Modernisation Directeur de Publication R

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Modernisation de l’Administration et Réforme de l’Etat : des

concepteurs et techniciens de la Réforme au Maroc et en


France s’expriment

Conférence-débat « Regards croisés sur la modernisation


de l’Administration Publique »

• L'évaluation du secteur financier Marocain dans le cadre


du programme FSAP
• Séminaire sur le Règlement des différends dans le cadre de
l’Accord de Libre-Echange entre le Maroc et les Etats-Unis

Ouverture du restaurant au sein de siège du MEF

Le Conseil de Formation tient sa 8ème session


Avant Propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Évènements
Espace d’échanges entre les techniciens Marocains et Français de la Réforme Budgétaire
et de la Dépense Publique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Organisation de l’atelier technique de préparation du Rapport Genre 2009 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Ateliers sur la Réforme Budgétaire axée sur les Résultats, intégrant la « dimension Genre » : renforcement
des compétences des départements ministériels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Dossier
La Réforme Budgétaire au Maroc : levier et accélérateur de la Réforme de l’Etat (Interview) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
La LOLF de 2001 : une « révolution » pour le budget français (Interview) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Revue Trimestrielle du Ministère de La Réforme Budgétaire : impact sur les rôles des acteurs de la dépense publique et conditions
l’Economie et des Finances de réussite (Interview) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) : un nouvel avatar de la Réforme de l’Etat (Interview). . . 23
Les Réformes, l’évaluation des politiques publiques et le rôle du Ministère de l’Economie
et des Finances (Interview) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Directeur de Publication
Omar FARAJ, La Réforme Budgétaire : élément indispensable et essentiel pour la Réforme de l’Administration
Directeur des Affaires Administratives et Générales Publique et de l’Etat (Interview) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
La Douane marocaine : une administration engagée sur la voie du renforcement de ses capacités . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Directrice de Rédaction
Naima MEZIANE BELFKIH,
Chef de la Division de la Communication et de Actualité
l’Information à la DAAG
Activités de Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances ......................................................... 39
Rédactrice en Chef L'évaluation du secteur financier Marocain dans le cadre du programme FSAP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Malika OUALI,
Chef du Service des Publications à la DAAG Séminaire sur le Règlement des différends dans le cadre de l’Accord de Libre-Echange entre
le Maroc et les Etats-Unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Comité de Rédaction OCDE / PPP : focus sur l’expérience marocaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Fatiha CHADLI, Karim BEN YAKOUB
Solidarité collective et responsabilité individuelle : piliers de la Réforme du système de retraite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Comité des Publications
Les Représentants des Directions du Ministère
Services
et Organismes Sous Tutelle.
Fonctionnaires du MEF : bon appétit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Infographie Des conventions pour promouvoir l'action sociale au sein du MEF ....................................................... 54
Abdessamad BOUNNAR

Impression Carriére
Administration des Douanes et Impôts Indirects
Le Conseil de Formation tient sa 8ème session . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Diffusion
My. Mustapha DRISSI
Tribune Libre
Les services électroniques et la protection des données personnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

Direction des Affaires Administratives et Générales


Boulevard Mohammed V, Quartier Administratif, Rabat Chellah Repères
Tél. : (212) 37 67 72 25 / 29 - Fax : (212) 37 67 72 26
Aperçu sur la situation économique et financière pour août 2008 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Portail Internet : http://www.finances.gov.ma
Portail Intranet : http://maliya.finances.gov.ma
Avant-propos

L
a Réforme de l’Etat et la modernisation de l’Administration ont toujours été au cœur de l’actualité.
Suscitées par les changements connus par les Etats dans leurs structurations et dans leurs fonc-
tions, et par les mutations économiques et sociales qu’imposent les évolutions des sociétés, elles
reviennent tout au long de l’histoire moderne et constituent un des éléments du débat public de par le
monde.

Aujourd’hui, ces thèmes qui demeurent au centre des préoccupations de tous les pays, à des degrés et
des rythmes différents, ont été confrontés à un mouvement de Réforme. A ceci deux arguments : le
coût budgétaire jugé excessif de la Fonction Publique et évolution de la culture économique et politi-
que des citoyens qui préféreraient choisir leurs prestations, selon leur qualité et leur volonté.

Au Ministère de l’Economie et des Finances, le sujet est d’importance. Dès le départ, le MEF a été au cen-
tre des différentes Réformes menées au Maroc : partant de celles déclenchées par la crise des finances
publiques des années 80, passant par la mise en œuvre du Programme d’Ajustement Structurel (PAS),
aux différentes réformes de libéralisation et d’ouverture de l’économie et les réformes de l’Administra-
tion Publique. Ce processus a été accéléré durant la dernière décennie, où les finances publiques ont
eu une place centrale.

Soucieux de garantir une meilleure gestion de ses finances, le MEF a engagé un certain nombre de
réformes et s’est ouvert sur les expériences similaires menées par d’autres pays, pour en tirer les
renseignements nécessaires, notamment celle de la France qui a connu la Réforme Budgétaire avec
la « LOLF » et actuellement la « Révision Générale des Politiques Publiques » dans le cadre de la
Réforme de l’Etat menée par le nouveau Gouvernement.

Dans ce sens, notre département a abrité, le 10 avril 2008, une conférence sur le thème : « regards croi-
sés sur la modernisation de l’Administration Publique » animée par des concepteurs et techniciens de
la Réforme au Maroc et en France.

Considérant la richesse de ces échanges, « AL MALIYA » y a réservé sa rubrique « Evénements », ainsi


qu’à deux autres événements organisés par le Ministère dans le cadre de la mise en place de la Réforme
Budgétaire accès sur les Résultats et intégrant la « dimension Genre ».

Elle a par ailleurs approché certains des intervenants, aussi bien marocains que français, afin de donner
des éclaircissements sur les démarches poursuivies pour la mise en place de ces réformes, leurs conte-
nus, l’état d’avancement et leurs perspectives d’évolution. Ceci en posant la problématique du lien
entre Réforme Administrative, Réforme des Finances Publiques et Réforme de l’Etat, tout en faisant une
lecture parallèle des expériences marocaine et française.

Les propos recueillis par « AL MALIYA » alimentent sa rubrique « Dossier » qui est complétée, à titre d’il-
lustration, par les efforts de l’Administration des Douanes et Impôts Indirects en matière de mise en
œuvre des Réformes.

La rubrique « Actualité », revient quant à elle sur les principales activités du Ministère, en réservant un
espace aux activités phares de Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances.

La rubrique « Carrière » traite des travaux de la 8ème session du Conseil de la Formation du Ministère
qui ont porté sur le bilan de la formation ainsi, que sur l’Institut de Formation des Finances.

La rubrique « Services » de ce numéro présente deux importantes réalisations du MEF en matière d’ac-
tion sociale : la signature de plusieurs conventions pour la promotion de cette action, et l’ouverture du
nouveau restaurant au profit du personnel du Ministère.

AL MALIYA n°43 août 2008 3


Conférence-débat « Regards croisés sur la modernisation
EVENEMENTS de l’Administration Publique »

Espace d’échanges entre les techniciens Marocains et


Français de la Réforme Budgétaire et de la Dépense Publique

Les participants à la Conférence-débat co-organisée, le 10


Avril 2008, par le Ministère de l’Economie et des Finances
et l’Agence de Coopération Technique Internationale des
Ministères français chargés de l’Economie et du Budget
(ADETEF), avec l’appui de l’Ambassade de France au Maroc,
ont qualifié la modernisation de l’Administration de « vec-
teur d’amélioration de la compétitivité d’un pays », et ont
relevé la similitude des réformes menées au Maroc et en
France en termes d’objectifs visés, et leur différentiation
en termes d’approches utilisées.

L
a Conférence-débat « Regards croisés sur
la modernisation de l’Administration
Publique » a réuni les représentants de
différents départements ministériels, des Ins-
pections Générales Ministérielles, des Organi-
sations Internationales. Elle a constitué de ce
fait un espace de rencontres et d’échanges
entre ces dernièrs avec les « concepteurs » et
les « techniciens » des Réformes en cours au
sein des ministères chargés de l'Economie et
des Finances marocain et français.

Le sujet de la modernisation de l’Administra-


tion Publique a été abordé en partant de ce
qui se fait au sein de ces ministères, tout en
mettant l’accent sur le caractère interministé-
riel de la plupart des problématiques traitées.
Ceci selon une démarche caractérisée par Les membres du Panel lors de la séance d’ouverture de la conférence
l’interactivité entre l’animateur de cette
Conférence- débat, M. Rachid MRABET, Direc-
teur de l’ISCAE*, les intervenants, et un par-
terre de participants, acteurs dans la mise en œuvre des diffé- tionnaires publics; (iii) l’actualité des réformes dans les Ministè-
rentes réformes en cours. res Economiques et Financiers.

A l’ordre du jour, trois problématiques importantes, à savoir : (i) Aux termes des débats suscités par ces problématiques, M. Daniel
la rénovation du cadre budgétaire en France et au Maroc, et sa MOREL, Président de l’ADETEF, tout en rappelant le contexte
contribution à la modernisation de l’Administration Publique international actuel marqué par des incertitudes croissantes, a
dans son ensemble; (ii) les dispositifs de mesure de la perfor- mis en exergue l’importance des actions de coopération dans la
mance et les méthodes d’évaluation des politiques publiques réduction de ces incertitudes et la construction d’un espace euro-
mis en place pour accompagner la responsabilisation des ges- méditerranéen plus performant.

* Institut Supérieur du Commerce et d’Aministration des Entreprises/Maroc.

4 AL MALIYA n°43 août 2008


ÉVÈNEMENTS
Par ailleurs, soulignant la qualité de la coopération entre les Le principal changement pour les administrations, note-t-on
deux pays en matière de modernisation de l’Administration dans l’intervention de M.F. MORDACQ, est l'introduction des
Publique, et surtout dans le domaine des Finances Publiques, notions d'objectifs et de mesure des résultats. Selon la LOLF,
il a appelé à son renforcement en précisant que « l’efficacité a-t-il expliqué, à chaque programme, sont désormais associés
de l’Administration est un vecteur de compétitivité d’un pays des objectifs, définis au niveau national et déclinés en objec-
et qu’elle joue un rôle essentiel dans la cohésion sociale ». tifs opérationnels pour les services et les opérateurs mettant
en œuvre les politiques publiques. Pour chaque objectif, des
Clôturant les travaux de cette Conférence-débat, M. Abdeltif indicateurs concrets, pertinents et fiables, mesurent les résul-
LOUDYI, Secrétaire Général du MEF, a également appelé au tats des actions menées. Ces indicateurs sont accompagnés
renforcement de la coopération entre le Maroc et la France en de valeurs cibles, sur lesquelles les responsables de program-
matière de réformes de l’Administration Publique. mes s’engagent pour accroître la performance de leurs
Revenant sur le déroulement de cette rencontre, il a félicité les actions.
organisateurs d’avoir réunit des sommités ayant conçus et
Ainsi, chaque programme sera accompagné d'un projet
menés des réformes dans les deux pays pour un échange
franc et utile. annuel de performance présentant ses coûts, ses objectifs, les
résultats obtenus et attendus pour les années à venir. De la
Il a, en outre, souligné que la réussite et l’efficacité des réfor- même manière, après l'exécution budgétaire, un rapport
mes menées actuellement sont conditionnées par leur cohé- annuel de performance sera joint au programme pour rendre
rence, le degré de leur appropriation par l’ensemble des compte des résultats obtenus et identifier l'écart avec ceux
acteurs concernés et les mesures d’accompagnement qui faci- attendus.
literont cette appropriation.
En dotant les gestionnaires de libertés et de responsabilités
La Réforme, a-t-il ajouté, est un « processus technique », mais nouvelles, la LOLF modernise l’État en profondeur, a égale-
aussi une « responsabilité politique », d’où le rôle important ment souligné, M. F.MORDACQ.
du Parlement et la nécessité de la révision de la Loi Organique
des Finances. En sa qualité d’ex-Directeur Général de la Modernisation de
l’Etat (DGME), M. MORDACQ, interpellé sur le rôle de cette
Première Table ronde : rénovation du cadre bud- structure dans la Réforme de l’Etat, a indiqué que la mise en
gétaire, en France et au Maroc et modernisation place de la DGME a impacté cette réforme et que sa domici-
de l’Administration Publique liation au sein du Ministère chargé du Budget a été suscitée
par la situation difficile des finances publiques françaises,
La relation entre la Réforme Budgétaire et la Réforme de l’Admi-
alourdies par un endettement élevé et un important déficit
nistration Publique et celle de l’Etat était au cœur des discus-
sions de la première table ronde. Les premières questions budgétaire.
posées dans ce sens ont concerné la Loi Organique relative aux
Il a par ailleurs signalé que la Révision Générale des Politiques
Lois de Finances (la LOLF) : est-elle une simple « Loi de procédure
Publiques (RGPP), en cours actuellement en France, est une
et de nomenclature budgétaire » ou le « cadre d’une réforme
seconde phase de ce processus de Réforme.
plus profonde » de la gouvernance et de la gestion publique ?
Par ailleurs, au delà des aspects techniques, en quoi change-t-
Interpellé à son tour sur l’expérience marocaine, et particuliè-
elle vraiment les administrations ? Quels sont les aspects visibles
rement les raisons et la perspective d’une révision de la Loi
de ces changements aujourd’hui en France ?
Organique des Finances au Maroc, M. A. BENNANI, Directeur
Répondant à ces interrogations, M. Frank MORDACQ, Contrôleur du Budget au MEF, a souligné que même si les orientations et
Budgétaire et Comptable du Ministère de l’Economie et des la philosophie sont souvent inspirées par les mêmes concepts,
Finances, et du Ministère du Budget, des Comptes Publics et de le chemin emprunté par le Maroc est différent de celui de la
la Fonction publique en France, a précisé que la Réforme Budgé- France. Celle-ci a opté pour le changement de la législation
taire débouche de la Réforme de l’Etat. Cependant cette avant toute expérimentation, a-t-il expliqué. Le Maroc a choisi
Réforme ne suffit pas à réformer l’Etat. quant à lui une Réforme Budgétaire pragmatique (choix d’ac-
tions et d’objectifs facilement réalisables), progressive (amé-
Abordant la LOLF du 1er août 2001, il a précisé qu’elle découle lioration continue et capitalisation des acquis) et participative
d’une volonté politique et que c’est un texte fixant le nouveau (implication des départements ministériels et d’autres parte-
cadre budgétaire, basé sur trois principaux éléments, à savoir : la naires). Ceci sans changement du cadre juridique la réglemen-
nomenclature budgétaire, qui est désormais présentée en mis- tant, a-t-il fait observer.
sions, programmes et actions (34 missions en 2006, traduites en
134 programmes se déclinant à leur tour en actions). Le budget Il a en outre ajouté qu’actuellement, on est dans une phase de
général de l’État est ainsi passé d'un modèle structuré par nature généralisation de la Réforme Budgétaire avec l’adhésion de 32
de moyens à un modèle structuré par les finalités des politiques des 35 départements ministériels. Portée jusqu’à présent par
publiques. Le deuxième élément concerne la notion de perfor- les techniciens, cette Réforme sera consolidée en 2009 par la
mance, qui consiste à rendre un service public de qualité au révision de la Loi Organique des Finances, a annoncé le Direc-
meilleur coût. Le troisième élément, à caractère technique, teur du Budget. Ce chantier, qui est un engagement du Gou-
concerne la comptabilité générale, fondée sur le rattachement vernement inscrit dans sa déclaration de politique générale,
des charges et des résultats (comme dans une entreprise). est en cours, a-t-il ajouté.

AL MALIYA n°43 août 2008 5


ÉVÈNEMENTS
Sur le même sujet (Loi Organique des Finances), M. B. CHE- d’expérimentation, et ce depuis 1999. L’expérience a été menée
VAUCHEZ, Contrôleur Général Economique et Financier en au niveau des préfectures avec la globalisation et la contractua-
France, interpellé à éclairer l’assistance sur la qualification lisation des crédits, a-t-il précisé.
donnée à la LOLF de 2001 en tant que nouvelle « constitution
financière de l’Etat», a précisé que cette expression se réfère à Revenant sur l’expérience marocaine, M. KHEIDRI, s’est félicité
l’ensemble des règles et principes qui régissent les Finances des progrès notables réalisés en termes de modes et outils de
Publiques (Finances de l’Etat, des Collectivités Locales et dans travail, mais qui butent aux limites imposées par le cadre juri-
certains pays les Finances Sociales). Il a également signalé dique actuel. Argumentant ses propos, il a listé plusieurs limi-
que, parler de la LOLF 2001 en la qualifiant de « constitution tes, à savoir : le niveau de fongibilité des crédits, la pertinence
financière » est un « abus » de propos utilisé pour exprimer et le suivi des indicateurs de performance, le retard dans la
l’ambition de cette Loi, en précisant qu’elle ne couvre que les mise en place de systèmes d’informations et particulièrement
dépenses de l’Etat et ne traite ni de la politique budgétaire, ni la plateforme GID, la non gestion directe de la masse salariale
des finances sociales. par les départements ministériels…
D’autres questions de portée plus générale ont été abordées
Par ailleurs, il a ajouté, que la transcription des règles et prin-
lors des débats de cette table ronde. Elles ont porté notam-
cipes légiférant la gestion des Finances Publiques est souvent
ment, sur les mesures d'accompagnement adoptées pour
faite en fonction des sujets, et leur formalisation dans un seul
mener à bien la Réforme Budgétaire, l’évaluation, voire l’audit
texte est une rareté de par le monde. A titre d’exemple, a-t-il
des résultats de ladite réforme et l’importance de la donne
precisé, dans les pays anglo-saxons et notamment en Grande
culturelle, qui peut-être imposerait le choix d’autres chemins
Bretagne -« mère du Parlement » et « du contrôle parlemen-
de réformes.
taire »-, ces règles et pratiques ne sont pas consignées dans
un texte unique, et pourtant les réformes budgétaires y sont Dans toute réforme, les mesures d’accompagnement sont
les plus concluantes. En Allemagne, ces pratiques et règles nécessaires et conditionnent l’appropriation et l’adhésion par
font partie intégrante de la « constitution » elle-même, a-t-il les acteurs concernés, note-t-on dans les propos des interve-
relevé. nants ayant réagis à ces interrogations.

Signalant que la France dispose, en plus du traité de Maës- Pour le cas du Maroc, la mise en place de la Réforme Budgétaire
tricht, de trois Lois Organiques : la LOLF, celle des Finances a évolué au rythme des départements ministériels, a reprécisé
Sociales et celle des Finances Locales (avec les principes d’au- M. BENNANI et la nomenclature budgétaire a également évolué
tonomie, de péréquation de compensation et de transfert de selon les exigences des projets présentés par ces départements.
charge entre l’Etat et les Collectivités Locales), il a fait remar-
quer que c’est seulement par la codification de l’ensemble des De son coté, M. CHEVAUCHEZ a précisé que la Réforme Budgé-
textes qui règissent la gestion des Finances Publiques qu’on taire s’est accompagnée d’une évolution du rôle des principaux
pourra disposer d’une « constitution financière ». acteurs du contrôle et du pilotage des Finances Publiques de
l’État. Le Parlement s’est vu confier de nouvelles responsabilités
Pour la mise en place du « Budget de Performance », le Maroc et le rôle de la Cour des Comptes a été renforcé, notamment en
a suivi un parcours différent, a tenu à rappeler M. CHEVAU- matière de contrôle et d’évaluation.
CHEZ : Il l’a fait dans un esprit d’engagement total et dans le
Toutefois, a-t-il signalé, la question de la gestion des ressources
cadre des possibilités offertes par la réglementation en
humaines n’a pas été considérée au début de la mise en place des
vigueur. Après l’expérimentation, la réflexion est actuellement
réformes, quoique la Réforme de l’Etat et de l’Administration
lancée pour la révision de la LOF, a-t-il précisé.
Publique est conditionnée par celle de la Fonction Publique.
Sur la base des expériences vécues et du suivi de ce qui s’est fait
au Maroc, M. CHEVAUCHEZ s’est interrogé sur le contenu de la Deuxième table ronde : mesure de la performance
future LOF : est-ce une simple confortation, codification et clari- publique, analyse et évaluation des politiques
fication des situations et expériences qui existent déjà, ou bien publiques
le législateur marocain profitera de cette révision pour ouvrir Lors de la deuxième table ronde, les questions de la mesure de
une nouvelle frontière à l’évolution des Finances Publiques la performance et de l’évaluation des politiques publiques,
marocaines, en traitant de sujets plus techniques, à savoir : la des organes, outils et démarches utilisés ont été abordées par
budgétisation des salaires, la comptabilité des entreprises, la les différents intervenants.
responsabilité des gestionnaires avec un cadrage administratif
et juridique précis ? Il a également souligné que lors de cette Dans ce sens, M. Pierre LUBEK, Inspecteur Général des Finances
révision, il serait judicieux de prendre en compte la décentrali- et Président du Comité Interministériel d’Audit des Program-
sation, la déconcentration et le rôle du Parlement dans le pro- mes (CIAP), a expliqué les raisons de création de ce Comité, à
cessus d’élaboration et de vote de la Loi de Finances. savoir : la complexité de la mise en œuvre de la LOLF 2001 et les
nombreux risques que cette mise en place peut engendrer,
Réagissant aux différentes interventions et continuant sur les ainsi que la préoccupation de donner plus de garantie à la per-
parcours différents de l’expérience marocaine et française en tinence et à la validité des résultats de performance annoncés
matière de Réforme Budgétaire, M. Mostafa KHEIDRI, Directeur par les départements dans leurs programmes.
des Affaires Administratives au Ministère de l’Intérieur, a relevé
la similitude entre les deux expériences, en rappelant qu’en Dispositif indépendant, il réunit actuellement 17 membres
France, la Réforme Budgétaire est passée aussi par une phase des corps d'inspection ou de contrôle rattachés à chaque

6 AL MALIYA n°43 août 2008


ÉVÈNEMENTS
ministère (à raison d'un membre par ministère), et a pour mis- ainsi que l’association de consultants privés aux équipes consti-
sions d’accompagner la mise en œuvre de la LOLF et de pro- tuées à cet effet, et qui sont pilotées par des IGF.
poser les améliorations nécessaires, afin de rester fidèle à l’es-
prit de la LOLF, retient-on de l’intervention de M. LUBEK. Par ailleurs, il a fait observer que le travail des équipes fait l’ob-
jet d’un suivi régulier et précis du Comité de Pilotage de la
Concernant la démarche de travail de cet organe, il a précisé RGPP. Ce Comité regroupe le Secrétaire Général et le Chef de
que le CIAP dresse annuellement une liste des programmes à Cabinet de la Primature et les rapporteurs des deux commis-
auditer, et que chaque audit de programme est réalisé par une sions parlementaires.
équipe de trois auditeurs. Ces auditeurs sont mis à la disposi-
tion du CIAP par les corps d'inspection des ministères et cha- Répondant à l’interrogation concernant le rôle de la Direction
cun d’eux relève d'un corps d'inspection différent. Les équipes des Etudes et des Prévisions Financières du MEF dans l’évalua-
tion des politiques publiques, M. M. CHAFIKI, Directeur de cette
concluent leurs travaux par des rapports relatant les constats
structure, a mis l’accent sur l’importance de l’analyse et l’évalua-
effectués à partir des questions figurant dans le guide d’audit
tion des politiques publiques pour la politique budgétaire.
élaboré par le CIAP, et des recommandations formulées au
ministère concerné afin d’améliorer la qualité de l'information La précision en la matière est de mise, d’où la nécessité de
qu'il produit à l'appui du programme qui a été audité. l’élaboration des instruments et de la recherche continuelle
de leur amélioration, a-t-il souligné, en présentant certains des
En vertu de la LOLF, les informations présentées concernent :
modèles en usage au sein de la DEPF et mis en place dans le
(1) la répartition des crédits de chaque programme en actions ;
cadre du partenariat entre cette direction et la Direction des
(2) la stratégie de performance poursuivie par le programme,
Prévisions de Bercy.
traduisant les priorités données à la politique concernée (objec-
tifs et indicateurs) ; (3) la justification des crédits au premier M. CHAFIKI a, en outre, fait remarquer que la démarche prag-
euro ; (4) le coût complet de chaque action du programme, en matique et progressive adoptée par le Maroc en matière de
tenant compte des charges comptables, des frais de gestion… Réforme Budgétaire, ne permet pas actuellement d’asseoir une
évaluation des politiques publiques de manière formelle.
Ces rapports annuels portant les avis et suggestions du CIAP
sont transmis aux départements concernés, à la Cour des Sur le plan instrumental, la structure actuelle de la nomencla-
Comptes et aux deux commissions parlementaires chargées ture budgétaire en est l’un des handicapes majeurs.
du Budget.
Il a, à cet effet, mis en exergue l’utilisation de « l’approche
Par ailleurs, le CIAP publie un rapport annuel d'activité dans genre » dans l’élaboration du budget, qui permet une ouver-
lequel il présente les principaux enseignements tirés globale- ture vers l’évaluation des politiques publiques et débouchera
ment de chaque campagne d'audits, ainsi que ses propositions à terme sur « un budget citoyen ».
sur les moyens à mettre en œuvre pour améliorer la qualité de
l'information transmise à l'appui des projets de Lois de Finan- Il a également attiré l’attention sur l’importance d’une vision glo-
ces, a précisé M. LUBEK. Concernant le bilan de ce Comité, il a bale en matière de Réforme, dont découleraient l’ensemble des
déclaré que 80 programmes sur les 130 ont été audités. réformes qui se doivent d’être menées de manière cohérente.

Selon la même logique d’échange d’expérience, M. A. BEN- Ces interventions ont suscité des interrogations relatives prin-
NANI est intervenu en sa qualité d’Inspecteur Général des cipalement, aux indicateurs (multiplicité, pertinence, néces-
Finances, pour présenter les actions entamées par l’IGF pour sité de leur suivi et leur amélioration…), à la capitalisation sur
promouvoir la culture de la performance au sein de l’Adminis- les travaux réalisés en matière d’évaluation, à l’accompagne-
tration Publique. ment des ministères pour la mise en place et l’assimilation des
instruments de performance, …
Plusieurs missions d’audit de performance ont été réalisées au
profit de 12 départements ministériels, a-t-il précisé. Ces mis- Troisième table ronde : actualité des réformes dans
sions ont été menées en collaboration avec les Inspections les ministères économiques et financiers
Générales des Ministères (IGM).
Cette dernière table ronde était l’occasion de s’étaler sur les
En outre, l’IGF a organisé des sessions de formation au profit sujets d’actualité en matière de modernisation dans les ministè-
d’une quinzaine d’IGM, afin de faciliter l’appropriation de la res chargés de l’économie et des finances au Maroc et en France.
culture des résultats et le partage et l’adhésion aux principes
et fondamentaux de l’audit. A cet effet, M. F. MORDACQ a été interpellé sur la récente
fusion entre la Direction Générale de la Comptabilité Publique
Intervenant lors de cette table ronde, au sujet de la Révision (DGCP) et la Direction Générale des Impôts (DGI).
Générale des Politiques Publiques en France (R.G.P.P), M. Yvon
OLLIVIER, a souligné que la RGPP a pour finalité l’audit général À cet égard, il a précisé dans son intervention que les objectifs
des politiques publiques de l’Etat, en identifiant les réformes à à la base de cette opération sont le souci de simplification des
même de réduire les dépenses, tout en maintenant l’efficacité procédures vis-à-vis des usagers (création d’un guichet uni-
de ces politiques publiques et en assurant l’amélioration de la que), l’amélioration de la productivité et du plan de carrière
qualité de service pour les citoyens. des fonctionnaires et le conseil aux Collectivités Locales.

Abordant les modalités de sa mise en place, il a souligné la forte Cette fusion est devenue effective depuis le 4 avril 2008, avec
mobilisation des différents corps d’inspections (IGA, IGF, …), la publication de l’organigramme de la nouvelle Direction

AL MALIYA n°43 août 2008 7


ÉVÈNEMENTS
Générale des Finances Publiques. Celle-ci a désormais sous a priori », M. TALBI a indiqué que chaque entreprise publique
son autorité, la structure chargée de la fiscalité, celle chargée bénéficie du contrôle qu’elle mérite et ce, en fonction de ses
de la gestion publique, et celle chargée de la gestion des res- capacités de gestion et d’organisation (système d’information,
sources humaines, du budget et performances et des systè- statut, règlement des marchés, contrat-programme avec l’Etat,
mes d’information. organigramme, etc).

Cette fusion actuellement totale au niveau central, touchera le Réagissant à l’interrogation sur le bilan de la mise en place du
niveau local dans le cadre d’une expérimentation prévue au contrôle comptable et financier des EEP, M. TALBI a signalé, en
niveau de 10 régions et pour une durée de quatre (4) ans, se rapportant aux conclusions du Rapport « CFAA 2007 » de la
avant sa généralisation. Banque Mondiale, que le contrôle d’accompagnement touche
actuellement 10 entreprises publiques, mais celles-ci repré-
Une Réforme a toujours un coût de départ, a indiqué M. MOR- sentent 80 % du portefeuille public. Il a également fait remar-
DACQ. Aussi, et afin de faciliter la fusion et avoir l’adhésion des quer que ce contrôle est conforme aux normes internationa-
50 000 agents de la DGCP et des 80 000 agents de la DGI, l’Etat les, mais se doit d’être mieux implémenté.
s’est engagé à accorder une « prime de fusion » et procédera
à aligner vers le haut les salaires de fonction similaires dans les Interpellé pour porter un regard particulier sur les réformes
deux ex-directions. initiées au Maroc et en France, M. Eric GISSLER, Inspecteur
Général des Finances et Coordonnateur ADETEF pour le
M. Saïd IBRAHIMI, Trésorier Général du Royaume du Maroc, a à Maroc, a mis l’accent tout d’abord sur le suivi régulier par les
son tour présenté l’opération de fusion entre la Trésorerie directions du MEF de ce qui se fait par leurs homologues fran-
Générale du Royaume (TGR) et le Contrôle Général des Enga- çaises, et sur la mise en œuvre réussie des réformes au niveau
gements de Dépenses de l’Etat (CGED), ainsi que la création vertical (au sein des directions ou des départements ministé-
des Trésoreries Ministérielles et la mise en place du Contrôle riels pris individuellement).
Modulé de la Dépense (CMD).
Il a, en outre, relevé la difficulté de la mise en œuvre des réfor-
Revenant sur les constats soulignés par l’étude à la base de mes transverses, en insistant sur la nécessité de plus de coordi-
cette fusion, M. IBRAHIMI a signalé que celle-ci a permis de nation et de mise en cohérence des réformes initiées.
dépasser les problèmes de la multiplicité des interlocuteurs que
rencontraient les ordonnateurs et du retard dans l’élaboration M. E. GISSLER a, par ailleurs, mis en exergue l’importance de
des Lois de Règlement (5 ans de retard). la stabilité des responsables (dans leurs postes) pour la
continuité des processus de réformes enclenchés et la réus-
Concernant la mise en place des Trésoreries Ministérielles, M. le site de la modernisation de l’Administration Publique, en
Trésorier Général du Royaume a indiqué qu’au terme de l’an- soulignant la constance qui caractérise la haute Fonction
née 2008, elles seront au nombre de 10, et couvriront ainsi l’en- Publique marocaine.
semble des départements ministériels.
Plusieurs problématiques ont été soulevées lors de l’échange
M. IBRAHIMI a par ailleurs ajouté que cette fusion permettrait entre les participants et les intervenants.
la mise en place du Contrôle Modulé de la Dépense Publique
(CMD), dont l’objectif principal est l’allégement des contrôles Ainsi, M. MORDACQ interrogé sur le contrôle hiérarchisé et sur
a priori, en contrepartie d’une plus grande responsabilisation le bilan de sa mise en œuvre, a fait observer la similitude avec
des gestionnaires. Ceci se traduira par la mise sous la respon- le CMD, en précisant qu’il s’agit d’un contrôle proportionnel
sabilité des ordonnateurs de prés de 85% des marchés repré- au degré de confiance accordé à l’ordonnateur, et que globa-
sentant environ 30% du volume financier, note-t-on dans les lement le bilan est positif.
propos de M. IBRAHIMI.
En termes d’appréciation de l’opérationnalité de la fusion TGR/
Invité à cette troisième table ronde pour intervenir sur le CGED, le témoignage de M.M. KHEIDRI en sa qualité d’ordonna-
contrôle comptable et financier des Etablissements et Entre- teur a été éloquent, jugeant que celle-ci a permit l’unicité de
prises Publics (EEP), M. Abdelaziz TALBI, Directeur des Entre- l’interlocuteur et le gain en temps de traitement de dossiers.
prises Publiques et de la Privatisation (DEPP), a souligné le rôle
de ce contrôle en tant que moyen d’incitation à l’instauration D’autres interrogations ont été soulevées se rapportant au
de la bonne gouvernance dans ces structures. respect du principe de séparation des pouvoirs entre ordon-
nateur et comptable dans la fusion TGR/CGED, à la mise en
Exposant les différents contrôles prévus par la Réforme, œuvre des réformes et leurs impacts sur la croissance écono-
notamment le « contrôle d’accompagnement » et le « contrôle mique et sur la vie des citoyens.
AL MALIYA

8 AL MALIYA n°43 août 2008


ÉVÈNEMENTS
Organisation de l’atelier technique de préparation
du Rapport Genre 2009

Comme à l’accoutumée depuis 2005, le Ministère de


l’Economie et des Finances - Direction des Etudes et des
Prévisions Financières (DEPF), a organisé avec le soutien
de l’UNIFEM, l’atelier technique annuel pour l'élabora-
tion du Rapport Genre qui accompagne la Loi des
Finances. 21 départements ministériels y ont pris part
cette année.

T
enu à Rabat à la veille de la préparation
du cycle de la Loi de Finances, l’atelier
technique de préparation du Rapport
Genre 2009 vise la sensibilisation des person-
nes chargées de la planification et de l’élabo-
ration des budgets, le renforcement de l'in-
tersectorialité et la mise à niveau des
concepts et des outils d’analyse genre du
budget.

Les quatre journées de l’atelier tenu du 24 au


27 mars 2008, se sont déroulées en trois
temps : une séance méthodologique, pen-
dant laquelle l'animatrice 1 a rappelé le
concept genre, la démarche de la Budgétisa-
tion Sensible au Genre (BSG) et le processus
de rédaction du Rapport Genre, suivie par
deux sessions de travail. La première, consa- M. CHAFIKI, Directeur des Etudes et des Prévisions Financières
crée à l’analyse de la situation de chaque sec-
teur selon l’approche genre, a porté particu-
lièrement sur la description du secteur, la vérification de la genre2 et d’étudier la possibilité de les gendériser, ainsi que
pertinence du genre pour le secteur et l’analyse genre de la sur l’identification des objectifs en relation directe ou indi-
population concernée. recte avec les OMD3 et les programmes mis en œuvre pour les
atteindre.
La deuxième session de travail a, quant à elle, porté sur l’exa-
men des indicateurs chiffrés du budget relatif à chaque Afin de mener à bien cet atelier, les différents départements
Département, afin de voir si ces indicateurs sont sensibles au concernés ont été regroupés comme suit :

1 Mme Nalini BURN, Experte internationale en « Approche genre ».


2 S’ils tiennent compte des besoins différenciés entre femmes et hommes.
3 Objectifs du Millénaire pour le Développement.

AL MALIYA n°43 août 2008 9


ÉVÈNEMENTS
• Pôle institutionnel, composé des départements de la Justice, A l’issue des travaux de l’atelier, les différents participants ont
du Développement Social, du Commerce Extérieur, des Affai- exprimé leur souhait de disposer de plus d’outils et de docu-
res Etrangères et de la Modernisation des Services Publics ; mentations relatives à la BSG, ce qui permettra de renforcer
l’expertise nationale, et assurer ainsi la pérennité des initiati-
• Pôle des infrastructures de base, constitué des départements ves de BSG au Maroc. Dans ce sens, la DEPF s’est engagée, en
de l’Eau, de l’Energie, du Transport et de l’Habitat ; plus de la diffusion assurée des outils et manuels durant les
ateliers, de poursuivre son assistance et son accompagne-
• Pôle renforcement des capacités qui regroupe les départe- ment des départements, notamment, à travers l'organisation
ments de la Santé, de l’Education, de la Jeunesse, de l’Emploi de réunions de travail ciblées par département.
et de la Formation Professionnelle ;
Ont pris part à cet atelier, les représentants du Ministère de l'Eco-
• Pôle renforcement des opportunités, composé des départe- nomie et des Finances (Direction du Budget, Direction des Affai-
ments de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, de l’Industrie, res Administratives et Générales, Direction des Entreprises Publi-
Commerce et NTIC, du Tourisme et de l’Economie Sociale. ques et de la Privatisation, Direction des Etudes et des Prévisions
Financières), des différents départements ministériels partici-
Cet atelier a également été l’occasion de traiter de différentes pant à l'élaboration du « Rapport Genre », d’Organisations Inter-
thématiques, notamment la question de la compensation et nationales, de la Société Civile, ainsi que de la presse.
ses impacts différenciés par sexe ; l’analyse du programme
multisectoriel de lutte contre les violences fondées sur le Outre les 17 départements qui ont contribué à l’élaboration
genre par l’autonomisation des femmes et des filles, ainsi que du « Rapport Genre » précédent, quatre nouveaux départe-
la pertinence des articles de la Convention sur l’Elimination de ments ont rejoint le processus, à savoir, le département des
toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes Pêches Maritimes, du Tourisme, du Commerce Extérieur et
(CEDAW) au niveau des secteurs productifs et de l’économie celui de l’Industrie, Commerce et Nouvelles Technologies de
sociale. l'Information et de la Communication.
Source : DEPF

Pour adresser un texte au « comité de rédaction »


d’AL MALIYA, deux adresses électroniques sont
mises à votre disposition :
dci@daag.finances.gov.ma
ouali@daag.finances.gov.ma

10 AL MALIYA n°43 août 2008


ÉVÈNEMENTS
Ateliers sur la Réforme Budgétaire axée sur les Résultats,
intégrant la « dimension Genre » : renforcement des
compétences des départements ministériels

Dans un souci de renforcement des compétences, le


Ministère de l’Economie et des Finances (MEF), a organisé
durant juin et juillet 2008 des ateliers spécifiques au pro-
fit des départements ministériels ayant adhéré à la
Budgétisation Sensible au Genre (BSG).

D
ans le cadre de la mise en œuvre de la
phase II du programme global BSG, le
MEF a organisé, avec l’appui du Fonds
de Développement des Nations Unies pour la
Femme (UNIFEM), des ateliers destinés au ren-
forcement des capacités des responsables et
cadres des départements ministériel adhérents
à la BSG.

Ces ateliers ont été inaugurés par M. S. TAZI,


Adjoint au Directeur du Budget et Mme Zineb
TOUIMI BENJELLOUN, Directrice Régionale des
Programmes de l’UNIFEM pour l’Afrique du Nord.

Dans son allocution, M. TAZI a rappelé les


objectifs assignés au programme « BSG », en
mettant l’accent sur la réduction des inégalités
M. S.TAZI, Adjoint au Directeur du Budget, Mesdames Zineb Touimi Benjelloune et Nalini BURN, consultante recrutée
et la prise en compte des préoccupations et des pour l'animation de ces ateliers.
intérêts différenciés des hommes, des femmes,
des enfants lors de la conception, de la formu-
lation, de l’exécution et de l’évaluation des politiques publiques nement marocain à la BSG et aux questions ayant trait à l’égalité
et des budgets. des chances entre les femmes et hommes.

Il a également signalé les avancées réelles enregistrées dans le S’adressant aux participants, Mme BENJELLOUN a précisé que
cadre de la mise en place des instruments de la BSG, en les résu- l’exercice d’institutionnalisation du genre dans les politiques
mant en quatre acquis importants, à savoir : (i) une plus grande publiques au Maroc s’accompagne de l’ambition de modéliser la
appropriation nationale de la démarche ; (ii) la production d’outils démarche, pour qu’elle puisse être répliquée par d’autres dépar-
de sensibilisation et d’apprentissage ; (iii) le développement d’un tements ministériels au Maroc et dans d’autres pays.
système de gestion des connaissances et d’une stratégie de com-
munication et (iiii) l’ancrage effectif dans le processus budgétaire. Ces ateliers, qui ont concerné quatre départements ministériels
(Alphabétisation et Education Non Formelle, Emploi et Forma-
Il a par ailleurs invité les participants à ce programme à mobili- tion Professionnelle, Santé, Economie et des Finances), ont per-
ser tous les moyens nécessaires pour engager de façon progres- mis aux participants des différents départements d’identifier les
sive la mise en œuvre de cette Nouvelle Approche Budgétaire programmes à gendériser et d’élaborer une prémisse d’indica-
intégrant la dimension « Genre ». teurs gendérisés.

Pour sa part la Directrice Régionale des Programmes de l’UNI- Les ateliers se sont déroulés en deux sessions : la première en
FEM pour l’Afrique du Nord a salué l’intérêt porté par le Gouver- mai 2008 et la seconde en fin juin, début juillet 2008.
AL MALIYA

AL MALIYA n°43 août 2008 11


Modernisation de l’Administration et Réforme de l’Etat :
DOSSIER des concepteurs et techniciens de la Réforme au Maroc
et en France s’expriment

L
eurs apports ont contribué à la mise en place du processus de Réformes en cours dans leurs
pays. Hauts fonctionnaires Marocains et Français, experts en leurs domaines, ils ont été
soit initiateurs de Réformes soit techniciens à charge de leurs mise en œuvre.

Réunis à l’occasion de la Conférence-débat « Regards croisés sur la modernisation de


l’Administration Publique » organisée en Avril 2008, et présentée dans la rubrique
« Evénements » de ce numéro, ils ont répondu aux diverses interrogations d’ « AL MALIYA »,
touchant aux principaux éléments suivants :
• Réforme Budgétaire préalable ou clé d’entrée à la Réforme de l’Etat ;
• Approches adoptées pour la mise en œuvre de la Réforme Budgétaire et existence ou pas
d’une approche idéale ;
• Introduction de la « démarche de performance » dans la gestion publique à travers la
Nouvelle Approche Budgétaire axée sur les Résultats (au Maroc) et la Loi Organique relative
aux Lois de Finances (LOLF), votée le 1er août 2001(en France) : bilan et impacts ;
• Impact de la mise en œuvre de la LOLF sur le rôle des trois principaux acteurs de la gestion
des Finances Publiques (Ordonnateur, Contrôleur et Comptable) ;
• Principe de la séparation des pouvoirs entre Ordonnateur et Comptable… ;
• Révision Générale des Politiques Publiques en France, son contenu, ses objectifs et les instru-
ments de sa mise en œuvre ;
• Evaluation des politiques publiques et différence avec métiers d’audit, d’inspection et de
contrôle ;
• Efforts du Ministère de l’Economie et des Finances pour la mise en place des instruments de
l’évaluation des politiques publiques ;
• Lien entre réformes et création ou suppression de structures administratives ;
• Simplification de l’organisation de l’État et « concentration de pouvoirs ».

En contribution au débat quasi-universel autour de la problématique : « Modernisation /Réforme


de l’Administration et Réforme de l’Etat », et dans un regard croisé sur les expériences Marocaine
et Française, M.M. A. BENNANI (Directeur du Budget au MEF-Maroc), P. LUBEK (Inspecteur
Général des Finances Président du Comité Interministériel d’Audit des Programmes budgétaires-
France), B. CHEVAUCHEZ (Contrôleur Général Economique et Financier-France), Y. OLLIVIER,
Inspecteur Général des Finances (en charge d’une mission de Révision Générale des Politiques
Publiques en France), M. CHAFIKI, Directeur des Etudes et des Prévisions Financières et D. MOREL
(Président du G.I.P. ADETEF *- France), se sont exprimés dans les entretiens qui sont livrés à nos
lecteurs sous la présente rubrique.

Ce dossier présente également les efforts de renforcement de capacités entrepris par l’une des
directions de notre Ministère, la Direction des Douanes et Impôts Indirects, en s’inscrivant
dans la dynamique de Réforme en marche au sein du Ministère.

* Organisme de coopération technique internationale du Ministère Français de l’Economie, des Finances et de l'Emploi et du Ministère du Budget, des
Comptes Publics et de la Fonction Publique.

12 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
La Réforme Budgétaire au Maroc : levier et accélérateur de la Réforme de l’Etat

Entretien avec M. A. BENNANI, Directeur du Budget

« A travers sa contribution à la formalisation d’un nouveau cadre de ges-


tion publique, la Réforme Budgétaire constitue une opportunité pour
accélérer la Réforme de l’Etat et les modalités de fonctionnement de
ses institutions ».
D’importantes avancées sont enregistrées, en termes d’appropriation
et de retombées positives en matière de programmation budgétaire et
d’efficacité de la dépense publique (9 départements ministériels ont
élaboré leurs CDMT* sectoriels, 32 départements ministériels gérant
près de 77% du budget d'investissement ont adhéré au processus de la
globalisation...). Compte tenu de ces avancées, le Ministère de
l’Economie et des Finances a ouvert le chantier de Réforme de la LOF
qui consacrera les principes de Nouvelle Approche Budgétaire, annonce
M. le Directeur du Budget dans l’entretien accordée à notre revue et
reproduit ci-après.

AL MALIYA : Afin de moderniser le fonc-


tionnement de l’Administration Publique
et d’améliorer son efficacité et son effi-
cience, le Maroc a engagé depuis quelques
années des réformes structurantes, dont
celle portant sur le Budget de l’Etat.
Pouvez- vous, Mr le Directeur, revenir sur
cette Réforme et sur la démarche adoptée
pour sa mise en œuvre ?
M. BENNANI : Effectivement, le Maroc s’est
engagé depuis quelques années dans la voie
des Réformes politiques, économiques et
financières. Ces réformes visent à accélérer le
développement du pays dans une économie
de plus en plus ouverte, et à réduire les dispa-
rités sociales et spatiales. La Réforme Budgé-
taire est l’une des réformes phares engagées « Le MEF a ouvert le chantier de Réforme de la Loi Organique des Finances qui consacrera les principes de la Nouvelle
Gestion Budgétaire ».
par le Gouvernement. Son élément central est
M. A. BENNANI, Directeur du Budget
la notion de « performance ».

La Nouvelle Approche Budgétaire procède de la logique des prévalait jusqu’à une date relativement récente. Elle répond au
résultats, qui tend à se substituer à la logique des moyens qui souci croissant d’assurer une plus grande efficacité des dépenses

* Cadre des Dépenses à Moyen Terme

AL MALIYA n°43 août 2008 13


DOSSIER
publiques et, partant, de contribuer au développement écono- jectif est de pouvoir tenir compte des spécificités du système
mique et au progrès social du pays au moindre coût. budgétaire marocain et des expériences réussies au niveau de
ces départements et surtout de répondre à leurs attentes en
Une action multiforme a été entreprise dans ce sens : matière de programmation, d’exécution et du contrôle de la
• L’amélioration de la programmation pluriannuelle à tra- dépense publique. Cette implication des ministères a favorisé
vers la mise en place du Cadre de Dépenses à Moyen Terme une mise en œuvre accélérée du dispositif de la Réforme.
(CDMT) qui constitue un instrument indicatif de program-
mation. S’étalant sur trois années, sa mise à jour est annuelle AL MALIYA : Quel bilan peut-on dresser à ce jour de la mise
pour l’adapter à l’évolution de la conjoncture. Ce volet de la en place de cet important chantier ?
Réforme vise trois principaux objectifs, à savoir :
M. BENNANI : Le Royaume du Maroc a enregistré des avan-
* Assurer une meilleure visibilité des politiques secto- cées significatives au niveau des différentes actions entrepri-
rielles et partant les décisions d’allocation de ressour- ses dans le cadre de la mise en œuvre de cette Réforme. Il
ces correspondantes, ce qui permet de renforcer l’adé- s’agit, notamment de :
quation de ces politiques avec les impératifs de la dis-
cipline budgétaire et la stabilité du cadre macroécono- • La réalisation des étapes importantes dans l'institution de
mique ; la programmation budgétaire pluriannuelle, particulière-
ment à travers :
* Mettre à la disposition des départements ministériels un
cadre d’action pluriannuel leur permettant de mettre en * l’élaboration d’un « guide méthodologique de prépara-
œuvre, leurs politiques de contractualisation, d’obliga- tion du CDMT » par une Commission Interministérielle
tion de résultats et de reddition des comptes ; et son test par des départements pilotes (Santé, Educa-
* Améliorer les conditions de préparation des Lois de tion Nationale, Habitat et Urbanisme, Equipement,
Finances qui seront adossées à un cadre triennal. Aménagement du Territoire et Eau);

• Le déploiement dès l’année 2002 du dispositif de la globa- * la diffusion dudit guide à l’ensemble des départements
lisation des crédits et d’évaluation des résultats consistant ministériels par circulaire de Monsieur le Premier Minis-
à conférer aux « Ordonnateurs » une plus grande souplesse tre ;
dans l’utilisation des crédits mis à leur disposition, en contre- * l’organisation d’une journée sur la thématique du CDMT
partie d’un engagement de leur part sur des objectifs prédé- au profit de l’ensemble des départements ministériels
finis. A cet effet, deux initiatives principales ont été prises : en vue de leur permettre de s’approprier la méthodolo-
* L’assouplissement des modalités de virement de crédits gie retenue pour l'élaboration dudit Cadre.
au sein d’un même paragraphe pour les Ministères ayant Ainsi, et au titre de l’année écoulée, 9 départements ministé-
adhéré à l’approche de la globalisation. Ces virements riels ont élaboré leurs CDMT sectoriels (Santé, Culture, Pêches
peuvent ainsi être opérés sans aucune restriction et sans Maritimes, Plan, Industrie et Commerce, Education Nationale,
visa préalable du Ministère chargé des Finances ; Eau, Equipement et Transport, Habitat et Urbanisme).
* La restructuration des morasses budgétaires pour faire
ressortir les programmes pour lesquels sont fixés des • Le déploiement du dispositif de globalisation des crédits
objectifs et auxquels sont adossés des indicateurs de qui constitue un axe majeur dans la mise en place d’une ges-
performance. tion axée sur les résultats, la recherche de la performance et
la reddition des comptes. Les efforts menés dans ce cadre
• L’amélioration de la déconcentration budgétaire ou le ont permis, à fin 2007, l'adhésion à ce dispositif de 32 dépar-
renforcement de la contractualisation entre l’Administration tements ministériels gérant près de 77% du budget d'inves-
centrale et les services déconcentrés en vue de réhabiliter tissement. En outre, un « recueil des indicateurs de perfor-
leur rôle dans la mise en œuvre des politiques publiques. mance » est établi annuellement et accompagne les projets
Cette contractualisation permet à ces services déconcentrés de budgets sectoriels transmis au Parlement.
de jouer un rôle important, en les associant à la définition
des objectifs qui leur sont assignés, des moyens nécessaires • Le renforcement de la déconcentration administrative.
pour l’exécution de ces objectifs et des résultats attendus de A ce titre, il y a lieu de signaler la mise en œuvre du décret
l’exécution de leurs interventions. du 2 décembre 2005, fixant les règles d’organisation des
Pour pouvoir réussir la mise en œuvre de la Réforme Budgé- départements ministériels et de la déconcentration admi-
taire et permettre aux administrations de l’approprier, le Minis- nistrative, qui est de nature à renforcer la déconcentration
tère de l’Economie et des Finances a opté pour le principe de la et conforter le dispositif de contractualisation des relations
progressivité dans le processus d’adaptation des modes de entre les administrations centrales et leurs services décon-
gestion et de renforcement des capacités des ministères dans centrés. Ce décret a prévu l’élaboration par les départe-
le développement et la mise en œuvre des outils liés à la per- ments ministériels des schémas directeurs de déconcentra-
formance. tion administrative à mettre en œuvre durant une période
allant de deux à cinq ans. Ces schémas comprennent,
La démarche choisie s’appuie également sur le principe de notamment les attributions à transférer aux services décon-
l’implication des ministères dans la conception de la Réforme centrés, les moyens humains, matériels et financiers alloués
et la mise en place de la Nouvelle Approche Budgétaire. L’ob- aux services déconcentrés, les décisions administratives

14 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
individuelles devant continuer à relever des compétences culture de résultats. Ainsi, la définition des objectifs et des
des administrations centrales, ainsi que les mesures et délais indicateurs de performance permettent l’instauration d’un
nécessaires à la réalisation desdits schémas. système d’évaluation des politiques publiques et de reddition
des comptes et l’orientation de l’action publique vers la per-
AL MALIYA : On parle de Réforme de l’Administration formance.
Publique et de la Modernisation de l’Administration, sont-
elles synonymes de la Réforme Administrative, de la AL MALIYA : Dans une lecture croisée de la mise en œuvre
Réforme de l’Etat ? Que représente la Réforme budgétaire de cette Réforme au Maroc et en France, quelle apprécia-
dans la Réforme de l’Etat ? Peut-on la considérer comme tion faites-vous, M. le Directeur de l’expérience française ?
un préalable à la Réforme de l’Etat ? Est-ce que c’est la même voie que poursuit le Maroc ? Notre
pays s’acheminera-t-il aussi vers une Révision Générale de
M. BENNANI : La Réforme de l’Etat, moyennant des program- ses Politiques Publiques (RGPP) comme celle en cours en
mes de réformes, vise à moderniser les structures et les modes France ?
de fonctionnement et de gestion des administrations publi-
ques en vue de les adapter à l’évolution du rôle de l’Etat, avec M. BENNANI : A mon avis, il serait tout à fait prématuré de
notamment la relance du processus de déconcentration et de porter aujourd’hui un jugement éclairé sur la Réforme Budgé-
décentralisation, ainsi qu’aux exigences de la compétitivité taire en France, ce n’est qu’après plusieurs années que l’on
internationale. pourra le faire convenablement. Il faut souligner également
que chaque Réforme demeure liée étroitement à son contexte
• La Réforme de l’Administration qui est une composante de la et aux spécificités du pays concerné. Mais en général, on peut
Réforme de l’Etat a notamment pour objectifs de : dire que l’expérience française est riche en enseignements
pour le cas du Maroc, surtout en ce qui concerne la nécessité
* disposer d’une Administration moderne qui puisse contri- de renforcement des systèmes d’information permettant de
buer à renforcer la compétitivité de l’économie nationale fiabiliser et d’améliorer l’élaboration des indicateurs de perfor-
et le développement durable du pays, et à promouvoir mance, d’une part, et d’autre part, de suivre et de piloter leur
l'investissement, tout en assurant la viabilité à moyen réalisation.
terme du cadre macro-économique ;
Comme je l’ai déjà expliqué auparavant, la Réforme Budgé-
* améliorer la qualité des prestations de l'Administration
taire présente une opportunité pour accélérer la Réforme de
Publique à travers la mise en place d’une gestion de
l’Etat et des modalités de fonctionnement de ces institutions,
proximité, l’approfondissement du processus de décon- en offrant un nouveau cadre de gestion basé sur les résultats
centration en adéquation avec les avancées réalisées en et la performance. A ce propos, il est à rappeler que la Réforme
matière de décentralisation, la maîtrise des coûts et la Budgétaire initiée à partir de 2002 au Maroc repose sur une
recherche de la performance de l’action publique ; démarche progressive et volontariste, en tenant compte des
* simplifier les procédures administratives et dévelop- capacités des gestionnaires, et s’est faite à législation
per l’administration électronique en vue d’améliorer constante sans réformer la Loi Organique relative à la Loi de
les services publics rendus et d’assurer l’intégrité et la Finances. Par contre, en France la démarche poursuivie
transparence dans les relations entre l'administration consiste en l’adoption, en date du 1er août 2001, de la Loi Orga-
et les usagers. nique relative aux Lois de Finances qui remplace l’ordonnance
de 1959 et que l’exécution budgétaire en régime « LOLF », n’a
La Réforme de l’Administration vise en dernier ressort à répon- commencé qu’à partir du 1er janvier 2006.
dre dans les meilleures conditions possibles aux attentes de
plus en plus pressantes des populations et des entreprises et Compte tenu de l’état d’avancement de la mise en œuvre de
à développer des relations de confiance avec ses partenaires. la Nouvelle Approche Budgétaire et du niveau de son appro-
priation par les différents départements ministériels et de ses
La Réforme Budgétaire constitue, bien évidemment, un retombées positives, aussi bien en matière de programmation
important levier et un accélérateur de la Réforme de l’Etat à budgétaire et d’efficacité de la dépense publique, le Ministère
travers sa contribution à la formalisation d’un nouveau cadre de l’Economie et des Finances a ouvert le chantier de Réforme
de gestion publique, qui passe d’une culture de moyens à une de la LOF qui consacrera les principes de ladite approche.

Entretien réalisé par «AL MALYIA»

AL MALIYA n°43 août 2008 15


DOSSIER
La LOLF de 2001 : une « révolution » pour le
budget français

La mise en œuvre de la LOLF qui a révolutionné le budget


et l’exécution de la dépense publique en France a néces-
sité son accompagnement par une structure d’audit pré-
sise M. LUBEK, à AL MALIYA.
Interrogé sur l’expérience marocaine de réformes, M. LUBEK
est d’avis que le Maroc est sur une voie parallèle et gagne-
rait à s’appuyer sur une structure inspirée du Comité
Interministériel d’Audit des Programmes budgétaires, pour
réviser sa Loi Organiques des Finances.

AL MALIYA : M. l’Inspecteur Général des


Finances, quels sont les objectifs à la base
de la création du Comité Interministériel
d’Audit des Programmes budgétaires
(CIAP) ?

M. Pierre LUBEK : La nouvelle Loi Budgétaire M. Pierre LUBEK


Inspecteur Général des Finances
(LOLF) a été votée en 2001. C’est une Loi qui
• 2006 : Président du Comité
révolutionne la manière de penser le budget Interministériel d’Audit des
et l’exécution des dépenses de l’Etat, et Programmes budgétaires
(CIAP) ;
ambitionne de transformer en profondeur la
• 2002- 2005 : Président du
gestion publique, en prenant comme piliers Comité des Inspecteurs
une plus grande autonomie et une plus Généraux des Finances ;
grande responsabilité des gestionnaires sur • 1997 : Inspecteur Général des
Finances ;
leurs résultats. Sa mise en œuvre induit des
• 1977 – 1997 : S.N.C.F. Directeur
changements considérables, sur un chemin Régional Normandie, puis
nouveau potentiellement très risqué. Directeur-adjoint du budget,
puis Directeur financier.

Aussi, a-t-il été considéré nécessaire d’accom-


pagner les ministères dans cette mutation, en
mettant en place un dispositif de validation programmes dès leur formulation et donc à engager ses tra-
par un organe indépendant. D’où la création du CIAP, Comité vaux bien avant l’entrée en vigueur de la LOLF en 2006.
Interministériel doté d’une totale autonomie de travail, qui
s’est vu assigner comme premier objectif d’organiser des Le 2ème objectif à la base de la création du Comité est de dispo-
audits portant sur les modalités pratiques de mise en oeuvre ser d’un organe indépendant qui puisse auditer la qualité et le
de la LOLF, notamment en s’assurant que les programmes pro- bien-fondé des informations fournies par les rapports annuels
posés par les ministères respectaient bien, dans leur concep- de performance, retraçant notamment les résultats atteints au
tion et leur pilotage, à la fois la lettre et l’esprit de la Loi, et regard des objectifs de performance, rapports destinés aux
d’émettre des recommandations visant à l’amélioration des parlementaires, et à travers eux, aux citoyens. Cette « valida-
dispositifs envisagés. Ceci a conduit le CIAP à accompagner les tion des résultats de la performance » -qui prend réellement

16 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
corps depuis 2007, première année d’existence de ces rap- Les auditeurs travaillent, pour le compte du CIAP, et sous la
ports - revient ainsi au CIAP, dont il constitue une mission fon- gouvernance générale de son président qui assure le
damentale pour l’avenir. « contrôle qualité » du rapport d’audit, en basant leur démar-
che sur le référentiel d’audit. Ce guide comporte l’ensemble
AL MALIYA : Quels instruments d’évaluation ont été mis des questions que peut se poser un auditeur pour accomplir
en place par le CIAP pour mener à bien sa mission ? son travail d’analyse et d’entretiens de terrain, et il appartient
aux équipes d’audit de retenir celles qui sont pertinentes au
M. Pierre LUBEK : Permettez-moi de revenir d’abord sur le regard du programme audité. A l’issue de leurs investigations
CIAP pour en faire une présentation succincte. et de leurs réflexions, les auditeurs débattent de leurs propo-
sitions de recommandations avec le président du CIAP, puis
Cette structure est très originale dans l’Administration fran- rédigent et signent, sous leur seule responsabilité, leur rap-
çaise. C’est une entité qui regroupe, outre son président, 16 port commun.
membres, à raison d’un représentant par ministère (au sens
budgétaire du terme), désigné par chaque ministre au sein de
son Inspection Générale.
Les rapports d’audit effectués pour le CIAP : Il ne s’agit pas
Il s’agit donc d’un « comité de professionnels de l’audit » qui se
seulement de critiquer, mais surtout de faire des proposi-
réunit périodiquement sous ma présidence, et prend des déci-
tions d’amélioration.
sions de manière collégiale.

Chaque membre du Comité, même s’il est sensible aux spéci-


ficités et aux intérêts de son ministère, se doit de mettre en Ensuite, ils sont transmis aux ministères audités qui formulent
première ligne, dans les positions qu’il prend, la préoccupa- leurs réponses sur les recommandations et propositions faites
tion d’une bonne mise en œuvre de la LOLF, qui est donc une par les auditeurs.
préoccupation commune à tous. Une approche consensuelle
et unanime peut ainsi être recherchée et atteinte sur tous les Au vue de ces réponses, un membre du Comité, autre que le
sujets au sein du CIAP, lorsqu’il s’agit pour le Comité de pren- représentant du Ministère audité, sur la base de l’analyse du
dre position, notamment par les « avis » qu’il rend sur chaque rapport et des réponses du ministère, propose au Comité un
programme qu’il a fait auditer. Cette manière de faire permet projet d’avis (généralement de 5 à 7 pages). Après discussion
de souder l’unité du Comité malgré la diversité des origines collégiale et éventuels amendements à ce projet, l’avis défini-
des membres qui le composent. tif est adopté par consensus, et signé au nom du CIAP par son
président. Le CIAP a rendu à ce jour 81 avis.
La première action qui a été entreprise par le Comité, a été de
fixer les modalités méthodologiques des audits qu’il allait dili- AL MALIYA : Quelle est la finalité des rapports produits par
genter. le CIAP ?

A cet effet, un référentiel, le « guide d’audit », a été conçu, dis- M. Pierre LUBEK : Au fait, lorsque l’on parle des « rapports du
cuté, et adopté par le CIAP ; puis les premières équipes d’audi- CIAP », il s’agit de trois documents publiés dans un seul
teurs ont été constituées, sur la base de la mise à disposition volume, à savoir (i) le rapport de l’équipe d’audit portant ses
d’auditeurs par les inspections générales le temps d’un audit, constats et ses recommandations d’amélioration, (ii) la
c’est à dire trois mois. Chaque équipe est ainsi composée de réponse formulée par le Ministère audité, et (iii) l’avis du CIAP,
trois personnes, dont une appartient à l’Inspection Générale qui exprime la position collégiale de ses membres sur les
du Ministère, dont le programme est audité, et les deux autres aspects les plus importants soulevés par l’audit et sur les
sont membres d’Inspections Générales d’autres ministères. La recommandations émises.
présence d’un auditeur originaire du ministère audité, et de
deux qui n’en sont pas, permet un équilibre entre celui qui Ce document est adressé au ministère concerné (Cabinet du
connaît la politique publique concernée et ses spécificités, Ministre, Secrétariat Général et responsable du programme
mais, peut aussi être trop sensibilisé à ces caractéristiques, et audité), à la Cour des Comptes et aux Commissions des Finan-
ceux qui, ne la connaissant pas. Ceux-ci ont l’esprit plus libre, ces du Parlement (Assemblée Nationale et Sénat).
et sont guidés avant tout dans leur approche par la méthodo-
logie répondant le mieux à une application optimale des prin- Le bon usage du contenu de ce rapport revient ensuite à ces
cipes de la LOLF. destinataires.

Le CIAP publie également un rapport annuel qui est une pré-


sentation synthétique des avis rendus, et donc des recom-
Les équipes d’audit : il s’agit de l’assemblage de deux mandations ou suggestions formulées aux fins d’amélioration
visions : celle du spécialiste du ministère audité et celle des de la mise en œuvre de la LOLF dans les différents ministères.
«non spécialistes». Ce qui se traduit par des positions pre-
nant bien en compte le cœur de cible, qui est la bonne Concernant l’application des propositions formulées par le
application de la LOLF, sans toutefois méconnaître les pro- CIAP, je souligne que ce Comité est dans la position générale
blématiques propres des politiques auditées. des services d’audit. Dans ce sens, il exerce la plénitude de ses
pouvoirs en rendant ses avis. Il lui appartient de convaincre,

AL MALIYA n°43 août 2008 17


DOSSIER
car il ne peut rien imposer. Par contre il peut trouver des relais, Le troisième volet, examiné lors des audits, est le pilotage du
par exemple au Parlement ou à la Cour des comptes. programme et sa déclinaison soit dans la hiérarchie interne ou
en dehors de celle-ci, si d’autres acteurs en sont concernés
En somme, le CIAP fait valoir la voix de la LOLF et ce sont les (opérateurs publics, associations ou autres…).
différents destinataires des rapports qui doivent l’écouter et la
prendre en compte autant que possible. Dans ce cadre, l’investigation porte sur la problématique de
pilotage du programme et la délégation des moyens nécessai-
A ce niveau, je rappelle, que selon la LOLF, le budget est pré- res à sa mise en œuvre, au dialogue de gestion entre les diffé-
senté en « missions », qui reflètent les grandes politiques rents niveaux d’organisation du programme, la définition des
publiques : santé, éducation, justice… Ces missions sont com- objectifs et indicateurs de performance pertinents à chacun de
posées de « programmes », expression plus précise d’une poli- ces niveaux de déclinaison, la cohérence entre ces indicateurs
tique publique portée par un ministère. A titre d’exemple : les opérationnels et les indicateurs stratégiques du programme…
programmes de l’éducation de premier degré, de deuxième Ceci passe notamment par la conclusion formelle d’une « charte
degré, de l’enseignement supérieur et de la recherche… de gestion ministérielle » et d’une « charte de gestion du pro-
gramme » (pour chacun d’eux) dans lesquelles sont décrits les
Lors de leurs investigations, la première question que se relations de pouvoir entre les différents intervenants, les pro-
posent les auditeurs du CIAP concerne la lisibilité de la politi- cessus de décision, et plus généralement les modalités selon
que publique portée par le programme examiné et l’inscrip- lesquelles les responsables de programmes peuvent faire valoir
tion dans ce programme des moyens budgétaires réellement leur vues, et à tout le moins exercer une influence très significa-
affectés par l’Etat à cette politique publique. tive sur les moyens dédiés à la réalisation de leur programme ou
les moyens qui y participent, lorsqu’ils n’en ont pas eux-mêmes
La « règle d’or » de la LOLF est en effet de confier aux respon-
la maîtrise budgétaire directe.
sables de programmes la conduite d’une politique publique,
et de les doter au plan budgétaire des moyens nécessaires à
Ensuite, l’audit aborde la « justification au premier euro » des
cet effet, condition nécessaire pour exiger d’eux l’amélioration
crédits inscrits au programme audité. A cet égard, les audi-
de la performance. Aussi, s’agit-il de s’assurer de la bonne
teurs analysent l’explicitation des moyens budgétaires inscrits
affectation des moyens dans le bon périmètre de responsabi-
(pour les PAP) ou des dépenses réelles (pour les RAP), par
lité : quelle est la politique publique portée par le programme,
action et par nature de dépenses. Il est à signaler qu’en bud-
quel est son champ précis et quelles sont ses limites par rap-
get la répartition ainsi précisée n’est qu’indicative ; elle doit
port aux autres politiques publiques confiées à d’autres res-
néanmoins être précise et convaincante pour justifier les
ponsables, - et les moyens dédiés à cette politique sont-ils
moyens alloués au programme.
effectivement inscrits dans ce programme ?
Une autre dimension de l’audit concerne l’analyse des coûts
Dans ce sens, plusieurs recommandations de réaménagement
des actions « de politique ». Il existe généralement dans cha-
de périmètres, ont été exprimées par les avis du CIAP, notam-
que ministère un programme regroupant des moyens de pilo-
ment par fusion de programmes, dont les leviers d’actions ou
tage ou de logistique transverse, c’est à dire servant de sou-
les finalités étaient en situation de similitude ou de chevau-
tien pour les programmes dédiés à la réalisation des politiques
chement.
publiques. Les coûts budgétaires (dans les PAP) ou les dépen-
La deuxième préoccupation des auditeurs porte sur le dispo- ses réelles (dans les RAP) de tels programmes doivent d’être
sitif de performance , à savoir : la clarté et la lisibilité des ventilés entre les différents programmes « de politique » dont
objectifs proposés par les responsables des programmes et ils servent la mise en œuvre, pour permettre d’appréhender
leur cohérence avec la stratégie globale du programme. leur coût complet. Dans ce cadre, les auditeurs du CIAP exami-
nent les clés de ventilation utilisées à cet effet, et jugent de
Je tiens à préciser que le CIAP ne discute pas le bien-fondé de leur bien-fondé.
la stratégie ni les choix de politique publique et ne les remet
pas en cause. Ils sont pris comme des données par l’équipe Le dernier volet se rapporte à la validation des résultats. Cela
d’audit. Mais, les auditeurs doivent s’assurer de la lisibilité d’en- conduit les auditeurs à apprécier la fiabilité générale des sys-
semble, et de la cohérence entre l’expression de la stratégie, la tèmes d’information qui produisent les indicateurs, et notam-
formulation des objectifs, et le choix des indicateurs. ment les dispositifs de contrôle interne mis en place pour cou-
vrir les divers risques (sur l’exhaustivité, la sincérité, l’homogé-
L’équipe s’intéresse également aux indicateurs de perfor- néité des données notamment, ainsi que les risques propres
mance retenus. Ils doivent être pertinents (sans biais par rap- au traitement de l’information elle-même).
port à l’objectif qu’ils traduisent), robustes (construits sur des
données fiables et bien documentées), pouvant être produits Le second aspect analysé dans ce cadre, tout aussi important,
en temps utile, et aussi équilibrés que possible entre l’impact concerne la validation des commentaires expliquant et mettant
socio-économique recherché (par exemple sur une popula- en perspective ces résultats. Cette analyse renvoie à son tour à
tion cible), la qualité du service rendu -si la politique publique l’examen du dispositif de contrôle de gestion dont dispose le
en cause comporte des prestations fournies par l’administra- responsable du programme, sa fonction est d’abord de l’alerter
tion à l’usager - et l’efficience. en temps réel sur les écarts par rapport à la trajectoire de perfor-
mance, et ensuite de lui fournir toutes les analyses pertinentes
Globalement, l’insuffisante présence des objectifs d’efficience pour une juste appréciation de sa performance, notamment en
a été relevée par les équipes d’audit. cas d’écart par rapport à la cible de résultat.

18 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
L’ensemble de ces examens débouche naturellement sur des En France, avec les « CBCM » le contrôle des engagements a
recommandations d’améliorations contenues dans le rapport été considérablement allégé et, en pratique, le contrôleur
d’audit, puis sur un avis formel rendu par le Comité lui-même budgétaire n’exerce plus de contrôle de régularité sur les
sur chaque programme audité, par lequel le CIAP prend posi- engagements. Un tel contrôle revient désormais aux gestion-
tion sur les recommandations principales du rapport. naires eux-mêmes, et passe par la généralisation d’un contrôle
interne efficace, à même de donner une assurance sur la régu-
AL MALIYA : On parle de la mission de la RGPP et de celle larité des opérations menées.
du CIAP, ne s’agit-il pas de missions similaires ?
Les Contrôleurs Budgétaires ont pour mission quasi exclu-
M. Pierre LUBEK : Le CIAP ne remet pas en cause les politi- sive l’examen de la « soutenabilité » du budget présenté par
ques publiques telles qu’elles ont été définies et conduites. Il l’ordonnateur, en s’interrogeant en particulier sur sa prise en
veille, comme expliqué ci-dessus, au respect de la lettre et de compte complète de toutes les dépenses obligatoires, ou
l’esprit de la LOLF. Esprit qui met l’accent sur l’autonomie, la perçues comme indispensables à la couverture de leurs
responsabilité et la performance. engagements inéluctables, ainsi que de la sincérité de l’esti-
mation de ces dépenses dans le budget qui leur est soumis
Par contre, la Révision Générale des Politiques Publiques
pour avis.
(RGPP) se préoccupe de l’opportunité, voire du bien-fondé de
la politique publique en question, sa réalisation par l’Etat ou Le Maroc est sur une voie parallèle, à travers la mise en place
par un tiers et des gains éventuels de productivité qu’une révi- du Contrôle Modulé de la Dépense.
sion de la politique ou de la manière dont elle est conduite
rendraient possibles. Pour ce qui concerne la Réforme Budgétaire, les voies suivies
par la France et le Maroc sont différentes. Celle de la France a
Au fait, le CIAP et la RGPP sont complémentaires. Le premier
été avant tout « politique » et l’initiative et la force d’entraîne-
s’occupe de la méthode de pilotage du programme et de la
ment sont venues du Parlement, qui a voulu un changement
démarche de performance qui lui est attachée, ainsi que des
total, en fixant au 1er janvier 2006 la date d’entrée en vigueur
outils de gestion (contrôle interne et contrôle de gestion
de la LOLF. Au Maroc, par contre, c’est une orientation prise
notamment) sans s’attacher, ni sur le fond ni sur l’organisation
par le Gouvernement et l’administration, qui s’est traduite
du travail et des processus, au contenu des politiques et à ses
dans les faits de manière très progressive, en poussant
améliorations possibles, dont l’examen relève de la RGPP.
d’abord à l’extrême les possibilités de la réglementation en
Je dirais que le CIAP a aidé à la mise en œuvre de la RGPP, et vigueur.
que son travail peut être considéré comme un préalable à
celle-ci. En effet, les rapports du CIAP donnent la description Actuellement, la nécessité de la refonte juridique du cadre
de la stratégie, des objectifs et des indicateurs de performance budgétaire s’impose afin de le mettre en cohérence avec ce
de la politique publique considérée. Ces rapports sont utilisés qu’exige, notamment en termes de maquette budgétaire, une
par les équipes de la RGPP pour comprendre cette politique, pratique de la performance. Dans ce sens, la réflexion sur la
avant d’analyser si elle est nécessaire ou si elle pourrait être révision de la Loi Organique des Finances est entamée au sein
servie différemment. du MEF.

AL MALIYA : Vous-avez suivi l’expérience marocaine de L’option à prendre dans cette révision, sans naturellement
Réforme Budgétaire et celle du Contrôle de la Dépense vouloir donner des conseils, est le choix entre « une approche
Publique, que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? exhaustive de la notion de programme, comme en France »
selon laquelle, « tout euro dépensé doit être comptabilisé
M. Pierre LUBEK : En ce qui concerne la Réforme du Contrôle dans un programme » ou bien une approche plus « anglo-
de la Dépense Publique, je note que le Maroc l’a réussie, et saxonne », selon laquelle les programmes ne couvrent pas l’in-
une grande satisfaction a été exprimée par l’ordonnateur tégralité du budget, mais regroupent des dépenses et actions
représentant le Ministère de l’Intérieur lors de la Conférence - jugées prioritaires.
Débat « Regards croisés sur la modernisation de l’administra-
tion publique », organisée à Rabat, le 10 avril 2008. A mon avis, l’option française a le mérite d’une grande clarté
et d’une forte cohérence dans les objectifs recherchés. Elle res-
Je note également que la fusion TGR/CGED, à travers la mise en ponsabilise de fait tous les intervenants, nul n’étant tenu à
place des Trésoreries Ministérielles, est très proche de ce qui a été l’écart ou considéré sur un mode mineur. Mais, elle est com-
réalisé en France, dans le cadre de l’adaptation de l’ancien plexe et sa mise en œuvre nécessite du temps et un accompa-
« contrôle financier » à la LOLF, particulièrement avec la création gnement majeur des administrations, par une pédagogie
des Contrôleurs Budgétaires et Comptables Ministériels (CBCM). adaptée.

L’expérience marocaine va aussi dans le sens de l’esprit de res- Je terminerai en suggérant que la mise en œuvre de la
ponsabilisation et d’autonomie des ordonnateurs…Mais je Réforme au Maroc soit l’occasion d’examiner l’intérêt qu’il y
pense que des efforts resteront à accomplir en matière d’allé- aurait à l’accompagner de la transposition d’une structure
gement du contrôle. d’audit inspirée du CIAP.
Entretien réalisé par «AL MALYIA»

AL MALIYA n°43 août 2008 19


DOSSIER
La Réforme Budgétaire : impact sur les rôles des
acteurs de la dépense publique et conditions
de réussite

L’approche marocaine de la Réforme Budgétaire est une


« référence prometteuse pour tous les observateurs qui sui-
vent les efforts de modernisation entrepris depuis l’année
2000 », déclare M. CHEVAUCHEZ sur les colonnes d’AL MALIYA.
La cohérence du système financier public est indispensable
pour son évolution harmonieuse, ajoute-t-il, en soulignant
que seule la prise en compte de toutes les composantes de
ce système assurera un développement équilibré à la
réforme. En parallèle, il précise que, « la LOLF 2001 a apporté
un cadre juridique et technique nouveau et s’est traduite par
une nouvelle gestion publique basée sur « plus de liberté pour
plus d’efficacité ». Ses effets concrets ne seront perceptibles
que sur le long terme, fait-il remarquer.

AL MALIYA : La France a adopté dans le


cadre de la Réforme Budgétaire la LOLF (1er
août 2001). Le Maroc quant à lui a suivi une
approche pragmatique et progressive. Il a
expérimenté la Réforme Budgétaire avant
de réviser la Loi Organique des Finances. En
votre qualité de consultant intervenant sur
les questions de Réforme Budgétaire dans
plusieurs pays, y-a-t-il une approche aussi
idéale que possible à adopter ? Quelles sont
à votre avis ses conditions de réussite ?

M. B. CHEVAUCHEZ : Vous avez parfaitement


raison de souligner la différence de démarche
entre la Réforme marocaine avec la Nouvelle
Approche Budgétaire axée sur les Résultats et
celle qui a été mise en œuvre, en France, avec la M. B. CHEVAUCHEZ
Contrôleur Général Economique
Réforme de la LOLF. Toutefois, les objectifs et Financier
visés par les deux réformes sont identiques.

En effet, avec la mise en place du « Budget de


Performance », l’intérêt est porté en priorité sur les résultats de la France comme d’ailleurs la plupart des pays qui ont adopté
l’action de l’Administration Publique eu égard aux attentes des cette nouvelle culture et cette conception moderne de l’action
citoyens. Cette vision est largement partagée entre le Maroc et publique.

20 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
Depuis 2000, le Maroc a procédé, « à droit constant », à des expé- M. B. CHEVAUCHEZ : Dans la Réforme Budgétaire française de
riences successivement étendues à des périmètres plus larges 2001, on identifie deux volets. L’un est politique et institutionnel. Il
d’administrations. Alors qu’en France on a adopté l’approche touche le renforcement du contrôle du Parlement. L’autre, un volet
inverse, en commençant par le changement du cadre législatif et plus technique, se rapporte à l’amélioration de la gestion publique.
réglementaire avec le vote en 2001 de la nouvelle Loi Organique
des Finances (la LOLF), et ensuite on a procédé à sa mise en œuvre. Concernant ce second volet, qui nous intéresse dans le cadre de
cet entretien, peut-on relever un impact effectif ? Tout d’abord, il
Y-a-t-il un modèle idéal de « Réforme Budgétaire »? Je ne peux pas y a lieu de souligner que la mise en place de cette Réforme a pris
l’affirmer. Chaque pays doit suivre son propre rythme. La façon de du temps.
procéder dépend dans une grande mesure de l’environnement du
pays et de sa culture. Néanmoins, et sur la base des différentes Il y a eu plus de 5 ans entre le vote de la LOLF en 2001 et la mise
expériences connues au Maroc, en France et dans d’autres pays, je en œuvre de la totalité de ses dispositions en 2006, avec l’adop-
considère personnellement que l’approche marocaine est bonne. tion d’une nouvelle nomenclature budgétaire, l’élaboration d’in-
Elle est assez efficace. C’est une politique de « petits pas » basée sur dicateurs d’objectifs, le changement du système de contrôle...
le test et l’expérimentation, de manière progressive, de réformes Tout ceci s’est mis en place progressivement. Et ce n’est qu’il y a
opérationnelles et concrètes, et leur partage avec un nombre un peu plus de deux ans que les administrations et les ministères
croissant de ministères avant leur généralisation. appliquent concrètement les dispositions de la LOLF. Donc, il est
un peu tôt pour parler des impacts de la Réforme : s’agissant d’un
C’est une approche sage qui permet des ajustements et correc- changement de comportement et de culture, cela prendra du
tions par rapport au programme de référence. Elle commence à temps et les effets concrets ne pourront être constatés que dans
donner de bons résultats. Actuellement la plupart des ministè- quelques années.
res ont adopté la Nouvelle Approche Budgétaire axée sur les
Résultats. Néanmoins, un cadre juridique et technique profondément nou-
veau est désormais mis en place et je dirais que le principal pro-
Par ailleurs, le Maroc est en train de mettre en place une réforme grès enregistré à ce jour concerne la liberté et la flexibilité accor-
importante concernant le processus d’exécution de la Dépense dées aux gestionnaires. C’est un progrès très sensible et qu’ils
Publique, avec une mutation vers un contrôle moins tatillon, pro- apprécient beaucoup : ils ont plus de marge de manœuvre pour
portionné au risque et s’orientant vers plus de contrôle a posteriori. utiliser les crédits budgétaires qui leurs sont accordés. La globali-
sation des enveloppes budgétaires autorisée par la LOLF leur
Ces changements se concrétisent, comme déjà signalé, à droit permet, au quotidien, de s’adapter aux exigences du service
constant, c’est à dire dans le cadre de la Loi Organique des Finan- public et de faire le meilleur usage des fonds qui leur sont attri-
ces en vigueur au Maroc. Toutefois, tout le monde parait d’ac- bués. Ainsi, les gestionnaires ont la liberté de choisir entre des
cord sur le fait que ce cadre normatif a désormais atteint ses limi- dépenses de fonctionnement ou d’investissement, de recourir au
tes et que sa révision s’impose. Le Gouvernement marocain en non à la sous-traitance, de prioriser telle action par rapport à une
est conscient et a inscrit cette révision parmi les actions prioritai- autre... Le contrôle est allégé et, pour l’essentiel, s’applique dés-
res de la nouvelle législature. ormais a postériori sur les résultats et non sur les moyens. En
contre partie de cette flexibilité, une plus grande exigence en ter-
La démarche suivie par votre pays est la plus courante. Rares sont mes de résultats est attendue des gestionnaires. C’est le contrat
les pays, comme la France, qui ont d’abord effectué le change- fondamental de la nouvelle gestion publique : plus de liberté
ment du cadre normatif -de la Loi Organique- et ont procédé pour plus d’efficacité.
ensuite à la mise en application de ses dispositions nouvelles.
Les impacts de cette flexibilité sont bien visibles dans la gestion
Rappelons-le, contrairement au cas marocain où le MEF était l’ini- quotidienne. Les agents qui ont intégré cette nouvelle approche
tiateur de la Réforme, la décision de changer la LOLF a été, en de gestion abordent leur travail dans un état d’esprit plus positif,
France, une initiative du Parlement qui en a fait la proposition en car ils travaillent pour des objectifs plus clairs. Ce qui est plus épa-
2000-2001, et que le Gouvernement a accepté sans aucun amen- nouissant plus motivant et mobilisant et donne, selon eux, un
dement. Ensuite, les administrations ont été amenées à mettre sens au service public.
en œuvre une réforme qui n’avait donc pas été conçue directe-
ment par elles. En outre, on constate un changement dans les rôles des trois
principaux acteurs de la dépense publique (l’Ordonnateur, le
Les deux expériences se valent, et leur réussite dépend beau- Contrôleur et le Comptable). Leurs rôles et responsabilités se
coup d’un vrai engagement des dirigeants politiques et adminis- trouvent assez substantiellement modifiés. L’homme du terrain
tratifs à mettre en place une meilleure façon de gérer la chose au contact des usagers, l’Ordonnateur -que l’on appelle désor-
publique et de veiller à partager cette conviction avec leurs équi- mais plus volontiers le « Gestionnaire »-, est aujourd’hui placé au
pes. Ceci s’impose d’autant plus qu’il s’agit là d’un changement centre du système financier : son pouvoir et sa responsabilité
culturel et de comportement des agents et de la Fonction Publi- sont plus importantes, alors qu’auparavant son rôle financier
que qui s’étalera dans le temps. Cette conviction est déjà un était plus effacé.
acquis incontestable au Maroc, et les expériences menées
jusqu’à présent ont eu l’adhésion de ceux qui ont pu, au départ, Le Contrôleur Financier, par contre, s’efface à des degrés divers,
encore en douter. mais ne disparaît pas. Son contrôle devient moins détaillé et
moins tatillon. En France notamment, il ne s’agit plus que d’un
AL MALIYA : Quel impact a pu avoir la LOLF sur la logique de contrôle global exercé en début d’année ou de chaque trimestre
la gestion publique en France? Comment ont évolué les rôles sous forme de discussions avec le gestionnaire sur l’enveloppe
des Ordonnateurs, des Contrôleurs Financiers et des globale de crédits et non dépense par dépense. Le Maroc semble
Comptables Publics ? s’engager, avec prudence, dans la même direction.

AL MALIYA n°43 août 2008 21


DOSSIER
Il est clair que l’effacement du contrôle présente des risques si les Cette intégration de toutes les étapes du processus d’exécution
gestionnaires ne sont pas préalablement dotés d’outils de de la dépense publique, telle que permise par l’outil informati-
contrôle et d’audit internes. Rappelons que c’est l’esprit de la que, et sous réserve de mise en place d’éléments de sécurité
Réforme du Contrôle de la Dépense Publique en cours de mise (signatures cryptées…) fait largement disparaître, dans la prati-
en œuvre au Maroc qui prévoit la vérification de la capacité de que, la séparation des pouvoirs entre l’Ordonnateur et le Comp-
gestion des ordonnateurs avant de leur accorder plus de flexibi- table, même si elle perdure au plan juridique.
lité et d’alléger le contrôle.
Le Comptable se met en quelque sorte au service de l’Ordonna-
En France, et notamment avec le nouveau Gouvernement, il a été teur et sera de plus en plus sollicité pour donner des informa-
décidé la suppression de tout contrôle individuel de la dépense tions, à même d’aider à une meilleure gestion de la dépense
publique, et donc de tout visa du contrôle a priori. Le Contrôleur publique.
Financier travaille en partenariat avec l’ordonnateur en exerçant
plus une mission de conseil que de contrôle a priori. A cet effet et en l’absence fréquente de comptabilité analytique
dans nos administrations, le Comptable Public doit contribuer à
S’agissant du Comptable Public, 3ème acteur dans le système de son développement, en liaison avec l’ordonnateur, sur la base
gestion de la Dépense Publique, son rôle a connu une évolution des informations de comptabilité générale dont il a la maîtrise.
commune aussi bien en France qu’au Maroc. Il se rapproche de
l’Ordonnateur avec la mise en place de Trésoreries Ministérielles : En France, la comptabilité publique est désormais une comptabi-
la comptabilité devient ainsi un instrument à la disposition du lité patrimoniale au service de la performance.. Ceci va permettre
gestionnaire pour une meilleure maîtrise de ses coûts. En effet, le d’avoir des comptabilités spécifiques par « programme », avec
comptable, tout en restant un contrôleur de la régularité de la des assignations d’ « actifs » (bâtiments, équipements etc..) à cha-
dépense, devient un fournisseur d’informations de gestion au cun d’entre eux. La comptabilité générale ainsi enrichie servira la
profit du gestionnaire. gestion.

AL MALIYA : Dans ce sens, qu’en est-il du principe de la sépa- AL MALIYA : Vous avez suivi la mise en place de la Réforme
ration des pouvoirs entre Ordonnateur et Comptable, et de Budgétaire menée par le MEF, quelle suggestion faites-vous
la pratique d’une comptabilité analytique qui permettra de aux responsables marocains en charge de cette Réforme
produire les informations utiles pour le gestionnaire ? pour la réussite de la révision de la LOF ?

M. B. CHEVAUCHEZ : Vous avez raison de vous interroger sur le M. B. CHEVAUCHEZ : Je suis très honoré d’être associé, sur le
principe de « la séparation des pouvoirs entre l’Ordonnateur et le plan technique, à la réflexion et à l’élaboration de la Réforme
Comptable », qui est un grand pilier de la doctrine et de la prati- Budgétaire au Maroc. J’ai vraiment le sentiment que les respon-
que comptable dans nos administrations. sables marocains de la réforme la pilotent avec à la fois beaucoup
de sagesse et beaucoup d ‘engagement.
Cette séparation se pratique dans toutes les grandes organisa-
tions, publiques ou privées. Mais, contrairement aux administra- Une des difficultés importantes est liée sans doute à la détermi-
tions anglo-saxonnes, où l’Ordonnateur et le Comptable relèvent nation du bon niveau d’ambition pour cette Réforme, de manière
de la même entité hiérarchique, dans nos administrations ils ren- à ce qu’il ne soit ni trop modeste ni trop élevé.
dent compte à des supérieurs hiérarchiques différents au som-
met de la pyramide hiérarchique :le Ministre du Département Un niveau d’ambition trop élevé, avec des réformes trop rapides
Ministériel concerné, pour l’Ordonnateur et le Ministère chargé par exemple, pourrait faire prendre d’importants risques pour la
des Finances pour le Comptable. Le rapprochement physique ou sécurité et l’équilibre du système financier public.
géographique du comptable désormais placé auprès d’un minis- A l’inverse, une ambition insuffisante qui n’apporterait pas de
tère atténue les inconvénients de cette séparation. réelle Valeur Ajoutée aux acteurs du système, en leur offrant peu
de flexibilité et de marge de manœuvre, ne permettrait pas de
Une deuxième observation dans le même sens est lié au dévelop- soutenir la mobilisation de tous les acteurs concernés.
pement des progiciels d’exécution des dépenses (au Maroc, on
pense à « GID » qui sera opérationnel dans quelques années) sont Je crois par ailleurs qu’il convient, dans ce genre de réforme
des progiciels communs à l’Ordonnateur et au Comptable. Ils ambitieuse, de bien veiller à la cohérence du système pour per-
permettent une gestion intégrée de tout le processus d’exécu- mettre son évolution harmonieuse. On ne peut pas agir sur une
tion de la dépense publique, de l’engagement au paiement. Leur seule de ses composantes. Le Réforme du « contrôle » par exem-
usage contribue donc aussi à effacer la distinction juridique entre ple ne peut se faire sans une révision de la nomenclature budgé-
l’Ordonnateur et le Comptable. taire ; de même, l’informatisation du système et la mise en place
de règles de transparence nécessitent une revue des process et
De manière schématique, au début du processus de toute des rôles et responsabilités des acteurs… Si tous les éléments du
dépense, l’Ordonnateur signe l’acte d’engagement de la système de Finances Publiques ne sont pas pris en compte
dépense publique (bon d’achat, contrat, recrutement…). Qui est ensemble et globalement, la réforme ne peut pas se développer
alors vérifié automatiquement par le Contrôleur financier selon de manière équilibrée.
des critères préétablis ; selon le même Workflow l’opération est
ensuite basculée chez le Comptable (payeur) pour des signatures En tout état de cause , je souhaite « bon vent » à la poursuite de
électroniques en fonction de vérifications intégrées dans le pro- la Réforme Budgétaire marocaine qui est devenue- et restera, j’en
giciel utilisé. Les plus modernes de ces logiciels donnent la possi- suis sûr- une référence prometteuse pour tous les observateurs
bilité de la signature automatique des chèques de paiement des qui de l’étranger suivent les efforts de modernisation entrepris
opérations. depuis le début des années 2000.
Entretien réalisé par «AL MALYIA»

22 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) :
un nouvel avatar de la Réforme de l’Etat

La Réforme de l’Etat a été à l’ordre du jour de tous les


gouvernements français. Actuellement, une Révision
Générale des Politiques Publiques (RGPP) est menée. Il
s’agit d’une rationalisation plus que d’une recentralisation
de l’action publique », a précisé M. Y. OLLIVIER, dans l’in-
terview publiée ci-après.
Dans un regard croisé sur les expériences marocaine et
française, la RGPP pourrait être l’une des sources d’inspi-
ration pour le Maroc, a-t-il suggéré.

AL MALIYA : Le Gouvernement français a


lancé, en juillet 2007, l’initiative de la
«Révision Générale des Politiques Publiques»
(RGPP). Cette révision se veut un « coup d’ac-
célérateur » à une Réforme de l’Etat, est-ce
que cela veut dire que les différentes réfor- M. Yvon OLLIVIER
mes mises en place, jusque là, n’ont pas eu les Inspecteur Général des Finances

impacts escomptés ? • Directeur Général des Impôts ;


• Préfet de plusieurs départe-
M. Yvon OLLIVIER : La Réforme de l’Etat est ments et régions (Le Puy,
Nice, Toulouse, Marseille) ;
une action permanente des pouvoirs publics,
• Directeur de Cabinet du
qui doivent toujours s’interroger sur l’efficacité Ministre de l’Intérieur ;
des politiques publiques conduites, leur corres- • Conseiller du président de la
pondance aux attentes des citoyens, leurs SODEXHO (restauration col-
lective et services) ;
coûts…
• Président Directeur Général du
groupe Europ assistance
En France, la question de la Réforme de l’Etat a (société d’assurance et de ser-
été à l’ordre du jour de presque tous les Gou- vice spécialisée dans le
voyage et la santé).
vernements et la RGPP n’est qu’un nouvel ava-
tar de cette Réforme.

S’agit-il d’un « coup d’accélérateur » à la


Réforme de l’Etat? En réponse, je dirais qu’il faut reconnaître que Il y a eu également des tentatives sous le Gouvernement de J.P
malgré les différentes actions de réformes entreprises en France, Raffarin, où il a été demandé à chaque ministère d’élaborer
les résultats ne sont pas encore à la mesure de ce que l’on souhai- une stratégie ministérielle de réforme précisant les orienta-
tait, du moins si l’on considère la Réforme de l’Etat en termes de tions d’amélioration des prestations rendues aux citoyens.
tentatives pour faire réduire son coût. Ensuite, et plus récemment, le lancement par le Gouvernement
de Dominique De Villepin des audits de modernisation.
Certaines de ces tentatives ont marqué par leur importance,
notamment celle prise par le Gouvernement de Michel Rocard au La RGPP intervient suite à ces tentatives et prend d’ailleurs en
début des années 90. Cette tentative avait associé les fonction- compte les étapes précédentes. Mais, dans l’intervalle, le
naires et visait l’amélioration de leurs conditions, et se voulait en contexte des Finances Publiques s’est dégradé et les niveaux de
même temps une action d’évaluation des politiques publiques. déficit et de dette publiques deviennent préoccupants. La RGPP

AL MALIYA n°43 août 2008 23


DOSSIER
est donc nécessairement une réponse à ce contexte tendu des Constitué au plus haut niveau de la hiérarchie, ce Comité réunit,
Finances Publiques. selon une régularité hebdomadaire, et sous la présidence
conjointe du Secrétaire Général du Président de la République et
Toutefois, sa véritable nouveauté réside dans son approche très du Directeur du Cabinet du Premier Ministre, plusieurs interve-
globale et méthodique conduisant à un examen exhaustif et sans nants, dont le Directeur du Budget, les deux rapporteurs des Com-
tabou de ce que doivent être les missions de l’Etat au XXI ème siè- missions des finances du Sénat et de l’Assemblé Générale, le Rece-
cle, de façon à examiner les missions des différents ministères et veur Général des Finances…, ainsi que le Ministre du Budget qui
à s’interroger sur les services rendus, leurs réponses aux attentes assure la fonction de « Rapporteur » du Comité1.
des populations-cibles, la possibilité de faire mieux, et éventuel-
lement - dans un souci d’amélioration de la qualité et de la ratio- Les responsables de équipes d’audit ont eu à présenter devant le
nalisation des coûts-, identifier les maîtres d’ouvrage (Etat, ou Comité de Suivi leur rapport d’étape, puis leur rapport définitif,
opérateurs privés), la répartition des tâches entre l’Etat et les Col- chaque fois en présence du ministre concerné, qui donnait bien
lectivités Locales…., avant de proposer des scénarios de transfor- entendu son point de vue (qui n’était pas nécessairement le
mation. même que celui de l’équipe d’audit). Après discussions, le Comité
définit ses orientations qui sont ensuite soumises, pour décision
L’approche par les missions est facilitée dans une grande mesure politique, au « Conseil de modernisation des politiques publi-
par le chantier de mise en œuvre de la LOLF, qui donne -pour ques »2. Cette instance s’est réunie, jusqu’à présent à deux repri-
rappel- un découpage des politiques publiques par missions et ses (en décembre 2007 afin de prendre les grandes orientations
par programmes et vise à rendre un meilleur service, et à un meil- et au début du mois d’Avril 2008 pour validation des proposi-
leur coût si possible. tions faites). Une troisième réunion doit se tenir en juin.

AL MALIYA : Comment a-t-on procédé pour la mise en place Au niveau technique, un Comité d’Appui composé de membres
de cette RGPP, étant donné qu’elle est sensée toucher toutes de cabinets (présidence, primature, ministère du budget) et de
les politiques publiques ? Parmi les objectifs visés : rendre fonctionnaires de la Direction de la Modernisation de l’Etat, est
l’organisation administrative plus simple et efficace. Ceci dédiee à temps plein à la RGPP. C’est cette équipe qui a élaboré
les guides méthodologiques de départ, avec le soutien de
s’est traduit par la suppression d’une trentaine de structures
consultants privés.
d’administrations centrales ou d’organismes divers et la
fusion d’autres structures, notamment la DGI/DGCP, le ser- Je préciserais aussi, que les équipes de la RGPP travaillent en
vice statistique du Ministère de l’Industrie avec ceux de concertation permanente avec les ministères et sont tenues par
l’INSEE … Cette simplification de l’organisation de l’État l’obligation de chiffrer leurs propositions en termes de coûts
n’est-elle pas un retour en force vers la « centralisation » ? budgétaires, ou en termes d’amortissement d’investissements
éventuels.
M. Yvon OLLIVIER : Cette revue générale des politiques publi-
ques cible un objectif très ambitieux. Il s’agit d’améliorer, pour Les propositions faites sont généralement en termes de simplifi-
l’ensemble des politiques publiques, le service rendu par l’Admi- cation administrative et de fusion de structures (Directeurs ou
nistration (y compris la Police et la Gendarmerie…) en intégrant services territoriaux …), de manière à alléger l’appareil de l’Etat,
la dimension budget et coût. tout en tenant compte de la décentralisation.

Les précédentes tentatives de la «Réforme de l’Etat » se sont inté- Rappelons à ce sujet que le lancement de la politique de décen-
ressées à des champs spécifiques de l’action de l’Etat et avaient tralisation en France remonte à plus d’une vingtaine d’années.
une approche transversale. Elles intervenaient notamment, sur la Depuis, l’administration locale au niveau des régions, des dépar-
politique des Ressources Humaines, la politique d’achat …et non tements et des communes, s’est beaucoup développée. Aussi, il
sur l’ensemble des champs de l’action administrative, contraire- s’est avéré nécessaire de chercher à alléger concommitamment
ment à la RGPP qui touche l’ensemble de cette action. l’administration d’Etat, de manière à ne pas créer des doublons à
tous les niveaux entre l’administration territoriale de l’Etat et
Vu l’ambition de cet objectif, jointe à une forte implication au ‘l’administration locale.
plus haut niveau de l’Etat (le Président de la République et le Pre-
mier Ministre), un solide dispositif a été mis en place en s’ap- Cet allégement se fait certes, par le transfert d’un certain nombre
puyant sur la mobilisation des Inspections ministérielles, avec de compétences aux Collectivités Locales, et également par la
une implication très forte de l’Inspection Générale des Finances. fusion ou la suppression de structures. Mais, comme déjà précisé,
l’approche de la RGPP ne se limite pas à la suppression des
Au total, 300 personnes, dont des consultants privés, ont travaillé dépenses en supprimant des structures. Il s’agit de réfléchir sur la
pendant 9 mois -et continuent pour certains- dans le cadre de 26 meilleure façon d’exercer les missions des différentes structures,
équipes. 14 d’entre elles sont consacrées à des Ministères et ana- dans un souci d’amélioration de la qualité des services rendus.
lysent les systèmes de production des administrations publiques Ceci, en s’intéressant au reengineering des process et aux pro-
et leurs politiques d’intervention. grès permis par les TIC. A titre d’exemple : les projets visant à
l’amélioration de la délivrance des papiers d’identité, des passe-
Le suivi du travail de ces 26 équipes est assuré par un « Comité de ports, des cartes grises et des permis de conduire nécessitent un
Suivi des politiques publiques ». investissement très lourd, chiffré à 1 Milliard d’Euro sur 10 ans,

1 C’est pour la première fois que le Ministre du budget est impliqué directement.
2 Ce Conseil est préside par le Président de la République et comporte l’ensemble des ministres du Gouvernement.

24 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
qui sera amorti grâce aux gains de productivité engendrés par la AL MALIYA : Etant en charge de la mission de RGPP, et à la
simplification des procédures, l’usage de l’informatique et la fac- lumière de quelques mois de mise en place de cette réforme,
turation des prestations du service public aux citoyens. quelles suggestions pouvez-vous faire, pour vos homolo-
gues marocains, qui mènent aussi des réformes en matière
Peut-on parler d’une « Recentralisation » ? On peut être tenté de de gestion des finances publiques visant la rationalisation de
le penser, si on considère notamment la remontée de certaines la dépense publique et le renforcement de l’efficacité et de la
fonctions administratives, principalement les « centrales d’achat » qualité du service public ?
qui permettent la réalisation d’importantes économies. Mais il
s’agit d’une rationalisation plutôt que d’une recentralisation. M. Yvon OLLIVIER : Au cours de cette mission3 de l’ADETEF, j’ai pu
relever le grand intérêt exprimé par les responsables politiques et
Dans d’autre cas, c’est plutôt la politique de proximité, vis-à-vis administratifs marocains par rapport à la RGPP. Cet intérêt ne m’a
des citoyens, qui permet des économies de dépenses. A ce pas surpris, compte-tenu du très haut niveau d’ambition que
niveau, on rejoint l’esprit de la LOLF, qui donne la liberté aux manifeste le royaume pour la réforme de l’Etat.
gestionnaires locaux dans le cadre de la globalisation des cré-
dits. Je pense à cet égard à tout ce qui est fait pour améliorer la
chaîne des dépenses publiques, en allégeant les contrôles et en
AL MALIYA : Cette RGPP prône également la valorisation du responsabilisant plus les ordonnateurs.
travail des fonctionnaires. Comment réaliser l’adéquation
entre cet objectif et l’économie des ressources visée, notam- Une autre avancée importante de l’Administration au Maroc, est
ment si on note que celle–ci se traduit par une réduction de l’accent mis actuellement sur la « performance » administrative.
l’effectif des fonctionnaires, des moyens mis à leurs disposi- Dans ce sens, plusieurs actions sont entreprises, et auxquelles les
tions et éventuellement une augmentation de leurs charges experts de l’ADETEF ont participé. Ces actions visent à inciter les dif-
de travail ? En outre, la réussite de toute Réforme est condi- férents départements ministériels à adopter une gestion basée sur
tionnée par l’adhésion des acteurs, quelles ont été les actions la performance, en utilisant les techniques et modes de travail cor-
entreprises dans ce sens ? respondants, et ce sous les orientations du MEF et avec son appui.

M. Yvon OLLIVIER : La réussite de toute Réforme passe effective- Toutes ces actions convergent vers un réexamen des politiques
ment par l’adhésion des acteurs concernés. publiques, avec un intérêt particulier à l’évaluation de ces poli-
tiques.
Concernant la RGPP, elle a parfois été critiquée comme trop tech-
nocratique et peu participative, n’ayant pas associé les citoyens. J’ai notamment compris qu’une veritable démarche d’évaluation
était prévue pour les projets relevant de l’INDH. Ces projets font
Pour être honnête, cette critique est partiellement justifiée. Un déjà l’objet d’audits conjoints de l’IGF et de l’IGAT, qui ont visé
choix a été fait compte tenu de l’état des finances publiques fran- jusqu’à présent à s’assurer de la régularité des opérations
çaises et de la nécessité de la rapidité d’action. menées. Il s’agira ensuite de conduire des audits d’impact et par
conséquent, procéder à l’évaluation des politiques publiques
Les équipes d’audit,pressées par le temps, n’ont pas eu la possi- que sous-tendent ces projets, et par la même, on se rapprochera
bilité de faire des consultations à tous les niveaux. Celles-ci ont de la démarche de la RGPP.
néanmoins été faites au niveau des Ministères (à titre d’exemple
: au Ministère de l’Intérieur des réunions ont été tenues avec les En outre, j’ai noté que dans le cadre de la mise en œuvre de la
préfets et les sous- préfets). réforme budgétaire, le MEF a entamé une réflexion sur la révision
de la Loi Organique des Finances.
Actuellement, la problématique de la participation au processus
se pose. En effet, les possibilités et les besoins sont identifiés et La RGPP repose sur l’existence de la LOLF, qui insiste sur la défi-
les scénarii de transformation sont proposés. La RGPP entre dans nition d’objectifs clairs pour les différents programmes et mis-
sa seconde phase, celle de la mise en œuvre des grandes orienta- sions se rapportant au service public, et la nécessité d’associer
tions. Chaque Ministre a la charge, dans le cadre d’un processus des indicateurs de performance à chaque mission et pro-
participatif associant ses propres fonctionnaires, de procéder à gramme. Aussi, la révision de la LOF au Maroc -qui modifiera la
cette mise en œuvre qui aura, éventuellement, un impact sur la nomenclature budgétaire- est probablement une étape néces-
politique de gestion des ressources humaines. saire pour arriver à une RGPP.
D’ailleurs, l’un des débouchés de la RGPP devait être la possibilité En France, on s’est inspiré des expériences menées dans d’autres
pour l’Etat de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant pays, tels que le Canada, la Suède et le Royaume Uni… et on est
à la retraite, et ceci pendant au moins trois ans. La négociation encore en milieu de chemin. On a dépassé le stade de l’identifica-
avec les partenaires sociaux sera de mise, afin de réussir cette tion des mesures à prendre et on est en phase de leur mise en
révision dans un système où les fonctionnaires bénéficient de la œuvre selon un certain calendrier. Ceci, est probablement le plus
garantie de l’emploi. difficile à réaliser.
La dimension des ressources humaines est importante et des for- Pour le Maroc, la RGPP pourrait aussi être une source d’inspiration
mules de mobilité et de redéploiement des fonctionnaires sont à parmi d’autres exemples de réformes ambitieuses, etant précisé
encourager. Dans ce sens, un projet de Loi vient d’être adopté naturellement que chaque pays présente ses caractéristiques spé-
par le Conseil des Ministres. cifiques qui doivent l’amener à bâtir son propre modèle.

Entretien réalisé par «AL MALYIA»

3 Mission de l’ADETEF qui a eu lieu du 9 au 11 avril 2008.

AL MALIYA n°43 août 2008 25


DOSSIER
Les Réformes, l’évaluation des politiques publiques et
le rôle du Ministère de l’Economie et des Finances

« Quand il s’agit de politiques publiques, le fondement des


Réformes en termes d’efficience, de transparence, … et
d’équité, sont en définitive des questions qui interpellent la
démocratie au sens large ». « L’appréciation de leurs impacts
sur les populations ciblées en relation avec les moyens préa-
lablement dédiés et/ou effectivement mobilisés», est
nécessaire et aussi un des aspects dont la dynamique des
Réformes manque aujourd’hui cruellement ».
« Il serait difficile aujourd’hui, de faire une évaluation juste
mesurant le gap qui nous reste à rattraper en matière de
Réforme des Finances Publiques ». Toutefois, au MEF l’éva-
luation des politiques publiques est l’une de ses préoccu-
pations principales ; preuve en est la programmation, cette
année et à moyen terme, de formations en la matière »,
indique M. CHAFIKI à AL MALIYA.

AL MALIYA : Les Réformes de l’Administration,


de l’Etat,… sont un sujet d’actualité au Maroc
et en France. L’Administration Publique
Marocaine connaît depuis quelques années
des réformes structurantes importantes,
quelle place pour les réformes initiées et/ou
menées par le Ministère de l’Economie et des
Finances ?

M. CHAFIKI : Je vous félicite pour la perti-


nence de la problématique posée.

De prime à bord, la question des Réformes ne


concerne pas seulement le Maroc et la France.
C’est une préoccupation mondiale. Aussi,
serait-il judicieux de contextualiser cette pro-
blématique au regard des changements en « Je continue à penser que l’immensité et l’urgence des tâches attendues exigent la mise en place d’une structure dédiée
cours dans le monde. à la conception et au pilotage de la Réforme afin d’en accélérer le rythme et d’optimiser les efforts ».

M. CHAFIKI, Directeur des Etudes et des Prévisions Financières


A cet égard, il serait intéressant de mettre en
parallèle, sur le plan de la diachronie, les changements connus tout au long de l’histoire moderne ; plus précisément, depuis
par les Etats dans leurs structurations, dans leurs fonctions les grandes ruptures enregistrées au cours des 14 et 15 siècles,

26 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
où à la faveur de la naissance du premier grand marché mon- En somme, c’est dans la structuration de cette logique à trois
dial, occasionné par l’expansion commerciale européenne et niveaux que l’on retrouve la matrice d’exigence des nouvelles
sous-tendues par des innovations technologiques dans le réformes.
domaine de la navigation, les premiers Etats-nations (mercan-
tilistes) ont décliné de nouveaux modes de gouvernance en Le Maroc, bien évidemment, est interpellé par ces logiques, et
phase avec les changements que cette première forme de on peut selon l’évolution économique et sociale qu’il a
mondialisation, au sens moderne du terme, a impliqué au sein connue, depuis les années quatre-vingt, saisir les contours de
des structures économiques, sociales et politiques. D’où l’im- cette évolution.
portance de ce triptyque : innovation, changement des struc-
tures économiques et sociales, et forme de mondialisation En effet, la dynamique des réformes déclenchée par la crise
comme matrice déterminant de nouvelles formes de gouver- des Finances Publiques des années 80, la mise en œuvre du
nance en fonction de son évolution. PAS, les différentes réformes de libéralisation de l’économie et
les restructurations qu’a connues l’Administration Publique
Il est un fait qu’on peut invariablement constater : chaque fois pour s’y adapter, a été accélérée durant la dernière décennie.
qu’il y a eu un changement dans les fondements de ce tripty- C’est dans ce cadre et dès le départ que le Ministère de l’Eco-
que qui reste pertinent pour l’analyse des formes d’organisa- nomie et des Finances a été continuellement interpellé.
tion et de fonctionnement étatiques, notamment au niveau
de la structure de l’économie quand elle passe, à titre d’exem- En définitive et eu égard aux préoccupations du MEF et à la
ple, de l’agriculture à l’industrie, des systèmes de production vocation en devenir de l’Etat marocain, j’affirmerai que les
qui évoluent ensuite, d’une forme de « capitalisme concurren- Réformes sont « déterminées » par les besoins de l’évolution
tiel industriel » par exemple à des formes plus élaborées, les du pays, notamment en prenant en considération les deman-
fonctions de l’Etat, leurs modes d’intervention et la logique de des sociales, économiques et politiques qui traduisent les
gouvernance qui en découle s’adaptent aux changements mutations profondes du pays. A celles-ci, s’ajoutent égale-
intervenus, aux mutations impliquées dans les structures des ment les nécessaires adaptations découlant du choix stratégi-
économies nationales et aux innovations technologiques qui que de l’ouverture retenue, et des partenariats formalisés à
les conditionnent. travers les différents accords de libre-échange conclus et dont
les conséquences, notamment en termes de convergences
Il serait fastidieux d’analyser cette évolution. Néanmoins, glo- normatives, sont importantes et impactent les méthodes de
balement l’histoire a enregistré la formation d’Etats mercanti- gouvernance qui doivent sous tendre la Réforme de l’Etat.
listes, d’Etats libéraux avec la Révolution industrielle, et d’Etats
providences à la suite des grandes restructurations qu’a Sur le plan interne, l’exigence démocratique et son intériorisa-
connues le monde entre les deux guerres mondiales. tion, notamment à l’heure des grands consensus qui ont per-
mis au pays d’aborder un tournant dans son évolution politi-
L’évolution des fonctions de l’Etat a certes eu plus de visibilité que, économique, sociale et culturelle, ont joué un rôle nota-
dans le monde occidental, même si aujourd’hui et plus parti- ble qu’il faut avoir présent à l’esprit quand on traite de la ques-
culièrement depuis les bouleversements des années 80 et de tion de la Réforme .
manière plus affirmée durant les années 90, on a noté partout
dans le monde des interrogations sur le rôle de l’Etat, les for- Au fait, quand il s’agit de politiques publiques, le fondement
mes d’organisation et les types de gouvernance qui s’impo- de la Réforme en termes d’efficience, de transparence, de par-
sent. Cette période rappelons-le, a été marquée par de gran- ticipation, d’éthique et d’équité, sont en définitive des ques-
des mutations technologiques où la révolution scientifique et tions qui interpellent la « Démocratie » au sens large.
technologique a imposé la restructuration des systèmes pro-
ductifs, et a interpellé de nouvelles formes d’organisation au Considérant plus particulièrement la Réforme des Finances
niveau des Etats et de leurs modes d’intervention, aussi bien Publiques, elle doit avoir comme référence l’ensemble de ces
au niveau international que national et local. valeurs. En somme, il s’agit d’une nouvelle conception de la
gestion publique qui cherche à optimiser l’action de l’Etat au
Le premier niveau -en relation avec les grands pôles de l’éco-
regard d’objectifs préalablement déclinés et sanctionnés par
nomie mondiale qui se sont constitués- a vu l’émergence de
le vote démocratique, et par l’adhésion avancée des organisa-
nouvelles formes institutionnelles de gouvernance économi-
tions de la société civile et de la population au niveau national,
que, notamment avec l’UE et ses institutions- qui constituent
régional et local.
un nouvel étage au dessus des Etats-nations, limitant d’une
certaine manière leurs marges d’interventions, et en même
temps leur donnant de nouvelles vocations.

En second lieu, celui de l’Etat-nation, où l’on s’oriente vers des La question des Finances Publiques reste cen-
visions et des conceptions « d’Etat stratège ». trale par rapport à la gouvernance économique
Enfin et toujours en relation avec la dialectique de ces diffé- et à la démocratie elle-même.
rents changements, le niveau local avec les exigences d’une
gestion de proximité du développement, et partant d’une
conception qui considère que l’efficacité de la gouvernance La dernière décennie a effectivement été importante en
est globalement liée à la démocratie, à la prise en compte des matière de Réformes, et le Ministère de l’Economie et des Finan-
besoins des citoyens et interpelle leur participation. ces y a joué un rôle primordial. Ces Réformes sont perçues non

AL MALIYA n°43 août 2008 27


DOSSIER
seulement par les observateurs nationaux, mais également par la capacité d’adaptation perpétuelle des Etats aux change-
les organismes internationaux avec lesquels nous travaillons. ments. Dans ce cadre, on ne peut pas parler de « préalable » ni
Ceux-ci considèrent le Maroc, sur le plan régional, comme « le de clé d’entrée privilégiée. Mais je dois convenir que la ques-
pays des Réformes par excellence ». L’importance de ces Réfor- tion des Finances Publiques reste centrale par rapport à la
mes, leur qualité et la dynamique de leur continuité, lui ont valu gouvernance économique et à la démocratie elle-même.
l’acceptation de l’idée d’un « statut avancé » par l’UE, l’éligibilité
au financement du MCC par le Gouvernement des Etats-Unis, et En matière de Réforme dans ce domaine, deux démarches
une bonne appréciation par les grands organismes financiers et sont en vigueur actuellement de par le monde. Celle qui
les agences de notation. détermine à l’avance une stratégie de réforme assise sur un
cadre institutionnel, juridique et conventionnel sanctionné
Au-delà, la sanction positive tient également à la logique des par des lois dont l’opérationnalisation est déclinée générale-
marchés, et les indicateurs dont on dispose en termes d’at- ment sur le moyen terme. C’est le cas de la Réforme LOLF en
tractivité du pays (IDE) et de capacité à mobiliser les finance- France par exemple.
ments, notamment les sorties souveraines du Maroc sur les
marchés des capitaux qui témoignent de la qualité des réfor- La deuxième démarche est celle adoptée par le Maroc. Elle
mes entreprises au Maroc. consiste à introduire, de manière pragmatique et progressive,
une dynamique de Réforme du processus budgétaire sans
Une partie importante de ces réformes a été initiée à partir de révision de la Loi Organique des Finances (LOF) en vigueur.
notre Ministère, ce qui me semble normale vu les prérogatives
qui lui échoient. Dans la mise en œuvre de cette Réforme pour notre cas pro-
pre, les possibilités de réaménagement du processus budgé-
Evidemment, cette appréciation reste globale. Elle gagnerait à taire ont été poussées jusqu’à leurs dernières limites en intro-
être affinée par des évaluations périodiques. Mais c’est là un duisant les grands principes de la globalisation, de la décon-
des aspects dont la dynamique des Réformes manque centration et du partenariat. Ce qui a suscité des réaménage-
aujourd’hui cruellement : celui d’évaluer continuellement le ments au niveau de la chaîne de la dépense publique, notam-
chemin parcouru, d’introduire les pondérations nécessaires et ment le regroupement de la TGR et du CGED avec l’idée d’évo-
d’inventorier les voies d’accélération de la Réforme et les meil- luer vers une gestion axée sur les résultats.
leures clés d’entrée pour son opérationnalisation et son
appropriation. Dans le cadre de ce processus, il y a certes des acquis, mais en
termes d’impact, nous arrivons à « l’heure de vérité »; ce qui
Dans certains pays, et à titre d’exemple en Allemagne, des rap- nous impose aujourd’hui de poser la problématique légale et
ports annuels de performances évaluent les impacts des réfor- institutionnelle de la LOF. Il est heureux de constater que cette
mes et les aménagements réglementaires qu’elles occasion- question a été inscrite comme un engagement clair et sans
nent. Au sein de notre Ministère, des expériences et des détour dans la déclaration du Gouvernement à travers
réflexions sont en cours pour l’élaboration d’un rapport de laquelle a été initiée la nouvelle législature.
performance. Ceci, rejoint une autre problématique plus
importante, celle de l’évaluation des politiques publiques. Il serait difficile aujourd’hui, de faire une évaluation juste
mesurant le gap qui nous reste à rattraper en matière de
AL MALIYA : M. le Directeur, avant d’aborder la problémati- Réforme des Finances Publiques. Des progrès ont été certes
que de l’évaluation des politiques publiques, et vu l’impor- réalisés mais, de mon point de vue, ils buttent sur la non réali-
tance du rôle des Finances Publiques au sein des réformes, sation de préalables techniques, juridiques et institutionnels
peut-on considérer leur Réforme comme un préalable à qui seuls peuvent donner un sens à l’efficacité attendue de la
celle de l’Etat ou comme l’une de ses composantes ? gestion axée sur les résultats. Cela permettra d’accélérer le
rythme de la Réforme, et également de mesurer les limites
M. CHAFIKI : La complexité de la question des réformes fait auxquelles on est actuellement confrontées et auxquelles il
que la clé d’entrée peut passer par le politique, l’administra- faudra trouver des réponses courageuses et factuelles.
tion centrale ou locale, les Finances Publiques, le cadre norma-
tif… voire des voies insoupçonnées. Une véritable gestion axée sur les résultats, basée entre autres
sur des indicateurs de performance, est une question fonda-
On est, comme je l’ai explicité auparavant, dans une période mentalement démocratique, car il s’agit d’évaluer les politi-
de mutations importantes sur le plan international, d’évolu- ques publiques au regard d’objectifs énoncés et de moyens
tions et de changements rapides dans l’histoire du Maroc. mis en chantiers pour les atteindre, et surtout par rapport aux
Même dans l’hypothèse où on aurait initié des Réformes au impacts qui en étaient attendus aux niveaux des populations
niveau de l’Etat et en matière de Finances Publiques, il s’agirait cibles. Aujourd’hui, je dirais qu’on est encore loin de cette exi-
d’une temporalité différente du passé : les Réformes doivent gence de la démocratie moderne avec ses multiples attributs
être revues et corrigées d’une manière continuelle. d’éthique, de transparence, d’efficience, de rendre compte et
de prise en considération des exigences de l’équité et de la
En effet, on a l’impression d’être sur un « socle instable », mais solidarité.
à mon avis, c’est celui qui convient le mieux à un monde en
perpétuel changement et où l’incertitude est quasi perma- C’est au regard de ces défis, que je continue à penser que l’im-
nente. Le meilleur rempart contre celle -ci, et contre les chocs mensité et l’urgence des tâches attendues exigent la mise en
qu’elle peut produire reste la veille, la gestion de proximité et place d’une structure dédiée à la conception et au pilotage de

28 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
la Réforme afin d’en accélérer le rythme et d’optimiser les avec un circuit de la dépense publique capable de répondre
efforts, au-delà même du champ des Finances Publiques, de manière efficiente à ces exigences.
notamment en relation avec la révision de la charte commu-
nale, la déconcentration.... Cette structure doit disposer de On n’en est pas encore là ! Aujourd’hui par exemple, l’essentiel
son autonomie et de son espace de liberté et d’action dans le de la dépense publique est réalisé à partir d’une logique de
cadre d’objectifs préalablement déterminés, et devra se doter centralisation malgré l’affirmation répétée du choix de la
de moyens d’évaluation des progrès réalisés pour proposer les déconcentration. Aussi, est-il difficile d’analyser les impacts au
pondérations à introduire à chaque fois que la continuité de la niveau local sur des populations cibles supposées, même si
Réforme peut l’exiger. l’on sait, par ailleurs, que les résultats attendus au niveau local
s’en trouvent à l’évidence grandement limitées.
AL MALIYA : « L’évaluation des politiques publiques »,
comme vous venez de le souligner, est nécessaire à la Pourtant sur le plan technique, des instruments d’évaluation a
continuité de la Réforme. On peut également la considérer priori existent et sont déjà usuelles à l’intérieur de l’Adminis-
comme l’un des leviers de modernisation de l’action publi- tration et notamment au Ministère des Finances. La DEPF s’est
que. En quoi consiste-elle? Comment la distinguer des initiée à cet exercice au gré du développement des instru-
métiers de l'audit, du contrôle et de l'inspection ? ments dont elle dispose, et à leur enrichissement (programme
MCA-Maroc, Projet Tanger-Med,…). Au sein du MEF, c’est
M. CHAFIKI : De prime abord, je tiens à préciser que par l’« éva- aujourd’hui une des préoccupations principales ; preuve en
luation des politiques publiques », j’entends principalement est la programmation, cette année et à moyen terme, de for-
« l’appréciation de leurs impacts sur les populations ciblées en mations sur l’évaluation des politiques publiques et celle des
relation avec les moyens préalablement dédiés et /ou effective- grands projets.
ment mobilisés». C’est ce qui donne ses lettres de noblesse à
l’action de l’Etat et constitue un outil précieux pour l’évaluation Ce sont là les prémisses d’une nouvelle prise de conscience
démocratique qui concerne en premier les élus du Peuple. des chemins que devra emprunter la Réforme pour prétendre
à sa pleine effectivité et ouvrir la voie aux possibilités d’évalua-
En effet, le Parlement exerce une fonction de contrôle, et je tion a posteriori sur la base de résultats rigoureusement
dois reconnaître que rares sont les Parlements qui se sont constatés.
donnés de véritables moyens pour l’évaluation des politiques
publiques conduites par leurs Gouvernements. En outre, je souhaiterais souligner que cet exercice d’évalua-
tion n’est intéressant que s’il se traduit par des répercussions
Au Maroc, on note cependant un embryon d’évaluation non sur les politiques publiques futures.
dénué d’intérêt, à l’occasion des discussions de la LF. Certains
éléments du débat parlementaire peuvent rejoindre cette AL MALIYA : En France, l'évaluation de l'action publique se
préoccupation. Toutefois, la question des Finances Publiques fait dans le cadre de la RGPP, quelle appréciatione en fai-
qui est en jeu ici est ardue et se profile parfois de manière faus- tes-vous M. le Directeur, et quelle perspective dans ce sens
sement technique ; ce qui la rend souvent complexe à l’enten- pour notre pays ?
dement des citoyens. Elle suppose également des moyens
adéquats pour ceux qui sont sensés, institutionnellement et M. CHAFIKI : L’expérience française nous interpelle à plus
démocratiquement, contrôler l’action publique et en appré- d’un titre : d’abord, à partir d’une proximité culturelle, institu-
cier la portée. tionnelle, administrative et aussi par la qualité du dialogue
que les deux pays entretiennent, et que leurs Ministères res-
Mais cela tient aussi à la réalisation d’un objectif majeur de la pectifs chargés des Finances entretiennent, et auquel parti-
Réforme du processus budgétaire : rendre lisible la LF en ter- cipe la DEPF.
mes de missions, de programmes et de projets identifiables,
régionalisés et localisés… A ce niveau, je rappellerai que la DEPF et la DGTPE organisent
annuellement deux séminaires où certaines des questions abor-
Dans l’armature institutionnelle à mettre en place, les rôles dées ici sont traitées. D’un point de vue factuel, mon appréciation
actuels de la Cour des Comptes sont importants, ainsi que est que la Réforme en France est entrain de bousculer les pesan-
ceux de l’IGF et des IGM. Néanmoins, le travail de ces institu- teurs « jacobines » du passé et constitue une « révolution »,
tions ne peut se substituer à l’« évaluation politique », au sens notamment à travers la refonte de la LOLF et l’institution de la
noble du terme. Au-delà de cette armature institutionnelle GRPP. Ces deux réformes se rejoignent dans leur philosophie et
importante pour l’édifice démocratique, il faudra se donner constituent la « voie royale » pour la « Réforme de l’Etat Français »
les moyens et les instruments de l’évaluation des politiques et pour la réconciliation de la gestion des Finances Publiques
publiques à mettre en place au sein des structures gouverne- avec les nouvelles exigences de la proximité et de l’efficience
mentales, et au niveau des différentes instances institution- dans un cadre de plus en plus globalisé.
nelles concernées, et au premier plan desquelles le Parlement.
Elle est en outre intéressante par son cheminement : son ini-
Il s’agira, notamment de la mise en place d’indicateurs d’éva- tiation par la « Commission des Finances » au Parlement. La
luation des résultats et des impacts, dans le cadre d’un proces- gestion démocratique y gagne grandement, et les élus se
sus effectif de gestion axée sur les résultats principalement donnent les moyens d’une plus grande capacité à dialoguer
fondé sur les vertus de la gestion de proximité du développe- avec l’exécutif et à orienter les politiques publiques. L’Admi-
ment, de la déclinaison régionale des politiques publiques nistration y gagne également en termes de modernisation de

AL MALIYA n°43 août 2008 29


DOSSIER
la gouvernance, notamment par la déclinaison de missions, de leur service du progrès de l’économie, de la démocratie et de
programmes et de projets plus précis, et d’indicateurs de suivi la société marocaine.
et d’évaluation plus pertinents.
AL MALIYA : Mot de la fin pour le lectorat de la revue AL
MALIYA.

Les progrès réalisés de l’expérience française, M. CHAFIKI : Pour clôturer mon propos et en m’adressant au
lectorat d’AL MALIYA, je dirais, qu’il ne faut pas considérer ce
ainsi que les difficultés qu’elle a rencontrées -y
thème comme une préoccupation de technocrates qui
compris celles touchant des aspects qui peu- concernerait une ou deux directions de notre Ministère. Je les
vent sembler mineurs, tels que la Réforme du appelle à être très attentifs à l’importance des réformes atten-
circuit de la dépense publique, les systèmes et dues au niveau des Finances Publiques. Au moment où les
résultats du travail déjà fait semblent probants, ils peuvent
les instruments informatiques utilisés- sont cacher l’urgence d’une Réforme de fond de la gestion des
intéressants. Finances Publiques, notamment au travers de la Réforme de la
LOF et la nécessité de la mise en place de moyens d’évaluation
des politiques publiques.
En troisième lieu, parce que l’opérationnalisation de la Réforme
sur les cinq ans appelle de nouveaux réaménagements au La capacité de répondre aux attentes des populations (et sur-
niveau des instruments de travail et de la gouvernance, notam- tout les plus fragiles d’entre elles) en phase avec les Orienta-
ment au niveau de l’arsenal comptable (comptabilité publique), tions Royales et les engagements du Gouvernement, notam-
statistique, et institutionnel qui accompagne cette Réforme et ment en matière de développement humain durable en
où l’innovation technologique est entrain de se mettre au ser- dépend. J’ajouterais à ce niveau que la « dimension Genre »
vice de l’institutionnel. Ceci, impacte le contenu des politiques est fortement interpellée ici car elle constitue (un premier)
publiques en termes de visibilité, de pertinence, de transpa- exercice d’évaluation (initié) de ces politiques au regard du
rence et d’appropriation par les populations et les élus concer- devoir d’égalité et d’équité qui sont les fondements derniers
nés, notamment au niveau régional et local. de toute espérance de modernité, de démocratie, d’efficience
des politiques publiques au service d’une citoyenneté pleine
Les progrès réalisés au niveau de la mise en place de cette et participative y compris pour les plus vulnérables parmi
Réforme, ainsi que les difficultés qu’elle a rencontrées -y com- nous...
pris celles touchant des aspects qui peuvent sembler mineurs,
tels que la Réforme du circuit de la dépense publique, les sys- En résumé, il s’agit d’un sujet où les dimensions techniques
tèmes et les instruments informatiques utilisés- sont intéres- peuvent sembler prééminentes, et où la dimension politique
sants. Ils permettront de tirer des enseignements et de repé- est fortement présente dans un pays, qui pour continuer à
rer les détours que l’expérience marocaine peut emprunter progresser doit continuer à se réformer pour accélérer le
afin de gagner en efficience et d’accélérer la Réforme au meil- rythme de sa croissance et de son développement…
Entretien réalisé par «AL MALYIA»

Pour consulter les différents numéros de la revue AL MALIYA,


consultez le site du Ministère à l’adresse suivante :
www.finances.gov.ma
à la rubrique « Bibliothèque », sous rubrique « Revues en ligne »

30 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
La Réforme Budgétaire : élément indispensable et
essentiel pour la Réforme de l’Administration
Publique et de l’Etat

L’expérience montre que l’action de modernisation de


l’Administration passe par la mise en place de structures
d’appui et une révision des frontières entre les diverses
administrations, des processus et des modes d’interven-
tion, affirme M. Morel pour AL MALIYA.
La transversalité, l’appropriation des Réformes, la qualité
des ressources humaines, la vision stratégique, sont néces-
saires pour la réussite de l’expérience marocaine, indique-
t-il dans son appréciation de l’effort de réformes entrepris
par notre pays.

AL MALIYA : M. D. MOREL, en votre qualité


de Président du Groupement d’Intérêt
Public « Assistance au Développement des M. Daniel Morel
Echanges en Technologie Economiques et Président du G.I.P. ADETEF

Financières » (ADETEF), pourriez-vous • Depuis 2002 : Président du


Groupement d’Intérêt Public
nous parler des domaines d’activité de ce ADETEF, organisme de coopération
technique internationale du
groupement, de ses modes de fonctionne- Ministère de l’Economie, des
ment et d’intervention ? Finances et de l'Emploi et du
Ministère du Budget, des Comptes
Publics et de la Fonction Publique" ;

M. D. MOREL : De prime abord, je remercie la • 1993 - 2002 : Institut Français du


Pétrole (Directeur central -
revue AL MALIYA de m’offrir l’opportunité de Directeur Général Adjoint puis
Directeur Général de 1997 à 2002) ;
présenter à son lectorat notre Groupement, • 1992-1993 : Directeur du Personnel et
dont l’implication au Maroc est croissante. des Services Généraux du Ministère
de l’Economie, des Finances et du
Budget ;

ADETEF est une Agence de Coopération • 1990-1992 : Conseiller des Ministres


chargés de l’Economie, des
Technique Internationale qui rassemble plu- Finances et du Budget
(Négociations sociales, suivi du
sieurs partenaires. L’Etat français y est repré- budget de l’ensemble du Ministère,
modernisation des structures).
senté par quatre ministères : les ministères
économiques et financiers (Ministère de
l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi et
Ministère du Budget, des Comptes Publics et sistance technique sur financement tiers, des organisations
de la Fonction Publique) ; le Ministère des Affaires Etrangères multilatérales ou des Etats.
et Européennes et le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du
Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire. Son champ de compétences couvre quatre domaines : les
finances publiques (fiscalité, douane, gestion publique,
ADETEF est chargée de coordonner l’action de coopération réforme budgétaire …), la conduite de l’économie (prévi-
internationale, de financer les activités bilatérales, de gérer et sion, économique, statistiques, concurrence, consommation,
d’opérer avec les administrations concernées les actions d’as- commerce extérieur …), le développement des entreprises

AL MALIYA n°43 août 2008 31


DOSSIER
et l’industrie, et enfin les ressources humaines, la formation disposent pas de cet outil, ils sont moins en mesure de déter-
et la communication. Nous venons également de créer un miner les orientations et de dialoguer avec leurs partenaires,
département dédié aux technologies de l’information et à ni d’affronter les conflits potentiels. C’est donc un élément
l’économie numérique. indispensable à la modernisation de l’administration.

La force de notre agence réside en premier lieu, dans son En outre, et si je me réfère aux expériences de plusieurs dizai-
mode de fonctionnement qui est identique à celui d’une nes de pays à travers le monde, la modernisation de l’adminis-
petite entreprise d’ingénierie disposant d’une centaine de col- tration tend à un objectif qui fait consensus : plus d’efficacité
laborateurs : 70 permanents et 30 affectés à des projets spéci- et d’efficience de l’action publique eu égard aux attentes des
fiques. Les activités de l’agence sont adossées à l’ensemble bénéficiaires. Ceci est valable pour tous les acteurs de l’action
des centres métiers du ministère : directions, services d’ins- publique (Etat, collectivités territoriales …). L’ensemble des
pection et de contrôle, établissements publics, autorités de responsables administratifs et politiques sont d’accord sur
régulation … l’objectif général, le chemin à suivre dépendant de la situation
de chaque pays, de sa structure administrative qui résulte elle-
Conscients que la réussite de la coopération technique inter- même de sa culture et du processus démocratique. Tous ces
nationale repose avant tout sur le capital humain (les femmes éléments impacteront la durée de la mise en œuvre des réfor-
et les hommes qui sont les experts au service des projets de mes, l’ordre des priorités et la nature du dialogue avec les
coopération), nous recrutons les équipes dans l’ensemble des citoyens.
directions. Nous fonctionnons donc dans un système matri-
ciel, dont l’efficacité repose sur la coordination, le dialogue et Il arrive, bien sûr, que l’on s’écarte du chemin tracé au préala-
la bonne entente avec l’ensemble des services de nos ministè- ble, notamment à cause de la non appréhension préalable de
res. ADETEF agit comme un catalyseur des énergies. certains obstacles internes, ou de chocs externes. Ce qui est
important c’est de savoir corriger la trajectoire pour se remet-
AL MALIYA : En tant qu’organisme de coopération interna- tre en ligne avec l’objectif initial et de faire preuve de persévé-
tionale, vous intervenez dans différents pays en matière rance. La mise en œuvre des réformes ne peut se gérer que
de réformes. A votre avis, les réformes budgétaires sont- dans la durée surtout s’il y a des alternances politiques qui
elles un préalable à la modernisation de l’Administration peuvent modifier le rythme, l’organe législatif prenant alors
Publique ? Y a-t-il une approche idéale ? souvent du retard dans ses travaux.

M. D. MOREL : Je ne sais pas si elles sont toujours un préala- Il n’y a pas de chemin unique ni d’approche idéale de réforme,
ble, mais d’après les expériences de plusieurs pays où nous tout est fonction des caractéristiques propres de chaque pays.
sommes intervenus, on constate que les réformes budgétaires
sont un élément indispensable et essentiel pour une Réforme AL MALIYA : L’action sur les structures de l’Administration
globale de l’Administration Publique. (fusion ou création de directions) est-elle une condition de
réussite de la modernisation de l’Administration Publique
Permettez-moi de faire une comparaison avec l’entreprise : (l’expérience marocaine a connu la fusion de la TRG et du
dans l’entreprise le compte d’exploitation est l’élément de CGED et en France, celle de la DGI et de la Direction de la
dialogue commun entre salariés, actionnaires et dirigeants. Comptabilité Publique, ainsi que la création d’une
Ces chiffres ne sont pas discutables car ils représentent la Direction Générale de la Modernisation de l’Etat ) ?
vérité des comptes, sur laquelle chaque groupe d’intérêt
devra s’appuyer pour établir ses positions. M. D. MOREL : Deux points me paraissent fondamentaux
quand on entreprend une action de modernisation de l’Admi-
Les discussions entre toutes les parties prenantes à la vie de nistration :
l’entreprise sont ainsi facilitées par l’existence de ce langage • Mettre en place des structures d’appui indispensables pour
commun. Certes le dialogue n’est pas toujours facile, et il peut permettre à ceux qui vont travailler sur cette modernisation
y avoir confrontation, mais il y a un élément structurant au d’avoir la force nécessaire pour le faire. En France, la Direction
sein de l’organisation qui permet d’asseoir objectivement la de la Réforme Budgétaire a été créée pour conduire la Réforme
prise de décisions. de la Loi Organique relative aux Lois de Finances. Ensuite, elle
s’est transformée en Direction Générale de la Modernisation de
Au sein de l’administration, il y a également un besoin de
l’Etat et aujourd’hui d’autres structures ont vu le jour, notam-
vérité des comptes. Cette vérité ne peut être trouvée que dans
ment le Comité Interministériel d’Audit des Programmes
le dispositif budgétaire. Clarification, transparence et respon-
(CIAP) et les structures de conduite de la RGPP …
sabilisation sont possibles sur la base du langage commun
que permet la mise en œuvre de la réforme budgétaire. • Bien réfléchir aux découpages de frontière des administrations,
ainsi qu’aux processus opérationnels et modes opératoires.
Pour parvenir à ce dialogue constructif il faut, bien entendu,
une stratégie définie par le pouvoir politique et déclinée en Tôt ou tard, apparaît la question de l’organisation générale de
actions bien identifiées avec des objectifs précis et des résul- la puissance publique, des évolutions de périmètre à opérer.
tats attendus. C’est le cas de la mise en œuvre de la LOLF qui a suscité en
France le redécoupage de l’action publique, en agissant au
De ce point de vue, la Réforme Budgétaire peut effectivement niveau de programmes transverses associant plusieurs cen-
être qualifiée de préalable. Tant que les pouvoirs publics ne tres de compétences.

32 AL MALIYA n°43 août 2008


DOSSIER
Le regroupement de structures et/ou leur suppression peu- informés grâce, en particulier, à l’usage des nouveaux outils
vent aussi être dictés par l’optimisation de l’utilisation des d’information.
moyens, avec la volonté d’offrir une meilleure qualité de ser-
vice à l’usager qui est au cœur du dispositif administratif. Il s’agit donc d’une préoccupation dont l’intensité s’est accrue
avec le temps et qui a fini par atteindre l’ensemble du disposi-
En somme, l’action sur les structures est inévitable dans le tif de l’Etat.
cadre de la modernisation de l’Administration. Elle peut se
traiter soit en amenant les structures à un meilleur fonctionne- AL MALIYA : Quelle appréciation faites-vous de l’expé-
ment transverse par la conduite de projets, ce qui n’est pas rience marocaine ? Y a-t-il des suggestions ?
toujours aisé à réaliser, soit en procédant à des réaménage-
ments de structures qui apparaissent plus efficients, au moins M. D. MOREL : Je n’ai pas une connaissance suffisamment
dans le court terme. intime du Maroc et demande donc à vos lecteurs d’être indul-
gents sur mes propos. ADETEF intervient sur de nombreux
Toutefois, l’élément essentiel du succès demeure la bonne sujets dans votre pays et nous constatons un grand dynamisme
compréhension, l’appropriation et la motivation du person- dans la conduite des projets au Maroc. La volonté et la ténacité
nel. D’où la nécessité du dialogue, de la formation et de la qui président à ces actions de Réforme doivent être saluées. Le
mise en capacité suffisante des acteurs par l’accroissement Maroc obtient des résultats appréciables et les témoignages
des compétences des agents publics. délivrés lors de la conférence, du 10 avril 2008 « Regards croisés
sur la modernisation de l’Administration Publique », l’ont claire-
Toute action de modernisation doit s’intéresser à la gestion ment montré.
des ressources humaines en termes de volume d’emplois, de
qualifications et de gestion des parcours professionnels. En ce qui concerne d’éventuelles suggestions, je me bornerai
à formuler des constats fondés sur les expériences en cours en
AL MALIYA : La « Réforme de l’Etat », nouvelle préoccupa- France et dans d’autres pays :
tion de l’Administration Publique, est-elle un aboutisse- • La transversalité et l’appropriation des réformes sont les
ment des différentes réformes ou une nécessité pour leur points auxquels il faut être le plus attentif. Dans toute action
aboutissement ? de modernisation, il y a une difficulté naturelle à dépasser les
frontières entre structures. Pour la Réforme Budgétaire, le
M. D. MOREL : On peut dire, sans exagération aucune, que
MEF est arrivé à faire comprendre aux autres départements
l’évolution du dispositif public est permanente dans tous les
ministériels que la Réforme est bénéfique pour tous, et
pays dans lesquels ADETEF a eu à intervenir, ce qui est parfai- qu’elle est menée selon une approche gagnant/gagnant. Le
tement compréhensible, dans la mesure où l’administration MEF est devenu ainsi un véritable partenaire, centre de res-
est un organisme vivant, soumis à des changements dictés par sources et de conseils, et n’est plus seulement le censeur qui
des nécessités internes ou externes. En France, par exemple, contrôle les enveloppes de crédits.
l’intégration à l’UE a conduit à des réformes au niveau de l’Ad-
ministration des Douanes et des Impôts pour la mise en place • L’une des clés de réussite est la qualité des ressources humai-
du marché unique au début des années 90. La fin des années nes. La mise en œuvre de toute Réforme nécessite un accrois-
60-70 avait connu la Réforme des services des Impôts, qui a sement de la formation et l’amélioration des systèmes d’in-
donné lieu à la création de la Direction Générale des Impôts formation, élément stratégique. Il faut accepter d’investir sur
par la fusion des trois Directions des Impôts Directs, Indirects ces domaines, même dans un contexte de rareté de moyens
et de l’Enregistrement. Des « centres des impôts » ont alors été et de restrictions budgétaires. On ne peut réussir qu’avec des
créés au niveau territorial pour regrouper les services et met- agents convaincus, suffisamment mobilisés et qui disposent
tre en place le dossier fiscal unique du contribuable. de compétences nécessaires.
• En amont, la vision stratégique est un élément indispensable
Actuellement, par le biais de la LOLF et de la RGPP, nous
et les pouvoirs publics doivent construire cette vision longue
conduisons dans notre pays une évolution plus large, dans
sur l’ensemble des domaines d’intervention.
une démarche globale qui transcende tous les niveaux de l’ac-
tion publique. • A titre personnel, j’ajouterai que la « dimension régionale »
est importante. On revient alors à la question de l’UMA qu’il
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une préoccupation serait souhaitable de pouvoir introduire afin de parvenir à
nouvelle. La situation a simplement évolué avec une nou- une évolution harmonieuse des territoires et des emplois
velle perception du service public par des citoyens mieux dans le cadre d’un vaste ensemble euro-méditerranéen.

Entretien réalisé par «AL MALYIA»

AL MALIYA n°43 août 2008 33


DOSSIER
La Douane marocaine : une administration engagée
sur la voie du renforcement de ses capacités

L’Administration des Douanes et Impôts Indirects (ADII)


continue ses efforts pour moderniser et améliorer la
prestation de ses services. Un plan soutenu de renforce-
ment de ses capacités est engagé pour faire face aux
divers défis auxquels elle est confrontée et assurer ainsi
une meilleure prise en charge de ses métiers, tant tradi-
tionnels qu’émergeants.

L
a prolifération des Accords de Libre-Echange et la
création de groupements économiques régionaux,
sont autant de symboles de la nouvelle ère économi-
que mondiale, qui se caractérise par l’ouverture, la concur-
rence et l’imprévisibilité.

Au carrefour de toutes ces mutations, la Douane marocaine


se positionne comme un acteur incontournable, compte
tenu de sa mission de gestionnaire du commerce interna-
tional. Elle est donc appelée à adapter son action aux nou-
velles donnes économiques et commerciales, sans occulter
son rôle fiscal et sécuritaire.

A cet effet, un processus continu de Réforme est déclen-


ché depuis quelques années, visant la modernisation, la
performance et l’efficacité.

Un processus de Réforme et de moder-


nisation qui se poursuit
Mise à niveau de l’instrument législatif et régle-
mentaire
Adoptée en janvier 2000 et engagée dans le cadre
d’une large concertation, aussi bien avec le secteur
privé qu’avec les départements publics concernés, la
révision de l’arsenal législatif et réglementaire de
l’ADII s’est voulue globale et particulièrement en
phase avec les attentes du milieu des affaires.

Depuis lors, la Douane marocaine s’est inscrite dans


un processus de mise à niveau et d’adaptation per-
manente de ses textes juridiques et réglementaires,
en vue d’y apporter les améliorations nécessaires
pour une meilleure contribution à la promotion de

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DOSSIER
l’investissement et au renforcement de
la compétitivité des entreprises marocai-
nes. La dernière en date a consisté en
l’intégration de dispositions relatives à la Les principales mesures de simplification et d’adaptation
lutte contre la contrefaçon, la piraterie et des procédures douanières
le blanchiment d’argent.
• Adoption de supports déclaratifs uniformisés et simplifiés, y compris ceux pré-
Facilitation des échanges et simplifi- vus par les conventions internationales (carnets TIR & ATA par exemple) ;
cation des procédures
• Dématérialisation des procédures et formalités douanières : édition de la main-
La Douane s’est engagée depuis une levée et du certificat de décharge chez l’opérateur, contrôle des normes, paie-
dizaine d’années déjà dans un processus ment électronique des droits et taxes en douane ...
de simplification et de modernisation qui
vise à accompagner le développement • Encouragement du pré-dédouanement (dédouanement avant l’arrivée de la
des affaires et à faire de l’économie maro- marchandise) ;
caine une plateforme de réexportation
sur des marchés diversifiés. • Accomplissement des formalités de dédouanement en dehors des enceintes
douanières portuaires ou aéroportuaires : dédouanement à domicile, Maga-
Dans ce sens, elle a pris plusieurs mesures sins et Aires de Dédouanement (MEAD) ;
afin de simplifier et d’adapter ses procé-
dures à l’évolution des pratiques com- • Instauration de la formule du « bureau de domiciliation » permettant à un opé-
merciales internationales, à moderniser rateur économique de centraliser toutes ses opérations de dédouanement au
ses outils et méthodes d’intervention, niveau d’un seul bureau douanier ;
dont les principales sont citées dans l’en-
cadré ci-contre. • Gestion de proximité à travers la déconcentration des attributions au niveau
des services opérationnels ;
Amélioration des Régimes Economiques
en Douane • Paiement des droits et taxes par le biais du crédit d’enlèvement national, qui
Contribuant de manière conséquente aux permet aux entreprises opérant par plusieurs bureaux d’effectuer le règlement
efforts de développement des investisse- des droits et taxes dans un seul bureau de leur choix ;
ments, l’ADII a mis en place des régimes
économiques suspensifs, qui constituent • Adoption du « Programme de catégorisation », qui consiste en la sélection des
un facteur important de promotion des entreprises selon des critères objectifs privilégiant la performance économi-
exportations et une composante essen- que et la transparence dans la gestion, afin de leur accorder des facilités doua-
tielle du cadre incitatif à l’investissement. nières plus larges leur permettant de bénéficier d’une série d’avantages en ter-
Dans ce sens, plusieurs mesures incitati- mes de compétitivité et de réactivité.
ves ont été prises, dont :
Par ailleurs, un projet de « Guichet unique virtuel » est en cours de mise en
• l’allégement des charges financières de œuvre par l’ensemble des intervenants dans le commerce extérieur, dont la
l’entreprise par l’instauration de modes Douane. Le but en est de faciliter la communication et l’échange d’informations
de cautionnement, dispensant l’entre- entre les différents intervenants et de réaliser des gains appréciables en termes
prise totalement ou partiellement de la de coûts et de délais.
caution bancaire ;

• la promotion de l’Entrepôt Industriel Amélioration et rationalisation des contrôles


Franc, pour mieux répondre aux besoins des grands projets
L’accroissement des flux commerciaux consécutif à la politi-
d’investissement ;
que d’ouverture et de libéralisation du commerce a imposé
à l’ADII la nécessité de réviser ses méthodes de contrôle,
• l’ouverture de l’Entrepôt Privé Particulier sur le marché
dans l’optique de concilier entre l’impératif de facilitation
local, permettant ainsi aux établissements travaillant sous
des échanges et la nécessité d’un contrôle efficace.
ce régime de jouer leur véritable rôle dans le développe-
ment de l’offre, la réduction des coûts d’approvisionne- A cette fin, une démarche anticipative et proactive a été déve-
ment et l’amélioration de la réactivité du tissu productif loppée en vue d’asseoir le contrôle sur une logique préven-
national ; tive, basée sur l’évaluation et l’analyse du risque et sur l’exploi-
tation du renseignement.
• le développement des plates-formes industrielles opérant
sous le régime de l’ATPA, pour renforcer l’intégration de Un système de sélectivité automatique des contrôles immé-
l’offre et favoriser la réactivité des entreprises ; diats des marchandises a ainsi été instauré, reposant sur le
ciblage des opérations à risque, à partir de critères prédéfinis
• l’accompagnement douanier personnalisé du nouveau port pour les soumettre à une visite physique (10%), ainsi qu’un
Tanger-Med, véritable plateforme de transbordement. contrôle au moyen d’équipements non intrusifs (scanners).

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DOSSIER
De même, le dispositif de contrôle immédiat a été renforcé par La réécriture par la Douane marocaine d’un nouveau système
le contrôle différé, exercé sur la base de la sélectivité automa- informatique douanier dénommé BADR (Base Automatisée
tique durant les huit jours qui suivent la date de dépôt de la des Douanes en Réseau) est le fruit d’une action continue ver-
déclaration, ainsi que par le contrôle a posteriori pratiqué au sant dans la modernisation. L’ADII cherche par là à simplifier,
sein de l’entreprise. au profit de l’entreprise, le dédouanement des marchandises
et à réduire les démarches administratives, les délais ainsi que
Par ailleurs et en vue de répondre au souci de sécurisation de les coûts y afférents.
la chaîne logistique internationale, l’ADII a entrepris un certain
nombre d’actions visant l’amélioration et la rationalisation du Ce système de dédouanement via internet, basé sur un environ-
contrôle. Lesquelles actions s’inscrivent dans le cadre de la nement technologique à l’état de l’art, se caractérise par plus
mise en œuvre du Cadre de Normes SAFE de l’Organisation d’ouverture, de transparence et par une couverture fonction-
Mondiale des Douanes (OMD). nelle encore plus complète et large de tout le métier douanier.

Développement et amélioration du contrôle a posteriori La dématérialisation est un processus qui a été amorcé par la
Dans le cadre de l’amélioration du dispositif de contrôle, l’ap- Douane depuis quelques années déjà. Celle-ci a introduit pro-
proche d’un contrôle a posteriori planifié a été adoptée. A cet gressivement des mesures de facilitation qui constituent
effet, un programme national est élaboré annuellement sur la autant de jalons pour une dématérialisation totale des démar-
base de priorités définies en concertation avec les différents ches à réaliser en douane.
services centraux et régionaux concernés et ce, en tenant
compte des spécificités locales. Dans le même cadre, il est pro- Gouvernance
jeté d’adopter, dans un futur proche, « l’approche d’audit ». Gestion stratégique

Contrôle a priori Dans le processus de modernisation de la Douane, la gestion


par la performance est incontournable. En effet, la réalisation
Dans la perspective d’assurer une gestion intégrée des contrô- de résultats à travers des objectifs mesurables, nécessite un
les et de combler les besoins du contrôle du fret en transbor- mode de fonctionnement bâti sur la planification, l’évaluation
dement, notamment au niveau du nouveau port de Tanger- des progrès et le contrôle. C’est le principe du pilotage straté-
Med, l’ADII travaille sur un projet de contrôle a priori à opérer gique adopté par l’ADII.
préalablement à l’arrivée des marchandises. Un programme
de coopération est parallèlement engagé avec l’Office de Au sein de la Douane marocaine, une nouvelle impulsion a été
Lutte Anti Fraude de l’Union Européenne, visant le partage donnée à la gestion stratégique pour que l’action globale soit
d’expérience en la matière et l’accès aux bases de données en tournée davantage vers l’avenir et étroitement liée aux résul-
vue de promouvoir le renseignement. tats et aux procédures d’attribution des ressources.
Elaboration du Système informatique de lutte contre la
Dans ce cadre, un plan stratégique triennal (2007-2009) a été
fraude (SAIF)
élaboré en tenant compte des évolutions prévisibles de l’envi-
Outil de gestion intégrée, de suivi et d’évaluation de l’activité ronnement aussi bien externe qu’interne (atouts et contrain-
de contrôle en matière de fraude, ce système, bientôt opéra- tes). Ce plan définit les orientations à moyen terme et renforce
tionnel, sera mis à la disposition des services douaniers maro- la visibilité de l'ensemble du personnel douanier sur les objec-
cains en tant que base de données d’aide à la décision en vue tifs majeurs de l'Etat marocain, tout en offrant la possibilité
de les assister dans leur mission de recherche, de constatation d'une progression par étapes.
et de poursuite de la fraude.
Sur la base dudit plan, des « Objectifs Métiers » ainsi que des
Mise en place d’une Base de données « valeur en douane » « Objectifs d’Appui » sont identifiés, lesquels sont assortis d’in-
L’ADII a mis en place une base de données spécifique à la dicateurs et de cibles à atteindre permettant d’assurer le suivi
valeur et ce, conformément aux Directives de l’OMD en la et l’évaluation de la réalisation de ces objectifs et d’analyser, le
matière. L’objectif en est d’assurer une application efficace de cas échéant, les écarts de réalisation par rapport aux objectifs
l’Accord de l’OMC sur la valeur et de lutter contre la fraude fixés afin de prendre les mesures correctives nécessaires.
commerciale, tout en disposant d’un outil d’analyse des ris-
ques et d’aide à la décision concernant le contrôle de la valeur Système d’information
des marchandises déclarées à l’importation. L’ADII a accordé un grand intérêt au déploiement des Nouvelles
Technologies de l’Information, afin de tirer le meilleur parti de leur
Dématérialisation du processus de dédouanement évolution et de les exploiter dans tous les aspects de sa gestion.
La dématérialisation du processus de dédouanement s’inscrit
dans le cadre du projet « Douane électronique » de l’ADII Aussi, a-t-elle considéré le système d’information comme
visant la simplification des rapports avec les usagers, particu- levier important dans la modernisation et la simplification des
liers ou professionnels. méthodes de travail et des procédures de dédouanement ; la
dynamique d’implication et d’encadrement des équipes ; la
Cette entreprise a une double finalité : celle d’aboutir au « zéro transparence et l’amélioration de la qualité de service.
papier » et d’adapter les opérations douanières aux défis de
l’ouverture des marchés exigeant de la Douane plus de facili- Mobilisant et fédérant toutes les énergies autour de son déve-
tation, d’efficacité et de célérité. loppement, le système d’information qui se veut riche, cohérent

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DOSSIER
et intégré, renferme actuellement le système informatique pro- d’un plan national de communication évolutif, dont les gran-
prement dit, le patrimoine informationnel, les ressources et des lignes sont en harmonie avec les orientations de l’institu-
applications métiers et d’aide à la décision, ainsi que le système tion ainsi que les priorités à prendre en charge à l’échelle aussi
de communication Web, électronique et documentaire. bien nationale qu’internationale.

Ce système d’information accompagne la Réforme engagée Adoptant une approche réactive et anticipative, la Douane
par l’ADII et continue d’évoluer pour répondre aux besoins et marocaine diversifie ses canaux d’information et de communi-
attentes de l’environnement aussi bien interne qu’externe. cation, pour mieux faire connaître à ses usagers et à ses diffé-
rents partenaires les missions tant classiques qu'émergentes
Audit interne qui lui sont confiées et leur rendre compte des résultats de
Afin d’accompagner le processus de modernisation enclenché et l’action qu’elle mène. La finalité étant d’obtenir l’adhésion de
d’assurer une meilleure qualité des prestations offertes, un atten- toutes ces composantes, particulièrement le milieu des affai-
tion particulière a été accordée à la promotion de l’audit interne. res, à ses projets phares afin de créer la dynamique et la syner-
Ainsi, la mission de l'inspection a été complétée il y a quelques gie nécessaires à l’aboutissement d’objectifs communs.
années par une fonction « Audit » qui consiste, non seulement à
Formation
contribuer à la réussite des réformes, mais également à anticiper
les changements. Inscrivant sa politique de formation dans la continuité, une
réflexion a été menée aboutissant à la formalisation d’un plan
Cette fonction a évolué pour devenir un instrument orienté de de formation triennal (2007-2009), conforme aux priorités
plus en plus vers l'assistance, le conseil et la prévention, et pri- stratégiques de l’ADII.
vilégiant la démarche participative. Cette évolution a été inté-
riorisée par l’ADII en tant que mode de gestion partagé visant La finalité étant de mettre à niveau les connaissances du per-
l'amélioration permanente de la qualité de la prestation des sonnel douanier, de perfectionner son savoir-faire dans les
services douaniers. domaines métiers et connexes, ainsi que de lui assurer le sou-
tien et l’accompagnement nécessaires au bon accomplisse-
Ethique et transparence ment de ses missions.
La moralisation de l’action douanière occupe une place de
choix dans la stratégie de la Douane marocaine qui est appe- Dans une optique d’amélioration continue de l’action de forma-
lée à remplir sa mission avec efficacité mais surtout dans le tion et de fédération du personnel, la Douane a institutionnalisé,
respect des règles fondamentales de l’éthique, de la transpa- depuis 2005 l’organisation annuelle d’un forum sur la formation
rence et de la sauvegarde de l’intégrité de son intervention. et le perfectionnement réunissant, outre les acteurs directs de la
formation (Service de la Formation, Centre de Formation Doua-
L’orientation de l’ADII sur ce plan privilégie l’approche préven- nière et formateurs régionaux), le personnel d’encadrement
tive qui repose sur la sensibilisation et l’implication du per- relevant des services aussi bien centraux qu’extérieurs.
sonnel moyennant une large communication autour des nor-
mes de conduite dans l’objectif ultime d’obtenir l’adhésion Une plateforme d’ouverture et de partena-
aux valeurs définies pour une prestation de qualité. riat qui se consolide
La fonction « Audit et Inspection » y a grandement contribué et Partenariat Douane-Douane
ce, en veillant à la révision constante et à la transparence des pro-
La mise en œuvre et l’application de différents accords doua-
cédures et des textes douaniers -devenus depuis une décennie
niers, notamment ceux de l’OMD et de l’OMC, auxquels le
accessibles par tous via le net- ainsi qu'à leur bonne application.
Maroc a adhéré, ont contribué indéniablement à l’améliora-
C’est dans ce cadre qu’un code fédérateur de bonne conduite, tion et à l’adaptation des prestations fournies par la Douane
s’inspirant largement des principes de la Déclaration d'Arusha, marocaine à ses usagers (opérateurs du commerce internatio-
a été élaboré à l’attention de l’ensemble des douaniers. nal, consommateurs, institutions, etc.).

Actuellement, l’ADII œuvre pour la mise en place d’un référen- D’un autre côté, la participation active de l’ADII aux travaux
tiel formalisant les bases de son éthique, principes de l’agir au des différents organes de l’OMD, ainsi qu’à des manifestations
quotidien et symbole de ses engagements pris à l’égard de initiées par d’autres organisations internationales a été, et
l’Etat et des usagers. demeure, d’un grand apport en matière de formation et de
partage d’expériences avec les administrations douanières
Communication et information d’autres pays.
La communication est une fonction essentielle de la politique
d’ouverture de l’ADII qui conditionne la pérennité de son En outre, et dans le cadre des Accords de Libre-Echange
image et lui permet d’entretenir, dans la confiance et la dura- conclus entre le Maroc et certains pays ou groupe de pays
bilité, un relationnel construit avec ses divers interlocuteurs tels la Tunisie, l’Union Européenne et les Etats-Unis d’Améri-
sur la base de rapports transparents allant dans le sens des que, la Douane marocaine bénéficie d’une assistance techni-
aspirations des deux parties. que et d’un échange d’expertise et d’expérience fournis par
les administrations douanières de ces pays dans des domai-
Afin de maîtriser et de planifier son action dans ce cadre, la nes spécifiques, tels la simplification des procédures de
Douane interagit avec son environnement externe sur la base dédouanement, la lutte contre la fraude, l’utilisation des

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Nouvelles Technologies de l’Information et de Communica- Le programme de catégorisation des entreprises initié par
tion, la formation, etc. l’ADII vient conforter ce choix. Il constitue un autre moyen tant
efficace qu’incitatif qui permet d’entretenir des relations de
Dans le même sillage, des accords d’assistance administrative partenariat avec les entreprises. Par ailleurs, l’ADII a conclu
ont été signés avec plusieurs douanes de pays partenaires du diverses conventions avec les associations professionnelles
Maroc, dans le but d’assurer un échange direct d’informations aux fins d’accompagner les secteurs qu’elles représentent et
entre les services concernés en matière de prévention et de de les aider à se développer dans les meilleures conditions de
constatation des infractions aux lois douanières et aux autres délais, de coûts et de qualité.
réglementations que la douane est chargée d’appliquer.
Coordination avec les autres corps
Partenariat Douane- Secteur privé
La coordination avec les autorités intervenant dans le contrôle
Au sein de la Douane marocaine, la concertation et la coopé- aux frontières ou dans la gestion du commerce international
ration avec le secteur privé ont toujours été privilégiées. La est l'une des orientations que s'est fixée l'ADII dans sa straté-
révision constante de l’instrument législatif et réglementaire gie d’action. Ainsi, et dans le domaine de la sécurisation de la
réalisée de concert avec les associations professionnelles en chaîne logistique internationale, elle s’est pleinement enga-
constitue un exemple parmi d’autres. gée avec les autres autorités publiques chargées de la sécurité
au renforcement des mesures de sécurité prises au niveau
L’ADII accorde un intérêt croissant au renforcement durable du national. Tel est le cas de l’adoption du « code ISPS » régissant
partenariat Douane/Entreprise, en veillant à consolider les acquis la sécurité portuaire, de la mise en place du Plan National de la
et à anticiper les contraintes et mieux répondre aux défis qu’im- Sûreté de l’Aviation Civile (PNSAC) et de l’adoption de la
plique l’évolution des techniques du commerce international. notion de l’agent agrée de sécurité.
Source : ADII

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ACTUALITÉ
ACTUALITÉ
Activités de Monsieur le Ministre de l’Economie
et des Finances

Le deuxième trimestre 2008 a enregistré plusieurs activités


de Monsieur le Ministre, aussi bien au niveau du développe-
ment des relations de coopération internationale, de rela-
tions entre les départements ministériels nationaux, qu’au
sein du département de l’Economie et des Finances.

Coopération internationale

■ Participation, les 20 et 21 mai 2008 à Rabat, au


Symposium organisé par l’Organisation de
Coopération et de Développement Economique
(OCDE) en collaboration avec le MEF sur le thème
du « Partenariats Public-Privé ».

Ce symposium a constitué l’occasion pour de nombreux


représentants des pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie,
dont les pays arabes, de présenter leurs expériences en
matière de partenariat public-privé et d’échanger leurs
points de vues.

■ Signature, le 4 juin 2008 à Jeddah avec le Président de la


Banque Islamique de Développement (BID), M. Ahmed
Mohamed Ali d’un mémorandum d’entente visant l’éta-
blissement d’un partenariat stratégique entre le Royaume et
cette Institution financière pour renforcer les capacités insti-
tutionnelles, humaines et techniques des pays d’Afrique sub-
saharienne.

Les deux parties ont également signé un accord de garantie


pour le financement de l’autoroute Taza-Oujda (environ 160
millions dollars) et se sont entretenues des moyens de ren-
forcer leurs relations de coopération.

■ Participation, le 4 juin 2008 à la 33ème réunion annuelle à Jeddah, en Arabie Saoudite, du Conseil des
Gouverneurs de la Banque Islamique de Développement (BID).

Intervenant lors de cette réunion M. le Ministre a appelé la BID à asseoir de nouveaux mécanismes de finance-
ment pour permettre aux pays les moins avancés de faire face aux contraintes liées au financement des projets
de développement.

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ACTUALITÉ

■ Rencontre, le 9 juin 2008, de M. Koji Tanami,


Gouverneur de la Banque Japonaise pour la
Coopération Internationale (JBIC).

Cette rencontre qui s’inscrit dans le cadre du renforce-


ment des relations de coopération entre notre pays et
cette importante institution financière, a permis à Mon-
sieur le Ministre et son invité d’analyser les moyens de
développer la coopération entre les deux pays.

■ Signature, le 23 juin 2008, avec Madame


Françoise Clottes, Chef du Bureau de la Banque
Mondiale au Maroc, de l’accord de prêt relatif au
Programme d’Appui à la Réforme de
l’Administration Publique (PARAPIII), de l’accord
de garantie concernant le Projet d’appui à l’Office
Nationale d’Electricité entre la BIRD et le MEF,
ainsi que de deux accords de prêt et de garantie.

Le prêt relatif au projet d’appui à l’ONE, d’un montant de


92,1 M. Euro, est accordé par la Banque Mondiale en
contribution notamment au renforcement du réseau de transport et de distribution de l’électricité.
L’accord de financement du PARAP III porte quant à lui, sur un montant de 66 millions d’euros et vise à améliorer
l’efficacité de l’Administration dans la gestion des ressources budgétaires et humaines et à maitriser l’évolution de
la masse salariale.

■ Réception, le 24 juin 2008 de M. Celso Amorim,


Ministre brésilien des Relations Extérieures

Cette rencontre a porté sur les divers aspects de la


coopération entre le Maroc et le Brésil.

■ Réception, le 27 juin 2008 de M. PINHO, Ministre


Portugais de l'Economie et de l'Innovation

La préparation de la haute commission mixte macro-


portugaise et les moyens de renforcer les investisse-
ments portugais au Maroc, notamment au niveau des
énergies renouvelables, sont les principales questions
examinées lors de cet entretien.

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ACTUALITÉ
Relations avec les départements ministériels nationaux

■ Signature, le 24 juin 2008 à Settat, d’une convention de partenariat portant sur la création d’un parc
industriel, technologique et résidentiel dans la commune rurale de Tamedroust (province de Settat).

Ce projet, qui sera érigé sur une superficie de 402 ha, nécessitera un investissement de l’ordre de 600 milions
d’euros et générera un Chiffre d’Affaires annuel estimé à 670 millions d’euros. Il permettra la création de 3.200
postes d’emploi directs et 20.000 indirects.

Etaient également signataires de cette convention, M. Ahmed Réda Chami, Ministre de l’Industrie, du Commerce
et des Nouvelles Technologies, M. Saad Hassar, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Intérieur, et M. Ramon
Arenas-Guerrero, Président du groupe espagnol « Ditema ».

Autres activités

■ Réunion, le 28 mai 2008, du Conseil


d'Administration de la Caisse Marocaine des
Retraites (CMR).

Le Conseil a approuvé à l’unanimité tous les points ins-


crits à l’ordre du jour portant sur l’examen du rapport du
Comité Permanent issu du Conseil d’Administration : le
bilan financier au titre de 2007, la situation du patrimoine
immobilier de la CMR, et les projets de décisions et
recommandations faites.

■ Invité, le 17 juin 2008, de l'émission politique


«HIWAR» sur la chaîne de télévision marocaine
«Al Oula».

Plusieurs sujets d'ordre économique, social et politique


ont été richement débattus lors de cette émission.

■ Participation, le 27 juin à paris, au 8ème Forum International sur les Perspectives en Afrique à Paris.

Les principaux axes ont porté sur « l’Afrique, nouvelle frontière des marchés émergents ? » et « Investir dans la
jeunesse africaine, l’enjeu du développement des compétences ».

AL MALIYA

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ACTUALITÉ
L'évaluation du secteur financier Marocain dans le
cadre du programme FSAP

Lancé en 1999 conjointement par le FMI et la Banque


Mondiale, le programme d’évaluation du secteur financier
(FSAP) a pour objectif de porter à l’attention des autorités
nationales les vulnérabilités potentielles du secteur finan-
cier, et de les aider à élaborer et à mettre en œuvre des
mesures susceptibles de les réduire. Le Maroc s’est livré à
cet exercice d’évaluation de son secteur financier à deux
reprises : en 2002 et en 2007.

S
uite aux différentes crises bancaires et financières des mes financiers en vue de mieux résister aux chocs ou de
années quatre vingt-dix qui ont touché un certain réduire la probabilité, la fréquence et la gravité des crises
nombre de pays, notamment en Asie et en Amérique financières éventuelles.
Latine, plusieurs initiatives ont été prises par le Fonds Moné-
taire International et la Banque Mondiale, en concertation Par ailleurs, le FMI a mis au point, dans l’optique de mieux
avec d’autres institutions internationales telle que la Banque identifier les vulnérabilités du secteur financier, des outils
des Règlements Internationaux. Elles visent, d'une part, nouveaux pour évaluer la stabilité des systèmes financiers,
l'identification des causes et des facteurs déclencheurs des- notamment les tests de résistance (stress-tests) dont la fonc-
dites crises et, d'autre part, le déploiement d'actions et de tion principale est d'analyser la capacité du système financier
mesures à même d'assurer une meilleure solidité et stabilité du pays concerné à supporter divers chocs potentiels.
du système financier international.
Ainsi, selon les experts du FMI, "le FSAP a pour objectif de por-
Les différentes analyses et études entreprises par les experts ter à l’attention des autorités nationales les vulnérabilités
de ces institutions internationales ont mis en évidence le lien potentielles du secteur financier, qu’elles soient d’origine
étroit qui existerait entre la vulnérabilité des systèmes finan- nationale ou étrangère, et de les aider à élaborer et à mettre
ciers et la fragilité des institutions et acteurs concernés, les en œuvre des mesures susceptibles de les réduire. Le FSAP
carences de la réglementation et les insuffisances du contrôle met l’accent davantage sur la prévention et l’atténuation plu-
bancaire. tôt que sur la résolution des crises. Dans le même temps, il
recense les besoins de développement du secteur financier. Il
Dans ce contexte, le programme d'évaluation du secteur fait appel à divers indicateurs de solidité financière et à des
financier (FSAP) a été lancé en 1999 conjointement par le FMI tests de résistance macro-financière pour analyser l’évolution,
et la Banque Mondiale, en réponse aux crises financières asia- les risques et les vulnérabilités du secteur. D’autres éléments
tiques et en vue, notamment, de multiplier les efforts de coo- structurels de la stabilité financière -dispositifs de liquidité sys-
pération permettant de renforcer la supervision et le contrôle témique; cadre institutionnel et légal pour la gestion des cri-
des systèmes financiers des pays membres de ces institutions, ses et le recouvrement des prêts; structures favorisant la trans-
et ce à travers une évaluation approfondie devant permettre parence, l’obligation de rendre compte et la gouvernance-
l'identification des faiblesses potentielles des secteurs finan- sont également examinés pour que l’évaluation des besoins
ciers nationaux. en termes de stabilité et de développement soit exhaustive".

Dans le cadre du FSAP, le FMI accorde une importance parti- A l'issue des missions du FSAP, des rapports contenant les avis
culière aux liens qui existent entre la solidité du secteur finan- des équipes d'évaluation quant au degré de stabilité du sys-
cier et le cadre macroéconomique, ainsi qu’à la promotion des tème financier dans son ensemble sont communiqués aux
politiques et actions à même de renforcer la solidité des systè- pays concernés et mis à la disposition du grand public sur le

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ACTUALITÉ
site internet du FMI. Ces rapports servent de fondement aux En novembre 2007, et afin de mettre à jour l'analyse et les
programmes appuyés par le Fonds et aux assistances techni- recommandations formulées précédemment dans le cadre
ques éventuelles. de l’évaluation de 2002, une nouvelle mission conjointe de la
Banque Mondiale et du FMI s'est rendue au Maroc. Ses travaux
Notre pays s'est livré à cet exercice d'évaluation de son secteur ont concerné en particulier les aspectes suivants :
financier à deux reprises en 2002 et en 2007.
• L’analyse des progrès réalisés par les autorités marocaines
Concernant la première mission du FSAP de 2002, le rapport dans la mise en œuvre des recommandations proposées par
établi à cet effet indiquait que les risques immédiats de crise le FSAP 2002 ;
financière au Maroc étaient faibles et ce, en dépit des difficultés • L’identification des risques potentiels dans le secteur
que connaissaient certaines banques publiques. Toutefois, il a financier susceptibles d’avoir des conséquences macroé-
souligné l'existence d’un certain nombre de facteurs de vulné- conomiques ou d’entraver le développement du système
rabilité, notamment dans les perspectives d'une ouverture financier ;
accrue de l'économie marocaine, de nature à mettre à
l’épreuve, à moyen terme, la stabilité du système financier. • L’évaluation de la stabilité du système financier et de sa
Ainsi, le rapport préconisait d’apporter une solution à la situa- capacité à gérer les risques découlant de la politique d’ou-
tion des banques publiques spécialisées qui affichaient une sol- verture et la résistance du secteur contre ces chocs ;
vabilité et une liquidité insuffisantes. Il proposait par ailleurs de • L’examen des initiatives des autorités pour accroître le taux
renforcer le contrôle prudentiel et de le hisser aux normes et de bancarisation et améliorer l’accès aux services financiers ;
standards internationaux en la matière, pour lui permettre de
prévenir les problèmes éventuels et de leur apporter en temps • L’évaluation du degré de conformité avec les Principes de
opportun les mesures correctives adéquates. Base du Comité de Bâle pour une Supervision Bancaire Effi-
cace, et avec les Principes de Base de l’Association Interna-
En outre, ce rapport a indiqué un certain nombre de points tionale des Superviseurs d’Assurance ;
forts du secteur financier marocain, notamment la robustesse • Le lancement des discussions sur les principaux points de l’éva-
des grandes banques commerciales privées. En effet, les indi- luation de la surveillance des marchés de capitaux préparée en
cateurs de solidité financière du système bancaire élaborés 2006 par l’OICV, et de l’évaluation par le Groupe d’Action
indiquaient que le secteur bancaire commercial est "globale- Financière pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord (GAFI-
ment sain et en expansion" avec une solvabilité généralement MOAN) de la conformité du dispositif national de lutte contre
satisfaisante et une gestion prudente. le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
avec les recommandations du Groupe d’Action Financière.
Par ailleurs, les tests de résistance effectués en 2002 indi-
quaient que les principales vulnérabilités du système bancaire La nouvelle mission FSAP a dressé un constat positif du sec-
étaient liées au risque de crédit, au risque de marge et, dans teur financier national en estimant que la stabilité du secteur
une moindre mesure, au risque de transformation. bancaire est adéquate; que le secteur est rentable, et que sa
solide assise financière lui permet de faire face aux facteurs de
Ainsi, le FSAP, effectué au Maroc en 2002, a permis de mieux risque majeurs.
appréhender certaines faiblesses du secteur bancaire national
et d’engager un plan d’action articulé autour des trois princi- En vue de renforcer ces acquis, la mission FSAP a recom-
paux axes suivants. Le premier axe concerne la refonte des mandé la poursuite et le renforcement de la coordination
statuts de Bank Al-Maghrib et de la loi bancaire avec pour entre BAM et le Trésor avec pour objectif l’amélioration de
objectif de renforcer l’autorité de la Banque Centrale et de dis- l’efficacité de la gestion de la liquidité ; le renforcement des
poser d’un cadre de supervision largement conforme aux nor- actions de développement du marché secondaire ; la pour-
mes Bâloises. Le deuxième axe porte sur la participation de la suite de la mise en place d’un cadre de supervision adapté au
Banque Centrale à un projet national visant la convergence secteur de la micro-finance sans en freiner le développement;
des normes comptables et d’audit avec les standards interna- l’élaboration d’un plan d’action pour la mise en œuvre des
tionaux. Le troisième axe concerne la consolidation des recommandations du rapport du Groupe d’Action Financière
moyens de supervision via notamment le renforcement des pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, et la création d’un
effectifs et la mise en place de procédures de contrôle proac- groupe de pilotage interministériel chargé de la mise en
tif, basé sur les risques. œuvre dudit plan d’action.
Source : DTFE

AL MALIYA n°43 août 2008 43


ACTUALITÉ

Réunion de la 6ème session du Conseil d’Administration


de la Caisse Marocaine des Retraites
Le Conseil de l’Administration de la Caisse Marocaine des Retraites a tenu, le 28 mai 2008, sa 6ème session. Cette session, pré-
sidée par Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances, a connu la présence des membres représentant l’Etat, les Col-
lectivités Locales, des affiliés aux régimes des pensions civiles et militaires et les représentants des associations de retraités.
L’ordre du jour a porté sur :
• L’examen du rapport du Comité Permanent issu du Conseil d’Administration ;
• Le bilan financier au titre de 2007 :
* Les états de synthèse comptables au titre de 2007 ;
* Le bilan actuariel des régimes de retraite gérés par la CMR ;
* La situation du portefeuille de la CMR.
• La situation du patrimoine immobilier de la CMR ;
• L’approbation des projets de décisions et recommandations soumises au Conseil d’Administration.

Ouvrant les travaux de cette session, M. le Ministre a d’abord remercié vivement l’ensemble des membres permanents et
suppléants du Conseil d’Administration pour les efforts déployés durant ce mandat. Il a également salué les membres du
Comité Permanent du Conseil qui ont tenu 64 réunions ayant abouti à la concrétisation de plusieurs projets structurants ins-
crits dans le Plan quinquennal de la CMR.

S’agissant du prochain mandat, M. Ministre a informé l’assistance des modalités réglementaires pour l’élection et la désigna-
tion des membres du Conseil d’Administration, en cours de réalisation par les services de la Caisse et les services compétents
du Ministère de la Modernisation des Secteurs Publics et du Ministère de l’Intérieur.

Dans son intervention, le Président du Comité Permanent a exposé les résultats des travaux de cette instance pendant la
période s’étalant entre les deux sessions du Conseil. Le représentant du cabinet externe a quant lui, présenté les résultats de
l’audit des comptes au titre de l’exercice de 2007, qui a abouti à leur certification.

L’exposé de M. le Directeur de la CMR a été consacré au bilan actuariel des régimes des pensions civiles et militaires et la
situation du portefeuille de la Caisse, en mettant en exergue la fragilité des équilibres financiers desdits régimes qui néces-
sitent la mise en œuvre de réformes en vue de garantir leur pérennité à long terme.

Suite aux débats, les membres du Conseil ont approuvé à l’unanimité tous les points inscrits à l’ordre du jour.
Source : CMR

Pour toute information concernant votre carrière professionnelle,


visitez le site du Ministère à l’adresse suivante :
www.finances.gov.ma
à la rubrique « Accès dédié aux fonctionnaires du MFP »

44 AL MALIYA n°43 août 2008


ACTUALITÉ
Séminaire sur le Règlement des différends dans le cadre de
l’Accord de Libre-Echange entre le Maroc et les Etats-Unis

Dans le cadre des actions d’assistance technique fournie


au Maroc par le Gouvernement américain, le « Règlement
des différends Investisseur-Etat dans le cadre de l’Accord
de Libre Echange Maroc-Etats-Unis d’Amérique (ALE)1», a
fait l’objet d’un séminaire co-organisé par le Programme
de Développement de Droit Commercial2 et le Ministère
de l’Economie et des Finances (MEF).

I
naugurant ce séminaire, qui s’est tenu au siège du MEF du 21 fiables et sécurisants pour la résolution des problèmes pouvant
au 23 avril 2008, Monsieur CHORFI, Directeur du Trésor et des survenir à l’occasion de l’exercice de cette activité.
Finances Extérieures, a souligné que tous les pays s’efforcent
aujourd’hui d’attirer les investissements étrangers en leur offrant S’agissant du MAROC, il a indiqué que grâce aux réformes struc-
un environnement favorable et des garanties suffisantes pour le turelles et sectorielles audacieuses entreprises sur plusieurs
développement de leur activité, y compris des mécanismes années et visant à asseoir un climat d’investissement incitatif
pour l’investissement étranger et un cadre juridi-
que stable offrant les garanties nécessaires aux
investisseurs, le Royaume a pu drainer des flux
considérables d’investissements étrangers qui
ont atteint un record de 4,5 Milliards $ en 2007.

Les deux premières années de la mise en œuvre


de l’ALE avec les Etats-Unis d’Amérique avaient
des retombées positives sur l’attractivité des
investissements étrangers au Maroc, a-t-il
ajouté, notamment ceux en provenance des
Etats-Unis qui ont enregistré un bond apprécia-
ble, passant ainsi, d’une moyenne annuelle de
100 M$, entre 2000 et 2005, à 207 M$ au titre de
l’année 2006 et 310 M$ au titre de l’année 2007.

En outre, M.CHORFI a mis en exergue les spé-


cificités du chapitre «investissement» de l’ALE,
dont la partie consacrée au règlement des dif-
férends Etat-investisseur vise à offrir, en parti-
culier, davantage de garanties et de sécurité
aux investisseurs.
M. CHORFI, Directeur du Trésor et des Finances Extérieures au centre, inaugurant les travaux du séminaire.

1 Le programme de Développement de Droit Commercial, relevant du Département Américan du Commerce.


2 Accord conclu en juin 2004 et entré en vigueur en janvier 2006.

AL MALIYA n°43 août 2008 45


ACTUALITÉ
vestisseur prévus par le chapitre «investissement» de l’ALE,
ainsi que sur les innovations y apportées, visant essentielle-
Commercial Law Développent Program ment, à mieux contrôler la procédure arbitrale, à la rendre plus
transparente et à éviter le recours abusif par les investisseurs à
Le Commercial Law Développent Program (CLDP) du l’arbitrage international.
Département de Commerce des Etats-Unis est un pro-
gramme d’assistance technique en matière de droit com- De même, une présentation a été faite sur les différentes éta-
mercial dédié aux secteurs public et privé des pays en déve- pes de conduite d’une procédure arbitrale investisseur-Etat
loppement. Avec l’appui financier de l’Agence américaine devant le Centre International pour le règlement des Diffé-
pour le développement international (USAID) et le Départe- rends relatifs aux Investissements (CIRDI). Le nombre des dif-
ment d’État, le CLDP offre des services consultatifs aux férends soumis à cette institution, a enregistré une élévation
législateurs, aux avocats, aux juges et aux chercheurs pour importante entre 1966 et 2007.
améliorer l’environnement juridique dans le domaine com-
mercial. Les différents enseignements tirés de ces présentations ont
Actuellement, Le CLDP appuie des programmes d’assis- été revus et réexaminés lors d’un exercice de simulation rela-
tance technique dans plus de 35 pays. tif au règlement de différend entre l’Etat et un investisseur
dans le cadre du chapitre «investissement», préparé par les
experts et discuté avec les participants.
Pour sa part, le Conseiller Economique de l’Ambassade améri-
caine à Rabat, a souligné que les relations économiques entre A la fin du séminaire, les experts ayant participé à cette mani-
le Maroc et les Etats-Unis ont connu une nouvelle dynamique festation, ont formulés certaines recommandations à prendre
suite à la conclusion de l’ALE. A cet égard, les Parties Maro- par l’Etat et qui sont à même d’armer celui-ci pour défendre au
caine et Américaine ont exprimé lors de la réunion du Comité mieux les intérêts du pays et de dissuader les investisseurs à
Conjoint de l’ALE, tenue en mars dernier au Maroc, leur satis- recourir à l’arbitrage international.
faction des premiers résultats de la mise en œuvre de l’ALE,
notamment dans les domaines du commerce et d’investisse- Rappelons que ce séminaire animé par Mme Susan Karama-
ment, a-t-il rappelé. nian3, Mme Gabriella Alvarez4, et M. David Pawlak5, a connu la
participation des représentants du MEF, des représentants de
Les interventions des experts ont porté sur les clauses relati- départements ministériels et établissements publics, de la
ves à la protection de l’investissement et l’investisseur, et les profession judiciaire, des centres d’investissement, de la com-
mécanismes de règlement des différends entre l’Etat et l’in- munauté des affaires et du secteur bancaire.
Source : DTFE

Procédures de règlement des différends entre l’investisseur et l’Etat dans le cadre du Chapitre
«investissement» de l’ALE

Le Chapitre «investissement» prévoit, dans une première phase, le règlement du différend par voie de consultation et de négo-
ciation. Dans l’impossibilité de régler à l’amiable le litige, il est soumis, au choix, de l’investisseur à l’arbitrage international ou
aux tribunaux internes. Dans ce dernier cas, l’investisseur ne pourrait soumettre le litige à l’arbitrage international à moins
qu’une année ne soit écoulée à partir de la date où la procédure judiciaire devant le tribunal interne a été initiée.
Ce Chapitre prévoit également des nouvelles procédures en matière d’arbitrage international, notamment pour ce qui est de
la soumission de la plainte à l’arbitrage, le consentement des deux parties à l’arbitrage, la sélection des arbitres, la conduite de
l’arbitrage, le droit applicable, l’interprétation des annexes et la sentence.
Source : DTFE

3 Doyenne des Etudes Juridiques Internationales et Comparatives à la faculté de Droit de l’Université George Washington.
4 Avocate ayant exercé au Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI).
5 Avocat et ancien conseiller juridique du Département d’Etat américain.

46 AL MALIYA n°43 août 2008


ACTUALITÉ
OCDE / PPP : focus sur l’expérience marocaine

Les Partenariats Public-Privé (PPP) ont permis à notre pays


d’atteindre un nouveau palier de croissance, comme en
témoigne les grands projets structurants financés majoritai-
rement par des partenaires privés. C’est ce qui ressort de l’in-
tervention de M. Abdelaziz TALBI, Directeur des Entreprises
Publiques et de la Privatisation, lors du symposium organisé
conjointement par l’OCDE et le MEF, les 20 et 21 mai 2008 à
Rabat, portant sur le thème « PPP ».

I
ntervenant lors de ce Symposium, M. TALBI
a rappelé que les concessions au Maroc
remontent au début du 20ème siècle, notam-
ment celles relatives à la distribution d’eau
potable (1914-1920) et à la concession des
lignes ferroviaires de Tanger-Fès (1914). Il a
par ailleurs mis l’accent sur le regain d’intérêt
à partir de 1980 pour la gestion déléguée des
services publics dans les domaines des auto-
routes, du transport urbain, de la distribution
d’eau, d’électricité, d’assainissement liquide et
de collecte des déchets.

Au Maroc, les opérations initiées par les Eta-


blissements Publics et les Collectivités Locales
sont régies par la Loi n°54-05 relative à la ges-
tion déléguée des services publics. Cette Loi a
pour objectif de rationaliser et d’harmoniser M. A. TALBI, Directeur des Entreprises Publiques et de la Privatisation lors de son interview au symposium OLCE / DEPP.
les textes sectoriels, de garantir aux opérateurs
privés nationaux et étrangers la transparence
des procédures, ainsi que l’égalité d’accès et de traitement, de demande, tout en permettant à l’ONE de se concentrer sur le
prendre en compte les intérêts des usagers et les impératifs de service public.
service public. Elle vise également le partage équitable des ris-
ques liés aux projets PPP. A ce propos, M. TALBI a mis en exer- La libéralisation des Télécommunications a permis, selon M.
gue les dispositions novatrices de cette Loi, à savoir l’hypothè- TALBI, outre le développement des investissements, l’avène-
que des biens de retour, la procédure d’arbitrage, même à l’in- ment de nouveaux opérateurs privés (Meditel et Wana) et
ternational, et la possibilité de sous-traitance. l’amélioration de la qualité du service rendu au citoyen.

S’agissant des expériences marocaines réussies en matière de S’agissant du secteur agricole, le PPP a concerné la location de
PPP, M. TALBI a évoqué l’exemple de la Centrale de Jorf Lasfar longue durée (17 à 40 ans) des terres agricoles appartenant
pour la production de l’électricité, dont le contrat de conces- aux SODEA et SOGETA. Ce partenariat vise une meilleure valo-
sion prévoit un investissement de 1,5 milliard USD sur 30 ans. risation du patrimoine foncier géré par ces sociétés, la mobili-
Cette concession a permis une nette amélioration de l’appré- sation de capitaux privés nationaux et étrangers, et la mise à
ciation du risque pour le pays, une meilleure satisfaction de la niveau des principales filières agricoles.

AL MALIYA n°43 août 2008 47


ACTUALITÉ
Le secteur de l’Habitat n’est pas en reste : ainsi, 235 conven- 2007. Ce protocole concerne les secteurs stratégiques sui-
tions de « PPP » portant sur une superficie totale de 700 Ha et vants : les transports (routes, autoroutes, transport urbain), les
sur la réalisation de 130.400 unités de logement, ont été infrastructures (aéroports), les services sociaux (santé, éduca-
signées. L’objectif est de permettre le recentrage des opéra- tion), l’eau et l’assainissement ainsi que l’énergie.
teurs publics sur leur mission d’aménageur et de régulateur
du marché foncier, le développement des capacités de l’entre- Pour réussir la mutation vers les «PPP», M. TALBI préconise une
prise marocaine, la résorption du déficit en logements sociaux politique de 4 axes, à savoir : (i) une stratégie d’ouverture où le
et l’amélioration du coût de production. secteur privé doit assurer la croissance économique ; (ii) des
politiques de libéralisation sectorielles avec une concurrence
Comme perspectives pour le développement des «PPP» au loyale ; (iii) des opérateurs publics capables d’agir dans un
Maroc, M. TALBI a déclaré qu’une étude est en cours d’élabo- environnement concurrentiel, ou en association avec le sec-
ration pour l’identification de nouvelles opportunités de teur privé, et (iv) la transposition progressive des acquis de
«PPP» et ce, dans le cadre du protocole d’accord signé entre la l’expérience des secteurs marchands vers les secteurs non
DEPP et la Société Financière Internationale (SFI) le 24 mai marchands (éducation, santé,….etc.).
Source : DEPP

Accord de coopération entre la DEPP


et l’ADETEF : Bilan positif
Trois thèmes prévus dans l’Accord intitulé « Assistance
au Royaume du Maroc dans l’amélioration de la gestion
de ses participations publiques », ont fait l’objet d’étu-
des stratégiques et méthodologiques : « Gestion du
portefeuille de l’Etat », « Transformation des établisse-
ments publics en Sociétés Anonymes (TSA) » et « Etude
stratégique du secteur autoroutier (ADM) ».

La réalisation de ces études s’est effectuée en étroite


collaboration entre les experts français d’ADETEF et les
experts marocains dans le cadre de réunions et de visi-
tes au Maroc et en France.

Lors de la rencontre du 11 avril 2008, M. le Directeur des


Entreprises Publiques et de la Privatisation a exprimé
son entière satisfaction et celle de ses collaborateurs,
pour les conditions de déroulement de cette coopéra-
tion, en soulignant son apport appréciable pour la L’équipe de la DEPP avec les représentants de l’ADETEF.
Direction.

Il a également mis en exergue, en parlant du secteur des Autoroutes, les nombreux avantages du modèle technico-financier,
élaboré dans le cadre de cet Accord et affiné en coopération avec les structures de la DEPP et le management de la société
nationale des autoroutes du Maroc (ADM). En effet, ce modèle représente un output concret de l’étude qui a porté sur le sec-
teur autoroutier, puisqu’il met à la disposition de l’Administration marocaine un outil d’aide à la décision et de formation.

Concernant la gestion du portefeuille et des participations de l’Etat marocain, M. TALBI a exprimé la volonté du MEF d’amé-
liorer le rôle de l’Etat actionnaire et d’améliorer le rendement de ses actifs financiers.

S’agissant de TSA, le Directeur de la DEPP a affirmé que l’étude de l’expérience marocaine en la matière, enrichie par celle de
l’expérience française, a permis de capitaliser les acquis et de poser les bases d’un véritable guide permettant de mieux cer-
ner les problématiques posées par le contexte, la mise en oeuvre des actions et la maîtrise du processus et des opérations
de transformation du cadre juridique.

Au terme de cette rencontre, il a été souligné que le bilan positif de cette coopération incite les deux parties à envisager, de
manière plus étroite et plus confiante, les perspectives de leur collaboration dans d’autres thèmes et sujets, en liaison avec
l’amélioration de la gouvernance et de l’efficacité de gestion des Entreprises Publiques.

Source : DEPP

48 AL MALIYA n°43 août 2008


Les cadres de la DEPP célèbrent leur 5ème Journée
Professionnalisme, intégrité, dévouement,… autant de valeurs qu’il faut préserver afin de garantir l’exercice d’un contrôle de qualité, une bonne
gouvernance des Entreprises Publiques et in fine, assurer la continuité du service public dans les meilleures conditions en termes de qualité, de
délai et de coût. Tel a été le message qu’a adressé M. Abdelaziz TALBI, Directeur des Entreprises Publiques et de la Privatisation, lors de la 5ème jour-
née des cadres de la DEPP, organisée le 27 mai 2008 sous le thème : « Ensemble, pour une bonne gouvernance des Entreprises Publiques ».

Lors de cette journée, qui a connu la participation des Trésoriers Payeurs exerçant dans plusieurs villes du Royaume, des Contrôleurs d’Etat et des
responsables et cadres et de la Direction, M. TALBI a insisté sur l’importance de la valorisation du capital humain. Selon lui, « ce qui fait la force d’une
institution, ce sont ses capacités organisationnelles, ses ressources humaines, les femmes et hommes qui la composent ».

La journée a été marquée par la présentation de plusieurs thèmes liés aux métiers de la Direction, notamment l’investissement des Entreprises
Publiques (EP), le cadre juridique de la gestion déléguée, la transformation des Etablissements Publics en Sociétés Anonymes et la consolidation
des comptes.

Intervenant au sujet de l’investissement des EP, M. Abderrahmane SEMMAR, Chef de la Division des Programmations et Restructurations, a souli-
gné le rôle central que jouent les EP dans l’investissement public (59% dans la LF 2008) et ce, comme en témoigne le volume des investissements
de certaines EP, notamment l’Office National de l’Electricité, le Holding d’Aménagement Al Omrane, la Société Nationale des Autoroutes du Maroc.

Il a par ailleurs précisé que l’investissement des EP a enregistré une nette progression sur la période 2001-2007. Cette croissance est due principa-
lement à l’amélioration des processus budgétaires et des moyens de financement, la contractualisation des rapports Etat-EP, l’amélioration de la
gouvernance, du management et des SIG des EP, ainsi que la modernisation du contrôle financier.

Un renforcement de ces investissements est attendu pour la période 2008-2012, selon le travail de prospective mené par la DEPP : plus de 400
milliards de dirhams sont programmés au niveau des principales EP pour cette période.

Concernant le cadre juridique de la « gestion déléguée », l’entrée en vigueur en février 2006 de la Loi n°54-05 a permis, retient-on de l’intervention
de Mme Najat SAHER, Chef de la Division de la Privatisation, de rationaliser et d’harmoniser les textes sectoriels régissant certains types de gestion
déléguée, de garantir aux opérateurs économiques privés, tant nationaux qu’internationaux, la clarté et la transparence des procédures et l’éga-
lité d’accès et de traitement, de partager équitablement les risques liés aux projets de Partenariats Public-Privé (PPP) et de prendre en compte les
intérêts des usagers, du délégataire et des impératifs de service public.

Plusieurs projets de gestion déléguée sont en cours : 13 polycliniques de la CNSS, Nouveau Parc Zoologique National de Rabat, Centre Internatio-
nal des Conférences et d’Expositions de Casablanca, Périmètre d’irrigation du Loukkos, terres agricoles SODEA-SOGETA…

La transformation des Etablissements Publics en sociétés anonymes a été abordée par M. Abdelâadim GUERROUJ, Chef de la Division de l’Eau, de
l’Energie et des Mines, qui a exposé le cas de l’Office Chérifien des Phosphates, en présentant la Loi n° 46-07 portant transformation de cet office
en société anonyme. Cette Loi représente un schéma juridique innovant ouvrant la voie à la transformation de plusieurs EP en SA (Barid Al Mah-
grib, Office National d’Electricité, Office National de l’Eau Potable ….) et permettant une mise en œuvre rapide des réformes sectorielles et une
amélioration de la gouvernance des EP.

A ce propos, M. TALBI a précisé que tous les Etablissements Publics à caractère marchand devraient être transformés en SA afin de garantir un meil-
leur contrôle, plus de transparence et une amélioration de leur gouvernance, voire leur préparation à des ouvertures de capital.

Le quatrième thème de la journée a été présenté par M. Mehdi EL YOUSSEFI, Chef de la Division de la Normalisation et des Institutions Compta-
bles et a porté sur les activités du Conseil National de la Comptabilité (CNC) en 2007 (missions, instances, réalisations et projets en cours), ainsi que
sur la consolidation des comptes (périmètre, méthodologie, règles, processus et cadre légal).

La consolidation des comptes, a précisé M. EL YOUSSEFI, est un exercice qui permet de donner une image fidèle du résultat et du patrimoine éco-
nomique du groupe, de présenter les indicateurs financiers des entreprises comprises dans la consolidation, comme s’il s’agissait d’une seule
entité, d’adopter une stratégie de développement des entreprises du groupe et d’aider à la prise de décision.

Suite à ces présentations, un débat a été ouvert autour de l’exercice du contrôle financier qui a porté sur les difficultés rencontrées par les Tréso-
riers Payeurs (désaccords dans l’interprétation de certains textes juridiques, manque de moyens humains et matériels, manque de communication
…), ainsi que les mesures à prévoir afin d’améliorer la pratique de ce contrôle.

Au terme de cette journée, plusieurs recommandations ont été retenues, notamment l’amélioration de la communication externe de la DEPP à
l’égard des organismes contrôlés et ce, à travers l’organisation à leur profit de séminaires de sensibilisation. L’organisation de journées d’informa-
tions sectorielles a également été vivement recommandée afin de débattre des problèmes spécifiques à chaque secteur.

Pour sa part, M. TALBI, a insisté sur la réactivité afin d’assurer une réponse factuelle aux doléances émanant des organismes contrôlés, en souli-
gnant que le contrôle doit être un métier de facilitation, de conseil et d’appui à ces organismes.

Il a également proposé la création d’un forum de discussion dédié aux Trésoriers Payeurs afin de leur permettre de se concerter, d’échanger et de
capitaliser sur leurs expériences.

Il a en outre appelé les Contrôleurs d’Etat à jouer un rôle plus actif auprès des Trésoriers Payeurs afin de permettre une bonne remontée de l’infor-
mation auprès de la DEPP.

Concernant les problèmes liés aux ressources matérielles, M. TALBI a rassuré les Trésoriers Payeurs que des solutions seront mises en œuvre, en
concertation avec les structures concernées du Ministère et les EP, dans les meilleurs délais, afin de les doter de l’équipement nécessaire à l’exer-
cice de leurs fonctions.

La journée des cadres de la DEPP s’est clôturée par l’annonce de la création, le 17 mai 2008, de l’Association Marocaine des Trésoriers Payeurs et
Agents Comptables (AMTA). Cette association vise à créer une synergie entre ses membres afin de constituer un réseau d’échange d’expérience,
d’informations et de formation au sein de la DEPP et y intégrant également les Trésoriers Payeurs et Agents Comptables retraités.
Source : DEPP

AL MALIYA n°43 août 2008 49


ACTUALITÉ
Solidarité collective et responsabilité individuelle :
piliers de la Réforme du système de retraite

Dans l’objectif de s’enquérir des expériences internationa-


les quant à la problématique de la solidarité, et de sensibili-
ser l’ensemble des acteurs impliqués dans la Réforme du
système national de retraite, la CMR, le RCAR et la CIMR ont
organisé deux journées d'études, les 25 et 26 février 2008,
sous le thème « Financement des Retraites : entre Solidarité
Collective et Responsabilité Individuelle ».

I
naugurant la première journée, Monsieur
Salah Eddine MEZOUAR, Ministre de l’Econo-
mie et des Finances a félicité les dirigeants
des trois Caisses (CMR, CIMR et RCAR)* pour
cette initiative encourageante, qui constitue une
première et qui ouvre la voie à une collaboration
plus poussée et plus fructueuse, particulière-
ment à un moment où notre pays se lance dans
le chantier de Réforme du système de retraite.

La Réforme des retraites n'est pas une simple


affaire technique motivée par le seul souci de
l'équilibre financier, mais il s'agit plutôt d'un
choix de société qui requiert le consensus le plus
large possible, a souligné M. le Ministre.

Le processus de Réforme entamé depuis 1997,


a-t-il ajouté, est actuellement à un niveau assez M. le Directeur de la CMR intervenant lors de cette rencontre.
avancé, caractérisé par le renforcement des
équilibres financiers à moyen terme des caisses
de retraite, en introduisant des mesures de
redressement transitoire en attendant la grande Réforme. Parmi obligatoires fondés sur la solidarité collective peuvent coexister
celles-ci figurent l’externalisation des caisses internes de retraite avec des produits complémentaires et facultatifs offrant une
des grandes entreprises publiques vers le RCAR, pour un coût palette de choix aux individus.
global de prés de 55 milliards de dirhams, le renforcement de
l’équilibre à moyen terme de la CMR par le relèvement des taux Intervenant à cette occasion, M. le Président Directeur Général de
de cotisations, le versement par l’Etat de l’intégralité de sa part la CIMR a souligné qu'à l'instar des autres pays engagés dans la
patronale et la révision de paramètres au niveau de certains régi- voie de Réforme, les régimes de retraite marocains commencent
mes (CNSS, CIMR, etc.). à ressentir le poids de la pression démographique qui les pro-
pulse en plein dans la phase de maturation. Dans ce sens, il a indi-
La solidarité collective et la responsabilité individuelle peuvent bien qué que le ratio démographique des principaux régimes conti-
s'articuler de manière complémentaire et harmonieuse dans un nuera à baisser au fur et à mesure que le Maroc avancera vers le
système à plusieurs piliers, a précisé M. MEZOUAR, et les régimes vieillissement démographique, et que cette évolution aura un

* CMR : Caisse Marocaine des Retraites ; RCAR : Régime Collectif d'Allocation de Retraite ; CIMR : Caisse Interprofessionnelle Marocaine de Retraites.

50 AL MALIYA n°43 août 2008


ACTUALITÉ
impact direct sur les finances des Caisses qui risquent, si rien n'est responsabilité individuelle » a été consacré à l'analyse des expé-
fait, de s'installer dans un déficit chronique. riences mondiales de réforme et les choix opérés en matière
d'équilibre entre solidarité et responsabilité».
Il a considéré, par ailleurs, que la séparation entre solidarité et équité
devient un impératif majeur de transparence et de justice sociale. Les expériences internationales en matière de Réforme nous ren-
Une nette distinction est à faire entre les prestations qui relèvent de seignent en outre, que la notion de la solidarité doit revêtir un
l'assurance, qui sont en corrélation avec les contributions et qui ren- caractère exhaustif pour couvrir toute la population, en particu-
voient au principe de l'équité, et celles non contributives, qui sont lier la plus vulnérable, a affirmé M. Robalino de la Banque Mon-
financées par la collectivité et qui font appel à la solidarité. diale. Toutefois, pour la réussite de la Réforme de la retraite, un
certain nombre de principes doivent être assignés au système de
Les questions traitées, pendant ces deux jours, se sont articulées retraite, notamment l’adéquation des prestations, la redistribu-
autour de quatre principaux axes. tion transparente, équitable et progressive des revenus, la soute-
Le premier axe a porté sur « La protection sociale en perspective : quel nabilité la sécurité et l’assurance de l’effectivité économique et
dosage entre assistance, assurance sociale et choix individuels ». administrative, a-t-il ajouté.

Le deuxième axe a traité du « Champ de la solidarité et sens de Clôturant cette rencontre, M. Nizar BARAKA, Ministre Délégué
la responsabilité dans le domaine des retraites ». Il s’est focalisé chargé des Affaires Economiques et Générales, a assuré que le
sur la problématique de la perpétuation de la solidarité et de la Gouvernement de SA MAJESTE se penche sur le dossier de la
responsabilité dans le domaine particulier des retraites. Réforme du Système National des Retraites, qu’il a qualifié d’im-
portant et d’urgent.
« La solidarité face aux contraintes financières et démographi-
ques » a fait l’objet du troisième axe. Réservé aux cas pratiques Ces journées, tenues au Centre international de conférence à
des caisses nationales de retraite (CMR, RCAR et CIMR). Cet axe a Skhirate, ont connu la participation d’experts de la Banque Mon-
soulevé des questions pertinentes sur la portée des deux diale, du BIT, de l’AISS, de l’OCDE, du Centre d'Etude de l’Emploi
concepts, les problèmes posés et les solutions envisagées. (CEE en France), de l’INSEE, de la Fédération Française des Socié-
tés d'Assurance (FFSA), à côté de professeurs enseignants dans
Le quatrième axe, ayant trait aux « enseignements des expérien- les Universités françaises et marocaines et de responsables de
ces internationales : quel équilibre entre solidarité collective et caisses de retraite.
CMR / Rédation

Programme du Millénium Challenge Account-Maroc : rôle du MEF


Après avoir assuré la coordination de l’élaboration de la proposition marocaine soumise au financement du Millénium Challenge Cor-
poration (MCC) et présidé le processus de négociation avec la partie américaine, le Ministère de l’Economie et des Finances, a été dési-
gné représentant, agissant au nom du Gouvernement marocain, pour la conclusion de tout type d’accord avec le MCC représentant du
Gouvernement des Etats-Unis, et pour coordonner l’opérationnalisation du programme MCA-Maroc pendant la phase intérimaire.
A cet égard, le Gouvernement, sous la Présidence Effective de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a signé le 31 août 2007, un compact
d’investissement d’environ 700 millions de dollars. Trois autres accords ont été ensuite conclus avec le MCC en février 2008. Il s’agit de
l’accord d’implémentation (CIF) qui définit, pour une période transitoire allant jusqu’au septembre 2008, la ventilation du budget ainsi
que les conditions et les mécanismes appropriés qui permettent de mobiliser les décaissements de fonds requis pour la mise en œuvre
du programme. Il s’agit également de l’accord fiscal qui traite des modalités de gestion des exonérations fiscales relatives au pro-
gramme MCA-Maroc et l'accord bancaire pour faciliter les opérations de décaissement au profit du programme.
Durant la phase intérimaire pour l’implémentation du compact, le MEF a eu à sa charge plusieurs responsabilités :
• Assurer un suivi régulier d’une batterie d’indicateurs portant sur les réformes conduites par le Maroc dans différents secteurs, afin d’ar-
gumenter son éligibilité au financement MCA. Il est à noter que le Maroc, au titre des années 2006 et 2007, n’était plus éligible sur la
base d’un reclassement à la hausse de sa position rendant par là les critères d’éligibilité plus exigeants. Cependant, grâce à une atti-
tude proactive et à une meilleure communication sur la continuité des réformes avec le MCC, le Maroc est redevenu éligible, au titre
de l’année 2008 ;
• Assurer la responsabilité financière du programme, notamment en élaborant et en approuvant les demandes de décaissement, qui
servent à transférer les fonds nécessaires au profit des activités lancées dans cette phase opérationnelle du compact ;
• Superviser et gérer la procédure de passation de marchés en assumant deux fonctions, à savoir : la coordination, la vérification et l’ap-
probation ; et le lancement des actions d’achats et de conduite du processus de passation des contrats.
Après la mise en place effective de l’Agence du Partenariat pour le Progrès, organe de gouvernance du programme MCA-Maroc, le MEF,
en tant que représentant du Gouvernement, aura à sa charge : (i) L’examen et la conclusion des accords légaux avec le MCC ; (ii) La
signature de l’annexe de l’accord fiscal qui précise les modalités et les procédures, approuvées conjointement entre le MCC et le MEF,
pour gérer la question fiscale ; (iii) Le suivi des critères d’éligibilité du Maroc au financement MCA.
Le MEF est également membre du comité stratégique de pilotage du programme MCA-Maroc, qui a pour principale mission la super-
vision de la mise en œuvre des termes du compact.

Source : DEPF

AL MALIYA n°43 août 2008 51


ACTUALITÉ

COOPERATION DOUANIERE MAROCO-SENEGALAISE


Dans le cadre du renforcement de la coopération Sud-Sud prônée par le Maroc et le Sénégal, et sur invitation de Monsieur
Abdellatif ZAGHNOUN, Directeur Général de l’Administration des Douanes et Impôts Indirects, une délégation de hauts res-
ponsables des Douanes sénégalaises, conduite par son Directeur Général, Monsieur Armand Jean-Jacques NANGA, a effec-
tué au Maroc une visite de travail et d’amitié du 26 au 29 mai 2008.
Plusieurs sujets d’intérêt commun ont été discutés lors de cette visite, notamment : (i) l’évaluation des actions de coopéra-
tion douanière découlant de la réunion des Directeurs Généraux des deux Administrations douanières, tenue à Dakar en
décembre 2005 ; (ii) la coopération en matière d’assistance administrative mutuelle en matière douanière et (iii) les actions
futures de coopération.
Les deux parties ont passé en revue les recommandations issues de leur réunion tenue à Dakar du 7 au 9 décembre 2005,
et examiné l’état de leur mise en œuvre.
Par ailleurs, elles ont souligné la nécessité d’échanger des informations sur la lutte contre la fraude sous toutes ses formes.
A ce sujet, elles ont convenu de la signature d’un protocole d’accord d’assistance administrative mutuelle en matière doua-
nière à l’occasion d’une prochaine réunion d’évaluation.
Le programme futur de coopération tel qu’adopté par les deux parties, consistera en un échange d’expériences dans divers
domaines, à savoir : les technologies de l’information ; la formation (stratégies de formation développées par les deux Admi-
nistrations). La formation de formateurs et la lutte contre la contrefaçon, feront l’objet d’actions de coopération dans ce
cadre ; la facilitation des procédures (expériences en matière de guichet unique « ORBUS » et de catégorisation des entre-
prises), et l’action sociale.
En marge des travaux menés, Monsieur Armand Jean-Jacques NANGA, accompagné de Monsieur Abdellatif ZAGHNOUN, a
été reçu par Monsieur Salaheddine MEZOUAR, Ministre de l’Economie et des Finances.
Source : ADII

10ème Réunion de Haut Niveau marocco-portugaise


La 10ème Réunion de Haut Niveau maroco-portugaise a été tenue, le 5 juillet 2008 à Oeiras au Portugal, sous la présidence des
Premiers ministres des deux pays.

Ont pris part à cette réunion, du côté marocain, Monsieur S. MEZOUAR, Ministre de l’Economie et des Finances, Monsieur
Mohammed BOUSSAID, Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Monsieur Ahmed CHAMI, Ministre de l’Industrie, du Com-
merce et des Nouvelles Technologies, Madame Amina BENKHADRA, Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environ-
nement et Monsieur Abdeljabbar YOUSSEFI, Secrétaire Général du Ministère de l’Equipement et du Transport.

A cette occasion, Monsieur S. MEZOUAR a tenu une réunion avec son homologue portugais, au cours de laquelle il a été pro-
cédé à la signature d’un « mémorandum d’entente » dans le domaine de la coopération financière, visant le doublement de
la ligne de crédit de 200 M€ à 400 M€, destinée au financement des projets publics réalisés par des entreprises portugaises
dans le domaine de l’infrastructure et dans d’autres secteurs, tels que l’énergie et le tourisme.

Ce mémorandum d’entente prévoit entre autres la simplification des procédures d’imputation et d’utilisation de cette ligne
et l’accompagnement du doublement de la ligne par une révision des conditions financières en faveur du Maroc.

Monsieur le Ministre a également procédé à la signature, avec le Ministère portugais de l’Economie et de l’Innovation, d’un
protocole de coopération dans le domaine de l’énergie, au nom Madame la Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de
l’Environnement. Ce protocole vise le développement des actions de coopération dans le domaine de l’énergie (en particu-
lier des énergies renouvelables) et de l’efficacité énergétique.
Source : DTFE

52 AL MALIYA n°43 août 2008


SERVICE

Fonctionnaires du MEF : bon appétit

Soucieux de l’amélioration des conditions de travail de ses


fonctionnaires, le Ministère de l’Economie et des Finances
a ouvert un restaurant au sein de son siège, le 18 juin
2008.

D
epuis juillet 2006, le MEF, à l’instar des
autres administrations publiques, a
adopté l'horaire continu. Des mesures
d’accompagnement visant à faciliter l’adap-
tation des fonctionnaires à ce changement
d’horaire ont été mises en place.

La mise à la disposition du personnel de


structures de restauration sur le lieu de travail
est l’une de ces principales mesures.

Dans ce contexte, le MEF s’est doté d’un res-


taurant, dont le contrat de gérance a été attri-
bué à la société «SODEXO».

Un système d'encaisse en adéquation avec


les badges délivrés par l'Administration est
adopté et un guichet est mis à la disposition
des bénéficiaires afin de recharger les badges
pour pouvoir payer leurs repas.

Les prix détaillés des repas sont affichés au niveau du


Restaurant. L'Association des Œuvres Sociale du Minis-
tère (AOS-MEF) contribue au prix du repas en suppor-
tant une partie du coût de la restauration, et ce en
fonction de l'échelle d'appartenance des bénéficiaires.

Le coût des repas pour la catégorie des responsa-


bles du MEF et des invités accompagnés est facturé
‘’plein tarif’’.

D’une superficie de 1300 m2, le Restaurant du MEF


comporte 6 salles de restauration, une zone snack,
deux cuisines équipées, un local pâtisserie, une
chambre froide et un espace Economat.

Pour suivre et accompagner la mise en œuvre de la Tous les fonctionnaires du Ministère peuvent éventuelle-
prestation de restauration au sein du Ministère, un comité ment accéder au restaurant, à condition de présenter le
constitué de représentants de l’AOS-MEF et la DAAG, a été créé. badge délivré à cet effet par leur direction.
AL MALIYA

AL MALIYA n°43 août 2008 53


SERVICE
Des conventions pour promouvoir l'action sociale
au sein du MEF

Six conventions se rapportant aux prestations sociales


offertes au personnel du Ministère de l'Economie et des
Finances, ont été signées, le 8 mai 2008.

L
es six conventions signées par l’Associa-
tion des Œuvres Sociales du Ministère
(AOS-MEF), visent d’une part, le renforce-
ment et l’institutionnalisation des relations de
coopération entre l’AOS-MEF et ses partenaires
et à promouvoir, voire diversifier des services et
prestations sociales offerts aux adhérents de
l’AOS, d’autre part.

La première convention définit le cadre de colla-


boration entre le MEF et AOS-MEF. Dans ce sens,
les deux parties s'engagent sur un programme
pluriannuel (2008-2010) portant sur l'ensemble
des activités de l'Association. Cette convention
de 9 articles précise les engagements des deux
parties, la gestion des prestations, la mise à la
disposition de l’AOS-MEF des locaux, la logisti- Photo de famille présentant M. A. Bennani, Président de l’AOS et M. O. Faraj, Directeur des Affaires Administratives et
que nécessaire et les moyens de communica- Générales entourées des membres du bureau de l’Association.
tion, l’organisation de la structure administrative
de l’association, l’audit et la certification des
comptes. assumera la mission de « Maitrise d’ouvrage Déléguée » pour le
programme immobilier en faveur des adhérents de l’associaion
Les autres conventions de partenariat signées par le Président de au niveau de la ville de TEMARA.
l’AOS-MEF et les Présidents du Holding d'Aménagement Al Omrane,
de la Fondation des Œuvres Sociales des Travaux Publics (FOS/TP), Egalement dans le domaine d’Habitat, le Holding « AL OMRANE »,
de la Compagnie d'Assurances et de Réassurance « Essaada », de la se chargera de la facilitation d’accès des adhérents de l’Associa-
Compagnie « Issaf Mondial Assistance » et de la Société « Dyar Al tion aux produits d’habitat et de la promotion des coopératives
Mansour », touchent les principales prestations sociales. émanant de l’Association.

En matière de couverture médicale, la convention signée avec les Dans son allocution lors de la cérémonie de signature, Monsieur le
assurances « Essaada », prévoit la mise en place d'un dispositif d'as- Ministre a salué l'effort déployé par les membres du bureau de
surance maladie complémentaire au profit de l’Adhérent-Assuré, l'AOS-MEF pour dynamiser davantage les activités de l'association.
son conjoint et ses enfants qui n’ont pas atteint 21 ans, ou 26 ans Il a souligné le rôle que doit accomplir le travail associatif au sein
s’ils poursuivent leurs études. du MEF pour améliorer les conditions de vie de ses fonctionnaires.

En matière d'assistance médicale, la convention cadre du 8 mai Monsieur le Ministre a par ailleurs, invité les membres du bureau
2008, signée par l’AOS-MEF et « Mondiale- assistance » prévoit la de l'AOS-MEF à programmer des activités ayant pour objet de
mise en œuvre d'un système d’assistance médicale et technique à détecter les compétences dans divers domaines, parmi les fonc-
l’intérieur du Maroc et à l’étranger pour les fonctionnaires du MEF tionnaires du MEF et leurs enfants.
déclarés à Mondial – Assistance et leurs familles.
Il est à souligner que lors de cette cérémonie, le Président de l'AOS-
Dans le cadre du programme immobilier au profit des adhérents MEF, Monsieur Abdellatif BENNANI, a présenté le bilan des réalisa-
de l’AOS-MEF, la société « DYAR AL MANSOUR », filiale de la CDG, tions de l'Association et son plan d'action pour 2008-2009.
AL MALIYA

54 AL MALIYA n°43 août 2008


CARRIÈRE

Le Conseil de Formation tient sa 8ème session

Un bilan partiellement positif résulte de l’effort de forma-


tion consenti par le Ministère de l’Economie et des Finances
(MEF) : une évolution importante de cet effort entre 2003 et
2007 (64% soit 13% par an), avec une enveloppe globale
représentant près de 3,44% de la masse salariale, face à un
taux d’accès de 38%, qui reste en deçà des normes interna-
tionales (50%), et une absence d’outils pour mesurer l’im-
pact de cet effort.

L
e bilan de la formation au MEF, présenté
lors de la 8ème session du Conseil de la
Formation tenue le 7 mai 2008, sous la
présidence de M. le Secrétaire Général, révèle
une importante évolution de l’effort de for-
mation entre 2003 et 2007. Le nombre de
bénéficiaires a atteint 6381 au cours de l’an-
née 2007, ce qui représente un taux d’accès
de 38%. Un taux encore faible par rapport
aux normes internationales (50%).

Une enveloppe globale s’élevant à 51,6 MDH


a été consentie à ces formations au titre de
l’année 2007, soit 3,44% de la masse salariale.

Le Schéma Directeur de la formation a égale-


ment été à l’ordre du jour de ce Conseil. Une
synthèse du degré d’achèvement des princi- ème
Séance de travail du Conseil de Formation dans sa 8 session.
pes de ce schéma a été présentée. Elle souli-
gne que sur une échelle de 5, la notation
donnée aux différents principes révèle que le En effet, le système de formation actuel a montré des limites
principe de la « Généralisation » a été le mieux appliqué dans relatives aux méthodes d’identification des besoins et d’im-
la politique de formation du MEF, avec une notation de l’ordre perfection du lien entre les besoins et la formation dispensée.
de 4, le « professionnalisme » et « l’équité » ont pour leur part Ces limites se manifestent dans la non inscription des actions
été bien notés à 3, alors que les principes les moins notés sont proposées dans une stratégie précise, le recoupement partiel
« l’efficience » et « le centre de compétences », avec seulement entre la nature de la formation et les métiers, la faible intégra-
une note de l’ordre de 2. tion de certains métiers du MEF et l’inadaptation du mode de
désignation des candidats.
Malgré l’importance des efforts consentis au niveau de la politique
de formation au sein du MEF, et qui se manifestent à travers : la L’autre limite constatée au niveau du système de formation
mise en place d’un dispositif avec des organes et des acteurs s’articule autour du mode d’expression des besoins, qui appa-
dédiés, une prise de conscience du rôle de la formation, un effort rait à travers les imperfections des termes de référence des
d’investissement en moyens et la mise en place de GISRH/GPEEC ; marchés et au niveau de l’inadaptation du mode d’estimation
une appréciation qualitative du dispositif de la formation met l’ac- du coût des prestations ; la conséquence en est le nombre
cent sur un certain nombre de dysfonctionnements. élevé des marchés infructueux, qui s’élève à 38%.

AL MALIYA n°43 août 2008 55


CARRIÈRE
La programmation des actions de formation constitue égale- Enfin, une programmation plus adaptée représente égale-
ment un point de dysfonctionnement, à travers le manque de ment un élément important pour la réussite de la formation,
rigueur dans l’insertion des actions dans le temps, d’où le puisqu’elle permettra de réduire le taux l’absentéisme et de
niveau du volume des crédits reportés et l’étalement inadapté report des formations.
dans le temps des actions de formation.
La Directrice de la Programmation et des Ressources de l’ADII,
Le manque de coordination dans l’action a été également a mis l’accent dans son intervention sur les difficultés rencon-
considéré comme une limite, à cause notamment de l’absence trées par l’ADII, aussi bien au niveau de la programmation des
d’une définition précise du spécifique et du transverse et l’or- actions de formation, qu’en matière de leur évaluation.
ganisation d’actions de formation identiques ou très proches,
Par ailleurs, le représentant de la DGI s’est interrogé sur le rôle
conduites de façon séparée et sans concertation par les diffé-
qui incomberait aux directions à réseaux en matière de forma-
rents acteurs, d’où l’absence de synergies.
tion après la création de l’Institut des Finances. De son côté, le
représentant de la DEPF a attiré l’attention sur les contraintes
La dernière limite signalée du système de formation se rap-
auxquelles sont confrontées les prestations de formation, à tra-
porte aux imperfections constatées au niveau du dispositif de
vers notamment le mode de passation des marchés et la
mesure des effets. Le recours à une approche d’évaluation
méconnaissance par l’Administration des prestataires offrant
quasi-formelle faisant intervenir le formateur, et l’absence
des services dans le domaine.
d’un outil approprié pour mesurer l’impact de la formation sur
l’évolution des carrières du personnel, ce qui témoigne de la La prise en compte de la GPEEC dans le processus de la pro-
non insertion de la formation dans la logique de la grammation des actions de formation a été considérée par le
GPEEC/GISRH. représentant de la DEPP comme étant le meilleur moyen qui
permettrait une adéquation entre les besoins en formation et
Dans son intervention lors de ce Conseil, M. le Secrétaire les actions proposées. Dans son intervention, le Directeur des
Général a insisté sur l’importance et la qualité de la réflexion Affaires Administratives et Générales a mis l’accent sur l’im-
lancée sur la problématique de la formation, surtout après portance que présente l’existence de règles claires en matière
l’opération de Départ Volontaire à la Retraite au MEF. Il a rap- de politique de formation, ainsi que sur la transparence qui
pelé que cette réflexion s’inscrit dans le cadre des efforts doit caractériser ses actions. Il a par ailleurs souligné la néces-
déployés par notre département pour disposer d’un système sité de mettre en place des programmes de formation au pro-
de formation offensif et opérationnel, et conforter ainsi son fit des nouvelles recrues du MEF.
positionnement en tant que Ministère regorgeant de ressour-
ces humaines compétentes et opérationnelles. Pour conclure, le Secrétaire Général a relevé l’importance du
travail accompli, notamment au niveau du catalogue des for-
Le Directeur du Budget a pour sa part considéré que la mations pour l’année 2009. Il a demandé à ce que la prochaine
réflexion lancée sur la formation permettra de définir des axes session du Conseil de Formation soit consacrée à l’étude des
d’amélioration, d’autant plus que le challenge actuel réside résultats obtenus.
dans l’obligation de travailler avec les ressources humaines
existantes, dans un contexte caractérisé par l’apparition de Monsieur le Secrétaire Général a par ailleurs, souligné la
nouveaux métiers, un degré de sophistication des program- nécessité pour le Conseil d’établir un bilan, d’arrêter les
mes, un partenariat avec le privé et des symposiums réalisés actions de formation et d’émettre des recommandations. La
en partenariat avec les organisations internationales…, ce qui réalisation d’enquêtes de satisfaction auprès des personnes
requiert de nouvelles connaissances et compétences. concernées par les actions de formation, a été également
recommandée par M. LOUDIYI.
Il a par ailleurs appelé à définir, en plus du plan d’action prévu
Il a aussi appelé à l’ouverture du système de formation métier
pour la période 2009-2011, des actions de formation précises
sur les autres directions, ainsi que sur les partenaires exté-
à mener dans 1 ou 2 années pour permettre plus de visibilité
rieurs, à l’institutionnalisation de la formation insertion et la
pour les directions et une meilleure expression de leurs
révision du programme de la formation au niveau de l’IGF.
besoins en matière de formation.
Réduire le taux d’absentéisme des formations à environ 10%
En outre, M. le Directeur du Budget a insisté sur la nécessité de via un choix rigoureux des cadres candidats, diversifier les par-
capitaliser sur les formations faisant intervenir des experts de tenaires en matière de formation par le biais du renforcement
l’étranger ou menées à l’étranger; et d’institutionnaliser les for- des relations avec les institutions internationales… sont d’au-
mations insertions au profit des nouvelles recrues. tres recommandations de Monsieur LOUDIYI aux membres du
Conseil.
Le représentant de la TGR a quant à lui, cité un certain nombre
de facteurs de succès de la politique de formation. Il a ainsi Enfin, abordant la question de l’Institut de Formation des
cité la GPEEC comme outil de très grande importance, qui per- Finances, M. le Secrétaire Général a rappelé que cet institut n’a
met d’avoir une plus grande visibilité sur le long terme, d’iden- pas la prétention de se substituer aux centres de formation
tifier les besoins et de définir le plan de formation. La forma- des directions à réseau. Son rôle principal consiste à apporter
tion à distance constitue d’après lui, un préalable à la forma- le soutien nécessaire au niveau de l’administration centrale en
tion qui permettra de faire une présélection pour choisir les matière de formation à caractère transversale, et accessoire-
éléments les plus motivés. ment au niveau des services extérieurs.
AL MALIYA

56 AL MALIYA n°43 août 2008


TRIBUNE LIBRE*

Les services électroniques et la protection des


données personnelles

Allant des plus simples opérations de consultations d’infor-


mation, jusqu’aux opérations les plus complexes d’échange
et de vérification des données en ligne, l’Administration
électronique offre à ses clients une multitude de services,
dont l’accès engendre l’usage des données individuelles
sensibles. D’où la nécessité d’actions pour la protection de
ces données personnelles.

L
es services électroniques ont franchi une
étape importante en matière de dématé-
rialisation de certaines procédures admi-
nistratives au niveau national. A travers ces
services, les organismes (publics et privés)
offrent à leurs clients internes1 et externes2
des packages de services en ligne, leur per-
mettant d’accomplir un ensemble d’opéra-
tions à partir de postes connectés aux réseaux
Internet ou Intranet. Ces opérations se réali-
sent à l’aide de systèmes intégrés de gestion,
dont l’utilisation est de plus en plus simple
sous forme d’interface Web basés sur une
série de clicks successifs.

Les services offerts par ces systèmes varient


dans leur degré d’automatisation en fonction
de l’action demandée et des résultats engen-
drés par cette action. Ainsi on peut distinguer M. El Houssaine ENNACIRI, Chef de Service de l’Informatique à l’Agence Judiciaire du Royaume.

les opérations les plus simples de consultation


d’information, des opérations plus complexes C’est à ce niveau que se situe la question importante de la protec-
qui nécessitent des échanges et vérifications des données en tion des données personnelles en particulier et de la vie privée
ligne et engendrent des modifications sur des données sensi- des personnes en général.
bles de l’individu (paiement électronique).
Le sujet, au niveau national, a fait l’objet de plusieurs travaux de
Par conséquent, l’accès à ces services engendre une forte circula- recherche3, dont le résultat final est l’élaboration d’un projet de
tion des données personnelles. La pratique démontre, en effet, que texte relatif à la protection des données personnelles adopté, tar-
directement ou indirectement, de manière apparente ou cachée, divement, par le conseil de gouvernement.
l’usage des services électroniques induit la collecte, le stockage, le
filtrage, le traitement et parfois la diffusion de données à caractère L’analyse du contexte d’évolution de ces services au Maroc nous
personnel sous différentes formes : texte, image, son, vidéo…. mènera à situer cette problématique à quatre niveaux, à savoir :

1 Fonctionnaires et agents.
2 Partenaires et clients.
3 Essentiellement avec l’évolution de secteur des télécommunications et l’émergence des services offerts par les opérateurs téléphoniques : publicité à travers les SMS…

* Cette rubrique étant un espace ouvert aux fonctionnaires, son contenu n’engage que son auteur.

AL MALIYA n°43 août 2008 57


TRIBUNE LIBRE
• Le contexte juridique actuel qui est dépassé par l’évolution nistratives et/ou professionnelles : d’autres données subjec-
rapide des technologies de l’information, étant donné que tives relatives à la vie privée de la personne s’ajoutent aux don-
le temps d’évolution des technologies ne sera jamais celui nées administratives et qui offrent souvent des possibilités de
du législateur ou du juge : Malgré l’existence de normes juri- traitement retraçant la personnalité de l’individu, de profilage
diques, qui incriminent les infractions informatiques dans le de la personne, de segmentation comportementale et d’éva-
domaine de la protection des données personnelles, leur effet luation. Ces informations n’ont aucune relation avec les don-
est limité par plusieurs facteurs, dont essentiellement : la mon- nées administratives, et par la force des choses, sont une pro-
dialisation de la criminalité, la fugacité des contenus, l’instanta- priété exclusive de la personne concernée. Par conséquent,
néité des échanges, la territorialialisation des normes juridiques tout accès ou transfert de ces données est illégal, en l’absence
et la technicité complexe de l’Internet (anonymat). d’un accord préalable de l’intéressé ou d’une décision de jus-
tice. On cite ici, à titre d’exemple, la communication des coor-
• Le danger que présente la manipulation de ces données et données personnelles, fiscales ou bancaires à une personne
qui réside, non pas dans la signification de l’information ni tierce (morale ou physique) qui doit être soumise à l’accord
dans la technique utilisée, mais dans les finalités des usa- préalable de l’intéressé quelle que soit la finalité visée par la
ges de ces informations à caractère personnel : Au sein d’un communication de ces informations.
organisme public ou privé, plusieurs services doivent être régu-
lés et contrôlés pour maîtriser tout traitement ou manipulation • Le risque d’attaques externes des systèmes informatiques
malveillante des données qui peut parvenir d’une personne ou facilité par le principe de gratuité et de liberté omniprésent
de l’entité administrative elle-même. Trois arguments légiti- sur le réseau. Etant donné que ces attaques peuvent engendrer
ment le recours à ces opérations de contrôle positif : d’abord, un piratage des données personnelles hébergées sur les serveurs
l’individu est perçu comme étant un être informationnel sur d’un organisme public ou privé, et peuvent être exploitées, par la
lequel la technologie offre des possibilités de collectes de diffé- suite, dans une opération de chantage ou même diffusées sur la
rents types d’informations : messagerie électronique, filtrage toile mondiale avec les dommages que cela représente pour les
des accès Internet, recueil des données administratives et per- personnes concernées et la complexité d’application extra-terri-
sonnelles, contrôles et enregistrement des appels téléphoni- toriale de Droit national.
ques, etc. Ensuite, les frontières habituelles s’estompent entre
Afin de surpasser cette difficulté, l’intervention du législateur
le professionnel et le personnel et entre l’espace public et privé devient une nécessité pour combler le vide juridique engendré
dans ces catégories de services. Certes, lesdits services mis à la par l’évolution des services électroniques. Son apport ne
disposition du personnel, dans le cadre de l’approche « perfor- devrait pas être limité à l’adoption des textes législatifs ou
mance », entrent dans le cadre du patrimoine de l’Etat ou de réglementaires contraignants, qui ont déjà démontré leur inef-
l’entreprise, et donc ne peuvent être exploités que dans un ficacité dans ce secteur, mais aux normes étatiques qui doivent
cadre purement professionnel. Mais, ceci ne justifie en aucun être associées aux normes de sources privées7.
cas le recours de l’administration ou de l’entreprise à des prati-
ques reconnues mondialement illégales pour contrôler l’usage Dans ce cadre, les solutions adoptées par les pays développés,
de ces services sans accord préalable des concernés4. Enfin, relèvent du bon sens. C’est ainsi que se dégagent les finalités, de
l’utilisation de sources non officielles pour l’accès à certaines transparence, de proportionnalité, de loyauté, d’exactitude des
données personnelles sensibles est une pratique répondue au données, de sécurité des traitements, des droits d’accès et recti-
sein des organismes publics et privés. Ces accès illégaux sont fication des données. Leur adoption, par le biais d’une Loi, par
considérés par les textes existants, régissant la protection de la des chartes ou des codes de conduite autorégulée8, associée aux
vie privée, comme étant une atteinte aux droits des personnes. règles techniques, constituent logiquement le moyen de parve-
Toutefois, la justice exige l’existence d’une preuve tangible nir à un équilibre entre la protection de la vie privée et le traite-
pour condamner les auteurs5. ment légitime des données personnelles par l’administration ou
l’entreprise sous le contrôle d’une justice bien avertie.
Enfin, l’accès autorisé aux données personnelles par le gestion-
naire doit être contrôlé et doit être soumis à une procédure très En l’attente de l’adoption d’un cadre juridique adéquat, le
stricte précéder d’un accord préalable de l’intéressé. Ainsi, la cadre juridique traditionnel de protection de la vie privée peut
finalité de ces accès doit être légitime pour le gestionnaire de assurer une protection limitée des données privées. Néan-
ces informations, utile et nécessaire pour la personne concer- moins, chaque entreprise ou administration, qui met en ligne
née ayant besoin d’une information préalable, d’une capacité des données personnelles, doit engager des mesures d’accom-
de choix éclairé et personnel pour définir son autonomie infor- pagnement légales (procédure d’accès, information de l’inté-
mationnelle. ressé, traçabilité,…) pour se protéger contre les atteintes aux
droits des personnes et éviter la multiplication des cas de juris-
• La nature des données traitées par les systèmes d’informa- prudence qui peuvent restreindre l’impact positif des services
tion qui ne se limite plus aux informations purement admi- électroniques.

4 Essentiellement, tout ce qui est accès à la messagerie, accès aux données personnelles, caméra-surveillance, filtrage des accès Internet, et même l’édition des statistiques collectées à
partir de ces services.
5 La seule preuve qui peut être retenue dans ce cas, c’est la fonction de traçabilité intégrée dans les systèmes informatiques, mais faudra-t-il encore combler le vide juridique procréé par
la problématique de la preuve électronique !
6 Affaire de la société Google qui s’est retrouvée contrainte de payer une grande somme d’argent à des pirates inconnus pour éviter la publication des informations confidentielles des
internautes qu’ils ont pu pirater de ses serveurs.
7 Les normes issues du processus conventionnel ou consensuel, et les normes techniques.
8 Les normes privées (codes et chartes de conduite autorégulée, règles techniques…) doivent être reconnues par la loi pour avoir la même force probante que les normes juridiques étatiques.

58 AL MALIYA n°43 août 2008


REPÈRES Economie nationale

Aperçu sur la situation économique et financière


pour août 2008

VUE D’ENSEMBLE
Activité économique toujours dynamique
La croissance de l’activité économique mondiale devrait se ralentir au second semestre de 2008, affectée par la crise finan-
cière et la poussée de l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat des ménages. Ainsi, le FMI a revu à la baisse ses prévisions de
croissance mondiale à 3,9% pour 2008 contre 4,1% initialement prévue. Dans la zone euro, notre principal partenaire, la
croissance du PIB en 2008 se situerait à 1,4% au lieu de 1,7%. En effet, l’environnement international a connu une montée
des pressions inflationnistes sous l’effet de la poursuite de la hausse des cours de la plupart des produits de base, surtout le
pétrole brut dont les prix demeurent à des niveaux élevés, en dépit du repli enregistré récemment (113,2 $/baril en moyenne
au cours du mois d’août 2008 contre 132,7$/baril en juillet 2008).

Malgré ces facteurs défavorables, l’année 2008 se présente comme année de consolidation des principaux indicateurs éco-
nomiques. Au terme des deux premiers trimestres 2008, le PIB réel s’est apprécié respectivement de 7% et 6,7% en glissement
annuel, selon les premières estimations, ce qui devrait porter le taux de croissance à près de 6,8% au terme du premier semes-
tre de l’année. Ce résultat se concrétiserait grâce à la bonne tenue de l’ensemble de secteurs productifs.

D’un autre côté, la demande intérieure demeure le principal moteur de la croissance. La consommation privée semble béné-
ficier d’une amélioration des revenus des ménages ruraux, conséquente à l’amélioration de la campagne agricole, de la
baisse du taux de chômage (9,1% au deuxième trimestre 2008 contre 9,6% au premier trimestre) de l’affermissement de la
demande des non résidents et le renforcement des transferts des MRE (+5,2% à fin juillet 2008). Elle profiterait également de
la mise en œuvre des dispositions du dialogue social et de la préservation du pouvoir d’achat des ménages. En effet, malgré
les hausses sans précédent des cours du pétrole et des matières premières sur le marché international, les tensions inflation-
nistes demeurent maîtrisées à l’échelle nationale grâce à la prise en charge par le budget de l’Etat d’une partie de la hausse
des prix de certains produits de base.

L’effort d’investissement des entreprises, quant à lui, se poursuit à une cadence soutenue, profitant d’une activité dynami-
que. A fin juillet 2008, les importations des biens d’équipement industriel ont progressé de 22,7% et les intentions de création
d’entreprises ont augmenté de 17,4%. Cette orientation de l’investissement se trouve confortée également par le dynamisme
de l’investissement des ménages en logement, comme en témoigne la hausse des crédits à l’habitat de 46,8% à fin juillet
2008.

En outre, le bilan à fin juin 2008 de la Commission interministérielle des investissements demeure positif. Les projets validés
dans le cadre de cette commission et qui sont au nombre de 23 portent sur un montant global d’investissement de 16,1 mil-
liards de dirhams. Ces projets, qui ont concerné différents secteurs, essentiellement ceux du tourisme, devraient générer plus
de 7.123 emplois directs et stables.

Sur le plan des échanges extérieurs de biens et services, l’évolution des importations (+27,7%) et des exportations (+17,7%)
s’est soldée, à fin juillet, par un taux de couverture avoisinant 75,5% et un solde commercial déficitaire en aggravation de
20,5 milliards de dirhams dont 69,3% s’explique par le renchérissement de la facture énergétique.

En ce qui concerne la situation des finances publiques, elle a clôturé les sept premiers mois de 2008 sur un excédent budgé-
taire, suite notamment à l’expansion de 24,8% des recettes ordinaires. Cette évolution s’est produite malgré la forte progres-
sion des charges de compensation (+158,4%), contribuant ainsi à hauteur de 80,7% à la hausse des dépenses ordinaires.

Sur le plan monétaire, les crédits bancaires continuent de soutenir la création monétaire, s’inscrivant en hausse à fin juillet
de 12,3% par rapport à fin décembre 2007. Cette évolution est attribuable à la progression des différentes catégories de cré-
dits dont notamment ceux destinés à l’immobilier (+22,8%), à la consommation (+19,1%), aux facilités de trésorerie
(+13,3%) et à l’équipement (+10,6%).

Du côté de la Bourse de Casablanca, après le trend baissier enregistré en juin, le marché boursier a légèrement repris en juil-
let avant de s’orienter à nouveau à la baisse à partir du 29 juillet. Ainsi, par rapport à fin juin 2008, les deux indices MASI et
MADEX ont quasiment stagné à fin juillet 2008 (-0,40% chacun), ramenant leurs performances depuis le début de l’année à
+11,3% et +11,5% respectivement.

AL MALIYA n°43 août 2008 59


REPÈRES
1. CROISSANCE ÉCONOMIQUE Maintien à la hausse des prix mondiaux des phosphates et
dérivés
Reprise confirmée de l’activité en 2008 A fin juillet 2008, la production marchande des phosphates a
Malgré un environnement international peu porteur, l’écono- légèrement augmenté de 0,7% et celle des engrais a stagné
mie nationale enregistrerait une croissance plus soutenue, (-0,1%). Toutefois, la production de l’acide phosphorique a
soit 6,8% au lieu de 2,7% un an auparavant. Les indicateurs reculé de 2,9% entre fin juillet 2007 et fin juillet 2008.
économiques disponibles à fin juillet 2008 révèlent, en effet,
un comportement favorable aussi bien des activités agricoles Pour ce qui est de l’activité à l’export du groupe OCP, elle
que non agricoles, une accélération de la demande intérieure demeure soutenue par les niveaux élevés des prix des produits
et un profil prometteur des exportations. phosphatés sur le marché mondial. Ainsi, le Chiffre d’Affaires à
l’export réalisé, à fin juillet 2008, s’est élevé à 32,2 milliards, soit
2,7 fois le montant généré un an auparavant. Cette évolution
1.1 Croissance sectorielle en 2008
couvre une augmentation de la valeur des expéditions de phos-
Comportement favorable des activités du secteur primaire phates, d’acide phosphorique et d’engrais naturels et chimi-
ques respectivement de 221%, 192,4% et 97,5%.
La production des trois principales céréales (blé tendre, blé
dur et orge) réalisée, au titre de la campagne 2007-2008, a
avoisiné 501 millions de quintaux, soit une hausse de 113% par
rapport à la campagne précédente. A fin juillet 2008, selon les
derniers chiffres publiés par l’Office National Interprofession-
nel des Céréales et des Légumineuses (ONICL), le volume col-
lecté des céréales s’est élevé à 8,3 millions de quintaux en pro-
gression de 176% par rapport à la campagne précédente. Le
blé tendre prédomine fortement avec un volume collecté de
8,2 millions de quintaux. Cependant, ces disponibilités
demeurent au dessous de la demande intérieure qui ne cesse
de croître. Ainsi, d’après l’Office des Changes, le tonnage
importé de blé s’est établi, à fin juillet 2008, à 19,6 millions de
quintaux, soit une expansion de 27,3% par rapport à la même
période de l’année 2007. Cette évolution s’est accompagnée
d’un renchérissement des prix des céréales sur le marché
international, ce qui s’est répercuté sur la facture céréalière
qui a enregistré un accroissement de 68,6% pour atteindre 9,7
milliards de dirhams, occupant ainsi 53,6% de la facture ali- Forte demande en produits énergétiques
mentaire.
Au terme des sept premiers mois de l’année 2008, la produc-
S’agissant de l’activité de la pêche, les débarquements de la tion d’électricité a augmenté de 8,1% par rapport fin juillet
pêche côtière et artisanale se sont raffermis, à fin juillet 2007, sous l’effet de l’expansion de la production thermique
2008, de 12,2% par rapport à la même période de l’année de 30,7% conjuguée au renforcement des importations de
précédente. L’expansion de 11,2% des captures des pois- 13%. Du côté de la demande, le volume des ventes de l’éner-
sons pélagiques, en raison de l’augmentation des débar- gie électrique a augmenté de 7,5% par rapport à la même
quements de la flottille sardinière (+29,1%), est à l’origine période de l’année précédente. Cette évolution provient,
de cette évolution. d’une part, de l’accroissement de 6,8% des ventes d’électricité
haute et moyenne tension, destinées aux secteurs productifs
En parallèle, la commercialisation à l’étranger des produits de et aux régies de distribution et, d’autre part, de la hausse de
la mer s’est soldée, au terme des sept premiers mois de l’an- 10,7% des ventes à basse tension destinées aux ménages.
née en cours, par une augmentation de la valeur des ventes à
Pour ce qui est de l’activité du raffinage, le volume du pétrole
l’étranger de crustacés, mollusques et coquillage, de poissons
mis en œuvre a accusé un repli de 8,6% à fin juillet 2008 par rap-
en conserve et de poissons frais respectivement de 24,4%,
port à la même période de l’année précédente. Néanmoins, les
25,9% et 5,9% par rapport à fin juillet 2007.
ventes locales des produits pétroliers raffinés ont progressé de
15,6%, en liaison avec la vitalité de la demande domestique.
Dynamisme continu des activités non agricoles
Les activités non agricoles ont clôturé le premier semestre Poursuite du dynamisme des activités du Bâtiment et
2008 sur une évolution positive, en raison du comportement Travaux Publics
favorable du BTP, de l’industrie, des postes et télécommunica- Les activités du bâtiment et travaux publics continuent de
tions ainsi que du commerce. profiter du lancement de programmes d’infrastructures de

1 Source : Premières estimations du Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche Maritime.

60 AL MALIYA n°43 août 2008


REPÈRES
grande envergure et des mesures d’encouragement pour l’ac- Pour ce qui est du trafic aérien, le nombre de passagers inter-
cès au logement, comme l’atteste l’évolution des deux indica- nationaux ayant transité par les aéroports internationaux du
teurs clés de l’activité à savoir les ventes de ciment et les cré- Royaume a atteint 5,2 millions de personnes, soit une crois-
dits immobiliers. En effet, les ventes de ciment se sont accrues sance de 12,6% par rapport à fin juin 2007.
de 14% à fin août 2008 par rapport à la même période de l’an-
née précédente. Quant aux crédits alloués par les banques au Croissance soutenue de l’activité des télécommunications
secteur immobilier, ils se sont renforcés, à fin juillet 2008, de
A fin juin 2008, l’activité des télécommunications a maintenu un
46,8% par rapport à fin juillet 2007.
rythme de progression élevé par rapport à la même période de
Perspectives favorables de l’industrie manufacturière l’année 2007, profitant de l’essor de l’Internet, de la téléphonie
et de l’arrivée du troisième opérateur. Ainsi, le parc des abonnés
Au terme du premier trimestre 2008, l’indice de la production mobile a progressé de 21,4% pour s’établir à 21,4 millions. Le
des industries de transformation a enregistré une croissance parc total Internet a atteint 653.591 abonnés, en augmentation
de 5,6% après une hausse de 4,4% à fin mars 2007. Cette ten- de 37%, suite au développement du service 3G dont le nombre
dance est attribuable à la progression de la production des d’abonnés a augmenté de 553,4% pour atteindre 158.869. En
industries du raffinage (+22,5%), de caoutchouc et des pro- outre, le nombre d’abonnés de la téléphonie fixe a augmenté
duits en plastiques (+24,4%), de l’industrie automobile de 42,3% pour s’élever à 2,8 millions, en relation avec le déve-
(+16,5%), de celle des produits minéraux non métalliques loppement du service mobilité restreinte dont le nombre
(+11,8%), des articles d’habillement (+8,8%) et des industries d’abonnés a plus que doublé pour atteindre 1,4 million.
alimentaires (+6,3%). Ces évolutions ont largement compensé
le repli affiché par la production de l’industrie du cuir, articles 1.2 Eléments de la demande
de voyage et chaussures (-8,7%), du carton (-7,4%) et des pro-
duits de l’édition (-10,4%). Vitalité de la demande intérieure
La demande intérieure resterait le moteur principal de la crois-
Evolution contrastée des indicateurs du secteur touristique sance économique. Ce dynamisme serait impulsé, notam-
L’analyse de la situation du tourisme au terme des sept pre- ment par la vigueur de la consommation des ménages suite à
miers mois de l’année 2008 a fait ressortir un écart d’évolution l’amélioration du revenu des ménages ruraux, le renforce-
entre les arrivées aux postes frontières et les nuitées réalisées ment des transferts des Marocains Résidant à l’Etranger et la
dans les établissements d’hébergement classés. Ainsi, en préservation du pouvoir d’achat des ménages. En effet, mal-
dépit du repli des nuitées réalisées dans les hôtels classés de gré les hausses sans précédent des cours du pétrole et des
2,7%, en raison de l’apparition de nouveaux types d’héberge- matières premières sur le marché international, les tensions
ment non classés, comme les appart-hôtels, les riads et les inflationnistes demeurent maîtrisées à l’échelle nationale
maisons d’hôtes, les recettes voyages ont renoué avec une grâce à la prise en charge par le budget de l’Etat d’une partie
croissance de 1,8% à fin juillet 2008, enregistrant un renverse- de la hausse des prix de certains produits de base.
ment de tendance par rapport aux premiers mois de l’année
2008. Cette évolution s’explique par le renforcement des Pour sa part, l’investissement resterait consolidé grâce aux
recettes réalisées au cours du mois de juillet qui se sont éle- efforts conjugués des secteurs public et privé. A fin juillet
vées à 7,9 milliards de dirhams, soit un accroissement de 2008, les achats des entreprises en biens d’équipement
94,3% par rapport à juin 2008 et une augmentation de 8,4% industriel ont progressé de 22,7% et les crédits accordés à
par rapport au même mois de l’année 2007. l’équipement ont augmenté de 27,8%. Cette orientation de
l’investissement se trouve confortée d’une part par l’augmen-
tation des certificats négatifs accordés de 17,4%, traduisant
les intentions de création d’entreprises et d’autre part par le
dynamisme de l’investissement des ménages en logement,
comme en témoigne la hausse de 46,8% des crédits à l’habi-
tat. En outre, le bilan à fin juin 2008 de la Commission inter-
ministérielle des investissements demeure positif. Les projets
validés dans le cadre de cette commission et qui sont au
nombre de 23 portent sur un montant global d’investisse-
ment de 16,1 milliards de dirhams. Ces projets, qui ont
concerné différents secteurs, essentiellement ceux du tou-
risme, devraient générer plus de 7.123 emplois directs et sta-
bles. Les dépenses d’investissement imputées sur le Budget
de l’Etat ont porté, à fin juillet 2008, sur 24,6 milliards de dir-
hams, soit une hausse de 52,6% par rapport à fin juillet 2007.
L’investissement du secteur public consolidé est encore plus
important si on y intègre celui des entreprises publiques et
des collectivités locales.
De même, le nombre de touristes ayant visité le Royaume a
enregistré, à fin juillet 2008, une hausse de 9% par rapport à Par ailleurs, l’amélioration de l’attractivité des investissements
fin juillet 2007, pour s’élever à 4,7 millions de personnes dont directs étrangers par le Maroc ne s’est pas démentie en 2008.
2,5 millions de touristes étrangers. C’est ce dont témoigne le niveau des investissements et prêts

AL MALIYA n°43 août 2008 61


REPÈRES
privés étrangers qui a totalisé 20,5 milliards de dirhams à fin dente et ce, suite à l’affermissement des achats de l’huile brute de
juillet 2008, dont 81,6% correspondent aux investissements pétrole, du gaz oils et fuel ainsi que de ceux du gaz de pétrole et
directs étrangers (IDE). autres hydrocarbures respectivement de 44,1%, 103,6% et 37,5%.

1.3 Echanges extérieurs Profitant du dynamisme des activités productrices notam-


ment industrielles, les importations des biens d’équipement,
Les transactions commerciales des biens et services
des demi-produits et des produits bruts ont progressé, en
(FOB/FOB) ont clôturé le sept premiers mois de l’année 2008
valeur, respectivement de 23,3%, 17,7% et 79,7%. La hausse
sur une hausse de 23,2% pour s’établir à 350,2 milliards de dir-
remarquable des acquisitions en produits bruts s’explique
hams. Cette évolution couvre d’une part une appréciation des
essentiellement par la hausse des prix mondiaux du souffre, ce
exportations des biens et services de 17,7% et, d’autre part,
qui s’est traduit par une valorisation de 425,1% du prix moyen
une progression des importations des biens et services à un
à l’import, passant de 530,8 dirhams/tonne à fin juillet 2007 à
rythme plus accéléré, soit +27,7% par rapport à fin juillet 2007.
2787,3 dirhams/tonne à fin juillet de l’année en cours.
En conséquence, le taux de couverture s’est situé à 75,5%
contre 81,9% un an auparavant. Quant aux importations des produits alimentaires, elles demeu-
rent dominées par les achats de blé2 qui ont totalisé à fin juillet
Ces évolutions ont dégagé un solde commercial des biens qui
2008 un montant estimé à 6,6 milliards de dirhams, en augmen-
est déficitaire de 90,8 milliards de dirhams, en hausse de
tation de 107% par rapport à fin juillet 2007, sous l’effet de la
31,2% par rapport à fin juillet 2007. Par produit, le solde com-
hausse du prix moyen de la tonne importée de 62,6% pour
mercial des produits énergétiques a contribué à hauteur de
s’établir à 3395 dirhams/tonne à fin juillet 2008.
67,5% à ce creusement, suivi par le solde des biens d’équipe-
ment (29,7%) et celui des produits alimentaires (18,6%). Dynamisme soutenu des exportations porté par la valorisa-
tion des prix à l’export des produits phosphatés
Quant aux exportations des biens, elles se sont raffermies de
28,7% après une progression de 9,9% une année auparavant.
L’appréciation de 156,8% de la valeur des expéditions des phos-
phates et dérivés explique 90,6% de la croissance des exporta-
tions totales. Cette évolution est attribuable à la bonne tenue
des prix à l’export des phosphates (+214%), de l’acide phospho-
rique (+216,3%) et des engrais naturels et chimiques (+148,5%).
En conséquence, la part des exportations des produits phos-
phatés dans les exportations totales a gagné 16,5 points, pas-
sant de 16,6% à 33,1% entre fin juillet 2007 et 2008.
Hors phosphates et dérivés, les exportations marocaines ont
été marquées, à fin juillet 2008, par une amélioration des ven-
tes à l’étranger de produits alimentaires de 7,9%, en relation
avec le bon comportement des ventes de crustacés, mollus-
ques et coquillages (+24,4%), de poissons en conserve
En parallèle, les recettes des services ont enregistré, à fin juil- (+25,9%), d'agrumes (+14,3%) et de poissons frais (+5,9%). Par
let 2008, un accroissement de 3,2% pour s’établir à 56,9 mil- ailleurs, celles des produits finis de consommation ont accusé
liards de dirhams, suite à l’affermissement des recettes au titre un repli de 4,8%, en raison de la baisse de 5,8% des ventes de
des services de transport et de celles provenant des centres vêtements confectionnés, conjuguée au recul de 13,8 % de
d’appels respectivement de 12,2% et 22,8%. celles d'articles de bonneterie.

Expansion des importations impulsée par le dynamisme des Ces évolutions se sont traduites par un changement au niveau
activités productrices et de la demande interne du classement des 10 premiers principaux produits à l’export
qui sont désormais dominés par les exportations de l’acide
S’agissant des importations des biens, elles se sont accrues en phosphorique au lieu des vêtements confectionnés qui occu-
valeur de 29,9% après une hausse de 16,2% un an auparavant. pent actuellement la deuxième place.
Cette ascension s’explique à hauteur de 33,5% par les achats des
produits énergétiques et lubrifiants, suivis des biens d’équipe- 2. FINANCES PUBLIQUES (hors TVA des Collectivités Locales)
ment (17,9%), des acquisitions des produits bruts (14,9%), des
demi-produits (14,1%) et de la facture alimentaire (12,3%). 2.1 Recettes
Bon comportement aussi bien en termes d’évolution que
La facture énergétique continue de subir les effets du renchéris-
d’exécution des recettes fiscales
sement des prix du pétrole sur le marché mondial. Ainsi, elle a
atteint 41 milliards de dirhams à fin juillet 2008, soit un renforce- Concrétisées à hauteur de 77%3 à fin juillet 2008, les recettes
ment de 43,3% par rapport à la même période de l’année précé- ordinaires se sont redressées de 25%. Cette évolution est

2 Les importations de blé représentent, à elles seules, 36,8% de la valeur totale des importations des produits alimentaires.
3 Le taux d’exécution moyen pour cette période est de 58,3%.

62 AL MALIYA n°43 août 2008


REPÈRES
essentiellement le résultat de la contribution positive des S’agissant des charges en intérêts de la dette publique, elles se
recettes fiscales qui ont affiché une progression de 29,4% et sont contractées de 5,6%, en rapport avec le recul des charges
un taux d’exécution de 79,5% et ce, suite essentiellement au en intérêts de la dette intérieure de 7% et de la hausse de cel-
bon comportement de la fiscalité directe. les de la dette extérieure de 2,8%. En termes de réalisation,
l’exécution des dépenses du personnel, des autres biens et
Les impôts directs, qui se sont réalisés à raison de 90,2%, ont services et de la dette publique a été maitrisée à 59,7%, 58,9%
augmenté de 44,2%, tirés essentiellement par la hausse de et 59,7% respectivement.
74,3% des recettes de l’IS après 17% en 2007. Celles de l’IR ont
progressé de 15,1%, en lien principalement avec l’appréciation Pour ce qui est des dépenses d’investissement du Budget de
de l’IR sur le produit des cessions des valeurs mobilières cotées l’Etat, elles ont porté, à fin juillet 2008, sur 24,6 milliards de dir-
en bourse et de l’IR sur les profits immobiliers ainsi que le verse- hams, soit un taux de réalisation de 76,5% et une progression
ment par l’OCP de 770 millions de dirhams au titre de l’IR. de 52,6% par rapport à la même période de l’année 2007.
S’agissant des impôts indirects, ils ont été exécutés à hauteur
Réalisation d’un excédent budgétaire
de 70% et se sont accrus de 20,7%. Ils ont bénéficié de la
bonne tenue des recettes de la TVA (+25,1%) tant intérieure L’évolution des recettes et des dépenses, à fin juillet 2008, a
(+25,3%) qu’à l’importation (+25%). Quant aux recettes des permis de dégager une épargne publique de 22,4 milliards de
TIC, ils ont augmenté de 11,8%, suite particulièrement à l’ac- dirhams contre 14 milliards l’année dernière, couvrant ainsi
croissement des TIC sur tabacs et sur les produits énergéti- 91,2% des dépenses d’investissement. Quant au solde budgé-
ques respectivement de 17,7% et 10%. taire global, il a été excédentaire de 8,3 milliards de dirhams
après un excédent de 2,9 milliards à fin juillet 2007, compte
Du côté des recettes relatives aux droits d’enregistrement et tenu d’un solde positif des Comptes Spéciaux du Trésor (hors
de timbre, elles ont augmenté de 16,3% et ont enregistré un fonds de soutien des prix et fonds spécial routier) de 10,5 mil-
taux de réalisation de 75,7%. De leur part, les recettes perçues liards de dirhams.
au titre des droits de douane se sont accrues de 2,9% et ont
été exécutées à hauteur de 70,8%. Compte tenu de l’augmentation de ses arriérés de 4,5 mil-
Ces performances ont été réalisées grâce à la dynamique de liards de dirhams par rapport à fin décembre 2007, le Trésor a
l’activité économique, notamment suite à l’amélioration de la dégagé un excédent de financement de 12,8 milliards de dir-
consommation et de l’investissement, ainsi qu’aux mesures hams contre 58 millions un an auparavant.
d’élargissement de l’assiette fiscale et à l’augmentation nota-
ble des importations. 3. FINANCEMENT DE L’ECONOMIE

En l’absence de recettes de privatisation, le taux de réalisation Bon comportement des concours à l’économie
des recettes non fiscales a atteint 58,9%, suite à la concrétisa- Par rapport à fin décembre 2007, la masse monétaire s’est
tion de 72,6% des recettes de monopoles et de 75,4% des accrue, à fin juillet 2008, de 6,5%. Cette tendance est liée essen-
autres recettes non fiscales4. En termes d’évolution, les recet- tiellement à la bonne tenue des concours à l’économie qui ont
tes non fiscales ont baissé de 7,3%, en liaison avec la diminu- enregistré une progression, par rapport à fin décembre 2007, de
tion de 2,9% des recettes de monopoles et de 8,9% de celles 12%. Cette évolution est attribuable à la progression des diffé-
des autres recettes non fiscales et ce, en rapport avec la baisse rentes catégories de crédit dont notamment ceux destinés à
de 98,9% des recettes en atténuation de dépenses. l’immobilier (+22,8%), à la consommation (+19,1%), aux facilités
de trésorerie (+13,3%) et à l’équipement (+10,6%).
2.2 Dépenses
Hausse notable des charges de compensation
Les dépenses ordinaires se sont réalisées, à fin juillet 2008, à hau-
teur de 66,5% pour se chiffrer à 92,3 milliards de dirhams. Elles se
sont inscrites en hausse de 18,4% par rapport à la même période
de l’année précédente. Cette évolution découle principalement
de l’importance des charges de compensation qui ont été exé-
cutées à hauteur de 122,8%, atteignant 18,9 milliards de dirhams
après 7,3 milliards l’année dernière, contribuant ainsi à hauteur
de 80,7% à la hausse des dépenses ordinaires.
Toutefois, le taux de croissance des dépenses des biens et
services a décéléré, passant de 10,2% à fin juillet 2007 à
5,9% à fin juillet 2008. Cette évolution recouvre une aug-
mentation des dépenses des autres biens et services de
5,9% après 17,2% l’année dernière et une progression des
dépenses du personnel de 5,9%.

4 Cette rubrique comprend différentes recettes dont notamment celles de domaine, de fonds de concours, des recettes en atténuation des dépenses, de la redevance gazoduc et des
intérêts sur placements et avances.

AL MALIYA n°43 août 2008 63


REPÈRES
Les avoirs extérieurs nets se sont aussi appréciés de 6,3% Compte tenu des remboursements qui ont atteint 31,1 mil-
suite à la hausse de ceux des banques de 40,3% et de ceux liards de dirhams, l’encours des bons du Trésor par adjudica-
de Bank Al-Maghrib de 2,6%. Quant aux créances nettes sur tion s’est établi, à fin juillet 2008, à 242,1 milliards de dirhams,
l’Etat, elles ont reculé de 13,4%, recouvrant une amélioration en baisse de 6,8% rapport à son niveau à fin 2007. De ce fait,
de la position nette du Trésor auprès de Bank Al-Maghrib de l’encours de la dette intérieure s’est replié de 7%, pour attein-
5,6 milliards de dirhams et une baisse de son recours aux dre à 242,3 milliards de dirhams à fin juillet 2008.
banques de 7%.
S’agissant de l’offre des investisseurs à fin juillet 2008, elle a aug-
Concernant l’évolution de l’encours des agrégats de place- menté de 87,7% par rapport à fin juillet 2007 pour atteindre 192
ments liquides à fin juillet 2008, il a augmenté par rapport à fin milliards de dirhams, satisfaite à hauteur de 7% au lieu de 24,6%
décembre 2007 de 2%, sous l’effet essentiellement de la hausse l’année dernière et orientée essentiellement vers le court terme.
des titres émis par les OPCVM monétaires et les OPCVM actions
et diversifiés de 17,5% et 14,5% respectivement. Performances annuelles soutenues de la Bourse de Casablanca
Après le trend baissier enregistré en juin, le marché boursier a
Resserrement des trésoreries bancaires en juillet légèrement repris en juillet avant de s’orienter de nouveau à
Durant le mois de juillet, le besoin en liquidités des banques s’est la baisse à partir du 29 juillet. Ainsi, par rapport à fin juin 2008,
accru, par rapport à juin, de 8 milliards de dirhams pour attein- les deux indices MASI et MADEX ont quasiment stagné à fin
dre en moyenne 11,8 milliards, en relation avec l’amélioration de juillet 2008 (-0,40% chacun), ramenant leurs performances
la position nette du Trésor auprès de Bank Al-Maghrib et l’aug- depuis le début de l’année à +11,3% et +11,5% respective-
mentation de la circulation fiduciaire. Face à cette situation, la ment. Pour sa part, la capitalisation boursière s’est établie, à fin
Banque centrale a augmenté le volume moyen de ses interven- juillet 2008, à 670 milliards de dirhams, en accroissement de
tions d’injection de liquidités, essentiellement sous forme 14,3% par rapport à fin décembre 2007 et de 1,4% par rapport
d’avances à 7 jours sur appel d’offres, passant en moyenne de 2,8 à fin juin 2008 et ce, suite essentiellement à la hausse du nom-
milliards de dirhams en juin à 11,6 milliards en juillet. bre de titres admis à la cote.

Dans ce contexte, la moyenne mensuelle du taux interbancaire


moyen pondéré au jour le jour (TIMPJJ), s’est inscrite en hausse
de 16 pbs par rapport au mois de juin 2008 pour s’établir à
3,30%. Toutefois, elle a enregistré une tendance relativement
stable tout au long du mois, proche du taux des avances à 7
jours sur appels d’offres (3,25%). En parallèle, le volume moyen
des transactions interbancaires s’est replié en juillet de 25,2%
par rapport à juin 2008 pour s’établir à 2,9 milliards de dirhams.

Faible recours du Trésor au marché des adjudications


En juillet, le Trésor n’a recouru au marché des adjudications
qu’une seule fois pour lever un montant de 700 millions de
dirhams qui a concerné les maturités à 13 semaines à un taux
de 3,40%, en stagnation par rapport à juin 2008. Ainsi, au
terme des sept premiers mois de 2008, les levées brutes du
Trésor ont atteint 13,5 milliards de dirhams, en baisse de
46,3% par rapport à la même période de 2007. Ces levées ont Sur le plan sectoriel, par rapport à juin, des évolutions positives
concerné essentiellement les maturités courtes à hauteur de ont été réalisées par les secteurs du pétrole et gaz (+7,2%), du
91,1% après 46% à fin juillet 2007. Le reste a été orienté vers bâtiment et matériaux de construction (+4,1%) et de l’agroali-
les maturités moyennes, soit 8,9%. mentaire (+2,5%). En revanche, des contreperformances ont été
enregistrées par les secteurs de la chimie (-14%), des sociétés de
Portefeuilles-Holdings (-4,5%) et des mines (-2,9%).

Concernant le volume global des transactions, il a atteint, au


terme des sept premiers mois de 2008, 131 milliards de dir-
hams, en augmentation de 10,9% par rapport à fin juillet 2007.
Pour le seul mois de juillet, ce volume s’est établi à 22,1 milliards
de dirhams contre 12,6 milliards en juin. L’essentiel des transac-
tions a été effectué au niveau du marché central et ce, à hauteur
de 64,6%, animé essentiellement par Alliances (20,5%), Addoha
(14,9%), Attijariwafa Bank (11,4%) et ONA (10,9%). Le restant
des flux transactionnels est réparti entre le marché de blocs
(12,5%) et les introductions (22,8%), suite à l’introduction en
bourse des deux sociétés Label Vie et Alliances Développement
Immobilier, portant ainsi le nombre d’entreprises ayant rejoint
la cote en 2008 à 5 et le nombre total de sociétés cotées à 775.
Source : DEPF
5 Compte tenu de la radiation de la valeur « Le Carton » le lundi 07 juillet 2008.

64 AL MALIYA n°43 août 2008


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