Guide Ifrs 9 Defier Les Contraintes Seabird

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Septembre 2020

Le Guide SeaBird

IFRS 9
Défier les contraintes

Un guide proposé par SeaBird,


conseil des fonctions Finance,
Actuariat, Risques & Opérations
des acteurs de l’Assurance
Introduction
Jugée complexe et inadaptée après la crise financière de 2008,
la norme IAS 39 « Instruments financiers :  comptabilisation
et évaluation  » a laissé place à la norme IFRS  9 « Instruments
financiers »,  le 1er janvier 2018.

IFRS 9 prévoit :

•• Une classification des actifs financiers plus lisible ;

•• Un modèle de dépréciation prospectif des actifs financiers fondé


sur les « pertes attendues » contrairement à IAS 39 dans laquelle le
mécanisme de dépréciation était jugé trop procyclique ;

•• Une comptabilité de couverture simplifiée.

La norme partage avec IFRS 17, consacrée aux contrats d’assurance,


l’objectif de renforcer et homogénéiser l’information des investisseurs
et la comparabilité des comptes des entreprises d’assurance. Pour
les assureurs ayant opté pour l'application différée d'IFRS 9, celle-ci
s'appliquera simultanément à IFRS 17.

Cette mise à jour du guide SeaBird initialement publié en 2017


permet, en plus du rappel des grandes lignes de la norme, de détailler
l’impact d’IFRS 9 sur les systèmes d’information comptable et les
enjeux des diverses stratégies de migration. Il en analyse également
les impacts financiers, organisationnels et économiques. Il met enfin
en évidence les adhérences avec IFRS 17.

Pierre Thérond
Directeur associé
07 66 38 18 89
[email protected]

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 02


Sommaire
I. IFRS 9 : LES GRANDS PRINCIPES
1. Classement et évaluation des actifs 5
2. L’Expected Credit Loss (ECL) : une approche prospective 11
3. Zoom sur la comptabilité de couverture 14

II. QUELLES INCIDENCES SUR LE SYSTÈME


D’INFORMATION COMPTABLE ?
1. La gestion des données référentielles et transactionnelles 18
2. L’architecture comptable 20
3. Une migration à anticiper 21

III. QUELS IMPACTS OPÉRATIONNELS ?


1. Des effets identifiés 25
2. Les prérequis en amont : « providing data » et interfaçage 27
3. Les enjeux à venir 28

IV. IFRS 17 & IFRS 9 : QUELLES ADHÉRENCES ? 29

NOS RETOURS D'EXPÉRIENCE 32

CHOISIR SEABIRD 34

Rédaction Comité de relecture


Mathilde Decool | Myriam El Mouaaouine Anne Bonjour | Mathilde des Courtis | Nicolas Desport | Séverine Ducrot
Laure Sauzeau | Nielle Yepmegni Nana Caroline Lechantre | François Maillard | Pierre Thérond

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 03


CHAPITRE I

IFRS 9
Les grands
principes
Chapitre I • IFRS 9

1
Classement et évaluation des actifs

Le classement des actifs consiste à affecter 3 La Juste Valeur par Résultat (JVR)
chaque instrument financier à une catégorie
prévue par la norme. La valorisation d’un actif Cette méthode de comptabilisation concerne
financier permet de fournir sa valeur bilantielle. les instruments financiers ne répondant
De la classification d’un actif découleront les pas à la définition du prêt basique (dérivés,
méthodes de valorisation et de traitement organismes de placement collectif en valeurs
comptable qui lui seront appliquées. mobilières…), et tous les actifs financiers non
classifiés en CA ou en JVOCI. Rappelons
néanmoins que de même que sous IAS 39,
toute entité a la possibilité de comptabiliser
dès l’origine et de manière irrévocable un
Les différentes méthodes actif financier en JVR en cas de réduction
d’évaluation significative du mismatch comptable.

La norme IFRS 9 prévoit trois principales


catégories d’évaluation des actifs financiers.

1 Le Coût Amorti (CA)

Sont classés dans la catégorie du CA des


actifs détenus aux fins de collecter des « flux
contractuels », correspondant uniquement au
remboursement du principal et des intérêts.

2 La Juste Valeur par OCI recyclable et


non recyclable (JVOCI)

La catégorie JVOCI recyclable comporte des


actifs détenus à la fois pour collecter des
«  flux contractuels », mais aussi destinés à la
revente  ; les flux contractuels correspondant
aussi uniquement au remboursement du
principal et des intérêts. La catégorie JVOCI
non recyclable, quant à elle, comporte
essentiellement les instruments de capitaux
propres ayant fait l’objet d’une option de
classement irrévocable  ; les instruments de
capitaux propres sont classés par défaut en
Juste Valeur par Résultat.

05 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre I • IFRS 9

L’arbre de décision 1 Le test SPPI (Solely Payment of


Principal and Interests)
d’affectation du mode
d’évaluation comptable L’évaluation se fait par instrument. Les flux
contractuels répondant au test SPPI sont
L’arbre de décision fournit un raisonnement ceux conformes à ceux d’un prêt basique,
structuré. À partir de chaque type d’instrument c’est-à-dire des flux assurant uniquement le
financier (dettes, dérivés, instruments remboursement du principal et des intérêts.
de capitaux propres : actions et titres de Une spécificité existe cependant pour les
participation non consolidés), il permet de instruments de titrisation.
déterminer à quelle catégorie définie par
IFRS 9 celui-ci pourra être rattaché (CA, JVOCI
recyclable ou non recyclable et JVR).

Identifier le mode d'évaluation comptable

INSTRUMENTS DE DETTES AUTRES INVESTISSEMENTS EN TITRES


(obligation, prêts...) (dont dérivés et OPCVM) DE CAPITAUX PROPRES
(principalement actions)
TYPES D’ACTIF

Les flux de trésorerie contractuels


de l’actif financier correspondent-ils
uniquement aux remboursements
CRITÈRE SPPI de principal + versements d’intérêts ?

Collecte des flux Collecte des flux Détenus à des fins


contractuels contractuels ET de transaction ?
(HTC) revente (HTCS)

MODÈLE L’entité a t-elle opté pour


DE GESTION
Risque de non-concordance l’option de la JV par OCI
comptable ? non recyclables ?

JV PAR OCI JV PAR OCI


TYPE COÛT AMORTI JVR
RECYCLABLES NON RECYCLABLES
D’ÉVALUATION

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 06


Chapitre I • IFRS 9

Comment la norme IFRS 9 définit-elle le « principal »  et les


« intérêts » ?

Le « principal » correspond à la valeur nette de l’actif financier lors de


sa comptabilisation initiale. Cette valeur peut changer au fil du temps,
notamment en cas de remboursement du capital.

Les intérêts considèrent principalement la valeur temps de l’argent


et le risque de crédit associé. Le calcul de l’intérêt peut aussi prendre
en compte d’autres risques basiques de prêt tels que le risque de
liquidité, d’autres coûts tels que les coûts administratifs et la marge
bénéficiaire. Ils peuvent être négatifs si cela résulte des circonstances
économiques.

Le risque de crédit correspond ici au risque de défaillance de la


contrepartie ; et le risque de liquidité au risque de ne pas pouvoir
financer à court terme ses prêts long terme.

4 questions pour analyser les données contractuelles

QUELLE EST LA STRUCTURE DU CONTRAT ?

La structure du contrat est-elle simple? Les intérêts ne doivent pas prendre en compte d’autres
risques non liés à la définition d’un prêt basique (exemples : effet levier, formule inversant l’indexation
sur un indice de taux, obligations convertibles en actions...). Les options, les swaps et les forwards
sont automatiquement inéligibles.

QU’EST-CE QUI CONSTITUE LA RÉMUNÉRATION DU PRINCIPAL ?

La rémunération du principal correspond-elle essentiellement à la valeur temps de l’argent?


La valeur temps de l’argent est l’élément principal du calcul de l’intérêt qui prend uniquement
en compte le temps écoulé et non tout autre risque associé à la détention de l’actif financier.
L’intérêt doit être dans la même devise que le principal. La fréquence des coupons doit être
cohérente avec le taux de référence.

QUELLES SONT LES MODALITÉS DE CHANGEMENTS CONTRACTUELS ?

Les flux contractuels de certains actifs financiers peuvent changer au cours de la vie du contrat
comme en cas de remboursement anticipé ou de prolongement du terme du contrat.
Concernant cette catégorie d’actifs financiers, il sera nécessaire pour l’entité d’analyser l’élément
déclencheur ainsi que la situation avant et après la modification afin de s’assurer que
les cash flows sur toute la durée du contrat répondent bien aux critères SPPI.

S’AGIT-IL D’UN INSTRUMENT DE TITRISATION ?

Un arbre de décision spécifique au regard du test SPPI est prévu pour analyser les instruments
de titrisation (cf. page 10 « Cas spécifique des instruments de titrisation »)

07 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre I • IFRS 9

Revue de quelques exemples d’actifs au regard du test SPPI

SPPI NON SPPI CAS À ANALYSER

Titres obligataires simples Organismes de placement Instruments de titrisation


collectif en valeurs mobilières
Instruments avec clauses
Obligations simples indexées Contrats hybrides avec effet de remboursement anticipé,
sur l’inflation levier d’extension ou de pause
Instrument perpétuel dont Autres titres perpétuels
le versement des coupons peut
être suspendu en cas Instruments subordonnés
de difficultés financières
de l’émetteur
Obligations convertibles
en actions

2 Le Business Model (BM)

Le test du modèle de gestion se fait par portefeuille et non par


instrument. La granularité des portefeuilles doit être cohérente avec le
niveau de gestion des groupes d’actifs. Une entité peut avoir plusieurs
BM. Une reclassification est possible en cas de changement de BM
au sein de l’entité (ceci doit être très rare). Il existe trois principaux
modèles de gestion :

BUSINESS MODELS CARACTÉRISTIQUES CLÉS CATÉGORIE


D’ÉVALUATION

Objectif : détenir des actifs jusqu’à leur échéance, en


vue de collecter leurs flux contractuels
COLLECTE DES FLUX
CONTRACTUELS Les ventes sont secondaires à l’objectif. Elles sont CA
(ou Held To Collect = HTC) autorisées dans des cas très limités : cessions proches
du terme, cessions liées à la dégradation de la qualité
de l’actif, cessions rares et non significatives…

Objectif : collecter les flux contractuels et revendre


COLLECTE DES FLUX les actifs
CONTRACTUELS ET REVENTE JV par OCI
(Held To Collect and Sell = HTCS) Généralement les ventes sont les plus importantes
(fréquence et volume)

Objectif : ne correspondant à aucun des deux


ci-dessus.
AUTRES Il s’agit notamment des cas d’instruments détenus JVR
(ou Other) dans le cadre du trading (optimisation de la juste
valeur), en vue de la maximisation des cash-flows au
travers des ventes…

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 08


Chapitre I • IFRS 9

Cas spécifique des instruments de les transformer en titres négociables, qui


seront souscrits par des investisseurs. Ces actifs
de titrisation sont ensuite classés par tranche de risque
(senior, mezzanine, equity) et permettent aux
La titrisation est une technique financière
investisseurs de souscrire à un niveau de risque
par laquelle les créances traditionnellement
donné ainsi qu’en fonction du rendement
illiquides et gardées par leurs détenteurs
attendu. Ces actifs deviennent des « actifs
jusqu’à l’échéance sont transformées en
de titrisation » au bilan des investisseurs et
titres négociables et liquides. Cette opération
ont pour sous-jacents les actifs initialement
permet à une société de regrouper les actifs,
regroupés au SPV.
qu’elle sélectionne dans son bilan, dans une
société ad hoc (SPV : Special Vehicule Purpose
ou « véhicule de titrisation ») qui se chargera

ÉMETTEURS
SOCIÉTÉ
AD HOC
Obligations/ (achète l’actif ou le Actifs ou
titres notés portefeuille d’actifs portefeuille d’actifs
et émet des
obligations/titres
INVESTISSEURS Produit de l’émission notés qui seront Produit de l’émission CÉDANT
(achètent les des obligations/ remboursés par les des obligations/ (vend un actif
obligations/titres) titres notés flux de paiement titres notés ou un portefeuille
en provenance de d’actifs à l’émetteur
l’actif ou du d’obligations/
portefeuille) titres notés)

Intérêts Surplus entre flux


et principal sur les périodiques
obligations/titres et intérêts
notés Flux périodiques et principal sur
les obligations/titres
payables après
remboursement
total des
obligations/titres
ACTIFS OU
PORTEFEUILLES
D’ACTIFS
(générant des flux
périodiques)

09 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre I • IFRS 9

Il s’agit donc de véhicules structurés par Le test SPPI doit par conséquent être réalisé
tranches, qui sont hiérarchisées par niveau tranche par tranche. L’analyse de l’actif sous-
de risques. Le droit de paiement des intérêts jacent ne doit pas obligatoirement être faite
et du principal est conditionné au paiement ligne par ligne, elle peut être fondée sur un
préalable de la tranche supérieure. jugement professionnel. L’arbre de décision
spécifique aux instruments de titrisation est le
suivant :

Identifier le mode d'évaluation comptable pour le cas


spécifique des instruments de titrisation

Analyse transparente des actifs sous-jacents possible

a. Les termes contractuels de la tranche évaluée donnent uniquement


lieu à des flux de remboursement (capital+intérêts)

b. Les actifs sous-jacents donnent uniquement lieu à des flux


de remboursement (capital+intérêts)

Tout autre instrument dans le pool sous-jacent doit soit:


Réduire la volatilité des flux de trésorerie des instruments
et répondre aux critères SPPI ;
Aligner les flux de trésorerie des tranches avec les flux de
trésorerie des instruments sous-jacents pour remédier aux
différences de taux d’intérêts, de devises, d’échéancier.

L’exposition au risque de crédit supporté par la tranche est inférieure


au risque de crédit supporté par les actifs sous-jacents

COÛT JUSTE
AMORTI VALEUR

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 10


Chapitre I • IFRS 9

2
L’Expected Credit Loss (ECL) : une approche prospective

Ce qui change par rapport à IAS 39 La dégradation du risque de crédit

Avant IFRS 9, les sociétés comptabilisaient Ce modèle unique de dépréciation se décline


peu de provisions, voire aucune provision en trois groupes au sein desquels sont classés
concernant les créances pour lesquelles il n’y les actifs en fonction du niveau de risque
avait aucun impayé. La crise de 2008 a montré qu’ils représentent. Ces groupes sont appelés
les failles de ce dispositif. IFRS 9 introduit ainsi « bucket » ou « stage ». Le provisionnement des
la notion de « pertes de crédit attendues » ECL se fait dès l’acquisition de l’actif financier.
ou « Expected Credit Loss » (ECL), qui doit
permettre de mieux identifier les pertes à venir. Ainsi, sur les Buckets 2 et 3, l’estimation de la
perte attendue est évaluée jusqu’au dernier
La notion de « pertes de crédit attendues » remboursement, alors que dans le bucket 1, la
enregistre la perte de valeur de l’actif financier perte est évaluée uniquement sur un an. C’est
en comptabilisant ses potentielles moins- seulement pour les contrats de moins d’un an
values futures. C’est parce qu’il y a un risque que les buckets 1, 2 et 3 donneront la même
de crédit inhérent pour chaque créance, aussi estimation d’ECL.
faible soit-il, qu’il faut évaluer sur chacune
d’elles les pertes liées au risque de crédit. Cette La comptabilisation des pertes de crédit
dépréciation est matérialisée par une provision. attendues s’appuie sur un ensemble de
Alors qu’IAS 39 repoussait la reconnaissance données qui aidera au chiffrage du risque :
des pertes de crédit jusqu’au moment de leur
apparition, IFRS 9 propose une reconnaissance •• L’historique des pertes,
plus rapide des pertes de crédit prévues.
On passe d’une comptabilisation des pertes •• Les conditions actuelles,
encourues sous IAS 39, à une comptabilisation
des pertes attendues sous IFRS 9. •• Des prévisions raisonnables de l’apparition
d’un événement ou que les conditions
économiques futures dégradent la qualité
de crédit.

B UCK E T 1 BUCKET 2 BUCKET 3

• La phase d’investissement, • La qualité de crédit de l’actif • La qualité de crédit s’est


l’actif vient d’être acheté s’est significativement détériorée et une perte
détériorée sans qu’aucune est enregistrée
• La qualité de crédit perte de crédit n’ait été
ne s’est pas dégradée constatée, ou dès
• Perte de crédit attendue
significativement sur la durée de vie complète
l’investissement l’actif est
du contrat
considéré comme risqué
• Enregistrement de la
dépréciation sur les douze • Perte de crédit attendue sur • Les intérêts sont calculés
prochains mois (ECL = un an) la durée de vie complète sur la base du montant net
du contrat (ECL = Lifetime) de dépréciation
• Intérêts calculés
sur le montant brut • Les intérêts sont calculés sur
de l’instrument le montant brut de
l’instrument (ECL = un an)

• Intérêts calculés sur le


montant brut de l’instrument

11 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre I • IFRS 9

Les différentes approches de Le calcul de l’ECL


provisionnement de l’ECL
L’ECL représente la moyenne pondérée des
pertes attendues sur l’actif financier au regard
1 L’approche générale du risque de crédit étudié sur une période d’un
an ou sur la durée de vie totale de l’instrument.
Il se détermine de la manière suivante :
Sous cette approche, la société enregistre ses
provisions pour perte de crédit en calculant un
ECL à douze mois pour les contrats n’ayant pas
eu de dégradation significative du risque de Taux
Expected Probabilité Total de perte
crédit. Pour les autres contrats qui ont subi une Credit Loss = de Défaut x Exposé x en cas
(EAD) de défaut
dégradation significative du risque de crédit, la (ECL) (PD)
(LGD)
société établit ses provisions sur la base de la
durée de vie de l’actif, soit un ECL à maturité.

•• La probabilité de défaut (Probability  of
Default ou PD) : c’est le risque que la
2 L’approche simplifiée contrepartie ne puisse pas assurer tout ou
partie de ses obligations. Il existe deux types
À la différence du modèle général, l’approche de probabilité de défaut pour le calcul de
simplifiée ne tient pas compte du calcul de la l’ECL :
perte attendue sur les douze prochains mois
ni du critère d’ augmentation importante ▶▶ La probabilité de défaut à douze mois : c’est
du risque crédit depuis la première la probabilité que le défaut apparaisse dans
comptabilisation. Il conviendra donc de les douze mois qui suivent. Elle s’applique
calculer un ECL à maturité (ECL lifetime). Cette sur les actifs classés dans le bucket 1.
approche peut être utilisée pour :
▶▶ La probabilité de défaut à maturité : c’est
•• Les créances commerciales et les actifs sur la probabilité que le défaut apparaisse
contrat sous le champ d’application d’IFRS 15, sur la durée de vie résiduelle de l’actif. Elle
s’applique sur les actifs classés dans les
•• Les contrats de location provenant des buckets 2 et 3.
transactions et qui entrent dans le champ
d' IAS 17. •• L’exposition en cas de défaillance (Exposure
At Default ou EAD) : elle correspond au
montant de la créance à recouvrer en cas de
défaut de la contrepartie (c’est-à-dire en cas
d' impayé de plus de quatre-vingt-dix jours,
d’incapacité ou de refus de la contrepartie
à honorer les échéances initialement
définies sur le principal, les intérêts ou les
commissions).

•• Le taux de perte en cas de défaut (Loss


Given Default ou LGD) : il s’agit du
pourcentage de perte encourue en cas de
défaut de la contrepartie. Il s’agit de la partie
irrécupérable de l’actif. Il se calcule ainsi :

LGD = 1 – le taux de recouvrement

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 12


Chapitre I • IFRS 9

De nouvelles contraintes liées à la reconnaissance


de l’ECL

Le modèle de dépréciation introduit par IFRS 9 entraînera une


augmentation significative des provisions calculées et comptabilisées
sur une période de douze mois dans le meilleur des cas et pour toute
la durée de vie de l’instrument financier dès la constatation d’une
détérioration de la qualité de crédit.

Les assureurs devront par conséquent revoir leur stratégie de gestion


des actifs. En effet, sous cette norme, il devient nécessaire d’anticiper
la durée de vie des instruments financiers et le profil de risque de la
contrepartie. Les assureurs devront introduire de nouveaux contrôles
et modèles d’évaluation, créer des modèles statistiques, ou encore
collecter les données appropriées pour assurer le passage au modèle
des pertes de créances attendues. Les systèmes d’information
devront être ajustés, avec le retrait ou l’intégration de nouveaux
outils (notamment celui de reclassement des actifs financiers), une
migration de données en cas de changement d’outil, l’ajustement
des référentiels existants et des bases de données et la révision des
modèles de calcul.

13 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre I • IFRS 9

3
Zoom sur la comptabilité de couverture

IFRS 9 aligne davantage la comptabilité


Type de couverture
de couverture, ou « hedge accounting »
sur la gestion des risques de l’entreprise en
Les fondements de la comptabilité de
contrepartie d’une information financière
couverture restent inchangés. Il existe trois
accrue. La typologie des relations de couverture
types de relations de couverture.
n’est pas modifiée en profondeur. Mais IFRS 9
élargit le nombre de stratégies de couverture
éligibles à la comptabilité de couverture et
assouplit certains principes comptables.

•Couverture des variations


Couverture
Définition et relation de la juste valeur d’un actif
de juste valeur ou d’un passif comptabilisé
de la couverture Fair value Hedge ou d’un engagement ferme
(FVH) • Profits ou pertes
comptabilisés en résultat
Selon l’Autorité des normes comptables, « une
opération de couverture consiste en achats ou
ventes d’instruments financiers qui doivent
avoir pour effet de réduire le risque de variation Couverture
de valeur affectant l’élément couvert ». des flux de • Couverture des variations
Les opérations de couverture reposent sur trésorerie de flux de trésorerie futurs
le principe de la symétrie. Cette symétrie Cash Flow Hedge
permet de neutraliser ou réduire la volatilité (CFH)
des instruments de couverture en compte de
résultat.

Des tests d’efficacité doivent être réalisés Couverture d’un • Couverture de l’écart
afin de démontrer la compensation entre investissement net de change relatif à un
investissement net de
les variations de la juste valeur ou les flux de Net Investment
l’entreprise dans une
trésorerie de l’instrument de couverture et Hedge
entité étrangère
(NIH)
l’élément couvert. Les instruments, couverts
ou de couverture, doivent être éligibles à la
comptabilité de couverture. Leur désignation
et leur documentation doivent être rédigées
dès leur origine. La nature du risque couvert,
ainsi que la façon d’évaluer si les obligations
Le type de risque couvert qualifie le type
d’efficacité de la couverture sont satisfaisantes,
de relation de couverture. L’éligibilité de la
sont normés. Il doit donc exister une relation
couverture est le premier critère nécessaire
économique entre les éléments de couverture
pour bénéficier de la comptabilité de
et les éléments couverts. L’effet du risque ne
couverture.
doit pas dominer les changements de valeur
qui résultent de la relation économique.

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 14


Chapitre I • IFRS 9

1 Critères d’éligibilité

Pour bénéficier de la comptabilité de couverture, il est nécessaire de


respecter cinq conditions :

Eligibilité
• Maintien des trois types de relations de couverture :
du type FVH
de relation de CFH
couverture NIH

• Seules les contreparties souscrites avec des contreparties


externes au groupe peuvent être désignées en tant
Eligibilité qu’instrument de couverture
de l’instrument • Une quote-part d'un produit dérivé peut être éligible
de couverture • Combinaison de plusieurs dérivés dans une même relation
de couverture

• Possibilité de couvrir une partie seulement des cash flow


ou de la juste valeur des actifs/passifs non financière à
condition que le risque soit identifié et l’efficacité de la
Eligibilité
couverture mesurée
de l’élément
• Possibilité de documenter des relations de couverture sur
couvert des positions nettes, à condition que les bases de la position
soient individuellement éligibles à la couverture et que
l’entité gère le risque sur base nette

• Trois critères d’efficacité :


- Relation économique entre l’élément couvert et
Respect l’instrument de couverture (corrélation inverse)
des critères - Variation de valeur du dérivé > pas de lien direct avec
d’efficacité l’évolution du risque de crédit
- Ratio de couverture = ratio utilisé pour la gestion
opérationnelle du risque

• De nombreuses informations sont à fournir :


- Stratégie et objectifs de couverture
Existence de - Identification de l’instrument de couverture
et de l’élément couvert
documentation
- Nature du risque
à l’origine
- Méthode d’évaluation et de l’efficacité du risque,
méthode de détermination du ratio de couverture
- Analyse des sources d’inefficacité

15 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre I • IFRS 9

2 Les traitements

Les traitements comptables doivent refléter le risque de couverture et


permettent de résorber l’asymétrie de valeur entre l’élément couvert
et la couverture.

FVH CFH NIH

Les variations de valeur du Les variations de valeur du Les variations de valeur du


dérivé sont comptabilisées en dérivé sont comptabilisées en dérivé sont comptabilisées en
résultat. contrepartie des OCI. contrepartie des OCI.

L’élément couvert est réévalué au Les montants accumulés en Les montants accumulés en
titre du risque couvert par OCI sont recyclés en résultat OCI sont recyclés en résultat
contrepartie résultat. symétriquement à l’impact de symétriquement à l’impact de
l’élément couvert en résultat. l’élément couvert en résultat.
L’inefficacité affecte le résultat.

Documentation de couverture et annexes

Les exigences en termes d’informations à fournir sur la comptabilité


de couverture sont applicables quel que soit le choix de la méthode
comptable.

Informations à fournir :

•• Stratégie et objectifs de la couverture,

•• Méthodes d’évaluation de l’efficacité de la couverture,

•• Analyse des sources d’inefficacité,

•• Description des méthodes utilisées pour les tests d’efficacité


prospectifs,

•• Méthode de détermination du ratio de couverture,

•• Modèle de comptabilité de couverture, stratégies de couverture.

L’ensemble de ces informations sera placé en un seul endroit de


l’annexe. Ce modèle s’appliquera de manière prospective. L’application
des différentes approches de couverture s’est pourtant assortie de
contraintes très fortes de documentation et de tests d’efficacité.
Certains assureurs ont donc renoncé à qualifier leurs instruments de
couverture, même quand l’intention de gestion était de limiter leurs
risques par une volatilité accrue de leurs résultats.

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 16


CHAPITRE II

Quelles
incidences
sur le
système
d'information
comptable ?
Chapitre II • Quelles incidences sur le système d'information comptable ?

La modélisation de la solution IFRS 9 à mettre en place dans le Système d’Information


Comptable (SIC) passe tout d’abord par la redéfinition des données référentielles et
transactionnelles, qui vont permettre, in fine, de traduire la méthode comptable au sein
de l’outil.

1
La gestion des données référentielles
et transactionnelles

La conception du SIC requiert :


La matérialisation de la méthode
comptable dans l’outil •• L’utilisation des portefeuilles afin de leur lier
le BM correspondant,
Dans un premier temps, il conviendra
•• Le recours au référentiel titres pour leur
désormais d’attribuer une méthode
rattacher le résultat du test SPPI ainsi que
d’évaluation (AC, FVPL, FVOCI recyclable
l’éventuelle option,
ou non) à chaque titre détenu. Quatre
composantes seront prises en compte dans le •• La liaison de la méthode d’évaluation à la
cadre de la modélisation du SIC : transaction via un algorithme suivant l’arbre
de décision défini en amont (cf. page 6 ),
•• Le type d’instrument,
•• La gestion de l’option au niveau
•• Le BM, transactionnel et non référentiel puisqu’un
même titre peut avoir deux méthodes
•• Le résultat du test SPPI,
d’évaluation différentes suivant le
•• L’application potentielle de l’option. portefeuille auquel il est rattaché,

•• L’actualisation du test SPPI et la possible


modification du BM accompagnées de
leurs éventuels impacts (cf. page 19 ).

Synthèse des caractéristiques de ces composantes à organiser au sein du SIC

Spécificités
Déterminants de la Évolution
méthode comptable
Granularité Champ d’application

BM Par portefeuille Tous les portefeuilles


Oui

Test SPPI Instruments de dettes


Par titre
Option FV Actions
non recyclable
Irrévocable
Option FV Par titre Instruments de dettes
recyclable et par portefeuille

18 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre II • Quelles incidences sur le système d'information comptable ?

L’assignement des méthodes comptables IFRS 9 aux


positions existantes et futures

L’affectation de la méthode d’évaluation dépend du type de portefeuille


concerné et du BM retenu.

BM

Type de
portefeuille HTC HTCS Other

FG/PCG AC ou FVPL FVOCI ou FVPL


Méthode FVPL
comptable
UC/FEDIV N/A N/A

De manière générale*, une seule méthode comptable est possible


pour ce qui est des Unités de Compte (UC) et du Fonds Euros Diversifié
(FEDIV), soit la FVPL. Il ne s’agit pas d’instruments de dettes : le test SPPI
ne s’applique donc pas.

*Il est possible d’opter pour la FV sous conditions

Des complexités à anticiper

La modification du résultat du test SPPI implique trois problématiques


majeures :

•• L’annulation puis la re-passation des transactions générées sur la


mauvaise méthode d’évaluation en cas d’erreur du résultat du test
SPPI. Suivant la volumétrie concernée, cela peut rapidement s’avérer
titanesque.

•• L’intervention (souvent coûteuse) de l’éditeur en cas d’erreur  du


résultat du test SPPI dans le cadre de l’initialisation des positions.

•• Les ventes sur double position dans l’hypothèse d’une évolution du


résultat. L’une des solutions envisageables peut consister à figer
manuellement la première pile FIFO avec sa valeur d’origine à travers
une opération sur titre de réallocation ; puis de créer une seconde pile
FIFO à laquelle sera affectée la nouvelle valeur du test SPPI.

Par ailleurs, de manière plus classique, la saisie d’Opérations Diverses


(OD) devra faire l’objet d’une vigilance particulière afin d’être enregistrée
sur le bon mode d’évaluation.

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 19


Chapitre II • Quelles incidences sur le système d'information comptable ?

2
L’architecture comptable

En matière de configuration comptable pure, l’impact d’IFRS 9


apparaît plutôt limité. IFRS 9 ne remet pas entièrement en question
l’implémentation adoptée sous IAS 39 au sein du SIC, tel que le tableau
de synthèse suivant le démontre :

COMPOSANTES
ÉVOLUTION EXPLICATIONS
DU SIC

Modes L’évaluation des actifs à travers la juste valeur (via résultat ou capitaux
d’évaluation propres) et le coût amorti sont maintenus.

- Le split des positions par intention de gestion IAS 39 (LAR, HFT, HTM, AFS)
disparaît au profit de la méthode d’évaluation IFRS 9.
- Les méthodes d’évaluation sont à définir suivant le portefeuille et le type
d’instrument (action, OPCVM, obligation, etc…) mais également en fonction
de l’arbre de décision (en l’occurrence l’algorithme) qui permettra de lier à
Principes chaque catégorie d’actif une ou plusieurs méthodes d’évaluation possibles.
et méthodes
comptables - L’impairment est remplacé par l’ECL. Ce dernier est à prévoir pour les titres
relevant du mode d’évaluation AC et FVOCI.
- Des particularités selon le type de portefeuille telles que sur le portefeuille
UC où seule la méthode comptable FVPL est possible.
- Une option pour la FV à envisager (quel que soit le résultat du test SPPI)

Les axes de comptabilisation demeurent les mêmes :

- La classification comptable d’actifs (action cotée hors Etat, obligation Etat


cotée, etc…)
- Le type de portefeuille (FG, UC, FEDIV, PCG)
Plan
de comptes - La méthode comptable (toujours portée par le numéro de compte)
(PCA, PCG) Les numéros des comptes comptables ne changent pas. En effet, seule
l’interprétation du 8ème digit des comptes comptables change puisqu’elle
est remplacée par le mode d’évaluation.
La granularité du plan de comptes et sa structure n’évoluent donc pas.
L’assignement des comptes comptables repose sur la base des mêmes
critères discriminants.

La structure « débit/crédit » ne varie pas : les comptes auparavant débités ou


Schémas crédités le sont toujours.
comptables Les événements de gestion continuent ainsi à générer les mêmes écritures
comptables, vis-à-vis du « sens comptable ».

Calculatoire Les calculs de la valeur d’acquisition, des intérêts courus non échus,
des dividendes, etc… ne sont pas remis en question.

20 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre II • Quelles incidences sur le système d'information comptable ?

3
Une migration à anticiper

La seconde solution est la plus risquée : le


La stratégie de migration :
fait de ne pas être en mesure de comparer
créer une architecture comptable les deux normes simultanément et d’écraser
le paramétrage existant fragilise nettement
distincte d’IAS 39 ou écraser
la manœuvre de migration. Cela empêche
l’existant ? d’avoir le recul optimal dans la démarche
d’implémentation et de validation de la
En ce qui concerne la migration, deux solutions solution.
peuvent être mises en évidence :

•• développer une nouvelle architecture


entièrement dédiée à IFRS 9 (Solution 1),

•• opter pour l’évolution de la solution existante


IAS 39 (Solution 2).

Inte r ve nt ion
Création d e l’é d ite ur

+ Indépendance des
solutions IAS 39
d’un nouveau
paramétrage
et IFRS 9

+ Retour en arrière
et parallel run
2
technique possibles

+ Conservation des données


historiques IAS 39 - Impossibilité de modifier
les transactions à une date Réutilisation de
antérieure à la date la majeure partie
d’initialisation des positions
du paramétrage
- Gestion en place
de configuration alourdie
+ Gestion
de configuration limitée

- Écrasement
+ Modification
des transactions
historiques possible
des données existantes

- Retour en arrière
et parallel run technique
impossibles

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 21


Chapitre II • Quelles incidences sur le système d'information comptable ?

L’initialisation des positions en gestion

La création d’une nouvelle architecture comptable dédiée à IFRS 9


passe par l’ouverture des positions en gestion.
L’enjeu majeur consiste à définir la date de cette initialisation qui
devra :

•• Être antérieure à la date d’entrée en vigueur de la norme IFRS 9,

•• Permettre de conserver un stock de données suffisant afin d’avoir


une certaine profondeur quant à la modification éventuelle des
transactions historiques.

Dès lors :

•• Les transactions créées avant la date d’initialisation seront


définitivement figées puisqu’elles ne seront plus modifiables (sans
l’intervention coûteuse de l’éditeur) du fait qu’elles ne feront pas
partie du stock de données historiques comprises entre la date
d’initialisation et la date d’entrée en vigueur de la norme IFRS 9 ;

•• Les données historiques en position devront être validées et


fiabilisées dans l’optique d’obtenir une base de données « propres »
au moment de l’ouverture des positions ;

•• Un parallel run au niveau de la tenue de position sera alors possible


étant donné que les transactions impacteront simultanément la
norme IAS 39 et IFRS 9.

En amont de l’initialisation des positions, certains prérequis doivent


avoir été remplis tels que :

•• L’approbation technique de la migration de la part de l’éditeur,

•• La livraison de certains objets sans lesquels la migration ne peut


avoir lieu. Par exemple :

▶▶ Des principes et méthodes comptables qui permettent de gérer la


tenue de position en fonction de la méthode comptable,

▶▶ L’ algorithme de détermination de la méthode comptable à affecter


aux transactions,

•• L’exhaustivité des données référentielles et transactionnelles servant


à définir la méthode comptable, c’est-à-dire le résultat du test SPPI,
le BM et l’attribution de l’option le cas échéant.

22 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre II • Quelles incidences sur le système d'information comptable ?

L’application de la norme IFRS 9 au sein du SIC

À la mise en application de la norme IFRS 9, il conviendra de :

•• S’assurer que toutes les positions présentent la bonne méthode


comptable qui doit leur être rattachée,

•• Vérifier la bonne correspondance des soldes des postes financiers


entre IAS 39 et IFRS 9 ;

•• Procéder à l’ouverture des positions comptables dans le


nouveau plan de comptes IFRS 9 – s’il y a création d’une nouvelle
architecture dédiée ;

•• Réaliser l’activation de la nouvelle architecture comptable


consécutivement, le cas échéant.

Les conditions suivantes devront avoir été validées au préalable :

•• La faisabilité technique de l’opération par l’éditeur,

•• La livraison des éléments de configuration relatifs à la tenue


comptable, aux processus de clôture ainsi qu’aux reportings,

•• Des process opérationnels définis et maîtrisés.

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 23


CHAPITRE III

Quels impacts
opérationnels ?
Chapitre III • Quels impacts opérationnels ?

Nouvelle classification des actifs financiers, refonte des mécanismes d’évaluation, mise
en œuvre d’un modèle unique et prospectif de dépréciation dès la création du contrat
ont des impacts opérationnels et organisationnels immédiats. Elles peuvent aussi avoir
des conséquences sur les business models mêmes des assureurs.

1
Des effets identifiés

La réévaluation des actifs Le modèle de provisionnement


financiers prospectif

En introduisant une approche unique et Avec l’adoption d’un modèle de dépréciation


logique de classification pour tous les actifs, pour risque de crédit, il ne sera plus nécessaire
IFRS 9 implique de revoir le reclassement des d’attendre la survenance d’une perte de valeur
actifs d’une catégorie à une autre et dans son pour comptabiliser une dépréciation de l’actif
intégralité. Selon la nature des instruments concerné. Le provisionnement se fondera sur le
financiers détenus, l’ampleur des impacts de calcul des pertes de crédit attendues prenant
réévaluation variera et la méthode d’évaluation en compte les événements passés, présents
par actif retenue se traduira par une volatilité ainsi que les conditions économiques futures.
accrue du compte de résultat mais aussi du
niveau de réserve de liquidités. Les établissements utiliseront pour ce calcul
des informations telles que des paramètres de
L’assureur a donc le choix entre stabilité du PD (probabilité de défaut), d’EAD (exposition
résultat dans le temps – synonyme de faible en cas de défaut) et de LGD (taux de perte
volatilité – et cristallisation de la performance en cas de défaut) collectés pour les besoins
globale du résultat, au prix d’une plus prudentiels. Ces dernières devront être
forte volatilité. Le choix est fonction des adaptées au calcul comptable de provisions.
caractéristiques du portefeuille, des objectifs
de gestion et du degré d’aversion à la volatilité Cette approche prospective repose sur
du résultat. plusieurs scénarios macroéconomiques.
De nombreuses sources d’informations
permettent d’appréhender les effets de la
première application du nouveau modèle
de dépréciation IFRS 9. Leurs niveaux de
granularité et de précision varient selon
l’exigence de chacun.

25 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre III • Quels impacts opérationnels ?

Or, les établissements peuvent rencontrer des


difficultés de récolte de données mais aussi de
fiabilité. De nombreux travaux sont en cours
pour collecter les données et les contrôler
afin de réaliser les calculs comptables des
pertes attendues sur des paramètres fiables et
adaptés selon les portefeuilles. Les assureurs
Impacts organisationnels
planifient en amont la mise en place de
nouveaux systèmes, procédures et instruments
IFRS 9 exige une coopération accrue entre
de modélisation. Ils mobilisent l’ensemble de
les parties prenantes et plus particulièrement
l’information quantitative et qualitative sur des
les départements Risque et Finance, comme
événements passés, présents et futurs.
dans le cadre de la coordination des processus
de production des reportings comptables et
Pour certains types de contrepartie, il n’y a
prudentiels.
cependant pas de données disponibles ou bien
leur collecte est trop coûteuse. Des méthodes
Divers chantiers sont ainsi envisagés :
de calculs de dépréciation simplifiés sont ainsi
envisagées.
•• Refonte de la structure organisationnelle,

Plus globalement, une augmentation du •• Refonte des règles et procédures ;


stock de provisions comptables dans les
•• Refonte des méthodologie associées aux
états financiers est à prévoir, qui affaiblira
pertes sur crédit ;
la rentabilité des assureurs. Jusque-là, les
provisions étaient comptabilisées lorsqu’une •• Refonte de la gestion des données ;
dépréciation était avérée tandis que sous
•• Refonte du SI ;
IFRS 9, les assureurs doivent enregistrer une
provision dès l’entrée d’un actif dans le bilan, •• Refonte du modèle de gouvernance ;
ce qui pèsera sur le résultat.
•• Refonte du contrôle interne.

Le défi de garantir une approche cohérente


Chaque partie doit être sensibilisée et les
de la classification et de l’évaluation des
impacts doivent être appréhendés et anticipés.
actifs repose sur la stratégie d’investissement
Pour ce faire, les assureurs doivent évaluer
de l'entreprise. Avec le développement du
l’impact organisationnel et élaborer un plan
modèle d’ECL, les assureurs devront en outre
afin d’en atténuer les conséquences négatives.
surveiller en permanence les risques tout
Ce plan est modulable selon la taille et les
en se conformant aux nouvelles exigences.
besoins de l’entreprise.
L'interprétation de la hausse significative et de
la défaillance étant soumise à l’appréciation de
chacun, l’évaluation des pertes attendues en
est donc affectée.

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 26


Chapitre III • Quels impacts opérationnels ?

2
Les prérequis en amont : « providing data »
et interfaçage

La collecte et le stockage de nouvelles données comme les indicateurs


de la qualité d’une contrepartie, l’échéancier ou encore les taux
d’intérêts imposent l’adaptation des SI.

Pour mettre à disposition les informations et assurer leur qualité,


un système mutualisé entre les départements peut être mis en
place. La nécessité de recourir à de nouvelles données peut en outre
imposer la mise en place de nouveaux référentiels de données ou
l’enrichissement des référentiels existants. L’alignement des données
entre les départements Risque et Finance est dès lors indispensable
dans le cadre d’IFRS 9.

L’automatisation du calcul et le reporting des provisions appellent


en outre des développements informatiques, soit en adaptant le
dispositif existant soit en développant un outil spécifique. Selon la
taille et les moyens de chaque assureur, le premier choix peut montrer
des limites mais s’avère moins coûteux (de lourdes adaptations sont
à prévoir pour intégrer les spécificités d’IFRS 9) alors que le second
choix serait plus onéreux du fait de la durée de sa mise en place.
Mais il permettrait d’harmoniser les systèmes et de réduire les
incohérences potentielles entre les modèles de risques, prudentiel et
comptable. L’intégrité d'un système unique permet le partage entre
tous les départements et facilite la circulation de l’information tout en
améliorant la communication interne.

27 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre III • Quels impacts opérationnels ?

3
Les enjeux à venir

Des enjeux économiques

L’ampleur du projet n’est pas sans effet financier. Ce chantier nécessite


un budget « à réviser » selon l’avancement du projet. En effet, les
assureurs réalisent des exercices de simulation et des « parallel run »
dans le but de respecter les jalons (classement et évaluation des actifs
financiers ; modèle de provisions  ; comptabilité de couverture) fixés
par le régulateur. Ces scénarii permettent de définir au mieux les
périmètres Point in Time et les méthodes à mettre en place.

De plus, l’adaptation des modèles prudentiels et/ou la mise en place et


la maintenance de nouveaux modèles spécifiques à IFRS 9 représente
une charge de travail supplémentaire pour les équipes en charge
de ces derniers. L’estimation du coût de mise en œuvre doit donc
englober tous les nouveaux processus et contrôles requis, les modèles
à déployer et les éventuels coûts additionnels de collecte de données.
Il convient donc d’évaluer les ressources nécessaires sur toute la durée
de vie du projet.

Des enjeux de business model

Cette norme impacte le montant des provisions et, de surcroît, la


charge du risque et le besoin en capital afin de garantir la stabilité
financière. Par métier, il est nécessaire d’identifier les forces et
faiblesses pour ajuster les stratégies et optimiser la rentabilité globale.

Entre ajustements comptables et options stratégiques qui auront


des impacts sur les métiers, la communication auprès des différents
parties prenantes devra être adaptée.
Pour réussir ce projet, les assureurs ne doivent pas se concentrer
uniquement sur les enjeux de mise en conformité. Ils doivent gérer
efficacement les enjeux organisationnels, technologiques et de
gouvernance pour se concentrer sur les enjeux stratégiques.

Ceux pouvant voir au-delà de l’exigence technique pourront profiter


de tous les bénéfices d’une transition plus facile et moins coûteuse,
en améliorant la communication financière grâce aux reportings plus
transparents.  

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 28


CHAPITRE IV

IFRS 17 & IFRS 9


Quelles
adhérences ?
Chapitre IV • IFRS 17 & IFRS 9

Initialement prévue le 1er janvier 2021, l’application de la norme IFRS 17 a


finalement été fixée au 1er janvier 2023 en raison de complexités de mise
en œuvre opérationnelles.

IFRS 17 organise la comptabilisation des contrats d’assurance en


remplacement d’IFRS 4 qui datait de 2004. En permettant l’usage de
règles comptables nationales, IFRS 4 avait conduit à des situations
hétérogènes rendant compliquée toute comparaison des performances
financières des sociétés pour les investisseurs. Face à ces lacunes, IFRS 17
vise donc l’homogénéisation de la comptabilisation des contrats
d’assurance et une meilleure comparabilité des états financiers.

Les principes posés par IFRS 17 rejoignent la logique de certaines autres


normes, notamment IFRS 9, qui en est le pendant côté actifs.

I F RS 9 IF R S 1 7
La valorisation
en juste valeur : La norme permet d’évaluer les actifs La notion de juste valeur est présente
vers une plus à travers la juste valeur. au passif, à travers la comptabilisation
grande cohérence de la provision pour primes qui tient
actif/passif compte désormais :
• De la valeur actuelle des flux de
trésorerie futurs actualisés avec
l’utilisation de taux cohérents avec
le prix de marché ;
• L’ajustement pour risque qui
prend en considération l’incertitude
concernant les flux de trésorerie
provenant des risques non financiers.

IFRS 9 IFRS 17
Limiter
la volatilité IFRS 9 offre la possibilité de IFRS 17 introduit l’option OCI, utile
du compte constater les fluctuations de surtout lors de l’utilisation du
de résultat juste valeur par OCI avec ou sans modèle général (ou building block
grâce à l’OCI recyclage (sur option) ; ce qui approach), où la comptabilisation
neutralise les effets de fluctuation en OCI permet de ne pas affecter
de la valeur des actifs dans le résultat des variations de passif
le résultat net. liées à la courbe des taux ou aux
hypothèses financières.
En effet, pour être plus représentatif,
les plus et moins-values latentes
vont se cumuler dans les capitaux
propres au sein de la catégorie
« Autres éléments du résultat global
de l’entreprise ».

30 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Chapitre IV • IFRS 17 & IFRS 9

I F RS 9 IFRS 17
Une volonté
commune : L’un des objectifs majeurs d’IFRS 9 IFRS 17 se concentre sur les contrats
la transparence est l’amélioration de l’information d’assurance pour s’assurer qu’une
de l’information financière. Cela implique non entité publie des informations
financière seulement une meilleure visibilité pertinentes en matière d’évaluation
de la stratégie de couverture de de ses contrats.
change ; mais également une Pour cela, elle introduit une
présentation plus fine des risques granularité accrue à la fois sur :
d’exposition (cf. page 11 parties « • La séparation des composantes
L’Expected Credit Loss (ECL) et page dans un contrat d’assurance
14 « Zoom sur la comptabilité de (en distinguant les dérivés,
couverture »). les composantes d’investissement
ou de fourniture de biens ou de
services) ;
• La répartition des contrats
en cohortes (contrats onéreux,
potentiellement onéreux et les
contrats profitables).

IFRS 9 IFRS 17
Une opportunité
de revue et refonte IFRS 9 implique de nouveaux enjeux IFRS 17 comporte un enjeu
des systèmes stratégiques et organisationnels similaire dans le cadre de la revue
d’informations vis-à-vis de l’utilisation de données des systèmes, des processus et
pour une meilleure pertinentes à la bonne application des contrôles pour garantir une
gestion quotidienne de cette norme (échéanciers, taux application fluide de la norme
des deux normes d’intérêts effectifs, reclassement IFRS 17.
et plus de des actifs financiers, ajustement
L’objectif est de se tourner vers
performance des référentiels existants, des bases
une meilleure coordination entres
de données et révision des modèles
les fonctions : finance, actuariat et
de calcul).
informatique, ce qui est essentiel
Ainsi, le rapprochement des pour inclure toutes les parties
processus risque et finance prenantes.
introduit par IFRS 9 implique la
Une opportunité de revoir la gestion
mise en application de systèmes
des données et le reporting pour
d’informations mutualisés pour
une plus grande efficacité des
s’assurer de la qualité des données
processus.
et répondre aux exigences
réglementaires.

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 31


Nos retours
d'expérience
Après quelques années d’expériences en cabinet d’audit dans
le secteur des services financiers, Pierre-Marie a rejoint SeaBird
en 2017.

Pierre-Marie accompagne actuellement un bancassureur dans


la mise en place de la norme IFRS 9 (partie assurance) dans le
cadre d’une comptabilité des placements déléguée. En tant que
pilote, il épaule la compagnie dans la conception de processus
prenant en compte IFRS 9 (ECL, Bucket, Business Model, etc.).
Pierre-Marie a participé au reclassement de l’intégralité des titres
selon IFRS 9, mais aussi à la modernisation des procédures de
Pierre-Marie
clôtures et des schémas comptables. Consultant chez SeaBird

« Cette mission a été l’occasion de


démontrer que les exigences de la
norme IFRS 9 sont intégrables aux
clôtures sous réserve d’avoir, en amont,
correctement conçu les processus
d’arrêté, en accord avec les systèmes
d’information de l’entreprise. »

Titulaire d’un Master en finance de marché de l’université de Grenoble,


Ibrahima a rejoint SeaBird en 2017.

Ibrahima accompagne un acteur de l’assurance afin de faciliter la production


de reportings et de réconcilier les systèmes informatiques. Dans ce cadre, il
analyse les impacts sur la réconciliation des différents systèmes (Gestion,
Dataware Actifs, Consolidation Groupe), valide les tests unitaires des schémas
et dérivations comptables dans le cadre des annexes des reporting IFRS 9,
rédige des cas de test UAT ou encore analyse le data model ECL dans le but de
l’intégrer dans l’outil de gestion.

Ibrahima
« La transversalité du projet
Consultant chez SeaBird
réglementaire IFRS 9 nécessite une
implication de tous les acteurs dès
le début du projet, au-delà de la
comptabilité des placements. »

32 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


Spécialisée en comptabilité d’assurance, Laure a rejoint SeaBird après avoir
travaillé plusieurs années au sein de mutuelles et d’assureurs.

Laure accompagne un bancassureur dans la création d’une architecture


comptable répondant à la norme IFRS 9 au sein de SimCorp Dimension
dans le cadre d’une gestion déléguée de la comptabilité des placements.
Elle analyse et rédige le cadrage de la solution à implémenter dans le SIC,
cordonne les chantiers IT « Référentiel/Transactionnel » et « Migration » par
rapport à la solution à définir dans le SIC, réalise les développements liés à la
configuration comptable et assiste enfin les métiers pendant les phases de
tests.
Laure
Consultante chez SeaBird

Diplômée de l’IAE de Nancy et titulaire d’un Master en finance


double diplôme Contrôle-Comptabilité-Audit, Anne-Sophie a
rejoint SeaBird après avoir travaillé en cabinet d’audit.

Anne-Sophie intervient actuellement auprès d’un assureur pour


accompagner la révision des schémas comptables et implémenter
la norme IFRS 9. Après recensement des pratiques, elle a organisé
des ateliers métiers dans le but de rédiger les expressions de besoins.
Elle a aussi participé à l’analyse des schémas comptables existants
sous IAS 39 puis à la rédaction des futurs schémas comptables sous
Anne-Sophie IFRS 9.
Consultante chez SeaBird

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 33


Choisir
SeaBird
Depuis 15 ans, SeaBird intervient auprès des fonctions Finance, Actuariat, Risques et Opérations
des acteurs de l’Assurance.

Nous accompagnons nos clients dans leurs projets de transformation des organisations ou de
modernisation de leurs systèmes d’information financiers, dans la refonte de leurs processus et
la mise en place des grands projets réglementaires. A ce titre, SeaBird participe activement aux
projets liés à l’évolution des normes IFRS, à Solvabilité 2, aux réglementations DDA ou PRIIPs ou
encore à la loi PACTE.

Nous menons également des missions liées au développement des contrats d’épargne en unités
de compte, tant sur le volet offre, qu’en matière d’architecture IT ou d’organisation. Nous
nourrissons aussi leurs réflexions sur leurs stratégies de développement et l’évolution de leurs
métiers, y compris en matière digitale au travers de la conception et de la mise en œuvre de
programmes de transformation digitale.

SeaBird organise chaque année des conférences, publie régulièrement des guides relatifs aux
évolutions et aux enjeux du secteur. En qualité d’organisme de formation, SeaBird contribue au
développement des compétences de ses clients. SeaBird est présent en France et en Belgique.

Pour plus d’informations : seabirdconseil.com

Vos contacts
Reda Tarmoussi François de Bosschère
Directeur associé Directeur associé
06 60 22 31 21 06 99 32 20 09
[email protected] [email protected]

34 Guide IFRS 9 | | Septembre 2020


en chiffres 26,7
millions d’euros 1500
de CA annuel missions
estimé au 31 août 2020 réalisées
en 15 ans

60 clients
20%
de croissance annuelle
actifs sur les 5 dernières années

Des consultants | ESSEC


| HEC
issus de grands | ESCP
cabinets d’audit et | EXPERTISE
diplômés des plus COMPTABLE
grandes écoles | DAUPHINE
| ENSAE
ou universités
| CENTRALE
de premier plan | SUPELEC
| ISUP
Plus de | ISFA

200 h
de formation
| ARTS ET
MÉTIERS
| SCPO
par an et par collaborateur
| NEOMA

95
de CDI
%
210
collaborateurs dont
33 ans
âge moyen des
180 consultants collaborateurs

50/50
Parité homme femme

5
Domaines
d’expertise
Comptabilité et Finance

Actuariat et Risques

Investissement et ALM

Trésorerie

Réglementaire

Transformation Digitale

Guide IFRS 9 | | Septembre 2020 35


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