Chapitre II

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CHAPITRE II

DEFAUTS DE LA STRUCTURE CRISTALLINE

1. Introduction
Les métaux utilisés dans l’industrie ne sont pas constitués de cristaux parfaits (dans
lesquels tous les nœuds seraient bien à leur place), ils ne sont généralement pas purs Les métaux
sont souvent utilisés sous forme d’alliages. La présence des impuretés (atomes étrangers) dans
les métaux engendrent la déformation du réseau cristallin du fait qu’ils ont un volume
différent par rapport au métal de base. Cette situation va engendrer des « erreurs » dans les
empilements qui peuvent être décrits comme des défauts ponctuels, linéaires ou plans.

2. Défauts ponctuels
Ce sont des défauts sans dimension qui ont une taille de l'ordre de la distance
interatomique. Il existe trois types de défauts ponctuels : les lacunes, les interstitiels et les
atomes en substitution, comme cela est décrit sur le schéma suivant.

Figure 1: Schéma des défauts ponctuels d’un cristal

a. Lacunes
Les lacunes sont des vides qui existent quand l’emplacement normal d’un atome (ou de
plusieurs contigus) n’est pas occupé. La présence d’une lacune dans le réseau provoque la
distorsion de celui-ci ; les atomes proches se déplacent vers le vide ainsi créé pour rétablir un
équilibre des forces de liaison. Les lacunes sont en perpétuel mouvement à l’intérieur du cristal
dû à l’agitation thermique. Ce mouvement se fait grâce à des permutations entre la lacune et
les atomes voisins. Les lacunes jouent un rôle fondamental dans la diffusion à l'état solide
qui engendre des déplacements d'atomes sur de longues distances et est à la base des
traitements thermiques.

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b. L’interstitiel
Ce défaut apparait lorsqu’un atome étranger de petite taille s’insère dans les espaces vides
du réseau cristallin. Lorsqu’un atome constitutif du cristal est placé en insertion, nous avons un
atome auto-interstitiel.

c. L’atome en substitution
Ce type de défaut ponctuel est observé lorsqu’un atome du réseau du métal de base est
remplacé par un atome étranger.

3. Défauts linéaires ou dislocations


Ces défauts appelés dislocations sont des perturbations importantes du réseau cristallin.
Ils sont à l’origine de tous les processus liés à la déformation plastique. On distingue
deux types de dislocations : dislocation coin et dislocation vis.

a. Dislocation coin

Figure 2: Une dislocation coin du point de vue des milieux continus (c’est-à-dire en faisant
abstraction des atomes)
La figure.2 présente une dislocation coin du point de vue des milieux continus (c’est-à-
dire en faisant abstraction des atomes). On crée une telle dislocation dans un bloc de matériau
en coupant le bloc jusqu’à la ligne marquée par un trait gras, puis en déplaçant le matériau
sous le plan de coupure par rapport à celui du dessus d’une distance b (une distance
interatomique) dans la direction perpendiculaire à la coupure trait gras, enfin en recollant les
parties déplacées. Le résultat à l’échelle atomique est présenté sur la figure. 3. Le matériau du
milieu de bloc contient à présent un demi-plan atomique dont la bordure inférieure est la ligne
en gras, la ligne de la dislocation. Ce défaut s’appelle une dislocation coin. Son symbole est ⊥

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Figure 3: Une dislocation coin avec représentation des atomes au voisinage de la dislocation
Le déplacement des dislocations produit la déformation plastique. La figure.4 montre
comment les atomes se réordonnent au passage de la dislocation, et pourquoi la partie
inférieure du cristal se déplace d’une distance b (appelée vecteur de Burgers) par rapport à la
partie supérieure lorsqu’une dislocation traverse le cristal de part en part.

Figure 4: Déplacement d’une dislocation dans un cristal


Le schéma montre comment les liaisons atomiques du cœur de la dislocation se brisent
et se referment pour permettre le mouvement de la dislocation.

b. Dislocation vis :
La dislocation vis est représentée schématiquement par la figure.5; elle résulte
d’un cisaillement de deux portions d’un cristal l’une par rapport à l’autre, effectué le
long d’un plan cristallographique. Elle est ainsi appelée parce qu’elle transforme les plans
atomiques en une surface hélicoïdale, comme la gorge d’une vis. Comme la dislocation coin,
elle crée une déformation plastique en se déplaçant. Ses propriétés sont celles d’une dislocation
coin. Toute dislocation d’un cristal est vis, coin ou mixte.

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Figure 5: Une dislocation vis (a) du point de vue des milieux continus, et b) en représentant
les positions des atomes

4. Interaction avec des défauts ponctuels


Les dislocations attirent les atomes ne faisant pas partie du réseau (atomes étrangers :
impuretés ou éléments d'alliage). Si ces atomes étrangers sont mobiles, ils migrent vers les
dislocations et constituent un « nuage de Cottrell ». Ce nuage de Cottrell gêne le mouvement
des dislocations, ceci explique que les métaux purs sont plus ductiles que les alliages.

a. Forces agissant sur une dislocation


Une contrainte de cission (τ) exerce une force sur une dislocation et la déplace à travers
le cristal. Pour que la déformation plastique se produise, cette force doit être suffisamment
grande pour vaincre la résistance au mouvement de la dislocation. Cette résistance est due à une
friction interne, qui s’oppose au mouvement des dislocations ; par ailleurs, l’alliage ou
l’écrouissage du matériau y contribuent aussi. La valeur de la force est τ.b par unité
de longueur de la dislocation. Le travail effectué par la contrainte appliquée lorsque la
dislocation traverse le cristal de part en part est égal au travail de la force f qui s’oppose au
mouvement.

Figure 6: La force agissant sur une dislocation

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La partie supérieure se déplace d’une distance b par rapport à la base, et le travail effectué par
la contrainte appliquée vaut τl1l2b. En traversant le cristal, la dislocation de longueur l 1
se déplace d’une distance l2 en surmontant la résistance f par unité de longueur ; son travail est
fl1l2. L’égalité des deux travaux aboutit à : τb = f ce résultat est valable pour une dislocation
coin, vis ou mixte.

b. Mouvement des Dislocations


Le processus de déplacement des dislocations dans leurs plans de glissement constitue la base
du mécanisme de la déformation plastique à basse température (T< 0,4 Tm) dans la
plupart des matériaux cristallins (métaux). La déformation plastique est facilitée par la présence
des dislocations. Elle est induite par la propagation des dislocations. Pour se représenter leur
mouvement, on peut utiliser l’image d'un lourd tapis que l'on voudrait déplacer sur le sol.

Figure 7: La propagation d’un pli le long d’un tapis, analogue du mouvement d’une
dislocation coin
Deux méthodes sont utilisables : soit tirer le tapis pour le faire glisser, soit créé une
ondulation à un bord et la faire propager à travers le tapis. La première méthode correspond au
cas d'un glissement suivant un plan compact, la seconde donne une image de la
propagation des dislocations dans les cristaux.

5. Défauts plans
Il existe un certain nombre de défauts plans parmi lesquels nous pouvons citer que ceux
ayant une importance particulière à savoir :

a. Les joints de grains


Ce sont les zones de grand désordre (ayant une épaisseur de l’ordre de quelques
distances interatomiques) séparant les cristaux dans un même solide polycristallin

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Figure 8: Description schématique d’un joint de grain
Les matériaux cristallins utilisés couramment, sont généralement polycristallins. Ils ne
sont pas formés d'un seul grain (monocristal) mais d'un ensemble de grains de taille plus ou
moins grande (de 1 μm à plusieurs centimètres selon le mode d'élaboration et les
traitements subis par le matériau). Ces grains sont juxtaposés et les régions où les différents
grains sont en contact sont appelés les joints de grains. Ces régions sont des zones de
transition caractérisées par des structures plus ou moins perturbées qui permettent
l'accomodation géométrique et cristallographique des grains constitutifs du polycristal. De
manière générale, les joints de grains sont à la fois des sources et des pièges pour les défauts
ponctuels et les dislocations.

b. Les joints de macles


Un joint de macle est un plan (dans lequel les nœuds restent correctement ordonnés
selon le système cristallin du métal) de part et d’autre duquel les réseaux des deux
cristaux sont symétriques (et non plus alignés comme ce serait le cas dans un cristal unique).
Les macles apparaissent fréquemment au cours de la déformation plastique des métaux CFC.
Le maclage se rencontre souvent dans les cristaux hexagonaux, car ceux-ci possèdent
moins de possibilités de glissement que les cristaux cubiques.

Figure 9: Maclage et joints de macles

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6. Défauts volumique 3D
Les défauts volumiques sont des agrégats à trois dimensions d'atomes ou de lacunes. Ils sont
répertoriés en trois classes : les pores, les inclusions et les précipités.

a. Les pores
Ce sont des cavités formées dans un cristal ou d’un polycristal à la suite de l’agglomération de
lacunes. Ils ont pour effet de diminuer la résistance mécanique du matériau et de favoriser la
rupture à de faible charge.

b. Les inclusions
Les inclusions sont des particules de nature différente (des impuretés) enrobées dans le matériau
qui proviennent de son élaboration a l’état liquide. Leur présence est indésirable car ce sont des
sites préférentiel pour la rupture et altèrent les propriétés électriques des dispositifs
microélectroniques en introduisant des effets indésirables.

c. Les précipités
Les précipités sont de petites particules de nature différente de l'environnement formées entre
le métal de base et un élément d’alliage. La taille des précipites et la distance les séparant
influencent les propriétés mécaniques des matériaux.

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