Les Confessions
Les Confessions
Les Confessions
: Les personnages
1. Les personnages principaux
Bien que lié à son époque, ce personnage reste proche de nous et semble appartenir à
une littérature contemporaine qui mêle introspection et psychanalyse. Au travers de ces six livres,
la plupart de ces traits de caractère nous apparaît et ce d’autant que dès le préambule, il avait prévu
de tout dire, le bon comme le mauvais. Cependant, son comportement est parfois difficile à saisir et
mérite d’être légitimé. De plus, il apparaît comme un être complexe et inconstant : son caractère
« flottant entre la faiblesse et le courage, entre la mollesse et la vertu, [le met] jusqu’au bout en
contradiction avec lui-même » (p. 58). C’est même un intérêt majeur de la lecture des Confessions : la
découverte des multiples facettes de sa personnalités ; ce personnage dont les bizarreries et les
folies semblent surprenantes reste singulièrement proche de son lecteur.
Le portrait du personnage de Jean-Jacques nous est peint avec précision : il débute à l’enfance,
détaille sa sexualité et ses travers, dévoile ses fautes morales, ses faiblesses, ses échecs
sentimentaux ou sociaux, ses ridicules. Rousseau n’a pas dressé le portait d’un héros qu’il faudrait
admirer pour son caractère exemplaire et parfait mais a essayé de faire « le seul portrait d’homme
peint exactement d’après nature et dans toute sa vérité » (p. 32) ; soit ce que l’on peut considérer, à
l’instar de l’auteur, comme un ouvrage qui « peut servir de première pièce de comparaison pour
l’étude des hommes » (ibid.) . Pour ce faire, il a saisit ce qui constitue l’essence même de
l’humanité soit sa médiocrité dans le sens premier du terme qui est un mélange de grandeur et de
petitesse. C’est en insistant sur les deux extrêmes et surtout sur les bassesses ainsi qu’en disant
l’insignifiant que Rousseau a rendu les menus faits de sa vie dignes d’intérêt. L’originalité de ce
discours sur soi fait de l’auteur des Confessions un contemporain auquel on s’attache puisque le
lecteur y découvre un enfant qui devient progressivement adulte sous ses yeux.
Sa mère, Suzanne Bernard, citoyenne et fille du ministre Bernard, meurt en accouchant de Jean-
Jacques le 28 juin 1712. On sait peu de choses sur cette femme ; Isaac Rousseau, le père de Jean-
Jacques, la rencontre à 8 ans mais n’étant pas de la même condition sociale il ne peut se marier avec
elle. Il part en voyage et à son retour, est toujours amoureux d’elle. Le frère de Suzanne, Gabriel
Bernard épouse une des sœurs d’Isaac et permet le mariage de Suzanne et d’Isaac, citoyen horloger
de Genève. Ils auront un premier fils plus âgé que Jean-Jacques de 7 ans qui étudie la même
profession que leur père ; négligé à la naissance de Jean-Jacques, il se sauve et ne donne plus de
nouvelles. Isaac, après une querelle avec le capitaine de France, M. Gautier, doit s’exiler de Genève
en 1722. Jean-Jacques reste alors sous la tutelle de son oncle maternel, Gabriel Bernard, qui a un fils
du même âge, Abraham.
Les Bernard
Ils veillent sur Rousseau et l’entourent de soin tout en le laissant très libre. Ils ne bénéficient pas d’un
portrait exhaustif puisque Jean-Jacques sera mis en pension chez les Lambercier avec son cousin. Il
s’attache particulièrement à son cousin duquel il va être inséparable pendant près de cinq ans lors
de leur séjour à Bossey.
Les Lambercier
M. Lambercier, pasteur et ministre, apparaît comme un bon professeur qui leur fait mener une vie
champêtre et innocente à l’abri de toute sévérité.
Sa sœur leur enseigne le catéchisme et a pour les enfants l’affection et l’autorité d’une figure
maternelle. Rousseau l’aime beaucoup et s’afflige des réprimandes qu’elle pouvait lui faire par peur
de la chagriner. Elle lui fera connaître son premier émoi physique lors de l’épisode de la fessée.
Les deux premiers amours de Jean-Jacques sont des jeunes filles de Nyon, village où s’est établi son
père. Elles correspondent à deux sortes d’amours très distincts et différents de l’amitié : un
amour sensuel avec Melle Gothon et spirituel avec Melle de Vulson.
Figure du tyran par excellence, il contraint Jean-Jacques aux privations et donc aux tentations, à
l’envie, au mensonge, au vol.
Mme de Warens
Elle a treize ans de plus que Jean-Jacques Rousseau et apparaît dans le récit comme une héroïne
attentive et généreuse d’un roman d’amour et d’amitié. Elle a le rôle d’une protectrice
bienfaisante, joue le rôle de la mère pour Rousseau (orphelin de mère de naissance) et lui offre la
tendresse et la stabilité qui lui font défaut. Son rôle est plus ambigu quand elle décide de l’initier
elle-même a la sexualité. Si Jean-Jacques se détourne d’elle par moments, il revient inexorablement
vers le personnage féminin qui a marqué le plus sa personnalité. Quand Jean-Jacques se rend compte
(livre VI), après avoir tout quitté pour retrouver son ancien bonheur, qu’il est définitivement lié au
passé après un bref entretien auprès de Mme de Warens, il la quitte définitivement mais dressera
quelques années plus tard un portrait empreint d’une tendresse inextinguible.
2. Les rencontres
D’innombrables personnages traversent la vie de Jean-Jacques, ce célèbre solitaire, durant ces six
premiers livres. Sans pouvoir en dresser un portrait physique ou moral précis, il est utile de
remarquer que chacun à sa manière et en fonction des circonstances de rencontres influe sur la
formation de sa personnalité et sur sa destinée. C’est en ce sens que l’on a pu parler
des Confessions comme d’un roman d’apprentissage ou de formation ou encore un roman
picaresque puisque le héros, soumis à la fortune, croise la route de nombreux personnages. La
succession de rencontres sans lendemain fait de Jean-Jacques un héros proche du picaro à
l’itinéraire chaotique et cette impression est encore accentuée par le découpage des livres.
Mme Basile
En quittant l’hospice où il vient de se faire baptiser, il rencontre une jeune femme qui lui fait conter
son histoire et lui donne du travail. Il s’éprend d’elle et se jette à ses pieds (p. 126-127) et « rien […]
ne vaut les deux minutes que j’ai passées à ses pieds sans même oser toucher à sa robe. » (p. 128).
D’un caractère proche de celui de Mme de Warens, elle aurait pu jouer le même rôle qu’elle dans la
formation de Rousseau si celui-ci n’avait pas été chassé par le mari de Mme Basile sur les conseils
d’un de ses commis qui n’apprécie pas Rousseau, après avoir été présenté à un jacobin, confesseur
de Mme Basile.
Pour subsister, il se fait laquais chez Mme de Vercellis une veuve sans enfant qui le traite bien. Il
commet un acte « atroce » : il ment pour se disculper du vol d’un ruban et accuse, à tort, la jeune
cuisinière nommée Marion. Cette dernière, douce et fraîche, fut congédiée car elle se défendit
simplement « sans la moindre invective à l’égard » de Jean-Jacques. Le remords de ce crime le
poursuit toujours, près de 50 ans après les faits.
M. Gaime
Abbé avec lequel il développe son esprit et a des entretiens passionnants. Il est le modèle du vicaire
savoyard et se prend d’affection pour lui.
Le comte de Gouvon
Jean-Jacques est engagé chez lui comme laquais mais n’occupe pas vraiment ce rôle : il est, de fait,
le secrétaire de son fils qui est abbé après que le comte de Gouvon, qui le respecte, a valorisé son
succès (triomphe public lors d’une interprétation d’une devise latine « Tel fier qui ne tue pas » p.
149). Il lui laisse espérer une belle carrière et ce d’autant qu’il s’éprend de Melle de Breil, la petite-
fille du comte. Cependant, Jean-Jacques fait tout échouer par caprice et par désir de liberté.
Pierre Bâcle
Compagnon de voyage lors de son retour à Genève avec qui Jean-Jacques connaît une amitié de six
semaines.
M. d’Aubonne
Parent de Mme de Warens, il désire former Rousseau et lui faire embrasser la carrière
ecclésiastique mais son jugement est sans appel : après avoir rencontré plusieurs fois Rousseau, il le
trouve « sinon tout à fait inepte, au moins un garçon de peu d’esprit, sans idées, presque sans acquis,
très borné en un mot à tous égards » (p. 170). Sans méchanceté ni sévérité, il conclue que Jean-
Jacques ne peut aspirer qu’à être curé de campagne.
M. Le Maître
Venture de Villeneuve
Jeune parisien qu’admire Rousseau : « J’aimais à le voir, à l’entendre ; tout ce qu’il faisait me
paraissait charmant , tout ce qu’il disait me semblait des oracles [...] » (p. 185). C’est un polisson qui
dévergonde le jeune et candide Jean-Jacques. A Lausanne, sous le nom de Vaussore de Villeneuve,
Jean-Jacques Rousseau joue à imiter Venture, se fait passer pour un musicien de Paris, compose pour
un musicien et se ridiculise.
Après avoir aidé ces deux jeunes filles et leurs montures à traverser la rivière, il est fait prisonnier
d’un dîner. Il redécouvre grâce à ces deux jeunes filles et à la nature environnante, des plaisirs
simples.
Melle du Châtelet
Amie de Mme de Warens, il la rencontre à Lyon ; elle le reçoit si bien qu’il n’ose lui avouer l’état de
ses finances et va dormir dehors. Comme Mme de Merveilleux, elle lui donne des renseignements
sur les voyages effectués par Mme de Warens et lui permet de la retrouver.
M. Rolichon
Rencontré par l’intermédiaire d’un Antonin, M. Rolichon fait confiance à Rousseau et lui confie un
travail de transcription musicale. Rousseau en croyant bien faire, effectue un mauvais travail.
Cependant, M. Rolichon ne se fâche pas et continue de bien le traiter.
Claude Anet
Intendant de Mme de Warens, il est aussi son amant. Rousseau conçoit pour lui des sentiments
quasiment filiaux ; il le respecte, l’estime et devient son élève malgré l’ambiguïté de leur relation
avec Mme de Warens. Cette situation lui sera fatale puisqu’il semble qu’il faille soupçonner que sa
mort soit un suicide causé par la jalousie.
Mme de Larnage
Rencontrée sur le chemin qui le mène à Montpellier où Rousseau, se croyant atteint d’un polype au
cœur, responsable de sa faiblesse physique, part consulter un célèbre médecin, Mme de
Larnage parachève son initiation sexuelle. Et lui fait connaître un bref plaisir parfait. De sa cure, il
correspond régulièrement et amoureusement avec elle mais renonce à l’honorer de sa présence et
se rend directement auprès de Mme de Warens - qu’elle ne supplante donc pas.
Wintzenried
Ce nouvel amant de Mme de Warens est un être grossier et antipathique qui choque Jean-Jacques. Il
n’entretient pas avec lui les relations qu’il avait avec Claude Anet et refuse avec horreur de partager
les faveurs de Mme de Warens avec cet homme. Se sentant isolé, mis à l’écart, il décide de fuir.