Le Roi Dragon N-3-Complet
Le Roi Dragon N-3-Complet
Le Roi Dragon N-3-Complet
3 Août 2014
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Editorial Less jeux vidéo au Japon Origine du Taiji Quan et école de Yue Huan Zhi
Le système des temps dans les langues anciennes (1) Et si le Zen était une voie de
l’action pure L’art de l’esquive dans l’art de la boxe La devise du Gardien de la
Porte Une mystérieuse équation Taoïste Les carnets de Serge
Editorial
Le Roi Dragon Magazine arrive à son troisième numéro. Ce chiffre, sans qu’il soit plus significatif que
les autres, marque cependant des aspects importants dans de nombreux domaines de la pensée
traditionnelle Extrême-orientale.
Nous allons faire ici une première
ère exploration des significations que l’on peut en titrer, ce qui nous
mènera à envisager le principe d’intégrité, qui est l’aspect de l’existence qui peut être conduit à son
ultime aboutissement par la pratique des voies traditionnelles. Nous verrons ainsi
ain que l’efficacité d’un
art martial réside moins dans la fortification de l’être que dans la mise en conformité de celui-ci
celui avec
sa nature intrinsèque, la part de la Vertu du Tao avec laquelle un être est en affinité....
affinité. à suivre
Editorial
Par Philippe Doussin
Le Roi Dragon Magazine arrive à son troisième numéro. Ce chiffre, sans
qu’il soit plus significatif que les autres, marque cependant des aspects
importants dans de nombreux domaines de la pensée traditionnelle
Extrême-orientale.
Nous allons faire ici une première exploration des significations que l’on
peut en titrer, ce qui nous mènera à envisager le principe d’intégrité, qui
est l’aspect de l’existence qui peut être conduit à son ultime
aboutissement par la pratique des voies traditionnelles. Nous
No verrons ainsi
que l’efficacité d’un art martial réside moins dans la fortification de l’être
que dans la mise en conformité de celui-ci
celui ci avec sa nature intrinsèque, la
part de la Vertu du Tao avec laquelle un être est en affinité.
Le Tao-Te-King
King énonce que la diversité commence à s’exprimer à partir de
Trois : “ Un procéda du Principe (Tao), puis Deux procéda de l’Un, Trois
procéda du Deux ; les dix-mille
dix le êtres se manifestèrent à partir du Trois.“
Sans doute est-ce
ce en raison de cette loi universelle que le rideau se lève
sur la scène du théâtre après que trois coups soient frappé.
frappé
Trois est le nombre des plans symboliques de l’être, Shin-Ki-Taï,
Shin Esprit-
Âme-Corps.
fois l’une des fibres du cordon de son âme à l’une des fibres du cordon de
l’Âme Universelle.
Comme nous l’avons déjà évoqué dans dans les autres numéros du Roi Dragon
Magazine, c’est par l’enseignement traditionnel que l’homme peut
progressivement ouvrir sa conscience aux rythmes du Ciel et de la Terre.
En quêtant la perfection exécutoire des techniques de son art qui sont les
répliquess des lois d’actions/réactions régissant tout ce qui se manifeste
dans l’univers, il peut progressivement s’imprégner d’une manière d’être
universelle.
n’atteint là. Celui (le Principe) qui a fait que les êtres fussent des
êtres, n’est pas lui-même soumis aux mêmes lois que les êtres. Celui
(le Principe) qui a fait que tous les êtres fussent limités, est lui-
même illimité, infini. Il est donc oiseux de demander où il se trouve.
Pour ce qui est de l’évolution et de ses phases, plénitude et vacuité,
prospérité et décadence, le Principe produit cette succession, mais
n’est pas cette succession. Il est l’auteur des causes et des effets (la
cause première), mais n’est pas les causes et les effets. Il est
l’auteur des condensations et des dissipations (naissances et morts),
mais n’est pas lui-même condensation ou dissipation. Tout procède
de lui, et évolue par et sous son influence. Il est dans tous les êtres,
par une terminaison de norme ; mais il n’est pas identique aux
êtres, n’étant ni différencié ni limité.”
“B. Ce que les hommes n’aiment pas, c’est d’être seuls, uniques,
incapables, (l’obscurité et l’abaissement), et cependant les
empereurs et les princes se désignent par ces termes, (humilité qui
ne les avilit pas). Les êtres se diminuent en voulant s’augmenter, et
s’augmentent en se diminuant.”
L'intégrité est donc un état, qui est plus en rapport avec un équilibre
dynamique entre des forces complémentaires, qu'avec la possession d'une
force particulière qui rendrait imbattable. Il y a une grande différence
entre être infaillible et être imbattable.
imbattable. Parce que si un être humain peut
acquérir une force et une technique suffisantes pour remporter des
victoires sur des adversaires dans un combat équitable, que pourrait-il
pourrait
faire de cette force et de cette technique contre la foudre, un ouragan, ou
Des éléments de cet article son extraits de "Brève histoire des jeux vidéo" avec l'aimable
autorisation de Laurent Roucairol de www.grospixels.com
S’en suit une période de 3 ans de règne total des jeux d’arcade, qui
envahissent très rapidement la vie des Japonais. Les jeux d'arcade sont de
Pendant ce temps, le marché des jeux sur console, déjà fragilisé par une
dispersion des formats des cartouches, et une qualité trop faible face aux
PC, s’effondre à la fin de l’année 1983.
(C’est aussi à cette période que le fameux Tetris est créé, et non pas par
un japonais, mais par un ingénieur russe)
Ayant remarqué que les consoles sont en train de faire un tabac, Atari
décide aussi de sortir sa console : l’Atari 7800.
Mais Nintendo fait 10 fois plus de profits que son premier concurrent,
Sega. Et des hits apparaissent tels que Legend of Zelda (chef d'oeuvre de
✿
S’en suit une ère plus moderne dès 1998/1999 où le PC este maintenant à
force égale façe aux consoles dans le domaine des jeux vidéo, qui permet
outre des graphismes et des animations 3D supérieures, une interactivité
plus grande, et des jeux plus complexes et riches, permettant de jouer en
réseau local ou sur Internet. Les possesseurs de PC constituent un public
supposé plus mûr en matière de jeu vidéo que celui des consoles. Dans
bien des cas, ce sont ces dernières qui doivent être maintenues au niveau
en proposant des adaptations des jeux incroyables développés
développ sur PC, alors
que c’était le contraire auparavant.
Merci à www.grospixels.com
L’invention du Taiji Quan par un moine taoïste « Zhang San feng » du Mont
Taishan au XIIIe siècle, relève de la légende, mais ses techniques ont été
sans cesse améliorées par les grands maîtres des différentes époques.
En premier lieu, les écrits de « Wang Zhong Hue » (au XVIe, XVIIe siècle)
grand maître de Taiji Quan, font autorité en ce domaine. Il en est aussi de
même pour beaucoup d’autres écrits, dont ceux de Yang Lu Chan,
fondateur de l’école Yang que nous pratiquons, ceux de Yang Chen Fu,
petit-fils
fils de Yang Lu Chan et ceux de Dong Ying Jie, élève de Yang Chen Fu
et de Li Xiang Yuan. Dong Ying Jie fut également le maître de Taiji Quan
de Yue Huan Zhi, lui-même
même maître de Gu Meisheng et de Xie Rong Kang,
qui sont les deux maîtres vivant à Shangaï,
Shangaï, que Roger Gouraud a
rencontré. Maître Gu Meisheng est décédé le 1er août 2003.
Notre Taiji Quan est une « rééducation » à la fois physique et mentale qui
est décrite dans un recueil des règles à observer
observer ; et il existe une devise
chinoise dans le livre de Dong Ying Jie, que tous les pratiquants devraient
observer :
Quand on aura compris le Yi, il n’y aura plus de problème du tout. L’initié
aura franchi le seuil définitif et enfin il pourra pratiquer seul dans le ici et
maintenant
enant et dans sa vraie nature.
Monique Lemauff
Atelier Art de Vie et Energie
La façon et la rigueur par lesquelles est conçu le système des temps d'une
langue est le premier apport que nous pouvons examiner pour comprendre
la conception par un peuple du temps en général, ce qui éclaire la
manière dont se construit sa pensée. Beaucoup des systèmes que nous
connaissons dérivent, bien entendu, des langues anciennes bien connues,
mais les langues anglo-saxonnes, par exemple, présentent des principes
qui peuvent leur être comparés. Nous présenterons rapidement aujourd'hui
le cas du latin, le plus simple et le plus proche du nôtre ; il permet de
mettre en lumière de façon simple (car il n'en reste que les bases) un
fonctionnement transversal à des systèmes provenant pourtant de sources
très diverses, ce qui éclaire un aspect essentiel de la conception du temps
dans la pensée humaine.
Qu'est-ce donc que ces deux mots infectum et perfectum ? En fait, il s'agit
de ce qu'on appelle une question d'aspect. L'aspect d'un verbe indique où
en sont l'action ou l'état par rapport à leur développement : en cours, à
leur début, une fois terminés... Ces deux mots sont formés sur le participe
passé du verbe facere (faire), factum (fait) ; le préfixe privatif in-,
répandu en français, indique que l'action dans les temps de l'infectum n'est
pas accomplie (« non-faite »), donc qu'elle est en cours. Au contraire, le
préfixe per- (qui exprime le dépassement) indique que l'action dans les
temps du perfectum est « complètement accomplie », donc qu'elle est
achevée. Le latin s'organise donc à l'origine sur la distinction accompli –
non accompli (à l'origine, car les valeurs des temps ont ensuite évolué).
Or, on retrouve cette nuance dans de très nombreuses langues, y compris
dans des systèmes qui ne dérivent pas du latin : pensez par exemple à
l'anglais et à sa forme progressive en -ing qui se distingue du présent
simple. Pensez aussi à ce que signalait Tony dans son article du Roi
Dragon, N°1 : « Quelques éléments sur la langue japonaise » :
Pour ne pas tronquer le système latin, il reste à signaler qu'au sein de ces
deux groupes, le latin différencie pour sa part dans sa conjugaison trois
temps, deux à deux symétriques : un présent, un passé et un futur.
Intervient ici une deuxième logique qui a parfois pris le pas sur la
Infectum Perfectum
Présent Parfait
Imparfait Plus-que-parfait
dans le perfectum un temps relatif puisqu'il exprime une action qui sera
achevée à un moment ultérieur, par rapport auquel il se situe.
Je vous laisse méditer sur les rapprochements (ou les oppositions) que vous
pourriez faire avec le français ou des langues étrangères que vous
connaissez...
Le zen est une voie de l’action dans le fait qu’il est simplement
expérimentation. Il préconise de s’asseoir simplement en silence et
d’être là, sans bruit, sans geste. L’observation de soi prend place alors
petit à petit. Très vite, l’absence de bruit se meut en succession de
pensées, d’émotions, de souvenirs. Le silence n’est alors qu’apparent.
Ce qui se voit n’est pas ce qui se vit. Seul symptôme de l’agitation
intérieure : ma respiration. Elle accompagne non pas mes gestes, mais
mes pensées. Elle s’accélère, se ralentit, se modifie.
Finalement sur ce fond vide de sons et de gestes des sesshin zen, la vie
prend relief comme l’abbaye s’établit autour de son cloître et de son le
jardin, espace libre à ciel ouvert.
La voie doit être sûrement unique et unifiante...il n'y a aucun doute sur
ce point...avec un cœur sincère on ne s'en écartera jamais...les
gardiens des hommes déterminés veillent à cela...à commencer par
O’sensei ainsi que tout ceux qui lui restent fidèles depuis son
émergence dans notre monde.
1
[Ndlr] Il y a tout de même une remarque à faire à propos de la problématique du boxeur à choisir
entre une focalisation sur l'esquive ou la frappe. Certes cela est vrai pour les arts de combat où il y a
désignation d'un vainqueur par domination, mais pour l'Aïkido ce choix doit être dépassé, parce que
d'une part il n'y a pas de compétition (de recherche à évaluer sa toute puissance) d'autre part parce
que ces deux moyens doivent être tenus et maîtrisés à égalité par le pratiquant lors d'une action
visant à préserver son intégrité.
A propos de la compétition,
mpétition, voilà ce que répondit un jour O'Sensei à Takashi Nonaka :
"Puis
Puis je lui demandais s'il croyait aux tournois (shiai). L'air découragé, 0-Sensei
0 répondit, «
Non, définitivement non. La personne qui gagne est contente, mais il y a toujours un perdant.
perda
Il ne peut y avoir qu'un vainqueur. La personne qui perd n'est pas heureuse. Le perdant va
s’entraîner
entraîner dur pour arriver à battre le vainqueur. Si quelqu'un essaie de vous battre, il s'agit
Au final on n'est plus des adversaires, mais des pauvres en humanité qui
croisent les gants pour pouvoir un jour se libérer d'un moi ennemi…
Voilà une bien mystérieuse équation pour laquelle nous allons proposer
une interprétation.
Cependant
ant il n’y aura que lorsque l’Être aura fait le constat de
l’identité de l’objet et du sujet que cessera cette distinction
finalement illusoire, mais nécessaire à la conscience réflexive. Cette
Connaissance du Soi est donc un troisième terme, le Trois.
Trois Il y a donc
dans le fait de la conscience, un flux et reflux continuel et simultané
entre deux opérations complémentaires apparemment antagonistes
puisque l’une opère la séparation du sujet de l’objet de considération,
alors que l’autre les réunit
réuni par la reconnaissance
nnaissance de leur identité,
l’affirmation qu’il n’y a que l’Un.