est généralement vendu en état décortiqué et séché (rarement à l’état entier). L’unité de mesure de
la moule s’appelle localement "ghraff", il s’agit d’un récipient, généralement en plastique ou un récipient
plus grand appelé localement "Aabra". Le produit de la coopérative est vendu dans des emballages qui
respectent les normes de la qualité et qui décrivent les caractéristiques de leur produit.
Les opportunités qui permettent le développement de l’activité d’exploitation des ressources littorales sont
nombreuses et diverses. Nous citons, à titre d’exemple, le classement salubrité de la zone (classement
sanitaire A de Douira-Sidi R’bat), les moules sont alors commercialisables sans traitement au préalable,
Ainsi, les conditions trophiques sont favorables etle marché éventuel ou potentiel est donc relativement
important. De même, la zone présente un réseau routier important, une raison qui facilite la
commercialisation du produit de la coopérative.
Toutefois, plusieurs contraintes entravent la croissance et l’évolution de cette activité dont les conditions de
travail qui sont difficiles vu que l’activité est fortement liée aux conditions climatiques (irrégularité de
l’activité), le manque d’un marché structuré ce qui implique des prix faibles, des pratiques qui peuvent avoir
des effets négatifs sur l’environnement (le bois utilisé, la technique de ramassage, le niveau d’hygiène) et la
diminution de l’abondance de la ressource. Cependant, l’entrée en vigueur des opérateurs dans le domaine de
l’aquaculture peut aider à surmonter cette dernière entrave comme ils peuvent concurrencer l’exploitation
des ressources littorales.
Les résultats obtenus, à travers la présente étude, montrent l’importance socio-économique des activités
littorales (notamment des moules) au niveau de la région Souss Massa par les revenus qu’elle génère aux
différents acteurs même si ils restent insuffisants et présentent plusieurs défis dont la coopérative essaie de la
315
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
surmonter.
De façon générale, l’accès au crédit, la lutte contre l’analphabétisme, les difficultés d’approvisionnement et
de commercialisation, le caractère informel de l’activité et l’utilisation des outils traditionnels demeurent des
défis à relever. En effet, les conditions de travail sont difficiles et ne favorisent pas le développement de
l’activité au niveau de la région.
L’organisation des activités d’exploitation des ressources littorales dans des coopératives encadrées et
soutenues au niveau des zones d’exploitation pourrait aider à la diffusion de l’information, à la
sensibilisation des exploitantes vis-à-vis de la préservation de la ressource et à l’amélioration de la
commercialisation et de la qualité des produits transformés.
Références bibliographiques
Abouali M., Bendou A., Bellihi H., Le modèle coopératif marocain : un outil propice au service du
développement durable : Etude de cas au sein de la coopérative féminine d’argan AJDDIGUE, ENCG,
Université Ibn Zohr.
Attouch H.et Nia H. (2014), Entrepreneuriat coopératif et inclusion socioéconomique des populations
défavorisées au Maroc, XXXèmes Journées du développement ATM 2014 Colloque « Ethique,
entrepreneuriat et développement » Université Cadi Ayyad, Marrakech, 29, 30 et 31mai 2014
Bacq, S., Janssen F. (2011), The Multiple Faces of Social Entrepreneurship: A Review of Definitional Issues
Based on Geographical and Thematic Criteria, Entrepreneurship and Regional Development, 5/6, p 373-403.
Bennani B. (2013), Marketing, quelle place dans la gestion des coopératives au Maroc : Cas des coopératives
de la région Tensift HAOUZ, Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing, 8, Juillet-
Décembre 2013.
Bornstein, D. (2004), How to change the World: Social Entrepreneurs and the Power of New Ideas, Oxford
University Press.
Charreire, S., Durieux, F. (1999), Explorer et tester, in : Thiétart, R-A et coll., Méthodes de recherche en
Management, Editions Dunod.
Dardour A. (2012), Les modèles économiques en entrepreneuriat social : Proposition d’un modèle
intégrateur, La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion, 255-256, p 49-57.
Dart, R. (2004), The legitimacy of social enterprise», Nonprofit Management and Leadership, 4, p 411–424.
Dees, J. G., Anderson, B.B. (2006), Framing a Theory of Social Entrepreneurship: Building on Two Schools
of Practice and Thought, Research on Social Enterpreneurship, vol.1, no 3, p.39-66.
Djessouho DOC. (2015), Analyse socio-économique du fumage du poisson de la pêche artisanale maritime
sur le littoral du Bénin, Agrocampus, 2015.
Fakir FZ.(2018), L’entrepreneuriat au service du développement durable : quelles perspectives pour les
entreprises durables ? Cas de la coopérative Féminine COOFPROMER- Région Souss Massa-Agadir, Revue
Marocaine De La Pensee Comtemporaine, 2, JUIN 2018
http://revues.imist.ma/index.php?journal=RMPC
Fayolle, A. et Matlay, H. (2010), Handbook of Research in Social Entrepreneurship, Cheltenham (UK),
Edward Elgar.
Food and Agriculture organization of the United Nations (FAO) <www.fao.org>
Fraisse, L., Gardin, L., Laville, J-L., Petrella, F., Richez-battesti, N. (2015), L’entrepreneuriat social est-il
soluble dans l’ESS ? Actes des Rencontres du RIUESS disponible en ligne http://base.
socioeco.org/docs/riuess15fraisse_et_aldef.pdf
Harrison E. (2001), rights and poverty issues: Lessons for the sector. Background paper for DFID/FGRP-
316
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
3/ARP, Workshop on practical strategies for poverty targeted research; 7–11 November, Overseas
Development Institute, p 23.
HCP (2014), Note d’information du Haut Commissariat au plan au sujet de la situation du marché du travail
au premier trimestre de l’année 2014, Rabat.
HCP (2014), Taux de chômage par région en 2013, http://www.hcp.ma/Taux-de-chomage-par-
region_r92.html.
Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) <www.indh.gov.ma>
Institut National de la Recherche Halieutique (INRH) <www.inrh.ma>
Jones, R. (2000), Méthodes de recherche en sciences humaines, Editions De Boeck, Bruxelles.
Kamili A., Rafik M., Belkadi K.(2015), Etude Socio-Economique De L’activité D’exploitation Des
Ressources Littorales : Région Souss Massa, INRH, mai 2015
Kerlin, J. A. (2010), «A comparative analysis of the global emergence of social enterprise», Voluntas, 2,p
162.
Kleiber D., Harris L.M. et Vincent A.C.J. (2014), Genderand small-scale fisheries: A case study for counting
women and beyond. Fish and Fisheries,Vol. 15, Issue 3.
Kronen M. (2015), Égalité hommes-femmes, pêche et aquaculture : de la stratégie à l’action.Les
enseignements de la politique allemande de développement durable, HINA, les femmes et la pêche, Bulletin
de la CPS, 25, Mars 2015
Majdouline I., Elbaz J. (2017), complexité et perception des effets socioéconomiques de l’entrepreneuriat
social : cas des entreprises sociales au sud du maroc, Projectics / Proyéctica / Projectique, De Boeck
Supérieur, 17, p 41 à 62.
Mergoum I. et Hinti S. (2016), L’entrepreneuriat coopératif : un levier du développement territorial au
Maroc, Revue Économie, Gestion et Société, 8, Décembre 2016
Morse, J. (1995), «The significance of saturation», Qualitative Health Research, Vol. 5, no 2,147‑149
Office de Développement de la Coopération (ODCO) < www.odco.gov.ma>
Organisation Internationale du Travail (OIT), <www.ilo.org>
Oster, S.M., Massarsky, C.W., Beinhacker, S.L. (2004), Generating and Sustaining Non-profit Earned
Income. A Guide to Successful Enterprise Strategies, Jossey-Bass, San Francisco, CA
Patton, M.Q. (2002), Qualitative Research and Evaluation Methods, Sage Publications.
Peredo, A. M., Chrisman, J. J. (2006), «Toward a theory of community-based enterprise», Academy of
Management Review, 2,p 309–328.
Resaego (2019), le mensuel des décideurs, salon Halieutis 5ème édition, 92, Février 2019.
Schaltegger, Stefan, Wagner et Marcus. (2010), Sustainable Entrepreneurship and sustainability Innovation:
Categories and Interactions, Business Strategy and the InterScience
www.interscience.Wiley.com
Sharir, M., Lerner, M. (2006), Gauging the success of social ventures initiated by individual social
entrepreneurs, Journal of world business, 41, p 6-20.
Short, J.-C., Moss, T. W., Lumpkin, G.T. (2009), Research in social entrepeneurship: past contributions and
future opportunities, Strategic entrepreneurship Journal, 3, p 161-194.
Tracey, P., Phillips, N. (2007), «The distinctive challenge of educating social entrepreneurs: a postscript and
rejoinder to the special issue on entrepreneurship education», Academy of Management Learning &
317
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Education, 2, p 264–271.
Van Slyke,. D, M., Newman, H. K. (2006), Venture philanthropy and social entrepreneurship in community
redevelopment, Non profit Management and Leadership, 3, p 345-368.
Weeratunge N. and Snyder K. (2009), Gleaner, fisher, trader, processor: Understanding gendered
employment in the fisheries and aquaculture sector, Paper presented at Workshop on gaps, trends and current
research in gender dimensions of agricultural and rural employment: differentiated pathways out of poverty,
Rome, 31 March – 2 April 2009. Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), the
International Fund for Agricultural Development (IFAD), or the International Labour Office (ILO), p 33.
WorldFish. (2010), Gender in fisheries: Do women support, complement or subsidize men’s small-scale
fishingactivities, Issues Brief 2108, Penang, Malaysia:WorldFish Center.
Zahra, S., Gedajlovic, E., Neubaum, D., Shulman, J. (2009), A typology of social entrepreneurs: Motives,
search processes and ethical challenges, Journal of Business Venturing, 24, p 519‑532.
318
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
• si elles sont amenées à gérer les flux de financement propres au Commerce Equitable, les IMF et autres
structures financières professionnelles seront renforcées et incitées à accroître et diversifier leur offre de
services financiers aux organisations de producteurs et à leurs membres.
Le commerce équitable cherche à développer de nouvelles réponses à cette problématique. En offrant un
débouché de commercialisation aux agriculteurs des pays du Sud, en leur assurant des prix stables et « justes
», il vise à leur permettre d’accroître leurs revenus. En développant des innovations en termes de
préfinancement ancré sur la commercialisation des produits et, plus récemment, de construction de
partenariat avec la micro finance et la finance solidaire innovante, il vise à lever la contrainte financière des
producteurs et de leurs organisations.
1- Le financement solidaire du commerce equitable dans les pays du Magreb :
1-1- enjeux theoriques
Le commerce équitable contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions
commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout
particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du commerce équitable (soutenues par les
consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener
campagne en faveur des changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel»
(EFTA, 2001).
L’historique de la finance solidaire fait apparaitre une capacité à répondre aux défis sociétaux que peuvent
imposer les modalités organisationnelles de la finance plus traditionnelle. Une évolution des modèles socio-
économiques du secteur de la finance solidaire a pu s’y développer afin d’entretenir cette mission au fil du
temps. Le tableau 1, repris des travaux d’Artis (2009), en décrit les principales phases avec trois découpages
périodiques.
Le découpage repose sur le postulat d’un rôle sociologique inhérent à tout processus de monétisation qui est
partagé dans notre approche inspirée de (Artis, 2009) ; (Glémain, 2010)
Avant Le PAS Après le PAS Après la révolution du printemps
arabe
Formulation du Encadrement du Libéralisation des crédits et les écarts Libéralisation des crédits et
problème crédit par l’Etat sociaux commencent à s’élargir disparités régionales
Economie et Economie libérale, Focus sur l’ESS pour reduire les
émergence del’ESS Pour le Maroc, développement disparités sociales et régionales.
de l’ESS avec lesPlans d’Ajustement
Structurels(PAS) à la fin des 80s.
Pour la Tunisie :développement
de l’ESS en 1980-90après les PAS pour
la Tunisie
Régulation Régime autoritaire Régime autoritaire Régulation associative1
Formes de la finance Creux bancaire Microcrédit, coopératives d’épargne et de Microcrédit, Acteurs présents dans
solidaire crédit, associations de microcrédit la finance solidaire et utilisent des
plateformes de financement
participatif
Commerce équitable Peu développé Développement de la grande distribution Développement des circuits courts
et quelques initiatives de développement et des magasins solidaires et
du commerce équitable équitables ainsi que de la
commercialisation par internet.
Secteur en développement au
Maroc et à développer en Tunisie.
Outils de Financement Peu développés Formation des groupements de
du commerce équitable producteurs quant aux outils de
financement (préfinancement,
crédits….)
Table 1: contextualisation, dans le prolongement des travaux d’Artis (2009), de nouvelles formes de
1
Une accélération exponentielle depuis les événements du Printemps arabe, l’émergence d’initiativeséconomiques
portées par la société civile, plus indépendantes de l’Etat, plus innovantes aussi, reposant sur une nouvelle génération
soucieuse d’efficacité, de meilleuregouvernance et d’impact social et sociétal.
320
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
321
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Les associations peuvent recevoir directement des dons de la part des particuliers qui dans certains cas
peuvent bénéficiers d’avantage fiscaux comme en France 1 . Des dispositifs similaires sont prévus dans
plusieurs pays comme en Allemagne, la Suisse, le Canada, le Luxembourg, etc.
Plateformes de crowdfunding :Il y a un enjeu à développer des modèles innovants de financement pour
couvrir le maximum de filières du commerce equitable. ex : Prefinancement du Nectar de Litchi sur la
plateforme de finance participative Blue Bees
des dons des entreprises et des fondations :
La subvention Fonds de Confiance2 du réseau France Active en France couvre en partie le salaire du porteur
de projet lui permettant d’être salarié d’une entreprise existante pendant la phase d’étude de faisabilité de son
projet. L’objectif est de favoriser la création de nouvelles entreprises sociales et solidaires et l’émergence de
nouveaux entrepreneurs sociaux.
Le système des fondations et des fonds de dotation est très développé en Europe et en Amérique et
constituent une manne financière importante pour les organisations de l’ESS de par le monde. Exemple, les
fondations américaines donnent annuellement près de 10 milliards $ 3 aux différents projets à caractère
sociale et de développement à l’international.
le fonds CoopMed-régional qui est dédié àrenforcer les capacités financières des institutions de
microfinance et des institutionsfinancières locales contribuant ou susceptibles de contribuer au financement
des entreprisesESS (grâce à un effet levier). Il s’agit d’un instrument financier sponsorisépar le Crédit
Coopératif et les organisations de la société civile française et italienne.
CoopMed se veut un partenaire financier durable au service de l’ESS en Méditerranée. (les premiers pays
ciblés par ce projet sont le Maroc, la Tunisie et le Liban).
des subventions des institutions publiques :
Subventions des collectivités locales comme l’exemple du soutien en fonctionnement/investissement aux
innovations sociales par la région Auvergne-Rhône-Alpes en France. Ce système de subventions régionales
est assez répandu dans le monde.
Des instruments d’épargne de partage : il s’agit de placements sous formes de fonds d’investissement,
d’assurance-vie ou de livrets bancaires qui versent entre 25% et 100% de leurs revenus sous formes de dons.
Il est ainsi possible d’ouvrir un compte bancaire et d’indiquer au teneur de compte les secteurs vers lesquels
les dépôts seront dirigés, avec une transparence et une traçabilité inédite.
Exemples de livrets bancaires d’épargne de partage : Au credit coopératif, les titulaires des comptes Agir
peuvent orienter leurs dépôts selon trois thèmes: agir pour la planète, agir pour une société plus juste, ou agir
pour entreprendre autrement» En pratique, les sommes collectées seront prêtées par la banque en priorité,
respectivement, à des projets d’éco-activité, d’énergie renouvelable ou de promotion du commerce équitable,
à des structures d’accueil d’enfants, de personnes handicapées, âgées ou à des structures d’insertion.
Exemples de carte de paiement de partage : un produit solidaire developpé par plusieurs reseaux de
banques commerciales et Plusieurs banques solidaires comme le Crédit Coopératif en France, Co-operative
Bank au Royaume Uni, BancaEtica en Italie et Bancaja en Espagne ont émis des cartes de paiement de
partage qui permettent de verser un don, 5 centimes d’euros par exemple, à des associations à chaque fois
que le client détendeur de la carte effectue un paiement.
Les fonds de placement solidaires :
L’argent (la totalité ou une partie) est investi dans des structures qui vont soutenir des projets sociaux ou
éthiques. Ce peut être la réinsertion sociale, l’accès au crédit, le développement durable, le financement de
PME, le logement social, le commerce équitable
1
En France, la fiscalité pour les associations est la suivante : Les dons au profit des associations ouvrent droit à une
réduction d'impôt sur le revenu de 66 voire 75 % du montant versé, selon l’association choisie, dans la limite de 20 %
du revenu imposable.
2
Source : www.Avise.org
3
Foundation Center et du Council on Foundations, International Grant-making Update
322
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Les fonds de placement de partage : Ils sont plus proches du don. Il s’agit d’une épargne classique sur
laquelle l’épargnant va reverser une part de ses revenus à des associations, des entreprises… certifiées
d’intérêt général. Cela ouvre le droit à une réduction fiscale. Il faut savoir qu’il est aussi possible de
combiner placements solidaires et placements de partage .
Les fonds de placement dediés au commerce equitable,permettent d’obtenir un rendement financier d’un
investissement tout en favorisant le commerce équitable et en améliorant la vie des petits agriculteurs dans
les économies en voie de developpement. Ex : responsAbility Fair Trade Fund, est le premier fonds de
placement axé sur les possibilités de développement des petits paysans dans les économies en voie de
développement. Fruit d’une collaboration étroite avec la direction du fonds Credit Suisse Funds AG, autorisé
à la distribution publique en Suisse par la FINMA, le responsAbility Fair Trade Fund permet d’accéder
facilement à un portefeuille largement diversifié et professionnellement géré dans le secteur agricole.
Les Fonds abondé par les primes liées au commerce équitable : (192 produits certifiés Fair Trade), qui
peut servir à verser des bonus aux employés. Cas de Patagonia
Les arrondis sur transactions commerciales se fait sur le ticket global, au moment de l’encaissement. Une
enseigne commerciale peut la proposer comme option de sa carte de fidélité et elle abonde généralement le
dispositif auprofit d’une sélection d’associations. Cette pratique est ancrée dans les pratiques de plusieurs
pays comme le Chili et l’Angleterre et se développe depuis 3 ans en France grâce notamment à l’arrivée de
plusieurs startups qui proposent des solutions innovantes comme l’Arrondi.org qui a mis en place un
partenariat avec plus de 2500 magasins et collectés plus de 4 millions € pour les associations.
2.2 La dette
Crédits bancaires proposés par les banques classiques mais qui doivent assez souvent être couplés à un
système de garantie dédié aux organisations de l’ESS pour faciliter leurs accès aux crédits.Ex :BNP Paribas
soutient l’entreprenariat social en s’engageant aux côtés de ses acteurs, en mettant en place
des interlocuteurs dédiés, des produits et services spécifiques, et en prenant en compte leurs
spécificités (avec par exemple une politique de crédit adaptée).
Crédits proposées par des financeurs solidaires comme : La NEF et le Crédit Coopératif en France, Prêt
de la NEF (banque de la Nouvelle Economie fraternelle) dédiés au commerce équitable sont de 45 000 euros
au taux de 7 %, remboursables sur deux ans avec une garantie de la BDPME-Sofaris.
La banque Triodosaux Pays-Bas
La BIB (Bank in Bistum Essen) et GLS et Umweltbank en Allemagne
La Banca Etica en Italie.
Le crowdfunding en prêt : prêts participatifs aux producteurs dans le cadre du commerce équitable.
Prêts d’honneur sans garantie et sans caution : ce sont des prêts à taux zéro faits à l’entrepreneur en tant que
personne, ce qui lui permet de renforcer les fonds propres de son projet.Plusieurs organisations proposent des
prêts d’honneurs comme le Réseau Entreprendre en Tunisie et au Maroc et également France Active en
France. Les prêts d’honneur dédiés au commerce équitable sont les Prêt d'honneur Paris Initiative Entreprise
: 10 000 euros (taux 0 %, pas de garantie) remboursable sur deux ans.
Les microcrédits : la micro finance s’est développée dans quasiment l’ensemble des pays dans le monde. En
Tunisie comme au Maroc, plusieurs acteurs de la micro finance opèrent sur de grandes parties des territoires.
Il existe des fonds de micro finance spécialisés dans le commerce équitable qui consistent à offrir des
microcrédits aux agriculteurs biologiques et aux organisations locales de producteurs équitables.
Prêts participatifs : SOCODEN propose un prêt participatif dédiée aux coopératives en France sans garantie
pour financer le besoin en fonds de roulement de l’entreprise.
Prêts bancaires publics :
Le PESS (prêt ESS) de la BPI en France est un crédit sans garantie et sans caution cofinancement 1pour 1.
FISO (Fonds d’innovation sociale) de la BPI : financement en avance récupérable ou en prêt à taux zéro pour
toutes les entreprises sociales, les coopératives et même les associations.
323
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Source : Etudeoutils du financementsolidaire Finansol-2017
324
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
territoire du nord ouest en Tunisie. Le projet a favorisé la créations de groupements de producteurs dans les filières lait,
apicoles, et poulet fermier.
3.2 L’expérience du financement du commerce équitable au Maroc
En 2004, le commerce équitable a commencé au Maroc avec la Naissance de la PMCE : plate-forme
marocaine pour le commerce equitable, premier modèle d’institution d'un commerce équitable au Maroc.
Son objectif majeur est de participer au développement durable du pays et, en dehors de la contribution
technique qu’elle offre à des diverses entités du commerce équitable, elle est par ailleurs un moyen
d’échanges et d’apprentissages, ainsi qu’un lieu de rencontres entre les protagonistes marocains et étrangers.
Ses missions concernent la promotion du commerce équitable au moyen de l’information et de la formation,
tout en veillant au respect des normes du commerce équitable. Elle offre un accompagnement à ses membres
dans le but de les inclure dans des relations internationales en recherchant d’éventuels partenariats.
A partir de 2006, création du Réseau Marocain d’Economie Sociale et Solidaire (REMESS), L’objectif de
ce réseau est de se positionner dans l’économie sociale et solidaire au Maroc, en participant à la promotion
des coopératives, du tourisme solidaire, du commerce equitable, des associations et des finances solidaires
(Fraisse et al, 2007). Ce réseau tend à garantir la participation de la société civile dans la construction du
Maroc (De Miras, 2007).
Dans une même perspective, en 2008, le « Maroc Taswiq » s’est également engagé dans le développement
de l’économie sociale et solidaire en mettant en place des magasins solidaires et équitables, situés dans
plusieurs villes et destinés uniquement aux coopératives de petits producteurs marocains. Son objectif est de
faire prendre conscience des conséquences négatives du commerce international sur les petits producteurs
afin qu’ils puissent développer leur pouvoir d’achat de manière positive. Cet organisme coopère avec plus de
500 coopératives marocaines dont les produits sont distribués dans des magasins spécialisés, tant au Maroc
qu’à l’étranger.
Les coopératives de commerce équitable au Maroc
Le commerce équitable constitue un réseau de production et de commercialisation alternatif offrant aux
producteurs du Sud des opportunités d’accès aux marchés d’exportation (Kuper et Kemmoun, 2010). La
société marocaine a permis de créer des opportunités à travers le commerce équitable en commercialisant les
produits de petits producteurs et en ciblant particulièrement les femmes (Kuper et Kemmoun, 2010).
Conclusion :
Le commerce équitable et la finance solidaire partagent des valeurs et des objectifs communs : améliorer les
conditions de vie des populations agricoles et rurales et réduire les asymétries par l’inclusion économique et
financière. Ce référentiel partagé offre l’opportunité de construire un système de services innovant, liant
l’accès à des marchés rémunérateurs et l’accès aux services financiers.
En Tunisie, le développement de structures institutionnelles de commerce équitable favoriserait la
regroupement de producteurs d’une même filière et l’accès de ces derniers au financement en vue de
développer leurs activités. Les sources de financement constituent un frein au développement du
commerce équitable. Le principal obstacle c’est le financement, ensuite l’administration qui laisse perdre du
temps dans l’élaboration de projets. Le troisième frein c’est l’entente et la confiance entre les personnes.
Au Maroc, une importance particulière a été accordée à la problématique definancement de l’économie
sociale et solidaire. La réflexion entamée sur lesmoyens et les opportunités de promouvoir de nouveaux
mécanismes de financement,répondant au mieux aux besoins de financement de l’économie sociale et
solidaire, devrase poursuivre et focaliser sur les conditions de développement de la finance solidaireau
Maroc.
327
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Bibliographie :
P. Glémain, E. Bioteau, A. Artis, 2010, « Finances solidaires et territoires : analyses en régions Bretagne et
Pays de la Loire », Revue d’économie régionale et urbaine, n°2010-2 avril.
Artis Amélis, 2007, « La « finance solidaire territorialisée » : une réponse de proximité en faveur de la
construction d’un territoire de référence dans un processus de mondialisation », Cahiers du CEREN 19(2007)
pages 20-40.
Artis Amélis, 2009, « La finance solidaire et la crise : quels enseignements pour la régulation de l’offre de
crédit ? », Contribution au forum de la régulation.
De Miras, C., (2007). Initiative Nationale pour le Développement Humain et économie solidaire au Maroc
pour un accès élargi à l'eau et à l'assainissement. Revue Tiers Monde, p. 357-377.DOI 10.3917/rtm.190.0357
Cameron R., (2009). Fair Trade leading the way, FLO annual report 08-09. Bonn: FLO. www.fairtrade.net.
Chohin-Kuper A., Kemmoun H., (2009). De la théorie à la pratique: le commerce équitable de l’huile d’olive
au Maroc, Cahiers Agricultures, Vol 19, 17-22, numéro spécial 1: Le commerce équitable en question.
EFTA (European Fair Trade Association) (2001). Fair Trade in Europe 2001
Bucolo, E. (2004) Le commerce équitable, une pratique d'économie solidaire, Revue Ecologie &
politique 2004/1 (N°28), pages 27 à 44.
Kuper, A. & Kemmoun, H. (2010). De la théorie à la pratique : le commerce équitable de l'huile d'olive au
Maroc. Cahiers Agricultures, 19(1), 17-22.
M. Zaid, T. Abdelkhalek, Z. Ouelhazi, 2013, « L’économie sociale et solidaire au Maghreb, quelles réalités
pour quel avenir », Rapport pour IPEMED.
328
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
La viabilité des entreprises à l’heure actuelle les obligent à repenser leurs comportements et adopter une
démarche économique plus globale plaçant l’enjeu environnementaletsocial sur le même pied d’égalité que
les objectifs économiquesL’innovation devient alors un élément incontournable pour les entreprises en
recherche d’avantage compétitif.
La littérature aussi s’est beaucoup intéressée à la relation entre l’entrepreneuriat innovant et le
développement durable avec la genèse de plusieurs concepts tels que l’innovation durable, l’entrepreneuriat
vert, l’éco-innovation, l’entrepreneuriat social etc,
Les innovations environnementales surtout radicales tels que le développement des énergies
renouvelables,l’utilisation des nouveaux matériaux ou de la biomasse etc. représentent un potentiel
considérable et pourraient impulser une croissance économique plus durable.
En effet, la demande pour les éco-innovations va connaître une croissance d’au moins 50% dans le premier
quart du 21e siècle. La création d’emplois par cette demande est estimée à environ 5 millions emplois d’ici
2025 rien qu’en Europe(Faucheux et al, 2006).
Ce papier se focalise sur le rôle des éco-innovations dites aussi innovations durables comme vecteur de
développement durable ainsi que facteur de compétitivité pour les entreprises. Dans la première et deuxième
parties, seront approfondies les principaux concepts notamment le développement durable, l’entrepreneuriat
vert, l’innovation et l’éco-innovation. La troisièmepartie s’intéresse à la contribution de l’éco-innovation
dans l’amélioration de la compétitivité des entreprises et la quatrièmepartie dressera une synthèse d’un cas
d’entreprise tiré de la littérature etpermettant d’illustrer la contribution de l’éco-innovation dans
l’amélioration de la compétitivité de l’entreprise etdans la concrétisation du développement durable.
1- Le développement durable et l’entrepreneuriat vert
1-1- Développement durable
La Commission Mondiale pour l’environnement et le développement a posé les bases du concept du
développement durable en 1987, il s’agit du développement qui permet de satisfaire les besoins de la
génération présente sans compromettre la possibilité pour les générations futures de satisfaire leurs propres
besoins. (Boiral, 2005)
La stratégie de développement durable soutient que la croissance économique doit être associée à une
distribution équitable des richesses et au respect des écosystèmes naturels pour assurer un développement
soutenu à long terme.
Le Développement Durable est un concept situé à l’intersection de trois principes : un principe économique
qui cherche la viabilité et la croissance, un principe environnemental qui évoque la nécessité de protéger
l’environnement et optimiser l’exploitation de ses ressources et un principe social qui préconise l’équité et
l’épanouissement humain.
Dans cette perspective, un grand nombre de pays se sont engagés dans une vision durable et ont augmenté les
dépenses publiques pour relancer la croissance durable et la viabilité à long terme.
Le défi aujourd’hui estd’inciter les entreprises à mettre en œuvre des actions responsablesaxées sur de
nouveaux modèles d'affaires écologiques qui incarnent les trois principes du développement durable
considérés comme principal moteur de passage vers une économie plus verte et plus responsable(Rigar et
Sabbari, 2015).
Pour Allenby (1997) la créativité et la rapidité nécessaires pour répondre aux préoccupations du
développement durable ne peut venir que du secteur privé(Larson, 2000).L’entrepreneuriat durable ou encore
l’entrepreneuriat vert est devenu alors un domaine important de recherché académique pendant les quelques
dernières années (Gast et al, 2017).
1-2- Le concept d’entrepreneuriat vert
Dans le domaine de l'entrepreneuriat associé aux enjeux du développement durable, une variété de termes
330
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
331
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
développement des industries de dépollution. Il s’agit des dispositifs qui sont ajoutés aux procédés ou aux
produits existants, sans y apporter des changements, et ce de manière à réduire les dommages
environnementaux liés à la production ou à la consommation.
Il s’agit dans ce casde stratégies environnementales défensives dont la contribution à la compétitivité reste
limitée sur le moyen et le long terme. Elles comprennent par exemple les processus d’élimination des
déchets, d’assainissement des eaux, d’usage de filtres etc.
La tendance aujourd’hui est le développement des innovations plutôt proactives ou encore les innovations
intégrées qui permettent de résoudre des problèmes plus complexes tels que l’épuisement des ressources, la
perte en biodiversité, les changements climatiques etc. Ces innovations se focalisent sur la réduction de la
consommation des ressources naturelles et la limitation de l’utilisation de substances toxiques tout au long du
cycle de vie du produit et du processus de production.
Dans le cas des technologies intégrées, les caractéristiques environnementales sont incorporées dans la
conception même du procédé ou du produit. Dans cette catégorie, on trouve les énergies propres, les
systèmes réduisant les inputs en matières premières, les procédés qui comportent un “recyclage interne”, les
procédures de substitution de substances nocives, la conception de produits recyclables etc. (Patris et al,
2001)
En ce qui concerne les innovations incrémentales, il s’agitd’améliorationsapportées aux produits ou aux
techniques de production. La plupart des éco-innovations, jusqu’à présent sont des innovations
incrémentales, elles ne constituent que des améliorations de la qualité, la productivité ou la diversité des
processus de production actuels.
Les innovations radicales sont au contraire de forte valeur ajoutée et répondent mieux aux objectifs
environnementaux. Elles consistent à rompe avec la technologie antérieureavec changement total du concept
actuel par exemple les bio-carburants, l’énergie photovoltaïque…
L’engagement vert appelle pour des changements radicaux dans les pratiques des entreprises (Lovins,1999
cité dans Boiral, 2005). McDonough (2000) égalementévoque la nécessité de passer d’une logique d’éco-
efficience se focalisant sur la réduction de l’impact sur l’environnement à des innovations dite d’éco-
efficacité (radicales). Il s’agit de changement apporté au système de manière à reconcevoir les produits pour
qu’ils deviennent biodégradables et pour qu’ils puissent être réutilisés à la fin de leur cycle de vie pour
produire de nouveaux produits (Carillo-Hermosilla et al, 2010).
Les innovations radicales permettent d’atteindre les objectifs du développement durable et en simultané
l’amélioration du produit ou du procédé ce qui peut significativement améliorer la compétitivité de
l’entreprise (Porter et Van der Linde, 1995).
3- Innovation durable et compétitivité
Le développement durable est aujourd’hui appréhendé comme un réducteur de coûts mais également un
catalyseur d’innovation et facteur de création de valeur partagée (Berger-Douce, 2014).
Pendant longtemps, l’approche qui dominait les travaux de littérature était l’approche classique qui
considérait que l’engagement dans le développement durable est plutôt une réactionaux contraintes sociales
et exigences réglementaires sous forme principalement d’actions de dépollution. Ces actions vont se traduire
par des charges liées en particulier à l’acquisition d’équipements environnementaux (épurateurs d’air, filtres,
procédés plus propres, etc.) et que les avantages des actions environnementales ne compensent généralement
pas les coûts qu’elles impliquent pour l’entreprise (Boiral, 2005).
Une approche plus récente dite la perspective «win-win» ou encore «l’hypothèse de Porter», va remettre en
cause le postulat traditionnel du lien négatif entre les actions environnementales et la compétitivité des
entreprises. Porter et Van der Linde (1995) pense que l'amélioration de la performance environnementale
d'une entreprise conduit plutôt à une meilleure performance économique.
333
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
En effet, les investissements environnementaux peuvent représenter des coûts supplémentaires dans certains
cas mais qui peuvent représenter, à long terme, des avantages économiques importants. A titre d’exemple, le
leader chimique américain Du Pont qui a dépensé des centaines de millions de dollars dans des équipements
de contrôle de la pollution développant ainsi, par la contrainte, un des services environnementaux les plus
importants au monde. Des années plus tard, Du Pont a pu réaliser des revenus importants grâce à la vente de
produits et de services environnementaux (Simon, 1990 cité dans Boiral, 2005).
La volonté de réduire la pollution et les dégâts sur l’environnement stimule l’innovation des entreprises ce
qui permet de réduire les quantités de matières et d’énergies utilisées, de limiter le gaspillage, de moderniser
les procédés et ainsi accroître la productivité (Boiral, 2005).
Pendant les 30 dernières années, le paradigme définissant la notion de compétitivité est passé d’un modèle
statique basé sur l’efficience et sur les couts à un modèle plutôt dynamique centré sur la capacité
d’innovation. L’éco-innovation ne permet pas uniquement la réduction des couts et la réponse aux exigences
du développement durable mais également l’acquisition d’un avantage comparatif tant au niveau national
qu’à l’international (Porter et Van Der Linde, 1995).
Porter et Van Der Linde (1995) ont étudié l’effet de l’engagement durable et du recours à l’éco-innovation
sur la compétitivité et ont constaté que :
-L’éco-innovation permet la diminution des couts en éliminant les matériaux qui coutent cher, et en réduisant
les éléments de packaging non nécessaires.Ils citent l’exemple de la firme japonaise Hitachi qui en réponse à
la loi de 1991 sur le recyclage a repensé le design de son produit pour qu’il soit facilement recyclable ce qui
a conduit à la diminution du temps nécessaire à l’emballage et à la diminution des résidus à 30%. Ceci, réduit
également les couts qui sont parfois nécessaires à l’élimination des déchets pour le consommateur et pour le
producteur.
-L’éco-innovation ne permet pas seulement de réduire la pollution causée par le processus de production
mais également d’augmenter la productivité des ressources,diminuer les temps d’arrêt, économiser les
matériauxet la réutilisation des pertes ou résidus à travers le recyclage,et réduire la consommation
d’énergies.Ceci conduit généralement à des produits plus performants et de meilleurequalité. A titre
d’exemple, l’industrie papetière européenne qui a pu réduire sa consommation d’eau de près de 50% en 15
anset l’ouverture de nouveaux marchés.
-La demande mondiale s’oriente vers la valorisation des produits durable, des industries moins polluantes,
des matériaux biodégradables et des produits recyclables. L’investissement de l’entreprise dans des éco-
innovations permet aux produits de l’entreprise d’acquérir le label « durables » et lui ouvre ainsi l’accès à
des nouveaux segments de marchés. Le marché mondial de biens et services environnementaux a été estimé
en 2003 à environ 550 milliards d’euros, ce qui le place au même niveau que les industries aérospatiales et
pharmaceutiques, et il continue de s’accroître d’environ 5% par an (Commission des Communautés
Européennes, 2005 citée dansFaucheux, 2006).
À titre d’exemple, les exportations de turbines pour l’énergie éolienne rapportent, chaque année au
Danemark 2 millions d’Euros et Vesta, la plus grosse entreprise productrice de ces technologies, emploie
près de 7000 personnes. Aussi, le marché des technologies liées aux énergies propres passerait de 16
milliards de dollars en 2004 à100 milliards en 2014 sur le seul territoire américain (Faucheux, 2006).
-Plusieurs études ont montré également le lien existant entre la sensibilité écologique des entreprises et
l’amélioration de la valeur de leurs actions (Hart, 1997 ; Cornier, Magnan et Morard, 1994 cités dans Boiral,
2005). En effet, cet engagement permet à l’entreprise de bénéficier d’une meilleure image surtout si elle
réussit à obtenir des certifications ou labels.
Au-delà des opportunités offertes par l’entrepreneuriat durable, mettre en place des pratiques responsables
comme le soulignent Voss et al. (2005), a un effet positif sur l’importance accordée aux parties prenantes.
Une firme entrepreneuriale fera sans doute plus attention aux attentes des clients et aurait une plus grande
334
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
335
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
100% recyclé fabriqué à partir d'environ 350 conteneurs de lait recyclés. Cette fois, en choisissant une
deuxième technologie de fabrication le thermoformage qui moule une moitié du kayak à la fois, puis les deux
moitié sont assemblées par la suite. Cette technologie a permis non seulement d’atteindre l’objectif initial
mais également de fabriquer des kayaks plus solides, plus performants et d’un design plus attractif.
L’entreprise et ses collaborateurs ont continué à promouvoir l'innovation responsable. Cette fois au niveau de
l’emballage et de l'expédition. Une phase, qui est souvent synonyme de déchets importants (carton, boîtes en
carton, caisses, mousse …). Walden Paddlers a éliminé une grande partie du matériel d'expédition
traditionnel tout en économisant de l'argent et du temps, et ceci en utilisant une flotte de rayonnages à
roulettes qui contenaient cinq ou six kayaks. Cette technique a permis d’économiser 3 $ par kayak sur le cout
d’emballage et 50 000 $par an sur le cout de transport car avec cette technique le nombre de voyages
d’expédition nécessaires se trouve réduit.
L’entreprise a même poussé cette action vers le rachat des emballages de ses clients pour éviter les déchets
mais aussi pour les réutiliser dans les prochaines expéditions. La valeur économisée en final s’élève à 25$
par kayak sans oublier la réduction du temps nécessaire à l’emballage du produit.
Le collaborateur de Walden paddlers, la société industrielle Hardigg, a également bénéficié de cette éco-
innovation. A côté du chiffre d’affaires réalisé avec Walden paddlers, l’entreprise a proposé l’usage de la
technologie développée à plusieurs de ses clients ce qui permet d'économiser des coûts à la fois pour Hardigg
et pour ses clients, améliorer la position concurrentielle de Hardigg sur le marché et propager une
technologie responsable et moins polluante.
Ainsi, cette éco-innovation issu d’un processus entrepreneurial qui combine l’identification et l’exploitation
d’une opportunité économique avec les principes de développement durable a conduit à plusieurs avantages
pour l’entreprise innovatrice Walden Paddlers mais également pour ses parties prenantes (fournisseurs et
clients) ainsi qu’à la société en général.
Aussi, cette éco-innovation intégrée a suscité un comportement responsable chez les fournisseurs de
l’entreprise à l’image de Hardigg (le fabricant) et chez les clients même à travers la restitution de
l’emballage. Ce qui correspond à la situation « win-win » évoqué par Porter et Van der Linde (1995).
Walden a réalisé un kayak plus performant, plus léger, recyclable et de qualité supérieure en utilisant un
Matériau économique, recyclé à 100%. L’entreprise est devenue leader du marché des kayaks créatifs
avecses prix avantageux. Ses ventes annuelles sont de plus de 3500 unités en 1997, et de plus de 5500 unités
en 1998 comme ellea pu également obtenir en 1997 le prix national du produit le plus innovant délivré par
l’organisation nationale du recyclage, ce qui vaut une meilleure réputation sur le marché.
Ce cas montre la contribution de l’éco-innovation à la concrétisation des principes de développement
durable. Comme il montre aussi la nécessité pour les entreprises d’établir des collaborations pour assurer une
gestion optimale des ressources depuis la matière première jusqu’au produit finiet assurerainsi une meilleure
performance et plus decompétitivité (Erkman, 1998 cité dans Diemer, 2012).
Conclusion :
Les innovations permettent de concilier les objectifs économiques avec les deux autres piliers du
développement durable. En optant pour des technologies, matériaux et procédés moins polluants, plus
économiques et plus durables. Celles-ci augmentent la productivité et la compétitivité de l’entreprise tout en
diminuant les répercussions sur l’environnement, optimisent l’exploitation des ressources naturelles et
assurent une croissance durable.
La volonté de limiter les dégâts sur l’environnement et respecter l’intégrité des écosystèmes doit alors passer
par la promotion de l’innovation surtout lesinnovations intégrées à travers des mesures stimulant l’initiative
et la prise de risques (Patris et al,2001). Ceci ne peut se réaliser sans la multiplication des programmes
publics et privés de financement et d’accompagnement de ce genre d’innovations. Aussi, la concertation
entre les différentes parties prenantes (entreprises, collectivités territoriales, chercheurs, institutions
336
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
publiques, gouvernement, ONG, etc…) permettrait le partage des risques, le développement et la diffusion
de ces innovations(Faucheux, 2006).
Enfin, l’impact global de ces éco-innovations sur les modes de production et de consommation dans la
société dans son ensembledépend aussi de la valorisation commerciale des actions environnementales et de
la sensibilisation des clients, des investisseurs et de l’ensemble des intervenants.
Références bibliographiques:
Berger-Douce S. Concilier RSE et innovation au service de la performance durable en PME. Colloque sur la
croissance des entreprises. Montpellier, 2014, p. 77-90.
Boiral O. Concilier environnement et compétitivité, ou la quête de l'éco-efficience, « Revue française de
gestion », n 2005/5, p 163-186.
Carrillo-Hermosilla J, Del Rio P, Kӧnnӧlӓ T. Diversity of eco-innovations: Reflections from selected case
studies, Journal of Cleaner Production 18, 2010, p 1073-1083.
Chabaud D, Hannachi M. Entreprise familiale, innovation et développement durable : une évidence ? Le cas
d’une entreprise familiale multi générationnelle, 2017.
Courrent JM, Spence M, Orientation entrepreneuriale et engagement des PME dans des logiques de
développement durable, Colloque sur la croissance des entreprises. Montpellier, 2014, p .91-111.
Diemer A. La technologie au cœur du développement durable : mythe ou réalité ?, Innovations, 2012/1,
n°37, p. 73-94.
Faucheux, S. Hue, C. Nicolaï, I. L’éco-innovation : une opportunité pour l’avenir du développement durable
? : Quelques éléments de bilan et de prospective aux niveaux européen et international. Les ateliers de
l'éthique, 1(2), 2006, p. 41-56.
Fleith de Medeiros J, Duarte Ribeiro JL, Nogueira Cortimiglia M. Success factors for environmentally
sustainable product innovation: a systematic literature review, Journal of Cleaner Production 65, 2014, p 76-
86
Gast J, Gundolf K, Cesinger B. Doing business in a green way: A systematic review of the ecological
sustainability entrepreneurship literature and future research directions. Journal of Cleaner Production,
2017.
Kouame D. Les facteurs de succès ou d'échec des jeunes entreprises innovantes françaises, selon leurs
modes de financement et de gouvernance. École Doctorale de Sciences Juridiques, Politiques, Economiques
et de Gestion, Université de Lorraine, 2012.
Labelle F, St-Pierre J. Les déterminants institutionnels, organisationnels et individuels de la sensibilité des
PME au sujet du développement durable.10eme CIFEPME, 2010, Bordeaux, France. Bordeaux.
Larson A. Sustainable innovation through an entrepreneurship lens. Business Strategy and the Environment
n° 9, 2000, p. 304-317.
Naneix C. La promotion de l’entreprenariat vert et de l’éco-innovation sociale au Maroc : État des lieux et
recommandations des parties prenantes, Centre d’activités régionales pour la consommation et la production
durables, programme SwitchMed, 2017.
Patris C, Warrant F, Valenduc G. L’innovation technologique au service du développement durable. Rapport
de synthèse, Fondation Travail-Université asbl Centre de recherche Travail & Technologies, 2001.
Porter M, Van der Linde C. Toward a New Conception of the Environment-Competitiveness Relationship,
Journal of Economic Perspectives, Volume 9, Number 4, 1995, p. 97-118.
Rigar M, Sabbari A. Le développement durable et la dynamique entrepreneuriale de la petite entreprise :
Etude de cas d’une PME exportatrice marocaine. 7èmes journées scientifiques internationales du FEM,
FSJES Marrakech, 19 et 20 mars 2015.
Stratégie de l’OCDE pour l’innovation 2015, « Un programme pour l’action publique »
337
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
L’objet du présent travail est de mettre l’accent sur la place que préoccupe l’entrepreneuriat social dans les
dynamiques sociales et locales de développement et souligner sa capacité à inventer des solutions innovantes
aux problèmes. Pour ce faire, notre étude porte sur la province de Chtouka Ait Baha comme cas d’étude pour
déterminer les points forts et faibles des entreprises sociales de cette province.
Ainsi, pour répondre à cette problématique et mener à bien notre travail, nous l’avons scindé en plusieurs
parties : Nous présenterons, tout d’abord, une brève revue de définitionthéoriquequi s’est développée autour
du concept de l’entreprenariat sociale. Par ailleurs, nous mettrons l’accent sur un état des lieux de
l’entreprenariat au Maroc qui la province de Chtouka Ait Baha, et enfin, nous analyserons les enjeux et/ou
contraintes auxquels se heurtent les jeunes entrepreneures, pour une meilleure compréhension des facteurs
faisant obstacle au sucés de ce type d’entreprises.
La problématique :
L’entrepreneuriat sociale est un vecteur essentiel du développement et duRayonnement de l’économie
sociale. C’est aussi un vecteur important de démultiplication de son impact sociétal. Entreprendre
enéconomie sociale est cependant une activité chargée d’enjeux. On devine dès à présent, dans la notion
d’entrepreneuriat sociale, la volontéd’associer l’économique et le social ; le rapprochement de ces deux
notions nous a donc conduit naturellement à nous interroger sur la problématique suivante : l’entrepreneuriat
sociale : Etat des lieux et perspectives de développement]en prenant un cas d’étude la province de Chtouka
Ait Baha.
C’est dans cette optique que nous sommes menés à exposer quelques éléments interrogatoires concernant
l’entrepreneuriat social.
Commentfavoriser l’émergence d’entrepreneurs sociaux ? Comment mobiliser les ressources nécessaires à
la création d’entreprises sociales ? Comment assurer la croissance et la pérennité de ces firmes sociales ?
Comment gérer leur développement ?
I- Le cadre théorique de la communication :
Ce cadre théorique a pour objectif de définir la notion d’entrepreneuriat sociale ainsi que les concepts qui lui
sont centraux, notamment l’entrepreneur social, et de montrer la situation actuelle de l’entrepreneuriat social
au Maroc
1-1 La définition du mot entrepreneur et entrepreneuriat
On peut définir le mot entrepreneurs comme celui qui entreprend. Le nom entrepreneur est couramment
employé pour désigner qui entame un projet de création d’entreprise.
Pourtant l'entrepreneuriat et l'entrepreneur englobe beaucoup plus que ça. Au début de l'avancement de ce
mouvement, les économistes ont essayés de définir l’entrepreneur, de lui situer dans un cadre spécifique et
d'une certain caractéristique. Commençons, dans les milieux français avec Cantillon (1755) et Say (1803)
l'entrepreneur était non seulement celui qui saisit une opportunité en vue de réalisée un profit, mais qui en
assure les risques puisqu'il investit son propre argent.1
Néanmoins, nous devrons néanmoins attendre jusqu'au 1947 pour évoluer notre compréhension de
l'entrepreneuriat grâce à l'école Autrichienne et particulièrement Joseph Schumpeter2. Pour lui, l'entrepreneur
est un innovateur, un créateur, un agent du changement. Il insiste profondément sur l'aspect innovateur de
l'esprit entrepreneurial et sur la participation active de l'entrepreneur au développement économique par ce
qu'il appelle "la destruction créatrice" du système capitaliste.
Il précise davantage que "l'entrepreneur n'est ni nécessairement l'apporter de capitaux ni l'inventeur ". Il est
plutôt celui qui met en œuvre de nouvelles combinaisons pour apporter un changement.
1
D’après COSTER, M (2003) Entrepreneur et Entrepreneuriat, Cadres et Entrepreneuriat, Mythes et Réalités, sous
direction de F. DANY, Les cahiers du GDR Cadres, Lyon, Acte de la Journée du 6 Juin 2002
2
SCHUMPETER, J. (1942) Capitalism, Socialism and Democracy
339
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Une autre approche de l'entrepreneuriat est celle qui place le concept d'opportunité au cœur du problème. Se
basant sur la pensée autrichienne moderne (avec notamment Kirzner 1 (1973)) les auteurs Shane et
Venkataraman(2000) vont suivre avec un approfondissement de l'approche entrepreneuriale comme la
détection et l'exploitation d'une opportunité; l'entrepreneuriat est ici, " un processus par lequel des
opportunités à créer des produits et des services futurs sont découvertes évaluées et exploités".2
1-2-l’économie sociale et solidaire
Depuis une vingtaine d’années se développe partout dans le monde une nouvelle manière d’entreprendre, qui
conjugue efficacité économique et utilité sociale, et qui ouvre des voies prometteuses dans le combat contre
les problèmes majeurs de nos sociétés.L’économie sociale est un phénomène complexe qui suscite un grand
débat et attire l’attention des acteurs issus de tous les milieux : économique, politique,
scientifique...Généralement défini comme l’utilisation d’une approche fondée sur le marché pour résoudre
les problèmes sociaux.
Au Maroc, l’économie sociale et solidaire a toujours existé, sous des formes traditionnelles et différentes
mais l’objectif était le même : un mode de participation collective dans la gestion des biens pour un
développement durable.Plusieurs initiatives ont vu le jour, impulsées notamment par l’Initiative Nationale
pour le Développement Humain (INDH).Ainsi que la création de «Moroccan Center for Innovation and
Social Entrepreneurship», qui a comme objectif principal larecherche des solutions innovantes et
entrepreneuriales pour chaque problème social.
Ainsi La création en 2004 du premier organisme de Commerce Équitable au Maroc, la PMCE (Plate-Forme
Marocaine pour le Commerce Équitable) est signe de la volonté déconstruire un Maroc nouveau dans le
respect des traditions, de la culture et des produits de terroirs. Cette plate-forme, outre l’apport technique est
également un lieu de rencontres et d’échanges entre les acteurs marocains et étrangers, permettant ainsi un
enrichissement mutuel équilibré.
II- Etats des lieux et perspectives de développement au Maroc :
[S’inspirant des Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, et en se
référant à la nouvelle constitution de 2011, le Conseil Economique, Sociale et Environnemental s’est
autosaisi du sujet de l’Economie Sociale et Solidaire. Ce sujet constitue en effet un thème majeur et un levier
d’action prioritaire au service de l’inclusion, de la réduction des inégalités et de la croissance harmonieuse et
durable. ]
Au Maroc, des initiatives innovantes à vocation sociale ont augmentées ces dernières années, impulsées
notamment par l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Ces initiatives conduites par
des acteurs dits « entrepreneurs sociaux » se sont focalisées sur l’identification d’opportunités de réponse à
des besoins spécifiques ; sociaux ou environnementaux et sur la concrétisation de ces opportunités par la
mise en œuvre de solutions entrepreneuriales appropriées.
2.1. L'apparition et développement de l'entrepreneuriat social au Maroc
Depuis l’indépendance, l’entrepreneur marocain a connu une évolution de statut, des entrepreneurs qui ont
investi dans des secteurs dits producteurs de richesse (textile et agroalimentaire), ces secteurs sont d’une
faible valeur ajoutée et ne permettent pas d’engager le pays dans un développement économique durable.
Aujourd’hui l’Etat soutien davantage des projets de création et d’innovation entrepreneuriale et de
développement durable.
En effet, parler de l’entrepreneuriat au Maroc, c’est d’abord admettre les éléments suivants :
1
Kirzner, Israel.(1973) Competition and Entrepreneurship. Chicago: University of Chicago Press
2
SHANE, S. ; VENKATARAMAN, S. (2000), The promise of Entrepreneurship as a field of research, Academy of
Management Review , cité dans LOUE, C. ; LAVIOLETTE, M. (2006), Les compétences entrepreneuriales : définition
et construction d'un référentiel, in CIFEPME (Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME), HEG
Fribourg Suisse, 25-27 octobre
340
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
341
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1
Social Entrepreneurship: Why is it Important Post Arab Spring?
2
Nehra AMARA, Zahra RAMADAN, Sonia BOUSHABA ;L’ENTREPRENEURIATAUMAROC
342
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Conclusion :
L’entrepreneuriat social suscite un grand intérêt un peu partout dans le monde. L’intérêt qui lui porté
s’explique par son approche innovante réconciliant l’économique, le social et l’environnemental. Le profit
n’est plus une fin en soi comme pour une entreprise classique, mais plutôt un moyen pour créer de la valeur
sociale et lutter contre la précarité, l’injustice et toute forme d’exclusion sociale.
A travers les résultats obtenus de cette étude empirique portant sur le cas des entrepreneurs à la province de
Chtouka Ait Baha, il s’avère que l’entrepreneuriat sociale a pour mission la création des solutions innovantes
pour créer un climat social sain.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
Baptiste André Godin (1817-1888). RevueInnovations, 2009, n° 30, p 120.
8. Barthélémy A., Slitine R, Entrepreneuriat social: innover au service de l’intérêt général. Edition Vuibert,
Paris 2011, p30.
Boutillier S, Aux origines de l’entreprenariat social: Les affaires selon Jean
-Driss Gueroui (2009) « l'élite économique marocaine, étude sur la nouvelle génération d'entrepreneur »
Edition l'harmattan
DRUCKER P., Entrepreneurship in Business Enterprise, Journal of Business Policy, vol. 1, no 1,1970
ELKINGTON, J.; HARTINGAN P. (2008), The power of unreasonable people, How social entrepreneurs
create markets that change the world, Harvard Business Press
EricBidel (2000) Économie sociale, nouvelle économie sociale et sociologie économique
GEZE P. (2007), Avise, Devenez Entrepreneur Social
Hassan Rifki (1998) « idée pour entreprendre au maroc » édition experdata
MAITRE, B. et ALADJIDI, G. (1999), Le Business model de la nouvelle économie, Edition Dunod
MOUVES, & Groupe SOS. (2012). L’efficacité économique au service de l’intérêt général.
NICHOLLS, A. et al. (2006), Social Entrepreneurship, New Models of Sustainable Change, édité par Alex
Nicholls, Oxford University Press
NYSSENS, M. (2006), Social Enterprises, at the Crossroads of Market, Public Policies and Civil Society,
Londres
PACHE, A. ; DRAPERI, J-F. et al. (2009), L’économie sociale de A à Z, Alternatives Economiques Hors-
série pratique n°38 bis, mars 2009
SCHUMPETER J.(1965.), Economic Theory and Entrepreneurial History, Harvard University Press
YUNUS, M. (2009), Vers un nouveau capitalisme, Le Livre de Poche
XabierItcaina (2018) Economie sociale et solidaire.
Articles
Elattaoui, H. (2010). Travailleurs agricoles et pauvreté Cas : de Chtouka Ait Baha. Université Mohamed V,
Faculté Des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales..
Economique, C. (2015). Economie Sociale et Solidaire Un levier pour une croissance inclusive.
Janssen, F., Bacq, S., & Janssen, F. (2016). L ’ entrepreneuriat social Un thème pour la recherche passée ,
présente et future, 25, 17–44. https://doi.org/10.7202/1018416ar
Khalid, B., Abdelkebir, E., & Amina, T. (2013). Exploration des nouvelles tendances de l ’ entrepreneuriat
socio-économique au Maroc : Etude de cas de l ’ expérience des Actions Génératrices des Revenus ( AGR ).
Universit, K. B., Agadir, I. Z., Universit, A. E., Agadir, I. Z., Elouidani, M., Universit, A. T., & Agadir, I. Z.
(n.d.). Etude de la contribution de l ’ entrepreneuriat socio- économique au développement durable au
Maroc : cas de l ’ expérience des Actions Génératrices des Revenus 1 . L ’ entrepreneuriat social orienté vers
le développement durable : cadre.
343
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Introduction
La notion de développement économique révèle une autre notion nommée « développement humain » qui
envisage que le bien être des humains ne concerne pas seulement l’économie et les revenus, mais aussi
d’autres dimensions ; sociale ; culturelle ; éthique et politique, dans le but de créer un environnement
favorisant l’épanouissement pour que les individus puissent jouir d’une vie longue, saine et créative. Cette
notion s’appuie sur les articles 22 et suivants de la déclaration universelle des droits de l’homme en 1948,
également déclenchée dans le premier rapport mondial sur le développement humain en 1990.
C’est dans ce cadre que l’initiative pour le développement humain(INDH) est considérée comme une étape
pour mieux servir le développement humain marocain suite qu’elle est reconnue en tant qu’expérience
pertinente et réussie en matière de développement humain. Ce projet sociétal del’initiative a pour objectif de
non seulement amorcer une véritable transformation sociale et un changement de paradigme pour l’approche
du développement économique et social dans notre pays, mais aussi de respecter le rôle primordial que doit
jouer l’être humain dans le processus de son propre développement.
De ce fait, l’INDH emprunte une approche orientée vers le renforcement de l’aptitude de la femme et de
l’homme à la création d’activités adaptées à leur savoir-faire et conformes aux spécificités de leur région,
tout en renforçant leurs capacités et en favorisant le développement de ces activités appelées « activités
génératrices de revenus » (AGR), en vue de réduire de manière significative la pauvreté et l’exclusion sociale
soit dans les zones ciblées par l’INDH, soit dans toutes les zones du royaume où existe un potentiel humain
et matériel susceptible de créer ou d’augmenter la richesse.
A cet égard, notre recherche se focalise sur le système suivi-évaluation de ces AGR soutenues par l’INDH
parce que le suivi et l’évaluation permettent à l’initiative de tirer les informations pertinentes des activités
passées et en cours pour en faire la base d’une réorientation de programme minutieusement réglée et une
planification futur.
Il s’agit donc de vérifier à partir de cette recherche si les objectifs des AGR ont-ils été atteints en gros et s’ils
sont conformes aux ceux prévus au départ à partir des résultats réalisés. Après la vérification, une analyse est
effectué pour retirer du processus une meilleure compréhension du projet et d’engager des leçons
susceptibles de modifier des activités en cours pour les rendre plus appropriées aux buts visés, en prenant le
champ d’application la population cible de la préfecture Agadir Ida-Outanane.
De nos jours le dispositif suivi-évaluation est devenu une nécessité et une préoccupation majeure des
organisations pour conduire une bonne gestion et prendre des décisions éclairées en fonction du
développement futur du projet. C’est ainsi que le suivi-évaluation devrait être perçu comme un dialogue
344
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
entre les différents acteurs au sujet du développement et des progrès d’un projet afin de mesurer et d’évaluer
la performance et d’atteindre des résultats satisfaisants au fil du temps.
1- Revue de littérature
1-1- Le suivi
Les enjeux d’une démarche de suivi pour un projet s’imposent au quotidien plus particulièrement au sein de
l’organisation. Le suivi en management a plusieurs définitions, à commencer par la banque mondiale (2008)
qui considère la notion de suivi comme étant un processus continu de collecte d’informations, pour apprécier
comment un projet est mis en œuvre, en comparant les résultats obtenus aux performances attendues. Pour
l’OCDE, le suivi est un processus continu de collecte systématique d’informations, selon des indicateurs
choisis, pour fournir aux gestionnaire et aux parties prenantes d’une action de développement, en cours, des
éléments sur les progrès réalisés, les objectifs atteints et l’utilisation des fonds alloués. Verrière V. (2002) à
son tour a décrit le suivi comme étant un processus continu de collecte et de traitement d’informations, c’est
une activité interne à l’exécution d’une action, le suivi est une démarche de gestion et de connaissance
approfondie, évolutive et critique de l’action en cours de réalisation. Autrement exprimé par la FIDA(2003)
que le suivi est une collecte et analyse régulière d’informations dans le but de faciliter en temps utile la prise
de décision, d’assurer la transparence et de servir de base à l’évaluation et à la capitalisation de l’expérience.
C’est une fonction permanente qui recourt à la collecte méthodique de donnée afin de fournir aux
responsables et acteurs à la base d’un projet en cours de mis en œuvre des informations sur l’état
d’avancement et la progression vers les objectifs retenus.
D’après les définitions citées concernant le suivi, on constate que la collecte, le traitement et l’analyse
continus de l’information sont des étapes essentielles qui font partie du processus de suivi, celui-ci constitue
une démarche de gestion et de connaissance approfondie évolutive et critique d’une action , en cours de
réalisation . D’autant que le suivi permet aux gestionnaires la prise de décision et la transparence, et leur
fournit des éléments et des indicateurs sur l’état d’avancement et la progression vers les objectifs atteints.
Donc on ne peut que déduire qu’un suivi est un système de comparaison des résultats obtenus aux
performances attendues sur une base d’une collecte et analyse régulière d’informations.
1.2 L’évaluation
Une amélioration des aptitudes des projets et des activités nécessite plus particulièrement une évaluation
puisqu’elle constitue un outil performant et un levier stratégique menant à une bonne planification au futur.
A cet effet la banque mondiale définit l’évaluation comme une mesure, aussi systématique et objective que
possible, des résultats, d’un projet, d’un programme ou d’une politique, en vue de déterminer sa pertinence,
et sa cohérence de sa mise en œuvre, son efficacité et son impact ainsi que la pérennité des effets obtenus.
De même ; la FIDA(2002) considère que l’évaluation apporte une vue d’ensemble d’un projet ou d’un
programme dans le but d’en juger la pertinence et de tirer des leçons qui permettront d’améliorer les
opérations futures. Elle vise à déterminer l’efficience, l’efficacité, l’impact, la durabilité et la pertinence des
objectifs du projet. Or, du point de vue de Neud D.(2001), « évaluer, c’est apprécier la qualité pour faciliterla
décision », et du point de vue de Bonnal, S.D. l évaluation est une appréciation globale du projet en fonction
de sa conception, de sa mise en œuvre et des résultats obtenus. L’évaluation peut être faite en cours de projet,
à sa fin ou à sa suite. Les conclusions et recommandations sont prises en compte dans la planification et la
réalisation de projets comparables dans le futur.
On retient de ces définitions que l’évaluation est une appréciation globale de la qualité des résultats, d’un
projet, d’un programme ou d’une politique, à partir d’une mesure systémique et objective qui permet de
déterminer un ensemble de critère d’évaluation, représentatives successivement dans ; la pertinence ; la
cohérence ; l’efficience ; l’efficacité ; l’impact et la pérennité. Ces critères donnent lieu à des conclusions et
recommandations aux gestionnaires afin de mieux planifier, décider et réaliser des projets comparables dans
le futur.
345
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
1.3 Suivi-évaluation
Un projet ne peut assurer sa durabilité que si le suivi et l’évaluation sont mises en place parce que, ces deux
concepts se complètent pour recueillir des informations utiles permettant de diagnostiquer le projet pour en
faire sortir des leçons qui identifient ses points forts et ses points faibles. Il est donc nécessaire à signaler que
cette complémentarité de ces deux notions « suivi » et « évaluation » mène les praticiens à les combiner en
un seul terme nommé « suivi-évaluation » est considéré comme étant un système qui est définit par la FIDA
(2002), comme « l’ensemble des processus de planification, de collecte et de synthèse de l’information, de
réflexion et de présentation de rapports, indiquant les moyens et compétences nécessaires pour que les
résultats du suivi-évaluation apportent une contribution utile à la prise de décisions et à la capitalisation dans
le cadre d’un projet ». Pour (Bucci et Hadjaj-Castro, 2010), le suivi-évaluation est un processus qui permet
d’obtenir l’information nécessaire sur l’avancement du projet et ainsi, à terme, de prendre décisions éclairées
quant à sa continuation. L’information recueillie doit renseigner sur l’efficacité (l’atteinte des résultats) et
l’efficience du projet (utilisation optimale des ressources). Elle permet également d’identifier d’éventuels
dysfonctionnements et d’apporter des mesures correctrices ainsi que de capitaliser sur l’expérience pour
l’élaboration de projets futurs. On entend par suivi-évaluation par Kuset et Rist, 2004, comme étant des
notions distinctes, mais complémentaires. Le suivi est une description alors que l’évaluation concerne les
liens de cause à effet. Le suivi permet de donner un état des lieux sur l’avancement d’un projet à un moment
donné, en lien avec les objectifs fixés et les résultats attendus. Il s’agit d’une activité réalisée en continu lors
de la phase de mise en œuvre. L’évaluation quant à elle, tente plutôt de déterminer pourquoi les objectifs et
les résultats ont ou n’ont pas été atteints.
Grosso modo, le protocole « suivi-évaluation » peut être interprété par la nature de la complémentarité des
deux concepts combinés et qui font appel à un ensemble de processus, allant de l’obtention des informations
régulières et nécessaires qui décrivent l’avancement et le déroulement du projet, passant par une
comparaison des objectifs fixés au préalable et les résultats retenus et finissant par une critique des
dysfonctionnements afin de prendre des décisions éclairées et d’apporter des mesures correctrices.
2- Problématique et méthodologie de recherche
Le cadre logique est conçu l’un des véritables outils de suivi-évaluation des projets de développement
comme le présente cet article, qui aborde un des catalyseurs des projets de développement au Maroc dans le
cadre du développement humain ; c’est l’initiative nationale pour le développement humain(INDH), qui a
pour objectif primordial ; la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale dans le milieu urbain
et rural, à travers plusieurs actions, parmi celles-là ; l’amélioration des conditions d’accès aux services et
infrastructures de base et le soutien aux activités génératrices de revenus stables et d’emplois(AGR). Cette
AGR constitue le centre d’intérêt de notre recherche et elle est définie comme étant une activité qui consiste
à produire des biens ou des services et/ou à transformer des produits en vue de les vendre, cette dernière
bénéficie aux catégories cible de l’INDH par l’amélioration de son revenu, soit directement soit à travers un
porteur de projet.
A cette égard, l’article présente comme problématique ; la réalisation du suivi-évaluation des AGR qui sont
soutenues par l’INDH, tant qu’elles sont un moyen d’autonomisation des populations défavorisées et de leur
insertion socioprofessionnelle dans le tissu économique. Le système suivi-évaluation des AGR permet non
seulement de mesurer le degré de développement humain des groupes et des espaces cibles, mais aussi le
développement économique, social, culturel et durable. Cette évaluation s’avère nécessaire pour assurer la
promotion et la pérennité de ces AGR à l’aide des indicateurs de performance, sachant qu’elles fréquentent
plusieurs entraves dues généralement à plusieurs dysfonctionnements.
Pour effectuer cette recherche, on a opté pour une approche qualitative en menant une étude exploratoire et
explicative tout en reposant sur le guide entretien comme instrument de collecte de données à l’aide du cadre
logique. Pour cela on a cerné l’étude en choisissant comme population cible celle de la préfecture Agadir
Ida-outanane et plus particulièrement 5 porteurs de projets qui exercent des activités différentes, relatives à
346
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
menacent la promotion des AGR, il faut signaler que ces dernières souffrent en silence de deuxprincipales
difficultés, la première et celle d’approvisionnement auprès des fournisseurs qui sous- estiment les AGR
parce qu’elles sont de petites tailles, et ils leurs présentent des produits et des matières premières de
mauvaise qualité. Ainsi qu’une deuxième difficulté liée à la commercialisation des produits et services sur le
marché.
4. Les recommandations
Compte tenu des résultats obtenus dans ce travail de recherche effectué concernant le suivi-évaluation des
AGR soutenues par l’INDH dans la préfecture Agadir Ida-outanane, il est utile de déduire quelques
recommandations soit pour les AGR ou pour l’INDH :
4.1 Les recommandations pour les AGR
Les AGR ne doivent pas se limiter du financement de l’INDH, mais il faut rechercher d’autres ressources
pour développer et assurer leur pérennité en s’adressant aux institutions de microcrédits, aux structures
nationales ou étrangères. D’autre part, il est préférable que les AGR spécialisées dans le même domaine
qu’elles se réunissent pour constituer un point de force, apte à faciliter l’opération d’approvisionnement dans
des bonnes conditions. Au niveau commercial, les AGR doivent développer les techniques de
commercialisation en cherchant à participer au maximum dans les expositions régionales et nationales,
simultanément, la mise en place d’une communication commerciale performante est nécessaire, du fait que
son rôle parait efficace pour aboutir à une notoriété satisfaisante si les porteurs de projets arrivent à bien
communiquer leurs produits et services au public. Cette opération facilite la technique de prospection des
clients et fait objet d’une augmentation du chiffre d’affaires et une confrontation à l’intensité de la
concurrence. D’un autre angle, le niveau scolaire des porteurs de projets est limité, en effet, il est
indispensable de planifier des formations continues pour renforcer leurs acquis et apprendre d’autres en
matière du management, gestion, comptabilité et marketing. Du même, il faut procéder à des compagnes de
sensibilisation dans le monde rural et lutter contre l’analphabétisme. Finalement les porteurs de projets des
AGR se posent la question s’ils sont exonérés de la TVA, alors qu’en réalité ne sont pas exonérés. La on
remarque que les gestionnaires n’ont pas assez de connaissances en matière juridique, parce qu’ils peuvent
récupérer la TVA auprès de l’Etat ultérieurement tout en suivant des convenables procédures juridiques.
4.2 Les recommandations pour l’INDH
Il est à signaler que la comptabilité constitue un frein pour certains porteurs de projets, il vaut mieux les
accompagner par l’INDH, soit par l’organisation des formations assez suffisantes qui leur permettent de bien
tenir les opérations comptables, ou les accompagner jusqu’au bout d’avoir suffisamment de moyens pour
s’adresser aux fiduciaires. Dans le même sens, les porteurs de projets proposent que le rôle de l’INDH ne
doive pas se limiter au financement mais il faut créer des cellules spécialisées dans le conseil, le soutien,
l’orientation, et le suivi pour la présentation des suggestionsaux AGR et pour assurer l’accompagnement sur
terrain. autrement dit, les porteurs de projets perçoivent les procédures administratives comme étant
compliquées et fatigantes et souhaitent que l’’INDH remet en compte ceux-ci en simplifiant et en
éclaircissant toutes les démarches. Au niveau technique illustré dans l’augmentation des charges, les porteurs
de projets se trouvent incapables de justifier certaines dépenses causant un écart entre le budget prévu pour le
projet et celui de la réalisation, en effet, l’INDH doit prendre en considération cette anomalie en mettant à la
disposition des gestionnaires des astuces et méthodes pour en faire. En fin, on souhaite que l’INDH alloue
beaucoup d’efforts pour encourager les jeunes à bénéficier de l’initiative pour contribuer à la diminution du
taux de chômage et l’exclusion sociale.
Conclusion
A travers ce travail, on a tenté de répondre à un besoin de suivi évaluation des AGR soutenues par l’INDH
afin de répondre aux besoins des porteurs de projets qui pataugent entre des difficultés qui freinent ou
entravent leurs avancement, et des forces et opportunités qui les encouragent à se développer et à déployer
348
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
349
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
350
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
cette approche nous a permis de fournir une indication de valeur sur les différentes populations cibles en
situation de création des AGRs. Elle peut constituer le point de départ d’analyse plus approfondies de type
qualitatif sur le vécu des porteurs de projets concernés et sur leurs besoins. Elle peu également se révéler
utile dans le cadre d’une comparaison entre province de la région.
- Approche qualitative : pour ce qui est l’approche qualitative, il s’agit de répertorier les dimensions
qui ne sont pas quantifiables (résultats obtenus, points forts, points faible..) par l’utilisation de la statistique
textuelle qui consiste à transformer les indicateurs qualitatives en indicateurs mesurables quantitativement.
- Outils de l’approche méthodologique :
o Ateliers de discussion et concertation : pour la collecte des informations d’ordre quantitatives et
participative, des ateliers ont été tenues en présences de tous les concernés (porteurs de projets,
bénéficiers, acteurs locaux) par les projets en relation avec l’étude.
o Le questionnaire : dans notre étude on à opté pour la méthode du face à face pour remplir les
questionnaires, dans l’objectif de la rapidité et de susciter la confiance des personnes enquêtés.
2- Problématique de l’étude :
La présente étude, consacré au rôle de l’INDH dans la promotion de l’économie sociale solidaire dans la
région Souss Massa, prolonge et affine la réflexion et les propositions autour des activités génératrices de
revenus. Il fait le point et apporte des éclairages et un regard croisé sur la trajectoire de l’INDH et les projets
AGR, au cours de la décennie 2005-2015, à travers un double questionnement :
Qu’est ce que l’INDH? Quelle sont ces programmes et leurs objectifs ?
Quel est l’apport de l’INDH concernant les AGR en relation avec l’économie social et solidaire ?
Pour cela, elle s’appuie sur les résultats de la mobilisation et de l’analyse des données fournies par les
divisions des affaires sociales des provinces et préfecture de la région, ainsi que les études et les statistiques
de la Coordination Nationale de l’INDH. Il s’agit en particulier de l’étude d’évaluation de l’impact de
l’INDH sur les conditions socioéconomiques des populations des zones ciblées par l’Initiative ; et de celle
relative à la pérennité des projets INDH des points de vue fonctionnel, économique et environnemental.
3- Description et présentation de l’INDH :
3-1 Enjeux et fondements
Certes, l’objectif majeur et prioritaire de l’INDH est de lutter contre la pauvreté, l’exclusion et la précarité
alors que fondamentalement et à plus long terme, l’objectif est de contribuer à l’amélioration des indices de
développement humain du pays.
Elle procède d'une vision d'ensemble autour de valeurs :
de la dignité de tous et de chacun
d’un esprit d'écoute et de confiance en l'avenir
de la participation des bénéficiaires et des acteurs de développement local, en synergie et en
partenariat
d’une action ciblée, efficace, contractualisée, transparente, évaluée, appelée à devenir une référence
de bonne gouvernance
d’actions de longue haleine inscrites dans la durée et la pérennité.
3-2 Analyse globale des programmes de l’INDH :
Cette phase « répond très explicitement à quatre objectifs : la lutte contre l’exclusion en milieu urbain, la
lutte contre la pauvreté en milieu rural, la lutte contre la précarité et la transversalité » (Henri-Louis Vedie,
MAROC émergence et développement global, Edition ESKA, 2014 page 200).
351
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
352
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
faut créer des capacités supplémentaires d’accueil, il faut assurer une prévention efficace et conforter les
acteurs et les associations intervenant dans le domaine des services aux personnes vulnérables », (Henri-
Louis Vedie, MAROC émergence et développement global, page 200)
Le programme cible 10 catégories de personnes en situation de précarité :
• Femmes en situation de grande précarité
• Jeunes sans abri et enfants de rue
• Ex-détenus sans ressources
• Enfants abandonnés
• Personnes âgées démunies
• Malades mentaux sans abri
• Mendiants et vagabonds
• Malades sidéens sans ressources
• Toxicomanes sans ressources
• Personnes handicapées sans ressources
Au niveau de la région Souss Massa, et dans le cadre de ce programme entre 2005 et 2015, ce sont 314
projets Qui ont été initiés, mobilisant 378 935 652,72 dhs, répartis à hauteur de 259 342 626,72 Dhs pour
l’INDH et à hauteur de 140 864 871,94 Pour les partenaires. Ce qui donne un effets de levier de plus 82% de
ces projets, ont été dans la domaine de construction, de l’équipement et de mise à niveau des centres
d’accueil et de protection sociale.
3-2-4 Programme « transversal » :
Ce programme, dont l’objectif était, et demeure, l’encouragement des initiatives et la créativité au niveau
local, à initié dans de la région Souss Massa entre 2005 et 2015, plus de 2851 Projets, retenus par 06 comités
provinciaux de développement humain (CPDH). Ces projets en nécessité un investissement de 1 927 880
960,84 dhs. On distinguera deux axes dans ce programme : un axe d’accompagnement et un axe activités
génératrices de revenus.
Axe : Accompagnement
S’identifie aux actions types suivantes : Soutenir des actions à fort impact sur le développement humain au
niveau de l'ensemble des communes rurales et urbaines non ciblées par les précédents programmes. Les
second objectif celui de permettre à l’ensemble des provinces et préfectures, à travers la procédure d’appels à
projets, de s’inscrire dans la dynamique de l’INDH.
Axe: Activités Génératrices de Revenus
Privilégie l’insertion des populations pauvres et vulnérables dans le tissu économiques et social du pays,
abstraction faite du ciblage territorial. A ces fins, cet axe entend aussi contribuer à la promotion et à la
valorisation des produits du terroir. Ce programme cible plus particulièrement, parmi les couches sociales les
plus défavorisées, les porteurs de projets qui s’inscrivent dans cette logique d’insertion et de valorisation des
métiers de l’artisanat, de pêche, et de l’agriculture.
L’enveloppe budgétaire de réalisation entre 2005 et 20018 concernant les AGR au niveau national est 1,7
milliard de dirhams comprend 5 553 projets au profit de 83 295 bénéficiaires, au niveau de la région Souss
Massa ont trouve 730 projet pour un montant total de 197 million de dirhams.
L’impact des AGR peut être aussi apprécié à travers leur contribution dans :
- L’insertion économique et sociale des populations pauvres et vulnérables, notamment la femme
rurale.
- La valorisation des ressources spécifiques aux territoires et promotion de leur développement.
- Le développement de l’esprit de l’entreprenariat individuel et collectif et de l’autonomisation de la
population, des femmes et des jeunes en particulier.
- La lutte contre l’exode rural.
- La création d’une dynamique associative et le renforcement des capacités des porteurs de projets.
3-2-5Programme « mise à niveau territoriale » :
353
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Ce programme n’existe pas dans la première phase entre 2005 et 2011, ces objectifs sont, subvenir aux
besoins des populations de certaines zones montagneuses ou enclavées, ensuite réduire les disparités en
matière d’accès aux infrastructures de base, équipements et services de proximité. Enfin renforcer la
convergence des actions sectorielles, en concertation avec les acteurs de développement local et en
coordination avec les CPDH, présidés par les Walis et Gouverneurs
Le programme cible compte 1 million de bénéficiaires vivant dans 3.300 douars relevant de 503 communes
rurales sises dans 22 provinces montagneuses ou enclavées.
3-3 Gouvernance : Une planification ascendante
Grâce à l’INDH, l’Etat a pu assurer une grande mobilisation de tous les acteurs en charge du développement,
permettant ainsi, la participation des citoyens défavorisés et leur inclusion dans les circuits de prise de
décision tant dans le choix des projets que lors de leur exécution.
Ainsi, la mise en oeuvre de l’INDH s’apprécie aussi, en terme d’introduction d’une gouvernance qui :
fait intervenir un ensemble complexe d’acteurs et d’institutions qui n’appartiennent pas tous à la
sphère du gouvernement ;
traduit une interdépendance entre les pouvoirs et les institutions associées à l’action collective ;
inclue sur le plan institutionnel, des réseaux d’acteurs autonomes, associatifs et coopératifs partant
du principe que le développement est une action collective et conjointe.
A cet effet, le design organisationnel comporte un niveau territorial et un niveau central:
Pour le niveau central, il a été institué un Comité Stratégique présidé par le Chef du Gouvernement
et un Comité de Pilotage présidé par le Ministre de l’Intérieur.
La normalisation, l’accompagnement et le suivi de la mise en oeuvre territoriale de l’INDH sont confiés à la
Coordination Nationale de l’INDH, administration de mission, placée auprès du Ministère de l’Intérieur.
Au niveau territorial, des organes à composition tripartite réunissant les élus, les associations et
l’administration ont été mis en place. Ces organes, constitués de comités locaux, provinciaux et régionaux
(CLDH, CPDH et CRDH), ont mobilisé 12 880 acteurs.
En outre, des équipes d’appui ont été instituées autour de ces organes à savoir, les Divisions de l’Action
Sociale et les Equipes d’Animation des Communes et des Quartiers.
4- Facteurs de réussite des AGR
4-1 Facteurs liés aux modalités d’intervention.
4-1-1 Méthodologie d’identification des projets
La méthodologie globale d'émergence et d'intervention au profit des AGR, définie a travers du Manuel de
Procédures AGR, offre un support simple et clairement défini, propice à l'initiation d'AGR.
La liste des projets non éligibles aux AGR est clairement définie dans le Manuel de Procédures.
La démarche progressive d'identification et d'initiation de projets via les EAC/EAQ, CLDH et CPDH assure
la transparence de la demande d'AGR par rapport à la philosophie de l'action et à la stricte observation des
critères d'éligibilité.
La double démarche d'initiation de projets par l'élaboration d'ILDH (rural) et d'appels à projets (transversal)
offre une information et une incitation maximale au niveau de la Province pour les bénéficiaires directs et les
porteurs de projets potentiels.
La représentativité des organes de gouvernance provincial/préfectoral(CPDH) et local (CLDH) accroît si
besoin la transparence dans la sélection des projets à financer, à travers les comités tripartites (représentants
des collectivités locales (élus), représentants des services déconcentrés (administration), représentants de la
société civile (associations, ONGs, secteur privé, ...).
354
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
La présence d'EAC au niveau de communes parmi les plus pauvres (403) aide à l'identification et àla
formulation de projets AGR à partir de diagnostics participatifs et/ou semi-dirigés, parmi une population très
souvent peu ou pas alphabétisée, et probablement peu informée sur les opportunités de création d'activités
rémunératrices qui peuvent lui être offert par l'action de l'INDH.
4-1-2 Critères et modalités de sélection des projets
L'éventail des secteurs d'activité éligibles en tant qu'AGR, et énoncé dans le Manuel de Procédures AGR,
offre une vision élargie des possibilités de projets tant dans les secteurs primaires que secondaires, sachant
que cette liste d'activités peut être amendée par le porteur de projet sous réserve que l'activité soit conforme
aux critères d'éligibilité de l'AGR.
4-1-3 Modalités de mise en œuvre
L'exigence d'un apport financier par les bénéficiaires entre dans une démarche d'appropriation du projet par
ces derniers et évite un concept d'assistanat que peut générer la gratuité.
Les modalités de mise en œuvre sont ordonnées suivant un processus de suivi-évaluation apte à fournir les
garanties nécessaires au bon emploi des fonds attribués et à apporter si nécessaire l'appui à la réalisation dans
les meilleures conditions.
L'existence d'indicateurs spécifiques et un processus de monitoring mis en place dès le début de la mise en
œuvre, offre un cadre d'évaluation de bonne marche de la mise en œuvre mais aussi une capacité à ajuster la
démarche de mise en œuvre aux contraintes rencontrées.
4-2 Les facteurs liés à l’environnement
Au travers des programmes "Transversal", l'INDH propose aux communautés locales une opportunité
d'amélioration de l’accès aux services et infrastructures de base (éducation, santé, culte, route, eau et
assainissement, protection de l’environnement, etc...).
La mise en convergence et en cohérence des programmes sectoriels de l'État et des collectivités locales, mise
en place sur des bases de partenariat s’appuie sur une démarche déconcentrée et doit assurer une
transparence dans l'éligibilité des actions financée par l'INDH excluant un double financement pour une
même actions (programmes sectoriels/INDH).
L'action de l'INDH offre des possibilités de synergie intra projets, et par conséquent de plus grande
efficience de réalisation et/ou de mise en œuvre, entre les institutions publiques, les communautés locales et
les collectivités professionnelles ou associatives.
4-3 Les facteurs liés au financement :
4-3-1 Types et montant des financements :
Le Manuel de procédures INDH définit clairement la finalité des actions " L’INDH appuie les petits projets
de développement..". La fixation d'un montant maximal de 250.000 DH pour les projets présentés en fixe les
limites.
Ce précédent exclu de fait les projets de grande envergure (sans en interdire pour autant une participation
particulière de l'INDH à hauteur du montant pré cité), la part de financement par l'INDH étant plafonnée à
175 000 DH. A titre indicatif, un tel montant peut permettre l'achat d'environ 150 ruches, 120 brebis ou 60
métiers à tisser.
Ce montant offre à des collectivités professionnelles ou associatives le départ d'une activité soit de création
de revenus ou d'amélioration des revenus existants.
Il permet aussi la constitution dans les normes d'infrastructures nécessaires à une AGR en apportant l'élément
complémentaire indispensable à sa mise en oeuvre (chambre froide, matériel ad hoc, environnement
sanitaire).
355
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
4-3-2 Conditionnalités :
Le porteur du projet, et par effet les bénéficiaires, doit pouvoir assurer le financement du projet à hauteur de
30% (apport personnel _ 10% et crédit _ 20%) du montant total mentionné sur la fiche de projet ou l'ILDH.
Cette démarche, comme indiquée précédemment implique les bénéficiaires dès la demande de financement
dans un concept d'appropriation du projet (et/ou de ses items), en évitant le principe de gratuité pouvant
induire un concept d'assistanat.
4-3-3 Partenariats
De par les institutions de référence au niveau régional (CRDH), provincial (CPDH) et local (CLDH), l'INDH
« intègre dans son processus d'identification et d'acceptation des AGR, un partenariat à part égale avec des
élus, des représentants des services déconcentrés et des représentants de la société civile » (Landell Mills
Ltd, Etude sur la dynamisation du tissu économique en milieu rural – MAROC, 2011, page 43).
4-3-4 Mécanismes de suivi et de contrôle de l’utilisation des fonds
Le canevas de suivi de l'état d'avancement du projet assure un retour sur l'avancement du projet et le
décaissement suivant l'échéancier prévu.
L'état d'avancement par rubrique donne une vision rapide de l'état de réalisation des différentes composantes
du projet à réaliser par rapport aux engagements pris lors de la signature de la convention (Études, Travaux,
Équipements, Formations)
4-4 Les facteurs liés aux bénéficiaires
4-4-1 Organisation
Le projet devant émaner d'une entité formelle (Coopérative, Associations de bénéficiaires directs ou
intermédiaire, Société de personnes ou GIE), il peut être un facteur d'économie d'échelle s'il offre à chacun
mais collectivement un outil performant, ou d'approche de marchés commerciaux peu atteignables
individuellement.
4-4-2 Compétences
Dans son chapitre 3 du Manuel de Procédures sont clairement explicitées les mesures d'accompagnement et
de formation, nécessaires et possibles. « L’appui et le renforcement des capacités se concrétisent sous deux
formes:
- un dispositif d’encadrement de proximité chargé de la prospection et de l’accompagnement du
processus d'élaboration et de réalisation des projets AGR ;
- un processus de formation et de développement de compétences des porteurs des projets. »
L'approche des projets par les EAC, à travers le diagnostic participatif et la préparation de proposition
de projet, offre au niveau des communes une capacité de réflexion pour les bénéficiaires (non
alphabétisés pour partie). Cette démarche est une opportunité d'accroître leurs compétences pour
l'initiation de nouveaux projets.
4-4-3 genre
Dans son énoncé le Manuel de Procédures précise "Le projet doit bénéficier de façon très claire à des
personnes qui souffrent de pauvreté et d’exclusion et/ou qui vivent dans une grande précarité identifiées dans
la carte de précarité et qui retireront des bénéfices quantifiables de la mise en œuvre de l’AGR proposée."
Par ces termes l'éligibilité au AGR est accordée à tous quel que soit le sexe (femme, enfant, jeune femme,
jeune homme, homme) et/ou le handicap éventuel.
Le Manuel ne fait en aucun cas mention de ratio d'attribution des AGR relatif ces populations. D'autre part le
fait que « les AGR concernent tous les secteurs d’activité (primaire, secondaire et tertiaire). La détermination
des secteurs des projets se fera localement selon les activités courantes du site d’intervention, ses
356
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
potentialités naturelles, culturelles, économiques, écologiques… », offre à tous quel qu'en soit le genre, le
handicap ou la situation géographique de bénéficier d'un financement de projet AGR dans le cadre de
l'INDH.
5- Etude de cas « Programme d’appui au développement de la filière d’Apiculture dans la préfecture
Agadir Ida Outanane- INDH/ADS » :
5-1 Description du programme
5-1-1 But
Les apiculteurs et apicultrices sont capables de gérer leurs coopératives, rendre plus performants leurs
procédés de production et de valorisation, et constituer une force de placement sur le marché des produits du
miel.
Objectifs spécifiques
• Appuyer l’organisation professionnelle des apiculteurs ;
• Développer les performances techniques et managériales des coopératives ;
• Améliorer la productivité des coopératives apicoles;
• Diversifier et valoriser les produits de la ruche;
• Appuyer la commercialisation et la labellisation du miel ;
• Encourager la promotion des femmes rurales apicultrices via leur adhésion aux coopératives.
5-1-2 Résultats attendus
• La filière apicole est bien structurée;
• Les performances des coopératives apicoles en termes d’organisation, gestion, production et
commercialisation sont améliorées ;
• Les techniques modernes de production sont appliquées;
• Les produits des ruches sont diversifiés et valorisés;
• Les produits des coopératives sont certifiées, labellisés et écoulés dans les marchés à des prix
attractifs ;
• Les femmes apicultrices sont encouragées à adhérer aux coopératives.
5-1-3 Axes d’intervention
Le programme d’appui au développement de la filière d’apiculture dans la préfecture d’Agadir Ida
Outanane, vise la promotion de l’emploi au profit des populations défavorisées et exclues et la création des
richesses. Il s’articule autour de 4 axes:
• Organisation des producteurs et des productrices,
• Amélioration de la production,
• Valorisation des produits de la filière,
• Appui à la commercialisation.
5-2 Durée et Zone d’intervention
5-2-1 Durée d'exécution du programme
Le programme d’appui au développement de la filière d’apiculture s’étalera sur trois ans prévisionnels à
compter de la date de signature de la convention.
5-2-2 Zone d’intervention
L’étendue géographique de ce programme est la préfecture d’Agadir Ida-Outanane.
5-3 Financement et Budget
Le budget global du programme est de 2 400 000,00 dirhams répartis comme suit :
357
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Conclusion :
La mise en œuvre de l’INDH privilégiant l'approche contractuelle et partenariale avec l’ensemble des acteurs
impliqués dans le développement humain, a permis la mobilisation et la dynamisation des différentes franges
actives de la société, les associations et coopératives, les collectivités territoriales, les services déconcentrés
de l’Etat et le secteur privé.
358
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
La pérennité des projets AGR de l’INDH pourrait être renforcée à la faveur de la mise en place d’une série
d’actions. Il s’agit de :
Le renforcement des capacités managériales des associations et coopératives porteuses des projets.
La nécessite de l’accompagnement de proximité à l’insertion socio-économique.
Bibliographie :
Landell Mills Ltd, Etude sur la dynamisation du tissu économique en milieu rural – MAROC, 2011
Le programme Appui à l’Initiative Nationale de Développement Humain de l’Union Européenne pour le
Royaume du Maroc, Rabat, 2007.
Henri-Louis Vedie, MAROC émergence et développement global, édition ESKA, Paris, 2014.
Rapport général sur le développement humain, « 50 ans de développement humain et perspectives 2025 »,
cinquantenaire de l’indépendance du royaume du Maroc, Rabat, 2006
Royaume du Maroc, Initiative Nationale pour le Développement Humain, «Programme de lutte contre
l’exclusion sociale en milieu urbain », Août 2005.
359
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
360
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
361
Colloque international - Commerce Equitable et Développemnt Durable
Mots Clés :
Coopératives, commerce équitable, équipes-métiers, associations, zones montagneuses
362