Chaine de Traitement D'eau Potable

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 14

Chaine de traitement d’eau potable

Processus de production de l’eau potable


Qu'elles soient d'origine souterraine ou superficielle, les eaux utilisées pour l'alimentation
humaine sont rarement consommables telles quelles. Il est souvent nécessaire de leur
appliquer un traitement plus ou moins sophistiqué, pour obtenir une qualité de l’eau conforme
aux recommandations internationales. Dans cette section, nous parlerons plus spécialement de
traitement des eaux de surface, mais il est certain que certaines eaux souterraines doivent
également être traitées. Suivant les circonstances, ces deux types de traitement sont
semblables ou différents, mais de toute façon ils présentent des points communs.
Le principal objectif d’une station de production d’eau potable est de fournir un produit qui
satisfait à un ensemble de normes de qualité à un prix raisonnable pour le consommateur. Le
chapitre II en dresse les différents paramètres. L’efficacité du traitement adopté dépendra de
la façon dont sera conduite l’exploitation de l’usine de traitement. Pour atteindre l’objectif
souhaité, l’exploitant devra d’une part respecter certains principes élémentaires pour assurer
le contrôle du processus de traitement et le contrôle de l’eau traitée, et d’autre part disposer
d’un certain nombre de moyens techniques et humains.
Nous allons présenter, dans ce chapitre, les caractéristiques générales d’une usine de
production d’eau potable, la plus complète et la plus courante, tout en détaillant plus
spécifiquement le procédé sur lequel porte notre étude. La figure 1.1 représente une filière
typique de potabilisation appliquée à une eau de surface. Elle comporte des traitements à large
spectre d’action tels que prétraitement, oxydation, clarification, désinfection et affinage. Les
étapes de déferrisation, démanganisation, dénitratation sont les principaux traitements
spécifiques de l’eau souterraine.

1.2.1 Prétraitement
22
Chaine de traitement d’eau potable

Une eau, avant d’être traitée, doit être débarrassée de la plus grande quantité possible
d’éléments dont la nature et la dimension constitueraient une gêne pour les traitements
ultérieurs. Pour cela, on effectue des prétraitements de l’eau de surface.
Dans le cas d’une eau potable, les prétraitements sont principalement de deux types :
􀂾 le dégrillage,
􀂾 le tamisage.
Le dégrillage, premier poste de traitement, permet de protéger les ouvrages avals de l’arrivée
de gros objets susceptibles de provoquer des bouchages dans les différentes unités de
traitement. Ceci permet également de séparer et d’évacuer facilement les matières
volumineuses charriées par l’eau brute, qui pourraient nuire à l’efficacité des traitements
suivants, ou en compliquer l’exécution. Le dégrillage est avant tout destiné à l’élimination de
gros objets : morceaux de bois, etc.
Le tamisage, quant à lui, permet d’éliminer des objets plus fins que ceux éliminés par le
dégrillage. Il s’agit de feuilles ou de morceaux de plastique par exemple.

1.2.2 Préoxydation
L’oxydation est une opération essentielle à tout traitement des eaux. Elle est toujours incluse
en fin de filière au niveau de la désinfection.
A l’issue du prétraitement, on a une eau relativement propre mais qui contient encore des
particules colloïdales en suspension. Celles-ci n’ont en elles-mêmes rien de dangereux. Il
nous arrive souvent de consommer de l’eau en contenant : le thé, le café, le lait qui sont
chargés en matières organiques, mais qui s’oxydent spontanément en présence d’air. On va les
détruire dans la mesure du possible par une oxydation. Celle-ci peut être faite de trois façons
différentes :
􀂾 ajout de Chlore (préchloration)
􀂾 ajoute de dioxyde de chlore
􀂾 ajoute d’ozone (préozonation)
La préchloration est effectuée avant le procédé de clarification. Le chlore est le plus réactif et
le plus économique, mais il a comme inconvénient de former avec certains micropolluants des
composés organochlorés du type chloroforme ou des composés complexes avec les phénols
du type chlorophénol dont le goût et l’odeur sont désagréables.
On préfère utiliser le dioxyde de chlore qui coûte plus cher mais qui n’a pas les inconvénients
de l’oxydation par le chlore cités ci-dessus. Ce type de traitement est cependant réservé à des
cas spécifiques. En effet, l’utilisation du dioxyde de chlore présente, lui aussi, des
23
Chaine de traitement d’eau potable

inconvénients non négligeables comme sa décomposition à la lumière, ce qui entraîne une


augmentation du taux de traitement à appliquer en période d’ensoleillement. En conclusion, le
dioxyde de chlore est un oxydant plus puissant que le chlore qui représente une alternative
intéressante à l’utilisation du chlore lorsque celui-ci entraîne des problèmes de qualité d’eau.
Enfin, depuis quinze à vingt ans, on utilise comme oxydant l’ozone, qui non seulement a
l’avantage de détruire les matières organiques en cassant les chaînes moléculaires existantes,
mais également a une propriété virulicide très intéressante, propriété que n’a pas le chlore.
Généralement utilisée en désinfection finale, cette technique peut être mise en oeuvre en
oxydation. Elle peut aussi être employée pour l’amélioration de la clarification. L’un des
avantages d’une préozonation est l’oxydation des matières organiques, et une élimination plus
importante de la couleur. Un autre avantage est la diminution du taux de traitement (taux de
coagulant) dans le procédé de clarification. En somme, la préozonation est une solution de
substitution à la préchloration. On évite ainsi les problèmes liés aux sous-produits de la
chloration.
Néanmoins, ce procédé ne résout pas tous les problèmes car certaines algues résistent à
l’ozone. De plus, son coût reste beaucoup plus élevé que celui au chlore.

1.2.3 Clarification
La clarification est l’ensemble des opérations permettant d’éliminer les matières en
suspension MES (minérales et organiques) d’une eau brute ainsi que des matières organiques
dissoutes. Suivant les concentrations de l’un et de l’autre des différents polluants, on peut être
amené à pratiquer des opérations de plus en plus complexes qui vont de la simple filtration
avec ou sans réactif jusqu’à la coagulation – floculation – décantation ou flottation – filtration.
La clarification comprend les opérations suivantes :
􀂾 Coagulation
􀂾 Floculation
􀂾 Filtration
La coagulation est l’une des étapes les plus importantes dans le traitement des eaux de
surface. 90% des usines de production d’eau potable sont concernées. La difficulté principale
est de déterminer la quantité optimale de réactif à injecter en fonction des caractéristiques de
l’eau brute.
Un mauvais contrôle de ce procédé peut entraîner une augmentation importante des coûts de
fonctionnement et le non-respect des objectifs de qualité en sortie. Cette opération a
24
Chaine de traitement d’eau potable

également une grande influence sur les opérations de décantation et de filtration ultérieures.
En revanche, un contrôle efficace peut réduire les coûts de main d’œuvre et de réactifs et
améliorer la conformité de la qualité de l’eau traitée.
En résumé, le contrôle de cette opération est donc essentiel pour trois raisons : la maîtrise de
la qualité de l’eau traitée en sortie (diminution de la turbidité), le contrôle du coagulant
résiduel en sortie (réglementation de plus en plus stricte de la présence de coagulant résiduel
dans l’eau traitée) et la diminution des contraintes et des coûts de fonctionnement (coûts des
réactifs et des interventions humaines).
Dans les sections 1.3 et 1.4, nous nous focaliserons davantage sur l’aspect physico-chimique
de la coagulation-floculation et la filtration, respectivement.

1.2.4 Oxydation-Désinfection
La désinfection est l’étape ultime du traitement de l’eau de consommation avant distribution.
Elle permet d’éliminer tous les micro-organismes pathogènes présents dans l’eau.
Il peut cependant subsister dans l’eau quelques germes banals, car la désinfection n’est pas
une stérilisation.
Le principe de la désinfection est de mettre en contact un désinfectant à une certaine
concentration pendant un certain temps avec une eau supposée contaminée.
Cette définition fait apparaître trois notions importantes : les désinfectants, le temps de
contact et la concentration résiduelle en désinfectant. Une bonne désinfection via les réactifs
oxydants demande la combinaison d’une concentration C avec un temps de contact T ; c’est le
facteur C ⋅T (mg.min/L). Cette valeur varie avec les microorganismes concernés, le type de
désinfectant et la température.
Les quatre principaux désinfectants utilisés en production d’eau potable sont les suivants :
􀂾 Le chlore
􀂾 Le dioxyde de chlore
􀂾 L’ozone
􀂾 Le rayonnement UV
La concentration en oxydant est pratiquement le seul paramètre sur lequel l’opérateur peut
intervenir. Il faut retenir que l’efficacité de la désinfection dépend, en partie, du suivi de la
concentration en oxydant. L’évolution de la concentration en oxydant est liée à la demande en
oxydant de l’eau. Cette demande dépend de la qualité de l’eau, du pH, des températures
(différentes entre été et hiver), des matières organiques, et de la concentration en

25
Chaine de traitement d’eau potable

ammoniaque. Dans la section 1.5, nous nous focaliserons davantage sur l’aspect physico-
chimique de la désinfection, et en particulière sur la chloration de l’eau.

1.2.5 Affinage
Le traitement final traite de la mise à l’équilibre calco-carbonique. L’eau suit un cycle naturel
dans lequel les éléments chimiques qu’elle contient évoluent. L’eau de pluie contient
naturellement du dioxyde de carbone (CO2). Quand celle-ci traverse les couches d’humus,
riches en acides, elle peut s’enrichir fortement en CO2. Lors de sa pénétration dans un sol
calcaire, c’est-à-dire riche en carbonate de calcium (CaCO3), elle se charge en Ca +2
, CaO et
en ions bicarbonates HCO−3. En fait, le calcium est dissous par l’eau chargée en CO2. On dit
qu’elle est entartrante ou incrustante. En revanche, quand l’eau de pluie traverse une roche
pauvre en calcium (région granitique), elle reste très chargée en CO2 dissous.
Cette eau est, en générale, acide. On dit qu’elle est agressive.
Il y a typiquement deux problèmes distincts : corriger une eau agressive et corriger une eau
incrustante. La correction d’une eau agressive peut s’effectuer de plusieurs façons.
Premièrement, on peut éliminer le CO2 par aération. Du fait de l’élimination du CO2, le pH
augmente et se rapproche du pH d’équilibre. Deuxièmement, on peut ajouter une base à l’eau.
L’ajout de base permet d’augmenter le pH et d’atteindre le pH d’équilibre. La correction
d’une eau incrustante peut se faire soit par traitement direct soit en réduisant le potentiel
d’entartrage par décarbonatation. Le traitement direct correspond à un ajout d’acide.

1.3 Coagulation-Floculation
Le mot coagulation vient du latin coagulare qui signifie « agglomérer ». La couleur et la
turbidité d’une eau de surface sont dues à la présence de particules de très faible diamètre : les
colloïdes. Leur élimination ne peut se baser sur la simple décantation. En effet, leur vitesse de
sédimentation est extrêmement faible. Le temps nécessaire pour parcourir 1 m en chute libre
peut être de plusieurs années.
La coagulation et la floculation sont les processus qui permettent l’élimination des colloïdes.
La coagulation consiste à les déstabiliser. Il s’agit de neutraliser leurs charges électrostatiques
de répulsion pour permettre leur rencontre. La floculation rend compte de leur agglomération
en agrégats éliminés par décantation et/ou filtration.

1.3.1 Les particules mis en jeu


Les matières existantes dans l’eau peuvent se présenter sous les trois états suivants :
26
Chaine de traitement d’eau potable

􀂾 état de suspension qui regroupe les plus grosses particules


􀂾 état colloïdal
􀂾 état dissous de sels minéraux et de molécules organiques.
Cette classification résulte de la taille des particules. Les colloïdes présentent un diamètre
compris entre 1 μm et 1 nm. Ils possèdent deux autres caractéristiques très importantes. Leur
rapport surface/volume leur confère des propriétés d’adsorption des ions présents dans l’eau.
Ce phénomène explique en partie l’existence de particules électriques à leur surface. Ces
charges, souvent négatives, engendrent des forces de répulsion intercolloïdales.
L’origine des colloïdes est très diverse. On peut citer l’érosion des sols, la dissolution des
substances minérales, la décomposition des matières organiques, le déversement des eaux
résiduaires urbaines et industrielles ainsi que les déchets agricoles.
La figure 1.2 indique le temps de décantation de différentes particules en fonction de leur
dimension.

Temps de décantation des particules

On observe qu’à densité égale, les particules plus petites ont une durée de chute plus longue.
Cela conduit à l’impossibilité pratique d’utiliser la décantation seule pour éliminer le
maximum de particules. Cette remarque est surtout valable pour les colloïdes, c’est-à-dire les
particules dont la taille est comprise entre 10-6 m et 10-9 m.
La chute d’une particule dans l’eau est régie par la loi de Stokes :

avec :
V : vitesse de décantation de la particule,
27
Chaine de traitement d’eau potable

g : accélération de la pesanteur,
η : viscosité dynamique,
ρs : masse volumique de la particule,
ρ1 : masse volumique du liquide,
d : diamètre de la particule
Il apparaît clairement que plus le diamètre et la masse volumique de la particule sont grands,
plus la vitesse de chute est importante. Le but va être d’augmenter la taille et la masse
volumique des particules pour que le temps de décantation devienne acceptable.
1.3.2 But de la coagulation-floculation
L’opération de coagulation-floculation a pour but la croissance des particules (qui sont
essentiellement colloïdales) par déstabilisation des particules en suspension puis formation de
flocs par absorption et agrégation]. Les flocs ainsi formés seront décantés et filtrés par la suite
(cf. Figure 1.3).

1.3.3 La coagulation
Le mot coagulation vient du latin coagulare qui signifie « agglomérer ». La couleur et la
turbidité d’une eau de surface sont dues à la présence de particules de très faible diamètre : les
colloïdes. Leur élimination ne peut se baser sur la simple décantation.

28
Chaine de traitement d’eau potable

Les particules colloïdales en solution sont « naturellement » chargées négativement. Ainsi,


elles tendent à se repousser mutuellement et restent en suspension. On dit qu’il y a
stabilisation des particules dans la solution. La coagulation consiste dans la déstabilisation des
particules en suspension par la neutralisation de leurs charges négatives. On utilise, pour ce
faire, des réactifs chimiques nommés coagulants. Le procédé nécessite une agitation
importante. Les coagulants sont des produits capables de neutraliser les charges des colloïdes
présents dans l’eau. Le choix du coagulant pour le traitement de l’eau de consommation doit
tenir compte de l’innocuité du produit, de son efficacité et de son coût. Le type de coagulant
et la dose ont une influence sur :
􀂾 La bonne ou la mauvaise qualité de l’eau clarifiée,
􀂾 Le bon ou le mauvais fonctionnement de la floculation et de la filtration,
􀂾 Le coût d’exploitation.
Il existe deux principaux types de coagulant :
􀂾 Les sels de fer (chlorure ferrique) et
􀂾 Les sels d’aluminium (sulfate d’aluminium)
La mise en solution se déroule en deux étapes. Le cas du sulfate d’aluminium est très
significatif. Les réactions peuvent être représentées de la façon suivante :

L’étape 1 est une phase d’hydrolyse. Des intermédiaires polychargés positifs se forment. Ces
composés assez fugaces présentent un atome d’aluminium dont le nombre d’oxydation est très
grand. Les formes Al IV, V et VII sont rencontrées. Conformément à la règle de SCHULZE-
HARDY, ces intermédiaires polychargés positifs sont très efficaces pour neutraliser la charge
primaire négative des colloïdes. Il s’agit de la véritable forme coagulante qui déstabilise les
particules chargées négativement.
L’étape 1 dépend de la température et nécessite un pH compatible avec l’existence de ces
intermédiaires polychargés. Le temps de formation de ces composés est de l’ordre de 0,5 s.
L’étape 2 permet la formation du précipité Al(OH)3. Elle dépend de l’agitation du milieu. Ce
précipité est l’élément qui assure le pontage et la coalescence entre les colloïdes déstabilisés :
c’est la forme floculante. Tout coagulant présente successivement les deux formes actives
coagulante et floculante. Le maintien de cette dernière dépend du pH du milieu. Cette notion
de pH permet de définir les zones optimales de coagulation-floculation.

29
Chaine de traitement d’eau potable

Le choix du coagulant peut varier avec la température et la saison. Le sulfate d’aluminium,


par exemple, est un coagulant utilisé pour une température d’eau supérieure à 10-12 C o. On
peut rappeler également que plus un coagulant a de charges positives, plus son efficacité est
grande. Par la suite, nous allons énumérer l’ensemble des paramètres influençant le bon
fonctionnement du procédé de coagulation.

a) L’influence du paramètre pH
Le pH a une influence primordiale sur la coagulation. Il est d’ailleurs important de remarquer
que l’ajout d’un coagulant modifie souvent le pH de l’eau. Cette variation est à prendre en
compte afin de ne pas sortir de la plage optimale de précipitation du coagulant.

b) L’influence de la dose de coagulant


La dose de réactif est un paramètre à prendre en compte. Le coagulant qui est habituellement
fortement acide a tendance à abaisser le pH de l’eau. Pour se placer au pH optimal, il est
possible d’ajouter un acide ou une base.

c) L’influence de la température
La température joue un rôle important. En effet, une température basse, entraînant une
augmentation de la viscosité de l’eau, crée une série de difficultés dans le déroulement du
processus : la coagulation et la décantation du floc sont ralenties et la plage du pH optimal
diminue. Pour éviter ces difficultés, une solution consiste à changer de coagulant en fonction
des saisons.

d) L’influence de la turbidité
La turbidité est, elle aussi, un paramètre influant sur le bon fonctionnement du procédé de
coagulation. Dans une certaine plage de turbidité, l’augmentation de la concentration en
particules doit être suivie d’une augmentation de la dose de coagulant.
Quand la turbidité de l’eau est trop faible, on peut augmenter la concentration en particules
par addition d’argiles. Dans le cas de fortes pluies, l’augmentation des MES favorise une
meilleure décantation. Enfin, pour grossir et alourdir le floc, on ajoute un adjuvant de
floculation.

1.3.4 La floculation
30
Chaine de traitement d’eau potable

Après avoir été déstabilisées par le coagulant, les particules colloïdales s’agglomèrent
lorsqu’elles entrent en contact. C’est la floculation. Le floc ainsi formé, peut décanter, flotter
ou filtrer (coagulation sur filtre), suivant le procédé de rétention choisi.
L’expression de SMOLUCHOWSKY permet de comprendre ce phénomène. La formulation
est la suivante :

avec :
N et No : nombre de particules colloïdales libres à l’instant t et to,
α : facteur de fréquence de collision efficace,
Ω : volume de particules par volume de suspension,
G : gradient de vitesse,
t : temps de contact.
Si le paramètre α est égal à 1, un choc interparticulaire donne une agglomération donc une
floculation. L’élément Ω est constant, sauf intervention extérieure, car il n’y a ni création ni
disparition de matière. Le gradient de vitesse G n’est qu’une valeur moyenne des vitesses
spécifiques des particules dans la solution. La floculation est de qualité si le rapport Ln N / N0
est petit. Dans ce cas, N est inférieur à N0. Il y a donc moins de particules libres au temps t
qu’au temps to. Toute augmentation des paramètres énoncés entraîne une diminution de ce
rapport.
La stratégie pour obtenir une bonne floculation se résume en une augmentation des facteurs
temps de contact t, du volume de particules Ω et du gradient de vitesse G.
La floculation est le phénomène de formation de flocs de taille plus importante
(agglomération des colloïdes déchargés dans un réseau tridimensionnel). On utilise, pour ce
faire, des coagulants ou adjuvants de floculation. Contrairement à l’étape de coagulation, la
floculation nécessite une agitation lente.
Les floculants ou adjuvants de floculation sont, dans leur grande majorité, des polymères de
poids moléculaire très élevé. Ils peuvent être de nature minérale, organique naturelle ou
organique de synthèse. Comme pour la coagulation, il existe un certain nombre de paramètres
à prendre en compte pour le bon fonctionnement de ce procédé. Le mélange doit être
suffisamment lent afin d’assurer le contact entre les flocs engendrés par la coagulation. En
effet, si l’intensité du mélange dépasse une certaine limite, les flocs risquent de se briser. Il
31
Chaine de traitement d’eau potable

faut également un temps de séjour minimal pour que la floculation ait lieu. La durée du
mélange se situe entre 10 et 60 minutes Les temps d’injection du coagulant et du floculant
sont en général espacés de 1 à 3 minutes, cette durée étant fonction de la température de l’eau.
Les boues formées pendant la coagulation-floculation aboutissent après décantation dans des
concentrateurs. Des floculants de masse molaire importante permettent l’obtention de boue
ayant une vitesse d’épaississement plus grande, et donc un volume de boues final réduit. Les
boues purgées de décanteurs sont plus concentrées dans ce cas, ce qui conduit à une perte
d’eau réduite. L’emploi de floculants de synthèse, combiné à des méthodes modernes de
séparation, peut permettre la production des boues très concentrées, traitables directement par
une unité de déshydratation. Dans les autres cas, on passe d’abord par un épaississement avant
l’unité de déshydratation.
Une fois le floc formé, il faut le séparer de l’eau. C’est ce qu’on appelle la séparation solide-
liquide. Elle peut s’effectuer par différents moyens :
􀂾 Coagulation sur filtre,
􀂾 Décantation,
􀂾 Flottation.

Etude expérimentale de la coagulation-floculation – Simulation en Jar test


L’essai du Jar test vise à reproduire en bécher l’ensemble des processus complexes de la
coagulation et de la coalescence des flocons similaires à celles retrouvés en usine. Ces tests
sont très courants et réalisés aussi bien dans les usines de production d’eau potable que dans
les laboratoires de recherche.

Le dispositif
expérimental consiste en une série de Béchers (4 à 6) de 1 litre qui contiennent les
échantillons d’eau à tester. La température des échantillons est d’abord ajustée à la valeur
choisie. Chaque Bécher est muni d’un agitateur à palles. La vitesse d’agitation est variable,

32
Chaine de traitement d’eau potable

mais elle est la même pour tous les béchers. Des doses variables de coagulant, ou des doses
variables d’acide ou de base pour obtenir différents pH, peuvent être ajoutés dans les béchers,
tandis qu’un bécher dans lequel il n’y a aucun ajout sert généralement de témoin.
L’essai du Jar test comporte plusieurs étapes de durées variables, à des vitesses d’agitation
différentes.

Etape Durée (min) Vitesse d'agitvitesse d’agitation (rpm)

Coagulation 1 -5 100-200

Floculation 3- 15 30-60

Décantation 5-90 0

1.3.5 La décantation-flottation
Ces procédés sont des méthodes de séparation des matières en suspension et des colloïdes
rassemblés en floc, après l’étape de coagulation-floculation. Si la densité de ces flocs est
supérieure à celle de l’eau, il y a décantation. L’eau clarifiée située près de la surface est
dirigée vers des filtres à sable. Dans le cas de particules de densité inférieure à celle de l’eau,
le procédé de flottation doit être appliqué.
Dans la décantation, toute particule présente dans l’eau est soumise à deux forces. La force de
pesanteur qui est l’élément moteur permet la chute de cette particule. Les forces de frottement
dues à la traînée du fluide s’opposent à ce mouvement. La force résultante en est la différence.
La flottation est un procédé de séparation liquide-solide basé sur la formation d’un ensemble
appelé attelage, formé des particules à éliminer, des bulles d’air et des réactifs, plus léger que
l’eau. Cette technique convient principalement pour éliminer les particules de diamètre
compris entre 1 et 400 μm.
La flottation est supérieure à la décantation dans le cas de clarification d’eaux de surface peu
chargées en MES, riches en plancton ou en algues et produisant un floc léger décantant mal.
Elle est préconisée dans le traitement des boues. Ce procédé est très souple d’emploi. Il
permet un épaississement simultané des boues directement déshydratables. L’efficacité de la
flottation et de la décantation peut être évaluée par le pourcentage de boues retenues, la
quantité de matières organiques éliminées et par la mesure de la turbidité.

1.4 La filtration

33
Chaine de traitement d’eau potable

La filtration est un procédé destiné à clarifier un liquide qui contient des MES en le faisant
passer à travers un milieu poreux constitué d’un matériau granulaire. En effet, il subsiste de
très petites particules présentes à l’origine dans l’eau brute ou issues de la floculation. La
rétention de ces particules se déroule à la surface des grains grâce à des forces physiques. La
plus ou moins grande facilité de fixation dépend étroitement des conditions d’exploitation du
filtre et du type de matériau utilisé. L’espace intergranulaire définit la capacité de rétention du
filtre. Au fur et à mesure du passage de l’eau, cet espace se réduit, le filtre se colmate. Les
pertes de charge augmentent fortement. Il faut alors déclencher le rétrolavage. La filtration
permet une élimination correcte des bactéries, de la couleur et de la turbidité.
Tout filtre est composé de trois parties. On retrouve le fond, le gravier support et le matériau
filtrant. Le premier élément doit être solide pour supporter le poids de l’eau, du sable et du
gravier. Il doit permettre la collecte et l’évacuation de l’eau filtrée, le plus souvent par des
buselures incorporés, et la répartition uniforme de l’eau de lavage.
Le gravier a pour rôle de retenir le sable et d’améliorer la distribution de l’eau de lavage dans
le filtre.
Le lavage des filtres est réalisé en inversant le sens d’écoulement de l’eau. C’est pourquoi
cette opération est souvent appelée : rétrolavage. Le sable est mis en expansion et les
impuretés, moins denses que les grains de sable, sont décollées par les phénomènes de
frottement intergranulaires. La vitesse de l’eau de lavage à contrecourant est limitée du fait
des pertes possibles de matériau. On injecte donc de l’air pour augmenter les turbulences afin
de décoller efficacement les particules de flocs fixées sur les grains.
Durant la filtration, le filtre s’encrasse et, par conséquent, la perte de charge augmente. Il faut
veiller à ne pas dépasser la perte de charge maximale admissible déterminée lors de sa
conception. Pour conserver un encrassement acceptable du filtre,
il faut augmenter la « hauteur de couche » de celui-ci. Le temps pendant lequel on maintient
un filtrant clair (eau filtrée) est proportionnel à cette « hauteur de couche ».
La graphique de la figure 1.5 représente, de manière schématique, l’évolution de la turbidité
de l’eau filtrée en fonction de temps. La première phase est la maturation du filtre (a), suivie
de la période de fonctionnement normal (b). Lorsque la turbidité de l’eau filtrée augmente,
cela correspond à un début de crevaison de la masse filtrante (c) et l’on atteint alors
rapidement la limite de turbidité acceptable (d) à ne pas dépasser.

1.5 Désinfection

34
Chaine de traitement d’eau potable

La désinfection est un traitement visant à éliminer les micro-organismes pathogènes,


bactéries, virus et parasites ainsi que la majorité des germes banals moins résistants. C’est le
moyen de fournir une eau bactériologiquement potable, tout en y maintenant un pouvoir
désinfectant suffisamment élevé pour éviter les reviviscences bactériennes dans les réseaux de
distribution. L’eau potable, suivant les normes, contient toujours quelques germes banals,
alors qu’une eau stérile n’en contient aucun.
La désinfection est une post-oxydation. En eau potable, elle est assurée par des oxydants
chimiques tels que le chlore, le dioxyde de chlore ClO2, l’ozone O3 et dans un certain nombre
de cas, par un procédé chimique comme le rayonnement UV. Le principe de la désinfection
est de mettre en contact un désinfectant à une certaine concentration pendant un certain temps
avec une eau supposée contaminée. Cette définition fait apparaître trois notions importantes :
les désinfectants; le temps de contact et la concentration en désinfectant.

35

Vous aimerez peut-être aussi