Lettres de Madame de Sevigne PDF
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Bussy-Rabutin(1618-1693). « Il n’y a point de femme qui ait plus d’esprit qu’elle, et fort
peu qui en aient autant ; sa manière est divertissante ; il y en a qui disent que, pour une
femme de qualité, son caractère est un peu trop badin. […] Elle aime généralement tous les
hommes ; quelque âge, quelque naissance et quelque mérite qu’ils aient et de quelque
profession qu’ils soient, tout lui est bon. »
Mlle de Scudéry (1607-1701). « Jamais nulle autre personne n’a su mieux l’art d’avoir de
la grâce sans affectation, de l’enjouement sans la folie, de la propreté (= ordre, netteté)
sans contrainte, de la gloire sans orgueil et de la vertu sans sévérité. »
Saint-Simon (1675-1755). « Cette femme, par son aisance, ses grâces naturelles, la
douceur de son esprit, en donnait par sa conversation à qui n’en avait pas et savait
extrêmement de toutes sortes de choses, sans vouloir jamais paraître savoir rien. »
Cependant, avec le jugement hâtif de Voltaire, une image se fixe et restera longtemps
l’opinion commune.
Voltaire (1694-1778). « Mme de Sévigné, la première personne de son siècle pour le style
épistolaire, et surtout pour conter des bagatelles avec grâce ; ses lettres, remplies
d’anecdotes, écrites avec liberté et d’un style qui peint et anime tout, sont la meilleure
critique des lettres étudiées où l’on cherche l’esprit ».
Enfin, les grands auteurs du XXe siècle savent découvrir dans les Lettres une annonce de la
sensibilité littéraire moderne, orientée vers le romanesque.
Proust (1871-1922). Pour lui, les missives cherchent moins à reproduire le monde qu’à le
recréer par le biais des sensations et des émotions.
« Tout en la lisant, je sentais grandir mon admiration pour Mme de Sévigné. Il ne faut pas
se laisser tromper par des particularités purement formelles qui tiennent à la vie de
l’époque, à la vie de salon et qui font que certaines personnes ont fait leur Sévigné quand
elles ont dit « Mandez-moi, ma bonne », « Ce comte me parut avoir bien de l’esprit », ou
« Faner est la plus jolie chose du monde !»
Je me rendis compte qu’elle nous présente les choses dans l’ordre de nos perceptions, au
lieu de les présenter par leur cause… ».
Biographie
Marie de Rabutin-Chantal naquit le 5 février 1626, place Royale (place des Vosges) à Paris.
Elle était la petite-fille de la future sainte Jeanne de Chantal, qui fonda l'ordre de la Visitation
avec François de Sales. Son père Celse-Bénigne de Rabutin fut tué au combat quand elle avait
un an. Sa mère Marie de Coulanges mourut six ans plus tard. Orpheline à sept ans, elle fut
élevée par sa famille maternelle dont elle reçut une excellente instruction, fondée
essentiellement sur les belles lettres et l’étude des langues. Elle épousa en 1644 Henri de
Sévigné, un jeune noble d’origine bretonne, fort beau mais aussi infidèle et belliqueux.
Le jeune couple passe pour avoir mené une vie joyeuse, à en croire les témoignages de deux
contemporains, Tallemant des Réaux et Bussy-Rabutin, cousin de la marquise. Mme de
Sévigné fréquentait à Paris une société choisie, en particulier celle de l'hôtel de Rambouillet,
où elle se lia d'amitié avec La Rochefoucauld, le cardinal de Retz ou encore Fouquet.
Le marquis Henri de Sévigné mourut lors d'un duel en 1751, à l'âge de vingt-huit ans, pour
les beaux yeux d'une maîtresse.
La marquise se retrouva veuve à vingt-cinq ans avec 2 enfants à élever : Françoise
Marguerite, (née en 1646) qu'elle considérait comme « la plus jolie fille de France » et qui fit
de brillants débuts à la cour ; Charles, (né en 1648) dont elle subit les frasques de jeune
homme avec une grande indulgence.
Profitant de la liberté apportée par son veuvage, Madame de Sévigné passa moins de temps
en Bretagne et s'installa à Paris. Turenne et les ministres Servien et Fouquet éprouvaient pour
elle une amitié amoureuse. Madame de Lafayette qui sera son amie et sa rivale l'évoqua parmi
les personnages de l'un de se recueils. Et Mlle de Scudéry s'inspira d'elle pour l'un des
personnages de Clélie.
Malgré les diverses occasions qu'elle eut de se remarier, elle décida de se consacrer à sa vie
mondaine, et plus encore à l'éducation de ses enfants.
Après leur avoir assuré une enfance choyée, garantir un bon mariage à sa fille et une
honorable situation à son fils devint son but principal et l'incita à profiter de toutes les
relations qu'elle pouvait avoir à la Cour.
« Dieu merci, nous avons l’hôtel de Carnavalet. C’est une affaire admirable : nous y
tiendrons tous, et nous aurons le bel air. » (Lettre du 7 octobre 1677)
Mme de Sévigné, née place des Vosges, y passa son enfance, et resta fidèle au quartier toute
sa vie. Elle déménagea six fois avant de louer, en 1677, l'hôtel Carnavalet. Commencé en
1548 pour Jacques des Ligneris, président au parlement de Paris, l’hôtel fut achevé vers 1560.
Il comprenait à l’origine un grand corps de logis entre cours et jardin et un bâtiment plus bas,
séparant la cour de la rue, relié au corps de logis par deux ailes basses, formant galeries
ouvertes en arcades sur la cour. Sur la façade on voit toujours les splendides reliefs – les
quatre saisons – placés entre les croisées de l’étage noble, dus sans doute à Jean Goujon. En
1578, l’hôtel fut acquis par la veuve de François de Kernevenoy, gentilhomme breton dont le
nom fut francisé en Carnavalet. La demeure fut remaniée dans les années 1650-1660 par
François Mansart, et c’est cet état que connut Mme de Sévigné, locataire des lieux jusqu’à sa
mort. L’hôtel fut acquis en 1866 par la ville de Paris pour y installer un musée de la capitale.
Le courrier à l’époque.
La lecture de la correspondance de la Marquise avec sa fille permet de comprendre comment
fonctionnait la poste. Les courriers (on les appelait les « ordinaires »), partaient à date fixe de
Paris pour la province. Ils mettaient cinq jours pour aller en Provence, dix pour apporter une
lettre de Provence aux Rochers. Mme de Sévigné donnait ses lettres les mercredis et les
vendredis : elle recevait celles de sa fille les lundis et les vendredis. Louvois, nommé
surintendant des Postes en 1668, avait organisé la poste en monopole d’Etat, ce qui
garantissait le départ et l’arrivée du courrier à dates fixes.
Mme de Grignan
Née en 1646 à Paris, Françoise-Marguerite avait hérité de ses parents sa grâce et sa beauté.
Après trois années de gloire (de 1663 à 1665) à la Cour de Louis XIV, figurant dans toutes les
fêtes du début de règne, elle connut une disgrâce précoce pour avoir refusé les avances du
Roi ; elle épousa en 1669 le comte de Grignan, qui fut bientôt nommé lieutenant général de
Louis XIV en Provence. Après avoir donné naissance à sa première fille, elle laissa Marie-
Blanche à sa mère et partit rejoindre son mari dans le midi.
Madame de Sévigné supporta difficilement la séparation d'avec sa fille.
Le 6 février 1671, quand Mme de Sévigné écrivit à la comtesse, qui l'avait quittée deux jours
plus tôt, elle avait quarante-cinq ans depuis la veille. Débuta alors une correspondance entre
une mère et sa fille qui allait durer un quart de siècle.
Mais des dissonances étaient apparues entre les deux femmes bien avant la séparation,
conflits liés à leur caractère réciproque. Mme de Sévigné espérait que leur éloignement
dissiperait cette mésentente.
Le 5 octobre 1673, Mme de Sévigné, qui venait de passer de passer quatorze mois auprès de
sa fille, rejoignait Paris.
Mme de Sévigné désignait la sincérité comme qualité essentielle des lettres reçues et
envoyées. Le souci d'authenticité l'emportait sur la recherche formelle et le respect des
conventions épistolières fixées alors. Elle revendiquait son « style négligé », sans correction
ni révision, d'une manière spontanée et rapide.
Mme de Sévigné ne parlait pas seulement de ses sentiments à l'égard de sa fille ; elle lui
contait aussi les évènements plus ou moins futiles dont elle était témoin.
La marquise était aussi très attentive à la mode féminine de son époque. Elle renseigne dans
la lettre suivante sa fille sur la nouvelle coiffure en vogue à Paris.
(Fontaine : fontanelle.
Partagée à la paysanne : présentant une raie au milieu.
Bourrelet : tortillon de cheveux ramassés en chignon.
Emportent : séduisent.
Chère : précieuse)
Elle explique à sa fille, enceinte, les risques que peut lui faire courir ce poison.
Lettre du 13 mai 1671
Je vous en conjure, ma très chère bonne et très belle, de ne point prendre de chocolat, je
suis fâchée avec lui personnellement. Il y a huit jours, j'eus seize heures durant une colique
qui me fit toutes les douleurs de la néphrite. En l'état où vous êtes, il vous serait mortel.
La marquise ayant eu une crise de rhumatisme en janvier 1676, les médecins lui ordonnent
au printemps suivant une « saison » à Vichy ; elle y découvre la douche.
En 1690, la marquise de Sévigné, rejoignit sa fille à Grignan, qui devait affronter la maladie et
des difficultés financières. Elle ne la quitta plus et mourut près d'elle le 17 avril 1696, à 70
ans.
Bibliographie.
Sites.