2000 Lesmatriauxcompositesdanslautomobile
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DANS L'AUTOMOBILE
Thierry RENAULT
VENTURE PEGUFORM
RESUME
Cet article traite de l’utilisation des matériaux composites à matrice polymère dans l’automobile. Dans
une première partie, les matrices et les fibres utilisées dans l’automobile sont présentées ainsi que les
procédés de transformation. Les critères de choix de matériaux sont ensuite exposés et en particulier
les points forts des matériaux composites. Enfin, les principales applications actuellement en série
dans l’automobile sont illustrées dans trois domaines : pièces sous moteur, pièces de carrosserie et
pièces de soubassement
ABSTRACT
This paper presents the use of polymer composites in the automotive. In the first part, the matrices
and the fibres used for automotive are presented as well as moulding processes. The criteria of
choice are then described and particularly the advantages of composites. Finally, the main
applications that are currently in production in the automtive are shown in three areas : under hood
parts, body parts, and underbody parts.
INTRODUCTION :
Un matériau composite est constitué principalement d'un renfort fibreux noyé dans une matrice
polymère. Le renfort a pour rôle d'améliorer significativement les propriétés thermomécaniques de la
matrice. Les matériaux composites combinent la résistance et la rigidité des métaux ainsi que la
légèreté, la flexibilité et la résistance à la corrosion des plastiques. Ils sont particulièrement adaptés
aux contraintes de l'automobile.
Dans les grands secteurs industriels, le renfort le plus utilisé est, de très loin, la fibre de verre. Le
marché européen des fibres de verre pour applications plastiques en 1998 était de 470 000 tonnes
dont 25% pour l'industrie automobile, soit 117 000 tonnes. Sur ces 117 000 tonnes, les
thermoplastiques fibres courtes (que nous ne traiterons pas dans cet article car cette technique
s'apparente plus à de l'injection de thermoplastique qu'à une technique composite) représentent
80 000 tonnes. Nous nous concentrerons donc sur les 37 000 tonnes restantes, destinées aux
applications où la fibre de verre reste longue (> 1 mm).
Les principales fibres de renfort utilisées dans les matériaux composites sont les fibres de verre, les
fibres de carbone et aramide ainsi que les fibres naturelles. Aujourd'hui les fibres de carbone et les
fibres aramide sont encore utilisés de façon marginale dans le secteur automobile pour des raisons de
coûts, étant plus spécifiquement rattachés à la branche sport automobile. Les fibres naturelles, quant
à elles, sont encore en développement et de plus, elles se destinent principalement aux pièces
intérieures pour des pièces d'habillage non structurelles.
Pour ces raisons, cet article se limitera donc aux COMPOSITES FIBRES DE VERRE LONGUES
(>1 mm) POUR LES PIECES DE GRANDES DIMENSIONS dans l'automobile, qui permettent des
applications semi-structurelles.
Dans le marché automobile actuel, on distingue deux types de procédés : la compression et l'injection
comme le montre le tableau suivant :
Matrice
TP TD
Procédé
Le BMC et le SMC sont adaptés aux marchés industriels de moyenne et grande série, les temps de
(2)
cycle variant de 1'30 à 3 minutes .
• Compression du SMC : Le SMC se présente sous forme d'une feuille très visqueuse et
manipulable. Elle est placée dans un moule monté sur une presse verticale et chauffé à 160-170°
C sous forme de flans prédécoupés. Le SMC classique, soumis à une compression de 3 à 6 MPa
suivant les formulations, flue pour prendre la forme de la pièce tout en amorçant un processus de
polymérisation. Le temps de cycle est de 2 à 3 minutes. Les grandes utilisations se trouvent dans
le transport routier (automobile, utilitaires) et ferroviaire, l'électrotechnique et le bâtiment. Suivant
les utilisations, il contient de 15 à 30 % de renfort.
• L'injection du BMC : Le BMC et ses dérivés (KMC, CIC,...) se présentent sous forme d'une masse
très visqueuse ("choucroute"), modulable par injection. Le compound est injecté sous forte
pression (>100 bars) dans un moule fermé, chauffé à 160-180°C où il va polymériser. Le temps
de cycle est de 1'30'' à 2 minutes. Les grands secteurs d'utilisation sont l'électrotechnique,
l'électroménager et l'automobile. Les taux de verre sont généralement de 10 à 20%.
Le TRE et le LFT sont adaptés au marché automobile de moyenne et grande série avec des temps de
cycle de l'ordre de une minute.
• L'injection/compression ou l'injection de LFT : Les granulés LFT sont réalisés par extrusion. Le
polymère fondu et le renfort sous forme de fils coupés sont mélangés à des températures de l'ordre
de 250° C. Le mélange est extrudé sous forme de joncs qui sont refroidis puis coupés. Les taux de
verre peuvent aller de 10 à 60% en masse. Les granulés sont moulés sur des presses d'injection
ou d'injection-compression où ils sont préchauffés à plus de 250°C. Ils sont injectés sous très forte
pression (>200 bars) dans un moule fermé refroidi. Les temps de cycle varient suivant les pièces à
réaliser de 30 secondes à 2 minutes 30. Les grands secteurs d'utilisation sont l'automobile,
l'électrotechnique, l'électronique et l'électroménager, le matériel industriel et agricole.
La croissance des Composites entraîne un foisonnement des travaux de R&D. Ces travaux
engendrent des évolutions importantes, toutes orientées vers un accroissement de la compétitivité et
des performances
• l'émergence de procédés qui constituent des ponts entre les procédés de petite série et les grands
procédés industriels SMC, BMC : 1) RTM (Resin Transfer Molding)
2) SRIM ( Structural Reaction Injection Molding)
• On observe en outre des travaux importants réalisés autour des SMC basse pression (moulage à
pression < 20 bars) visant à diminuer le coût des investissements presses/outillages.
• Le Twintex, tissu mixte Fibres de verre et Fibres de polypropylène qui permet d'atteindre des
(8)
niveaux de propriétés inconnus jusqu'à ce jour grâce à un taux de verre de 60 % en masse .
Dans ses applications automobile (poutres de pare-chocs et planchers de coffre), le Twintex est
mélangé avec du TRE ou du LFT.
• L'apparition des premières applications des matériaux sandwich constitués d'une âme NIDA
(6 ; 7 ; 9)
polypropylène et de peaux polypropylène/fibres de verre .
L'amélioration des propriétés thermomécaniques conférées par les renforts place les composites en
position concurrentielle des matériaux traditionnels, notamment des métaux. Cela leur permet d'être
présents dans les grands secteurs industriels : automobile, électrotechnique, électroménager, génie
chimique, BTP...
Les principales caractéristiques des composites à base de fibres de verre sont les suivantes :
• une densité faible comprise entre 1 et 2 par rapport à l'aluminium (2,5) et à l'acier (7,8).
• les modules des matériaux composites sont entre 5 et 20 GPa alors que l'aluminium a un module
de 70 GPa et l'acier de 210 GPa. Cette différence de module est compensée par l'épaisseur des
pièces et la possibilité de mouler des formes complexes nervurées.
• Il en résulte un rapport performances/poids élevé, illustré par exemple par l'utilisation des
composites dans les ressorts à lames d'utilitaires et les poutres de pare-chocs.
• une tenue thermique intéressante, qui va permettre, par exemple, d'utiliser les composites dans
les couvercles de culasse automobile.
- tenue à la corrosion,
- coloration dans la masse,
- facilité de mise en forme avec des procédés très diversifiés. Ce caractère est
doublement important car il permet : 1) d'obtenir des formes complexes en une
seule opération de moulage. Ceci ouvre la voie à l'intégration des fonctions donc à
une réduction drastique des coûts d'assemblage. De même, il est possible de
nervurer facilement les pièces pour améliorer leur rigidité. 2) d'optimiser les choix
matériaux/technologie en fonction des séries à produire.
Les matériaux ont aussi quelques limitations à prendre en compte lors de la conception des pièces :
• Les problèmes liés à l'anisotropie due aux orientations préférentielles de certains renforts lors du
moulage (cas des fils coupés) : hétérogénéité des propriétés, retraits différentiels.
• Difficile maîtrise des aspects de surface, liée à la présence de renforts fibreux, surtout pour les
pièces peintes.
• Coûts matière élevé vis à vis des matériaux traditionnels (de 8 F le kg dans les meilleurs cas à
plus de 30 F le kg). L'intégration de fonctions et le niveau des investissements (outillages,
machines) ont à cet égard une importance capitale dans la compétitivité de la solution composite.
• Recyclage difficile, surtout dans le cas des composites thermodurcissables. Cette question a
mobilisé la profession des thermodurs : des organismes comme ERCOM et VALCOR, de même
que la SMC Automotive Alliance aux USA et en Europe contribuent largement à minimiser ce
problème en proposant aujourd'hui des solutions concrètes de réincorporation ou de
(14)
réutilisation .
Un des facteurs clés du développement des composites dans l'automobile est la réduction des prix
par la réduction des coûts d'investissement et d'assemblage.
En effet, la complexité des formes qui peuvent être obtenues avec des composites et l'étendue de la
gamme de matériaux permet la conception de modules diversifiés et l'intégration de fonctions.
Ces évolutions intéressent directement les matériaux composites : à la diversification, ils répondent
par la flexibilité de production et l'étendue de l'offre matériaux. En matière de style , ils permettent une
liberté de formes qui n'est plus à démontrer.
L'une des conséquences importantes des évolutions dans ce domaine est l'encapsulation de l'espace
sous capot qui tend par ailleurs à se réduire. Elle provoque l'apparition de nouvelles fonctions (écrans
sous moteur par exemple) mais favorise aussi la recherche d'intégration de fonctions permettant de
gagner en volume occupé. Ceci entraîne d'autre part une élévation des températures sous capot,
donc des cahiers des charges thermomécaniques. Globalement cette évolution est favorable aux
composites qui bénéficient de leurs qualités en terme d'insonorisation et de leur aptitude à réaliser des
formes complexes sans reprise (19).
b) Sécurité :
c) L'environnement :
Nous notons d'une part la recherche de l'allègement des matériaux. En général, les composites
(1)
présentent des rapports performances/poids attractifs . D'autre part, la volonté de recyclage et de
revalorisation des matériaux favorise la tendance à rechercher des modules ou concepts fonctionnels
monofamilles de matériaux.
Apport des
Facteurs d'influence Leurs conséquences
matériaux composites
Contraintes économiques
Evolution des
réglementations
L'évolution des matériaux composites utilisés pour la fonction de façade avant technique montre les
progrès effectués sur les matériaux et sur le savoir faire des constructeurs et des équipementiers.
La première façade avant technique utilisée sur un véhicule de grande dimension est celle de la
Peugeot 405 en 1987. Cette pièce est réalisée en SMC avec un niveau d'intégration de fonctions
élevé. Plusieurs véhicules ont utilisé la même technique (Citroën XM, Peugeot 605, Volvo 850,
Renault Safrane, Citroën Xantia, VW Sharan, Ford Taurus...).
La seconde génération de matériaux utilisés pour cette fonction, le TRE, a été introduite par VW sur la
Golf (A3) en 1991. Depuis, le groupe VW a utilisé ce matériaux sur la majorité de ses modèles (Golf
A3 et A4, VW Polo, Audi A3, Audi 14, Audi A6, VW Passat, ...).
Depuis ces deux dernières années, de nouveaux procédés à base d'injection compression se sont
développés pour réduire les coûts de matériaux et de transformation. Ceci a conduit à utiliser
plusieurs nouveaux matériaux/produits dont le nom varie selon l'utilisateur mais qui sont tous basés
sur la présence de polypropylène renforcé par des fibres de verre longues (10 à 50 mm). Ce sont les
procédés LFT dont certains mélangent directement les fibres et le polypropylène (procédés CPI et
XRE). Les applications actuellement sur le marché sont la Volvo 850, la Peugeot 206 et la VW Passat.
Le taux de pénétration des matériaux composites dans les pièces de carrosserie automobile reste à
ce jour encore assez marginal et on peut observer une forte disparité entre les constructeurs et selon
les marchés.
Néanmoins les pièces en composite ont bénéficié depuis une vingtaine d'années d'applications de
plus en plus nombreuses dans le monde. La Citroën BX avait déjà en 1982 un capot et un hayon en
thermodurcissable SMC et BMC. Ces matériaux permettent l'allègement d'une pièce de grande taille.
Ils peuvent supporter les contraintes de tenue mécanique (choc, raideur) et de température
(dilatations).
Depuis, de nombreuses applications ont été et sont utilisées en série avec une "explosion" sur le
marché américain. Un rapport récent de la SMC Automotive Alliance de 1998 montre que 125 pièces
(5)
de carrosserie en SMC étaient déjà en série aux USA (capots, hayons, aides, spoilers...) en 1998 .
Ce marché va s'étendre rapidement avec l'utilisation de composites (SRIM, SMC) pour des caisses de
pick-up avec des séries de plus de 200 000 pièces/an et par application. En Europe, l'illustration la
plus convaincante du SMC pour des pièces de carrosserie est celle de l'Espace qui, depuis trois
générations, a l'ensemble de sa carrosserie en SMC (toit, hayon, panneaux de portes, ailes...) et
bientôt l'Avantime (même pièces).
Le principal obstacle avec ces matériaux est la difficulté à obtenir un aspect "classe A". De plus, les
matériaux composites se heurtent à la culture acier des constructeurs et aux chaînes d'assemblage
existantes qui obligent le montage des panneaux de carrosserie avant cataphorèse et éliminent un
(18)
grand nombre de matériaux qui ne peuvent supporter une température entre 180 et 200° C . Dans
le cas de certains projets, la pièce de carrosserie peut être montée après cataphorèse et avant
peinture, ou encore être livrée comme un module peint et assemblé par l'équipementier. C'est le cas
de deux pièces fabriquées par le groupe Venture-Peguform.
La première pièce est le hayon de la Mercedes Classe A qui est constitué d'une doublure en TRE et
de deux pièces de peau injectées en alliage Noryl GTX (Matériau de GE Plastics). La pièce est
assemblée par collage, peinte et livrée avec ses accessoires (y compris la lunette arrière) à Mercedes
S reen
Poids : 4.4 kg
La seconde pièce est le portillon arrière de la Renault Scénic RX4. Cette pièce est constituée d'une
doublure en BMC, d'un cadre métallique (nécessaire pour le support de la roue de secours) et d'une
pièce de peau injectée en alliage polycarbonate/polybutylène téréphtalate. La doublure et la peau sont
collées, l'ensemble est peint avec les accessoires et livré à Renault comme un module.
Les solutions existantes en série sont donc trés variées allant du tout thermodur (SMC/BMC) au tout
thermoplastique, en passant par des hybrides thermodur/thermoplastique.
Le troisième domaine dans l'automobile où les composites sont très utilisés est le soubassement.
Pour répondre aux normes acoustique et de réduction de la consommation de carburant (en travaillant
l'aérodynamique), le soubassement des voitures est de plus en plus caréné, en particulier pour
Mercedes et Audi.
Ces carénages sont pour la plupart réalisés en TRE, ce matériau permettant de former des plièces
planes, rigides et avec une bonne resistance à l'impact et aux agressions de l'environnement sous
caisse.
On note également le développement d'un nouveau marché : celui des cuvettes de roue de secours
en TRE pour les Mercedes Classe A, Classe C et Classe S et en SMC pour la Peugeot 607.
CONCLUSION :
L'automobile est traditionnellement le monde de l'acier mais les contraintes de réduction du poids et
de réduction des coûts de fonction (investissements et prix pièce) permettent à d'autre matériaux de
se développer.
Les composites occupent à ce jour une place encore limitée mais réelle dans le monde automobile.
De nombreux projets de recherche sur des véhicules complets en composite permettent de repousser
(23)
les limites d'utilisation de ces matériaux. On notera par exemple les projets Carmat et Mosaic en
(22) (17)
Europe, le projet Axcess en Australie et le projet CCV effectué par Chrysler aux Etats-Unis. Un
programme de recherche sur les matériaux allégés du Department of Energy (DOE) aux Etats-Unis
finance un projet remis par les universités de Clemson et de Virginia Tech visant un développement
de fibres de carbone bas coût pour l'utilisation dans l'automobile avec une cible autour de $5/lb
(12)
(environ 12 Euros/kg) . Les fibres de carbone permettraient d'utiliser des composites pour des
pièces de structure.
La voiture tout composite de grande série n'est probablement pas pour demain car l'optimisation des
autres matériaux (acier, aluminium, magnésium) progresse également mais il est fort probable que les
composites vont continuer à se développer dans l'automobile.
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A noter : L'auteur remercie Monsieur Gérard BUISSON
pour sa contribution à la rédaction de cet article
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