Histoire Des Grandes Erreurs de Management
Histoire Des Grandes Erreurs de Management
Histoire Des Grandes Erreurs de Management
Histoire
des grandes erreurs
de management
Ils se croyaient les meilleurs…
Denoël
Christine Kerdellant, diplômée de HEC où elle a enseigné, a été chef d’entreprise
avant de devenir journaliste et écrivain. Auteure d’une quinzaine d’essais économiques
et de romans, dont en 2000 Le Prix de l’incompétence, déjà consacré aux erreurs des
dirigeants, elle est directrice de la rédaction de L’Usine nouvelle et conférencière.
À mon amour des 5 décembre
Introduction
Benjamin Franklin
Georges Duhamel,
écrivain et académicien
1. En France, UberX — une plate-forme de VTC qui met en relation des chauffeurs
et des clients — est autorisé, tandis qu’Uberpop — la plate-forme qui met en relation
des particuliers qui s’improvisent chauffeurs avec les clients — a été interdit.
2. L’affirmation de l’idéologie propriétaire est liée à celle du néolibéralisme. Elle se
fonde sur l’idée que les marchés sont efficients et qu’ils s’autorégulent, à condition que
les droits de propriété sur les biens — et notamment les entreprises — soient pleins,
entiers et exclusifs. Elle implique aussi que l’efficacité d’une entreprise se mesure à la
satisfaction de ses actionnaires. Le but principal de l’entreprise devient la création de
valeur pour les actionnaires (shareholder value). Les principes de gouvernance sont
alors entièrement tournés vers la maximisation de la valeur : toute action du manager a
pour objectif de faire monter le cours de Bourse — d’où les licenciements dits
« boursiers », ou la cession des murs des hypermarchés pour générer une plus-value
immédiate et recentrer l’activité vers le cœur de métier. Certaines de ces actions, qui
visaient le redressement du cours de Bourse, ont conduit, en raison de leur court-
termisme, à des erreurs majeures que nous avons étudiées (notamment avec le cas
Carrefour au chapitre I).
Cette idéologie propriétaire s’oppose à la théorie des « parties prenantes »
(stakeholders), précédemment dominante. Cette dernière concevait l’entreprise comme
une « communauté de destins », et ses actions comme un compromis entre différents
acteurs : actionnaires, salariés, managers, État ou collectivités. Ce discours a disparu.
Au nom de l’idéologie propriétaire, les actionnaires et les managers s’approprient
l’essentiel de la richesse créée, puisqu’ils considèrent que ce sont eux seuls qui en sont
les auteurs. Une des conséquences en a été la crise des subprimes (voir chapitre X).
Chapitre V
LA PUB SUICIDAIRE
Quand la communication pénalise les produits
Mamie Nova et les seniors — Benetton — Burberry — Zara — Ala — La R14
« Poire » — La BNP et l’argent — Le téléphone Tefal — Unilever pour Axe —
Monsieur de Fursac — Abercrombie — Hoover — Ryanair — Gamma — Veet —
Summum — Ecovoiturage.fr — Les 3 Suisses — Perrier et le benzène —
Lyonnaise des Eaux — Festina — Aéroports de Paris — McDo et Super Size Me
— Air France — Danone et LU — Total et l’Erika
Aristote
Winston Churchill
Albert Einstein
Lénine
Une femme qui place son sac à main en évidence sur le pas de
sa porte, et le surmonte d’une pancarte : « Sac à main non
surveillé : le prendre serait un vol », est-elle coupable du larcin
qui va suivre ? Non, bien sûr : le voleur est seul coupable, et la
propriétaire du sac l’est d’autant moins qu’elle a prévenu qu’il
s’agirait d’un vol. N’est-elle pas, pour autant, largement
responsable de cette exaction ? La réponse, là aussi, semble
évidente : en laissant le sac à main au vu de tous, sans
surveillance, en précisant même qu’elle se doute qu’il sera volé,
elle incite au larcin. Mais quel pourcentage de la responsabilité
porte-t-elle ?
L’affaire Kerviel a posé, depuis ses débuts, la même question
que la parabole du sac à main. Le monde entier connaît les
grandes lignes de l’histoire : Jérôme Kerviel, un trader de la
Société Générale, a fait perdre à sa banque 4,9 milliards d’euros
— un record historique et planétaire — en spéculant de manière
hasardeuse ; la banque ne s’est aperçue de rien pendant un an et
demi, parce que, dans le système informatique, il masquait ses
positions par de fausses contreparties. À moins, susurrent les
défenseurs de Kerviel, qu’elle n’ait rien voulu voir parce que les
spéculations du jeune homme étaient toujours gagnantes jusqu’à
la date où, curieusement, alors qu’elles ne l’étaient plus,
quelqu’un les a officiellement dévoilées. À la Société Générale, on
reconnaît en tout cas aujourd’hui que Kerviel est un « produit de
la culture maison » de l’époque. Une culture que les nouveaux
dirigeants de la banque se sont attachés, depuis, à transformer en
profondeur.
« JK », comme on l’a vite surnommé, n’a pas détourné l’argent
à son profit et visait moins l’enrichissement personnel, par les
primes que ses résultats exceptionnels ne manqueraient en effet
pas de lui valoir, que de faire gagner de l’argent à sa banque et
d’être ainsi reconnu à ce qu’il estimait être « sa juste valeur ». Le
jugement, en première instance, l’a reconnu coupable d’abus de
confiance, de faux et usage de faux et d’introduction frauduleuse
de données dans un système informatique ; il a donc été
condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, ainsi qu’au
remboursement des 4,9 milliards d’euros disparus en fumée. Le
jugement en appel a confirmé les deux condamnations. Mais les
juges de la Cour de cassation en ont décidé autrement : tout en
confirmant la peine de prison, ils ont « cassé » le montant des
dommages et intérêts, et renvoyé la décision sur ce point à la
cour de Versailles. Non parce qu’ils estimaient que cette peine
était invraisemblable et donc parfaitement théorique —
4,9 milliards d’euros correspondent à 177 000 années de son
salaire actuel pour le trader —, car le droit peut se permettre de
telles aberrations. Ils l’ont cassée parce qu’elle supposait que
Kerviel fût à 100 % responsable des pertes subies par la SocGen.
Or, ont-ils statué, ce n’était pas le cas.
Les dirigeants de la Société Générale, du supérieur
hiérarchique direct de Kerviel jusqu’au P-DG Daniel Bouton, ont
tous commis de graves et incontestables erreurs de management.
Ils sont, en ce sens, coresponsables de cette perte historique. Mais
leurs erreurs ne sont ni isolées ni réellement spécifiques à la
Société Générale. La plupart des établissements semblables,
français ou anglo-saxons, et en tout cas ceux qui font de gros
bénéfices sur les marchés, ont pris peu ou prou les mêmes
risques. Il faut relire l’affaire Kerviel à cette aune pour
comprendre les défaillances des managers et en tirer les leçons.
Même lorsqu’on ne dénonce aucune « théorie du complot »
dirigée contre Jérôme Kerviel, même lorsqu’on ne prend pas,
comme une majorité de Français, fait et cause pour le trader aux
faux airs de Tom Cruise, il reste impossible de dédouaner ses
managers d’une faute majeure : ils ont fait preuve d’aveuglement
délibéré. Ils ont laissé perdurer pendant plus d’un an une
situation qui contrevenait aux règles, certes assez floues, qu’ils
s’étaient fixées. Sans doute n’imaginaient-ils pas que leur jeune
collègue irait aussi loin. Quoi qu’il en soit, leur attitude laxiste, et
l’ambiance « pousse-au-crime » qui régnait au sein du
département Marchés de la banque, ont semble-t-il poussé, ou du
moins de facto autorisé, le trader à commettre une faute. Les
dirigeants de la SocGen ont été victimes du syndrome de Tartufe.
Les premiers articles qui décrivent Jérôme Kerviel, juste après
la conférence de presse du 24 janvier 2008 destinée à révéler
l’affaire, évoquent son « physique passe-partout », ses « cheveux
bruns coupés court », son « air un peu tourmenté », sa carrure
qui ressemble moins à celle d’un gros braqueur qu’à celle d’un
sage étudiant d’école de commerce. Sans doute parce qu’ils se
fondent sur la vieille photo de son passeport. La célébrité — et la
sienne fut immédiate — vous change un homme : très vite, on ne
parle plus que de ce « Tom Cruise en plus grand » et de son
physique de jeune premier. De médiocre, il devient beau après
avoir « volé » 4,9 milliards d’euros. En revanche, sa vie passée
n’en devient pas plus romanesque. Il restera longtemps
« Mr. Nobody » : lorsqu’on naît à Pont-l’Abbé, bourgade de 8 000
habitants en pays bigouden, qu’on est le deuxième fils de Marie-
Josée coiffeuse à son compte, et de Charles, artisan forgeron
chaudronnier, formateur dans un centre d’apprentissage de
Quimper, on ne peut se faire passer pour un gosse des cités.
Jérôme Kerviel est né dans une famille aisée de catholiques
pratiquants, et il a grandi dans une jolie maison de la rue du
Menhir.
Son parcours est sans aspérités : plutôt bon élève, bac ES,
passionné de voile et ceinture marron de judo ; il joue même les
entraîneurs pour les plus petits. À l’adolescence, on le surnomme
« le quintal », non parce qu’il est obèse, même s’il pourrait perdre
quelques kilos, mais pour ses épaules larges. Un DEUG en
économie-gestion à Quimper, une licence en finances à Nantes et
un mastère 2 de finance de marché à Lyon II, mention assez bien,
assorti d’un stage de six mois chez BNP Arbitrage : dans le jargon
des traders, il suit la formation destinée aux « soutiers ». Ceux
qui, au back-office, vérifient les opérations des petits génies de la
finance, en rêvant d’être à leur place. Le front-office est réservé
aux polytechniciens, aux élèves des grandes écoles ou aux
autodidactes hors pair. Lui est considéré comme intelligent mais
sans génie, introverti et plutôt taciturne. Sur Facebook, il n’a que
onze amis.
Il entre en août 2000 à la SocGen, au middle-office du
département Dérivés-Actions. « À la mine », comme on dit au
front-office. Il apprend la cuisine interne, la technique. Il surveille
les procédures de contrôle des transactions. Il s’occupe de gestion
des risques : « Maîtrise des outils de développement, analyse de
l’évaluation des risques », dit son CV. Il connaît bien le jargon des
traders, les systèmes d’alerte, la panoplie des contrôles. Il gagne
un peu moins de 40 000 euros par an. Comme il travaille au
septième étage d’une tour de la Défense, il habite tout près, à
Neuilly, un appartement de 50 mètres carrés sous les toits, au-
dessus d’une boutique de produits baptisée « La descente aux
affaires ». Cela ne s’invente pas.
Forcément, il rêve de jouer dans la cour des grands, de
rejoindre les seigneurs — de faire du trading. D’autant qu’il a la
chance d’être entré dans le saint des saints : la SocGen est le
leader mondial des produits dérivés actions. Dans ce domaine,
elle possède une longueur d’avance sur les banques anglo-
saxonnes, notamment grâce à Nicole El Karoui, la fameuse
professeure de Polytechnique puis de Paris-VI qui a lancé, en
France, dans les années 1990, un DEA de mathématiques
financières, le premier au monde. Le business des dérivés restera
très français pendant longtemps, et les ingénieurs formés en
France sont massivement présents dans les salles de marchés des
meilleures banques de la City ou de Wall Street.
Jérôme Kerviel est consciencieux, travailleur, apprécié de
tous. Ce qui explique sans doute qu’en dépit de son bagage
modeste, il passe assistant trader deux ans après son entrée au
middle-office. Un cas plutôt rare de promotion interne, et un
parcours original, un peu, penseront certains, comme si l’on avait
offert une formation de gendarme ou de serrurier à un futur
voleur. Il est vrai qu’il ne la « ramène » pas : il inspire confiance.
Il est présent jusqu’à quinze heures par jour, il veut tout donner à
sa banque, il croit en la réussite de ceux qui travaillent. Il ajoute
généralement : « D’ailleurs, je vote à droite. » En 2001, il a été
inscrit, à Pont-l’Abbé, en position non éligible sur la liste UMP
pour les élections municipales.
Il acquiert vite les compétences nécessaires, et dès 2005,
devient trader à part entière. Dans ce qui est sans doute le
meilleur service du monde donc, si l’on en juge par les
récompenses qui pleuvent cette année-là sur les spécialistes des
produits dérivés actions : la Société Générale Corporate
& Investment Banking est élue meilleure banque du monde par
IFR (International Financing Review) pour la deuxième année
consécutive. Elle a déjà été élue « Equity Derivatives House of the
Year » par Risk magazine en 2002, 2003 et 2005 ; par IFR en 2001,
2004, et 2005 ; et par The Banker en 2003, 2004 et 2005. Certains
concurrents laissent entendre que ces exploits matérialisent,
certes, une compétence particulière, mais aussi une culture du
risque particulière. Est-ce la jalousie qui les fait parler ? « Les
banques qui sont touchées par le rogue trading [les traders
voyous], explique un expert du FT, John Gapper, sont celles qui
ont des cultures et des contrôles faibles et qui laissent leurs
traders faire des paris risqués afin de se développer plus vite sur
les marchés de capitaux. » Le décor est planté.
Début 2005, le sosie breton du héros de Mission impossible
enfile donc son costume noir, sa chemise rose à fines rayures, ses
chaussures bien cirées, et passe de l’autre côté de la barrière : il
devient titulaire au desk Delta One, un groupe de huit personnes,
dans la plus prestigieuse des six salles de la SocGen, celle qui fait
sa renommée mondiale et l’essentiel de ses bénéfices. Certes, il
n’occupe qu’un strapontin dans ce monde éblouissant, puisqu’il
s’occupe d’arbitrage, l’opération la moins risquée et donc la
moins rémunératrice en cas de succès. Mais tout de même : il
dispose de quatre écrans et deux téléphones, et il gagne
maintenant 100 000 euros par an, sans compter les bonus. Un
salaire confortable… mais qui, dans la salle des marchés, figure
en queue de peloton.
Au début, il se contente de faire scrupuleusement ce qu’on lui
demande : des arbitrages sur les indices boursiers européens,
avec des risques limités à « quelques centaines de milliers
d’euros ». Il n’a pas vocation à prendre des paris financiers
importants, il n’est pas là pour spéculer. Il ne fait pas partie des
cadors, ceux qui prennent de gros paris, et qui, s’ils sont bons,
peuvent ajouter sur leur feuille de paie 10 ou 15 millions de
bonus à la fin de l’année. Kerviel ne peut acheter des futures (des
contrats à terme sur les indices boursiers) que s’ils sont couverts
par une position presque semblable permettant de limiter la perte
éventuelle : par exemple, il vend pour 1 million d’euros et rachète
pour 950 000.
Lorsque les futures ont été inventés, ils servaient à protéger de
toute mauvaise surprise les clients qui avaient vendu des
marchandises en dollars : le jour où ils seraient payés, les dollars
seraient échangés à un prix fixé dès le début, quelle qu’ait été son
évolution entre-temps. La volatilité des cours a rendu les futures
très attractifs aux yeux d’un public d’investisseurs avertis qui ne
se soucient plus de couvrir des portefeuilles. Si vous pariez sur la
hausse d’un indice, vous achetez un future sur cet indice ; si vous
pariez sur sa baisse, vous en vendez un.
Pour rester dans la limite de risque qui lui est impartie,
Kerviel doit donc se couvrir, c’est-à-dire prendre deux positions
— l’une acheteuse, l’autre vendeuse — sur des portefeuilles ayant
des caractéristiques assez proches, mais de valeur différente. Ce
que vérifient surtout les contrôleurs, c’est que la différence
demeure dans une limite de 5 % environ. Comme l’activité est
moins risquée que celle de ses confrères vedettes, le jeune homme
est aussi moins surveillé.
En juillet, le trader sort de sa mission et spécule sur une
baisse de l’action Allianz : il achète des futures, mais sans se
couvrir en vendant presque la même quantité. Bingo ! Quand il
déboucle, il gagne 500 000 euros. Et s’empresse d’aller raconter
son joli coup à son supérieur hiérarchique. « Ne recommence
pas », sourit seulement l’intéressé. Pas de félicitations, mais pas
de blâme non plus. Le supérieur livre une version différente de
l’histoire : Kerviel aurait été « averti » publiquement, en réunion,
et sommé de ne pas recommencer. Pas de punition en tout cas, et
aucune inscription à son dossier. Mieux encore, ce gain,
spectaculaire si on le compare à ceux qu’il peut faire au jour le
jour lorsqu’il respecte le règlement, sera pris en compte pour
calculer son bonus de fin d’année. Et pèsera lourd, puisqu’il est
censé réaliser, sur l’année, 2 millions d’euros de gain pour obtenir
son bonus maximum !
Les bonus des grands traders se comptent en centaines de
milliers d’euros, les plus capés et performants pouvant obtenir 5 à
10 millions. Comment ne pas prendre cette absence de mesure de
rétorsion pour un encouragement ? C’est ainsi, sans rien écrire,
pense Kerviel, qu’une banque profite des écarts de ses employés,
dès lors qu’ils sont gagnants. En revanche, si le salarié perd de
l’argent, il se retrouvera seul face aux conséquences de ses actes.
Exactement comme dans Mission impossible, lorsque le héros se
voit confier une tâche délicate par son gouvernement, et qu’il est
mis en garde avec cette phrase culte : « If you’re caught or killed,
the government will deny all knowledge of your actions » (« Si vous
êtes pris ou tué, le gouvernement niera avoir été au courant de
vos actions »). Ou plus simplement : « Cette conversation n’a
jamais eu lieu. »
Pas question de pousser officiellement au vice, et pourtant :
chaque soir ou presque, le boss « relève les compteurs », selon le
jargon local. Certains lancent même en plaisantant : « Alors, as-tu
été une bonne gagneuse aujourd’hui ? » Les managers ne
respectent que ceux qui rapportent beaucoup. Les traders
baignent dans une culture d’arrogance intellectuelle et
d’individualisme exacerbés.
Il existe bien des limites officielles à ne pas franchir : pour
l’ensemble du desk Delta One, les engagements (c’est-à-dire la
valeur des actifs sur lesquels on mise) ne doivent pas dépasser
120 millions d’euros. Mais pour gagner 500 000 euros sur de
petites variations de cours des actions Allianz, il faut
probablement acheter des centaines de milliers d’actions, donc
s’engager pour quelques dizaines de millions d’euros. Autant dire
que la limite du desk est régulièrement outrepassée, sans doute,
par chacun de ses membres.
Quoi qu’il en soit, après cet épisode, Kerviel a compris : pour
que le jeu en vaille la chandelle, il faut prendre quelques libertés
avec les consignes… mais ne pas s’en vanter.
Fin 2005, son père meurt à soixante-dix ans de problèmes
respiratoires. Très affecté, Jérôme gardera un costume sombre
pendant un an. Il semble qu’il se mette à « sortir des clous » plus
fréquemment. Est-ce parce qu’il sent le mépris dans les yeux de
ses collègues, lui, le sous-diplômé ? Ou parce qu’il regrette de ne
pas avoir montré sa valeur à son père ? Il ne connaît pas les 1 600
traders de la banque, mais ceux qu’il croise chaque jour — des
polytechniciens, centraliens, HEC… — susurrent qu’il n’a pas le
bagage pour faire du trading, qu’il est arrivé là parce qu’il lèche
les bottes des chefs. Kerviel se dit que son diplôme « moyen »
risque de le marquer à vie, et qu’il ne sera jamais traité comme
un cador s’il ne frappe pas un grand coup. Malgré ses bonnes
performances, il est déçu par son bonus : 30 000 euros au titre de
2006, année au cours de laquelle il a pourtant réalisé à lui seul la
plus grande part des résultats du desk.
C’est à la fin de l’année 2006, justement, qu’il se met à
multiplier les opérations de pure spéculation. Il travaille plus que
jamais, quinze heures d’affilée s’il le faut. Il prend de plus en plus
de risques, et de moins en moins de congés. Se sent-il infaillible ?
Un psychiatre qualifiera cette attitude de « bovarysme » : ce
syndrome consiste à se voir différemment de ce qu’on est, et à
chercher les sensations fortes. Un autre psy explique tout
simplement : « Le monde des traders est souvent un combat de
coqs où il faut savoir s’imposer ; il venait de nulle part, il a voulu
montrer ce qu’il valait. »
Pendant toute l’année 2007, le jeune homme parie de plus en
plus souvent « en direct », sans couverture, sur des actions de
multinationales allemandes, ou sur les grands indices boursiers :
l’Euro Stoxx (l’équivalent européen du Cac 40), le Dax (l’indice
allemand) ou le Footsie (FTSE, l’indice britannique). S’il n’est pas
un génie de la finance, il connaît par cœur toutes les procédures
de contrôle, donc toutes les façons d’y échapper. Ses techniques
ne sont ni sophistiquées ni diaboliques, comme le laisseront
entendre plus tard les dirigeants de la banque : il joue
simplement plus gros que les autres, et à sens unique. Il dépasse
allègrement les plafonds en contournant les règles de sécurité : il
lui suffit de créer des contreparties fictives pour masquer les
énormes engagements qu’il prend, puisque ce n’est pas la valeur
globale qui est contrôlée, mais l’exposition au risque, c’est-à-dire
l’écart entre la position acheteuse et la position vendeuse pour
une même valeur. Il déclare par exemple qu’il a acheté pour
10 millions d’euros et vendu pour 9,5 millions à une banque
partenaire, transaction qu’il invente de toutes pièces et
matérialise par l’écriture nécessaire.
Les signaux qu’auraient dû provoquer, en elles-mêmes, ces
positions fictives ne se sont pas allumés car il a choisi des
instruments qui ne nécessitaient ni appel de marge, ni
confirmation immédiate, ni mouvement de trésorerie. Il se sert
de forwards, c’est-à-dire de transactions de vente ou d’achat à
terme, de gré à gré. En apparence, ses positions sont donc
couvertes. Donc les appels de marge sur les opérations réelles
(c’est-à-dire les compléments de garantie à donner en cash) sont
bien honorés par la banque. Ils sont pourtant énormes !
Pour dissimuler ses gains, il lui arrive de les transférer
temporairement à ses collègues (qui sont donc forcément au
courant et n’en sont pas choqués). La pratique est bien connue
des managers, qui, lorsqu’ils estiment que leur desk a atteint ses
objectifs annuels avant la fin de l’année, dissimulent le surplus
pour le reporter sur l’exercice suivant.
« JK » a gardé ses contacts avec ses camarades du middle et
du back-office, auprès desquels il passe maintenant pour une
vedette. Fidèle, il continue de boire des bières avec eux au Valmy,
le café juste en bas de la tour de la SocGen, et d’échanger des
mails où ils se racontent leurs vacances : une anomalie, dans ce
monde où les seigneurs et les gueux ne se fréquentent guère.
Grâce à eux, comme un chauffard qui connaîtrait les
emplacements des radars mobiles, il est prévenu des dates des
contrôles inopinés. Les employés du back-office iront jusqu’à
l’élire « trader le plus sympa ».
Il ne prend pas de vacances pour éviter de laisser son book, ses
investissements, à une tierce personne. Il prend prétexte de
l’anniversaire de la mort de son père pour ne pas partir lors des
fêtes de fin d’année en 2007, alors qu’il ne s’est pas absenté depuis
huit mois. Encore un point qui aurait dû attirer l’attention de ses
supérieurs et du déontologue de la banque : dans la plupart des
établissements, tout employé doit prendre impérativement au
moins quinze jours de vacances d’affilée dans l’année.
Pourquoi Jérôme Kerviel s’est-il mis à spéculer à hauts
risques ? Il ne cherche pas à s’enrichir, il ne détourne rien à son
profit. Alors ? Croit-il que tout cela est virtuel, s’imagine-t-il dans
un jeu vidéo, perd-il le sens des réalités ? Il semble qu’il veuille
simplement être « reconnu » en faisant gagner sa banque. Le
procureur de la République, Jean-Claude Marin, le confirmera
après les premiers interrogatoires : « Il se rêvait en trader
d’exception, doué d’un feeling des marchés. Son but était
manifestement de faire une sorte de démonstration, et non de
spolier la banque. » Et le pari fonctionne, en tout cas au début.
La SocGen affirme que personne, dans la banque, n’a rien dit
parce que personne n’a rien vu. Pourtant, le compte de JK a
généré 74 alertes en 2006 et 2007, chaque fois que les montants
qu’il engageait dépassaient les limites autorisées. Mais les
avertissements ont à peine été regardés. D’abord, on l’a dit, parce
que le poste que tenait Kerviel faisait partie des moins risqués,
donc on y accordait peu d’attention. Personne ne pouvait
imaginer qu’il ne doublait pas ses positions acheteuses par des
positions vendeuses, ou inversement : en effet, à ne pas se
couvrir, il était sûr de se faire prendre un jour ou l’autre. Et
même s’il avait été pris avec des positions gagnantes, il aurait été
licencié pour avoir pris de telles libertés avec la plus élémentaire
déontologie.
Les responsables n’ont pas voulu tenir compte de ces signaux ;
ou quand ils en ont tenu compte, et qu’ils ont interrogé Kerviel ou
ses assistants, ils se sont contentés de réponses simplistes ou
oiseuses, sans pousser plus loin les vérifications, comme s’ils le
faisaient juste pour le principe, tenant à garder les yeux bien
fermés. Kerviel a cependant eu, expliquera-t-on, beaucoup de
« chance » de ne pas être pris plus tôt. Un des cadres se souvient
qu’à la fin d’une réunion sur un sujet tout autre, il avait
l’intention d’évoquer les dépassements du desk de Kerviel afin
d’obtenir quelques explications, mais qu’au moment où il allait
parler, quelqu’un a ouvert la porte et réclamé cette salle de
réunion qu’il avait réservée. Le cadre s’est dit qu’il en parlerait
une autre fois, cela ne lui paraissait pas de première urgence.
Jérôme Kerviel ne manquait pas d’habileté par ailleurs. Le
8 janvier 2008, une collègue chargée du contrôle au middle-office
demande à Kerviel pourquoi l’une de ses transactions fait
apparaître un risque élevé. Il répond : « Ça matérialise des give up
de futs faits tardivement, je dois de l’argent à la contrepartie. On
va le rebooker asap. » La jeune femme n’y comprend rien, mais
de peur de passer pour une idiote, elle n’ose pas le dire. Encore
moins le dénoncer à la hiérarchie. Les traders, même les petits,
sont des seigneurs !
« En France, on n’a pas encore adopté certaines des règles de
prudence des marchés anglo-saxons, explique Thami Kabbaj,
l’auteur de Psychologie des grands traders. Le rapport entre le
trader et le contrôleur est biaisé. Le second est respectueux vis-à-
vis du premier. La surveillance est souvent théorique, malgré les
grandes déclarations de principe. »
Cependant tout le monde ne les craint pas : un ancien
auditeur chargé des risques opérationnels à la SocGen dit avoir
alerté sa hiérarchie sur le problème du desk Delta One plusieurs
mois avant l’affaire. Sans résultat.
« Tant que nous gagnons et que cela ne se voit pas trop, que
ça arrange, on ne dit rien, expliquera plus tard le trader
incriminé. Pas vu, pas pris. Pris, pendu ! » Autrement dit, les
managers feignent d’ignorer les dépassements des traders, plutôt
que de leur accorder ouvertement des dérogations, ce qui les
rendrait responsables : ce sont les tartuferies de la finance.
« Kerviel, ce n’était pas une fraude dans un océan de vertu, admet
aujourd’hui un membre du comité exécutif. Cette déviance
n’aurait pas pu se développer si la culture de l’entreprise avait été
plus saine. »
Kerviel termine l’année 2007 avec 1,4 milliard d’euros de
profit. Un gain beaucoup trop important compte tenu des
transactions qu’il est censé effectuer et qui, s’il le rend public,
révélera ses exactions. Alors il ne fait apparaître que 55 millions.
Ce qui reste un record dans une équipe qui, selon la SocGen, a
pour objectif collectif de rapporter 20 millions. À son supérieur
qui lui demande son avis sur le bonus qu’il mérite, il réclame
300 000 euros, rappelant qu’il a toujours reçu de faibles bonus
alors qu’il réalise la moitié du résultat de l’équipe à lui tout seul.
Il recevra seulement 60 000 euros.
Sans doute se dit-il que, en 2008, il devra taper encore plus
fort pour enfin changer de catégorie. Comme les coiffes des
bigoudènes, il monte de plus en plus haut. Les grands indices
boursiers européens sont à la baisse, crise des subprimes oblige,
mais il est convaincu qu’ils remonteront, il les joue donc à la
hausse, en misant des milliards cette fois, avec une totale
inconscience. Le 18 janvier, ses positions s’élèvent à 30 milliards
d’euros sur l’Euro Stoxx, 18 milliards sur le Dax et 2 milliards sur
le Footsie. Il est engagé pour 55 milliards, lesquels, certes, ne
vont pas être réduits à néant du jour au lendemain, mais que la
banque elle-même ne possède pas, puisque ses fonds propres
atteignent à peine 35 milliards à cette époque.
Seul Moussa Bakir, courtier à la Fimat, une filiale de la
Société Générale, qui exécute les ordres passés par JK et a noué
une relation d’amitié avec lui, lui dit ouvertement qu’il marche
sur un volcan. Ce Kerviel qui s’enhardit commence à lui faire
peur. Dans leurs échanges de mails, il évoque son
« inconscience ». Mais il sait que Kerviel est attaché à sa banque
et qu’il n’est pas malhonnête. Il ne le dénonce pas, ce qui lui
vaudra d’être un instant soupçonné de complicité. Il obtiendra un
non-lieu.
On peut évidemment se demander pourquoi les montants
engagés n’ont pas alerté les systèmes de contrôle. En fait, la
SocGen, à cette époque, ne procède à aucun contrôle sur le
nominal, le montant facial des achats ou des ventes d’un trader,
mais seulement sur la différence entre le montant des achats et
celui des ventes, qui mesure le niveau de risque. Et comme
Kerviel compense ses vrais achats par de fausses ventes, justifiées
par de faux fax ou des falsifications de documents…
Les meilleures choses ont une fin. À force de jongler avec le
vrai et le faux, le trader finit par se prendre les pieds dans le tapis.
Autre version, plus cynique : la hiérarchie, qui laissait faire tant
que les positions étaient gagnantes, se rend compte que les
indices s’effondrent, et met fin au jeu. Dans la soirée du
18 janvier 2008, dans le cadre des opérations d’arrêté des
comptes, l’une des quatre mesures de risque de la banque, celle
des risques de contrepartie, fait apparaître une incongruité. Une
position anormalement élevée et non justifiée a été détectée sur le
poste de Kerviel ; on appelle la Deutsche Bank, censée être sa
contrepartie sur les 30 milliards de forwards sur le Dax, pour
confirmation. Le lendemain, la banque allemande rappelle, et
annonce qu’elle n’est pas au courant de l’opération.
Aussitôt, les dirigeants cherchent à joindre Kerviel sur son
portable. Le trader est parti à Deauville. Ils finissent par recevoir
un sms inquiétant : « Je ne peux pas vous répondre. Il n’y a pas de
réseau. » Ils craignent le pire, mais JK finit par rappeler. « Nous
avons joint la Deutsche Bank, censée être ta contrepartie sur les
opérations de forwards. Personne n’est au courant. C’est une
transaction fictive ? »
Telle qu’elle est formulée — et il s’agit du récit fourni à des
journalistes par des managers de la SocGen —, la question
semble bien montrer que les transactions fictives sont monnaie
courante. Réponse de Kerviel : « Oui, c’est vrai, c’est fictif. Mais
j’ai inventé cette opération pour ne pas faire apparaître le gain de
1,4 milliard d’euros que j’ai réalisé en 2007. Je voulais vous faire
la surprise. J’ai découvert une martingale sur le contrat à terme
sur le Dax en jouant sur les horaires d’ouverture de marché. »
Jean-Pierre Mustier, le grand patron de la banque
d’investissement, demande à Kerviel de revenir à Paris au plus
vite. En attendant, les contrôleurs étudient toutes ses
transactions 2007. Et découvrent qu’en fait de martingale, il a
pris d’énormes positions spéculatives ; cependant il n’a pas menti
sur le 1,4 milliard de bénéfice dissimulé.
Samedi en fin de journée, le jeune homme débarque dans la
salle des marchés. Tous ses chefs sont là, il est un peu intimidé
mais ne se sent pas coupable : ses positions étaient à l’équilibre la
veille à midi. Cependant il se doute qu’elles sont passées dans le
rouge l’après-midi avec la chute générale des Bourses
européennes ; sa perte doit être de 1 milliard environ. Pas inquiet,
il pense qu’il se refera, les marchés ne peuvent « dégueuler » ainsi
éternellement. D’ailleurs, personne ne lui en parle. Seules ses
opérations de 2007 sont évoquées.
Samedi soir et dimanche matin, Jean-Pierre Mustier
l’interroge, en lui laissant une nuit de sommeil entre les deux. Le
jeune homme collabore. Mustier sait qu’il n’a pas détourné de
fonds à son propre bénéfice, mais n’arrive pas à comprendre s’il
est cynique ou inconscient, naïf ou faussaire.
Tout est enregistré, à son insu. L’interrogatoire descend dans
les moindres détails. Kerviel admet certains faits, en oublie
d’autres, se souvient des gains, pas des pertes intermédiaires. Il
n’a pas le sentiment d’avoir trompé son monde, convaincu qu’au
fond, on l’a plus ou moins laissé faire. D’ailleurs, tous ses
collègues dépassent aussi les limites qu’on leur impose.
« Au fait, tu as fait quelque chose en 2008 ? demande soudain
Mustier. — Oui, mais c’est rien », balaie Kerviel d’un revers de
main.
Quelques heures plus tard, « rien » est évalué : JK a accumulé
50 milliards d’euros de positions spéculatives sur les contrats
boursiers européens. Et aux cours arrêtés le vendredi soir, elles
sont perdantes de 2,7 milliards d’euros ; les marchés ont
dégringolé à cause de la crise des subprimes. Dans la salle, les
dirigeants en ont des sueurs froides.
Daniel Bouton, P-DG de la SocGen, et son comité de direction
décident que la position sera débouclée au plus vite, afin que la
banque ne soit plus exposée au risque. Les défenseurs de Kerviel
sont aujourd’hui convaincus que, à cet instant, la direction décide
de charger sa barque : puisqu’il y aura une grosse perte à cause
du jeune trader, autant en profiter pour faire passer dans le lot
des pertes liées aux subprimes. Une accusation grave et difficile à
prouver.
Si toutes les positions pouvaient être vendues, d’un coup, au
moment où la décision est prise, la perte serait de 2,7 milliards.
Mais le trader vedette de la banque, Maxime Kahn, va avoir
besoin de trois jours pour tout liquider, au beau milieu d’un mini-
krach boursier. Un krach que de telles masses de ventes
aggravent forcément, même si personne n’est au courant de la
manœuvre : Maxime Kahn est enfermé dans une salle, seul, et ne
sait même pas à quel client appartiennent les positions qu’il
liquide. Il racontera au tribunal : « On m’explique qu’on doit
vendre des futures (contrats à terme) pour une taille
indéterminée, qu’on ne me donne pas. On réfléchit à quelle
proportion on va mettre sur le marché […]. Pour assurer la
confidentialité de l’opération, on m’installe dans une petite salle
de trading isolée, au 7e étage […]. J’apprendrai la nature de mes
opérations le jeudi matin, en même temps que tout le monde. »
La Réserve fédérale américaine (la Fed) devra même baisser ses
taux pour tenter de calmer les marchés en déroute.
Résultat : une perte totale de 6,3 milliards d’euros. En
soustrayant le 1,4 milliard de bénéfices de fin décembre, la
facture s’élève à 4,88 milliards. Presque 5 milliards ! C’est plus
que le score de Nick Leeson, un trader fameux dont les origines et
le parcours ressemblent beaucoup à ceux de Kerviel ; Leeson a
provoqué la faillite de la banque Barings en ne perdant « que »
1,4 milliard de dollars… et il a écopé de huit ans de prison.
Pourtant, ce chiffre de 4,9 milliards est sujet à caution.
Beaucoup d’experts en sont convaincus : si l’on peut comprendre
que la banque ne pouvait rester dans cette position de risque —
elle était vulnérable à un choc externe —, elle n’était pas obligée
de se couper le bras si rapidement. Ce faisant, elle a quasi doublé
le dommage causé par Kerviel.
Le jeudi 24, avant l’ouverture des marchés, la SocGen informe
les médias de la fraude et de ses conséquences. Comme les
dirigeants ont du mal à admettre que leur prestigieux
établissement ait pu être abusé par une petite main, ils forgent la
légende Kerviel en le qualifiant « d’entreprise dissimulée à
l’intérieur de nos salles de marchés ». Ils le qualifient aussi de
terroriste, d’escroc, d’informaticien hors pair et de génie de la
fraude. Le gouverneur de la Banque de France donne dans la
surenchère en disant que le malfrat « s’est enfui », alors qu’il est
toujours sous le contrôle de la banque, et qu’il se livrera lui-même
à la police lorsque l’enquête judiciaire commencera pour de bon,
le samedi 26 janvier.
Mais si, vis-à-vis de la presse, la direction évoque un génie de
la fraude, elle évoquera devant les syndicats un « être fragile »,
« sans génie particulier », traversant des « difficultés familiales ».
En tout cas, « l’homme qui valait (ou volait) 5 milliards » devient
immédiatement célèbre : quinze jours après le début de l’affaire,
on peut trouver 2,4 millions de réponses quand on tape son nom
dans Google.
Sur Facebook, quelques heures après la conférence de presse,
il n’a plus qu’un seul ami. Et le lendemain soir, zéro. Mais les
fans vont revenir par milliers dès que l’affaire commencera à
prendre de l’ampleur…
La Société Générale procède d’urgence à une augmentation de
capital de 5,5 milliards d’euros, soit 18 % des fonds propres,
garantie par JP Morgan et Morgan Stanley. Daniel Bouton, le P-
DG, renonce à une demi-année de salaire de même que Philippe
Citerne, directeur général délégué. Demi-mesure, pour un demi-
aveu de demi-responsabilité ? Bouton quittera son poste de DG
en mai 2008 et continuera à diriger le conseil d’administration
jusqu’en avril 2009.
Toute la chaîne hiérarchique au-dessus de Kerviel — du N+1
au N+6, donc, à une exception près : Christophe Mianné, à
l’époque responsable des dérivés actions — sera licenciée pour
faute… en percevant, chacun, jusqu’à sept ans de salaire fixe.
« On dira que ce n’est pas le prix du silence, mais ça y
ressemble », lâchera l’avocat de Kerviel, Me Koubbi, interrogeant
l’un d’entre eux lors de l’audience. Trois collègues de Kerviel,
ainsi que son assistant, ont aussi été licenciés. Et surtout, les
procédures ont été revues : le contrôle a été accentué et les bonus
diminués. En réalité, c’est toute la culture du groupe que les
nouveaux dirigeants se sont efforcés de transformer, un travail
qui a pris plusieurs années et qui n’est pas terminé. Les gens
toxiques, ceux qui n’incarnaient pas les valeurs de responsabilité
ou d’esprit collectif, ont été exfiltrés. Puis un leadership model a
été instauré par la direction des ressources humaines du groupe,
afin de sensibiliser les 1 000 premiers managers à l’éthique,
l’esprit collectif, le respect.
Reste, dans cette affaire, quelques zones d’ombre, que pointe
la défense. D’abord, les enregistrements audio de l’interrogatoire
de Kerviel à la SocGen, lors de ce fameux week-end, n’ont été mis
à la disposition de la défense que très tard, après maintes
réclamations. Peut-être parce qu’ils laissent apparaître deux
heures quarante-cinq minutes manquantes sur huit heures
cinquante-cinq. Et les blancs, qui se trouvent parfois en plein
milieu d’une longue tirade, concernent toujours des réponses de
Kerviel. La version dactylographiée, elle, est totalement
cohérente. Pour les experts mandatés par la défense, la SocGen
« a procédé à des extraits sélectionnés ». Comme si l’on gommait
d’autres noms, d’autres références, pour que le jeune Breton
passe pour seul coupable. Autre bizarrerie : les boîtes mails des
supérieurs hiérarchiques de Kerviel n’ont jamais été saisies.
Plusieurs exemples rapportés par Mediapart suggèrent qu’en
réalité certaines personnes étaient au courant des dépassements
monumentaux de Kerviel. Et pas seulement ses voisins du desk,
qui entendaient ses conversations téléphoniques quotidiennes
avec son broker. Tous les experts en sont d’ailleurs convaincus,
comme Mary Schapiro, ancien régulateur et présidente de la
SEC, le gendarme de la Bourse américaine : « Dans une période
où l’on met tellement l’accent sur le management du risque,
explique-t-elle en substance, il est difficile de croire que des
positions de cette ampleur n’aient pas été repérées. »
Quatre exemples parmi d’autres : dans un de ses mails, le
trader explique à un responsable de la comptabilité qu’il a une
position de 73 827 futures. Soit un engagement de 13,7 milliards
d’euros. Pour un desk qui ne doit normalement pas dépasser
120 millions d’euros au total, cela fait beaucoup !
De même, le 4 octobre 2007, un des responsables de la filiale
Fimat à Francfort se plaint du surcroît d’activité lié au compte
SF 581, celui de Kerviel. Il adresse un mail à une dizaine de
personnes pour leur dire : « Chaque opération exécutée par Paris
doit avoir été acceptée dans la journée par SocGen. Fimat ne peut
pas prendre le risque de s’asseoir sur tant d’opérations à la fin de
la journée et payer pour vous les appels de marge. »
Troisième exemple, qui montre, lui, que les responsables
savent voir quand ils veulent. Un manager s’inquiète des
commissions que son service doit verser à un courtier en raison
des prises de position de Kerviel : 1,2 million d’euros de fees, alors
qu’il aurait fallu, explique-t-il, appliquer un taux de commission
fixe, un forfait, qui aurait été beaucoup moins élevé compte tenu
des montants.
Dernier exemple : chaque soir la chambre de compensation,
indépendante des banques, établit les positions de chaque
banque, et de chaque trader. Les achats étant prévus à terme, la
chambre exige, pour garantir la sécurité du système et couvrir les
risques, des règlements en espèces (les fameux appels de marge)
afin de compenser une partie des pertes potentielles. Le service
Trésorerie de la Société Générale devait donc, a expliqué un
défenseur de Kerviel, payer chaque jour à la chambre de
compensation les appels de marge correspondant aux positions
faramineuses de JK. Pour 2006-2007, ils ont été évalués à plus de
20 milliards d’euros ! Il paraît impossible que le service
Trésorerie de la banque ne s’en soit jamais aperçu. Et qu’il n’ait
pas alerté les responsables. À moins qu’ils n’aient pas souhaité en
être avertis ?
C’est d’ailleurs un des éléments relevés par les enquêteurs de
la Commission bancaire. En effet, l’autorité de tutelle du système
bancaire français a procédé au printemps 2008 à un audit de la
SocGen, suite à l’affaire Kerviel. Et le 4 juillet, elle a condamné la
banque à payer 4 millions d’euros pour avoir enfreint la
réglementation bancaire. Ses attendus sont extrêmement
critiques, car c’est l’organisation même de la Société Générale qui
est mise en cause. La fraude de Jérôme Kerviel, pour la
Commission bancaire, n’est pas due au hasard mais à des
« carences graves dépassant la répétition de simples défaillances
individuelles ».
Ce que résume et confirme Jacques Warren, ancien
responsable de la compensation sur le marché à terme des
instruments financiers (Matif), qui a témoigné en tant qu’expert
lors du procès : « Il est impossible à un établissement financier
d’expliquer qu’il n’a rien pu voir. Entre les brokers, la
comptabilité, la trésorerie, le back-office, une bonne vingtaine de
personnes suivent ces mouvements. Compte tenu de l’ampleur
des positions de Jérôme Kerviel, en tenant compte des variations,
il y a eu au moins 20 milliards de flux de trésorerie en un an.
C’est évidemment une position qui est suivie tous les jours. »
Warren s’est exprimé pendant une heure trente lors du procès. En
vain, car personne ne lui a posé de questions et la cour n’a pas
souhaité approfondir.
Dans une interview donnée à la journaliste Martine Orange,
pour Mediapart, Eva Joly émet quelques hypothèses (que la
hiérarchie actuelle de la SocGen qualifie de « farfelues »). Pour
l’ancienne juge du pôle financier, la thèse du trader fou, agissant
dans le dos de la banque, ne tient pas. Il est impossible de croire
que personne n’ait vu ce que faisait Kerviel. La manipulation des
bilans des banques est une pratique fréquente, et la SocGen a été
citée dans une dizaine d’affaires, de blanchiment notamment.
Donc Eva Joly ne comprend pas que la justice s’en tienne à la
version de la banque sans en remarquer le côté hautement
invraisemblable.
La juge pointe les positions prises par Kerviel entre le 4 et le
18 janvier 2008. Il achète 100 000 contrats Dax et 743 000
contrats Euro Stoxx. « C’est énorme : le marché du Dax étant peu
profond, cela revient à dire que Kerviel détient à ce moment-là
2 % de l’économie allemande. La SocGen prétend avoir tout
découvert le 18 janvier et avoir tout débouclé au plus vite, et dit
qu’elle n’avait pas le choix du moment du débouclage. Il demeure
que ce moment est quand même assez particulier. La banque
vend alors que les cours sont à la baisse et ses ventes vont encore
accentuer la chute. De 7 500, le cours du contrat Dax tombe à
6 400. Mais il remontera par la suite. Il est étonnant que dans un
contexte aussi défavorable, les pertes se soient limitées à 12 %,
selon les propres déclarations de la banque. Dans le rapport
annuel de 2007, les commissaires aux comptes font une réserve
importante : ils indiquent que les pertes liées au dénouement des
positions de JK sont provisoires. Par la suite, il n’y a jamais eu de
révision. Les pertes que la banque a annoncées au moment où
elle dénonce l’affaire deviennent comme acquises par tous, y
compris par la justice. »
Puisque, sur les marchés, le jeu est à somme nulle, s’il y a des
perdants, il y a aussi des gagnants. Or on ne sait toujours pas qui
a gagné. Pour la juge, il faudrait une contre-expertise large pour
déterminer comment les positions ont été débouclées : en clair,
quelles contreparties se trouvaient en face. Il faudrait voir les
relevés de la chambre de compensation. Eva Joly lâche une
bombe lourde de sous-entendus : « Il faut vérifier aussi les
positions prises par les filiales offshore de la Société Générale. »
Est-il possible que la SocGen ait racheté elle-même ce qu’elle
vendait, et qu’elle ait pu, par la suite, gagner de l’argent sur le dos
de Kerviel ? Ou, en tout cas, qu’elle n’ait pas perdu autant qu’elle
le prétend ? La banque nie catégoriquement cette hypothèse,
qu’elle juge « tout aussi fantaisiste que le reste ».
Eva Joly relève un fait étrange : dans ses comptes 2008, la
SocGen enregistre 15 milliards d’euros de gains sur le trading des
instruments financiers dérivés. Un montant historique. Ces
profits lui ont permis de compenser une perte de 7 milliards liée,
cette année-là, à la crise financière, et d’afficher un résultat de
4,6 milliards d’euros. « Alors qu’on est en pleine crise financière,
ces chiffres posent question, juste après le dénouement des
positions de Jérôme Kerviel, d’autant que la banque a juré devant
les juges qu’elle ne spéculait pas et que ses positions sur dérivés
servaient juste à couvrir ses risques. »
La juge insiste sur ces contradictions : « La justice s’est laissé
prendre par la communication remarquable de la Société
Générale […]. Elle a réussi à faire porter à Jérôme Kerviel toutes
les critiques que suscite la finance […]. La presse économique n’a
pas fait non plus preuve de beaucoup de curiosité pour aller plus
loin. »
Normalement, explique encore l’ancienne juge, le parquet est
là pour protéger l’intérêt général, autrement dit les épargnants.
La Cour de cassation, contrairement aux juges de première
instance et d’appel, n’a pas voulu donner un brevet
d’irresponsabilité à l’une des plus grandes banques françaises.
« Sérieusement, peut-on faire confiance à une banque qui dit ne
pas avoir vu qu’un de ses traders engageait 50 milliards d’euros
sur les marchés sans son consentement et sans que ses services
de contrôle ne le repèrent ? Au fond, soit la banque dit vrai et il
s’agit d’une négligence coupable qui en dit long sur les dangers
d’un système, soit la vérité est autre : la banque savait et on est
face à une affaire d’une ampleur phénoménale. »
Professionnellement en rapport avec le département de
Kerviel, Philippe Houbé, « petite main » de la finance et salarié
de Fimat (rebaptisé Newedge), a eu un cas de conscience ; il a
contacté l’avocat de Kerviel et accepté de témoigner au tribunal.
Il va dans le même sens que l’ancienne juge du pôle financier :
« La direction de la SocGen n’assume pas ses responsabilités… »
Et d’expliquer avoir vu apparaître, comme ses collègues, des
positions considérables sur le compte géré par Kerviel : « On
disait du compte qu’il tournait comme un avion. » Pour lui, il est
impossible que la banque n’ait rien vu des agissements du trader :
« Comment peut-on ne pas avoir vu des choses énormes, soi-
disant dissimulées par des bidouilles d’amateur ? » Et d’égrener
les relevés de compte de « JK » chez Fimat et envoyés
régulièrement à la SocGen : ils listent de monstrueuses pertes ou
d’énormes gains. Houbé pense que la SocGen a volontairement
alourdi la facture imputée à JK pour masquer ses propres pertes
dans les subprimes. Le salarié de Fimat prétend même avoir
« repéré des positions contraires à celles de Kerviel », donc
pouvant secrètement les annuler.
Juste avant l’affaire Kerviel, début janvier 2008, SocGen
inquiétait les marchés parce qu’elle n’avait pas donné, comme
l’avaient fait la plupart de ses consœurs, le montant potentiel de
ses pertes liées aux subprimes. Quelques jours avant la
découverte du trou de 4,9 milliards, Simon Adamson, analyste
bancaire de CreditSights à Londres, écrivait en effet : « La Société
Générale est la banque française qui nous inquiète le plus ; elle
semble très exposée, or elle n’en parle pas. » La crise financière
avait commencé à l’automne 2007, et la perte annoncée cette
année-là — environ 2 milliards — passa inaperçue à côté du
scandale Kerviel. Mais les plus grosses pertes liées aux subprimes
(au total, de l’ordre de 10 milliards) apparurent après la faillite de
Lehman Brothers en septembre 2008 et l’aggravation de la crise
financière dont elle donna le signal.
L’ancien trader indélicat avance un argument supplémentaire
pour expliquer que sa hiérarchie avait forcément conscience des
montants qu’il engageait : il était strictement impossible de
générer les profits qu’il obtenait avec les positions faibles que les
traders de ce desk étaient autorisés à prendre. Cette réflexion est
valable dans presque toutes les banques. Le supérieur
hiérarchique est intéressé aux bénéfices engrangés par ses
subalternes ; il peut prendre le risque de les laisser agir hors
limites, pour démultiplier son profit. Mais alors, peut-on objecter
à Jérôme Kerviel, quel intérêt y avait-il à bidonner et envoyer de
faux e-mails à ses supérieurs hiérarchiques, si tout le monde
savait ? Le trader indélicat répond tout de go : « Ils avaient ainsi
une option gratuite sur moi : si ça gagnait, ils empochaient sur
mes gains ; si ça perdait, ils ne savaient rien. »
Les faux-semblants décrits plus hauts, et qui ont caractérisé
l’affaire Kerviel, existaient probablement dans toutes les banques
du monde. Une seule chose est sûre : concernant la responsabilité
en cas de scandale, et la reconnaissance des erreurs de
management, il existe une « exception française ». Le traitement
des rogue traders, les traders voyous, n’est pas le même dans les
pays anglo-saxons.
« En France, les banques sont absoutes de tout examen
critique de leurs pratiques », expliquent David Brunat, consultant
en communication et gestionnaire d’actifs, et Jean-Jacques
Legendre, ancien trader chez Morgan Stanley et à la Deutsche
Bank.
Qu’on en juge : un trader de la Caisse d’Épargne, Boris
Picano-Nacci, a été condamné fin janvier 2013 à rembourser le
montant des pertes qu’il avait provoquées en misant sur le
marché des produits dérivés actions (soit 315 millions d’euros).
On sait que c’est impossible. Kerviel ne pourrait pas davantage
rembourser les 4,9 milliards auxquels la cour d’appel l’a
condamné. Ce coup de massue, qui correspond à une
condamnation à mort civile, est hors de proportion avec les
peines de prison prononcées dans les deux cas (deux ans de
prison avec sursis pour Picano-Nacci). Mais les deux sentences
donnent raison aux banques quant à leur irresponsabilité, vis-à-
vis des clients comme des actionnaires.
Nulle part ailleurs dans le monde, la condamnation au
remboursement des pertes par leur seul auteur n’est requise.
Dans les pays anglo-saxons, les rogue traders plaident coupable,
ils vont aussi en prison, mais ne payent pas d’amende, sinon
symbolique. Ainsi, Nick Leeson a été condamné à sept ans de
prison et seulement… 70 000 livres d’amende. Les amendes
frappent surtout l’établissement bancaire. Et les dirigeants vont
faire leur mea culpa devant les clients, ou le Sénat américain.
Preuve que la responsabilité est partagée. C’est aux managers de
ne pas fermer les yeux.
Ne faire payer que le coupable, pas le responsable, est une
particularité française. Cependant, le jugement en Cour de
cassation en 2014 va certainement faire évoluer la jurisprudence.
Désormais, si le sac est volé, il pourra y avoir un partage de la
responsabilité entre l’auteur et la victime. La Cour de cassation
en a ouvert la voie.
Après la révélation de l’affaire Kerviel, les autres banques de la
place se sont bien gardées de triompher : personne n’est à l’abri
d’un incident de ce genre. Le temps passant, on a pu lire ici ou là
des témoignages laissant supposer que la culture du contrôle de
la Société Générale était nettement plus faible que celle de BNP
Paribas, par exemple, cette dernière laissant moins de liberté à
ses traders. Mais sept ans plus tard, la BNP elle-même s’est
retrouvée au cœur d’un scandale qui, s’il n’a rien de commun avec
l’affaire Kerviel, a coûté encore plus cher et a mis également en
cause le sommet de la pyramide. De même que Daniel Bouton a
été remplacé par Frédéric Oudéa à la présidence de la banque
quelques mois après la révélation de cette affaire, Baudouin Prot
a été remplacé par Laurent Bonnafé en décembre 2014, sans
qu’un lien soit officiellement établi entre son départ et les
événements du printemps précédent. Dans les deux cas, on a
parlé de succession naturelle, mais elles n’auraient pas eu lieu
aussi rapidement sans ces déflagrations financières.
L’affaire BNP Paribas est d’abord une affaire Paribas.
Lorsqu’en 2000 Michel Pébereau, alors patron de la BNP,
fusionne son établissement avec la grande banque d’affaires, il
trouve, dans la corbeille de mariée, Paribas Suisse, qui, au
moment de la nationalisation du secteur bancaire en France en
1982, a reçu en héritage des actifs nombreux et des banquiers
plus audacieux que la moyenne. Spécialisée dans le négoce des
matières premières, et profitant du rôle de plaque tournante de
Genève en la matière, Paribas règne en maître sur ce marché
extrêmement lucratif dans les années 1990. Ses principaux clients
sont des géants du courtage en matières premières, les Glencore,
Trafigura, Vitol, ou Mercuria, ainsi que le fameux Marc Rich, un
homme d’affaires controversé, ancien fondateur de Glencore qui,
après l’avoir vendu, a recréé son propre établissement. Toutes
sont des maisons opaques, qui acheminent dans le monde entier
des métaux et des céréales, mais aussi du pétrole ou du gaz.
Après les attentats du 11 septembre 2001, les choses se
compliquent dans certaines régions du monde. Les États-Unis
renforcent leur programme de sanctions piloté par l’OFAC,
l’autorité chargée du contrôle des embargos. La filiale suisse fait
la sourde oreille, utilisant des codes pour maquiller l’origine des
transactions avec des pays sous embargo comme l’Iran et le
Soudan, car ces opérations font sa fortune. En 2006, les matières
premières assurent jusqu’à 20 % des profits de la banque de
marchés de BNP Paribas.
Pourtant, déjà, les premières mises en garde tombent. Dans
une note publiée le 24 janvier 2005, le ministère des Affaires
étrangères prévient : « Les entreprises françaises qui ont des
filiales ou des fournisseurs américains et qui envisagent de
commercer avec des pays sous embargo américain devront […]
recourir aux services d’un avocat américain spécialisé pour
identifier les restrictions éventuellement applicables. »
BNP Paribas s’exécute en mandatant le cabinet Cleary
Gottlieb. Verdict, livré en mai 2005 et révélé par Le Monde : « En
tant que banque non américaine, BNP Paribas elle-même n’est
pas assujettie aux lois sur les sanctions de l’OFAC. » Jusqu’ici,
tout va bien… Le vrai tournant a lieu en 2006. Le 3 janvier,
Washington condamne la banque néerlandaise ABN Amro à une
amende de 40 millions de dollars pour violation des embargos
américains sur l’Iran et la Libye.
Pour la première fois, des opérations effectuées hors des
États-Unis sont incriminées. La seule utilisation du dollar dans
les transactions permet de poursuivre les établissements. Cette
nouvelle jurisprudence inquiète suffisamment l’état-major de
BNP Paribas pour qu’il mobilise, dès le 16 janvier, ses fins limiers
de l’Inspection générale.
Ceux-ci mènent pendant trois mois un audit du département
ECEP (Energy, Commodities, Export et Project). Il inclut les
activités suisses. Leurs conclusions, révélées par L’Express,
pointent « un risque opérationnel intrinsèque » pour la banque,
lié à un « défaut de surveillance » sur les opérations en dollars
avec les pays sous embargo. Imparable. Pourquoi, alors, la
banque a-t-elle tout de même laissé sa filiale continuer de telles
opérations ? L’importance des gains l’aurait-elle fait reculer ?
La direction de BNP Paribas, qui cherche tous les moyens de
s’exonérer de sa responsabilité, ne se contente pas de cette
analyse interne : elle demande un décryptage juridique
circonstancié de la décision ABN Amro afin de vérifier qu’elle ne
pourrait pas s’appliquer à son cas. Elle mandate à cet effet trois
cabinets d’avocats anglo-saxons prestigieux. Ils sont formels :
Paribas peut tomber à son tour sous le coup d’une décision
extraterritoriale. Rue d’Antin, la panique devrait être à son
comble. Et pourtant non. On préfère faire comme si l’on ne savait
pas.
Comme le racontent Delphine Déchaux et Grégoire Pinson
dans Challenges, « l’épaisse moquette amortit visiblement ces
mises en garde ». La direction générale ne considère pas le sujet
comme une affaire grave, ne pouvant imaginer le niveau
extravagant des sanctions que demanderait la justice américaine,
confiera plus tard un membre du conseil d’administration. Les
40 millions d’amende payés par ABN Amro sont une broutille
comparés aux bénéfices qu’engendre l’activité illicite en Suisse.
« Aucune notification d’un organisme de contrôle français ou
européen n’avait été délivrée, cela nous rassurait », se souvient un
membre de la direction générale. Autrement dit, ça se plaide. Et
chez Paribas, on est habitué à prendre des risques opportunistes.
À quoi bon solliciter et payer à prix d’or les conseils des
meilleurs cabinets si l’on n’en tient pas compte ? BNP Paribas
continue de se croire au-dessus des lois. Elle édicte, certes, une
procédure interne interdisant toute transaction vers le Soudan,
l’Iran et Cuba, mais au sein de l’activité de financement des
matières premières, l’interdiction n’est pas respectée. Et la
hiérarchie laisse faire. Elle continue de feindre d’ignorer que sa
filiale commerce en dollars avec des pays sous embargo
américain.
Le sommet de l’aveuglement est atteint en septembre 2006.
L’avertissement vient cette fois des autorités américaines elles-
mêmes. Le sous-secrétaire au Trésor américain de l’époque,
Stuart Levey, chargé du contrôle financier et de la lutte contre le
terrorisme, se rend dans une quarantaine d’établissements
européens, dont la BNP. Son objectif : les convaincre tous de
participer à l’étouffement méthodique de l’économie iranienne.
Évidemment, les banquiers français s’agacent de cette méthode et
se plaignent des pressions américaines.
Cependant, craignant des représailles, ils cèdent. Ceux de BNP
Paribas comme les autres ? Michel Pébereau, alors président de
la banque, nommé administrateur de la filiale suisse en
remplacement de Michel François-Poncet, assure qu’il a appris le
même jour de 2007 l’existence des opérations avec le Soudan et
leur cessation. Pourtant, depuis les mises en garde de 2006, plus
d’un an s’est écoulé, durant lequel 6,4 milliards de dollars
d’opérations frauduleuses avec l’Iran ont été conduites. Et les
transactions se poursuivront jusqu’en 2010 avec Cuba, jusqu’en
2012 avec l’Iran.
Dès lors, deux versions des événements coexistent. La version
bisounours prétend que les consignes n’ont pas été respectées en
dépit de la volonté de la maison mère, ce qui expliquerait la
quinzaine de licenciements qui ont eu lieu dans la filiale
genevoise à la fin de 2013. L’autre hypothèse, la plus probable
pour les experts, consiste à dire que le risque d’amende a été si
mal apprécié que la banque a cru que le jeu en valait la chandelle.
Ce qui traduirait une méconnaissance profonde des rouages
juridiques américains. Car la justice des États-Unis ne fonctionne
pas sur un principe de proportionnalité. Contrairement au droit
français, qui applique strictement le principe de réparation, le
système judiciaire américain peut imposer des dommages et
intérêts punitifs, sans rapport avec la faute commise.
De fait, la justice américaine infligera une amende de
8,9 milliards de dollars à la banque française. Ce qui correspond
peu ou prou au montant total des transactions frauduleuses.
Vous avez bien lu : des transactions, non des bénéfices réalisés !
Si la marge était de 1 % sur chaque opération, la pénalité
équivaut à cent fois les bénéfices !
La sanction est particulièrement lourde, et sans commune
mesure avec celle autrefois infligée à ABN Amro. Pourquoi ? Non
parce que les Français sont persécutés, mais parce que BNP
Paribas a commis une seconde erreur d’appréciation. En 2013,
quand la justice américaine s’est faite plus pressante, la banque
dirigée par Baudouin Prot a choisi « de ne pas coopérer
pleinement », selon les termes du ministère de la Justice. Une
attitude inverse de celle adoptée par ses consœurs HSBC et
Standard Chartered, coupables, elles aussi, d’avoir contourné les
sanctions. Mais plus réalistes et moins orgueilleuses, elles ont,
dès la première alerte et connaissant l’inflexibilité américaine,
joué la coopération totale. D’où cette relative clémence à leur
égard : « seulement » 1,9 milliard de dollars d’amende pour
HSBC et 667 millions pour Standard Chartered. « Les dirigeants
de BNP Paribas ont probablement sous-estimé les risques de ne
pas jouer cartes sur table, souligne ainsi le banquier d’affaires
Georges Ugeux interrogé par Challenges. On ne joue pas au plus
fin avec un juge d’instruction américain. »
Ce n’est pas tout. Lorsque l’affaire est révélée par le New York
Times, fin mai 2014, la stratégie de défense de la banque, qui a
interdiction de s’exprimer directement, est désastreuse. Ceux qui
volent à son secours, loin de l’aider, l’enfoncent par excès de
bonne volonté. D’abord, le gouverneur de la Banque de France,
Christian Noyer, invite les autorités américaines à préserver « le
bon fonctionnement du système financier international ». Une
forme de chantage que les juges américains n’apprécient guère.
Ensuite, François Hollande essaie de faire pression sur Barack
Obama, qui se trouve en France pour fêter le soixante-dixième
anniversaire du Débarquement. Le président américain lui
oppose une fin de non-recevoir outrée. Aux États-Unis, tenter
d’infléchir le cours de la justice est sacrilège. La France joue les
Républiques bananières. Le mea culpa, la seule attitude qui aurait
protégé les fautifs, arrivera trop tard.
Le 30 juin, à Washington, le ministre de la Justice sort le
bazooka dans le communiqué qui annonce la transaction à
8,97 milliards de dollars (6 milliards d’euros), et, en échange, la
fin des poursuites : « BNP Paribas s’est donné beaucoup de mal
pour dissimuler des transactions interdites, en effacer les traces
et tromper les autorités américaines. » Des têtes vont tomber, en
direct ou en différé. Georges Chodron de Courcel, directeur
général délégué de BNP Paribas, président de Paribas Suisse, sera
le parfait fusible : il a soixante-quatre ans, alors que la retraite se
prend plutôt à soixante ans rue d’Antin. Mais le P-DG Baudouin
Prot, qui se trouvait à la direction opérationnelle de la banque à
l’époque des faits et qui a forcément lu le rapport de l’Inspection
en 2006, ne s’en remettra pas vraiment : il partira en décembre.
Les managers verront leur bonus disparaître ou être réduit (c’est
bien le moins) et la banque pâtira longtemps de cette
monstrueuse amende, la plus lourde jamais infligée à une banque
étrangère. Clouée au pilori, touchée au portefeuille, la BNP
servira désormais d’exemple : « C’est la première fois qu’une
banque de taille mondiale accepte de reconnaître sa culpabilité
pour des violations de grande ampleur, insiste le communiqué du
ministère de la Justice américain. Désormais, ceux qui violent les
sanctions américaines y réfléchiront à deux fois. »
Management tolérant ou ignorance savamment entretenue ?
Les mésaventures de la Société Générale et de BNP Paribas sont
plus ressemblantes qu’il n’y paraît, et pas seulement parce
qu’elles leur ont coûté, à l’une et à l’autre, à peu près le même
montant faramineux, au moins en apparence — respectivement 5
et 6 milliards d’euros.
Elles témoignent, en premier lieu, des mêmes certitudes et du
même péché d’orgueil : ce sentiment d’être au-dessus de la mêlée,
plus habile ou plus malin que les autres. Elles témoignent aussi et
surtout de la même erreur de management de la part de la
direction des deux banques : on ferme les yeux, à certains niveaux
de la hiérarchie, parfois même jusqu’au sommet, sur les
agissements de subordonnés tant qu’ils gagnent de l’argent. Et on
les lâche le jour où ils sont pris. En les punissant, on tente de
s’exonérer de sa propre responsabilité. Difficile, encore une fois,
de ne pas faire un parallèle avec Mission impossible : « If you’re
caught or killed, the government will deny all knowledge of your
actions. »
Les deux histoires reflètent, enfin, l’ambiance délétère des
années « finance », avec la crise des subprimes en guise de partie
visible de l’iceberg (voir chapitre X). Ambiance ici mâtinée,
diraient nos voisins anglo-saxons, de relents d’élitisme et de
prétention bien français.
Il serait abusif de croire que seul le secteur de la finance est
concerné par des méthodes de management délétères et cette
culture, ô combien toxique, du « pas vu-pas pris ». Elles existent
dans tous les secteurs, même si elles n’ont jamais engendré des
cataclysmes financiers du même montant : les transporteurs qui
ferment les yeux quand leurs chauffeurs conduisent au-delà des
horaires légaux ou sans respecter les temps de pause, parce que
ce temps gagné arrange tout le monde, clients, patrons et
conducteurs ; les entreprises de BTP qui laissent leurs ouvriers
enfreindre les consignes de sécurité parce que porter un harnais
ou un casque, ou respecter une règle contraignante à un moment
donné, complique lourdement la tâche du chantier ; le rédacteur
en chef qui se doute que le scoop recueilli par son journaliste n’a
pas été aussi bien vérifié et recoupé qu’il aurait dû l’être, mais qui
« fait comme si » et le publie quand même… Tous les métiers ont
leur Kerviel et leur Paribas Suisse.
Ces erreurs ne sont pas, comme certains ont pu l’écrire
hâtivement, les effets pervers ou les dommages collatéraux du
« management par la confiance ». Car ce type de management,
que les entreprises françaises adoptent peu à peu avec des
réussites contrastées, ne suppose absolument pas une confiance
aveugle. Il suppose que l’on ait davantage confiance dans la
théorie « X » que dans la théorie « Y » : la première postule que
les salariés n’aiment pas travailler, qu’ils sont paresseux, qu’ils
fuient les responsabilités et n’agissent que sous la pression. La
théorie « Y » en revanche part du postulat que les salariés aiment
leur travail, qu’ils sont créatifs et peuvent se diriger eux-mêmes
quand ils poursuivent des objectifs dont ils se sentent
responsables. Le management « Y » suppose, bien sûr, l’existence
du droit à l’erreur et du droit à l’échec. Sa pierre angulaire est le
contrôle.
« La confiance n’exclut pas le contrôle », disait Lénine. Mais le
contrôle du KGB n’incitait pas à la confiance… Le contrôle
renforce la confiance si le contrôlé a foi dans le contrôleur et ses
instruments de mesure, si ses critères sont clairs et affichés, s’il
fait autorité, et enfin s’il est bienveillant et juste.
Le management par la confiance suppose de respecter cinq
règles : proximité entre salarié et hiérarchie ; responsabilisation ;
autonomisation ; contrôle adapté ; analyse collective des
performances. Dans les cas de « déni de vérité » de la Société
Générale et de BNP Paribas, la phase 4 était clairement
déficiente ; mais on peut s’interroger aussi sur les phases 1 et 5.
Des procédures et des règlements « alibi » existaient, mais ils
étaient contournables et contournés. Les pointages du back-office
étaient inexistants ou volontairement défaillants. D’où le
développement d’une phase « Erreur persistante et suspension
temporaire des contrôles » qui relève de l’hérésie managériale…
Mais qui pourrait affirmer aujourd’hui qu’elle a été
éradiquée ?
Chapitre X
L’ILLUSION DES BULLES
Croire que les arbres peuvent monter jusqu’au
ciel
Alphonse Allais
sur le marché public. Des bourgeois les achètent pour les planter
dans leurs jardins, le long des canaux, au cœur d’Amsterdam. La
fleur devient un signe extérieur de richesse, surtout lorsqu’elle
possède des pétales marbrés de couleurs vives —, des anomalies
dues à un potyvirus dans le bulbe, comme on le découvrira
beaucoup plus tard.
Les bulbes se vendent, soit au comptant entre juin et
septembre, soit, le reste de l’année, par le biais d’un contrat à
terme, devant notaire, l’achat devant se faire à la fin de la saison.
De fait, les Néerlandais sont à l’origine d’un grand nombre
d’instruments de la finance moderne. En 1634, à cause d’une
demande française qui stimule les ventes, les spéculateurs entrent
sur le marché. En 1636, une Bourse de commerce se crée, où se
négocient les contrats à terme des bulbes. Les négociants se
réunissent en « collèges » dans des auberges et les acheteurs
doivent s’acquitter d’un « pourboire » de 2,5 % de la transaction,
plafonné à 3 florins. Aucune des deux parties ne fournit de dépôt
de garantie et il n’existe pas d’appel de marge. Parce qu’il s’agit de
négocier sur des bulbes qui n’existent pas encore, les Hollandais
ont baptisé cette spéculation sur les contrats à terme du joli nom
de « commerce du vent » (Windhandel)…
En 1636, les prix explosent. Le 1er février 1637, une variété de
tulipes « cassées » atteint le prix record de 6 700 florins. Un
oignon peut valoir autant que deux maisons ou huit veaux gras,
soit quinze fois le salaire annuel d’un artisan : le marché est
devenu totalement irrationnel. Las, le 3 février, sans raison
apparente, le prix des contrats à terme de bulbes de tulipe
s’effondre brutalement, mettant fin au commerce du vent. Et ils
vont s’effondrer jusqu’en mai, entraînant un cortège de faillites,
de désespoir et de suicides. Pour certains historiens, la présence
de la peste bubonique à Haarlem expliquerait ce retournement de
tendance et la fin de la folie tulipière.
Les Bourses chinoises ont aussi donné le tournis aux
investisseurs, en 2015. La frénésie avait été telle autour des places
financières chinoises en 2014 et pendant les cinq premiers mois
de 2015 (+128 % pour Shanghai sur un an, + 165 % pour
Shenzhen) que des observateurs commençaient à craindre la
formation d’une gigantesque bulle spéculative. Les anticipations
négatives ont fini par prendre le dessus sur l’euphorie
irrationnelle : la Bourse chinoise a chuté de près 30 % en moins
d’un mois, à en juger par son indice Shanghai Composite.
L’ampleur de la débâcle a de quoi donner le vertige. L’indice
ChiNext des valeurs de technologie de Shenzhen a chuté encore
plus lourdement : au début de l’automne, moins 40 % par rapport
à son plus haut de l’année. Or ce sont les deux marchés boursiers
les plus importants du monde, après Wall Street. En Chine, selon
Bloomberg, 2 800 milliards de dollars sont partis en fumée
pendant le seul mois de juin !
Dans un pays où les coiffeurs et les chauffeurs de taxi, les
jeunes cadres et les vieux retraités, se sont tous mis à boursicoter
compulsivement, confondant la Bourse de Shanghai avec les
casinos de Macao, cette envolée spectaculaire était clairement
due aux particuliers, qui pèsent plus de 80 % de la capitalisation
du marché. Et qui, curieusement, adorent les achats et les ventes
à découvert. Le gonflement de cette bulle spéculative
s’expliquerait d’ailleurs davantage par cet engouement particulier
pour les transactions à terme que par une ruée sur les
introductions en Bourse de sociétés Internet, qui ont pourtant été
nombreuses.
Le pouvoir chinois a aussi favorisé — ou à tout le moins laissé
faire — cette frénésie, en laquelle on pouvait voir une manière de
redonner du pouvoir d’achat aux ménages chinois, stimulant
ainsi la consommation intérieure. Certains intermédiaires
autorisaient à leurs clients des effets de levier égaux à six fois,
une technique à double tranchant, car si elle accroît les gains
quand il y en a, elle accroît aussi les pertes éventuelles et le
mouvement de panique qu’elles provoquent. Autre facteur
explicatif, l’initiative des régulateurs chinois, « Shanghai-Hong
Kong Stock Connect » permettant, depuis novembre 2014, aux
investisseurs étrangers d’acheter des actions de sociétés de la
Chine continentale sans demander une autorisation préalable.
La correction a sûrement été douloureuse pour ces petits
épargnants moutonniers, qui voyaient leur portefeuille gonfler
comme par magie depuis des mois. Même si une étude
prémonitoire de la Bank of Communications annonçait, juste
avant le krach, que la « bulle » chinoise, essentiellement
alimentée par l’afflux de millions de petits porteurs convaincus
que le pouvoir politique allait soutenir la hausse des indices pour
des raisons d’équilibre social, allait théoriquement éclater dans
les six mois. Prévisible donc ? « Pour le seul mois de mai 2015,
plus de 20 millions de Chinois ont ouvert des comptes pour
investir des sommes, la plupart du temps empruntées à des
banques, destinées à boursicoter ! » fait remarquer l’homme
politique et économiste Pierre Larrouturou, l’un des rares qui ait
annoncé la crise financière de 2007.
L’Occident a découvert, pour l’occasion, et avec stupeur, qu’en
matière de marchés boursiers aussi, la Chine avait des pratiques
particulières. Poussés par l’État à investir dans l’économie
nationale (notamment par des incitations sous forme de décote
sur le prix, le premier jour de l’introduction en Bourse) et par des
facilités de crédit, les épargnants chinois sont à l’origine de
l’immense majorité des transactions enregistrées sur les marchés.
Rien à voir avec les Bourses occidentales, où l’essentiel des
échanges est assuré par des professionnels et institutionnels. Ce
qui ne garantit pas, d’ailleurs, une attitude plus rationnelle en cas
de retournement des marchés.
De nombreux travaux ont porté sur les responsabilités de la
science économique et de la théorie financière dans la formation
des crises et notamment de la dernière en date. Mais la
responsabilité des sciences de gestion n’a pas été réellement
étudiée. Or, si les pratiques de management ont suscité autant de
dérives, c’est aussi en raison de choix académiques blâmables.
Comme le montrent des théoriciens venus de diverses spécialités
(stratégie, ressources humaines, entreprenariat) dans un numéro
de la Revue française de gestion, nous avons préparé la crise « en
chassant de bonnes pratiques au nom de fausses théories ».
Jusqu’aux années 1990, les sciences de gestion évoluent de
manière particulièrement riche. La recherche fondamentale ne
s’obstine plus à rechercher des principes de gestion universels,
efficaces en toutes circonstances, elle leur préfère des théories
plus diversifiées et plus innovantes des formes viables
d’organisation et de rationalisation de l’action. Une usine de
construction automobile ne peut pas être gérée comme une plate-
forme pétrolière ou une clinique. Des courants critiques
continuent de dénoncer une organisation technocratique du
travail et la faiblesse endémique, en France, du dialogue social
dans les entreprises, mais on étudie les mécanismes qui
permettent à des collectivités humaines de créer des richesses,
des techniques, des repères sociaux. De même que l’on étudie les
nouvelles formes de pouvoir et d’autorité, comme on l’a vu
notamment au chapitre VIII. On est loin de la simple division du
travail ou de l’exécution des plans.
Mais les années 1990 balayent ces acquis. Les entreprises sont
assimilées à des « nœuds de contrats » entre actionnaires et
dirigeants, ou entre dirigeants et salariés, voire entre les services
d’une même société. La raison d’être des entreprises se voit aussi
limitée à la réduction des coûts de transaction associées aux
rapports marchands. Ces théories, publiées d’abord dans de
grandes revues américaines, s’étendent en bénéficiant de leur
aura. Mais c’est surtout l’avènement du capitalisme mondial et
financier qui va leur profiter. Ils vont offrir aux tenants de ce
système une représentation, biaisée et simplificatrice mais
commode, d’une entreprise décomposable en autant de fragments
que l’on peut vendre ou acheter sur les marchés. « On passe alors,
explique Armand Hatchuel, professeur à Mines ParisTech, de
théories erronées à des idéologies pratiques, puis à des normes de
gestion, qui vont guider les acteurs et seront enseignées comme
de bonnes références professionnelles. »
Très vite, les signaux d’alerte vont se multiplier. Il y a d’abord
une série de crises et de scandales entre 1995 et 2005, mais le lien
ne sera pas établi : seule la catastrophe de 2008 va obliger à le
faire, de manière spectaculaire et inédite. Plusieurs théoriciens
montrent comment cette conception « contractualiste » et
financière de l’entreprise « s’est propagée notamment en
stratégie, en ressources humaines et en gouvernance, où elle a
fait régresser des approches plus coopératives de la gestion ».
Pour eux, la sortie de crise ne passe donc pas par moins de
management mais par le retour de la tradition théorique et
critique des sciences de gestion.
Une autre lecture — non contradictoire — de la crise des
subprimes, dont nous subissons toujours les conséquences
aujourd’hui, consiste à en attribuer la responsabilité à l’idéologie
propriétaire, concomitante du néolibéralisme et de la
financiarisation des marchés. Pour accroître leurs profits, les
banques ont imaginé, comme on l’a vu plus haut, transformer des
Américains pauvres et insolvables en propriétaires de leurs
logements. Ils ont alors fabriqué les produits financiers
correspondant à ces crédits qui avaient toutes les chances de finir
impayés, mais qui étaient gagés sur des biens dont la valeur ne
cessait d’augmenter, et surtout dont ils se débarrassaient en les
revendant, habilement « packagés », à d’autres.
Il existe aussi une lecture purement financière et monétariste
des crises. La fragilité du système financier mondial, qui a donné
naissance aux grandes crises de la fin du XXe siècle et du début du
e
XXI , est due à une erreur majeure et « systémique » commise en
Charles de Gaulle
Staline
Winston Churchill
Remerciements
INTRODUCTION
Capucine GRABY et Marc SIMONCINI, Grandeurs et misères des stars du net, Grasset,
2012.
Aude DE THUIN et Jeanne SIAUD-FACCHIN, Forcer le destin. J’ai choisi le succès, l’échec m’a
rattrapée, Robert Laffont,2016.
Freek VERMEULEN, Business Exposed, The Naked Truth About What Really Goes on in
The World of Business, FT Prentice Hall, 2010.
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e
Management, Publi-Union, 8 éd., 1994, p. 542-548.
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Al et Laura RIES, The 22 Immuable Laws of Branding, Harperbusiness, 1998.
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Catherine HEURTEBISE, Les Petites Bêtises du marketing, Éditions François Bourin,
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David BARROUX, « L’effrayant destin de Nokia », Les Échos, 12 avril 2012.
Gilles FONTAINE, « Les dix plus gros échecs de Google », Challenges, 9 mars 2015.
Voir aussi (leurs propos ont été utilisés dans le livre de 1999, pour des cas résumés ici) :
Patrick FRIDENSON, Jean-Louis LOUBET, Jean-Marc LÉVY, Alix BRIJATOFF, Xavier
TERLET.
Véronique BADOR, « Le Baron s’obstine », Challenges, octobre 1990.
Hervé BENTÉGEAT, « Les vieilles recettes du baron », L’Expansion, 22 novembre 1990.
Laurence ARMANGAU et Audrey CHAHOUAT, « La Mercedes classe A tente une pirouette
pour reprendre de l’élan », CB News, 9 mars 1998.
« David Douillet investisseur poids lourd », Le Revenu français - Hebdo, 14 mars 1994.
Renaud LECADRE, « David Douillet, lourd en judo, léger en affaires », Libération,
17 octobre 1997.
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Hélène MORAUX-SAUREL, Pierre VOLLE, « Le concept d’open marketing », Revue
française de gestion, vol. 41/252, 2015.
CHAPITRE II
Laurent MAURIAC, « Faillite retentissante d’un fleuron du commerce électronique
Booooooooooo.final. », Libération, 19 mai 2000. Du même auteur, Les Flingueurs
du net : Comment la finance a tué la nouvelle économie, Calmann-Lévy, 2002.
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« Le dernier septennat de Concorde », Le Nouvel Observateur, 9 janvier 1999.
« La fin de l’âge d’or du Minitel », Le Monde, 27 août 1997.
Bruno GIUSSANI, « Le Minitel n’est pas mort, il bouge encore », Libération, 5 décembre
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Julie DE LA BROSSE, « Comment Kodak s’est tiré une balle dans le pied », lexpress.fr.
Martin SOMA, « Kodak, splendeur et décadence d’un empire », capital.fr.
François SAUTERON, La Chute de l’empire Kodak, L’Harmattan, 2009.
Franck DEDIEU et Béatrice MATHIEU, « Uber, Airbnb, BlaBlaCar… L’invasion des
barbares », dossier, L’Expansion, juin 2015. De manière générale, les dossiers de
L’Expansion, toujours riches et très argumentés, ont été une source précieuse.
Saluons ici l’expertise de Béatrice MATHIEU et Franck DEDIEU, mais aussi de
Stéphanie BENZ, Julie DE LA BROSSE, Isabelle HENNEBELLE, Sébastien JULLIAN,
Géraldine MEIGNAN et Emmanuel PAQUETTE.
http://www.consonaute.fr/2014/02/10/pourquoi-et-comment-facebook-apple-et-google-
ont-depasse-hp-ibm-et-microsoft/#FIC8MvtM1tScjhkT.99
Julien DUPONT-CALBO, « Microsoft : le masque du loup », Les Échos et lesechos.fr,
21 octobre 2014.
Philippe ESCANDE, « La fin de l’informatique à l’ancienne », Le Monde, 10 octobre 2015.
« Les batailles perdues de Motorola », Capital, août 1999.
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Frédéric JALLAT et Denis LINDON, Le Marketing. Études, moyens d’action, stratégie,
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Costas MARKIDES, « Pourquoi les entreprises existantes ne devraient pas créer de
o
rupture », Revue française de gestion, n 197, 2009.
Jean-Marc SCHOETTL, « La révolution à petits pas : pour une relecture du cas Ikea »,
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Revue française de gestion, n 197, 2009.
Plus globalement, on lira l’excellent dossier sur « Les stratégies de rupture », de
Laurence LEHMANN-ORTEGA et Pierre ROY, numéro spécial de la Revue française de
o
gestion, n 197, 2009.
CHAPITRE V
Patrick CAPPELLI, « L’humour dans la pub, Mamie Nova, pas touche aux seniors », Les
Échos, 16 août 2011.
Véronique RICHEBOIS, « Marketing du scandale, mode d’emploi », Les Échos,
29 septembre 2009 ; « Votre argent les intéresse », Les Échos, 2 août 2010.
Florent SILNICKI, Élisabeth SEGARD et Sébastien CHENU, « Le cliché sexiste, nouvelle
mode du marketing publicitaire ? », La Tribune, 8 juillet 2014.
« Communication de crise, les tops et les flops », Le Journal du Net, dossier collectif,
26 janvier 2005.
Jeanne BORDEAU, Le Langage des dirigeants : une métamorphose, Boostzone, 2013.
Du même auteur, Le Langage, l’entreprise et le digital. Dialogues avec Éric Le Braz et
Olivier Nathum, Nuvis, 2016.
Gilles MARION, « La Renault 14, une poire exemplaire », Entreprises et Histoires, juin
1998.
Analyse de Maurice LÉVY dans « Une marque en haut de l’affiche, 90 années de
publicités Renault ».
Chantal BAILOBOS, portrait de Gustave Leven, L’Expansion, 8 mars 1990.
http://www.lexpress.fr/informations/benetton-a-mal-a-sa-pub
CHAPITRE VI
http://gestion-des-risques-interculturels.com/risques/pourquoi-renault-a-echoue-en-
inde-avec-la-logan/
http://gestion-des-risques-interculturels.com/pays/asie-pays/chine/barbie-en-chine-
mattel-mise-sur-linfluence-apres-plusieurs-maladresses-interculturelles/
Sur ces sujets, on parcourra avec profit l’excellent site du consultant et formateur en
management interculturel Benjamin PELLETIER, « Gestion des risques
interculturels », qui traite du management interculturel sous l’angle de ses enjeux
stratégiques.
« Les 25 plus mauvaises traductions publicitaires », site de AD.
Cyrille AZOUVI, Delphine DÉCHAUX, Serge FLORENTIN, Muriel JAOUEN et Cyrille
PLUYETTE, « Tirez parti de vos erreurs », Management, mars 2007.
Jean-Louis LOUBET, Citroën, Peugeot et les autres. Histoire de startégies d’entreprises, Le
Monde Éditions, 1999.
Loïc GRASSET, « Disneyland Paris n’est pas tiré d’affaire », Capital, février 1995.
Natacha TATU, « Ce Bourguignon au chevet de Mickey », Le Nouvel Observateur,
24 mars 1994.
Bertrand FRAYSSE, « Le plan marketing qui a sauvé le parc », Management, février 1996.
Michel EISNER, Work in Progress, Penguin, 1999.
CHAPITRE VII
Enquêtes de Philippe FLAMAND dans L’Entreprise.
Marc SIMONCINI et Capucine GRABY, Grandeurs et misères des stars du net, Grasset,
2012.
Pascal AURÉGAN et Albéric TELLIER, La Modification des règles du jeu sectoriel, IAE
université de Caen, Revue française de gestion, 2009/7.
Sabine DELANGLADE, « Heureux comme Seb en France », Les Échos, 15 novembre 2012.
Dan ARIELY, C’est (vraiment ?) moi qui décide, Flammarion, 2008.
CHAPITRE VIII
Rapport Technologia : « France Télécom, État des lieux sur le stress et les conditions
de travail », 21 mai 2010.
http://www.michaelulryck.com/le-plan-next-de-france-telecom/
Enguérand RENAULT, « Publicis-Omnicom : un double malentendu », Le Figaro, 9 mai
2014.
Christian MOREL, Les Décisions absurdes I, II, « Folio essais », Gallimard, 2014. (Un
livre qui fait référence sur la « sociologie des erreurs radicales et persistantes ».)
François VIDAL, « La bataille du rail », Les Échos, 22 mai 2014.
Gilles BRIDIER, « SNCF : le scandale des trains trop larges, manip et bulle médiatique »,
slate.fr.
Matthieu DELENEUVILLE et Paul PRADIER, étudiants en master journalisme à Sciences
Po Paris, « La seule erreur de Michel et Augustin, le management des ressources
humaines ».
Dominique ALBERTINI, « Alcatel-Lucent, histoire d’un désastre industriel », Libération et
liberation.fr, 8 octobre 2013.
Philippe D’IRIBARNE, La Logique de l’honneur, Seuil, 1993.
« Public-Privé », Revue française de gestion, septembre-octobre 1997.
Jennifer BOUTANT, Anne-Marie VERDIER, « Les incitations à la gestion des résultats des
sociétés absorbantes, le cas des fusions-absorptions françaises », Revue française de
gestion, vol. 41/252, 2015.
CHAPITRE IX
Gérard DAVET, Pierre-Antoine DELHOMMAIS et Anne MICHEL, « Jérôme Kerviel à ses
supérieurs : “Je voulais vous faire la surprise” », Le Monde, 4 février 2008.
Airy ROUTIER, « Kerviel ou le roman d’un tricheur », Challenges, 10 avril 2008.
Marc PAYET, « Il a pu être grisé par la toute-puissance », Le Parisien, 30 janvier 2008.
Valérie DE SENNEVILLE, « Kerviel : les raisons d’un verdict implacable », Les Échos,
7 octobre 2010.
Cyrille LOUIS, « Selon JK, d’autres traders procèdent comme lui », Le Figaro, 29 janvier
2008.
Christophe DORÉ, « La course folle d’un trader de fonds », Le Figaro, 2 février 2008.
Martine ORANGE, « Affaire Kerviel : pour Eva Joly, “la thèse du trader fou ne tient
pas” », Mediapart, 17 mars 2014.
Martine ORANGE, « Affaire Kerviel, les étranges silences des enregistrements de la
Société Générale », Mediapart, 20 juin 2013.
Delphine DÉCHAUX et Grégoire PINSON, « BNP Paribas, chronique d’une amende record
annoncée », Challenges, 2 juillet 2014 : www.challenges.fr/.../bnp-paribas-
chronique-d-une-amende-annoncee.html
CHAPITRE X
Hervé STOLOWY, « Confiance et marchés financiers, enseignements de l’affaire
Madoff » : www.hec.fr/Knowledge/Finance-et-Comptabilite/Marches-
financiers/Confiance-et-marches-financiers-enseignements-de-l-affaire-Madoff
Yann ROUSSEAU, « Brutal retour à la raison sur la Bourse de Shanghai », lesechos.fr :
http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/021149574132-brutal-
retour-a-la-raison-sur-la-bourse-de-shanghai-1129913.php?
6jh3uGHPKX0SyyYb.99
Henri LACHMANN, « Les décisions ne se prennent pas, elles se cueillent », Revue
française de gestion, novembre-décembre 1996.
Armand HATCHUEL, « Les sciences de gestion au miroir de la crise », Le Monde Éco
& Entreprise, 16 avril 2013.
Jean-Philippe DENIS et Alain-Charles MARTINET (dir.), « Bonnes vs mauvaises pratiques
o
et théories en management », Revue française de gestion, n 228-229, nov.-déc.
2012.
CHAPITRE XI
Enquêtes de Martine ORANGE sur Vivendi dans Le Monde.
Enquête de Pierre BRIANÇON dans Le Nouvel Observateur (à propos de son livre, Messier
Story).
Enquête de Thuy-Diep NGUYEN et Jean-Pierre DE LA ROCQUE, Challenges, 10 janvier
2002.
« L’influence de March sur la sociologie des organisations en France », Revue française
o
de gestion, 2002/3, n 139.
o
Thierry WEIL, « À quoi sert le chef », Revue française de gestion, n 28/139, 2002, p. 187-
194.
Charles-Emmanuel HAQUET, « Anne Lauvergeon, l’électron libre », L’Expansion,
er
1 janvier 2008 (et tous les autres articles publiés par le même auteur, fin
connaisseur du nucléaire, dans L’Expansion et L’Express).
Olivier SIBONY, Réapprendre à décider, Débats publics, 2015.
Mélanie DELATTRE, « Dexia : splendeur et misère d’une banque mégalomane »,
lepoint.fr : www.lepoint.fr/economie/dexia-splendeur-et-misere-d-une-banque-
megalomane, 7 octobre 2011.
Guillaume DUVAL, « Le scandale Dexia et le (vrai) “mal français” », alternatives-
economiques.fr : http://www.alternatives-economiques.fr/le-scandale-dexia-et-le--
vrai----mal-francais--_fr_art_633_59174.html, 31 mai 2012.
CHAPITRE XII
« La société postindustrielle », Daniel COHEN, Académie des sciences morales et
politiques, séance du 23 octobre 2006.
Enquêtes de Jean-Pierre DE LA ROQUE dans Challenges.
Catherine HEURTEBISE, Les Petites Bêtises du marketing, Editions François Bourin,
2015.
« Le gourbi pas très prolétarien de Lepaon », Le Canard enchaîné, 29 octobre 2014.
Frédérique ROUSSEL, « Lepaon : des confrères plus à l’étroit », Libération, 30 octobre
2014.
Enquêtes d’Éric ALBERT dans Le Monde.
Emmanuel EGLOFF, « Une ONG et une université ont fait tomber le constructeur
allemand », et Nicolas Barotte, « Volkswagen emporté dans la tourmente », Le
Figaro, 22 septembre 2015.
Lukas BAY et Martin-Werner BUCHENAU, « The Man Who Broke Volkswagen »,
o
Handelsblatt, n 271, 25 septembre 2015.
CONCLUSION
Jérôme BARTHÉLEMY, professeur à l’Essec, « Les entreprises françaises sont peu
compétitives parce que mal gérées », Le Monde, 12 novembre 2014.
Nicholas BLOOM, Christos GENAKOS, Raffaela SADUN et John VAN REENEN,
« Management Practices Across Firms and Countries », Academy of Management
Perspectives, vol. 26, février 2012.
Benjamin CORIAT, « Commoners de tous les pays, unissez-vous », Libération, 27 et
28 juin 2015.
Raymond-Alain THIETART, « La dialectique de l’ordre et du chaos dans les
o
organisations », Revue française de gestion, n 160, janvier 2006, p. 47-66.
e
Vincent DESPORTES, Décider dans l’incertitude, Economica, 2 éd., 2015.
Laurence J. PETER et Raymond HULL, Le Principe de Peter, Stock, 1970.
Nassim Nicholas TALEB, Le Cygne noir, la puissance de l’imprévisible, Les Belles Lettres,
2010.
Nassim Nicholas TALEB, Antifragile : les bienfaits du désordre, Les Belles Lettres, 2013.
Jean-Baptiste RUDELLE, On m’avait dit que c’était impossible, Stock, 2015.
Index
3 Suisses 1, 2, 3, 4
3Com 1
3M 1, 2, 3
A. T. Kearney 1, 2, 3
Abercrombie & Fitch 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
ABN Amro 1, 2, 3, 4
Access International Advisors 1
Accor 1
Adamson, Simon 1
Adidas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Aéroports de Paris 1, 2
Agnelli (famille) 1
Air France 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Airbnb 1, 2
Airbus 1, 2, 3, 4, 5
Alcatel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Alcatel-Lucent 1, 2, 3, 4, 5
Allen, Paul 1, 2, 3
Alpha 1, 2
Alphabet 1, 2
Alquier Communication 1
Alquier, Jean-Christophe 1
Alstom (Alsthom) 1, 2, 3, 4
AltaVista 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Amar, Amal 1
Amaury 1, 2, 3, 4, 5
Amazon 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15
America Online (AOL) 1
American Airlines 1, 2
American Machine and Foundry (AMF) 1
Amery, Julian 1
Amora 1
Ampex 1
Anderson, Tom 1
Andros 1
Angelides, Christos 1
Apple 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28,
29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39
Aquarius 1, 2, 3, 4
Arena 1
Areva 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Ariel 1, 2
Ariely, Dan 1, 2, 3
Armand-Delille, Hugues 1
Armani 1
Armstrong, Lance. 1, 2, 3
Arnault, Bernard 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Art du jardin (L’) 1
Arthur D. Little 1
Asia Optical Co Inc. 1
Asseraf, Albert 1
Association pour la recherche sur le cancer (ARC) 1, 2, 3, 4,
5
Atreid Concept 1
Auchan 1, 2
Aufeminin.com 1
Aujourd’hui Sport 1, 2, 3
Autoroutes du Sud de la France (ASF) 1, 2
Avirex 1
Axa 1, 2, 3, 4, 5
AZF 1
Azoulay, Guy 1, 2, 3, 4
Babolat 1
Bachelard, Gaston 1, 2
Badinter, Élisabeth 1
Bakir, Moussa 1
Balladur, Édouard 1, 2, 3
Ballmer, Steve 1, 2, 3
Bank of New York Mellon 1
Banque de France 1, 2, 3
Barberot, Olivier 1
Barbie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17
Bardot, Brigitte 1
Barings 1
Barnes & Noble 1
Batten Barton Durstine Osborn (BBDO) 1, 2, 3, 4
Bazin, Sébastien 1
Beals, Vaughn 1, 2, 3, 4, 5
Bébéar, Claude 1, 2, 3
Benetton 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20
Benetton, Alessandro 1, 2
Benetton, Carlo 1
Benetton, Gilberto 1
Benetton, Giuliana 1, 2
Benetton, Luciano 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25
Berchet 1
Berger, Laurent 1
Bernanke, Ben 1
Bernard, Daniel 1, 2, 3, 4, 5, 6
Bernard, Francis 1
Best Buy 1
Bettencourt, Liliane 1, 2
Bezos, Jeff 1, 2, 3
BHP Billiton 1
Bic 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19
Bich, Bruno 1, 2, 3
Bich, Marcel (baron) 1, 2, 3, 4
Bijon, Claude 1
Bitner, Mary 1, 2
BlaBlaCar 1, 2, 3, 4
Blanc, Christian 1
Blazy, Dominique 1
Bleustein-Blanchet, Marcel 1, 2, 3
Blitz, Gérard 1, 2, 3, 4
Bloom, Nicholas 1, 2, 3
Bloomberg 1
BMW 1, 2, 3, 4
BNP 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
BNP Paribas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17, 18
Boeing 1, 2, 3, 4, 5, 6
Boisjoly, Roger 1, 2
Bokus.com 1, 2
Bolloré, Vincent 1, 2
Bombardier 1
Bon, Michel 1, 2, 3, 4, 5, 6
Bonnafé, Laurent 1
Bonomi, Andrea 1
Bonus 1
Boo.com 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Booms, Bernard 1, 2
Bordeau, Jeanne 1, 2, 3
Borden, Neil 1, 2, 3, 4, 5
Borg, Björn 1, 2
Bossard, Jean-Charles 1
Boston Consulting Group (BCG) 1, 2, 3, 4, 5
Botton, Marcel 1, 2
Bourguignon, Philippe 1, 2, 3, 4, 5
Bouton, Daniel 1, 2, 3, 4, 5
Bouygues 1, 2
Brando, Marlon 1
Branson, Richard 1
Breivik, Anders 1, 2
Breton, Thierry 1, 2, 3, 4, 5
Brin, Sergey 1, 2
British American Tobacco 1
British Telecom 1
Bronfman (famille) 1, 2, 3
Bronfman Jr., Edgar 1, 2, 3
Brunat, David 1
Burberry 1, 2, 3
Burnett, Leo 1, 2
Bush, George W. 1, 2
Business Village 1, 2
Butler, Walter 1
C&A 1
Caisse d’Épargne 1
Calvet, Jacques 1, 2
Calvin Klein 1, 2
Canal + 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Canon 1, 2
Carlson, Chester 1, 2
Carlyle, Thomas 1
Carrefour 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27,
28, 29, 30, 31, 32, 33, 34
Cary, Franck 1, 2, 3
Castro, Fidel 1
Cdiscount 1
CEA Industries 1
Cégélec 1
Cegetel 1
Cendant Software 1
Chalhoub 1
Challenger 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Chalumeau, Denys 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Chambourcy 1
Chandler, Alfred 1, 2, 3
Chanel 1
Chanterac, Géraud de 1
Charpentier, Christophe 1
Charton 1
Chevalier Le Forestier Michel (CLM/BBDO) 1, 2
Chevignon 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Chevrolet 1, 2, 3
China Market Research Group 1
Chirac, Jacques 1, 2, 3
Chodron de Courcel, Georges 1
Chomsky, Noam 1
Chriqui, Henri 1
Christofle 1, 2
Christofle, Charles 1
Chrysler 1, 2, 3, 4, 5
Cité des Voyages 1
Citerne, Philippe 1
Citigroup 1
Citroën 1, 2, 3, 4, 5, 6
Clausewitz, Carl von 1, 2, 3, 4
Cleary Gottlieb 1
Club Med 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27,
28, 29, 30, 31, 32, 33, 34
CNBC 1
Coca-Cola 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Coface 1
Cogema 1, 2
Cohen, Daniel 1, 2
Cohen, Edmond 1, 2
Colgate 1
Collomb, Bertrand 1
Colony Capital 1
Colussy, Dan 1
Combes, Michel 1, 2, 3
Compagnie du phénix 1
Compagnie Générale des Eaux (CGE) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8,
9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Compaq 1, 2
Comptoirs Modernes 1
Concorde 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22
Confédération française de l’encadrement-Confédération
générale des cadres (CGE-CGC) 1
Confédération française démocratique du travail (CFDT) 1, 2
Confédération générale du travail (CGT) 1, 2
Confucius 1
Continental 1
Coors 1
Corelle 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Corning Glass 1, 2, 3, 4
Corriat, Benjamin 1
Costner, Kevin 1
Crédit agricole 1
Crédit Lyonnais 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
CreditSights 1
Cretin, Pascal 1
Criteo 1
Crozemarie, Jacques 1, 2, 3, 4
Culiton, James 1
Cultura 1
Cuvillier, Frédéfic 1
Cyert, Richard 1
Dacia 1, 2, 3
Daimler-Chrysler 1
Damart 1, 2, 3, 4, 5, 6
Dangel 1
Danon, Laurence 1
Danone 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20
Darcos, Xavier 1
Darty 1
Dassault 1
Dassler (famille) 1, 2, 3
Dassler, Adolf 1, 2, 3, 4
Dassler, Horst 1
Dassler, Rudolf 1, 2, 3, 4
Dauvers, Olivier 1, 2, 3, 4
Dauzier, Pierre 1, 2, 3
David-Weil, Michel 1
David, François 1
David, Laurent 1
Davidson, Willie G. 1
Dean, James 1, 2
Debrouck, Franck 1
Decaux 1
Déchaux, Delphine 1, 2, 3
Defforey (frères) 1
Dejouany, Guy 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Dell 1
Delon, Alain 1
Demil, Benoît 1, 2, 3
Deming, William Edwards 1, 2
DenizBank 1
Depp, Johnny 1
Desmarest, Thierry 1
Desportes, Vincent 1, 2, 3
Deutsche Bank 1, 2, 3
Deutsche Börse 1
DeWolfe, Chris 1
Dexia 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16
Dexter 1
Dia 1, 2
Digital Equipment Corporation (DEC) 1
Digital Research Intergalactic (DRI) 1
Diller, Barry 1, 2, 3, 4, 5
Dimon, Jamie 1
Dinin, Alain 1, 2, 3, 4, 5
DiPascuali, Franck 1
Disneyland 1, 2
Dodgeball 1, 2
Donnay 1, 2, 3
Donnay (famille) 1
Douillet, David 1, 2, 3
Doyle Dane Bernbach (DDB) 1, 2, 3
Dreyfus, Pierre 1
Drivy 1
Drucker, Peter 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Dubois, Bernard 1, 2, 3
Dufresne Corrigan Scarlett 1
Dupont-Calbo, Julien 1, 2
Dupuy, François 1, 2
Duran, José Luis 1, 2, 3
Duval, Guillaume 1, 2
Eastman, George 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Eastwood, Clint 1
EasyJet 1, 2
Ecovoiturage.fr 1, 2
Ed 1
Edison, Thomas 1, 2
Egg 1, 2, 3, 4, 5, 6
El Karoui, Nicole 1
Électricité de France (EDF) 1
Electrolux 1, 2, 3, 4
Elf 1
Elmaleh, Gad 1
Estridge, Don 1, 2, 3
Etchegoyen, Alain 1
Étienne, Jean-Louis 1
Euro Disney 1, 2, 3
European Aeronautic Defence and Space company (EADS) 1
Facebook 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Fallon, Walter 1, 2
Fannie Mae (Federal National Mortgage Association, FNMA) 1
Fastbooking 1
Fauchon 1
Faure, Renée 1
Festina 1, 2, 3, 4, 5
Field, Patricia 1
Fimat 1, 2, 3, 4, 5, 6
Firmenich 1
Fitch 1
Fnac 1, 2, 3, 4
Ford 1, 2
Ford Motor Company 1
Ford, Henry, 1, 2
Forgeard, Noël 1
Fosun 1
Fournier, Marcel 1, 2
Framatome 1, 2
France Télécom 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25,
26, 27, 28, 29, 30, 31, 32
François-Poncet, Michel 1
Freddie Mac (Federal Home Loan Mortgage Corporation,
FHLMC) 1
Freud, Sigmund 1, 2
Friehling, David 1
Frigidaire 1, 2
Gabaix, Xavier 1, 2
Gailly, Pierre-Antoine 1
Galeries Lafayette 1, 2
Galiléo 1, 2
Gamma 1
Gand, Pascal 1
Gap 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Gapper, John 1
Garon-Bonvalot 1
Gates II, William 1
Gates, Bill 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27
Gaulle, Charles de 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Gaume, Nicolas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Gayet, Julie 1
Gaymard, Hervé 1
Gebrüder Dassler Schuhfabrik 1
Gel 2000 1
General Electric 1, 2, 3
General Motors 1, 2, 3
General Product Division 1, 2
German, John 1, 2
Geus, Arie de 1, 2, 3
Ghosn, Carlos 1, 2, 3
Gillette 1, 2
Giscard d’Estaing, Henri 1
Giscard d’Estaing, Valéry 1
Glem 1
Glencore 1, 2
Godard, Jean-Luc 1
Golder, Peter 1, 2
Goldman Sachs 1, 2, 3, 4
Google 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27,
28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40,
41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53,
54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66,
67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79,
80, 81, 82, 83
Gotainer, Richard 1
Graby, Capucine 1, 2, 3
Granjon, Jacques-Antoine 1, 2
Grimaud, Hélène 1
Gros, Catherine 1
Grove, Andrew 1, 2, 3, 4
Guédon, Philippe 1, 2, 3, 4, 5
Guetzkow, Harold 1
Guimbert Surgelés 1
Gyllenhammar, Pehr 1
H&M 1, 2, 3
Haberer, Jean-Yves 1, 2, 3, 4
Halley (famille) 1, 2
Hallyday, Johnny 1, 2
Hamel, Gary P. 1
Hannezo, Guillaume 1, 2
Hanon, Bernard 1, 2
Harley-Davidson 1, 2, 3
Harrison & Wolf 1
Harry, Mikel 1
Hassan II 1
Hatchuel, Armand 1, 2
Havas 1, 2, 3, 4, 5, 6
Hayek, Nicolas 1
Heal 1
Hechter, Daniel 1
Hedelin, Patrick 1, 2
Heiderich, Didier 1, 2
Henkel 1, 2
Henry, Thierry 1
Hépar 1
Hérail, Jean-Chrisophe 1
Hermès 1, 2, 3, 4
Hewlett Packard (HP) 1, 2, 3, 4, 5
Hitler, Adolf 1, 2
Holcim 1
Hollande, François 1, 2, 3
Homeplus 1
Honda 1, 2, 3
Hoover 1
Houbé, Philippe 1, 2
Houghton Mifflin 1, 2
HSBC 1, 2, 3
Huawei 1
Huillard, Xavier 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Humières, Patrick d’ 1
Iacocca, Lee 1, 2
IBazar 1
Ikea 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Inditex 1, 2
Institut national de l’audiovisuel (INA) 1
Intel 1, 2, 3, 4
Intercontinental Exchanges (ICE) 1
International Business Machines (IBM) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7,
8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34,
35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47,
48, 49, 50, 51, 52
International Council on Clean Transportation (ICCT) 1, 2, 3
Iribarne, Philippe d’ 1, 2, 3
Israël, Lucien 1
Jackson, Thomas P. 1
Jaffré, Philippe 1
Jallat, Frédéric 1, 2, 3
Janin, Neil 1
Janis, Irving 1
Jeboycott.com 1
Jeffries, Mike 1, 2, 3, 4, 5
Jet Tours 1
Jobs, Lisa 1
Jobs, Steve 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15
Johnson & Johnson 1
Joly, Eva 1, 2, 3, 4, 5
Jospin, Lionel 1
Jouef 1
Joyce 1, 2
JP Morgan 1, 2, 3, 4
Juppé, Alain 1
JVC 1
Kabbaj, Thami 1
Kahn, Maxime 1, 2
Kalisto 1, 2, 3, 4, 5, 6
Karavel 1, 2
Kärcher 1, 2
Karoubi, Jean 1
Kennedy, John Fitzgerald 1, 2, 3
Kering 1
Kerviel, Charles 1
Kerviel, Jérôme 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26,
27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39,
40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52,
53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65,
66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78
Kerviel, Marie-Josée 1
Kiabi 1
Kildall, Gary 1, 2, 3
Kirzner, Israel 1
Kmart 1
Kodak 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27,
28
Kookaï 1
Kosciusko-Morizet, Pierre 1
Kotler, Philippe 1, 2, 3
Koubbi, David 1
Krasucki, Henri 1
Krugman, Paul 1
Krups 1
L’Écluse, Charles de 1
L’Entreprise 1, 2
É
L'Équipe 1, 2, 3, 4, 5, 6
L’Express 1, 2, 3, 4, 5
L’Oréal 1, 2
La Villehuchet, Thierry Magon de 1, 2
Lachmann, Henri 1, 2, 3
Lacoste 1
Lactalis 1
Ladepanne.fr 1, 2
Lady Gaga (Stefani Germanotta) 1
Lafarge 1
Lagardère, Arnaud 1
Lagardère, Jean-Luc 1, 2, 3, 4, 5
Lagerfeld, Karl 1
Lamborghini 1
Land, Edwin 1, 2
Larrouturou, Pierre 1
Lastminute.com 1
Laufer (frères) 1
Lauterborn, Robert 1, 2
Lauvergeon, Anne 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14
Lazard 1, 2, 3
Le 10 Sport 1, 2, 3, 4, 5, 6
Le Coq Sportif 1
Le Fur, Gérard 1
Le Lay, Patrick 1, 2
Leander, Kajsa 1, 2
Leboncoin 1
Leclerc 1, 2, 3
Leclerc, Édouard 1
Leconte, Patrice 1
Lee 1
Leeson, Nick 1, 2, 3
Legendre, Jean-Jacques 1
Lehman Brothers 1, 2, 3, 4, 5
Lehu, Jean-Marc 1
Leica 1
Lenovo 1
Leo Burnett (agence) 1, 2
Lepaon, Thierry 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Lescure, Pierre 1, 2, 3, 4, 5, 6
Leven, Gustave 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Levey, Stuart 1
Levi’s 1, 2, 3, 4
Levitt, Theodore 1, 2, 3
Lévy, Maurice 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Libaert, Thierry 1, 2, 3
Ligier 1
Ligne, Charles-Joseph Lamoral, prince de : 482. 1
Linden Lab 1
Lip 1
Liveley 1, 2
Localeo 1, 2
Lombard, Didier 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13
Loubet, Jean-Louis 1, 2, 3
Louis-Dreyfus, Robert 1, 2
Louis Vuitton 1, 2
Lowe, Bills 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
LU 1
Lucky Strike 1, 2
Lyonnaise des Eaux 1, 2
Machiavel 1
Madoff, Andrew 1, 2, 3, 4
Madoff, Bernard 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25,
26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34
Madoff, Mark 1, 2, 3, 4
Madoff, Peter 1, 2, 3, 4
Madoff, Ralph 1
Madoff, Sylvia, née Muntner 1
Maffesoli, Michel 1
Maheux, Guy 1
Mahindra 1, 2
Majorette 1, 2, 3, 4, 5, 6
Malmsten, Ernst 1, 2, 3, 4, 5
Mamie Nova 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Marceau, Sophie 1
March, James 1, 2, 3, 4, 5
Mariani, Pierre 1, 2, 3, 4
Marin, Jean-Claude 1
Marion, Gilles 1, 2, 3, 4
Markides, Costas 1, 2, 3, 4
Markopolos, Harry 1, 2, 3, 4, 5
Marks & Spencer 1, 2, 3
Marlboro 1, 2, 3, 4
Maroc Telecom 1
Maserati 1
Matra 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Mattel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Mauresmo, Amélie 1
Mazda 1
Mazzella, Frédéric 1
McCarthy, Jerome 1
McDonald’s 1, 2, 3
McDonnell Douglas 1
McKinsey 1, 2, 3, 4
McMath, Robert 1, 2
McNerney, James 1, 2, 3
Meetic 1, 2
Mercedes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Mercuria 1
Merkel, Angela 1
Merlin-Gérin-Télémécanique 1
Messier, Antoinette, née Fleisch 1
Messier, Jean-François 1
Messier, Jean-Marie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25,
26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38,
39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51,
52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61
Mestrallet, Gérard 1, 2
Metro-Goldwin-Mayer 1
Meyer, Ron 1
Mianné, Christophe 1
Michaux-Chevry, Lucette 1
Michel et Augustin 1, 2, 3, 4, 5
Michel, Philippe 1, 2, 3
Michel, Serge 1
Michelin 1, 2, 3, 4, 5
Microsoft 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27,
28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40,
41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53,
54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62
Miller, Axel 1, 2
Miller, Claude 1
Minc, Alain 1, 2
Minerve 1
Minitel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16
Mintzberg, Henry 1, 2, 3
Mitsubishi 1, 2
Mitterrand, François 1, 2, 3
Moët Hennessy Louis Vuitton (LVMH) 1
Mohammed VI 1
Molina, Anton 1
Molinaro, Édouard 1
Moltke, Helmuth von 1
Mondino, Jean-Baptiste 1
Monsieur de Fursac 1, 2, 3
Moody’s 1
Morck, Randall 1
Morel, Christian 1, 2, 3, 4, 5, 6
Morgan Stanley 1, 2, 3
Morgan, John Pierpont 1
Morin, Edgar 1
Morin, Thierry 1
Morton Thiokol (MT) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11,
12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24,
25
Moss, Kate 1, 2
Motoblouz 1, 2
Motorola 1, 2, 3, 4
Moulin Rouge 1
Moulin, Michel 1, 2, 3, 4, 5, 6
Moulinex 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Mountain View 1, 2, 3
MP3.com 1
MSN 1
Müller, Matthias 1
Murdoch, Rupert 1, 2
Murphy, Eddie 1, 2
Mustier, Jean-Pierre 1, 2, 3, 4
Myspace 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Nadella, Satya 1, 2
Nadoulek, Bernard 1
Naf Naf 1, 2
Nestlé 1, 2, 3, 4
Newedge 1
Nexity 1, 2
NextRadioTV 1
Niel, Xavier 1, 2
Nietzsche, Friedrich 1
Nike 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Nikon 1
Nintendo 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Nissan 1, 2, 3, 4, 5
Nixon, Richard 1
Nokia 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Nounours 1
Novak, David 1, 2
Noyer, Christian 1
NYSE Euronext 1
Oakley 1
Obama, Barack 1, 2
Olivennes, Denis 1
Olofsson, Lars 1, 2, 3, 4, 5
Olympus 1
Omnicom 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17
Oracle 1
Orange 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Orange, Martine 1, 2, 3, 4
Oriez, Thierry 1
Orsenna, Erik 1
Oudéa, Frédéric 1
Pagès, Max 1
Pan Am 1
Panzani 1, 2
Paquerot, Mathieu 1, 2
Parayre, Jean-Paul 1, 2
Paribas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Parisot, Laurence 1
Parker 1
Parker, Tony 1, 2, 3
ParuVendu 1
Parviz, Babak 1
Pastel, Anne-Sophie 1, 2
Patterson, Tim 1
Pearson 1, 2
Pébereau, Michel 1, 2, 3
Pellerin, Fleur 1
Pelletier, Benjamin 1, 2, 3, 4
Pépin, Charles 1, 2
Pepsi Cola 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Perdue 1
Perrier 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26
Persil 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Peter, Laurence J. 1, 2, 3
Peters, Tom 1
Petitcollin 1
Pettigrew, Andrew 1, 2, 3
Peugeot 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18
Peyrelevade, Jean 1
Pfizer 1
Philip Morris 1
Picano-Nacci, Boris 1, 2
Picard 1
Picard, Irving 1, 2
Picower, Jeffry 1, 2
Piketty, Thomas 1
Pillsbury 1
Pinault, François 1, 2, 3
Pineau-Valencienne, Didier 1, 2
Ping-Pong 1
Pinson, Grégoire 1, 2
Pioneer 1
Pirelli 1
Planet Hollywood 1
Plassat, Georges 1, 2, 3, 4, 5
Polaroid 1, 2, 3
Pollet, Denis 1
Ponzi, Charles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Poon, Dickson 1
Porsche 1
Porter, Michael 1, 2, 3
Prahalad, Coimbatore K. 1
Presley, Elvis 1
PriceMinister 1
Printemps (Le) 1
Procter & Gamble 1, 2, 3
Proglio, Henri 1
Promodès 1, 2, 3, 4
Promovacances 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Prot, Baudouin 1, 2, 3
Proust, Marcel 1
Prudential 1, 2, 3
PSA 1, 2, 3, 4, 5
Publicis 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27,
28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35
PublicisEtNous 1
Puma 1, 2, 3, 4, 5
Pyrex 1
R. J. Reynolds 1
Raffarin, Jean-Pierre 1
Ragot, Pascal 1
Ray-Ban 1
Reebok 1, 2, 3, 4, 5
Reggiani, Serge 1, 2, 3, 4
Rein, Shaun 1
Relevant24 1
Renault 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27,
28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40,
41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52
Rent A Car 1
REpower Systems 1
Reputation Dividend 1
Réseaux ferrés de France (RFF) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Reymond, Aurélie 1
Reznik, Jean-Robert 1, 2
Riboud, Antoine 1, 2
Riboud, Franck 1
Rich, Marc 1
Richard, Pierre 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Richard, Stéphane 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Richebois, Véronique 1, 2, 3, 4, 5
Rio Tinto 1
Robert, Daniel 1
Robertson, Thomas S. 1
Rockefeller, David 1
Rockwell International 1
Rogers, Jack 1
Rogers, William P. (Commission Rogers) 1
Rolex 1, 2, 3, 4, 5, 6
Roll, Richard 1, 2
Roselmack, Harry 1
Rosoff, Matt 1
Rothschild, Edmond de 1
Rouleau, Raymond 1
Rousset, Alain 1
Rousset, Vincent 1
Roux Séguéla Cayzac Goudard (RSCG) 1, 2, 3
Roux, Amboise 1, 2, 3
Royco 1, 2, 3, 4
Rudelle, Jean-Baptiste 1, 2
Russo, Patricia 1, 2, 3, 4, 5
Ryanair 1, 2, 3
Saal, Agnès 1
Saatchi & Saatchi 1, 2
Saint-Gobain 1, 2, 3
Saint Olive, Hubert 1
Salesforce.com 1
Sams, Jack 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Samsung 1, 2, 3
Sanofi 1, 2
Sanofi-Aventis 1
Santander 1
Sapient 1
Sarda, Pascal 1, 2
Sarkozy, Nicolas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Sasson, Steve 1
Sauteron, François 1, 2, 3
Schapiro, Mary 1
Schleifer, Andrei 1
Schmidt, Eric 1
Schneider 1, 2, 3, 4
Schoettl, Jean-Marc 1, 2
Schumpeter, Joseph 1, 2, 3
Schwartzenberg, Léon 1
Seagram 1, 2, 3, 4, 5, 6
Sears 1
Seb 1, 2, 3, 4, 5
Second Life 1, 2, 3, 4
Securities and Exchange Commission (SEC) 1, 2, 3, 4, 5, 6,
7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21
Séguéla, Jacques 1, 2, 3, 4, 5, 6
SeLoger.com 1, 2, 3
Semaine du marketing (La) 1
Sénèque 1
Senior Agency 1
Serfaty, Dan 1
SFR 1, 2, 3
Shapiro, Eileen 1
Sharwood’s 1
Shell 1
Sibony, Olivier 1, 2
Simba 1, 2
Simca 1, 2
Simon, Herbert 1, 2, 3, 4
Simon, Michel 1, 2
Simoncini, Marc 1, 2, 3, 4, 5
Smart 1, 2, 3, 4
Smith, Adam 1
Smoby 1, 2, 3, 4
SNCF 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16
Société de Banque Occidentale (SDBO) 1
Société Générale 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25,
26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35
Soficot 1
Sony 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Sorrell, Martin 1
Spielberg, Steven 1
Spinetta, Jean-Cyril 1, 2
Springsteen, Bruce 1
Spurlock, Morgan 1
ST Dupont 1
Standard & Poor’s 1, 2
Standard Chartered 1, 2
Stern, Édouard 1
Stolowy, Hervé 1, 2
Strauss-Kahn, Dominique 1
Stricker, Willy 1
Strong, Henry 1
Suard, Pierre 1
Suez 1
Summum 1
Supermarmite.com 1
Swanson, Eric 1, 2, 3
Swatch 1
Synergie 1
Système U 1
Taleb, Nassim Nicholas 1, 2, 3, 4, 5
Tapie, Bernard 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Target 1
Tchuruk, Serge 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Technologia 1, 2, 3, 4, 5
Tefal 1, 2, 3, 4
Telepiù 1
Télestore 1
Tellis, Gerard 1, 2
Tellow, Richard 1
Tesco 1, 2
Testamento.fr 1
TF1 1, 2
TGV 1, 2, 3, 4
Thatcher, Margaret 1
The Body Shop 1
The North Face 1
Thibault, Jean-Marc 1
Thomas Cook 1
Thompson, Gregory 1, 2, 3, 4, 5
Thomson 1
Thuin, Aude de 1, 2
Thumerelle, Thomas 1
ThyssenKrupp 1
Timex 1
TNS Secodip 1
Toscani, Oliviero 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Total 1, 2, 3, 4, 5
Towers, Alan 1
Toyota 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Toys “R” Us 1
Trafigura 1
Tragos Bonnange Wiesendanger Ajroldi (TBWA) 1, 2
Trans World Airlines (TWA) 1
Travelprice 1, 2
Travelstore 1, 2, 3
Tréguier, Jean-Paul 1
Trigano (famille) 1, 2, 3, 4, 5
Trigano, André 1
Trigano, Gilbert 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18
Trigano, Gisela 1
Trigano, Lydie 1
Trigano, Serge 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Trigano, Sylvie 1
Triumph-Adler 1
Twitter 1, 2, 3, 4, 5
Uber 1, 2, 3
Uberpop 1, 2
Ugeux, Georges 1
Ungaro 1
Unilever 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Uniqlo 1, 2
Universal 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17
USA Networks 1, 2
Valeo 1
Van Belleghem, Steven 1
Van Reenen, John 1, 2, 3
Vandevelde, Jean-Luc 1
Varin, Philippe 1
Vaughan, Diane 1
Veet 1
Vente-privée.com 1, 2, 3
Vernoux, Denis 1
Véron, Émile 1
Viadeo 1
Viannet, Louis 1
Viehbacher, Christopher 1, 2
Villeroy & Boch 1, 2
Vinci 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Virenque, Richard 1, 2
Virgin 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Vishny, Robert W. 1
Vitol 1
Vivarte 1
Vivendi 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27,
28, 29, 30, 31, 32, 33, 34
Vizzavi 1, 2
Vodafone 1
Voet, Willy 1
Volanis, Antoine 1, 2, 3, 4, 5, 6
Volkswagen 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22
Volvo 1
Voog, Christian 1
Voyageurs du Monde 1
Vulli 1
Walmart 1, 2, 3, 4
Warren, Jacques 1, 2
Wasserstein, Wendy 1
Waterman, Robert 1
Weil-Delseau 1
Weill, Alain 1, 2
Weinberg, Serge 1
Welch, Jack 1
Wenes, Louis-Pierre 1, 2, 3, 4, 5, 6
Whirlpool 1
Wiesel, Elie 1
Wilde, Oscar 1
Willis, Bruce 1
Wilson 1
Wilson, Allan 1
Winfrey, Oprah 1
Winterkorn, Martin 1, 2, 3, 4, 5, 6
Wipolo 1
Wire and Plastic Products (WPP) 1, 2
Women’s Forum 1
Wrangler 1
Wren, John 1, 2, 3
Xerox 1, 2, 3
Yahoo 1, 2, 3, 4, 5
Yoplait 1, 2
Young & Rubicam 1
Young, Sue 1
Zacharias, Antoine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25,
26, 27
Zara 1, 2, 3, 4, 5, 6
Zebank 1, 2
Zucker, Lynne 1
Zuckerberg, Mark 1, 2
Cet ouvrage est initialement paru aux Éditions Denoël sous le titre
Ils se croyaient les meilleurs… Histoire des grandes erreurs de management.
Couverture : Photo © Jennifer Borton / Getty Images (détail).
Des innovations mort-nées de Bill Gates ou Steve Jobs aux rêves de grandeur de
Jean-Marie Messier, de Kodak qui ne croyait pas à la photo numérique à Mamie
Nova qui se moquait des grand-mères, de l’échec de Barbie en Chine à celui de
Renault en Inde, des performances viciées de Madoff et de Kerviel à l’explosion «
programmée » de la navette Challenger, de Danone à Orange, Google ou
Volkswagen, voici l’histoire de cent cinquante décisions qu’il eût fallu éviter. Si elles
ont marqué l’histoire industrielle, elles ont très rarement été l’objet d’une enquête
minutieuse à travers un récit qui fourmille d’anecdotes et de révélations.
Loin d’être un simple catalogue des ratages commis par des dirigeants, cet ouvrage
est un livre de référence en matière de prise de décision. Il analyse les grandes
catégories d’échec et en tire les leçons en matière de stratégie, de marketing ou de
gestion du personnel. Tant il est vrai que le succès n’apprend rien, que les
déconvenues seules permettent de progresser, et que les réussites planétaires n’ont
jamais été le fait des élèves modèles.
DU MÊME AUTEUR