Droit Commercial 2
Droit Commercial 2
Droit Commercial 2
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2. La dissolution judiciaire pour juste motif .............................................. 45
Paragraphe 2 : Les effets de la dissolution ........................................................ 46
A) La publicité de la dissolution .................................................................. 46
B) La survie de la personnalité morale de la société en liquidation ....... 47
C) Les opérations de liquidation et de partage .......................................... 47
4
Introduction
Le règne juridique connaît des personnes physiques et des personnes morales, celles-
ci se décomposant entre autres en sociétés et en associations.
Le mot société a deux sens. Il désigne d’une part le contrat par lequel deux ou
plusieurs personnes conviennent de mettre quelque chose en commun en vue de se
partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. C’est l’acte
constitutif de la société. Exceptionnellement, dans les cas prévus par l’Acte uniforme
relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique,
une société peut être créée par l’acte de volonté d’une seule personne. D’autre part, il
désigne la personne juridique, dite personne morale, à laquelle est affectée la
« chose » mise en commun, et qui est investie de la capacité juridique d’agir au nom
et dans l’intérêt de la collectivité (les personnes en cause).
De forme et de dimensions très variables, les sociétés ont un poids considérable dans
la vie économique. Elles présentent donc des intérêts certains. Le premier de ces
intérêts est que la société est une technique d’organisation, organisation du
partenariat, organisation de l’entreprise, organisation du patrimoine. La création
d’une société répond aussi le plus souvent à d’impératifs besoins financiers (investir
une fortune, attirer des capitaux, …). La société présente en outre un intérêt fiscal
certain. En effet, la fiscalité n’est pas neutre. La pression fiscale varie selon que l’on
adopte telle ou telle structure juridique ou tel ou tel mécanisme sociétaire.
La diversité de ces intérêts influence les formes des sociétés. Ainsi, il est possible de
distinguer les sociétés civiles des sociétés commerciales. Les sociétés civiles ne
peuvent effectuer que des opérations de caractère civil (activités libérales,
agriculture, construction immobilière, …). Leurs associés sont personnellement et
indéfiniment responsables des dettes sociales, proportionnellement à leurs apports.
Les sociétés commerciales sont l’objet de ce présent cours. LA commercialité de la
société est déterminée par sa forme ou par son objet. Sont commerciales en raison de
leur forme et quel que soit leur objet la société en nom collectif, la société en
commandite simple, la société à responsabilité limitée, la société anonyme et la
société par actions simplifiée. La commercialité par l’objet est acquise lorsque la
société accomplit des actes de commerce par nature à titre de profession habituelle.
Constituant la summa divisio, cette distinction s’atténue de plus en plus, la
5
règlementation des sociétés civiles se rapprochant de celle des sociétés commerciales
(voir ouvrages). Ensuite, il est possible de distinguer les sociétés de personne des
sociétés de capitaux. Dans les sociétés de personnes, l’intuitus personae est primordial.
La part de l’associé n’est cessible qu’avec le consentement des autres associés et le
décès ou l’incapacité de l’un d’eux met, en principe, fin à la société. La SNC et la SCS
ainsi que les sociétés civiles sont des sociétés de personnes. A l’opposé, dans les
sociétés de capitaux, la personne de l’associé est indifférente et chaque associé n’est
tenu que dans la limite de son apport. L’action qu’il reçoit est librement négociable et
la mort ou l’incapacité d’un actionnaire n’entraîne pas la dissolution de la société.
Enfin, il faut distinguer les sociétés faisant ou non publiquement appel à l’épargne.
Ces sociétés doivent être distinguées de l’association. La société a pour vocation le
partage de bénéfice entre associés tandis que l’association est un groupement de
personnes formé dans un but autre que de se partager des bénéfices. Elle est un
groupe à but non lucratif alors que la société est à but lucratif. Cette distinction
n’empêche pas que l’association et la société puissent entrer en concurrence. En effet,
la Cour de cassation française a jugé que la recherche d’économies, par opposition à
la recherche et au partage de bénéfices, n’était pas contraire à l’idéal de l’association1.
Or, aux termes de l’art. 4 AUSCGIE, la société peut avoir pour objet « de profiter de
l’économie qui peut en résulter ».
De même, la société doit être distinguée du GIE. Comme le GIE, la société peut être
constituée dans le seul but de faire profiter ses membres des économies résultant de
son action. Mais, la différence fondamentale entre la société commerciale et le GIE
découle du fait que le GIE doit être un prolongement de l’activité économique de ses
membres, ce qui limite l’étendue de son objet alors que la société peut avoir un objet
extrêmement large, et au besoin sans rapport avec l’activité de ses membres. Par
ailleurs, le but du GIE n’est pas de réaliser des bénéfices pour lui-même. Nous
verrons plus tard que dans l’espace OHADA, le GIE est souvent détourné de sa
finalité première.
Le droit des sociétés commerciales et des GIE est régi par l’Acte Uniforme relatif au
droit des sociétés commerciales et du GIE de l’OHADA. La première version de cet
1
11 mars 1914, Caisse rurale de Manigod
2
P. S. A. BADJI, Réforme du droit des sociétés commerciales OHADA, Dakar, L’Harmattan, 2016 ; A. AKAM
6
Acte uniforme est entrée en vigueur le 1er janvier 1998. Mais, il n’a eu la plénitude de
ses effets qu’à partir de janvier 2000 en raison de la période transitoire qui a été
aménagée pour permettre aux sociétés antérieurement constituées de mettre en
harmonie leurs statuts avec les nouvelles dispositions. Cet Acte uniforme a été révisé
en 2014 et c’est cette version qui est aujourd’hui applicables aux sociétés
commerciales dans l’espace OHADA. La révision de l’Acte Uniforme relatif au droit
des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique (AUSCGIE)
intervenue le 30 janvier 2014 à Ouagadougou a été l’occasion d’introduire des
innovations majeures dans le droit OHADA des sociétés commerciales2. Cette
évolution positive s’est opérée sur le plan non seulement financier mais aussi
juridique. Sur le plan financier, le législateur OHADA a procédé à un élargissement
des mécanismes de financement de la société commerciale avec la consécration des
actions de préférence3 et des valeurs mobilières composées4. A côté de ces
mécanismes de financement, la variabilité du capital est désormais admise5 et les
bureaux de représentation ou de liaison ont maintenant droit de cité6. Mais, c’est sur
le plan juridique que le législateur OHADA a procédé à une innovation d’ampleur
phénoménale avec un « essor du concept contractuel » porté par l’élargissement des
possibilités d’expression de la liberté contractuelle dans l’organisation des sociétés7.
La révision du droit des sociétés commerciales a permis un allègement de la
réglementation applicable aux sociétés de capitaux. Il faut aussi noter l’introduction
de la société par actions simplifiée.
Cet Acte uniforme s’applique à toutes les sociétés commerciales et les GIE ayant leur
siège social dans l’espace OHADA. En effet, aux termes de son article premier,
« toute société commerciale, y compris celle dans laquelle un Etat ou une personne
morale de droit public est associé, dont le siège social est situé sur le territoire de l’un
des Etats parties au Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique
2
P. S. A. BADJI, Réforme du droit des sociétés commerciales OHADA, Dakar, L’Harmattan, 2016 ; A. AKAM
AKAM, V BAKREO, Droit des sociétés commerciales OHADA, L’Harmattan, 2017 ; M. GUEYE, « Liberté
contractuelle et ordre public dans le nouvel acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales », Annales
Africaines, V. 1, avril 2015, p. 333 s. ; Le nouvel acte uniforme sur le droit des sociétés commerciales, Penant,
numéro spécial, avril-juin 2014, p. 151 s.
3
Articles 778-1 à 778-15 de l’AUSCGIE.
4
Articles 822 à 822-21 de l’AUSCGIE.
5
Articles 269-1 à 269-7 de l’AUSCGIE.
6
Articles 120-1 à 120 -5 de l’AUSCGIE.
7
A. D. EYANGO DJOMBI, « La contractualisation du droit des sociétés commerciales de l’OHADA », Penant,
n° 893, oct.-déc. 2015, p. 433 s.
7
est soumise aux dispositions du présent Acte Uniforme ». L’applicabilité du droit
OHADA des sociétés commerciales n’exclut pas celle des lois nationales non
contraires.
Sauf dans les cas où l’Acte autorise expressément l’associé unique ou les associés à
lui substituer des dispositions dont ils sont convenus ou à le compléter par des
stipulations propres, les dispositions de l’Acte Uniforme sont d’ordre public. La
violation de ce caractère peut entraîner soit l’annulation de la clause soit sa
réputation non écrite.
Le droit OHADA des sociétés commerciales ne tranche pas la question de la nature
juridique de la société. Cette question est classique. Le débat est renouvelé par l’Acte
uniforme qui autorise la création de sociétés unipersonnelles. La société trouve sa
source dans une manifestation de volonté, un acte juridique. Cette qualification
résulte des termes mêmes des articles 4 et 5 AUSCGIE. Mais, est-elle un contrat ou
une institution ?
La conception contractuelle a prévalu au XIX siècle. C’est le code civil qui a perçu la
société comme un contrat mettant l’accent sur l’autonomie de la volonté. Ainsi, la
société doit respecter les conditions de validité des contrats et certaines de ses règles
de fonctionnement s’expliquent par le droit des contrats. Mais, la qualification
contractuelle de la société est peu compatible avec d’autres règles du fonctionnement
sociétaire. Le principe majoritaire, le développement d’une règlementation
contraignante, la considération d’un intérêt de la société distinct de l’intérêt
personnel de ses membres, le souci d’assurer la pérennité de la société ont conduit à
penser que la société n’était pas un pur produit de la volonté égoïste de ses membres
mais était au contraire un être social dépassant les volontés individuelles, une
institution. L’institution « est un ensemble de règles qui organisent de façon
impérative et durable un groupement de personnes autour d’un but déterminé ; les
droits et intérêts privés sont subordonnés au but social qu’il s’agit d’atteindre ». La
conception institutionnelle a permis de mettre en lumière les particularités du contrat
de société. Elle est admise par la jurisprudence et consacrée par la loi. En effet, la
théorie contractuelle est complètement inadaptée au concept de société
unipersonnelle.
8
Au demeurant, aucune des deux conceptions n’est satisfaisante en elle-même. Il faut
donc reconnaître qu’au sein de la société, coexistent des règles de type institutionnel
et des règles de type contractuel.
Les règles communes à toutes les sociétés commerciales seront ici envisagées. C’est
dire qu’il existe un droit commun des sociétés, englobant les règles générales
applicables à toutes les sociétés. Il concerne les règles relatives à la naissance de la
société et à la vie de la société.
9
Titre 1 : La naissance de la société
Le terme société renvoyant à deux réalités juridiques, notre attention se portera sur
ces deux éléments distincts que sont le contrat de société et la personnalité morale de
la société.
Le contrat donne naissance à la société laquelle acquiert la personnalité juridique par
la réalisation d’une formalité particulière, l’immatriculation. Mais, tout contrat de
société ne donne pas le jour à une personne juridique. Certaines sociétés restent
purement contractuelles. Pour de telles sociétés, la naissance s’achève avec la
signature du contrat ou s’induit d’un comportement. Ces situations sont
minoritaires. Mais le droit OHADA les envisage.
Paragraphe 1 : Le consentement
Paragraphe 2 : La capacité
11
La validité de la société entre époux est donc reconnue sous la restriction,
importante, qu’ils ne peuvent être ensemble associés dans une société qui leur
conférerait la qualité de commerçant. Autrement dit, il est interdit à deux époux
d’être associés d’une SNC ou associés commandités. Par contre, ils peuvent être
actionnaires d’une SA ou d’une SAS, associés d’une SARL ou commanditaire d’une
SCS. De même, ils peuvent être l’un commanditaire et l’autre commandité d’une
SCS.
Paragraphe 3 : L’objet
L’objet du contrat de société est l’affectation à une activité de biens dans le but de
partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. De fait,
l’objet de la société, l’objet social, peut être défini comme le type d’activité choisi par
la société pour faire des bénéfices ou réaliser des économies. Il ne doit pas être
confondu avec l’intérêt social. Celui-ci est non seulement l’intérêt des associés mais
aussi l’intérêt de l’institution elle-même, avec ses salariés et ses créanciers.
L’objet social doit exister (art. 19 AUSCGIE) et être déterminé dans les statuts (art. 13
et art. 19 AUSCGIE). L’article 19 exige que l’objet soit décrit. Cette description ne doit
être ni trop vague, ni trop rigide. Aussi, les statuts donnent souvent une énumération
des opérations que la société peut accomplir en indiquant qu’elle pourra réaliser ou
participer à toutes opérations se rattachant directement ou indirectement aux
activités spécifiées. Cette « clause parapluie » permet de respecter le principe de
spécialité de l’objet.
L’objet doit par ailleurs être licite, c'est-à-dire n’être pas contraire à l’ordre public et
aux bonnes mœurs (art. 20 AUSCGIE). La licéité de l’objet s’apprécie à partir de
l’activité réellement exercée par la société et non à partir de celle indiquée dans les
statuts.
De fait, l’objet est d’une importance capitale dans la société. C’est en référence à cet
objet que l’on détermine si la société est civile ou commerciale (art. 6 AUSCGIE)
lorsque la forme ne dicte pas la solution. En outre, la plénitude des pouvoirs des
dirigeants des sociétés à risques illimitées trouve une limite dans l’objet social alors
que dans le cadre d’une société à risque limité, le dépassement de l’objet social ne
12
saurait être opposé aux tiers contractants de bonne foi. Ensuite, la réalisation ou
l’extinction de l’objet social entraînent en principe la dissolution de la société. Le
changement complet d’objet social ou d’activité réelle vaut cessation d’entreprise au
regard du droit fiscal. Enfin, c’est au regard de l’objet social que peut s’apprécier la
validité de certaines cessions d’actions.
Paragraphe 4 : La cause
Diverses formalités doivent être accomplies avant que la société n’accède à la vie
juridique. Deux phases peuvent être distinguées : la première est antérieure à la
signature des statuts, la seconde lui est postérieure.
C’est la phase de la négociation et des pourparlers entre les fondateurs. Durant cette
période, il faut choisir le type de société, fixer le montant du capital social, choisir son
lieu d’implantation, son siège social. Les accords obtenus durant cette phase peuvent
être cristallisés dans une promesse de société. Sur cette base, le contrat de société doit
être établi par écrit (art. 10 et 11 AUSCGIE). En effet, l’art. 10 prévoit que les statuts
soient établis par acte notarié ou par tout acte offrant des garanties d’authenticité.
Cependant, il est possible, aux termes de l’art. 11, de les rédiger par acte sous seing
privé. Dans ce cas, le passage devant le notaire reste obligatoire mais, il faut établir
autant d’originaux qu’il est nécessaire.
Enfin, les statuts doivent être signés par les associés, directement ou par
l’intermédiaire d’un mandataire. En tant que contrat, la société est conclue au jour de
13
la signature des statuts. Et jusqu’à l’immatriculation, c’est le contrat de société qui
régit les rapports entre les associés.
C’est la phase des formalités postérieures à la signature des statuts. Elle concerne
l’enregistrement de l’acte de société (formalité fiscale), l’insertion dans un journal
d’annonces légales d’un avis de constitution de la société, le dépôt au greffe des actes
constitutifs en annexe au RCCM, la déclaration de régularité et de conformité et
l’immatriculation au RCCM.
Ces conditions mettent en évidence les caractères fondamentaux des sociétés. Elles
concernent la mise en commun d’apports, la participation aux résultats et l’affectio
societatis.
A) L’exigence d’apports
Aux termes de l’art. 37 AUSCGIE, « chaque associé doit faire un apport à la société ».
Sans apport, il n’est pas de société. L’apport est le contrat par lequel l’associé affecte
un bien à la société en contrepartie de la remise de titres sociaux (art. 38 AUSCGIE).
Tout aspirant associé doit apporter une somme d’argent, un bien ou son talent, d’où
la distinction des apports en numéraire, en nature ou en industrie. Par l’acte
d’apport, les associés scellent le pacte social et manifestent leur volonté d’y adhérer,
autrement dit, leur affectio societatis. Par là, ils rendent aussi possible
l’accomplissement de l’entreprise commune qui constitue l’objet de la société.
14
Les apports constituent le patrimoine initial de la société. Ils peuvent être d’inégale
importance mais doivent être effectifs. L’absence d’apport ou un apport fictif peut
entraîner la nullité de la société. Est fictif l’apport d’un bien sans valeur et sans utilité
ou d’un bien grevé d’un passif supérieur à la valeur brute de ce bien. (C’est la même
de ne rien apporter que d’apporter quelque chose qui ne sert à rien ou ne vaut rien).
Si l’apport est surévalué, la responsabilité de l’apporteur en engagée. Mais, la
surévaluation n’est pas cause de nullité de cet apport, sauf fraude ou dol.
1. L’apport en numéraire
L’apport en numéraire est un apport de somme d’argent. L’art. 41 dispose que « les
apports en numéraire sont réalisés par le transfert à la société de la propriété des
sommes d’argent que l’associé s’est engagé à lui apporter ». L’apport en numéraire
ne doit pas confondu avec l’avance en compte courant qui représente un prêt
consenti par l’associé à la société. Dans les deux cas, il y a remise d’une somme
d’argent. Mais, dans le premier, l’associé reçoit en contrepartie des droits sociaux
tandis que dans le second il ne peut faire valoir que sa qualité de prêteur.
Il faut par ailleurs distinguer la souscription et la libération de l’apport en numéraire.
Par la souscription, l’associé s’engage à effectuer un apport d’un montant déterminé ;
la société n’est créée qu’autant que la totalité du capital est souscrite. Par la
libération, l’associé exécute son engagement, c'est-à-dire verse la somme promise. En
cas d’inexécution de sa promesse d’apport, l’associé défaillant devient de plein droit
débiteur des intérêts de la somme due à compter du jour où le versement devait être
effectué. De même des dommages-intérêts peuvent être alloués à la société (art. 43).
La qualité d’associé est acquise, quelle que soit la date de libération, dès la
souscription.
15
2. L’apport en nature
L’apport en nature est l’apport d’un bien autre que de l’argent ou une industrie.
L’article 45 dispose que « les apports en nature sont réalisés par le transfert des droits
réels ou personnels correspondant aux biens apportés et par la mise à la disposition
effective de la société des biens sur lesquels portent ces droits. »
Le bien apporté peut être un meuble ou un immeuble ; un bien corporel ou un bien
incorporel. L’apport peut être en propriété, en jouissance ou en usufruit du bien
apporté.
L’apport en propriété se réalise par le transfert à la société de la propriété du bien
apporté et par sa mise à la disposition effective de la société (art. 45). C’est un apport
qui se rapproche de la vente. Ainsi, tel un acheteur, la société devient propriétaire du
bien apporté. Propriétaire, elle peut en user et en abuser ; elle en supporte également
les risques. De même, l’apporteur est garant envers la société comme un vendeur
envers sons acheteur, qu’il s’agisse de la garantie d’éviction ou de la garantie des
vices cachés (art. 46). Mais, l’apporteur n’est pas un vendeur. Aussi, en contrepartie
de la propriété, il reçoit des parts sociales ou des actions dont la valeur varie en
fonction des résultats de l’exploitation sociale alors que le vendeur reçoit une somme
d’argent.
Le transfert de propriété des biens apportés n’intervient qu’au jour où la société est
immatriculée puisque c’est à cette date seulement qu’elle acquiert la personnalité
juridique et peut disposer d’un patrimoine propre. Lorsque le transfert de propriété
du bien est soumis à publicité, il n’est opposable aux tiers qu’après accomplissement
de ces formalités. Toutefois, cette publicité peut être effectuée dès la signature des
statuts et avant immatriculation de la société sous la condition que celle-ci
intervienne. A compter de l’immatriculation, les effets de la formalité rétroagissent à
la date de son accomplissement.
L’apport en jouissance fait penser au bail. L’article 47 dispose d’ailleurs que « lorsque
l’apport est en jouissance, l’apporteur est garant envers la société comme un bailleur
envers son preneur ». Avec cette forme d’apport, l’apporteur met un bien à la
disposition de la société qui en a le libre usage, mais il en reste le propriétaire. Ainsi,
16
à la dissolution de la société, l’apporteur en jouissance reprend la propriété du bien,
celui-ci n’étant pas compris dans le patrimoine social.
Toutefois, lorsque l'apport porte sur des choses de genre ou sur tous autres biens
normalement appelés à être renouvelés pendant la durée de la société, le contrat
transfère à celle-ci la propriété des biens apportés, à charge d'en rendre une pareille
quantité, qualité et valeur.
3. L’apport en industrie
L’apport en industrie est un apport de connaissances techniques ou professionnelles
ou des services. Il s’agit pour un associé d’apporter son talent, c'est-à-dire ses
connaissances techniques, ses services, son travail, qu’il exercera au profit de la
société.
Les statuts décrivent l'apport en industrie et déterminent les modalités de sa
libération y compris la durée des prestations fournies par l'apporteur, le nombre de
titres sociaux attribués en rémunération de ces prestations et les droits attachés à ces
titres dans le partage des bénéfices et de l'actif net. Ces titres ne sont ni cessibles ni
transmissibles.
L’apporteur en industrie doit rendre à la société la contribution promise et lui doit
compte de tous les gains qu'il a réalisés par l'activité faisant l'objet de son apport. Ne
pouvant servir de gage aux créanciers sociaux, les apports en industrie ne peuvent
17
concourir à la formation du capital social. Aussi, il ne peut y avoir d’apport en
industrie dans une SA. Avant la révision de 2014, il n’était pas non plus possible dans
la SARL
Les droits de vote attachés aux titres sociaux résultant d'apports en industrie ne
peuvent être supérieurs à vingt-cinq pour cent (25%) de l'ensemble des droits de
vote. La part totale attachée à ces titres sociaux ne peut excéder vingt-cinq pour cent
(25%) des bénéfices, de l'actif net et des pertes de la société.
Le contrat de société participe du jeu de hasard : on ne gagne pas à tous les coups et
il faut savoir perdre. Aussi, à côté de la vocation aux bénéfices et aux économies, il
convient de ne pas faire silence sur l’éventuelle contribution aux pertes.
L’article 4 dispose que la société est créée « dans le but de partager le bénéfice ou de
profiter de l’économie » qui pourra résulter de l’affectation de biens à une activité. Le
bénéfice est un gain pécuniaire ou un gain matériel qui ajoute à la fortune des
associés8. Le gain pécuniaire est un enrichissement en argent caractérisé par les
dividendes distribués par la société. Le bénéfice consiste plus rarement en un gain
matériel (distribution d’actions ou de produits fabriqués par la société, jouissance
d’un bien commun).
L’économie recherchée consiste en une économie en numéraire. Elle peut également
consister en une atténuation d’une perte.
8
Cass. com., 14 mars 1914, Caisse rurale de la Commune de Manigod, D.P. 1914, I, 257
18
défigure le bilan de la société mais n’affecte en rien le portefeuille des associés. La
contribution de chaque associé aux pertes éventuelles se déterminera à la liquidation
de la société. Mais ce n’est pas une règle d’ordre public. La loi et les statuts peuvent
prévoir que les associés exécuteront leur obligation de contribution en cours de vie
sociale, à la clôture de chaque exercice par exemple.
La participation aux résultats doit exister au profit de tous les associés. Cependant, il
n’est pas nécessaire qu’elle soit égale pour tous. Ainsi, les clauses d’inégalité de
traitement sont permises (art. 54). Dans le silence des statuts, la part des associés
dans les bénéfices et les pertes est proportionnelle à leurs apports (art. 54). Mais, ils
peuvent organiser un mode répartition inégalitaire, certains associés recevant une
part de bénéfices plus importante que leur participation au capital ou à l’inverse
participant aux pertes dans une proportion moindre.
En revanche est interdite, la stipulation qui attribuerait « à un associé la totalité du
profit procuré par la société ou l’exonérant de la totalité des pertes, ainsi que celles
excluant un associé totalement du profit ou mettant à sa charge la totalité des pertes »
(art. 54 al. 2). Dites clauses léonines9, ces stipulations sont réputées non écrites, ce qui
signifient qu’elles ne produisent aucun effet, mais n’entraînent pas la nullité de la
société.
9
La clause léonine permet à un associé de sa tailler la part du lion, en référence à la fable de La Fontaine, La
génisse, la chèvre et la brebis en société avec le lion
10
C’est plus un sentiment qu’une notion juridique
11 e
3 civ., 8 janv. 1975, Rev. Soc. 1976, 301, 1, « la nullité d’une société pour défaut d’affectio societatis entraîne
l’inexistence de tout lien véritable d’association entre les pseudo-associés »
19
un pied d’égalité, au succès de l’entreprise commune. Il ne s’agit, ni plus ni moins,
que de la volonté de participer au pacte social.
En tant que volonté de s’associer, l’affectio societatis existe dans toutes les sociétés.
Mais, son contenu est variable selon que la forme choisie et la rédaction du pacte
social prennent plus ou moins en compte les motivations particulières des associés.
Cette volonté commune doit exister non seulement au moment de la création de la
société mais aussi se prolonger pendant toute la vie sociale. Le plus souvent, on en
appelle à cette notion en cas de doute, dans des situations pathologiques. Ainsi, elle
permet de déceler le vice éventuel de fictivité ou de caractériser la société créée de
fait. En cas de crise grave, lorsque la mésentente paralyse la société, lorsque
l’animosité des associés a chassé toute affectio societatis, le juge peut être amené à
prononcé la dissolution de la société.
La sanction normale d’un acte irrégulier est son annulation. Pareil anéantissement est
grave, d’autant que la société affectée vit souvent de façon normale, sans que rien ne
puisse laisser deviner, aux associés comme aux tiers, le germe de mort qui l’infeste.
Par ailleurs, la société est plus qu’un contrat : elle donne naissance à une personne.
Son annulation vaut donc condamnation à mort d’un être vivant prononcée par un
juge.
Il faut envisager les causes de nullité, l’action en nullité et les effets de la nullité.
Aux termes de l’art. 242 AUSCGIE, « la nullité d’une société ne peut résulter que
d’une disposition expresse du présent Acte uniforme ou des textes régissant la nullité
des contrats en général et du contrat de société en particulier ». Ce texte délimite
strictement les causes de nullité. Celles-ci résultent d’une disposition expresse de
l’AUSCGIE ou du droit des contrats.
20
Le droit des sociétés contient nombre de dispositions impératives qui ne sont pas
sanctionnées par la nullité. La sanction est d’une autre nature ; les clauses statutaires
qui leur seraient contraires sont réputées non écrites. Mais, l’AUSCGIE maintient
quelques causes de nullité pour inobservation des conditions de fond et une cause de
nullité pour les conditions de forme. Cette dernière concerne le non accomplissement
des formalités de publicité pour la constitution d’une SNC ou d’une SCS (art. 245).
Au demeurant, cette nullité peut ne pas être prononcée si aucune fraude n’a été
constatée.
Sous cet angle, il faut distinguer les causes de nullité applicables à tous les contrats et
la nullité fondée sur le régime spécial du contrat de société.
Doit être annulée la société dans laquelle n’auraient pas été respectées les
dispositions relatives au consentement, la capacité, l’objet et la cause. Il faut préciser
cependant :
• Dans les SNC et les SCS, la nullité peut être prononcée pour défaut ou vice du
consentement, incapacité d’un ou plusieurs associés, illicéité ou défaut d’objet,
absence de cause ou cause illicite ;
• En revanche, la nullité d’une SARL, d’une SA ou d’une SAS ne peut résulter ni
du vice du consentement, ni d’une incapacité « à moins que celle-ci n’atteigne
tous les associés fondateurs » (art. 242). Cependant, ces sociétés peuvent être
annulées pour non respect des dispositions sur la cause ou sur l’objet. Est
nulle la société qui aurait un objet illicite ou immoral ou qui n’aurait pas été
constituée dans l’intérêt commun des associés.
• Sont annulables, les sociétés qui n’ont qu’un associé dès l’origine (sauf le cas
de la SURL, de la SAU et de la SASU) ou dans lesquelles un apport est
inexistant ou fictif ou dans lesquelles les associés n’ont pas l’affectio societatis.
• Enfin, on estime que la fraude est une cause générale de nullité des sociétés en
application de l’adage fraus omnia corrumpit : la fraude corrompt toute chose.
21
L’action en nullité est soumise à un régime strict. Les personnes pouvant agir sont
limitées, le délai de prescription est court et la nullité peut être régularisée.
C) La régularisation de la société
22
Si, pour couvrir une nullité, une assemblée doit être convoquée et s'il est justifié
d'une convocation régulière de cette assemblée, la juridiction compétente accorde le
délai nécessaire pour que les associés puissent prendre une décision.
Lorsque l’action est fondée sur un vice du consentement ou l’incapacité, la
régularisation est facilitée par le biais d’une action interrogatoire : celui par qui la
nullité risque d’arriver peut être mis en demeure d’agir en nullité dans un délai de
six mois ou de régulariser (art. 248). La société ou un associé peut soumettre à la
juridiction compétente saisie dans le délai prévu à l'article précédent, toute mesure
susceptible de supprimer l'intérêt à agir du demandeur notamment le rachat des
titres sociaux de l'associé incapable ou dont le consentement a été vicié.
Lorsque la nullité est fondée sur un défaut de publicité, toute personne y ayant
intérêt peut mettre la société en demeure de procéder à la régularisation. La société
dispose d’un délai de 30 jours.
Si la nullité est prononcée, ses effets sont sérieusement atténués par rapport au droit
commun des nullités. En revanche, la responsabilité de ceux auxquels la nullité est
imputable est nettement reconnue.
Lorsque la nullité de la société est prononcée, elle met fin, sans rétroactivité, à
l’exécution du contrat (art. 253). La société n’est nulle que pour l’avenir. Pour le
passé, elle a fonctionné comme une société de fait. Lorsqu’elle comporte plusieurs
associés, elle doit être liquidée conformément aux règles applicables à la liquidation
des sociétés commerciales, comme si elle était dissoute après avoir existé.
Les tiers qui se sont fiés à l’apparence de régularité peuvent demander l’exécution
des engagements pris par les dirigeants. L’Acte uniforme dispose en effet que « ni la
société ni les associés ne peuvent se prévaloir d’une nullité à l’égard des tiers de
bonne foi » (art. 255 al. 1er). Par contre, la nullité pour vice de consentement ou pour
incapacité est opposable, même aux tiers de bonne foi, par l'incapable ou par son
représentant légal ou par la personne dont le consentement a été vicié.
23
B) Les responsabilités
24
Chapitre 2 : La personnalité morale de la société
La personne morale n’est pas une personne, du moins pas une personne physique.
Pourquoi alors parler de personne et de personne morale en plus ? La personnalité
morale permet à la société d’avoir un patrimoine distinct des patrimoines personnels
de ses membres et une identité propre, avec un nom, un domicile, une nationalité,
une pleine capacité juridique.
Deux théories se sont principalement affrontées à propos de la nature de la
personnalité morale : celle de la fiction et celle de la réalité technique. Selon la
théorie classique de la fiction, la personnalité morale ne peut exister que si elle est
reconnue expressément ou implicitement par le législateur, seul capable de créer des
fictions. Au contraire, pour les tenants de la réalité technique, la personne morale est
une réalité qui existe dès lors que certaines conditions sont réunies, même dans le
silence de la loi. Plus précisément, un groupement dispose de la personnalité
juridique dès qu’il possède un intérêt distinct des intérêts individuels et une
organisation capable de dégager une volonté collective qui puisse représenter et
défendre cet intérêt.
Pour les sociétés, la loi s’est prononcée en faveur de la fiction. En effet, l’octroi de la
personnalité dépend d’une formalité, l’immatriculation au RCCM.
Chronologiquement, il faut envisager, sous l’angle de la personnalité morale, la
conception de la société et le sort des actes accomplis durant la période constitutive.
Dès la signature des statuts, la société est créée, bien qu’elle n’ait pas la personnalité
morale. Il peut se dérouler un temps plus ou moins long entre cette signature et
l’immatriculation au RCCM. Durant cette période de fondation, les rapports entre
associés vont être régis par le contrat de société et par les principes généraux du droit
25
applicables aux contrats et obligations (art. 105). La question demeure de savoir si les
décisions peuvent déjà être prises à la majorité (application immédiate des statuts) ou
doivent être prises à l’unanimité (application du droit commun des obligations).
Vis-à-vis des tiers, des dépenses seront certainement engagées. Or la société n’a pas
encore d’existence juridique et ne peut donc contracter. Dans ce cas, les fondateurs
prennent les actes nécessaires pour le compte de la société. Ils doivent être portés à la
connaissance des associés avant la signature des statuts.
Paragraphe 2 : L’immatriculation
Aux termes de l’art. 97, « à l’exception de la société en participation, toute société doit
être immatriculée au RCCM ». Il s’ensuit que « toute société jouit de la personnalité
juridique à compter de son immatriculation au RCCM, à moins que le présent Acte
uniforme n’en dispose autrement » (art. 98). L’immatriculation marque donc la date
d’acquisition de la personnalité morale de la société. Elle implique démarches
administratives et publicité.
L’immatriculation des sociétés commerciales et GIE est régie par les dispositions des
articles 46 et suivants de l’acte uniforme portant droit commercial général. La
demande d’immatriculation doit être introduite dans le mois de la constitution
auprès du RCCM de la juridiction dans le ressort de laquelle est situé le siège social.
La demande contient un certain d’informations et le dossier doit comprendre, à peine
de rejet, certaines pièces justificatives fixées à l’art. 47 AUDCG.
Le greffier, après un contrôle formel, procède à l’immatriculation de la société au
RCCM avec attribution d’un numéro d’immatriculation (art. 50 AUDCG). Il transmet
ensuite au Fichier national un exemplaire du dossier.
B) La publicité de l’immatriculation
26
L’immatriculation est soumise à publicité par voie d’insertion dans un journal
d’annonces légales. En outre, obligation est faite aux sociétés de mentionner sur leurs
documents commerciaux leur numéro d’immatriculation.
Dès la signature des statuts, la société est constituée. Il faut envisager le sort des actes
passés durant cette phase de constitution. L’Acte uniforme prévoit que ces actes
peuvent être repris.
Il faut distinguer les engagements pris avant la constitution et ceux pris avant son
immatriculation.
La société est en formation lorsqu’elle n’est pas encore constituée. Dans ce cas, les
actes et engagements pris par les fondateurs doivent être portés à la connaissance des
associés avant la signature des statuts. Ils font l’objet d’un état annexé aux statuts
dont la signature emportera reprise automatique des engagements par la société
lorsque celle-ci sera immatriculée (art. 106).
La reprise par la société peut également intervenir postérieurement à la constitution
de celle-ci. Dans ce cas, les actes et engagements accomplis pour le compte de la
société en formation doivent être « approuvés par l'assemblée générale ordinaire,
dans les conditions prévues par le présent Acte uniforme pour chaque forme de
société, sauf clause contraire des statuts. L'assemblée doit être complètement
informée sur la nature et la portée de chacun des actes et engagements dont la reprise
lui est proposée. Les personnes ayant accompli lesdits actes et engagements ne
prennent pas part au vote et il n'est pas tenu compte de leurs voix pour le calcul du
quorum et de la majorité »
27
B) La reprise des actes conclus avant l’immatriculation
Sont concernés les actes conclus entre la signature des statuts et l’immatriculation.
Pour ces actes, la reprise est automatique lorsqu’ils ont été accomplis en vertu d’un
mandat accordé par les associés à un ou plusieurs dirigeants sociaux dans les statuts
ou par acte séparé. L’immatriculation emporte alors reprise des engagements conclus
au nom de la société en vertu de ce mandat. Mais, il est indispensable que le mandat
détermine la nature des actes à passer et précise leurs modalités ; il ne saurait s’agir
d’un mandat général. Cependant, « les actes excédant les pouvoirs qui leur sont
conférés par ces mandats, ou qui leur sont étrangers, peuvent être repris par la
société à la condition qu'ils aient été approuvés par l'assemblée générale ordinaire,
dans les conditions prévues par le présent Acte uniforme pour chaque forme de
société, sauf clause contraire des statuts » (art. 112). Dans ce cas, « les associés ayant
accompli lesdits actes et engagements ne prennent pas part au vote et il n'est pas tenu
compte de leurs voix pour le calcul du quorum et de la majorité ».
Notons que la reprise peut intervenir postérieurement à l’immatriculation, quelle que
soit la date à laquelle l’acte a été passé, à la suite d’une décision spéciale, sauf clause
contraire des statuts, à la majorité des associés.
La reprise permet de faire supporter par la société les conséquences des actes passés
avant son immatriculation (art. 110). Ces actes sont réputés avoir été contractés dès
l’origine par la société. Il y a substitution rétroactive de partie sans que le
cocontractant n’ait à donner son accord. Les actes valablement repris sont réputés
avoir été passés dès l’origine par la société tandis que l’associé qui a passé l’acte est
rétroactivement déchargé de toute obligation personnelle.
Il peut arriver que la société ne soit pas immatriculée ou, étant immatriculée, tout ou
partie des actes accomplis au cours de la période de constitution ne soient pas repris.
En ce cas, les actes sont inopposables à la société et les personnes qui ont accompli les
actes passés au nom de la société en formation ou qui ont donné mandat pour les
accomplir restent seules tenues envers leurs cocontractants, indéfiniment et
28
solidairement entre elles le cas échéant. Mais ne sont responsables que les personnes
qui ont agi personnellement pour le compte de la société en formation et non pas
toutes celles qui ont participé à la constitution.
Etant une personne juridique, la société est dotée d’attributs non seulement
patrimoniaux mais encore extrapatrimoniaux. Comme tout individu, elle dispose des
éléments qui permettent de l’identifier, de l’individualiser. Ainsi, elle a un nom, un
domicile, une nationalité. Par ailleurs, elle a ou non la qualité de commerçant selon
qu’elle est commerciale ou civile.
Toute société doit avoir un siège social mentionné dans les statuts (d’où le qualificatif
de siège statutaire). Le siège social est à la personne morale ce que le domicile est à la
personne physique : il remplit les mêmes fonctions. Le siège social est situé au lieu de
son principal établissement, là où se trouvent les organes de direction et les services
administratifs, le centre de la vie juridique de la société. Aussi, il n’est pas possible
qu’il soit constitué par une domiciliation à une boîte postale.
Lorsque le siège indiqué dans les statuts ne correspond pas au lieu où la société a son
principal établissement, le siège est fictif. Dans ce cas, le juge dispose d’un pouvoir
souverain pour déterminer le siège réel.
29
La société peut avoir des succursales et des bureaux de représentation ou de liaison.
La succursale est définie comme « un établissement commercial ou industriel ou de
prestations de services, appartenant à une société ou à une personne physique et dote
d'une certaine autonomie de gestion » (art. 116). Elle n’a pas de personnalité
juridique autonome.
Le bureau de représentation ou de liaison est un établissement appartenant à une
société et chargé de faire le lien entre cette dernière et le marché de l'État partie dans
lequel il se situe. Le bureau n'a pas une autonomie de gestion et n'exerce qu'une
activité préparatoire ou auxiliaire par rapport à celle de la société qui l'a créé. Comme
la succursale, ce bureau n’a pas de personnalité juridique.
Paragraphe 3 : La nationalité
La nationalité de la société exprime le lien qu’il y a entre une société et un Etat. Mais,
alors que la nationalité des personnes physiques est un attribut fixe et indélébile,
celle des personnes morales est à contenu variable.
Déterminer la nationalité de la société permet de savoir quelle est la loi qui lui est
applicable afin de fixer son statut juridique. Le principe est que la société a la
nationalité de l’Etat où elle a son siège. En cas de discordance entre le siège statutaire
et le siège réel, celui-ci est utilisé pour déterminer la nationalité de la société. Dans
certaines, le critère du contrôle peut être utilisé. C’est la jurisprudence du temps de
guerre. Ce critère consiste à prendre en compte la nationalité des personnes
contrôlant et dirigeant la société considérée.
Il est exceptionnel qu’une société change de nationalité. Mais, sur le principe, il n’y a
rien de plus simple : il suffit de transférer le siège social dans un autre Etat. Mais en
pratique, c’est plus difficile. En effet, une société n’a d’existence et de personnalité
morale qu’en tant qu’entité créée dans le cadre d’un ordre juridique national ; par
suite, le transfert du siège statutaire dans un autre Etat entraîne sa dissolution. La
société qui transfère son siège social disparaît donc pour renaître dans un autre Etat.
30
Section 4 : Le patrimoine de la société
La possibilité pour une victime d’intenter une action en responsabilité civile contre
une société ne fait aucun doute. Le fondement de l’action peut être contractuel ou
délictuel. On peut décliner toutes les causes de responsabilité délictuelle.
Au plan pénal, le principe est encore celui de l’irresponsabilité des personnes
morales. La seule exception concerne la lutte contre le blanchiment de capitaux où le
droit UEMOA prévoit la possibilité d’engager la responsabilité pénale des personnes
morales.
31
Mais, il faut noter, au regard du droit comparé, que beaucoup de législations
prévoient aujourd’hui la possibilité d’engager la responsabilité de la personne
morale.
32
Titre 2 : La vie de la société
Cette question concerne tout le droit des sociétés. Nous nous limiterons à présenter
brièvement certaines tranches de vie mettant en relief le rôle des acteurs, les crises et
les évolutions de la société.
Les principaux acteurs de la vie sociale envisagés par le droit des sociétés sont les
dirigeants et les associés.
A) Le mode de désignation
Dans une société, c’est l’assemblée des associés qui désigne ses dirigeants. C’est une
prérogative politique dont les modalités varient selon le type et la taille de la société.
Ainsi, lorsqu’il s’agit d’une petite société dominée par une personne ou une famille,
le principal associé est en général désigné comme dirigeant. Dans les grandes
sociétés, les dirigeants sont généralement choisis en raison de leurs compétences
techniques.
Sauf à de rares exceptions, le pouvoir de nomination entraîne celui de révocation.
33
B) La publicité de la désignation
Du point de vue contractuel de la société, les pouvoirs sont attribués et délimités par
les associés par une sorte de mandat. Mais cette qualification est contestée car
l’essentiel des pouvoirs des dirigeants résulte de la loi. Il faut distinguer les relations
des dirigeants vis-à-vis des associés et vis-à-vis des tiers.
Les organes de gestion ont tous pouvoirs pour diriger la société dans l’intérêt de
celle-ci. Ils assument à la fois la direction économique de l’entreprise et la direction
juridique de la société qui la structure. Mais, ces pouvoirs ne sont pas absolus. Ils
doivent respecter les prérogatives des autres organes, notamment celles des
assemblées générales. En outre, les statuts peuvent leur interdire de passer certains
actes ou leur imposer l’autorisation préalable des associés ou d’un organe de
contrôle. Enfin, les dirigeants doivent inscrire leur action dans les limites de l’objet
social.
34
inopposables aux tiers de bonne foi (art. 121), même lorsque les statuts ont été
publiés. Lorsqu’il s’agit d’un dépassement de l’objet social, il faut établir la mauvaise
foi du tiers pour rendre inopposables à la société l’acte qui ne relève pas de l’objet
social.
Il n’y a pas uniformité en la matière. Le statut des associés varie en fonction du type
de société. Il est cependant possible d’identifier des attributs fondamentaux. De
même, la qualité d’associé fait l’objet de mesure de sauvegarde.
La distinction est faite entre les droits politiques, les droits financiers et les droits
patrimoniaux.
Ils se traduisent par la participation à la vie sociale. Ainsi, aux termes de l’art. 125
AUSCGIE, « sauf disposition contraire du présent acte uniforme, tout associé a le
droit de participer aux votes des décisions collectives ». Ce droit se manifeste par le
droit à l’information sur les comptes et la politique sociale et le droit de participer
aux décisions stratégiques, par la participation aux assemblées et aux votes. Cette
participation permet à l’associé d’exercer son droit de contrôle sur les dirigeants.
C’est un droit d’ordre public. Les statuts ne peuvent y déroger. De fait, tout associé
peut se faire représenter par un mandataire dans les conditions prévues par
l’AUDSCGIE et les statuts pour exercer ses droits politiques. Ce mandataire ne peut
être, sauf disposition contraire de l’AU, qu’un autre associé.
Les droits de vote de chaque associé sont proportionnels à sa participation au capital
de la société, à moins qu'il en soit disposé autrement par l’Acte uniforme Société
commerciales et GIE.
Les droits politiques s’exercent dans le cadre des assemblées générales des associés. Il
en existe deux types dans les sociétés commerciales, les assemblées générales
35
ordinaires et les assemblées générales extraordinaires dont les attributions varient
selon chaque forme de société.
Les titres sociaux ont une valeur vénale et font partie du patrimoine de l’associé.
Celui-ci peut les monnayer. De même, ils peuvent être utilisés comme instrument de
garantie, pouvant faire l’objet d’un nantissement. Ils peuvent également être l’objet
d’un démembrement de propriété.
L’associé ne peut être forcé à quitter la société. On ne peut l’évincer contre son gré. Se
pose également la question de son retrait et celle des conditions de son maintien dans
la société au regard de ses engagements originaux.
A) L’exclusion de l’associé
12
Com. 12 mars 1996, rev. Société, 1996, p. 554
13
Mb. NGOM, « L’associé en droit OHADA des procédures collectives d’apurement du passif », Annales
Africaines, vol. 2, n° 9, 2018, pp. 167-205
36
clauses d’exclusion font l’objet d’un contrôle judiciaire portant d’une part sur les
procédures de l’exclusion et sur son caractère non abusif.
B) Le retrait de l’associé
37
Chapitre 2 : Les crises
Les crises politiques affectent l’exercice du pouvoir dans la société. Elles trouvent
leur source dans une mésintelligence entre associés ou entre associés et dirigeants.
Pour leur trouver des solutions, le juge a construit les contours d’un certain nombre
de notions indiquant les conduites à suivre et permettant de détecter les déviations.
Par la force des choses, le juge est ainsi devenu acteur incontournable de la société.
Parmi les notions utilisées, il y a l’intérêt social et l’abus du droit de vote.
L’intérêt social est une notion forgée par la jurisprudence. Il s’agit d’un standard
imposant d’agir dans le respect des éléments fondamentaux de la société. En tant que
tel, son sens varie selon la conception de la société que l’on privilégie. Ainsi, selon la
conception contractuelle, l’intérêt social se confond avec l’intérêt des associés. C’est
l’intérêt de chacun des associés, identique pour tous ; c’est un intérêt personnel
objectivé par son inscription dans les statuts. Selon la conception institutionnelle, la
société a un intérêt propre, en tant que personne morale ; c’est un intérêt supérieur à
celui des associés. Selon la doctrine de l’entreprise (école de Rennes, avec Paillusseau
38
et Champaud), l’intérêt social englobe l’intérêt de l’entreprise en tant que réalité
économique, humaine et financière.
La violation de l’intérêt social est sanctionnée.
A) L’abus de majorité
B) L’abus de minorité
39
Lorsque l’abus de minorité est reconnu, la sanction n’est pas l’annulation, aucune
décision n’ayant été prise. L’art. 131 prévoit que les auteurs d’un abus de minorité
peuvent voir leur responsabilité engagée.
Elles sont relatives à la violation de la loi commerciale dans la prise de décision par
les organes sociaux. En pareille occurrence, les actes et délibérations en cause
peuvent être annulés ou d’autres sanctions prononcées.
Il faut ici envisager les actes et délibérations autres que l’acte constitutif de la société
ou les actes modificatifs des statuts. Sont visés d’une part, toute manifestation de
volonté émanant d’une société commerciale destinée à produire des effets de droit et
d’autre part, toutes décisions émanant d’organes délibérants des sociétés
commerciales.
Les causes, le régime et les effets de la nullité doivent être analysés.
40
Les actes et délibérations non modificatifs de statuts qui ne violent aucune
disposition impérative de l’acte uniforme sont cependant susceptibles d’être frappées
de nullité s’ils sont entachés d’un défaut ou d’un vice du consentement, d’une
incapacité, de l’illicéité de l’objet d’une absence de cause ou d’une cause illicite.
Enfin, le renouveau contractuel conduit à conférer aux statuts un rôle essentiel dans
l’organisation sociétaire. La méconnaissance d’une clause statutaire reproduisant une
disposition impérative entraîne la nullité de la délibération sociale. Il en est de même
lorsque la loi renvoie aux statuts en prévoyant que les décisions prises en violation
de ceux-ci sont susceptibles d’annulation.
Les irrégularités commises au cours de la vie sociale peuvent faire l’objet de mesures
autres que la nullité. Il s’agit de l’inopposabilité de la délibération ou de l’acte ou la
responsabilité civile.
A) L’inopposabilité
Dans certain cas, la loi ou le juge se contente de déclarer l’acte irrégulier inopposable
à la société au lieu d’en prononcer la nullité. Il s’agit dans ce cas d’en limiter les effets
à l’égard de la société. Concrètement, la société ne saurait être engagée du fait de cet
acte. C’est notamment le cas des cautions, avals et garanties non autorisés par le
conseil d’administration d’une SA. A la différence de la nullité, le vice ne peut être
41
couvert ni par une autorisation ultérieure ni par un début d’exécution de
l’engagement.
B) La responsabilité civile
Il est possible d’intenter une action en responsabilité civile fondée sur l’annulation
des actes et délibérations (art. 256). En effet, les dirigeants sociaux sont responsables
des infractions aux dispositions législatives et réglementaires. La disparition de la
cause de nullité ne fait pas obstacle à l’exercice de l’action en responsabilité. Celle-ci
se prescrit par trois ans à compter du jour ou la nullité est couverte.
Comme toute personne, la société vit, évolue et meurt. Deux évolutions majeures
doivent être envisagées : la transformation de la société et sa disparition.
La transformation est le passage d’une forme de société à une autre forme de société.
L’article 181 la définit comme « l’opération par laquelle une société change de forme
juridique par décision des associés ». Lorsque la modification de statuts n’affecte pas
la forme même de la société, il n’y a pas transformation. Le droit commun de la
transformation des sociétés commerciales est posé par les articles 181 et suivants de
l’AUSCGIE. Ces dispositions permettent de mettre en évidence le mécanisme de la
transformation et les conséquences de celle-ci.
42
Les tiers doivent être informés du changement. Cette publicité passe par les
formalités comparables à celles de l’immatriculation. Ce n’est qu’à la date
d’exécution de ces mesures de publicité que la transformation sera opposable aux
tiers.
Section 2 : La disparition
Les associés se sont librement associés, ils peuvent donc librement se dissocier. C’est
le mutus dissensis du droit des obligations. Parmi les causes de dissolution, il en est
qui tiennent à la volonté des associés. Pour autant, ils ne sont entièrement libres de
dissoudre la société.
L’article 200 AUSCGIE énonce les causes de dissolution communes à toutes les
sociétés. Il en énumère sept (7). Il faut distinguer la dissolution de plein droit de la
dissolution provoquée.
43
A) La dissolution de plein droit
1. L’arrivée du terme
La société prend fin à l’expiration du temps pour lequel elle a été conclue. En effet,
les sociétés sont nécessairement conclues pour une durée déterminée qui ne saurait
excéder 99 ans. A l’arrivée de ce terme, la société se trouve automatiquement
dissoute. Mais, avant la date fatidique, les associés ont la possibilité de décider la
prorogation de la société. Cette décision, entraînant une modification du pacte social,
est prise suivants les conditions imposées pour tout changement d’une disposition
statutaire.
Les associés doivent être consultés au moins un an avant le terme prévu pour décider
si la société doit être prorogée.
44
4. Les autres causes statutaires
Les associés peuvent prévoir dans les statuts d’autres causes de dissolution. Il s’agit
de prévoir qua la survenance de tel ou tel évènement entraînera la dissolution
automatique de la société. Mais, de telles dispositions statutaires sont à manier avec
circonspection en raison des conséquences très lourdes, notamment sur le plan fiscal
de se mise en œuvre.
B) La dissolution provoquée
45
• La dissolution de la société pour inexécution de ses obligations par un associé
est un écho à la résolution des contrats pour inexécution. A cette inexécution
involontaire, on ajoutera la malice et l’esprit têtu d’un associé refusant de
remplir ses devoirs, preuve d’une absence d’affectio societatis.
• La mésentente entre associés paralysant le fonctionnement de la société est
souvent invoquée. Mais le juge ne peut prononcer la dissolution que s’il
constate cette paralysie impliquant l’impossibilité de prendre des décisions
collectives. Il en est ainsi lorsque les faits invoqués compromettent gravement
les intérêts sociaux et entravent le fonctionnement normal de la société. Mais,
le demandeur ne doit pas être à l’origine du trouble.
Pour éviter la dissolution, le juge peut nommer un administrateur provisoire (art.
160-1 et suivants).
A) La publicité de la dissolution
46
B) La survie de la personnalité morale de la société en liquidation
Aux termes de l’art. 205, « la personnalité morale de la société subsiste pour les
besoins de la liquidation et jusqu’à la publication de la clôture de celle-ci ». La société
dissoute conserve donc sa personnalité juridique ; elle dispose toujours d’un
patrimoine séparé de celui des associés ; la dette reste sociale et la société demeure le
seul débiteur. De même, les associés conservent la possibilité de céder leurs droits à
des tiers.
Mais, la survie de la personnalité morale est limitée dans le temps : elle se termine
avec la publication de la clôture de la liquidation. Ensuite, la société dissoute n’est
qu’en sursis. La capacité juridique de la société est réduite aux actes nécessaires aux
opérations de liquidation. Mais, il demeure qu’une société en liquidation peut
fusionner ou se scinder (art. 215).
47
A la fin de sa mission, le liquidateur convoque les associés pour présenter le compte
final de la liquidation. En cas d’omission, tout associé peut demander au président
du tribunal compétent la désignation d’un mandataire chargé de procéder à la
convocation. L’assemblée statue sur le compte définitif, se prononce sur le quitus de
gestion du liquidateur, donne à ce dernier décharge de son mandat et constate la
clôture de la liquidation. Si l’assemblée de clôture refuse d’approuver les comptes,
ceux-ci sont transmis, à la demande du liquidateur ou de tout intéressé à la
juridiction compétente qui statue sur les comptes et la clôture de la liquidation.
L’avis de clôture de liquidation est publié dans un JAL. Cette publication a pour effet
d’entraîner la disparition de la personne morale. Les associés deviennent alors
copropriétaires indivis des biens sociaux et il faut procéder au partage. Celui-ci va
porter sur l’actif restant après extinction du passif ou sur le passif restant après
réalisation de l’actif. Il faut distinguer entre la reprise des apports et le partage du
boni de liquidation. La reprise des apports (sauf les apports en industrie qui ne sont
ni repris ni remboursés) s’effectue en principe en espèce. Chaque associé perçoit le
montant nominal de ses parts ou actions. S’il faut un remboursement, il se fait au
marc le franc. Mais, la reprise des apports peut se faire également en nature. Les
associés peuvent en effet valablement décider, dans les statuts ou par décision
distincte, que certains biens seront attribués à certains associés. A défaut de cette
attribution conventionnelle, tout bien apporté qui se retrouve en nature dans la
masse partagée est attribué, sur sa demande, et à charge de soulte s’il y a lieu, à
l’associé qui en avait fait l’apport.
Si après remboursement des apports, il reste un boni de liquidation, celui-ci est
réparti entre les associés en fonction des dispositions statutaires. A défaut, la
répartition se fait en proportion de leurs participations au capital social, sous réserve
des dispositions relatives à l’apport en industrie dans les sociétés où il est admis.
48