Des Mythes Politiques
Des Mythes Politiques
Des Mythes Politiques
politiques
isbn : 978-2-84952-087-1
© Éditions imago, 2010
7 rue suger, 75006 Paris
Tél : 01-46-33-15-33
e-mail : [email protected]
site internet : www.editions-imago.fr
des mythes
politiques
sous la direction de
Frédéric monneyron et antigone mouchtouris
auzas éditeurs
remerciements
noTes
MArTine XiberrAs
*
24 des MyThes PoLiTiQues
noTes
homme vs Femme
Femme au foyer vs citoyenne
obéissance vs désobéissance
caché vs non caché
ismène vs Antigone
et encore :
« ce qui est fait est aussi mon œuvre, si elle veut bien en conve-
nir. Je m’en reconnais responsable. »
38 des MyThes PoLiTiQues
pouvoir agir sur les lois, sur leur rigidité comme sur leur insuf-
fisance. L’action commise par Antigone s’inscrit dans cette pro-
blématique de l’équité entre les intérêts de la patrie et ceux des
morts ; que ces derniers soient vertueux ou non, ils bénéficient
des mêmes droits et méritent les mêmes traitements devant la
mort et les rites funéraires.
Avec Antigone, sophocle a fait avancer la loi humaine et la
réflexion sur ce thème. Le sens de l’histoire aurait été modifié si
Antigone et sa sœur avaient accepté de partager les responsabi-
lités : ni l’une ni l’autre ne seraient alors devenues des héroïnes.
et la question de la confrontation de la loi divine et de la loi
humaine aurait disparu au profit des relations fraternelles ; le
drame aurait été celui d’une famille qui s’oppose à la loi.
Antigone se forge une identité individuelle très déterminée,
où l’ego collectif prime sur l’ego individuel, ce que lui permet
de faire figure d’exemple. c’est un élément constituant par
excellence de la figure héroïque.
certaines, parmi les féministes, ont ramené les actes
d’Antigone au même niveau que ceux d’ismène. Mais l’héroïsme
d’Antigone en devient confus, puisque ces féministes réduisent la
densité des oppositions sociales à une simple approche des soli-
darités familiales, à une histoire de femmes où personne n’assume
plus individuellement ses propres actes. Tous coupables, tous vic-
times, personne en particulier. une position qui se situe à l’ex-
trême du mythe du héros.
noTes
noTes
JoëL ThoMAs
dans tous les cas, on le voit bien, ce n’est pas la rigueur his-
torique qui prévaut, mais une représentation, une image que nos
sociétés se donnent à voir de rome, une image qui est une sorte
de miroir déformant : rome devient le reflet de ce qu’ils vou-
draient être, et ils projettent leurs désirs, leurs idéologies, sur un
passé qui devient une forme d’alibi. dans les deux mémoires
dont nous parle Platon, ce n’est pas la mémoire iconique, c’est
la mémoire fantasmatique qui recrée l’image de rome.
donc, pour comprendre l’influence réelle de rome sur nos
propres structures mentales, nous devons prendre en compte des
paramètres anthropologiques, excéder le domaine strictement
historique pour aborder celui des structures de l’imaginaire.
Que nous disent-elles ? Que les références à rome seraient, a
priori, presque plus vivaces aux États-unis qu’en europe. on
sait le nombre des péplums, bons ou moins bons ; si l’imaginaire
américain n’était pas fasciné par l’image romaine, les produc-
teurs américains, qui sont de bons commerciaux, ne l’auraient
pas autant exploitée. L’image de rome peut d’ailleurs être très
négative : quand John Lennon dit que new york est la nouvelle
rome, ce n’est certes pas un compliment dans sa bouche. La cri-
tique peut prendre une forme plus subtile, voire inconsciente :
dans la saga cinématographique de Star Wars, les quatre premiers
épisodes sont d’inspiration médiévale, et ils sont suivis d’un cin-
quième, plus romain (ou plus précisément, lié à une représenta-
tion imaginaire de l’empire romain) ; or, ce cinquième épisode
explique les quatre premiers. on peut en déduire, dans un pre-
mier temps, la préférence implicite des Américains pour le cin-
quième épisode « romain », auquel les autres sont subordonnés,
puisqu’il en est le principe fondateur, l’arché. Mais en contre-
point, il s’en dégage une critique également implicite de la part
de l’auteur, à travers l’idée que l’impérialisme américain conduit
au Moyen âge, perçu comme « âge obscur ».
dans le même esprit, le titre du film récent de denis Arcan,
Le Déclin de l’Empire américain, tisse de façon transparente le
parallèle entre empire romain et empire américain, associés
dans le mouvement entropique d’un déclin.
il est vrai que l’imaginaire politique romain tourne autour de
quelques axes forts qui ne contribuent pas à le rapprocher de
62 des MyThes PoLiTiQues
noTes
1. Pour une mise au point récente, cf. Rome et l’État moderne (J.-Ph. Genet
dir.), coll. de l’École française de rome, rome, 2007.
2. cf. cl. nicolet, La Fabrique d’une nation. La France, entre Rome et les
Germains, Perrin, Paris, 2003.
3. Les belles Lettres, Paris, 2008.
4. cf. P. Veyne, « Humanitas : les romains et les autres », in L’Homme
romain (A. Giardina dir.), seuil, Paris, 1982, p. 457.
5. cf. J. Thomas, L’Imaginaire de l’homme romain. Dualité et complexité,
Latomus, bruxelles, 2006, pp. 201-204.
6. cf. P. Voisin, Il faut reconstruire Carthage. Méditerranée plurielle et
langues anciennes, L’harmattan, Paris, 2007, p. 229.
7. P. Veyne, « Humanitas : les romains et les autres », art. cit., p. 449.
8. sur ce point, cf. deux ouvrages fondamentaux, y.-A. dauge, Le Barbare.
Recherches sur la conception romaine de la barbarie et de la civilisation,
Latomus, bruxelles, 1981 ; et J.-F. Mattéi, La Barbarie intérieure. Essai sur
l’immonde moderne, PuF, Paris, 1999.
9. Externas gentes, quibus tuto ignosci potuit, conservare quam excidere
malui.
10. G. durand, L’Âme tigrée. Les pluriels de Psyché, denoël, Paris, 1981.
11. r. brague, Europe, la voie romaine, criterion, Paris, 1992, p. 36.
un mythe Fondateur et mobilisateur :
le traité de l’élysée en France et en allemagne
yVes biZeuL
ait été littéralement poussé par son chef du protocole dans les
bras du général de Gaulle, qui s’avançait vers lui.
La chaîne Arte décrit sur son site cet épisode cocasse de la
façon suivante :
noTes
eLMir cAMic
L’instrumentalisation du passé
à des fins politiques
noTes
1. F. Fukuyama, The End of History and the Last Man, new york, 1992.
2. M. Glenny, The Rebirth of History : Eastern Europe in the Age of
Democracy, harmondsworth, 1993.
3. sur l’oPA sémantique du passé opérée par les nationalistes croates et
bosniaques, cf. i. Zanic, « das politische imaginarium der kroatischen
nationalgeschichte » et « Zur Geschichte der bosniakischen Mythologie »,
l’un et l’autre in d. Melcic, dunja (dir), Der Jugoslawien-Krieg. Handbuch zu
Vorgeschichte, Verlauf, Konsequenzen, Wiesbaden, 2003, pp. 287-300.
4. La présentation la plus complète et la plus « neutre » de la bataille est
celle de n. Malcolm, Kosovo. A Short History, London, 1998. Pour une pré-
sentation plus large, cf. F. Jäger, Bosniaken, Kroaten, Serben. Ein Leitfaden
ihrer Geschichte, Frankfurt am Main, 2001, p. 68sq. ; o. J. schmitt, Kosovo.
Kurze Geschichte einer zentralbalkanischen Landschaft, Wien, 2008 ; T.
Judah, The Serbs. History, Myth and the Deconstruction of Yugoslavia, new
haven, 1997 et W. Petritsch/K. Kaser/r. Pichler, Kosovo. Mythen, Daten,
Fakten, Klagenfurt, 1999.
5. cf. Petritsch, Kosovo…, op. cit., p. 31sq.
6. d. b. Macdonald, Balkan Holocausts ? Serbian and Croatian victim-cen-
tred propaganda and the war in Yugoslavia, Manchester/new york, 2002, p. 69 ;
T. Judah, The Serbs…, op. cit., p. 31sq. et h. sundhaussen, « die
“Genozidnation” : serbische Kriegs- und nachkriegsbilder » in n. buschmann/d.
Langewiesche, Der Krieg in den Gründungsmythen europäischer Nationen und
der USA, Frankfurt/Main, 2003, pp. 351-371, ici p. 364sq.
7. comme le remarque h. sundhaussen, historiquement l’impact « militaire
et politique [de la bataille] fut en comparaison avec d’autres événements de ce
genre assez faible ». h. sundhaussen, « Kosovo. eine Konfliktgeschichte » in
J. reuter/K. clewing, Der Kosovo-Konflikt. Ursachen, Verlauf, Perspektiven,
Klagenfurt, 2000, pp. 65-89, ici p. 65.
8. cf. Malcolm, Kosovo…, op. cit., p. 75sq. et F. bieber, « nationalist
Mobilization and stories of serb suffering. The Kosovo Myth from 600th
Anniversary to the Present » in Rethinking History 6, 2002, pp. 95-110, ici p. 96.
9. sur la genèse et la mise par écrit de la légende et sur les événements his-
toriques correspondants, cf. A. Greenawalt, « Kosovo-Myths. Karadzic,
njegos, and the Transformation of serb Memory » in Spaces of Identity 3,
2004, pp. 49-65. Plus généralement sur la riche épopée serbe, cf. K. A.
100 des MyThes PoLiTiQues
sion sur internet d’un livre paru en 2007 sous le titre La Religion
gaulliste, écrit par un historien italien, Gaetano Quagliariello, on
lit ceci : « dans un essai nourri de dix années de recherche parmi
les archives, Gaetano Quagliariello décortique la nature, les
formes et les manifestations du charisme gaullien. il le voit à
l’œuvre dans sa liturgie, dès 1940, dans ses discours, dans la fabri-
cation du mythe, dans l’usage du pouvoir plébiscitaire et dans
cette extraordinaire relation avec le peuple de France. » Alors
mythe ou charisme ?
deuxième exemple, Le Mythe Hitler de ian Kershaw : ian
Kershaw nous dit qu’il a écrit ce livre pour expliquer comment le
personnage hitler et ses partisans ont « fabriqué » délibérément
un mythe : pendant de longues années, ce mythe a été particuliè-
rement efficace, dit-il, jusqu’à son effondrement, après les échecs
militaires du Troisième reich. or, dans la démonstration de ian
Kershaw, il est difficile de séparer ce qui a trait au mythe pro-
prement dit et ce qui a trait au charisme personnel du Führer :
« en tant qu’étude d’une imagerie politique, l’ouvrage veut mon-
trer comment le “mythe hitler” — j’entends par cette expression
une image héroïque, une conception populaire de hitler qui lui
attribuait des caractéristiques et des motivations se trouvant, pour
l’essentiel, à mille lieues de la réalité — a rempli son rôle inté-
grateur, de la plus haute importance, pour fournir au régime sa
base de masse 3. » Fort bien, mais l’auteur ne nous dit pas quel
peut être le rapport entre image et récit ; mythe ici est par trop
défini comme manipulation d’image. Quelques pages plus loin,
par ailleurs, l’auteur, délaissant le concept de mythe et se référant
à Max Weber, utilise le concept d’autorité charismatique en le
citant longuement. Je reviendrai dans un instant sur le texte de
Weber. disons pour l’instant que Kershaw n’échappe pas, lui non
plus, à une certaine confusion entre mythe et charisme.
en fait, le terme de « charisme » est ambigu : son origine est
théologique ; dérivé du mot grec, charis, qui veut dire « grâce »,
« charisme » désigne des dons exceptionnels propres à certains
membres des premières communautés chrétiennes. dans sa
deuxième Épître aux corinthiens, saint Paul détaille en plusieurs
pages les différents charismes rencontrés dans ces communautés.
À notre époque, le terme a été repris principalement par Max
110 des MyThes PoLiTiQues
• Le rAsseMbLeur
• Le dernier cheVALier
noTes
JeAn-bruno renArd
découvert vers l’an 1000 dans une crypte, on le trouva assis sur
son trône, la couronne sur la tête et le sceptre entre ses mains,
dont les ongles avaient percé les gants. un pas de plus dans la
légende et l’empereur assis n’est plus mort mais endormi dans
un sommeil surnaturel, dans une caverne secrète que certains
situent sur le flanc du desenberg en Westphalie, prêt à se
réveiller et à revenir pour ramener l’unité de l’occident chrétien
et le sauver de quelque péril. Lors de la première croisade, à la
fin du Xie siècle, on se souvenait du rôle joué par l’empereur
chrétien contre les invasions arabes et une rumeur prétendit que
charlemagne était revenu et s’était mis à la tête des soldats du
christ 9. Aux Xiie et Xiiie siècles, des prophéties circulèrent
annonçant le retour de charlemagne à la fin des temps pour
convertir les païens au christianisme et établir un royaume uni-
versel (idem). cette figure légendaire de charlemagne a certai-
nement contribué à la naissance du mythe ésotérico-politique du
Grand Monarque. Au XXe siècle, pendant la seconde Guerre
mondiale, ce n’est pas un hasard si la figure franco-germanique
de charlemagne a été reprise par la collaboration française, par
exemple la division charlemagne, composée de Waffen ss
français partis combattre sur le front de l’est.
dans le « cycle carolingien », expression par laquelle les spé-
cialistes de littérature médiévale désignent les chansons de geste
qui s’organisent autour de la figure de charlemagne, on trouve
un autre héros dont la légende annonce le retour : le chevalier
ogier le danois. ce personnage épique, paladin de charlemagne,
tour à tour ami et adversaire de l’empereur, est un preux cheva-
lier, d’une stature et d’une force colossale. il est devenu au
danemark une figure nationale sous le nom de holger danske
(ogier le danois en langue danoise). selon la légende médiévale
— reprise au XiXe siècle dans un conte d’Andersen —, holger
danske, après sa vie héroïque, s’est endormi dans une crypte
cachée sous le château de Kronborg, au danemark. il est
accoudé à une table de pierre que sa barbe, en poussant, a
percée. il se réveillera quand le pays sera menacé. sous l’occu-
pation allemande, une organisation danoise de résistance s’est
appelée « groupe holger danske ».
Le personnage historique peu connu du roi celte Arthur ou
126 des MyThes PoLiTiQues
« c’est une des lois fatales de l’humanité que rien n’y atteigne le
but.
Tout y reste incomplet et inachevé, les hommes, les choses, la
gloire, la fortune et la vie.
Loi terrible ! qui tue Alexandre, raphaël, Pascal, Mozart et
byron, avant l’âge de trente-neuf ans.
[…]
combien ont soupiré après ces songes interrompus, en suppliant
le ciel de les finir !
combien, en face de ces histoires inachevées, ont cherché, non
plus dans l’avenir ni dans le temps, mais dans leur pensée, un reste
et une fin qui pussent les parfaire 19. »
et que hitler s’y est réfugié 32. L’un des premiers auteurs à l’affir-
mer est Ladislas szabo, exilé hongrois vivant en Argentine, qui
publie dès 1945 des articles dans un journal de buenos Aires
puis, en 1947, le livre Hitler esta vivo 33. dans sa préface, l’auteur
interpelle les « Quatre Grands » (États-unis, Grande-bretagne,
France et urss) pour que hitler soit recherché et capturé. cette
thèse sera reprise par plusieurs auteurs, qui y ajoutèrent parfois le
motif des soucoupes volantes comme inventions secrètes nazies.
Ainsi, dans les années 1960, le diplomate chilien Miguel
serrano, nazi convaincu et féru d’occultisme, prétendra que
hitler a quitté berlin en 1945 à bord d’une soucoupe volante et
qu’il s’est réfugié dans une base souterraine en Antarctique où
les Aryens préparent la reconquête du monde 34.
un dossier déclassifié en 2006 a révélé que, de 1945 à 1956,
le Fbi et son directeur John edgar hoover avaient sérieusement
envisagé l’hypothèse qu’hitler n’était pas mort dans son bunker
de berlin et collectaient toute information sur ce sujet 35. ces
rumeurs de survie exprimaient la peur que « la bête ne soit pas
morte » et hantaient l’imaginaire des Alliés ou des chasseurs de
nazis. de leur côté, quelques nostalgiques ou quelques néonazis
espéraient le retour de hitler. otto Abetz, ancien ambassadeur de
l’Allemagne nazie en France, déclara en 1945 que « hitler n’était
certainement pas mort » et qu’« un jour, il reviendra ». en 1963,
un épisode de la série télévisée The Twilight Zone (en français
« La Quatrième dimension »), intitulé He’s Alive (épisode n°106,
Quatrième saison, scénario rod serling), montre un néonazi
américain recevant ses ordres d’un mystérieux personnage qui
n’est autre qu’Adolf hitler. dans son numéro du 19 mai 1992,
l’hebdomadaire américain de faits incroyables et insolites Weekly
World News annonce que hitler vient de mourir en Argentine,
d’une crise cardiaque, à l’âge de cent trois ans. une photo le
montre sur son lit de mort dans un hôpital de buenos Aires
(article repris dans l’équivalent français du Weekly World News,
l’éphémère Jour de Paris dans son numéro du 20 mai 1992). Par
cette mise en scène, la rumeur, en quelque sorte, s’autodétruit.
en effet, une rumeur de survie devient de moins en moins vrai-
semblable au fur et à mesure que le « survivant » se fait vieux :
hitler aurait aujourd’hui presque cent vingt ans ! À cela s’ajou-
Le mythe du retour du héros… 137
mort vers 430 av. J.-c.) était un patricien romain, défenseur des
valeurs de la république, nommé consul en 460. en 458, alors
que rome était en guerre avec un autre peuple latin, les èques,
et que l’armée romaine s’était fait piéger dans un défilé de mon-
tagne, des sénateurs, selon la tradition, allèrent jusque dans le
champ où labourait cincinnatus pour le supplier de devenir
commandant suprême, c’est-à-dire « dictateur » dans le sens
qu’a ce mot pour la république romaine. cincinnatus se rendit
victorieux des èques à la bataille du mont Algide et, après son
triomphe dans les rues de rome, il rendit le pouvoir seize jours
après l’avoir accepté, retournant cultiver son champ. cincinnatus
devint alors le symbole même du citoyen romain courageux,
dévoué au bien public et intègre. en 439, une révolte populaire
éclata à rome sous l’influence d’un riche plébéien, spurius
Maelius, qui aspirait à se faire couronner roi. Les consuls firent
à nouveau appel à cincinnatus, alors âgé d’environ quatre-
vingts ans, pour une seconde dictature, où il sauva la république
en matant la révolte et en faisant tuer Maelius.
Pour nous en tenir à l’histoire de France, plusieurs épisodes
correspondent au retour au pouvoir d’un chef charismatique
après une période plus ou moins longue de retraite ou d’exil :
ainsi napoléon, de retour de l’île d’elbe, restaurant l’empire
pendant les cent-Jours (du 20 mars au 22 juin 1815) ; le maré-
chal Pétain, vainqueur de Verdun en 1916, appelé à prendre la
tête de l’État français, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, en
juillet 1940 ; et le général de Gaulle, chef de la France libre et
chef du Gouvernement provisoire de la république française
d’août 1944 à janvier 1946, rappelé au pouvoir en mai 1958, à
l’âge de soixante-huit ans, au moment de la crise algérienne, et
président de la république de 1959 à 1969.
il est fréquent, pour un homme politique, que l’on parle de la
période entre deux exercices du pouvoir comme d’une « tra-
versée du désert ». cette locution, sans doute d’origine biblique
— les quarante années de traversée du désert par le peuple
hébreu ou les quarante jours passés par Jésus dans le désert —,
désigne une période où le héros charismatique n’est plus actif et
prépare son retour.
en ce qui concerne l’histoire, avec un h minuscule, on peut
Le mythe du retour du héros… 141
noTes
VALenTinA TirLoni
Le mythe
Œuvres de fiction
L’exemple de l’Italie
noTes
noTes
2. mythes politiques
Abbott e. A., 151, 154, 164-165. blumenberg h., 73, 83, 189.
Abetz o., 136. boisset y., 123.
Adenauer K., 74-77, 79-82, 84-85, 193. boissy d’Anglas, 20.
Agulhon M., 79, 84, 190. bolo P., 134.
Anzulovic, 104, 190. bonaparte, 51, 112, 135, 143.
Arcuri L., 167, 189. bonaparte M., 143.
Arkan, 97. bouddha, 147-150, 163-164.
Aristote, 29, 30, 42-43, 46, 137. bourdieu P., 187, 191.
Aron r., 15, 25, 113, 118. bozo F., 85, 191, 193.
Arthur (roi), 125-126, 157. bracher d., 84, 193.
Atahualpa, 127-128. brague r., 71-72, 192.
Attali J., 185. brandt W., 82.
Auguste, 69-71, 110. brankovic V., 88-89, 96, 97.
Aznar J.-M., 187. braudel F., 14, 25, 192-193.
burridge K., 142.
balandier G., 170, 186-187, 191. buschmann n., 99.
balladur e., 176. butler J., 39, 46.
bareau A., 148-149, 163-164.
barthes r., 187. cadinu M. r., 167, 189.
baugnet L., 167, 191. camic e., 101.
behring e., 101. camus A., 70.
behschnitt W. d., 102. carbone T., 143.
bercé y.-M., 129-130, 142. cassirer e., 73, 100, 108, 146, 163,
berger P., 16, 18, 25-26, 191. 189, 190.
berlin b., 149, 164, 191. castoriadis c., 13.
berlusconi s., 161. caunes A. (de), 132.
bettelheim b., 163, 191. champagne P., 186-187, 192.
bieber F., 99-104, 191. charlemagne, 124-126.
bizeul y., 84, 190. chevreul e., 166.
blanrue P. e., 142. chiodi G.M., 163, 190.
bloch M., 119. chirac J., 82, 168, 174-175.
200 des MyThes PoLiTiQues
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Frédéric Monneyron
Introduction
MyThoLoGie PoLiTiQue eT idenTiFicATions coLLecTiVes . 13
Martine Xiberras
Première partie
Fondations
et identités mythiques
Deuxième partie
personnages mythiques
et symboles
bibLioGrAPhie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
noTes sur Les PArTiciPAnTs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
indeX des noMs ProPres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199