EP 2013 Chap 9 - Financement Des BC

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 19

CHAPITRE 9 – LE FINANCEMENT DE LA PRODUCTION DES

BIENS COLLECTIFS  

1 – INTRODUCTION 1  

2 – UNE SOLUTION DE MARCHE : LE MODELE DE


LINDAHL (UNANIMITE ET PRIX PERSONNALISES) ----------------------- 1  
2.1 – LE MODELE 4  
2.2 – L’EQUILIBRE DE LINDHAL EST PARETIEN. --------------------------------------- 5  
3 – ECHEC DE LA SOLUTION DE LINDHAL -------------------------------- 7  
3.1 – L’EQUILIBRE DE LINDHAL CONDUIT VERS UN EQUILIBRE DENASH
SOUS OPTIMAL LORSQUE LES INDIVIDUS MENTENT. ----------------------------------- 7  
3.2 – EN PRESENCE DE FREE RIDE, LE BIEN COLLECTIF DISPARAIT -------------------- 8  
4 – LE FINANCEMENT PAR L’IMPOT : DISTORSION ET COUT
MARGINAL DES FONDS PUBLICS ---------------------------------------- 10  
4.1 – LE MODELE 10  
4.2 – IMPOT NON DISTORSIF (OPTIMALITE DE PREMIER RANG). ---------------------- 11  
4.3 – FINANCEMENT PAR IMPOT DISTORSIF ET COUT MARGINAL DES
FONDS PUBLICS (OPTIMALITE DE 2EME RANG).-------------------------------------- 14  

5 – CONCLUSION 17  
CHAPITRE 9 – LE FINANCEMENT DE LA PRODUCTION DES
BIENS COLLECTIFS

1 – INTRODUCTION

En matière de bien collectif, l’économiste public doit répondre à


deux questions disjointes.

Premièrement, est-ce que le niveau de bien collectif est opti-


mal. BLS donne la réponse si les individus veulent bien révéler
leurs préférences.

Deuxièmement, comment financer les biens collectifs. Nous


allons donc maintenant restreindre notre champ de réflexion à
cette seconde question.

La première solution que nous examinons est élégante mais im-


praticable. Il s’agit de faire payer à chacun un prix personnalisé
(prix de Lindhal) pour le bien collectif qui est produit.

La seconde consiste financer les biens collectifs par l’impôt


impôt, c’est celle qui est généralement adoptée. Cette solution
est plus ou moins efficace selon la nature de l’impôt et les dis-
torsions qui l’accompagnent.

2 – UNE SOLUTION DE MARCHE : LE MODELE DE LIN-


DAHL (UNANIMITE ET PRIX PERSONNALISES)

Il est, à première vue, naturel de penser qu'une méthode de dé-


cision fondée sur la règle d'unanimité1 puisse conduire à des

1
Les modèles de « Démocratie directe » c’est-à-dire sans « représentant »,
comprennent en fait trois cas trois cas : le modèle de vote unanime de Lindhal
(I), celui de vote majoritaire de Bowen (II) puis un prolongement de cette
règle de vote majoritaire : le modèle de de Bowen, Lindhal, Samuelson (III). Il
conviendrait ensuite d’examiner les modèles de démocratie représentative, ce
que nous ne ferons pas.
choix satisfaisants du point de vue de l'optimum, dès lors que
chacun vote conformément à son intérêt personnel.

Un changement parétien étant, en effet, par définition une modi-


fication de la situation telle que certains y gagnent et personne
n'y perd, on peut s'attendre à ce qu'il soit approuvé par tout le
monde. Inversement un changement non parétien ne pourrait
être que repoussé puisque ceux qui y perdent voteront contre.
On voit ainsi que la règle d'unanimité apporte une protection
contre le risque d'inefficacité dans les décisions collectives.

L'idée, émise pour la première fois par Wicksell (1896), est alors
que les votes successifs d'une assemblée réunissant tous les
individus concernés par un bien collectif devraient permettre de
parvenir finalement au choix d'un montant de ce bien et
d'une répartition de son coût qui soient tels qu'un optimum
sont atteint. L'analyse de Wicksell fait un grand appel à l'intuition.

Bien que le schéma de Lindahl ne soit pas totalement un schéma


de marché libre, il implique que le gouvernement soit simple-
ment un coordonnateur sur les marchés des biens collectifs.
Par conséquent, ce n'est pas tellement une intervention de mar-
ché, ni une aide à ce marché. Le schéma de Lindahl est illustré
par le graphique ci-dessous.

-2-
En haut : A l'équilibre de Lindahl (point D),
chaque agent demande le niveau de bien collectif fourni (g* uni-
tés), leurs contributions au coût étant connues : h pour l'agent 1
et (1-h) pour l'agent 2.

-3-
2.1 – Le modèle

Nous ferons l'hypothèse qu'il n'y a que deux biens (un bien col-
lectif et un bien privé) et deux personnes (les individus 1 et 2)
dans l'économie. La partie (a) du graphique indique le montant
de bien privé consommé par l'individu 1 ou l'individu 2 sur l'axe
vertical et le montant de bien collectif consommé sur l'axe hori-
zontal.

Les préférences sont représentées par les courbes d'indiffé-


rence. Le budget et les prix auxquels fait face l'individu sont indi-
qués par la pente et la position de la droite de budget.

Pour simplifier, faisons l'hypothèse que le prix du bien collectif


est égal à 1. De cette façon, des changements dans la pente de
la droite de budget vont refléter des changements dans la contri-
bution de l'individu au financement du bien collectif. Quand la
part pour le financement du bien collectif est relativement élevée,
nous sommes sur la droite de budget B1 et l'individu consomme
un panier contenant xu* unités du bien collectif et xr* unités du
bien privé. Quand la contribution de cet individu décroît, la droite
de budget pivote vers l'extérieur et l'individu consomme plus de
bien collectif (en supposant que c'est un bien normal).

Dans la partie (b) du graphique, le comportement de l'individu 1


est décrit à partir du point α et celui de l'individu 2, au point γ.
L'axe horizontal indique le montant de bien collectif demandé par
les individus et se lit de gauche à droite. L'axe vertical indique la
part de chaque individu dans le financement du bien collectif. La
part de l'individu 1 est h et la part de l'individu 2 est (1-h) (notons
que h + (1-h) = 1).

En suivant l'axe vertical du point α au point δ, la part de la per-


sonne 1 augmente, tandis que la part de la personne 2 décroît.
AA' est la courbe de demande de l'individu 1 pour le bien collec-
tif et BB' est celle de l'individu 2. Au point δ, l'individu 1 fait face
à une contribution du coût du bien collectif qui est égal à 1. Donc
il doit payer la totalité du bien collectif mais sa demande est
nulle, comme on le voit sur le graphique. Notons que, comme il
ne demande pas de bien collectif, il va dépenser tout son revenu
B1 en bien privé.

-4-
Tout point de la partie (b) du graphique détermine une allocation
en biens privé et collectif. Au point D, par exemple, g* unités du
bien collectif sont produites. La part de la personne 1 est h,
alors que la part de la personne 2 est (1 - h). Si le prix (coût
marginal) du bien collectif est de 1 euro, la personne 1 va dépen-
ser Π1 = (h g* . 1 e) pour le bien collectif et le reste de son bud-
get, B1 - Π1, pour le bien privé. De la même façon, l'individu 2 va
dépenser Π2 = ((1 -h) g* . 1 e) pour le bien collectif et B2 - Π2
pour le bien privé. Le point D indique ce que nous appellerons
l'équilibre de Lindahl pour l'économie. Pour voir pourquoi ce
point correspond à un équilibre, imaginons que nous augmen-
tions la part de l'individu 1 de h à h' et donc, que nous abais-
sions la part du coût de la personne 2 de (1 - h) à (1 - h').
Comme la part de l'individu 1 a augmenté, sa demande pour le
bien collectif passe de g* à g'. L'inverse est vrai pour l'individu 2,
comme sa part du coût décroît, sa demande pour le bien collectif
augmente de g* à g". Cependant, en h' nous voyons que les de-
mandes pour le bien collectif des individus 1 et 2 sont inégales.
Une telle situation ne peut être un équilibre car, quel que soit le
montant de bien collectif fourni, chaque personne doit en con-
sommer le même montant, Aussi, seul h est un équilibre.

2.2 – L’équilibre de Lindhal est parétien.

Est-ce que l'équilibre de Lindahl détermine une allocation Pareto-


optimale pour la société ? La réponse est oui et nous pouvons le
démontrer assez facilement.

Démonstration :

Soit U1 ( x, g) une fonction de deux variables. On peut la réécrire :

Soit Ui ( x, g) = U(B1 − hg, g) que nous appellerons Fi ( g)

Avec :

B1 budget de l’individu 1

g une quantité de bien collectif

h, la contribution au financement de g par l’individu 1

-5-
x une quantité de bien privé.

Calculons par la procédure de dérivée en chaîne la dérivée de

Posons :
U '1g = utilité marginale de l'individu 1 par rapport au bien collectif
U '1 x = utilité marginale de l'individu 1 par rapport au bien privé

F '(g ) = U '1g ( x (g ), g ).x '(g ) + U '1 x ( x (g ), g ).g '2

= U '1g ( x (g ), g ).x '(g ) + U '1 x ( x (g ), g ).1

A l’équilibre de Pareto, la CPO est F '(g ) = 0 donc :

F '(g ) = U '1g ( x (g ), g ).x '(g ) + U '1 x ( x (g ), g ).1 = 0

U '1g ( x (g ), g )x − h + U '1x ( x (g ), g ) = 0
U '1x ( x (g ), g )
donc le TMS 1 = =h
U '1g ( x (g ), g )

On procède au même calcul pour l’individu 2 et, on trouve le


TMS 2 = 1 − h

Donc : TMS1 + TMS 2 = 1 , donc on retrouve la condition de Pare-


to optimale qui stipule, que la somme des taux marginaux de
substitution entre les biens privés et collectifs pour chaque indi-
vidu est égale au coût marginal de production du bien collectif.

En h, l'individu 1 égalise son taux marginal de substitution entre


les biens privés et collectifs à son prix pour le bien collectif. Dans
le même temps, la personne 2 égalise son taux marginal de
substitution à (1 - h). Donc, TMS1 + TMS2 = h + (1 - h) = 1,
condition qui doit être satisfaite pour une allocation Pareto-
optimale. C'est-à-dire, à l'optimum, la somme des taux margi-
naux de substitution pour les individus 1 et 2 est égale au coût
marginal de production du bien collectif, qui, par hypothèse, est
égal à 1.

-6-
La solution de Lindhal offre donc un équilibre de Pareto avec une
quantité unique de bien collectif consommé et des prix différents
pour chaque individu. Cette « motion » g* avec des prix h et 1-h,
est Pareto efficace, elle est donc votée à l’unanimité.

3 – ECHEC DE LA SOLUTION DE LINDHAL

Bien que la solution de Lindahl au problème des biens col-


lectifs semble satisfaisante, rappelons qu'elle repose sur l'hypo-
thèse selon laquelle les agents sont sincères dans la révélation
de leurs préférences pour les biens collectifs.

Cependant, il semble qu'il existe une incitation pour les in-


dividus à ne pas révéler la vérité. Si personne ne peut être exclu
de la jouissance d'un bien collectif une fois qu'il est produit, alors
les agents ont intérêt à annoncer une fausse demande pour le
bien collectif. En poussant ce raisonnement à l'extrême, quand
les agents ont une demande nulle, ils ne contribuent pas au fi-
nancement du bien collectif, et peuvent consacrer la totalité de
leur budget à l'achat de biens privés, tout en bénéficiant du bien
collectif. Ce comportement est connu sous le nom de "compor-
tement de passager clandestin". Évidemment, si tout le monde
se comporte en passager clandestin, la société ne sera pas en
mesure de produire le bien collectif.

3.1 – L’équilibre de Lindhal conduit vers un équilibre de Nash


sous optimal lorsque les individus mentent.

Le schéma de Lindahl peut être traité comme un jeu de straté-


gies. Le jeu sous forme normale suppose une économie avec
deux personnes et deux biens (un bien privé et un bien collectif).
Au début du jeu, l'administration demande à chaque personne de
révéler sa courbe de demande pour le bien collectif en faisant
l'hypothèse que le prix pour le bien privé reste fixe, peut être
parce qu'il est produit à coût marginal constant. Après avoir col-
lecté l'information, sur la demande de bien privé, le gouverne-
ment recherche le partage du coût qui aboutira à un équilibre de
Lindahl et il assigne alors les parts du coût aux différents
membres de la société.

-7-
Dans ce jeu, la stratégie de chaque joueur est incorporée dans la
fonction de demande qu'il présente à l'administration. Les gains
de chaque joueur dépendent des fonctions de demande annon-
cées par tous les joueurs.

A ce point de notre étude, deux questions émergent à propos du


jeu de Lindahl : à l'équilibre de Nash pour ce jeu, est-ce que les
gens annoncent leurs vraies fonctions de demande, ou est-ce
qu'ils mentent ? S'ils mentent, est-ce que l'équilibre est un opti-
mum de Pareto, ou est-ce que l'utilité des gens décroît parce
qu'ils mentent ? La réponse à ces deux questions est tout sim-
plement que dire la vérité n'est pas une stratégie d'équilibre
de Nash pour le jeu de Lindahl et qu'un montant de bien col-
lectif inférieur au montant Pareto-optimal sera fourni si le
schéma de Lindahl est instauré. Pour le montrer, considérons
le graphique précédent.

3.2 – En présence de free ride, le bien collectif disparaît

-8-
Sur ce graphique, nous avons tracé les courbes de demandes
des individus 1 et 2 déjà représentées dans le graphique précé-
dent. Nous avons également tracé un ensemble de courbes
d'indifférence pour l'individu 1. Chaque courbe d'indifférence
représente l'ensemble des combinaisons de volume consommé
du bien collectif et de part du coût supporté devant lesquelles la
personne 1 est indifférente. Par exemple, au point a sur la courbe
d'indifférence I2, la société produit ga unités de bien collectif et
demande à la personne 1 une contribution ha. Si nous nous dé-
plaçons du point a au point b, nous voyons que la personne 1
reçoit plus du bien collectif, ce qui lui est bénéfique, mais doit
payer plus pour cela. En fait, l'individu 1 est indifférent entre les
points a et b. En outre, les courbes d'indifférence les plus basses
sont préférées par l'individu 1. Pour vérifier ceci, comparons les
points b et c.

Le point c correspond au même montant de bien collectif que le


point b, mais la part du coût que l'individu 1 doit financer est in-
férieure (hc plutôt que hb). Nous pouvons, en conséquence, con-
clure que le point c est préféré au point b par l'individu 1. Tous
les points sur la courbe d'indifférence I1 sont donc préférés aux
points de la courbe d'indifférence I2.

Supposons que l'individu 1 fasse l'hypothèse que l'individu 2 va


annoncer sa vraie courbe de demande BB' au gouvernement.
L'individu 1 peut alors agir comme un oligopoleur à la Stackel-
berg et choisir la combinaison de montant désiré et de part du
coût du bien collectif sur la courbe de demande BB' qui le satis-
fera le plus. Pour cela il ment et déclare une courbe de demande
CC4. En d'autres termes, l'individu 1 choisira un point situé sur la
courbe de demande BB' qui le place sur la courbe d'indifférence
la plus basse possible : c'est le point O* et la part du coût financé
par l'individu 1 sera ho* et go* unités de bien collectif seront pro-
duites.

Pour cette quantité de bien collectif, l’individu 2 doit payer plus


que ce qu’il ne le devrait à l’équilibre de Lindhal, il donc apporter
plus de bien collectif. Il peut refuser de la faire, comprenant que 1
triche et tricher à son tour. Alors le bien collectif disparaît.

En revanche, si chaque individu annonce la vérité, l'équilibre de


Lindahl Pareto-optimal se traduit par une part du coût de l'indivi-

-9-
du 1 égale à h et par gh unités de bien collectif produites. L'équi-
libre de Lindahl n'est donc pas un équilibre de Nash.

Si quelqu'un d'autre dit la vérité dans le jeu de Lindahl, alors


l'individu 1 est incité à mentir. Le résultat du schéma de Lindahl
est donc susceptible d'être sous-optimal pour la société. Le pro-
blème de passager clandestin fait échouer ce schéma.

4 – LE FINANCEMENT PAR l’IMPÔT : DISTORSION ET COÛT


MARGINAL DES FONDS PUBLICS

En pratique, la solution de Lindhal2 est peu praticable c’est


pourquoi, faute de pouvoir trouver une règle simple d’allocation
par la démocratie des biens collectifs, l’Etat se chargera des les
produire et de les financer par l’impôt et non par des prix.

On observe que contrairement à la solution de Lindahl (prix per-


sonnalisé) ici le « montant à payer» est le même pour tous.

4.1 – Le modèle

En pratique l’Etat décide généralement de financer les biens col-


lectifs avec un impôt et non pas un prix. Toutefois, les usagers

2
La généralisation de l’équilibre de Lindahl au cas d’équilibre général avec un
grand nombre d’agents, de biens privatifs et de biens collectifs, et au cas où
des transferts forfaitaires peuvent être optimalement déterminés par
l’intervention d’une fonction d’utilité collective a été réalisée par Samuelson,
en 1966, à l’aide de sa théorie du pseudo-équilibre général. Cette théorie a
donné lieu a une abondante théorie décrivant comment passer des conditions
de l’équilibre général avec biens collectifs (que nous venons d’examiner) au
procédures théoriques permettant d’aboutir à un tel équilibre par les échanges
d’informations entre le Centre (Etat) et les agents. Ces procédures (Malin-
vaud, 1970 ; Drèze, Poussin, 1971) son dynamiques, (procédures versus con-
dition) en ce sens qu’elles décrivent les étapes de la construction de
l’équilibre, par l’échange d’information. Elles se formalisent par des systèmes
d’équations différentielles. Nous ne développerons pas cette littérature dont la
portée à été remise en cause par l’accent récent mis sur les problèmes
d’information.

-10-
peuvent également contribuer (SNCF, RATP, université). Le bien
collectif cesse d’être pur.

Illustrons cette situation avec un exemple.

Soit une économie dans laquelle m individus repérés par l'indice i


=1, m, répartissent leurs revenus Ri entre :

- l'acquisition d'un premier bien privé yi à un prix unitaire égal à


1,

-le paiement d'une contribution ti destinée au financement de la


production de biens collectifs

- des dépenses Mi affectées à d'autres bien privés.

La contrainte budgétaire de l'individu i s'écrit donc :

y1 + ti + Mi = Ri

On suppose que tous les individus perçoivent un même revenu


R1 = R2 = ... = Rm = 5

Deux biens collectifs purs sont produits dans l'économie, en


quantités notées respectivement x1 et x 2 , avec des coûts c1 x1 et

c2 x 2 . Les préférences des individus sont identiques et représen-


tables pour i par la fonction d'utilité :

Ui = log y i + log x1 + 2 log x 2 + Mi

4.2 – Impôt non distorsif (optimalité de premier rang).

On examine d’abord un scénario où pour financer la production


des biens collectifs, les contributions sont prélevées sous la
forme d’un impôt forfaire t. Le prélèvement fiscal total doit per-
mettre de financer les bien collectifs.


m
t = c1x1 + c2 x2 ,
i =1 i

-11-
ce qui veut dire que la somme des impôts couvre le coût margi-
nal de production des deux biens collectifs.

On cherche le montant t, d’impôt par tête :

L’individu maximise son bien-être en choisissant la quantité du


premier bien privé y1 :

⎧Ui = log y i + log x1 + 2log x2 + Mi



⎨ sc.
⎪R − y − t − M = 0
⎩ i 1 i i

On écrit le lagrangien, on dérive par rapport à y i c’est-à-dire le


bien privé et on annule la dérivée :

L = log y i + log x1 + 2log x2 + Mi + λ (Ri − y1 − ti − Mi )

∂Ui 1
= −1+ =0
∂y i yi
donc
y i = 1 pour i=1...m

Avec, y1 = 1, le consommateur atteint un niveau de satisfac-


tion maximum :

Ui = L og x1 + 2L og x2 + 4 − ti

A l’optimum avec financement par impôts identiques pour tous


(non distorsifs) :

t 1 = ... = t m = t

En appliquant BLS (coût marginal de production des biens col-


lectifs partagé entre les m individus, pour s’assurer que la quanti-
té est optimale :

1
t = (c 1 x 1 + c 2 x 2 )
m

-12-
Ce qui permet d’écrire le niveau d’utilité U1 = U2 = ...Um , en fonc-
tion des quantités de biens collectifs x1 et x2 .

1
U = Logx1 + 2Logx2 + 4 − (c x + c x )
m 1 1 2 2

A l’optimum de Pareto (1er rang) on a :

∂U c 1
=− 1+ =0
∂x 1 m x1
∂U c 2
=− 2+ =0
∂x 2 m x2
m
x1 =
c1
2m
x2 =
c2
t =3
M i = 1 pour i=1...m

Cette solution est Pareto optimale, elle revient à trouver, pour


chaque bien collectif, un prélèvement fiscal par tête qui une
fois multiplié par le nombre d’individus fournisse une ressource
égale au coût marginal du bien collectif considéré et produit dans
une quantité respectant BLS.

Vérifions rapidement que la solution vérifie BLS. En effet, BLS


indique que :

-13-
Ici il y a deux biens collectifs, on vérifie donc BLS pour chacun d'eux.
On a trouvé que :
m m m
x1 = donc : = c1 on observe que est bien la somme des dispositions
c1 x1 x1
à payer pour le bien x1
puisque la disponibilité à payer i.e la dérivée de U par rapport a x1
1
de chaque individu est
x1
2m m 2
x2 = donc : 2 = c2on observe que m est bien la somme des dispositions
c2 x2 x2
à payer pour le bien x 2
puisque la disponibilité à payer i.e la dérivée de U par rapport a x 2
2
de chaque individu est .
x2

La fiscalité est non distorsive (elle est lump sump, i.e, elle ne
conduit pas le consommateur à modifier ses choix en fonction de
la fiscalité sur les biens).

4.3 – Financement par impôt distorsif et coût marginal des


fonds publics (optimalité de 2eme rang).

On connaît les difficultés politiques à faire accepter un prélève-


ment identique pour tous. Bien que non distorsif cet impôt n’est
pas proportionnel à la richesse et donc peu apprécié.

On doit donc envisager de lever un impôt proportionnel à


l’usage qui est fait du bien. Il s’agit par exemple d’un péage ou
d’une taxe à la consommation.

On suppose donc maintenant que le financement des biens col-


lectifs ne peut se faire qu’en prélevant de manière forfaitaire 2
unités de revenu par individu, le reste de dépenses doit être
financé par une taxe sur la consommation y i du premier bien
privé.

-14-
Pour ce bien, on distingue maintenant le prix à la consommation
noté q et le prix à la production égal à 1 donc q-1 désigne la taxe
unitaire.

Prix à la consommation=taxe*prix à la production


q = 1+ (q − 1)

L’agent maximise son utilité sous contrainte budgétaire. La con-


trainte budgétaire (5 de revenu moins 2 de transferts forfaitaire)
de l’agent i s’écrit :

qy i + Mi = 3

⎧ MaxUi = Logy i + Logx1 + 2Logx2 + λ (3 − qy i )



⎨ sc
⎪qy + M − 3 = 0
⎩ i i

Qui donne le lagrangien :

L = Logy i + Logx1 + 2Logx2 + λ (3 − qy i )

On dérive par rapport au premier bien collectif x1 .

La consommation optimale du premier bien privé y1 est définie


par la condition :

δ yi 1
= −q +
δ xi yi

Qui implique :

1
yi = , i = 1,...m
q

Le consommateur atteint donc une satisfaction :

Ui = 2 − Logq + L og x1 + 2Logx2

-15-
La contrainte de financement du bien public impose que le prix à
la consommation q vérifie :

m
2m + (q − 1)∑ y1 = c1x1 + c2 x2
i =1

Et donc :

m(q − 1)
2m + = c1x1 + c2 x2
q

Ce qui implique :

m
q=
3m − c1x1 − c2 x2

En écrivant les niveaux d’utilité U1 = U2 = .. = Um en fonction de x1


et x2 , il vient :

U = 2 − Logm + 3Log(3m − c1x1 − c2 x2 ) + Logx1 + Log2

A l’optimum, on a :

δU −c1 1
= + =0
δ x1 3m − c1x1 − c2 x2 x1
δU −c2 1
= + =0
δ x2 3m − c1x1 − c2 x2 x2

Et ceci implique :

3m − c1x1 − c2 x2 = 0
6m − 2c1x1 − 3c2 x2 = 0

Et donc :

-16-
3m
x1 =
4c1
3m
x2 =
2c2

4
On a alors q = et la taxe unitaire sur le premier bien privé est
3
égale à 1/3. On a aussi Mi = 2 .

Remarquons que les productions optimales de biens collectifs


vérifient :

m 4c1
=
x1 3
2m 4c2
=
x2 3

En rapprochant ces égalités des conditions B.L.S., on voit que


les productions optimales de biens publics doivent vérifier
l’égalité de la somme des disponibilités marginales à payer
m 2m
( et ) pour les deux biens publics) et d’un coût fictif des
x1 x2
fonds publics obtenus en redressant les coûts marginaux c1 et
c2 par un coefficient qui tient compte de l’impossibilité de réali-
ser des prélèvements forfaitaires : 1 euro de coût comptable
supplémentaire se traduit ici par 4/3 euro de coût fictif des fonds
publics supplémentaires. L’impossibilité de réaliser les prélève-
ments forfaitaires désirés conduit donc à majorer le coût des
fonds publics de 1/3 par euro dépensé.

5 – CONCLUSION

Lindahl propose une solution parétienne où chaque individu


paye un prix personnalisé pour le bien collectif. Cette solution
recueille un vote unanime. Cette solution est impraticable, car les
individus n’ont aucune raison de révéler leur disposition à payer.

-17-
En conséquence, ils mentent et on obtient un équilibre de Nash-
Cournot, sous optimal.

Il convient donc de financer les biens collectifs par l’impôt. Le


prélèvement forfaitaire est une solution très efficace mais
politiquement mal acceptée, nous reviendrons sur ce point dans
e chapitre sur la taxation.

La taxation des autres biens, afin de financer les biens collectifs


est une solution, plus acceptable mais moins efficace. Il con-
vient de prendre en compte le coût de la distorsion (coût margi-
nal des fonds publics).

La taxation des usagers (péage ou taxe à la consommation) est


un bon compromis, bien que sous-optimal. On gagne en accep-
tabilité politique, mais on perd toujours le coût marginal des
fonds publics. Nous verrons cela en M2.

-18-

Vous aimerez peut-être aussi