Syllabus Archeologie
Syllabus Archeologie
Syllabus Archeologie
L’archéologie est une discipline mondiale qui participe à l’écriture de l’Histoire. Une excellente mise en perspective
actualisée de la discipline, de ses acteurs et de l’évolution de ses méthodes est succinctement donnée avec un
certain détachement et humour dans le guide de Paul BAHN, L’archéologie1. Encore plus abordable, la fiction
illustrée de David MACAULEY2 aide à jeter un regard tout aussi critique sur les méthodes, les théories et les
interprétations de l’archéologie – quoiqu’une culture générale en la matière soit indispensable pour goûter le
pastiche (la fouille en 4022 d’un motel américain après un cataclysme en 1985). Cet ouvrage fait également
référence aux archéologues du XIXe siècle (Schliemann et Troie) et du début du XXe siècle (Carver et la tombe de
Toutankhamon). Une magnifique projection de la considération sur le passé matériel dans le futur... comme
Thucydide !
1.1. Étymologie
1.1.1. Le mot « archéologie » provient de deux termes grecs ‘archaia’, les ‘choses anciennes’, et ‘logos’, ‘parole’
ou ‘discours sur’, dont l’association donne la définition littérale suivante discours sur les choses anciennes ou sur le
passé. L’archéologie est indissociable d’une recherche des origines, du passé, notion désignée par le terme ‘archê’
(origine, commencement), qui donne l’adjectif ‘archaios’ (ancien, qui a rapport aux origines).
Platon utilise le premier le terme dans ce sens quand il fait exposer par Hippias d’Elis à Socrate les raisons de son
succès à Sparte. Selon le philosophe d’Elis, ce que les Spartiates apprécient chez lui, ce sont « les sujets de
généalogie, concernant les héros ou les hommes, ce sont les établissements de population, la façon dont furent
dans les temps anciens, fondées les cités, d’une façon générale, tout ce qui est relatif à l’Antiquité », soit
‘archaialogia’ selon Platon (Hippias majeur).
1.1.2. Pas d’archéologie sans histoire. La naissance d’une conscience historique est donc préalable à la prise
en compte des témoignages matériels laissés par les hommes.
c. La subjectivité du témoin
Thucydide, v. 470-60 – v. 400-395 av. J.-C. « Et sans doute s’il est vrai que Mycènes ou telle ou telle place
d’alors nous paraît aujourd’hui peu importante, on ne saurait tirer une indication sûre pour mettre en doute que
l’expédition ait eu l’ampleur que lui donnent les poètes et dont la tradition s’est maintenue. Supposons en effet que
1
P. BAHN, L’archéologie, Gollion, 2006 (Illico, 9).
2
D. MACAULEY, La civilisation perdue. Naissance d’une archéologie, Paris, 1985.
1
Sparte soit dévastée et qu’il subsiste seulement les temples avec les fondations des édifices : après un long
espace de temps sa puissance soulèverait, je crois, par rapport à son renom, des doutes sérieux chez les
générations futures ; pourtant, les Lacédémoniens administrent les deux cinquièmes du Péloponnèse et ont
l’hégémonie sur l’ensemble ainsi que sur de nombreux alliés au-dehors ; mais malgré cela comme ils ont une ville
qui n’a pas de centre ou d’édifices fastueux, mais qui se compose de villages indépendants, comme c’était
autrefois l’usage en Grèce, leur puissance paraîtrait inférieure. Tandis que si le même sort frappait Athènes, on lui
prêterait, d’après les apparences extérieures, une puissance double de la sienne. Il ne faut donc pas élever de
doutes, ni s’arrêter à l’apparence des villes plutôt qu’à leur puissance ; et il faut considérer que cette expédition fut
plus importante que les précédentes, mais inférieures à celles de nos jours, si l’on veut, ici encore, ajouter foi aux
poèmes d’Homère : sans doute il est vraisemblable qu’étant poète il l’a embellie pour la grandir, et pourtant même
ainsi elle apparaît inférieure. » (Thucydide, Guerre du Péloponnèse, I, 10).
L’enquête et la leçon historique tendent à dissocier les faits des opinions, à comprendre le cadre de la production,
à critiquer l’information. Voir vos cours d’histoire et de critique de l’information
Au terme grec ‘archaiologia’ répond le terme latin ‘antiquitates’. Le Ve siècle av. J.-C. grec marque l’origine de la
dualité entre antiquaires et historiens, se distinguant par deux manières d’écrire l’histoire. Chez les uns, comme
Thucydide, il s’agit d’expliquer les comportements humains, en jetant les bases d’une science du politique : c’est
de l’histoire contemporaine en son temps. L’historien s’appuie donc sur des questions qui constituent sa
problématique, le ramenant aux objets et aux faits. Inversement, à l’instar de Pausanias, d’autres historiens
s’intéressent à un passé très lointain des cités, établissant une description minutieuse et érudite des faits. Cette
démarche fonde celle des antiquaires qui partent des faits et des objets cette fois, en anticipant les questions
contemporaines d’objectivité, de contexte, de critique interne et externe (soit celle du cadre de production et celle
de la forme : authenticité et signification).
Au sens strict, l’archéologie est une science du passé qui se construit autour de sa réalité matérielle. L’archéologie
est l’étude du passé, même récent, à travers la découverte et l’analyse des vestiges matériels, produits de l’activité
humaine.
Sa pratique peut être distribuée en trois niveaux de recherche :
a. La prospection et la fouille ;
b. L’enregistrement et l’archivage ;
c. Le traitement et l’interprétation des données.
L’archéologie désigne donc un ensemble de méthodes universelles mises en oeuvre dans un cadre
pluridisciplinaire, quelque soient les vestiges découverts et les civilisations concernées.
2
Les premiers carnets de voyage du XVIe siècle.
3
Les fouilles de Pompéi et d’Herculanum
Alors que les Anglais pillent Athènes et le mausolée d’Halicarnasse (1856), l’italien Giovanni Belzoni (1778-1823)
saccage la Vallée des Rois en Egypte, les Français achètent la Vénus de Milo et la Victoire de Samothrace et les
Allemands vandalisent l’autel de Zeus à Pergame.
3
J. J. WINCKELMANN, Histoire de l’art de l’Antiquité, 1764.
4
- Campagne d’Egypte de Napoléon Bonaparte (1798) : Vivant Denon (1747-1825), Voyage dans la Basse et la
Haute Egypte pendant les campagnes du Générale Bonaparte (1802) ; Description de l’Egypte (1809-1822) ; Jean-
François Champollion élucide l’écriture hiéroglyphique égyptienne (découverte 1799 - déchiffrement 1822) [1].
[1] La pierre de Rosette ; [2] l’épouse de Schliemann parée de riches bijoux troyens ; [3] anastylose et restitution
des palais crétois de Cnossos dans la mouvance art nouveau.
24-32
1.4.1. L’acquisition des données en archéologie
La constitution de l’archéologie moderne au XXe siècle est indissociable de l’élaboration de méthodes, qu’il
s’agisse de méthodes de prospection et de fouille, d’enregistrement du matériel, ou de l’analyse des données.
Quatre phases caractérisent le travail archéologique :
1. Prospection
2. Fouille
3. Etude
4. Publication
5
1.4.4. Les chronologies
a. La typo-chronologie
- typologie : classer les objets par familles (types)
- typo-chronologie : chronologie de l’évolution des types
b. La chronologie relative
6
2. Des origines de l’humanité aux premières cultures humaines
p. 36-43
2.1. Introduction : l’entrée de l’homme dans l’histoire
7
2.1.2. Culture et civilisation : définitions
2.1.3. Les types d’organisation sociale
• bandes
• sociétés segmentaires ou tribus
• souverainetés ou chefferies
• états
8
2.2. Chronologie et anthropologie
Ensuite…
Et enfin :
• la Protohistoire : l’Âge du Bronze et l’Âge du Fer à partir de vers 2300-1800 jusque 47 av. J.-C.
Comment les dates sont-elles exprimées dans la littérature ? Une utile traduction...
MA = millions d’années
BC : before Christ = ACN (ante Christum natum) = avant Jésus-Christ AC : after Christ = PCN (post Christum natum) = après
Jésus Christ
BP : before present = AP avant le présent = avant 1950 (par convention)
a. La chronologie biblique
La Bible et la chronologie de la Création :
- Lecture allégorique de la Genèse par saint Augustin, évêque d'Hippone (354-430 ap. J.-C.).
- James Usher (1581-1656) : la Création en 4004 BC et des hypothèses qui varient de 3194 ans.
- Buffon (1707-1788) : de 10 millions d’années au moins à 74832 BC.
b. La stratigraphie
En géologie, il existe une relation entre le niveau d’enfouissement et le degré d’ancienneté. Les premiers constats
archéologiques de faits antédiluviens datent de 1855. Les antécédents sont :
-les Scandinaves : Olof Rudbeck, Atlantica, 1697
-les fouilles de William Pengelly (1812-1894), grotte de Torquay, Kent
-les fouilles de Jacques Boucher de Crèvecoeur de Perthes (1788-1868) à Saint-Acheul, Somme ;
« Antiquités celtiques et antédiluviennes »
• Carl von Linné (1707-1778) : Systema naturae (1735). Il introduit la taxonomie binomale (1758) : noms latins
doubles désignant le genre et l’espèce consacrant le classement en familles (ressemblances) en vertu du principe
d’un dessein primitif lointain. Ce classement est toujours en vigueur et a fortement influencé les démarches des
premiers archéologues (comparaisons des objets, ressemblances, élaboration de typologies).
• Georges Louis Leclerc de Buffon (1707-1788), à propos de Linné (Histoire naturelle): « Si l’on admet une fois qu’il
y ait des familles dans les plantes et dans les animaux, que l’âne soit de la famille du cheval (…), on pourra dire
également que le singe est de la famille de l’homme (…), que l’homme et le singe ont une origine commune
comme le cheval et l’âne (…) ; et même que tous les animaux sont venus d’un seul animal qui, dans la succession
du temps a produit, en se perfectionnant et en dégénérant, toutes les races des autres animaux ». Ce constat
9
caricaturé et désavoué par son auteur même, était pourtant en avance d’un siècle sur son temps ! Il introduit le
principe d’évolution et de dégradation des espèces. Plusieurs théories se succèdent alors en vue de donner forme
à la notion d’évolution.
10
Conséquences successives de
l’émancipation du milieu :
L’émancipation du
milieu il y a 7 à 6
millions d’années
s’accompagne plus
précisément de :
• l’augmentation du
volume crânien et de
sa configuration
• l’adaptation de
l’appareil masticateur
à un régime omnivore
• la possibilité de
langage articulé
(mâchoires e.a.)
11
Les jalons paléoanthropologiques :
Vers 4,5 millions d’années, la bipédie est attestée et le régime omnivore établi
Homo ergaster, il y a 1,8 millions d’années en Afrique orientale, puis Homo erectus en Asie sont les premiers à
satisfaire tous les critères du genre Homo. En effet, ce sont de grands individus qui n’ont plus besoin de se réfugier
dans les arbres et leur morphologie démontre une bipédie permanente.
Homo erectus et Homo sapiens archaïques se développent ensuite de 1MA à vers 200.000. Deux scénarios
peuvent alors être envisagés : soit des développements régionaux continus sont apparus à partir des premiers
groupes d’ergaster et d’erectus venus d’Afrique vers 1,8 MA, soit il s’est produit un mouvement d’expansion
générale des premiers hommes modernes au départ de la branche africaine moderne.
La complexité des milieux et des mouvements de nos ancêtres au cours de plusieurs centaines de milliers
d’années, les problèmes d’interprétation paléoanthropologique et les premiers apports de la génétique plaident
pour des modèles intermédiaires. Les néandertaliens occupent une place particulière et significative dans ces
scénarii.
12
2.3. Développement de la pensée prévisionnelle : l’homme moderne et l’outillage
Paléolithique inférieur
Paléolithique moyen
Paléolithique supérieur
L’apparition de l’outillage en pierre fournit les premiers critères pour caractériser et reconnaître une culture
humaine. Elle ne constitue pas le seul critère qui témoignerait d’un développement culturel, bien antérieur et plus
complexes que ces seuls témoins ne le laissent penser.
Son évolution reflète le développement de la pensée prévisionnelle qui caractérise le développement humain et la
complexification des organisations sociales, accompagnées par l’importance des liens entre et dans les bandes, de
la spécialisation progressive dans les activités domestiques et de chasse, et de la transmission des connaissances
acquises.
13
2.4. L’organisation des habitats : la structuration sociale
Terra Amata : premiers témoins de construction structurée dotée d’un foyer (Alpes Maritimes), Acheuléen,
Paléolithique inférieur, vers 400.000 ans.
14
Fouille, plan et restitution d’une maison en
ossements de mammouths, fréquentes en
Russie, en Moldavie, en Ukraine, en
Biélorussie, en Pologne ou en Roumanie.
15
Pincevent, Seine-et-Marne (Paléolithique
supérieur, vers 10.000 ans)
16
Avec le développement de la pensée prévisionnelle se développe une pensée symbolique.
17
2.6. La naissance de l’art... une nouvelle forme de caractérisation culturelle
p. 52-69
18
2.6.1. Repères culturels
Monochromes
Polychromes
• la ressemblance,
• la troisième dimension et la mise en relief,
• l’animation,
• et aussi l’abstraction et la symbolisation,
quête parfois contradictoire des précédentes.
19
2.6.3. L’art mobilier et la première statuaire, les représentations humaines
1 2
4 5 6
20
3. Le Néolithique du Proche-Orient à l’Europe
p. 70-79
21
3.2. Les stades du Néolithique et l’expansion des techniques agricoles
Entre environ 18.000 et 10.000 ans prit fin la dernière période glaciaire. Dès le Mésolithique, qui en Europe
commence vers 10.000 ans, l’environnement sera plus généreux, entraînant les hommes plus au nord. Les zones
tempérées vont conquérir le nord du bassin méditerranéen et le Proche et le Moyen-Orient vont se réchauffer.
Cette amélioration climatique entraîne une diversification de la faune et de la flore. Dès 10.000 ans, la végétation
se diversifie donc dans nos régions : apparition de bouleaux, de saules et de pins. À partir d’environ 6000 :
noisetiers, chênes, ormes et tilleul. Entre 8000 et 6000, les animaux actuels que nous connaissons aujourd’hui
sont présents à l’état sauvage puis seront progressivement domestiqués. Le hêtre et le sapin se répandent avant
l’Age du Bronze, vers 2500 ans. Plusieurs étapes climatiques plus ou moins sèches, froides ou humides se
succèdent.
Cette diversification autorise à son tour des possibilités d’exploitation régionale continue, et induit donc la capacité
des populations à se fixer de manière permanente tout en ayant des ressources au fil des saisons.
Les premières techniques agricoles et d’élevage, c’est-à-dire la maîtrise de la culture des céréales sauvages et la
domestication d’espèces animales vont progressivement gagner l’Europe, vers 10.000 ans, au début du
Mésolithique. De nouveaux problèmes vont se poser avec la sédentarité et trouvent des réponses appropriées :
concernant le stockage tout d’abord (on ne collecte plus seulement des ressources au gré des besoins : greniers et
silos).
Ensuite, les installations sont fixes (maisons permanentes) rassemblées (premiers villages) ; des protections pour
protéger les biens stockés et les maisons seront établies car les concurrences vont être plus vivaces entre
exploitants de territoires fixes et délimités ; de nouvelles techniques artisanales se développent : mouture des
grains en farine, travail de terre cuite, techniques de cuisson des viandes, travail du textile.
- 3.2.2. Développement des techniques agricoles. Proto-Néolithique et Néolithique ancien. L’homme passe
de la gestion à la production des ressources alimentaires. Les grains ne seront plus tous consommés mais
sélectionnés et réensemencés : sélection des végétaux et pratique de la chasse, puis domestication et élevage de
la faune.
ca 10.000-7000
[selon les régions du monde, ces deux premières périodes sont aussi appelées Mésolithique, le Néolithique ancien
et le Mésolithique se chevauchent donc en fonction de la diffusion de l’agriculture]
ca 7000-2000
NB. On parle de Sub-Néolithique quand il y a emprunt aux agriculteurs par les populations périphériques.
ca 4000-2000
C’est avec l’étain en alliage que les Ages des métaux vont véritablement démarrer entre 2300 et 1800. En effet, Cu
+ Sn [cuivre et étain] = bronze. À Çatal Höyük, vers 6000-5000, apparaissent cependant déjà le tissage, les plus
vieux tissus du monde emballant des corps décharnés, et le travail du cuivre.
22
3.2.5. Principes et cartes de diffusion générale
La néolithisation progresse donc parallèlement et - en Chine : millet 6500/6000 ans puis soja, pêche,
indépendamment en plusieurs régions du globe : abricots, élevage de chèvres et de buffles ;
- en Inde et en Papouasie-Nouvelle-Guinée : 7000
ans ;
- au Proche-Orient : des céréales sont domestiquées - Sud-Est asiatique : riz, agrumes (citron, orange) :
dès 9000 à 8000 ans. La sélection par une première 6000 ans
culture intensive porte sans doute sur le blé et - Afrique centrale : sorgho (graminée), bovidés aussi
l’avoine, dont la tige est plus dure, et plus facile à vers 6000
moissonner. La domestication animale suit de peu - Égypte vers 5000 ;
avec les chèvres, il y a également 9000 à 8000 ans, - Sahara vers 4500 ;
y compris en Afrique du Nord, puis en Grèce vers - Andes : manioc, arachides, cacao, pomme de terre,
7000-6500. Quelques siècles plus tard suivent les tomates, lamas et alpagas vers 6000 ;
moutons (Tigre et Euphrate). Les bœufs et les porcs - Amérique centrale : courges, haricots, maïs, piment
sont domestiqués entre 8000 et 7000 dans les vers 5000 ;
mêmes régions et en Anatolie. - Pacifique : 1500 ans.
23
3.2.6. Principes de diffusion en Europe
24
3.3. Le berceau : les sociétés pré-céramiques (PPN) du Proche-Orient (ca 12.000-4000 av. J.-C.)
3.3.1. Le Natoufien
Les sites natoufiens sont répartis du Sinaï à l’Euphrate, essentiellement en Israël, au Liban et en Syrie. Ce sont
les premières agglomérations villageoises identifiées, datées d’entre 12.500 et 10.000 ans av. J.-C. Nous sommes
donc à la transition du Paléolithique vers le Mésolithique. La sédentarisation est née avant l’agriculture. Les
sépultures sont intégrées à l’habitat. Comme les propulseurs à sagaies du Paléolithique, taillés en forme d’animaux
(chasse), les manches de faucilles sont parfois sculptés en forme de gazelle (récoltes). Des statuettes humaines
apparaissent, notamment des accouplements.
25
Sédentarité – structuration des habitats – naissance de l’urbanisme – agriculture
[1] Carte de localisation de Jéricho (voir aussi Çatal Höyük, Anatolie ; et Halaf et Hassuna en Mésopotamie – voir
plus loin)
Jéricho
[2] A gauche, crâne remodelé.
[3] A droite, passage du plan circulaire au plan carré. (Pre-Pottery
Neolithic B-PPNB)
[4] Ci-contre, plan de la ville avec son rempart monumental.
26
3.3.2. L’Anatolie
Ce n’est qu’à partir d’environ 5000 ans av. J.-C. que la céramique se diffuse dans toute l’Europe. On relie souvent
la naissance de la céramique à la sédentarisation agricole des hommes (démographie, distribution des rations,
problèmes logistiques : conservation et préparation des aliments). Les cultures successives d’Hassuna, de
Samarra et d’Halaf (VIe mil. av. J.-C.), voient se développer l’abstraction artistique, bien mise en évidence sur les
décors peint de la céramique.
En Mésopotamie du nord, les cultures Hassuna puis Halaf, vont produire les premières céramiques peintes durant
le VIe millénaire av. J.-C. Elles atteignent un niveau technique et esthétique élevé. Elles sont faites à la main, en
argile très fine, et elles sont ornées de peinture habilement appliquée, de motifs géométriques, des résilles
quadrillées, majoritaires dès le VIe mil. av. J.-C., et plus rarement des animaux comme des oiseaux, et des fleurs.
La période Halaf voit aussi la recrudescence des figurines de déesses mères modelées et peintes. Les peintures
de la culture Samarra au sud de la Mésopotamie sont les plus inventives, créant dès cette période des figures de
danseuses et de femmes tatouées, représentant des animaux comme des daims, des scorpions ou des chèvres.
28
3.4. Développement des artisanats et caractères culturels des sociétés
29
• un exemple de culture matérielle : l’expansion de la culture rubanée durant le Néolithique, au VIe mil. av. J.-C.
en Europe (céramique).
30
3.5. Le Néolithique en Europe
Aux Ve-IVe millénaires, nous sommes dans le Néolithique accompli en Europe, soit un peu plus tard que
dans le bassin méditerranéen où la période démarre dès les VIIIe et VIIe millénaires av. J.-C., en Syrie et
en Anatolie notamment. Les âges des métaux européens, du bronze puis du fer, débutent entre 2300 et
1800 av. J.-C.
31
3.5.4. Le mégalithisme. Architectures et statuaires monumentales
a. Architecture funéraire
Pendant vingt-cinq siècles, les chambres à couloir
ou dolmen dominent le paysage. Les tombes sont
soit construites en élévation et éventuellement
recouvertes, soit creusées et recouvertes. Ces
tombes dites mégalithiques, c’est-à-dire
construites à l’aide de pierres monumentales,
naissent et se diffusent en suivant les axes de
naissance et de diffusion de l’agriculture, d’Espagne
à la Suède. Il s’agit le plus souvent de sépultures
collectives, enfermées dans un espace confiné avec
une seule ouverture extérieure, et souvent enterrées
sous un cairn ou un tumulus (cairn : pierrier ;
tumulus : tertre en terre).
32
b. Temples mégalithiques
Les temples maltais, Hal Tarsien et Hagar Kim, illustrent un des faits marquants du Néolithique : l’apparition de
sanctuaires religieux monumentaux. Depuis le VIe mil. av. J.-C., au Proche-Orient, de véritables temples marquent
les territoires, des sanctuaires s’inscrivent dans les premières agglomérations. Sur le plan architectural, les temples
mégalithiques de Malte sont impressionnants (3500-2500 av. J.-C.). Une trentaine de temples et d’hypogées
abritant des milliers d’individus servent à une population locale et extérieure (peuples navigateurs) : les besoins
locaux seuls ne justifient pas ces implantations. Hal Tarsien, par exemple, mesure trente mètres de long, possède
plusieurs chambres oblongues, des façades concaves accueillant les fidèles, une chambre terminale latérale dotée
d’une niche, probablement destinée à la prêtresse. Ces structures sont parfois rassemblées autour d’une cour
commune, et dotée de couvertures à encorbellement. Les décors sont constitués de spirales (rappel de
Newgrange) et de défilés d’animaux. Le mobilier comprend des vasques, des autels et des sculptures de déesses
et de prêtresses obèses. La statuaire en pierre est monumentale (deux mètres de haut par exemple).
33
3.5.5. Les sépultures individuelles : hommes et femmes artisans et agriculteurs
3.6. Le Chalcolithique
3.6.1. Evolution sociale et expression artistique
Du Ve au IIIe millénaire, des cultures localisées en Hongrie connaissent l’usage du cuivre (Chalcolithique). Cet
usage s’était répandu au départ de l’Anatolie où il apparaît dès de le Ve millénaire av. J.-C. Avec la maîtrise des
métaux émerge une société plus complexe. La maîtrise des ressources minéralogiques et métallifères, ainsi que le
produit de leur commerce alimentent désormais une richesse relative de certains membres des communautés. Les
maisons sont plus abouties, rectangulaires avec fours, foyers et banquettes répartis dans les nombreuses pièces,
toujours en bois et en torchis. Les statuettes en terre cuite représentent des personnages assis parfois couverts
d’incisions géométriques, véritables idoles parfois équipées d’une hache ou d’une faucille (exemples de statuettes
de la culture de la Tisza, Hongrie, et d’Hamangia, Roumanie, Ve millénaire av. J.-C.).
34
3.6.3. Développement de la statuaire monumentale occidentale : vers les chefferies des Âges des Métaux
p. 88-95
35
4. Les civilisations proche- et moyen-orientales : émergences des structures étatiques
4.2. Les premiers empires mésopotamiens
4.2.1. L’empire akkadien (2450-2285 av. J.-C.)
4.2.2. Les empires néo-sumériens (2285-2016 av. J.-C.) et babyloniens (2016-1595 av. J.-C.)
4.2.3. Les empires assyriens (1245-606 av. J.-C.) et néo-babyloniens (990-539 av. J.-C.)
4.3. L’Egypte pharaonique
4.3.1. Une émergence spectaculaire – une identité pérenne
a. chronologies
b. l’époque archaïque (vers 3000-2635 av. J.-C.)
4.3.2. Les caractères artistiques majeurs à travers l’Ancien Empire (2670-2195 av. J.-C.),
le Moyen Empire (2040-1781) et le Nouvel Empire (1550-1075 av. J.-C.)
a. L’architecture funéraire et religieuse
b. Les arts visuels
Carte de la région : en orange, les régions où le développement des premières agglomérations sédentaires
organisées se manifeste dès le VIIIe millénaire (voir le chapitre sur la période néolithique ; en vert : les bassins du
Tigre et de l’Euphrate en Mésopotamie, et du Nil en Egypte et au Soudan).
4.1.2. Périodes d’el Obeid (5000-3800/3500 av. J.-C.) et d’Uruk (3800/3500-3100/2800 av. J.-C.)
a. Périodes d’el Obeid (IVe millénaire av. J.-C.)
p. 240-309
L’architecture urbaine connaît un développement considérable aux périodes d’el Obeid et d’Uruk. Au début du Ve
millénaire av. J.-C., au début de la période d’el Obeid, se développe ainsi une architecture monumentale
caractéristique à murs à redents, en briques crues, élevée sur des plates-formes artificielles, avec accès via des
rampes et des escaliers monumentaux.
36
Elle puise ses racines dans la culture d’Halaf (VIe
millénaire av. J.-C.). Pour la première fois, à la
période Halaf, on peut parler d’architecture sacrée.
Un des premiers sanctuaires identifiés est localisé
dans l’agglomération d’Eridu, à la transition du VIe-
Ve millénaire, soit plus de 2000 ans avant le
fonctionnement des temples mégalithiques de
Malte précédemment illustrés.
Exemple d’architecture tripartite en briques crues :
- trois « nefs » et travées latérales cloisonnées,
pièces d’angles saillantes et animation des
surfaces murales par des redents et des
contreforts (stabilité des édifices en brique de
hauteur considérable, assises larges, murs épais).
37
- enfin, ce sont aussi des salles de réunions et de conseil dans le contexte démocratique des sociétés
segmentaires et des premières chefferies, avec exercice soit d’un pouvoir collégial soit individuel.
L’urbanisme et l’architecture témoignent donc du passage des sociétés segmentaires égalitaires aux chefferies
(période d’Uruk), tandis que l’émergence des cités sumériennes sur ce substrat aboutit à l’apparition de la structure
étatique.
Si l’eau joue un rôle capital dans l’établissement des cités et de leurs périmètres fortifiés, le relief participe de la
mise en valeur des grands édifices publics organisés en terrasses (zones figurées en mauve), dans la cité et à
l’égard des campagnes environnantes.
Uruk comptait plus de 10.000 habitants.
38
Uruk (site éponyme de la période,
aujourd’hui Warka), illustre le
développement caractéristique d’une
bourgade urbanisée dans la deuxième
moitié du IVe mil. (3500-3000 av. J.-
C.), comme il y en a une douzaine
entre Tigre et Euphrate. Uruk était née
dès le Ve millénaire av. J.-C. et était
cependant deux fois plus étendue que
toutes les autres. Elle comptait 10.000
habitants au IVe millénaire et en
comptera 50.000 environ au IIIe
millénaire av. J.-C. Dès le départ, le
développement urbain se cristallise
autour des temples et des grands
ensembles monumentaux notamment
dédiés au panthéon mésopotamien
hérité d’Eridu.
Ces premières cités sont donc apparues sur la plaine inondable du Tigre et de l’Euphrate au cours du IVe
millénaire av. J.-C. Elles jouaient le rôle de centres collecteurs et redistributeurs des surplus agricoles issus des
sols alluviaux fertiles de la plaine, et elles prirent la forme d’états indépendants dominant chacun la campagne
environnante. Une complexe combinaison de facteurs a déterminé la formation des cités et des premiers états,
mutation sociale et économique à laquelle contribuèrent la croissance démographique, l’augmentation des
rendements agricoles, la lutte pour le contrôle des ressources, l’accentuation des différences sociales, la nécessité
de mobiliser divers groupes pour organiser un système complexe d’irrigation et la protection contre les crues et,
enfin, l’affirmation d’une religion structurée. La liste sumérienne des rois composée vers 2100 av. J.-C. et
reproduite à de maintes reprises, montre que toujours une cité donnée était désignée pour dominer les autres
depuis que « la royauté était descendue du ciel », et que la compétition fut âpre durant le IIe millénaire.
39
Le temple d’Inanna (Ishtar) recelait des
vases d’albâtre sculptés dans la première
moitié du IIIe millénaire, vers 3000-2500 av.
J.-C. (vase de Warka). Les trois registres qui
en composent le décor d’un mètre de haut,
illustrent les règnes animal et végétal
(troupeaux de moutons et de béliers, épis de
blé et d’orge). Les hommes sont au centre,
portant des offrandes à Inanna, déesse de
l’amour et de la fécondité.
Les quatre grands temples d’Uruk recevaient ainsi tous les jours 250
pains, plus de 1000 tartelettes de dattes, 50 moutons, 8 agneaux, 2
bœufs, un veau. En 3000 av. J.-C., les surplus des temples d’une
autre cité – Lagash – permettaient encore à 1200 personnes de
recevoir chaque jour une ration de viande, de pain et de bière.
40
À la fin du IVe mil. av. J.-C., la stèle de la chasse aux lions [1] représente un thème qui sera souvent répété de
manière allégorique par la suite, y compris de manière tout à fait comparable en Egypte, le thème du souverain qui
terrasse l’ennemi. L’universalité du thème accompagne le développement des sociétés, l’émergence des états,
ainsi que l’importance de l’art de la guerre qui se professionnalise. Autre type de scène qui se répandra rapidement
dans toute la Mésopotamie et dans toute l’Egypte : des cortèges de prisonniers entravés, menacés et abattus.
[1] [2]
La ronde-bosse, qui se distingue de l’art du relief et se développe à cette période, représente aussi le dirigeant
déférent face aux divinités : [2] on voit le roi prêtre bras croisés, respectueux. De nombreuses scènes
représentent de façon métaphorique le roi pasteur, garant de l’ordre et de la prospérité du peuple : rôle de la
maîtrise des techniques et des ressources agricoles, de la gestion de l'eau, du stockage collectif et de la
redistribution des denrées. Dans le paysage urbain et dans l'organisation sociale, les prérogatives politiques,
religieuses et économiques sont étroitement liées et sont aux mains des souverains locaux.
Jalons chronologiques :
• sociétés segmentaires
période d’Halaf (Ve mil.) et d’el Obeid (IVe mil.) 5000-3800/3500 av. J.-C.
• souverainetés ou chefferies
période d’Uruk 3800/3500-3100/2800 av. J.-C.
• états
cités états sumériennes 2900/2800-2450/2334 av. J.-C.
ou période dynastique archaïque
empire akkadien 2334-2285 av. J.-C.
empire néo-sumérien 2285-2016 av. J.-C.
empire babylonien 2016-1595 av. J.-C.
empire assyrien 1245-606 av. J.-C.
empire néo-babylonien 990-539 av. J.-C.
41
4.1.3. Les cités états sumériennes (2900/2800-2334 av. J.-C.) ou période dynastique archaïque
Participant également de
l’uniformisation culturelle, les
systèmes d’écriture développés dans
les deux régions du nord et du sud,
encore pictographiques au IVe
millénaire, vont se schématiser et
aboutir à la création de l’écriture
cunéiforme vers 3300-3000 (tableau
ci-dessus). Les plus anciens
spécimens d’une écriture encore
pictographique remontent à 3300 à
Uruk. La lecture des pictogrammes
simples (700 à cette période) se fait
par association d’idées. Ces signes
se sont simplifiés et sont sortis du
seul domaine de la comptabilité vers
2400 (codes législatifs, lettres,
chroniques, textes religieux et
littéraires, récits mythiques).
Les scribes deviennent alors les acteurs de la gestion publique de l’Etat. A Ebla, (Tell Mardihk, 60 kms au sud
d’Alep, en Syrie), l’incendie du palais de ce royaume syrien par Sargon d’Akkad en 2350-2300 av. J.-C. va cuire les
tablettes des archives royales ainsi miraculeusement préservées : comptabilité, administration, luttes entre les
grandes familles et les souverains, informations commerciales et économiques, les textes reflètent le quotidien.
42
La sculpture en ronde-bosse continue de se
développer. Celle de la période dynastique
archaïque possède un caractère religieux
indéniable : des hommes et des femmes se font
représenter de leur vivant en attitude de prière.
Ces statuettes sont déposées dans les édifices
publics et les sanctuaires pour attirer les
faveurs des protecteurs et des divinités (par ex.,
ci-contre : Tell Asmar ca 2700 av. J.-C.).
43
Ur
Ci-dessus – Ur, plan de l’enceinte sacrée : en rose, vestiges de la période dynastique archaïque (2600-2400 av.
J.-C.) ; en gris : la période où Ur devint capitale de l’empire néo-sumérien (IIIe dynastie, voir plus loin : 2285-2016
av. J.-C.). C’est à cette période que remonte une des premières véritables ziggurats, élevée lors de la
reconstruction de la cité. Elle est alors entourée de la résidence de la grande prêtresse (Giparou, et d’un trésor ou
temple (E-noun-mah), ainsi que d’une résidence royale (E-hoursag)).
Ci-dessous : [1] Colliers de feuillages, récipients et casque d’apparat figurant une coiffe, tous finement ciselés, fait
d’électrum (alliage d’or et d’argent) [2] Bélier dressé derrière un arbuste doré. Statuette en or, lapis-lazuli et
coquillage blanc.
[1] [2]
44
Une des tombes recelait un lutrin à deux faces richement décoré d’une scène narrative, faite d’incrustations d’ivoire
et de coquillages ainsi que de lapis-lazuli dans du bitume. On l’appelle l’étendard d’Ur. Il faisant cependant
probablement partie du résonateur d’un instrument de musique dont on a trouvé des exemplaires richement
décorés. Chaque face reflète un des aspects de l’existence : la guerre et la paix. Ce thème ne fait plus intervenir
directement de dieu, contrairement à la stèle des vautours. Le succès de la campagne militaire est l’œuvre de
l’homme. Le souverain s’en attribue le mérite : l’art sert la propagande du pouvoir.
On lit l’œuvre du bas en haut. Côté guerre : première représentation d’un combat de chars e. a., en action, rendu
des phases du mouvement des attelages (marche, pas, galop). De l’autre côté : un banquet de récompense et de
délassement couronne le retour victorieux, avec le butin. On y voit une des harpes du type retrouvé dans les
tombes.
45
4.2. Les premiers empires mésopotamiens
46
4.2.2. Les empires néo-sumériens (2285-2016 av. J.-C.) et babyloniens (2016-1595 av. J.-C.)
a. La période néo-sumérienne (2285-2016 av. J.-C.)
47
Avec la ziggurat, la formule architecturale développée à partir des architectures terrassées sur plates-formes, en
briques crues, de la fin de la période d’Uruk mille ans plus tôt, on donne une ampleur nouvelle à des signaux
monumentaux exceptionnels (exemple : la ziggurat d’Ur-Nammu, fondateur de la IIIe dynastie sumérienne à Ur
(2112-2095 av. J.-C.), est une des plus anciennes avec Eridu et Uruk – voir les plans de ces villes aux périodes
néo-sumériennes plus haut).
Les premières comportent de trois à huit degrés superposés, avec des paliers intermédiaires, et trois grands
escaliers en Basse-Mésopotamie. En Haute Mésopotamie, la ziggurat ne comporte pas d’escalier et est intégrée à
un complexe. Ces monuments colossaux sont visibles dans la campagne environnante, marquant la puissance du
souverain et des dieux. Cette architecture fait évidemment penser aux premières pyramides d’Egypte, comme la
pyramide à degrés de Saqqarah. Ici, c’est pourtant totalement différent : la vocation n’est pas funéraire mais
religieuse. C’est un piédestal géant qui aide les divinités à descendre sur terre : un temple d’accueil au sommet (un
lit vide est destiné au sommeil du dieu, accompagné d’une seule prêtresse, comme le temple de Mardouk à
Babylone), un temple de séjour en bas. Des escaliers les relient pour les cortèges processionnels. Il s’agit d’une
architecture en briques crues. En Egypte, les pyramides sont en pierre, elles facilitent l’accès du dieu souverain sur
terre à accéder au ciel après son décès.
48
Les 282 articles du Code sont gravés sur un pilier de basalte noir, à l’intention des dieux (vers 1760 av. J.-C.). Ce
n’est pas le premier texte de loi édicté par les souverains mésopotamiens ni un système législatif complet, la
législation étant garante de la bonne administration des Etats, mais c’est le plus imposant qui soit conservé. On y
réglemente le commerce, les bénéfices et les prix, la famille, le régime des propriétés, l’esclavage, les salaires...
La société mésopotamienne est représentée de manière idéalisée. Hammourabi législateur est représenté debout
en respect devant le dieu de la justice. Au sommet figure le dieu solaire Shamash, seigneur de justice, nanti des
attributs du pouvoir, qui dicte la loi au souverain qui lui fait face. Scène majestueuse, intemporelle : la divinité et
son représentant, peut-être sur une montagne (trois rangs de pierres sous les pieds du dieu assis, idéalisant les
trois classes sociales mésopotamiennes que dominent le roi et le dieu : les hommes libres, l’homme du peuple,
l’esclave). La scène rappelle l’universalité du thème de la révélation sur la montagne jusqu’au don des tables de la
loi à Moïse.
Sur le plan formel, on assiste à une continuité stylistique en dépit de l’instabilité frappante des premiers empires
mésopotamiens. La succession rapide des cités à la tête de la région était fonction de la faveur des dieux, et – plus
prosaïquement – à l’habileté des rois guerrier et conquérants.
4.2.3. Les empires assyrien (1245-606 av. J.-C.) et néo-babyloniens (990-539 av. J.-C.)
a. Les Assyriens (1245-606 av. J.-C.)
49
Dans toutes ces villes, la sculpture monumentale est à
l’échelle de l’architecture : colossale, comme les taureaux
ailés, gardiens de la cité. Le décor sculpté est omniprésent.
Le bas-relief et la peinture murale sont remarquables : les
palais en livrent des exemples à foison. Ces décors sont
destinés à impressionner et à convaincre : ils servent la
propagande du souverain tout puissant. On privilégie la
narration. La place du souverain est dans l’histoire, et s’il est
représenté de manière stéréotypée, les récits sont eux par
contre très réalistes. Comme pour mieux impressionner, toute
l’horreur de la guerre est dépeinte à la faveur d’un réalisme
cruel. Les scènes de chasse d’Assurbanipal, allégories de la
guerre et passe temps favori des souverains, guerriers mais
lettrés, sont parmi les plus grands chefs-d’œuvre de l’art. On
notera la foison de détails et la finesse technique de la
sculpture.
[1]
50
4.2.4. La période néo-babylonienne (990-539 av. J.-C.)
Face à la puissance assyrienne, les Babyloniens se sont maintenus vaille que vaille. Babylone survécut donc au
côté des autres capitales. Au VIIe siècle av. J.-C., une nouvelle dynastie dite néo-babylonienne est instaurée.
Nabuchodonosor II symbolise, avec la prise de Jérusalem en 586 av. J.-C., la politique de grandeur poursuivie.
Babylone est remodelée : elle couvre 8,5 km2 des deux côtés de l’Euphrate, avec une grande enceinte doublée de
fossés. C’est de cette Babylone-ci que l’on se souvient en général. Deux mille ans s’étaient cependant écoulés
depuis l’apparition des premières ziggurats à Sumer. Rien n’y manque : portes solennelles, ziggurats, temples,
palais, jardins suspendus... La ziggurat de Marduk, à la base carrée de 90 m de côté, mesurait près de 100 m de
haut. Elle correspond, avec la ziggurat d’Ur, prototype du thème architectural, à l’image qui sera répandue au
Moyen Age et à la Renaissance de la tour de Babel biblique. Revêtue de briques bleues, émaillées et s’élevant sur
7 niveaux, elle dominait le légendaire palais de Nabuchodonosor, sur les rives de l’Euphrate.
Ces architectures gigantesques étaient décorées par de somptueux décors de briques émaillées figurant des lions
la déesse Ishtar), des griffons (Mardouk, dieu de la ville et dispensateur d’éternité) et des motifs floraux
magnifiques.
Ci-dessous, à gauche : la porte d’Ishtar, accès majeur à la limite du quartier palatial fortifié, sur l’allée
processionnelle également reliée aux sanctuaires principaux avec la ziggurat (règne de Nabuchodonosor II, vers
575 av. J.-C.).
La brique et la pierre constituent les matériaux de base utilisés au Proche-Orient dans la haute Antiquité. Les
architectures étaient en briques crues. Le parement des murs des grands monuments religieux comme les
ziggurats étaient en briques cuites, assurant la pérennité des structures et la netteté des lignes. Les lits de briques
n’étaient pas liés au mortier, mais parfois au bitume avec des fibres naturelles. Les souverains comme Ur Nammu
à Ur, marquaient d’un timbre chaque brique servant à la construction. A la période assyrienne puis néo-
babylonienne, les parements seront décorés de briques cuites émaillées polychromes.
51
4.3. L’Egypte pharaonique
p. 124-217
L’art de l’Egypte ancienne est le reflet d’une société strictement hiérarchisée. Il répond à l’obsession pour la mort et
l’au-delà. Il joue sur les matériaux somptueux et les dimensions démesurées. Ses formes caractérisées par un
conservatisme obstiné n’ont pas changé pendant 3000 ans. Au IVe siècle av. J.-C., Platon affirmait que l’art
égyptien n’avait pas changé en 10.000 ans. En dépit d’une chronologie défaillante, il touchait une vérité centrale :
la continuité de l’art de l’Egypte antique est quasiment unique.
Quatre périodes principales seront présentées, séparées par des périodes intermédiaires de déliquescence
du pouvoir central :
Durant la période prédynastique, les communautés qui pratiquent l’agriculture se développent le long du Nil : de
7000 à 3000 av. J.-C., comme en Palestine, en Mésopotamie et en Anatolie, le mouvement est similaire. En
Egypte cependant, la constitution en état n’intervient qu’un millénaire après l’apparition des premières architectures
monumentales d’el Obeid et d’Uruk, entre la mer Rouge, le Tigre et l’Euphrate. Néanmoins, la naissance de l’état y
est simultanée à la constitution des cités états sumériennes de Mésopotamie. L’apparition et le développement de
l’écriture sont contemporains de celle qui apparaît en Mésopotamie, vers 3000 av. J.-C.
52
4.3.2. Les caractères artistiques majeurs à travers l’Ancien Empire (2670-2195 av. J.-C., IIIe-VIe dynasties), le
Moyen Empire (2040-1781 av. J.-C., XIe-XIIIe dynasties) et le Nouvel Empire (1550-1075 av. J.-C., XVIIIe-XXe
dynasties)
Sur le plan architectural, les pyramides n’apparaissent cependant pas immédiatement sous la forme idéale, elles
ont une histoire, même si l’idée de leur réalisation est effectivement soudaine. D’emblée, la formule est totale et ne
sera que peu transformée : cela implique que l’organisation religieuse et que les rites adoptés sont totalement en
place dès le départ. Il n’y a pas de véritable étape intermédiaire entre la période dite archaïque et cette
démonstration théocratique immédiate : théocratie car ces réalisations sont à la mesure de la puissance d’un
pouvoir religieux et politique. Les pharaons sont déifiés et représentant des dieux, ils sont les guides et les
administrateurs tout puissants de la nation.
Le tombeau pyramidal à degrés de Djéser (2675-2625 av. J.-C.), v. 2650 av. J.-C., Saqqarah, architecte Imhotep.
Les premiers complexes funéraires monumentaux n’apparaissent en Egypte que sous Djéser, à Saqqarah, près
de mille ans après les premiers complexes monumentaux d’el Obeid et d’Uruk (ci-dessus).
Le tombeau du pharaon Djéser est le premier grand monument de
pierre au monde. Il s’agit aussi de la plus ancienne pyramide d’Egypte.
Sa conception révolutionnaire fut l’œuvre du vizir Imhotep, ingénieur,
médecin...et architecte qui sera ensuite adoré comme dieu de la
sagesse et maître des architectes. La pyramide à degrés se compose
en fait comme si l’on avait empilé six monuments traditionnels à un seul
niveau (mastabas), superposés les uns sur les autres en cinq degrés de
taille décroissante, en calcaire blanc, atteignant une hauteur de 60 m.
La base mesure 125 sur 109 m. L’édifice faisait partie d’un ensemble
religieux entouré d’une enceinte en pierre calcaire de 547 x 278 m. Une
seule véritable entrée parmi de nombreuses fausses portes répartie le
long des redents aboutissait dans une immense cour où se dressaient
des édifices factices reproduisant les façades du complexe palatial de
Djéser. On y trouvait des avenues, des vestibules à colonnades, des
autels, des chapelles et des entrepôts ou magasins. Il s’agit du premier
usage de la pierre dans un monument de cette envergure. Le caveau
funéraire est situé à 27 m sous terre, sous le monument.
Pour la première fois aussi, le roi se fait représenter par une statue
monumentale intégrée au complexe funéraire (à droite). On perçoit
encore la distinction avec la première sculpture mésopotamienne, où
nous avions vu les premiers rois prêtres, représentés les bras croisés et
modestes devant les dieux, tandis qu’ici le roi est immédiatement
représenté sévère et tout puissant, divin presque. La statue de Djéser
ne mesure que 1,42 m de haut pourtant. On le voit sur le trône avec
une barbe de cérémonie et une perruque royale : aura de puissance.
Ce type de représentation sera répété durant des millénaires.
53
Pyramides de Snefrou (Meidoum, noyau à degrés ; Dashur : forme rhomboïdale), Kheops (2545-2520 av. J.-C.)
(Gizeh)
54
55
Le temple mortuaire est presque toujours sur la face est de la pyramide, le temple de la vallée, le long du Nil,
étant relié à la pyramide par une longue allée. Prenons un des ensembles les plus caractéristiques de ce type de
dispositif. La pyramide et les temples de Khephren, fils de Kheops, à Gizeh (2510-2485 av. J.-C.). Le temple de la
vallée était utilisé pour des rites de purification durant les funérailles. 33 statues étaient vouées à des rites de
survie du souverain dans l’au-delà (avec dons d’offrandes).
56
La planimétrie des temples de l’Ancien Empire, adopté dans l’exemple du temple funéraire
de Khephren à Gizeh, est désormais standardisée et aboutit dans l’architecture du Nouvel
Empire dont les exemples les mieux connus sont ceux de Thèbes, proches de la vallée
des Rois et des Reines : Louqsor et Karnak ([1] le temple de Louqsor dont on observe
l’agrandissement au cours des règnes, et l’usurpation monumentale alors couramment
pratiquée, e.a. par Ramsès II, 1290-1224 av. J.-C. ).
[1]
Louqsor
Aménophis III
Ramsès II
57
Les tombeaux royaux sont désormais des structures rupestres censées se soustraire aux yeux des pillards. Ces
temples rupestres d’une monumentalité extraordinaire s’intègrent au paysage, marquent notamment la périphérie
des royaumes et caractérisent le Nouvel Empire : Deir-el Bahari (Hatshepsout, 1479-1458 av. J.-C.) et Abou
Simbel, érigé par Ramses II (1290-1224 av. J.-C.) pour son culte, le panthéon égyptien et son épouse Néfertari.
Après Djeser, qui fixe en quelque sorte le canon de la représentation des souverains, assis bien droits, puis debout
en marche ou figés dans le thème des piliers osiriaques (Osiris), les pharaons seront représentés dans tous les
grands temples de l’Empire, de manière colossale souvent, et en sphinx notamment.
58
Cette stèle dite d’Anef (vers 2050 av. J.-C., XIe dynastie), est le premier exemple de carroyage utilisé comme
système d’esquisse. Ce système apparaît à la fin de l’Ancien Empire et permet au Moyen Empire, de subdiviser
les systèmes de proportion antérieurs : on augmente les repères et on trace un canevas de carrés. Dans cette
tentative, on constate que le système est peu précis et ne coïncide pas avec les éléments de la représentation
(pieds, tabouret). Dans l’entêtement d’une formalisation théorique plutôt que d’une représentation naturelle, celle-
ci est donc parfois maladroite. Quand le canevas n’est pas maîtrisé, on aboutit à des maladresses. En fait, de
l’Ancien Empire au Moyen Empire, l’on passe d’un art spontané à une réflexion analytique qui transmet les
caractères artistiques normatifs pour les périodes postérieures, jusqu’au dernier millénaire av. J.-C.
59
60
- La sculpture en ronde bosse (illustrations p.60)
- Khephren (2510-2485 av. J.-C.), rappel Djéser. Œuvre la plus remarquable de l’Ancien Empire. Perfection
technique. Dogme royal pétrifié : pagne court, barbe et perruque. Visage idéalisé. L’aspect humain de la royauté
s’efface devant l’aspect divin. Ici, Horus protège directement le roi avec ses ailes, ne faisant qu’un avec lui.
Moyen Empire
- Mentouhotep II (2061-2010 av. J.-C.) (p.60, illustration supérieure droite) : caractère sauvage qui précède la
réunification de l’Empire. Caractère divin qui montre que sa souveraineté dépasse son existence terrestre.
- Sésostris Ier (1971/62-1926 av. J.-C.) (p.60, illustrations milieu). Il existe des différences selon la main de certains
artistes, selon l’âge du roi aussi, mais encore selon l’emplacement des statues. Sésostris Ier représenté en Osiris,
en suaire de momie, bras croisés et sommé de la couronne blanche. Il figure un dieu mort devenu terre qui
remonte régulièrement à la surface du monde souterrain. Illustration de gauche, la statue est d’Abydos, temple
d’Osiris ; illustration de droite, elle est à Karnak, temple de la religion solaire d’Amon Râ. On voit la différence de
représentation : à gauche dans le temple d’Osiris même, la conscience de la mort du dieu est perceptible ; le
regard porte vers l’au-delà. À Karnak, à droite, le même personnage représenté dans le même thème, répond au
dynamisme du style dicté par le culte au dieu solaire, roi des dieux. L’aspect et la conscience du roi passent avant
l’apparence des dieux. Loin d’être un dieu mort, cette fois Sésostris est quasiment prêt à parler, les mains tiennent
des insignes plutôt que d’être passivement croisées. La tête est élancée. Le regard est vivant. Osiris est représenté
comme roi vivant, figurant non plus Osiris près du monde souterrain de la mort mais ressuscité, à la lumière du
soleil, dieu de la végétation. Plus réaliste.
Avec Sésostris II (p.60, illustrations en bas, milieu), apparaît un certain individualisme associé à représentation de
l’Etat consolidé. Physionomie sauvage de Sésostris III (18781840 av. J.-C.) : les européens voient, après un
examen superficiel, une expression de mélancolie et de tragique. Une analyse objective et le recours aux textes
qui relatent son règne, font découvrir dans ses traits les signes de la décision et de la conscience de soi. Mais le roi
est représenté vieilli et fatigué par l’exercice difficile de son pouvoir. Réalisme sans concession.
Nouvel Empire
- Thoutmosis III (1490-1439 av. J.-C.) (p.60), illustrations en bas à droite): tendance au raffinement, finesse,
préciosité aussi. Entre idéal et fragilité, assurance tout à la fois. La reine Hatshepsout (1479-1458 av. J.-C.),
représentée sous des traits masculins du pharaon dont elle occupait la fonction a fait sculpter de magnifiques
statues de ce style.
Les ruptures éphémères du Nouvel Empire (1550-1075 av. J.-C., XVIIIe-XXe dynasties)
Akhenaton (1365-1347 av. J.-C.), Néfertiti, Toutankhamon (1347-1336 av. J.-C.) : l’art amarnien
Une exception inédite tant dans les canons artistiques, que dans la manière même de représenter la famille du
pharaon : Amenhotep ou Amenophis IV, qui prend le nom d’Akhenaton et Néfertiti. Comme le nom l’indique, ce
pharaon désigne Aton, dieu soleil, comme dieu unique dont il se consacre l’incarnation, et s’oppose ainsi à
l’influence des prêtres d’Amon. Ceux-ci contrôlèrent par exemple jusqu’à toute la partie sud du pays tandis que le
pharaon ne conservait un pouvoir véritable que sur le nord. Cet abandon du panthéon polythéiste, dès son décès,
forcera son effacement de la mémoire collective par les prêtres d’Amon. Caractères principaux : sensibilité inédite,
suggestion de perspective, individualisation étonnante, représentation de face rare dans l’art égyptien, plastique
sculpturale raffinée, et – surtout – revendication de l’humanité des membres de la famille du pharaon :
représentation intimiste de jeux et d’embrassades avec des enfants. Comme son nom l’indique également, son fils
Toutankhamon rétablit les cultes traditionnels y compris celui d’Amon, succombe à nouveau à l’influence des
clergés, mais conserve encore durant son règne cette liberté inédite dans l’art égyptien.
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62
5. La Grèce
La civilisation minoenne, la première connue en Europe, constitue la première phase de l’Age du Bronze. Cette
première période dure en Grèce du IIIe millénaire au XVIe siècle av. J.-C. On qualifie cette civilisation de minoenne.
Cela est dû à Arthur Evans qui fouilla Cnossos et s’inspira de la tradition faisant de Cnossos le palais du roi semi-
légendaire Minos. On passe alors de sociétés segmentaires caractérisées par de nombreux villages
qu’accompagnent des tombeaux communautaires comme les tombes à coupoles (tholoï) de la plaine de Messara,
à des chefferies rassemblées autour de quatre capitales de royaumes (Phaïstos, Zakros, Mallia et Cnossos)
possédant des palais caractéristiques. On parle de période proto-palatiale.
La première phase de l’histoire minoenne se termine entre 1700 av. J.-C. et l’éruption du volcan
de Théra, île située plus au nord, entre 1630 et 1620 av. J.-C. (cf. Akrotiri). Durant cette nouvelle
période, dite néo-palatiale, Cnossos domine l’île. Les palais minoens et les fermes rurales seront
tous détruits lors de raids mycéniens en 1450 av. J.-C. environ.
Les Minoens ne semblent pas se rattacher aux indo-européens, si l’on en juge par l’écriture hiéroglyphique et
l’écriture dite linéaire A qu’ils utilisent (disque de Phaistos), aux références non indo-européennes. Des documents
écrits en linéaire A sont retrouvées en Crète, et également dans des colonies présumées ou chez des partenaires
commerciaux des Cyclades. Ces écritures restent indéchiffrées. C’est avec l’arrivée des Mycéniens que le linéaire
B apparaît et se répand dans le courant des XVe et XIVe siècles av. J.-C. Adaptée du linéaire A, le linéaire B est
une écriture syllabique de laquelle va dériver l’écriture grecque, alphabétique cette fois. Elle comporte donc des
signes individuels de la valeur d’une syllabe qui cohabitent avec des signes pictographiques. Les textes conservés
sur des tablettes en terre crue séchée ou sur des sceaux et des céramiques nous renseignent sur la vie sociale,
économique surtout et rarement religieuse. On mentionne ainsi des dieux qui seront intégrés dans le futur
panthéon grec (Zeus, Athéna, Apollon et Poséidon).
63
Cnossos, sur le littoral nord de la
Crète, est le plus grand palais
minoen. Le palais a été construit vers
1900 av. J.-C. sur les vestiges de la
cité antérieure d’un millénaire. Ses
bâtiments à plusieurs étages sont
disposés autour d’une cour centrale
et abritent des pièces d’apparat
somptueusement décorées, des
entrepôts de grain et d’huile, des
ateliers, des sanctuaires et des
archives. Les Mycéniens l’occupent à
partir de 1450 av. J.-C. jusqu’à sa
destruction au XIIIe mil. av. J.-C.
Fresque de l’aile est du palais. On ignore si les nombreuses scènes de tauromachie représentées dans l’art
minoen sont le reflet d’un rituel ou d’un sport [1]. A droite [2], exemple de peinture murale réaliste caractéristique
de l’art minoen, teinté de caractères orientalisant (fresque d’une maison d’Akrotiri, île de Théra).
[1] [2]
L’agriculture intensive du blé, de l’olivier et de la vigne dans les plaines, l’élevage dans les zones montagneuses et
les activités maritimes – activités commerciales et de pêche – font de la civilisation minoenne une société
dynamique ayant de nombreux échanges avec toutes les régions de la Méditerranée. Textile, poterie et métallurgie
sont également des activités importantes sur l’île.
Déesse aux serpents. Figurine en ivoire peint (1600-1550 av. J.-C.), palais de
Cnossos. Il s’agit peut-être une prêtresse. Les palais et les maisons comportaient
des pièces réservées au culte et de petits sanctuaires.
64
5.1.2. La civilisation continentale : Mycènes (1600/1400-1200/1100 av. J.-C.)
Mycènes est un site isolé entre deux ravins, formant une acropole naturelle. Fondé au XVIIe siècle av. J.-C., il
domine les voies qui joignent l’isthme de Corinthe au Péloponnèse. Les premières fouilles y furent réalisées par H.
Schliemann en 1876, dans sa longue quête des
vestiges et des témoignages des récits homériques.
Ce site a donné son nom à une civilisation guerrière
continentale. La civilisation mycénienne domina le
centre et le sud de la Grèce de vers 1650 à 1100 av.
J.-C. au départ des sites majeurs de Thèbes,
Athènes, Pylos, Tirynthe et Mycènes.
Des dagues en bronze incrustées d’or, de cristal et de lapis-lazuli provenant de riches sépultures du XVIe siècle av.
J.-C. représentent aussi des scènes de chasse entre les membres de l’aristocratie guerrière et des fauves. Ces
matériaux et l’iconographie témoignent des relations commerciales étendues, jusqu’à l’Asie centrale, à l’Âge du
Bronze.
65
Un siècle plus tard, aux XVe et XIVe siècles av. J.-C., un nouveau type
de tombes apparaît : des tombes à tholos (tholoï), ou à chambre
souterraine couverte d’une coupole. Elles sont peut-être liées à un
changement dynastique et à la pratique de nouveaux cultes. Neuf sont
connues. Elles sont plus monumentales : taillées à flanc de colline,
elles sont construites avec de gros blocs, couvertes de tumulus et
accessibles via un dromos (couloir). Le matériel de ces tombes est
remarquable, démontrant la prospérité de la cité et du monde
mycénien plus en général (masque dit d’Agamemnon du premier cercle
de tombes à l’intérieur des murailles de Mycènes [1] et coupe dite de
Nestor à Pylos [3], gobelets de Vaphio [2], dagues de Mycènes,
armure de Dendra).
[1] Masque mortuaire en or, dit d’Agamemnon, réalisé vers 1550 av. J.-C., bien avant la date probable de la guerre
de Troie, en dépit des allégations de Schliemann, toujours en quête des témoins des récits homériques.
[2] [3]
66
5.1.3. Les « Ages obscurs » (début de l’Age du Fer) : 1200/1100-800/700 av. J.-C. p. 344-359
Entre le XIe et la fin du VIIIe siècle av. J.-C., après les invasions des Peuples de la Mer, survient ce qu’on appelle
l’âge sombre. Ces bouleversements surviennent également dans le monde oriental. Les caractéristiques de la
civilisation mycénienne perdureront après le XIIe siècle av. J.-C., malgré la disparition des couches sociales
supérieures. C’est donc la fin des souverainetés mycéniennes. Mais les sites bien fortifiés seront toujours occupés
et les bourgs et les villages abandonnés (Tirynthe, Mycènes par exemple), avec une population et un niveau de vie
amoindris.
L’usage de l’écriture disparaît pendant 400 ans. Au Xe siècle av. J.-C., les langues préhelléniques et helléniques
divisent la Grèce en unités régionales bien définies. Une certaine stabilité réapparaît et des villes ré-émergent.
Elles se développent invariablement autour d’une acropole, citadelle de hauteur, qui sert de refuge. Aux XIe et Xe
siècles av. J.-C. de nombreux Grecs quittent leur pays pour essaimer en mer Egée.
Les poèmes d’Homère, composés au VIIIe siècle av. J.-C. rendent compte des chefferies ou souverainetés qui
coexistent alors, le roi cumulant les charges politiques et religieuses dans une communauté tribale. Son aristocratie
l’aide à exploiter les domaines ruraux avec l’aide d’esclaves et d’ouvriers. Les guerres sont essentiellement
conduites pour des questions de prestige.
5.2. Les cités états grecques VIIIe- IVe siècles av. J.-C.
5.2.1. La céramique
Elle constitue une des productions les plus caractéristiques de l’art et de l’artisanat grec. Les potiers grecs
introduisent l’usage du tour rapide.
[1] [2]
[3]
[4]
67
[6] proto-corinthien et corinthien [7] ; figuration sur fond blanc-rouge (VIIe siècle av. J.-C.)
[8] figures noires sur fond rouge (à p. VIIe-VIe siècles av. J.-C.)
[9] figures rouges sur fond noir (à p. fin VIe-Ve siècle av. J.-C.)
[10] polychromie (comme les fresques ?) : à p. du Ve siècle av. J.-C.
[5] [7]
[6]
[8] [10]
[9]
68
- période archaïque : 800/700-480 (IXe-Ve siècles av. J.-C.)
L’architecture grecque va formaliser les premiers ordres architecturaux, qui marquent l’architecture jusqu’à nos
jours. Les deux ordres majeurs sont le dorique et l’ionique. Le corinthien s’y additionne avec un style végétal
caractéristique en adoptant les conventions de l’ordre ionique. Avec Rome, se diffusera l’ordre toscan, courant
dans nos régions. Les éléments fondamentaux de l’architecture antique classique gréco-romaine sont résumés ci-
dessous.
a. Paestum [1], au sud de Naples, est un des sites grecs les mieux conservés en Italie. C'est une colonie du VIIe
siècle av. J.-C. qui monopolise le commerce régional avec les Etrusques, au nord de l'Italie. Le rempart de la ville
est long de 5 km. Le plan orthogonal est créé ex nihilo, sur une grande terrasse aménagée près de la mer. Le plan
est caractéristique de l'urbanisme gréco-romain : carroyage, grands secteurs publics : agora (ici : forum), et
temples des VIe et Ve siècles av. J.-C. (Héra, déesse de la Fécondité, Poséidon ou Neptune (dorique), et Athéna
(Cérès, déesse des moissons).
b. Corinthe [2] a une position stratégique sur l'isthme qui relie le Péloponnèse et le reste de la Grèce. Elle
prospère comme carrefour commercial durant les VIIe et VIe siècles av. J.-C., notamment grâce à la production
spécialisée de céramiques. Elle est détruite en 146 av. J.-C. par les Romains puis refondée en 44 av. J.-C. sur le
même canevas. Son urbanisme illustre la pérennité des principes initiés en Grèce au Ve siècle, et qui constituent le
69
prototype de la ville romaine puis gallo-romaine, jusque chez nous (carroyage, forum,…). Toujours, au pied d’une
colline où est perchée une citadelle. On distingue le secteur des loisirs et le secteur public : le premier représenté
par le théâtre et l’odéon, le second par l’agora. Le temple d'Apollon, du VIe siècle, avec celui de la colonie de
Paestum, est un des plus anciens de Grèce. L'odéon et le théâtre, repris par les Romains, constituent ici un des
apports majeurs dans un nouveau type d'architecture : l'architecture de spectacle qui fait son apparition dans la
trame urbaine (odéon : spectacles musicaux ; théâtre : comédie et tragédie). Les cirques et les amphithéâtres
n’existent pas encore chez les Grecs, et seront ultérieurement édifiés par les Romains. Par contre, des stades sont
construits sur les sites où se déroulent les jeux panhélleniques.
c. Les sanctuaires panhélleniques les plus importants sont situés à Olympie et à Delphes.
p. 360-437
[1] Plan et vue de Paestum et de son plan carroyé, avec l’agora et les temples doriques.
[2] Plan de Corinthe, caractéristique des cités développées au pied des citadelles perchées mycéniennes, avec les
temples archaïques et classiques, les portiques hellénistiques, les basiliques, amphithéâtres et les odéons
romains.
70
[3] [1]
[4] [2]
• [1] temple d’Apollon à Corinthe, premier temple dorique de Grèce (milieu VIe siècle av. J.-C.)
• [2] temple dorique d’Héra à Paestum, typique du dorique archaïque (milieu VIe siècle av. J.-C.)
• [3] temple dorique de Zeus à Olympie et statue chryséléphantine de Zeus (440-430 av. J.-C.) par Phidias (490-
432 av. J.-C.)
• [4] temple dorique d’Héphaïstos, agora d’Athènes (vers 450 av. J.-C.)
d. Athènes - l’agora
L’organisation de la démocratie athénienne ne va s'accompagner
de fondations monumentales qu'au Ve siècle, sous Périclès
notamment, après le siège de la ville par les Perse en 480 av. J.-
C. Athènes contrôle toute l'Attique. Le port du Pirée était le
principal point de départ vers les cités grecques d'Asie Mineure.
Ce rayonnement assure une richesse culturelle sans pareil et
durable : la parure monumentale de la ville est ainsi faite
d'additions jusqu'à la période romaine.
[2]
72
Le Parthénon est le temple dédié à Athéna à Athènes. Construit entre 447 et 432 av. J.-C. Les frises et les frontons
étaient ornés de sculptures en bas-relief. Son plan est caractéristique des édifices de culte grecs dont le type sera
repris par les Romains.
[1]
[2]
[1] Statue chryséléphantine d’Athéna à Athènes, temple d’Athéna (437-432 av. J.-C.) par Phidias (copie). Haute de
12 mètres, cette statue est reconstituée de manière hypothétique car elle fut emmenée par Justinien à
Constantinople et fut détruite au Moyen Âge. [2] Vue sur l’esplanade du Parthénon, dont le dégagement actuel
fausse la vision antique.
Vers 1400 av. J.-C. un palais mycénien s’élevait sur le site, avec ses dépendances, ses lieux de culte, entourés de
fortifications successives. L’entrée était une rampe monumentale (Propylées). Une seconde entrée dérobée était
située au nord, desservie par un escalier (rappel de la citadelle de Mycènes). Au VIe siècle av. J.-C., la ville et la
citadelle font l’objet de grands projets, dignes d’un état unifié et puissant. Vers 525 av. J.-C., le premier temple
d’Athéna est érigé à l’emplacement de l’ancien palais mycénien, alors qu’un premier temple était construit sur le
futur site du Parthénon (Panathénées 570-566). Des offrandes de statuettes archaïques de jeunes hommes et de
jeunes femmes y sont déposées (kouroï et koraï). Cet ensemble sera abattu par les Perses en 480 av. J.-C. Le
Parthénon de la moitié du Ve siècle érigé sous Périclès entre 447 et 437 av. J.-C. et décoré par Phidias entre 437
et 432 av. J.-C., est donc le troisième ou le quatrième des temples successifs sur le site. Ce chef d’œuvre de l’art
classique du Ve siècle, démantelé par lord Elgin au XIXe siècle, mesure 30,88 x 69 m. Ses colonnes doriques sont
hautes de 10,43 m, la hauteur maximale atteint 13,73 m.
Les proportions calculées sur des bases de 2 et de 3 (nombre d’or), rappellent pourtant que l’architecture grecque
est considérée comme un simple art d’exécution, au même titre que les mathématiques et la géométrie voire les
arts militaires. L’édifice est vu comme un volume : les colonnes sont très légèrement penchées pour corriger les
effets de perspectives fuyantes, les horizontales sont en réalité légèrement courbées, les colonnes ont de légères
différences d’épaisseur selon leur emplacement dans le rang (influence sur la réception de la lumière au centre ou
aux angles), la diminution de l’entraxe au niveau des colonnes des angles autorise un traitement harmonieux du
rapport entre les triglyphes et les métopes de l’angle de la frise. L’entablement et les tympans étaient couverts de
décors sculptés, notamment par Phidias, et le pronaos accueillait une statue chryséléphantine d’Athéna. Les
frontons représentaient le combat entre Athéna et Poséidon pour le contrôle de l’Attique et la naissance d’Athéna
sortie du crâne de Zeus, son père. Les métopes, longs reliefs sculptés en panneaux intercalés entre les triglyphes,
représentent des combats entre les Grecs et les Amazones, les Dieux et les Géants, les Lapithes et les Centaures,
et la guerre de Troie.
73
[2] Le temple d’Athéna Nike d’ordre ionique est situé aux Propylées, jouxtant l’escalier monumental d’accès à
l’Acropole. Conçu par l’architecte Callicratès et construit entre 427 et 424 av. J.-C.
[3] L’Erechthéion construit entre 421 et 405 av. J.-C. rassemble les cultes anciens du site, avant ses
transformations au Ve siècle av. J.-C., et est caractérisé par son portique sud aux Caryatides, qui remplacent ici les
colonnes classiques. Le portique nord est de style ionique [4].
5.2.6. La sculpture de la période classique (Ve-IVe siècles av. J.-C.) à la période hellénistique (IIIe-IIe siècles
av. J.-C.)
[1] [2]
[3]
Dans la sculpture classique, l’idéalisation prévaut, mais elle est servie par un style réaliste : c’est la mimesis,
dogme selon lequel l’art imite le réel. Au-delà de la maîtrise de l’expression du mouvement, une des dominantes de
la sculpture grecque est le réalisme anatomique, qui est sans égal. Le classicisme grec privilégie l’homme, corrige
les observations réalistes et multiples de la nature par une unité harmonieuse (anatomie). On cherche à figurer un
type d’homme plutôt qu’un individu. Platon dit par exemple que l’art doit continuer à remplir ses fonctions
religieuses et politiques avant de rechercher le Beau. La maîtrise du mouvement, l’équilibre sont à leur apogée
(Myron, le discobole, vers 450 av. J.-C.) [3].
Peu à peu, le naturalisme va personnaliser les figures humaines. L’Héraclès de Farnèse est une copie d’un
bronze colossal attribué à Lysippe, dans le courant du IVe siècle av. J.-C., et surtout connu pour son naturalisme
et ses silhouettes longilignes. La copie est due à un sculpteur grec athénien (Glycon) au cours du IIIe siècle av. J.-
C. [4]
À cette période, sous Alexandre le Grand surtout, durant le IVe siècle av. J.-C., ce naturalisme est porté à son
paroxysme et va définitivement supplanter le classicisme du Ve siècle dans ce qu’on appelle l’art hellénistique.
L’énergie n’est plus contenue et l’on exalte le mouvement et la gloire héroïque sans retenue. Les trois dimensions
sont conquises au maximum. Praxitèle et Scopas sont deux sculpteurs majeurs de la période de transition vers cet
art.
75
La représentation des corps ayant atteint son apogée, on travaille de nouvelles proportions. Hermès portant
Dionysos enfant (Olympie, vers 330-340 av. J.-C.) reflète bien cette tendance. Langueur du personnage confinant
à l’efféminement, corps plus lourds, têtes plus petites, adoucissement des visages et du traitement du corps par
rapport aux trais classiques [5]. Du même sculpteur, annonçant le début de l’art hellénistique par le
décloisonnement du corps dans la troisième dimension : Apollon Sauroctone [6].
[5] [6]
[4]
Art hellénistique. [7] Gaulois se donnant la mort avec sa femme, fin IIIe siècle av. J.-C. Œuvre du sanctuaire de
Pergame où Attale Ier (241-197 av. J.-C.) célèbre sa victoire contre les Gaulois – [8] Le groupe du Laocoon, prêtre
de Troie qui lutte avec ses deux fils contre le serpent envoyé par Apollon. Œuvre signée par Hagésandre, Polydore
et Athénodore de Rhodes, Ie siècle ap. J.-C. – [9] Victoire de Samothrace, ornant le bassin supérieur d’une
fontaine commémorant une victoire navale, vers 190 av. J.-C. Depuis Lysippe, les œuvres invitaient le spectateur à
regarder la statue sous tous ses angles. La Laocoon qui adopte un point de vue unique, de face, est une
exception. Le traitement des drapés entrecroisés participe à l’expression d’un mouvement débridé dans la
statuaire. [10] La Vénus de Milos présente des traits inspirés par l’art classique du IVe siècle, en renouvelant la
pose articulée en spirale autour d’un axe vertical, auquel échappent précisément les compositions hellénistiques.
Cette torsion, et la suggestion du mouvement du genou par le drapé, la nonchalance de la pose, caractérisent
cependant clairement une œuvre du IIe s.
76
6. De la civilisation romaine au haut Moyen Age
6.1. L’Age du Bronze au sud et au nord des Alpes (2300-900 av. J.-C.)
6.1.1. L’Italie (2200-2000 à 1500 av. J.-C.) p. 104-113
L’Italie méridionale est sous l’influence des peuples méditerranéens, e.a. via les contacts commerciaux maritimes
avec les Mycéniens du XIVe au XIIe siècle av. J.-C. Cela a des conséquences sur la vie économique, sociale,
artistique et artisanale de l'ensemble de l'Italie.
Sur le plan des techniques, les régions du nord de l’Italie importeront une nouveauté du nord des Alpes, le battage
des feuilles de bronze, qui faciliteront la fabrication des armures, des casques, des boucliers, influençant alors l’art
de la guerre à travers toute l’Europe septentrionale, comme on l’a vu au sud avec la métallurgie et l'iconographie
mycéniennes.
Ces régions, toujours sous l’influence des cultures européennes du Nord des Alpes, adopteront également un
nouveau rite funéraire : la crémation des corps, e.a. dans la culture de toute l’Italie septentrionale et continentale
du centre, de Villanova et dite campaniforme (incinérations dont les cendres sont déposées dans des vases d’où
ce nom). Les cimetières reflètent alors une égalité sociale relative. Au sud, l’inhumation se maintient : carte de
partage.
Sur le plan des techniques artisanales, les régions du sud introduiront l’invention grecque du tour rapide qui
autorise une expansion inégalée de la production de vaisselle et récipients de stockage en terre cuite.
Au Nord, au-delà des Alpes, la culture des champs d’Urnes se développe en Europe septentrionale et centrale.
Exemple Age du Bronze nord européen : incinérations [1] et tertres [2]. (page suivante)
77
[1]
[2]
6.2. Le premier Age du Fer et la période de Hallstatt au nord des Alpes (750-450 av. J.-C.)
L’exploitation du Cuivre et de
l’Etain (bronze) en Etrurie favorise
le commerce. Aux VIIe et VIe
siècles av. J.-C., les Etrusques
étendent leur suprématie sur
toute l’Italie centrale et
septentrionale.
La maîtrise des gisements
métallifères et la concentration
des revenus que génère son
commerce favorisent l’émergence
d’une riche aristocratie
guerrière.
78
Influences orientales : Apollon de Portonaccio, Véies, 510-490 av. J.-C. [1]
[1]
[2]
Le couple occupe également une place importante, accentuant le rôle du noyau familial dans la société, rôle qui
caractérisera la société romaine et la typologie des habitats individuels dans les villes, les agglomérations et les
villas rurales.
Un exemple : sarcophage des époux de Cerveteri (riches tombeaux étrusques) vers 525 av. J.-C., couchés à un
symposium, importation orientale venue d’Orient.
Cette noblesse possède des tombes à inhumation circulaires sous de grands tertres (haches, épées, mors de
chevaux) qui témoignent d’une influence celtique (char à deux roues). Véritables champs de tertres artificiels, une
cité des morts avec des "maisons" familiales apparaissent avec plusieurs générations de familles aristocratiques.
L’inhumation est donc à nouveau privilégiée : le rite de l’incinération tendait à lisser les identités sociales (urnes en
forme de maison ou de buste humain) ; les tombeaux à inhumation sont monumentaux et documentent mieux la
vie de l’époque que les sites d’habitats. Leur contenu témoigne d’une grande richesse matérielle et d’une
conscience de classe.
Les tombes possèdent des fresques où sont célébrés les usages du banquet familial et des scènes bibitives
(influence grecque dans le mode de vie et dans le style des représentations). Certaines sont ornées de reliefs
abondants, reproduisant la maison des vivants (armes, ustensiles de cuisine, meubles, outils, coussins…), et sont
dotées d’offrandes alimentaires.
79
Fresque du Banquet de la tombe des Léopards, Tarquinia, vers 450 av. J.-C.
Globalement, il persiste toujours la croyance en une vie heureuse dans l’au-delà, unité familiale dans les funérailles
et dans la mort.
Les travaux influençant l’environnement sont de plus en plus conséquents : métallurgie, grandes tuileries et ateliers
de potiers > déboisement.
La spécialisation des artisanats et des productions implique tout d’abord de plus grandes concentrations de
populations autour des centres d’activité aux quartiers spécialisés. L’urbanisme se développe alors comme jamais
auparavant. Il nécessite à son tour de plus grand besoins et toujours plus de corporations spécialisées.
Tout d’abord, les cabanes en bois, terre et chaume sont remplacées par des maisons à toits de tuiles, inventée en
Grèce mais diffusée et généralisée en Italie puis en Gaule, plus vite qu’en Grèce.
80
p. 464-557
En 509 av. J.-C., la Monarchie étrusque se termine et la République est fondée. Dans toute l’Etrurie, les rois et
les tyrans sont alors renversés et les pouvoirs confiés à des clans d’aristocrates constitués en Sénat. Il délègue le
pouvoir à des magistrats et à deux consuls.
L’administration républicaine est complexe et très bien organisée dans tous les secteurs (finances, cultes, édifices
publics, législation, recensement des populations…).
Les premiers temples et bâtiments publics y sont bâtis à cette période, comme le plus important, le temple de
Jupiter au Capitole.
Le temple de Jupiter sur le Capitole sous la République romaine (illustration de Friedrich Polack, 1896)
81
En 264-265 av. J.-C., toute la péninsule italique passe sous la domination des armées romaines.
De 282 à 270 av. J.-C., Rome conquiert la Grande Grèce. L’hellénisation de l’Italie est alors profonde : le goût des
Romains pour la sculpture et la littérature grecque est profondément ancré et caractérisera la culture romaine et
gallo-romaine pour plusieurs siècles. La plupart des œuvres sculptées grecques sont connues grâce aux copies en
marbre des bronzes originaux, aujourd'hui disparus.
6.2.2. Les périodes de Hallstatt (750-450 av. J.-C.) et de La Tène (450-50 av. J.-C.) au nord des Alpes
A Hochdorf, près de Stuttgart, se trouve un tumulus de la période de Hallstatt, mesurant près de 60 m de diamètre.
Cette tombe est contemporaine de la tombe de Vix (Châtillon-sur-Seine). Une fosse à tombe centrale contenait
deux chambres en bois emboîtées. Un homme y reposait sur une litière en bronze doublée de fourrures et de
tissus, et possédant huit pieds en bronze figurant des femmes aux bras tendus.
Un chaudron en bronze italique hellénisant contenait de l’hydromel, également versé dans une coupe. Il y avait
aussi un chariot rituel en bois à quatre roues. Les parois étaient drapées de tentures où pendaient neuf cornes à
boire. L’homme portait un chapeau conique en écorce de bouleau. Ses vêtements et ses chaussures étaient ornés
de bandes d’or martelé. Il portait un torque en or au cou.
Phénomène important à l’Age du Fer : la fonction guerrière est magnifiée. Se développent des sites cultuels avec
trophées des cadavres de vainqueurs, exposition des corps. En Italie, les valeurs familiales, la joie et la tranquillité
célébrées dans les sépultures témoignent d'une culture radicalement différente.
Le premier témoignage marquant de ce phénomène et de la mutation sociale du milieu du Ve siècle av. J.-C.
environ, est la présence des harnachements de chevaux et de chars de combat à deux roues dans les tombes.
Les défunts y sont couchés, tête placés vers le timon. Les exemples en sont très nombreux en Ile-de-France, en
Picardie et perdurent jusqu'à la fin de l'Âge du fer dans les Ardennes belges (cf. Libramont) et la Meuse française.
82
6.3. L’Empire romain et la Gaule romaine (27 av. J.-C. - 284 ap. J.-C.)
L’Imperium romanum est le nom donné à la civilisation romaine antique entre 27 av.
J.-C. et 476 ap. J.-C. Durant cette période, l'État romain s'est considérablement
agrandi, au point d'englober un territoire allant de l’actuelle Angleterre à l’Egypte,
créant ainsi l'une des plus grandes entités politiques de l'histoire, qui influença
profondément le monde méditerranéen, sur le plan culturel, linguistique et finalement
religieux, tout en assurant la conservation de la civilisation grecque antique.
Éteint en Occident en 476 ap. J.-C., l'Empire romain persista en Orient, autour de sa
capitale, Constantinople. Centré sur la Grèce, le nouvel État mêla, comme l'ancien
Empire, des éléments de civilisation grecs et latins, mais la part grecque étant
prépondérante, il est justifié de parler, pour cette partie orientale de l'Empire romain,
« d'Empire byzantin ». Cette nouvelle civilisation, très riche, dura plus un millénaire,
jusqu'en 1453.
Statuaire
83
Auguste en « Empereur » (12 av. J.-C.) et « Pontifex » (2 av. J.-C.)
Artisanats
84
6.3.2. Les innovations techniques et la culture matérielle
Les Romains sont actifs sur le plan du commerce des biens et des esclaves
dans toute la Méditerranée et en Gaule. Les industries de masse se
développent.
Invention du moulin à eau (Ier siècle av. J.-C.) avec applications dans la forge et pour les huiles et les farines.
Exemple, près d’Arles : deux rigoles avec seize roues de 2 m de diamètre, reliées à des meules horizontales pour
produire 27 tonnes de farine par jour, de quoi nourrir 12500 personnes.
Maisons familiales : la domus (toutes les villes, avec adaptation dans les provinces, mais toujours le même
principe, jusque dans les agglomérations rurales parfois où on trouve les boutiques et maisons accolées plus
simples). Vici : agglomérations artisanales rurales et centres cultuels.
85
6.3.4. La structuration des campagnes et le cadre de la vie rurale
La voirie couvre toute l’Empire, de l’Ecosse à la Syrie et facilite les mouvements des troupes. Cependant, pour le
commerce, la voie d’eau plus économique est préférée (rivières et fleuves et cabotage).
86
Le commerce à longue distance voit véhiculer les céréales, le vin, l’huile d’olive, les marbres, des biens précieux et
les céramiques. Apport de la céramologie. Amphores à Braives.
Urbanisme : carroyage urbain, hérité du modèle de la ville hellénistique (colonies grecques). Des immeubles
comptant plusieurs étages, atteignant plus de 20 mètres, sont construits dans les grandes villes. Rome compte
jusqu’à un million d’habitants. Cimetières à incinération autour des villes et près des agglomérations, tombes riches
aux limites et dans les domaines, en vue (voies).
La structuration autour des villes : le centre est le forum, centre politique et commercial, avec les bâtiments
religieux et administratifs.
Dans les quartiers se développent les bains publics (thermes), aux théâtres et aux odéons hérités de
l’architecture grecque, sont ajoutés des édifices accueillant des jeux et des combats de gladiateurs ou nautiques
(amphithéâtres et cirques).
Comme le théâtre en Grèce, ces édifices se retrouvent à différentes échelles dans toutes les cités de l’Empire, de
manière stéréotypée. Sur des sites ruraux, sanctuaire dont les origines remontent à l'époque celtique à Blicquy,
même théâtre classique mais en bois.
87
6.4. Le Bas-Empire (284-476)
88
Basilique de Maxence et Constantin à Rome : 306-312 ap. J.-C. ; vaisseau central voûté d’arêtes, 39 m de
hauteur, berceaux à caissons octogonaux en béton sur les bas-côtés ou collatéraux ; abside avec statue colossale
de Constantin.
• A Trèves : basilique civile de Constance (Tétrarchie) et de Constantin, 310. Basilique civile rectangulaire deux
niveaux de fenêtres (lumière !), abside et arc triomphal (trône impérial) ; fermes de charpentes de 27 m de portée ;
plafond à caissons avec charpentes : plus de voûte en béton ; portique ou narthex, contreforts plats et hauts avec
arcatures aveugles (décor extérieur). Usage jusque 395 ap. J.-C. (transfert de la capitale vers Milan).
• Des salles du même type sont mises à disposition des chrétiens, à partir de Constantin ; avant : clandestinité et
maisons particulières. Narthex : les fidèles s’y rassemblent. Axialité : nefs, colonnades, absides. Les premières
sont des basiliques martyria sur les sites des persécutions.
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Saint-Pierre, Constantin, longue de 119 m, large de 64 (44 colonnes de remploi).
Rome : la basilique paléochrétienne saint Pierre d’après un dessin du XVe. Edifiées sous Constantin vers 326
L’influence orientale, typique des monuments de Ravenne, est dominante dans cette église, tant sur le plan
architectonique, car elle mêle des éléments des traditions occidentale et orientale, que sur le plan décoratif qui
exprime clairement l’idéologie et la religiosité de l’époque de Justinien. La basilique traditionnelle à trois nefs est
remplacée par une structure centrale de forme octogonale, surmontée d’une coupole, reposant sur huit piliers et
arches.
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