Semiologie Vasculaire

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SEMIOLOGIE VASCULAIRE

I. SEMIOLOGIE ARTERIELLE

1. SIGNES FONCTIONNELS

1.1. Les douleurs

La claudication intermittente : elle est le signe majeur de la sémiologie artérielle. C’est une douleur à
type de crampes survenant à la marche pour une distance constante à un moment donnée de la
maladie. Elle impose l’arrêt et cède au repos puis réapparait à la marche après une distance
équivalente.

Les douleurs de décubitus : elles témoignent d’un stade ischémique plus avancé. On en décrit deux
types ; les douleurs de décubitus tardives de la seconde moitié de la nuit et les douleurs de décubitus
précoces qui sont beaucoup plus intenses et annoncent les troubles trophiques.

La douleur brutale : elle peut être extrêmement violente, d’abord localisée à un point précis de l’axe
vasculaire puis diffusant à tout le membre, entrainant une impotence fonctionnelle et parfois un état
de choc. Elle doit faire craindre une oblitération artérielle aigue.

Les paresthésies : elles peuvent être à type de brulures, de décharges électriques ou


d’engourdissement du membre. Elles sont liées à une neuropathie ischémique.

1.2.Les crises vasomotrices

Le phénomène ou syndrome de Raynaud : il s’agit de la vasoconstriction capillaire périphérique


surtout au niveau des doigts suivie d’une vasodilatation.

Les crises de vasodilatation active et globale : elles sont caractérisées par l’érythrose avec deux
aspects cliniques :

 L’érythromélalgie de Weir-Mitchel : localisée aux mains et aux pieds ; elle évolue par crises
faites de douleurs cuisantes, intolérables, alors que les téguments deviennent chauds, rouges
vifs, la sudation s’exagère, les veines sont gonflées et turgescentes.
 L’acromélalgie : très proche de l’érythromélalgie par ses crises vasodilatatives douloureuses,
mais qui en diffère par sa survenue des artériopathes, son siège qui est généralement aux
membres inférieurs et son caractère nocturne.

1.3. La dysfonction érectile :

On peut avoir une impossibilité d’une érection stable ou absence totale d’érection devant une
thrombose de la bifurcation aortique : le syndrome de Leriche :
2. EXAMEN CLINIQUE

L’examen clinique des artères comprend quatre parties : l’inspection, la palpation systématique de
tous les pouls périphériques, l’auscultation des grands axes artériels et la prise de la pression
artérielle.

2.1.L’inspection

Elle apporte en règle général e peu de renseignements.

A l’état normal, les artères périphériques sont invisibles.

A l’état pathologique, les artères périphériques deviennent visibles. Par exemple :

 Au cours de l’athérosclérose, les artères humérales sont visibles à la partie interne du bras et
au pli du coude ; on peut, à leur niveau, retrouver le signe de la sonnette qui réalise un
mouvement de reptation de l’artère humérale sinueuse et très battante à chaque systole.
 Au cours de l’insuffisance aortique, les pulsations carotidiennes sont amples, elles sont
visibles à la base du cou ; elles peuvent réaliser le signe de Musset ; ce sont des secousses
rythmiques de la tête lorsque celle-ci est légèrement fléchie.

2.2.La palpation

Elle est le temps capital de l’examen clinique des artères.

La technique

La palpation se fait avec la pulpe des 2 e, 3e et 4e doigts et la pression exercée doit être douce.

 Au niveau du cou, le pouls carotidien est recherché sur le sujet assis, la tête légèrement
penchée vers le côté examiné.
 Au niveau des membres supérieurs, le pouls radial est palpé au niveau de la gouttière du
pouls situé à la partie inféro-externe de l’avant-bras au-dessus du poignet. Le pouls huméral
est mieux palpé chez le sujet debout, une main de l’examinateur soutient l’avant-bras placé à
l’angle droit sur le bras, l’autre main palpe l’artère en dedans de la partie inférieure du
biceps.
 Au niveau des membres inférieurs, le pouls fémoral se recherche sur le sujet en décubitus
dorsal, jambes étendues, au niveau du triangle de Scarpa. Le pouls poplité se recherche sur le
sujet en décubitus dorsal, les jambes légèrement fléchies, l’examinateur réunit ses deux
pouces sur la rotule alors que les autres doigts des deux mains palpent le creux poplité. Le
pouls tibial postérieur se recherche dans la gouttière rétro-malléolaire interne. Le pouls
pédieux est retrouvé sur le dos du pied, il est non perçu chez le sujet normal dans 5 à 10%
des cas.
 Au niveau du tronc, l’aorte abdominale est palpée à gauche de la ligne médiane, elle est
mieux palpée chez les sujets maigres.
Résultats

A l’état normal,

 Les artères sont souples et répressibles


 Tous les pouls périphériques doivent être normalement retrouvés à l’exception parfois
des pouls pédieux.
 Deux artères symétriques ont des battements égaux et synchrones
 Le pouls carotidiens est synchrone au premier bruit cardiaque
 Le pouls radial et le pouls fémoral sont synchrones
 Le pouls est régulier, sa fréquence est la même que celle cardiaque.

Les anomalies du pouls cardiaque

Les troubles du rythme : la prise du pouls peut mettre en évidence une irrégularité du rythme
cardiaque ou une anomalie de la fréquence cardiaque : bradycardie ou tachycardie. Cette
appréciation peut être fausse au cours de certains troubles du rythme cardiaque lorsque l’ondée
systolique est trop faible pour arriver jusqu’à l’artère radiale : ainsi en cas de bigéminisme, de
fibrillation auriculaire, ou de tachycardie paroxystique, la prise du pouls sous-estime la fréquence
cardiaque et doit être associée à l’auscultation cardiaque.

Les modifications de la consistance artérielle

 Artères en tuyau de pipe : sont des artères dures en cas d’athérosclérose.


 Artères en fil de fer : sont des artères dures de taille réduite, elles sont retrouvées en cas
d’HTA du sujet jeune.

Les modifications de l’amplitude des battements artériels

L’affaiblissement général des pouls 

Un pouls petit et mou ou microsphygmie se voit dans tous les cas où le débit cardiaque est réduit.
Par exemple :

 Au cours du rétrécissement aortique et de l’insuffisance cardiaque globale, le pouls est petit


de manière permanente.
 Au cours des lipothymies et des syncopes, le pouls est petit de manière passagère.

L’affaissement ou disparition des pouls fémoraux avec conservation ou augmentation des des pouls
radiaux peut se voir dans deux circonstances :

 Chez le sujet jeune, en cas de coarctation de l’aorte


 Chez le sujet âgé ou jeune, en cas de thrombose de la partie terminale de l’aorte ou des deux
artères iliaques.

L’affaissement ou disparition élective d’un pouls artériel est dû à une obstruction totale ou subtotale
d’un tronc artériel ; il se voit dans l’artérite des membres inférieurs et dans l’embolie artérielle d’un
membre.
L’augmentation d’amplitude des pouls artériels ne peut être que généralisé à tout l’arbre artériel
puisqu’elle est le reflet de l’activité cardiaque : elle est retrouvé au cours de l’éréthisme cardiaque,
l’hyperthyroïdie et surtout au cours de l’insuffisance aortique ou il réalise le pouls de Corrigan qui est
ample, bondissant et dépressible (il soulève subitement le doigt pour s’affaisser aussitôt).

L’amplitude du pouls peut varier avec les mouvements respiratoires, c’est le pouls paradoxal de
Kussmaul ou l’amplitude des battements diminue à l’inspiration et augmente à l’expiration, il se voit
dans la péricardite à gros épanchement et dans la péricardite constrictive.

Le pouls bigéminé réalise la succession de deux battements rapprochés : l’un fort, correspondant à
une systole normale ; l’autre faible, correspondant à une extrasystole ; il est le signe d’un trouble du
rythme, du bigéminisme, dont la cause la plus fréquente est l’intoxication digitalique.

La perception du frémissement ou thrill

Un frémissement systolique ou systolo-diastolique est retrouvé à la palpation des anévrismes


artériels et fistules artério-veineuses.

2.3.L’auscultation artérielle

Elle sera faite au mieux avec un stéthoscope à pavillon conique, sans comprimer l’artère.

A l’état normal, les artères sont silencieuses à l’auscultation à condition de ne pas les comprimer.

A l’état pathologique, l’apparition d’un souffle systolique d’éjection, plus rarement systolo-
diastolique ou d’un souffle continu est un signe anormal

Au niveau des artères carotides : dans les gouttières jugulo-carotidiennes un souffle systolique :

 Peut se voir en cas de thrombose


 Peut etre l’irradiation d’un souffle systolique d’éjection d’un rétrécissement aortique

Au niveau d’un gros tronc artériel

 Un souffle systolique peut se voir soit en cas d’anévrysme artériel ; soit en cas de
rétrécissement artériel d’origine athéromateuse.
 Un souffle continu à renforcement systolique disparaissant lors de la pression du doigt peut
se voir au cours des anévrysmes artério-veineux.

Au niveau d’une artère rénale, un souffle systolique unilatéral, latéro-ombilical ou sus-ombilical, en


cas de sténose d’une artère rénale, ce souffle sera recherché chez tout hypertendu.

Au niveau de l’artère fémorale, en cas d’insuffisance aortique, on cherchera le double souffle crural
de Durozier, en comprimant l’artère avec le pavillon du stéthoscope puis en diminuant
progressivement la pression, on entend un souffle systolique et un souffle diastolique.
2.4. La mesure de la tension artérielle (voir sémiologie médicale)

3. Les explorations complémentaires de la fonction artérielle

3.1.L’oscillométrie

Elle est faite grâce à l’oscillomètre de Pachon. Elle ne sera faite que chez le sujet présentant une
claudication intermittente, symptôme évocateur d’une artérite des membres inférieurs.

3.2.L’échographie doppler

C’est une méthode non invasive reposant sur la réflexion d’un faisceau d’ultrasons émis en direction
d’un vaisseau. Elle permet d’apprécier la structure de la paroi artérielle, la perméabilité d’artères et
de mesurer la pression systolique à leur niveau.

3.3.L’artériographie

Il s’agit de l’opacification des artères par un produit de contraste. C’est un examen invasif qui ne sera
fait qu’en cas d’obstruction artérielle pour laquelle une indication chirurgicale est discutée.

3.4. L’angio-tomodensitométrie

C’est une technique d’imagerie non invasive qui consiste à injecter un produit radio-opaque puis de
réaliser des coupes hélicoïdales transversales avec possibilité d’une reconstruction. Elle renseigne sur
la morphologie, leur perméabilité, le calibre, le contenu intra-luminal des vaisseaux. Par ailleurs, elle
permet d’étudier les rapports avec les organes de voisinage. Elle a actuellement pris la place de
l’artériographie dans les artériopathies chroniques.

3.5. L’angio-IRM

Elle donne les mêmes renseignements que la tomodensitométrie mais renseigne mieux sur la nature
tissulaire.

4. Les syndromes d’ischémie des membres

On dit qu’il y’a ischémie d’un membre lorsque le flux sanguin artériel au niveau de ce membre n’est
pas suffisant pour assurer les besoins métaboliques en toute circonstance. L’ischémie peut être aigue
ou chronique.

4.1.L’ischémie aigue

Elle réalise une occlusion artérielle brutale par un embol sanguin venant du cœur gauche. Il s’agit
d’une urgence qui sera reconnue par les signes suivants :

 Une douleur violente au niveau du membre ischémié


 Une impotence fonctionnelle totale avec troubles neurologiques.
 Une pâleur extrême de marbre blanc associé à un refroidissement du membre perçu par le
malade et palpé par le médecin.
 Une abolition des pouls en aval de l’oblitération
 Une image d’arrêt circulatoire à l’artériographie
 En absence de traitement précoce, l’évolution se fait inexorablement vers la gangrène.

4.2. L’ischémie chronique

Elle réalise une oblitération partielle et progressive d’une artère, c’est l’artériopathie oblitérante des
membres inférieurs (AOMI). Elle évolue en quatre stades :

Stade I

Absence de signes fonctionnels mais diminution ou abolition d’un ou de plusieurs pouls.

Stade II

C’est le stade de l’ischémie d’effort. Elle est caractérisée par la claudication intermittente.

Stade III

C’est le stade de l’ischémie de repos. Elle est caractérisée par une douleur permanente existant
même au repos. Cette douleur est exagérée par le décubitus et s’accompagne de troubles
vasomoteurs à type d’érythrocyanose.

Stade IV

C’est le stade de la gangrène qui est la nécrose du segment de membre ischémié ; elle évolue en
deux phases : phase sèche aseptique qui est peu douloureuse et la phase humide qui s’accompagne
d’une infection et les douleurs deviennent très intenses.

II. SEMIOLOGIE VEINEUSE

L’étude de la sémiologie veineuse comprend l’examen des veines jugulaires, des veines des membres
inférieurs, la recherche de signes de thrombophlébite et la mesure de la pression veineuse.

1. L’examen des veines jugulaires

L’aspect des veines jugulaires externes reflète les variations de pression de l’oreillette droite.

1.1. Conditions d’examen

Le malade est placé en décubitus dorsal horizontal, la tête légèrement soulevée par un petit coussin,
la respiration doit être calme, le malade doit être en état de résolution musculaire complète.

1.2. Résultats

 Pouls veineux normal 

La veine jugulaire externe dessine dans les derniers centimètres de son trajet sous cutané une petite
saillie allongée, plus nette à droite qu’à gauche et plus visible à l’expiration qu’à l’inspiration ; la veine
se gonfle légèrement en fin de diastole : soulèvement présystolique, et elle s’affaisse lors de la
systole. Le pouls réalise un mouvement pulsatile, doux, diffus, ondulant, plus visible que le pouls
artériel, mais non palpable. La compression de la partie proximale de la veine au niveau du creux sus-
axillaire la rend plus saillante, au contraire, la compression de la partie distale provoque son
affaissement et sa disparition.

 Le pouls veineux pathologiques 

La distension permanente des jugulaires : dans ce cas la veine jugulaire se distend plutôt lors de
l’inspiration profonde ; il s’agit d’un signe retrouvé en cas d’insuffisance ventriculaire droite et dans
les péricardites avec épanchement et les péricardites constrictives.

Le reflux hépato-jugulaire : la compression du foie entraine une augmentation importante de la


pression veineuse dans la veine jugulaire droite qui se manifeste par une turgescence prolongée au
moins une minute après la cessation de la compression.

L’expansion systolique des jugulaires : dans ce cas, la distension veineuse est contemporaine du
pouls artériel et de la systole ventriculaire. Il s’agit d’un signe d’insuffisance tricuspidienne
fonctionnelle.

La dissociation radio-jugulaire : il s’agit d’un pouls jugulaire indépendant du pouls artériel ; le pouls
veineux est soit plus rapide que le pouls artériel ; ce signe est retrouvée au cours du bloc auriculo-
ventriculaire du 3e degré et du flutter auriculaire ; soit plus lent que le pouls artériel au cours de la
tachycardie ventriculaire.

2. L’examen des veines des membres inférieurs

A l’état normal, les veines des membres inférieurs ne sont pas visibles, sauf au niveau de la malléole
interne et du dos du pied.

A l’état pathologique on peut avoir :

Les varices des membres inférieurs qui réalisent des dilatations localisées des veines superficielles
qui apparaissent sous forme de cordons bleutés de calibre irrégulier dessinant des méandres sous la
peau. Les varices gonflent sur le sujet debout et disparaissent lors de la surélévation du membre.

La thrombophlébite des membres inférieurs : c’est l’oblitération d’une veine profonde par un caillot
sanguin. Elle se manifeste par une douleur spontanée au niveau du mollet à type de crampe ou de
sensation de lourdeur et qui s’accompagne d’une douleur provoquée à la palpation. On a aussi le
signe de Homans qui est une douleur vive au mollet à la dorsiflexion du pied. A la phase d’état, on a
un membre déformé avec augmentation de la chaleur locale et hyperesthésie cutanée c’est le
phlegmatia alba dolens.

3. Mesure de la pression veineuse (voir semiologie médicale)

CONCLUSION

La sémiologie vasculaire est très riche. Elle présente une imbrication entre les pathologies médicales
et chirurgicales.

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