BESN°8 Bon
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BESN°8 Bon
et Statistique
Bulletin
BES N° 08 - décembre 2020
Economique
et Statistique
II. ETUDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
INCLUSION FINANCIÈRE ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN ZONE
CEMAC : LE CAS DE LA FINANCE MOBILE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Introduction : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
1. Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2. Methodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Références bibliographiques :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
La coordination de la publication du BES est assurée par un Comité de validation, créé par Déci-
sion du Gouverneur N°065/GR/2017 du 03 juillet 2017. Celui-ci a pour responsabilité principale de
valider les articles et les études proposés pour publication dans le Bulletin. Il veille également au
respect des dates de parution du Bulletin. Réunit le 13 octobre 2020 à 13 heures dans les locaux
du Siège de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), pour ce huitième numéro, le Comité
de validation était composé comme suit :
PRÉSIDENT :
HAMADOU ABDOULAYE
Directeur Central des Etudes, de la Recherche et des Statistiques.
MEMBRES :
A également prit part à ces travaux, Monsieur GOMBA EBIKILI Claise Borgia, cadre moyen
du Service de l’Environnement International, en charge de la Publication et de la Documentation.
Ce huitième numéro du Bulletin Economique Statis- au sein de la CEMAC dans les secteurs de l’énergie,
tique (BES) pour le troisième trimestre de l’année de l’agro-industrie, de l’économie forestière, de l’éle-
2020, publié par la Banque des Etas de l’Afrique vage et de la pêche, des mines, de la métallurgie et
Centrale (BEAC) est composé de deux parties. La du tourisme.
première traite des évolutions économiques, moné- Concernant la première partie qui s’intitule « En-
taires et financières récentes, tant au plan interna- vironnement Economique, Monétaire et Finan-
tional, qu’au plan sous-régional. La deuxième partie cier », au niveau international, la crise sanitaire liée
de ce Bulletin présente des études réalisées par les à la COVID-19 continue de peser sur la croissance
cadres (de la BEAC) et étudiants ressortissants de économique mondiale, notamment en déstabilisant
la Communauté Economique Monétaire et Finan- les chaines d’approvisionnement. En effet, selon
cière (CEMAC). Les études publiées dans le BES les Perspectives de l’économie mondiale, révisées
doivent permettre à la BEAC d’avoir une meilleure en décembre 2020 par le Fonds monétaire interna-
connaissance des économies de la sous-région. En tional (FMI), la croissance mondiale est estimée à
outre, les thèmes ou sujets évoqués doivent impé- 2,8 % en 2019 et devrait s’effondrer à - 4,4 % en
rativement toucher de près aux missions statutaires 2020, avant de se hisser à 5,1 % en 2021. Ainsi, se-
de la BEAC. lon les récentes prévisions du FMI, le taux d’inflation
La Banque Centrale émet la monnaie de l’Union Mo- baisserait de 1,4 % en 2019 à 0,7 % en 2020, puis
nétaire et en garantit la stabilité. Sans préjudice de à 1,5 % en 2021 pour les pays avancés. S’agissant
cet objectif, elle apporte son soutien aux politiques des pays émergents et en développement, il revien-
économiques générales élaborées dans l’Union Mo- drait de 5,1 % en 2019 à 4,8 % en 2020, puis à 4,0 %
nétaire. S’agissant de ses missions, la BEAC pour en 2021. En Afrique subsaharienne, l’inflation recu-
mandat : i) de définir et conduire la politique moné- lerait de 8,4 % en 2019 à 8,0 % en 2020 et 7,1 %
taire de l’Union Monétaire ; ii) d’émettre les billets de en 2021. En Afrique subsaharienne, la majorité des
banque et les monnaies métalliques qui ont cours banques centrales ont poursuivi des politiques mo-
légal et pouvoir libératoire dans l’Union Monétaire ; nétaires accommodantes, à travers un ensemble de
iii) de conduire la politique de change de l’Union Mo- mesures destinées à freiner les effets éventuels de
nétaire ; iv) de détenir et gérer les réserves officielles la crise sanitaire.
de change des Etats membres ; v) de promouvoir En outre, dans un environnement d’incertitudes
les systèmes de paiement et de règlement et veiller croissantes, les banques centrales devraient pour-
à leur bon fonctionnement ; vi) de promouvoir la sta- suivre les mesures de soutien aux économies, en
bilité financière dans l’Union Monétaire. Par ailleurs, vue de limiter les effets négatifs de la crise sanitaire.
plusieurs défis se posent à la Banque Centrale, par- Une grande partie des banques centrales des pays
mi lesquelles l’accompagnement pour le développe- avancés, émergents et de l’Afrique subsaharienne
ment d’une zone en pleine croissance. Il s’agit en ont reconduit l’orientation accommodante de leur
particulier de i) l’intégration monétaire : la monnaie politique monétaire.
commune, le Franc CFA encourage les échanges Au niveau de la sous-région Afrique Centrale, dans
commerciaux et favorise les investissements natio- un contexte marqué par une récession de l’activi-
naux ou directs étrangers ; ii) la stabilité monétaire : té économique mondiale, une contraction sur l’en-
elle permet aux Etats de mener à bien leurs missions semble de l’année des prix du pétrole suite à la
régaliennes dans les domaines de l’éducation, de la crise de la COVID-19, les principales évolutions
santé, de la justice, de la défense et de la sécurité ; se déclinent comme suit : i) repli de la croissance
iii) la stabilité financière : elle facilite les investisse- à - 2,9 %, contre 2,0 % en 2019 ; ii) un tassement
ments privés et publics, notamment dans le domaine de l’inflation en moyenne annuel à 2,0 % à fin sep-
de l’infrastructure ; iv) l’intégration régionale : elle est tembre 2020, contre 2,8 % un an plus tôt, en glisse-
un moteur indispensable pour les pôles d’excellence ment annuel, le taux d’inflation s’est hissé à 3,3 %
Sept-19 Oct-19 Nov-19 Déc-19 Janv-20 Févr-20 Mars-20 Avr-20 Mai-20 Juin-20 Juil-20 Août-20 Sep-20
Produit Unité
Pétrole
Crude oil, average $/baril 60,0 57,3 60,4 63,4 61,6 53,3 32,2 21,0 30,4 39,5 42,8 44,3 41,1
Gaz naturel et méthanol
Europe ($/mmbtu) 4,2 5,1 5,2 4,6 3,6 2,9 2,7 2,1 1,6 1,8 1,8 2,9 4,0
Etats-Unis ($/mmbtu) 2,6 2,3 2,7 2,2 2,0 1,9 1,8 1,7 1,8 1,6 1,7 2,3 1,9
Japon ($/mmbtu) 10,9 10,0 10,0 10,0 9,9 9,9 9,9 10,1 10,1 10,1 7,8 6,3 6,3
Bois
Bois bruts, même écorcés,
$/m3 301,5 301,8 301,1 302,0 301,8 297,4 302,4 298,6 299,7 306,1 312,7 316,9 316,1
désaubiérés ou équarris
Bois sciés (ycp Feuilles de
placage & feuilles pour contre-pla- $/m3 591,6 605,4 617,5 627,9 626,5 621,1 593,7 595,0 589,5 599,9 606,8 629,1 621,9
qués)
Fer ($/dmtu) 93,1 88,5 85,0 92,7 95,8 87,7 89,0 84,7 93,7 103,3 108,5 121,1 123,8
Aluminium ($/mt) 1 753,5 1 726,0 1 774,8 1 771,4 1 773,1 1 688,1 1 610,9 1 459,9 1 466,4 1 568,6 1 643,8 1 737,3 1 743,8
Diamant ($/carat) 163,8 154,8 154,8 154,8 155,8 156,8 157,8 154,8 154,8 154,8 154,8 154,8 154,8
Or ($/troy oz) 1 510,6 1 494,8 1 470,8 1 479,1 1 560,7 1 597,1 1 591,9 1 683,2 1 715,9 1 732,2 1 846,5 1 968,6 1 921,9
Manganèse $/kg 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,9 1,8 1,8 1,8 1,8
Cacao $/kg 2,3 2,4 2,5 2,4 2,6 2,7 2,3 2,3 2,3 2,2 2,1 2,3 2,5
Riz ($/mt) 400,1 391,2 389,8 398,3 416,4 419,0 452,8 512,7 483,8 491,1 462,7 480,2 485,2
Caoutchouc ($/kg) 1,5 1,4 1,5 1,7 1,7 1,6 1,5 1,3 1,3 1,4 1,5 1,7 1,9
Coton ($/kg) 1,6 1,6 1,7 1,7 1,7 1,7 1,5 1,4 1,4 1,5 1,5 1,5 1,6
Huile de palme ($/mt) 580,3 591,4 683,4 769,9 810,1 728,8 635,2 608,9 573,9 651,6 694,2 760,3 798,1
Banane ($/kg) 0,8 0,9 0,9 0,9 0,9 0,9 0,9 0,9 0,9 0,9 0,9 0,9 0,9
Sucre ($/kg) 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,2 0,2 0,3 0,3 0,3 0,3
Tabac ($/mt) 4 861,1 4 446,9 4 792,6 4 780,8 4 725,2 4 712,9 4 686,8 4 647,5 4 632,4 4 600,9 4 562,2 4 545,8 4 521,5
Café ($/kg) 2,2 2,2 2,4 2,5 2,3 2,2 2,4 2,4 2,4 2,3 2,4 2,6 2,6
Gomme arabique $/tonne 1 667,8 1 658,8 1 658,8 1 658,8 1 659,8 1 660,8 1 661,8 1 658,8 1 658,8 1 658,8 1 658,8 1 658,8 1 658,8
Viande de bœuf ($/kg) 4,7 4,9 5,9 5,6 5,0 4,7 4,5 4,4 5,1 5,1 4,7 4,6 4,6
Indice composite (cours exprimés en dollars) - Base 100 : jan-
vier 2012
Indice global 61,1 59,5 62,6 64,0 62,4 56,1 39,8 31,3 38,1 44,4 46,6 49,2 47,1
Indice hors produits énergétiques 113,4 116,4 120,8 119,6 121,0 121,5 114,2 112,5 114,4 113,7 111,7 117,4 119,0
Sur le marché des changes, de manière générale, la devise européenne s’est appréciée par
rapport aux principales monnaies au cours des derniers mois, en raison du renforcement de
la confiance des investisseurs dans la zone euro, du fait d’une meilleure gestion de la crise
sanitaire liée à la COVID-19, conjuguée avec l’adoption d’un plan de relance de 750 milliards
d’euros par la Commission de l’Union Européenne. En conséquence, depuis le début de l’an-
née 2020, l’euro s’est appréciée vis-à-vis du real brésilien (43,8 %), du rouble (32,9 %), du rand
sud–africain (20,9 %), de la roupie indienne (9,4 %), du dollar canadien (7,1 %), de la livre sterling
(6,8 %), du dollar américain (5,8 %), du yuan (3,1 %) et du yen japonais (2,1 %).
G7. Cours moyen mensuel de l’euro G8. Cours moyen mensuel de l’euro (suite)
(en pourcentage)
oct-19 nov-19 déc-19 janv-20 févr-20 mars-20 avr-20 mai-20 juin-20 juil-20 août-20 sept-20 oct-20
BCEAO
4,50 4,50 4,50 4,50 4,50 4,50 4,50 4,50 4,50 4,50 4,00 4,50 4,00
Taux des pensions
Taux d'injection de liquidités 2,50 2,50 2,50 2,50 2,50 2,50 2,50 2,50 2,50 2,50 2,00 2,50 2,00
Sources : Fed, BoE, BoJ, Banque du Canada, BCE , BCEAO, BCC, BCN et SARB
2. Secteur Réel de la CEMAC
2.1 Activité économique
Depuis le 2ème trimestre 2020, les pays de la CEMAC sont en récession, en raison des
mesures barrières édictées par les pays membres en mars 2020, mais également des mesures
restrictives prises dans les principaux pays partenaires. Dans un environnement mondial toujours
rempli d’incertitudes, une légère reprise s’est fait ressentir à partir du 3ème trimestre, en raison de
l’assouplissement des mesures restrictives prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie liée à
la COVID-19. En effet, tandis que les branches de l’agriculture vivrière et d’exportation ainsi que les
télécommunications devraient être relativement résilientes, l’hôtellerie, le transport et les Bâtiments
et Travaux Publics (BTP), ainsi que la plupart des industries manufacturières et agroalimentaires
poursuivraient leur tendance dépressive au 3ème trimestre 2020. En revanche, la dynamique des
industries chimiques notamment pharmaceutiques serait favorable sur la période sous revue, mais
non suffisante pour compenser la tendance baissière globale.
D’après les prévisions économiques actualisées par les services de la BEAC en octobre 2020,
la croissance économique ressortirait à -2,9 % en 2020, contre 2,0 % en 2019, en raison de la
contraction de l’activité du secteur pétrolier principalement. Ainsi, le secteur pétrolier enregistrerait
une croissance de -5,5 % en 2020, contre 2,3 % en 2019, tandis que le secteur non pétrolier
progresserait de -2,3 % en 2020, après 1,9 % en 2019. En termes de contribution, les secteurs
pétroliers et non pétroliers grèveraient l’activité respectivement de 1,1 point et 1,8 point contre des
contributions positives de 0,5 point et 1,5 point un an auparavant.
T5 : Contribution à la croissance
sept-19 oct-19 nov-19 déc-19 janv-20 févr-20 mars-20 avr-20 mai-20 juin-20 juil-20 août-20 sept-20
Cameroun 2,3 2,4 2,4 2,5 2,5 2,6 2,6 2,6 2,6 2,6 2,5 2,5 2,5
RCA 3,5 3,6 3,3 2,7 2,2 1,7 1,3 0,9 1,1 1,3 1,2 1,2 1,2
Congo 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 2,6 2,7 2,8 2,9 3,0 3,1 3,3 3,5
Gabon 3,5 3,0 2,5 2,1 1,7 1,4 1,1 0,9 0,8 0,8 0,9 1,1 1,3
Guinée
1,2 1,2 1,3 1,5 1,7 1,8 2,0 2,5 3,0 3,7 4,4 4,9 5,4
Equatoriale
Tchad 1,0 -4,9 -3,5 -1,6 0,3 -1,1 -0,9 -0,5 0,1 0,5 1,1 1,8 2,5
CEMAC* 2,8 2,5 2,2 1,9 1,7 1,6 1,5 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 2,0
UEMOA -0,1 -0,3 -0,4 -0,5 -0,4 -0,3 -0,2 0,0 0,2 0,4 0,0 0,2 0,4
Zone Euro 1,4 1,3 1,2 1,2 1,2 1,2 1,1 1,0 0,9 0,8 1,0 0,9 0,8
France 1,5 1,4 1,3 1,2 1,3 1,3 1,3 1,2 1,1 0,9 1,2 1,1 0,9
Etats Unis 1,9 1,8 1,8 1,8 1,9 2,0 1,9 1,8 1,6 1,6 1,8 1,6 1,6
sept-19 oct-19 nov-19 déc-19 janv-20 févr-20 mars-20 avr-20 mai-20 juin-20 juil-20 août-20 sept-20
Cameroun 2,5 2,4 2,5 2,4 2,8 2,6 2,5 2,7 2,4 2,4 2,3 2,3 2,4
RCA 2,5 1,1 -0,2 -2,8 -0,9 -0,8 0,4 0,2 4,6 5,0 3,3 2,7 1,9
Congo 2,3 2,5 3,3 3,8 3,5 3,4 3,2 2,7 3,3 3,2 3,5 4,5 5,3
Gabon 0,9 0,5 0,2 1,0 1,1 0,7 0,4 0,7 1,2 1,2 2,0 2,9 3,5
Guinée
-0,4 2,5 3,4 4,3 5,1 5,0 5,4 6,1 6,8 7,4 7,2 6,2 5,9
Equatoriale
Tchad -2,8 -3,2 -2,8 -1,7 1,0 3,2 4,7 6,3 3,5 3,0 5,3 6,0 5,3
CEMAC* 1,0 0,1 0,3 0,5 1,5 1,8 1,9 2,5 2,4 2,7 3,7 3,4 3,3
UEMOA -1,2 -0,9 -0,5 -0,5 0,8 1,6 1,4 1,6 1,8 1,8 1,6 1,8 1,8
Zone Euro 0,8 0,7 1,0 1,3 1,4 1,2 0,7 0,3 0,1 0,3 0,3 0,1 0,3
France 1,1 0,9 1,2 1,6 1,7 1,6 0,8 -0,4 -0,3 -0,5 -0,4 -0,3 -0,5
Etats Unis 1,7 1,8 2,1 2,3 2,5 2,3 1,5 0,3 0,1 0,6 0,3 0,1 0,6
POSTES DE CONSOMMATION sept-19 oct-19 nov-19 déc-19 janv-20 févr-20 mars-20 avr-20 mai-20 juin-20 juil-20 août-20 sept-20
Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 0,1% 0,2% 0,2% 0,2% 0,3% 0,3% 0,5% 0,7% 0,9% 1,1% 1,3% 1,4% 1,5%
Boissons alcoolisées et tabac 0,0% 0,1% 0,1% 0,2% 0,3% 0,2% 0,2% 0,2% 0,3% 0,3% 0,4% 0,3% 0,3%
Articles d'habillement et chaussures 0,1% 0,2% 0,2% 0,3% 0,3% 0,2% 0,2% 0,2% 0,3% 0,3% 0,3% 0,3% 0,3%
Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles 1,6% 1,4% 1,0% 0,7% 0,5% 0,3% 0,1% -0,1% -0,2% -0,4% -0,4% -0,5% -0,4%
Meubles, articles de ménage et entretien courant de la maison 0,1% 0,1% 0,0% -0,1% 0,0% 0,0% 0,0% -0,1% -0,2% -0,2% -0,2% -0,1% -0,1%
Santé 0,2% 0,1% 0,1% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% -0,1% -0,1% -0,1% -0,1% -0,1% -0,1%
Transports 0,2% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,2% 0,2% 0,3% 0,3% 0,3% 0,3%
Communications 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1%
Loisirs et culture 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Enseignement 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,0% 0,0%
Restaurants et hôtels 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1%
Biens et services divers 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Indice général national 2,9% 2,6% 2,2% 1,9% 1,8% 1,6% 1,5% 1,4% 1,5% 1,5% 1,8% 1,9% 2,1%
Variation en glissement annuel de l'Indice des Prix à la Consommation
POSTES DE CONSOMMATION sept-19 oct-19 nov-19 déc-19 janv-20 févr-20 mars-20 avr-20 mai-20 juin-20 juil-20 août-20 sept-20
Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 0,4% 0,4% 0,3% 0,5% 1,3% 1,3% 1,9% 1,9% 2,2% 2,1% 2,3% 2,1% 2,0%
Boissons alcoolisées et tabac 0,5% 0,6% 0,6% 0,6% 0,0% 0,0% 0,1% 0,3% 0,3% 0,4% 0,2% 0,1% 0,1%
Articles d'habillement et chaussures 0,4% 0,4% 0,5% 0,5% 0,0% 0,1% 0,0% 0,3% 0,3% 0,3% 0,3% 0,3% 0,3%
Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles -0,4% -1,1% -1,0% -1,1% -0,4% -0,2% -0,6% -0,5% -0,6% -0,6% 0,1% 0,2% 0,3%
Meubles, articles de ménage et entretien courant de la maison -0,3% -0,4% -0,3% -0,4% 0,2% 0,1% 0,2% -0,3% -0,4% -0,3% 0,2% 0,1% 0,1%
Santé -0,1% -0,2% -0,2% -0,2% 0,0% 0,1% 0,0% -0,2% -0,2% -0,2% 0,2% 0,0% 0,0%
Transports 0,1% 0,1% 0,1% 0,2% 0,2% 0,2% 0,1% 0,8% 0,5% 0,5% 0,2% 0,3% 0,3%
Communications 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,1% 0,2% 0,2% 0,2% 0,2% 0,0% 0,0%
Loisirs et culture 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% -0,1% -0,1% -0,1% -0,1% -0,1% -0,1%
Enseignement 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,0% 0,0% 0,0% -0,1% -0,1% 0,1% 0,0%
Restaurants et hôtels 0,2% 0,2% 0,2% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,0% 0,2% 0,2% 0,1% 0,1%
En 2020, la balance des paiements se dégraderait, avec un déficit du compte courant qui
s’établirait à 2 516,9 milliards (-5,0 % du PIB), contre -806,1 milliards (-1,5 % du PIB) un an aupara-
vant. Ce creusement découlerait principalement de l’effet conjugué de la faiblesse de la demande
mondiale, de celle des cours du pétrole et des perturbations des chaînes d’approvisionnement
des produits dans les pays fournisseurs de différents pays de la CEMAC, en raison de la crise de
la COVID-19.
Gabon 14,3 7,4 -33,1 1,9 8,1 -8,5 1 718,2 1 833,4 770,1
Guinée
13,9 -16,3 -38,3 3,6 -22,0 -22,3 1 639,3 1 468,0 692,6
Equatoriale
Tchad 15,8 7,2 -29,9 3,9 15,2 3,3 1 110,1 1 142,3 572,8
CEMAC 22,0 1,4 -32,1 4,0 5,2 -9,1 7 517,9 7 284,4 2 803,8
L’évolution du solde du compte courant devrait être principalement affectée par la dyna-
mique baissière des exportations pétrolières (contribution de -9,4 points) et plus marginalement par
les exportations non pétrolières (-1,1 point). Le recul des importations de biens et de services atté-
nuerait cette évolution (+1,7 point), de même que l’effet des revenus (+2,6 points) et des services
(+ 2,5 points). Cette situation découlerait pour l’essentiel de la contraction des cours du pétrole ainsi
que la baisse de la demande mondiale, qui ont obéré les exportations de produits de rente des pays
de la CEMAC. La morosité de la demande intérieure a quant à elle sensiblement contribué à ralentir
le flux des importations.
Au total, le déficit global de la balance des paiements se situerait à 1 952,8 milliards en 2020
(-3,9 % du PIB), contre un excédent de 373,4 milliards en 2019 (0,7 % du PIB). Le solde de la
balance des paiements est principalement impacté par l’évolution du solde courant (-3,4 points).
Le repli des investissements directs étrangers1 devrait également dégrader le solde global de la
balance des paiements, dans un contexte économique empreint d’incertitude à l’échelle mondiale.
Leur contribution à la dynamique du solde devrait se situer à -0,5 point, comme celle du solde des
capitaux à court terme.
Cameroun -3,5 -4,4 -5,2 4,6 5,0 3,4 0,7 0,7 -1,8
République
-8,5 -5,4 -4,6 8,2 2,7 4,2 -1,8 -1,2 -0,3
Centrafricaine
Congo 8,4 -0,7 -3,5 -5,5 0,4 -13,6 -1,9 1,3 -17,1
Gabon -5,0 -2,6 -9,6 4,0 2,3 6,4 0,7 0,2 -3,4
Guinée Equa-
-2,9 -1,5 -7,9 5,9 2,1 4,6 0,4 -2,1 -3,4
toriale
Tchad 9,5 7,6 1,7 -7,5 -6,2 -3,9 1,6 0,3 -1,3
CEMAC -0,1 -1,5 -5,0 1,8 2,1 1,1 0,8 0,7 -3,9
1
Le rapport sur l’investissement dans le monde publié le 27 octobre 2020 par la CNUCED indique que les IDE pourraient
perdre jusqu’à 40 % de leur volume en 2020, passant ainsi sous la barre de 1 000 milliards de dollars pour la première fois
depuis 2005. Ils devraient encore reculer de 5 à 10 % en 2021, avant d’amorcer une reprise en 2020.
En terme réel, le franc CFA s’est apprécié sur la période par rapport aux monnaies des princi-
pales économies. En effet, au cours de la période sous revue, le franc CFA s’est apprécié vis-à-vis
du dollar américain (+6,9 %), du yuan (+3,9 %), de la livre sterling (+2,6 %), et de l’euro (+1,3 %).
2
La compétitivité extérieure de la CEMAC est évaluée hors secteur pétrolier en raison du poids important du pétrole
dans les exportations et du fait que cette activité, à forte intensité capitalistique, est entièrement off-shore. L’influence de
l’exploitation pétrolière sur l’indicateur de compétitivité extérieure ainsi calculé est implicite et s’apprécie par le biais des
évolutions des prix domestiques.
2019 2020 2020 2020 2019 2020 2020 2020 2019 2020 2020 2020
Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3
Cameroun 0,3 0,5 -0,2 -1,9 1,1 0,9 0,2 -2,5 -0,3 0,3 -0,3 -1,2
République Centrafricaine -0,9 1,4 5,2 1,7 -0,5 1,6 6,5 1,0 -1,0 1,4 4,9 1,9
Congo 0,2 0,7 2,3 0,7 0,9 1,2 3,2 0,1 0,1 0,6 2,1 0,8
Gabon 1,7 1,4 7,5 -0,3 2,9 2,3 11,9 -0,4 -0,5 0,0 0,5 -0,2
Guinée Equatoriale 4,1 1,6 2,6 0,4 4,5 1,7 3,5 0,2 3,4 1,4 0,9 0,6
Tchad -1,6 1,3 4,5 0,6 -1,9 1,4 4,9 0,0 -1,2 1,3 5,9 4,7
CEMAC 0,8 0,8 2,8 0,1 3,1 1,1 5,3 -0,2 -0,1 0,6 1,8 0,3
Source : BEAC
(*) Cotation au certain du FCFA par rapport aux autres monnaies.
La gestion des finances publiques des Etats de la CEMAC a été affectée par des nombreux
facteurs parmi lesquels, une activité morose, des recettes pétrolières en berne et du soutien à
la lutte contre la crise sanitaire. Ainsi, cette gestion s’est soldée par un déficit budgétaire, base
engagements, dons compris, à -2,5 % du PIB en 2020, contre -0,1 % du PIB en 2019. Ainsi, les
recettes diminueraient à 15,5 % du PIB en 2020, après 17,7 % en 2019. Quant aux dépenses,
elles augmenteraient de 13,8 % du PIB en 2020, après 13,1 % en 2019. En terme de contribution à
la variation du solde budgétaire, l’apport des recettes pétrolières serait de -2,8 points, et celui des
recettes non pétrolières de -1,2 point. Néanmoins, cette dynamique serait affaiblie par le recul des
dépenses courantes, avec une contribution de 0,5 point, des dépenses en capital de +0,8 point,
ainsi que des dons de l’ordre de +0,4 point.
Les pays de la CEMAC mobiliseraient des financements extérieurs d’environ 3 850,3 milliards,
dont des allègements de dette extérieure de près de 1 530,2 milliards et des tirages de 1 760,5
milliards. Ils mobiliseraient également des financements intérieurs à travers les tirages sur le sys-
tème bancaire de l’ordre de 1 341,7 milliards, à travers des émissions de titres publics détenus
principalement par les établissements de crédit, et non bancaire de 677,3 milliards. Ces res-
sources leur permettraient d’apurer des arriérés de paiement de 1 674,4 milliards et d’amortir la
dette extérieure à hauteur de 2 371,8 milliards.
T13 : Evolution de la dette publique extérieure des pays de la CEMAC (en % du PIB)
Monnaie et crédit
• un repli des avoirs extérieurs nets du système monétaire de 3,5 %, en raison de la dégra-
dation du solde extérieur courant. En effet, la contraction des exportations de biens et de
services a été plus prononcée que celle des importations, conséquences économiques de
la crise sanitaire liée à la COVID-19. Les réserves de change se sont situées à 4 615,2
milliards à fin septembre 2020, contre 4 080,7 milliards un an plus tôt, (+13,1 %3 ) et re-
présentant environ 3,93 mois d’importations des biens et services non facteurs. Le taux de
couverture extérieure de la monnaie est passé de 65,87 % en septembre 2019 à 67,71 %
un an plus tard ;
• une hausse des créances nettes sur les États de 29,6 % à 5 321,7 milliards, du fait de
l’intensification des émissions de titres publics et des tirages effectués auprès du FMI dans
le cadre des programmes économiques et financiers en cours d’exécution et des appuis
d’urgence mobilisés pour la lutte contre la COVID-19 ;
• une augmentation des crédits à l’économie de 1,5 % pour passer de 7 682,8 milliards à
7 797,0 milliards. Cette progression est la résultante des concours aux institutions finan-
cières non monétaires, avec une contribution de 2,7 points de pourcentage , des concours
aux entreprises publiques non financières, lesquels ont contribué à hauteur de 1,1 point de
pourcentage, et des concours au secteur privé non financier, de -2,3 points;
3
Les évolutions contrastées des avoirs extérieurs nets du système monétaire et des réserves brutes s’expliquent par la
hausse des engagements extérieurs du système monétaire, qui sont passés de 2 185,2 milliards à fin septembre 2019 à 2
559,9 milliards, en hausse de 17,1 % en lien principalement avec les tirages effectués sur le FMI.
4
Il s’agit des institutions bancaires en liquidation, les autres institutions bancaires éligibles au refinancement de la BEAC
et les institutions financières non bancaires.
2019 2020
CEMAC
sept-19 oct-19 nov-19 déc-19 janv-20 févr-20 mars-20 avr-20 mai-20 juin-20 juil-20 août-20 sept-20
Avoirs extérieurs nets 2 488 248 2 323 525 2 333 298 2 654 148 2 740 884 2 884 831 2 863 445 2 912 064 3 051 165 2 846 390 2 579 156 2 350 083 2 400 660
dont BEAC 2 558 044 2 423 163 2 436 902 2 716 967 2 822 338 2 925 555 2 868 152 2 958 261 3 072 932 2 894 161 2 669 439 2 428 076 2 509 829
Créances nettes sur l'Etat 4 105 625 4 280 916 4 367 517 4 428 480 4 491 535 4 430 282 4 674 781 4 573 395 4 655 740 5 053 924 5 086 714 5 423 572 5 321 672
Crédits à l'économie 7 682 823 7 731 085 7 763 972 7 815 350 7 822 625 7 759 948 7 785 631 7 684 958 7 657 879 7 610 792 7 657 263 7 693 275 7 797 049
Crédits à court terme 4 413 667 4 450 233 4 494 863 4 527 432 4 562 921 4 517 520 4 537 829 4 478 460 4 466 122 4 403 090 4 460 381 4 470 250 4 407 449
Crédits à long terme 195 566 190 705 192 006 200 291 200 302 191 535 191 444 194 902 192 161 198 595 197 244 220 818 236 141
11 909 11 792 12 044 12 184 12 300 12 353 12 325 12 452 12 554 12 699 12 739 12 779 12 831
Masse monétaire (M2)
371 820 785 722 055 327 496 043 871 256 813 864 462
Monnaie fiduciaire 2 552 348 2 592 036 2 607 471 2 784 272 2 722 884 2 712 214 2 791 271 2 791 835 2 825 188 2 815 010 2 873 942 2 859 944 2 866 479
Monnaie scripturale 6 058 668 5 905 330 6 122 891 6 052 021 6 174 736 6 229 525 6 071 949 6 136 837 6 189 757 6 342 064 6 290 318 6 325 935 6 374 950
Quasi-monnaie 3 298 355 3 295 454 3 314 423 3 348 429 3 402 435 3 411 588 3 462 276 3 523 371 3 539 926 3 542 182 3 575 553 3 593 985 3 590 033
Source : BEAC
T15 : Agrégats de monnaie et de crédit (variation en %)
2019 2020
CEMAC
sept-19 oct-19 nov-19 déc-19 janv-20 févr-20 mars-20 avr-20 mai-20 juin-20 juil-20 août-20 sept-20
Avoirs extérieurs nets 20,0% 17,0% 10,1% 5,8% 12,5% 30,2% 15,5% 14,6% 14,9% 3,1% -5,6% -13,8% -3,5%
dont BEAC 32,0% 30,7% 18,9% 14,2% 18,8% 29,3% 15,6% 17,0% 14,9% 1,3% -3,0% -12,1% -1,9%
Créances nettes sur l'Etat 31,5% 33,1% 35,0% 31,6% 27,7% 14,8% 23,0% 19,4% 20,7% 32,4% 28,4% 35,6% 29,6%
Crédits à l'économie -2,9% -2,4% -2,7% -3,6% -1,6% 0,9% 0,9% 0,4% 0,5% -0,4% 0,5% -0,2% 1,5%
Crédits à court terme -7,3% -7,4% -7,1% -8,0% -4,3% -0,1% -0,3% -0,6% 0,0% -1,3% 0,1% -0,3% -0,1%
Crédits à moyen terme 3,9% 5,7% 4,2% 3,5% 2,5% 2,7% 3,0% 1,8% 1,4% 0,7% 0,9% -0,9% 2,6%
Crédits à long terme 2,1% -0,2% 3,9% 2,1% 2,7% -1,0% -3,4% -0,4% -2,5% 3,7% 4,0% 13,3% 20,7%
Masse monétaire (M2) 11,0% 9,8% 10,7% 6,1% 8,4% 10,9% 8,6% 8,3% 8,7% 9,3% 7,4% 5,6% 7,7%
Monnaie fiduciaire 7,8% 8,4% 6,7% 8,3% 11,5% 11,1% 12,7% 13,3% 13,9% 12,3% 13,1% 11,7% 12,3%
Monnaie scripturale 15,2% 12,7% 16,7% 8,0% 9,4% 15,8% 10,2% 8,1% 6,9% 8,8% 3,4% 0,7% 5,2%
Source : BEAC
Quasi-monnaie 6,5% 6,0% 4,0% 1,3% 4,2% 2,8% 2,8% 4,9% 8,1% 8,0% 10,2% 10,1% 8,8%
Contribution à la croissance de M2 (En
point de pourcentage)
Avoirs extérieurs nets 3,9 3,1 2,0 1,3 2,7 6,0 3,4 3,2 3,4 0,7 -1,3 -3,1 -0,7
Créances nettes sur l'Etat 9,2 9,9 10,4 9,3 8,6 5,1 7,7 6,4 6,9 10,6 9,5 11,8 10,2
Crédits à l'économie -2,1 -1,8 -2,0 -2,5 -1,1 0,6 0,6 0,2 0,3 -0,2 0,3 -0,1 1,0
Autres postes nets 0,1 -1,5 0,3 -1,9 -1,8 -0,8 -3,1 -1,6 -1,9 -1,8 -1,1 -2,9 -2,7
Par ailleurs, le volume moyen de liquidités injectées par l’Institut d’Emission dans le système bancaire s’est
élevé à 338,2 milliards en octobre 2020 contre 275,5 milliards une année plus tôt. Au titre de l’opération prin-
cipale d’injection de liquidités, l’encours moyen des avances consenties par la Banque Centrale au système
bancaire, s’est accru légèrement de 48,1 milliards en octobre 2019, à 49,1 milliards en octobre 2020. Les
principaux taux des adjudications ont progressivement reculé avec la reprise des injections actives de la BEAC
dans le système bancaire pour revenir à 3,25 % au 31 octobre 2020 contre 6,00 % un an plus tôt ;
Sur le marché des titres publics, les émissions par adjudications organisées par la BEAC ont poursuivi leur
tendance haussière (10,55 %) passant de 3 249,3 milliards de FCFA entre octobre 2018 et octobre 2019, à
3 592,1 milliards sur la période allant d’octobre 2019 à octobre 2020, dont 2 328,8 milliards de FCFA en Bons
du Trésor Assimilables (BTA) et 1 263,2 milliards de FCFA en Obligations du Trésor Assimilables (OTA). A
l’instar du compartiment primaire, le marché secondaire des titres publics a connu un frémissement avec 172
opérations d’achat-ventes de titres enregistrées entre octobre 2019 et octobre 2020, pour un montant nominal
de 392,54 milliards de FCFA, échangés à 393,2 milliards de FCFA. Cette évolution se situe en forte hausse par
rapport à la même période un an auparavant où seules 41 opérations avaient été enregistrées sur des titres
d’une valeur nominale globale de 110,43 milliards échangés à 104,99 milliards.
2019 2020
sept-19 oct-19 nov-19 déc-19 janv-20 févr-20 mars-20 avr-20 mai-20 juin-20 juil-20 août-20 sept-20
Taux interbancaire
moyen pondéré 3,84 3,35 4,65 5,01 4,67 4,75 4,82 4,76 5,26 5,20 4,71 4,40 4,08
(TIMP)
Taux d'intérêt sur
suppri- sup- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri-
placement à 7 jours
mé primé mé mé mé mé mé mé mé mé mé mé mé
"TISP"
Taux d'intérêt sur
suppri- sup- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri-
placement à 28 jours
mé primé mé mé mé mé mé mé mé mé mé mé mé
"TISP"
Taux d'intérêt sur
suppri- sup- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri- suppri-
placement à 84 jours
mé primé mé mé mé mé mé mé mé mé mé mé mé
"TISP"
Taux créditeur mini-
2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45
mim (TCM)
Taux d'intérêt de la
zone Euro
Taux d'appels d'offre 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00
Facilité de dépôts -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50 -0,50
1 798 912
132,3%
248,0%
sept-20
25,7%
17,0%
24,3%
725 272
6. RÉSERVES DES BANQUES
1 681 557
2 406 983
133,7%
231,8%
août-20
725 426
24,6%
16,4%
23,0%
Les réserves brutes du système ban-
caire de la CEMAC (composées des
réserves libres et des réserves obliga-
1 796 503
2 518 978
133,4%
248,7%
toires) se sont accrues de 13,7 % en
25,9%
17,1%
24,7%
juil-20
722 475
septembre 2020, contre 20,3 % en sep-
tembre 2019. Cette évolution a contribué
T17 : Evolution des principaux indicateurs de la liquidité (en millions de FCFA)
à la hausse de la part des réserves dans
1 916 313
2 631 530
134,4%
267,9%
juin-20
27,1%
17,9%
26,5%
715 217
le bilan des banques (réserves / total du
bilan) de la CEMAC, qui a progressé de
15,6 % en septembre 2019 à 17,0 % un
an plus tard, soit un gain de 1,4 point,
2 513 820
1 800 594
131,3%
252,5%
mai-20
26,3%
17,1%
24,7%
713 226
contre 1,5 point en septembre 2019.
Par composante, la hausse an-
nuelle des réserves brutes du système
1 822 337
2 524 610
130,0%
259,5%
26,6%
17,1%
24,9%
avr-20
702 273
bancaire de la CEMAC découle de
l’augmentation des réserves libres, de
1 526,5 milliards à fin septembre 2019 à
2 373 379
1 664 451
1 798,9 milliards mois douze mois plus
mars-20
126,9%
234,8%
25,2%
16,5%
22,5%
708 928
tard, soit 17,8 %, après 19,8 % un an
auparavant. Les réserves obligatoires
quant à elles se sont accrues de 4,5 %
2 417 299
1 720 277
128,7%
246,8%
févr-20
25,4%
16,6%
23,3%
pour se situer à 725,3 milliards contre
697 022
1 673 601
126,9%
246,2%
janv-20
24,9%
16,2%
22,5%
679 660
1 619 589
231,5%
déc-19
25,0%
16,2%
21,7%
699 623
1 435 477
125,8%
206,6%
nov-19
en septembre 2020.
22,8%
14,8%
19,4%
694 906
2 530 540
1 822 442
123,5%
257,4%
27,8%
18,0%
24,8%
708 098
oct-19
2 220 479
1 526 549
126,4%
220,0%
sept-19
24,0%
15,6%
20,9%
693 930
Obligatoires
Réserves
l'économie
l'économie
Total bilan
Réserves
Réserves /
Réserves/
toires**
Crédits à
Crédits à
Réserves
Réserves
Réserves
Réserves
obliga-
libres
Dépôts/
totales*
libres /
libres /
Dépôts
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Les réserves libres représentent la somme des placements des banques au marché monétaire, du solde de leur compte courant à la
BEAC (déduction faite des réserves obligatoires) et de leurs encaisses.
6
Déduction faite des réserves obligatoires conformément à la Décision N°11/CPM/2017 portant modification du mode de constitution des
réserves obligatoires dans la CEMAC
Source : BEAC
Source : BEAC
Les réserves de change7 de la BEAC se sont établies à 4 451 milliards FCFA (6,79 milliards
EUR) au 31 octobre 2020, contre 4 062 milliards FCFA (6,19 milliards EUR) au 31 octobre 2019,
soit une progression de 9,59 %. Cette hausse s’explique principalement par la variation positive des
avoirs extérieurs à vue et de la valorisation du stock d’Or.
Les avoirs extérieurs à vue (Billets étrangers, Correspondants hors Zone d’Emission et Avoirs
au Trésor Français) ressortent à 3 917 milliards FCFA à fin octobre 2020, contre 3 510 milliards
FCFA un an plus tôt, soit une augmentation de 11,58 %. Cette variation positive est due à la progres-
sion du niveau du Compte d’Opérations, en lien avec l’application plus stricte des dispositions de la
règlementation de change et de divers décaissements reçus par les Etats, dans le cadre des appuis
budgétaires, notamment les facilités d’urgence pour faire face à la crise sanitaire de la Covid-19.
Le taux de centralisation8 des avoirs au Compte d’Opérations, s’est établi à 99,73 % des avoirs
extérieurs nets au cours de la 3ème décade du mois d’octobre 2020, contre 100,13 % un an plus tôt
Les autres avoirs extérieurs, constitués de titres HTCS et du titre HTC gagé auprès de la Banque
de France, se situent à 119 milliards FCFA à fin octobre 2020, contre 163 milliards FCFA un an au-
paravant, soit une baisse de 27,24 %.
Le stock d’Or affiche une valeur de marché de 214 milliards FCFA au 31 octobre 2020, corres-
pondant à une progression de 19,20 % par rapport à l’année précédente. Cette hausse résulte de
l’évolution favorable du cours de change XAU/USD qui se situe à 1 882 USD à fin octobre 2020 contre
1 511 USD en octobre 2019.
Les avoirs au FMI (Avoirs en DTS et de la Position en Tranche de Réserves) ont enregistré une
baisse de 3,42 %, en liaison avec l’évolution défavorable du cours DTS/XAF qui s’établit à 792 FCFA
au 31 octobre 2020, contre 811 FCFA un an plus tôt d’une part, et de la contraction du niveau des
Avoirs en DTS sur la période sous-revue. Les Avoirs en DTS et la Position en Tranche de Réserves
ont diminué respectivement de 3,74 % et 1,97 %.
7
Les avoirs extérieurs ou réserves de change sont constitués : du solde créditeur au Compte d’Opérations, des
soldes des comptes de Correspondants (comptes BDF 5104, BNP, Standard Chartered), des autres correspon-
dants (comptes cash gérés par la SDM), des autres créances et avoirs en devises convertibles (Titres et créances
rattachées), de l’encaisse-or, de la créance sur la zone euro (Billets Etrangers), des Avoirs en DTS, de la Position en
tranche de réserve au FMI et des Autres créances de la BEAC (libellé en devises étrangères).
8
Le taux de centralisation est calculé en rapportant les avoirs au Compte d’Opérations sur l’Assiette de Centra-
lisation.
L’assiette de centralisation permettant de calculer la quotité obligatoire exigible au Compte d’opérations est
constituée : des avoirs extérieurs nets, de l’allocation en DTS, des recours au crédit du FMI (libellé et valorisé en
DTS) auxquels on retranche : les avoirs en DTS, les Positions de réserve au FMI et les Dépôts des Etats à plus
d’un an (FRGF, etc.). Les dispositions de la convention du Compte d’Opérations stipulent que les DTS, la position
en tranche de réserve et la contrepartie des dépôts à plus d’un an des Etats à la BEAC sont exclus.
1-Billets étrangers 6 601 691 282 80 735 042 949 74 133 351 667 1122,94%
C-Encaisse-Or 179 535 383 353 214 006 624 349 34 471 240 996 19,20%
7-Position en Tranche de Réserves 38 061 619 015 37 311 027 176 -750 591 839 -1,97%
8-Avoirs en DTS 170 418 615 269 164 051 410 934 -6 367 204 335 -3,74%
D-Avoirs au FMI (D=7+8) 208 490 234 284 201 362 438 110 -7 127 796 174 -3,42%
En EUROS 619 775 789,76 6 785 372 067,10 6 165 596 277,34
En DOLLARS USD 6 901 353 295,26 7 902 244 309,35 1 000 891 014,09
De par sa définition et son objectif, le BES ne développe pas l’ensemble des mesures adop-
tées pour lutter contre les conséquences économiques de la pandémie du coronavirus (Co-
vid-19) qui a depuis bouleversé la santé et l’économie du monde. Face au Covid-19, la Banque
Centrale a pu bien servir les pays de la CEMAC car elle a été forte du professionnalisme de ses
équipes, de ses missions, de sa présence sur le terrain. Pourtant, dans le monde, la croissance
a reculé du fait des incertitudes sur le commerce mondial.
Ce huitième numéro du BES retrace dans les grandes lignes les principales évolutions éco-
nomiques, monétaires et financières dans la CEMAC et la mise à jour des prévisions macroéco-
nomiques effectuée en octobre 2020 par les services de la BEAC.
Au 3ème trimestre 2020, les pressions inflationnistes sont accrues. A moyen terme, l’inflation
dans la zone devrait repartir à la hausse, bien que demeurant sous la norme communautaire dès
2021. En effet, en glissement annuel, elle se hisserait autour de 3,0 % à décembre 2020 et 2,1 %
en fin 2021. De son côté, le taux d’inflation de la zone CEMAC, en moyenne annuelle, se situerait
autour de 2,7 % en 2020, et à moyen terme.
De son côté, la balance des paiements devrait se dégrader en 2020, avec un déficit du
compte courant qui s’établirait à 2 516,9 milliards (-5,0 % du PIB), contre -806,1 milliards
(- 1,5 % du PIB) un an auparavant. Ce creusement découlerait principalement de l’effet conju-
gué de la faiblesse de la demande mondiale et des cours du pétrole, en raison de la crise de la
COVID-19.
Les performances macroéconomiques des pays de la CEMAC ont été impactées par la crise
sanitaire liée à la COVID-19, qui secoue le monde entier. Sur l’ensemble de l’année, le taux de
croissance du PIB réel de la CEMAC progresserait à 2,8 % en 2021, 3,2 % en 2022 et 3,3 %
en 2023, après une contraction de 2,9 % en 2020, grâce principalement aux performances du
secteur non pétrolier. En 2020, le secteur pétrolier enregistrerait une croissance de -5,5 %, contre
2,3 % en 2019, tandis que le secteur non pétrolier connaîtrait une progression de -2,3 % en 2020,
après 1,9 % en 2019. En termes de contribution, les secteurs pétroliers et non pétroliers grève-
raient l’activité respectivement de 1,1 point et 1,8 point contre des contributions positives de
0,5 point et 1,5 point un an auparavant.
Résumé : L’objectif de cet article est d’évaluer l’impact de la finance mobile notamment du Mo-
bile Money sur la croissance économique dans les pays de la Communauté Economique et Mo-
nétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). L’analyse s’est appuyée sur l’estimation d’un modèle de
panel mettant en relation l’évolution du PIB et de plusieurs variables parmi lesquelles l’indicateur
du Mobile Money. Il en ressort que malgré une adoption relativement récente dans la sous-ré-
gion, le Mobile Money contribue positivement et significativement à la croissance économique.
Sa contribution est notamment appréciable sur le plan de l’accessibilité, de la disponibilité et
de l’adaptation aux besoins des populations exclues du système bancaire formel. Elle permet
ainsi d’améliorer la formation du capital (physique, humain, circulant) et de stimuler la production
(écoulement rapide des biens et services). L’étude a essayé de formuler quelques recommanda-
tions de politique économique afin de booster le potentiel d’inclusion financière de ce service. Il
s’agit entre autres des mesures de développement de l’interopérabilité, de facilitation de l’accès
et l’utilisation du téléphone portable par les principaux exclus ainsi que de la création d’un orga-
nisme mixte chargé du suivi des opérations financières numériques.
Mots-clés : Finance Mobile, Mobile Money, Mobile Banking, Inclusion financière, Crois-
sance économique, CEMAC.
Introduction :
Jusqu’à une date récente, les services financiers notamment l’épargne, le crédit et surtout
les transferts de fonds à l’intérieur du pays se posaient avec acuité dans les pays en développe-
ment en général et en particulier dans les pays de l’Afrique Subsaharienne où plus de 60% de la
population vit en zone rurale (Banque Mondiale, 2019). Cette population est en effet confrontée
à de nombreuses difficultés. Elle n’a généralement pas accès à des services d’infrastructures
modernes notamment de transport, d’éducation, de santé et de distribution d’énergie électrique
(Malick Sané, 2017). Dans un tel contexte, les institutions bancaires limitent généralement leur
implantation dans les grandes villes et les villes secondaires, excluant par ricochet une bonne
partie des populations des services financiers traditionnels. Le nombre de comptes bancaires
pour 10 000 adultes et le nombre de succursales bancaires pour 100 000 adultes sont beaucoup
moins élevés que dans les autres régions en développement. On dénombre par exemple 19
comptes bancaires pour 100 adultes dans le pays africain médian contre 39 hors Afrique (Beck
et Cull, 2014).
Pourtant, les services financiers sont très importants pour ces populations qui vivent princi-
palement des activités agricoles. Elles ont par exemple besoin des microcrédits pour acheter les
semences et autres intrants lors des périodes de semailles ou de se constituer une épargne de
précaution lors des périodes de récolte. Par ailleurs, les fonctionnaires et les ouvriers travaillant
en ville transfèrent des fonds à leurs parents restés au village en zone rurale pour leurs besoins
quotidiens. De même, les paysans envoient de l’argent à leurs enfants pour payer les frais de
scolarité dans les universités et grandes écoles en ville.
C’est dans ce contexte d’insatisfaction des agents économiques que va naître et se dévelop-
per les services de la finance mobile au début de la décennie 2010 au Cameroun et au Gabon et
un peu plus tard dans les autres pays de la CEMAC à l’exception de la Guinée Equatoriale. La
finance mobile comporte dans la sous-région, le Mobile Money et dans une moindre mesure le
Mobile Banking. Le Mobile Money est une innovation financière récente qui fournit les services
de transaction financière par téléphone mobile à toutes les couches de la population y compris
les personnes exclues du système bancaire classique (Aron, 2018). Il s’opère dans un cadre ré-
glementaire élaboré par une Banque Centrale (BEAC, 2017). Dans le cadre de la zone CEMAC,
le Mobile Money est de la monnaie électronique (appelées Unités de Valeur électronique en
abrégé UV) convertible en F CFA en raison de 1 UV= 1 FCFA et incorporé dans un support de té-
léphonie mobile (Biligil et al, 2017). Ce service permet à ses utilisateurs d’épargner, de payer les
factures, d’envoyer et de recevoir de l’argent à partir de leur téléphone portable (GSMA, 2015). Il
se distingue du Mobile Banking en ce sens qu’il n’est pas associé à un compte bancaire comme
ce dernier (Assadi et Cudi, 2011 ; BEAC, 2017).
La finance mobile présente ainsi un potentiel important pour l’inclusion financière des popu-
lations de la CEMAC. L’inclusion financière englobe les initiatives qui rendent les services finan-
ciers disponibles, accessibles et abordables pour tous les segments de la population (Otchere,
2016). Autrement dit, elle fait référence au processus permettant aux individus et aux entreprises
d’accéder à des services financiers de base : dépôts et transferts d’argent, paiements, épargne,
crédit et assurance (Banque de France, 2014). Le niveau d’inclusion financière s’est amélioré
dans tous les pays d’Afrique Subsaharienne mais il reste encore relativement faible dans la zone
CEMAC. En 2016 par exemple, le taux d’utilisation du Mobile Money (nombre de comptes ac-
tifs sur le nombre de comptes enregistrés) a été de 21,70% dans la sous-région (BEAC, 2017)
contre une moyenne d’environ 38 % pour l’ensemble de l’Afrique Subsaharienne (GSMA, 2015).
L’inclusion attire l’attention des autorités politiques tout comme celle des chercheurs en raison
du rôle déterminant qu’elle pourrait jouer dans la croissance et le développement économique
(Attali, 2014).
Pourtant, malgré les améliorations constatées ces dernières années en termes d’inclusion
financière, le taux de croissance économique évolue en dents de scie avec une tendance bais-
sière dans la zone CEMAC. Il est par exemple passé de 4,4% en 2010 à 4,1% en 2011 ; 2,4% en
2013; 4,6% en 2014 et 1,8% en 2018 (BEAC, 2019).
C’est ainsi que cet article essaie de répondre à la question suivante : « Quel est l’impact de
l’inclusion financière sur la croissance économique dans les pays de CEMAC » ? L’objectif
est d’évaluer l’effet de l’inclusion financière sur la croissance économique en mettant l’accent
sur le Mobile Money.
I. PROBLEMATIQUE
La problématique posée par cette étude se dégage à partir de l’état des lieux de l’expansion
de la finance mobile et de la croissance économique dans les pays de la CEMAC (I-1) et de la
revue de la littérature sur le lien entre l’inclusion financière et la croissance économique (I-2).
Le nombre de connexions par mobile a crû en moyenne de 30% par an dans la première
décennie du 21e siècle en Afrique au Sud du Sahara. De 12,4 appareils pour 100 habitants
en 2002 ; on est passé à 32,4 en 2008 et 45,2 en 2010. La couverture des territoires atteint
désormais 80 à 90% dans les zones urbaines et autour de 40% dans les zones rurales de la
plupart des pays (Chéneau-Loquay, 2012). Les profils des abonnés sont variés. D’après l’étude
du GSMA (2019b), dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, dont fait partir la quasi-totalité
des pays de la CEMAC, les abonnés sont constitués à 48% des femmes, 18% des analpha-
bètes, 48% des ruraux et 38% des sans-emploi. C’est par conséquent un important vivrier des
personnes le plus souvent exclus du système bancaire traditionnel.
Toutefois, la zone CEMAC est l’une des sous-régions de l’Afrique Subsaharienne où le ser-
vice Mobile Money a pris du retard dans le démarrage. L’Afrique de l’Est affiche le meilleur score
de pénétration du Mobile Money, vient ensuite les Etats de l’Afrique Australe, puis les pays de
Nous allons à présent essayer de faire une analyse comparée de l’évolution de la couverture
démographique (graphique 1) et de la couverture géographique (graphique 2) du service Mobile
Money avec à chaque fois, le taux de croissance du PIB réel du Cameroun qui est le seul pays
de la zone CEMAC pour lequel nous disposons des statistiques sur le Mobile Money depuis
l’année 2010.
Graphique 1 : E
volution de la couverture démographique du service Mobile Money et de la croissance
économique au Cameroun
Source :
-Taux de couverture démographique du MoMo, Financial access Survey (FAS) ;
-Taux de croissance économique, BEAC
Graphique 2 : E
volution de la couverture géographique du service Mobile Money et de la croissance éco-
nomique au Cameroun
Source :
-Taux de couverture démographique du MoMo, Financial access Survey (FAS) ;
-Taux de croissance économique, BEAC
On constate que le taux d’utilisation du Mobile Money en zone CEMAC est très faible
(21,70%) par rapport à celui de l’ensemble de l’Afrique Subsaharienne qui se situerait autour de
38% (GSMA, 2015). On dénombre cependant quelques pays dans lesquels ce taux est au-des-
sus de 50% en 2016. Il s’agit notamment du Gabon (55,35%) et de la RCA (50,26%). Le taux
d’utilisation est très faible au Tchad (9,72%) et au Congo (4,06%) et dans une moindre mesure
au Cameroun (29,63%). Il a baissé au Tchad et Congo entre 2014 et 2016 contrastant avec la
dynamique du Mobile Money dans cette sous-région.
Graphique 3 : E
volution comparée de l’utilisation du service Mobile Money et de la croissance écono-
mique au Cameroun
Source :
-Taux de couverture démographique du MoMo, Financial access Survey (FAS) ;
-Taux de croissance économique, BEAC
Le développement du Mobile Money dans la CEMAC a toutefois été rapide dès sa mise en
œuvre. A titre d’illustration, d’un volume marginal en 2010, le nombre de transactions a été d’en-
viron 96 857 954 transactions à la fin de l’année 2016, soit plus du double de celui de 2015 (40
469 206 transactions). En termes de valeur, les transactions sont passées d’environ 540 milliards
de FCFA en 2015 à 1533 milliards FCFA en 2016 (BEAC, 2017). Les transactions concernant
le Mobile Money en zone CEMAC sont actuellement dominées par l’achat du crédit télépho-
nique et les transferts P2P. En décembre 2015, les transferts P2P représentaient 71,5% du mix
total en montant et les achats de crédit téléphonique 66% du nombre total d’opérations (mais
seulement 3,6% du montant total). Ces deux cas d’utilisation ont vu leurs volumes augmenter
respectivement de 27 et 24% en 2015 (BEAC, 2017).
Graphique 4 :Evolution comparée de la valeur des transactions Mobile Money (en % PIB) et du taux de
croissance économique au Cameroun
Les transactions sont simples et auto-sécurisées car lors d’une opération d’envoi d’argent par
exemple, lorsque l’expéditeur communique le numéro de téléphone de la personne à qui il envoie de
l’argent, l’opérateur donne instantanément son nom. Cette personne reçoit aussi immédiatement un
message dans son téléphone l’informant que son compte Mobile Money a été crédité du montant du
transfert une fois que l’opération est terminée. Cette personne se rend auprès d’un agent agrée pour
le retrait de cet argent. Elle devra tout simplement valider l’opération en introduisant son mot de passe
à partir de son téléphone donc pas besoin de remplir des papiers ni de présenter une carte nationale
d’identité pour rentrer en possession de l’argent (Rodmacq, 2014).
Le Mobile Money est ainsi mieux adapté aux besoins des populations défavorisées et exclues du
système bancaire classique. Cette adaptation s’aperçoit également par la diversité des services qu’il
offre aujourd’hui. Les détenteurs de compte Mobile Money ont en effet, selon les pays ; la possibilité
de régler des frais liés à la consommation d’eau, d’abonnements à des chaînes de télévision satel-
litaires, d’achats de marchandises ou d’autres services (supermarchés, stations-services, pharma-
cies) ; de payer les taxes, impôts et autres indemnités auprès de l’Etat ; de transférer de l’argent dans
les réseaux sociaux et familiaux, d’acheter du crédit de communication ; d’épargner et d’obtenir du
crédit (BEAC, 2017). Dans l’évolution des contrats de partenariats entre les compagnies de téléphonie
mobile et les institutions bancaires, les liaisons sont de plus en plus opérées entre les comptes Mobile
money et les comptes bancaires des usagers générant de ce fait le Mobile Banking. Dans le cas du
crédit par exemple : l’éligibilité du prêt est déterminé par un accès numérique préexistant ; les déci-
sions de prêt sont automatisées et exploitent les données numériques non traditionnelles ; les prêts
sont plus petits, de courtes durée et souvent moins coûteux que les produits traditionnels de prêt à
la consommation ; les relations avec les clients, le remboursement et le recouvrement sont gérés à
distance (GSMA, 2015).
L’intégration du service Mobile Money dans la vie quotidienne des populations de la zone CEMAC
peut ainsi : (i) améliorer la formation du capital physique, du capital humain et du capital circulant ; (ii)
permettre l’écoulement rapide des biens et services produits par les entreprises et (iv) stimuler la pro-
duction des biens et services. Il présage par conséquent d’une contribution significative de l’inclusion
financière à la croissance économique dans les pays en développement d’où la nécessité d’examiner
la littérature afin de mettre en évidence cette contribution dans le temps et dans l’espace.
Les travaux qui s’intéressent à la relation entre l’inclusion financière et la croissance éco-
nomique dans les pays en développement ont été davantage théoriques qu’empiriques. Cela
serait dû à la non disponibilité des données sur une longue période. Sur le plan théorique,
en s’inspirant des travaux des pionniers à l’instar de Schumpeter (1912), Mc Kinnon et Shaw
(1973) et King et Levine (1993), les auteurs vont trouver que l’inclusion financière peut stimuler
la croissance économique à travers : (i) l’allocation des capitaux et la diversification des risques
(Obstfeld, 1994) ; (ii) la création des possibilités d'épargne et la facilitation de la formation de
capital parmi les pauvres (Ahmed, 2006) ; (iii) l’accès aux services financiers pour les entreprises
qui ont des opportunités de croissance, les entrepreneurs qui ont des idées ou les individus
qui souhaitent investir dans leur éducation (Demirgüç-Kunt et Levine, 2008 ; Demirguc-Kunt et
al., 2017) ; et (iv) la réduction des coûts d'information et de transaction qui influencent positi-
vement les taux d'épargne, les décisions d'investissement et l'innovation technologique (Beck
et al., 2007 ; Jack et Suri, 2011 ; Assadi et Cudi, 2011 ; Otchere, 2016). Outre la réduction des
coûts de livraison et de transaction, Morawczynski (2009) a mis en exergue l’autonomie assurée
par les services financiers mobiles. En effet, moins visible que l'argent, le Mobile Banking per-
mettrait à chacun et surtout aux femmes d’avoir des économies personnelles sans demander
l’autorisation préalable de leurs époux (Tchouto et Nguena, 2015). Il se distinguerait ainsi par la
commodité des services, l’immédiateté des transactions, les coûts réduits, la possibilité d’effec-
tuer des transactions à faibles montants et non plafonnées, l’accessibilité et l’utilisation d’une
infrastructure déjà disponible (Chatain, 2011 ; Donovan, 2012).
Kelkar (2010) souligne qu’un meilleur accès aux prêts éducatifs pour toutes les catégories
de la société rend la Nation plus équitable, qui est une condition préalable à la promotion de la
croissance inclusive. En outre, l’inclusion financière stimule une croissance économique plus
équitable dans les zones rurales et urbaines, car la croissance financière mobilisera «le bas de
la pyramide». Selon Khan (2012), l’amélioration de l’inclusion financière renforce le bilan des
ménages en leur permettant d’épargner, d’investir et de croitre. Pour Guièze (2014), l’inclusion
financière permet à un plus grand nombre d’individus de participer pleinement à la croissance
économique car l’accès aux services financiers de base est l’une des clés de l’inclusion éco-
nomique et sociale du plus grand nombre. En effet, pour pouvoir participer pleinement à la
croissance, il ne suffit pas d’avoir de l’argent, mais il faut aussi pouvoir opérer des transferts et
épargner en toute sécurité. Les ménages pauvres et à faible revenus doivent aussi emprunter
pour faire face à de grosses dépenses ponctuelles (santé, éducation, mariages, funérailles…) ou
investir pour créer ou développer leurs activités. Ils doivent en outre avoir accès à des services
d’assurance pour minimiser le coût des accidents de la vie et lisser leurs ressources disponibles
(Ky, 2016).
Chaix et Torre (2015) ont essayé de comprendre comment l’adoption rapide de la téléphonie
mobile dans les pays en développement peut changer les habitudes de paiement plus rapide-
ment que les banques locales et étrangères ne l’ont fait depuis des décennies, en dépit de leur
approche soucieuse de s’adapter aux contextes locaux. L’inclusion est réalisée par le biais des
services de paiement mobile. Ces auteurs présentent un modèle théorique illustratif prenant en
compte de la façon la plus pertinente possible les choix rationnels des utilisateurs en termes de
services de paiement potentiels dans un environnement financier peu développé.
Mbouombouo Mfossa Patrick (2019) a analysé le rôle du Mobile Money dans la relation in-
clusion financière-résilience financière en Afrique Subsaharienne en se focalisant sur le cas du
Cameroun. L’auteur s’appuie sur la théorie de la financiarisation au quotidien (Van der Zwan,
2014) et tente d’examiner comment l’accès au Mobile Money affecte la capacité des personnes
à faire face aux chocs négatifs en mettant en place un fonds d’urgence dans les délais. Il utilise
les données issues de l’enquête du Global Findex 2017 et un modèle d’effets de traitement en-
dogène. Les résultats montrent que l’accès au Mobile Money renforce la capacité des individus
à puiser dans leurs aptitudes internes et à accéder aux ressources et appuis externes appro-
priés en période d’adversité.
Appendino et al. (2019) montrent à l’aide des estimations des modèles de régressions sta-
tiques et dynamiques que l’inclusion financière des Petites et Moyennes Entreprises contribue
significativement à l’augmentation des taux de croissance économique au Moyen–Orient et en
Asie Centrale. Il ressort en outre de leur étude que si le niveau d’inclusion financière des PME
de ces deux régions atteint celui des pays émergents, leur croissance économique pourrait
augmenter de 0.3 point de pourcentage en moyenne annuelle. Ce qui rejoint l’idée de Bhat-
tacharya et Wolde (2010) pour qui, combler le déficit d’inclusion financière peut générer des
gains substantiels en termes de potentiel de croissance économique. Leur estimation montre
en effet que si le niveau d’accès au financement dans le Moyen-Orient atteint la moyenne
mondiale, le taux de croissance annuel augmenterait de plus de 0.1 %, toute chose étant
égale par ailleurs. Cet effet positif et significatif de l’inclusion ressort également de l’étude de
Kabikissa (2020) au Congo. Ce dernier utilise principalement un modèle Autoregressive Distri-
buted Lag (ARDL) et mesure l’inclusion financière par le nombre de banques et d’institutions
de microfinance de première catégorie.
Par ailleurs, Demirguc-Kunt et al. (2017) vont montrer qu’il existerait une possibilité de
causalité inverse : une croissance économique plus élevée peut permettre une plus grande
inclusion financière.
Comme on peut le constater, malgré leur pertinence, les travaux existants se sont davan-
tage orientés sur les aspects d’inclusion financière relevant uniquement du service bancaire
négligeant ainsi les services de microfinance et les services de Monnaie électronique d’où la
démarche méthodologique de cet article.
II. METHODOLOGIE
Afin d’évaluer l’impact de l’inclusion financière (via le service Mobile Money) sur la crois-
sance économique, nous supposons une fonction de production de type Cobb Douglas don-
née par : (1)
(2)
En plus de ces variables, nous avons également tenu compte de l’ouverture commerciale
et de l’inflation, qui peuvent aussi influencer la production dans un pays donné notamment du
fait de la mondialisation des économies. L’analyse se faisant avec un ensemble de pays et des
données couvrant plusieurs années, nous tenons à la fois compte de la dimension spatiale et de
la dimension temporelle. Le modèle final à estimer est donnée par l’équation suivante :
(4)
Où : - Y est l’indicateur de la croissance économique mesuré par le PIB réel ;
- est l’indicateur du Mobile Money (mesuré par : la valeur des transactions Mobile
Money en % du PIB, le nombre de compte Mobile Money actif pour 100.000 adultes et un indice
composite construit à l’aide des deux variables précédentes).
-K est l’indicateur de l’investissement mesuré par la formation brute du capital fixe (FBCF)
en USD constants de 2010. Le rôle du capital physique dans le processus de croissance éco-
nomique a été mis en évidence depuis les modèles de croissance exogène. Son accumulation
permet à l’entreprise de produire plus mais aussi d’accroitre la productivité des entreprises
concurrentes par un effet d’apprentissage (Villieu, 2019).
-L représente le facteur travail. Elle est captée par la force de travail c’est-à-dire la partie de
la population active qui travaille. La main d’œuvre a été prise depuis les travaux des auteurs
classiques à l’instar d’Adam Smith (1776) et de David Ricardo (1819) qui ont posés les premiers
jalons des théories de la croissance. La production serait une fonction croissante de la quantité
de main d’œuvre utilisée.
-Ouv est un indicateur du degré d’ouverture. Il est mesuré par le rapport entre la somme des
exportations et importations sur le PIB.
-IPC est l’indice des prix à la consommation en base 100 en 2010. Il permet de mesurer l’ef-
fet de l’inflation sur la croissance.
- c est la constante ; et sont respectivement les effets fixes pays et temporels ; est
le terme d’erreur. i représente le pays et t désigne l’année.
L’équation (4) est estimée par la méthode des panels à effets spécifiques à l’aide des don-
nées de 21 pays de l’Afrique Subsaharienne (avec le Cameroun comme pays de la CEMAC) cou-
vrant la période 2011-2018. Le test de Hausman permet de choisir entre le modèle à effets fixes
(MEF) ou le modèles à effets aléatoires (MEA). Dans le cas du MEF, on utilise l’estimateur Within
tandis que dans le cas du MEA, on utilise l’estimateur des Moindres Carrés Généralisés (MCG).
Notre choix d’élargir l’échantillon se justifie par le fait que non seulement la plupart des pays
de la CEMAC présentent des caractéristiques similaires à celles des autres pays de l’Afrique
Subsaharienne mais aussi parce que les pays de la CEMAC peuvent tirer profit de l’expérience
des pays de l’Afrique Australe et de l’Afrique de l’Est qui sont les champions en matière de dé-
veloppement des services du Mobile Money. La période d’étude a été dictée par la disponibilité
des données sur les services Mobile Money et correspond également à la période où le Mobile
Money s’est relativement bien intégré dans les habitudes quotidiennes.
Les deux indices mentionnés ci-dessus sont construits par l’Analyse en Composante Princi-
pale (ACP). Les résultats obtenus par cette méthode sont donnés en Annexe 1. Ils révèlent que
le premier axe factoriel fournie la majorité d’information contenue dans l’indicateur composite du
Mobile Money (83.4%). Ce qui permet de retenir le premier axe factoriel pour ces derniers dans
l’estimation économétrique. En ce qui concerne l’indice global d’inclusion financière (Indice), les
deux premiers axes factoriels fournissent la majorité d’information (72.8%) qu’il contient.
Le test de Hausman indique que nous retenions le modèle à effets aléatoires (MEA) dans la
majorité des cas. Le test de Fisher montre quant à lui que le modèle est globalement significatif.
Les résultats de l’estimation faites avec le logiciel Stata sont récapitulés dans le tableau 2 ci-
après.
0.026*** 0.031***
Valeur transaction Mobile Money (ln)
(6.55) (6.38)
0.006*** -0.004***
Compte actifs MoMo/adultes
(1.75) (-1.05)
0.017***
Indice MoMo
(2.99)
0.009*** 0.011*** 0.014***
Guichet Bancaire/Adultes
(3.24) (3.65) (4.12)
0.004**
ATM /adultes
(2.22)
-0.024 0.015
Compte bancaire/Adultes
(-1.35) (0.82)
0.058*** 0.086***
Encours de prêts (ln)
(2.90) (3.96)
0.017**
Indice composite d’inclusion financière
(2.07)
0.119*** 0.10*** 0.128*** 0.123*** 0.106***
Formation brut du capital fixe (ln)
(7.86) (6.05) (8.02) (7.20) (6.31)
Ces résultats montrent également que l’amélioration de l’inclusion financière sous l’angle de
l’accès, de l’utilisation et de la disponibilité des services bancaires stimule également la crois-
sance économique. L’augmentation du nombre de guichets de banques pour 100 000 adultes
d’un point, entraine une croissance du PIB réel de 0.014 point de pourcentage (voir colonne 4).
L’accroissement de 1 % de l’encours des prêts bancaires améliore la croissance du PIB réel à
hauteur 0.086 %.
Par ailleurs, l’inclusion financière n’est pas le seul facteur déterminant de la croissance écono-
mique dans ces pays comme le montre la significativité des variables de contrôle. C’est notam-
ment le cas de l’investissement, de la force de travail et de l’ouverture commerciale. Ces résultats
interpellent à la formulation de quelques recommandations de politique économique.
Il ressort de notre analyse économétrique que l’inclusion financière via l’expansion du mobile
Money stimule la croissance économique en Afrique Sub-Saharienne en général et dans la zone
CEMAC en particulier. Ce qui montre la nécessité de mettre en place des stratégies susceptibles
de booster l’activité du Mobile Money dans la sous-région. Elles concernent notamment :
- Favoriser l’accès et l’utilisation du téléphone portable par les catégories sociales les plus
exclues du système bancaire classique : il s’agit des femmes et des sans-emplois rési-
dant dans les zones rurales. L’Etat pourrait accorder des subventions discriminantes sur
l’achat des téléphones portables en se basant ainsi sur les critères de sexe, de situation
professionnelle et de lieu de résidence. Il exploitera par exemple les bases de données
des compagnies de téléphone pour savoir si oui ou non une de ses personnes est déjà un
abonné. Par ailleurs, l’utilisation du téléphone dans les zones rurales requiert la disponibi-
lité de l’énergie et du réseau mobile. Les autorités politiques doivent pour cela exploiter, à
travers les municipalités, le potentiel des différentes localités afin de produire de l’énergie
utilisable dans lesdites localités à l’instar de l’énergie solaire qui ne nécessitent pas de très
gros investissements. Elles devront également encourager les compagnies de téléphonie
mobile à davantage s’installer dans les zones reculées en y amenant la fibre optique et en
leur accordant des remises d’impôts fonction de la part d’investissements consacrés par
ces compagnies aux zones rurales.
- Mettre sur pied un cadre de concertation entre les principales parties prenantes que sont
les institutions financières de second rang, les compagnies de téléphonie mobile et les
autorités de régulation. L’objectif de ce cadre de concertation serait d’accroitre l’intero-
pérabilité d’une part entre les compagnies de téléphonie mobile et les institutions finan-
cières et d’autre part entre les compagnies de téléphonie mobile elles-mêmes afin que les
détenteurs de compte Mobile Money (quel que soit l’opérateur téléphonique) tout comme
les détenteurs de compte bancaire (quel que soit l’institution financière) puissent effectuer
la plupart des opérations bancaires (transfert d’argent, dépôts, remise des effets commer-
ciaux, paiements, crédit) soit à partir de leur téléphone portable soit à partir de leur compte
bancaire. Les compagnies de téléphonie pourraient dans ce sens mettre à la disposition des
institutions financières, le listing des opérations numériques effectuées et les informations
personnelles de l’abonné afin qu’elles puissent juger de la fiabilité de ce dernier dans le
cadre de l’examen des dossiers de demande de crédit. De même, les institutions financières
- Favoriser les transferts d’argent par Mobile Money entre les pays de la CEMAC. Ces
transferts auraient probablement des risques que sont le blanchiment des capitaux, le
financement du terrorisme et l’évasion fiscale qui font craindre beaucoup les autorités
monétaires des différents pays. Nous pensons toutefois que ces risques pourraient être
réduits à travers le plafonnement des montants mensuels comme cela se fait avec les
transferts bancaires, la mise sur pied d’un organisme chargé de suivre les transactions
financières numériques. Cet organisme serait mis sur pied par les agences de régulation
du secteur des télécommunications (ART au Cameroun) et les autorités de contrôle et de
régulation de l’activité bancaire (COBAC en Afrique Centrale).
- Renforcer les capacités des agents agrées : les agents agrées sont le bras séculier
des compagnies de téléphonie pour le service Mobile Money. Or, bien qu’étant présent
dans tous les quartiers, la plupart de ces agents font face à de nombreuses difficultés
notamment la disponibilité des fonds et de la flotte. Ainsi, les actions pourraient aller
dans le sens de la mise à leurs dispositions, au moins pour les plus efficaces (nombre de
transactions par semaine, valeurs des transactions par semaine, position géographique,
ancienneté), des avances de fonds de la part des opérateurs de téléphonie mobile pour
leur permettre de mieux servir les usagers. De même, ceux qui sont situés dans les zones
d’accès les plus difficiles pourraient bénéficier d’une prime additionnelle afin de leur per-
mettre de couvrir leurs charges d’exploitation.
CONCLUSION
Cet article avait pour objectif d’évaluer l’impact de l’inclusion financière via le service Mobile
Money sur la croissance économique en zone CEMAC. Malgré son adoption tardive dans la
sous-région comparativement aux autres sous-régions de l’Afrique Subsaharienne, cette in-
novation financière numérique a connu une évolution très rapide notamment au Cameroun qui
concentre la majorité des transactions. D’un volume marginal en 2010, le nombre de transac-
tions dans la sous-région a été d’environ 96 857 954 transactions à la fin de l’année 2016, soit
plus du double de celui de 2015 (40 469 206 transactions). En termes de valeur, les transactions
sont passées d’environ 540 milliards de FCFA en 2015 à 1 533 milliards FCFA en 2016 (BEAC,
2017).
Ce développement rapide est notamment dû aux efforts conjugués de plusieurs acteurs que
sont les opérateurs de réseau mobile, les banques, les autorités politiques et les agents agréés.
Les transactions sont simples et auto-sécurisées car l’expéditeur tout comme le bénéficiaire n’a
pas besoin de remplir des papiers ou de présenter une quelconque pièce d’identité. Les agents
agrées sont quasiment à tous les coins des quartiers permettant ainsi d’assurer la flexibilité du
service Mobile Money. Les opérations englobent de nos jours entre autres ; le transfert d’argent,
le paiement de crédit de communication, le règlement des frais liés à la consommation d’eau
et l’abonnement à des chaînes de télévision satellitaires, l’achat des marchandises ou d’autres
services (supermarchés, stations-services, pharmacies), l’épargne et le crédit. Dans l’évolution
des contrats de partenariat entre les compagnies de téléphonie mobile et les institutions ban-
caires, les liaisons sont de plus en plus opérées entre les comptes Mobile money et les comptes
bancaires des usagers générant de ce fait le Mobile Banking.
C’est ainsi que nous proposons aux autorités politiques des pays de la CEMAC de : (i) favo-
riser l’accès des plus démunies au téléphone portable, (ii) mettre sur pied un cadre de concer-
tation entre les principaux acteurs pour développer l’interopérabilité, (iii) créer un organe mixte
spécialisé dans le suivi des opérations financières numériques (nationales et transfrontalières)
et (iv) renforcer des capacités des agents agréés.
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