L'évaluation de L'apprentissage en Milieu Scolaire: Un Modèle D'évaluation Continue
L'évaluation de L'apprentissage en Milieu Scolaire: Un Modèle D'évaluation Continue
L'évaluation de L'apprentissage en Milieu Scolaire: Un Modèle D'évaluation Continue
ISSN
0318-479X (print)
1705-0065 (digital)
Tous droits réservés © Revue des sciences de l'éducation, 1978 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
(including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be
viewed online.
https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/
RÉSUMÉ
L'article vise d'une part à faciliter la compréhension
de certains concepts reliés au domaine de la mesure et de
l'évaluation et d'autre part à permettre l'intégration de ces
différents concepts dans un modèle d'évaluation continue.
On y trouve 1 — la définition de concepts de base en
mesure et évaluation, 2 — l'identification des caractéristi-
ques propres à différentes formes d'évaluation (critériée,
normative, diagnostique), ainsi que celles de différents
systèmes d'évaluation (formative, sommative, continue), et
3 — l'intégration de ces concepts dans un modèle d'éva-
luation qui se veut simple, cohérent et pratique.
Je me permets de débuter cet article en citant le docteur James W. Popham de
l'Université de Californie à Los Angeles ; cette citation est tirée de son ouvrage
Educational Evaluation.
«La plupart des gens pensant ont toujours considéré l'évaluation, du moins en
théorie, comme une activité intellectuelle ayant sa raison d'être. Semblerait-il que seul
le charlatan ou l'incompétent a des raisons de craindre les effets de l'évaluation.
A travers les âges, nos maîtres à penser ont recommandé à leurs semblables de
s'engager dans des opérations de type évaluation ; l'évaluation de leurs actions propres,
l'évaluation des actes posés par leurs semblables, l'évaluation de tous les aspects de leur
environnement. Historiquement, l'évaluation a été considérée et à juste titre comme une
partie intégrante d'une approche de vie rationnelle. »
Une revue de certains actes quotidiens nous révèle que de fait nous évaluons des
centaines de choses à chaque jour ; l'évaluation la plus courante ou du moins la plus
matinale consiste certes à juger de la valeur de notre nuit de sommeil bien que nous
soyons naturellement portés à juger celle des autres ; il n'est pas moins fréquent de
déterminer, par un grognement approbateur ou pas, la qualité du déjeuner qui nous est
présenté ; nous jugeons d'une façon non moins raffinée le service offert par un
garagiste. L'évaluation est plus subtile lorsque l'on examine le contenu d'un bouquin
que l'on envisage d'acheter ou encore lorsque l'on analyse les dimensions sociales du
programme d'un parti politique.
Ces évaluations journalières sont le plus souvent informelles, ce qui ne veut pas
dire qu'elles soient inexactes, elles sont informelles en ce qu'elles sont basées sur des
impressions et sur des normes intuitives. Elles sont de qualité variable, parfois
pénétrantes, parfois superficielles et déformées.
Bien que ces évaluations soient caractérisées, pour la plupart, par une approche
informelle, elles n'en consistent pas moins à déterminer, dans chacun des cas, la qualité
d'une chose.
Il existe des situations où l'on peut se satisfaire d'une évaluation informelle car
les résultantes ou les conséquences ne présentent pas un caractère de gravité : ainsi par
exemple, une évaluation négative d'une partie de hockey de la part d'un spectateur aura
pour conséquence de le rendre de mauvaise humeur pour quelques heures ce qui en soi
n'a pas tellement d'importance. Il existe cependant d'autres situations où les conséquen
ces sont tellement importantes que non seulement elles supposent, mais exigent une
évaluation plus formelle, plus systématique. Pensons, par exemple, à l'évaluation de la
performance des mécaniciens au service d'une ligne d'aviation commerciale, ou encore
pensons à l'évaluation de la qualité du travail des ingénieurs de l'Hydro-Québec chargés
de la surveillance du barrage Manic-5 ; dans de telles situations on ne peut se contenter
d'une évaluation informelle, il nous faut être certain que ces gens possèdent les
connaissances nécessaires pour effectuer adéquatement leur travail car, en autres choses,
des vies humaines en dépendent.
L'éducation est un domaine où l'on ne peut tolérer, ni se contenter d'une
évaluation informelle de par les conséquences, relativement à l'avenir des étudiants, que
pourraient avoir les jugements de valeur hâtifs, intuitifs, et sans référence à des
données les plus objectives et les plus valides possibles.
À travers les âges, les professeurs et autres personnes œuvrant dans le domaine
de l'éducation ont posé des actes d'évaluation. Les éducateurs ont évalué leurs étudiants,
leur enseignement, les manuels scolaires en usage.
La littérature en éducation insiste sur la nécessité d'évaluer les activités éducatives.
En fait, les auteurs traitant de l'évaluation en éducation la considèrent comme une
responsabilité de l'éducateur, responsabilité relevant de l'éthique professionnelle pour ne
pas dire de la morale.
REVUE DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION 207
ÉVALUATION EN ÉDUCATION :
Les situations que nous venons de présenter, bien que s'inscrivant toutes dans un
même processus d'évaluation, sont fondamentalement différentes de par leur nature et
de par leur secteur d'application. Sur le plan nature, elles sont différentes tant au
niveau des décisions prises qu'au niveau des moyens utilisés pour recueillir l'information
nécessaire à alimenter cette décision. Ce que nous voulons dire c'est que l'information
recueillie et les moyens utilisés pour la recueillir ne peuvent être indépendants du
caractère même de la décision à prendre.
Sur le plan secteur : ces quelques exemples veulent souligner le fait que le
concept évaluation ne se limite pas au seul secteur de l'apprentissage comme on semble
généralement le penser. En fait, l'évaluation s'applique à trois secteurs particuliers de
l'éducation : le secteur apprentissage, le secteur enseignement, et le secteur programmes.
Bien que chacun des trois secteurs de revaluation en éducation fasse l'objet de
préoccupations particulières, le secteur apprentissage est certes celui à qui l'on consacre
le plus d'attention, le plus d'énergie.
Évaluation de l'apprentissage :
Le concept «évaluation de l'apprentissage» n'est certes pas nouveau pour qui
s'intéresse à l'éducation. Ce qui est nouveau cependant, c'est l'importance de plus en
plus grande que l'on accorde à ce concept dans les divers milieux éducatifs.
Dans le passé l'évaluation de l'apprentissage était perçue, par les responsables
des programmes d'études, comme une activité distincte et séparée du processus de
planification de l'enseignement, alors que généralement pour le professeur il apparais
sait davantage comme une corvée administrative que comme un acte pédagogique
important.
On observe cependant depuis quelques années que cet aspect retient davantage
l'attention dans les discussions portant tant sur les caractéristiques des programmes et
des plans d'études que sur l'analyse des effets de l'enseignement. Alors qu'auparavant
l'évaluation était considérée comme une responsabilité presqu'exclusive des administra
teurs, les activités d'évaluation exercées par les enseignants et les étudiants prennent
de plus en plus d'importance. Les raisons qui peuvent en partie expliquer cette
évolution dans la conception de l'évaluation de l'apprentissage, de sa place et de son
rôle dans la planification pédagogique, sont de divers ordres :
— sur le plan social : une insistance de plus en plus grande de la part des
parents et de divers groupes sociaux pour que l'on fasse la preuve de la rentabilité des
investissements scolaires ; en somme, on ne prend plus pour acquis que l'école joue son
rôle du simple fait qu'elle existe ; de même on ne prend plus pour acquis que le
professeur joue son rôle de par sa simple présence en classe ;
— sur le plan éducatif : on assiste à une prise de conscience de plus en plus
grande de la part des éducateurs quant à la nécessité d'assurer une qualité maximale
à l'évaluation de l'apprentissage, à cause de ses implications sur l'avenir des étudiants ;
on assiste également à la manifestation d'une meilleure compréhension du rôle de
l'évaluation dans le processus pédagogique ;
— sur le plan administratif : une insistance sur la nécessité de distinguer l'acte
d'évaluation de la prise de décision, et aussi l'insistance sur la nécessité d'identifier les
décisions à prendre sur le plan pédagogique et/ou administratif afin de pouvoir
y associer les types d'évaluation les plus pertinents.
Ces diverses tendances ont eu pour effet d'amener les éducateurs à se pencher
sérieusement sur l'aspect évaluation de l'apprentissage et à y accorder une place
importante au niveau des programmes-cadre, des programmes institutionnels, et des
REVUE DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION 209
plans d'études de classe. De sérieux efforts sont faits non seulement pour sensibiliser
les éducateurs mais également pour les outiller au phénomène « évaluation de l'appren
tissage » ; ces efforts se concrétisent sous la forme de documents pédagogiques, de
guides pédagogiques, etc..
Au niveau du plan d'études de classe, on affirme que celui-ci serait incomplet si
la dimension évaluation était omise. On insiste sur le fait que les informations relatives
à l'évaluation contenues dans le plan d'études seront utiles à l'étudiant ainsi qu'au
professeur.
Ces informations devraient permettre à l'étudiant d'une part, de connaître les
procédés avec lesquels la qualité de son apprentissage sera jugée, et d'autre part, la
mise en relation de ces éléments avec les autres éléments constitutifs du plan d'études
(objectifs, contenu, activités d'apprentissage) devrait l'inciter à prendre ses responsabi
lités dans la poursuite et l'atteinte des objectifs d'un cours, d'un programme.
Par ailleurs, ces informations devraient aider le professeur d'une part, à super
viser le cheminement de ses étudiants dans la poursuite des objectifs du cours et d'un
programme et à prendre des décisions en ce sens, et d'autre part, elles devraient lui
permettre d'établir un compte-rendu final du rendement des étudiants pour des fins de
certification ou encore d'attestation d'études.
Une façon plus particulière de définir l'évaluation nous permet de mieux cerner
sa signification : « évaluer consiste à porter un jugement à partir d'informations en vue
d'une décision ». Il est à noter que cette définition met en évidence le rôle de l'évalua
tion, soit celui d'alimenter la prise de décision. En somme, cette définition souligne le
fait que l'évaluation n'est pas une fin en soi. De plus, cette définition nous permet de
déduire qu'une décision sera plus ou moins valide ou valable suivant que celui qui la
prend a plus ou moins d'informations pertinentes face à un problème particulier. Bien
que d'aspect élémentaire, cette définition met l'accent sur le fait qu'une décision peut
être plus ou moins éclairée et que cet éclairage est fonction directe de l'information
qu'une personne a pu recueillir concernant le type de décision à prendre face au
problème à résoudre.
La juxtaposition de cette définition de l'évaluation et de la notion apprentissage
nous permet de présenter la définition suivante de l'évaluation de l'apprentissage.
L'évaluation de l'apprentissage consiste à poser un jugement sur la qualité des appren-
tissages réalisés par un étudiant, à partir d'informations recueillies sous la forme de
résultats à des épreuves de rendement scolaire, en vue de prendre des décisions de
nature pédagogique et/ou administrative.
L'évaluation de l'apprentissage peut se faire de plusieurs façons. Elle peut être
globale i.e. faite à partir de critères plus ou moins vagues. Elle peut cependant se faire
d'une façon plus formelle, comme le souligne la définition de l'évaluation de l'appren
tissage donnée au paragraphe précédent, en partant de l'information recueillie à l'aide
d'instruments de mesure lesquels, pour remplir adéquatement leur fonction, doivent
fournir des résultats descriptifs les plus précis et les plus objectifs possibles.
compte tenu des objectifs poursuivis, de déterminer le type d'épreuves à utiliser pour
des fins d'évaluation formative ; de développer, d'adapter, ou d'adopter ces épreuves de
rendement scolaire ; de déterminer la fréquence d'administration de ces épreuves ; et
enfin, de déterminer les suites à donner à l'évaluation et ce dans le sens de poursuivre
l'enseignement, ou de reprendre un enseignement, ou encore de donner des travaux
supplémentaires.
Évaluation diagnostique
Il est une forme d'évaluation dont il ne fut pas encore question mais qui, de par
les fonctions qu'elle peut servir, devrait occuper une place importante dans le processus
d'évaluation de l'apprentissage. Je fais ici référence à l'évaluation diagnostique.
L'évaluation diagnostique peut servir deux fonctions majeures : d'une part elle
peut être utilisée pour déterminer le point de départ pour un enseignement donné
(placement) et d'autre part elle peut être utilisée pour expliquer les déficiences mani
festées par un étudiant i.e. pour déterminer les causes d'un apprentissage déficient.
Évaluation continue:
On peut définir l'évaluation continue comme un système qui englobe l'ensemble
des évaluations de l'apprentissage réalisées sur une période donnée. En somme l'évalua
tion continue intègre, dans un tout cohérent et articulé, les différentes formes d'évalua
tion, normative, critériée et diagnostique, ainsi que les différents systèmes d'évaluation,
formative et sommative.
Cette façon de concevoir l'évaluation continue nous permet d'amoindrir pour ne
pas dire d'éliminer la confusion entourant l'utilisation de ce concept.
Les figures 1 et 2 apparaissant dans les pages suivantes illustrent deux modèles
d'évaluation continue de l'apprentissage. Ils ont été développés dans le but d'aider le
lecteur 1) à saisir davantage la signification des différents concepts d'évaluation
véhiculés dans le texte, 2) à visualiser l'articulation possible de ceux-ci dans un modèle
cohérent et articulé et 3) à transposer le tout dans un contexte scolaire qui lui est
propre.
La figure 1 illustre un modèle d'évaluation continue appliqué à un cours divisé
en plusieurs séquences ou unités d'enseignement. Il est à remarquer que chaque unité ou
séquence d'enseignement fait l'objet d'une évaluation sommative. La somme ou la
moyenne des résultats provenant de ces évaluations sommatives partielles constituera,
pour chaque étudiant, l'évaluation sommative du cours.
La figure 2 illustre par contre un modèle d'évaluation continue appliqué à un
cours non divisé en séquences ou unités d'enseignement, et un cours pour lequel il
n'existe qu'une évaluation sommative finale. Le lecteur aura peut-être reconnu dans cette
illustration une situation familière.
Il vient peut-être à l'esprit du lecteur que le modèle d'évaluation continue illustré
par la figure 1 puisse plus facilement s'appliquer à un processus d'enseignement
individualisé prenant par exemple la forme d'un cours modulaire, alors que celui
présenté dans la figure 2 s'applique davantage à un processus d'enseignement de groupe
prenant la forme magistrale ou traditionnelle. Bien que je sois porté à croire que tel est
probablement le cas, il n'est cependant pas exclu que le modèle d'évaluation continue
illustré à l'aide de la figure 1 puisse s'appliquer à un cours prenant la forme magistrale
ou traditionnelle.
FIGURE 1 :
MODÈLE D'ÉVALUATION CONTINUE
V y
—v—
Évaluation continue
□ Évaluation
formative
Évaluation
sommative
/ \ Évaluation
L \ diagnostique. Temps d'apprentissage
C : Critériée
N : Normative
FIGURE 2 :
MODELE D'ÉVALUATION CONTINUE
Évaluation
sômmative
Évaluation formative
/ —
yv — — ~ - ~ ~
Temps
d'apprentissage
À À AÀ
\. y
—\f.—:
Évaluation continue
□ Évaluation
formative
Évaluation
sômmative
/ \ Évaluatioi
diagnostique. Temps d'apprentissage
C : Critériée
N : Normative
REVUE DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION 219
Instruments de mesure
Cet article serait incomplet si on ne glissait un mot sur les épreuves de rende
ment scolaire. Nous avons insisté sur le fait que le processus d'évaluation consiste
essentiellement à déterminer le degré d'atteinte des objectifs d'apprentissage d'un
programme d'études. Comme l'évaluation implique la recherche d'indices révélateurs
des changements de comportement chez les étudiants, elle implique donc l'utilisation
d'instruments de mesure. La détermination des moyens devant servir à l'évaluation est
une activité qui ne doit pas être prise à la légère. Elle suppose une connaissance et
une compréhension des divers modes d'évaluation pouvant être utilisés dans l'enseigne
ment ainsi qu'une maîtrise des principes et des règles présidant la confection des
instruments de mesure.
Les instruments de mesure pouvant être utilisés pour évaluer l'atteinte d'objectifs
d'apprentissage ne se limitent pas, comme plusieurs peuvent le penser, au test
papier/crayon. Il est vrai que le test papier/crayon avec ses variantes vrai-faux, choix
multiple, phrase à compléter, essai, constitue une procédure valable et pratique lorsqu'il
s'agit d'évaluer l'atteinte d'objectifs du domaine cognitif. Cependant, même à ce
niveau, le professeur n'est pas limité au test papier/crayon, il peut faire appel à des
procédures différentes tels les tests oraux, les travaux individuels, les travaux en
équipe, la participation à des séminaires, etc. L'éventail des épreuves possibles pour
mesurer l'atteinte d'objectifs du domaine cognitif n'est limité que par la créativité de
celui qui les développe.
Les objectifs éducatifs ne se prêtent pas tous au test papier/crayon ; ainsi par
exemple, les objectifs faisant référence à des habitudes, à des comportements individuels
et à des comportements sociaux, sont plus aisément et validement évalués par l'inter
médiaire d'instruments comme la grille d'observation. Par ailleurs, l'entrevue et le
questionnaire sont des approches pouvant permettre la cueillette d'informations en
regard des attitudes, des intérêts. Les échelles d'attitude peuvent également être utiles
pour évaluer les objectifs du domaine affectif. Le dossier anecdotique peut être utile
pour analyser certains comportements ou certaines actions de l'étudiant.
220 REVUE DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION
Il est important de signaler que les instruments de mesure pouvant être utilisés
pour des fins d'évaluation ne se limitent pas à ceux que nous venons de présenter ;
toute approche de mesure permettant la cueillette d'informations valides constitue une
méthode adéquate. Il appartient au professeur de choisir ou de confectionner l'approche
de mesure la plus appropriée pour une situation donnée.
Une préoccupation majeure doit cependant guider le professeur responsable de
la sélection ou de la confection d'un instrument de mesure, et ce quel que soit
l'instrument envisagé, c'est que celui-ci soit congruent (en relation directe) avec les
objectifs poursuivis. Cela veut dire que le professeur doit comparer les situations
comprises dans l'instrument de mesure aux objectifs du cours afin de déterminer si ces
situations sont susceptibles de provoquer la manifestation des comportements visés.
Conclusions :
J'ai jusqu'à présent décrit un modèle d'évaluation de l'apprentissage qui se veut
simple sur le plan conceptuel i.e. un modèle que tout éducateur peut facilement com
prendre, un modèle qui se veut cohérent i.e. un modèle qui repose sur une logique que
l'on peut difficilement contester, un modèle qui se veut pratique i.e. un modèle qui
peut être transposé dans la réalité scolaire.
Je n'ai pas la prétention de croire que ce modèle soit à ce point original et
nouveau qu'il vous soit totalement étranger. Il est possible cependant que les concepts
véhiculés et intégrés dans ce modèle d'évaluation soient nouveaux, du moins pour
certains lecteurs, mais ces appellations bien que nouvelles recouvrent une réalité depuis
longtemps connue des éducateurs. Bien que ce soit le cas, nous nous risquons à affirmer
que cette réalité fut rarement pour ne pas dire jamais respectée.
La mise en place d'un tel modèle d'évaluation repose d'une part sur une
collaboration étroite entre les diverses instances administratives et pédagogiques concer
nées, et ce aux différents niveaux de responsabilités de notre système scolaire, et d'autre
part 1) elle repose sur la détermination et l'implantation, de la part des responsables de
ce secteur tant au niveau du ministère que des commissions scolaires, de politiques
cohérentes en matière de mesure et évaluation i.e. des politiques compatibles avec le
modèle présenté, 2) elle repose sur la détermination des niveaux de responsabilités
associés à ce modèle (pensons par exemple à une politique de décentralisation) ainsi
que sur l'acceptation et le respect de ces responsabilités de la part des individus
concernés, 3) elle repose sur la mise en place d'une politique d'aide et d'assistance
à prodiguer au personnel enseignant œuvrant dans les secteurs élémentaire et secondaire
(rôle que les conseillers en mesure et évaluation doivent jouer) 4) elle repose sur le
développement et l'implantation de programmes d'études qui eux-mêmes reposent sur
des objectifs pédagogiques bien circonscrits et définis, et, 5) elle repose sur un
enseignement qui soit axé sur la poursuite des objectifs consignés dans les programmes
officiels que ceux-ci originent du MEQ ou des commissions scolaires.
REVUE DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION 221
Enfin, la mise en place d'un tel modèle n'est possible que si tous et chacun des
individus concernés non seulement croient en la valeur d'un tel modèle mais possèdent
également les connaissances nécessaires à son application.
BIBLIOGRAPHIE
Bloom, B.S., Hastings, J.T., Madaus, G.F., Handbook on Formative and Summative
Evaluation of Student Learning. New York : McGraw-Hill Book Company, 1971.
Nadeau, M.-A., L'Évaluation de l'apprentissage en milieu scolaire. D.G.E.C, Ministère
de l'Éducation du Québec, 1976.
Nadeau, M.-A., «L'Évaluation vue dans la perspective des programmes», Série Docu-
ments. Service de pédagogie universitaire, Université Laval, septembre 1975.
Scallon, G., «L'Évaluation des étudiants et les principales conceptions de la mesure et
de l'évaluation», in Prospectives, Vol. 10, No 4, octobre 1974.