Rene Descartes Bibliographie Chronologiq

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 82

Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.

htm

Theory and History of Ontology by Raul Corazzon | e-mail: [email protected]

René Descartes. Bibliographie Chronologique et Annotée

INTRODUCTION

Cette bibliographie des œuvres de Descartes en ordre chronologique tient compte aussi des
publications non comprises dans l'édition Adam-Tannery; dans les citations l'orthographe, qu'à la fin
du XVIIe siècle n'était pas encore totalement fixée, est modernisée; pour chaque texte je donne la
référence aux suivant éditions:

AT = Charles Adam, Paul Tannery (éds.), René Descartes, Œuvres, Nouvelle


présentation par J. Beaude, P. Costabel, A. Gabbey et B. Rochot, Paris: Vrin
1964-1974 (Édition du Jubilé, 1996, 11 volumes); première édition 1897-1913 (Les
tomes I-V contiennent la Correspondance).

B Op. I = Giulia Belgioioso (éd.), René Descartes, Opere 1637-1649, con la


collaborazione di I. Agostini, F. Marrone, M. Savini, Testo francese e latino a fronte,
Milano: Bompiani, 2009.

B Op. II = Giulia Belgioioso (éd.), René Descartes, Opere postume 1650-2009, con
la collaborazione di I. Agostini, F. Marrone, M. Savini, Testo francese e latino a
fronte, Milano: Bompiani, 2009.

CO = Vincent Carraud, Gilles Olivo (éds.), René Descartes, Étude du bon sens, La
recherche de la vérité et autres écrits de jeunesse (1616-1631), Paris: Presses
Universitaires de France 2013.

O I = Jean-Marie Beyssade et Denis Kambouchner (éds.), René Descartes, Œuvres


complètes I. Premiers écrits. Règles pour la direction de l'esprit, Paris: Gallimard,
2016.

O III = Jean-Marie Beyssade et Denis Kambouchner (éds.), René Descartes, Œuvres


complètes III. Discours de la Méthode et Essais, Paris: Gallimard, 2009.

Pour la Correspondance, je donne les réfèrences aux éditions Adam-Tannery (AT, volume et pages),
Armogathe (O VIII, 1 et 2, volume et pages), Belgioioso (B, et le nombre de la lettre).

Pour la liste des éditions de références et des abréviations voir René Descartes. Outils de recherche:
Biographies, Dictionnaires et Lexiques des Ses Œuvres

1 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

L'INVENTAIRE DES ECRITS DE DESCARTES

[Inventaire de Stockholm] Inventaire succinct des Écrits. 1656.


AT X 5-12; Note manuscrite de Leibniz des papiers de Descartes (AT X 208-209).
Inventaire des papiers qu'il avait emportés en Suède; un autre inventaire, rédigé à
Leyde n'a pas été retrouvé.
"A la mort de Descartes, 11 février 1650, un inventaire fut dressé à Stockholm, le 14
février, des papiers qu'il avait emportés en Suède, et un autre à Leyde, le 4 mars, de
ceux qu'il avait laissés en Hollande. Baillet, dans sa Vie de Monsieur Des-Cartes
1691, t. II, p. 427-8, et 428-9), nous apprend, avec force détails, comment ont été
faits les deux inventaires; mais il ne donne le texte ni de l'un ni de l'autre. Des
recherches faites en Hollande (septembre 1894), pour retrouver le second, n'ont pas
abouti. Et d'ailleurs nous savons, par des témoignages du temps, que Descartes avait
emporté à Stockholm ses papiers principaux."
(Charles Adam, AT X, pp. 1-2, notes omises)
Une traduction latine abrégée de l'inventaire se trouve dans: Pierre Borel, Elenchus
manuscriptorum Cartesii Stocholmi repertorum post Eius obitum anno 1650, in:
Vitae Renati Cartesii summi philosophi compendium, Paris 1656, pp. 16-19; texte
français publié en 1887 par Bierens de Haan et, dans un version révisée, par Charles
et Henri Adam en 1894 (AT X pp. 5-12).
Dans l' Introduction à l'édition critique de la correspondance de l'an 1643, Theo
Verbeek a montré que l'inventaire n'a pas été rédigé à Stockholm le 14 février 1650,
mais à La Haye avec la collaboration de Christiaan Huygens à la fin du 1653 ou au
début du 1654 (The Correspondence of René Descartes 1643, édité par Theo
Verbeek, Erik-Jan Bos, Jeroen van de Vern, Utrecht, Zeno Institute for Philosophy
The Leiden–Utrecht Research Institute, 2003, pp. XV-XXI).
"All this confirms that the ‘Stockholm inventory’ cannot date from 1650. In fact, it is
likely that it was made in The Hague, with the help of Christiaan Huygens,
somewhere at the end of 1653 or the beginning of 1654, that is, almost four years
after Descartes’ papers came into Chanut’s possession." (p. XXI).

BIBLIOGRAPHIE

1. Armogathe, Jean Robert, Carraud, Vincent, and Feenstra, Robert. 1616. "La Licence
en droit de Descartes : un placard inédit de 1616." Nouvelles de la République des
Lettres no. 2 (1988):123-145.
Retrouvée en 1981 à Poitiers, manque dans AT.
Édition critique du texte latin (pp. 125-131) avec la traduction en français, (pp.
131-133) de la thèse en droit soutenue à Poitiers le 21 décembre 1616.
Première édition : Jean-Robert Armogathe et Vincent Carraud, "Texte original et
traduction française d'un inédit de Descartes: Dédicace du placard de la licence en
droit", Archives de Philosophie, 50, 1987, Bulletin Cartésien XV, pp. 1-4.
Texte latin et traduction française, CO, pp. 21-29; texte latin et traduction italienne,
B Op. II, 1454-1461; nouvelle traduction par Jean-Marie Beyssade et Michelle
Beyssade avec la collaboration d'André Laingui, O I, 46-49.
Traduction anglaise dans : Kurt Smith, "Descartes' Life and Works", The Stanford
Encyclopedia of Philosophy, Edward N. Zalta (ed.), (URL =
plato.stanford.edu/entries/descartes-works/).

2 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

"Les écrits authentiques du jeune Descartes sont rares : la lettre d'un jeune Descartes,
«collégien à La Flèche», devant être attribuée à son frère Pierre, les premiers textes
repérés remontent aux manuscrits décrits dans l'inventaire de Stockholm; ils ne nous
sont parvenus que par les extraits traduits par A. Baillet dans sa Vie ou dans les
textes, aujourd'hui perdus, publiés et traduits par Foucher de Careil.
Le document que nous présentons est donc important à double titre: par les
renseignements biographiques nouveaux fournis sur une période encore mal connue
de la vie de René Descartes, d'une part; par le texte lui-même, d'autre part. Nettement
plus longue que les dédicaces habituelles des placards de thèses, la dédicace de 1616
se présente comme une autobiographie intellectuelle, et même comme une «histoire
de [mon] esprit» (pour reprendre, en anticipant, l'expression de Guez de Balzac):
c'est ce qui nous a autorisé, dans l'annotation, à citer fréquemment la première partie
du Discours de la Méthode. « Le philosophe qui dit 'je' » est d'abord celui qui
«représente sa vie» et écrit l'histoire de ses études jusqu'à ce qu'il fût «reçu au rang
des doctes», l'histoire de son esprit. De cette dédicace, Descartes aurait déjà pu dire :
«ne proposant cet écrit que comme une histoire»." (p. 123).
2. Descartes, René. 1618-19?; 1628? L'art de l'escrime (Extraits de Baillet).
Baillet I 35, II 407; AT X, 535-538; B Op. II, 916-917.
"Descartes passa l’hiver de la fin de 1612 et du commencement de 1613 dans la ville
de Rennes, à revoir sa famille, à monter à cheval, à faire des armes, et aux autres
exercices convenables à sa condition. On peut juger par son petit traité d'Escrime s’il
y perdit entièrement son temps." Baillet I, VIII, 35.
"Nous trouvons aussi parmi les manuscrits de M. Descartes un petit traité touchant la
manière de faire des armes sous le titre de l'Art d'escrime, où il paraît que la plupart
des leçons qu’il y donne sont appuyées sur sa propre expérience. Après avoir dit
quelque chose en général de la qualité de l'épée et de la manière de s’en servir, il
divise son traité en deux parties.
Dans la première il fait « voir comme on peut s’assurer contre tous les efforts de
l’adversaire, et en tirer de l'avantage pendant qu’on est en mesure longue, et comme
on peut le mettre sûrement en mesure courte ». Dans la seconde il examine comment
étant entré en mesure courte, on peut infailliblement vaincre. Et pour cela il suppose
deux hommes d'égale grandeur, d’égale force, et d’armes égales, se réservant à
marquer ensuite ce qu’il y a à faire en cas d’inégalité."
Baillet II, XX, 407 ; Abrégé 23 et 326.
Selon Paul Adam la date de composition de ce petit traité (aujourd'hui perdu) serait
le 1628 ; selon Carraud et Olivo, 1618-1619 (CO, pp. 35-36) .
3. Beeckman, Isaac. 1618-19. Extraits du Journal tenu par Isaac Beeckman.
Le Journal tenu par Isaac Beeckman de 1604 à 1634, (abrégé CDW) a été publié en
quatre volumes par Cornelis de Waard, La Haye: Martinus Nijhoff, 1939-1953.
Texte latin AT X : I. Varia, 44-66; B Op. II, 1316-1335; II. Physico-mathematica,
67-78; B Op. II, 1336-1351; traduction par Frédéric de Buzon, O I, Notes du Journal
(1618-1619), 85-97; Opuscules de Descartes insérés dans le Journal de Beeckman
98-106.
AT X, I. Varia : Angulum nullum esse male probavit Des Cartes 46 ; II. Turbo
puerorum, id est een worptop, cur erectus flet, cùm vertitur 51 ; III. Chordae majores
intactas minores et consonantes tactae movent 52 ; IV. Physico-mathematici
paucissimi 52 ; V. Fistula fortius inflata cur in octavam abeat 53 ; VI. Testudinis (een
lute) chordas disponere 53 ; VII. Quartâ à consonante chorda remota non tremit. —
Quarta à quintâ dignoscere 54 ; VIII. Quadratum radici aequale datum 54 ; IX. Mr.
Duperon 56 ; X. Bisectio in musicis facillima et gratissima 56 ; XI. Lapis cadens in

3 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

vacuo cur semper celerius cadat 58 ; XI bis. Lapidis cadentis tempus supputatum 58 ;
XII. Modi non dulces et iclus testimonio probati 61 ; XIII. Modi modorum
argumento probati 62 ; XIV. Modi modorum ab objeftione defensi 63 ; XV. Ars Lulli
cum Logicâ collata 63-66.
AT X, II. Physico-mathematica : I. Aquae comprimentis in vase ratio reddita à D.
Des Cartes 67 ; II. Lapis in vacuo versus terrae centrum cadens quantum singulis
momentis motu crescat, ratio Des Cartes 72-74.
"Une des découvertes les plus importantes pour la compréhension de l'évolution de
la pensée cartésienne fut celle du Journal tenu par Isaac Beeckman de 1604 jusqu'à
sa mort, survenue le 19 mai 1637 (*). C. de Waard retrouva ce manuscrit à la
bibliothèque de Middelburg en juin 1905; immédiatement avisé, Ch. Adam en tint
compte dans le tome X des Œuvres de Descartes. Cela suppose une grande rapidité
de travail : le tome X parut en 1908, mais l'Avertissement d'Adam est daté du 15
décembre 1905. D'autres fragments du Journal, beeckmaniens cette fois, paraissent
dans l'édition que le même C. de Waard donne de la Correspondance de M.
Mersenne à partir de 1933. On peut remarquer qu'à mesure que les textes de
Beeckman sont connus, se modifie favorablement l'image de leur auteur ; il est vrai
qu'elle était d'assez mauvaise qualité au rapport de certaines lettres de Descartes, et
surtout de Baillet. Un témoin de cette évolution est A. Koyré, qui écrivait en 1939
dans les Études Galiléennes, p. 108-9 que « la publication par M. Cornelis de Waard
de nouveaux fragments du Journal de Beeckman (...) a modifié sensiblement l'image
que l'on se faisait, ou plus exactement que l'on ne se faisait pas du Physicien
hollandais. En effet, Beeckman, on s'en rend compte maintenant, mérite pleinement
l'appellation de vir ingeniosissimus dont l'avait gratifié Descartes ; et, ce qui plus est,
il nous apparaît désormais comme un chaînon de première importance dans l'histoire
de l'évolution des idées scientifiques ; enfin, son influence sur Descartes semble
avoir été beaucoup plus profonde que l'on n'a pu le supposer jusqu'ici (...). » A
fortiori, cette image s'améliore encore davantage grâce à la publication de la quasi
intégralité du Journal par, encore et toujours, C. de Waard. Les quatre tomes de cette
édition paraissent à La Haye entre 1939 et 1953 ; ils renferment avec l'indication du
foliotage l'essentiel des notes scientifiques, à l'exception très notable de la copie que
Beeckman fit faire du Compendium Musicae vers 1628, de quelques notes d'intérêt
divers: détails familiaux, observations météorologiques, informations maritimes etc.
(...)
Le Journal est décrit avec une grande exactitude dans le premier tome de l'édition,
pp. XXV-XXXIV ; il se compose d'environ cinq cents feuilles contenant de brèves
notes de lecture, de pensées propres, et de remarques concernant les rencontres que
faisait Beeckman. Les notes relatives à Descartes ont en premier attiré l'attention, et
ceci justement. L'intérêt des renseignements fournis par Beeckman est en effet
capital. Les textes cartésiens consignés sont les premiers que nous connaissons, et il
apparaît invraisemblable que l'on en découvre d'antérieurs. D'autre part, ils occupent
une position critique dans la vie du philosophe ; ils terminent les années d'étude, et
débutent une production propre. Descartes rencontra Beeckman (1) le 10 novembre
1618 à Breda. Très rapidement une estime mutuelle s'installe : « Ce Poitevin a
fréquenté beaucoup de Jésuites et autres hommes de science. Il dit cependant n'avoir
jamais rencontré personne, à part moi, qui use, ce dont je me réjouis, de ce mode
d'étude, et joigne exactement la physique avec la mathématique. Et moi, je n'ai
jamais parlé qu'à lui de ce mode d'étude (2) ». A de nombreuses reprises les suites de
cette rencontre ont été décrites (3); en particulier, les commentateurs mettent en
relation les fragments cartésiens du Journal avec les Cogitationes Privatae. C'est le
cas de l'ensemble des Premières Pensées de Descartes, que M. H. Gouhier publia en

4 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

1958 (Paris, Vrin). D'une façon générale, on peut dire cependant que les historiens
des sciences ont fait porter l'accent sur des problèmes « nobles » tels celui de la chute
des graves; en revanche, sauf exceptions, ont été négligés les problèmes relatifs à
l'acoustique, que nous voudrions décrire avec quelques détails." (pp. 1-3; Frédéric de
Buzon, Descartes, Beeckman et l'acoustique, Archives de philosophie, 44, 1981, pp.
1-8).
(1) La rencontre est racontée par Lipstorp puis Baillet, cités dans A-T, X, p. 47-51.
Voir G. Rodis-Lewis, L'œuvre de Descartes, Paris, Vrin 1971, p. 25 et note p. 435.
(2) Nous reprenons la traduction de Mme Rodis-Lewis (op. cit., p. 26) en
rétablissant, contre une suggestion d'A-T X, p. 52, le texte original: le g de gaudeo
est parfaitement lisible sur le ms.
(3) Voir les notes bibliographiques de Mme Rodis-Lewis, op. cit., et C. L. Thiss-
Schoute, Nederlands cartesianisme, Amsterdam 1954, pp. 557-560.
(*) [Beeckman était né le 10 décembre 1588]
"Examinons, dans cette masse énorme de documents, ceux qui se rapportent sans
conteste à Descartes, puisqu'il y est nommé. Ils se trouvent en quatre endroits
différents :
[1618-1619]
1. — Fol. 97 verso, à fol. 1 18.
2. — Fol. 160 recto, à fol. 178 verso.
3. — Fol. 287 verso, à fol. 290 verso.
[1628-1629]
4. — Fol. 333 recto, a fol. 334 recto, 1. 34. — Fol. 338 recto, 1. 9, à fol. 340 recto, 1.
24. — Fol. 341 verso, 1. i6-3o. — Fol.* 352 recto, 1. 8-24." (Charles Adam, AT X,
Avertissement, p. 22).
4. Descartes, René. 1618. Musicae Compendium.
AT X, 89-141; B Op. II, 30-105; traduction française par Frédéric de Buzon, O I,
149-189.
Le manuscrit original est perdu ; première édition posthume: Musicae compendium,
Trajecti ad Rhenum: Gisberti a Zyll & Theodori ab Ackersdijck, 1650.
Traduction française sur le manuscrit originel par Nicolas-Joseph Poisson
(1637-1710) publiée dans : Traité de la mechanique composé par Monsieur
Descartes. De plus l’abrégé de musique du mesme autheur mis en françois. Avec les
éclaircissemens nécessaires (l'Abrégé est à pp. 53-98 ; les Elucidationes physicae in
Cartesii musicam de N.-J. Poisson à pp. 101-127), Paris, 1668 (reprint: Abrégé de
musique, suivi des Eclaircissements physiques sur la musique de Descartes, Paris,
Méridiens Klincksieck, 1990, introduction et notes par Pascal Dumont, préface de
Joseph-François Kremer).
Édition critique avec traduction, présentation (pp. 5-49) et notes par Frédéric de
Buzon, Abrégé de Musique. Compendium Musicae, Paris: Presses Universitaires de
France, 1987.
C'est la première œuvre de Descartes, rédigée du 10 novembre au 31 décembre 1618
pour son ami Isaac Beeckman.
Le Journal de Beeckman contient "la copie du Compendium Musicae que Descartes,
à Bréda, remit à Beeckman pour ses étrennes de 1619. Celui-ci le confia en 1627 au
copiste qui écrivait en gothique et qui copia encore d'autres documents de la même
époque (...). Lorsque Beeckman fit relier ses papiers en 1628, cet écrit et ceux du
même lot devaient interrompre l'ordre chronologique des notes. Beeckman restitua
l'original à Descartes en 1629. Depuis lors divers savants hollandais en prirent des
copies : Constantin Huygens en 1637 et Van Schooten vers 1640, dont les
exemplaires sont conservés respectivement à la Bibliothèque de l'Université de

5 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Leyde et à celle de l'Université de Groningue." (Cornelis de Waard, Avertissement au


premier volume du Journal tenu par Isaac Beeckman de 1604 à 1634. Tome 1 :
1604-1619, The Hague: Martinus Nijhoff, 1939, p. XXXVIII.)
Sur l'approche mathématique de Descartes à la musique, voir la lettre à Beeckman du
24 janvier 1619: "Si vous considérez cela, et le reste de ma Musique, (8) avec
attention, vous verrez que tout ce que j'ai écrit des intervalles des consonances, des
degrés et des dissonances s'y trouve démontré de façon mathématique, mais en gros,
de manière confuse et beaucoup trop concise.
Mais en voilà assez pour aujourd'hui. Le reste à plus tard." (AT X 153; O VIII 2,
320; B 1).
(8) Le Compendium musicae, offert à Beeckman quelques semaines plus tôt.
"Comme l'indique son nom, le Compendium Musicae est un traité de musique, et non
pas d'harmonie ; ce terme même n'apparaît pas. Cette remarque prend de l'intérêt
lorsque l'on aperçoit que, situation unique à notre connaissance, le rythme est traité
avant les consonances et les problèmes de hauteur. D'autre part, un ensemble de
propositions préalables, les Praenotanda, définit les limites de l'objet musical, et plus
généralement de l'objet esthétique ; ces propositions produisent également la théorie
du rythme et la théorie de la consonance. On comprend aussi qu'on ait pu en inférer
une esthétique cartésienne (10)." (Frédéric de Buzon, Présentation, p. 8).
(10). V. O. Revault d'Allones, L'esthétique de Descartes, Revue des Sciences
humaines, n° 61, 1951.
"Les commencements d'une méthode.
Lorsqu'il publia une nouvelle édition du Discours de la Méthode le P. Poisson
remplaça, en quelque sorte, la Géométrie par un traité de mécanique, l'Explication
des machines et engins, et par la traduction de l'Abrégé. [*] Ces deux œuvres étaient
donc promues au rang d'essais de la méthode, au même titre que la Dioptrique et les
Météores. Il y a là un abus évident, puisque les Essais étaient avec le Discours
œuvres publiques, alors que les opuscules ainsi annexés n'étaient pas évidemment
destinés à être publiés ; et l'Abrégé moins encore, que son auteur destinait aux seules
archives beeckmaniennes. De plus, si l'on admet que la méthode de Descartes est
contenue initialement dans les Regulae, et si l'on date le plus probablement cet
ouvrage autour de 1628, on ne peut croire que l'Abrégé soit la mise à l'épreuve d'une
méthode que Descartes ne révélerait à lui-même que dix ans après.
Il reste que l'assimilation de Poisson fait signe vers un problème majeur, celui de la
méthode de Descartes avant la méthode, qui pourrait contribuer à définir certaines
constantes logiques, voire psychologiques à l'œuvre dès 1618. Quelques caractères
peuvent sans doute être ainsi décrits.
En premier lieu, on peut noter qu'à la différence des traités de musique antérieurs —
que Descartes n'a pas sous la main (43) —, et à l'unisson des productions
scientifiques et philosophiques ultérieures, l'Abrégé néglige à peu près toute
référence historique, et ne fonde jamais la vérité de son discours sur la moindre
évocation des autorités passées; le traité est suffisant par rapport à la chose même, et
comme dans la Géométrie, Descartes laisse à son lecteur le soin de tirer les
conclusions des prémisses. Il n'y a là que l'essentiel. Ce qui explique à la fois
l'importance du traité dans l'histoire de la théorie (44), et un certain mépris dans la
musicologie classique (45).
De plus, si la méthode n'est jamais thématisée pour elle-même dans l'Abrégé, elle
offre des analogies intéressantes avec la suite de l'œuvre. On a déjà souligné le fait
que Descartes procède constamment du simple au complexe; mais on peut aussi
considérer la corde, réduite à sa seule dimension de longueur, comme, précisément
une dimensio, au sens de la Règle XIV, c'est-à-dire « le mode et la raison, selon

6 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

laquelle on considère que quelque sujet est mesurable » (46), ou bien une nature
simple. Autre nature simple, le temps, et ses divisions qui correspondent aux
passions du corps ; l'Abrégé ainsi se borne à étudier les paramètres par lesquels la
musique est mesurable, en négligeant les qualités (timbres, nuance forte / piano,
etc.), laissés aux physiciens (47).
Enfin il est remarquable que Descartes réduise la connaissance de la nature réelle du
son et de sa perception par l'oreille au minimum nécessaire à une théorie de l'art. Il y
a d'ailleurs une continuité au plan même des exemples avec les textes ultérieurs ; la
Règle XIII évoque la question discutée vers 1628 par Mersenne et Beeckman relative
aux cordes de grosseur et de tension différentes; comme il l'avait fait en 1618,
Descartes met entre parenthèses toute référence à la vibration de la corde, cette
donnée n'étant pas conçue comme nécessaire (48).
Ainsi, l'écrit de circonstance qu'est le Compendium Musicae a des résonances
précises dans l'œuvre ultérieure, tant du côté de l'application de la mathématique à la
réalité physique que du côté de la physiologie et de la théorie des passions. C'est sur
ce double registre que joue constamment Descartes ; si l'art a pour fin d'émouvoir les
passions, définition commune à Descartes et à Caccini (49), il reste la tâche
philosophique de connaître ces passions; les silences de Descartes sur les passions
forment ainsi l'indication d'un programme (50).
Il resterait à définir la musique de Descartes après le Compendium ; elle est connue
par la correspondance, et l'on sait le talent de critique déployé par Descartes dans la
querelle de Boësset et de J. A. Ban; mais l'ensemble paraît inachevé: « Si je ne meurs
que de vieillesse, j'ai encore envie quelque jour d'écrire de la théorie de la musique »
(51)." (Frédéric de Buzon, Abrégé de Musique, cit., Présentation, pp. 16-18).
[*] Discours de la Méthode, plus Dioptrique, les Météores, la Mécanique et la
Géométrie, qui sont des essais de cette méthode, Paris: Ch. Angot, 1668.
(43). Descartes indique ne pas se rappeler certaines propriétés, AT X, p. 133 et p.
140.
(44). Dans une bibliographie abondante, on relèvera ici que W. C. Printz, dans
l'Historische Beschreibung der Sing- und Klingkunst, Dresde, 1690, chap. XII, § 72,
fait gloire à Descartes d'avoir le premier considéré la tierce majeure comme une
consonance parfaite ; que Rameau, Traité de l'harmonie, Paris, 1722, dérive du
Compendium la plupart des concepts initiaux. V. aussi les appréciations de H.
Riemann, Geschichte der Musiktheorie, Berlin, 1921, p. 419-420.
(45). Le Descartes et la musique d'A. Pirro (Paris, Fischbacher, 1907, rééd. Genève,
Vlinkoff, 1973) est un brillant exemple de mésinterprétation du projet cartésien, en
ce qu'il néglige les enjeux physico-mathématiques, et favorise exagérément
l'interprétation des règles de composition.
(46). Règles pour la direction de l'esprit, AT X, p. 447, trad. J.-L. Marion, La Haye,
Nijhoff, 1977, p. 67.
(47). AT-X, p. 89.
(48). V., dans l'édition citée supra des Règles, l'Annexe v du P. Costabel sur la loi des
cordes vibrantes.
(49). G. Caccini, Le nuove musiche, Florence, 1601. L'analogie des formules
caccinienne et cartésienne est signalée par G. Rodis-Lewis, "Musique et Passions au
XVIe siècle (Monteverdi et Descartes)", Dix-septième siècle, 1971, n° 92 (cette étude
portant essentiellement sur la querelle Ban-Boësset, à partir du tome X de la
Correspondance de M. Mersenne).
(50). AT-X, p. 111 et 140.
(51). Descartes à Constantijn Huygens (4 février 1647), AT IV, 791 [O VIII 2, 162; B
601).

7 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

5. ———. 1619. [Registre de 1619].


Le registre autographe de Descartes, légué par Clerselier à l’abbé Legrand, a été
perdus après la mort de Legrand dès 1704.
Index des titres: Parnassus (18 fuillets); Praeambula (4 pages); Experimenta (cinq
feuillets et demi); Democritica (sept ou huit lignes); Olympica.
CO, 50-83: Les fragments philosophiques sont édités (52-64), traduits (53-65) et
annotés (67-83) dans : "<Registre de 1619> Parnassus, Democritica, Praembula,
Experimenta; Parnasse, Démocritiques, <Notes:>, Préambules, Observations,
<Inventer>.
"L'article C de l'Inventaire de Stockholm énumère plusieurs titres de petits traités,
que Descartes avait écrits, ajoute-t-on, « en sa jeunesse ». Les textes originaux, remis
comme nous savons à Clerselier, sont, à l'heure qu'il est, malheureusement perdus.
Toutefois quelque chose, et même, on peut le dire, l'essentiel en a été conservé par
deux voies différentes. Baillet eut ces textes entre les mains, et il en fît mention, et
les traduisit même en plusieurs endroits, dans sa Vie de Monsieur Des-Cartes en
1691. D'autre part, les mêmes textes avaient été mis déjà par Clerselier à la
disposition de Leibniz, pendant un séjour de celui-ci à Paris en 1675-76 ; Leibniz en
avait pris une copie, et cette copie fut déposée plus tard avec ses papiers à la
Bibliothèque royale de Hanovre." (AT X, Avertissement, p. 173).
"M. Chanut ambassadeur de France en Suède, et le baron de Kroneberg commis par
la reine Christine, pour assister à l'inventaire de ce qu’il avait laissé à sa mort,
trouvèrent parmi les écrits de sa composition un registre relié et couvert de
parchemin, contenant divers fragments de pièces différentes auxquelles il paraît qu’il
travailla pendant ce temps-là. C'était: 1. Quelques considérations sur les sciences en
général [le titre du manuscrit est Parnassus]; 2. Quelque chose de l'algèbre, 3.
Quelques pensées écrites sous le titre Democritica; 4. Un recueil d’observations sous
le titre Expérimenta; 5. Un traité commencé sous celui de Preambula: Initium
sapientiæ timor Domìni; un autre en forme de discours, intitulé Olympica, qui n’était
que de douze pages, contenait à la marge, d’une encre plus récente, mais de la même
main de l’auteur, une remarque qui donne encore aujourd’hui de l’exercice aux
curieux. Les termes auxquels cette remarque était conçue portaient: XI Novembris
1620, cœpi intelligere fondamentum Inventi mirabilis, dont M. Clerselier ni les autres
cartésiens n’ont encore pu donner l’explication. Cette remarque se trouve vis-à-vis
d'un texte qui semble nous persuader que cet écrit est postérieur aux autres qui sont
dans le registre, et qu’il n’a été commencé qu’au mois de novembre de l’an 1619. Ce
texte port ces termes latins: X Novembris 1619, cùm plenus forem Enthoumsiasmo, &
mirabilis scientiæ fundamenta reperirem &c.
Mais le principal de ces fragments, et le premier de ceux qui se trouvaient dans le
registre était un recueil de Considérations mathématiques, sous le titre de Parnassus,
dont il ne restait que trente-six pages. Le sieur Borel a cru que c’était un livre
composé l’an 1619, sur une date du premier jour de janvier, que M. Descartes avait
mise à la tête du registre. Mais il se peut faire que la date n’ait été que pour le
registre en blanc, et qu’elle n’ait voulu dire autre chose, sinon que M. Descartes aura
commencé à user de ce registre le premier de janvier 1619, pour continuer de s’en
servir dans la suite des temps selon ses vues et sa volonté. L’opinion du sieur Borel
n’en est pourtant pas moins probable, puisque M. Chanut a remarqué dans
l’Inventaire de M. Descartes que tous les écrits renfermés dans ce registre (a)
paraissent avoir été composés en sa jeunesse." (Baillet I, 50-51)
(a) Coté C de l'Inventaire.
"Descartes est mort à Stockholm le 11 février 1650 ; trois jours après, le 14, un
inventaire fut dressé des papiers qu'il avait emportés en Suède (*). Il en reste deux

8 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

copies ; l'une, assez fautive appartenait à Constantin Huygens et se trouve à la


Bibliothèque de l'Université de Leyde; l'autre, qui est à la Bibliothèque nationale,
vient sans doute de la collection Clerselier. Charles Adam a soigneusement édité ce
texte au début du tome X des Œuvres.
Cet inventaire contient vingt-trois articles, A à Z, les lettres I et J ne comptant que
pour une, et de même U et V. Les écrits les plus anciens de Descartes se trouvent à
l'article C (1).
Il s'agit d' « un petit registre en parchemin, quotté en dedans de la couverture: Anno
1619 Kalendis Januarii ». Ceci veut dire que Descartes a décidé, le 1er janvier 1619,
de se servir de ce registre.
Ouvrons-le. Il se présente ainsi :
1° « 18 feuillets de considérations mathématiques sous un titre : Parnassus. »
2° « six feuillets vides »
3° « six feuillets écrits »
4° « En prenant le livre d'un autre sens, le discours intitulé Olympica, et à la marge :
XI Novembris coepi intelligere fundamentum inventi mirabilis. »
5° « Reprenant le livre en son droit sens, sont deux feuillets écrits, de quelques
considérations sur les sciences ; »
6° « puis une demi-page d'algèbre »
7° « puis douze pages vides »
8° « puis sept ou huit lignes intitulées Democritica »
9° « huit ou dix feuillets blancs » (2)
10° « cinq feuillets et demi écrits, mais en tournant le livre, sous ce titre Experimenta
»
11° « douze feuilles blanches »
12° « quatre pages écrites sous ce titre : Praeambula. Initium sapientiae timor
Domini. »
« Tout ce livre cotté C, ajoute l'auteur de l'inventaire, paraît avoir été écrit en sa
jeunesse. »
L'examen de ce registre montre deux choses :
D'abord, la plupart de ces écrits semblent n'être que des commencements destinés à
recevoir une suite sur les pages blanches que le jeune homme laisse après chacun
d'eux.
Ensuite, le cahier a été commencé par les deux bouts."
(1) AT X, p. 7-8.
(2) Les mots « huit ou dix feuillets » peuvent paraître étranges ; en fait, il y a huit
feuillets blancs + le verso de la feuille dont le recto porte les Democritica + le verso
du dernier feuillet des Experimenta.
Henri Gouhier, Les premières pensées de Descartes, Paris, Vrin, 1979 pp. 11-12.
(*) Sur la date voir la note a l'Inventaire succinct des écrits [Inventaire de
Stockholm].
6. ———. 1619. [Registre de 1619:] Parnassus (Ms. de Leibniz : Cogitationes
privatæ).
Première édition (texte latin et traduction française) : Foucher de Careil I, 2-56; AT
X, 213-248; B Op. II, 1060-1095; traduction par Frédéric de Buzon et André
Warusfel, O I, 198-214.
"Je terminerai complètement mon traité avant Pâques, et si je trouve des libraires et
s'il me paraît digne, je le publierai comme je l'ai promis aujourd'hui, 1620, 23
février" (AT X, p. 218, original en latin): nous ne savons pas à quel écrit se réfère
Descartes.
"Nous pensons comme Henri Gouhier que la partie physique et mathématique des

9 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Cogitationes privatae a de bonnes chances de reproduire le Parnassus, qui s'ouvre


avec le souvenir de la rencontre de Beeckman du 10 novembre 1618 (AT X, 219, 5).
"
(CO, p. 67).
"Le texte de ces dernières notes surtout, tel que l'a donné Foucher de Careil, est des
plus défectueux. Et comme le manuscrit manque, pour contrôler ce texte et y faire les
corrections nécessaires, grand a été notre embarras. Le regretté Paul Tannery eût sans
aucun doute réussi à déchiffrer ces énigmes; mais nous l'avons perdu trop tôt, et
avant qu'il eût pris la peine d'y regarder de près. Nous avons dû nous adresser
ailleurs. Par bonheur, une des lettres à Beeckman, qui viennent d'être retrouvées,
nous fournissait la preuve que Descartes s'était encore servi, en ces premières années,
de caractères cossiques (voir ci-avant, p. 155-156)."
(...)
"Gustav Enestrom, directeur de la Bibliotheca Mathematica, à Stockholm, possède
en pareille matière la plus incontestable autorité. Fort obligeamment, il voulut bien
se mettre à l'œuvre, et travailler pour Descartes : comme on pouvait s'y attendre, il
remit tout en ordre et expliqua fort bien les passages déclarés ailleurs inexplicables.
Nous le désignerons, à la fin des notes qu'il a rédigées pour cette édition, par les
initiales de son nom G. E."
(Charles Adam, AT X, pp. 211-212).
"Charles Adam avait publié les Cogitationes privatæ respectant la structure du texte
donné par Foucher de Careil, certes en l'amendant fortement, mais sans tenter de
distinguer entre les différents ensembles de notes pour se rapprocher de la
description de l'inventaire de Stockholm. Celui-ci, de même que la lecture de Baillet
(Vie, I, p. 50-51), permet cependant de distinguer des centres d'intérêt et autorise le
regroupement des notes scientifiques sous le titre qui les désignait. La question de
savoir ce qui était précisément contenu dans le Parnassus est cependant indécidable
dans son détail, en raison de l'état des sources et parce que l'on doit reconnaître avec
Henri Gouhier que « Leibniz n'a [...] pas suivi l'ordre du registre quand on l'ouvre du
côté de la couverture datée » (Les Premières Pensées de Descartes, p. 15 : en effet,
les premières remarques transcrites par Leibniz ne relèvent pas des mathématiques,
même en prenant le terme au sens le plus large, c'est-à-dire associant mathématiques
pures et appliquées. L'éditeur doit écarter les textes qui, visiblement, dépendent des
autres ensembles du recueil." (Frédéric de Buzon et André Warusfel, Présentation, O
I, 194).
7. ———. 1619. [Registre de 1619:] Praeambula (Ms. de Leibniz : Cogitationes
privatæ).
AT X, 213-248; B Op. II, 1060-1095; traduction par Michelle Beyssade, O I,
198-220 et 270-274.
"Les papiers de Descartes, remis par Chanut à son beau-frère Clerselier, et qui n'ont
pas été retrouvés, ne nous sont pas connus seulement par les extraits qu'en a donnés
Baillet, dans sa Vie du philosophe (voir ci-avant, p. 173-177). Le même Baillet
prévient le lecteur que, pour l'aider dans sa tâche, l'abbé Nicaise a pris la peine «
d'écrire à Rome, d'où M. Auzout, qui a vu M. Descartes à Paris, et M. Leibnitz, qui a
eu communication des originaux chez M. Clerselier, ont envoyé ce que la mémoire a
pu leur suggérer sur ce sujet ». (Vie de Monsieur Des-Cartes, 1691, Préface, p. xxvi.)
Leibniz fut, en effet, à Paris en 1675 et 1676; curieux de tout ce qui se rapportait au
philosophe français, non seulement il obtint communication des papiers qui restaient
de lui, mais il en fit copier et en copia lui-même au moins une bonne partie. Ses
copies, qui portent des dates en plusieurs endroits (24 février et 1er juin 1676), furent
déposées après sa mort, avec bien d'autres manuscrits, à la Bibliothèque Royale de

10 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Hanovre, et y demeurèrent longtemps ignorées. Ce fut seulement vers le milieu du


xix siècle, que le comte Foucher de Careil, mis sur cette piste par l'indication de
Baillet rappelée ci-dessus, et par quelques déclarations de Leibniz lui-même dans sa
correspondance, réussit à les découvrir enfin. Il les publia aussitôt, avec quelques
autres documents (lettres à Wilhem, Huygens, La Thuillerie, etc.), en deux volumes
d'Œuvres inédites de Descartes (Paris, Auguste Durand, in-8, cxvii-158 et xxii-238
pages, 1859-1860)." (AT X, Avertissement, p. 207).
"Cogitationes privatae est le titre que Foncher de Careil met en tête de ces
fragments. L'avait-il trouvé dans le MS. de Leibniz, ou bien est-ce un titre de son
invention? Cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable. — Le même éditeur
ajoute en note : « Leibniz, qui a copié ce manuscrit, nous avertit en marge qu'il l'a
découvert et qu'il en a pris copie le 1er juin 1676, c'est-à-dire pendant son séjour à
Paris. » — Nous reproduisons, en haut des pages, la pagination de Foucher de Careil
: comme il donne en regard du latin une traduction française, les pages du latin n'ont
que des numéros pairs, et les autres des numéros impairs." (AT X, Avertissement, p.
213).
8. ———. 1619. [Registre de 1619:] Experimenta.
AT X, 189-190; Baillet I, 102-103; B Op. II, 892-895; traduction par Michelle
Beyssade, O I, 259-260.
"Le fragment intitulé Experimenta n'avait que « cinq feuillets et demi » (p. 8 ci-
avant, l. 6-7). Peut-être donc l'avons-nous aussi tout entier, dans les deux grandes
pages de Baillet, t. I, p. 102-103 ; au moins en avons-nous l'essentiel. Et là encore
l'abondance et la précision des détails permettent de croire que le biographe de
Descartes a traduit fidèlement, bien qu'on ne puisse jurer qu'il n'a rien ajouté. —
Quant à la date, elle se détermine approximativement ainsi. Descartes raconte une
aventure de sa traversée, par mer, d'Allemagne en Hollande, exactement, du port
d'Embden en West -Frise, peut-être à Amsterdam. Nos idées sur cette première
période des voyages du philosophe sont un peu changées depuis la découverte du
Journal de Beeckman. Nous savons maintenant qu'en 1619, pour se rendre des Pays-
Bas dans la Haute-Allemagne, au lieu de prendre par terre directement, il fit un grand
détour par le Danemark, la Pologne, la Hongrie, la Bohême et l'Autriche (ci-avant p.
159, l. 2-6, et p. 162, l. 8-13), et s'embarqua le 29 avril à Amsterdam pour
Copenhague. Il craignait que les mouvements de troupes entre les Pays-Bas et la
Bavière ne rendissent la route peu sûre. Mais elle ne l'était sans doute pas davantage
au retour. Faut-il donc croire que Descartes sera revenu, sinon tout à fait par le même
chemin, au moins par la Silésie, le Brandebourg, le Mecklembourg, qui est
l'itinéraire que Baillet lui fait suivre, enfin Hambourg et Embden ? Enfin, comme
nous savons, par une lettre de lui, que, le 3 avril 1622, il était à Rennes (t. I, p. 1),
son retour en France a dû s'effectuer l'automne de 1621, et c'est alors sans doute
qu'eut lieu l'aventure, dont le récit fait le principal si non l'unique objet des
Expérimenta." (AT X, 175-176).
9. ———. 1619. [Registre de 1619:] Democritica.
"On sait que Democritica est le titre de « 7 ou 8 lignes » contenues dans le fameux
petit registre en parchemin ouvert en 1619 et coté C dans l’inventaire de Chanut (1),
contenant également le Parnassus, les Experimenta et les Praeambula. Rien n’est
connu de ce texte, en particulier on ignore s’il s'agit de notes de lecture ; Democritica
semble signifier, par analogie avec d’autres auteurs, des opinions inspirées de
Démocrite (2), et rien chez Beeckman n’indique à l’époque une lecture de la
doxographie démocritéenne. Peut-être alors faudrait-il revenir sur la composition du
mot et donc sa signification : Demo-critica ?" (p. 41, Frédéreic de Buzon,

11 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

"Democritica: la réfutation cartésienne de l'atomisme", dans: Jean Salem (éd.),


J.Salem (ed.) L'atomisme aux XVIIème et XVIIIème siècles, Paris: Publications de la
Sorbonne, 1999, pp. 27-41)
(1) A.T., X, 8.
(2) Democritici signifie, chez Leibniz notamment, les auteurs s’inspirant de
Démocrite. — Voir en partic., le fragment Corpus non est substantia qui s'applique
parfaitement à Descartes (pour la seule première phrase !) : Intelligo autem per
corpus non id quod Scholastici ex materia et forma quadam intelligibili componunt
sed quod molem alias Democritici vocant. Hoc ajo non esse substantiam. («J'entends
par corps non ce que les scolastiques composent à partir de la matière et d'une forme
intelligible, mais ce qu'autrement les Democritici nomment masse. Je dis que ce n'est
pas une substance»); in Leibniz (G. W. F.), Nouvelles Lettres et opuscules inédits, éd.
Foucher de Careil, Paris, 18S7 (réimpression: Hildesheim, 1971), p. 171. —Voir
aussi les notes sur Cudworth (VE 406 p. 1887).
Selon J. Sirven "La seule hypothèse plausible est donc, que l'allusion au songe de
1619 nous donne tout ce que nous connaissons des Democritica, tandis que les autres
morceaux d'allure psychologique se rattachent à des préoccupations scientifiques. On
s’explique sans peine, alors, que Leibniz ait transcrit d'abord la phrase relative à
l’année 1620, qui se trouvait dans les Expérimenta (2), puis nous ait donné une ou
deux lignes des Democritica et enfin deux fragments de la section qu'il rencontrait en
continuant ses extraits. Mais, quand il passa aux Olympica, il trouva en marge la
réflexion signalée par Baillet, « écrite d'une ancre plus récente, mais toujours de la
même main de l'auteur ». Se souvenant alors qu'il venait d'écrire une phrase à peu
près identique tirée des Experimenta, il se contenta d'ajouter lui-même en marge de
sa copie : « Olympica. X. nov. coepi intelligere fundamentum inventi mirabilis (3).
»"
(2) La place de cette réflexion dans les Experimenta coïncide très bien avec
l'hypothèse faite par Milhaud sur la nature de la découverte du 11 nov. 1620, dont
nous parlerons plus loin.
(3) Leibniz a transcrit : X Nov., tandis que Baillet donne la date du : XI Nov. Est-ce
une faute de Baillet, de Leibniz, ou plus probablement de Foucher de Careil ? Le
manuscrit de Leibniz ne se trouvant plus à Hanovre, on ne saurait le dire.
Les annéues d'apprentissage de Descartes (1596-1628) Albi: Imprimerie cooperative
du Sud-Ouest 1928, p. 68.
Selon cette hypothèse les sept ou huit lignes des Democritica sont identifiées avec le
texte de AT X, 216 l. 19-25.
10. ———. 1619. Olympica (Extraits de Baillet).
Première édition: Baillet I, 50-61 / 80-86 / 120; AT X, 179-188; B Op. II, 879-891;
CO, 99-108; traduction par Michelle Beyssade, O I, 252-259.
Fernand Hallyn, dans Les Olympiques de Descartes, Genève: Droz, 1995, donne
trois textes: I. Le premier récit de Baillet, (I, pp. 80-86), II. Le deuxième récit de
Baillet, (Abrégé, pp. 37-39), III. Cogitationes privatae. Pensées pour moi-même,
(Foucher de Careil, I, 10-12) : "On ne reprend ici que ceux qui faisaient partie des
Olympica selon l'hypothèse d'Henri Gouhier (Les premières pensées de Descartes,
Paris, Vrin, 1958 et 1979)." p. 41.
Ce texte contient le récit de trois songes de Descartes la nuit du 10 au 11 novembre
1619 : "s'étant couche tout rempli de son enthousiasme, et tout occupé de la pensée
d'avoir trouvé ce jour-là les fondements de la science admirable". (Baillet I, p. 80).
"Les « Songes » de Descartes
Le texte se trouve dans la biographie de Baillet qui le tire des Olympica. Plus
exactement, Baillet en donne une traduction paraphrasée avec quelques citations de

12 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

l'original latin. Il s'agit du morceau qui ouvre le « discours » écrit sous le titre
Olympica sur le « petit registre en parchemin ». Les pages qui nous le font connaître
laissent supposer un récit bien conduit et rédigé avec un certain souci littéraire, non
une suite de notes hâtivement griffonnées.
Baillet ouvre donc le cahier de Descartes et écrit : « Il nous apprend que le dixième
de Novembre mil six cent dix-neuf, s'étant couché tout rempli de son enthousiasme,
et tout occupé de la pensée d'avoir trouvé ce jour-là les fondements de la science
admirable, il eut trois songes consécutifs en une seule nuit, qu'il s'imagina ne pouvoir
être venus que d'en hauts (80). » (Gouhier, op. cit., pp. 32-33).
(80) Baillet, t. I, p. 81; AT t. X, p. 181. Remarquons que « ce jour là » semble ajouté
par Baillet qui traduit le texte latin donné plus haut, p. 32.
"Les historiens de Descartes parlent comme s'il n'y avait qu'un seul texte sur les
rêves de novembre 1619 : le récit des Olympica tel que Baillet nous l'a transmis (86).
Or il y en a deux. Ceci résulte de la comparaison entre un fragment lu dans la copie
de Leibniz et les passages des Olympica qu'il rappelle.
Voici le fragment tel que Foucher de Careil l'a présenté (87) :
Anno 1620, intelligere coepi fundamentum inventi mirabilis.*
Somnium 1619, nov. in quo carmen 7 cujus initium:
Quod vitae sectabor iter?...
Auson
*[En marge :] Olympica, X nov. coepi intelligere fundamentum inventi mirabilis.
Ce fragment ne vient pas des Olympica.
1° La première ligne avec sa note rappelle évidemment le début des Olympica :
X novembris 1619, cum plenus forem enthousiasmo, et mirabilis scientiae
fundamenta reperirem (88)... Baillet nous dit qu'en marge, « d'une encre plus récente,
mais toujours de la même main de l'Auteur », on lisait: XI Novembris 1620, coepi
intelligere fundamentum inventi mirabilis (89).
La première ligne du fragment n'est pas exactement semblable à celle que Baillet a
lue dans la marge des Olympica et qu'il déclare être de la main de Descartes. C'est
même pourquoi quelqu'un a transcrit en face la phrase lue dans les Olympica,
substituant involontairement X à XI: est-ce Descartes? ne serait-ce pas plutôt
Leibniz? Peu importe : que ce soit l'un ou l'autre, le fragment est tiré d'une page du
petit registre qui n'est pas celle où commence le récit des songes.
2° La seconde ligne rappelle l'épisode final du troisième songe : là aussi le rêveur lit
le vers d'Ausone. Mais, dans notre fragment, il s'agit d'une simple note sans verbe : «
Songe, nov. 1619, là, poème 7 qui commence : Quel chemin de la vie suivrai-je ?
Auson. » Ces lignes n'ont pu être découpées dans le récit visiblement rédigé que suit
Baillet, même en tenant compte des enjolivements.
Le vers du poète latin, d'ailleurs, n'apparaît lié à une date dans aucun des trois
passages où le traducteur le cite ; la première fois, le rêveur « tombe » sur lui en
ouvrant au hasard un corpus poetarum, la seconde, il essaie vainement de le
retrouver dans le même recueil; la troisième, il y reconnaît un « bon conseil » (90).
On ne voit vraiment pas comment l'un de ces morceaux pourrait bien être le contexte
du fragment.
Le fragment ne vient pas des Olympica. D'où vient-il ?
La série B du registre est faite de trois groupes de textes sous les rubriques :
Praeambula, Experimenta, Olympica. Ces lignes se trouvent sur la copie avant le
premier fragment incontestablement extrait des Olympica, mais séparées de celui-ci
par deux autres « pensées ». Si, comme c'est vraisemblable, Leibniz suit l'ordre du
registre, cette situation porte à croire qu'elles viennent des Experimenta.
(...)

13 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Ce fragment serait-il donc une note sur un cas d'experimentum ?


Il y a tout lieu de croire que ces deux courts alinéas constituaient un tout sur le petit
registre comme sur la copie de Leibniz telle que nous la connaissons par Foucher de
Careil. Il s'agit donc d'une note qui rapproche deux faits et c'est le rapprochement de
ces deux faits qui est l'objet même de la note.
(...)
La note sur le rêve des Experimenta n'est pas un morceau de fable : elle rappelle
deux faits et l'un de ces faits est un songe de la nuit du 10 au 11 novembre 1619.
Tout n'est donc pas fictif dans le récit des Olympica.
A la fin du troisième rêve, selon le récit, Descartes se réveille en train d'interpréter le
vers : Quod vitae sectabor iter? Souvenir immédiat qui effleure la conscience et dont
elle part pour rappeler ce qui le précède, c'est, dans le rêve reconstruit, le morceau le
plus pur du rêve rêvé. Or, d'après la note des Experimenta, c'est là aussi le souvenir
d'un rêve réellement rêvé dans la nuit du 10 au 11 novembre 1619.
Tout le reste du récit serait-il une fable, cela n'empêcherait pas qu'un fragment de
vrai rêve ne se trouve au centre, à l'instant où, en droit, tout aboutit et d'où, en fait,
tout part dans le déroulement des pseudo-rêves." (Gouhier, op. cit., pp. 40-41).
(86) Sauf Sirven, Les Années d'apprentissage de Descartes (1596-1628), Paris, Vrin,
1928 p. 65 sq.; mais sa restitution du petit registre est tout à fait différente de celle
qui a été proposée ici, de sorte que nos interprétations sont divergentes.
(87) Cogitationes privatae, AT t. X, p. 216 ; Foucher de Careil, t. I, p. 8.
(88) Baillet, t. 1, p. 50 (AT t. X, p. 179) et p. 81 (AT t. X, p. 181).
(89) Ibidem, t. I, p. 51 (AT t. X, p. 179) ; sur ce texte, voir plus loin, ch. IV, p. 74.
(90) Baillet, t. I, p. 83 et 84 (AT t. X, p. 184).
11. ———. 1619 (automne) - 1623 (printemps). Studium Bonae Mentis (Extraits de
Baillet).
Première édition: Baillet II 406; Baillet I 26 / 34 / 87-91 / 109-110; II 66 / 477 / 479 /
486-487 / 531 / 545; AT X, 191-204; B Op. II, 897-915; traduction par Michelle
Beyssade, O I, 260-268; CO, 127-140 (l'édition la plus complète).
"Un autre ouvrage latin que M. Descartes avait poussé loin, et dont il nous reste un
ample fragment est celui de l'Étude du bon sens, ou de l'Art de bien comprendre,
qu’il avait intitulé Studium bonae Mentis. Ce sont des considérations sur le désir que
nous avons de savoir, sur les sciences, sur les dispositions de l’esprit pour apprendre,
sur l’ordre qu’on doit garder pour acquérir la sagesse, c’est-à-dire la science avec la
vertu, en joignant les fonctions de la volonté avec celles de l'entendement. Son
dessein était de frayer un chemin tout nouveau ; mais il prétendait ne travailler que
pour lui-même, et pour l’ami à qui il adressait son traité sous le nom de Museus, que
les uns ont pris pour le sieur Is. Beeckman principal du collège de Dordrecht,
d’autres pour M. Mydorge ou pour le P. Mersenne."
Baillet VII, chapitre 20, p. 406.
"On peut interpréter d'abord ce terme au sens général d'entreprise, ou d'œuvre, et non
au sens d'un ouvrage littéraire ou philosophique particulier. Mais il semble bien que
Descartes ait conçu dès ce moment le projet de consigner le fruit de ses réflexions
dans un livre et de le publier. En tout cas, il s'est promis à lui-même, quelques mois
plus tard, d'achever un livre avant Pâques 1620 et de l'éditer : « Omnino autem ante
Pascha absolvam tractatum meum, et si librariorum mihi sit copia dignusque
videatur, emittam, ut hodie promisi, 1620, die 23 Febr. » (*) Cogit. privatae, t. X, p.
218, 1. 3-5.
On ignore ce que peut avoir été ce traité, mais rien ne s'opposerait à ce que ce fût le
Studium bonae mentis (t. X, p. 191-203), dont ce que nous savons correspond
exactement aux préoccupations méthodologiques et morales de Descartes à cette

14 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

époque : Ce sont des considérations sur le désir que nous avons de savoir, sur les
sciences, sur les dispositions de l'esprit pour apprendre, sur l'ordre qu'on doit garder
pour acquérir la sagesse, c'est-à-dire la science avec la vertu, en joignant les
fonctions de la volonté avec celles de l'entendement. Son dessein était de frayer un
chemin tout nouveau ; mais il prétendait ne travailler que pour lui-même et pour
l'ami à qui il adressait son traité sous le nom de Museus, que les uns ont pris pour le
sieur J. Beeckman, principal du collège de Dordrecht, d'autres pour M. Mydorge ou
pour le P. Mersenne (A. Baillet, t. II, p. 406 ; AT X, p. 191). Ces identifications de
personnages sont purement conjecturales et il n'y a pas à en tenir compte, d'autant
moins que Museus pourrait fort bien n'avoir été qu'un interlocuteur imaginaire ; mais
tout le reste s'accorde avec l'élaboration de la méthode et de la morale provisoire que
Descartes situe entre novembre 1619 et mars ou avril 1620."
Gilson, Discours de la méthode. Texte et Commentaire, Paris: Vrin, 1925 (deuxième
édition revue 1926), p. 181 (note a AT VI, p. 17, l. 8 ".. l'ouvrage..." [O III, 92]).
(*) J'ajoute la traduction et les notes de Fernand Hallyn : "D'autre part, je terminerai
complètement mon traité avant Pâques, et si j'ai matière à livres (1) et si le traité en
paraît digne, je le publierai, comme je l'ai promis aujourd'hui, le 23 septembre (2)
1620".
(1) Leçon de Foucher de Careil (« librorum »). AT corrige en « librariorum » en se
fondant sur la version de Baillet (« libraires »). Gouhier, La pensée religieuse de
Descartes, Paris: Vrin 1979, p. 105 (première édition 1924) traduit par « copistes ».
Aucune des traductions proposées jusqu'à présent (« livres », au sens courant, pour «
librorum », « libraires » ou « copistes » pour « librariorum ») n'est vraiment
satisfaisante dans le contexte. Je propose de maintenir « librorum », mais de
comprendre le mot au sens de « parties d'un ouvrage », les « livres » dont devrait se
composer le traité projeté.
(2) « Février » chez Baillet. Cf. l'introduction (p. 25), où est adoptée la leçon de
Baillet mais aussi, ici-même, la contribution de G. Rodis-Lewis, qui maintient «
septembre ».
"« La vraie philosophie dépend de l'entendement. » Le Studium ne institue pas
seulement, comme Étienne Gilson l'avait remarqué, un petit traité De la philosophie;
il est le premier traité de philosophie de Descartes, ouvrant la voie au traité de «
vraie philosophie » que seront les Regulae ad directionem ingenii. Libérant ce champ
inédit pour Descartes est la philosophie, le Studium bonae mentis s'avère donc être
un texte décisif, en dépit de son inachèvement et de son démembrement — décisif
dans son échec même. C'est pourquoi il constitue la pierre de touche la présente
édition. C'est un texte difficile aussi, puisque seules les Regulae délivrent pleinement
le sens de cet échec : à ce titre, le Studium et les Regulae constituent véritablement
un tout indissociable. En charge de li présenter et de l'exploiter tant qu'il restait
inédit, Baillet aura baissé les bras, alors même que l'intelligence du Studium lui eût
ouvert de tout autres perspectives sur le jeune Descartes. Nous osons espérer que les
propositions avancées ici pour en restituer le projet parviendront à esquisser la figure
d'un Descartes devenant philosophe.
Observons cependant d'emblée que l'ordre et les objets des considérations qui suivent
sont encore manifestement d'origine aristotélicienne. Descartes commence en
philosophie en répétant à sa manière le livre A de la Métaphysique, c'est-à-dire en
faisant un De philosophia — ce qu'Étienne Gilson avait vu, moyennant un
rapprochement avec la Lettre-préface aux Principes (AT IX-2, 2-8 et 4, 23): Baillet
«aurait dû traduire [Studium Bonae mentis] par: Étude de la sagesse, ou même, plus
simplement, De la philosophie » Commentaire, p. 82, selon AT IX-2, 3 qui reprend
en français l'Epistola dedicatoria des Principia, AT VIII-1, 4, 24, studium

15 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

sapientiae), suivi à juste titre par Jacques Sirven : «Il y avait là [sc. dans les
considérations sur le désir que nous avons de savoir du Studium] comme un
ressouvenir du premier livre des Métaphysiques d'Aristote » (Les Années
d'apprentissage de Descartes (1596-1628), Albi: 1928 p. 293). Il ne sera donc pas
étonnant que peu après Descartes écrive sa propre Peri tès alètheias theoria, De
veritate quidem theoria (Aristotle, Métaphysique α 1993 a 30), protreptique qui
deviendra recherche de la vérité, veritatis inquisitio. Dans la mesure où la Lettre-
préface obéit à une terminologie scolaire, conformément au genre du manuel, on
peut considérer qu'elle reprend le projet du Studium comme commencement de la
philosophie — à quelque vingt-cinq ans de distance, ces deux textes se répondent
silencieusement : c'est pourquoi le livre A y est présent, quoique différemment."
Vincent Carraud, note 2 à l'Étude du bon sens, dans CO, p. 141.
Dans une lettre à Beeckman du 26 mars 1619 Descartes expose son projet :
"Je suis arrivé ici [à Bréda] il y a six jours, et je me suis remis au culte des Muses
avec plus de zèle que jamais. J'ai établi en ce court laps de temps, à l'aide de mes
compas (2), quatre démonstrations remarquables et tout à fait neuves.
(...)
C'est autre chose que je cherche maintenant pour l'extraction des racines d'une
somme (de plusieurs quantités incommensurables entre elles); si j'y parviens, comme
je l'espère, je mettrai bien en ordre toute cette science, à condition de vaincre mon
indolence et si le destin m'en donne le loisir.
Pour ne rien vous cacher de ce que j'entreprends, je voudrais donner au public non
pas un Ars brevis comme Lulle (7), mais une science toute nouvelle (8), par laquelle
on puisse résoudre tous les problèmes possibles, en n'importe quel genre de quantité,
continue or discontinue."
(...)
C'est une entreprise infinie, et qui dépasse un seul homme, projet incroyablement
ambitieux mais j'entrevois un je-ne-sais-quoi de lumineux dans l’obscur chaos de
cette science et je pense pouvoir par ce moyen dissiper les ténèbres les plus
épaisses."
(AT X, 156-158, O VII, 2, 321-322; B 2).
(2) Les compas sont ceux que Descartes décrira dans la Géométrie II et III (AT VI
391 et 443 [O III, 430 et 471]).
(7) R. Lull, Artificium sive Ars brevis ad absolvendam omnium artium
encyclopœdiam, ou encore Ars brevis, quae est imago Artis generalis, écrit en 1308,
imprimé à Barcelone, 1481, souvent réimprimé ensuite (voir sa mention dans
Beeckman = AT X 63-65).
(8) Note en marge : « méthode générale [ars generalis] pour résoudre toutes les
questions » (Beeckman IV 59, n. 7).
12. ———. 1619-20 ou 1623?-1625 - hiver 1627-28. Regulae ad directionem ingenii.
Rédaction initiée en Allemande en 1619-1620 où à Paris en 1623, interrompue et
reprise en France en 1626-1628 et jamais complétée.
AT X 359-469; B Op. II, 684-815; traduction et notes par Jean-Marie Beyssade et
Michelle Beyssade, avec la collaboration de Frédéric Buzon et Denis Kambouchner,
O I, 324-497.
Une copie (non autographe) du texte latin avec les seize premières Règles (*), a étée
découverte à la Cambridge University Library en 2011 par Richard Serjeantson, qui
en prépare une édition.
(*) manque la deuxième partie de la Règle IV [sur la mathesis universalis].
Je donne en parenthèse les abréviations communément utilisées pour les manuscrits
et les éditions anciennes.

16 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

(N) = Première publication : Jan Hendrik Glazemaker (1620-1682) traduit le


manuscrit latin en néerlandais vers le 1680 ; la traduction fut publiée à Amsterdam
en 1684, avec le titre R. Des Cartes Regulen van de bestieringe des verstants.
(A) = La première édition du texte latin fut publiée en 1701 in R. Des-Cartes
Opuscula posthuma, physica et mathematica, Amsterdam : P. & J. Blaeu ; l'édition
Adam-Tannery ne tient pas compte de la traduction néerlandaise.
(O) = Le manuscrit original est perdu.
(H) = Nous avons une copie de l'original (manuscrit de Hanovre : première édition
par Charles Adam, "Ren. Cartesii Regulae de inquirenda veritate", Revue
Bourguignonne de l'Enseignement Supérieur, 11, 1901, pp. 1-89) fait en 1678 et
acheté par Leibniz.
(L) = Cette copie contient de nombreuses erreurs et Leibniz l'a corrigée.
(R) = Une autre copie faite vers 1680 et qui appartenait à Johannes de Raey
(1622-1701), probablement utilisée pour les premières éditions, est aujourd'hui
perdue.
Éditions critiques des Regulae:
Regulae ad directionem ingenii, Texte critique établi par Giovanni Crapulli avec la
version hollandaise du XVIIème siècle, La Haye: Martinus Nijhoff, 1966.
Regulae ad directionem ingenii, Kritisch revidiert und herausgegeben von Heinrich
Springmeyer, Lüder Gäbe und Hans Günter Zekl, Hamburg: Meiner, 1973.
Regulae ad directionem ingenii. Cogitationes privatae, Übersetzt und herausgegeben
von Christian Wohlers, Hamburg Felix Meiner, 2011.
Traductions:
Règles pour la direction de l'esprit, Traduction et notes par Joseph Sirven, Paris:
Vrin, 1945.
Règles pour la direction de l'esprit, Traduction et notes par Jacques Brunschwig.
Préface, dossier et glossaire par Kim Sang Ong-Van-Cung, Paris: Le Livre de Poche,
2002 (première édition de la traduction dans F. Alquié (éd.), René Descartes, Œuvres
philosophiques, Paris: Garnier, I, 1963, pp. 67-204).
Règles utiles et claires pour la direction de l'esprit en la recherche de la vérité,
Traduction selon le lexique cartésien, et annotation conceptuelle par Jean-Luc
Marion. Avec des notes mathématiques de Pierre Costabel, La Haye: Martinus
Nijhoff, 1977.
La première mention se trouve dans l'Inventaire de Stockholm des écrits de Descartes
à la lettre F: "Neuf cahiers reliés ensemble, contentant partie d'un traité des règles
utiles et claires pour la direction de l'Esprit en la recherche de la Vérité". (AT X, p.
9).
"En plusieurs endroits de sa Vie de Monsieur Des-Cartes (1691), Baillet donne une
traduction française de passages des Regulae. Le texte latin qu'il avait sous les yeux
n'était pas celui que nous avons publié, et qui se trouvait en Hollande et ne fut
imprimé qu'en 1701, mais le texte original, qui venait de Clerselier, et qui a disparu
depuis lors. La traduction de Baillet n'en est que plus précieuse, puisqu'elle atteste à
la fois l'existence de ce texte primitif et sa conformité avec la copie qui nous en a été
conservée.
« ...M. Clerselier... s'est trouvé le possesseur unique de tout ce que M. Descartes
avait jamais écrit, tant de ce qui était fini que de ce qui n'était que commencé. Mais,
après une recherche exacte qui s'est faite de cette Logique prétendue parmi ses
papiers, il ne s'est rien trouvé... qui puisse passer pour Logique, si l'on en excepte ses
Règles pour la direction de l'esprit dans la recherche de la vérité (en marge: C'est un
manuscrit latin, non achevé, qui est entre nos mains), qui peuvent servir de modèle
pour une excellente Logique, et qui font sans doute une portion considérable de sa

17 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Méthode, dont ce que nous avons d'imprimé à la tête de ses Essais, ne fait qu'une
petite partie. »
(Baillet I, p. 282.)
« Parmi ceux (les ouvrages de M. Descartes) que les soins de M. Chanut ont fait
échoir à M. Clerselier, il n'y en a point de plus considérable ni peut-être de plus
achevé, que le traité latin qui contient des Règles pour conduire nôtre esprit dans la
recherche de la vérité. C'est celui des manuscrits de M. Descartes, à l'impression
desquels il semble que le Public ait le plus d'intérêt. On est déjà prévenu sur sa
valeur et son prix par la lecture que M. Clerselier en a communiquée à quelques
curieux, et par le témoignage que le célèbre Auteur de l'Art de penser (en marge :
Part. 4, chap. 2) a rendu du bon usage qu'on en peut faire. »
(AT X, 477).
Clerselier a montré le manuscrit aux auteurs de la Logique de Port Royal qui l'ont
utilisé pour la deuxième édition : "La Logique de Port-Royal contient un long
passage, qui correspond à une partie des Règles XIII et XIV. Comme nous l'avons
expliqué dans l'Avertissement (p. 351-2), ce passage a pour nous la valeur d'un
témoin : il atteste l'existence d'un texte original, que nous n'avons plus, mais que
Clerselier avait encore et qu'il a communiqué à Arnauld pour le traduire. On
chercherait d'ailleurs en vain cette traduction dans la première édition : La Logique
ou L'Art de penser contenant, outres les règles communes, plusieurs observations
nouvelles propres à former le jugement. (A Paris, chez Jean de Launay, sous le
Porche des Escoles de Sorbonne, M,DC.LXII. In-12, pp. 473, plus 5 p. Extrait du
Privilège, 1er Avril 1662: Permis au sieur Le Bon... Achevé d'imprimer, 6 juillet
1662.) Le passage qui nous intéresse n'apparaît que dans la seconde édition : La
Logique ou L'Art de penser: contenant etc. (comme précédemment). Seconde
édition, revue et augmentée. (A Paris, chez Charles Savreux, au pied de la Tour de
Nostre Dame, à l'enseigne des Trois Vertus, M.DC.LXIV.) C'est aussi un in-12; le
passage en question s'y trouve, p. 391-397, avec cette note: « La plus grande partie
de ce que l'on dit ici des questions, a été tirée d'un manuscrit de M. Descartes, que
M. Clerselier a eu la bonté de prester. » Cette note et le passage visé se retrouvent
dans toutes les éditions postérieures de la Logique de Port-Royal, à partir de la
deuxième, Partie IV, chapitre II." (AT X 470).
Voir l'édition critique : Antoine Arnauld et Pierre Nicole, La logique ou l’art de
penser (dite Logique de Port-Royal), édité par Dominique Descotes, Paris:
Champion, 2011.
"Le passage suivant du P. Poisson atteste aussi l'existence d'un texte des Regulae,
autre que celui que nous avons donné ; et cet autre texte était l'original, tandis que le
nôtre n'est qu'une copie.
Observation sur la troisième règle de la Méthode de Descartes : Conduire par ordre
mes pensées, etc. (Tome VI de la présente édition, p. 18, l.27) :
«... j'ay rencontré dans un Manuscrit, qu'il avait commencé dés les premières années
qu'il s'appliqua sérieusement à l'étude, que pour venir à bout de toutes les difficultés
qu'on propose, il faut:
1, les connaître distinctement chacune en particulier ;
2, les dépouiller de tout ce qui ne leur est point essentiel dans le sens auquel on les
considère ;
3, les réduire et les diviser en petites parties ;
4, examiner avec attention chacune de ces parties, commençant par les plus simples ;
5, il faut rapporter toutes ces parties, en les comparant les unes aux autres.
Voilà à quoi aboutit toute la finesse des méthodes qu'on a trouvées et qu'on trouvera
jamais. Elle est également nécessaire dans la Physique et dans la Géométrie. L'article

18 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

de ces règles le plus difficile à mettre en pratique, c'est ce dernier : tant parce qu'on
ne connait pas assez les termes qu'on doit comparer, qu'à cause qu'on a besoin d'un
Moyen, qu'on appelle Medium dans l'École, qui n'est pas aisé à trouver. »
(Commentaire ou Remarques sur la Méthode de René Descartes, par L. P. N. I. P. P.
D. L., à Vendôme, M.DC.LXX. Partie II, 6e observation, p. 76.)
(AT X, 476).
En 1676 Leibniz rencontrait Clerselier : "J'ai été aujourd'hui avec Mons. de
Tschirnhaus, pour lui donner la connaissance de Mons. Clerselier, et pour lui faire
voir les relies de Mons. des Cartes.
Il nous montra un discours de Mons. des Cartes de la recherche de la vérité; il y
avait environ 22 règles expliquées e illustrées. En Latin." (AT X, 208).
Leibniz et Ehrenfried Tschirnhaus (1651-1708) transcrivirent tous les deux des
manuscrits : "en particulier Tschirnhaus qui entre 1676 et 1682 en fit parvenir des
copies en Hollande à des amis qui appartenaient au cercle spinoziste, et à Hanovre à
Leibniz qui avait quitté Paris en novembre 1676. Durant cette période, le projet d'une
édition des mss. à dû mûrir chez les deux amis sous l'impulsion ou du moins avec les
encouragements de Clerselier. Nous suivons la trace de ce projet, qui en définitive
n'aboutit pas, d'abord à Paris, puis à Amsterdam. Ce dont nous sommes en tout cas
certains c'est que Leibniz s'est trouvé dès novembre 1676 en possession d'une copie
des Regulae et que Tschirnhaus dès 1678 montre qu'il a pris connaissance
directement du texte.
(...)
A partir des premières années du XVIIIe siècle nous ne possédons plus de
renseignements au sujet des mss. cartésiens, passés des mains de Legrand à celles de
Marmion, professeur de philosophie au Collège des Grassins, et nous perdons par
conséquent la trace du ms. original des Regulae." (Giovanni Crapulli, Introduction à
l'édition critique, René Descartes, Regulae ad directionem ingenii, La Haye:
Martinus Nijhoff, 1966, p. XIII)
13. ———. 1619-20. De Solidorum Elementis (Ms. de Leibniz).
Le texte originel de Descartes "Environ seize feuillets in octavo sous ce titre :
Progymnasmata de solidorum elementis" (Inventaire succinct des écrits, lettre M, AT
X 10), est perdu, mais nous possédons la copie faite par Leibniz à Paris en
1672-1676 et publiée pour la première fois par Foucher de Careil, vol. II, pp.
214-226.
AT X 265-276; Additions in AT XI 690-692; nouvelle édition par Pierre Costabel
dans la Nouvelle présentation de AT (1966) X 276 et 687-689; B Op. II, 1224-1237;
traduction par André Warusfel, O I, 221-231.
Nouvelle édition avec traduction en anglais par Pasquale Joseph Federico, Descartes
on Polyhedra. A Study of the De Solidorum elementis, New York, Springer, 1982.
Édition critique, avec introduction, traduction, notes et commentaires par Pierre
Costabel, René Descartes. Exercices pour les éléments des solides. Essai en
complément d'Euclide. Progymnasmata de solidorum elementis, Paris, Presses
Universitaires de France, 1987.
"Le présent ouvrage est le résultat d'une longue histoire.
Le manuscrit mathématique de Descartes qui est ici l'objet d'une restitution a eu un
sort tourmenté. Conservé dans les papiers de l'auteur pendant plus d'un demi-siècle,
il a disparu peu de temps après avoir eu la chance d'être lu par Leibniz à Paris. Mais
la transcription effectuée par ce lecteur exceptionnel a connu le silence des pièces
d'archives jusqu'au milieu du XIXe siècle, et elle n'est sortie de l'ombre que pour
tomber entre les mains de lecteurs plus avertis de la mathématique de leur temps que
des précautions à prendre avec des textes anciens. Elle a ainsi davantage retenu

19 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

l'attention par les suggestions qu'elle paraissait fournir à un moment de l'évolution de


la pensée mathématique, moment caractérisé par la prise de conscience de
l'importance de l'analyse de la situation (Analysis situs), et si elle a joué un rôle dans
les réflexions consécutives, elle n'a pas tardé, au début du siècle actuel, à être objet
de graves réserves, réserves dont la pointe acérée n'a cessé de se préciser. Manque de
rigueur, absence de point de vue authentiquement topologique, les raisons de
renvoyer ce texte au silence sont aujourd'hui pressantes aux yeux de quelques-uns.
L 'effort de restitution du texte lui-même, qui a été entrepris vers 1894 et réalisé en
1908 avec le tome X de la grande édition des Œuvres de Descartes par Charles
Adam et Paul Tannery, est donc survenu dans une ambiance peu favorable à sa
consistance propre et à sa réception. Affaire d'érudition cartésienne il est apparu dès
le début, et il l'est resté jusqu'à la récente mise à tour de l'édition susdite en 1966.
Principal acteur de cette mise à jour, dans les limites de notes correctrices à apporter
à la première édition, le présent éditeur savait dès cette époque qu'il y avait lieu de
procéder à une prise en charge réellement convenable et il en a fixé les traits à
l'occasion de divers articles tout en préparant l'édition nouvelle, séparée, délivrée des
conditions restrictives imposées par l'insertion dans des Œuvres complètes
monumentales. Il y a près de dix ans que cette édition était prête, mais publier était
une autre affaire que d'établir la matière de la publication. Il fallut trouver un éditeur
au sens ordinaire et français du terme." (Pierre Costabel, René Descartes. Exercices
pour les éléments des solides, Avertissement, pp. V-VI).
14. ———. 1628. Censura quarundam epistolarum Domini Balzacii.
AT I, 7-11; CO, 194-202, traduction du XVIIe siècle, pp. 195-203; B 14; traduction
par Michelle Beyssade et Denis Kambouchner, O I, 285-289; O VIII 2 345-349
(traduction du XVIIe siècle).
Première édition : Claude Clerselier (éd.), Lettres de mr. Descartes, Paris, Charles
Angot, vol. I, 1657, lettre C (février-mars 1628), pp. 462-471.
1628 est la datation proposée par Clerselier; Balzac en remercia Descartes le 30 mars
1628.
Pour les Lettres de Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654), Paris, 1624 (réédition :
Les premières lettres de Guez de Balzac, voir l'édition critique précédée d'une
introduction par H. Bibas et K.-T. Butler, Paris: Droz 1933-34, 2 volumes).
La Censura (ou Jugement de quelques Lettres de Balzac) de Descartes est aussi
publiée dans Guez de Balzac, Socrate chrétien [1652], édition critique de Jean
Jehasse, Paris: Champion, 2008, avec une nouvelle traduction, pp. 243-249.
15. ———. 1628. [De la Divinité].
CO pp. 214-216; ce texte n'a pas été retrouvé.
"Ce fut durant cet été [1628] qu'il voulut écrire De la Divinité, voyez ci-après au
livre III, chap. Ier." (Baillet I, 153, en marge).
"C'était la chaleur du climat de son pays qu'il ne trouvait point favorable à son
tempérament par rapport à la liberté de son esprit, dont la jouissance ne pouvait être
quelque trouble, lorsqu'il était question de concevoir des vérités, où l'imagination ne
devait point se mêler. Il s'était aperçu que l'air de Paris était mêlé pour lui d'une
apparence de poison très subtil et très dangereux ; qu'il le disposait insensiblement à
la vanité; et qu'il ne lui faisait produire que des chimères. C'est ce qu'il avait
particulièrement éprouvé au mois de juin de l'année 1628, lorsque, s'étant retiré de
chez M. Le Vasseur pour étudier loin des compagnies, il entreprit de composer
quelque chose sur la divinité. Son travail ne put lui réussir faute d'avoir eu les sens
assez rassis ; outre n'était peut-être pas d'ailleurs assez purifié ni assez exercé pour
pouvoir traiter un sujet si sublime avec solidité." (Baillet I, 171).

20 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

16. ———. 1628? [De deo Socratis].


CO, pp. 173-179; ce texte n'a pas été retrouvé.
« L'on nous parle encore d'un autre traité de M. Descartes, intitulé De Deo Socratis,
où il examinait ce que pouvait être cet esprit familier de Socrate, qui fait le sujet de
l'entretien des curieux depuis tant de siècles. Mais il parait que c'était un bien déjà
aliéné, lorsque son Auteur fit le voyage de Suède. Aussi ne se trouva-t-il point parmi
les autres dans l'Inventaire que l'on fit de ses écrits après sa mort. Comme il est
tombé en d'autres mains que celles de M. Clerselier, nous ne pourrons contribuer à sa
publication que par des prières, pour porter ceux qui en sont devenus les maîtres à lui
procurer le jour. Voici par avance ce que M. Descartes pensait de cet esprit familier
de Socrate, et ce qu'il en mandait à la princesse Palatine sa disciple : « Et ce qu'on
nomme communément le génie de Socrate, n'a sans doute été autre chose, sinon qu'il
avait accoutumé de suivre ses inclinations intérieures, et qu'il croyait que
l'événement de ce qu'il entreprenait serait heureux, lorsqu'il avait quelque secret
sentiment de gaieté, et au contraire qu'il serait malheureux lorsqu'il était triste. Il faut
avouer néanmoins qu'il y aurait de la superstition à s'attacher à cette opinion autant
qu'on dit qu'il y était attaché. Car Platon rapporte de lui qu'il demeurait même au
logis toutes les que son génie ne lui conseillait pas d'en sortir. Mais touchant les
actions importantes de la vie, lorsqu'elles se trouvent si douteuses que la prudence ne
peut enseigner ce qu'on doit faire, il me semble qu'on a grande raison de suivre les
conseils de son génie; et qu'il est utile d'avoir une forte persuasion que les choses que
nous entreprenons sans répugnance et avec la liberté qui accompagne d'ordinaire la
joie ne manqueront pas de nous bien réussir. » (Baillet II, 408: lettre à Elisabeth du
novembre 1646, AT IV, 530; O VIII 2, 270; B 578).
17. ———. 1628 (automne) - 1629 (été). [Traité de métaphysique].
CO, 217-227; ce traité en latin, aujourd'hui perdu, (son premier projet de
métaphysique) est mentionné par Descartes dans :
a) la lettre à Gibieuf du 18 juillet 1629: "Je me réserve à vous importuner lorsque
j'aurai achevé un petit traité que je commence (5), duquel je ne vous aurais rien
mandé qu'il ne fût fait, si je n'avais peur que la longueur du temps vous fît oublier la
promesse que vous m'avez faite de le corriger et y ajouter la dernière main ; car je
n'espère pas en venir à bout de deux ou trois ans, et peut-être après cela me
résoudrai-je de le brûler, ou du moins il n'échappera pas d'entre mes mains et celles
de mes amis sans être bien considéré ; car si je ne suis assez habile pour faire
quelque chose de bon, je tâcherai au moins d'être assez sage pour ne pas publier mes
imperfections." (AT I 17; O VIII 2, 790-791; B 17);
(5) Les commentateurs rapprochent ce « petit traité » du « petit Traité de
Métaphysique, lequel j'ai commencé étant en Frise, et dont les principaux points sont
de prouver l'existence de Dieu, et celle de nos âmes, lorsqu'elles sont séparées du
corps, d'où suit leur immortalité », Descartes écrit à Mersenne, 25 novembre 1630
(AT I 182, [O VIII 1, 85] B 36); voir aussi à Mersenne, 15 avril 1630 (AT I 136, [O
VIII 1, 67] B 30).
les lettres à Mersenne du:
b) 15 avril 1630: "Pour votre question de Théologie, encore qu'elle passe la capacité
de mon esprit, elle ne me semble pas toutefois hors de ma profession, parce qu'elle
ne touche point à ce qui dépend de la révélation, ce que je nomme proprement
Théologie; mais elle est plutôt métaphysique (*) et se doit examiner par la raison
humaine. Or j'estime que tous ceux à qui Dieu a donné l'usage de cette raison, sont
obligés à le connaître, et à se connaître eux-mêmes. C'est par là que j'ai tâché de
commencer mes études ; et je vous dirai que je n'eusse su trouver les fondements de
la physique, si je ne les eusse cherchés par cette voie. Mais c'est la matière que j'ai le

21 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

plus étudiée de toutes, et en laquelle, grâce à Dieu, je me suis aucunement satisfait ;


au moins pensé-je avoir trouvé comment on peut démontrer les vérités
métaphysiques, d'une façon qui est plus évidente que les démonstrations de
géométrie ; je dis ceci selon mon jugement, car je ne sais pas si je le pourrai
persuader aux autres. Les 9 premiers mois que j'ai été en ce pays, je n'ai travaillé à
autre chose, et je crois que vous m'aviez déjà ouï parler auparavant que j'avais fait
dessein d'en mettre quelque chose par écrit ; mais je ne juge pas à propos de le faire,
que n'aie vu premièrement comment la physique sera reçue. (**)" (AT I 143-144; O
VIII 1, 72; B 30);
(*) [Première occurrence du terme métaphysique dans les écrits de Descartes]
(**) [Descartes se réfère ici au Monde, qui ne sera pas publié en raison de la
condamnation de Galilée en 1633]
c) 25 novembre 1630 : "J'éprouverai en la Dioptrique si je suis capable d'expliquer
mes conceptions, et de persuader aux autres une vérité, après que je me la suis
persuadée: ce que je ne pense nullement. Mais si je trouvais expérience que cela fût,
je ne dis pas que quelque jour je n'achevasse un petit traité de métaphysique, lequel
j'ai commencé étant en Frise, et dont les principaux points sont de prouver l'existence
de Dieu, et celle de nos âmes, lorsqu'elles sont séparées du corps, d'où suit leur
immortalité." (AT I 182; O VIII 1, 85: B 36);
d) Mersenne, vers le 20 avril 1637: "Il y a environ huit ans que j'ai écrit en latin un
commencement de Métaphysique (4) (...) et si l'on fait une version latine de ce livre
(5), comme on s'y prépare, je l'y pourrai faire mettre." (AT I 350; O VIII 1, 139; B
104).
(4) En 1629 (à Gibieuf, 18 juillet 1629, AT I 17 1. 7, [O VIII 2, 790] B 17; à
Mersenne, (15 avril 1630, AT I 144 l. 19, [O VIII 1, 72] B 30).
(5) La traduction latine du Discours et des Essais (sauf la Géométrie), œuvre
d’Étienne de Courcelles, n’apparut qu’en 1644. CM suggère qu'un projet a pu se
constituer dès 1637 avec le jeune Van Schooten, qui publia en 1649 une traduction
latine de la Géométrie.
18. Beeckman, Isaac. 1628-29. Extraits du Journal tenu par Isaac Beeckman.
AT X, 331-348; treize extraits mathématiques en latin de 1628-1629; B Op. II,
1352-1379; traduction française par Frédéric de Buzon, O I, Notes de (1628-1699),
107-120.
I. Historia Des Cartes ejusque mecum necessitudo. — Docti cur pauci 331 ; II.
Algebrae Des Cartes specimen quoddam 333 ; III. Angulus refractionis à Des Cartes
exploratus 335 ; IV. Chordarum musicarum crassitiei ratio 337 ; V. Solis radijs
comburere remotissima 338 ; VI. Ellipsis in quâ omnes radij paralleli concurrunt in
puncto medij densioris 338 ; VII. Hyperbola per quam radij in unum punctum
concurrunt 340 ; VIII. Ellipsis pars per quam radij in aère exacte concurrunt 340 ;
IX. Hyperbola per quam omnes radij paralleli in unum punctum exacte incidant
demonstrata 341 ; X. Parabolâ duo média proportionalia inveniri posse demonstratur
342 ; XI. Parabolâ œquationes Cosicas lineis exponere 344 ; XII. Lunae an litterae
inscribi possint absentibus legendae 347 ; XIII. Consonantias omnes ex continua
chordae bisectione 348.
19. Descartes, René. 1629. Anatomica quaedam ex M.to Cartesii. Problemata (Ms. de
Leibniz).
Anatomica quaedam ex M.to Cartesii AT XI, pp. 549-621; B Op. II, 1104-1197;
Problemata AT XI, 621-634; B OP. II, 1197-1219.
Première édition du texte latin avec une traduction française dans Foucher de Careil:
vol. I. Observationes Meteorologicae, 72-100 (AT XI-621-634); Physiologia

22 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

100-155; Vol. II Partes similares, et excrementa, et morbi 66-85; Anatomica


quaedam 86-134; Observationum anatomicarum 134-209.
Nouvelle édition dans René Descartes, Écrits physiologiques et médicaux,
Présentation, textes, traduction, notes et annexes de Vincent Aucante, Paris, Presses
Universitaires de France, 2000.
Dans cette édition la première partie, La génération des animaux, contient les
fragments 1-44 de 1630-1632, 45-72 de 1637, 73-76 de 1648.
20. ———. 1629. Remedia, et vires medicamentorum (Ms. de Leibniz).
Première édition du texte latin avec une traduction française dans Foucher de Careil,
vol. II, 210-213.
AT XI, pp. 641-644; B Op. II, 1216-1219.
Nouvelle édition dans René Descartes, Écrits physiologiques et médicaux,
Présentation textes, traduction, notes et annexes de Vincent Aucante, Paris, Presses
Universitaires de France, 2000.
Dans cette édition la deuxième partie, Fragments de thérapeutique, contient les
fragments T1-T9 de 1628 (Remèdes et forces des médicaments) et T10-T14 de 1631.
21. ———. 1629; 1638-40. Excerpta ex mss. R. Des-Cartes (Ms de Leibniz).
Première édition dans R. Des-Cartes Opuscula posthuma, physîca & mathematica,
Amsterdam 1701, pp. 1-17 (publié à la fine du volume, avec une nouvelle
numération).
AT X, pp. 285-324; B. Op. II, 994-1051; O III, pp. 532-562.
I. Polygonorum inscriptio 285 ; II. Horum Usus Trigonometricus 289 ; ni. Numeri
Polygoni 297 ; IV. De Partibus Aliquotis Numerorum 300 ; V. Radix Cubica
Binomiorum 302 ; VI. Circuli Quadratio 304 ; VII. Tangens Cycloïdis 305 ; VIII.
Tangens Quadratariae per Cycloïdem 307 ; IX. Aequationum Asymmetriae Remotio
308 ; X. Ovales Opticae Quatuor 310 ; XI. Earum Descriptio et Tactio 313-324.
"Le volume intitulé : R. Des-Cartes Opuscula posthuma, physîca & mathematica
(Amstelodami, ex typographia P. & J. Blaeu, MDCCI), donne à la fin, avec une
pagination spéciale (p. 1-17), une série de fragments mathématiques sous la rubrique
: Excerpta ex MSS. R. Des-Cartes." (AT X, p. 279).
Il s'agit de 12 fragments, la plupart écrits en 1638-1640; le plus étendu, sur les
Ovales, a été écrit avant 1629.
22. ———. 1629-48. Primae cogitationes circa generationem animalium. De saporibus.
Première édition latine dans R. Des-Cartes Opuscula posthuma, physîca &
mathematica, Amsterdam 1701, pp. 1-23.
AT XI, pp. 505-538; 539-542; B Op. II, 936-983; 984-987.
Nouvelle édition dans René Descartes, Écrits physiologiques et médicaux,
Présentation, textes, traduction, notes et annexes de Vincent Aucante, Paris, Presses
universitaires de France, 2000.
Voir aussi: Annie Bitbol-Hespériès, "Sur quelques errata dans les textes
biomédicaux latins de Descartes, AT XI", Bulletin cartésien XLIV 2013, Archives de
Philosophie, 2015/1 Tome 78, pp. 45-55: "En préparant l’édition des textes médicaux
de Descartes, à paraître dans le volume II des Œuvres complètes de Descartes chez
Gallimard (coll. Tel), dirigées par Jean Marie Beyssade et Denis Kambouchner, j’ai
été conduite à proposer la correction de quelques coquilles figurant dans les éditions
des textes latins des Primae cogitationes circa generationem animalium et des
Excerpta anatomica et reprises dans les traductions. " (p. 45).
23. ———. 1629 (octobre) - 1633. Le Monde, ou Traité de la lumière.
AT XI, 3-118; B OP. II, 214-359.

23 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Premières publications :
1) Le Monde de Mr. Descartes ou le Traité de la Lumière, et des autres principaux
objets des Sens. Avec un Discours du Mouvement local, et un autre des Fièvres
composez selon les principes du même Auteur, Paris: Jacques Le Gras, 1664 (le texte
est basé sur un copie de l'original, les deux Discours placés à la suite ne sont pas de
Descartes).
2) Clerselier 1677, pp. 405-511.
Édition critique : Le Monde, l'Homme, Introduction de Annie Bitbol-Hespériès;
textes établis et annotés par Annie Bitbol-Hespériès et Jean-Pierre Verdet, Paris:
Seuil, 1996.
Titres de chapitres introduits par Clerselier dans son édition du Traité du monde : I.
De la différence qui est entre nos sentiments et les choses qui les produisent ; II. En
quoi consiste la chaleur et la lumière du feu ; III. De la dureté et de la liquidité ; IV.
Du vide, et d'où vient que nos sens n'aperçoivent pas certains corps ; V. Du nombre
des éléments, et de leurs qualités ; VI. Description d'un nouveau monde, et des
qualités de la matière dont il est composé ; VII. Des lois de la nature de ce nouveau
monde ; VIII. De la formation du soleil et des étoiles de ce nouveau monde ; IX. De
l'origine et du cours des planètes et des comètes en général, et en particulier des
comètes ; X. Des planètes en général, et en particulier de la terre et de la lune ; XI.
De la pesanteur ; XII. Du flux et du reflux de la mer ; XIII. De la lumière ; XIV. Des
propriétés de la lumière ; XV. Que la face du ciel de ce nouveau monde doit paraître
à ses habitants toute semblable à celle du nôtre ; XVI-XVII [Ces Chapitres n'ont pas
été retrouvés] ; Pour le XVIII Chapitre, voir L'Homme.
"Le plan du Monde décrit dans le Discours
La cinquième partie du Discours est consacrée, à un résumé du Monde, à la faveur
duquel Descartes brosse à larges traits les principaux chapitres et le mouvement
général de ce livre où il comptait déposer ses connaissances en physique. De manière
schématique, voici la table des matières reconstituée de ce Monde qui n’a jamais vu
le jour, sinon plus tard dans les Principes.
1. Description de la matière.
2. Les lois de la nature.
3. Description des différentes combinaisons possibles de cette matière originelle
selon les lois dégagées au deuxième paragraphe, ce qui donne les différents éléments
: cieux, terre, planètes, comètes, soleil, étoiles fixes, lumière, etc.
4. Description du monde visible, en général de tous les phénomènes qui sont au-
dessus de la terre (mouvements et qualités des Cieux).
5. Description des phénomènes terrestres : pesanteur, flux et reflux des océans,
origine des mers, montagnes, etc., métaux, plantes, sable, feu, verre —
métamorphose apparente des éléments.
6. Les êtres animés : les animaux, l’homme, ses fonctions, son anatomie. (*)
7. La conclusion est centrée sur l’immortalité de l’âme humaine que Descartes établit
par la différence entre l’homme et l’animal-machine.
Ce plan est guidé par un mouvement ascendant qui, trouvant son origine dans la
matière inanimée, s’achève par révocation de l’immortalité de l’âme. L’esprit
reconstruit probablement l’univers, en partant de l’évidence fournie par le spectacle
de la matière elle-même régie par les lois de la mécanique, et achève son chemin en
affirmant sa différence, c’est-à-dire son immortalité.
Une étroite correspondance peut être établie entre cette organisation et celle des
Principes : à la deuxième partie des Principes (« Des principes des choses
matérielles ») correspondent les chapitres que nous avons numérotés 1, 2 et 3; à la
troisième partie (« Du monde visible ») le chapitre 4; et à la quatrième partie (« De la

24 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

terre ») le chapitre 5. Les racines métaphysiques de la première partie des Principes


sont dispersées dans les quatre premières parties du Discours, à condition d’en retirer
la morale par provision et les textes biographiques qui expliquent leur genèse."
* A ce moment du développement s’intercale l’explication détaillée de la circulation
du sang.
Pierre-Alan Cahné, Un autre Descartes. Le philosophe et son langage, Paris: Vrin,
1980, pp. 257-258.
Le Monde est commencé en octobre 1629 : "Je ne laisse pas de vous en avoir très
grande obligation, et encore plus de l'offre que vous me faites de faire imprimer ce
petit traité que j'ai dessein d'écrire; mais je vous dirai qu'il ne sera pas prêt de plus
d'un an. Car depuis le temps que je vous avais écrit il y a un mois, je n'ai rien fait du
tout qu'en tracer l'argument, et au lieu d'expliquer un phénomène seulement, je me
suis résolu d'expliquer tous les phénomènes de la nature, c'est-à-dire toute la
physique. Et le dessein que j'ai me contente plus qu'aucun autre que j'aie jamais eu,
car je pense avoir trouvé un moyen pour exposer toutes mes pensées en sorte qu'elles
satisferont à quelques-uns et que les autres n'auront pas occasion d'y contredire."
(lettre à Mersenne du 13 novembre 1629, AT I 70; O VIII 1, 33; B 23).
Le 22 juillet 1633 "Mon traité (9) est presque achevé, mais il me reste encore à le
corriger et à le décrire (10) ; et parce qu'il ne m'y faut plus rien chercher de nouveau,
j'ai tant de peine à travailler, que si je ne vous avais promis, il y a plus de trois ans,
de vous l'envoyer dans la fin de cette année (11), je ne crois pas que j'en pusse de
longtemps venir à bout ; mais je veux tâcher de tenir ma promesse (12)." (lettre à
Mersenne, AT I, 268; O VIII 1, 107; B 59).
(9) Le Monde.
(10) Comprendre : à le transcrìre (ou bien, comme le suggère AM, lire récrire ?).
(11) Voir à Mersenne, 15 avril 1630 (AT I, 137 l. 16-17; [O VIII 1, 67] B 30) et
novembre 1630 (AT I, 179 l. 12-13; [O VIII 1, 83] B 36).
(12) Une lettre de Golius à Huygens (1er novembre 1632, Brwg, [De Briefwisselìng
van Constantjin Huygens, (1608 1687), 6 voll., ‘s-Gravenhage, Martinus Nijhoff,
1911-1917] t. 1, 375) indique que Descartes en est à rédiger la philosophie de l'âme
humaine, qu'il fait remonter à Dieu ; Descartes, dit-il, s'est retiré à Deventer pour
rédiger en paix. Dans le Discours, celui-ci indique : « J'avais décrit, après cela, l'âme
raisonnable et fait voir qu'elle ne peut aucunement être tirée de la puissance de la
matière, ainsi que les autres choses, mais qu'elle doit expressément être créée », et il
poursuit : « Il y a maintenant trois ans que j'étais parvenu à la fin du traité qui
contient toutes ces choses » (AT VI, 59-60 [O III, 430 et 471]).
"... je ne vous promets pas de mettre ici des démonstrations exactes de toutes les
choses que je dirai, ce sera assez que je vous ouvre le chemin par lequel vous les
pourrez trouver de vous-même, quand vous prendrez la peine de les chercher. (...) Et
pour faire ici un tableau qui vous agrée, il est besoin que j'y emploie de l'ombre aussi
bien que des couleurs claires. Si bien que je me contenterai de poursuivre la
description que j'ai commencée, comme n'ayant autre dessein que de vous raconter
une fable." (AT XI, 48).
Dans le Discours de la méthode, en se référant au Monde: " ... pour ombrager un peu
toutes ces choses, et pouvoir dire plus librement ce que j'en jugeais, sans être obligé
de suivre ni de réfuter les opinions qui sont reçues entre les doctes, je me résolus de
laisser tout ce monde ici à leurs disputes, et de parler seulement de ce qui arriverait
dans un nouveau, si Dieu créait maintenant quelque part, dans les espaces
imaginaires, assez de matière pour le composer, et qu'il agitât diversement et sans
ordre les diverses parties de cette matière, en sorte qu'il en composât un chaos aussi
confus que les poètes en puissent feindre, et que, par après, il ne fît autre chose que

25 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

prêter son concours ordinaire à la nature, et la laisser agir suivant les lois qu'il a
établies » (AT VI, 43).
Dans la lettre à Mersenne du 15 avril 1630, après avoir exposé sa théorie de la
création des vérités éternelles, Descartes écrit: "J'espère écrire ceci, même avant qu'il
soit 15 jours, dans ma Physique ;" (AT I, 146; O VIII 1, 73; B 30); on trouve un écho
de ces pensées à la fine du chapitre VI et dans le chapitre VII: "Si j'y mettais la
moindre chose qui fût obscure, il se pourrait faire que parmi cette obscurité il y aurait
quelque répugnance (**) cachée dont je ne me serais pas aperçu, et ainsi que, sans y
penser, je supposerais une chose impossible; au lieu que, pouvant distinctement
imaginer tout ce que j'y mets, il est certain qu'encore qu'il n'y eût rien de tel dans
l'ancien monde, Dieu le peut toutefois créer dans un nouveau, car il est certain qu'il
peut créer toutes les choses que nous pouvons imaginer.
(...)
Et il est facile à croire que Dieu, qui comme chacun doit savoir est immuable, agit
toujours de même façon. Mais, sans m'engager plus avant dans ces considérations
métaphysiques, je mettrai ici deux ou trois des principales règles suivant lesquelles il
faut penser que Dieu fait agir la nature de ce nouveau monde et qui suffiront, comme
je crois, pour faire connaître toutes les autres." (AT XII, 36-38).
(**) Au XVIIe siècle, répugnance signifie déjà dégoût, mais aussi contrariété,
opposition et contradiction, et c'est le sens qu'il faut ici retenir. (Note de A. Bitbol-
Hespériès, Le Monde, l'Homme, cit., p. 24).
Le Chapitre VII donne la définition de Nature : "Sachez donc, premièrement, que par
la Nature je n'entends point ici quelque Déesse, ou quelque autre sorte de puissance
imaginaire, mais que je me sers de ce mot pour signifier la Matière même en tant que
je la considère avec toutes les qualités que je lui ai attribuées comprises toutes
ensemble, et sous cette condition que Dieu continue de la conserver en la même
façon qu'il l'a créée. Car de cela seul qu'il continue ainsi de la conserver, il suit de
nécessité qu'il doit y avoir plusieurs changements en ses parties, lesquels ne pouvant,
ce me semble, être proprement attribués à l'action de Dieu, parce qu'elle ne change
point, je les attribue à la Nature ; et les règles suivant lesquelles se font ces
changements, je les nomme les lois de la Nature." (AT XI, 36-37).
La "fable" du Monde.
C'est dans la lettre à Mersenne du 25 novembre 1630 que Descartes use pour la
première fois cette expression : "Et je ne pense pas après ceci me résoudre jamais
plus de faire rien imprimer, au moins moi vivant : car la fable de mon Monde (10)
me plaît trop pour manquer à la parachever". (AT I, 179; O VIII 1, 83; B 36).
(10 Voir à Mersenne, 13 novembre 1629 (AT I, 70; [O VIII 1, 33] B 23).
Au terme du chapitre V et au débout du Chapitre VI Descartes écrit : "Il me reste ici
encore beaucoup d'autres choses à expliquer, et je serais même bien aise d'y ajouter
quelques raisons pour rendre mes opinions plus vraisemblables. Mais afin que la
longueur de ce discours vous soit moins ennuyeuse, j'en veux envelopper une partie
dans l'invention d'une fable, au travers de laquelle j'espère que la vérité ne laissera de
paraître suffisamment, et qu'elle ne sera pas moins agréable à voir que si je l'exposais
toute nue.
Chapitre VI
Permettez donc pour un peu de temps à votre pensée de sortir hors de ce monde pour
en venir voir un autre tout nouveau que je ferai naître en sa présence dans les espaces
imaginaires (*). Les Philosophes nous disent que ces espaces sont infinis, et ils
doivent bien en être crus puisque ce sont eux-mêmes qui les ont faits. Mais afin que
cette infinité ne nous empêche et ne nous embarrasse point, ne tâchons pas d'aller
jusqu'au bout ; entrons-y seulement si avant que nous puissions perdre de vue toutes

26 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

les créatures que Dieu fit il y a cinq ou six mille ans, et après nous être arrêtés là en
quelque lieu déterminé, supposons que Dieu crée de nouveau tout autour de nous tant
de matière que, de quelque côté que notre imagination se puisse étendre, elle n'y
aperçoive plus aucun lieu qui soit vide." (AT XI, 31-32).
(*) ...espaces imaginaires... "dans la philosophie scolastique, où le monde est
considéré comme fini, les espaces fictifs que l'imagination seule conçoit au-delà des
limites du monde et de l'espace réels. Cf. Index scolastico-cartésien, pp. 96-97."
(Etienne Gilson, Discours de la méthode. Texte et commentaire, Paris: Vrin, 1925, p.
383); voir aussi Francisco Suárez, Disputationes metaphysicae, XXX, 7, 28: "extra
hunc autem mundum nihil est, nam spatium imaginarium non est, sed imaginatione
fingitur (au-delà de ce monde, il n'y a rien; car l'espace imaginaire n'existe pas, mais
est forgé par l'imagination)."; voir aussi Disputationes metaphysicae, LI, De "ubi",
passim.
"... je vous prie me mander s'il n'y a rien de déterminé en la religion, touchant
l'étendue des choses créées, savoir si elle est finie ou plutôt infinie, et qu'en tous ces
pays qu'on appelle les espaces imaginaires il y ait des corps créés et véritables ; car
encore que je n'eusse pas envie de toucher cette question, je crois toutefois que je
serai contraint de la prouver." (lettre à Mersenne du 18 décembre 1629, AT I, 86; O
VIII 1, 41; B 25).
Descartes a renoncé à la publication après la condamnation de Galilée (cfr. la lettre à
Mersenne 28 novembre 1633: "Mais comme je ne voudrais pour rien au monde qu’il
sortît de moi un discours, où il se trouvât le moindre mot qui fut désapprouvé de
l’Eglise, aussi aimé-je mieux le supprimer, que de le faire paraître estropié. (10)" (AT
I, 270-271; O VIII 1, 108; B 60).
(10) Rapprocher du récit de la sixième partie du Discours (dont la rédaction se
poursuivit jusqu'en mars 1636, AT VI, 60 l. 4-61 l. 2 [O III, 121]) Il est peu crédible
de mettre en doute la sincérité de Descartes : le protestant Claude Saumaise écrivait
le 7 mars 1638 à l’abbé Ismaël Bouillard à propos du Monde que si Descartes « était
moins bon catholique, il nous l’aurait déjà donné, mais il craint de publier une
opinion qui n'est pas approuvée à Rome » (ce qui, de surcroît, aurait été contre-
productif pour l'adoption de son système en France et chez les jésuites), texte inédit
cité par Henk J. M. Nellen, « Ismaël Boulliaud (1605-1694) : astronome, épistolier,
nouvelliste et intermédiaire scientifique; ses rapports avec les milieux du libertinage
érudit », in Études de l'Institut Pierre Bayle, Nimègue, 24, APA-Holland University
Press, 1994, p. 70.
"Pendant l'été 1634, Descartes écrit à Beeckman au sujet de la propagation de la
lumière. Aucune lettre connue de Descartes ne date du début de l'année 1635. Mais
le 16 avril 1635, Descartes écrit à Golius qu’il a lu à M. de Zuilichem, c’est-à-dire à
Constantin Huygens qu’il vient de rencontrer, « une partie de sa Dioptrique (282) ».
En mai, il réfléchit à «la cause de la lumière (283) » et évoque les couronnes et les
parhélies. Puis, dans les mois qui suivent, il écrit que, « depuis la condamnation de
Galilée », il a « entièrement séparé de son Monde le traité sur “les lunettes” », et
qu’il l'a « revu et entièrement achevé ». Il se « propose de le faire imprimer seul dans
peu de temps ». Il ajoute également qu’il « juge maintenant hors de saison» de « faire
voir son Monde avec le mouvement défendu » (284).
Ces indications sont très précieuses parce qu’elles montrent d’une part que Descartes
abandonne l’idée de publier Le Monde, et d’autre part qu’il se consacre maintenant à
La Dioptrique, en vue de sa publication. De sorte que la composition de La
Dioptrique a alors évolué, et qu’elle s’est notamment augmentée d’un
approfondissement des réflexions inaugurales du Monde sur la lumière, mais plus
encore des analyses du chapitre XVIII du Monde consacré à L’Homme. En effet, les

27 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

références directes à La Dioptrique figurant dans Le Monde incluant L’Homme


permettent de voir quel en était le noyau initial. Ainsi, Le Monde renvoie directement
à La Dioptrique pour l’explication de la réflexion et de la réfraction (285), qui se
trouve au discours second de l’Essai de 1637. L’Homme se réfère explicitement à La
Dioptrique au sujet de la taille des verres (objet de la réflexion de Descartes depuis
1629), parce que la figure du cristallin ressemble à celle d’un verre hyperbolique
(286), dont les particularités sont exposées au discours huitième de l’Essai de 1637.
L’Homme cite à nouveau La Dioptrique en ce qui concerne le mécanisme de la
vision (287), exposé dans les discours troisième et sixième de l’Essai de 1637."
(282) AT 1, 314. [O VIII 1; 647; B 71]
(283) AT I, 318. [O VIII 1; 648; B 74]
(284) AT I, 322. [O VIII 1; 121; B 75] Lettre datée de l’automne 1635 dans AT et de
juin ou juillet 1635 dans Alquié, et probablement adressée à Mersenne.
(285) AT XI, 9, 102, 106, 116.
(286) AT XI, 153, 156.
(287) AT XI, 187.
Introduction de Annie Bitbol-Hespériès à R. Descartes, Le Monde, l'Homme, Paris:
Seuil, 1996, pp. XXXV.
"Pour les lunettes, je vous dirai que depuis la condamnation de Galilée (4), j'ai revu
et entièrement achevé le Traité que j'en avais autrefois commencé (5) ; et l'ayant
entièrement séparé de mon Monde, je me propose de le faire imprimer seul dans peu
de temps (6). Toutefois parce qu'il s'écoulera peut-être encore plus d'un an, avant
qu'on le puisse voir imprimé, si M. N. (7) y désirait travailler avant ce temps-là, je le
tiendrais à faveur, et je m'offre de faire transcrire tout ce que j'ai mis touchant la
pratique, et de lui envoyer quand il lui plaira." (lettre à Mersenne (?) mars 1635 ?,
AT I, 322; O VIII 1, 121; B 75)
(4) Descartes est souvent revenu dans ses lettres à Mersenne sur la condamnation de
Galilée (1633) : fin novembre 1633 (AT I, 270-273, [O VIII 1, 107-109;] B 60);
février 1634 (AT I, 281-282, [O VIII, 1; 109-110] B63); 15 mai 1634 (AT I, 298-299,
[O VIII 1, 114-118] B 66).
(5) La rédaction de la Dioptrique, dont Descartes a souvent entretenu Mersenne (25
novembre 1630, AT I 182 1. 13 sq., [O VIII 1, 82-85] B36; juin 1632, AT I, 254 l. 3
sq., [O VIII 1, 102-104] B 55).
(6) En effet, Descartes écrit à Golius le 16 avril 1635 : « Monsieur de Zuyleichem
[Huygens], que j'ai eu l'honneur de voir ces jours à Amsterdam, après avoir eu la
patience d'ouïr lire une partie de ma Dioptrique... » et envoie à Huygens une copie
du texte le 25 avril 1635 (AT I, 585-586; [O VIII 2, 13-14] B 72).
(7) Cl-Inst : de Beaune (suivi par AT ? et AM ?); CM V 125 n. 5 suggère Mydorge, «
plutôt que Ferrier, à qui Descartes avait déjà donné ses instructions depuis longtemps
».
24. ———. 1629 (octobre) - 1633. L'Homme.
AT XI, 119-215; B Op. II, 362-507. Ce traité est le XVIIIe Chapitre du Monde.
Premières publications :
1) Traduction latine de Florent Schuyl : Renatus Des Cartes De Homine, figuris et
latinitate donatus a Florentio Schuyl, Leyden: P. Leffen & F. Moyardum. 1662.
2) Édition du texte original : Clerselier 1677, pp. 1-98.
Édition critique : Le Monde, l'Homme, Introduction de Annie Bitbol-Hespériès;
textes établis et annotés par Annie Bitbol-Hespériès et Jean-Pierre Verdet, Paris:
Seuil, 1996.
Dans une lettre à Mersenne du 18 décembre 1629 Descartes écrit : "je veux
commencer à étudier l'anatomie. (44)" (AT I, 102; O VIII 1, 49; B 25).

28 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

(44) Première mention des études d'anatomie de Descartes : on retrouve ce souci


dans à Mersenne, 15 avril 1630 (AT I, 137 l. 5-6 [O VIII 1, 68; B 30]), 20 février
1639 (AT II, 525 l. 14-18 [O VIII 1, 326; B 204]) et 13 novembre 1639 (AT II, 621 l.
3-15 [O VIII 1, 351; B 224]); Descartes en parle aussi au médecin Plempius le 15
février 1638 (AT I, 523, l. 1-3 [O VIII 1, 407; B 146]) ; voir aussi le Traité de
l'Homme (AT XI 120 l. 25-121 l. 9) et le Discours (AT VI, 47 l. 1-8 [O III, 112]).
"Le plan suivi dans le Traité de l’Homme.
Ce traité, qui est une description systématique de la machine qu’est le corps, est très
construit, de manière concertée et révélatrice d’une hiérarchie et du constant souci de
totalité de Descartes. Car, encore que toute cette machine soit régie, en toutes ses
fonctions, par les mêmes principes issus de la mécanique la plus élémentaire,
Descartes ne laisse pas de suivre un ordre qui reproduit, dans le microcosme du
corps, la structure générale de l’exposé qu’il utilise pour décrire le macrocosme du
monde.
Mais d’abord, les données : le plan du Traité de l’Homme est le suivant.
En un premier temps, c’est le cours du sang qui guide le développement, depuis son
origine jusqu’à sa métamorphose en une autre substance :
— la digestion des viandes, le circuit des aliments, le foie, le sang ;
— la respiration ;
— la circulation du sang ;
— la croissance ;
— la raréfaction du sang, origine des esprits animaux.
La deuxième partie du développement suit maintenant le cours des esprits animaux,
ce qui conduit Descartes à décrire les systèmes nerveux, moteur et sensible :
— le système nerveux, moteur, les nerfs-tuyaux et les muscles ;
— le système nerveux sensible, les nerfs-filets ;
— le mécanisme des sentiments intérieurs (faim, soif, etc.) ;
— les esprits animaux et les passions.
Enfin, une dernière parties2 est centrée sur les fonctions du cerveau:
— les fonctions de la veille (imagination, mémoire, etc.) ;
— les fonctions du sommeil (les songes).
La conclusion insiste sur l’identité entre cette machine créée par la nature et celle
issue de l’industrie humaine (horloge)."
Pierre-Alan Cahné, Un autre Descartes. Le philosophe et son langage, Paris: Vrin,
1980, pp. 259.
"Les notes de cette édition du traité de L’Homme montrent les points de rencontre
nombreux entre le chapitre XVIII du Monde et La Dioptrique. La convergence de ces
textes ne doit d’ailleurs aucunement surprendre, puisque, nous l’avons vu, ils ont été
élaborés dans les mêmes années. Mais, à plusieurs reprises, des phrases identiques se
retrouvent d’un texte à l’autre, ce qui laisse penser qu’après la condamnation de
Galilée Descartes a inséré dans La Dioptrique plusieurs passages du traité de
L’Homme consacrés à l’explication du sens de la vue. Ce qui est intéressant à
remarquer, c’est que l’esprit qui anime Descartes n’a pas changé entre le début de la
rédaction de L’Homme et de La Dioptrique, et le remaniement du texte de La
Dioptrique à partir de 1635, en vue de sa publication." Introduction de Annie Bitbol-
Hespériès à René Descartes, Le Monde, l'Homme, Paris: Seuil, 1996, pp. XXXV-
XXXVI.
Voir aussi: Sylvain Matton, "Un témoignage oublié sur le manuscrit du Traité de
l'homme de Descartes", Bulletin cartésien XXXVI, Archives de philosophie, 68,
2005, p. 7-8 et Franco A. Meschini, "Filologia e scienza. Note per un’edizione critica
de L’Homme di Descartes", in F. A. Meschini (éd.), Le opere dei filosofi e degli

29 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

scienziati. Filosofia e scienza tra testo, libro e biblioteche, Firenze, Olschki, 2011, p.
165-204.
25. ———. 1630. [La théorie de la création des vérités éternelles].
La théorie de la création des vérités éternelles comme fondement métaphysique de la
physique.
Cette théorie est formulée pour la première fois dans une lettre à Mersenne : le débat
commence le 15 avril 1630, en posant comme thème, en réponse à des lettres
perdues de Mersenne, “les vérités mathématiques que vous appelez éternelles”. La
même année, le philosophe en discute aussi bien avec lui dans deux autres lettres,
qu'avec Beeckman dans une lettre du 17 octobre de la même année. Le débat se
prolonge jusqu'en 1649 : il est présent dans la correspondance avec Arnauld, dans la
lettre à Mersenne du 27 mai 1638 et, surtout, dans celle à Mesland du 2 juin 1644.
On peut considérer que le débat se termine le 5 février 1649 avec la discussion
entamée avec More sur les vérités contradictoires. Dans les œuvres imprimées, la
théorie ne sera publiée que dans les Responsiones (AT VII, 380 et 435-436). Vagues
allusions dans le Discours de la méthode, V (AT VI 41 ll. 12-13 [O III, 108]) et dans
les Principia philosophiae (I, §§ 22 et 24; AT VIII-1, 13-14).
26. ———. 1630-31 (?). La recherche de la vérité par la lumière naturelle.
AT X, 495-527; B Op. II, 826-871; CO 249-341; dialogue (incomplet) écrit en
français, dont l'original est perdu.
Les sources existant sont :
1) une copie (partielle) en français, conservée à Hanovre (H) faite par Ehrenfried
Walther von Tschirnhaus (1651 - 1708) sur le manuscrit en possession de Clerselier,
datée 16 novembre 1676 et envoyée à Leibniz en février 1677 (AT X pp. 495-514).
2) la traduction néerlandaise complète (N): Amsterdam 1684.
3) la traduction latine complète (A): Inquisitio veritatis per lumen naturale, in
Opuscola posthuma, physica et mathematica, Amsterdam 1701, pp. 67-90 (AT X,
514-527).
CO donne le texte française pour la partie existante, la traduction latine et le texte
néerlandaise avec la première traduction française de cette version (par Corinna
Vermeulen).
Édition critique : René Descartes, La Recherche de la vérité par la lumière naturelle,
sous la direction de Ettore Lojacono, textes établis par Erik Jan Bos, lemmatisation et
concordances du texte français par Franco A. Meschini, index et concordances du
texte latin et néerlandais par Francesco Saita, Milano: Franco Angeli, 2002, avec un
essai de Ettore Lojacono. Pour une interprétation et une datation de La Recherche de
la vérité par la lumière naturelle de René Descartes, (pp. VII-XL) et une note "La
présente édition", par Erik-Jan Bos (pp. XLI-LXV).
Ettore Lojacono donne un bilan complet des débats consacrés à la datation du texte
(pp. 161-201).
Traductions :
La recherche de la vérité par la lumière naturelle, Introduction, Appendices, Notice
biographique et bibliographique par Ettore Lojacono, Introduction et commentaire
historique et conceptuel, textes revus par Massimilano Savini, Paris: Presses
universitaires de France, 2009.
La recherche de la vérité par la lumière naturelle, traduction et notes par Emmanuel
Faye, Paris: Librairie Générale Française, (Le Livre de Poche), 2010.
"La première édition de la Recherche de la vérité fut publiée à Amsterdam, en 1684,
dans une traduction néerlandaise. Sous le titre de Onderzoek der waarheit door 't
naturelijk licht (N) le texte fut ajouté, avec une traduction des Regulae, à l'édition

30 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

néerlandaise du vol. III de la Correspondance de Descartes, telle qu'elle avait été


publiée par Clerselier. Enfin, dans le même volume on trouve une traduction du
Traité de la lumière ou Le Monde. Le traducteur de la Correspondance et du Monde
était J. H. Glazemaker. L'identité du ou des traducteurs de la Recherche et des
Regulae est inconnue. Rieuwertsz avait commencé l'impression de la correspondance
en l'automne de 1682. Elle était achevée au printemps de 1684." (La Recherche de la
vérité par la lumière naturelle, "La présente édition", p. LIV).
"La version latine de la Recherche, Inquisitio veritatis per lumen naturale (A), due à
un traducteur inconnu, fut publiée en 1701 dans le recueil des Opuscula posthuma,
qui constituent le vol. IX (le dernier) des Opera omnia de Descartes, commencés en
1692 par une « Société de libraires ». Dans cette édition, A couvre 23 pages, la
première de 28 lignes la dernière de 27, les autres de 38. Au sein des Opuscula
posthuma A forme une unité typographique propre, avec sa propre pagination et sa
propre page de titre : Regulae ad directionem ingenii, ut et Inquisitio veritatis per
lumen naturale : Regulae, pp. 1-66; Inquisitio veritatis, pp. 67-90). Dans la Préface
on ne trouve aucune indication sur la provenance des copies. En fait, l'éditeur
anonyme s'est acquitté de sa tâche en donnant simplement quelques citations de
Baillet." (La Recherche de la vérité par la lumière naturelle, "La présente édition", p.
LVI).
"Dans la présente édition on trouve le texte intégral des trois sources, H, N et A. Le
texte de H, comme source principale du texte français, a été imprimé avant les autres.
Il a été établi sur la base d'un collationnement du texte imprimé dans G. W. Leibniz,
Sämtliche Schriften und Briefe, Zweiter Band : 1676-1679, Berlin, 1987 avec des
photocopies de H. Enfin, on a collationné ce texte avec l'original de Hanovre. Dans
l'édition de H pour une certaine mesure (voir § 3.1) le texte a été normalisé et en
plusieurs passages on a préféré la leçon de N et A à celle de H (voir § 3.2). Pour N et
A les textes de base ont été les exemplaires de la Bibliothèque universitaire
d'Utrecht, collationnés avec quatre autres exemplaires (voir §§ 2.2 et 2.3). Pour
l'édition de N et de A nous avons suivi les critères présentés ci-dessous. Pour faciliter
une étude comparative de ces textes ils sont imprimés l'un en regard de l'autre." (La
Recherche de la vérité par la lumière naturelle, "La présente édition", p. LIX).
Voir aussi: Siegrid Agostini, "2002-1013 : une décennie d'édition de La Recherche de
la vérité par la lumière naturelle", Bulletin cartésien XLIII, Archives de philosophie,
77, 2014, p. 163-170.
27. ———. 1637. Discours de la méthode. Pour bien conduire sa raison, et chercher la
vérité dans les sciences. Plus la Dioptrique. Les Météores. Et la Géométrie. Qui sont
des essais de cette Méthode. Leyde: Imprimerie Ian Maire.
AT VI, 1-515; B Op. I, 24-653; O III, 81-508.
Avertissement V; Frontispice des Essais XIII; Discours de la méthode 1; La
Dioptrique 79; Les Météores 229; La Géométrie 367; Avertissement 486; Tables des
principales difficultés qui sont expliquées dans La Dioptrique 487; Tables des
principales difficultés qui sont expliquées aux Météores 498; Table des matières de la
Géométrie 511; Privilège 515.
Première édition anonyme : 8 juin 1637 (réimpression anastatique Lecce: Conte
Editore, 1987).
Discours de la méthode : AT VI, 1-78.
Date de composition : hiver 1635-36 - printemps 1637 (sur la chronologie de l'œuvre
voir les études de Gilbert Gadoffre, Láscaris Comneno, Elie Denissoff et Edwin
Curley, dans ma bibliographie sur les sources de la pensée de Descartes).
Après avoir renoncé à publier Le monde, Descartes entreprend en 1635 un nouveau
projet, qui sera terminé en mars 1637 et aboutira dans la publication du Discours :

31 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

"Pour le traité de physique dont vous me faites la faveur de me demander la


publication (5), je n'aurais pas été si imprudent que d'en parler en la façon que j'ai
fait, si je n'avais envie de le mettre au jour, en cas que le monde le désire, et que j'y
trouve mon compte et mes sûretés. Mais je veux bien vous dire, que tout le dessein
de ce que je fais imprimer à cette fois, n'est que de lui préparer le chemin, et sonder
le gué. Je propose à cet effet une méthode générale (6), laquelle véritablement je
n'enseigne pas, mais je tâche d'en donner des preuves par les trois traités suivants (7),
que je joins au discours où j'en parle, ayant pour le premier un sujet mêlé de
philosophie et de mathématique (8), pour le second, un tout pur de philosophie (9); et
pour le 3e, un tout pur de mathématique (10), dans lesquels je puis dire que je ne me
suis abstenu de parler d'aucune chose, (au moins de celles qui peuvent être connues
par la force du raisonnement), parce que j'ai cru ne la pas savoir; en sorte qu'il me
semble par là donner occasion de juger que j'use d'une méthode par laquelle je
pourrais expliquer aussi bien toute autre matière, en cas que j'eusse les expériences
qui y seraient nécessaires, et le temps pour les considérer. Outre que pour montrer
que cette méthode s'étend à tout, j'ai inséré brièvement quelque chose de
métaphysique, de physique et de médecine dans le premier discours (11). Que si je
puis faire avoir au monde cette opinion de ma méthode, je croirai alors n'avoir plus
tant de sujet de craindre que les principes de ma physique soient mal reçus; et si je ne
rencontrais que des juges aussi favorables que vous, je ne le craindrais pas dès
maintenant." (lettre à [Germain Habert, abbé de Cérisy], [avril ?] 1637, AT I
370-371; O VIII 2, 833; B109).
(6) Seule occurrence du syntagme « méthode générale » dans le corpus cartésien.
(7) Les trois Essais (Dioptrique, Météores, Géométrie).
(8) La Dioptrique.
(9) Les Météores (rappelons que « philosophie » signifie « philosophie naturelle »,
c'est-à-dire ce que nous appelons la « physique »).
(10) La Géométrie.
(11) Dans les 4e et 5e parties du Discours (AT VI, 31-60 [O III, 102-121]).
En 1636 Descartes, qui se trouve à Leyde, confie l'impression du livre à Mersenne :
"Il y a environ cinq semaines que j'ai reçu vos dernières du dix-huit janvier, et je
n'avais reçu les précédentes que quatre ou cinq jours auparavant. Ce qui m'a fait
différer de vous faire réponse, a été que j'espérais de vous mander bientôt que j'étais
occupé à faire imprimer. Car je suis venu à ce dessein en cette ville (2); mais les
[Elzevier (3)] qui témoignaient auparavant avoir fort envie d'être mes libraires,
s'imaginant, je crois, que je ne leur échapperais pas lorsqu'ils m'ont vu ici, ont eu
envie de se faire prier, ce qui est cause que j'ai résolu de me passer d'eux (4); et
quoique je puisse trouver ici assez d'autres libraires, toutefois je ne résoudrai rien
avec aucun, que je n'aie reçu de vos nouvelles, pourvu que je ne tarde point trop à en
recevoir. Et si vous jugez que mes écrits puissent être imprimés à Paris plus
commodément qu'ici, et qu'il vous plût d'en prendre le soin, comme vous m'avez
obligé autrefois de m'offrir (5), je vous les pourrais envoyer incontinent après la
vôtre reçue. (...) Et afin que vous sachiez ce que j'ai envie de faire imprimer, il y aura
quatre Traités tous français, et le titre en général sera: Le Projet d'une Science
universelle qui puisse élever notre nature à son plus haut degré de perfection. Plus la
Dioptrique, les Météores, et la Géométrie ; où les plus curieuses Matières que
l'Auteur ait pu choisir, pour rendre preuve de la Science universelle qu'il propose,
sont expliquées en telle sorte, que ceux mêmes qui n'ont point étudié les peuvent
entendre. En ce Projet je découvre une partie de ma Méthode, je tâche à démontrer
l'existence de Dieu et de l'âme séparée du corps, et j'y ajoute plusieurs autres choses
qui ne seront pas, je crois, désagréables au lecteur." (lettre à Mersenne du mars 1636

32 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

AT I, 338-339; O VIII 1, 135; B 83).


Le 1 avril 1636 Descartes donne à lire son manuscrit à Constantin Huygens : "Je ne
manquerai de me trouver demain à votre logis incontinent après votre dîner, puisqu'il
vous plaît me faire la faveur de me le permettre (2); et je porterai avec moi tous ceux
de mes papiers qui seront assez au net pour les pouvoir lire, afin que vous en puissiez
choisir ceux dont la lecture vous sera le moins ennuyeuse, et que j'aie le bonheur de
savoir au vrai le jugement que vous en ferez." (lettre à Huygens du 31 mars 1636 AT
I, 605; O VIII 2, 21; B 86).
Dans le contrat d'édition avec l'imprimeur Jean Maire (Leyde, 2 décembre 1636) le
titre change : "le dit DES CARTES mettra entre les mains du dit LE MAIRE toute la
copie d'un livre intitulé: La méthode etc. plus la Dioptrique, les Météores et la
Géométrie" (le contrat est publié dans Gustave Cohen, Écrivains français en
Hollande dans la première moitié du XVIIe siècle, Paris: Champion, 1920, pp.
503-504).
L'expression "Discours de la méthode" fait sa parution dans deux lettres à Huygens
et à Mersenne:
Lettre à C. Huygens du 25 février 1637: "Monsieur Golius m'avertit dernièrement de
votre part que vous jugiez le mot de "discours" superflu en mon titre, et c'est l'un des
sujets de remerciement que j'ai à vous faire. Mais je m'excuse sur ce que je n'ai pas
eu dessein d'expliquer toute la méthode mais seulement d'en dire quelque chose, et
que je n'aime pas à promettre plus que je ne donne, c'est pourquoi j'ai mis « Discours
de la Méthode »; au lieu que j'ai mis simplement «la Dioptrique» et «les Météores»,
parce que j'ai tâché d'y comprendre tout ce qui faisait (6) à mon sujet. Que si cette
raison ne vous contente et que vous m'obligiez de m'en faire savoir votre jugement,
je le suivrai comme une loi inviolable. Il me semble aussi que je dois ôter toute la
glose que j'avais mise à la fin (7) et laisser seulement ces mots « Discours de la
Méthode etc. plus la Dioptrique, les Météores et la Géométrie qui sont des essais de
cette méthode »." (AT I, 620-621; O VIII 2, 26; B 104).
(6) « Faire à » : convenir.
(7) Descartes avait proposé à Mersenne en mars 1636 le titre [déjà cité : Le Projet
d'une Science universelle, etc.]
Lettre à Mersenne du 20 avril 1637: "Mais je n'ai su bien entendre ce que vous
objectez touchant le titre; car je ne mets pas Traité de la Méthode, mais Discours de
la Méthode, ce qui est le même que Préface ou Avis touchant la Méthode, pour
montrer que je n'ai pas dessein de l'enseigner, mais seulement d'en parler. Car comme
on peut voir de ce que j'en dis, elle consiste plus en pratique qu'en théorie, et je
nomme les traités suivants des Essais de cette Méthode, parce que je prétends que les
choses qu'ils contiennent n'ont pu être trouvées sans elle, et qu'on peut connaître par
eux ce qu'elle vaut : comme aussi j'ai inséré quelque chose de métaphysique, de
physique, et de médecine dans le premier discours, pour montrer qu'elle s'étend à
toutes sortes de matières." (AT I, 349; O VIII 1, 139; B 83).
Le titre définitif ressemble à une œuvre de Jacopo Aconcio (1492 - 1567), De
Methodo, hoc est de recta investigandarum tradendarumque artium ac scientiarum
ratione, Basilée 1558, réimprimé en 1617 à Leyde par le même éditeur du Discours,
mais une influence directe n'est pas démontrée.
Dans cette œuvre Descartes réutilise des écrits précédents :
La Première partie du Discours (AT VI, 1-11 [O III, 81-87]) reprend le projet d'une
Histoire de mon esprit dont parle Guez de Balzac dans la lettre à Descartes du 30
mars 1628: "Au reste, Monsieur, souvenez-vous, s'il vous plaît, de l'Histoire de Votre
Esprit. Elle est attendue de tous nos amis, et vous me l'avez promise en présence du
Père Clitophon, qu'on appelle en langue vulgaire Monsieur de Gersan. Il y aura

33 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

plaisir à lire vos diverses aventures dans la moyenne et dans la plus haute région de
l'air ; à considérer vos prouesses contre les Géants de l'École, le chemin que vous
avez tenu, le progrès que vous avez fait dans la vérité des choses, etc." (AT I 570; B
15).
La Deuxième partie (AT VI, 11-22 [O III, 88-95]) est une adaptation et une
rectification des certain thèmes des Règles pour la direction de l'esprit: "Pendant les
dix années qui s'écoulèrent entre les deux ouvrages, Descartes a très sensiblement
modifié ses vues méthodologiques: les Regulae proposaient une mathématique
universelle qui assimilait à des segments de droite — soit à une dimension spatiale
— tout ce qui est susceptible de mesure, alors que la Géométrie achemine le lecteur
vers une notion de mathématiques pures, vers une « géométrie qui est avant tout une
algèbre ». Un pas décisif a été franchi, et Léon Brunschvicg (*) montre sans peine
que le deuxième chapitre du Discours s'en trouve par là même éclairé : certains
développements sont si étroitement liés qu'ils ne s'expliquent que l'un par l'autre. De
même que la sixième partie est une introduction à la Dioptrique et aux Météores, la
deuxième est une introduction à la Géométrie." (Gilbert Gadoffre, La chronologie
des six parties, in : Nicolas Grimaldi et Jean-Luc Marion (éds.), Le Discours et sa
méthode, Paris: Presses universitaires de France, 1987, p. 21.)
(*) Léon Brunschvicg, Mathématiques et métaphysique chez Descartes, Revue de
Métaphysique et de Morale, juillet 1937, [pp. 277-324; repris dans: L. Brunschvicg,
Écrits philosophiques, tome I, Paris, Presses Universitaires de France, 1951, pp.
11-54].
La Troisième partie (AT VI 22-31 [O III, 96-101]) contient la morale provisoire; sur
les raison de cette inclusion, voir la lettre à Henricus Reneri pour Alphonse de Pollot
d'avril ou mai 1638 : "Au reste j'ai été obligé de parler de cette résolution et fermeté
touchant les actions, tant à cause qu'elle est nécessaire pour le repos de la conscience,
que pour empêcher qu'on ne me blâmât de ce que j'avais écrit que, pour éviter la
prévention, il faut une fois en sa vie se défaire de toutes les opinions qu'on a reçues
auparavant en sa créance : car apparemment on m'eût objecté que ce doute si
universel peut produire une grande irrésolution et un grand dérèglement dans les
mœurs. De façon qu'il ne me semble pas avoir pu user de plus de circonspection que
j'ai fait, pour placer la résolution, en tant qu'elle est une vertu, entre les deux vices
qui lui sont contraires, à savoir l'indétermination et l'obstination.
Il ne me semble point que ce soit une fiction, mais une vérité, qui ne doit point être
niée de personne, qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos
pensées ; au moins en prenant le mot de pensée comme je fais, pour toutes les
opérations de l'âme, en sorte que non seulement les méditations et les volontés, mais
même les fonctions de voir, d'ouïr, de se déterminer à un mouvement plutôt qu'à un
autre etc., en tant qu'elles dépendent d'elle, sont des pensées. Et il n'y a rien du tout
que les choses qui sont comprises sous ce mot, qu'on attribue proprement à l'homme
en langue de philosophe : car pour les fonctions qui appartiennent au corps seul, on
dit qu'elles se font dans l'homme, et non par l'homme." (AT II, 35-36; O VIII 2, 542;
B 164).
Voir aussi l'Entretien avec Burman :
"III. Texte 64. AT VI 22, l. 29 [O III, 96] une moral par provision, qui ne consistait
qu'en trois ou quatre maximes, DONT JE VEUX BIEN VOUS FAIRE PART (que je
veux bien AJOUTER À MON ÉCRIT).
L'auteur n'écrit pas volontiers touchant la morale (6), mais les Régents et autres
pédants l'on contraint d'ajouter à son écrit ces règles parce que, autrement, ils
prétendraient qu'il n'a ni religion ni foi, et que, par le biais de sa méthode, il veut les
renverser (7)." (Burman 144; AT V, 178).

34 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

La Quatrième partie (AT VI, 31-40 [O III, ]102-108) est dédiée à la métaphysique et
utilise le Petit traité de métaphysique (perdu) de 1629 : "Descartes présente lui-
même la Quatrième Partie du Discours comme un abrégé par rapport à ce manuscrit
latin qui, au contraire, semble être une sorte de première rédaction par rapport aux
Méditations ou du moins par rapport à celles qui ouvrent l'ouvrage». Ainsi il y avait
dans la pensée de Descartes plus que dans son texte lorsqu'il écrivait la Quatrième
Partie du Discours. Quant à savoir quel est ce « plus », des hypothèses différentes
sont permises : ce qui est certain, c'est que, en ce qui concerne l'épreuve critique du
commencement, l'évolution de la pensée n'est pas seule en cause." (Henri Gouhier,
La pensée métaphysique de Descartes, Paris: Vrin, 1962, p. 67).
Cette partie a été ajouté au moment de l'impression : "Il est vrai que j'ai été trop
obscur en ce que j'ai écrit de l'existence de Dieu dans ce traité de la Méthode, et bien
que ce soit la pièce la plus importante, j'avoue que c'est la moins élaborée de tout
l'ouvrage ; ce qui vient en partie de ce que je ne me suis résolu de l'y joindre que sur
la fin, et lorsque le libraire me pressait. Mais la principale cause de son obscurité
vient de ce que je n'ai osé m'étendre sur les raisons des sceptiques, ni dire toutes les
choses qui sont nécessaires ad abducendam mentem a sensibus: car il n'est pas
possible de bien connaître la certitude et l'évidence des raisons qui prouvent
l'existence de Dieu selon ma façon, qu'en se souvenant distinctement de celles qui
nous font remarquer de l'incertitude en toutes les connaissances que nous avons des
choses matérielles; et ces pensées ne m'ont pas semblé être propres à mettre dans un
livre, où j'ai voulu que les femmes mêmes pussent entendre quelque chose, et
cependant que les plus subtils trouvassent aussi assez de matière pour occuper leur
attention. J'avoue aussi que cette obscurité vient en partie, comme vous avez fort
bien remarqué, de ce que j'ai supposé que certaines notions, que l'habitude de penser
m'a rendu familières et évidentes, le devaient être aussi à un chacun; comme par
exemple, que nos idées ne pouvant recevoir leurs formes ni leur être que de quelques
objets extérieurs, ou de nous-mêmes, ne peuvent représenter aucune réalité ou
perfection, qui ne soit en ces objets, ou bien en nous, et semblables; sur quoi je me
suis proposé de donner quelque éclaircissement dans une seconde impression. (8)"
(lettre à Antoine Vatier du 22 février 1638, AT I, 560; O VIII 1, 574-575; B 149).
(8) C'est dans les Méditationes (1641) que Descartes pourra préciser sa définition des
idées.
Descartes était bien conscient des limites de sa première publication sur la
métaphysique: "Pour votre seconde objection, à savoir que je n'ai pas expliqué assez
au long, d'où je connais que l'âme est une substance distincte du corps, et dont la
nature n'est que de penser, qui est la seule chose qui rend obscure la démonstration
touchant l'existence de Dieu (3), j'avoue que ce que vous en écrivez est très vrai, et
aussi que cela rend ma démonstration touchant l'existence de Dieu malaisée à
entendre. Mais je ne pouvais mieux traiter cette matière, qu'en expliquant amplement
la fausseté ou l'incertitude qui se trouve en tous les jugements qui dépendent du sens
ou de l'imagination, afin de montrer ensuite quels sont ceux qui ne dépendent que de
l'entendement pur, et combien ils sont évidents et certains. Ce que j'ai omis tout à
dessein, et par considération, et principalement à cause que j'ai écrit en langue
vulgaire, de peur que les esprits faibles venant à embrasser d'abord avidement les
doutes et scrupules qu'il m'eût fallu proposer ne pussent après comprendre en même
façon les raisons par lesquelles j'eusse tâché de les ôter, et ainsi que je les eusse
engagés dans un mauvais pas, sans peut-être les en tirer. Mais il y a environ huit ans
que j'ai écrit en latin un commencement de Métaphysique (4), où cela est déduit
assez au long, et si l'on fait une version latine de ce livre, comme on s'y prépare, (5)
je l'y pourrai faire mettre. Cependant je me persuade que ceux qui prendront bien

35 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

garde à mes raisons touchant l'existence de Dieu, les trouveront d'autant plus
démonstratives, qu'ils mettront plus de peine à en chercher les défauts, et je les
prétends plus claires en elles-mêmes qu'aucune des démonstrations des géomètres en
sorte qu'elles ne me semblent obscures qu'au regard de ceux qui ne savent pas
abducere mentem a sensibus, suivant ce que j'ai écrit en la page 38 (6).". (lettre à
Mersenne du 20 avril 1637, AT I, 349-350; O VIII 1, 139; B 104).
(4) En 1629 (à Gibieuf, 18 juillet 1629, AT I, 17 l. 7, B17; à Mersenne, 15 avril 1630,
AT I, 144 l. 19, B30).
(5) La traduction latine du Discours et des Essais (sauf la Géométrie), œuvre
d'Étienne de Courcelles, n’apparut qu’en 1644. CM suggère qu’un projet a pu se
constituer dès 1637 avec le jeune Van Schooten, qui publia en 1649 une traduction
latine de la Géométrie.
(6) AT VI, 37 [O III, 105] (« qu’ils n’élèvent jamais leur esprit au-delà des choses
sensibles »). Voir les objections soulevées par Petit (lettre des 17-27 mai 1638, AT II,
144, l. 13-21; [O VIII 1, 187] B 167).
La Cinquième partie (AT VI 40-60 [O III, 108-121])est un résumé du Monde et de
ses études de physiologie, "particulièrement l'explication du mouvement du cœur"
(AT VI, 1 [O III, 81]) commencés en 1629 ("je veux commencer à étudier
l'anatomie", lettre à Mersenne du 18 décembre 1629, AT I, 102), après la découverte
par William Harvey de la circulation du sang (Exercitatio anatomica de motu cordis
et sanguinis in animalibus, Francfurt 1628), cfr. la référence au "médecin
d'Angleterre" (AT VI, 51 [O III, 115]).
"La première mention d'un «médecin», dans la correspondance de Descartes, figure
dans la lettre au Père Mersenne du 8 octobre 1629, [AT I, 25; O VIII 1, 30; B 19] où
Descartes écrit: «Pour la raréfaction, je suis d'accord avec ce médecin (27), et (28) ai
maintenant pris parti touchant tous les fondements de la Philosophie ; mais peut-être
que je n'explique pas l'œther comme lui. (29)»".
(27) Selon AT (I 30n), il s'agirait du médecin Christophe Villiers (1596-1661/70);
mais CM (II 302 n. 2) propose Sébastien Basson, qui introduisit dans une physique
corpusculaire l'hypothèse de l'éther pour expliquer les phénomènes de raréfaction et,
de façon plus générale, le vide (Philosophiae naturalis adversus Aristotelem librì
XII, Genève, 1621). Il fut lu par Beeckman (au printemps 1623, Beeckman II 243), et
par Merline (Quaestiones in Genesim, 1623, col. 1838 ; Impiété des déistes, 1624, I,
p. 238) ; Descartes le cite (parmi les novatores, entre Giordano Bruno (Giulio Cesare
Vanini) dans une lettre à Beeckman (lettre du 17 octobre 10, AT I, 158, B 34). Dans
les Regulae (AT X, 424 1. 13), Descartes envisage au-delà de l'air un éther très pur
sur le modèle de Basson. Descartes nie le vide dans le Monde (il y travaille à partir
de la fin de 1629) et dans ses lettres de février-avril 1630. C'est probablement de lui
que Descartes écrit à Huygens : « Il n’est vaillant qu'à détruire les opinions d'Aristote
» 8 mars 1636, AT I, 603; [O VIII 2, 20] B 84).
(28) Clerselier Lettres : « ai pris parti là-dessus, comme sur presque tous les
fondements de la Physique ».
(29) Clerselier Lettres : « Lorsque j'aurai l'honneur de vous voir, nous aurons moyen
de nous en entretenir plus particulièrement », add.
La Sixième partie (AT VI 40-78 [O III, 121-133]) a été rédigée dans les derniers
mois du 1635, comme préface de la Dioptrique et des Météores.
"Or comme ce n'est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu'on cueille les fruits,
mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la
Philosophie dépend de celles de ses parties qu'on ne peut apprendre que les
dernières. Mais, bien que je les ignore presque toutes, le zèle que j'ai toujours eu
pour tâcher de rendre service au public est cause que je fis imprimer, il y a dix ou

36 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

douze ans, quelques essais des choses qu'il me semblait avoir apprises. La première
partie de ces essais fut un Discours touchant la Méthode pour bien conduire sa
raison et chercher la vérité dans les sciences, où je mis sommairement les
principales règles de la Logique et d'une Morale imparfaite, qu'on peut suivre par
provision pendant qu'on n'en sait point encore de meilleure. Les autres parties furent
trois traités : l'un de la Dioptrique, l'autre des Météores, et le dernier de la
Géométrie." Lettre-Préface aux Principes de philosophie (AT IX-2, 15).
28. ———. 1637. La Dioptrique.
AT VI, 81-226; B Op. I, 118-311; O III, 148-262.
La Dioptrique est le premier essai composé par Descartes : les premières notes sur
l'optique et la réfraction sont dans les Cogitationes privatae de 1619-20 (AT X,
242-247); en 1632 Descartes écrit à Golius "je fis tailler un verre, il y a cinq ans"
lettre du 2 février 1632 (AT I, 239, note; O VIII 1, 1023, n. 36; B 50) ; la
composition de la Dioptrique pourrait donc être initiée en 1628. (Sur les relations de
La Dioptrique avec Le Monde et L'Homme voir les notes à ces textes).
Dans le XVII siècle avec le terme Dioptrique était utilisé pour la théorie de la
réfraction: "La troisième [partie de l'Optique] enseigne comment nous voyons par
rayons qui sont rompus, comme quand nous regardons un bâton qui est partie dans
l'eau, partie dans l'air et se nomme Dioptrique, ou Mesoptrique, parce qu'elle
considère la façon par laquelle les rayons passent par les milieux divers, comme
quand il traversent l'air, l'eau, et le verre en même instant: on pourrait ainsi nommer
cette partie Anaclastique, ou Diaclastique. L'art de la peinture dépend de ces 3
parties." Marin Mersenne, La Vérité des sciences contre les Septiques [sic] ou
Pyrrhoniens, Paris: 1625, pp. 229-230 (édition moderne: La Vérité des sciences
contre les Sceptiques ou Pyrrhoniens. Édition et annotation par Dominique Descotes,
Paris: Champion, 2003.
Descartes la cite dans une lettre à Mersenne du 25 novembre 1630: "J'y veux insérer
un discours où je tâcherai d'expliquer la nature des couleurs et de la lumière, lequel
m'a arrêté depuis six mois, et n'est pas encore à moitié fait ; mais aussi sera-t-il plus
long que je ne pensais, et contiendra quasi une physique tout entière (8) ; en sorte
que je prétends qu'elle me servira pour me dégager de la promesse que je vous ai
faite, d'avoir achevé mon Monde dans trois ans (9), car c'en sera quasi un abrégé. Et
je ne pense pas après ceci a me résoudre jamais plus de faire rien imprimer, au moins
moi vivant : car la fable de mon Monde (10) me plaît trop pour manquer à la
parachever, si Dieu me laisse vivre assez longtemps pour cela; mais je ne veux point
répondre de l'avenir. Je crois que je vous enverrai ce Discours de la lumière, sitôt
qu'il sera fait, et avant que de vous envoyer le reste de la Dioptrique" (AT I, 179; O
VIII 1, 83; B 36).
(8) Voir à Mersenne, 13 novembre 1629 (AT I, 70 l. 6-11, B 23) et 18 décembre 1629
(AT I, 85 l. 6-86 l. 1; [O VIII 1, 33] B 25).
(9) Voir à Mersenne, 15 avril 1630 (AT I 137 l. 15-17; [O VIII 1, 68] B 30).
(10) Voir à Mersenne, 13 novembre 1629 (AT I 70; [O VIII 1, 33] B 23).
"En fait, il semble que Descartes, loin d'avoir envoyé ce Discours de la lumière «
avant le reste de la Dioptrique », en ait ajourné la mise au point ; car au cours de
l'année 1632, il qualifie à deux reprises de « première partie » ce qui, dans la
rédaction définitive, constitue le Discours second, consacré à la réfraction (15). Par
contre, ce Discours de la lumière, qui devait être un abrégé du Monde, prend de telles
proportions qu'il devient bientôt un Traité de la Lumière appelé à couvrir tout le
champ de la Physique (16).
Dernière remarque enfin : le Monde est « presqu'achevé » en juillet 1633 (17), la
Dioptrique « entièrement », dans le courant de 1635 (18), les Météores, repris en

37 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

main une fois la Dioptrique terminée, en 1636 (19). Ces détails chronologiques un
peu vétilleux, pour ne pas dire fastidieux, permettent d'affirmer qu'entre 1629 et
1636, Descartes a mené de front les trois traités, quitte à interrompre l'un pour se
consacrer à tel autre (20)." (pp. 290-291), Simone Martinet, "Rôle du problème de la
lumière dans la construction de la science cartésienne", XVIIe siècle, n° 136, 1982,
pp. 285-309.
(15) Voir [à Golius], [janvier 1632], I, p. 235 [O VIII 1, 644-645; B 49], et à
Mersenne, [juin 1632], I, p. 255 [O VIII 1, 102-103; B 55].
(16) Voir à Mersenne, 23 décembre 1630 : « Je vous dirai que je suis maintenant
après à démêler le chaos pour en faire sortir de la lumière, qui est l'une des plus
hautes et plus difficiles matières que je puisse jamais entreprendre, car toute la
physique y est presque comprise (5)», I, p. 194 [O VIII 1, 88; B 40].
(5) Descartes est en train de rédiger son Monde, ou Traité de la lumière : Il insiste sur
son importance à plusieurs reprises (à Mersenne, 13 novembre 1629, AT I, 70 l. 6-11,
[O VIII 1, 33] B 23; 25 novembre 1630, AT I, 179 l. 10, [O VIII 1, 83] B 36, et au P.
Vatier, 22 février 1638, AT I 562 l. 10 sq., [O VIII 1, 576] B 149).
(17) À Mersenne, 22 juillet 1633, AT I, p. 268 [O VIII 1, 107] B 59].
(18) Voir à Mersenne, date difficile à préciser [mars 1635 ?], AT I, p. 322 [O VIII 1,
121; B 75], et à Huygens, 1 novembre 1635, AT I, p. 591 [O VIII 2, 14; B 77].
(19) Voir à Huygens, 1 novembre 1635, AT I, p. 591 [O VIII 2, 14; B 77], et
Météores, Disc. VI, p. 298, qui relate une observation personnelle « faite l'hiver
passé 1635 ».
(20) De telle sorte qu'il n'est pas étonnant qu'il soit fait référence à la Dioptrique,
dans le Monde, achevé pourtant antérieurement (cf. Traité de la Lumière ou Monde,
ch. II, p. 9, ch. XIV, p. 102, ch. XV, p. 106) et dans les Météores, commencés, sinon
terminés plus tôt (Météores, Disc. I, p. 233 et p. 234 ; Disc. V, p. 279; Disc. VIII, p.
331 et p. 337). Et que, inversement, Descartes se retranche volontiers derrière le «
Traité qui contient tout le corps de [sa] Physique », soit pour justifier le statut des «
suppositions « qui sont avancées au début de chacun des Essais (cf. Discours de la
méthode, VI partie, p. 76), soit pour répondre à des questions ou à des objections qui
lui sont adressées après la publication des Essais, cf. [à Vatier], [22 février 1638], AT
I, p. 562 [O VIII 1, 575; B 149] ; à Ciermans, [23 mars 1638], AT II, p. 71 et p. 74 [B
159] ; à Morin, [13 juillet 1638], AT II, p. 201 [O VIII 2, 466-467; B 172] ; à
Mersenne, 9 janv. 1639 et 19 juin 1639, AT II, p. 483 [O VIII 1, 310-311; B 200] et
p. 564 O VIII 1, 336-337; B 216].
En janvier 1632 la première partie (Discours I et II) est terminée : "Au reste pour ce
que vous me mandez, et que M. H[ortensius] (4) me témoigne que vous désirez voir
de ma Dioptrique, je vous en envoi la première partie (5), ou j'ai tâché d'expliquer la
matière des réfractions, sans toucher au reste de la philosophie." (lettre à Golius du
janvier 1632, AT I 235; O VIII 1, 644-645; B 49).
(4) Clerselier-Lettres: "H." ; AT complète par le nome de Martin Van de Hove
(Hortensius, 1605-1639), mathématicien et astronome.
(5) Dioptrique I et II (AT VI 81-105 [O III, 148-262])
Dans l'automne 1635 Descartes écrit : "Pour les lunettes, je vous dirai que depuis la
condamnation de Galilée (4), j'ai revu et entièrement achevé le Traité que j'en avais
autrefois commencé (5) ; et l'avant entièrement séparé de mon Monde, je me propose
de le faire imprimer seul dans peu de temps (6)." (lettre à X (Mersenne?), AT I 322
[O VIII 1, 121; B 75).
(4) Descartes est souvent revenu dans ses lettres à Mersenne sur la condamnation de
Galilée (1633) : fin novembre 1633 (AT I 270-273, [O VIII 1, 107-109] B 60);
février 1634 (AT I 281-282, [O VIII 1, 109-110] B 63); 15 mai 1634 (AT I 298-299,

38 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

[O VIII 1, 117-118] B 66).


(5) La rédaction de la Dioptrique, dont Descartes a souvent entretenu Mersenne (25
novembre 1630, AT I 182 l. 13 sq., [O VIII 1, 85] B 36; juin 1632, AT I 254 l. 3 sq.,
[O VIII 1, 102] B 55).
(6) En effet, Descartes écrit à Golius le 16 avril 1635 [AT I 314-316; O VIII 1,
647-648; B 71] : « Monsieur de Zuylichem (4), que j'ai eu l'honneur de voir ces jours
à Amsterdam (5), après avoir eu la patience d'ouïr lire une partie de ma Dioptrique...
» et envoie à Huygens une copie du texte le 25 avril 1635 (AT I 585-586, [O VIII 2,
13-14] B 72).
(4) Descartes venait de rencontrer Constantin Huygens (Monsieur de Zuylichem) à
Amsterdam, du 29 mars au 6 avril 1635 (Dagboek [Dagboek Van Constantijn
Huygens, éd. J. H. W. Hunger, Bijlage Van Oud-Holland, IIIe année, viii-88-14-viii
pages, Amsterdam 1885], p. 26).
(5) Voir à Wilhem, 23 mai 1632 (AT I, 253-254, [O VIII 2, 1] B 54), et à Huygens,
11 décembre 1635 (AT I, 597-601, [O VIII 2, 17-19] B 80).
Le texte est terminé en 1635 : lettre à Golius du 16 avril 1635, AT I 314-316; O VIII
1, 647-648; B 71.
"En la Dioptrique, la matière des réfractions et l'invention des lunettes, j'y parle aussi
fort particulièrement de l'Œil, de la Lumière, de la Vision, et de tout ce qui appartient
à la Catoptrique et à l'Optique." (lettre à Mersenne du mars 1636 AT I, 338-340; O
VIII 1, 134-136; B 83).
"Par la Dioptrique, j'eus dessein de faire voir qu'on pouvait aller assez avant en la
Philosophie, pour arriver par son moyen jusques à la connaissance des arts qui sont
utiles à la vie, à cause que l'invention des lunettes d'approche, que j'y expliquais, est
l'une des plus difficiles qui aient jamais été cherchées. Par les Météores, je désirai
qu'on reconnût la différence qui est entre la Philosophie que je cultive et celle qu'on
enseigne dans les écoles où l'on a coutume de traiter de la même matière." Lettre-
Préface aux Principes de philosophie (AT IX-2, 15).
29. ———. 1637. Les Météores.
AT VI, 231-376; B Op. I, 314-487; O III, 284-390.
L'origine des Météores est le phénomène des parhélies (faux soleils) observé a à
Frascati le 20 mars 1629 par le Jésuite Christoph Scheiner (1573-1650).
"Le 20 de mars on avait vu dans cette ville cinq soleils en même temps, c'est-à-dire
quatre parhélies ou faux soleils autour du Soleil. Le P. Scheiner jésuite allemand, qui
était pour lors à Rome, en avait fait l'observation avec quelques autres
mathématiciens du lieu ; et le cardinal Barberin qui était toujours fort zélé pour
l'avancement des sciences en avait envoyé une description à M. de Peiresc conseiller
au parlement de Provence, avec la figure du phénomène. Monsieur Peiresc en avait
fait faire plusieurs copies, pour communiquer la chose à tous les savants de sa
connaissance, et pour les exciter à donner leurs réflexions sur le phénomène."
(Baillet I, 188).
"C'est à cette observation des parhélies, que le public est redevable en partie du beau
traité des Météores que M. Descartes lui donna quelques années après. Il interrompit
ses Méditations métaphysiques, pour examiner par ordre tous les météores ; et il
travailla plusieurs jours sur cette matière, avant que d'y trouver de quoi se satisfaire.
" (Baillet I, 191).
Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), ayant reçu la relation directement de
C. Scheiner en donna des copies à Pierre Gassendi.
Ayant reçu une copie de Gassendi, Henri Reneri la publia avec le titre Phaenomenon
rarum et illustre Romae observatum 20 Martij Anno 1629, (Amsterdam 1629) et en
envoya une copie manuscrite à Descartes en juillet 1629 : "Car je n'ai point l'esprit

39 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

assez fort, pour l'employer en même temps à plusieurs choses différentes, et comme
je ne trouve jamais rien que par une longue traînée de diverses considérations, il faut
que je me donne tout à une matière, lorsque j'en veux examiner quelque partie. Ce
que j'ai éprouvé depuis peu, en cherchant (4) la cause de ce phénomène duquel vous
m'écrivez (5) ; car il y a plus de deux mois (6) qu'un de mes amis (7) m'en a fait voir
ici une description assez ample, et m'en ayant demandé mon avis, il m'a fallu
interrompre ce que j'avais en main (8), pour examiner par ordre tous les Météores,
auparavant que je m'y sois pu satisfaire. Mais je pense maintenant en pouvoir rendre
quelque raison, et suis résolu d'en faire un petit traité (9) qui contiendra la raison (10)
des couleurs de l'arc-en-ciel (11), lesquelles m'ont donné plus de peine que tout le
reste, et généralement tous les phénomènes sublunaires." (lettre à Mersenne du 8
octobre 1629, AT I, 22-23; O VIII 1, 29-30; B19).
(4) Clerselier-lettres : "pour trouver".
(5) Le jésuite romain Scheiner avait observé quatre parhélies (faux soleils) à Frascati
le 20 mars 1629. Ces observations ont été connue de toute l'Europe savante par le
relais de Peiresc, à qui le cardinal Barberini avait fait parvenir une copie. Gassend,
informé par les frères Dupuy, s'employa à les expliquer, en particulier auprès de
Peiresc, et au cours de son voyage en Flandres et aux Pays-Bas (été 1629), de
Beeckman et de Reneri. La « description assez ample » dont parle Descartes peut
être son explication Phaenomenon rarum et illustre Romæ observatum, dont le texte
imprimé semble n'avoir été diffusé qu'en novembre-décembre 1629, mais qui fut
remis par Gassend à Reneri le 14 juillet (voir lettre de Gassend à Peiresc, 21 juillet
1629, CM II 244 et 247n).
(6) Clerselier-lettres : « trois mois ».
(7) Henri Reneri, en juillet 1629. Il s'inscrit comme étudiant à Leyde le 13 octobre
1629.
(8) Le « petit traité de métaphysique », « commencé en Frise », dont Descartes parle
à plusieurs reprises (à Mersenne, 15 avril 1630; AT I 136, [O VIII 1, 67] B 30; 25
novembre 1630, AT I 182, [O VIII 1, 85] B 36; vers le 20 avril 1637 AT I 350, [O
VIII 1, 139] B 104; à Gibieuf, 18 juillet 1629, AT I 17, [O VIII 2, 790] B 17) est soit
une première version des Meditationes, soit un « traité sur la divinité » (Baillet I,
170-171 et 190).
(9) Le huitième discours des Météores (qui paraîtra dans les Essais de 1637) ; le
dixième discours porte sur les parhélies.
(10) Clerselier-lettres : « l'explication ».
(11) Descartes avait pu voir en Italie les arcs-en-ciel artificiels des fontaines de
Tivoli.
Descartes retourne sur le sujet dans une lettre à Mersenne du 13 novembre 1629 : "Je
suis bien marri de la peine que je vous ai donnée de m'envoyer ce phénomène (2),
car il est tout semblable à celui que j'avais vu. Je ne laisse pas de vous en avoir très
grande obligation, et encore plus de l'offre que vous me faites de faire imprimer ce
petit traité que j'ai dessein d'écrire ; mais je vous dirai qu'il ne sera prêt de plus d'un
an. Car depuis le temps que je vous avais écrit il y a un mois, je n'ai rien fait du tout
qu'en tracer l'argument, et au lieu d'expliquer un phénomène seulement, je me suis
résolu d'expliquer tous les phénomènes de la nature c'est-à-dire toute la physique. Et
le dessein que j'ai me contente plus qu'aucun autre que j'aie jamais eu, car je pense
avoir trouvé un moyen pour exposer toutes mes pensées en sorte qu'elles satisferont à
quelques-uns et que les autres n'auront pas occasion d'y contredire." (AT I 70; O VIII
1, 32-33; B 23).
(2) Sur les parhélies, comme sur le « petit traité », voir la lettre 4 (AT I, 23; [O VIII
1, 29] B 19.

40 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Lettre à Constantin Huygens du 1 novembre 1635 : "J'ai dessein d'ajouter les


Météores à la Dioptrique, et j'y ai travaillé assez diligemment les deux ou trois
premiers mois de cet été (4), à cause que j'y trouvais plusieurs difficultés que je
n'avais encore jamais examinées, et que je démêlais avec plaisir. Mais il faut que je
vous fasse des plaintes de mon humeur : sitôt que je n'ai plus espéré d'y rien
apprendre, ne restant plus qu'à les mettre au net, il m'a été impossible d'en prendre la
peine, non plus que de faire une préface que j'y veux joindre (5); ce qui sera cause
que j'attendrai encore deux ou trois mois avant que de parler au libraire." (AT I, 592;
O VIII 2, 15; B 77).
(4) Dès février 1635, il avait noté des observations sur la chute de la neige (voir F. C.
Frank, « Descartes' Observations on the Amsterdam Snowfalls of 4, 5, 6 and 9
February 1635 », Journal of Glaciology, 13, 1974, p. 535-539).
(5) [Première allusion au Discours de la méthode :] Le livre envisagé devait réunir la
Dioptrìque, les Météores et une préface (qui deviendra le Discours de la méthode).
Descartes annoncera l’addition de la Géométrie dans la lettre à Mersenne de mars
1636 (AT I, 339 l. 16, [O VIII 1, 135; B 83) et racontera au P. Deriennes : « [...] c'est
un traité que je n'ai quasi composé que pendant qu’on imprimait mes Météores, et
même j'en ai inventé une partie pendant ce temps-là » (AT I, 457-458, à Deriennes
22 février 1638, [O VIII 2, 578-579] B 147).
"Au reste, si M. Gassendi a quelques autres remarques touchant la neige, que ce que
j'ai vu dans Kepler, et remarqué encore cet hiver, de Nive sexangula et grandine
acuminata (7), je serai bien aise de l'apprendre ; car je veux expliquer les météores le
plus exactement que je pourrai (8)." (lettre à Mersenne, 4 mars 1630, AT I, 127 O
VIII 1, 62; B 28).
(7) Kepler a publié en 1611 le traité De nive sexangula et grandine acuminata.
(8) Descartes a dû connaître (par Mersenne) l'observation de Gssend; (à la fin de son
Examen du 4 février 1629 : voir Gassend 4 février 1629 (CM II 196-199).
Dans une lettre à Chanut du 6 mars 1646, Descartes écrit : "Une seule observation
que je fis de la neige hexagone, en l'année 1635, a été cause du traité que j'en fait
(5)." (AT IV, 377; O VIII 2, 668; B 545).
(5) Dans les Météores VI (AT VI 298 1. 8 sq. [O III, 329]); (observation du 5 février
1635 (voir AT XI, 623-624 et 626-627) ; voir à Mersenne, 4 mars 1630 (AT I, 127,
[O VIII 1, 62] B 28) et 30 août 1640 (AT III 166, [O VIII 1, 404] B 269 : longue note
dans E. Lojacono (éd.), Opere scientifiche di René Descartes, t. 2, Turin, Classici
UTET, 1983, p. 434.
Voir AT XI, p. 635 : "Par un vent du nord, avec neige et verglas la veille. Les grains
de neige étaient de cette grosseur, ils ressemblaient à l'humeur cristalline de l'œil,
étaient transparents, et j'en ai remarqué un ou deux qui avaient autour d'eux six
rayons très-courts, tirant sur le blanc pâle, et surpassant la glace. Ce même jour, 5
février [1635], j'ai noté une grande diversité d'étoiles de neige. D'abord quelques
lames solides taillées en hexagone, d'une parfaite transparence, polies et minces, de
grandeurs égales." (texte en latin; traduction de Foucher de Careil, p. 81).
"Aux Météores, je m'arrête principalement sur la nature du Sel, les causes des Vents
et du Tonnerre, les figures de la Neige, les couleurs de l'Arc-en-Ciel, où je tâche
aussi à démontrer généralement quelle est la nature de chaque Couleur, et les
Couronnes, ou Halones, et les Soleils, ou Parhelia, semblables à ceux qui parurent à
Rome il y a six ou sept ans." (lettre à Mersenne, mars 1636, AT I 340; O VIII 1, 135;
B 83).
"Par les Météores, je désirai qu'on reconnût la différence qui est entre la Philosophie
que je cultive et celle qu'on enseigne dans les écoles où l'on a coutume de traiter de
la même matière." Lettre-Préface aux Principes de philosophie (AT IX-2, 15).

41 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

30. ———. 1637. La Géométrie.


AT VI, 368-485; B. Op. I, 490-653; O III, 415-512.
Une traduction latine par Frans Van Schooten (le jeune) (1615-1661) paru à Leyde:
Maire 1649.
La Géométrie est le seul ouvrage mathématique publié par Descartes et résume les
résultats de 19 années de recherches ; sa rédaction l'a occupé dans les premiers mois
de 1637: "C'est un traité que je n'ai quasi composé que pendant qu'on imprimait mes
Météores, et même j'en ai inventé une partie pendant ce temps-là (4); mais je n'ai pas
laissé de m'y satisfaire, autant ou plus que je ne me satisfais d'ordinaire de ce que
j'écris." (lettre à Jean Deriennes du 22 février 1638 (AT I, 458; O VIII 1, 578-579; B
147).
(4) La Dioptrique était prête pour l'impression dès octobre 1635 (Huygens à
Descartes, 28 octobre 1635, AT I, 588 l. 5-6, B 76).
Lettre à Mersenne, fin décembre 1637: "Et je ne suis pas bien aise d'être obligé de
parler avantageusement de moi-même; mais parce qu'il y a peu de gens qui puissent
entendre ma Géométrie, et que vous désirez que je vous mande quelle est l'opinion
que j'en ai, je crois qu'il est à propos que je vous dise qu'elle est telle, que je n'y
souhaite rien davantage; et que j'ai seulement tâché par la Dioptrique et par les
Météores de persuader que ma méthode est meilleure que l'ordinaire, mais je
prétends l'avoir démontré par ma Géométrie." (AT I, 477; O VIII 1, 149; B 136).
Sur la difficulté de l'œuvre voir:
l'Avertissement : "Jusques ici j'ai tâché de me rendre intelligible à tout le monde ;
mais, pour ce traité, je crains qu'il ne pourra être lu que par ceux qui savent déjà ce
qui est dans les livres de Géométrie: car, d'autant qu'ils contiennent plusieurs vérités
fort bien démontrées, j'ai cru qu'il serait superflu de les répéter, et n'ai pas laissé,
pour cela, de m'en servir." (AT VI 368)
et la lettre à Florimond de Beaune du 20 février 1639: "J'ai été extrêmement aise de
voir vos Notes (*) sur ma Géométrie (2); et je puis dire, avec vérité, que je n'y ai pas
trouvé un seul mot qui ne soit entièrement selon mon sens. En sorte que j'ai admiré
que vous ayez pu reconnaître des choses que je n'y ai mises qu'obscurément (3),
comme en ce qui regarde la généralité de la méthode, et la construction des lieux
plans et solides, etc.
(...)
Toutefois je puis assurer que je n'ai rien omis de tout cela qu'à dessein, excepté le cas
de l'asymptote que j'ai oublié. Mais j'avais prévu que certaines gens, qui se vantent
de savoir tout, n'eussent pas manqué de dire que je n'avais rien écrit qu'ils n'aient su
auparavant, si je me fusse rendu assez intelligible pour eux ; et je n'aurais pas eu le
plaisir, que j'ai eu depuis, de voir l'impertinence de leurs objections. Outre que ce que
j'ai omis ne nuit à personne ; car pour les autres, il leur sera plus profitable de tâcher
à l'inventer d'eux-mêmes, que de le trouver dans un livre. Et pour moi, je ne crains
pas que ceux qui s'y entendent m'imputent aucune de ces omissions à ignorance ; car
j'ai partout eu soin de mettre le plus difficile, et de laisser seulement le plus aisé."
(AT II, 510-512; O VIII 2, 691-692; B 203).
(2) Voir à Mersenne, 9 février 1639 (AT II, 499 l. 20-24, [O VIII 1, 320] B 202). Les
Notes brèves de Debeaune [dans le texte originel français] ont été publiées dans AM
III 353-401 (voir aussi la lettre de Debeaune à Schooten, 1648-1649 dans AM III
321-322).
(*) [Ces Notes seront publiées dans la traduction latine de la Géométrie en 1649: In
geometriam Renati Descartes notæ breves, Amsterdam, 1659.]
Après la publication, Descartes ne montre plus d'intérêt pour la géométrie : "Mais
n'attendez plus rien de moi, s'il vous plaît, en géométrie; car vous savez qu'il y a

42 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

longtemps que je proteste de ne m'y vouloir plus exercer, et je pense pouvoir


honnêtement y mettre fin." (à Mersenne, 12 septembre 1638, AT II, 361-362; O VIII
1, 273-274; B 187).
"Enfin, en la Géométrie, je tâche à donner une façon générale pour soudre tous les
problèmes qui ne l'ont encore jamais été. Et tout ceci ne fera pas, je crois, un volume
plus grand que de cinquante ou soixante feuilles (8). Au reste, je n'y veux point
mettre mon nom, suivant mon ancienne résolution (9), et je vous prie de n'en rien
dire à personne, si ce n'est que vous jugiez à propos d'en parler à quelque libraire,
afin de savoir s'il aura envie de me servir, sans toutefois achever, s'il vous plaît, de
conclure avec lui, qu'après ma réponse ; et sur ce que vous me ferez la faveur de me
mander, je me résoudrai." (lettre à Mersenne du mars 1636, AT I, 340; O VIII 1, 136;
B 136).
(8) Le volume imprimé fera 66 feuilles, dont 10 pour le Discours.
(9) Voia à Mersenne, 25 novembre 1630 (AT I, 179-180; [O VIII 1, 83-64] B 36.
"Enfin, par la Géométrie, je prétendais démontrer que j'avais trouvé plusieurs choses
qui ont été ci-devant ignorées, et ainsi donner occasion de croire qu'on en peut
découvrir encore plusieurs autres, afin d'inciter par ce moyen tous les hommes à la
recherche de la vérité." Lettre-Préface aux Principes de philosophie (AT IX-2, 15).
31. ———. 1637. Explication des engins par l'aide desquels on peut avec une petite
force lever un fardeau fort pesant [Traité de mécanique].
AT I, 435-447; B 129; O III, 568-577.
Le texte est annexe à la lettre à Constantin Huygens du 5 octobre 1637 ; la première
édition est celle publiée en 1668 par Nicolas Poisson avec le Compendium musicae.
32. ———. 1638. Calcul de Mons. Des-Cartes.
AT X 659-680; édition critique par Fréderic de Buzon in B Op. II, 1472-1528.
Dans le dernier paragraphe d'une lettre à Claude Mydorge du 1 mars 1638, Descartes
écrit: "Si vous désirez que je vous envoie quelques adresses particulières touchant le
calcul, j'ai ici un ami qui s'offre de les écrire (27), et je m'y offrirais bien aussi, mais
j'en suis moins capable que lui, à cause que je ne sais pas si bien remarquer en quoi
on peut trouver de la difficulté." (AT II 23; O VIII 1, 672; B152).
(27) Il s'agit de l'Introduction à la Géométrie, ou Introduction au Calcul de Monsieur
Descartes, attribuée à Godefroid Van Haestrecht [1592/93 - 1659] (voir la
présentation de F. de Buzon, in B Op. II, 1465-1529).
De ce document, il y a trois manuscrits :
1) H : retrouvé par Charles Adam dans la Bibliothèque Royale de Hanovre parmi les
papiers de Leibniz et publié dans AT X.
2) L : retrouvé par Cornelis de Waard en 1917 parmi les papiers de Charles
Cavendish et publié dans Charles Adam et Gaston Milhaud (éds.) René Descartes.
Correspondance, Paris, Alcan 1936-, vol. III, pp. 323-352.
3) M : retrouvé par Frédéric de Buzon parmi les manuscrits de Marcus Meibom à la
Bibliothèque Royale de La Haye et publié dans B Op. II, 1473-1529 avec le titre:
Recueil du Calcul, qui sert à la Géométrie du Sieur Des-Cartes.
33. ———. 1639? De refractione.
AT XI, 645-646; B Op. II, 1390-1393.
La date précise de composition est incertaine.
34. ———. 1640. Invention de la racine cubique des nombres binomes.
AT III 188, l. 3 - 190, l. 19; nouvelle édition reprise de l'édition Costabel: AT V
612-615; B Op. II, 1440-1447.
Première édition : Pierre Costabel, "Descartes et la racine cubique des nombres

43 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

binômes", Revue d'histoire des sciences, 22, 1969, pp. 97-116 (texte au pp. 99-102);
repris dans P. Costabel, Démarches originales de Descartes savant, Paris, Vrin,
1982, pp. 122-126.
"Le document illustre la phase ultime du débat engagé en 1639 entre Stampioen et
Waessenaer, celui-ci agissant pour le compte de Descartes. "(p. 97).
35. ———. 1641. Meditationes de prima Philosophia in qua Dei existentia et animae
immortalitas demostrantur. Parisiis: Michaelem Soly.
AT VII : Epistola 1; Praefatio ad Lectorem 7; Synopsis sequentium sex
Meditationum 12; Meditatio I-VI 17-90; Objectiones Primae 91; Responsio Authoris
101; Objectiones Secundae 121; Responsio 128; Rationes Dei existentia et animae a
corpore distinctionem probantes, more geometrico dispositae 160; Objectiones
Tertiae cum Responsionibus Authoris 171; Objectiones Quartae 196; Objectiones
Quintae 256; Responsio 347; Disquisitio metaphysica Gassendus Sorberio 392;
Objectiones Sextae 412; Responsio 422; Objectiones Septimae cum Notis Authoris
464; Epistola ad patrem Dinet 563-603.
B Op. I, 680-799; Objectiones cum Responsionibus, 800-1395.
Les VII Objectiones et l' Epistola ad patrem Dinet sont ajoutées dans la deuxième
édition.
Date de composition : octobre 1639 - mars 1640.
Première édition : 28 août 1641.
Deuxième édition revue avec le titre : Meditationes de prima philosophia, in quibus
Dei existentia, et animae humanae a corpore distinctio, demostrantur. Amstelodami:
Ludovicum Elzevirium, 1642 (réimpression anastatique Lecce, Conte Editore, 1992).
Après le Traité de métaphysique de 1628-29 (qui n'a pas été conservé) et la
Quatrième partie du Discours de la méthode c'est le premier texte publié par
Descartes sur la métaphysique (La Recherche de la Vérité a été publié seulement en
1684).
La première mention de l'œuvre est dans la lettre à Mersenne du 13 novembre 1639 :
"Les opinions de vos Analystes, (*) touchant l'existence de Dieu et l'honneur qu'on
lui doit rendre, sont, comme vous écrivez, très difficiles à guérir ; non pas qu'il n'y ait
moyen de donner des raisons assez fortes pour les convaincre, mais parce que ces
gens-là, pensant avoir bon esprit, sont souvent moins capables de raison que les
autres. Car la partie de l'esprit qui aide le plus aux mathématiques, à savoir
l'imagination, nuit plus qu'elle ne sert pour les spéculations métaphysiques. J'ai
maintenant entre les mains un discours, où je tâche d'éclaircir ce que j'ai écrit ci-
devant sur ce sujet ; il ne sera que de cinq ou six feuilles d'impression; mais j'espère
qu'il contiendra une bonne partie de la métaphysique. Et afin de le mieux faire, mon
dessein est de n'en faire imprimer que vingt ou trente exemplaires, pour les envoyer
aux vingt ou trente plus savants théologiens dont je pourrai avoir connaissance, afin
d'en avoir leur jugement, et apprendre d'eux ce qui sera bon d'y changer, corriger ou
ajouter, avant que de le rendre public." (AT II, 622; O VIII 1, 351-352; B 224).
(*) [Les géomètres de Paris]
La rédaction est terminée en mars 1640 : "Je ne ferai point imprimer mon essai de
Métaphysique (14) que je ne sois à Leyde, où je pense aller dans cinq ou six
semaines (15)" lettre à Mersenne, 11 mars 1640 (AT III, 35-36; O VIII 1, 367-368; B
246).
(14) Ls Meditationes seront imprimés à Paris en 1641, puis à Amsterdam en 1642.
(15) Descartes date de Leyde toute une série de lettres écrites entre le 7 mai 1640 et
le 18 mars 1641.
En novembre 1640 le livre est envoyé à l'imprimeur: "Le peu que j'ai écrit de
métaphysique est déjà en chemin pour aller à Paris (5), où je crois qu'on le fera

44 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

imprimer, et il ne m'en est resté ici qu'un brouillon si plein de ratures, que j'aurais
moi-même de la peine à le lire, ce qui est cause que je ne puis vous l'offrir ; mais
sitôt qu'il sera imprimé, j'aurai soin de vous en envoyer des premiers, puisqu'il vous
plaît me faire la faveur de le vouloir le lire, et je serai fort aise d'en apprendre votre
jugement." Lettre à Colvius du 14 novembre 1640, AT III, 248; O VIII 2, 586; B
287).
(5) Voir à Mersenne, 11 novembre 1640 (AT III 238-239, [O VIII 1, 424] B 285) «
[...] je vous envoie enfin mon écrit de Métaphysique... »
Descartes envoie une copie du manuscrit à Huygens et Mersenne :
- Constantin Huygens : "J'ai envoyé dès hier ma Métaphysique à Monsieur de
Zuylichem pour vous l'adresser ; mais il ne l'enverra que dans huit jours, car je lui ai
donné ce temps pour la voir. Je n'y ai point mis de titre, mais il me semble que le
plus propre sera de mettre Renati Descartes Meditationes de prima Philosophia; car
je ne traite point en particulier de Dieu et de l'âme, mais en général de toutes les
premières choses qu'on peut connaître en philosophant. Vous verrez assez, par les
lettres que j'y ai jointes, quel est mon dessein; et je n'en dirai ici autre chose, sinon
que je crois qu'il n'y aura pas de mal, avant que de la faire imprimer, de stipuler avec
le libraire qu'il nous en donne autant d'exemplaires que nous en aurons de besoin, et
même qu'il les donne tout reliés ; car il n'y a pas plaisir d'acheter ses propres écrits, et
je m'assure que le libraire pourra bien faire cela sans y perdre. Je n'aurai besoin ici
que d'environ trente exemplaires ; pour Paris, c'est à vous de juger combien il nous
en faudra." Lettre à Mersenne du 11 novembre 1640 (AT III, 235-236; O VIII 1, 424;
B 283).
- Marin Mersenne : "Je vous envoie enfin mon écrit de Métaphysique, auquel je n'ai
point mis de titre, afin de vous en faire le parrain, et vous laisser la puissance de le
baptiser (2). Je crois qu'on le pourra nommer, ainsi que je vous ai écrit par ma
précédente, Meditationes de prima Philosophia ; car je n'y traite pas seulement de
Dieu et de l'âme, mais en général de toutes les premières choses qu'on peut connaître
en philosophant par ordre. Et mon nom est connu de tant de gens que, si je ne voulais
pas le mettre ici, on croirait que j'y entendrais quelque finesse, et que je le ferais
plutôt par vanité que par modestie (3).
Pour la lettre à Messieurs de Sorbonne (4), si j'ai manqué au titre, ou qu'il y faille
quelque souscription, ou autre cérémonie, je vous prie d'y vouloir suppléer, et je crois
qu'elle sera aussi bonne, étant écrite de la main d'un autre, que de la mienne. Je vous
l'envoie séparée du traité, à cause que, si toutes choses vont comme elles doivent, il
me semble que le meilleur serait, après que le tout aura été vu par le P. Gibieuf (5),
et, s'il vous plaît, par un ou deux autres de vos amis, qu'on imprimât le traité sans la
lettre, à cause que la copie en est trop mal écrite pour être lue de plusieurs, et qu'on le
présentât ainsi imprimé au Corps de la Sorbonne, avec la lettre écrite à la main; en
suite de quoi il me semble que le droit du jeu sera qu'ils commettent quelques-uns
d'entre eux pour l'examiner (6) ; et il leur faudra donner autant d'exemplaires pour
cela qu'ils en auront besoin, ou plutôt autant qu'ils sont de docteurs (7), et s'ils
trouvent quelque chose à objecter, qu'ils me l'envoient, afin que j'y réponde ; ce qu'on
pourra faire imprimer à la fin du livre. Et après cela il me semble qu'ils ne pourront
refuser de donner leur jugement, lequel pourra être imprimé au commencement du
livre, avec la lettre que je leur écris. Mais les choses iront peut-être tout autrement
que je ne pense ; c'est pourquoi je m'en remets entièrement à vous et au P. Gibieuf,
que je prie par ma lettre (8) de vouloir vous aider à ménager cette affaire : car la
Vélitation que vous savez (9) m'a fait connaître que, quelque bon droit qu'on puisse
avoir, on ne manque pas d'avoir toujours besoin d'amis pour le défendre.
L'importance est en ceci que, puisque je soutiens la cause de Dieu, on ne saurait

45 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

rejeter mes raisons, si ce n'est qu'on y montre du paralogisme, ce que je crois être
impossible, ni les mépriser, si ce n'est qu'on en donne de meilleures, à quoi je pense
qu'on aura assez de peine." Lettre du 11 novembre 1640 (AT III, 239-240; O VIII 1,
424-425; B 285).
(2) Voir à Mersenne, 18 mars 1641 (AT III 340, [O VIII 1, 457] B 305) : « vous en
serez, s'il vous plaît, le parrain ».
(3) L'ouvrage, comme on sait, parut sous le titre Renati Descartes Meditationes de
prima philosophia, in qua Dei existentia et animae immortalitas demonstratur.
(4) L'Epistola dedicatoria (AT VII 680-686) : en se tournant vers la faculté de
théologie, Descartes montrait avoir renoncé à attendre un soutien de ses anciens
maîtres jésuites.
(5) Clerselier Lettres : « Le P. G. », et ailleurs.
(6) Ce qui fut fait le 1er août 1641, avec la nomination de quatre docteurs («
commissaires »), Chastelain, Potier, Hallier et Cornet, « pour examiner la
Métaphysique de Monsieur Descartes ». Il n'en est plus question par la suite,
l'assemblée du 2 septembre se bornant à approuver les conclusions de l'assemblée
précédente (l'achevé d'imprimer des Meditationes est du 28 août) ; voir J.-R.
Armogathe, « L'approbation des Meditationes par la faculté de théologie de Paris
1641 », Bulletin cartésien XXI-XXII, p. 1-3, Archives de philosophie 57, 1, 1994.
(7) C’était la procédure habituelle, qu'on trouve par exemple appliquée au livre de
Pierre Dabillon, De la divinité défendue contre les athées, Paris, 1642, approuvé
quelques semaines plus tôt par la Faculté.
(8) À Gibieuf, 11 novembre 1640 (AT III, 238 l. 8-9, [O VIII 2, 792] B 284).
(9) Sur l'affaire des thèses du P. Bourdin, voir lettre 76, n. 2, p. 940 et dossier
Jésuites, lettre 6, [O VIII 1, 582-591] B 261.
36. ———. 1641. Propositio demonstrata.
Première édition: Clerselier, III, 1667, 475-479.
AT III, 708-714 (CCXLIII bis); O III, 519-524.
La proposition démontrée est la suivante : "Étant donné une section conique
quelconque et un point situé comme on veut hors de son plan, on cherche un cercle
qui soit une base du cône que décrit une droite tournant, à partir du point donné
comme sommet, autour de la section conique donnée; car il n'est pas douteux que la
surface ainsi décrite ne soit conique, et une fois qu'on a trouvé le cercle qui est une
base, cela peut se démontrer facilement."
"Entre avril et septembre 1641, Descartes rédigea (ou fit rédiger) en latin une
solution à un vieux problème géométrique qui aurait été reproposé à la communauté
mathématique par Desargues. Mydorge et Roberval sont censés avoir donné
également chacun la leur (dont on ne sait rien aujourd’hui).
Notre Annexe X montre que Fermat s’est aussi intéressé à la question.
Le texte de cette Propositio a été publié pour la première fois, sous le titre indiqué
plus haut, par Claude Clerselier en 1667 dans le volume III de la Correspondance de
Descartes, pages 475-479 (en annexe à la lettre LXXXIII du 12 octobre 1648. Le
manuscrit semble perdu, et nul ne sait si, par exemple, les six figures qui y sont
insérées sont plus ou moins de la main de Descartes, ou fortement interprétées - et
dégradés - par son éditeur.
(...)
Une nouvelle traduction française de ce texte figure dans l’Annexe I. "
André Warusfel, L’œuvre mathématique de Descartes dans La Géométrie: de la
résolution des équations algébriques à la naissance de la géométrie analytique,
thèse de doctorat, 2010, disponible en ligne à l'adresse: philosophie.ac-creteil.fr/IMG
/pdf/Geometrie.pdf (pp. 576-577, notes omises).

46 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

37. ———. 1642. Meditationes De Prima Philosophia, In quibus Dei existentia, et


animae humanae à corpore distinctio, demonstrantur. Amstelodami: Ludovicum
Elzevirium.
AT VII : deuxième édition de l'œuvre publiée en 1641.
"De quelle façon maintenant convient-il d’utiliser les éditions anciennes, soit pour le
contenu du présent volume, soit pour l’établissement du texte ?
Pour le contenu, la seconde édition, celle de 1642, doit évidemment faire loi. La
première édition, en effet, est incomplète : il y manque les septièmes Objections, qui
n’avaient pas été envoyées à temps pour y figurer, et qui d’ailleurs ont été faites, non
pas, comme les autres, sur une copie manuscrite adressée avant toute impression par
Mersenne aux théologiens ou philosophes dont il provoquait les critiques, mais sur le
volume imprimé dès le 28 août 1641, et que le P. Bourdin, auteur des septièmes
Objections, étudia de lui-même à seule fin de le critiquer. Descartes ayant joint, en
outre, à ces septièmes Objections, accrues de ses propres Notes, la Lettre qu’il écrivit
ensuite au P. Dinet, nous ne les séparerons pas non plus dans le présent volume." (AT
VII, Avertissement à l'édition de 1983, p. XI).
"La différence la plus notable entre la première et la deuxième édition "est un assez
long passage qui termine les Réponses de Descartes aux quatrièmes Objections
d’Antoine Arnauld : ce passage très important sur l’Eucharistie, envoyé d’abord en
1640 à Mersenne, n’avait point paru dans la première édition, en 1641, sans doute
afin d’obtenir plus aisément l’approbation de la Sorbonne ; il fut rétabli
naturellement dans l’édition de 1642 (voir ci-après, p. 252, l. 22, à p. 256, l. 8)." (AT
VII, Avertissement à l'édition de 1983, p. XIII).
38. ———. 1642. [Epistola] Ad Reverendo Patri Dinet. Amstelodami: Ludovicum
Elzevirium.
AT VII, 563-603; B Op. I 1426-1475.
Traduction française par Claude Clerselier dans la deuxième édition des Méditations
Métaphysiques (1661).
Nouvelle traduction par Theo Verbeek dans : René Descartes et Martin Schoock, La
Querelle d'Utrecht, Paris: Les impressions nouvelles, 1988, pp. 131-151.
Table des matières : Jean-Luc Marion : Préface 7; Theo Verbeek: Introduction 19;
Narration Historique de la manière dont la philosophie nouvelle a été soutenue
d'abord, puis abolie, précédée du Témoignage de l'Académie d'Utrecht 71; René
Descartes : Lettre à Dinet 125; Martin Schoock : L'Admirable Méthode 153; René
Descartes : Lettre à Voet 321; René Descartes : Lettre Apologétique aux Magistrats
d'Utrecht 401; Theo Verbeek : Notes 439-540.
Sur l'histoire de la Querelle, voit l'Introduction de Theo Verbeek, pp. 19-66.
Theo Verbeek a traduit en français les pièces principales de la controverse entre
Descartes et Gijsbert Voet (1589-1676) dans La Querelle d'Utrecht, cit. :
"...d'abord la Lettre au Père Dinet, qui, publiée en appendice à la seconde édition des
Meditationes (1642) déclenche, en mentionnant les attaques de G. Voet contre
Regius et Descartes, un conflit ouvert ; ensuite la réplique de Schoock, suscitée par
G. Voet, sous le titre de La Méthode Admirable de la nouvelle philosophie
cartésienne (1643) qui attire, en retour, la Lettre à G. Voet où, pour la première fois
(mai 1643), Descartes accepte le combat direct ; la réponse prendra l'aspect d'une
Narration historique (octobre 1643), suivant de peu un arrêt pris par les magistrats
d'Utrecht contre Descartes (13 septembre 1643), précédant aussi de peu une
intervention en faveur de Descartes de M. de la Thuillière, Ambassadeur de France.
La querelle fut cependant assez vive pour que Descartes adresse encore, un an et
demi plus tard, une Lettre apologétique aux Magistrats d'Utrecht (juin 1645) et
tienne à la publier en mars 1648. L’importance du dossier se marque au nombre des

47 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

pièces qui le composent (et de nombreuses lettres pourraient s’y adjoindre), mais
aussi au temps que lui consacre Descartes — pourtant si soucieux de son loisir et de
son repos : pendant près de six ans, tout son temps de travail (et il s'agit des
Principia puis des Passions de l'âme) sera conquis sur la distraction et l'inquiétude
d’une polémique de plus en plus âcre et dangereuse. Il paraît donc impossible, au
simple vu de ces titres et de ces dates, de sous-estimer, encore plus d'ignorer, un
épisode aussi important et importun de la vie de Descartes. Le travail de Theo
Verbeek se justifie donc entièrement, ne fût-ce que d’un point de vue historique ; il
contribuera, comme un document indispensable, à la connaissance du premier
cartésianisme hollandais."
(Jean-Luc Marion, Préface à La Querelle d'Utrecht, p. 8).
"Les Jésuites semblaient être un peu plus partagés que les pères de l’Oratoire sur la
philosophie de M. Descartes ; et la diversité des opinions était grande dans leur
Compagnie sur ses Méditations métaphysiques. Les uns se contentaient de goûter ses
principes et ses raisonnements, ou de louer ses bonnes intentions et ses efforts, sans
aller au-delà, comme le P. Noël, le P. Fournier, le P. J. François, le P. Grandamy, le P.
Dinet, qui était provincial de France à Paris, le P. Charles son parent, qui était
assistant du général de la Compagnie de Rome. Le P. Dinet qui avait été autrefois son
préfet à La Flèche, ayant fait un voyage à Rome sur la fin de la même année [1642],
ne manqua point d’entretenir le P. Charlet du livre de ses Méditations ; et il voulut
donner avis au philosophe de tout ce qui s’était dit de plus obligeant entre eux à son
sujet, par une lettre qu’il lui en écrivit de Rome vers le commencement de l'avent. M.
Descartes crut devoir faire part de la joie qu'il en reçut au P. Mersenne dans le même
temps des étrennes de l’année suivante. Il lui marqua aux termes du P. Dinet l’estime
que le P. Charlet faisait de ses études, et qu’il avait pour sa personne ; croyant que ce
père n'attendait à se déclarer ouvertement pour sa philosophie qu'après la publication
de ses Principes."
Baillet II, chapitre VIII, 159-160.
"De plus, je ne voudrais pas qu'on me croie sur parole lorsque je parle de la vérité
des écrits que je promets, mais qu'on en juge par les Essais que j'ai déjà donnés. Car
loin d'y avoir expliqué une ou deux questions, j'en ai discuté des centaines qui
auparavant n'avaient pas été traitées de la sorte. Et quoique beaucoup de personnes
aient lu mes écrits d'un œil jaloux et aient fait de leur mieux pour les réfuter,
personne, autant que je sache, n'a été à même d’y trouver autre chose que de la
vérité. Qu'on fasse la liste de toutes les questions qui, depuis tant de siècles où il y a
des philosophies, ont été résolues par leur moyen : on n'en trouvera probablement ni
beaucoup, ni de très importantes. J'ose même prétendre qu'il n'y a jamais eu de
question dont je ne pourrais montrer que la solution qu'on en a donnée à partir des
principes propres à la philosophie péripatéticienne est fausse et mal fondée. Qu'on en
fasse l'épreuve : qu'on les propose, non pas toutes il est vrai, car je ne crois pas
qu'elles vaillent la peine d'y employer beaucoup de temps, mais quelques-unes des
plus spéciales. On verra que je tiendrai mes promesses (42). Ma seule restriction, que
je fais pour prévenir tout sujet de chicane, est que si je dis "principes propres à la
philosophie péripatéticienne", je ne veux pas parler de ces questions dont la solution
est tirée soit de l’expérience commune de tous les hommes, soit de la considération
des figures et du mouvement qui est le fait des mathématiciens, soit enfin de ces
notions métaphysiques qui sont généralement reçues et que j'admets comme les
autres : on les trouvera dans mes Méditations.
Qu'on me permette encore ce qui paraîtra un paradoxe : en tant que cette philosophie
est jugée péripatéticienne, et différente des autres, elle ne contient rien qui ne soit pas
nouveau ; et la mienne rien qui ne soit pas ancien. Car en ce qui concerne les

48 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

principes, je n'admets que ceux qui, jusqu'ici, ont été partagés par tous les
philosophes et qui de ce fait sont les plus anciens de tous. Et en ce qui concerne ce
que j'en déduis par après, je ne fais que montrer ce que contenaient ceux-là d'une
façon implicite, mais cela d'une façon tellement claire qu'on voit que cela aussi, se
trouvant naturellement dans l'esprit des hommes, est en réalité très ancien. D'autre
part, les principes de la philosophie ordinaire étaient de toute façon nouveaux à
l'époque où ils furent inventés par Aristote ou par d'autres. Ils ne sont pas maintenant
meilleurs qu'ils n'étaient jadis. On n'en déduit rien qui ne soit pas controversé, et qui
ne puisse être changé ou adapté à la façon d'une École ou au gré du premier
philosophe venu. Par conséquent il n'y a rien qui soit plus nouveau, puisqu'on la
renouvelle tous les jours (43)." (Lettre à Dinet, traduction de Theo Verbeek, La
Querelle d'Utrecht, cit., p. 140, AT VII, 580).
(42) Voir le commentaire de Schoock, Admiranda Methodus, section II chap. 4.
(43) Voir pour tout ce passage, d’une part ce que dit Descartes dans son Discours
(VI, AT VI, 77 ; [O III, 132-133]), d'autre part le commentaire mordant de Schoock
dans l'Admiranda Methodus, section Π, chap. I. C'est à partir d'une notion pareille
que certains cartésiens amorceront la "philosophia novantiqua", synthèse originale
d'aristotélisme et de cartésianisme ; voir A. Heereboord, Meletemata Philosophica
(Lugd. Bat., 1654) ; Philosophia Naturalis cum commentariis Peripateticis (Lugd.
Bat., 1663) ; J. de Raei, Clavis Philosophiae Naturalis Aristotelico-Cartesianae
(Lugd. Bat., 1654) ; De Sapientia Veterum (Amstel., 1669) ; et en général J. Bohatec,
Die Cartesianische Scholastik in der Philosophie und reformierten Dogmatik des 17.
Jahrhunderts, Leipzig, 1912.
39. ———. 1642. Excerpta P. Kircher, De magnete.
AT XI, 635-639; B Op. II 1386-1389.
Annotations à l'œuvre d'Athanasius Kircher (1602-1680) De magnete sive de arte
magnetica Romae: L. Grigarani, 1641.
Lettre du 5 janvier 1643 à Constantin Huygens : "... j'espère qu'elle ne retardera point
l'impression de ma Philosophie, en laquelle j'approche de l'endroit où je dois traiter
de l'aimant (8). Si vous jugez que le gros livre que vous avez de cette matière, duquel
je ne sais point le nom (9), m'y puisse servir, et qu'il vous plaise de me l'envoyer, je
vous en aurai obligation" (AT III 801; O VIII 2, 107; B379)
(8) Il s'agit des §§ 133-183 des Prìncipia IVa (AT VIII-1 275-311).
(9) Le Magnes d'Athanase Kircher (Rome, 1641, 916 p. in-4° ; Cologne, 1643, 797
p. in-4°); Huygens l’envoie à Descartes avec sa réponse du 7 janvier 1643 et un
commentaire acerbe contre les jésuites : « Voici d'ailleurs l'Aimant de Kircherus, où
vous trouverez plus de grimace que de bonne étoffe, qui est l’ordinaire des jésuites.
Ces écrivasseurs pourtant vous peuvent servir en des choses quœ facti sunt, non jurìs
[qui sont d’ordre du fait et non du droit]. Ils ont plus de loisir que vous à se pourvoir
d’expériences : on se peut prévaloir au besoin de leurs rapports » (AT III 802, B380).
40. ———. 1643. Epistola Renati Des-Cartes Ad celeberrimum Virum D. Gisbertum
Voetium. Amstelodami: Ludovicum Elzevirium.
La première édition est suivie de la traduction néerlandaise : Brief van Rene Des
Cartes aen den vermaerden D. Gisbertus Voetius, Amsterdam 1643.
AT VIII-2, 1-194; B Op. I 1493-1691.
Traduction de Victor Cousin dans son édition des Œuvres de Descartes, vol. XI,
Paris: Levrault, 1825, pp. 3-198 ; cette traduction a été reprise par Theo Verbeek
dans La Querelle d'Utrecht, Paris: Les impressions nouvelles, 1988, pp. 327-399,
avec l'omission de la sixième partie.
"C'est ainsi que, croyant écrire une lettre, l'abondance de la matière a produit un

49 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

livre. Je l'ai divisé en neuf parties, afin que chacune pût se lire à part, et peut-être
avec moins d'ennui.
Dans la première, je réponds à l'introduction du livre sur la Philosophie Cartésienne
[1], dans laquelle l'auteur a voulu faire l'énumération sommaire de mes vices.
Dans la seconde, je récompense M. Voet en racontant quelques-unes de ses actions
qui m'ont d'abord fait connaître ses vertus.
Dans la troisième, je parcours le premier et le second chapitre du même livre sur la
Philosophie Cartésienne.
Dans la quatrième, j'expose mon sentiment sur l'usage des livres et la doctrine de
Voet.
Dans la cinquième, je traite brièvement des autres chapitres de ce livre, c'est-à-dire
du reste des deux premières sections.
Dans la sixième, j'examine le livre de la Confrérie de la Vierge.
Dans la septième, je considère les mérites de M. Voet, et l'exemple de charité
chrétienne et de probité qu'il a donné dans cet ouvrage.
Dans la huitième, je reviens au livre sur la Philosophie Cartésienne, et j’en réfute la
préface (que je n'avais pas encore vue) et la troisième section.
Dans la neuvième, je réponds à la quatrième et dernière section du même livre, et je
montre en même temps que ses auteurs sont coupables de la calomnie la plus odieuse
et la plus inexcusable."
(AT VIII-2, 11-12; La Querelle d'Utrecht, cit., p. 330).
[1] Martin Schoock (1614-1669, élève de Voetius), Admiranda Methodus Novae
Philosophiae Renati De Cartes, Ultrajecti [Utrecht] : ex officina Joannis van
Waesberge, 1643 (traduction française par Theo Verbeek, dans La Querelle
d'Utrecht. cit., pp. 157-320).
"Il paraît d'abord incontestable que, dans ses trois textes polémiques, Descartes
retrouve et parfois développe certaines des thèses caractéristiques de sa philosophie.
1. Il invoque, contre Voet, la bona mens (AT VIII-1, 45, ll. 12-13), pour la mettre en
équivalence avec l'humana sapientia (43, ll. 15-17), sur le modèle de la Regula I (AT
X, 359, l. 6 - 360, l. 15).
2. Cette bona mens définit à son tour le domaine de la lumière naturelle, où la
théologie révélée ne peut intervenir (AT VII, 598, ll. 5-11), conformément à une
distinction déjà fixée par la Regula III (AT X, 370, ll. 16-25) et le Discours de la
Méthode (AT VI, 28, l. 16 [O III, 100]) : ce départ entre les deux lumières, naturelle
(raison) et révélée (foi, volonté), devient d’ailleurs aussitôt un argument contre ceux
qui prétendent censurer des thèses philosophiques au nom de l'autorité religieuse ;
car Voet passe d’une facultas (théologie) à une autre (médecine ou philosophie) par
une faute de méthode, avant tout abus de pouvoir : "... censuram tuam theologicam
absque ullo rationis praetextu ad quaestiones pure philosophicas extendere
volueris..." (*) (VIII-2, 132, ll. 17-19). La ratio naturalis (51, l. 31) régente
absolument le domaine qu'elle suffit à définir (3). Ainsi, face au décret de
l'Université qui impose aux professeurs en débat théorique d'être "...contentos
modica libertate disserendi in singularibus nonnullis opinionibus...” (AT VII, 593, ll.
11-12), de se contenter d'une liberté restreinte de discussion sur plus d'une opinion, il
faut revendiquer sans concession la liberté philosophique, absolue dans les limites de
la raison : "... liberum enim semper fuit philosophari." (AT VIII-2, 3, ll. 11-12).
3. Par suite, Descartes mentionne aussi ici sa Methodus ad quaerendam veritatem
(53, 4-5), dans les termes mêmes de la Regula IV, qu'il oppose, comme le faisaient
les Regulae III et X, à la logique de l’Ecole : la bona mens ne peut s’exprimer en
syllogismes (43, 17 sq.), sauf à sombrer dans la Sophistarum Dialectica (46, 16),
"...puerilis illa Dialectica, cujus ope olim Sophistae, nulla scientiam habentes, de

50 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

qualibet re copiose disserebant ac disputant’’** (50,19-22). Et, conformément à la


Regula IV, la méthode ne disqualifie les figures du syllogisme que parce qu’elle
utilise, comme autant de modèles de la vérité, les figures mathématiques (AT VII,
596, 19). Aucune "magie" (ibid.) ne peut lui être honnêtement opposée, puisque c’est
elle qui élimine la magie des formes substantielles (4). Il convient aussi de noter
d’autres thèses, directement liées aux Meditationes, dont elles offrent un
commentaire indispensable. Ainsi la réponse à G. Voet nous donne-t-elle
successivement une nouvelle définition de l’innéisme comme ce que "...ex proprii
ingenii viribus cognoscere possimus" (AT VIII-1, 166, 24-25, et 166, 15-167, 14),
une remarquable définition de ens "...ab essendo sive existendo...” (60, 13), une très
éclairante distinction entre le verus Deus et l'aliquis deceptor summe potens de la
Meditatio I (60, 16-26) (5). Enfin la cause habituelle de l'erreur trouve, dans le même
texte, une détermination temporelle, qui anticipe sur la question de la liberté
d’indifférence : "Si vero loquimini de diversis temporibus, quia ille qui nunc habet
veram fidem, vel evidentem alicujus rei naturalis scientiam, potest alio tempore illam
non habere : hoc inferi tantum infirmitatem humanae naturae, quae semper iisdem
cogitationibus non immoratur, non autem quod in ipsa scientia ullum dubium debeat
esse" (AT VIII-1, 170, 8-14)***. Quelques mois plus tard, nous retrouvons en effet
cet argument, d'abord dans la discussion avec le P. Mesland — " la nature de l'âme
est de n'être quasi qu'un moment attentive à la même chose"—, puis dans l'entretien
avec la princesse Elisabeth : "... nous ne pouvons être continuellement attentifs à la
même chose, quelque claires et évidentes qu'aient été les raisons qui nous ont
persuadé ci-devant quelques vérités..." (6) ; ce thème, qui provient certes de la
Meditatio V (AT VII, 69, 18-20), trouve donc dans la polémique avec Voet un relais
sur le chemin de son ultime développement. Ainsi, ces écrits de circonstances
appartiennent-ils pourtant indiscutablement à l’œuvre théorique de Descartes : ils en
mobilisent explicitement maints thèmes récurrents, qu'ils amplifient et qui, en retour,
les confirment (7)." (Jean-Luc Marion, Préface à La Querelle d'Utrecht, cit., pp.
9-10)
(*) "...comment vous avez voulu étendre, sans l'ombre d'une raison, votre censure
théologique à des questions purement philosophiques... "
(**) "cette Dialectique puérile à l'aide de laquelle les anciens Sophistes, sans
posséder aucune instruction solide, dissertaient et disputaient avec une admirable
faconde sur n'importe quel sujet"
(***) "Si vous voulez parler d'instants différents, entendez-vous que celui qui a,
maintenant, une foi véritable ou une connaissance évidente de quelque objet naturel
pourrait ne pas l'avoir à un autre moment."
(3) G. Voet ne cesse, au contraire, de passer illégitimement d’un domaine à l'autre
(AT VIII-1, 32,12-13 ; 33,12-18 ; 75,4-9; 88, 8-12 ; 132,15-20 ; 133,17-22 ;
242,18-243,14). Lorsque Descartes lui reproche d’usurper le rôle d'un prophète -
"Sic ergo edam Voetius inter Prophetas" (103,27) -, il reprend en fait la mise en garde
du Discours de la Méthode à propos de la théologie, pour laquelle "...il est besoin
d'avoir quelque extraordinaire assistance du ciel, et d'être plus qu'homme.“ (D.M.,
AT VI, 8, 16-17 [O III, 86]), et dont il faut s'abstenir "...nisi quatenus modo
extraordinario et supernaturali a Deo impellebantur" (AT VIII-1, 124, 13-14). Mais
"...omnes homines sumus" (VIII-1, 91, 28), "...des hommes purement hommes..."
(D.M., AT VI, 3, 21-22 [O III, 82]).
(4) Les formes substantielles sont discutées, durant la querelle d'Utrecht, en AT VII,
587, 6 sq., et AT VIII-1, 32, 10 ; 26,13 ; et 62, 18.
(5) Il faut insister sur l'importance de cette remarque pour l'interprétation des
définitions successives de Dieu dans les Meditationes (voir notre analyse dans Sur le

51 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

prisme métaphysique de Descartes, Paris, 1986, § 16, p. 223 sq.).


(6) Voir successivement Á Mesland, 2 mai 1644, AT IV, 116, 6-8 [O VIII 1, 612; B
454], et Á Élisabeth, 15 septembre 1645, AT IV 295, 24-28 [O VIII 2, 228; B 521].
(7) On relèvera aussi l'étonnante validation du cogito dans l'hypothèse où l'on
conclurait seulement à sibi videri existere (AT VIII-1, 165, 11 - 166, 6).
41. ———. 1644. Specimina philosophiae: seu Dissertatio de methodo rectè regendae
rationis et veritatis in scientiis investigandae: Dioptrice, et Meteora. Amstelodami:
Ludovicum Elzeverium.
"Ex Gallico translata, et ab Auctore perlecta, variisque in locis emendata."
AT VI, 517-720.
Édition critique avec une introduction en anglais par Corinna Lucia Vermeulen, René
Descartes, Specimina philosophiae. Introduction and Critical Edition, Utrecht,
"Quaestiones Infinitae", volume 53, (2007).
"La présente édition critique remplace la seconde partie du volume VI de l’édition
d’Adam et Tannery, très insuffisante et manifestement constituée avec peu de soin :
C. Vermeulen y a distingué plus d’une centaine d’erreurs (cf. p. 73)." Kavier Kieft,
Bulletin cartésien XXXVIII (2009), Archives de philosophie, 2010/1 (Tome 73), p.
33.
"Ces essais, que j’ai moi-même écrits en français [...] ont été, quelque temps après,
traduits en latin par un de mes amis ; la version m’a été transmise afin que je puisse
changer, à discrétion, tout ce qui ne me plaisait pas [...] ce que j’ai fait en plus d’un
endroit ; mais, peut-être, en ai-je laissé passer beaucoup d’autres ; et ces derniers
seront facilement reconnaissables, par rapport aux autres, parce que, presque partout,
le traducteur fidèle s’est efforcé de faire du mot à mot, tandis que j’ai souvent changé
le sens des phrases, et j’ai cherché à corriger non pas ses mots, mais mon sens."
(Note de Descartes après l'Index, traduction par Giulia Belgioioso).
"Le sieur Elzevier voyant avancer son impression des Principes de M. Descartes vers
la fin fit solliciter l’auteur de lui permettre d'imprimer en même temps la traduction
latine de ses Essais, après laquelle les étrangers qui n'avaient point l'usage de la
langue française aspiraient depuis la première édition de ces Essais. Cette traduction
avait été faite depuis peu de mois par M. [Étienne] de Courcelles, l'ancien ministre et
théologien français, retiré en Hollande comme M. Rivet, M. Desmarets, M. Blondel,
M. de Saumaise, et plusieurs autres savants calvinistes de France. M. de Courcelles
avait embrassé le parti des arminiens, et avait même donné lieu à quelques zélés
gomaristes de le soupçonner de socinianisme. Il était originaire d’Amiens en
Picardie, mais il était né à Genève le 2 de mai 1586. Après avoir été quelque temps
ministre des réformés en France, il avait passé en Hollande, et avait succédé à Simon
Episcopius dans la chaire en théologie des remontrants à Amsterdam, où il eut
Arnaud de Poelenbourg pour successeur, | et après lui Philippe de Limborch. Il
mourut à Amsterdam le 22 de mai de l'an 1659."
(...)
"Il mit en latin le Discours de la méthode, la Dioptrique, et le traité des Météores.
Mais il ne toucha point à la Géométrie, soit qu’il la jugeât au-dessus de sa portée,
soit qu’il eût avis que M. Schooten se fût chargé de la traduire.
M. Descartes, ayant donné son consentement pour l’impression de la traduction des
trois traités, fut prié de la revoir auparavant, pour juger de sa conformité avec son
original. Il ne refusa point d’user de son droit d’auteur, et se servit de cette occasion
pour y faire quelques changements, comme nous avons remarqué qu’il fît à ses
Méditations sur la traduction française de M. le duc de Luynes. Ce fut donc sur ses
propres pensées qu’il fit des corrections, plutôt que sur les paroles du traducteur
latin, à qui il rendit le témoignage d’avoir été fidèle et scrupuleux, jusqu’à s’efforcer

52 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

de rendre le sens de l’auteur mot pour mot. Ce témoignage de M. Descartes en faveur


de M. de Courcelles se trouvant à la tête de la traduction latine a dû satisfaire toutes
les personnes raisonnables, qui auraient été en peine de savoir la raison des
différences qui se trouvent entre le français et le latin; et il peut servir à condamner la
mauvaise foi du sieur Jacques de Rèves, dit Revius, (*) qui à prétendu faire un crime
d'infidélité à M. de Courcelles de tous ces changements, et qui a fait injure à M.
Descartes en soutenant que tous ces endroits n'exprimaient point sa pensée." (Baillet
II, chapitre XIV, 213-215.)
(*) [Jakob Reefsen (1586 - 1658). Voir l'édition moderne de son œuvre éditée par
Aza Goudriaan: Jacobus Revius, A Theological Examination of Cartesian
Philosophy. Early Criticisms (1647), Leyden, Brill 2002.]
"Le caractère propre du Discours de la méthode peut se rechercher aussi dans une
deuxième direction : les conditions de sa réception. En effet le " projet ” implique, en
1637, l'ambition d’une réception, d'autant plus qu’il s'agit d'une très large réception
pour laquelle Descartes renonce au latin et se confie au français : « Et si j'écris en
français, qui est la langue de mon pays, plutôt qu'en latin, qui est celle de mes
précepteurs, c'est à cause que j’espère que ceux qui ne se servent que de leur raison
naturelle toute pure, jugeront mieux de mes opinions, que ceux qui ne croient qu'aux
livres anciens » ( Discours de la Méthode, [AT VI] 77, 24-30 [O III, 97]).
(...)
Lors de sa première parution, rien ne laisse supposer que l'usage du français en ait
accru la diffusion, bien au contraire. Ainsi, selon A. Baillet, c'est son éditeur lui-
même qui suscita, en 1644, une traduction latine du Discours et des Essais (amputés
de la Géométrie), les fameux Specimina.
(...)
On ne saurait mieux avouer que le vrai public scientifique - " les étrangers " -, que
l'éditeur, mieux peut-être que l’auteur, connaît et devine, n'avait pas encore lu le
Discours et les thèses avant 1644. Bref, s'il fallait encore «... traduire les Essais de sa
philosophie en une langue qui put contribuer à rendre toute la terre cartésienne »,
c’est que, justement, le texte français n’avait pas encore suffi à rendre toute cette
terre cartésienne. Cet aveu en demi-teinte trouve une indiscutable confirmation dans
le nombre comparé des différentes éditions ; alors qu'entre 1637 et la fin du siècle, le
Discours et les Essais ne comptent, en français, que cinq éditions ( Leyde 1637 ;
Paris 1657, 1658, 1668 deux fois ), les Specimina, à partir de 1644, en connaissent
dix (Amsterdam 1644, 1650, 1656 deux fois, 1664, 1672, 1685, 1692 et Francfort
s/M. 1692) ; ainsi les Specimina ne font que retrouver l'étiage habituel des autres
ouvrages latins de Descartes : les Meditationes reçoivent quatorze éditions jusqu'en
1709 ( tandis que leur traduction française n’en offre que quatre ) (2). La publication
du Discours remonte certes à 1637, mais l'on peut soutenir l’hypothèse que sa lecture
et sa réception ne commencent vraiment qu'en 1644, avec les Specimina
Philosophiae seu Dissertatio de Methodo Recte regendae rationis et veritatis in
scientiis investigandae ; Dioptrice et Meteora. Ex Gallico translata et ab Auctore
perlecta, variisque in locis emendata.
Cette double publication, et donc le retard qu'elle impose à la réception du Discours
de la méthode et des Essais, produit plusieurs paradoxes qui ouvrent autant de
questions à la recherche. - Les Specimina n'offrent pas seulement une simple
traduction latine d'un texte français de référence : ils se donnent comme une édition
révisée par l'auteur et par lui ?) corrigée, ab Auctore perlecta, variisque in locis
emendata. Sans surévaluer la portée de cette indication, que son éditeur a
parfaitement pu introduire sans l'avis ou la collaboration de Descartes, il faut relever
certaines modifications et ajouts que l'on peut, raisonnablement, attribuer à l'auteur ;

53 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

ne serait-ce, par exemple, que la célèbre définition marginale de l'idée comme «...
omni re cogitata, quatenus habet tantum esse quoddam objectivum in intellecto » [AT
VI, 559]. L'étude systématique des variantes entre le texte français et sa version en
latin n'a été, jusqu'ici, qu’esquissée ( en particulier par E. Gilson ) ; elle seule
déterminera quel texte a effectivement été lu par le public philosophique." (Jean-Luc
Marion, Ouverture, dans: Henry Méchoulan (éd.), Problématique et réception du
Discours de la méthode et des Essais, Paris: Vrin 1988, pp. 18-20)
(2) Nous suivons ici les indications fournies par A. J. Guibert, Descartes.
Bibliographie des œuvres de Descartes publiées au XVIIème siècle, Paris, C.N.R.S.,
1976. Sur ces questions, on tiendra compte des remarques de P. Costabel, ” Propos
de bibliographie matérielle. Editions et émissions des œuvres de Descartes de 1657 à
1673 ", in Bulletin Cartésien V, Archives de Philosophie, 1976, p. 445-456.
42. ———. 1644. Cartesius (Ms. de Leibniz).
Bibliothèque Royale de Hanovre. MS. de Leibniz. Catalogué par Eduard Bodemann,
p. 54 de son ouvrage cité p. 549 ci-avant (*), note a avec l'indication : « Bl. 19-22,
ohne Uebersch., fehlerhafte, z. Th. von L. corrig. Abschr. ».
(*) [Die Leibniz-Handschriften der Kôniglichen ôffentlichen Bibliothek zu Hannover,
von Dr. Eduard Bodemann (Hannover und Leipzig, 1895)]
AT XI, 647-653; B Op. II, 1394-1405.
Édition critique par Vincent Carraud: "Cartesius", Bulletin Cartésien XV, Archives
de Philosophie, 1985, 3, pp.1-6; "Cartesius, ou les pilleries de Mr. Descartes"
présentation, traduction et annotation par Vincent Carraud, Philosophie, mai 1985,
pp. 3-19.
Cette copie MS. remplit deux grandes feuilles, dont chacune est pliée en deux : soit
en tout quatre feuillets, ou huit pages d'écriture. Elle comprend deux parties bien
distinctes, dont la seconde seule porte un titre : Annotationes quas videtur D. des
Cartes in sua Principia Philosophiae scripsisse. Cette seconde partie commence au
tiers environ de la 6e page, et continue jusqu'à la fin de la 8e. Tout ce qui précède,
pp. 1, 2, 3, 4, 5 et 6 (premier tiers de celle-ci), se compose de pensées ou réflexions
détachées, dont chacune est séparée de la suivante par un signe : deux petits traits
horizontaux, barrés de deux petits traits verticaux. (Le même signe sépare encore la
seconde partie de la première.) Cette première partie porte seulement en tête le nom,
écrit après coup et au crayon, de Cartesius. Les huit pages sont de la même écriture,
qui n'est plus celle de Leibniz ; mais celui-ci a fait, de sa main, quelques corrections
à des endroits fautifs. Le fait qu'il ait corrigé lui-même ce texte, montre qu'il y
attachait une certaine importance, et qu'il le croyait sans doute de Descartes.
Est-ce bien cependant un texte authentique de notre philosophe ? Nous n'oserions
l'assurer. Toutefois, dans la première partie, la date d'une observation astronomique,
20 sept. 1642 (p. 65o), serait un argument favorable, et de même quelques renvois
aux Principes, dans la seconde partie. (Voir ci-avant, p. 545.)" (AT XI, p. 647).
"Cette série de notes, découverte tardivement, constitue une énigme pour les
chercheurs. Geneviève Rodis-Lewis a plaidé énergiquement en faveur de son
authenticité (166), verdict que Pierre Costabel confirme sans hésitation (167), alors
que Vincent Carraud y voit un assemblage éclectique et semble incliner à croire à
une série de notes de lecture que Descartes aurait prise sur d’autres auteurs (168),
plutôt que vers un ensemble de pensées appartenant au corpus philosophique
cartésien." (Vlad Alexandrescu, Croisées de la Modernité. Hypostases de l’esprit et
de l’individu au XVIIe siècle, Bucarest: Zeta Books 2012, p. 110)
(166) G. Rodis-Lewis, « Cartesius », Revue philosophique, 2, 1971, p. 211-220.
(167) P. Costabel, Recension sur l’article de G. Rodis-Lewis cité ci-dessus, 1973, p.
444-446.

54 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

(168) V. Carraud, « Cartesius ou les pilleries de Mr Descartes », Philosophie, 6, mai


1985, p. 3-19.
"Avant d’aborder les points les plus originaux de ces pages, il convient donc de se
demander quelle pourrait être leur provenance.
Le caractère fragmentaire des pensées, leur insertion parmi certaines observations
scientifiques répondent bien au nom de miscellanea qu’emploie Leibniz, pour
évoquer les registres que Clerselier lui a communiqués, ainsi qu’à « Mons. de
Tschirnaus » (5). Or Tschirnhaus est l’auteur de cette copie Cartesius, revue et
corrigée de la main de Leibniz (6). Leibniz parle de « deux volumes de miscellanea,
reliés l’un en in-4°, l’autre en in-8°, où il y a beaucoup de choses physiques, des
expériences et observations anatomiques de Mons. des Cartes, quelques expériences
sur les métaux, et en fait de médecine (... lacune ). Je m’étonne pourtant, ajoutait-il,
qu’il n’y a rien davantage de cette nature » (7). Les indications de Leibniz
correspondent parfaitement à la description du « registre en petit
quarto », coté E dans l’ « Inventaire succinct des Ecrits qui se sont trouvés dans les
coffres de Monsr. Descartes après son décès à Stockholm en feb. 1650 » (8) : tableau
des angles de réfraction selon Vitellio, poids des métaux, remarques sur l’aimant, et
plusieurs séries de feuillets sur la génération des animaux, les « remèdes et vertus des
médicaments », et « prenant ledit registre de l 'autre côté, il y a seize pages d
observations sur la nature des plantes et des animaux »." pp. 213-214 (Geneviève
Rodis-Lewis, "Cartesius", Revue philosophique de la France et de l'Étranger, 2,
1971, pp. 211-220)
(5) AT X, 208-209, écrit de la main de Leibniz, Bibliothèque de Hanovre,
Tschirnhaus, n° 159.
(6) Bibliothèque de Hanovre, manuscrit IV, vol. I, 4 k Bl. 19-22 : « Ce manuscrit est
sans doute de la main de Tschirnhaus » (P. Costabel, Appendice à la réédition du t.
XI d'Adam-Tannery, p. 730 ; le P. Costabel nous a communiqué la photocopie de ce
manuscrit, et nous a confirmé l'intérêt scientifique de plusieurs de ces notes).
(7) AT X, 208-209.
(8) AT X, 5-12, et 8-9 pour le registre E.
"Une note du registre Cartesius (AT XI 650/BC XIV, Liminaire 1) relate une
expérience d’observation d’étoile fixe en date de septembre 1642." Sur cette note
voir: Édouard Mehl, "Note complémentaire sur une observation astronomique et la
recherche d'une parallaxe stellaire (septembre 1642)", dans Bulletin cartésien XLV
(2014), Archives de philosophie, 2016/1 (Tome 79), pp. 189-193.
43. ———. 1644. Principia philosophiae.
AT VIII-1, 1-329; la première édition est précédée d'une lettre-dédicace à la
princesse Élisabeth de Bohême (1618-1680); B Op. 1706-2211.
Traduction : Principes de la philosophie, Première partie, sélections d'articles des
parties 2, 3, et 4 et Lettre-Préface, Texte latin de Descartes. Texte français de l'abbé
Picot. Traduction nouvelle par Denis Moreau. Introduction et notes par Xavier Kieft,
Paris: Vrin 2009.
Descartes utilise pour la première fois l'expression "principes de ma philosophie"
dans la lettre du février 1634 à Mersenne : "Pour la cause qui fait cesser le
mouvement d’une pierre qu’on a jetée, elle est manifeste ; car c’est la résistance du
corps de l’air, laquelle est fort sensible. Mais la raison de ce qu’un arc retourne étant
courbé est plus difficile, et je ne la puis expliquer sans les principes de ma
Philosophie, desquels je pense être obligé dorénavant de me taire." (AT I, 287; O
VIII 1, 112; B 65).
"Que signifie « philosophie » ? Qu’est-ce qu’un cours de philosophie ? Comme
l’indique la ratio studiorum des collèges jésuites, et plus généralement la très grande

55 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

majorité des cours de philosophie, la philosophie comprend quatre parties distinctes :


la logique, la physique, la métaphysique et la morale (2). Témoignent de la
quadripartition de la philosophie le cours que Descartes a choisi de lire en 1640,
celui d’Eustache de Saint-Paul, Summa Philosophiae quadripartita de rebus
Dialecticis, Moralibus, Physicis et Metaphysicis (Paris, 1609) (3) ou encore, parmi
bien d’autres en latin, le premier cours complet de philosophie en langue française,
celui de Scipion Dupleix : Corps de Philosophie contenant la Logique, la Physique,
la Métaphysique et l’Ethique (4). La philosophie dont Descartes livre les Principia
désigne donc, conformément à son projet initial, le « corps de philosophie tout entier
» (AT IX-2, 17 ; Alquié III, 782). C’est pourquoi Descartes peut l’appeler sa
Philosophie (5) ou sa Summa philosophiae (6), selon une appellation également
scolaire. Une somme ne désigne pas un traité complet et qui descend dans les détails
(c’est-à-dire « approfondit ») (7), mais au contraire une présentation d’ensemble,
sommaire au sens propre, un abrégé. Au demeurant, le texte de la Lettre-préface aux
Principes attribue-t-il à la philosophie la même étendue et une répartition analogue,
selon la comparaison célèbre : « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont
les racines sont la Métaphysique, le tronc est la Physique, et les branches qui sortent
de ce tronc sont toutes les autres sciences, qui se réduisent à trois principales, à
savoir la Médecine, la Mécanique et la Morale » (AT IX-2, 14 ; Alquié III,
779-780)." (Fréderic de Buzon, Vincent Carraud, Descartes et les « Principia » II.
Corps et mouvement, Paris: Presses universitaires de France 1994, p. 10)
(2) Voir la présentation donnée par Etienne Gilson dans ses Commentaires au
Discours de la méthode, Paris, Vrin, 6e éd., 1987, p. 117-119.
(3) Plusieurs fois réédité jusqu’en 1626 : voir AT III, 196, et les art. Eustache de
Saint-Paul (par R. Ariew et F. Ferrier) du Dictionnaire des philosophes et de
l’Encyclopédie philosophique, Paris, PUF, 1993 et 1992. Pour Abra de Raconis,
Totius philosophiae, hoc est Logicae, Moralis, Physicae et Metaphysicae... tractatio,
voir AT III, 236. Pour les Conimbres, Tolet et Rubius, voir AT III, 194-196, et
Etienne Gilson, Index scolastico-cartésien, Paris, Vrin, 1979, p. VIII-IX.
(4) Titre de 1632, qui reprend les éditions des parties séparées de 1600,1603, 1607 et
1610, souvent rééditées jusqu’en 1645. La collection du « Corpus des œuvres de
philosophie en langue française » (Paris, Fayard) a publié ce Corps de philosophie
(la logique, la physique, la métaphysique et l’éthique sont parues respectivement en
1984,1990,1992 et 1994, les trois dernières éditées par Roger Ariew). Deux motifs
au moins rendent ces cours tout à fait intéressants. D’une part, ils permettent de
prendre conscience de la nouveauté de la physique cartésienne et de son intérêt
philosophique propre — tout en mesurant le très grand nombre de questions que
Descartes ne traite pas. D’autre part, ces manuels imposent pour plusieurs siècles le
vocabulaire technique de la philosophie en français. Voir les art. « Scipion Dupleix »
[1569 - 1661] (par R. Ariew et J.-R. Armogathe) des dictionnaires cités ci-dessus.
(5) Par exemple dans les Lettres à Mersenne du 3 décembre 1640, ou du 2 février
1643 (AT III, 252, [O VII, 1, 429; B 289] AT III 615 [O VIII 1, 502; B 385]; Alquié
III, 15).
(6) Lettre à Huygens du 31 janvier 1642 (AT III, 782; [O VIII 2, 99; B 342] Alquié
II, 920).
(7) « Approfondir » ne signifie pas « remonter » aux principes, mais « descendre »
dans toutes les conséquences, ou, comme dit Pascal, « pénétrer vivement et
profondément les conséquences des principes » (fr. 511 [édition Lafuma des Œuvres
complètes, coll. « L’Intégrale », Paris, Seuil, 1963]. Au demeurant Pascal « trouve
bon qu’on n’approfondisse pas l’opinion de Copernic » (fr. 164). Les Principia, au
moins dans leurs deux premières parties, n’approfondissent pas (fr. 553). Voir

56 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Vincent Carraud, Pascal et la philosophie, Paris, PUF, 1992, chap. III.


Dans une lettre à Mersenne du 30 septembre 1640 (avant même l’envoi du manuscrit
des Meditationes) Descartes écrit : "Je ne ferai point encore mon voyage pour cet
hiver (11) ; car, puisque je dois recevoir les objections des jésuites dans 4 ou 5 mois,
je crois qu'il faut que je me tienne en posture pour les atteindre.
Et cependant j'ai envie de relire un peu leur philosophie, ce que je n'ai pas fait depuis
20 ans (12), afin de voir si elle me semblera maintenant meilleure qu'elle ne faisait
autrefois. Et pour cet effet, je vous prie de me mander les noms des auteurs qui ont
écrit des cours de philosophie et qui sont le plus suivis par eux, et s'ils en ont
quelques nouveaux depuis 20 ans ; je ne me souviens plus que des Conimbres (13),
Toletus (14) et Rubius (15).
Je voudrais bien aussi savoir s'il y a quelqu'un qui ait fait un abrégé de toute la
philosophie de l'École, et qui soit suivi ; car cela m'épargnerait le temps de lire leurs
gros livres. Il y avait, me semble, un Chartreux ou Feuillant qui l'avait fait ; mais je
ne me souviens plus de son nom (16)." (AT III, 185; O VIII 1, 409; B 272)
(11) Voir à Mersenne, 30 juillet 1640 (AT III, 127; [O VIII 1, 389; B 262] : Descartes
renonçait au voyage envisagé pendant l'été 1640.
(12) Clerselier-Lettres : « depuis 20 ans », omis.
(13) Il s'agit des Commentaires sur Aristote, qui constituaient un cours complet de
philosophie, établis et publiés à partir de 1592 par des professeurs jésuites du collège
de Coimbra, au Portugal (E. Goës, C. de Magellhães et S. Couto) sur la demande du
général Claudio Aquaviva et du provincial du Portugal Pedro de Fonseca.
(14) Francisco Toledo (Toletus, 1532-1596), jésuite espagnol, en 1593, enseigna au
Collège romain ; il publia à partir de 1561 de nombreux commentaires d'Aristote.
(15) Clerselier-Lettres : « Toletus et Rubius », omis. Antonio Rubio (Ruvius, 1548 -
1615), jésuite espagnol, auteur de plusieurs commentaires d'Aristote.
(16) Eustache de Saint-Paul (Asseline), religieux feuillant, Summa Philosophica
quadripartita, Paris, 1609; voir à Mersenne, 11 novembre (AT III, 233 l. 11, [O VIII
1, 421] B 283), 3 décembre 1640 (AT III, 251 l. 15, [O VIII 1, 421] B 289 et 22
décembre 1641 (AT III, 470 l. 7 sq., [O VIII 1, 481] B 334). Voir aussi Benoist
Pierre, La Bure et le Sceptre. La congrégation des Feuillants dans l'affirmation des
États et des pouvoirs princiers (vers 1560-1660), Paris, 2006 (CD-Rom, annexe III).
Première annonce du livre dans la lettre du 11 novembre 1640 à Mersenne : "Pour la
philosophie de l'École, je ne la tiens nullement difficile à réfuter, à cause des
diversités de leurs opinions ; car on peut aisément renverser tous les fondements
desquels ils sont d'accord entre eux ; et cela fait, toutes leurs disputes particulières
paraissent ineptes. J'ai acheté la Philosophie du Frère Eustache de Saint-Paul, qui me
semble le meilleur livre qui ait jamais été fait en cette matière ; je serai bien aise de
savoir si l'auteur vit encore (7).
(...)
Je répondrais très volontiers à ce que vous demandez touchant la flamme d'une
chandelle, et choses semblables ; je vois bien que je ne vous pourrai jamais bien
satisfaire touchant cela, jusqu'à ce que vous ayez vu tous les principes de ma
philosophie, et je vous dirai que je me suis résolu de les écrire avant que de partir de
ce pays, et de les publier peut-être avant un an. Et mon dessein est d'écrire par ordre
tout un cours de ma philosophie en forme de thèses, où, sans aucune superfluité de
discours, je mettrai seulement toutes mes conclusions, avec les vraies raisons d'où je
les tire, ce que je crois pouvoir faire en fort peu de mots ; et au même livre, de faire
imprimer un cours de la philosophie ordinaire, tel que peut être celui du Frère
Eustache, avec mes notes à la fin de chaque question, où j'ajouterai les diverses
opinions des autres, et ce qu'on doit croire de toutes, et peut-être à la fin je ferai une

57 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

comparaison de ces deux philosophies (9). Mais je vous supplie de ne rien encore
dire à personne de ce dessein, surtout avant que ma Métaphysique soit imprimée ; car
peut-être que, si les Régents le savaient, ils feraient leur possible pour me donner
d'autres occupations, au lieu que, quand la chose sera faite, j'espère qu'ils en seront
tous bien aises. Cela pourrait aussi peut-être empêcher l'approbation de la Sorbonne,
que je désire, et qui me semble pouvoir extrêmement servir à mes desseins : car je
vous dirai que ce peu de métaphysique que je vous envoie contient tous les principes
de ma physique.
(...)
Je verrai aussi le cours de philosophie de Monsieur de Raconis (12), qui, je crois, se
trouvera ici : car s'il était plus court que l'autre (13), et aussi bien reçu, je l'aimerais
mieux. Mais je ne veux rien faire en cela sur les écrits d'un homme vivant, si ce n'est
avec sa permission, laquelle il me semble que je devrais aisément obtenir, lorsqu'on
saura mon intention, qui sera de considérer celui que je choisirai, comme le meilleur
de tous ceux qui ont écrit de la philosophie, et de ne le reprendre point plus que tous
les autres. Mais il n'est point temps de parler de ceci, que ma Métaphysique n'ait
passé." (AT III, 230-234; OT VIII, 1, 421-423; B 283)
(7) Eustache de Saint-Paul Asseline, religieux feuillant (1573 - 26 décembre 1640),
est l'auteur d'une Summa philosophica quadripartita (Paris, 1609) (*). Sur lui, voir
l'article de M. Standaert (Dictionnaire de spiritualité, t. 4-2, Paris, 1961, col.
1701-1705).
(9) On sait que le projet, considérablement modifié, donnera en 1644 les Principia
philosophiae.
(12) Charles-François Abra de Raconis [1580 - 16 juillet 1646], Totius Philosophiae
hoc est Logicae, Moralis Physicae et Metaphysicae : brevis & accurata tractatio,
Paris, 1637 [première édition 1617].
(13) La Summa d'Eustache de Saint-Paul.
(*) [Le premier volume de la Summa philosophica quadripartita, de rebus
Dialecticis, Moralibus, Physicis et Metaphysicis, contenait la logique et l'éthique, le
second la physique et la métaphysique.]
"En réalité, les Principia, annoncés dans cette lettre pour la première fois, seront un
livre d’une conception totalement différente. Il ne s’agit pas d’une brève série de
thèses, mais d’un grand livre de 300 pages (in-4°) (2); il ne contient pas un texte de
philosophie scolastique comme point de comparaison; et, par conséquent, sa
composition était un travail d’au moins trois années (3). Nous n’avons aucune idée
de la raison qui conduisit Descartes à abandonner son premier projet ; sa
correspondance reste silencieuse sur ce point (4). Mais sa première déclaration reste
très importante, parce qu’elle nous rappelle qu’on doit lire les Principia comme un
livre de classe, un manuel. C’était une aide-mémoire d’instruction, qui portait
comme un défi à une légion (toujours croissante) de publications scolastiques
contemporaines et notamment, en France, aux deux manuels dont la correspondance
de Descartes signale la lecture à l’automne de 1640, avant de se mettre à écrire les
Principia: celui du feuillant Eustache de Saint-Paul (1573-1640), et celui d’un client
de Richelieu, évêque de Lavaur, François d’Abra de Raconis (mort en 1646) (5)."
(Lawrence W.B. Brockliss, "Rapports de structure et de contenu entre ls Principia et
les cours de philosophie des collèges", dans : Jean-Robert Armogathe, Giulia
Belgioioso (éds.), Descartes: Principia philosophiae (1644-1994), Napoli, Vivarium
1996, pp. 491-492)
(2) Dans l’édition latine de 1644 in-4°.
(3) Les Principia ont été écrits au château d’Endegeest près de Leyde.
(4) Selon sa correspondance, il avait abandonné ce projet en décembre 1641, mais il

58 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

est possible qu’il ait pris la décision beaucoup plus tôt : voyez A.T., n, p. 470: à
Mersenne 22 décembre 1641.
(5) Eustache Asseline dit Eustachius de Sancto Paulo, Summa philosophiae
quadrapartita, Paris, C. Chastellain, 1609; De Raconis, Totius philosophiae brevis
tractatio, 4 parties en deux volumes, Paris, De la Noue, 1622. Il y avait des éditions
de tous les deux à Paris jusqu’en 1640. Ils furent lus par Descartes en novembre
1640 : voyez AT III, pp. 233, 251: correspondance avec Mersenne, 11 novembre et 3
décembre [O VIII 1, 424-425; B 283; O VIII 1, 427-429; B 289].
"En résumé : les Principia appartiennent à une tradition bourgeonnante, une tradition
toujours relativement neuve, celle du manuel de philosophie. Cependant aux mains
de Descartes, cette tradition fut développée dans une direction nouvelle. Les sciences
de la philosophie étant réduites à deux, la physique devenait une science
inorganique, et la méthode syllogistique, scolastique et historique était remplacée par
une méthode quasi-euclidienne. Donc, les Principia n’étaient pas un manuel de type
traditionnel. Mais, en revanche, il s’agissait certainement d’un manuel dont la
structure, le contenu et la méthode d’argumentation étaient déterminés par le besoin
de produire un ouvrage manifestement nouveau, mais suffisamment traditionnel pour
retenir l’intérêt des lecteurs aristotéliciens et susceptible de gagner leurs esprits
comme un travail plus solide et plus moderne que ses concurrents. C’est-à-dire, pour
comprendre les Principia comme texte, on doit réaliser qu’il s’agit d’un livre
étroitement associé avec la philosophie des écoles, et pas simplement parce que
Descartes restait dans une certaine mesure sous l’influence d’Aristote.
Il est en effet possible qu’un événement dans l’enseignement de la philosophie
puisse expliquer pourquoi Descartes a composé les Principia au début des années
quarante. Il semble qu’il prit la décision d’écrire un manuel pendant le mois
d’octobre 1640, à la suite d’une première décision de lire des livres de philosophie
scolastique, annoncée à Mersenne le 30 septembre. Cependant la décision de
composer un manuel n’était pas une conséquence inévitable de sa lecture d’Eustache,
parce que son dessein original était seulement de se préparer mieux pour répondre à
une attaque lancée par les jésuites de Paris contre sa Dioptrique et ses Météores de
1637, attaque que Descartes avait du reste provoquée (52). Il est probable que cette
seconde décision peut être attribuée aux activités du médecin mécaniste à l’université
d’Utrecht, Henri Regius (1598-1679). Regius se disait disciple de Descartes : il avait
été autorisé à expliquer les problèmes de physique à Utrecht en mai de 1640 et le 10
juin il organisa une soutenance publique où on discuta des mérites d’une physiologie
mécaniste. Son enthousiasme lui gagna l’hostilité des autres professeurs, surtout du
théologien Voetius, qui croyait que la philosophie mécaniste menaçait la foi :
Descartes, pendant l'été, fut obligé de défendre son acolyte devant les autorités
universitaires (53). On ne peut pas douter que Regius fût un esprit fort, qui
développait le mécanisme dans une direction matérialiste et anti-cartésienne (54). En
conséquence, on peut suggérer que Descartes se trouva forcé de préparer son manuel
pour révéler au monde (hollandais d’abord) quelle était en réalité sa physique et pour
démontrer sa compatibilité avec la foi chrétienne (calviniste ou catholique). On doit
rappeler que les Principia furent publiés d’abord à Amsterdam en latin et que dans le
paragraphe final Descartes soumettait son livre au jugement de l’Eglise, pas
spécifiquement l’Eglise catholique (55)." (Lawrence W.B. Brockliss, op. cit., pp.
508-510)
(52) Un jésuite parisien, Bourdin, avait organisé une soutenance au collège de
Clermont à Paris où les idées de Descartes étaient critiquées, et Descartes, par
Mersenne, avait demandé que la Société lui communiquât ses objections directement
: voyez AT III, pp. 160-85: lettres à Mersenne, 30 août, 15 et 30 septembre [1640; O

59 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

VIII 1, 401-405; B 269; O VIII 1, 405-408; B 271; O VIII 1, 408-414; B 272].


(53) AT II pp. 568-9 [lettre de Regius à Descartes du 14 juillet 1639; B 217], 616-7
[lettre de Regius à Descartes, octobre-novembre 1639; B 223] , 624-5 [lettre de
Regius à Descartes du 3 décembre 1639 B 229]; III, pp. 1 [lettre de Regius et
Emilius à Descartes, janvier 1640; B 238], 60-1 [lettre de Regius à Descartes du 5
mai 1640; B 251], 63-72 [lettre de Regius à Descartes du 5 mai 1640; B 251], 202-3
[lettre de Regius à Descartes du 7 octobre 1640; B 276]: correspondance entre
Descartes et Regius, 1639-40.
(54) Regius continuait à soutenir une physique mécaniste à l’Université d’Utrecht en
1641 et Descartes commençait à critiquer plus fortement les idées de son admirateur
: voyez AT III, pp. 365-75, 443 , 462-4. Aujourd’hui on considère Regius comme un
mécaniste dont les idées se développaient indépendamment de Descartes : voyez P.
Dibon, Der Cartesianismus in den Niederlanden, in Der Philosophie des 17.
Jahrhunderts, hrsg. von J.-P. Schobinger, Basel, Schwabe, 1992, vol. II, pp. 357-358.
(55) AT IX-2, p. 325. Il est intéressant de constater que dans la lettre à Mersenne où
Descartes annonçait son intention d’écrire un manuel (11 novembre), il passa sa
colère sur Voetius et informa Mersenne de la tentative du théologien hollandais pour
réduire Regius au silence : AT IX-2, p. 231.
Descartes apprend que le Père Eustache est mort : "Je suis désolé de la mort du Père
Eustache ; car encore que cela me donne plus de liberté pour faire mes notes sur sa
philosophie, j'eusse toutefois mieux aimé le faire avec sa permission, et de son
vivant. (22)" (AT III, 286; O VIII 1, 445; B 299)
(22) Voir à Mersenne, décembre 1640 (AT III, 259, [O VIII 1, 433-434] B 291).
Eustache de Saint-Paul est mort le 26 décembre 1640.
Le projet originel est abandonné dans la lettre à Mersenne du 22 décembre 1641 : "Je
vous renvoie la lettre du Père Bourdin, que j'ai trouvée peu judicieuse ; mais je n'en
ai pas voulu toucher un seul mot, à cause que vous me l'aviez défendu (5). Je crois
bien que son Provincial l'a envoyé, pour vous demander s'il était vrai que j'écrivisse
contre eux, mais non pas pour me menacer de choses qu'ils savent bien que je ne
crains pas, et qui peuvent bien plus m'obliger à écrire que m'en empêcher. Il est
certain que j'aurais choisi le Compendium du Père Eustache, comme le meilleur, si
j'en avais voulu réfuter quelqu'un; mais aussi est-il vrai que j'ai entièrement perdu le
dessein de réfuter cette philosophie; car je vois qu'elle est si absolument et si
clairement détruite, par le seul établissement de la mienne, qu'il n'est s besoin d'autre
réfutation; mais je n'ai pas voulu leur en rien écrire, ni leur rien promettre, à cause
que je pourrai peut-être changer de dessein, s'ils m'en donnent occasion. Et pendant
je vous prie de ne craindre pour moi aucune chose ; car je vous assure que, si j'ai
quelque intérêt d'être bien avec eux, ils n'en ont peut-être pas moins d'être bien avec
moi, et de ne se point opposer à mes desseins : car, s'ils le faisaient, ils m'obligeraient
d'examiner quelqu'un de leur cours, et de l'examiner de telle sorte, que ce leur serait
une onte à jamais." (AT III, 470; O VIII 1, 481; B 334)
(5) Le P. Bourdin avait donc remis à Mersenne un écrit confidentiel, pensant bien
que Descartes en aurait connaissance ; et celui-ci envoie à Mersenne une lettre
destinée à être lue par le P. Dinet (voir dossier Jésuites).
Lettre à Constantin Huygens du 29 juillet 1641 : "Pour la Physique, ou plutôt le
Sommaire de toute la philosophie, dont il vous plaît me demander des nouvelles, |e
ne saurais le faire si tôt imprimer à cause qu’il n’est que peu commencé (6) mais je
suis résolu de n’entreprendre aucune autre chose jusqu’à ce qu’il soit achevé.
L’épreuve que j’ai faite jusqu'ici des jugements et des objections qu’on me peut faire
me donne espoir que je n’aurai pas beaucoup de peine à maintenir mes opinions
lorsque je les aurai publiées, et que cela ne me détournera point du dessein que j’ai

60 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

de continuer à chercher ce que j’ignore." (AT III, 773; O VIII 2, 95; B 323)
(6) Descartes écrivait déjà à Mersenne le 11 novembre 1640 (AT III 233, [O VIII 1, ]
B 283) : « Mon dessein est d’écrire par ordre tout un Cours de ma philosophie en
forme de Thèses, où, sans aucune superfluité de discours, je mettrai seulement toutes
mes conclusions, avec les vraies raisons d'où je les tire, ce que je crois pouvoir faire
en fort peu de mots », et encore : 31 décembre 1640 (AT III 276, [O VIII 1, 441] B
293) : « J’ai résolu d’employer à écrire ma Philosophie en tel ordre quelle puisse
aisément être enseignée. »".
Lettre à Constantin Huygens du 31 janvier 1642 : "Peut-être que ces guerres
scolastiques seront cause que mon Monde se fera bientôt voir au monde (24), et je
crois que ce serait dès à présent, sinon que je veux auparavant lui faire apprendre à
parler latin; et je le ferai nommer Summa Philosophiæ (25), afin qu'il s'introduise
plus aisément en la conversation des gens de l'École, qui maintenant le persécutent et
tâchent à l'étouffer avant sa naissance, aussi bien les Ministres (26) que les jésuites".
(AT III, 782; O VIII 2, 99-100; B 342)
(24) Le jeu de mots est de Huygens : voir à Descartes, 15 (AT II, 679, B 212) et 28
mai 1639 (AT II, 680, B 214).
(25) Voir à Mersenne, 22 décembre 1641 (AT III 465, [O VIII 1, 480-481] B 333).
(26) Les pasteurs calvinistes.
44. ———. 1645? Annotationes quas videtur D. Des Cartes in sua Principia
philosophiae scripsisse.
Première édition dans Foucher de Careil, vol. I, 59-71.
AT XI, 654-657; B Op. II, 1096-1103.
Traduction française de P. et M. Testard, Remarques que Descartes semble avoir
écrites sur ses Principes de la Philosophie (titre de Leibniz), AT IX-2, pp. 361-362 :
"Dans ce tome IX-2 de la réédition de la publication Adam-Tannery, consacré à la
version française des Principes, nous pensons être utile au lecteur en lui donnant une
traduction du texte latin dont Leibniz avait conservé la copie par Tschirnhaus et qui
se trouve au tome XI p. 654-657."
"Leibniz n’a pas douté que ce texte émanait de Descartes lui-même. Il a seulement
hésité sur l’affirmation de la relation de ce texte avec une volonté de l’auteur de
commenter la version latine imprimée de la première partie des Principia.
Les remarques de Descartes sur les Principes de philosophie sont de simples notes,
mais elles forment un appendice précieux à l'ouvrage qu'elles commentent. On n'en
discutera pas l’authenticité après le témoignage de Leibniz, qui a de sa main ajouté la
mention suivante : Annotationes quas videtur D. Cartesius in sua Principia
philosophiæ scripsisse. Mais si ce videtur laissait planer quelque doute (1), il
suffirait, pour convaincre les plus incrédules, de l’étude du texte et de la collation
avec les Principes. Descartes y parle en son nom : « On peut voir, dit-il, le
paragraphe 21 de la première partie de mes Principes de philosophie. » Que veut-on
de plus ? Si le témoignage de Leibniz ne suffit pas, nous avons celui de Descartes."
(Foucher de Careil, vol. I, p. LXXXI)
(1) Nous renvoyons du reste, pour les preuves de l'authenticité, à la préface, ou elles
sont établies d'une manière spéciale.
45. ———. 1645. Lettre apologétique aux Magistrats de la ville d'Utrecht Contre
Messieurs Voëtius, Père et Fils.
Première publication : traduction latine Querela apologetica ad amplissimum
Magistratum Ultrajectinum, Vristadium: L. Misopodem, 1656; texte français dans:
Claude Clerselier (éd.), Lettres de Mr. Descartes ( 3 vols.) Paris : Charles Angot, III :
1667, pp. 1-49.

61 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

AT VIII-2 201-273; B Op. II, 117-193.


"La Lettre Apologétique, adressée non pas exactement "aux Magistrats" mais à la
Municipalité ou Corps de Ville d'Utrecht (1) est le dernier mot de Descartes sur
l'affaire et la suite immédiate du procès de Groningue. D'après Baillet, en effet,
Descartes "envoya incontinent ces Actes (c'est-à-dire le procès verbal de l'action
contre Schoock) aux Magistrats d'Utrecht sans prétendre néanmoins leur reprocher
leur mauvaise conduite, ou se constituer parti contre Voetius et Dematius, mais pour
voir s'ils feraient quelque chose en réparation du passé." (Baillet, Vie de M.
Descartes, vol. II, p. 257) (2). Mais la Municipalité, sans doute lassée de l'affaire et
craignant de nouvelles polémiques, se contenta de réitérer son interdiction de publier
des écrits pour ou contre Descartes (Kernkamp I [G. W. Kernkamp, éd., Actea et
Decreta Senatus ; Vroedschapsresolutiën en andere bescheiden betreffende de
Utrechtsche Academie, vol. I, Utrect, 1936], p. 218 ; cf. Baillet II, p. 257-258) et
envoya une copie de ce décret à Descartes. Cette nouvelle interdiction était dirigée
contre les adversaires de Descartes : Voetius était en train de résumer l'impression de
la lettre ouverte de Schoock à Descartes, apparemment afin de discréditer le
jugement de Groningue (Baillet II, p. 258). Mais le geste ne fut pas compris.
Descartes expédia immédiatement la Lettre Apologétique, prête probablement depuis
longtemps. Elle arriva Utrecht le 13 juin 1645, la lettre étant datée d'Egmond le 16
juin selon le nouveau calendrier : on suivait aux Pays-Bas le style "ancien", rejetant
par anti-papisme le calendrier grégorien). Dans les Actes, en effet, on fait état d'un
"latijnse missiv van Des Cartes aen Burgermeesteren ende Vroetschap deser Stadt,
gedateert t'Egmond den XVIen deser, stilo novo" ("une missive latine de Descartes
au Bourgmestres et à la municipalité de cette ville, en date d'Egmond, le 11 de ce
mois, selon le style nouveau" Kernkamp, I, p. 219). On demanda au Secrétaire de la
traduire, non pas parce que sans cela on ne pourrait en prendre connaissance (la
plupart doivent avoir bien connu le latin (3) ), mais probablement pour faire traîner
les choses en longueur.
Ce premier texte était en latin, et c'est également en latin que la Lettre fut, pour la
première fois publiée, en 1656. Toutefois, en 1648, Descartes avait fait faire deux
traductions, l'une en néerlandais l'autre en français, qu'il envoie encore à Utrecht où
elles sont reçues le 24 mars. De ces deux textes le premier seul a été conservé.
Descartes a noté sur la dernière page :
"J’ai fait traduire cet écrit en flamand ; mais pour ce que c’est une langue que
j’entends fort peu, je prie ceux qui le liront, d’avoir principalement égard au français,
duquel seul je puis répondre." (AT ΥΠΙ-2, 275).
Cette missive aussi est ignorée, et Descartes lui-même part, tout d'abord pour la
France et, en 1649, pour la Suède où il mourra en 1650. Excepté le texte néerlandais
dont nous avons parlé, les originaux envoyés à Utrecht sont perdus. Cependant
Descartes en avait conservé des copies qui, dans l'inventaire dressé après sa mort,
figurent ainsi :
’’L.- Renati Descartes querela apologetica ad amplissimum Magistratum
Ultrajectinum contra Voetium et Dematium.
O.- Un écrit contenant neuf cahiers en forme de Lettre à Messieurs... contre le Sr
Voetius.’’ (voir AT VIII-2, vii.)
Aussi est-ce sous le titre de Querela Apologetica qu'on publiera en 1656 le texte
latin. L'occasion de cette édition est, comme le précise la page de titre, la Theologia
Naturalis de Paul Voet, publiée également en 1656, dans laquelle celui-ci est revenu
sur des questions vieilles de dix ans. Dans cet ouvrage, en effet, Paul, pour protester
une nouvelle fois de l'honneur de son père, avait publié (p. 253-264) les témoignages
de l'Académie, et du Consistoire, attestant de sa probité, le décret de la Municipalité

62 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

qui avait déclaré la Lettre à Voet un "écrit diffamatoire", un jugement des trois
professeurs de droit de Leyde sur le procès de Groningue, et le jugement de la Cour
d'Utrecht sur le procès de Voetius et de Dematius contre Schoock (4). C'est pour
répondre à ces accusations "des Voet et des Voetiens", dont il est dit dans la Préface
qu'ils semblent vouloir "surpasser les flammes éternelles de l'Etna et du Vésuve",
qu'on publie maintenant ce petit ouvrage inconnu du public. D'après le préfacier, on
satisfait ainsi un désir de Descartes qui, en quittant les Pays-Bas pour la Suède, en
avait laissé une copie chez des amis avec l'intention de la faire publier, au cas où il
serait impossible d'obtenir sans éclat la réparation qu'il cherchait. Cette Préface pose
par ailleurs un problème de critique textuelle, en avançant que le texte original avait
été écrit en français et que le texte latin était une traduction faite par un ami. Sur ce
point, cependant, les Actes de la Municipalité sont formels : la première missive était
en latin. Dès lors, ou bien l'éditeur, qui est d'ailleurs inconnu (5), se trompe, ou bien
il a travaillé sur la traduction française que Descartes avait fait faire et qui se trouvait
également parmi les papiers décrits dans l'inventaire. Ainsi le texte latin pourrait bien
ne pas être celui envoyé par Descartes à Utrecht.
Quant au texte français, il a été publié par Clerselier en 1667, dans le cadre de son
édition des Lettres de Descartes, où la Lettre Apologétique aux Magistrats d'Utrecht
figure dans le vol. III. C'est ce texte que nous avons retenu." (Theo Verbeek (éd.),
René Descartes et Martin Schoock, La Querelle d'Utrecht, Paris: Les impressions
nouvelles, 1988, pp. 403-405)
(1) C'est-à-dire Gysbertus Voetius et son fils Paul.
(2) Il s'agit du jugement du 16 mars 1642 (voir notre "Introduction" et Narration, p.
121-122).
(3) C'est effectivement ce qui est suggéré dans la brochure néerlandaise
Aengevangen Proceduuren et qui a conduit Descartes à insister auprès des Etats de
Groningue en 1644.
(4) Officiellement l'action contre Descartes n'a jamais été arrêtée ; on l'a étouffée
pour complaire aux Etats, au Stathouder et à l'ambassadeur de France.
(5) Reneri était mort le 16 mars 1639 ; l’oraison funèbre avait été prononcée le 18
mars suivant par le professeur d'histoire Antonius Æmilius. Le texte avait été
imprimé par l'imprimeur de l'Académie (des exemplaires se trouvent dans la
Bibliothèque Universitaire d'Amsterdam et dans la British Library de Londres) et
réimprimé dans le recueil des Orationes d'Æmilius [Antonius Æmilius, Orationes,
quarum pleraeque tractant argumentum politicum: Accedunt nonnulla eiusdem in
utraque lingua Poemata. Utrecht 1651.]
46. ———. 1647. Les Méditations métaphysiques de René Des-Cartes touchant la
première philosophie dans lesquelles l'existence de Dieu, et la distinction réelle entre
l'âme et le corps de l'homme, sont démontrés. Paris: Chez la Veuve Jean Camusat et
Pierre Le Petit.
AT IX, 1 : Le Libraire au Lecteur 1 ; [Épitre] à Messieurs les Doyen et Docteurs de
la Sacrée Faculté de Théologie de Paris 4 ; Abrégé des six méditations suivantes 9 ;
Méditations touchant la première philosophie 13 ; Premières Objections 73 ;
Réponses 81 ; Secondes Objections 96 ; Réponses 102 ; Exposé géométrique 124 ;
Troisièmes Objections et Réponses 133 ; Quatrièmes Objections 153 ; Réponses 170
; Avertissement de l'Auteur touchant les Cinquièmes Objections 198 ; Avertissement
du traducteur 200 ; Lettre de Descartes à Clerselier 202 ; Sixièmes Objections 218 ;
Réponses 225 ; Privilège 245-246.
B Op. I: Avertissement de l'Auteur touchant les Cinquièmes Objections, 1396-1397;
Lettre de Monsieur Descartes à Monsieur C.L.R., 1398-1411; Avertissement du
traducteur, 1412-1413; Le Libraire au Lecteur, 1414-1417.

63 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

"Traduites du Latin de l'Auteur par Mr. le D.D.L.N.S. [Charles d'Albert, Duc de


Luynes] Et les Objections faites contre ces Méditations par divers personnes très-
doctes, avec les réponses de l'Auteur. Traduites par Mr. C.L.R. [Claude Clerselier]."
"Malgré le désir de Descartes, Clerselier avait publié les cinquièmes objections et
réponses, en les rejetant à la fin du volume, après les sixièmes. Elles étaient suivies
d’une lettre de Descartes répondant au recueil d’instances de Gassendi. Mais les
septièmes objections et réponses et la lettre au P. Dinet ne figurèrent que dans la
seconde édition française que Clerselier fit paraître en 1661. Plus exigeant que
l’auteur lui-même, Clerselier avait revu et corrigé non seulement sa traduction des
objections et réponses, mais aussi et surtout celle du duc de Luynes agréée pat
Descartes." (Geneviève Rodis-Lewis, Introduction à R. Descartes, Meditationes De
Prima Philosophia - Méditations Métaphysiques, Texte latin et traduction du Duc de
Luynes, Paris: Vrin 1978, p. XII).
"Il [Descartes] écrivit à Chavagnes le 11 de Septembre [1644] à l’abbé Picot qui lui
avait mandé dans sa dernière qu’il avait déjà traduit les deux premières parties de ses
Principes, et il lui marqua que pour lui il n’avait pas encore trouvé depuis son départ
de Paris le temps de lire la traduction française de ses Méditations faite par M. le duc
de Luynes (5), qu'il avait apportée dans la pensée de s’en faire une occupation
agréable dans le cours de son voyage." (Lettre à Picot, 11 septembre 1644; Baillet II,
220; AT IV 138; O VIII 2, 507; B464)
(5) Voir à Clerselier, 10 avril 1645 (AT IV 193, [O VIII 2, 714-715] B490)
"M. Descartes recevait de fréquentes nouvelles des grands fruits que faisait lecture
de son dernier livre à Paris, où on l'assurait que personne ne s’était encore élevé
contre sa doctrine (11). Ses progrès n’étaient pas moindres en Hollande : et dès le
mois de Février M. de Hoogheland lui avait envoyé trois thèses différentes soutenues
depuis peu à Leyde (12), et ne contenant que ses opinions. Ces succès le firent
songer à faire imprimer les traductions Françaises de ses Méditations et de ses
Principes. N’ayant pas remarqué tout l’empressement possible dans Elzevier pour
ces éditions en notre langue (13), il prit des mesures avec Monsieur Clerselier et
Monsieur Picot, pour les faire faire à Paris. Mais la version des Principes n’était pas
encore achevée." (Lettre à Picot, 9 février 1645; Baillet II 265; AT IV 176; O VIII 2,
509; B484)
(11) Note en marge dans Baillet : « lettre MS à Picot du 9 février 1645. Lettre MS à
Clerselier du même jour ».
(12) Voir à Pollot, 8 janvier 1644 (AT IV 77, [O VIII 2, 564-565] B441).
(13) Note en marge dans Baillet : « Elzevier se plaignait du peu de débit des
Principes, comme Maire [de Leyde] s'était plaint au sujet des Essais. »
"Monsieur de Sorbière s'était habitué à Leyde (4) pour étudier plus particulièrement
les défauts de Monsieur de Saumaise. Mais il ne s'occupait pas tellement de la
considération de ce grand homme qu'il ne retournât souvent à Eyndegeest par
manière de promenade, et qu'il n'en rapportât toujours quelque nouveau prétexte
d'animer Monsieur Gassendi à écrire contre Monsieur Descartes. Mais pour donner
un contrepoids au tort que la plume de cet excellent homme pourrait faire aux
Méditations de Monsieur Descartes, Dieu permit qu'un Seigneur de la Cour de
France entreprît de faire une traduction Française des mêmes Méditations, pour en
faire connaître plus particulièrement le mérite dans le Royaume, et en procurer la
lecture à tous ceux qui n'ayant pas l'usage de la langue des savants, ne laisseraient
pas d'avoir de l'amour et de la disposition pour la Philosophie. Il faut avouer que la
fin de l'auteur de la traduction n'avait été que la satisfaction particulière qu'il trouvait
à exercer son style sur de grands sujets, sans songer à rendre service au Public. Mais
sa traduction ayant été recueillie et envoyée à Monsieur Descartes par sa permission,

64 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

elle fut jugée propre à faire beaucoup honneur à notre Philosophe et à donner un
grand relief à sa Philosophie, et Monsieur le Duc de Luynes son auteur fut prié d'en
souffrir la publication (5).
Peu de jours après Monsieur Clerselier, l'un des plus zélés et des plus vertueux amis
de Monsieur Descartes entreprit de traduire aussi en notre langue les objections faites
à ces Méditations avec les réponses de Monsieur Descartes. Cette traduction était
excellente aussi bien que celle de Monsieur le Duc de Luynes. Mais l'un et l'autre
jugèrent que si elles devaient voir le jour, il fallait qu'elles fussent revues auparavant
par l'auteur même des Méditations, afin qu'en les confrontant avec ses pensées il pût
les mettre le plus près de leur original qu'il serait possible et leur en imprimer le
caractère. Monsieur Descartes fut obligé de se rendre à un avis si important. Mais,
sous prétexte de revoir ces versions, il se donna la liberté de se corriger lui-même, et
d'éclaircir ses propres pensées. De sorte qu'ayant trouvé quelques endroits (6) où il
croyait n’avoir pas rendu son sens assez clair dans le Latin pour toutes sortes de
personnes, il entreprit de les éclaircir dans la traduction par quelques petits
changements, qu'il est aisé de reconnaître à ceux qui confèrent le Français avec le
Latin. Une chose qui semblait avoir donné de la peine aux traducteurs dans tout cet
ouvrage, avait été la rencontre de plusieurs mots de l'art, qui paraissant rudes et
barbares dans le Latin même, ne pouvaient manquer de l'être beaucoup plus dans le
Français, qui est moins libre, moins hardi, et moins accoutumé à ces termes de
l'École (7). Ils n'osèrent pourtant les ôter partout, parce qu'ils n'auraient pu le faire
sans changer le sens dont la qualité d'interprètes devait les rendre religieux
observateurs. D'un autre côté Monsieur Descartes témoigna être si satisfait de l'une et
de l'autre version, qu'il ne voulut point user de la liberté qu'il avait pour changer le
style, que sa modestie et l'estime qu'il avait pour ses traducteurs lui faisait trouver
meilleur que n’aurait été le sien. De sorte que par une déférence réciproque qui a
retenu les traducteurs et l'auteur, il est resté dans l'ouvrage quelques-uns de ces
termes scolastiques, malgré le dessein qu'on avait eu de lui ôter le goût de l'école en
le faisant changer de langue. Cet éclaircissement touchant la traduction des
Méditations et des Objections est nécessaire, non seulement pour justifier les
traducteurs sur les changements dont l’auteur est le seul responsable, mais pour faire
voir aussi que la traduction Française vaut mieux que l’original Latin, parce que
Monsieur Descartes s'est servi de l'occasion de la revoir pour retoucher son original
en notre langue. C'est un avantage qu'a eu aussi dans la suite la version française des
Principes de Monsieur Descartes faite par l’Abbé Picot (8). De sorte que tous ses
ouvrages Français tant originaux que traduits sont préférables à ceux qui sont Latins.
C'est-à-dire que toutes les traductions qu'il a revues valent mieux que ses originaux
mêmes.
Pour ne rien omettre de ce qui peut regarder la traduction des Méditations, il suffit de
remarquer qu'encore qu'elle ait été faite en 1642, néanmoins la révision ou la
correction par Monsieur Descartes ne s’en fit qu'en 1645, et que la première
impression qui en fut faite à Paris ne fut en état de paraître que pour les étrennes de
l'an 1647." (Baillet II 171-173; AT IV 193-195; O VIII 2, 715-716; B 490)
(4) Note en marge dans Baillet : « Lettr(es) et Disc(ours) de Sorb(ière) ».
(5) Il est souvent question de cette traduction des Meditationes dans la
correspondance : voir à Picot, 11 septembre 1644 (AT IV 138, [O VIII 2, 507] B464)
et 9 février 1645 (AT IV 177, [O VIII 2, 508-509] B484); à Clerselier, 10 avril 1645
(AT IV 192-195, [O VIII 2, 714-716] B490), 20 décembre 1645 (AT IV 338-339, [O
VIII 2, 716-717] B531), 12 janvier 1646 (AT IV 357-358, [O VIII 2, 717] B539), 23
février 1646 (AT IV 362, [O VIII 2, 718] B542) et 9 novembre 1646 (AT IV
563-564, [O VIII 2, 725] B585); et enfin à Picot encore, 8 juin 1647 (AT V 63-64, [O

65 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

VIII 2, 515-516] B626).


(6) Note en marge dans Baillet : « Lettr(e) MS de Desc(artes) à Clersel(ier) du 10
d'Avril 1645. »
(7) Note en marge dans Baillet : « Ibid. lettr(e) à Clerselier MS ».
(8) Voir à Picot, 17 février 1645 (AT IV 180-181, [O VIII 2, 509-510] B 486).
Michelle Beyssade et Jean-Marie Beyssade ont publié une nouvelle édition des
Méditations métaphysiques. Objection et Réponses, Paris: Garnier-Flammarion 1979
(édition revue et corrigée 2011) :
"Les textes retenus ont été établis à partir des deux éditions Adam et Tannery (AT) et
F. Alquié, mentionnées dans la bibliographie. Nous les avons vérifiés sur les éditions
originales, latines (1641 et 1642) et française (1647). Pour la commodité des
lecteurs, nous indiquons toujours la pagination correspondante dans l’édition AT à
laquelle les commentateurs modernes font tous référence : soit que notre texte
reproduise le texte d’AT, soit qu‘il en donne une traduction (quand l’original latin n’a
pas été traduit du vivant de Descartes, ou que la traduction n’a pas été revue et
autorisée par lui, auquel cas elle ne figure pas dans l’édition AT).
Même revues et autorisées par Descartes, les traductions de Luynes et de Clerselier
s’écartent souvent de l‘original latin. Nous n’indiquons ni les dédoublements (deux
mots français rendant un mot latin) ni les additions qui visent à expliciter une
expression : nous ne signalons que les différences qui modifient le sens. Pour les
Méditations, nos notes reprennent en caractères droits le dernier mot français qu’une
traduction exacte garderait et ajoutent la suite en italiques.
Quand elles n’ont pas été revues et autorisées par Descartes, nous avons pourtant
retenu de préférence les traductions de l’époque, en particulier celle de Clerselier, et
nous en avons corrigé les inexactitudes les plus manifestes.
Nous avons modernisé l’orthographe, et modifié la ponctuation. Nous avons
également retouché, pour le texte latin des Méditations, la répartition en alinéas,
incertaine dans les éditions originales (dont Descartes a lui-même dénoncé de ce
point de vue les insuffisances) et refaite arbitrairement dans l’édition AT. Nous avons
respecté les alinéas du texte français, sauf en de rares endroits où nous avons retenu
les améliorations apportées par Clerselier dans l’édition de 1661.
Aux Méditations, et aux Objections et Réponses qui les suivent, nous joignons quatre
lettres, écrites par Descartes entre la rédaction des Méditations et l’édition latine de
1642 : elles constituent autant de réponses à des objections, qui n’ont pas trouvé
place dans l’œuvre publiée." (Note sur le texte de cette édition, pp. 31-32)
Michelle Beyssade a donné une nouvelle traduction du texte latin : Descartes
Méditations métaphysiques. Meditationes de prima philosophia. Texte latin
accompagné de la traduction du Duc de Luynes. Méditations de philosophie
première. Présentation et traduction de Michelle Beyssade, Paris : Le Livre de Poche,
1990.
47. ———. 1647. Les Principes de la philosophie écrits en latin par René Descartes et
traduit en François par un de ses Amis. Paris: Henry Le Gras.
AT IX-2, 1-325; traduction de Paul Picot (1614 - 1668).
Lettre à Picot du 11 septembre 1644 : "Ce fut au Crévis qu'il [Descartes] apprit que
les exemplaires imprimés de ses Principes étaient enfin arrivés de Hollande à Paris ;
Monsieur Picot lui manda qu'il n'avait point trouvé d'expédient plus propre à se
consoler de son absence, que la traduction française de cet ouvrage, qu'il avait
commencée dès son départ de Paris sur l'exemplaire imparfait (2) qu'il avait apporté
par avance de Hollande dans sa valise.
(...)
Il écrivit à Chavagnes le 11 de Septembre [1644] à l’abbé Picot qui lui avait mandé

66 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

dans sa dernière qu'il avait déjà traduit les deux premières parties de ses Principes, et
il lui marqua que pour lui il n'avait pas encore su trouver depuis son départ de Paris
le temps de lire la traduction française de ses Méditations faite par Monsieur le duc
de Luynes (5), qu'il avait apportée dans la pensée de s'en faire une occupation
agréable dans le cours de son voyage." (Baillet II, 219-220; AT IV, 138; O VIII 2,
507; B 464)
(2) Note en marge de Baillet : « sans figures ».
(5) Voir à Clerselier, 10 avril 1645 (AT IV, 193; [O VIII 2, 714-716] B 490).
Lettre à Picot du 8 novembre 1644 : "Après la fête de saint Simon (2), le P. Mersenne
délivré de l'impression du gros recueil de pièces physiques et mathématiques qu'il
intitula Cogitata Physico-Mathematica, et n'ayant plus rien au départ de Monsieur
Descartes qui pût le retenir à la Ville, partit pour un voyage de huit ou neuf mois en
Italie (3) ; et Monsieur Descartes, ayant le reste des exemplaires de ses Principes,
sous la disposition de Picot, chez la veuve Pelé, libraire de la rue Saint-Jacques (4),
prit la route de Calais pour retourner en Hollande (5). Il fut arrêté par les vents dans
cette ville pendant près de quinze jours, où il ne put s'occuper d'autre chose que de la
lecture de la version français que l'abbé Picot son hôte avait faite de son livre des
Principes et dont il avait apporté les deux premières parties avec lui. Il en écrivit au
traducteur le 8 de novembre pour lui marquer qu'il la trouvait excellente, et qu'il ne
pouvait la souhaiter meilleure." (Baillet II, 246-247; AT IV 147; O VIII 2, 508; B
468)
(2) Le 28 octobre.
(3) Constantin Huygens recommande Mersenne à Jean-Louis Calandrini à Genève, le
30 août 1644 (Brwg [De Briefwisselìng van Constantjin Huygens, (1608-1687), 6
voll., ‘s-Gravenhage, Martinus Nijhoff, 1911-1917] 55, vol. 4, n. 3723) et le même
jour (n. 3724) à J. Van Santen, lieutenant du prince d'Orange, pour lui laisser visiter
le château d'Orange.
(4) Sur la veuve Pelé et ses relations avec les Elzevier, voir H.-J. Martin, Livre,
pouvoir et société à Paris au XVII siècle, 3e éd., Genève, éd. 1999, t. I, p. 315.
(5) Note en marge dans Baillet : « lettre à Picot du 8 novembre 1644 ».
Lettre à Picot du 9 février 1645 : "L'abbé Picot ne lui [à Descartes] envoya la
troisième partie (2) que le mois de Février de l'année suivante, et il n'en parut pas
moins satisfait (3). L'abbé l'ayant accompagnée de quelques difficultés dont il de
demandait l’explication, Monsieur Descartes en lui envoyant cette explication lui
manda que ces difficultés mêmes, de la manière dont il les lui a proposées, faisaient
honneur à sa traduction et montraient que le traducteur entendait parfaitement la
matière ; parce qu'elles n'auraient pu tomber dans l'esprit d'une personne ne l'aurait
entendue que superficiellement (4)." (Baillet II, 246-247; AT IV 147; O VIII 2, 508;
B 468)
(2) De la traduction française des Prìncipia.
(3) Note en marge dans Baillet : « t. 3 des Lettres p. 612 du 17 février [c’est la lettre
suivante]; item lettre MS de Descartes à Picot du 9 février 1645 ».
(4) Note en marge dans Baillet : « lettre MS à Picot du 1er juin 1645 ».
Changements dans la traduction française :
"L'historique de cette traduction se trouve a sa place dans la Vie de Descartes, [de
Paul Adam] au dernier volume de l'ancienne édition. (*) On ne donnera donc ici que
les renseignements relatifs au texte même.
L'édition française de 1647, comparée a l'édition latine de 1644, offre d'abord une
particularité importante. Entre l'Épitre ou la Dédicace a la princesse Elisabeth, placée
en tête dans l'une comme dans l'autre, et les Principes proprement dits, Descartes a
inséré, dans la traduction, une Lettre de l'Auteur à celui qui a traduit le Livre,

67 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

laquelle, ajoute-t-il, peut ici servir de Préface." (p. III)


(...)
"De qui ce texte est-il exactement ? De l'abbé Picot seul, qui est, comme on sait, «
l'ami de Descartes », qui a traduit le livre des Principes ? Ou bien, en certains
endroits, de Descartes lui-même, qui a revu la traduction ? Ou même peut-être, car
on serait tenté ' aller jusque-là, de Descartes seul, qui aurait alors récrit en français,
pour une partie, sinon en entier, ses Principia Philosophiæ ?
Pour la traduction des Principes, nous n'avons guère qu'une phrase, la première de la
Lettre-préface à l'abbé Picot : « La version que vous avez pris la peine de faire de
mes Principes est si nette et si accomplie, quelle me fait espérer qu'ils seront lus par
plus de personnes en Français qu'en Latin, et qu'ils seront mieux entendus.» (Ci-
après, p. 1, l. 5-9.)" (p. VII)
(...)
"Deux témoignages, l'un et l'autre du XVIIe siècle, semblent d'abord trancher
définitivement la question. Le premier se trouve dans un vieil exemplaire de la
première édition des Principes en français, celle de 1647 : les marges des pages
donnent un assez bon nombre de notes manuscrites, de trois ou quatre écritures
différentes; l'une est certainement de l'abbé Legrand, qui prépara, nous l'avons vu,
une édition nouvelle des Œuvres de Descartes, mais mourut en 1704, sans avoir eu le
temps de rien publier. Plusieurs de ces notes (non pas celles de Legrand, il est vrai),
remontent a l'année 1659 ; c'est la date donnée par l'une d'elles, que nous
reproduisons à la page 119 ci-après." (Avertissement aux Principes de la philosophie,
AT 9-2, p. X)
"En regard de cet article, on lit à la marge de l'exemplaire annoté : « La version est
ici de Mr D. (Note MS. d'une première main, peut-être celle de Clerselier ? Ce qui
suit est d'une autre main, surement celle de Legrand) Ce que nous jugeons ainsi à
cause de l'original que nous en avons entre les mains écrit de sa propre main
(primitivement de la propre main de Mr Desc., ces derniers mots barrés). Et il n'est
pas croyable que si cette version n'était pas de lui, il se fut donné la peine de la
transcrire, lui qui d'ailleurs était si accablé d'affaires. » Cette note si importante a été
discutée dans notre Avertissement."
Note de Paul Adam au § 41 de la Troisième partie : Que cette distance des Étoiles
fixes est nécessaire pour expliquer les mouvements des Comètes (AT IX-2, p. 121)
"La première édition Adam-Tannery comportait ici la phrase :
« au premier volume de la présente édition », ce qui indiquait que l'intention initiale
des éditeurs avait été de placer la Vie de Descartes en tête de leur publication et
situait le commencement de la réaction du présent Avertissement à une époque
antérieure à 1896. En fait, l’intention ne fut pas suivie d’effet, puisque la Vie de
Descartes par Ch. Adam (datée de 1910) se trouve dans le dernier tome, numéroté
XII, de ce qui est devenu maintenant l'ancienne édition Adam-Tannery.
D'où la correction introduite par nous dans le texte.
Voici l’essentiel de ce que l'on trouve au tome XII p. 360-361 concernant l'historique
de la traduction évoqué en ce début de l'Avertissement des Principes.
« Sitôt les Principes publiés en latin, Picot se mit à les traduire.
Descartes était alors en France ; avant de retourner en Hollande, il avait déjà reçu la
première et la seconde partie, mises en français.
Le reste vint le rejoindre à Egmond. Et à ce propos, une question encore se pose. Il a
existé de cette traduction un manuscrit aujourd’hui perdu, manuscrit autographe qui
commençait à l'article 41 de la troisième partie : ce manuscrit pouvait faire croire
qu’a partir de là jusqu’a la fin, la traduction était de Descartes lui-même, et non de
Picot ; bien mieux, ce n’était plus une traduction, mais le propre texte, et un texte

68 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

français du philosophe (1). De fait, nous savons que quelques parties peut-être, ne
fut-ce que celle qui est relative à l'aimant, ont été au moins résumées par lui en
français pour son ami Pollot, qui ne savait pas le latin (2). Et nous savons aussi que
la traduction française contient de nombreuses additions, lesquelles sans doute Picot
n’eût point osé faire de son autorité, et qui, par conséquent, sont de Descartes. C'est
même ce qui permet de résoudre le problème. Qui donc, en effet, pouvait insérer,
chacune à sa place, toutes ces additions dans le texte déjà traduit, sinon l'auteur, et
nul autre que lui ? Et il l'aura fait en recopiant le tout de sa main, travail délicat que
lui seul encore pouvait faire, ce qui explique qu'il en ait pris la peine. C'est ainsi que
nous avons deux textes pour les Principes de la Philosophie : le texte latin, publié
d’abord en 1644, et un texte français, publié en 1647, traduction du premier pour la
plus grande part, et pour le reste addition de Descartes lui-même. Il ne sera pas sans
intérêt de noter, chemin faisant, en quel sens ont été faites ces additions : quelle
préoccupation ou arrière-pensée ne révèlent-elles pas ça et là ? »
On ne peut qu’être surpris de la différence de ton que cet « historique » (publié en
1910) présente avec les p. X a XVIII du présent Avertissement qui porte la signature
de Ch. Adam à une date (décembre 1904) toute proche de la mort de P. Tannery (27
novembre).
Tandis que ces pages aboutissent à des conclusions très nuancées en raison des
constatations concernant la traduction des règles du choc, l' « historique » se fait
affirmatif pour l'attribution à Descartes lui-même de toutes les additions par rapport
au texte latin. C'est donc un fait qu'entre 1904 et 1910 Ch. Adam n’a pas cru devoir
conserver la prudence qui s’exprime si remarquablement à la fin de l'Avertissement
p. XX.
Le lecteur qui suivrait l’invitation de ce premier paragraphe de l'Avertissement et se
fierait a la version de l' « historique » telle qu'elle apparait dans le tome XII de la
précédente édition Adam-Tannery, risquerait d'être induit en erreur. Les nuances et la
prudence que nous soulignons comme les qualités majeures de l'Avertissement sont à
observer soigneusement.
Conformément à la suggestion de la page XVIII et à l’attention portée par Paul
Tannery aux règles du choc, la comparaison attentive du texte latin et de la version
française pour les articles 43 à 52 de la IIe partie est révélatrice. Mais, tandis que
pour les articles 46 à 52 les corrections et additions sont pertinentes, pour les articles
43 à 45 les modifications par rapport au texte latin introduisent des non-sens
flagrants que l'on ne saurait en aucune manière attribuer à Descartes. Cf. Pierre
Costabel « Essai critique de quelques concepts de la mécanique cartésienne »,
Archives Internationales d'Histoire des Sciences, t. XX, N° 80, 1967, p. 235-252.
La critique interne impose au moins pour le passage indiqué la certitude d’une
situation étrange : à savoir la juxtaposition, dans l’édition française des Principes,
d’éléments corrigés et d’éléments abandonnés par l’auteur au jugement infirme de
son traducteur.
L’histoire de la traduction est donc encore à faire et garde ses secrets.
Pour Picot, traducteur des Principes, voir la notice biographique au tome IV de la
Correspondance de Descartes par Adam et Milhaud p. 402 et pour Pollot la notice au
tome I de la même publication p. 459.
Notons encore que les remarques relatives au style de Picot, que le présent
Avertissement contient p. VIII et IX, sont confirmées par la récente découverte d’une
lettre de Picot a Carcavi, du 5 août 1649. Cette lettre ou Picot est consulté en tant que
commentateur autorisé des Principes est actuellement en cours de publication par les
soins de J. Beaude pour le dernier numéro du tome XXIV (1971) de la Revue
d'Histoire des Sciences (P.U.F.). [*]" (Appendice de Bernard Rochot à la nouvelle

69 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

édition de AT 9-2, Paris: Vrin 1989, pp. 354-355)


(1) cf. infra, p.121, note a.
Voir pour ce qui suit, l'Avertissement, p. X-XVIII.
(2) A.T., IV, p. 73, l. 37 ; du 1er janvier 1644. Pollot (Pallotti) était d’origine
italienne. cf. AT XII, p. 360, note.
[*] Joseph Beaude, "Lettre inédite de Picot à Carcavi relative à l'expérience
barométrique (5 août 1649)", Revue d'Histoire des Sciences, 24, 1971, pp. 233-246.
48. ———. 1647. Lettre de l'Auteur à celui qui a traduit le livre laquelle peut ici servir
de Préface Paris: Henry Le Gras.
Première édition : Appendice à la traduction des Principes de la philosophie par Paul
Picot.
AT IX-2, 1-20; B Op. I, 2214-2237.
Lettre-préface des Principes de la philosophie, présentation et notes par Denis
Moreau, Paris: GF-Garnier-Flammarion 1996.
La préface est annoncée dans la lettre à Étienne Charlet du 4 décembre 1646 : "Les
lettres que j'ai eu l'honneur de recevoir de la part de Votre Révérence m'ont
extrêmement obligé (2), et j'aurai soin d'empêcher, autant qu'il sera en mon pouvoir,
qu'aucun de mes amis ne fasse rien contre les bons conseils que j'y trouve. Ce m'est
beaucoup quelles m'apprennent que vous ne trouverez point mauvais, si, sans
attaquer personne en particulier, on dit son sentiment, en général, de la philosophie
qui s'enseigne communément partout. C'est un sujet auquel il est malaisé de
s'abstenir de tomber; mais, parce que avait été commencé par un de mes amis, ne m'a
pas satisfait, je l'ai prié de ne point continuer ; et afin de pouvoir mieux user de toute
la circonspection et retenue qui sera requise pour faire que cela n'offense personne, je
pense que je prendrai moi-même la plume, non point pour en écrire un long discours,
mais pour mettre seulement par occasion, dans une préface (3), les choses dont il me
semble que ma conscience m'oblige d'avertir le public. Car je puis dire, en vérité, que
si je n'avais suivi que mon inclination, je n'aurais jamais rien fait imprimer, et que je
n'ai point d'autre soin que de m'acquitter de mon devoir, ni d'autre passion que celle
qui est excitée par le souvenir des obligations que je vous ai, et me fait être... " (AT
IV, 587-588; O VIII 1, 638; B 594)
"M. Descartes partit de La Haye le 7 de juin [1647] pour Rotterdam, d’où il écrivit le
lendemain à l’abbé Picot sur le point de passer à Middelbourg pour s’embarquer le
jour suivant à Flessingues, dans l’espérance d’arriver au bout de quinze jours à Paris,
où il fut reçu et logé par cet ami, qui depuis le premier voyage de M. Descartes en
France avait quitté la rue des Écouffes pour celle de Geoffroy-l’Ânier, où il avait pris
une maison conjointement avec Mme Scarron de Mandine. Son dessein était de
passer en Bretagne dès le commencement de juillet, pour régler les affaires qui
servaient de prétexte à son voyage. Mais l’édition française de ses Principes qui
s’achevait entre les mains de leur traducteur son hôte lui donna occasion de différer
de quelques jours, tant pour y faire une préface, que pour voir entièrement débarrassé
de cette occupation un homme qui devait être de sa compagnie dans son voyage."
(Baillet II, 323)
49. ———. 1648. Notae in programma quoddam sub finem anni 1647 in Belgio editum,
cum hoc titulo: Explicatio mentis humanae, sive animae rationalis, ubi explicatur
quid sit, et quid esse possit. Amstelodami: Ex Officina Ludovici Elzevirii.
Remarques sur une œuvre de Henricus Regius (Hendrik De Roy, 1598-1679).
AT VIII-2, 341-369; B Op II, 2250-2287.
Traduction française de Claude Clerselier: Remarques de René Descartes sur un
certain placard imprimé aux Pays-Bas vers la fin de l’année 1647, qui portait ce titre

70 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

: Explication de l’esprit humain, ou de l’âme raisonnable : où il est montré ce


qu’elle est, et ce qu’elle peut être, dans Clerselier-Lettres, t. I, p. 434-462, repris
Alquié, t. III (1643-1650), pp. 787-820.
Descartes. Lettres à Regius et Remarques sur l'explication de l'esprit humain, Texte
latin, traduction, introduction et notes par Geneviève Rodis-Lewis, Paris: Vrin 1959.
Table des matières : Introduction 7-19; Lettres de Descartes à Regius (texte latin et
traduction) [16 lettres de Descartes à Regius; 2 lettres de Regius à Descartes) 21-141;
Notes sur le Placard de Regius : XIX. Lettre d'envoi de Descartes [à Hogelande ?],
[décembre 1647] 142; Remarques de R. Descartes sur un certain placard... intitulé :
Explication de l'Esprit humain ou de l'Ame raisonnable, où il est montré ce qu'elle
Est et ce qu'elle peut être 143; Texte de Regius 146; Examen du placard 154;
Appendice.
I. Extraits de l’Epître de Descartes à Voet [mai 1643] (sur quelques objections à sa
métaphysique)
A. 190; B. 192;
II. Textes choisis de Regius (Philosophia naturalis...)
A. Critique du privilège du Cogito 196; B. Rapports de la pensée et de l'étendue 196;
C. Douter du corps n'implique pas que l'esprit en soit réellement distinct 198; D.
L'âme peut aussi bien être mode corporel, attribut ou substance 200; E. L'âme ne
pense pas toujours en acte : sa dépendance des conditions organiques 202; F.
Certitude et révélation divine 202; G. Critique des idées innées et des preuves
cartésiennes de l'existence de Dieu 206-213.
"Ces divers textes, ainsi rapprochés, sont rendus plus accessibles au grand public par
la confrontation avec l'original latin d'une traduction française suffisante pour la
compréhension d'ensemble du texte. Des versions anciennes utilisées (5) sont assez
lâches et devraient inciter le lecteur à interpréter plus strictement le détail du latin :
pour l'y aider nous les avons revues de près, mis entre crochets dans le texte français
les additions et paraphrases dont Clerselier surtout est coutumier, souligné par des
caractères gras, les divergences portant sur un ou deux mots, corrigé directement
sans le mentionner à chaque fois quelques erreurs de détail incontestables, et indiqué
en note une traduction plus précise dans les seuls cas où cette rectification pouvait
embarrasser un débutant." (pp. 17-18, notes omises)
(5) Dans le premier volume des Lettres de Descartes publié en 1657, Clerselier
donne le texte latin des lettres à Regius, qu'il nomme M. De Roy : lettres n° 81-99,
suivies pour les « Remarques sur un certain placard... » par une version « faite
autrefois » (préface), sans le texte original. C'est cette traduction des Notae qui est ici
reproduite et pour les lettres à Regius, celle des éditeurs parisiens de 1724-1725, t. II,
p. 228-482, 1. n0· 12-30 (cf. notre édition des Lettres à Arnauld et Morus, Vrin,
1953, Introduction, p. 8-9). Pour les deux passages de l'Epistola ad Voetium, qui
n’avait jamais été traduite avant l’édition V. Cousin (1825, t. II), la parenté du style
des éditions anciennes avec celui de Descartes ne jouant plus, nous proposons notre
propre version, comme pour les textes de Regius traduite en Appendice.
Une traduction inédite du texte latin sous la direction de Denis Moreau est disponible
à l'adresse : caphi.univ-nantes.fr/Traduction-inedite-du-texte-latin
"« Opuscule des plus rares, dont L. Elzevier a été l’éditeur, mais qui sort des presses
de Fr. Hackius à Leyde », ajoute Alphonse Willems, p. 269-270 de son ouvrage, Les
Elzevier (Bruxelles, 1880).
Dès 1650, le même texte fut reproduit, au volume des Méditations en latin, après les
sixièmes Objections et Réponses, dans les cinq éditions successives des Elzevier,
1650, 1654, 1663, 1670 et 1678, et plus tard dans celles des Blaeu, à Amsterdam, à
partir de 1683. (Voir notre t. VII, p. IX-XII.)

71 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Cependant Clerselier avait donné, au tome I, p. [542-571], de ses Lettres de Mr


Descartes, 1657, à la suite de la lettre 99, une version française des Notæ in
Programma, sous le titre suivant : REMARQUES DE RENÉ DESCARTES, Sur un
certain Placard imprimé aux Pays-Bas vers la fin de l'année 1647, qui portait ce titre :
Explication de l'Esprit humain, ou de l’Ame raisonnable, où il est montré ce qu’elle
est et ce qu’elle peut être. Version. Clerselier avertit, dans la Préface de ce tome I,
qu’il a fait autrefois cette version lui-même. (Voir notre t. V, p. 625, l. 25-28.)
N’étant donc qu'une version de Clerselier, elle n'a pas à figurer dans une édition des
Œuvres de Descartes, et nous n’avons à nous occuper que de l’original, qui est le
texte latin." (AT VIII, 2, Avertissement, p. XI.)
"Sur la fin de l’année 1647 l’on vit paraître en Hollande deux écrits latins auxquels il
semblait que M. Descartes ne devait point se montrer indifférent. Le premier était
directement contre lui, et était intitulé Considération sur la méthode de la
philosophie cartésienne. Il avait pour auteur ce Revius théologien de Leyde qui,
n’ayant pu réussir à faire condamner les écrits de M. Descartes, n’avait su faire autre
chose que d’appliquer à ses chagrins le remède qu’il avait entre ses mains, et de
prendre la voie des satires et des libelles, pour se donner une satisfaction, qu’il
n’avait pu recevoir de ses supérieurs. M. Descartes ayant remarqué que ce libelle
n’était rempli que de cavillations inutiles, et de calomnies trop noircies pour pouvoir
être crues de personne, jugea qu’il devait plutôt en rendre grâce à son auteur que de
s’en tourmenter, parce que cet auteur montrait assez par là qu’il n’avait rien trouvé
dans ses écrits qu’il pût reprendre avec quelque apparence de justice, et qu’ainsi il en
confirmait mieux la vérité, que s'il avait entrepris de les louer publiquement.
L’autre écrit latin qui parut en même temps le toucha davantage, quoiqu’il ne
s’adressât à lui qu’indirectement, et qu’il pût dissimuler la chose sans intéresser sa
réputation. Il avait pour titre Explication de l’Esprit humain ou de l’Ame
raisonnable, où l’on montre ce qu’elle est et ce qu’elle peut être. Il fut imprimé à
Utrecht, premièrement en forme de petit livre sous le nom de M. Regius son ancien
disciple, et ensuite en feuille étendue par manière de programme ou placard pour être
affiché dans les places et les rues, sans nom d’auteur ni d’imprimeur. M. Descartes
l’ayant reçu de cette seconde forme reconnut aussitôt l’auteur par le style et par le
bruit commun. Il y remarqua plusieurs opinions qu’il jugeait fausses et pernicieuses ;
et parce qu’on était encore assez communément persuadé que M. Regius était
toujours dans les sentiments qu’il lui avait inspirés autrefois, il se crut obligé de
découvrir les erreurs de cet écrit, de peur qu’elles ne lui fussent imputées par ceux
qui, n’ayant pas lu ses ouvrages, et surtout ses Méditations, tomberaient par hasard
sur la lecture de cet écrit de Regius. Il en composa la réfutation en latin sur la fin du
mois de décembre, et elle fut imprimée à Amsterdam avant qu’il en sût (a) rien, et
sans sa participation, avec des vers et une préface qui n’eurent point son approbation,
quoique les vers fussent de son ami M. Heydanus (b) qui n’avait pas jugé à propos
d’y mettre son nom (c). Nous avons aujourd’hui cette réfutation traduite en français
au premier volume de ses lettres précédée de l’écrit ou placard de M. Regius,
contenant vingt et un articles ou assertions par manière de thèses sur l’Ame
raisonnable, où cet auteur avait mis pour conclusion ce que M. Descartes avait dit
autrefois dans l’Épître dédicatoire de ses Principes, qu'il n’y a point de gens qui
parviennent plus aisément à une haute réputation de piété que les superstitieux et les
hypocrites. M. Regius fit une réponse assez modeste aux observations que M.
Descartes avait faites sur son placard. Mais toute sa modération ne fut point capable
d’attirer une réplique de M. Descartes." (Baillet II, 334-335)
(a) a. Sous le titre de Nota in Programma quoddam, etc.
(b) Je croirais que c’est plutôt M. Huyghens.

72 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

(c) Tome I, p. 434, 439.


Sur ce texte de Descartes voir :
Theo Verbeek, Descartes et Regius. Autour de l'Explication de l'esprit humain,
Amsterdam-Atlanta: Rodopi 1993.
Table des matières : Th. Verbeek: Préface V-IX; Th. Verbeek: Le contexte historique
des Notae in programma quoddam 1; G. Rodis-Lewis: Problèmes discutés entre
Descartes et Regius: L’âme et le corps 35; A. Bitpol-Hespéries: Descartes et Regius:
leur pensée médicale 47; G. Olivo: L’homme en personne 69; H. H. Kubbinga: Le
concept d’ » individu substantiel « chez Beeckman et chez Descartes 93;
Bibliographie 105; Index 113-114.
Alain de Libera, Remarques sur un placard : Descartes contre Regius, dans Julein
Dutant, Davide Fassio, Anne Meylan (éds.), Liber Amicorum Pascal Engel, Genève:
Université de Genève, Faculté des Lettres, pp. 647-673 /disponible en aligne à
l'adresse : unige.ch/lettres/philo/publications/engel/liberamicorum/ ("Le « sujet
cartésien » est sorti du placard en janvier 1648, avec les Notae in Programma
publiées en réponse au libelle de Regius, et mises à l’Index dès 1663." (p. 656).
50. ———. 1647/1648. La description du corps humain et de toutes ses fonctions.
Première publication : Clerselier 1664, pp. 99-154 avec le titre "La formation du
fœtus", qui est de Clerselier: voir l'Avertissement dans AT XI p. 219.
AT XI 223-286; B Op. II, 510-597.
Préface de Claude Clerselier aux éditions 1664 et 1677 du Monde et de l'Homme, AT
XI, pp. XI-XXIV; B Op. II, 598-669.
Première partie : Préface 223 ; Seconde partie : Du mouvement du Cœur et du Sang
228 ; Troisième partie : De la Nutrition 246 ; Digression, dans laquelle il est traité de
la formation de l'Animal. Quatrième partie : Des parties qui se forment dans la
semence 253 ; Cinquième partie : De la formation des parties solides 273-286.
L'Inventaire de Stockholm, à la lettre G donne cette description du manuscrit : "Un
traité intitulé La Description du corps humain, où il y a quatre feuillets de suite, et
deux autres feuillets dont la suite ne se trouve point jointe, aussi un (en blanc),
contenant le titre des chapitres d'un traité à faire de la nature de l'homme et des
animaux. A cette liasse ont été joints dix ou douze feuillets, en partie interrompus,
qui traitent du même sujet, mais sans qu'il paraisse de liaison avec les précédents."
(AT X, 9-10).
"L'inventaire des papiers de Descartes indique, à la lettre G, un Traité MS. intitulé :
La Description du corps humain. Voir t. X, p. 9, l. 17.) Une lettre MS. de Clerselier,
que nous avons aussi imprimée (ibid. p. 13-14) , en donne le commencement.
Or ce commencement est identique aux premières pages d'un Traité que Clerselier a
publié, dans son volume de 1664, à la suite du Traité de l'Homme, sous le même titre
initial de La Description du Corps humain, bien qu'il imprime en haut des pages ce
titre différent De la Formation du Fœtus.
L'authenticité de cette publication est donc assurée incontestablement.
A vrai dire, ce double titre de Clerselier demande explication. Mais c'est que le
Traité, d’ailleurs inachevé, comprend aussi deux parties distinctes : la première, en
effet, entreprend une description du corps humain, ou plutôt de ses fonctions, avec
un programme complet que s’était tracé Descartes (p. 112-113, édit. Clerselier), et
qu'il n’a fait qu'entamer ; la seconde apparaît comme une digression, et c’est bien
ainsi que Clerselier la présente (ibid., p. 137) ; elle explique la formation de l’animal.
Mais entre les deux la soudure existe, et non pas une soudure artificielle : Descartes
l’a faite lui-même de sa main.
Toutefois le second titre de Clerselier : De la Formation du Fœtus, semble bien être
de l'éditeur ; outre qu’il ne convient pas à l’ensemble du traité, et ne désigne

73 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

réellement que la seconde partie, la « digression » , Descartes aurait intitulé celle-ci


De la Formation de l'animal ; et c’est aussi le titre que nous mettrons en haut des
pages, pour cette seconde partie, réservant pour la première : Description du Corps
humain." (AT XII, 219-220)
Lettre à la princesse Élisabeth du 31 janvier 1648 : "... j'ai maintenant un autre écrit
entre les mains, que j'espère pouvoir être plus agréable à Votre Altesse : c'est la
description des fonctions de l'animal et de l'homme." (AT V, 112 = Baillet II,
337-338; O VIII 2, 292; B642).
51. ———. 1648. Projets d'une école des arts et métiers (Extraits de Baillet).
Baillet II 433-434; AT XI, 659-660; B Op. II, 918-921.
"Une offre d'un autre ami, M. d'Alibert lui plut davantage. Celui-ci songeait à fonder
une École des arts et métiers, dont il aurait fourni les frais, et qui devait être ouverte
en dehors des heures ou des jours de travail, aux artisans et ouvriers désireux de
s'instruire. L'idée répondait bien aux vues de Descartes sur l'union de la théorie et de
la pratique, ou de la science et de ses applications : la science toute seule reste sans
effets utiles, et l'art ou le métier, sans la science, n'est qu'une routine aveugle,
incapable de se perfectionner." (Charles Adam, Vie et œuvres de Descartes, Paris:
Cerf, 1910, p. 470.)
52. ———. 1648. [Entretien avec Burman] Responsiones Renati Des Cartes ad
quasdam difficultates ex Meditationibus ejus, etc., ab ipso haustae.
Première édition dans : Revue Bourguignonne de l'Enseignement supérieur, 1896,
pp. 1-52.
AT V, 146-179; B Op. II, 1246-1307.
Traductions :
Entretien avec Burman. Manuscrit de Göttingen, Texte présenté, traduit et annoté par
Charles Adam, Paris: Boivin 1937 (Seconde édition Paris: Vrin, 1975).
L'entretien avec Burman, Édition, traduction et annotation par Jean-Marie Beyssade,
Paris: Presses universitaires de France, 1981.
Table des matières : Avertissement 5; Chronologie des éditions antérieures 10; Liste
des abréviations 11;
L'ENTRETIEN AVEC BURMAN
Méditations métaphysiques 13; Remarques sur un Placard 94; Principes de la
philosophie 96; Discours de la méthode 134;
RSP OU LE MONOGRAMME DE DESCARTES
Philosophie, histoire de la philosophie, 153 De l'âme à l'homme, 160 L’intellection
de l’infini, 171 L’ontologie cartésienne, 181 L’interprétation des signes, 190
Index 209-212.
Éditions utilisées par Burman :
Renati Descartes, Meditationes De Prima Philosophia, In quibus Dei existentia et
animae humanae a corpore distinctio demonstrantur. His adiunctae sunt variae
objectiones doctorum virorum in istas de Deo et anima demonstrationes; Cum
Responsionibus Authoris. Secunda editio septimis objectionibus antehac non visis
aucta. Amstelodami, Apud Ludovicum Elzevirium, 1642);
Renati Des-Cartes, Principia Philosophiae, Amstelodami, Apud Ludovicum
Elzevirium, Anno 1644);
Renati Descartes, Notae in Programma quoddam, sub finem anni 1647 in Belgio
editum cum hoc titulo: Explicatio mentis humanae sive animae rationalis, ubi
explicatur quid sit et quid esse possit, Amstelodami, Apud Ludovicum Elzevirium,
1648
Renati Des Cartes, Specimina Philosophiae seu Dissertatio De Methodo...

74 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Amstelodami, apud Ludovicum Elzevirium 1644).


"Ce sont donc des difficultés proposées de vive voix à Descartes par Burman, avec
les réponses recueillies par le même Burman de la propre bouche du philosophe, à
Egmond, le 16 avril 1648. Quelques mots du feuillet 88, recto, I. 6-7, permettent de
reconstituer la scène : ce fut une conversation pendant le repas ; on était à table et ou
causait en mangeant ( jam ego concipio et cogito simul me loqui et edere, dit
Descartes donnant comme exemple ce qu'il fait en ce moment). Ailleurs, ayant à
citer, (f. 36 verso, l. 5) deux noms de ville, les premiers qui lui viennent è l'esprit
sont Alcmaer, la ville la plus proche d’Egmond, et Leyde, la ville natale de sou
interlocuteur.
François Burman, en effet, était né à Leyde, en 1688. Fils de pasteur, il devint lui-
même pasteur ; on le trouve un an à Hanovre, en cette qualité, puis un an à Leyde
sous-régent au collège des Etats, enfin professeur de théologie à Utrecbt où il mourut
le 21 novembre 1679 ; son oraison funèbre fut prononcée par Grævius, dont nous
avons rencontré le nom tout à l'heure, dans le même cahier, avec la date de 1691.
Burman était donc un tout jeune homme en 1648 : il n'avait que vingt ans, et ou ne
sait ce qu’on doit le plus admirer des difficultés qu’il propose à cet âge ou de la
complaisance avec laquelle lui répond le philosophe, âgé de cinquante-deux ans déjà,
et de plus auteur du Discours de la méthode, des Méditations métaphysiques et des
Principes de Philosophie. Peut-être aussi Descartes avait-il connu le père à Leyde ;
on s'expliquerait alors qu’il causât eu toute liberté devant le fils d’un ami. Il parle, en
effet, sans ménagement aucun, des théologiens et même de Saint Thomas ; il dit son
mot sur Aristote et sur la Bible ; il met enfin ce petit étudiant dans la confidence de
ses derniers travaux, l'hiver de 1647-1648, et même de son régime de vie, régime
intellectuel (s'occuper de physique surtout, bien plutôt que de métaphysique) et
régime du corps ; bien des détails intimes et tout personnels viennent ainsi confirmer
ou compléter ceux que l'on connaissait déjà sur Descartes.
De retour à Amsterdam, Burman y rencontre Clauberg, qui, né en 1623, n'était sou
ainé que de six ans, et lui fait part de cette conversation. Avait-elle été rédigée déjà,
séance tenante, par Burman seul ? ou bien les deux jeunes gens s’entendirent-ils pour
la rédiger ensemble, le 10 avril, c'est-à-dire quatre jours après la date même de la
conversation, qui avait eu lieu le 16 avril ?
Sont-ce enfin les propres paroles de Descartes, en quelque sorte sténographiées par
son interlocuteur, ou seulement le souvenir qu'il en avait gardé, et qu’il a peut-être
arrangé avec un ami préoccupé comme lui des doctrines cartésiennes ? Les mots :
responsiones Renati des Cartes... ab ipso haustœ réponses recueillies de la bouche
même de Descartes, et pour ainsi dire puisées à la source), ainsi que l’indication
exacte de plus de soixante pages ou articles avec une ligne de chacun textuellement
citée rendent la première supposition des plus vraisemblables. Eu tout cas Clauberg
prit lui-même copie du texte ainsi rédigé, et c'est la copie de Clauberg qui a été
copiée ensuite à Dordrecht, le 13 et 14 juillet, on ne sait en quelle année ni par qui.
Clauberg mourut à Duisbourg, le 31 janvier 1665 ; en 1691, parut à Amsterdam une
édition de ses Opera philosophica, 2 vol. in-4, où ne se trouve pas cette conversation
de Descartes et de Burman. Faut-il conjecturer de là qu'elle aurait été copiée pour
compléter l'édition, et vers le même temps, cette année 1691 étant aussi mentionnée
dans le cahier manuscrit, au feuillet 21, comme date d’une lettre à Grævius ? Le
cahier ne serait d’ailleurs entré que plus tard dans la bibliothèque de Crusius [*] (né
lui-même en 1715, peut-être seulement à la date de 1751, inscrite, nous l’avons vu,
en haut de la première page." (Charles Adam, "Manuscrit de Gottingen. Descartes
(Méditations, Principes, Méthode)", Revue Bourguignonne de l'Enseignement
supérieur, 1896, pp. 2-3)

75 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

"Le MS. est paginé seulement au recto des feuilles ; f. 27 à f. 43 inclus. Il comprend
trois parties : objections et réponses, 1° sur les Méditations, 2° sur les Principes, 3°
sur le Discours de la Méthode.
Les passages sont indiqués avec renvois aux pages de la seconde édition latine des
Méditations (Amsterdam, Louis Elsevier, 1642), aux articles de chaque livre des
Principes, et aux pages de la traduction latine du Discours de la Méthode, etc.
(Amsterdam, Louis Elsevier, 1644). Après l'indication de chaque passage se trouve
ordinairement une objection, puis la réponse de Descartes, puis une nouvelle
objection, puis une nouvelle réponse, etc. Les réponses sont le plus souvent
annoncées par la lettre R, tandis que rien n’annonce les objections. Cela n’a pas
d’inconvénient, lorsqu’il n’y a qu’une objection et aussi qu’une réponse à la suite.
Mais, s’il y a deux, ou trois, ou même quatre objections successives, il a fallu trouver
l'endroit où chacune d’elles commence et se détache de la réponse qui précède. Nous
avons indiqué cet endroit par la lettre O entre crochets (O désignant les objections,
comme R les réponses). (Charles Adam, AT V, 150).
[*] "Le cahier catalogué à Göttingen Cod. Ms. philol. 264, fit partie de la
bibliothèque d’un Crusius (on lit au verso du premier feuillet : « Ex Bibl. M. Crusii
»).
"Adam (2), suivi par John Cottingham (3) et Jean-Marie Beyssade (4), estime qu’il
doit s’agir de Christian August Crusius (1715-1775), adversaire de Leibniz et Wolff,
qui devint professeur de théologie à Leipzig en 1750. Mais en réalité, comme
l’indique Hans Werner Arndt (5), il doit plus vraisemblablement s’agir de Magnus
Crusius (1697-1751), le livre paraissant être entré dans l’actuelle Niedersächsische
Staats und Universitätsbibliothek où M. Crusius était théologien, l’année même de sa
mort, comme l’atteste la date 1751 inscrite sur le premier feuillet où apparaît
également un cachet Ex Bibliotheca Acad. Georgiæ Augustæ - George Auguste étant
le nom de l’Université, fondée en 1737." (Xavier Kieft, "L'Entretien de Descartes
avec Burman : un malentendu historico-philosophique", Klesis. Revue
philosophique, 11, 2009, pp. 108–134)
(2) Édition de 1896, p. 1 et Adam [1937], p. VIII.
(3) Descartes’ Conversation with Burman, translated with introduction and
commentary by J. Cottingham, Oxford, Clarendon, 1976 (désormais cité «
Cottingham »), p. XII.
(4) Beyssade [1981], p. 5.
(5) R. Descartes, Gespräch mit Burman, Übersetzt und herausgegeben von H. W.
Arndt, Hambourg, Meiner, 1982 (désormais cité « Arndt »), p. I et pp. XXVII-
XXVIII. Arndt pense même avoir identifié l’écriture du dit Magnus Crusius.
Johannes Clauberg cite un passage de l'Entretien avec Burman (AT V 177) dans le
chapitre XVIII de sa Defensio cartesiana, Amstelodami, 1652 (repris dans Opera
Omnia Philosophica, Amstelodami 1691, p. 1000, réedition Hildeshein: Georg Olms
1968)
53. ———. 1648. [Traité de l'érudition].
Dans une lettre à Descartes du 5 décembre 1647 Élisabeth de Bohême, princesse
Palatine, écrivait :
"Cela vous montre combien le monde a besoin du Traité de l'Érudition, que vous
avez autrefois voulu faire. Je sais que vous êtes trop charitable pour refuser une
chose si utile au public, et que, pour cela, je n'ai pas besoin de vous faire souvenir de
la parole que vous [m']en avez donnée." (AT V 97, 4-19 = Baillet II, 337; B636).
Le 31 janvier 1648 Descartes répond :
"J'ai reçu les lettres de votre Altesse du 23 décembre presque aussitôt que les
précédentes, et j'avoue que je suis en peine touchant ce que je dois répondre à ces

76 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

précédentes, à cause que votre Altesse y témoigne vouloir que j'écrive le Traité de
l'Érudition, dont j'ai eu autrefois l'honneur de lui parler. Et il n'y a rien que je
souhaite avec plus de zèle, que d'obéir à vos commandements ; mais je dirai ici les
raisons qui sont cause que j'avais laissé le dessein de ce traité, et si elles ne satisfont
à votre Altesse, je ne manquerai pas de le reprendre. (2) La première est que je n'y
saurais mettre toutes les vérités qui y devraient être, sans animer trop contre moi les
gens de l'École, et que je ne me trouve point en telle condition que je puisse
entièrement mépriser leur haine (3). La seconde est que j'ai déjà touché quelque
chose de ce que j'avais envie d'y mettre dans une préface qui est au-devant de la
traduction française de mes Principes, laquelle je pense que votre Altesse a
maintenant reçue. La troisième est que j'ai maintenant un autre écrit entre les mains,
que j'espère pouvoir être plus agréable à Votre Altesse : c'est la description des
fonctions de l'animal et de l'homme." (AT V, 111-112 = Baillet II, 337-338; O VIII 2,
292; B642).
(2) On peut se demander s'il ne s'agit pas ici des Regulae (voir Descartes, Écrits de
jeunesse, éd. V. Carraud, Paris, 2013).
(3) Allusion à ses démêlés à Leyde (avec Revius) et à Utrecht (avec Voet).
54. ———. 1649. Les passions de l'âme. Paris: Henry Le Gras.
AT XI, 301-488; B Op. I, 2300-2527.
Traduction latine : Passiones animae per Renatum Des-Cartes: Gallice ab ipso
concriptae, nunc autem in exterorum gratiam Latina civitate donatae ab
H.D.M.I.V.L., Amstelodami apud L Elzevirium, 1650 (la traduction est de Henricus
Des-Marets, fils de Samuel Desmarets (1599-1673); voir : Paul Dibon, "La
Traduction latine des Passions de l'âme", dans Regards sur la Hollande du siècle
d'or, Napoli, Vivarium, 1990, pp. 523-550.)
Premières références au thème des "passions de l'âme" dans les écrits de Descartes :
"En ce qui concerne la variété des passions que la musique peut exciter par la variété
de la mesure, je dis qu’en général une mesure lente excite en nous également des
passions lentes, comme le sont la langueur, la tristesse, la crainte, l’orgueil, etc., et
que la mesure rapide fait naître aussi des passions rapides, comme la joie, etc. Il faut
en dire autant des deux genres de battue : la mesure carrée, qui se résout toujours en
membres égaux, est plus lente que celle qui est battue en triplât, c’est-à-dire celle qui
se compose de trois parties égales. La raison en est que celle-ci occupe davantage le
sens parce qu’il y a en elle plus de membres à remarquer — à savoir trois —, tandis
qu’il n’y en a que deux dans l’autre. Mais une recherche plus exacte de cette
question dépend d’une excellente connaissance des mouvements de l’âme, et je n’en
dirai pas davantage." (AT X 95; traduction du latin par Frédéric de Buzon, Abrégé de
Musique. Compendium Musicae, Paris: Presses Universitaires de France, 1987, 62).
"A la suite de cela, il faudrait maintenant parler des diverses vertus des consonances
à exciter les passions ; mais une recherche plus exacte de cette manière peut être tirée
de ce qui a été dit, et dépasserait les limites d’un abrégé. Car ces vertus sont si
variées et dépendent de circonstances si légères qu’un volume entier ne suffirait pas
à épuiser la question." (AT X, 111; Abrégé de Musique cit., 88)
"De là, et d’autres choses semblables on pourrait déduire plusieurs choses concernant
la nature des degrés, mais cela serait long. Il suit que je devrais traiter maintenant de
chaque mouvement de l’âme qui peut être excité par la musique, et je pourrais
montrer par quels degrés, consonances, rythmes et choses semblables ils doivent être
excités ; mais cela dépasserait les limites d’un abrégé." (AT X, 140; Abrégé de
Musique, cit., 138)
"Il y a dans tout esprit certaines parties qui, touchées même légèrement, excitent des
passions fortes.

77 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

Ainsi un enfant qui a l'âme généreuse, si on le gronde, ne pleurera pas, mais il


s’emportera ; un autre versera des larmes.
Si l’on nous dit que de grands malheurs sont arrivés, nous nous attristerons ; si l’on
ajoute qu’il y avait en cause quelque méchant, nous nous mettrons en colère. Le
passage d une passion à une autre se fait par les passions voisines ; quelquefois
pourtant il y a des passages violents par les contraires : supposez par exemple que la
nouvelle d’un grand malheur se répande tout à coup au milieu de la joie d’un festin.
De même que l’imagination se sert des figures pour concevoir les corps ; de même
l’intelligence emploie certains corps sensibles pour figurer les choses spirituelles,
comme le vent, la lumière. Une philosophie plus profonde peut élever l’esprit par la
connaissance à des hauteurs sublimes." (Cogitationes privatæ, AT X 217 (traduction
du latin par Foucher de Careil, I, 11).
"Premièrement, pour ce qui est des esprits animaux, ils peuvent être ou moins
abondants, et leurs parties plus ou moins grosses, et plus ou moins agitées, et plus ou
moins égales entre elles une fois que l'autre (138) ; et c’est par le moyen de ces
quatre différences, que toutes les diverses humeurs ou inclinations naturelles (139)
qui sont en nous (au moins en tant qu’elles ne dépendent point de la constitution du
cerveau, ni des affections particulières de l’âme) sont représentées en cette machine.
Car, si ces esprits sont plus abondants que de coutume, ils sont propres à exciter en
elle des mouvements tout semblables à ceux qui témoignent en nous de la bonté, de
la libéralité et de l'amour ; et de semblables à ceux qui témoignent en nous de la
confiance ou de la hardiesse, si leurs parties sont plus fortes et plus grosses ; et de la
constance, si avec cela elles sont plus égales en figure, en force, et en grosseur ; et de
la promptitude, de la diligence, et du désir, si elles sont plus agitées ; et de la
tranquillité d’esprit, si elles sont plus égales en leur agitation. Comme, au contraire,
ces mêmes esprits sont propres à exciter en elles des mouvements tout semblables à
ceux qui témoignent en nous de la malignité, de la timidité, de l'inconstance, de la
tardiveté (a), et de l'inquiétude, si ces mêmes qualités leur défaillent (b).
Et sachez que toutes les autres humeurs ou inclinations naturelles sont dépendantes
de celles-ci (140). Comme l'humeur joyeuse est composée de la promptitude et de la
tranquillité d’esprit ; et la bonté et la confiance servent à la rendre plus parfaite.
L'humeur triste est composée de la tardiveté et de l’inquiétude, et peut être
augmentée par la malignité et la timidité. L'humeur colérique est composée de la
promptitude et de l'inquiétude, et la malignité et la confiance la fortifient. Enfin,
comme je viens de dire, la libéralité, la bonté, et l’amour dépendent de l’abondance
des esprits, et forment en nous cette humeur qui nous rend complaisants et
bienfaisants à tout le monde. La curiosité et les autres désirs dépendent de l’agitation
de leurs parties ; et ainsi des autres." (AT XI, 166-167; Le Monde, l'Homme,
Introduction de Annie Bitbol-Hespériès; textes établis et annotés par Annie Bitbol-
Hespériès et Jean-Pierre Verdet, Paris: Seuil, 1996, pp. 146-147)
Le 11 juin 1640 Descartes écrit à Mersenne : "J'écrirai à Monsieur de Zuylichem (84)
pour lui demander le livre de Monsieur de la Chambre (85) et vous en dirai mon
sentiment." (AT III 87; O VIII 1, 383; B 255).
(84) Lettre à Huygens perdue (Huygens était alors en campagne militaire en
Flandre).
(85) Marin Cureau de La Chambre [1594 - 1669], Les Caractères des passions, 1640
(privilège du 15 décembre 1639) ; il s'agit des Passions pour le bien ; un second
volume, Les Passions courageuses, paraîtra en 1645.
Lettre à Mersenne du 28 janvier 1641 : "J'ai reçu, il y a déjà quelques semaines, le
livre de Monsieur de la N. (9), et un autre du dixième livre d'Euclide mis en français
(10). Mais pour vous avouer la vérité, sur ce que Monsieur de Zuylichem m'avait dit,

78 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

avant de me les envoyer, qu'ils ne contenaient rien de fort exquis, et que j'avais
d'autres occupations, je les ai laissé reposer, après avoir lu deux ou trois heures dans
le premier, sans rien y trouver que des paroles."
(9) Peut-être les Caractères de Marin Cureau de La Chambre, dont il est déjà
question dans à Mersenne, 11 juin 1640 (AT III 87, [O VIII 1, 383] B 255) et 28
octobre 1640 (AT III 207, [O VIII 1, 415-416] B 278).
(10) Le Traité des quantités de J.-A. Le Tenneur.
En 1645 Descartes suggère à la princesse Élisabeth de lire le De vita beata de
Sénèque (lettre du 21 juillet, (AT IV 253; O VIII 2, 208; B511) ; voir aussi les lettre
du 4 août 1645 : "Lorsque j'ai choisi le livre de Sénèque De vita beata, pour le
proposer à Votre Altesse comme un entretien qui lui pourrait être agréable, j'ai eu
seulement égard à la réputation de l'auteur et à la dignité de la matière, sans penser à
la façon dont il la traite, laquelle ayant depuis considérée, je ne la trouve pas assez
exacte pour mériter d'être suivie." (AT IV, 263, [O VIII 2, 209] B 514), et du 18 août
1645 : "J'ai dit ci-devant ce qu'il me semblait que Sénèque eût dû traiter en son livre ;
j'examinerai maintenant ce qu'il traite." (AT IV, 271-272; O VIII 2, 224; B 517).
Descartes expose les premières esquisses de sa théorie des passions dans trois lettres
à Élisabeth : 1 septembre 1645 (AT IV 281-287; O VIII 2, 219-223; B 524) ; 15
septembre 1645 (AT IV, 290-296; O VIII 2, 225-2231; B 519) ; 6 octobre 1645 (AT
IV, 304-317; O VIII 2, 231-239; B526).
Le commencement du livre est annoncé dans la lettre à la princesse du 3 novembre
1645 : "J'ai pensé ces jours au nombre et à l'ordre de toutes ces passions, afin de
pouvoir plus particulièrement examiner leur nature ; mais je n'ai pas encore assez
digéré mes opinions, touchant ce sujet, pour les oser écrire à Votre Altesse, et je ne
manquerai de m'en acquitter de plus tôt qu'il me sera possible." (AT IV, 331; O VIII
2, 242; B 529).
Un première version du livre est terminée au début de 1646 (lettre d'Élisabeth du 25
avril) : "Cela m'a empêché jusqu'ici de me prévaloir de la permission, que vous
m'avez donnée, de vous proposer les obscurités que ma stupidité me fait trouver en
votre Traité des passions (3), quoiqu'elles sont [sic] en petit nombre, puisqu'il
faudrait être impassible, pour ne point comprendre que l'ordre, la définition et les
distinctions que vous donnez aux passions, et enfin toute la partie morale du traité,
passent tout ce qu'on a jamais dit sur ce sujet." (AT IV 404; O VIII 2, 252; B 554).
(3) Descartes s'était rendu le 7 mars à La Haye (à Chanut, 6 mars 1646, AT IV, 376 l.
11, [O VIII 2, 252] B 545) et avait pu y laisser à la princesse une copie manuscrite de
son Traité des passions de l'âme.
Voir aussi la lettre à Élisabeth du mai 1646: "Je reconnais, par expérience, que j'ai eu
raison de mettre la gloire au nombre des passions (2) ; car je ne puis m'empêcher
d'être touché, en voyant le favorable jugement que fait Votre Altesse du petit traité
que j'en ai écrit (3) Et je ne suis nullement surpris de ce qu'elle y remarque aussi des
défauts, parce que je n'ai point douté qu'il n'y en eût en grand nombre, étant matière
que je n'avais jamais ci-devant étudiée, et dont je n'ai fait que tirer le premier crayon
(4), sans y ajouter les couleurs et les ornements qui seraient requis pour la faire
paraître à yeux moins clairvoyants que ceux de Votre Altesse." (AT IV 407; [O VIII
2, 254] B 556).
(2) Passions de l'âme III § 204 (AT XI, 482).
(3) Voir lettre à Élisabeth, 25 avril 1646 (AT IV, 404; [O VIII 2, 252] B 554).
(4) Au sens d' « esquisse ».
Le 20 novembre 1647 Descartes envoi une copie manuscrite de son livre à la Reine
Christine de Suède : "J'ai appris de Monsieur Chanut (2) qu'il plaît à Votre Majesté
que j'aie l'honneur de lui exposer l'opinion que j'ai touchant le Souverain Bien,

79 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

considéré au sens que les philosophes anciens en ont parlé ; et je tiens ce


commandement pour une si grande faveur, que le désir que j'ai d'y obéir me détourne
de toute autre pensée, et fait que, sans excuser mon insuffisance, je mettrai ici, en
peu de mots, tout ce que je pourrai savoir sur cette matière." (AT V, 81-82; O VIII 2,
311; B 631).
(...)
"J'omets encore ici beaucoup d'autres choses, parce que, me représentant le nombre
des affaires qui se rencontrent en la conduite d'un grand royaume, et dont Votre
Majesté prend elle-même les soins, je n'ose lui demander plus long audience. Mais
j'envoie à Monsieur Chanut quelques écrits (4), où j'ai mis mes sentiments plus au
long touchant la même matière, afin que, s'il plaît à Votre Majesté de les voir, il
m'oblige de les lui présenter, et que cela aide à témoigner avec combien de zèle et de
dévotion, je suis..." (AT V 87-88; O VIII 2, 314; B 631).
(2) Voir lettre de Chanut, 21 septembre 1647 (AT V, 89-90, B 628; lettre résumée par
Descartes à Élisabeth, 20 novembre 1647, AT V 89-92, [O, VIII, 2, 289-290] B633).
(4) Les Passions de l’âme et plusieurs lettres envoyées à Élisabeth (21 juillet 1645,
AT IV 251-253, [O VIII 2, 207-209] B511 ; 4 août 1645, AT IV 263-268, [O VIII 2,
209-212] B514; 18 août 1645, AT IV 271-278, [O VIII 2, 214-218] B517; 1er
septembre 1645, AT IV, 281-287, [O VIII 2, 219-223] B517; 15 septembre 1645, AT
IV, 290-296, [O VIII 2, 225-229] B521, et, en partie, 6 octobre 1645, AT IV,
304-317, [O VIII 2, 231-239] B 526); à Élisabeth, 20 novembre 1647 (AT V, 90 l.
25-91 l. 3, [O VIII 2, 289-290] B 633).
Descartes fait ses dernières modifications entre avril et août 1649 : "Pour le traité des
Passions, je n'espère pas qu'il soit imprimé qu'après que je serai en Suède (3); car j'ai
été négligent à le revoir et y ajouter les choses que vous avez jugé y manquer,
lesquelles l'augmenteront d'un tiers ; car il contiendra trois parties, dont la première
sera des passions en général, et par occasion de la nature de l'âme, etc., la seconde
des six passions primitives, et la troisième de toutes les autres." (AT V, 354; O VIII
2, 725; B 697).
"L’accroissement d’environ un tiers n’implique pas nécessairement que le contenu de
la troisième partie y ait été ajouté en totalité : les développements sur la générosité,
et les conclusions générales du Traité n’étaient-ils pas au moins ébauchés dans cette
« partie morale » qui satisfaisait si fort Élisabeth (3) ? Mais les observations de détail
de la Princesse concernaient essentiellement la seconde partie actuelle (4)."
(Genèvieve Rodis-Lewis, Introduction à son édition de Les passions de l'âme, Paris:
Vrin, 2010, p. 26 (première édition 1994).
(3) 25 avril 1646, AT IV, 404 [O VIII 2, 252; B 554].
(4) Ch. Adam avait d’abord rapporté une remarque d’Élisabeth à l’art. 170 (AT IV,
414, note), mais la langueur est déjà évoquée dans les articles 119 à 121 (AT XI,
298). La seconde partie, sous sa forme définitive, amorce plusieurs renvois à la
troisième, précisément à propos de la générosité (art. 83, 145).
55. ———. 1649. La naissance de la paix. Ballet.
Texte d'un ballet dansé au château royal de Stockholm le jour de la naissance de
Christine de Suède le 18 décembre 1649.
AT (nouvelle édition) V 616-627; B op. II, 1412-1435.
La première édition (Stockholm, Jean Janssonius, 1649 disponible à l'adresse :
diglib.hab.de/wdb.php?dir=drucke/20-4-quod-2f-6) à été découverte par Johan
Nordström dans la Bibliotheca Carolina Rediviva de Uppsala et publiée par lui et
Albert Thibaudet avec le titre: Un Ballet de Descartes. La Naissance de la Paix,
Revue de Genève, pp. 173-185 (avec une introduction de A. Thibaudet (pp. 161-170)
et une note de J. Nordström (pp. 171-172).

80 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

L'authenticité de cet écrit a été déniée par Richard A. Watson, "René Descartes n'est
pas l'auteur de la Naissance de la paix", Archives de Philosophie, 53, 1990, pp.
389-401 et Descartes's Ballet. His Doctrine Of the Will and His Political Philosophy,
St. Augustine's Press, South Bend, 2007 (avec la traduction du texte) et par Matthijs
van Otegem, A Bibliography of the Works of Descartes (1637-1704), Utrecht:
Proefschrift Universiteit, 2002, vol. II, pp. 731-735.
Geneviève Rodis-Lewis a défendu l'authenticité de l'œuvre (contra Watson) dans:
"Gli ultimi scritti di Descartes", traduit en italien par Leon Ginzburg, Discipline
Filosofiche, 1993, pp. 15-42, version française dans : G. Rodis-Lewis, Le
développement de la pensée de Descartes, (recueil d'articles), Paris: Vrin, 1997, pp.
203-223.
56. ———. 1649. Projet de comédie (Extraits de Baillet).
Baillet II, 407-408 (le texte est perdu); AT XI 661-662; B Op II, 922-923.
"Nous avons pareillement une espèce de Comédie française, qu'il fit en prose mêlée
de quelques vers, pendant son séjour à la Cour de Suède. Ce fut l'un des fruits de
l'oisiveté où la Reine le retint durant l'absence de l'Ambassadeur de France, dont elle
attendait le retour. La pièce est imparfaite, et le quatrième Acte ne paraît pas même
achevé. Elle a tout l'air d'une Pastorale ou Fable bocagère. Mais quoiqu'il semble
avoir voulu envelopper l'amour de la Sagesse, la recherche de la Vérité, et l'étude de
la Philosophie, sous les discours figurez de les personnages ; on peut dire que tous
ces mystères seront assez peu importants au Public, tant qu'il jouira des autres écrits,
où M. Descartes s'est expliqué sans mystères. » (Baillet II, 407)
57. ———. 1650. Projet d'une académie à Stockholm (Extraits de Baillet).
AT XI 663-665; Baillet II, 411-413; B Op. II, 925-929.
C'est le dernier écrit de Descartes (1 février 1650).
"...La Reine, qui ne songeait à rien moins qu'à l'incommoder, l'obligea, dans le fort
de la maladie de M. l'Ambassadeur, de retourner encore au Palais après-midi pendant
quelques jours, pour prendre avec elle la communication d'un dessein de Conférence
ou d'Assemblée de Savants, qu'elle voulait établir en forme d'Académie, dont elle
devait être le chef et la protectrice. Elle regarda M. Descartes comme l'homme du
meilleur conseil qu'on put écouter sur cet établissement, et elle le choisit pour en
dresser le plan et pour en faire les règlements. Il lui porta le mémoire qu'il en avait
fait, le premier jour de Février, qui fut le dernier qu'il eut l'honneur de voir la Reine."
(Baillet II, p. 411).

81 di 82 19/02/2019, 17:07
Empty page https://www.ontology.co/biblio-pdf/descartes-oeuvres-pdf.htm

NOTE TO THE READERS

Because of its size this page is available only in PDF format.

The online version is available at these addresses:

René Descartes. Bibliographie Chronologique et Annotée (Première Partie: 1616-1640):


https://www.ontology.co/fr/descartes-oeuvres.htm

René Descartes. Bibliographie Chronologique et Annotée (Deuxième Partie: 1641-1650):


https://www.ontology.co/fr/descartes-oeuvres-2.htm

Other pages on Descartes's philosophy:

In English:

Descartes. Bibliographies, Concordances, Dictionaries, Lexica: https://www.ontology.co/biblio


/descartes-search-tools.htm

Bibliography of the studies in English on Descartes' philosophy: https://www.ontology.co


/biblio/descartes-biblio.htm

In French:

Descartes: Biographies, Bibliographies, Dictionnaires, Lexiques: https://www.ontology.co


/fr/descartes-outils.htm

Bibliographie des études en français sur la philosophie de Descartes: https://www.ontology.co


/fr/descartes-biblio-fr.htm

Bibliographie des études sur les Regulae ad directionem ingenii et la recherche de la mathesis
universalis: https://www.ontology.co/fr/mathesis-universalis-descartes-biblio.htm"

82 di 82 19/02/2019, 17:07

Vous aimerez peut-être aussi