Ashp 1503

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Annuaire de l'École pratique des hautes

études (EPHE), Section des sciences


historiques et philologiques
Résumés des conférences et travaux 
144 | 2013
2011-2012

Histoire de l’art de la Renaissance


Histoire de l’art de la Renaissance
Conférences de l’année 2011-2012

Sabine Frommel

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/ashp/1503
DOI : 10.4000/ashp.1503
ISSN : 1969-6310

Éditeur
Publications de l’École Pratique des Hautes Études

Édition imprimée
Date de publication : 1 septembre 2013
Pagination : 173-174
ISSN : 0766-0677
 

Référence électronique
Sabine Frommel, « Histoire de l’art de la Renaissance », Annuaire de l'École pratique des hautes études
(EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 144 | 2013, mis en ligne le 06
novembre 2014, consulté le 05 novembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/ashp/1503  ;
DOI : https://doi.org/10.4000/ashp.1503

Tous droits réservés : EPHE


Résumés des conférences 173

h i s t o i r e d e l’a rt d e l a r e n a i s s a n c e
directeur d’études : Mme sabine Frommel

Programme de l’année 2011-2012 : Culture et arts à Florence du temps de Laurent de Médicis


(1449-1492).

les conférences se sont développées autour de la stratégie artistique de laurent


de Médicis, particulièrement dans le domaine de l’architecture et de la peinture, et
des mutations typologiques et stylistiques qui eurent lieu jusqu’à sa mort en 1492. en
tenant compte de la scène de théâtre politique mouvementée de cette période, nous
avons tenté de comprendre la fonction des arts comme instrument d’une auto-repré-
sentation éloquente et d’une exportation soumise à des buts politiques et diploma-
tiques. au lieu d’études monographiques, nous avons cherché à interpréter les œuvres
sous le signe des méthodes croisées qui s’étaient alors profilées grâce au dialogue
prodigieux entre les artistes, philosophes, philologues, archéologues et hommes de
science. le système politique octroyait en outre un souci constant de decorum, car
en tant que primi inter pares d’une constitution républicaine, les Médicis aspirèrent
au faste et à l’opulence, mais durent modérer la splendeur de leurs productions pour
ne pas nourrir de révoltes. Un rôle magistral revint aux échanges avec les alliés poli-
tiques, échanges subissant de continuels changements, où l’art constitua un moyen
qui permit à la fois de souligner la supériorité culturelle toscane et de se recommander
aux souverains puissants par des hommages et la mise à disposition des plus grands
artistes. en renouant avec des formules de cosimo il Vecchio et en contrôlant de près
toutes les interventions à Florence, Laurent le Magnifique fut soucieux de donner et
de maintenir à la ville une forte identité artistique. en même temps on peut observer
une influence croissante de l’Antiquité romaine due particulièrement à Leon Battista
alberti qui, à santa Maria novella, au Palazzo rucellai et à la chapelle du même nom
à san Pancrazio, conjugua des éléments locaux et classiques dans de nouvelles syn-
thèses. Les panneaux conservés à Urbino (Galleria delle Marche) et à Baltimore (Wal-
ter’s art Gallery), attribuables à Giuliano da sangallo, attestent de manière exemplaire
que la conciliation des deux paramètres, autochtones et assimilés, sont au centre de
l’attention.
Notre réflexion visait à éclaircir la manière dont ces facteurs se sont répercutés
dans les choix et des langages artistiques, en privilégiant le dialogue entre architec-
ture et peinture. À partir des années soixante-dix, l’œuvre de Giuliano da sangallo
fit preuve d’une réception de plus en plus savante des typologies et détails antiques
qui plantait les jalons d’un nouveau classicisme. il semble que ses travaux eurent des
répercussions chez les peintres qui témoignent d’un engouement pour des monuments
et ruines classiques. Quant à Sandro Botticelli, dès son séjour à Rome en 1480-1482
à l’occasion de la décoration de la chapelle Sixtine, où la supériorité de l’art florentin
devait trouver une scène de théâtre prodigieuse selon une stratégie politique de conci-
liation de Sixte IV, des mutations significatives se dégagent. Les scènes de La punition
174 Annuaire – EPHE, SHP — 144e année (2011-2012)

de Korah sont encadrées de variations de l’arc de Constantin et de la Crypta Balbi qui


renvoient à des dessins de Giuliano. d’une comparaison de deux Adorations conser-
vées dans la national Gallery, le tondo de 1474-1475 et celle conçue précisément pen-
dant le séjour à rome, découle non seulement une plus grande maestria dans le rendu
des typologies antiques, mais aussi une compréhension des principes structurels vitru-
viens. Vers 1500 enfin, dans un tableau inachevé de la collection des Offices à Flo-
rence, l’abandon des architectures classiques semble être redevable à l’influence de
Girolamo Savonarola dont la position orthodoxe suscita chez Botticelli également un
nouveau style quant aux mouvements et à l’expression des figures.
la symbiose entre architecture et peinture qui caractérise cette période a laissé un
témoignage significatif dans la Sala dei Gigli au Palazzo Vecchio, garni en 1482-1484
par domenico Ghirlandaio d’une loggia peinte à échelle monumentale : trois travées
ornées de pilastres corinthiens s’ouvrent par des arcades qui retombent sur des piliers.
des effets perspectifs soulignent une hiérarchie qui guide la perception vers la scène
majeure, dominée par un protecteur de la ville de Florence. sans doute Giuliano da
Maiano a-t-il contribué à la mise au point de l’organisation architecturale qui n’est
pas sans parallèle avec la cappella di s. Fina à san Gimignano, décorée par le même
peintre (1475-1477 / 78). Le génie de Ghirlandaio s’est croisé avec celui de Giuliano
da sangallo dans la cappella de Francesco sassetti, banquier des Médicis, à s. tri-
nità (1482 / 83-1485) où l’architecte a crée deux sarcophages et leurs niches. Grâce à
des arrière-plans architecturaux obéissant à un raccourcissement optique en fonction
de l’éloignement de l’œil, le peintre devait réussir dans la Cappella Tornabuoni (1486
à 1490) à transformer les proportions verticales peu heureuses de l’espace dans une
orchestration impressionnante de scènes.
Dès son séjour à Rome en 1488-1490 pour la Cappella Carafa à Santa Maria sopra
Minerva l’œuvre de Filippino Lippi reflète de notables métamorphoses. Vers la nef
cette chapelle s’ouvre par un magnifique arc de triomphe garni de pilastres cannelés
d’un ordre composite et d’une balustrade en pavonazzo, en suggérant une collabo-
ration avec Giuliano da Sangallo. Laurent le Magnifique aurait envoyé deux de ses
meilleurs artistes pour répondre à cette commande prestigieuse du cardinal oliviero
carafa qui lui a permis d’obtenir ensuite le chapeau cardinalice pour son fils Giovanni
(futur léon X). après le retour de Filippino à Florence, dans la cappella strozzi à
santa Maria novella, des mutations stylistiques se révèlent clairement, notamment par
une plus grande plasticité de l’architecture illusionniste et l’adoption de typologiques
antiques comme l’amphithéâtre ou le tempietto.
l’Adoration de Léonard (Offices), conçue pour l’église de San Donato à Scopeto
(près d’arezzo), montre aussi qu’architecture et peinture entretenaient d’étroits liens.
dotée d’impressionnantes rampes d’escalier, la ruine qui domine la scène évoque
l’église de San Sebastiano de Leon Battista Alberti à Mantoue et montre que l’in-
térêt de l’artiste s’accroche à des interprétations des plus audacieuses du patrimoine
antique. Un regard sur les mutations dans d’autres ambiances a enfin montré que la
migration des formules produit de nouvelles synthèses entre les idiomes locaux et une
Antiquité filtrée par différentes visions ethniques en quête de leur propre classicisme.

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