DP Dalesia A Rome 4
DP Dalesia A Rome 4
DP Dalesia A Rome 4
D’Alésia à Rome,
l’aventure archéologique
de Napoléon III
sommaire
communiqué de presse p.3
press release p.5
comunicato stampa p.7
plan de l’exposition et scénographie p.9
liste des prêteurs p.11
textes des salles p.12
liste des œuvres exposées p.17
dispositifs numériques p.32
extraits du catalogue p.33
notices d’oeuvres p.40
catalogue de l’exposition p.43
autour de l’exposition p.45
informations pratiques p.47
visuels disponibles pour la presse p.48
le musée d’Archéologie nationale, Domaine national de Saint-Germain-en-Laye p.53
partenaires médias p.55
Édouard Flouest (1829-1891), d’après un dessin du général Creuly gravé par Saunier pour la Revue archéologique
« Armes recueillies dans la plaine au-dessous d’Alise », S.d. [après 1861], Dessin à l’encre rehaussé à l’aquarelle, contre-
collé sur papier cartonné, signé « Ed. F. », H. : 28,8 ; l. : 22,5 cm, Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale,
centre des archives, fonds Édouard Flouest © MAN/Valorie Gô
2 D’Alésia à Rome, l’aventure archéologique de Napoléon III
communiqué
D’Alésia à Rome,
l’aventure archéologique
de Napoléon III
Dans le courant du XIXe siècle, l’archéologie se retrouve au cœur de nouveaux enjeux tant politiques que
scientifiques. D’une part, les États européens concourent pour s’approprier la connaissance des cultures
disparues et construire leur identité nationale. D’autre part, s’ouvrent de véritables chantiers de fouille qui
mobilisent des techniques nouvelles et des outils novateurs. Cartographie, dessins et photographie sont
convoqués pour restituer le réel, attester la provenance authentique des objets et dresser un panorama qui
se veut objectif et scientifique, avec pour enjeu supplémentaire une diffusion des fouilles et de leurs produits
auprès des publics.
L’impulsion est donnée depuis la France par la rédaction de l’Histoire de Jules César. Napoléon III entend
marcher sur les traces du conquérant romain et la Commission de Topographie des Gaules, ou CTG,
est officiellement investie le 17 juillet 1858. Elle entreprend, ou subventionne, jusqu’en 1879 des travaux
nombreux pour identifier les sites archéologiques sur le terrain. Sous la direction de Félicien Caignart de
Saulcy (1807-1880), la CTG tisse un vaste réseau de correspondants présents dans tous les départements,
en s’appuyant sur les sociétés savantes. Militaires, archivistes, enseignants, hommes d’Église et autres
notables, sont ainsi mobilisés pour collecter informations et objets, et les envoyer au ministère de l’Instruction
publique selon une méthodologie clairement établie.
Peu de temps après, en 1861, Napoléon III acquiert les Jardins Farnèse sur la colline du Palatin à Rome:
symboliquement, il devient propriétaire de ce que l’on nomme durant le Risorgimento «les Palais des
Césars» et engage les fouilles archéologiques que conduit Pietro Rosa (1810-1891). En France comme en
Italie, relevés, photographies, rapports, estampages sont les témoins (aujourd’hui dispersés) d’une activité
intense qui jette les bases d’une archéologie scientifique.
Pietro Dovizielli, Palais des Césars, équipe de fouilles en action (détail), 1864-1867. Avril 1862, épreuve photographique sur pa-
pier albuminé, à partir d’un négatif sur verre au collodion, H. 22,6 ; l. 31,5 cm, Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
grecques, étrusques et romaine © Musée du Louvre / Département des AGER
3
L’exposition a pour objectif de retracer l’histoire de collections aujourd’hui dispersée dans des institutions de
natures diverses (bibliothèques, musées, fonds privés et écoles d’art). En réunissant ce corpus, elle espère
retracer le déroulement des fouilles que Napoléon III entreprend dans les pas des Césars, tout en proposant
une nouvelle approche qui questionne le rôle de la photographie et des méthodes d’enregistrement dans ce
programme archéologique. Il s’agira d’identifier les différents acteurs (archéologues, historiens, photographes,
cartographes, Napoléon III), émetteurs et récepteurs de cette archéologie de l’image, qui ont indéniablement
participé à la politique culturelle pratiquée durant cette période de recherches en France et en Italie.
Les archives conservées en France qui se rapportent aux fouilles menées par la CTG et celles des Jardins
Farnèse sous Napoléon III restent à ce jour inconnues du grand public. Et pour cause, aucune rétrospective
n’a permis de mettre en lumière cette aventure archéologique. En plus de voir des albums déposés au nom
de l’empereur dans diverses institutions nationales, des photographies grand format présentées à l’Institut
de France et des albums touristiques vendus in situ, le visiteur pourra découvrir des objets issus des fouilles
d’Alise-Sainte-Reine et des Jardins Farnèse, conservés au musée d’Archéologie nationale ou au musée du
Louvre, ainsi que les toiles exécutées par le peintre Joseph-Fortuné-Séraphin Layraud, le seul artiste-peintre
français identifié à avoir assisté au dégagement de la maison de Livie (1869), et les relevés d’Arthur Dutert.
.......................................
commissaire général : Daniel Roger, conservateur en chef, adjoint au directeur, responsable de la politique
scientifique et des collections au musée d’Archéologie nationale - domaine national de Saint-Germain-en-
Laye
informations et réservations :
www.musee-archeologienationale.fr
tel 0134 51 65 36
reservation@musee-
archeologienationale.fr
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press release
From Alesia to Rome:
the archaeological story of
Napoleon III
Over the course of the 19th century, archaeology became a central aspect of the new political and
scientific challenges. European states competed to increase their knowledge of lost cultures and build
their national identity. Meanwhile, excavation sites were opened, requiring new techniques and innovative
tools. Cartography, drawing and photography were used to recreate reality, demonstrate the authentic
provenance of objects and produce an objective, scientific overview, with the additional aim of informing the
public about the digs and what they had unearthed.
Emblematic of this dual movement, the archaeological excavation sites opened at the instigation of
Napoleon III took a very different approach to those run by the “antiquarians” of the previous century.
Inextricably linked to the figure of the emperor, they represented a real archaeological program played out
across Europe and the Mediterranean Basin, in Greece, Italy and the East.
The impetus came from France, with the writing of the History of Julius Caesar. Napoleon III sought to walk
in the footsteps of the Roman conqueror, and the Commission de Topographie des Gaules, or CTG, was
officially launched on 17 July 1858. It carried out or subsidised numerous studies to identify archaeological
sites in the area. Led by Félicien Caignart de Saulcy (1807-1880), the CTG formed a vast network of
contacts across all regions, with the support of scholarly communities. Military personnel, archivists,
teachers, members of the clergy and other public figures all worked together to collect information and
objects and send them to the Ministry of Public Instruction, following a clearly defined methodology.
Soon after, in 1861, Napoleon III purchased the Farnese Gardens on Palatine Hill in Rome. This made
him the symbolic owner of what was known during the Risorgimento as the “Palace of the Caesars”, and
he ordered archaeological excavations to begin, led by Pietro Rosa (1810-1891). Images, photographs,
reports and stamps from both France and Italy (now dispersed) attest to the intense activity that paved the
way for scientific archaeology.
The exhibition sets out to retrace the history of collections that are now dispersed throughout different types
of institutions (libraries, museums, private collections and art schools). By reuniting this corpus, it seeks
to tell the story of the excavations instigated by Napoleon III in the footsteps of the Caesars, while offering
a new approach that explores the role of photography and recording methods used in this archaeological
Pietro Dovizielli, Palais des Césars, excavation team in action (detail), avril 1862. photographic print on albumen paper, from a
collodion glass negative, H. 22,6 ; l. 31,5 cm, Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaine
© Musée du Louvre / Département des AGER 5
campaign.It will identify the different figures involved (archaeologists, historians, photographers, cartographers
and Napoleon III himself), the transmitters and receivers of this image-based archaeology, and their
unquestionable role in the cultural policy pursued during this period of research in France and Italy.
To this day, the archives held in France relating both to the excavations conducted by the CTG and those at
the Farnese Gardens under Napoleon III are unknown to the general public; unsurprising, given that there
has never been a retrospective to highlight this archaeological adventure. As well as the albums left to various
national institutions in the name of the emperor, large-format photographs displayed at the Institut de France
and tourist albums sold in situ, visitors will be able to see objects from the excavations at Alise-Sainte-Reine
and the Farnese Gardens, held at the Musée d’Archéologie Nationale and the Musée du Louvre, along with
paintings by Joseph-Fortuné-Séraphin Layraud, the only French painter known to have been present for the
unearthing of the Villa of Livia (1869), and images by Arthur Dutert.
.......................................
head curator: Daniel Roger, Chief Curator, Deputy Director, Head of Scientific Policy and Collections at the
Musée d’Archéologie Nationale - Domaine National de Saint-Germain-en-Laye.
scientific curators: Corinne Jouys-Barbelin, Heritage Curator, Head of the Department of Documentary
Resources at the Musée d’Archéologie Nationale - Domaine National de Saint-Germain-en-Laye, and
Anissa Yelles, Doctor of Archaeology, postdoctoral researcher at Labex CAP (INHA/Ecole Nationale des
Chartes)
.......................................
opening hour : from 10 am to 5 pm published by the Réunion des musées press contacts :
every weekday except Tuesdays, and nationaux - Grand Palais, Paris 2020 : Réunion des musées nationaux -
from 10 am to 6 pm on saturdays and Grand Palais
254-256 rue de Bercy
sundays - catalogue of the exhibition :
75 577 Paris cedex 12
closed on 1 January, 1 May and 25 19,5 x 25,5 cm, 192 pages, 115 ill., 30€
December Florence Le Moing
[email protected]
price : exhibition: 6€ (full price) exhibition 01 40 13 47 62
+ permanent collection: 9€ (full price) /
7,5€ (reduced rate) Svetlana Stojanovic
[email protected]
directions: RER line A – Station: Saint-
@Presse_RmnGP
Germain-en-Laye (20 mins from Charles
de Gaulle/Étoile) #ExpoAlesiaMAN
RATP bus 258
Véolia Transports bus: Lines 1, 2, 10, 27
A 13
RN 190, RN 13, N18
informations:
www.musee-archeologienationale.fr
tel 01 34 51 65 36
reservation@musee-
archeologienationale.fr
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comunicato stampa
Da Alesia a Roma,
l’avventura archaeologica di
Napoleone III
Nel corso del XIX secolo l’archeologia si ritrova al centro di nuove sfide sia politiche che scientifiche.
Da una parte, gli Stati europei concorrono per appropriarsi della conoscenza delle culture scomparse e
costruire la loro identità nazionale. Dall’altra, si aprono veri e propri cantieri di scavo che mobilitano nuove
tecniche e strumenti innovativi. Sono utilizzati cartografia, disegni e fotografia per rendere il reale, attestare
la provenienza autentica degli oggetti e delineare un panorama che vuole essere obiettivo e scientifico,
perseguendo la sfida aggiuntiva di una diffusione degli scavi e dei loro prodotti presso i vari tipi di pubblico.
Emblematici di questo doppio movimento, gli scavi archeologici intrapresi su suggerimento di Napoleone
III adottano un procedimento molto diverso da quelli condotti dagli “antiquari” del secolo precedente. Molto
legati alla persona dell’imperatore, costituiscono una vera e propria programma archeologica a livello
europeo e del bacino mediterraneo, in Grecia, Italia o in Oriente.
L’impulso è dato dalla Francia attraverso la redazione della Storia di Giulio Cesare. Napoleone III intende
ripercorrere le tracce del conquistatore romano e così il 17 luglio 1858 viene investita ufficialmente la
Commissione di topografia dei Galli, o CTG, che intraprende, o sovvenziona, fino al 1879, numerosi lavori
per individuare sul posto i siti archeologici. Sotto la direzione di Félicien Caignart de Saulcy (1807-1880),
la CTG crea un’ampia rete di corrispondenti presenti in tutti i dipartimenti, affidandosi alle associazioni
scientifiche. Sono così mobilitati militari, archivisti, insegnanti, uomini di Chiesa e notabili vari per raccogliere
informazioni e oggetti e inviarli al Ministero dell’istruzione pubblica secondo una metodologia chiaramente
stabilita.
Poco tempo dopo, nel 1861, Napoleone III acquista i Giardini Farnese sulla collina del Palatino a Roma:
simbolicamente, diventa proprietario di quelli che durante il Risorgimento sono chiamati “i palazzi dei Cesari”
e avvia gli scavi archeologici condotti da Pietro Rosa (1810-1891). In Francia come in Italia, rilevamenti,
fotografie, rapporti, calchi epigrafici, sono i testimoni (oggi dispersi) di un’intensa attività che getta le basi di
un’archeologia scientifica.
La mostra ha l’obiettivo di ripercorrere la storia di collezioni oggi disperse, in istituzioni di varia natura
(biblioteche, musei, fondi privati e scuole d’arte). Riunendo questo corpus, spera di ripercorrere lo
svolgimento degli scavi che Napoleone III intraprende sulle orme dei Cesari, proponendo al tempo stesso un
Pietro Dovizielli, Palais des Césars, excavation team in action (detail), avril 1862. photographic print on albumen paper, from a
collodion glass negative, H. 22,6 ; l. 31,5 cm, Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaine
© Musée du Louvre / Département des AGER 7
nuovo approccio che si interroga sul ruolo della fotografia e dei metodi di registrazione in questo programma
archeologico. Si tratterà di identificare i vari protagonisti (archeologi, storici, fotografi, cartografi, Napoleone
III), emittenti e riceventi di questa archeologia dell’immagine, che hanno innegabilmente partecipato alla
politica culturale praticata durante questo periodo di ricerche in Francia e in Italia.
Gli archivi conservati in Francia che si rapportano agli scavi condotti dalla CTG e quelli dei Giardini Farnese
sotto Napoleone III attualmente restano sconosciuti al grande pubblico. E per un buon motivo: nessuna
retrospettiva ha permesso di mettere in luce questa avventura archeologica. Oltre a vedere degli album
depositati a nome dell’imperatore in varie istituzioni nazionali, delle fotografie in grande formato presentate
all’Istituto di Francia e degli album turistici venduti sul posto, il visitatore potrà scoprire oggetti provenienti
dagli scavi di Alise-Sainte-Reine e dei Giardini Farnese, conservati al Museo di archeologia nazionale o al
Museo del Louvre, nonché delle tele eseguite dal pittore Joseph-Fortuné-Séraphin Layraud, l’unico artista-
pittore francese identificato ad avere assistito al rinvenimento della casa di Livia (1869) e i rilevamenti di
Arthur Dutert.
.......................................
commissario generale: Daniel Roger, conservatore capo, vice direttore, responsabile della politica
scientifica e delle collezioni al Museo di archeologia nazionale - tenuta nazionale di Saint-Germain-en-Laye
commissari scientifici: Corinne Jouys-Barbelin, conservatrice del patrimonio, responsabile del servizio
delle risorse documentali al Museo di archeologia nazionale - tenuta nazionale di Saint-Germain-en-Laye, e
Anissa Yelles, dottoressa in archeologia, post-dottoranda del Labex CAP (INHA/Ecole nationale des chartes)
.......................................
apertura: dalle 10 alle 17 tutti i giorni pubblicazione per Réunion des contatti stampa :
della settimana, tranne il martedì, e musées nationaux - Grand Palais, Réunion des musées nationaux -
dalle 10 alle 18 Sabato e domenica Paris 2020: Grand Palais
chiuso il 1° gennaio, 1° maggio e 25 254-256 rue de Bercy
75 577 Paris cedex 12
dicembre catalogo de la mostra : 17 x 24 cm,
192 pagine, 200 immagini, 30€ Florence Le Moing
tariffe: mostra: 6 € (tariffa piena) [email protected]
mostra + collezione permanente: 9 € 01 40 13 47 62
(tariffa piena) / 7,5 TR
Svetlana Stojanovic
accesso: RER linea A – Stazione: Saint- [email protected]
Germain-en-Laye (20 mins from Charles
de Gaulle/Étoile) @Presse_RmnGP
RATP bus 258
Véolia Transports bus: Lines 1, 2, 10, 27 #ExpoAlesiaMAN
A 13
RN 190, RN 13, N18
informazione:
www.musee-archeologienationale.fr
tel 01 34 51 65 36
reservation@musee-
archeologienationale.fr
L’exposition comprend une centaine de numéros (des photographies, des plans, des statues, des dessins,
des pièces d’armement, des moulages et moules, des maquettes et des réductions).
Elle comporte également deux copies romaines d’œuvres grecques, et de deux têtes romaines découvertes
durant les fouilles des Jardins Farnèse (don de Napoléon III au Louvre), et d’un moulage exécuté à la
demande de Rosa. Le parcours comprend aussi quatre toiles de la série du peintre Layraud sur les fouilles
de la maison de Livie (1869), et deux autres toiles que le peintre consacre à la Domus Tiberiana. Un appareil
photographique et des plaques de verre d’époque Second Empire permet au visiteur d’avoir un aperçu des
outils utilisés par les opérateurs pour reproduire les fouilles. Des gravures à l’eau forte et dessins permettent
aux visiteurs d’avoir un aperçu des Jardins Farnèse avant les fouilles. L’exposition comporte également
des ouvrages anciens, notamment les tomes I et II, richement reliés, de l’Histoire de Jules donné au musée
d’Archéologie nationale par Napoléon III à l’occasion de l’inauguration du musée le 12 mai 1867.
Certaines vues sont projetées sur écran, en une sorte de diaporama ; des objets seront projetés en 3D.
La présentation des albums photographiques, des ouvrages anciens, et de l’appareil photographique sont
sous vitrine. Une borne numérique est proposée au visiteur de manière à lui permettre de découvrir l’ensemble
des photographies conservées dans les albums.
9
scénographie, production et installation :
Anabelle Palignac, responsable de la production des expositions, scénographe
Rémi Saget, monteur-installateur
création graphique :
Aurélie Vervueren, service de la communication
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liste des prêteurs
FRANCE:
COMPIÈGNE
Musées nationaux des châteaux de Compiègne et Blérancourt
PARIS
Bibliothèque de l’Institut de France
Bibliothèque nationale de France – Bibliothèque de l’Arsenal
Bibliothèque Serpente – Sorbonne Université
Collège de France – Service des Archives
Beaux-Arts de Paris
École normale supérieure, Bibliothèque Ulm-Jourdan Lettres et Sciences humaines
Institut national d’histoire de l’art – INHA
Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
Musée du Louvre, département des Sculptures
Société Française de Photographie
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Bibliothèque interuniversitairede la Sorbonne - Bis
ITALIE:
ROME
Académie de France à Rome – Villa Médicis
Museo dell’ Arte Classica – Gipsoteca – Sapienza Università di Roma
Napoléon III n’entend pas s’appuyer sur les seules sources littéraires. Après une étude minutieuse des
textes antiques, une recherche toponymique et topographique, l’empereur veut étayer les récits de César
par des recherches sur le terrain. De 1861 jusqu’à la chute du Second Empire en 1870, les fouilles
et prospections s’enchaînent pour retrouver les sites décrits dans les Commentaires sur la guerre des
Gaules et les Commentaires sur la Guerre civile. S’ajoutent les fouilles menées par Pietro Rosa dans les
jardins Farnèse sur le Palatin, en quête de la Roma quadrata, le berceau des césars.
Plus encore, une diffusion rapide des fouilles et de leurs produits auprès des publics s’impose comme un
défi supplémentaire. Albums photographiques, gravures, moulages et musées célèbrent alors l’aventure
archéologique de Napoléon III, d’Alésia à Rome.
Sur le Palatin, Pietro Rosa dresse, avec le pensionnaire de l’Académie de France à Rome Arthur Dutert,
maints relevés des jardins Farnèse. Malheureusement, n’en restent que quelques croquis dans ses
notes de fouilles. Mais, grâce à John Henry Parker, il nous est aujourd’hui possible de reconstituer en
grande partie la méthode d’exploration de Rosa et l’évolution du chantier. Ce libraire et éditeur anglais
féru d’histoire romaine est co-fondateur de la British and American Archeological Society of Rome puis
devient conservateur de l’Ashmolean Museum d’Oxford. Entre 1864 et 1877, il publie un vaste reportage
photographique consacré au patrimoine historique et archéologique italien. Il s’associe au dessinateur
Filippo Cicconetti pour dresser des coupes qui sont ensuite photographiées. L’attention portée aux vues
stratigraphiques, aux relevés et aux techniques de construction annonce la photographie archéologique
moderne.
Un matériel volumineux
Tout photographe devant exécuter des prises de vue en extérieur doit se doter, en plus du laboratoire,
d’un appareil photographique, d’un pied sur lequel le poser, de plaques de verre, de châssis dans lesquels
les insérer, d’une chambre noire portative, de l’eau pour le lavage et le rinçage des clichés. Le pied, de
préférence à trois branches et à coulisse, permet d’installer l’appareil quel que soit le terrain et d’adapter
sa hauteur. Lorsqu’il s’agit d’obtenir de larges panoramas, il est parfois nécessaire d’utiliser un pied avec
échelle pour monter à plus de 3 mètres de haut.
En ce milieu du XIXe siècle, la multiplication des missions scientifiques et archéologiques rend nécessaire
la production d’appareils de plus en plus légers et l’usage d’un matériel moins embarrassant. C’est ainsi
que Gustave Anthoni annonce en 1861 son invention de la chambre portative à collodion humide qui
consiste à exécuter au jour les préparations du collodion humide dans une boite close faisant partie de la
chambre noire qui intègre également une cuvette avec l’agent révélateur.
L’ouverture au public des jardins Farnèse, ordonnée par l’empereur, facilite considérablement l’accès des
fouilles aux autres photographes tout en entretenant le commerce de la photographie de ruines. Ludovico
Tuminello, les frères Alinari, James Anderson, Robert McPherson ou encore Alphonse Bernoud exercent
de façon ponctuelle ou régulière leur activité, et fournissent en images les touristes de passage.
Ce réseau d’images, impulsé par Napoléon III en personne, laisse entrevoir une stratégie de communication.
Il s’agit d’illustrer l’évolution positive du projet romain auprès de la communauté savante, artistique et
militaire, et de rendre compte de l’ampleur de la tâche accomplie par la France dans la cité des Césars.
L’Antiquarium du Palatin
Les découvertes archéologiques les plus remarquables issues des fouilles des jardins Farnèse sont
exposées par Pietro Rosa dans le premier musée du Palatin, situé au rez-de-chaussée d’une construction
des princes Farnèse, la Torretta, logement du gardien des fouilles, situé à l’intérieur de la Domus Tiberiana et
donnant sur le Forum. Inauguré en mars 1863, l’Antiquarium est constitué d’un seul vaste espace, qui nous
est connu grâce à des clichés pris par le photographe Pietro Dovizielli, qui documentent essentiellement
les statues. Le visiteur peut aussi voir dans l’Antiquarium une collection d’échantillons prélevés dans les
matériaux de construction du Palatin : albâtre, porphyre, granit, cipolin jaune, nero antico, rosso antico…
réunie dans la volonté de constituer une base de référence, qui correspond bien à l’esprit scientifique du
temps.
L’Antiquarium expose aussi des vitrines de terres cuites, d’objets en verre, d’os et d’ivoires et
quelques fragments de bronze. La disposition des statues trahit la survivance d’un type traditionnel
de présentation des collections, comme on en voit dans les palais aristocratiques, esthétisante et
essentiellement décorative. En revanche, la présence de ces vitrines d’objets sans noblesse correspond
aux prémices des musées archéologiques, où le matériel mis au jour – à l’exception ici de quelques pièces
expédiées en France – est exposé sur les lieux mêmes de sa découverte.
Le succès est au rendez-vous. Rosa compte trente mille visiteurs par mois sur le site, qui viennent
voir les ruines, les fragments d’architecture ou de sculpture issus des fouilles, que Rosa expose en plein
air, fixés sur des sortes de candélabres en maçonnerie dressés à l’emplacement de leur découverte, et
l’Antiquarium. Ce dernier est dépourvu de tout panneau ou de toute notice, à la différence du site, que
Rosa ponctue de pancartes explicatives agrémentées de citations latines.
L’existence du musée du Palatin, voulu par Napoléon III, est brève : successeur de Rosa, Rodolfo
Lanciani le démolit en 1882 afin de poursuivre les fouilles. Transférées au Musée national, les œuvres ont
été par la suite, pour la plupart, réinstallées dans le nouvel Antiquarium actuellement ouvert sur le Palatin.
Portrait de César
Tirages sur papier albuminé contrecollés sur carton d’après deux négatifs sur
verre au collodion, 1860-1865
Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale
Ponce-Blanc
Utique et ses environs en l’an 46 avant Jésus-Christ
D’après l’étude architecturale des ruines, les fouilles générales, et le levé géodésique
des plans faits sur ordre de S.M. l’Empereur Napoléon III par A. DAUX, ingénieur
1867
Épreuve sur papier albuminé
Tampon sec sur le montage, b. g. : « Ponce-Blanc Dépositaire 69, Boulevard
Saint-Germain »
H. 14 ; l. 18,4 cm
Beaux-arts de Paris
C. Julii Caesaris
Quae Exstant Omnia.
Ex Recensione Joannis Davisii, Coll. Regin. Cantab. Socii, cum Ejusdem Animadver-
sionibus ac Notis Pet. Ciacconii, Fr. Hotomanni, Joan. Brantii, Dionys. Vossii Et aliorum.
Accessere Metaphrasis Græca Librorum VII. De Bello Gallico, Nec Non Indices necessarii,
Cantabrigiæ [Cambridge], Joannis Owens
1706
130 p. (dont 34 d’index)
Comprend une carte de la Gaule d’après les Commentaires de Jules César et une gravure
pleine page restituant le pont sur le Rhin
H. 21,5 ; l. 16,5 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale
Claude Aucler
Gergovia et ses abords
Encre, lavis
H. 36 ; l. 40 cm
Collage sur le feuillet d’un livret intitulé Plan des ruines découvertes sur le plate-
au de la montagne de Gergovie en juillet 1861 à la suite des fouilles
ordonnées par M. Le Comte de Preissac, préfet du Puy-de-Dôme et dirigées par
M. Aucler, Agentvoyer en chef
Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale, centre des archives,
fonds topographique, Puy-de-Dôme
H. Cohendy
Vue de la montagne de Gergovia et de ses abords
Prise de la montagne du Crest
1861-1862 ?
Dessin annoté, crayons de couleur, encre, signé « H. Cohendy agent-voyer d’arrondis-
sement »
H. 25 ; l. 49 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale, centre des archives,
fonds topographique, Puy-de-Dôme
Farghon
Plan topographique de la colline de la Roche-blanche
1862
Encre sur calque, signé « Farghon agent-voyer »
H. 65 ; l. 72 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale
Étienne Castagné
Bassin de la fontaine Gauloise et Galerie souterraine
1868
Dessins annotés, encre et aquarelle, sur un feuillet en papier illustrant le Mémoire
sur la continuation des fouilles exécutées au Puy d’Issolud et à Mursens daté du 28
décembre
1868, relié dans le second volume Album Castagné. Murs gaulois. Commission de la
Topographie des Gaules
Feuillet : H. 31 ; l. 22 cm. Volume : H. 34 ; l. 24 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale, centre des archives,
fonds Étienne Castagné
Primitive Fortifications, Capitol – View of the Tarpeian Rock in its present state
1864-1870
Épreuve photographique sur papier albuminé, contrecollée sur carton
H. 33,5 ; l. 29 cm
Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art
Pietro Dovizielli
Amoncellement de terre de fouille sur le Palatin
1862-1867
Tirage ancien sur papier albuminé contrecollé sur carton d’après un négatif au
collodion sur plaque de verre.
Timbre sec de Dovizielli sous le tirage
H. 23,5 ; l. 32 cm
Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art
Pietro Dovizielli
Facciata principale della Aedes Publicae, giugno 1866
1866
Tirage ancien sur papier albuminé contrecollé sur carton d’après un négatif au
collodion sur plaque de verre.
H. 22,5 ; l. 32 cm
Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art
Léo de Bernard
« Les jardins Farnèse du Palatin, à Rome »
Le Monde illustré, 14e année, no 676
26 mars 1870, p. 203 et 205
Gravures de A. Deroy et L. Tazzini
H. 36,5 ; l. 26,5 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale, centre des archives
Éros Farnèse-Steinhäuser
Vers 80 apr. J.-C.
Marbre blanc
H. 183 ; l. 51 ; ép. 65 cm
Rome, Palatin, Horti Farnesiani
(fouilles de Pietro Rosa, 1862),
sur le pavement du nymphée oriental de la Domus Flavia
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et ro-
maines
Portrait féminin
Domitia Longina
70-80 apr. J.-C.
Rome, Palatin, Horti Farnesiani (fouilles de Pietro Rosa, 1865)
Marbre blanc
H. 30 ; l. 24 ; pr. 25,5 cm
Paris, Musée du Louvre, Département des Antiquités grecques, étrusques et
romaines
Portrait féminin
70-100 apr. J.-C.
Rome, Palatin, Horti Farnesiani
(fouilles de Pietro Rosa, 1865)
Marbre blanc
H. 31 ; l. 27 ; pr. 26,5 cm
Paris, Musée du Louvre, Département des Antiquités grecques, étrusques et
romaines
Palais des Césars : principaux morceaux de sculpture trouvés dans les fouilles
du mois de décembre 1867 au mois de mai 1868
1865-1866
Album comprenant dix épreuves photographiques sur papier albuminé contrecollées sur
carton, offert par ordre de l’empereur à la bibliothèque de l’École normale supérieure, à
Paris, le 20 janvier 1869
H. 47,9 cm ; l. 32,9 cm
Paris, École normale supérieure, bibliothèque Ulm-Lettres et Sciences humaines
Auguste Bartholdi
Reconstitution de légionnaire romain
1870
s.d.b.g. : « BARTHOLDI SCIT 1868 ; AB 1869 »
Plâtre, bois, cuir, métal, textile
H. 200 cm
Musée d’Archéologie nationale, domaine national de Saint-Germain-en-Laye
- Deux tables tactiles avec application interactive vous permettront de découvrir l’organisation
de la Salle de la conquête ou salle d’Alesia en 1886 et de vous placer dans le rôle d’un photographe
sur le site d’Alésia lors des premières fouilles. Vous aurez ainsi accès à de nombreuses ressources.
- Trois cartels numériques avec feuilletoir de manuscrits dont l’édition originale des tomes 1
et 2 de l'Histoire de Jules César offert par son auteur Napoléon III au musée, ainsi que l’album des
fouilles d’Alise-Sainte-Reine regroupant l'ensemble des documents produits entre 1861 et 1862.
- Une projection très grand format du déroulé du décor de la colonne Trajane, réalisé à partir
des prises de vue sur plaques de verre du photographe Gueuvin, en 1862, des 414 panneaux des
moulages faits à Rome sur autorisation du pape Pie IX. Vous découvrirez ainsi une présentation
inédite des campagnes menées par l’empereur Trajan en pays Dace, actuelle Roumanie, qu'il est
impossible d'admirer sur le monument à Rome.
- L’application « les enquêtes d’Anne Mésia » de Furet Company, vous invite à travers un
parcours de visite numérique ponctué de mystères et d’énigmes à résoudre, à partir en famille à la
découverte de l’histoire et du patrimoine du musée d’Archéologie nationale. Votre intuition et votre
sens de l’observation vous seront utiles dans cette aventure ! Parviendrez-vous à restituer tous les
souvenirs et à percer le secret qui plane sur le musée ?
- Un Livre d’or numérique (GuestViews) : l’exposition propose un livre d’or numérique qui vous
permet de nous laisser votre avis tant sur l’expérience de visite que sur l’accueil ou encore la façon
dont vous avez découvert le musée. Les données recueillies sont particulièrement utiles dans la ré-
flexion en cours sur l’évolution de l’établissement.
Les dispositifs présentés in situ, dans l’exposition se poursuivent en ligne via les différents canaux de
diffusion numérique du musée. Le modèle 3D de la Salle De la Conquête sur la compte Sketchfab du
musée (@archeonationale), sur le site internet du musée et sur les réseaux sociaux.
Introduction
L’émergence d’une discipline scientifique
par Corinne Jouys Barbelin, Daniel Roger et Anissa Yelles
Au cours du XIXe siècle, l’archéologie est au coeur de nouveaux enjeux tant politiques que scientifiques.
D’une part, les États européens concourent pour s’approprier la connaissance des cultures disparues
et construire leur identité nationale. D’autre part, s’ouvrent des chantiers de fouilles qui mobilisent des
techniques nouvelles et des outils novateurs. Dessin, cartographie et photographie sont convoqués
pour restituer le réel, attester la provenance authentique des objets et dresser un panorama qui se veut
objectif et scientifique, avec pour enjeu supplémentaire une diffusion rapide des fouilles et du matériel
archéologique auprès des publics.
Emblématiques de ce double mouvement, les fouilles entreprises à l’instigation de Napoléon III
constituent un véritable programme archéologique à l’échelle de l’Europe, du Bassin méditerranéen et
de l’Orient.
L’impulsion est donnée par la rédaction de l’Histoire de Jules César lancée à la fin des années
1850. Napoléon III entend marcher sur les traces de l’Imperator romain, perçu comme un homme
providentiel, réformateur, conquérant et tacticien habile. Au travers des deux tomes de l’ouvrage publiés
en 1865 et 1866, il s’agit d’apporter les preuves tangibles du génie d’un César, parvenu au pouvoir dans
une République romaine secouée par les guerres civiles, et, par là, de justifier pour l’empereur des
Français l’instauration d’un « césarisme démocratique ». Ce projet éminemment politique, en s’appuyant
sur le monde savant et en mobilisant militaires, préfets, diplomates, architectes et pensionnaires de
l’Académie de France à Rome, va dépasser son enjeu premier et, porté par les fruits des réformes
administratives des règnes précédents et par des innovations techniques telles que la photographie,
assurer les bases d’une archéologie qui commence à se constituer en discipline.
Pour bénéficier de l’assistance nécessaire à la réalisation de son projet, l’empereur s’entoure
de collaborateurs renommés dans les domaines de l’histoire romaine, des sciences de l’Antiquité et
du génie militaire : avant tout l’historien Alfred Maury, mais aussi Victor Duruy et Prosper Mérimée, les
militaires Auguste Verchère de Reffye, Félicien de Saulcy, Antoine-Lucien Blondel et Eugène Stoffel,
l’épigraphiste Léon Renier et le conservateur-adjoint au Louvre Wilhelm Fröhner.
Napoléon III n’entend pas s’appuyer, contrairement à la tradition, sur les seules sources littéraires.
Après une étude minutieuse des textes antiques, une recherche croisée toponymique et topographique,
l’empereur s’efforce de corroborer les récits de César, Cicéron, Suétone, Plutarque ou Dion Cassius par
des recherches sur le terrain. De 1861 jusqu’à la chute de l’Empire en 1870, les fouilles s’enchaînent
pour retrouver les sites décrits dans les Commentaires sur la guerre des Gaules et les Commentaires
sur la guerre civile de César, auxquelles s’ajoutent les fouilles menées par Pietro Rosa sur le Palatin. En
1861 encore, Léon Heuzey et Honoré Daumet se rendent en Macédoine et en Thessalie pour retrouver
les vestiges des opérations militaires de Cn. Domitius Calvinus jusqu’à la bataille de Pharsale ; Georges
Perrot est envoyé en mission sur les traces de l’armée césarienne engagée dans la bataille contre
Pharnace ; le duc de Bellune explore la presqu’île de Peniche de Cima au Portugal, en quête de la
campagne de César en Lusitanie ; le commandant Lambert est chargé d’étudier la guerre d’Alexandrie ;
en Turquie, sur le site de l’antique Ancyre, le pensionnaire architecte Edmond Guillaume et l’archéologue
Georges Perrot effectuent le relevé des Res Gestae d’Auguste conservées sur les murs du temple de
Rome et d’Auguste. En 1865, c’est l’architecte Auguste Daux qui est envoyé en Afrique du Nord pour
retrouver les traces de la bataille de Thapsus. À ces recherches sur le terrain, s’ajoute une analyse
systématique de l’iconographie de la colonne Trajane, comme source d’information sur l’armement
romain ; le moulage de son décor sculpté, effectué à la demande de Napoléon III, est envoyé à Paris
pour une exposition au palais de l’Industrie, puis photographié.
Fruit du coup d’État du 2 décembre 1851, véritable péché originel aux yeux de ses opposants, le régime
impérial est souvent défini par son caractère plébiscitaire, l’appel au peuple et l’autorité formant les matrices
d’une culture politique objet de nombreux travaux des historiens du politique. On lit également chez les
opposants au Second Empire le mot de « césarisme », traduction du rejet d’un pouvoir autoritaire ayant
confisqué à son avantage les avancées démocratiques du suffrage universel octroyé en 1848. Il convient
de prendre au mot le culte voué par l’empereur des Français à César. Sa passion pour le général romain
parti à la conquête des Gaules est incontestable : elle procède autant de son passé d’ancien carbonaro
que de l’héritage napoléonien. La préface de l’Histoire de Jules César en témoigne : « Ce qui précède
montre assez le but que je me propose en écrivant cette histoire. Ce but est de prouver que, lorsque la
Providence suscite des hommes tels que César, Charlemagne, Napoléon, c’est pour tracer aux peuples
la voie qu’ils doivent suivre, marquer du sceau de leur génie une ère nouvelle, et accomplir en quelques
années le travail de plusieurs siècles. Heureux les peuples qui les comprennent et les suivent ! Malheur
Lors du dégagement de la Maison de Livie, en 1869, l’architecte Pietro Rosa fit copier ses peintures
murales par un pensionnaire de la Villa Médicis, Fortuné Layraud. Rosa cite en termes imprécis – qui
semblent confondre leurs prénoms – des assistants de Layraud dans la Maison de Livie, dont Emmanuel
Brune (« Emilio Brunne »), ancien pensionnaire, polytechnicien reconverti à l’architecture1. Sur d’autres
sites, Rosa engagea des architectes, les frères Dutert : l’aîné, Arthur, consacra son « Envoi de Rome
» posthume de 1868 au palais des Césars sur le mont Palatin ; pensionnaire à son tour à partir de
1870, Ferdinand Dutert travailla aux fouilles du Palatin sous les ordres de Rosa, étudia les temples des
Dioscures et de la Concorde.
Les « tableaux » de la Maison de Livie, peints à fresque, répondaient bien aux intérêts d’un peintre.
Layraud avait déjà exécuté un tel travail dans la Maison de Tibère ; ce berger autodidacte n’avait pu
suivre d’autres études classiques que les cours de Léon Heuzey à l’École des beaux-arts et de Carlo
Ludovico Visconti à la Villa Médicis. La direction de la Villa accorda à Layraud une prolongation pour
mener à terme ses copies et son dernier envoi officiel, mais ne se préoccupa guère de ces « propriétés
personnelles de l’Empereur », confiées à la messagerie impériale.
Leur destin se joua à Paris. Les peintures – une vue générale et cinq scènes – approuvées par
Rosa, assez fraîchement reçues par les antiquaires italiens, exposées et vantées par l’Académie des
inscriptions et belles-lettres, furent versées à l’École des beaux-arts et gravées par Jules Didier, autre
ancien pensionnaire, devenu graveur pour les publications savantes.
Le site fouillé par Rosa fut bientôt déclaré « Maison de Livie » ; Léon Renier et Gaston Boissier
retrouvaient les traces de la femme, soeur, mère et meurtrière des maîtres de Rome dans les souterrains
de la casa paterna de Tibère ; sur le tableau représentant les fouilles, dans l’excavation, l’on devine les
fresques. On invoqua Pline et l’Histoire naturelle, qui cite une composition de Nicias avec Mercure, Io
et Argus, scène traitée sur le mur de droite du tablinum. Un autre sujet était explicité par une inscription
(Hermès). Polyphème et Galatée, sur la paroi au fond du tablinum, créent une fantaisie que condamnait
Vitruve (De Architectura, VII, 5). Les personnages mythiques portent un visage humain, mais non leurs
attributs habituels : l’on chercha la corne d’Io, les mille yeux d’Argos. Un moment de la peinture romaine,
à la fois paysage en perspective, peinture d’histoire et scène de genre, revivait aux yeux des historiens.
Les poèmes d’Homère, Ovide, Properce, Théocrite furent mis en parallèle avec la vie de Livie : Galatée,
effrayée par le Cyclope, transposait la fuite de Livie du parti d’Antoine vers la Sicile. Et Io se réfugia en
Grèce, comme Livie.
Forte d’un réseau de près de deux cents correspondants, la Commission de Topographie des Gaules
(CTG) collecte des milliers de documents sur tous supports pour faire état des vestiges et découvertes
archéologiques sur l’ensemble du territoire. Dès les premières années d’activité de la CTG, ses membres
ont recours au medium nouvellement inventé qu’est la photographie, pour sa représentation de la réalité
dont les avantages vis-à-vis du dessin sont d’emblée reconnus et salués : « Une figure archéologique
n’est pas une illustration de roman, elle doit être exacte et sèche comme un procès-verbal, et que
le seul moyen d’arriver à ce but est l’emploi de la photographie ». Avec un fonds photographique de
plus de quatorze mille plaques de verre au collodion humide et au gélatino-bromure d’argent et des
milliers d’épreuves photographiques, le musée d’Archéologie nationale, héritier des archives produites
et collectées par la CTG, se fait l’écho de l’importance accordée au support photographique par la
Commission. L’étude des archives du musée offre aujourd’hui une vue du mode opératoire de la CTG.
Il est difficile d’affirmer, faute de preuve formelle, que les photographies prises à Alise-Sainte-
Reine et au Puy d’Issolud ont été réalisées par les membres de la CTG ou à leur demande expresse,
même s’il est fort probable qu’Auguste Verchère de Reffye, présent sur les deux sites, soit à l’origine
des prises de vues. Ces photographies en plein air effectuées au collodion humide sur plaques de verre
résultent d’un travail d’expert coûteux. Pour ces raisons, les photographies liées aux premiers travaux
de la CTG restent rares, les érudits locaux ne maîtrisant pas cette technique.
Pour autant, le musée de Saint-Germain et la CTG commandent de concert des clichés
auprès de photographes aussitôt un site mentionné par un correspondant, ou invitent vivement celui-
ci à se mettre en quête de photographies déjà existantes afin d’obtenir un panorama exhaustif des
vestiges archéologiques. Il arrive également, et de plus en plus fréquemment à partir des années
1870, grâce à la démocratisation de la photographie que provoque l’apparition du gélatino-bromure,
que les correspondants envoient les images qu’ils ont confectionnées, sous forme de plaques de
verre ou d’épreuves. Ainsi, la localisation des mégalithes et celle des grottes, au coeur de l’activité
conjuguée d’Alexandre Bertrand et de Gabriel de Mortillet, sont tout particulièrement documentées pour
l’actualisation des cartes et sont à l’origine d’une part importante du fonds photographique conservé.
Certains des tirages, une fois dans les mains de Bertrand, sont annotés à partir des mémoires
de fouilles qui les accompagnent. C’est ainsi que le rapport envoyé par René de Kerviler5 à Bertrand
en 1876, dans lequel sont décrites les trouvailles faites lors de travaux à Saint-Nazaire, provoque une
L’ incendie des Tuileries durant la Commune de Paris a malheureusement détruit une grande partie de
la collection photographique accumulée par la famille impériale à l’occasion de cérémonies officielles
ou commandes personnelles, nous privant à jamais d’archives sur l’histoire de l’archéologie française
du Second Empire. Fort heureusement, la démarche adoptée par Napoléon III de dépôts et de dons
systématiques a permis la mise en place d’un réseau d’images dont la dimension et la nature scientifique
sont aujourd’hui mieux accessibles grâce aux dernières recherches. S’agissant des fouilles
des jardins Farnèse, l’empereur fait déposer en son nom des albums photographiques et séries
de tirages auprès des institutions françaises les plus influentes dans le domaine des sciences de
l’Antiquité. Deux albums photographiques sont ainsi remis en 1869 par Léon Renier à la bibliothèque de
l’École normale supérieure. Par ailleurs, plusieurs dizaines de photographies sont présentées à
l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Léon Renier, Pietro Rosa, Jean-Victor Schnetz ou encore
Ernest Beulé y exposent successivement l’avancée des fouilles, images à l’appui. La bibliothèque de
l’Institut conserve encore aujourd’hui trois tirages grand format, derniers témoignages de ces présentations
orales qui manifestaient l’importance que revêtait la photographie comme preuve indiscutable d’une
démonstration scientifique. Ainsi, au mois d’avril 1863, Ernest Beulé « communique à la Compagnie
sept photographies apportées de Rome par M. Schnetz, directeur de l’Académie de France, et qui
représentent les principaux résultats des fouilles entreprises par l’ordre de l’Empereur dans sa villa du
Palais des Césars. M. L. Renier ajoute que ces photographies nous offrent l’état des fouilles à la fin
du printemps 1862. Depuis elles ont été continuées et ont donné des résultats très importants pour la
science […] M. Beulé remarque de son côté que M. Schnetz, en communiquant ces photographies, n’a
point entendu soumettre à la discussion les résultats des fouilles accomplies… ».
Le mois suivant, c’est au tour de « M. Léon Renier [de communiquer] à l’Académie quatre
photographies représentant l’état actuel des fouilles qui se font par les ordres de l’Empereur dans la
partie du Palatin qui domine l’église Sainte-Marie Libératrice. On voit dans une de ces photographies
la Porta Romana du Palatin et le commencement du Clivus Victoriae. Les trois autres représentent les
restes du pont que, suivant Suétone, l’empereur Caligula avait fait construire pour aller de son palais
au Capitole en passant par-dessus le temple d’Auguste… ».
L’ouverture des jardins Farnèse au public ordonnée par l’empereur facilite par ailleurs
considérablement l’accès des fouilles aux photographes locaux tout en entretenant le commerce de
la photographie de ruines. Ludovico Tuminello, les frères Alinari, James Anderson, Robert McPherson
ou encore Alphonse Bernoud exercent de façon ponctuelle ou régulière leur activité et fournissent en
Auguste Bartholdi
Reconstitution de légionnaire romain
1870
À la veille de la guerre franco-prussienne qui provoquera sa chute, Napoléon III autorise la réalisation
d’une « statue en plâtre peint, grandeur naturelle, représentant un légionnaire romain se disposant
à lancer le pilum », « [faite] d’après un bas-relief de la colonne Trajane » (description de l’Inventaire)
pour la faire placer dans la salle du musée de Saint-Germain consacrée à César et à la conquête de la
Gaule. C’est, une fois de plus, Auguste Verchère de Reffye, officier d’ordonnance de l’empereur et son
bras droit pour de nombreux travaux archéologiques, qui fait réaliser le soldat, confiant la réalisation
du mannequin en plâtre peint à son ami le sculpteur Auguste Bartholdi et celle d’une partie des armes
et de l’équipement à la maison Leblanc, fournisseur de l’empereur pour la reproduction des armes et
armures anciennes. Les vêtements viennent de chez Hocher, tailleur à Paris. Le glaive (volé en 1938)
et le pilum ont sans doute été fabriqués sous les ordres directs de Verchère de Reffye, qui réalisa par
ailleurs modèles et reconstitutions grandeur nature de machines de guerre romaines. Les sandales en
cuir reproduisent très fidèlement la caliga découverte en 1857 à Mayence, donnée par le souverain au
musée de Saint-Germain-en-Laye et placée dans une vitrine, aux pieds de la reconstitution. Celle-ci,
bien documentée, est conçue dans un esprit scientifique et didactique, et ne laisse pas de place à la
fantaisie. Elle restera exposée dans le musée jusqu’à une époque récente. HC
Avril 1862
Épreuve photographique sur papier albuminé, à partir d’un
négatif sur verre au collodion
H. 22,6 ; l. 31,5 cm
Paris, musée du Louvre, département des Antiquités
grecques, étrusques et romaines
Cette photographie est l’une des rares images produites durant les fouilles de Rosa qui rendent compte
de l’équipe de terrassiers recrutée pour les travaux d’exploration. La correspondance de l’architecte
signale qu’une dizaine de personnes en moyenne est embauchée chaque jour sur le chantier, ce que
confirme ce cliché. Du fait de la longueur des temps de pose, la photographie sous le Second Empire
est encore dans une démarche de composition de la fouille archéologique. L’équipe s’active face à une
montagne de terre qui témoigne de l’immensité de la tâche accomplie. Enfin, un indice placé au premier
plan, au centre de l’image – un arrosoir marqué du N de Napoléon –, rappelle aussi discrètement que
clairement qu’il s’agit de fouilles françaises. C’est donc bel et bien une représentation à laquelle le
spectateur assiste, celle de l’empreinte visible de l’empereur sur la colline du Palatin. AY
Cette coupe est l’un des objets les plus emblématiques des activités archéologiques de Napoléon
III. Elle a en effet été découverte en septembre 1862 lors des fouilles financées par Napoléon III et
conduites par le commandant Stoffel sur le site de la bataille d’Alésia, à Alise-Sainte-Reine, dans la
plaine des Laumes. Encore pris dans sa gangue de terre, ce précieux vase à boire aurait été emballé et
envoyé à Biarritz, où se trouve alors le souverain, afin de lui laisser le privilège de le déballer lui-même.
Il le conserve ensuite pendant plus de quatre ans dans son cabinet de travail au palais des Tuileries,
avant de l’envoyer le 8 avril 1867 au Musée gallo-romain, en vue de son inauguration le mois suivant.
La datation de la coupe, peut être fabriquée en Italie du Sud, est, depuis 1862, objet de controverse.
Des environs de 75 av. J.-C. pour certains (ce qui a autrefois permis aux plus audacieux de voir en César
son propriétaire), elle pourrait dater de l’époque augustéenne au moins pour d’autres. Sa présence dans
le sol de la plaine des Laumes ne signifie pas nécessairement qu’elle ait été perdue lors de la bataille de
52 av. J.-C., car Alésia fut aussi une importante ville à l’époque romaine, où un vase de luxe ancien a
pu être utilisé et enfoui ou perdu. Les trois graffites gravés à la pointe sous le pied ne permettent pas de
clore le débat. Une marque pondérale suggère que la coupe pouvait faire partie d’une paire et les deux
autres inscriptions, en caractères grecs, livreraient le nom de l’orfèvre et celui d’un propriétaire. HC
Ce document rare est l’un des derniers témoignages des présentations orales faites par Léon Renier
à l’Académie des inscriptions et belles-lettres au sujet des fouilles des jardins Farnèse financées par
Napoléon III. La photographie vient appuyer par la preuve visuelle l’avancée positive des travaux. Le
photographe, probablement Pietro Dovizielli, s’est placé en hauteur, en direction de la Domus Flavia
dont on voit le péristyle au premier plan. L’image a été prise vers la fin de la campagne de fouilles. On
peut en effet constater que les travaux de dégagement sont d’ores et déjà bien avancés. L’installation de
barrières de protection, visibles en bas à droite de l’image, rend compte de l’aménagement précoce du
site nouvellement accessible, et de plus en plus fréquenté par les touristes. AY
Vers 1861
Brevet no 66
Optique type Petzval
f 3,5/150 mm
H. 25 ; l. 20 ; pr. 29 cm
Paris, Collection Société française de photographie
Pietro Dovizielli, photographe officiel des fouilles des jardins Farnèse sous Napoléon III, a recours au
collodion humide, technique inventée en 1851. Celle-ci va réduire le temps de pose à environ une minute,
mais sans pour autant alléger le poids de l’équipement à transporter, le développement des images
se faisant sur plaque de verre. L’utilisation des appareils photographiques en terrain archéologique
est un exercice pour le moins délicat sous le Second Empire, principalement en raison des procédés
chimiques qui contraignent les opérateurs à se charger d’un arsenal encombrant. Ainsi, pour arriver
à photographier, entre 1857 et 1860, les ruines maya de Mitla, Izamal et Chichén Itzá, au Mexique,
Désiré Charnay a recours à près de quatre cents kilos de matériel. En ce milieu du xixe siècle, la
multiplication des missions scientifiques et archéologiques rend nécessaire la production d’appareils
de plus en plus légers ; c’est dans ce contexte que Charles-Gustave Anthoni annonce en 1861 son
invention de la chambre portative à collodion humide. D’une dimension réduite, le laboratoire permet
une plus grande maniabilité des produits, ce qui s’avère être particulièrement utile dans le cadre d’une
fouille archéologique. AY
parution le 25 mars
sommaire
INTRODUCTION
L’émergence d’une discipline scientifique, Corinne Jouys Barbelin, Daniel Roger et Anissa Yelles
Philippe Catro : Restaurateur et mouleur, musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-
Germain-en-Laye
Olivier de Cazanove : Professeur des universités, professeur d’archéologie romaine, université de Paris
1 Panthéon-Sorbonne
Hélène Chew : Conservatrice en chef du patrimoine, responsable des collections gallo-romaines, musée
d’Archéologie nationale - Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
Corinne Jouys Barbelin : Conservatrice du patrimoine, cheffe du service des Ressources documentaires,
musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
Jean-Pierre Le Dantec : Chargé d’étude pour la numismatique celtique, musée d’Archéologie nationale
– Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
Soline Morinière : Chargée d’études documentaires, responsable des fonds d’archives privées, musée
d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
Laurent Olivier : Conservateur en chef du patrimoine, responsable des collections d’archéologie celtique
et gauloise, musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
Yves Perrin : Professeur des universités, professeur émérite d’histoire romaine, université Jean Monnet
de Saint-Étienne
Michel Reddé : Professeur des universités, directeur d’études émérite, École pratique des hautes études
Daniel Roger : Conservateur général du patrimoine, adjoint au directeur, musée d’Archéologie nationale
– Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
Manuel Royo : Professeur des universités, professeur d’archéologie et d’histoire de l’Art, université de
Tours
Alain Schnapp : Professeur des universités, professeur émérite en histoire de l’art et archéologie,
université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Anissa Yelles : Docteure en Archéologie, post-doctorante du Labex Cap (INHA/École nationale des
Chartes)
CONFÉRENCES
Fasciné par la figure de l’Imperator romain qu’il perçoit comme un homme providentiel, réformateur et
conquérant habile, Napoléon III s’engage dans la rédaction de l’Histoire de Jules César à la fin des an-
nées 1850. Au travers des deux tomes de l’ouvrage publiés en 1865 et 1866, il s’agit pour lui d’apporter
les preuves tangibles du génie d’un César et, par-là, de justifier l’instauration du « césarisme démocra-
tique » à la française. De 1861 jusqu’à la chute du Second Empire en 1870, les fouilles et prospections
s’enchaînent pour retrouver les sites décrits dans les Commentaires sur la guerre des Gaules et les
Commentaires sur la Guerre civile. S’ajoutent les fouilles menées par Pietro Rosa dans les jardins
Farnèse sur le Palatin, en quête du berceau des césars. Portés par les innovations techniques, les
archéologues recourent à la cartographie, au dessin et à la photographie pour restituer le réel, attester
la provenance authentique des objets et dresser un état des lieux qui se veut objectif et méthodique. Cet
enregistrement minutieux des données contribue à la formation d’une archéologie scientifique.
L’exposition D’Alésia à Rome. L’aventure archéologique de Napoléon III vise à illustrer cette période
charnière durant laquelle s’est forgée, en France, la discipline archéologique sous les auspices d’un pro-
jet politique. En évoquant les fouilles emblématiques d’Alésia et du Palatin, pour lesquels les témoigna-
ges conservés dans les collections nationales sont aussi abondants que peu connus du public français,
l’exposition offre un regard renouvelé, non dénué d’émotion, sur la documentation de ces fouilles, leur
produit et leur diffusion.
Localiser l’antique Alésia par des preuves matérielles irréfutables est pour Napoléon III un enjeu à la fois
politique et scientifique. Les opérations de fouille lancées par l’empereur à Alise-Sainte-Reine débutent
en avril 1861. Menées dans un premier temps par la Commission de Topographie des Gaules, elles
sont ensuite confiées à l’officier d’ordonnance Eugène Stoffel en septembre 1862, et ce jusqu’en 1865.
Enfin, en 1866 sont publiés dans le tome 2 de l’Histoire de Jules César un résultat des fouilles d’Alise
accompagné d’un plan très simplifié, ce qui provoque critiques et parfois opprobre sur la conduite du
chantier archéologique. Il s’agit pourtant de reconsidérer d’un œil neuf ces fouilles, leur chronologie,
leurs tâtonnements, leur méthode et de les replacer dans la construction progressive de l’archéologie.
Michel Reddé, ancien directeur des fouilles franco-allemandes (1991-1997) autour du Mont-Auxois ;
Les fouilles des jardins Farnese coordonnées par Pietro Rosa à la demande de Napoléon III dans le se-
cteur occidental de la colline du Palatin ont fait l’objet d’un suivi photographique significatif. Ce matériel
documentaire (conservé dans diverses institutions italiennes et françaises) permet de poser un nouveau
regard sur ce programme archéologique. À travers la présentation d’un corpus aujourd’hui reconstitué,
la communication présentera les modalités d’application de la photographie de fouille, en archéologie
romaine, sous le Second Empire.
ouverture :
lundi, mercredi, jeudi, vendredi : de 10h à 17h
samedi et dimanche: de 10h à 18h
fermeture hebdomadaire les mardis
fermeture le 1er janvier, 1er mai et 25 décembre
tarifs:
exposition : 6€ (plein tarif)
exposition + collection permanente : 9 € (plein tarif) / 7,5€ TR
en groupe pour exposition + collections permanentes : 8,5€
accès :
RER ligne A – Station «Saint-Germain-en-Laye» (20mn de Charles de Gaulle/Étoile)
Autobus RATP 258
Autobus Véolia Transports : Lignes n°1, 2, 10, 27
A 13
RN 190, RN 13, N186
informations et réservations :
www.musee-archeologienationale.fr
tel 01 34 51 65 36
[email protected]
#ExpoAlesiaMAN
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H. Cohendy
Vue de la montagne de Gergovia et de ses abords
Prise de la montagne du Crest
1861-1862 ?
Dessin annoté, crayons de couleur, encre, signé « H. Cohendy
agent-voyer d’arrondissement »
H. 25 ; l. 49 cm
© MAN/Valorie Gô
Portrait féminin
70-100 apr. J.-C.
Rome, Palatin, Horti Farnesiani
(fouilles de Pietro Rosa, 1865)
Marbre blanc
H. 31 ; l. 27 ; pr. 26,5 cm
Éros Farnèse-Steinhäuser
Vers 80 apr. J.-C.
Marbre blanc
H. 183 ; l. 51 ; ép. 65 cm
Rome, Palatin, Horti Farnesiani (fouilles de Pietro Rosa, 1862), sur
le pavement du nymphée
Auguste Bartholdi
Reconstitution de légionnaire romain
1870
s.d.b.g. : « BARTHOLDI SCIT 1868 ; AB 1869 »
Plâtre, bois, cuir, métal, textile
H. 200 cm
© V. Gô - MAN
Affiche de l’exposition
Un des plus grands musées d’archéologie en Europe. Un site riche de son histoire.
Le château de Saint-Germain-en-Laye fut une résidence royale pendant plusieurs siècles, ainsi que
le lieu de naissance de différents souverains. Restauré par Eugène Millet à partir de 1862 à l’initiative
de Napoléon III, il abrite désormais le Musée des Antiquités nationales, devenu Musée d’Archéologie
nationale en 2005.
Composé de 19 salles réparties sur deux niveaux, celui-ci présente des collections archéologiques de
niveau international retraçant la vie des hommes sur le territoire de la Gaule des origines à l’an 1000,
du monde paléolithique aux temps mérovingiens. Quelque 29 000 objets et séries sont exposés et
témoignent de l’évolution des techniques, de l’expression artistique et des représentations des femmes
et des hommes qui se sont mêlés et se sont succédé sur le territoire national. Le musée accueille
également les exceptionnelles collections d’archéologie comparée, organisées à l’initiative d’Henri
Hubert à la fin du XIXe siècle et aujourd’hui présentées dans la salle de Bal ou salle des Comédies.
Afin de permettre à toutes et tous de profiter pleinement de ses collections et de son patrimoine,
l’établissement développe une politique dynamique des publics. Il entend développer sa mission en
matière d’éducation au patrimoine archéologique, notamment grâce à des activités destinées au jeune
public (visites conférences, visites contées, ateliers…). Ces activités sont adaptées aux groupes scolaires
en fonction des projets pédagogiques des enseignants afin de permettre aux élèves de découvrir les
collections de la manière la plus adaptée. Acteur majeur de l’éducation artistique et culturelle en matière
d’archéologie, inscrit dans l’offre du « Plan mercredi », le musée a accueilli en 2018 plus de 1170 groupes,
soit près de 28 000 scolaires par an. Depuis la rentrée 2019, le projet « Archéologie active » propose des
résidences d’artistes avec l’appui de la région Ile-de-France et du département des Yvelines.
Centre de ressources pour les chercheurs et étudiants en archéologie, le Musée poursuit une importante
activité d’étude, d’inventaire, de conservation préventive, restauration et de recherche sur les collections
dont il a la responsabilité. Les équipes scientifiques du Musée contribuent au déploiement de programmes
de recherche et de publications en collaboration avec de nombreux chercheurs : près de 250 sont
accueillis au sein du musée chaque année. En 2020, les collections de La Tène conservées au MAN
seront l’objet d’une publication en partenariat avec Le Laténium (Neuchâtel) et les cahiers d’archéologie
romande (Lausanne).
Que ce soit avec le British Museum (Grande-Bretagne), le musée national d’Écosse, le Neues Museum
de Berlin (Allemagne), le musée national des antiquités des Pays-Bas ou le Musée canadien de l’histoire
(Ottawa) mais aussi avec de très nombreux établissements muséaux en région, l’établissement, fort de
son histoire et de sa tradition savante, entend partager et faire découvrir ses collections exceptionnelles
par une politique affirmée en matière de prêts et de dépôts. Renforçant son action avec les acteurs de
l’archéologie sur le territoire, le musée d’Archéologie nationale a signé une convention de partenariat
culturel avec la ville de Saint-Dizier et l’Inrap qui a conduit à la coproduction de l’exposition Austrasie, le
royaume mérovingien oublié, labellisée d’intérêt national, présentée au MAN en 2017. Réuni récemment
au Musée de la Romanité de Nîmes, le réseau Archeomuse rassemblant les musées conservant des
collections archéologiques, traduit l’action du MAN auprès des territoires et de leurs acteurs muséaux.
L’exposition Henri II. Renaissance à Saint-Germain-en-Laye a accueilli 36852 visiteurs en 2019, soit la
meilleure fréquentation depuis 25 ans.
Grâce à un engagement de l’État à hauteur de 12 millions d’euros sur plusieurs années, l’établissement
conduit sous maîtrise d’ouvrage de l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture
(OPPIC) une importante politique de restauration du château. Ce chantier se poursuit en 2020 – 2021
avec la restauration de la façade Nord donnant sur les parterres à la française, dernière tranche d’un
programme engagé depuis 2013, sous la maitrise d’œuvre de l’architecte en chef des monuments histo-
riques Régis Martin.
Établissement de référence pour l’archéologie, le MAN inscrit désormais son projet scientifique dans
une ambition patrimoniale et historique qui se nourrit du site exceptionnel dans lequel il se trouve. Le
Domaine national est actuellement l’objet d’importants aménagements avec l’arrivée prochaine du Tram
13 Express aux limites du Domaine, qui conduiront à terme à la restauration de ce site majeur du patri-
moine national.
Engagé dans la conquête de nouveaux publics, l’établissement mène une stratégie numérique ambi-
tieuse, notamment à travers la réalisation de modèles 3D des collections avec le concours du projet
France Collections 3D, le développement de sa présence sur les réseaux sociaux (Facebook, Twit-
ter, Instagram) et son rôle de coordination éditoriale de la collection Grands sites archéologiques (htt-
ps://archeologie.culture.fr/fr). L’établissement est également engagé dans des dispositifs de médiation
auprès des publics à travers le développement de son application de visite. Il est enfin engagé dans la
constitution d’un corpus de sources et de documents sur l’histoire des châteaux et des jardins avec le
concours du LABEX Les passés dans le présent, préalable à une salle dédiée présentant des collections
et des reconstitutions en 3D.
Contact :
Fabien Durand, responsable de la mission du Développement culturel, de la Communication et du
Numérique - Musée d’Archéologie nationale - Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
01 39 10 13 18 / 07 81 08 14 58 / [email protected]
www.musee-archeologienationale.fr
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www.connaissancedesarts.com
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www.cnews.fr
www.histoire.fr
www.leparisien.fr
image de couverture:
Palazzo dei Cesari. Quartieri Tiberiani. Roma, vers 1870, épreuve photographique sur papier albuminé contre-
collée sur carton, d’après un négatif sur verre au collodion, H. 24 ; l. 31 cm, Paris, Collège de France. Archives,
legs Millet © Collège de France. Archives
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