Les Conditions de Morcellement Des Terres Agricoles
Les Conditions de Morcellement Des Terres Agricoles
Les Conditions de Morcellement Des Terres Agricoles
Par mohamed brahimi
Le 02/11/2021
Récemment des justiciables et leur avocats ont été surpris de voir leur demande en partage
d’une succession constituée d’une terre agricole rejetée au motif que la loi pose certaines
conditions au morcellement du foncier agricole qui ne sont pas réunies dans le dossier
concerné. Cette jurisprudence désormais constante a été d’autant plus mal comprise par les
avocats que ces juridictions ont débouté les demandeurs en partage alors même qu’un
jugement ayant ordonné un expert pour proposer un projet de partage a été préalablement
rendu.
Il est indéniable qu’une action en justice dont l’objet est le partage entre indivisaires d’une
terre agricole est, contrairement aux autres propriétés foncières, soumise à certaines
conditions pour qu’elle soit fondée. Ce genre d’actions judicaires diffèrent dans ses
conditions de celles tendant par exemple au partagé d’un terrain urbanisé ou
urbanisable .Dans le souci de préserver la vocation agricole des propriétés foncières et
d’assurer la continuité de l’exploitation agricole , l’article 55 de la loi n° 90-25 du l8
novembre 1990 modifiée et complétée portant orientation foncière dispose que les mutations
foncières sur les terres agricoles ne doivent pas porter préjudice à la viabilité de
l’exploitation agricole ni aboutir à un changement de la vocation agricole des terres ni
constituer des exploitations dont la taille peut aller à l’encontre des normes et programmes
d’orientation foncière. L’article 56 de la même loi sanctionne de nullité toute transaction
opérée en violation de cet article 55.Concernant spécifiquement le morcellement des terres
agricoles y compris le morcellement intervenu sur décision de justice, un décret exécutif
définit les conditions et modalité de ce morcellement. Il s’agit du décret exécutif n° 97-490 du
20 décembre 1997.
Dans l’hypothèse où un tribunal est saisi d’une demande en partage d’une terre ou d’une
exploitation agricole en indivision ce qui implique un morcellement, le juge doit
préalablement vérifier si ce partage répond aux prescriptions du décret susmentionné, et dans
le cas contraire la demande est rejetée. En application de décret du 20 décembre 1997, le
morcellement d’une terre agricole suite à un partage ordonné par le tribunal doit respecter les
limites de la superficie de l’exploitation agricole de référence .En vertu de ce décret sont
considérées comme superficies de l’exploitation agricole de référence, les superficies qui sont
définies suivant le tableau suivant :
ZONES MODE DE VARIANTE SYSTEME DE CULTURE SUPERFICIE DE
CONDUITE REFERENCE EN HA
2 Maraichage/arboriculture 4
3 Arboriculture 7
Légumes secs
2 Jachère
Jachères
2 Phoéniculture/intensive 1
2 Arboriculture rustique 11
Au sens de l’article 4 de la loi n° 90-25 du l8 novembre 1990, constitue une terre agricole ou à
vocation agricole toute terre qui, par l'intervention de l'homme, permet une production
annuelle ou pluriannuelle à l'usage de la consommation humaine, animale ou industrielle,
directement ou après transformation. Quant aux zones visées dans ce tableau elles son
déterminées par l’article 80 de la loi n° 88-33 du 31 décembre 1988 portant loi de finances
pour l’année 1989 comme suit :
-zone A.- elle regroupe les terres de plaine situées dans les régions littorales et sublittorales
bénéficiant d’une pluviométrie supérieure à 600 mm.
-Zone B.- elle regroupe les terres de plaine bénéficiant d’une pluviométrie comprise entre 540
mm et 600 mm.
-Zone C.- elle regroupe les terres de plaine bénéficiant d’une pluviométrie comprise entre 350
mm et 450 mm.
-Zone D.- elle regroupe toutes les terres agricoles bénéficiant d’une pluviométrie inferieure à
350 mm ainsi que celles situées en montagne.
-Zone O.- zones constituées des terres sahariennes. Constitue une terre saharienne au sens de
l’article 18 de loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 toute terre située au dessous de l’isohyète
100 mm c’est-à-dire une terre située dans le désert.
Le décret précise que sont considérées comme terres de plaine celles dont la pente est
inferieure à 12,5%.Quant aux zones de montagnes , ce sont toutes les terres se trouvant sur le
territoires de certaines communes visées en annexe du décret exécutif n° 97-490 du 20
décembre 1997 fixant les condition de morcellement des terres agricoles.
Cette législation ne s’impose pas seulement aux juges et aux parties à une instance en partage
du foncier agricole, mais elle s’impose aussi aux notaires qui doivent préalablement à la
rédaction de tout acte de partage à l’amiable ou à toute mutation ou opération de
morcellement portant sur une terre agricole vérifier la conformité de l’acte à instrumenter
avec les dispositions des textes susmentionnés et ce sous peine de voir leur responsabilité
personnelle engagée. Cette exigence s’impose aussi aux conservateurs fonciers. Cette
responsabilité est expressément énoncée par l’article 7 du décret exécutif n° 97-490 du 20
décembre 1997.
Rien de tel n’est prévu en droit algérien. S’il apparait au juge que la demande en partage ou en
morcellement d’une terre agricole ne répond pas aux prescriptions de la la loi, il se contente
de débouter le demandeur .Ce dernier et les autres indivisaires seront obligés de rester
indéfiniment en indivision même s’ils sont en désaccord, sauf à demander la vente du bien
foncier à l’amiable ou par voie de justice . Pour éviter le maintien forcé en indivision s’il
apparait postérieurement au cours d’instance que le partage ou le morcellement est impossible
, les indivisaires ou l’un d’entre eux peut présenter au tribunal saisi de la demande en partage
une demande subsidiaire en vente du bien litigieux par voie de justice conformément à
l’article 722 du code civil et des articles 786 et suivants du code de procédure civile et
administrative relatifs au régime de la vente des biens immobiliers dans l’indivision. Dans
cette dernière hypothèse le tribunal doit veiller à ce que la vente ne déroge pas aux
prescriptions des textes susmentionnés relatifs au morcellement des terres agricoles. Au cas
où les indivisaires d’une exploitation agricole procèdent à la vente, au partage ou au
morcellement de cette exploitation en violation des textes susmentionnés, la loi a prévu des
mécanismes qui d’une part tendent à considérer comme nulle et non avenu toute mutation
illégale , et d’autre part permettent à l’Etat d’exercer son droit de péremption.
BRAHIMI Mohamed