Travail Ce Que Veulent Les Jeunes

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 2

Travail 

: ce que veulent les jeunes


Les Echos.fr

Jean-Michel Caye / directeur associé au Boston Consulting Group Le 30/08 à 14:00

LE CERCLE/POINT DE VUE - Une nouvelle génération


entre sur un marché de l'emploi en pleine mutation.
Nouveau rapport au travail, nouvelles exigences… quelles
sont les attentes des jeunes actifs ?
Cinquante ans  après mai 1968, quelles sont les aspirations de nos jeunes ? Si la nouvelle
génération paraît bien plus silencieuse et moins revendicative que son aînée, la révolution
qu'elle opère, en particulier dans son rapport au travail, n'en est pas moins toute aussi
profonde : en quête de sens, de bien-être, les nouveaux talents, loin de rechercher un emploi à
vie, sont avides d'expériences diverses, et cherchent, pour 72 % d'entre eux à exercer une
activité en phase avec leurs valeurs, selon notre étude réalisée en partenariat avec Ipsos.

Témoin de l'ascension fulgurante d'entrepreneurs starifiés, la génération de jeunes actifs,


adepte de flexibilité, glisse aisément d'une structure à l'autre, accordant, dans 84 % des cas,
une importance déterminante à l'équilibre entre les vies personnelle et professionnelle. Un
monde du travail, en proie donc à des bouleversements massifs, où drainer les CV les plus
performants et créatifs, tout en repensant les rôles des collaborateurs internes, est
indispensable à la compétitivité des entreprises.

Plusieurs vies professionnelles

Les individus de la génération Y exerceront, au cours de leurs carrières, en moyenne trois


métiers et connaîtront une douzaine d'entreprises. Beaucoup passeront en outre du statut de
salarié à celui de free-lance ou d'autoentrepreneur avant de redevenir salariés. Si certaines
sociétés commencent à prendre conscience de cette évolution essentielle, un grand nombre n'a
pas encore pleinement saisi l'ampleur de cette mutation.

Par ailleurs, selon nos chiffres, pas moins de 66 % des représentants de la génération Y sont
persuadés, d'atteindre, un jour, les hautes sphères de leurs organisations : cela fait peu d'élus
pour beaucoup d'appelés... et donc des déçus potentiels ! Autre donnée majeure : si un certain
nombre de jeunes commencent leurs carrières en tant que salariés, nos statistiques montrent
qu'ils sont nombreux à ne pas exclure une reconversion vers l'entrepreneuriat dans les années
à venir.

Sensibles aux contraintes

Ce nouvel état d'esprit transforme le rapport au travail. De plus en plus, le jeune actif se pense
comme une petite entreprise, avec un bilan (les compétences accumulées, son employabilité)
et un compte de résultat, composé de deux dimensions : l'argent gagné et l'équilibre entre les
temps de vie.
Ce dernier élément est particulièrement important dans la définition des aspirations des Y : ils
n'aiment pas la contrainte. Ils veulent, par exemple, pouvoir travailler de chez eux ou bien
venir à vélo au bureau. Ajoutons d'autre part que la flexibilité les effraie moins que leurs
aînés : ils évoluent dans un univers où ils ont vu des youtubeurs devenir riches grâce à trois
mouvements de gymnastique, ont été les témoins de l'ascension fulgurante de Mark
Zuckerberg et de bien d'autres...

Mutation de l'emploi

À cette mutation des aspirations s'additionne celle, toute aussi profonde, de la nature même du
travail :  les deux tiers des métiers actuels vont changer radicalement, ou disparaître dans les
dix années à venir. Et ce, pour le meilleur comme pour le pire. Car, si de nombreux postes
sont appelés à être sacrifiés sur l'autel de la numérisation, l'intelligence artificielle donnera
accès à l'emploi à des personnes qui, dans le monde d'aujourd'hui, n'ont pas les compétences
requises.

Par exemple, un réfugié ne parlant pas notre langue pourra, dans quelque temps, exercer dans
une usine digitalisée. Dans bien d'autres cas, l'IA permettra d'augmenter les capacités des
collaborateurs.

Le problème de cette mue du travail réside essentiellement dans sa rapidité. Nous n'avons pas
30 ni 20 ans pour nous adapter à ce grand bouleversement, mais moins de 10 ans. Une
destruction massive d'emplois s'annonce, alors que, pour l'heure, aucun système éducatif n'est
en mesure de former les nouveaux talents techniques dont les entreprises ont pourtant un
besoin criant.

Les changements sont trop soudains pour permettre aux universités et grandes écoles
d'adapter leurs programmes. Plutôt que de préparer leurs étudiants aux métiers existants, mais
pour beaucoup appelés à disparaître ou à être modifiés radicalement, l'enseignement supérieur
doit transmettre avant tout des capacités d'évolution.

Jean-Michel Caye est directeur associé au Boston Consulting Group.

Vous aimerez peut-être aussi